Nous Ă©tions Ă Marseille la semaine derniĂšre. Nous sommes passĂ©s quelques heures Ă Toulon et avons aussi pris un peu la lumiĂšre Ă La Ciotat. Au moment d’Ă©crire cet article, je me dis que rien ne m’oblige Ă parler de cette expĂ©rience lunaire qu’est un voyage de maniĂšre scrupuleusement chronologique. Lorsque j’ouvre mon robinet en ce moment j’entends ça :
Cette sculpture, nous l’avons dĂ©ja vue. Je suis retournĂ© la voir, cette fois, pour connaĂźtre le nom de son auteur. Car, sans le nom de son auteur, cette oeuvre est un peu une sĂ©pulture. Pour l’artiste et pour ce qu’il a voulu dire :
Maintenant, nous “savons”.
Dans mon prĂ©cĂ©dent article sur Marseille( Marseille, octobre 2019) , j’Ă©crivais qu’il m’avait fallu du temps pour aimer cette ville. Cette fois-ci, Marseille s’est trĂšs vite dĂ©fendue Ă sa maniĂšre. De sa bouche, les premiers jours, sont d’abord sortis du froid, de la pluie ( des averses jusqu’Ă faire dĂ©border provisoirement le Vieux-Port) et des jours gris. C’Ă©tait la premiĂšre fois que je voyais Marseille comme ça.
Je n’ai pas pas de photo d’inondation. Nous rentrions Ă Marseille par le train en provenance de Toulon lorsque l’averse est tombĂ©e. Elle nous a douchĂ© avec passion Ă notre sortie de la gare.
Nous sommes allĂ©s Ă Toulon parce-que s’y trouve un magasin de vĂȘtements techniques supposĂ©s rĂ©sistants et pratiques ( aussi bien faits pour le voyage que pour la ville) qui y a ouvert en 2014. Et il n y a qu’Ă Toulon, pour l’instant, que la marque dispose d’un magasin physique. Autrement, il faut commander sur internet. Or, j’ai prĂ©fĂ©rĂ© me rendre sur place afin d’essayer les vĂȘtements et de me faire mon idĂ©e concernant les articles et les tailles. Lors des quelques heures passĂ©es Ă Toulon, je me suis dit que cette ville a des atouts pour ĂȘtre plus attractive qu’elle ne l’est. Mais des -trĂšs- mauvais choix au moins architecturaux ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s pour cette ville situĂ©e en bord de mer. On rĂ©sume souvent Toulon Ă une ville raciste et d’extrĂȘme droite mais j’ai l’impression qu’elle est un peu plus nuancĂ©e que ça.
Et, Ă©videmment, ce “bateau” ( photo prĂ©cĂ©dente) est selon moi, au contraire, lui, une trĂšs belle rĂ©alisation. MĂȘme si je ne sais pas comment on vit dans ces immeubles. Concernant les vĂȘtements, pour l’instant, je suis plutĂŽt content.Ils sĂšchent vite en cas de lavage et sont agrĂ©ables Ă porter mĂȘme par temps plutĂŽt chaud.
Il est une autre marque ( crĂ©Ă©Ă© en 2008) de vĂȘtements trĂšs techniques et tout autant prĂ©sentables en ville que j’ai dĂ©couverte rĂ©cemment. Non seulement, elle est plus onĂ©reuse. Mais en plus, cette fois-ci, le seul magasin physique se trouve Ă Brooklyn. On peut commander par internet mais ça m’ennuie pour des raisons pratiques Ă©videntes ( essayage, coĂ»t…). Je regrette, en 2011, alors que nous Ă©tions Ă New-York, de ne pas avoir alors connu cette marque. Je connais bien “quelqu’un” pour qui la ville de Brooklyn a un sens et une importance trĂšs particuliers. Mais demander ce genre de service m’embarrasse un peu.
