Quiberon, Port Haliguen, mois de Mai 2021. Sur le zodiac, alors que nous partons en mer, sĂ»rement sur l’Ăźle de Hoat.
Quiberon, Mai 2021.
Cet article fait suite Ă lâarticle Je ne suis pas un aventurier publiĂ© un peu plus tĂŽt cette semaine. Lequel article Ă©tait dĂ©jĂ la suite deâŠ.PrĂ©paratifs pour le stage d’apnĂ©e Ă Quiberon, Mai 2021 . On peut aussi voir ou revoir l’interview filmĂ©e qu’un ami et moi avions faite ( avant que je ne m’inscrive dans mon club actuel d’apnĂ©e), de l’apnĂ©iste Guillaume NĂ©ry et sa compagne Julie Gautier en 2016, je crois : Interview des apnĂ©istes Julie Gautier et Guillaume NĂ©ry en 2016
Mais si ce que vous ĂȘtes en train de lire vous ennuie, ou vous paraĂźt dĂ©jĂ beaucoup trop long. Ou que vous ne savez pas lire. Ou que vous ĂȘtes trĂšs trĂšs fatiguĂ©(e)s . Ou que vous manquez de temps. Ou que vous avez faim et envie de passer Ă table. Ou que vous avez votre mĂ©nage ou la vaisselle qui vous traque. Ou que vous ĂȘtes en train de mourir. Ou que vous avez votre tiercĂ© ou du compost Ă aller faire. Alors, et seulement, alors, un diaporama en musique vous attend dĂ©jĂ . Il est tout en bas de lâarticle. Ce nâĂ©tait pas la peine de rester lĂ . Pour regarder le diaporama, il vous suffira de descendre Ă la fin de cet article. Et, ensuite, peut-ĂȘtre, de tout remonter pour lire un peu. Et en savoir un peu plus sur ces images que vous aurez regardĂ©es. Câest terminĂ©, les articles oĂč on vous enchaine pendant trois quarts dâheure, pour, Ă la fin, vous distribuer deux ou trois petites illustrations grossiĂšrement dessinĂ©es Ă la main et qui sentent le renfermĂ©.
Le diaporama dure moins de cinq minutes. Cela est vĂ©rifiable scientifiquement ou simplement avec une montre ou un tĂ©lĂ©phone portable qui marche. Les photos sont Ă©clairĂ©es suffisamment. La musique est peut-ĂȘtre adĂ©quate.
En vous souhaitant un bon voyage. Pour les autres, les volontaires ou les condamnĂ©(es) de la lecture, ça commence dâabord, ici, par ce titre presquâengageantâŠ.
Pourchassés
Jâai tanguĂ© encore un petit peu, ce matin, au moment du petit-dĂ©jeuner. Mais ça nâavait peut-ĂȘtre rien Ă voir avec ces quelques jours passĂ©s Ă Quiberon oĂč, avec mon club dâapnĂ©e, nous sommes sortis en mer. PourâŠ.. chasser .
Parce-que, hier soir, ce mercredi, avant dâaller me coucher, pour la premiĂšre fois depuis mon retour de Quiberon dans la nuit de dimanche Ă lundi, jâai recommencĂ© Ă lire des journaux. Je me « devais » dâĂȘtre informĂ©.
La Croix . Le Parisien . Le Canard Enchaßné. Un journal « gratuit », compilation des journaux officiels.
AprĂšs les avoir parcourus en grande partie, je me suis demandĂ© ce que jâavais appris.
Le Jihadisme en Afrique (Cameroun, NigeriaâŠ.). Les groupes terroristes Daech et Al- Qaida Ă©taient toujours vivants et bien portants. « Il reste beaucoup Ă faire ». Les bombardements de la Palestine par le Premier Ministre israĂ©lien Netanyahou « en Ă©tat de faiblesse ? ». Le retour de Manuel Valls en politique en France aprĂšs sa parenthĂšse (Ă©galement politique) de trois ans Ă Barcelone.
