Catégories
Corona Circus Musique self-défense/ Arts Martiaux

Say Hello, Wave Good Bye

 

 

 

Say hello, wave good bye

Cette chanson du groupe Soft Cell, sortie en 1981, m’a toujours beaucoup touchĂ©e. Bien qu’elle soit moins connue que son tube : Tainted Love.

 

 

A nouveau, je viens d’essayer de chanter sur Say Hello, Wave Goodbye en mĂȘme temps que son interprĂšte, Marc Almond. J’ai probablement chantĂ© faux.

Mais, cette fois, pour la premiĂšre fois, je suis restĂ© dans « ma Â» voix. Enfin, je crois m’ĂȘtre au mieux rapprochĂ© de ce qui est ma voix. Car, Ă  chaque fois, auparavant, je me faisais aspirer par celle de Marc Almond fuselĂ©e pour passer des graves aux aigus. Evidemment, je finissais, Ă  chaque fois, par «m’asphyxier Â» et racler mes limites vocales. Cela devait ĂȘtre plus que moche Ă  voir et Ă  Ă©couter. Fort heureusement, pour l’instant, je n’ai jamais cru en ma carriĂšre de vocaliste. MĂȘme si chanter m’attire depuis des annĂ©es. Au mĂȘme titre que faire de la musique.

 

Chanter, jouer de la musique, Ă©crire, ce sont des activitĂ©s d’abord humaines, qui, si elles ne permettent pas de devenir « riches Â» et « cĂ©lĂšbres Â» matĂ©riellement, autorisent Ă  ĂȘtre soi-mĂȘme. Seul ou avec d’autres. Et Ă  vivre, autrement, seul ou avec  d’autres, connus, ou inconnus, ce temps qui passe, qui nous occupe ou nous accule. Dans une certaine sincĂ©ritĂ©.

 

Il existe plein d’activitĂ©s humaines. Certaines plus nĂ©cessaires que d’autres. Certaines plus volontaires. Et, d’autres, plus interdites. Que ces activitĂ©s soient bĂ©nĂ©fiques ou nĂ©fastes, toutes ces activitĂ©s ont lieu. Nous les faisons. Nous y assistons. Nous en entendons parler. Puis, nous en parlons, en rĂȘvons, tentons de faire pareil. Ou, au contraire, nous nous taisons et nous Ă©loignons. Parfois pour des « bonnes Â» raisons. D’autres fois, non. Car quelle bonne raison pourrait-il y avoir, si l’on en a envie, de s’interdire de prendre le temps de chanter ou d’apprendre Ă  chanter ? A Ă©crire ? A jouer de la musique ? Si cela nous plait. Si cela nous ouvre Ă  nous-mĂȘmes mais aussi Ă  certaines Ă©motions.

 

Ce titre, Say Hello, Wave Good Bye raconte une histoire triste. La musique est fort peu dansante. PlutĂŽt nostalgique. J’avais 13 ans lorsqu’elle est sortie, en 1981. Il n’y a rien d’exceptionnel dans le fait de filer une certaine nostalgie lorsque l’on a 13 ans. Une peine d’amour ou d’amitiĂ©. Une mauvaise note. Une mauvaise nouvelle dans sa famille.

 

En 1981, pourtant, j’avais plus Ă©tĂ© touchĂ© par la mort de Bob Marley. Sa musique Ă©tait familiĂšre grĂące Ă  la platine disque de mon pĂšre depuis plusieurs annĂ©es. En 1981, j’avais sĂ»rement entendu Tainted Love Ă  la radio. Parmi les tubes. Mais pas Say hello, Wave Good Bye. Et, jamais, je n’aurais entendu ou n’ai entendu de groupes du genre de Soft Cell ou Depeche Mode qui se sont faits connaĂźtre Ă  peu prĂšs en mĂȘme temps, Ă  la maison.

Cette musique, ainsi que d’autres, Ă©taient ignorĂ©es Ă  la maison. Et dans nos rĂ©unions familiales. Je ne pourrais mĂȘme pas dire qu’elles Ă©taient interdites. MĂȘme si ça revenait au mĂȘme : elles auraient Ă©tĂ© ignorĂ©es, mĂ©prisĂ©es. Ou, auraient Ă©tĂ© perçues comme l’empire du mal. Je repense encore, par moments, Ă  ce jour, oĂč, dans un mariage ou une fĂȘte antillaise, j’avais remplacĂ©, pour quelques titres un de mes oncles maternels qui Ă©tait le  DJ de cette soirĂ©e.

 

 

AprĂšs plusieurs titres antillais, j’avais dĂ©cidĂ© placĂ© sur une des platines le titre World in My Eyes
de Depeche Mode. Jusque lĂ , tout s’était bien passĂ©.

 

 

Mais, Ă  peine avais-je posĂ© ce titre, que, c’était comme si j’avais balancĂ© du Round Up sur la piste. En moins d’une minute, tous les danseurs et danseuses avaient dĂ©guerpi ! Ce n’était pas uniquement une histoire de goĂ»t ou de rythme. Mais, aussi, une affaire de prestige et de honte. J’imagine que cela aurait Ă©tĂ© la honte pour elle si une seule personne avait osĂ© danser sur ce titre. Mizik A Blan ! De la musique de Blanc !

 

Il est un certain nombre d’activitĂ©s vis-Ă -vis desquelles nous avons le mĂȘme comportement : nous considĂ©rons que ce n’est pas pour nous ! MĂȘme si rien ne nous interdit de les pratiquer ou de nous en approcher. Si ce n’est notre sentiment d’appartenance Ă  un groupe. Et la conception, assez superficielle, en surface, que nous avons de ce que nous sommes. Je me rappelle encore de mon petit frĂšre, ado, qui Ă©coutait du Rap avec ses copains, et qui, secrĂštement, en cachette et en ma prĂ©sence, avec ma « complicitĂ© Â», Ă©coutait
.Björk.

 

 

Car j’écoutais et j’aimais cette artiste que j’ai d’ailleurs « vue Â» trois fois en concert. Presque autant de fois que j’ai vu Miles Davis, Me’Shell NĂ©dĂ©geocello, Kassav’ ou Alain Bashung en concert
..

 

https://youtu.be/sJ7M3ht9rYI

 

 

J’ai dĂ©couvert ou redĂ©couvert Say Hello, Wave Good Bye lors d’un sĂ©jour supposĂ© linguistique en Ecosse, Ă  Edimbourg, en 1990. Un sĂ©jour affectivement consĂ©quent pour moi.

 

Dans ce titre, je suis sensible Ă  la tristesse. A cette dĂ©sillusion amoureuse. Sans doute ou peut-ĂȘtre parce-que lors de ce sĂ©jour, j’avais vĂ©cu une double rencontre amoureuse. Avant mon dĂ©part pour l’Ecosse. Puis durant mon sĂ©jour. Deux histoires contraires dont le contenu Ă©motionnel et sentimental m’ont portĂ© pendant des annĂ©es. Une, plutĂŽt Ă  distance, avec une Marseillaise. Une autre, avec une Parisienne, dĂ©jĂ  en couple.

 

Peu importe que Say Hello, Wave Good Bye raconte une histoire d’amour entre un homme et une femme ou pour un autre homme. Car j’ai plus tard appris, si je ne me trompe, que Marc Almond est homo. Et, s’il ne l’est pas, je n’ai aucune difficultĂ© Ă  croire que ce titre puisse ĂȘtre un classique pour une certaine gĂ©nĂ©ration d’hommes voire de femmes homos. Comme je n’avais pas a priori compris, lors de sa sortie, que le tube d’Elton John, I’M still standing, puisse ĂȘtre si important pour les homos touchĂ©s, percutĂ©s et persĂ©cutĂ©s par le Sida.

 

 

Tout ce que j’avais entendu Ă  l’époque, dans les annĂ©es 80, c’était un titre plutĂŽt dansant, assez funky. Je n’écoutais pas les paroles. Je ne comprenais pas le contexte. Pourtant, j’avais aussi peur du Sida. Et l’épidĂ©mie du Sida me concernait beaucoup. En tant que jeune adulte avec une sexualitĂ©. Mais, aussi, en tant qu’infirmier rĂ©cemment diplĂŽmĂ©.

 

Avec la pandĂ©mie du Covid, c’est pareil. Rien ne nous empĂȘche de nous livrer Ă  certaines activitĂ©s dont nous avons envie et besoin. MĂȘme s’il faut savoir se protĂ©ger. Car, certaines fois, c’est peut-ĂȘtre, aussi, de certaines de nos apparences dont il vaut mieux savoir se protĂ©ger :

 

Il y a quelques jours, en revenant du travail, sur mon vĂ©lo  pliant, j’ai dĂ©couvert tous ces gens Ă  nouveau en terrasse. Il faisait beau. TrĂšs beau. Et, moi, mĂȘme si je savais que tout cela avait existĂ© auparavant. MĂȘme si je comprenais ce besoin de sortir Ă  nouveau.  MĂȘme si j’irai sĂ»rement, aussi, Ă  une de ces terrasses un jour ou l’autre, j’ai nĂ©anmoins eu l’impression d’assister Ă  une mise en scĂšne.

 

J’ai eu l’impression que beaucoup de ces gens que j’ai aperçus, et, parmi eux, sans aucun doute, des amis, des proches ou des collĂšgues, voulaient affirmer que, pour eux, vivre, c’était absolument ça ! Presque revendiquer le droit d’ĂȘtre en terrasse face Ă  face. De fumer. De cloper Ă  l’air libre. De consommer. De refaire les magasins.

 

Pourquoi je fais le moraliste ? Pourquoi cela m’a-t’il dĂ©rangĂ© Ă  ce point alors que je l’ai moi-mĂȘme fait et refait ? Et que je le referai ?! Moi, aussi, je me rendrai bientĂŽt sur une terrasse en plein Paris


 

Je fais le moraliste parce-que, subitement, ce jour-lĂ , et parce-que la pandĂ©mie a dĂ©ja durĂ© un certain temps, je me suis peut-ĂȘtre, et de maniĂšre assez provisoire sans doute, aperçu, que, pendant des annĂ©es, je m’étais accrochĂ© Ă  certaines activitĂ©s qui, finalement, Ă©taient peu nĂ©cessaires.

 

Etre en terrasse, oui, mais pour y vivre quoi et avec qui ?!  Juste pour s’y montrer ?!

 

On peut ĂȘtre en terrasse avec quelqu’un et ne rien vivre de particulier avec elle ou lui. Donc, pourquoi y rester ?! Pourquoi y revenir ?!  Pourquoi se l’imposer si ce n’est, principalement, pour ĂȘtre dans la norme ?!  Pour faire quelque chose. Pour ne se pas se confronter Ă  notre propre vide. A notre grande tristesse et Ă  notre grande solitude.

Pour ne pas devoir admettre que l’on passe une grande partie de son temps Ă  se vider de notre vitalitĂ© et de notre crĂ©ativitĂ© au lieu de lui donner les moyens de s’exprimer et de, vĂ©ritablement, nous libĂ©rer, nous aider.

 

Pour ne pas voir que l’on tourne rĂ©guliĂšrement en rond mais que, comme la majoritĂ© des personne que l’on voit et que l’on frĂ©quente agit de mĂȘme, hĂ© bien, cela nous rassure et nous encourage Ă  continuer de rester sur la mĂȘme piste de danse.

 

Il est plus facile et plus commode de faire la fĂȘte, d’ĂȘtre en terrasse en plein soleil avec d’autres que d’admettre que l’on est triste et dĂ©fait. Lorsque l’on est triste et dĂ©fait.

 

J’aime sans doute ce titre de Soft Cell (cellule douce) parce-qu’avec lui, comme avec d’autres, je m’autorise Ă  entendre et Ă  chanter ma tristesse et ma peine. Ce qu’il m’en reste. Ou ce que j’en ressens. Si la tristesse d’un Jacques Brel me fait dĂ©primer, celle de Say Hello, Wave Goodbye a plus tendance Ă  me donner un certain envol. Ensuite, si j’ai envie de bercer cette tristesse, de la distancer ou de la percer, j’écouterai du dub, du Reggae, du zouk, du Maloya, ou Miles Davis par exemple. 

https://youtu.be/ChZ1QU9pxZE

 

 

D’autres prĂ©fĂšreront Ă©couter du Rap, de la musique classique, du Rock, de la musique arabe, de la chanson française ou de la techno. La musique, cet ailleurs qui se joint Ă  nos coups de poings mais aussi Ă  nos soins intĂ©rieurs…

 

 

Mais quoiqu’il en soit, en terrasse ou non, nous vivrons les mĂȘmes Ă©motions (joie, espoir, tristesse, colĂšre, dĂ©sir ou dĂ©gout) Ă  un moment ou Ă  un autre. L’idĂ©al, ensuite, ce sera de pouvoir les vivre avec d’autres, ces Ă©motions. Que ce soit en terrasse. Ou ailleurs
.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 31 Mai 2021.

