Crédibilité
Nous Ă©tions une cinquantaine ce matin Ă attendre lâarrivĂ©e des membres de la direction. Il faisait un peu frais et lâatmosphĂšre Ă©tait humide. Certaines et certains portaient le brassard de leur dĂ©lĂ©gation syndicale voire un drapeau. Un bon nombre, comme moi, portait uniquement ses vĂȘtements ordinaires.
La veille, une de mes collĂšgues avait insistĂ© pour ĂȘtre prĂ©sent afin dâexprimer de nouveau Ă notre direction certaines de nos dolĂ©ances. Elle mâavait convaincu de venir. Et, ce matin, je ne la voyais pas. Mais jâavais reconnu deux autres collĂšgues que je nâattendais pas. Et, jâavais fait la toute derniĂšre partie du trajet avec une militante qui Ă©tait venue un matin faire un remplacement dans notre service et que jâavais reconnue.
Un des dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux, animant la manifestation, a fait du bruit avec dâautres manifestants. Assez vite, une personne est venue « nous » prier de nous faire plus discrets car des personnes Ă©taient en train de passer un examen. Je suis restĂ© lĂ Ă regarder et Ă Ă©couter ce qui se passait :
Ce matin, comme lors des quelques fois oĂč jâai manifestĂ© depuis mes Ă©tudes, jâĂ©tais venu pour ĂȘtre prĂ©sent, Ă©couter, Ă©ventuellement faire des rencontres et comprendre un peu mieux ce qui se passait. Pas pour faire du bruit et encore moins pour casser que ce soit une ambiance ou des objets.
Devant la persistance du « bruit », dâautres personnes, prĂ©sentes comme nous dehors devant le bĂątiment de la direction, ont alors entrepris de nous « raisonner » afin de faire moins de bruit. Jusquâalors, je les prenais pour des manifestantes comme nous (câĂ©taient exclusivement des femmes). Un de mes collĂšgues, dont jâai dĂ©couvert ce matin le militantisme Ă©prouvĂ©, a rĂ©torquĂ© Ă lâune dâentre elles que ce nâĂ©tait pas son problĂšme ! Puis, il lui a tournĂ© le dos.
Jâai essayĂ© dâen savoir un peu plus. Je me suis approchĂ© de ce groupe de femmes qui nous avait adressĂ© quelques sourires et dont plusieurs fumaient une cigarette en attendant une Ă©chĂ©ance qui se rĂ©vĂ©lait ĂȘtre diffĂ©rente de la nĂŽtre.
Lâune dâelle mâa alors expliquĂ© que le bruit que nous faisions alors que dâautres personnes, des collĂšgues, passaient leur examen, nuisait Ă notre dĂ©marche. Et que notre attitude avait plutĂŽt pour effet de nous retirer de la « crĂ©dibilitĂ© ». Il fallait donc comprendre que nous Ă©tions une cinquantaine de demeurĂ©s et que nous ferions mieux de la fermer tel un troupeau en quarantaine afin dâĂȘtre Ă©coutĂ©s et pris en considĂ©ration.
Jâai rĂ©pondu plutĂŽt diplomatiquement Ă cette personne :
« Il nây a pas de façon idĂ©ale pour sây prendre ». « Avant ce matin, il y a eu toutes ces fois oĂč nous nâavons pas fait de bruit et oĂč nous nous sommes bien tenus. Et, finalement, nous sommes obligĂ©s de revenir pour redire des choses qui ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© dites ».
Jâai ajoutĂ© :
« Ce matin, je ne suis pas venu pour faire du bruit ou pour déranger celles et ceux qui passent un examen ».
Je ne me souviens pas de ce que mâa alors rĂ©pondu cette « collĂšgue ». Mais jâai nĂ©anmoins retenu que celles et ceux que nous Ă©tions susceptibles de perturber lors de leurs examens avaient pour but de devenir de futurs cadres. Et que celle Ă laquelle je venais de mâadresser faisait vraisemblablement partie de ces futurs cadres ou en tout cas aspirait Ă le devenir.