Le « diffĂ©rend » entre GĂ©rald Darmanin , « notre » Ministre de lâintĂ©rieur, et Audrey Pulvar , alliĂ©e politique d âAnne Hidalgo , actuelle Maire de Paris, et possible candidate aux prochaines Ă©lections prĂ©sidentielles françaises de 2022. « Le paiement sans contact, nouvelle cible des truands ». Le Covid : « vaccination obligatoire : le dĂ©bat relancĂ© ». « Serial Killer : LE PLUS ANCIEN DETENU DE FRANCE ASSASSINAIT LES BRUNES ». « Lâombre du gĂ©nocide rwandais plane sur le diocĂšse de La Rochelle ». « CinĂ©ma : The Father , dans la tĂȘte dâAnthony Hopkins », premier film oscarisĂ© de lâauteur Florian Zeller . Un film trĂšs « joyeux » Ă ce que jâai compris. Lâacteur Anthony Hopkins , oscarisĂ© pour ce rĂŽle, est par ailleurs, coĂŻncidence, devenu cĂ©lĂšbre pour son rĂŽle dâHannibal Lecter, un tueur en sĂ©rie, dans le film Le Silence des Agneaux, sorti en 1991. Un film que jâavais aimĂ© voir. Je suis aussi portĂ© sur le sujet des tueurs en sĂ©rie. Jâen reparlerai dans dâautres articles. Mais, en attendant, en lisant ces « nouvelles », hier soir, quâest-ce que jâai pris ! Mais, aussi, quâest-ce qui mâavait pris ?!
Des rĂ©flexes dâalcoolique
Ce qui mâa pris ? Ce qui mâa repris, plutĂŽt, câest ce rĂ©flexe conditionnĂ© de « citoyen », de bon Ă©colier, de mouton ou « dâalcoolique » des mauvaises dynamiques qui, aprĂšs avoir broutĂ© pendant un laps de temps assez court, une certaine libertĂ© et une certaine dĂ©tente, se croit invincible. Et se croit obligĂ© de revenir se ligaturer les pensĂ©es, lâimaginaire et la sensibilitĂ© dans ce brouhaha anthropophage, dĂ©lĂ©tĂšre et auto-recyclĂ© de nos combines et de nos nĂ©vroses quotidiennes.
Or, comme a pu le dire une personne essayant de se sevrer de lâalcoolisme :
« Si tu bois et que tu as un problÚme, tu as deux problÚmes ! ».
En lisant hier soir ces journaux, câest Ă©tonnant, comme, subitement, jâavais Ă nouveau beaucoup de problĂšmes. Des problĂšmes sur lesquels jâavais trĂšs peu de prise, qui me survivraient trĂšs certainement et dont jâacceptais, en quelque sorte, de redevenir le spectateur, le consommateur, le goulot, lâidiot, le dĂ©biteur massif, intrĂ©pide, captif autant quâimpuissantâŠ..
Tout nâest pas mauvais dans le quotidien comme dans un certain nombre de nos routines. Mais il y a nĂ©anmoins beaucoup de dĂ©chĂšteries et de vinasses mentales, et autres, et quantitĂ© de rustines, dâurines dĂ©gradĂ©es, avec lesquelles nous nous torchons comme sâil sâagissait de remontants dont nous aurions besoin pour nous exalter. Alors quâils nous dĂ©truisent.
A Quiberon, des « conditions de chiens » :
A Quiberon, en pleine mer, la mer Ă©tait assez « sale » : du fait des conditions mĂ©tĂ©os. Courants, houle, vent (entre 30 et 40 nĆuds en moyenne). Il y avait une certaine turbiditĂ© de lâeau qui rendait la visibilitĂ© plutĂŽt mauvaise. A peine trois ou quatre mĂštres.
Lorsque jâessayais, en surface, dâassurer la sĂ©curitĂ© de J-L, qui venait dâeffectuer son canard et qui, lestĂ© de ces 7, 8 ou 9 kilos de plomb, sâenfonçait vers le fond, je finissais toujours par le perdre visuellement. MĂȘme en « apprenant » un peu Ă deviner sa trajectoire, sa façon de se diriger dans la profondeur, un peu particuliĂšre et peut-ĂȘtre influencĂ© par sa main quâil portait Ă son nez pour faire son vasalva :
J-L descendait dâabord en oblique, longue tige tournant son dos au fond, rallongeant la distance qui lâĂ©loignait du fond, puis, adoptant une sorte de demi-tour. Ce qui faisait quâune fois au fond, Ă lâhorizontale, il partait pratiquement dans le sens opposĂ© de son arrivĂ©e.
CâĂ©tait drĂŽle Ă voir tant que je le « voyais », mon masque sur mon visage rentrĂ© dans lâeau, mon tuba en bouche pour respirer, alors que jâĂ©tais allongĂ© Ă la surface, et que les vagues et le courant, me faisaient un peu dĂ©river sans que je mâen aperçoive.