Catégories
Apnée Corona Circus self-défense/ Arts Martiaux

Quiberon, Mai 2021.

Quiberon, Port Haliguen, mois de Mai 2021. Sur le zodiac, alors que nous partons en mer, sĂ»rement sur l’Ăźle de Hoat.

 

                        Quiberon, Mai 2021.

 

 

Cet article fait suite Ă  l’article Je ne suis pas un aventurier publiĂ© un peu plus tĂŽt cette semaine. Lequel article Ă©tait dĂ©jĂ  la suite de
.PrĂ©paratifs pour le stage d’apnĂ©e Ă  Quiberon, Mai 2021 . On peut aussi voir ou revoir l’interview filmĂ©e qu’un ami et moi avions faite ( avant que je ne m’inscrive dans mon club actuel d’apnĂ©e), de l’apnĂ©iste Guillaume NĂ©ry et sa compagne Julie Gautier en 2016, je crois : Interview des apnĂ©istes Julie Gautier et Guillaume NĂ©ry en 2016 

 

Mais si ce que vous ĂȘtes en train de lire vous ennuie, ou vous paraĂźt dĂ©jĂ  beaucoup trop long. Ou que vous ne savez pas lire. Ou que vous ĂȘtes trĂšs trĂšs fatiguĂ©(e)s . Ou que vous manquez de temps.  Ou que vous avez faim et envie de passer Ă  table. Ou que vous avez votre mĂ©nage ou la vaisselle qui vous traque. Ou que vous ĂȘtes en train de mourir. Ou que vous avez votre tiercĂ© ou du compost Ă  aller faire. Alors, et seulement, alors, un diaporama en musique  vous attend dĂ©jĂ . Il est tout en bas de l’article. Ce n’était pas la peine de rester lĂ . Pour regarder le diaporama, il vous suffira de descendre Ă  la fin de cet article. Et, ensuite, peut-ĂȘtre, de tout remonter pour lire un peu. Et en savoir un peu plus sur ces images que vous aurez regardĂ©es. C’est terminĂ©, les articles oĂč on vous enchaine pendant trois quarts d’heure, pour, Ă  la fin, vous distribuer deux ou trois petites illustrations grossiĂšrement dessinĂ©es Ă  la main et qui sentent  le renfermĂ©.

 

Le diaporama dure moins de cinq minutes. Cela est vĂ©rifiable scientifiquement ou simplement avec une montre ou un tĂ©lĂ©phone portable qui marche. Les photos sont Ă©clairĂ©es suffisamment. La musique est peut-ĂȘtre adĂ©quate.

 

 

En vous souhaitant un bon voyage. Pour les autres, les volontaires ou les condamnĂ©(es) de la lecture, ça commence d’abord, ici, par ce titre presqu’engageant
.

 

Pourchassés

 

 

J’ai tanguĂ© encore un petit peu, ce matin, au moment du petit-dĂ©jeuner. Mais ça n’avait peut-ĂȘtre rien Ă  voir avec ces quelques jours passĂ©s Ă  Quiberon oĂč, avec mon club d’apnĂ©e, nous sommes sortis en mer.  Pour
.. chasser.

 

Parce-que, hier soir, ce mercredi, avant d’aller me coucher, pour la premiĂšre fois depuis mon retour de Quiberon dans la nuit de dimanche Ă  lundi, j’ai recommencĂ© Ă  lire des journaux. Je me « devais Â» d’ĂȘtre informĂ©.

 

La Croix. Le Parisien. Le Canard EnchaĂźnĂ©. Un journal « gratuit Â», compilation des journaux officiels.

 

AprĂšs les avoir parcourus en grande partie, je me suis demandĂ© ce que j’avais appris.

 

Le Jihadisme en Afrique (Cameroun, Nigeria
.). Les groupes terroristes Daech et Al- Qaida Ă©taient toujours vivants et bien portants. « Il reste beaucoup Ă  faire Â». Les bombardements de la Palestine par le Premier Ministre israĂ©lien Netanyahou «  en Ă©tat de faiblesse ? Â». Le retour de Manuel Valls en politique en France aprĂšs sa parenthĂšse (Ă©galement politique) de trois ans Ă  Barcelone.

Le « diffĂ©rend Â» entre GĂ©rald Darmanin, Â« notre Â» Ministre de l’intĂ©rieur, et Audrey Pulvar, alliĂ©e politique d ‘Anne Hidalgo, actuelle Maire de Paris, et possible candidate aux prochaines Ă©lections prĂ©sidentielles françaises de 2022. «  Le paiement sans contact, nouvelle cible des truands Â». Le Covid : « vaccination obligatoire : le dĂ©bat relancĂ© Â». « Serial Killer : LE PLUS ANCIEN DETENU DE FRANCE ASSASSINAIT LES BRUNES Â». « L’ombre du gĂ©nocide rwandais plane sur le diocĂšse de La Rochelle Â». « CinĂ©ma : The Father, dans la tĂȘte d’Anthony Hopkins Â», premier film oscarisĂ© de l’auteur Florian Zeller. Un film trĂšs « joyeux Â» Ă  ce que j’ai compris. L’acteur Anthony Hopkins, oscarisĂ© pour ce rĂŽle, est par ailleurs, coĂŻncidence, devenu cĂ©lĂšbre pour son rĂŽle d’Hannibal Lecter, un tueur en sĂ©rie, dans le film Le Silence des Agneaux, sorti en 1991. Un film que j’avais aimĂ© voir. Je suis aussi portĂ© sur le sujet des tueurs en sĂ©rie. J’en reparlerai dans d’autres articles. Mais, en attendant, en lisant ces « nouvelles Â», hier soir, qu’est-ce que j’ai pris ! Mais, aussi, qu’est-ce qui m’avait pris ?!

 

 

 

Des rĂ©flexes d’alcoolique

 

Ce qui m’a pris ? Ce qui m’a repris, plutĂŽt, c’est ce rĂ©flexe conditionnĂ© de « citoyen Â», de bon Ă©colier, de mouton ou « d’alcoolique Â» des mauvaises dynamiques qui, aprĂšs avoir broutĂ© pendant un laps de temps assez court, une certaine libertĂ© et une certaine dĂ©tente, se croit invincible. Et se croit obligĂ© de revenir se ligaturer les pensĂ©es, l’imaginaire et la sensibilitĂ© dans ce brouhaha anthropophage, dĂ©lĂ©tĂšre et auto-recyclĂ© de nos combines et de nos nĂ©vroses quotidiennes.

 

Or, comme a pu le dire une personne essayant de se sevrer de l’alcoolisme :

 

« Si tu bois et que tu as un problĂšme, tu as deux problĂšmes ! Â».

 

En lisant hier soir ces journaux, c’est Ă©tonnant, comme, subitement, j’avais Ă  nouveau beaucoup de problĂšmes. Des problĂšmes sur lesquels j’avais trĂšs peu de prise, qui me survivraient trĂšs certainement et dont j’acceptais, en quelque sorte, de redevenir le spectateur, le consommateur, le goulot, l’idiot, le dĂ©biteur massif,  intrĂ©pide, captif autant qu’impuissant
..

 

Tout n’est pas mauvais dans le quotidien comme dans un certain nombre de nos routines. Mais il y a nĂ©anmoins beaucoup de dĂ©chĂšteries et de vinasses mentales, et autres, et quantitĂ© de rustines, d’urines dĂ©gradĂ©es, avec lesquelles nous nous torchons comme s’il s’agissait de remontants dont nous aurions besoin pour nous exalter. Alors qu’ils nous dĂ©truisent.

 

A Quiberon, des « conditions de chiens » :

 

 

 

A Quiberon,  en pleine mer, la mer Ă©tait assez « sale Â» : du fait des conditions mĂ©tĂ©os. Courants, houle, vent (entre 30 et 40 nƓuds en moyenne). Il y avait une certaine turbiditĂ© de l’eau qui rendait la visibilitĂ© plutĂŽt mauvaise. A peine trois ou quatre mĂštres.

Lorsque j’essayais, en surface, d’assurer la sĂ©curitĂ© de J-L, qui venait d’effectuer son canard et qui, lestĂ© de ces 7, 8 ou 9 kilos de plomb, s’enfonçait vers le fond, je finissais toujours par le perdre visuellement. MĂȘme en « apprenant Â» un peu Ă  deviner sa trajectoire, sa façon de se diriger dans la profondeur, un peu particuliĂšre et peut-ĂȘtre influencĂ© par sa main qu’il portait Ă  son nez pour faire son vasalva :

 

J-L descendait d’abord en oblique, longue tige tournant son dos au fond, rallongeant la distance qui l’éloignait du fond, puis, adoptant une sorte de demi-tour. Ce qui faisait qu’une fois au fond, Ă  l’horizontale, il partait pratiquement dans le sens opposĂ© de son arrivĂ©e.

C’était drĂŽle Ă  voir tant que je le « voyais Â», mon masque sur mon visage rentrĂ© dans l’eau, mon tuba en bouche pour respirer, alors que j’étais allongĂ© Ă  la surface, et que les vagues et le courant, me faisaient un peu dĂ©river sans que je m’en aperçoive.

 

Puis, lorsque J-L resurgissait quelques mĂštres plus loin, derriĂšre ou devant moi, c’était ensuite Ă  mon tour de « descendre Â» avec mes 8 kilos de plomb, palmes, masque, tuba et ma combinaison en nĂ©oprĂšne, bien-sĂ»r :

7mm5 pour le torse et le dos ; 5 mm pour la tĂȘte et les mains ; 3 mm pour les pieds. Protection thermique utile pour une eau comprise, durant notre sĂ©jour, entre 12 et 14 degrĂ©s. Et pour des sorties en mer de 1h30 Ă  2h30.

 

Plusieurs fois, j’ai eu les pieds engourdis par le froid. Mais cela a Ă©tĂ© supportable. J’essaierai de trouver des chaussons plus chauds avec la mĂȘme Ă©paisseur. Car, trop Ă©pais, les chaussons peuvent ĂȘtre difficiles Ă  mettre dans les palmes et cela serait inconfortable.

 

A Loctudy, en Mai 2017, oĂč la tempĂ©rature de l’eau avait Ă©tĂ© anormalement Ă©levĂ©e, entre 16 et 18 degrĂ©s, je crois, j’ai l’impression qu’il avait pu nous arriver de rester 3 heures ou 3h30 dans l’eau sans que je me ressente du froid.

 

Mais Ă  Quiberon, et dans les alentours, il y a quelques jours, nous aurions « plongĂ© Â» dans des conditions de « chien Â» selon deux chasseurs (F et J), des apnĂ©istes fĂ©rus de chasses sous-marine que nous avons croisĂ©s, amis de J-P, un de nos moniteurs encadrants.

 

F nous a aussi dit qu’il chassait « toujours, sous le vent Â».

 

Je ne me suis pas particuliĂšrement rendu compte de ces conditions de « chien Â» mentionnĂ©es pas F et J. Si ce n’est, peut-ĂȘtre, en comparant le rĂ©sultat des chasses Ă  Quiberon avec celles effectuĂ©es lors des prĂ©cĂ©dents stages que j’ai effectuĂ©s auparavant avec le club :

 

A Loctudy en Mai 2017. Puis en Octobre 2020 Ă  Penmarch.

 

Bien-sĂ»r, les tempĂ©ratures de l’eau en Bretagne sont plus froides, et les marĂ©es sont diffĂ©rentes de celles que j’ai pu connaĂźtre en Guadeloupe oĂč j’ai passĂ© mes deux premiers niveaux de plongĂ©e avec bouteille il y a plusieurs annĂ©es. Mais les « conditions de chien Â» mentionnĂ©es ici se rapportent Ă  d’autres Ă©lĂ©ments.

 

 

Chasse sous-marine : une chance et un privilĂšge

 

 

D’abord, nous Ă©tions bien plus nombreux Ă  Loctudy (prĂšs d’une trentaine) et dĂ©jĂ  moins nombreux Ă  Penmarch (neuf) contre « seulement Â» six, cette fois, Ă  Quiberon. Mais les conditions de chasse sous-marine Ă©taient sans doute meilleures malgrĂ© tout lorsque nous Ă©tions allĂ©s Ă  Loctudy et Ă  Penmarch. Cette fois-ci, Ă  Quiberon, « nous Â» nous sommes donc encore plus rabattus que d’habitude sur les araignĂ©es de mer. Et sur
. les huĂźtres.