Je nâai pas dĂ©veloppĂ© ce sujet avec elle. Je nâĂ©tais pas venu pour ça et le dialogue, ce matin, Ă©tait dĂ©jĂ devenu impossible entre elle, ses semblables, et nous. Mais je me suis ensuite demandĂ© quel genre dâemployĂ©(e) avait Ă©tĂ© cette Ă©phĂ©mĂšre interlocutrice et ses semblables et ce quâelle avait bien pu percevoir de son milieu professionnel.
Lâironie veut quâen me rendant ce matin Ă cette manifestation, je suis passĂ© Ă cĂŽtĂ© du bĂątiment de lâANFH. Lâironie rĂ©side dans le sujet marquĂ© au tableau dans une des salles de lâANFH devant un groupe de professionnels :
« Connaissez-vous vraiment lâenvironnement professionnel dans lequel vous Ă©voluez?».
En mâĂ©loignant de cette salle de cours, aperçue depuis la rue, afin de me rendre Ă cette manifestation, jâavais jugĂ© cette question trĂšs sensĂ©e dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale. Jâignorais que dix minutes plus tard, jâallais faire lâexpĂ©rience concrĂšte que nous pouvons, en exerçant le mĂȘme mĂ©tier, avoir une connaissance opposĂ©e de notre environnement professionnel. A moins que mon interlocutrice Ă©phĂ©mĂšre et moi ayons, dĂšs le dĂ©but, toujours Ă©voluĂ© dans des environnements professionnels totalement diffĂ©rents en exerçant, pourtant, le mĂȘme mĂ©tier.
Il y a presque dix ans maintenant, je mâĂ©tais rendu Ă lâhĂŽpital Ville-Evrard pour assister Ă un colloque dont le sujet Ă©tait : « Patients difficiles et dangereux ».
Lors dâune intervention, une cadre infirmiĂšre, accompagnĂ©e dâune infirmiĂšre, avait dĂ©crit une situation dans un service oĂč, « administrĂ©e » au moins par une pĂ©nurie de personnel et de tabac, en lâabsence dâun mĂ©decin un jour de week-end, le personnel soignant prĂ©sent pouvait se retrouver durement exposĂ© Ă la violence- et aux manques- des patients. Jâavais voulu faire le beau et, au micro, jâavais alors dit quâen entendant cette description, cela donnait lâimpression dâune « profession Ă bout de souffle ». TrĂšs vite, des soignantes sâĂ©taient empressĂ©es de me voir comme le traĂźtre qui les mĂ©prisait et les jugeait. Et plusieurs dâentre elles avaient tenu Ă affirmer quâelles nâĂ©taient pas Ă bout de souffle !
Jâavais optĂ© pour ne pas rĂ©pondre. Jâaurais sans doute dĂ». Jâaurais sans doute dĂ» reprendre la parole- et le micro qui sâĂ©tait « envolĂ© »- et mieux expliquer que je ne comprenais pas que des professionnels continuent- encore- dâaccepter des conditions de travail contraignantes et dĂ©valorisantes en restant dans le mĂȘme service. Tout en se plaignant. Pendant des annĂ©es.
Ce jour-lĂ , jâaurais sans doute dĂ» dire aussi que dans ce colloque, comme souvent, la parole Ă©tait (reste ) la propriĂ©tĂ© et la proie de celles et ceux qui ont le pouvoir hiĂ©rarchique et administratif tandis que le « petit » personnel attend plutĂŽt sagement ou avec crainte quâon la lui donne ou que les « puissants » dĂ©livrent la solution magique tant espĂ©rĂ©e ou un quelconque sortilĂšge Ă mĂȘme dâannihiler tous ces cauchemars qui repoussent plus vite que lâhydre.
Depuis, environ dix ans plus tard, et plusieurs fois, lors de manifestations (pas uniquement Ă lâhĂŽpital), jâai dĂ©jĂ vu Ă©crit les termes « Ă bout de souffle ». Je ne connais pas ces personnes qui ont Ă©crit ça.
Ce matin, il y avait trop de bruit pour moi dans les escaliers lorsque nous sommes montĂ©s rejoindre les dirigeants de lâhĂŽpital. Nous Ă©tions pourtant censĂ©s le faire discrĂštement. Fort heureusement, nous avons seulement eus un ou deux Ă©tages Ă monter.