Puis, lorsque J-L resurgissait quelques mĂštres plus loin, derriĂšre ou devant moi, câĂ©tait ensuite Ă mon tour de « descendre » avec mes 8 kilos de plomb, palmes, masque, tuba et ma combinaison en nĂ©oprĂšne, bien-sĂ»r :
7mm5 pour le torse et le dos ; 5 mm pour la tĂȘte et les mains ; 3 mm pour les pieds. Protection thermique utile pour une eau comprise, durant notre sĂ©jour, entre 12 et 14 degrĂ©s. Et pour des sorties en mer de 1h30 Ă 2h30.
Plusieurs fois, jâai eu les pieds engourdis par le froid. Mais cela a Ă©tĂ© supportable. Jâessaierai de trouver des chaussons plus chauds avec la mĂȘme Ă©paisseur. Car, trop Ă©pais, les chaussons peuvent ĂȘtre difficiles Ă mettre dans les palmes et cela serait inconfortable.
A Loctudy, en Mai 2017, oĂč la tempĂ©rature de lâeau avait Ă©tĂ© anormalement Ă©levĂ©e, entre 16 et 18 degrĂ©s, je crois, jâai lâimpression quâil avait pu nous arriver de rester 3 heures ou 3h30 dans lâeau sans que je me ressente du froid.
Mais à Quiberon, et dans les alentours, il y a quelques jours, nous aurions « plongé » dans des conditions de « chien » selon deux chasseurs (F et J), des apnéistes férus de chasses sous-marine que nous avons croisés, amis de J-P, un de nos moniteurs encadrants.
F nous a aussi dit quâil chassait « toujours, sous le vent ».
Je ne me suis pas particuliĂšrement rendu compte de ces conditions de « chien » mentionnĂ©es pas F et J. Si ce nâest, peut-ĂȘtre, en comparant le rĂ©sultat des chasses Ă Quiberon avec celles effectuĂ©es lors des prĂ©cĂ©dents stages que jâai effectuĂ©s auparavant avec le club :
A Loctudy en Mai 2017. Puis en Octobre 2020 Ă Penmarch.
Bien-sĂ»r, les tempĂ©ratures de lâeau en Bretagne sont plus froides, et les marĂ©es sont diffĂ©rentes de celles que jâai pu connaĂźtre en Guadeloupe oĂč jâai passĂ© mes deux premiers niveaux de plongĂ©e avec bouteille il y a plusieurs annĂ©es. Mais les « conditions de chien » mentionnĂ©es ici se rapportent Ă dâautres Ă©lĂ©ments.
Chasse sous-marine : une chance et un privilĂšge
Dâabord, nous Ă©tions bien plus nombreux Ă Loctudy (prĂšs dâune trentaine) et dĂ©jĂ moins nombreux Ă Penmarch (neuf) contre « seulement » six, cette fois, Ă Quiberon. Mais les conditions de chasse sous-marine Ă©taient sans doute meilleures malgrĂ© tout lorsque nous Ă©tions allĂ©s Ă Loctudy et Ă Penmarch. Cette fois-ci, Ă Quiberon, « nous » nous sommes donc encore plus rabattus que dâhabitude sur les araignĂ©es de mer. Et surâŠ. les huĂźtres.
Lorsque jâĂ©cris « nous » : câest surtout les autres membres du groupe qui ont chassĂ©.
Jâai bien attrapĂ© deux ou trois araignĂ©es : rien de plus « facile » mĂȘme si, Ă Loctudy en 2017, pour moi, cette « facilitĂ© » Ă©tait « difficile ». Car il sâagissait quand mĂȘme de sâenfoncer dans lâeau avec une ceinture de plomb autour des reins, sans bouteille de plongĂ©e puisquâil est interdit de chasser avec bouteille. De repĂ©rer lâaraignĂ©e, lâattraper sans se faire pincer les doigts, remonter Ă la surface et la mettre dans son filet. Câest simple dit comme ça. Mais lorsque lâon nâest pas familier avec la ceinture de plomb, le fait de descendre au fond de la mer, en tenant compte de ses tympans, de son souffle et autres, cela fait un certain nombre de paramĂštres Ă enregistrer.
Aujourdâhui, et, pour lâinstant, mĂȘme si je peux et sais attraper des araignĂ©es de mer, je ne suis pas un chasseur. Je nâai pas lâesprit Ă la chasse lorsque je « plonge » en apnĂ©e. Je suis plutĂŽt un contemplatif.
