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Le Chat du Rabbin- un dessin animé de Joann Sfar et Antoine Delesvaux

            Le Chat du Rabbin un dessin animé de Joann Sfar et Antoine Delesvaux

 

 

Personne n’est mort dans d’indécentes souffrances. Tandis que ma fille et moi, hier, regardions côte à côte  cette adaptation en dessin animé de Joann Sfar de sa bande dessinée avec le concours d’Antoine Delesvaux.

 

Cette information a son importance car, lorsque l’on fait un résumé de l’histoire du Chat du Rabbin, pour moins que ça,  certains souffriraient beaucoup et (nous) feraient la tête :

 

 A Alger, du temps de la colonisation, vers 1930, un Rabbin vit avec sa fille adolescente, le chat de celle-ci et un perroquet.

 

 

Le chat mate sa maitresse dont il est amoureux. Et jaloux du perroquet. Lequel perroquet, sitôt que le Rabbin et la fille de celui-ci se sont éloignés, se fait  engloutir par le félin de compagnie. A partir de là, le chat met à parler. A courtiser sa maitresse. Mais aussi à contester la religion juive de son Maitre comme celle du Maitre de son Maitre. Nous en sommes à peine à dix minutes du début du dessin animé.

 

 

 

Pour moi, c’est une fable sur la tolérance et l’originalité. Mais, pour certains regards, cette œuvre est une compilation de sacrilèges et justifierait la mort ou un châtiment.

 

Ce dessin animé a été réalisé en 2011. Pourtant, en 2021, nous avons encore la chance, en France, de pouvoir le regarder chez soi ou ailleurs sans être en danger. Sans se poser de questions à propos des voisins qui pourraient nous dénoncer ou nous regarder de travers.

 

Alors, j’en ai doublement profité. Tout en réfléchissant. Je reste admiratif par l’aptitude des auteurs de bande dessinée à pouvoir nous captiver avec quelques bulles. Si leur habilité technique et leur graphisme me plaisent, c’est aussi leur coup d’œil qui me marque.

 

On peut aussi dire ça d’un peintre, d’une réalisatrice de film, d’une chorégraphe, d’une pièce de théâtre, d’un romancier ou de n’importe quelle œuvre qui représente la vie humaine, mais avec une bande dessinée, l’auteur ( le scénariste et le dessinateur) nous font souvent entrer par le trou de la serrure. Et, bien avant que cela ne soit sexuel, on commence très jeune à vouloir entrer ou regarder par le trou de la serrure.

 

Devant Le Chat du Rabbin, je me suis demandé quelle jeunesse avait eus celles et ceux qui vont un jour décider de s’en prendre aux dessinatrices et aux dessinateurs. La bande dessinée correspond à des moments de liberté et d’émerveillement silencieux et étendus dans mon enfance. A la bibliothèque et dans l’hyper-marché ou mes parents faisaient leurs courses pour le mois. J’avais alors carte blanche. Les seuls impératifs étaient de tenir compter de l’horaire de fermeture et d’ouverture et de faire attention aux livres.

 

Il m’est impossible de me rappeler toutes les images et tous les thèmes que l’on m’aurait interdit d’approcher par ces bandes dessinées s’il avait existé une quelconque brigade de sécurité ou de censure.

Aucune bande dessinée que j’aie pu lire ne m’a incité à trucider qui que ce soit. Ou à faire des menaces.

 

Cette adaptation de Chat du Rabbin, pour moi, n’est « que » l’extension d’une bande dessinée. Personne ne m’a implanté dans la tête qu’une bande dessinée représentait le mal absolu ou que cela pouvait me dévoyer. J’ai donc eu très peu d’efforts à fournir pour aller vers ce dessin animé. Sans avoir à le voir à contre-courant de tout ce que l’on aurait pu m’imposer  et m’apprendre à propos du monde qui m’entoure.

 

Il y a sans doute des symboles que je n’ai pas perçus à propos de ce chat par exemple. Qui rappelle peut-être le chat des pharaons ou qui en est peut-être une réincarnation. Mais cela ne fait rien.

 

 

Le Chat du Rabbin montre deux sortes de pratiques religieuses. L’une, perforante et intransigeante. L’autre, plus accueillante et plus décontractée. Au passage, le trait condescendant et raciste de Hergé se fait croquer au travers de ses personnages Tintin et Milou. C’est un moment drôle parmi d’autres qui délimite aussi les époques. Dans ma jeunesse, Tintin faisait encore partie des bandes dessinées les plus lues avec Astérix et Obélix et Les Aventures de Lucky Luke. BD à côté desquelles on pouvait trouver les Gaston Lagaffe, Valérian, Philémon, Hamster Jovial, Spirou et tous les Pif Gadget, Rahan, Zembla, Blek Le Roc ainsi que les comics. Avant que l’encre des mangas ne se dépose dans la boite crânienne des lecteurs. Ou que les comics ne connaissent aussi leur mutation. Parce qu’il y a un écart entre un Alan Moore et un Stan Lee.

 

J’ai arrêté de lire de la BD pour  les livres « sérieux ». Il y a aussi une explication pratique : le format des bandes dessinées sauf peut-être si l’on est cultivateur de manga.

 

Sfarr, comme Sattouf  ou Satrapi, j’ai peu lu leurs bds. Hormis les deux ou trois premiers volumes de L’Arabe du Futur de Sattouf. C’est le cinéma qui me met leurs planches devant les yeux.

 

Il y a une autre explication au fait que je lise moins de bandes dessinées qu’auparavant :

 

Leurs territoires sont immenses.  Je ne sais pas par quel pays, ni quelle région commencer. C’est pareil avec les jeux vidéos et les livres de science fiction.

 

Devant l’adaptation en dessin animé  de Le Chat du Rabbin, cela n’avait pas d’importance.

 

 

 

Franck Unimon, ce vendredi 6 aout 2021.

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