 

Lorsque j’écris « nous Â» : c’est surtout les autres membres du groupe qui ont chassĂ©.

 

J’ai bien attrapĂ© deux ou trois araignĂ©es : rien de plus « facile Â» mĂȘme si, Ă  Loctudy en 2017, pour moi, cette « facilitĂ© Â» Ă©tait « difficile Â». Car il s’agissait quand mĂȘme de s’enfoncer dans l’eau avec une ceinture de plomb autour des reins, sans bouteille de plongĂ©e puisqu’il est interdit de chasser avec bouteille. De repĂ©rer l’araignĂ©e, l’attraper sans se faire pincer les doigts, remonter Ă  la surface et la mettre dans son filet. C’est simple dit comme ça. Mais lorsque l’on n’est pas familier avec la ceinture de plomb, le fait de descendre au fond de la mer, en tenant compte de ses tympans, de son souffle et autres, cela fait un certain nombre de paramĂštres Ă  enregistrer.

 

 

Aujourd’hui, et, pour l’instant, mĂȘme si je peux et sais attraper des araignĂ©es de mer, je ne suis pas un chasseur. Je n’ai pas l’esprit Ă  la chasse lorsque je « plonge Â» en apnĂ©e. Je suis plutĂŽt un contemplatif.

Je comprends l’intelligence, le plaisir, et j’admire l’aptitude d’adaptation Ă©tonnante qu’il y a Ă   chasser sous l’eau. En se fondant dans le dĂ©cor marin. En rusant avec la proie ou le poisson. En composant avec la houle et le courant. En ayant le coup d’Ɠil pour repĂ©rer la proie mĂȘme lorsqu’elle se cache. Et la « tirer Â» ou la « faire Â» au moyen de l’arbalĂšte ou du « fusil de chasse Â» sous-marin.

J’admire ces chasseurs sous-marins capables de passer cinq ou six heures dans l’eau, de s’alimenter et de s’hydrater en pleine mer, juchĂ©s sur leur bouĂ©e comme si de rien n’était. Comme si c’était pareil que de faire du vĂ©lo, un footing ou d’ĂȘtre dans son canapĂ© devant un bon film ou un bon livre.

 

A Penmarch, en octobre, j’avais aimĂ© ce moment, oĂč durant plusieurs secondes, posĂ© sur le sable, mĂȘlĂ© Ă  l’environnement, au fond de l’eau, Ă  l’agachon, j’avais pu observer, un ou deux poissons, Ă  quelques mĂštres, sous une petite grotte traversante, sur ma gauche. Les deux poissons se tenaient face au courant.

 

Ce genre de vision ou d’expĂ©rience vĂ©cue en apnĂ©e, impossible ou invisible pour nous, humains, Ă  l’Ɠil nu depuis la Terre, reste sans doute plus longtemps dans la mĂ©moire. Car, dans nos conditions normales d’existence, sur la terre, et avec nos poumons, nos insuffisances mais aussi nos peurs, nous n’avons pas accĂšs Ă  ce monde.

 

 

 

Je comprends, aussi, la nĂ©cessitĂ© Ă  apprendre Ă  devenir chasseur sous-marin. Pour se nourrir. Ou nourrir sa famille ou son entourage. En respectant certaines rĂšgles : une certaine taille de poisson ou d’araignĂ©e. Certaines espĂšces et pas d’autres. Le sexe, aussi, de telle espĂšce afin de prĂ©server sa reproduction.

 

Je comprends Ă©videmment, aussi, la nĂ©cessitĂ© d’apprendre Ă  prĂ©parer, dans la mer, le poisson que l’on a attrapĂ© en l’accrochant d’une certaine façon afin qu’il ne s’échappe pas. En l’éviscĂ©rant comme il se doit. Dans mon club d’apnĂ©e, il se trouve un certain nombre d’adeptes expĂ©rimentĂ©s de la chasse sous-marine. Mais aussi de cuisiniers aptes Ă  prĂ©parer ce qui a Ă©tĂ© pĂȘchĂ©. Tel le carpaccio de vieille. Y m’a appris Ă  faire des filets sur une vieille. Laquelle avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©caillĂ©e.

 

On peut trouver ça dĂ©goĂ»tant. Je trouve que c’est plutĂŽt une aptitude Ă  acquĂ©rir. Entre rester complĂštement dĂ©pendant de supermarchĂ©s,  de boites de conserves, de publicitĂ©s ou d’informations monopolisĂ©es- et colonisĂ©es- par quelques uns et savoir, si nĂ©cessaire, aller pĂȘcher en mer ou ailleurs, avec quelques uns ou seul, je prĂ©fĂšrerais, dans l’idĂ©al, apprendre aussi Ă  chasser ou Ă  pĂȘcher moi-mĂȘme ce dont j’ai besoin ou peux avoir besoin.

 

 

C’est donc une chance et un privilĂšge, pour moi, d’avoir pu ĂȘtre prĂ©sent lors de ce stage « d’apnĂ©e Â» Ă  Quiberon.  Et, encore plus alors que nous sommes encore nombreux Ă  vivre dans les filets de la pandĂ©mie du Covid.

 

Devenir plus autonome :

 

MĂȘme si, pour l’instant, je ne suis pas un chasseur. Et que je « dois Â» devenir plus autonome. C’est d’ailleurs ça qui est plutĂŽt ma prioritĂ© pour l’instant dans l’eau :

 

Me sentir plus Ă  l’aise sur l’eau et au fond de l’eau. A Quiberon, j’ai commencĂ© Ă  dĂ©couvrir que ma bouĂ©e Ă©tait aussi ma maison. Car j’ai commencĂ© Ă  la personnaliser selon mes besoins et mes envies. Avec l’aide de mes encadrants du club. Et, d’aprĂšs ce que j’ai vĂ©cu dans l’eau. Avec J-P, j’ai ainsi agrandi la garcette qui relie mon filet Ă  ma bouĂ©e. Dans ce filet, je mets des barres de cĂ©rĂ©ales dans leur emballage, des compotes, ma bouteille d’eau ainsi que ma chasse.

 

J’ai achetĂ© d’autres mousquetons et les ai essayĂ©s. J’ai Ă©tĂ© content Ă  plusieurs reprises, en revoyant la corde Ă©paisse, et jaune, de ma bouĂ©e, lestĂ©e de plomb, alors que je m’approchais. Parce-que c’était devenu ma maison. Ce n’était pas le cas jusqu’alors. Jusqu’alors, Ă  Loctudy et Ă  Penmarch, c’était principalement ma bouĂ©e. Pour ĂȘtre vu, repĂ©rĂ©. Pour me poser dessus Ă  certains moments. Pour me dĂ©placer.

 

Mes oreilles :

 

J’aimerais mieux faire « passer Â» mes oreilles. Mes oreilles « passent Â» suffisamment pour pĂȘcher mais, de par ma petite expĂ©rience de plongeur bouteille, je sais qu’elles pourraient passer « mieux Â» et plus profond :

 

Pour l’instant, en apnĂ©e, je suis limitĂ© Ă  une profondeur comprise entre 7 et 10 mĂštres.  Que ce soit en fosse ou en mer. Alors qu’en plongĂ©e bouteille, j’ai pu descendre Ă  40 mĂštres.

 

Je dĂ©glutis pour faire passer mes oreilles. Vasalva, Frenzel, ça n’agit pas pour moi. J’ai dĂ©jĂ  essayĂ©. Je veux bien rĂ©essayer mais, tout ce que j’obtiens, c’est des grosses bulles. Et la pression sur mon oreille, principalement la gauche, reste la mĂȘme.

 

Mais les conditions entre la plongĂ©e avec bouteille et celle en apnĂ©e Ă©taient diffĂ©rentes. D’un cĂŽtĂ©, en plongĂ©e bouteille, je dispose de bien plus d’air Ă  disposition et je peux me permettre de prendre mon « temps Â» pour compenser mes tympans :

 

RĂ©aliser l’équilibre entre la pression exercĂ©e sur mes tympans par tout le poids et le volume de l’eau de la mer et la pression prĂ©sente dans mes tympans.

 

De l’autre, chaque fois que j’ai fait de la plongĂ©e avec bouteille, je plongeais rĂ©guliĂšrement, Ă  raison de trois Ă  quatre plongĂ©es par semaine sur plusieurs semaines de suite. LĂ , oĂč, en apnĂ©e, pour l’instant, je pratique des stages de quelques jours sĂ©parĂ©s dans le temps de plusieurs mois ou de plusieurs annĂ©es. C’est sans doute trop peu rĂ©gulier pour que mes tympans aient le temps de se « faire Â» Ă  la mer. D’autant qu’en apnĂ©e, vu que notre rĂ©serve d’air disponible est moindre qu’en plongĂ©e avec bouteille, nous nous devons en quelque sorte davantage d’ĂȘtre en « osmose Â» avec nos capacitĂ©s corporelles et physiologiques:

 

Nous sommes Ă  la fois plus « libres Â» (car sans bouteille. En Anglais, apnĂ©e se dit Free Dive) mais aussi plus exposĂ©s. En cas de « problĂšme Â» qui nous retiendrait sous l’eau ou nous Ă©loignerait de notre bouĂ©e ou du bateau, nous n’avons pas de dĂ©tendeur d’air Ă  portĂ©e de main ou de binĂŽme qui pourrait nous passer son dĂ©tendeur de secours.

 

J’ai bien-sĂ»r pensĂ© Ă  une cause psychologique concernant ma difficultĂ© Ă  faire passer mes oreilles, en apnĂ©e, au delĂ  des 7 Ă  10 mĂštres. Il est vrai que l’expĂ©rience de la fosse de vingt mĂštres reste pour moi assez angoissante. MĂȘme si, tĂȘte en haut, j’ai pu descendre jusqu’à quinze mĂštres assez facilement.

Mais une discussion avec ma mĂšre m’a appris qu’enfant, j’avais fait des otites et que j’avais Ă©tĂ© opĂ©rĂ©. Je crois donc que la « rigiditĂ© Â» tympanique que j’ai Ă  l’oreille gauche vient peut-ĂȘtre, tout simplement, de la cicatrice chirurgicale, qui a besoin d’un peu de temps pour ĂȘtre assouplie et mieux « passer Â» les profondeurs.

 

En plongĂ©e bouteille, j’ai dĂ©jĂ  fait l’expĂ©rience qu’une fois bien acclimatĂ©es, mes oreilles descendent bien, ou « glissent Â» dans les profondeurs. Toujours en dĂ©glutissant.

 

Il faut se sentir en « conformitĂ© Â» ou en « adĂ©quation Â» avec ses organes lorsque l’on pratique la plongĂ©e avec bouteille. Ou l’apnĂ©e.

 

Une fois que l’on est en adĂ©quation avec nos organes et  notre humeur, on peut se rapprocher de grands plaisirs mais aussi du danger.

 

Le Danger :

 

La plongĂ©e avec bouteille est une discipline technique, exigeante et risquĂ©e.  Des gens en meurent.

La pratique de l’apnĂ©e est tout autant une discipline technique, exigeante et risquĂ©e. Mal pratiquĂ©e, on peut aussi en mourir.

 

Pourtant, Ă  Quiberon, lors de ce stage d’apnĂ©e il y a quelques jours, comme Ă  Penmarch en octobre dernier ou Ă  Loctudy en Mai 2017, je n’ai pas eu cette impression de risquer ma vie. J’ai deux ou trois explications Ă  cela.

 

L’expĂ©rience :

Comme je l’ai dĂ©jĂ  Ă©crit, je ne suis pas un aventurier. Et, je suis plutĂŽt quelqu’un de prudent. Mais j’ai un peu d’expĂ©rience en plongĂ©e avec bouteille et, dĂ©sormais, en apnĂ©e. Avec mon club en piscine mais, aussi, en mer.

 

Cependant, comme dans toute discipline risquée ou un peu risquée, il faut aussi savoir se méfier de notre expérience.

 

Bien des plongeurs avec bouteille, mais aussi des apnĂ©istes, confirmĂ©s sont morts en mer. C’est pareil pour des automobilistes, des cyclistes, des piĂ©tons  ou des professionnels confirmĂ©s dans bien des domaines. Il est certaines nĂ©gligences ou certains excĂšs d’assurance et d’optimisme, qui, lors de certaines circonstances, peuvent avoir des consĂ©quences traumatiques, dĂ©finitives, ou, si on a un peu de chance, des incidences plus ou moins bĂ©nignes. Dans le domaine sportif, pour changer, on peut se rappeler l’accident de ski de l’ancien champion du monde d’automobile, Michael Schumacher. Adepte du ski hors-piste, et sportif d’excellence, Schumacher avait  sans aucun doute des aptitudes hors-normes pour la pratique du ski. Mais aussi un certain excĂšs de confiance qui a dĂ» faire partie des conditions qui ont provoquĂ© son grave accident.