Je comprends lâintelligence, le plaisir, et jâadmire lâaptitude dâadaptation Ă©tonnante quâil y a Ă chasser sous lâeau. En se fondant dans le dĂ©cor marin. En rusant avec la proie ou le poisson. En composant avec la houle et le courant. En ayant le coup dâĆil pour repĂ©rer la proie mĂȘme lorsquâelle se cache. Et la « tirer » ou la « faire » au moyen de lâarbalĂšte ou du « fusil de chasse » sous-marin.
Jâadmire ces chasseurs sous-marins capables de passer cinq ou six heures dans lâeau, de sâalimenter et de sâhydrater en pleine mer, juchĂ©s sur leur bouĂ©e comme si de rien nâĂ©tait. Comme si câĂ©tait pareil que de faire du vĂ©lo, un footing ou dâĂȘtre dans son canapĂ© devant un bon film ou un bon livre.
A Penmarch, en octobre, jâavais aimĂ© ce moment, oĂč durant plusieurs secondes, posĂ© sur le sable, mĂȘlĂ© Ă lâenvironnement, au fond de lâeau, Ă lâagachon, jâavais pu observer, un ou deux poissons, Ă quelques mĂštres, sous une petite grotte traversante, sur ma gauche. Les deux poissons se tenaient face au courant.
Ce genre de vision ou dâexpĂ©rience vĂ©cue en apnĂ©e, impossible ou invisible pour nous, humains, Ă lâĆil nu depuis la Terre, reste sans doute plus longtemps dans la mĂ©moire. Car, dans nos conditions normales dâexistence, sur la terre, et avec nos poumons, nos insuffisances mais aussi nos peurs, nous nâavons pas accĂšs Ă ce monde.
Je comprends, aussi, la nĂ©cessitĂ© Ă apprendre Ă devenir chasseur sous-marin. Pour se nourrir. Ou nourrir sa famille ou son entourage. En respectant certaines rĂšgles : une certaine taille de poisson ou dâaraignĂ©e. Certaines espĂšces et pas dâautres. Le sexe, aussi, de telle espĂšce afin de prĂ©server sa reproduction.
Je comprends Ă©videmment, aussi, la nĂ©cessitĂ© dâapprendre Ă prĂ©parer, dans la mer, le poisson que lâon a attrapĂ© en lâaccrochant dâune certaine façon afin quâil ne sâĂ©chappe pas. En lâĂ©viscĂ©rant comme il se doit. Dans mon club dâapnĂ©e, il se trouve un certain nombre dâadeptes expĂ©rimentĂ©s de la chasse sous-marine. Mais aussi de cuisiniers aptes Ă prĂ©parer ce qui a Ă©tĂ© pĂȘchĂ©. Tel le carpaccio de vieille. Y mâa appris Ă faire des filets sur une vieille. Laquelle avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© Ă©caillĂ©e.
On peut trouver ça dĂ©goĂ»tant. Je trouve que câest plutĂŽt une aptitude Ă acquĂ©rir. Entre rester complĂštement dĂ©pendant de supermarchĂ©s, de boites de conserves, de publicitĂ©s ou dâinformations monopolisĂ©es- et colonisĂ©es- par quelques uns et savoir, si nĂ©cessaire, aller pĂȘcher en mer ou ailleurs, avec quelques uns ou seul, je prĂ©fĂšrerais, dans lâidĂ©al, apprendre aussi Ă chasser ou Ă pĂȘcher moi-mĂȘme ce dont jâai besoin ou peux avoir besoin.
Câest donc une chance et un privilĂšge, pour moi, dâavoir pu ĂȘtre prĂ©sent lors de ce stage « dâapnĂ©e » Ă Quiberon. Et, encore plus alors que nous sommes encore nombreux Ă vivre dans les filets de la pandĂ©mie du Covid.
Devenir plus autonome :
MĂȘme si, pour lâinstant, je ne suis pas un chasseur. Et que je « dois » devenir plus autonome. Câest dâailleurs ça qui est plutĂŽt ma prioritĂ© pour lâinstant dans lâeau :
Me sentir plus Ă lâaise sur lâeau et au fond de lâeau. A Quiberon, jâai commencĂ© Ă dĂ©couvrir que ma bouĂ©e Ă©tait aussi ma maison . Car jâai commencĂ© Ă la personnaliser selon mes besoins et mes envies. Avec lâaide de mes encadrants du club. Et, dâaprĂšs ce que jâai vĂ©cu dans lâeau. Avec J-P, jâai ainsi agrandi la garcette qui relie mon filet Ă ma bouĂ©e. Dans ce filet, je mets des barres de cĂ©rĂ©ales dans leur emballage, des compotes, ma bouteille dâeau ainsi que ma chasse.