Je portais les vĂȘtements achetĂ©s Ă Toulon sur moi ( un tee-shirt et un pantalon) pour la premiĂšre fois, Ă Frioul. Et, le soleil Ă©tait revenu sur Marseille et les environs. En partant de chez nos amis en fin de matinĂ©e, nous sommes arrivĂ©s sur le Vieux-Port pour embarquer environ cinq Ă dix minutes avant le dĂ©part du bateau. Parmi les personnes qui faisaient la queue pour embarquer, j’ai reconnu La VirĂ©e Ă Paname avec leurs deux enfants. La derniĂšre fois que j’avais rencontrĂ© C et H, rĂ©alisatrice et rĂ©alisateur de La VirĂ©e Ă Paname, c’Ă©tait, je crois, au festival du court-mĂ©trage de Clermont Ferrand il y a peut-ĂȘtre quatre ou cinq ans. Comme nous, ils habitent dans l’Ăźle de France, et, comme nous, ils Ă©taient venus passer quelques jours Ă Marseille. Comme nous aussi, ils Ă©taient dans le TGV que nous avions pris depuis Gare de Lyon le lundi. L’aprĂšs-midi passĂ©e avec eux fut trĂšs agrĂ©able. C’est la seconde fois qu’Ă Marseille, je rencontre quelqu’un que je connais personnellement de la rĂ©gion parisienne. La premiĂšre fois, c’Ă©tait G que j’avais croisĂ© Ă la terrasse d’un restaurant sur le Vieux-Port. Il Ă©tait lĂ pour un tournage de Plus belle la vie. Et, d’ailleurs, je l’avais prĂ©sentĂ© aux amis marseillais qui nous ont hĂ©bergĂ© la semaine derniĂšre.
En revenant Ă Marseille, j’ai aussi revu d’autres amis installĂ©s depuis plusieurs annĂ©es Ă Auriol. La derniĂšre fois que j’Ă©tais allĂ© chez eux, je me souviens que leurs deux fils Ă©taient au plus loin Ă l’Ă©cole primaire. Aujourd’hui, l’un des deux effectue ses Ă©tudes Ă Luminy.
J’ai aussi revu une ancienne collĂšgue rencontrĂ©e Ă Montesson il y a plus de 15 ans maintenant. Elle habite dĂ©sormais Ă Ensues la Redonne.
Il y avait un petit cÎté gare de western désolée en arrivant. Mais nous sommes en provence.
Le trajet depuis Marseille St Charles pour Ensues La Redonne m’a fait passer par l’Estaque. Je n’Ă©tais jamais passĂ© par l’Estaque. La vue depuis le train a Ă©tĂ© trĂšs agrĂ©able. Nous Ă©tions plusieurs passagers, Ă activer pathĂ©tiquement nos appareils photos pour prendre des clichĂ©s de la vue Ă travers la vitre. Mais il me reste un petit fond de dignitĂ© et je garderai ces photos pour moi.
AprĂšs avoir discutĂ© de Marseille, de Lyon et d’autres sujets avec elle et son mari, C m’a emmenĂ© Ă Carry le Rouet qu’elle m’a fait dĂ©couvrir ( merci encore!).
Il nous restait encore quelques jours et PĂ©pita, mon amie qui a quittĂ© Paris il y a une vingtaine d’annĂ©es pour revenir vivre Ă Marseille, Ă©tait dĂ©sormais de repos Ă la fin de la semaine. Alors que j’Ă©tais parti pour Ensues la Redonne, PĂ©pita a emmenĂ© ma compagne et notre fille en vadrouille. Je les ai retrouvĂ©es en fin d’aprĂšs-midi. Ce qui m’a permis de prendre le bus et de revoir la corniche que j’avais dĂ©couverte pour la premiĂšre fois avec S. il y a plus de vingt ans.
PĂ©pita m’a donnĂ© rendez-vous prĂšs de la statue de David. Cela me parlait. Il y a plusieurs annĂ©es, j’avais passĂ© quelques nuits dans l’auberge de jeunesse qui se trouve un peu plus loin vers les calanques. A cette Ă©poque, PĂ©pita vivait encore Ă Paris.