 

Ce revers de l’expĂ©rience- l’excĂšs de confiance- peut nĂ©anmoins, aussi, me concerner. Comme il peut, aussi, concerner les responsables de l’encadrement de mon club, ainsi, que les autres membres du club, prĂ©sents avec nous lors de ce stage.

 

 

 

La Confiance :

 

Si toute entreprise humaine, quelle qu’elle soit, repose sur la confiance que l’on peut avoir dans ses partenaires et encadrants, mais, aussi, en soi-mĂȘme, il est manifeste que la confiance doit ĂȘtre au rendez-vous lorsqu’une entreprise comportant une part de risque modĂ©rĂ©e ou Ă©levĂ©e est envisagĂ©e.

 

 

Plusieurs origines

 

J’avais Ă©videmment confiance dans mon encadrement comme dans mes partenaires de club. Cette confiance a plusieurs origines. Elle vient d’abord de moi : c’est parce-que j’avais un minimum de confiance en moi que j’ai dĂ©cidĂ©, un jour, personnellement, de m’engager dans cette discipline particuliĂšre qu’est l’apnĂ©e. OĂč Il s’agit d’accepter d’arrĂȘter de respirer en ayant la tĂȘte et les parties respiratoires, et pas seulement gĂ©nitales, immergĂ©es dans l’eau pendant un certain temps. Et, cette eau peut aussi, avoir, une tempĂ©rature variable. Ou comporter du courant.

 

Or, nous ne sommes pas des poissons. MĂȘme si, Ă  une Ă©poque trĂšs lointaine, l’ĂȘtre humain, avant de devenir ce qu’il est aujourd’hui, a probablement Ă©tĂ© issu d’un mammifĂšre ou d’un ĂȘtre vivant marin.

 

Ensuite, plus que dans d’autres disciplines, l’apnĂ©e et la plongĂ©e avec bouteille se dĂ©roulant dans des environnements oĂč nous nous dĂ©posons provisoirement Ă  la surface de la vie et de la mort, en arrĂȘtant de respirer, il importe particuliĂšrement d’avoir suffisamment confiance dans celles et ceux qui nous accompagnent dans l’eau pour cette expĂ©rience. Ou qui nous proposent d’y Ă©voluer dans certaines conditions.

 

La confiance ne se commande pas. C’est un peu comme le dĂ©sir. Une personne peut bien avoir un pedigree exceptionnel. Si, pour une « raison Â» ou pour une autre (c’est plutĂŽt d’ordre Ă©motionnel, viscĂ©ral et instinctif) cette personne certifiĂ©e, volontaire, plus ou moins avenante, nous inspire le contraire de ce qu’elle est ou de ce qu’elle reprĂ©sente, nous serons dans la mĂ©fiance, sur la dĂ©fensive, voire dans le refus ou dans la fuite.

 

 

La confiance est donc un baromĂštre et un critĂšre plus qu’important dans la pratique de l’apnĂ©e.  Et cela ne se contrĂŽle pas toujours trĂšs bien.

 

Mais il est un autre critĂšre qui m’a sautĂ© particuliĂšrement aux yeux cette fois-ci, Ă  Quiberon, et qui s’ajoute Ă  la confiance. Ou qui peut l’aider Ă  advenir.

 

 

La Bienveillance :

 

Si bien des entreprises humaines se rĂ©alisent par la violence, fondatrices comme destructrices, ce qui m’a marquĂ© lors de ce stage Ă  Quiberon, c’est cette bienveillance constante qui a servi nos relations. Nous Ă©tions un petit groupe de six. Deux encadrants en titre. Deux encadrants plus rĂ©cents mais nĂ©anmoins expĂ©rimentĂ©s dans l’eau. Et, deux pratiquants plutĂŽt dĂ©butants dont je fais partie :

 

Je veux bien, d’ailleurs, accepter le titre de dĂ©butant ou de jeune pousse apnĂ©iste du groupe. Au vu de ma dĂ©pendance encore trĂšs forte (presqu’une ventouse) envers l’encadrement. Ne serait-ce que pour rĂ©aliser un « simple Â» nƓud de chaise ou pour dĂ©rouler ma corde correctement dans l’eau sans faire de nƓuds.

 

 

Ces disparitĂ©s de parcours et d’expĂ©riences marines et apnĂ©istes pourraient d’emblĂ©e Ă©tablir une hiĂ©rarchie verticale et monolithique. Et, Ă©videmment, il y avait une hiĂ©rarchie Ă©tablie et commune, acceptĂ©e de maniĂšre consensuelle. A aucun moment, par exemple, je ne me suis improvisĂ© capitaine ou pilote du Zodiac qui nous a transportĂ©. Comme, Ă  aucun moment, je n’ai contestĂ© l’endroit oĂč ancrer le bateau et oĂč nous allions nous mettre Ă  l’eau : Je suis totalement incompĂ©tent dans ces domaines. Et je le sais.

 

 

NĂ©anmoins, Ă  terre, comme sur zodiac et dans l’eau, nous restions six personnalitĂ©s, six individus. Une femme, six hommes. Et, comme nous le savons tous, nous autres, ĂȘtres humains, nous pouvons avoir un projet commun. Mais cela ne signifie pas pour autant  pour que nous parviendrons Ă  le rĂ©aliser ensemble. MĂȘme si, sur le papier et en thĂ©orie, nous avons tout ce qu’il faut Ă  notre disposition pour concrĂ©tiser ce projet :

 

Les compĂ©tences, l’envie, la volontĂ©, le matĂ©riel, l’argent, l’expĂ©rience
.

 

Car nous avons chacune et chacun nos particularitĂ©s, nos tempĂ©raments, nos rythmes, nos limites, nos egos, notre susceptibilitĂ©, notre façon de ronfler, de manger, de parler, comme notre horaire pour nous rendre aux toilettes. Ou, tout simplement, pour vivre ou travailler avec les autres.  

 

Certains ont besoin de parler tout le temps. D’autres sont rĂ©guliĂšrement en activitĂ© et dans l’efficacitĂ©. D’autres ont aussi besoin de plages de silence, d’inactivitĂ©, de lenteur et de calme. Moi, je suis un lent. Mais ça ne m’empĂȘchera pas de me lever Ă  5h25 du matin pour ĂȘtre Ă  l’heure au petit-dĂ©jeuner de 6 heures. Car, pour notre derniĂšre sortie, contrairement aux autres jours oĂč nous prenions notre petit-dĂ©jeuner Ă  8h, celui-ci Ă©tait Ă  6h.

 

En mer, alors, que nous avançons, j’aime bien connaĂźtre des moments oĂč le bateau avance et oĂč il n’y a que lui, et la mer, le vent, que l’on entend. Mais, d’autres, prĂ©fĂšrent ou ont absolument besoin de parler dans ces moments-lĂ .

 

NĂ©anmoins, malgrĂ© ces particularitĂ©s et ces « disparitĂ©s Â» de tempĂ©raments et d’expĂ©riences marines et maritimes entre nous, notre sĂ©jour s’est bien dĂ©roulĂ©. Parce-que nous nous Ă©tions encordĂ©s Ă  une certaine bienveillance mutuelle.

 

Par la tenue des horaires dĂ©cidĂ©s pour le petit-dĂ©jeuner. Pour le briefing de la journĂ©e. Pour ĂȘtre avec les autres. Pour rĂ©aliser les tĂąches diverses. PrĂ©parer les repas. Faire la vaisselle. DĂ©charger et charger le zodiac. Faire les courses. Pour attraper une assiette ou un verre et le donner Ă  qui en avait besoin Ă  table au moment du repas etc
..

Port Haliguen, Quiberon.

 

La bienveillance, autant que la confiance et l’expĂ©rience ont permis selon moi la bonne rĂ©ussite de ce sĂ©jour Ă  Quiberon. Il Ă©tait possible de les vivre trĂšs concrĂštement au vu de ces disciplines particuliĂšres, plutĂŽt exigeantes, que sont l’apnĂ©e et la chasse sous-marine :

 

On s’aperçoit vite de la personne qui, lorsque l’on aspire Ă  revenir sur le bateau nous tend la main pour prendre notre ceinture de plomb ou a un regard sur nous. Comme de celle ou de celui qui, lorsque l’on remonte Ă  la surface, nous attend. De celle ou celui qui nous prĂȘte le mousqueton qu’il a en plus et dont on a besoin.

 

 

La bienveillance est aussi nĂ©cessaire dans bien d’autres entreprises humaines que ce soit au travail, avec les amis, en couple, son voisinage, avec son enfant etc
.

 

Mais j’ai aussi lu d’autres mots Ă©crits Ă  notre retour pas d’autres membres du groupe pour expliquer la rĂ©ussite (ressentie par tous) de ce sĂ©jour Ă  Quiberon. Je ne les ai pas tous retenus alors que je termine cet article. Mais il y avait :

 

Bonne humeur, dĂ©termination,  persĂ©vĂ©rance, capacitĂ© Ă  accepter certaines exigences etc
..

 

J’ai sans doute plus appris ou rĂ©appris lors de ce sĂ©jour de quelques jours Ă  Quiberon, avec mon club d’apnĂ©e, qu’en lisant hier soir ces journaux avant d’aller me coucher.

 

Bien-sĂ»r, pour apprendre certains enseignements, il faut ĂȘtre disponible pour eux. On peut n’ĂȘtre que disponible pour les mauvaises nouvelles et n’apprendre que ça :

 

 Que tout va mal et toujours trĂšs mal, Ă  chaque instant, partout dans le monde, avec les autres et aussi en soi-mĂȘme.

 

On peut choisir de s’orienter uniquement ou principalement avec les mauvaises nouvelles en se disant qu’en se prĂ©parant- et en pensant- toujours au pire, ainsi, on se rĂ©serve de bonnes surprises. Sauf que, de cette façon, si l’on s’épargne en effet certaines dĂ©convenues et certaines dĂ©sillusions, on aborde aussi la vie, les Ă©vĂ©nements et les autres avec une certaine dynamique et un certain Ă©tat d’esprit qui font barrage, frontiĂšre ou obstacle Ă  certaines possibilitĂ©s, Ă©lans ou initiatives, repoussĂ©es ou dissuadĂ©es par notre comportement alors plus proche de l’écueil que de l’accueil.

 

J’espĂšre avoir un peu plus de bienveillance que ça envers moi-mĂȘme. Etre plus accueil qu’écueil pour ce que j’ai Ă  vivre. Et, si possible, ĂȘtre suffisamment accueillant envers les autres lorsque ceux-ci sont
 bienveillants.

 

Mais ĂȘtre accueillant envers la bienveillance n’est pas innĂ©. Il est nĂ©cessaire de pratiquer rĂ©guliĂšrement. Autrement, on a assez vite fait de dĂ©river et de se retrouver, de nouveau, entourĂ© principalement de mauvaises nouvelles. Et, lĂ , toutes le bouĂ©es que l’on nous aura jetĂ©es ou que l’on aura pu essayer de nous adresser ne suffiront pas.

 

Franck Unimon, ce jeudi 27 Mai 2021.

 

 

 

 

 

 

 

Catégories
Apnée self-défense/ Arts Martiaux

Je ne suis pas un aventurier

 

Port Haliguen, Quiberon. Mai 2021.

 

 

 

                                               Je ne suis pas un aventurier

 

Je ne suis pas un aventurier. En janvier de cette annĂ©e, j’ai prononcĂ© cette phrase, parmi d’autres, lors de mon discours de dĂ©part de mon prĂ©cĂ©dent service. Service oĂč, Ă  ce jour, je suis restĂ© ancrĂ© le plus longtemps : 11 annĂ©es. Trois ans de jour pour commencer, puis huit de nuit pour finir.

 

J’ai fait trois fois mon pot de dĂ©part en effectifs rĂ©duits du fait de la pandĂ©mie du Covid. J’ai dit trois fois mon discours. J’ai donc rĂ©pĂ©tĂ© cette phrase trois fois : ” Je ne suis pas un aventurier”. Certaines phrases, comme les vagues, se rĂ©pĂštent. Mais nous ne les Ă©coutons pas toutes. Parce-qu’elles sont trop nombreuses. Parce-qu’elles se ressemblent toutes. Parce-que nous sommes des araignĂ©es emportĂ©es par les sillons de nos propres toiles. Les vagues, aussi, sont des toiles. Elles accumulent les jours et les nuits plus qu’elles ne reculent devant elles.

 

J’avais dĂ©jĂ  travaillĂ© de nuit ailleurs, auparavant. 