Jâai achetĂ© dâautres mousquetons et les ai essayĂ©s. Jâai Ă©tĂ© content Ă plusieurs reprises, en revoyant la corde Ă©paisse, et jaune, de ma bouĂ©e, lestĂ©e de plomb, alors que je mâapprochais. Parce-que câĂ©tait devenu ma maison. Ce nâĂ©tait pas le cas jusquâalors. Jusquâalors, Ă Loctudy et Ă Penmarch, câĂ©tait principalement ma bouĂ©e. Pour ĂȘtre vu, repĂ©rĂ©. Pour me poser dessus Ă certains moments. Pour me dĂ©placer.
Mes oreilles :
Jâaimerais mieux faire « passer » mes oreilles. Mes oreilles « passent » suffisamment pour pĂȘcher mais, de par ma petite expĂ©rience de plongeur bouteille, je sais quâelles pourraient passer « mieux » et plus profond :
Pour lâinstant, en apnĂ©e, je suis limitĂ© Ă une profondeur comprise entre 7 et 10 mĂštres. Que ce soit en fosse ou en mer. Alors quâen plongĂ©e bouteille, jâai pu descendre Ă 40 mĂštres.
Je dĂ©glutis pour faire passer mes oreilles. Vasalva, Frenzel , ça nâagit pas pour moi. Jâai dĂ©jĂ essayĂ©. Je veux bien rĂ©essayer mais, tout ce que jâobtiens, câest des grosses bulles. Et la pression sur mon oreille, principalement la gauche, reste la mĂȘme.
Mais les conditions entre la plongĂ©e avec bouteille et celle en apnĂ©e Ă©taient diffĂ©rentes. Dâun cĂŽtĂ©, en plongĂ©e bouteille, je dispose de bien plus dâair Ă disposition et je peux me permettre de prendre mon « temps » pour compenser mes tympans :
RĂ©aliser lâĂ©quilibre entre la pression exercĂ©e sur mes tympans par tout le poids et le volume de lâeau de la mer et la pression prĂ©sente dans mes tympans.
De lâautre, chaque fois que jâai fait de la plongĂ©e avec bouteille, je plongeais rĂ©guliĂšrement, Ă raison de trois Ă quatre plongĂ©es par semaine sur plusieurs semaines de suite. LĂ , oĂč, en apnĂ©e, pour lâinstant, je pratique des stages de quelques jours sĂ©parĂ©s dans le temps de plusieurs mois ou de plusieurs annĂ©es. Câest sans doute trop peu rĂ©gulier pour que mes tympans aient le temps de se « faire » Ă la mer. Dâautant quâen apnĂ©e, vu que notre rĂ©serve dâair disponible est moindre quâen plongĂ©e avec bouteille, nous nous devons en quelque sorte davantage dâĂȘtre en « osmose » avec nos capacitĂ©s corporelles et physiologiques:
Nous sommes Ă la fois plus « libres » (car sans bouteille. En Anglais, apnĂ©e se dit Free Dive) mais aussi plus exposĂ©s. En cas de « problĂšme » qui nous retiendrait sous lâeau ou nous Ă©loignerait de notre bouĂ©e ou du bateau, nous nâavons pas de dĂ©tendeur dâair Ă portĂ©e de main ou de binĂŽme qui pourrait nous passer son dĂ©tendeur de secours.
Jâai bien-sĂ»r pensĂ© Ă une cause psychologique concernant ma difficultĂ© Ă faire passer mes oreilles, en apnĂ©e, au delĂ des 7 Ă 10 mĂštres. Il est vrai que lâexpĂ©rience de la fosse de vingt mĂštres reste pour moi assez angoissante. MĂȘme si, tĂȘte en haut, jâai pu descendre jusquâĂ quinze mĂštres assez facilement.
Mais une discussion avec ma mĂšre mâa appris quâenfant, jâavais fait des otites et que jâavais Ă©tĂ© opĂ©rĂ©. Je crois donc que la « rigiditĂ© » tympanique que jâai Ă lâoreille gauche vient peut-ĂȘtre, tout simplement, de la cicatrice chirurgicale, qui a besoin dâun peu de temps pour ĂȘtre assouplie et mieux « passer » les profondeurs.