En attendant de retrouver PĂ©pita, ma compagne et notre fille, j’ai regardĂ© “David”. Il m’a fait penser Ă quelqu’un qui s’Ă©tait statufiĂ© Ă force d’ĂȘtre laissĂ© en plan et d’attendre que quelqu’un accepte de l’emmener quelque part. Ne te laisse pas faire, David ! La premiĂšre station de bus n’est pas loin.
AprĂšs nous ĂȘtre retrouvĂ©s, nous sommes allĂ©s nous asseoir au bord de la mer.
David Ă©tait encore au mĂȘme endroit la derniĂšre fois que je l’ai regardĂ©. Mais il a peut-ĂȘtre le pouvoir de revĂȘtir plusieurs formes.
David, le bĂ©nĂ©vole, ramassait maintenant les dĂ©tritus laissĂ©s sur la plage. Une femme est venue l’aider. Notre fille aussi. Je l’ai laissĂ©e faire un petit peu puis je l’ai appelĂ©e et lui ai expliquĂ© que c’Ă©tait bien. Mais qu’il fallait qu’elle arrĂȘte car elle ramassait tout avec ses mains alors que David, lui, portait des gants et avait une pince. Je me suis abstenu de dire Ă notre fille que j’estimais, aussi, que c’Ă©tait aux adultes qu’il revenait d’abord de prendre ce genre d’initiative et de responsabilitĂ© avant de s’en dĂ©charger sur des enfants. Ensuite, j’ai expliquĂ© Ă David la raison pour laquelle j’avais appelĂ© notre fille. Ce qu’il a trĂšs bien compris.
En rentrant peut-ĂȘtre, ou en repartant le lendemain, nous sommes passĂ©s devant l’hĂŽpital de la Timone. L’hĂŽpital n’est pas un lieu de vacances et nous sommes simplement passĂ©s devant. Mais ça faisait des annĂ©es que j’entendais parler de cet hĂŽpital et, lĂ , il Ă©tait prĂšs de nous.
Nous aurions pu nous rendre Ă Cassis. Mais je n’avais pas envie de m’y rendre mĂȘme si PĂ©pita nous a dit que c’Ă©tait trĂšs joli. Et, aussi trĂšs touristique. Or, nous Ă©tions un samedi.
Je préférais aller à La Ciotat.
Chaque fois que j’Ă©tais venu Ă Marseille, je n’avais jamais eu l’envie d’y aller. Mais cette fois, j’avais particuliĂšrement envie. Peut-ĂȘtre parce-que je l’avais aperçue lors de notre trajet en train pour Toulon. Egalement pour le son du nom de cette ville. L’idĂ©e que la ville ait perdu de son faste Ă©conomique m’attirait d’autant plus. Ainsi que le fait que le compagnon de PĂ©pita, Marseillais, et PĂ©pita nous disent soit mĂ©connaĂźtre cette ville ou y ĂȘtre allĂ©e il y a plusieurs annĂ©es.
En arrivant Ă la Ciotat, PĂ©pita m’a rappelĂ© qu’elle Ă©tait aussi la ville des FrĂšres LumiĂšre, ceux qui avaient inventĂ© le cinĂ©ma. ça m’a d’autant plus donnĂ© envie d’ĂȘtre lĂ et d’aller voir ce qui restait de cette Histoire.
Le cinĂ©ma LumiĂšre, la photo des frĂšres LumiĂšres, le dĂ©corum, pour nous, c’Ă©tait bon ! C’Ă©tait lĂ que ça s’Ă©tait passĂ©. Voir le dernier Terminator Ă l’affiche du cinĂ©ma des FrĂšres LumiĂšre Ă©tait un dĂ©tail trĂšs amusant.
Heureusement, PĂ©pita a eu le rĂ©flexe d’entrer dans le cinĂ©ma et de demander aux employĂ©s prĂ©sents s’il Ă©tait possible de le visiter. Ils ( une femme et un homme) nous ont rapidement dĂ©trompĂ© : auparavant, cent ans plus tĂŽt, cet endroit Ă©tait une halle. Le vĂ©ritable cinĂ©ma oĂč les frĂšres LumiĂšre avaient marquĂ© l’Histoire du cinĂ©ma se trouvait ailleurs dans la ville.