 

Dans les logements oĂč j’ai vĂ©cu, toujours en ville, Ă  ce jour, toujours en banlieue parisienne, j’ai un peu oubliĂ© la moyenne, mais j’y suis restĂ© six ou sept annĂ©es. Toujours dans des appartements,  exception faite du pavillon que mes parents avaient achetĂ© Ă  Cergy-Pontoise et oĂč nous avions emmĂ©nagĂ©. J’avais 17 ans. Et, pour moi, alors, quitter Nanterre et notre immeuble de 18 Ă©tages, dans notre citĂ© HLM, cela avait Ă©tĂ© l’exil. M’éloigner d’une trentaine de kilomĂštres de ma rĂ©gion natale, les Hauts de Seine, pour cette rĂ©gion du Val-d’Oise, alors dĂ©crĂ©tĂ©e « ville nouvelle Â».

 

 

Depuis l’esplanade de Paris, Ă  quelques minutes Ă  pied du pavillon de mes parents, par temps clair et ciel dĂ©gagĂ©, je pouvais apercevoir la grande Arche de la DĂ©fense. C’était tout ce qui me restait Ă  peu prĂšs, visuellement, comme contact, de Nanterre.

 

Il suffit de quelques kilomĂštres de diffĂ©rence par rapport Ă  notre pĂ©rimĂštre familier pour avoir l’impression d’ĂȘtre en quelque sorte « excommuniĂ© Â» du paradis oĂč, pourtant, plus d’une fois, on s’est senti Ă  l’étroit. Plus que la distance que l’on met entre soi et les autres, mais aussi entre certains Ă©vĂ©nements et nous, ce qui compte, c’est le choix que l’on fait et le moment de ce choix. Et, je n’avais pas choisi de partir de Nanterre. Pourtant, Ă  17 ans, j’y partageais ma chambre avec ma petite sƓur et mon petit frĂšre. Il y a mieux comme intimitĂ©. D’autant que j’avais Ă©tĂ© fils unique pendant les neuf premiĂšres annĂ©es de ma vie.

 

A Cergy-Pontoise, et jusqu’à mon dĂ©part de chez mes parents, un dĂ©part choisi aprĂšs mon service militaire, j’allais, de nouveau, avoir ma chambre pour moi. J’allais aussi dĂ©couvrir le calme. Le silence. Le calme et le silence d’une maison, d’un quartier pavillonnaire, d’une presque campagne, contre le tintamarre commun de la citĂ© et de l’immeuble HLM :

 

Le jeune qui rĂŽde sa mobylette dans la rue et qui enfile les tours de la citĂ© en augmentant graduellement la vitesse de son engin motorisĂ© avec, bien-sĂ»r, le pot d’échappement pĂ©taradant. Le voisin qui attaque son appartement Ă  la chignole pour du bricolage. Les autres qui claquent la porte de leur appartement car celle-ci se ferme mal. Les gens qui s’engueulent. Les reprĂ©sentants qui Ă©lectrisent subitement l’atmosphĂšre dans l’appartement au moyen de la sonnette de la porte. Comme s’ils Ă©taient chez eux. Les enfants/ les copains qui, depuis la rue, crient pour appeler leur copain afin qu’il descende jouer avec eux. La musique forte :

MĂȘme si, Ă  la maison, on Ă©coutait aussi de la musique Ă  un volume sonore plus ou moins Ă©levĂ©, le tube OĂč sont les femmes ? De Patrick Juvet, mis et remis en selle, par la plutĂŽt jolie fille aĂźnĂ©e ( plus ĂągĂ©e que moi) de nos voisins directs, fait partie, Ă  jamais, de mes souvenirs de Nanterre.

 

Je ne peux mĂȘme pas dire si j’ai aimĂ© entendre cette chanson : je n’avais tout simplement pas le choix. C’était comme ça. C’était normal. Et, Ă  Cergy-Pontoise, dans ce pavillon achetĂ© par nos parents, c’était exactement le contraire. Bien qu’il s’agissait d’un coin « civilisĂ© Â», avec marchĂ©, mĂ©diathĂšque, piscine et centre commercial Ă  proximitĂ© ( mĂȘme si, comparativement aux Quatre Temps de la DĂ©fense, le centre commercial Les Trois Fontaines a d’abord fait un peu « pitiĂ© Â»), j’ai d’abord eu l’impression d’ĂȘtre arrivĂ© dans un coin paumĂ©. Pourtant, il y avait des gens. Et des jeunes de mon Ăąge. Mais je ne les connaissais pas. Et la densitĂ© Ă©tait moindre qu’à Nanterre.

 

Depuis mon enfance, je n’ai pas trop de problĂšme pour sympathiser avec les autres. C’est peut-ĂȘtre un trait de mon tempĂ©rament. Ou, aussi, une rĂ©surgence des colonies de vacances et des centres de loisirs oĂč je suis allĂ© dĂšs mes six ans voire plus tĂŽt. Dans la ville de Cergy-Pontoise, en plus de vingt ans, je ne me suis fait aucun ami en dehors du travail. Tous mes amis de Cergy-Pontoise ont un rapport avec mon travail. J’ai en grande partie rejetĂ© cette ville et ce qu’elle pouvait m’offrir dans le domaine associatif, sportif et autre. Pourtant, j’y ai croisĂ© des gens en bien des circonstances.

 

Si j’avais Ă©tĂ© un aventurier, en six mois Ă  Cergy-Pontoise, je me serais reconstituĂ© un rĂ©seau d’amis pour remplacer celui dont j’avais Ă©tĂ© sĂ©parĂ© Ă  Nanterre. J’aurais fait le tour du monde Ă  vĂ©lo ou Ă  la voile. Je serais parti vivre plusieurs annĂ©es Ă  l’étranger.

Je serais venu habiter dans Paris lorsque les prix, dans l’ancien, Ă  l’achat, Ă©taient encore supportables : avant l’an 2000.

 

Je suis prudent. Je peux ĂȘtre mĂ©ticuleux. Et, je peux ĂȘtre, aussi, particuliĂšrement
. lent.  Mais je suis, aussi, assez curieux dans les deux sens : un personnage Ă©trange, pas tout Ă  fait conforme, qui n’avance pas au mĂȘme rythme. Et qui ne pense et ne s’exprime pas toujours comme on pourrait s’y attendre. Ou l’exiger. Qui semble- et qui est- en retrait des autres mais qui, contre toute attente, peut ĂȘtre attentif aux autres de façon plutĂŽt surprenante.

 

Cela n’est pas calculĂ©. Les horaires des marĂ©es hautes et basses de mes pensĂ©es suivent des lunes qui, sans doute, sont peut-ĂȘtre moins communes mais sont aussi faites d’écume. Ce qui peut les rendre plus difficiles Ă  cerner comme Ă  prĂ©voir sur le comptoir des Ă©changes relationnels. Or, ce qui est incomprĂ©hensible peut dĂ©router ou faire peur.

 

Et dans quel domaine, je travaille ? En psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie. Soit un domaine oĂč les personnes, les patients mais aussi les collĂšgues, que l’on rencontre peuvent ĂȘtre susceptibles d’agir comme de penser de maniĂšre
.incomprĂ©hensible. On dirait presque que je le fais exprĂšs, de dĂ©router mon entourage. 

 

Mais, dans la vie, aussi, nous assistons à bien des phénomÚnes incompréhensibles.

 

Incompréhensibles. Mais, aussi, parfois, incompressibles.

 

 

Il m’a fallu plus de dix ans entre le moment oĂč je me suis intĂ©ressĂ© Ă  la plongĂ©e avec bouteille. Et le moment oĂč je me suis lancĂ© en Guadeloupe jusqu’à y passer mes deux premiers niveaux. Pour l’instant, j’ai effectuĂ© 39 plongĂ©es avec bouteilles dont deux ou trois Ă  quarante mĂštres.

 

Il m’a fallu Ă  peu prĂšs le mĂȘme temps ( plus de dix ans) pour me dĂ©cider Ă  prendre des cours de thĂ©Ăątre et jouer sur scĂšne mais aussi dans des courts-mĂ©trages. Idem pour le roller etc
.

 

 

Mon univers est sans doute celui d’un homme Ă  l’envers. Pourtant, je sais ce qu’est le fait d’avoir des Devoirs et des engagements. Je n’ai pas beaucoup de leçons Ă  recevoir des autres en matiĂšre de Devoirs et d’engagements. Pour cela, il me suffit de considĂ©rer ma vie, certains de mes sacrifices, mĂȘme si je ne les ai d’abord pas toujours reconnus comme tels, et regarder un peu comme d’autres vivent autour de moi, pour savoir que je suis trĂšs en rĂšgle avec mes Devoirs et mes engagements. Voire, peut-ĂȘtre trop.

 

 

La pratique de l’apnĂ©e, en club, est devenue concrĂšte pour moi il y a quatre ou cinq ans, maintenant. AprĂšs d’autres expĂ©riences tant personnelles que professionnelles. LĂ , aussi, il s’est passĂ© un certain nombre d’annĂ©es entre le moment oĂč j’ai dĂ©cidĂ© de  faire les dĂ©marches pour m’inscrire dans un club d’apnĂ©e et le jour oĂč je l’ai fait. Evidemment, avant de faire ça, j’avais dĂ©jĂ  lu, ou vu, sur des professionnels de l’apnĂ©e. Des « professionnels Â» au sens commun :

 

Des pratiquants de l’apnĂ©e mĂ©diatisĂ©s pour leurs performances hors-normes lors de certaines compĂ©titions. Des gens que l’on surnomme souvent « L’homme-poisson Â», « L’homme-dauphin Â» etc
.

Il y avait des femmes, aussi. Audrey Mestre, en particulier.

 

Si l’aspect « performance Â» de l’apnĂ©e a pu me sĂ©duire, comme un mannequin, un beau blouson Ă©clairĂ© en vitrine ou une vedette de cinĂ©ma peut aussi nous sĂ©duire, il est un autre aspect qui m’a, je crois, le plus « draguĂ© Â» dans l’apnĂ©e :

 

La maitrise de soi. Le calme. La contemplation. L’apprentissage et la dĂ©couverte de mes capacitĂ©s. L’adaptation Ă  un autre environnement. Adaptation, qui, ensuite, sans mĂȘme y penser, se transpose, dans ma vie terrestre.

 

Des aptitudes requises mais qui peuvent aussi ĂȘtre dĂ©veloppĂ©es, sollicitĂ©es, par la pratique de la plongĂ©e avec bouteille, de la psychiatrie et de la pĂ©dopsychiatrie, du thĂ©Ăątre, du massage bien-ĂȘtre, de la lecture, du journalisme cinĂ©ma, de l’écriture, du judo et de tout art martial mais aussi de tout sport de combat, diverses rencontres, la vie de couple, de famille ou le fait d’éduquer/d’essayer d’inspirer son enfant.

 

Il est courant d’opposer des disciplines qui, a priori, semblent antagonistes ou Ă©trangĂšres les unes aux autres. Entre ces disciplines, ces rĂŽles et ces Ă©tats, je recherche plutĂŽt une certaine complĂ©mentaritĂ©.

 

Les personnes qui me connaissent un peu ne seront pas surprises par ce que j’avance.

 

J’ajouterai que la pratique de ces diverses disciplines – et d’autres- permet d’approfondir une certaine expĂ©rience de l’économie du geste, de la pensĂ©e, du calme, de la sincĂ©ritĂ© envers soi-mĂȘme pour rĂ©sumer. Et que cette pratique se rĂ©alise en « s’immergeant Â» en soi-mĂȘme. Mais aussi en apprenant Ă  observer et Ă  ressentir, ce qui nous entoure (ĂȘtres, objets, Ă©lĂ©ments, Ă©vĂ©nements). Et, aussi, en allant Ă  leur rencontre dans la mesure de nos moyens, de nos limites et de nos connaissances.

 

 

Je ne suis pas un aventurier. Des quatre ou cinq jours que je viens de passer Ă  Quiberon avec mon club d’apnĂ©e, mon troisiĂšme stage avec mon club, et mes trois seules sorties en mer de ce type, je suis revenu avec la sensation d’ĂȘtre un peu plus Ă  l’aise dans l’eau en tant qu’apnĂ©iste. Mais je ne suis pas encore autonome.

Ă  suivre….

 

Franck Unimon, ce mardi 25 Mai 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Catégories
Corona Circus self-défense/ Arts Martiaux Vélo Taffe

VĂ©lo taffe : photos du 10 Mars au 10 Mai 2021.

 

 

“Certains vĂ©los sont faits pour rouler, le mien est fait pour pĂ©daler“. 