En plongĂ©e bouteille, jâai dĂ©jĂ fait lâexpĂ©rience quâune fois bien acclimatĂ©es, mes oreilles descendent bien, ou « glissent » dans les profondeurs. Toujours en dĂ©glutissant.
Il faut se sentir en « conformitĂ© » ou en « adĂ©quation » avec ses organes lorsque lâon pratique la plongĂ©e avec bouteille. Ou lâapnĂ©e.
Une fois que lâon est en adĂ©quation avec nos organes et notre humeur, on peut se rapprocher de grands plaisirs mais aussi du danger.
Le Danger :
La plongée avec bouteille est une discipline technique, exigeante et risquée. Des gens en meurent.
La pratique de lâapnĂ©e est tout autant une discipline technique, exigeante et risquĂ©e. Mal pratiquĂ©e, on peut aussi en mourir.
Pourtant, Ă Quiberon, lors de ce stage dâapnĂ©e il y a quelques jours, comme Ă Penmarch en octobre dernier ou Ă Loctudy en Mai 2017, je nâai pas eu cette impression de risquer ma vie. Jâai deux ou trois explications Ă cela.
LâexpĂ©rience :
Comme je lâai dĂ©jĂ Ă©crit, je ne suis pas un aventurier. Et, je suis plutĂŽt quelquâun de prudent. Mais jâai un peu dâexpĂ©rience en plongĂ©e avec bouteille et, dĂ©sormais, en apnĂ©e. Avec mon club en piscine mais, aussi, en mer.
Cependant, comme dans toute discipline risquée ou un peu risquée, il faut aussi savoir se méfier de notre expérience.
Bien des plongeurs avec bouteille, mais aussi des apnĂ©istes, confirmĂ©s sont morts en mer. Câest pareil pour des automobilistes, des cyclistes, des piĂ©tons ou des professionnels confirmĂ©s dans bien des domaines. Il est certaines nĂ©gligences ou certains excĂšs dâassurance et dâoptimisme, qui, lors de certaines circonstances, peuvent avoir des consĂ©quences traumatiques, dĂ©finitives, ou, si on a un peu de chance, des incidences plus ou moins bĂ©nignes. Dans le domaine sportif, pour changer, on peut se rappeler lâaccident de ski de lâancien champion du monde dâautomobile, Michael Schumacher. Adepte du ski hors-piste, et sportif dâexcellence, Schumacher avait sans aucun doute des aptitudes hors-normes pour la pratique du ski. Mais aussi un certain excĂšs de confiance qui a dĂ» faire partie des conditions qui ont provoquĂ© son grave accident.
Ce revers de lâexpĂ©rience- lâexcĂšs de confiance- peut nĂ©anmoins, aussi, me concerner. Comme il peut, aussi, concerner les responsables de lâencadrement de mon club, ainsi, que les autres membres du club, prĂ©sents avec nous lors de ce stage.
La Confiance :
Si toute entreprise humaine, quelle quâelle soit, repose sur la confiance que lâon peut avoir dans ses partenaires et encadrants, mais, aussi, en soi-mĂȘme, il est manifeste que la confiance doit ĂȘtre au rendez-vous lorsquâune entreprise comportant une part de risque modĂ©rĂ©e ou Ă©levĂ©e est envisagĂ©e.
Plusieurs origines
Jâavais Ă©videmment confiance dans mon encadrement comme dans mes partenaires de club. Cette confiance a plusieurs origines. Elle vient dâabord de moi : câest parce-que jâavais un minimum de confiance en moi que jâai dĂ©cidĂ©, un jour, personnellement, de mâengager dans cette discipline particuliĂšre quâest lâapnĂ©e. OĂč Il sâagit dâaccepter dâarrĂȘter de respirer en ayant la tĂȘte et les parties respiratoires, et pas seulement gĂ©nitales, immergĂ©es dans lâeau pendant un certain temps. Et, cette eau peut aussi, avoir, une tempĂ©rature variable. Ou comporter du courant.
Or, nous ne sommes pas des poissons. MĂȘme si, Ă une Ă©poque trĂšs lointaine, lâĂȘtre humain, avant de devenir ce quâil est aujourdâhui, a probablement Ă©tĂ© issu dâun mammifĂšre ou dâun ĂȘtre vivant marin.
Ensuite, plus que dans dâautres disciplines, lâapnĂ©e et la plongĂ©e avec bouteille se dĂ©roulant dans des environnements oĂč nous nous dĂ©posons provisoirement Ă la surface de la vie et de la mort, en arrĂȘtant de respirer, il importe particuliĂšrement dâavoir suffisamment confiance dans celles et ceux qui nous accompagnent dans lâeau pour cette expĂ©rience. Ou qui nous proposent dây Ă©voluer dans certaines conditions.