PĂ©pita s’est rendue Ă l’office du tourisme pour s’informer. Puis, en passant, nous avons achetĂ© du vrai savon de Marseille de la marque SĂ©rail. Ensuite, nous sommes repartis chercher le “vrai” cinĂ©ma des frĂšres LumiĂšre.
Ma compagne venait de me dire : ” ça fait drĂŽle de voir encore les traces de vie dans ces appartements” et de s’Ă©loigner. Je commençais Ă prendre des photos de cet endroit lorsqu’une femme s’est arrĂȘtĂ©e sur un petit vĂ©lo, type vĂ©lo pliable. Elle m’a demandĂ© avec sympathie si j’Ă©tais de la Ciotat. Je lui ai rĂ©pondu non mais qu’est-ce que j’en savais, finalement, au vu de mon intĂ©rĂȘt soudain pour La Ciotat. En sortant un petit appareil photo, la dame, d’une soixantaine d’annĂ©es, m’a expliquĂ© que c’Ă©tait une partie de l’Histoire de la ville qui partait. Et tout ça, pour construire ” un hĂŽtel 36 Ă©toiles !”. Elle m’a racontĂ© qu’enfant, il y a 40 ans ( ou plus), elle s’Ă©tait rendue dans ce thĂ©Ăątre. Et, aussi qu’il y a encore peu, cette caserne de pompiers Ă©tait active. Elle envisageait d’envoyer ensuite ses photos Ă des amis et de leur dire :
“VoilĂ , ce que c’est devenu !”.
La dame Ă©tait engageante et j’aurais pu rester discuter un peu plus avec elle. J’ai nĂ©anmoins pris congĂ©. Notre fille est venue me chercher en courant. Ma propension Ă prendre des photos faisait que j’Ă©tais rĂ©guliĂšrement distancĂ© et elle s’inquiĂ©tait que je me perde.
Voici le vĂ©ritable endroit oĂč les frĂšres LumiĂšre ont fait parler d’eux. L’endroit est assez dĂ©cevant extĂ©rieurement et nous nous sommes demandĂ©s si l’on nous cachait quelque chose. Mais un des employĂ©s nous a confirmĂ© que c’Ă©tait bien-lĂ . Chaque mercredi et chaque samedi, Ă 15h, ( il Ă©tait alors plutĂŽt 17h), a lieu une visite guidĂ©e et les piliers d’origine ont Ă©tĂ© conservĂ©s. L’employĂ© a ajoutĂ© que l’on “sent” , Ă l’intĂ©rieur du cinĂ©ma, que le lieu a une histoire. Nous aurions pu entrer en allant Ă la sĂ©ance de 20h mais il nous fallait rentrer.
A dĂ©faut de sĂ©ance cinĂ©ma et de visite, nous avons un peu profitĂ© de la terrasse extĂ©rieure qui donne vue sur la mer, de l’autre cĂŽtĂ© de la rue. J’ai aussi regardĂ© la programmation que l’employĂ© m’a confirmĂ© ĂȘtre du cinĂ©ma d’auteur en version originale.
Oui, ça donnait envie de revenir Ă La Ciotat. PĂ©pita, elle-mĂȘme, a Ă©tĂ© agrĂ©ablement surprise par cette visite de la ville.
Avant de rentrer, nous sommes allĂ©s nous tremper les pieds dans l’eau. A l’entrĂ©e d’un club de plongĂ©e, dans le centre-ville, j’avais lu que la tempĂ©rature Ă©tait Ă vingt degrĂ©s. Nous avons fait l’erreur Ă©tonnante en venant Ă Marseille de laisser nos maillots de bain chez nous. Mais en dĂ©finitive, ce sĂ©jour nous a bien plu alors nous reviendrons. D’autant que ma compagne a prĂ©fĂ©rĂ© Marseille Ă Lille ( Lille J + 4). Notre fille, elle, a aimĂ© les deux villes.
Franck Unimon.