 

C’est ce que je me suis dit en revoyant un usager de cette marque de vĂ©lo que, cette fois, je laisserai dans l’anonymat. Chaque fois que je croise une personne sur ce genre de vĂ©lo, tout autant mĂ©canique que le mien, je perçois en elle une aisance qui se refuse Ă  moi. Pourtant, cela fait trois mois maintenant, Ă  peu prĂšs, que j’ai troquĂ© mes trajets de mĂ©tro contre un vĂ©lo pliant. Et, je ne crois pas ĂȘtre si hors de forme que cela. NĂ©anmoins, je m’apparente souvent Ă  un rĂ©tro lorsque celle ou celui qui se dĂ©place sur un de ces prototypes le fait avec une tranquillitĂ© indiffĂ©rente. Le pire, peut-ĂȘtre, cela a Ă©tĂ© en “soulevant” le boulevard Raspail vers la place Denfert Rochereau :

Un homme assis sur cet objet qui m’intrigue filait sans forcer tout en conversant avec une dame pratiquant elle l’escalade au moyen d’un vĂ©lo grand format. Et, moi, qui faisais de temps Ă  autre irruption sur leur tracĂ©, j’Ă©tais non seulement presque comme une incongruitĂ©. Mais je voyais bien qu’aprĂšs chaque arrĂȘt, j’avais plus de mal qu’eux pour me relancer. 

Je n’irai pas jusqu’Ă  arracher les cheveux ou Ă  crever les pneus d’une certaine catĂ©gorie de personnes. Car une certaine absence de testostĂ©rone rĂ©sonne en moi pour ce genre de projet en pareilles circonstances. Mais j’ai eu le temps de gamberger. J’accepte facilement que des grandes roues ou des vĂ©los profilĂ©s course me nĂ©gligent ou me fusillent sur place. J’accepte mĂȘme que des vĂ©lib’ lourdauds tractĂ©s par des mollets alcooliques me dĂ©versent des dizaines de mĂštres de distance dans la vue. Par contre, je me fais scrupuleux lorsque cette catĂ©gorie de vĂ©lo pliant me passe dessus ou devant. Car dans ses rayons, il y a comme un chant. Et celui-ci n’est pas bon pour mon entendement.

 

En attendant, je reste Ă©tonnĂ© de voir que, quelle que soit la marque, le style du vĂ©lo ou la pompe de celle ou celui qui l’emploie, c’est souvent la volontĂ© de la course qui se retrouve. A part quelques touristes sans autre rendez-vous que l’instant. Assez peu, donc, posent le pied ou la cadence afin de faire le mur du temps et de prendre quelques photos.

Sur mon vĂ©lo de baltringue, dont la selle descend rĂ©guliĂšrement et que je dois donc relever, je suis content de visiter quelques points de vue avant que ceux-ci n’aient disparu. A dĂ©couvrir dans le diaporama qui suit. La musique a Ă©tĂ© choisie par ma fille. 

A bientĂŽt !

 

Franck Unimon, ce dimanche 16 Mai 2021.

 

 

 

 

 

 

 

Catégories
Apnée self-défense/ Arts Martiaux

PrĂ©paratifs pour le stage d’apnĂ©e Ă  Quiberon, Mai 2021

Place de la Concorde, ce matin, vers 9h.

 

 

PrĂ©paratifs pour le stage d’apnĂ©e Ă  Quiberon de ce mois de Mai 2021

 

Choisir, c’est franchir :

En allant ce matin, jeudi de l’Ascension -mais aussi fin du Ramadan cette annĂ©e pour les musulmans–  Ă  la gare St Lazare, Ă  vĂ©lo, aprĂšs une nuit de travail de douze heures, j’ignorais encore que j’écrirais cet article.

 

Sur le trajet, comme Ă  mon habitude depuis bientĂŽt trois mois maintenant, Ă  l’aller comme au retour, j’ai pris des clichĂ©s. Comme chaque fois qu’un endroit, une lumiĂšre ou un Ă©vĂ©nement me porte.

 

J’ai « publiĂ© Â» certaines de ces photos sur ma page Facebook ou sur ma page instagram. Mais, la plupart du temps, j’ai rĂ©servĂ© le plus gros de ces photos prises lors de mes trajets pour mon blog, balistiqueduquotidien.com, dans la rubrique :

 

VĂ©lo Taffe.

 

Je ne fume pas. J’ai juste un peu crapotĂ©, ado, sur un terrain vague, prĂšs du supermarchĂ© Sodim, Ă  Nanterre, qui existait, alors, prĂšs de la CitĂ© Fernand LĂ©ger, une citĂ© d’immeubles HLM de 18 Ă©tages, oĂč j’ai grandi jusqu’à mes 17 ans. Et, puis, ça a Ă©tĂ© tout pour ma prise de nicotine ou de substance par voie respiratoire ou pulmonaire.

 

Mais j’ai aimĂ© l’idĂ©e du jeu de mot avec « Taf Â», le travail. Et le fait « d’inhaler Â» du vĂ©lo. Parce-que je voulais voir le fait de faire du vĂ©lo comme une respiration. Un mode de vie. Comme bien d’autres disciplines.

 

Au premier plan, Ă  droite, le technicien que j’ai interrogĂ© et qui m’a rĂ©pondu : ” Je ne sais pas pour quel film !”. Ce matin, vers 9h.

 

Ce matin, trĂšs beau ciel bleu. Une belle lumiĂšre, dehors. Et, Place de la Concorde, le tournage d’un film. J’ai interrogĂ© un des techniciens du film qui se dirigeait vers moi. Sans doute le technicien lumiĂšre. Celui-ci m’a rĂ©pondu avec le sourire :

 

« Je ne sais pas pour quel film ! Â».

 

Dans le camion, blanc, Ă  droite, “Au P’tit coin”, lieu de dĂ©tente ou de relĂąchement des sphincters. Ce camion fait sans doute aussi partie de la logistique du tournage, car, habituellement, il n’est pas lĂ .

 

L’article que je suis en train d’écrire est sans aucun doute un film que je me fais et que je suis en train de tourner. Comme chaque fois que je suis inspirĂ© pour Ă©crire. Et que je dispose de suffisamment de temps pour le faire. Je ne vis pas de ce que j’écris. Je le fais donc dĂšs que je peux capter un peu de temps par-ci par lĂ , tout en composant avec ma vie de famille, de couple, de pĂšre,  de citoyen et d’employĂ©.

 

Je dois donc concilier constamment plusieurs contraintes. Mais, ce faisant, comme la plupart des amateurs et des gens qui m’entourent et, de par le monde, j’ai ainsi accĂšs Ă  plusieurs vies. Chacun de mes articles est donc un tournage intime et public qui essaie de rĂ©unir, de projeter et de rendre attractives mes quelques vies d’ici et d’ailleurs. D’hier, d’aujourd’hui et de demain. Autant que je me souvienne. Pendant que j’ai encore de la mĂ©moire, de l’envie et du plaisir.

 

A Penmarch’, en octobre 2020, lors de notre stage d’apnĂ©e avec mon club.

 

Cet article sera long. Je l’ai compris tout Ă  l’heure en commençant Ă  y penser chez moi. Alors, qu’au dĂ©part, il devait se contenter de faire un retour sur notre stage d’apnĂ©e Ă  Penmarch, en Bretagne, en octobre dernier. Car j’avais pris quelques notes que j’ai facilement retrouvĂ©es tout Ă  l’heure. J’avais aussi gardĂ© des photos. Cet article devait ĂȘtre court. Il sera long. J’en suis dĂ©solĂ© pour les lectrices et les lecteurs pressĂ©s. Pour celles et ceux qui ont besoin d’articles courts. Efficaces.

 

Je « sais Â» qu’écrire long est « anti-commercial Â». Que c’est une mauvaise stratĂ©gie pour ĂȘtre beaucoup lu. Mais je ne peux pas et ne veux pas me  soumettre Ă  toutes les pyramides des tyrannies. En particulier, Ă  celles qui consistent Ă  faire du buzz Ă  tout prix. A celles qui consistent Ă  privilĂ©gier des pensĂ©es et des sensations cosmĂ©tiques.

 

Je n’écris pas et ne travaille pas pour l’OrĂ©al. Et, encore moins pour les vitrines des grandes surfaces qu’elles soient de luxe ou non. J’écris comme je vis. Donc, si cet article doit ĂȘtre long, il sera long.

 

Lors d’un des ateliers d’écriture auxquels j’avais participĂ© Ă  la mĂ©diathĂšque de Cergy-PrĂ©fecture, il y a plusieurs annĂ©es ( il y a plus de dix ans) l’écrivain qui l’animait avait dit :

 

« On Ă©crit comme on respire Â».

 

Mon initiation Ă  l’ApnĂ©e :

 

Je me suis inscrit Ă  mon club d’apnĂ©e, Ă  Colombes, dans les Hauts de Seine, il y a environ quatre ans, maintenant.

 

Mais je suis arrivĂ© Ă  la pratique de l’apnĂ©e
par la plongĂ©e avec bouteille. Discipline que j’avais dĂ©couverte il y a plus de dix ans maintenant. En Guadeloupe. 

 

 

La plongĂ©e avec bouteille fait partie avec le roller de ces disciplines que j’ai dĂ©couvertes et pratiquĂ©es, sur le tard. Alors que j’avais une trentaine d’annĂ©es.

 

Ce sont des disciplines vers lesquelles je lorgnais depuis des annĂ©es, comme j’ai aussi pu lorgner vers la pratique du thĂ©Ăątre pendant des annĂ©es. Avant, lĂ , aussi, de me dĂ©cider Ă  me lancer dans cette expĂ©rience avec plaisir.

 

C’est un Antillais, Jean-Charles, alors prĂ©sident et animateur d’un club Ă  Cergy-Pontoise, Les Roller Eagles, qui m’a initiĂ© au sein de son club au roller. Je ne suis pas un pratiquant Ă©mĂ©rite de Roller. Mais, grĂące Ă  lui et Ă  plusieurs sorties en club avec lui, j’ai pu faire des sorties d’une vingtaine de kilomĂštres sur la route, quelques randonnĂ©es, mais aussi participer Ă  une ou deux randonnĂ©es nocturnes sur Paris. Jean-Charles a un rapport trĂšs concret aux rollers. Son enseignement visait Ă  nous rendre aussi autonomes que possible en milieu urbain.

 

Aujourd’hui, j’ai toujours mes rollers mĂȘme si je les utilise peu.

 

C’est un Corse, Stephan, qui, en Guadeloupe, dans la commune de Sainte-Rose, m’a initiĂ© Ă  la plongĂ©e avec bouteille, dans son club : ALAVAMA.

 

Pourquoi Sainte-Rose ?

 

D’une part, parce qu’aprĂšs avoir vĂ©cu une trentaine d’annĂ©es en France, oĂč je suis nĂ©, mes parents, natifs de la Guadeloupe, sont retournĂ©s vivre en Guadeloupe et se sont Ă©tablis Ă  Ste-Rose.

D’autre part, parce-que, aprĂšs ĂȘtre allĂ© rencontrer plusieurs dirigeants de clubs de plongĂ©e, c’est avec StĂ©phan, qu’humainement, je m’étais d’emblĂ©e senti le mieux.

Enfin, son club est un « petit Â» club. Et non une grosse usine de plongĂ©e. Cette particularitĂ© m’avait aussi plu.

 

Jean-Charles, tout comme Stephan, sont deux personnes que j’avais choisies. Or, choisir, c’est franchir….

 

Relater ça, et les origines de Jean-Charles, d’un cĂŽtĂ©, et de Stephan, d’un autre cĂŽtĂ©, est volontaire de ma part. MĂȘme si, je me rĂ©pĂšte :

 

Ce matin, au dĂ©part, en quittant mon service oĂč je retournerai travailler cette nuit Ă  nouveau pour douze heures, j’ignorais que j’allais Ă©crire cet article.

 

 

Ce matin, en me rapprochant Ă  vĂ©lo de la gare St Lazare, je suis tombĂ© sur l’affiche d’un politicien. Son slogan Ă©tait le suivant :

 

Le choix de la sécurité.

 

J’ai pris le temps de lire ce slogan alors que j’étais arrĂȘtĂ© au feu rouge. Peu importe, pour moi, la couleur politique de cet homme. Car nous vivons dans un monde et dans un pays de frontiĂšres de toutes sortes :

 

Culturelle, sociale, ethnique, sexuelle, intellectuelle, politique, Ă©conomique, religieuse, militaire, mentale….