La confiance ne se commande pas. Câest un peu comme le dĂ©sir. Une personne peut bien avoir un pedigree exceptionnel. Si, pour une « raison » ou pour une autre (câest plutĂŽt dâordre Ă©motionnel, viscĂ©ral et instinctif) cette personne certifiĂ©e, volontaire, plus ou moins avenante, nous inspire le contraire de ce quâelle est ou de ce quâelle reprĂ©sente, nous serons dans la mĂ©fiance, sur la dĂ©fensive, voire dans le refus ou dans la fuite.
La confiance est donc un baromĂštre et un critĂšre plus quâimportant dans la pratique de lâapnĂ©e. Et cela ne se contrĂŽle pas toujours trĂšs bien.
Mais il est un autre critĂšre qui mâa sautĂ© particuliĂšrement aux yeux cette fois-ci, Ă Quiberon, et qui sâajoute Ă la confiance. Ou qui peut lâaider Ă advenir.
La Bienveillance :
Si bien des entreprises humaines se rĂ©alisent par la violence, fondatrices comme destructrices , ce qui mâa marquĂ© lors de ce stage Ă Quiberon, câest cette bienveillance constante qui a servi nos relations. Nous Ă©tions un petit groupe de six. Deux encadrants en titre. Deux encadrants plus rĂ©cents mais nĂ©anmoins expĂ©rimentĂ©s dans lâeau. Et, deux pratiquants plutĂŽt dĂ©butants dont je fais partie :
Je veux bien, dâailleurs, accepter le titre de dĂ©butant ou de jeune pousse apnĂ©iste du groupe. Au vu de ma dĂ©pendance encore trĂšs forte (presquâune ventouse) envers lâencadrement. Ne serait-ce que pour rĂ©aliser un « simple » nĆud de chaise ou pour dĂ©rouler ma corde correctement dans lâeau sans faire de nĆuds.
Ces disparitĂ©s de parcours et dâexpĂ©riences marines et apnĂ©istes pourraient dâemblĂ©e Ă©tablir une hiĂ©rarchie verticale et monolithique. Et, Ă©videmment, il y avait une hiĂ©rarchie Ă©tablie et commune, acceptĂ©e de maniĂšre consensuelle. A aucun moment, par exemple, je ne me suis improvisĂ© capitaine ou pilote du Zodiac qui nous a transportĂ©. Comme, Ă aucun moment, je nâai contestĂ© lâendroit oĂč ancrer le bateau et oĂč nous allions nous mettre Ă lâeau : Je suis totalement incompĂ©tent dans ces domaines. Et je le sais.
NĂ©anmoins, Ă terre, comme sur zodiac et dans lâeau, nous restions six personnalitĂ©s, six individus . Une femme, six hommes. Et, comme nous le savons tous, nous autres, ĂȘtres humains, nous pouvons avoir un projet commun. Mais cela ne signifie pas pour autant pour que nous parviendrons Ă le rĂ©aliser ensemble. MĂȘme si, sur le papier et en thĂ©orie, nous avons tout ce quâil faut Ă notre disposition pour concrĂ©tiser ce projet :
Les compĂ©tences, lâenvie, la volontĂ©, le matĂ©riel, lâargent, lâexpĂ©rienceâŠ.
Car nous avons chacune et chacun nos particularités, nos tempéraments, nos rythmes, nos limites, nos egos, notre susceptibilité, notre façon de ronfler, de manger, de parler, comme notre horaire pour nous rendre aux toilettes. Ou, tout simplement, pour vivre ou travailler avec les autres.
Certains ont besoin de parler tout le temps. Dâautres sont rĂ©guliĂšrement en activitĂ© et dans lâefficacitĂ©. Dâautres ont aussi besoin de plages de silence, dâinactivitĂ©, de lenteur et de calme. Moi, je suis un lent. Mais ça ne mâempĂȘchera pas de me lever Ă 5h25 du matin pour ĂȘtre Ă lâheure au petit-dĂ©jeuner de 6 heures. Car, pour notre derniĂšre sortie, contrairement aux autres jours oĂč nous prenions notre petit-dĂ©jeuner Ă 8h, celui-ci Ă©tait Ă 6h.
En mer, alors, que nous avançons, jâaime bien connaĂźtre des moments oĂč le bateau avance et oĂč il nây a que lui, et la mer, le vent, que lâon entend. Mais, dâautres, prĂ©fĂšrent ou ont absolument besoin de parler dans ces moments-lĂ .
NĂ©anmoins, malgrĂ© ces particularitĂ©s et ces « disparitĂ©s » de tempĂ©raments et dâexpĂ©riences marines et maritimes entre nous, notre sĂ©jour sâest bien dĂ©roulĂ©. Parce-que nous nous Ă©tions encordĂ©s Ă une certaine bienveillance mutuelle .
Par la tenue des horaires dĂ©cidĂ©s pour le petit-dĂ©jeuner. Pour le briefing de la journĂ©e. Pour ĂȘtre avec les autres. Pour rĂ©aliser les tĂąches diverses. PrĂ©parer les repas. Faire la vaisselle. DĂ©charger et charger le zodiac. Faire les courses. Pour attraper une assiette ou un verre et le donner Ă qui en avait besoin Ă table au moment du repas etcâŠ..
Port Haliguen, Quiberon.
La bienveillance, autant que la confiance et lâexpĂ©rience ont permis selon moi la bonne rĂ©ussite de ce sĂ©jour Ă Quiberon. Il Ă©tait possible de les vivre trĂšs concrĂštement au vu de ces disciplines particuliĂšres, plutĂŽt exigeantes, que sont lâapnĂ©e et la chasse sous-marine :
On sâaperçoit vite de la personne qui, lorsque lâon aspire Ă revenir sur le bateau nous tend la main pour prendre notre ceinture de plomb ou a un regard sur nous. Comme de celle ou de celui qui, lorsque lâon remonte Ă la surface, nous attend. De celle ou celui qui nous prĂȘte le mousqueton quâil a en plus et dont on a besoin.
La bienveillance est aussi nĂ©cessaire dans bien dâautres entreprises humaines que ce soit au travail, avec les amis, en couple, son voisinage, avec son enfant etcâŠ.
Mais jâai aussi lu dâautres mots Ă©crits Ă notre retour pas dâautres membres du groupe pour expliquer la rĂ©ussite (ressentie par tous) de ce sĂ©jour Ă Quiberon. Je ne les ai pas tous retenus alors que je termine cet article. Mais il y avait :
Bonne humeur, dĂ©termination, persĂ©vĂ©rance, capacitĂ© Ă accepter certaines exigences etcâŠ..
Jâai sans doute plus appris ou rĂ©appris lors de ce sĂ©jour de quelques jours Ă Quiberon, avec mon club dâapnĂ©e, quâen lisant hier soir ces journaux avant dâaller me coucher.
Bien-sĂ»r, pour apprendre certains enseignements, il faut ĂȘtre disponible pour eux. On peut nâĂȘtre que disponible pour les mauvaises nouvelles et nâapprendre que ça :
Que tout va mal et toujours trĂšs mal, Ă chaque instant, partout dans le monde, avec les autres et aussi en soi-mĂȘme.
On peut choisir de sâorienter uniquement ou principalement avec les mauvaises nouvelles en se disant quâen se prĂ©parant- et en pensant- toujours au pire , ainsi, on se rĂ©serve de bonnes surprises. Sauf que, de cette façon, si lâon sâĂ©pargne en effet certaines dĂ©convenues et certaines dĂ©sillusions, on aborde aussi la vie, les Ă©vĂ©nements et les autres avec une certaine dynamique et un certain Ă©tat dâesprit qui font barrage, frontiĂšre ou obstacle Ă certaines possibilitĂ©s, Ă©lans ou initiatives, repoussĂ©es ou dissuadĂ©es par notre comportement alors plus proche de lâĂ©cueil que de lâaccueil.
JâespĂšre avoir un peu plus de bienveillance que ça envers moi-mĂȘme. Etre plus accueil quâĂ©cueil pour ce que jâai Ă vivre. Et, si possible, ĂȘtre suffisamment accueillant envers les autres lorsque ceux-ci sont⊠bienveillants.
Mais ĂȘtre accueillant envers la bienveillance nâest pas innĂ©. Il est nĂ©cessaire de pratiquer rĂ©guliĂšrement. Autrement, on a assez vite fait de dĂ©river et de se retrouver, de nouveau, entourĂ© principalement de mauvaises nouvelles. Et, lĂ , toutes le bouĂ©es que lâon nous aura jetĂ©es ou que lâon aura pu essayer de nous adresser ne suffiront pas.
Franck Unimon, ce jeudi 27 Mai 2021.