 

Et, la pandĂ©mie du Covid, ses rĂ©percussions Ă©conomiques et sociales, la gĂ©opolitique et d’autres facteurs accroissent de plus en plus les tensions autour et Ă  propos de toutes ces frontiĂšres. Certaines frontiĂšres et tensions sont plus explicites que d’autres. Certaines sont plus directes que d’autres. Certaines sont plus visibles que d’autres.

Mais qu’on les perçoive ou non, ces frontiĂšres et ses tensions pĂšsent en permanence sur nos vies. Sur nos choix. 

 

 

Ce politicien n’a pas choisi ce slogan par hasard. Nous avons tous peur de quelque chose. Je ne crois pas aux gens qui n’ont- jamais- peur de rien. MĂȘme si certaines personnes ont une assurance terrifiante. Mais il n’y a qu’Ă  voir comment finissent certains despotes, monarques ou dictateurs pour s’apercevoir ou se rappeler que lorsque le Pouvoir, qui reste du sable, leur Ă©chappe, ils ont peur et fuient comme tout un chacun.

 Enfants ou adultes. Jeunes. Vieux. Gros. Maigres. Yeux bleus, yeux marrons. Blancs ou noirs. Musulmans ou catholiques. Riches ou pauvres. ChĂŽmeurs ou travailleurs. Femmes ou hommes. ImmigrĂ©s ou « nationaux Â». Sportifs ou sĂ©dentaires. PropriĂ©taires ou locataires. RĂ©sidents ou SDF. Cyclistes ou piĂ©tons, nous avons tous peur de quelque chose ou de quelqu’un Ă  un moment ou Ă  un autre. 

 

Sauf que si la sĂ©curitĂ© devient la seule norme et le seul critĂšre possible, alors, tous les replis communautaires, quels qu’ils soient, se justifient. Ainsi que la peur de l’autre. Comme la peur et le rejet pour toute expĂ©rience et toute rencontre qui sort de notre pratique et de nos connaissance familiĂšres et connues.

 

Si je n’avais fait que le choix de la sĂ©curitĂ©, jamais, je ne me serais lancĂ© dans la dĂ©couverte du roller.

Jamais, je ne me serais lancĂ© dans la dĂ©couverte de la plongĂ©e avec bouteille. Et, jamais, je ne me serais lancĂ© dans la dĂ©couverte de l’apnĂ©e. Car ces trois disciplines ( roller, plongĂ©e avec bouteille, apnĂ©e) font peur, comportent des risques, et ne font pas partie de mon « habitat Â» naturel ni de mon hĂ©ritage familial.

 

Penmarch’, Octobre 2020.

 

Mon hĂ©ritage familial : Un hĂ©ritage d’ Ultra-marins

Les Antillais peuvent aussi ĂȘtre dĂ©nommĂ©s « ultra-marins Â» : Nous venons ou sommes originaires de l’Outre-mer. Mais, « ultra-marins Â», ne signifie pas du tout « sous-marins Â».

 

Il existe bien Ă©videmment des Antillais parfaitement Ă  l’aise sous l’eau, que ce soit des chasseurs sous-marins ou des plongeurs avec bouteille. Mais, d’aprĂšs mon expĂ©rience personnelle et familiale, ces Antillais sont une minoritĂ©.

 

Dans ma famille, nous sommes plutĂŽt des terriens ou des terrestres. Mes parents savent nager, d’accord. Mais, contrairement Ă  d’autres personnes, je n’ai aucun souvenir de vacances ou de journĂ©es passĂ©es sous l’eau ou sur l’eau avec mes parents.

 

Par contre, le Foot, la course Ă  pied, le cyclisme voire la boxe, ça, oui, ça fait partie de mon patrimoine familial et culturel. Que ce soit en tant que pratiquant ou en tant que spectateur. Mais le roller, la plongĂ©e avec bouteille ou l’apnĂ©e, certainement pas.

 

Je me rappelle encore d’un de mes grands oncles paternels, aujourd’hui dĂ©cĂ©dĂ©, tout Ă©tonnĂ©, alors que je venais de lui parler d’une sortie plongĂ©e rĂ©cente, d’apprendre que, non, je n’avais pas pĂȘchĂ© de poisson ! J’avais alors compris que son rapport Ă  la mer Ă©tait strictement nourricier. Comme, pour certains hommes, le rapport Ă  la femme peut n’ĂȘtre que strictement sexuel, procrĂ©atif ou domestique.

 

Je me rappelle aussi du mari, aujourd’hui dĂ©cĂ©dĂ©, de ma tante paternelle, pĂȘcheur, me racontant- Ă©galement en CrĂ©ole– qu’il avait vu, comme il me voit, certains de ses collĂšgues, tomber Ă  la mer et se noyer sous ses yeux. Et, si je me souviens bien, cet « oncle Â», trĂšs bon marcheur par ailleurs, ne savait pas nager. D’ailleurs, il n’est pas mort en mer. Mais en faisant une mauvaise chute dans des escaliers. Peut-ĂȘtre Ă  cause de son alcoolisme. Plus saoul marin, donc, que sous-marin

 

Je me rappelle aussi comme, en Guadeloupe, certains locaux me regardaient comme un élément insolite, alors que depuis le club de plongée de Stephan, je figurais parmi les touristes (les blancs, pour faire simple) se dirigeant vers la mer et le bateau pour aller plonger plus loin.

 

Et, puis, je suis aussi obligĂ© de rappeler que la mer, pour bien des ultra-marins, cela reste l’élĂ©ment hostile, d’amnĂ©sie et de douleur, le rĂ©cif qui nous a dĂ©coupĂ© et « sĂ©parĂ© Â», de par l’esclavage, de la terre originelle : l’Afrique. MĂȘme si, depuis, l’Afrique est devenu un continent « autre Â». Je connais peu, trĂšs peu d’Antillais, qui ont sillonnĂ© l’Afrique. MĂȘme moi, Ă  ce jour, je ne suis toujours pas allĂ© en Afrique. L’Afrique, pour beaucoup d’ultra-marins, c’est peut-ĂȘtre encore le continent de la dĂ©faite, du rejet, du deuil difficile ou impossible. Du reste, en occident, l’image- grossiĂšre- de l’Afrique reste rĂ©guliĂšrement dĂ©figurĂ©e et : famine, dictatures, pauvretĂ©, violences et, maintenant, jihadisme
.

 

Par contre, nous sommes nombreux, aux Antilles ou en France, Ă  regarder avec une certaine admiration nos “cousins” d’AmĂ©rique. Si Nelson Mandela, en tant que militant, est sĂ»rement un leader africain estimĂ© et reconnu aux Antilles, il me semble qu’Ă  part lui, que nous serons souvent plus facilement inspirĂ©s pour admirer et citer des grands leader et des grands hĂ©ros, noirs amĂ©ricains. Et, ce sera pareil pour des acteurs et des actrices noirs amĂ©ricains ou britanniques. Personnellement, je retiens le nom et “connais” bien plus d’acteurs et d’actrices noirs amĂ©ricains que d’actrices et d’acteurs africains. Cela pour dire jusqu’Ă  quel point nous avons pu ĂȘtre sĂ©parĂ©s et pouvons continuer de nous sĂ©parer de l’Afrique…..

 

 

C’est donc dire Ă  quel point, pour moi, le « Moon France Â» ( jeu de mot avec « Moun Frans Â», terme pĂ©joratif que j’ai eu le privilĂšge de dĂ©couvrir dĂšs mes 7 ans en Guadeloupe, pour mon premier sĂ©jour de vacances lĂ -bas), le fait de choisir, Ă  un moment donnĂ©, de dĂ©couvrir une discipline comme la plongĂ©e avec bouteille, puis l’apnĂ©e, a nĂ©cessitĂ© que j’aille Ă  contre-courant.

 

La facilitĂ©, la simplicitĂ© ou la lĂąchetĂ© aurait Ă©videmment consistĂ©, pour moi, Ă  suivre le courant. A me laisser rĂ©soudre et fabriquer selon les exemples et les modĂšles Ă  ma portĂ©e immĂ©diate :

 

D’aprùs mes modùles familiaux et culturels. Mais aussi sociaux. Ce qui arrive encore constamment.

 

On peut trĂšs bien vivre dans un pays, une rĂ©gion ou une ville oĂč il existe plein de possibilitĂ©s de dĂ©couvertes et d’épanouissement et s’en couper complĂštement. Et, vivre, de façon repliĂ©e. En faisant le choix de certaines certitudes. En faisant le choix
.de la sĂ©curitĂ© :

 

Je suis restĂ© marquĂ© par ce jeune croisĂ© un jour alors que je venais d’emmĂ©nager dans la ville d’Argenteuil en 2007. Je cherchais alors, prĂšs de la dalle d’Argenteuil, la mĂ©diathĂšque. Le jeune, qui, selon moi, habitait dans le coin, m’avait rĂ©pondu qu’il ne savait pas oĂč elle se trouvait. Et puis, en tournant la tĂȘte, je m’Ă©tais aperçu qu’elle Ă©tait juste lĂ , Ă  quelques mĂštres de nous. Ouverte. Offerte. Gratuite.

Ce jeune devait passer devant cette mĂ©diathĂšque rĂ©guliĂšrement sans le savoir. Je suis persuadĂ© que nous agissons bien des fois comme ce jeune en bien d’autres circonstances. Et, cela, tout au long de notre vie. Et, personnellement, cela m’attriste, voire, m’inquiĂšte. 

 

Prendre la peur comme seul critĂšre pour choisir de vivre et pour sĂ©lectionner son environnement comme celles et ceux que l’on va frĂ©quenter revient, Ă  un moment ou Ă  un autre, Ă  se rapprocher davantage de la peur.

Photo prise Ă  Penmarch, lors de notre stage en octobre 2020.

 

Ce Lundi 9 Mai 2021 :

Ce Lundi 9 Mai, nous étions six à assister et à participer à cette visio-conférence organisée par Yves, le responsable de la section apnée de notre club.

 

Le but Ă©tait de prĂ©parer notre stage d’apnĂ©e Ă  Quiberon la semaine suivante (dans quelques jours).

 

Comme Ă  son habitude, et avec simplicitĂ©, Yves a de nouveau dĂ©ployĂ© l’étendue de ses compĂ©tences.

 

Etant donnĂ© que c’est le premier club d’apnĂ©e que je connais, je n’ai pas d’élĂ©ment de comparaison avec un autre club d’apnĂ©e. Mais, rĂ©guliĂšrement, je suis admiratif de voir comme Yves, originaire de Bretagne, semble maitriser tant d’élĂ©ments :

 

MĂ©tĂ©o, maritime et terrestre, topographie des lieux, coĂ»t du carburant, planning, coĂ»t de l’hĂ©bergement, permis bateau, pĂȘche sous-marine, cuisine et prĂ©paration de ce que nous avons pĂȘchĂ©, matĂ©riel….

 

En outre, il semble inaltĂ©rable et infatigable. Ce qui est humainement impossible. Et, pourtant. Dernier couchĂ©, premier levĂ©. A Penmarch’, en short et tee-shirt Ă  manches courtes, je l’ai vu profiter d’un temps de pause pour passer la tondeuse autour de sa maison familiale alors que nous Ă©tions sortis le matin. J’Ă©tais aussi couvert qu’il Ă©tait en tenue d’Ă©tĂ© ( en octobre, en Bretagne !) et plus bon pour la sieste que pour le jardinage.

 

On m’objectera que c’est son rĂŽle. Et que c’est la moindre des choses. Peut-ĂȘtre.

 

Mais avec une telle aisance, tant d’un point de vue pĂ©dagogique, tant sur terre, sur bateau que sous l’eau ?

 

HĂ© bien, je vais affirmer que non ! Tout le monde n’est pas comme lui. Et, il faut savoir voir ce que certaines rencontres ont d’exceptionnel mĂȘme si les personnes concernĂ©es s’en dĂ©fendront souvent.

 

Un tel engagement, une telle compĂ©tence,  dans une discipline si technique et potentiellement, si dangereuse, si effrayante, que ce soit en piscine, en fosse ou dans un environnement naturel ? Cela serait donc si banal, que ça ?!

Je vais affirmer- quitte à l’embarrasser- qu’il ne doit pas y avoir tant d’encadrants que ça qui font ça comme lui.

 Je vais aussi affirmer que chacun d’entre nous se sentait en
.sĂ©curitĂ© alors qu’Yves, lundi ( il y a quelques jours) nous parlait, nous prĂ©sentait le programme, mais, aussi, rĂ©pondait Ă  nos questions.

 

MĂȘme lorsqu’Yves, a pu nous dire Ă  un moment que, dans tel endroit «  il peut y avoir beaucoup de courant Â». Mais qu’il suffit de se mettre Ă  tel endroit, derriĂšre la roche, pour se mettre Ă  l’abri.

 

Tout en l’écoutant, je me suis demandĂ© ce qui faisait que, moi, l’un des moins expĂ©rimentĂ©s du groupe, je pouvais me sentir si peu inquiet. J’allais quand mĂȘme me retrouver, lestĂ© de plusieurs kilos, dans une eau dont la tempĂ©rature serait comprise entre 14 et 16 degrĂ©s, en pleine mer, durant plusieurs heures. Or, tout ce que j’entrevoyais, et attendais, c’était ce moment, oĂč, avec les autres, j’aurais ces tonnes d’eau au dessus de ma tĂȘte. Et oĂč je convergerais vers ces cinq ou huit mĂštres de profondeur, ou un petit peu plus peut-ĂȘtre, avec pour seule rĂ©serve et libertĂ©, l’air que j’aurais emmagasinĂ© dans mes poumons, ma tĂȘte. Et mes rĂȘves.

 

A Penmarch, en octobre 2020.

 

D’accord, j’avais dĂ©jĂ  effectuĂ© deux stages d’apnĂ©e en Bretagne avec le club. Un premier Ă  Loctudy en 2017. Puis, un autre en octobre dernier Ă  Penmarch. Mais cela suffisait-il pour expliquer cette tranquillitĂ© que je ressentais en l’écoutant ? Alors que je « savais Â» que si j’avais racontĂ© Ă  d’autres terriens- mĂȘme sportifs- que nous avions prĂ©vu, avec mon club, de partir en stage d’apnĂ©e en Bretagne la semaine prochaine, que certaines et certains d’entre eux prendraient peur ou s’inquiĂ©teraient.

 

Le choix de la sĂ©curité .

 

Cet article est dĂ©jĂ  long. Dans un autre, je restituerai les notes que j’avais prises lors de notre sĂ©jour Ă  Penmarch en octobre dernier.

 

J’ajouterai avant de conclure celui-ci qu’autour d’Yves, se trouvent donc d’autres pratiquants qui ont dĂ©jĂ  une sacrĂ©e expĂ©rience de chasse sous-marine. Mais, aussi, le doyen du club, Jean-Pierre, plus de 67 ans, et une bonne cinquantaine d’annĂ©es d’expĂ©rience dans le domaine de la chasse sous-marine. Une longĂ©vitĂ© et une aisance que l’on ne peut qu’admirer. Je me rappelle encore qu’en octobre, alors que, moi, Ă©puisĂ© par les couchers assez tardifs et les rĂ©veils assez matinaux, j’avais optĂ© pour arrĂȘter ma «plongĂ©e Â» aprĂšs deux heures dans l’eau ( tempĂ©rature comprise entre 12 et 14 degrĂ©s, je crois), Jean-Pierre, lui, dans une mer qui secouait un peu, voltigeait comme un gamin dans son aire de jeu prĂ©fĂ©rĂ©e. En pleine forme. Cela ne m’aurait mĂȘme pas surpris s’il m’avait demandĂ©, Ă©tonnĂ© : 

“Ah, bon ? Tu rentres, dĂ©ja ? Tu arrĂȘtes de jouer ?”. 

 

Je n’aurais jamais vu ou fait ce genre d’expĂ©rience et de rencontre si, toute ma vie, je ne m’étais tenu qu’à des choix de sĂ©curitĂ©.

 

Penmarch, octobre 2020.

 

Franck Unimon, ce jeudi 13 Mai 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Catégories
Cinéma Pour les coquines et les coquins

Brigitte Lahaie en podcast

                                             

                                                   Brigitte Lahaie en podcast

 

 

Tout Ă  l’heure, aprĂšs avoir arrĂȘtĂ© d’écrire, j’ai continuĂ© d’écouter un podcast consacrĂ© Ă  l’ancienne actrice porno, Brigitte Lahaie.

Au tout dĂ©but, dans les annĂ©es 90 peut-ĂȘtre, pour moi, Brigitte Lahaie Ă©tait « juste Â» une actrice française de film X entrevue aprĂšs d’autres actrices ou d’autres femmes dĂ©nudĂ©es. Elle n’Ă©tait pas nĂ©cessairement celle qui me faisait le plus fantasmer.  

Et puis, plus tard, j’avais compris en lisant une interview, peut-ĂȘtre, que c’était une femme intelligente. Bien consciente de ce qu’elle pouvait susciter chez un homme comme fantasme et
dotĂ©e d’humour. J’étais tombĂ© sur une de ses rĂ©parties :

« Et, je saute Lahaie ?! Â».

Depuis la lecture de cette rĂ©partie, pour moi, Lahaie, c’est ça : une femme qui a fait du X mais qui est intelligente. Et drĂŽle.

Mais peut-ĂȘtre, aussi, que depuis que j’avais entendu parler d’elle la premiĂšre fois dans les annĂ©es 90 (ou 80 ?) que ma sexualitĂ© avait un petit peu Ă©voluĂ©. Et que c’Ă©tait aussi moi qui Ă©tais devenu un tout petit peu plus intelligent et drĂŽle. 

D’autres annĂ©es sont encore passĂ©es depuis les annĂ©es 90 ou 80. Et puis,  je suis tombĂ© sur ce podcast, il  y a quelques jours. Je l’ai donc tĂ©lĂ©chargĂ© avec bien d’autres podcast sur bien d’autres sujets.

Je n’avais pas envie de mater Brigitte Lahaie :

 C’était la femme intelligente que je voulais entendre. 

Ce fut assez drĂŽle d’écouter ce podcast. Sauf que le comique de situation n’est pas venu de Brigitte Lahaie.

 

Dans cette Ă©mission appelĂ©e Mauvais Genres passĂ©e sur la radio France Culture le 2 Mai 2020, Lahaie Ă©tait entourĂ©e de spĂ©cialistes du X qui Ă©taient majoritairement des hommes apparemment sexagĂ©naires. ( Lahaie, nĂ©e en 1955, si je ne me trompe, a, elle…65 ans au moment de l’Ă©mission).

Il y avait aussi une femme qui, elle,  peut-ĂȘtre plus jeune ( environ la quarantaine ?) Ă©tait sĂ»rement plus concernĂ©e par l’image de la femme, la place de la femme mais aussi, bien-sĂ»r, la libĂ©ration de la femme. Et par la façon dont la carriĂšre de Lahaie au cinĂ©ma mais aussi dont les engagements ensuite avaient pu contribuer Ă  la libĂ©ration de la femme. En Occident, et, en particulier, en France

Depuis une vingtaine d’annĂ©es, Brigitte Lahaie est animatrice radio. Elle a Ă©crit deux livres. Elle est considĂ©rĂ©e comme l’une des rares anciennes actrices pornos Ă  avoir pu jouer dans des films de la filiĂšre dite classique ou traditionnelle. Mais aussi Ă  avoir rĂ©ussi sa reconversion professionnelle aprĂšs la fin de sa carriĂšre d’actrice. Ce que ne sont pas parvenues Ă  faire par exemple feu Karen Bach/Lancaume et RaffaĂ«la Anderson, hĂ©roĂŻnes de l’adaptation cinĂ©matographique du livre Baise-Moi de Virginie Despentes. Un livre que j’avais lu. Et un film que j’avais vu au cinĂ©ma Ă  sa sortie et qui m’avait “plu”. 

 

Dans le podcast, Lahaie dit par exemple ĂȘtre inquiĂšte d’assister Ă  une certaine rĂ©gression concernant les mƓurs sexuelles. Et du fait que l’on puisse dire aujourd’hui que prendre la pilule, pour une femme, n’est pas un acte « naturel Â». Lahaie de demander, alors :

« Parce-que faire douze enfants et mourir en couches, c’est naturel pour une femme ?! Â».

 

Les hommes prĂ©sents avec elle pour la radio France Culture, spĂ©cialistes de sa filmographie, et sans doute de bien d’autres films pornos, eux, Ă©taient trĂšs polis, et trĂšs Ă©rudits.

Pourtant, ils faisaient penser Ă  des hommes qui s’étaient sĂ»rement masturbĂ©s aprĂšs avoir regardĂ© Lahaie- ou d’autres actrices du X- sur grand Ă©cran ou devant la tĂ©lĂ© bien des annĂ©es auparavant. Sans rien en dire :

J’ai eu beaucoup de mal Ă  croire que ces hommes soient des hommes ayant eu ou ayant encore une sexualitĂ© Ă©panouie. Et, ils Ă©taient lĂ , Ă  parler de tel film porno rĂ©alisĂ© par tel rĂ©alisateur, avec tel acteur et Brigitte Lahaie. S’empressant de citer leurs connaissances. Sauf que, mĂȘme cultivĂ©s, trĂšs cultivĂ©s, ils Ă©taient restĂ©s les spectateurs et les admirateurs d’une carriĂšre cinĂ©matographique pornographique.

Celle de Brigitte Lahaie. Alors qu’elle, cette carriĂšre, elle l’avait vĂ©cue. Les pĂ©nĂ©trations avaient bien eu lieu. Ainsi que les jouissances. Et, ils Ă©taient lĂ  Ă  en parler comme si de rien n’Ă©tait. J’avais donc l’impression d’entendre des adorateurs qui, Ă  tour de rĂŽle, se pressaient follement pour placer leur  piĂšce, ou leur feulement, dans l’horodateur du regard de Brigitte Lahaie. Pour se faire connaĂźtre -et voir- par une femme qui avait disparu depuis «longtemps Â» des Ă©crans qui les avaient marquĂ©s et qui, pourtant, se trouvait devant eux : Brigitte Lahaie.

 

Brigitte Lahaie a bien expliquĂ© que sa carriĂšre dans le X devait beaucoup au fait qu’elle avait en elle une blessure. Elle recherchait de l’amour dans le regard de son pĂšre. Elle rejetait aussi le fait d’avoir une vie bien rangĂ©e….

 

Dans cette Ă©mission, comme ailleurs sans doute, Lahaie expliquait que tourner des films de X, Ă  l’époque oĂč elle en avait tournĂ©, jusqu’ aux annĂ©es 80, lui avait permis d’apprendre Ă  s’aimer. Et qu’elle avait eu du plaisir Ă  s’exhiber devant la camĂ©ra. Elle voyait d’ailleurs un certain gĂąchis lorsque, plus tard, certaines actrices françaises, telles Clara Morgane et Laure Sainclair, dĂ©clareraient avoir fait du X pendant un temps « juste pour le travail Â». En affirmant ne pas avoir eu de plaisir particulier.  Devant la camĂ©ra, elle, Lahaie avait du plaisir mĂȘme si elle dĂ©ment avoir Ă©tĂ© amoureuse de ses partenaires. Et, Lahaie d’ajouter dans l’émission que «  toute femme peut arriver Ă  jouir si elle trouve (ou rencontre) une bonne langue Â». Il n y avait pas de prĂ©tention ni de provocation de sa part. Mais elle explicitait l’idĂ©e que l’on fait mieux son travail lorsque l’on a du plaisir Ă  le faire. 

 

A la limite, je l’ai trouvĂ©e assez sĂšche par moments avec ces messieurs. Mais c’était peut-ĂȘtre parce qu’elle avait dĂ©jĂ  beaucoup rencontrĂ© de ces hommes qu’elle « passionne Â». Et qu’il lui importait de les raisonner ou de les aider Ă  raisonner plutĂŽt que d’avoir Ă  les aider Ă  dĂ©bander.

Mais c’était drĂŽle d’imaginer non Brigitte Lahaie dans ses tenues intimes ou ses postures d’écran – mĂȘme si, ensuite, j’ai regardĂ© un peu quels films d’elle je pourrais Ă©ventuellement trouver ou acheter d’elle- mais ces spĂ©cialistes qui semblaient retenir leur envie derriĂšre leurs propos qui se voulaient domestiquĂ©s. Comme si parler de X en face d’une ancienne vedette du porno pouvait se faire comme on peut discuter du solfĂšge dans un conservatoire. Mais je dois le reconnaĂźtre :

Je n’aimerais pas avoir Ă  me confesser devant une ancienne professionnelle du porno cousine de Brigitte de Lahaie. Une telle personne sait mieux que quiconque saisir l’octave du dĂ©sir qui nous attire comme de celui que l’on enclave.

 

 

 

Chez moi, depuis des annĂ©es, j’ai le film La Nuit des TraquĂ©es de Jean Rollin. Un film que j’ai dĂ©jĂ  regardĂ© un peu. Ou entiĂšrement. J’ai oubliĂ©. Mais dont j’ai un bon souvenir esthĂ©tique. Et qui fait partie des films que Lahaie continue de prĂ©fĂ©rer.

 

 

Ce podcast m’a mis de bonne humeur.

 

 

Franck Unimon, ce vendredi 30 avril 2021.