La salle Ă©tait dĂ©ja prĂ©parĂ©e pour un CTE. Et dâune cinquantaine, nous sommes passĂ©s Ă environ soixante dix ou quatre vingt personnes dans cette assez grande salle. Du cafĂ© chaud, du sucre et du jus dâorange Ă©taient Ă disposition Ă lâentrĂ©e. Quelques personnes, parmi les manifestants, se sont servies.
Le directeur de lâhĂŽpital et ses adjoints Ă©taient debout cĂŽte Ă cĂŽte. Sur la « pancarte » posĂ©e sur la table devant eux, Ă leur place, se trouvaient leur prĂ©nom et leur nom. CâĂ©tait la premiĂšre fois que je pouvais mettre un visage sur trois de ces noms dont jâavais dĂ©jĂ entendu parler. Je ne crois pas quâils se soient amusĂ©s Ă intervertir leur place. Je ne crois pas non plus que ce soit eux qui aient Ă©crit leur propre prĂ©nom et leur propre nom sur leur « pancarte ». Et, je ne crois pas non plus quâils se soient chargĂ©s de lâintendance qui avait permis Ă cette salle dâĂȘtre prĂ©sentable comme elle lâĂ©tait.
Le dĂ©lĂ©guĂ© syndical « animateur » sâest adressĂ© en prioritĂ© Ă nos trois dirigeants principaux. Trois hommes. Tout le reste du staff des dirigeants Ă©tait constituĂ© de femmes. La secrĂ©taire du CTE Ă©tait aussi une femme. Mais sĂ©parons-nous tout de suite de certains prĂ©jugĂ©s si câest possible :
DĂšs quâune personne adopte les codes et la culture dâun certain mode de management et de dĂ©cision, le fait quâil soit un homme ou une femme importe peu. LĂ , je souligne que les trois dirigeants principaux et officiels sont des « hommes » pour rappeler comment sâorganise encore le Pouvoir dans « notre » hĂŽpital Ă lâimage du monde politique, de notre pays, de notre culture. Et du monde.
Câest bien Ă des hommes politiques que nos trois dirigeants en costume mâont fait penser ce matin. Chacun son style :
Lâun avait un visage avec les yeux cernĂ©s du cuir de celui qui a de la poigne, de l’endurance et dont lâĂ©nergie est celle dâune locomotive que rien ni personne ne doit arrĂȘter.
Lâautre, crĂąne rasĂ©, lunettes bien pensĂ©es, avait lâattitude zen de celui qui reste en Ă©quilibre stable quelle que soit lâaverse ou le courant.
Le troisiĂšme enfin, avait le petit sourire fin, presque invisible, de celui qui vous lacĂšre entre deux rais de lumiĂšre avec le savoir-faire et le savoir-taire de la hyĂšne.
Et puis, il y avait celles qui Ă©taient Ă leurs cĂŽtĂ©s ou de part et dâautre de la piĂšce et dont il est difficile de connaĂźtre avec prĂ©cision lâexacte capacitĂ© de dĂ©cision et de rĂ©flexion ainsi que leur plan de carriĂšre ou de cimetiĂšre.
Le trio nous a tranquillement regardĂ© entrer dans la salle comme sâil assistait pour la Ă©niĂšme fois au mĂȘme cirque de manifestation : slogans, quelques coups de sifflet.
AprĂšs deux ou trois minutes, le calme sâest fait et le dĂ©lĂ©guĂ© syndical « animateur » a parlĂ© et dit que la parole allait ĂȘtre donnĂ©e aux employĂ©s prĂ©sents. Le directeur de lâhĂŽpital a rĂ©pondu quâune CTE Ă©tait prĂ©vue pour dĂ©buter Ă 9h30 (Ă peu prĂšs lâheure oĂč nous sommes entrĂ©s dans la salle). Il a demandĂ© Ă la secrĂ©taire de la CTE sâil Ă©tait possible dâaccorder « cinq minutes » pour Ă©couter. La secrĂ©taire de la CTE, debout et Ă lâĂ©cart des dirigeants, derriĂšre les manifestants, a rapidement rĂ©pondu quâelle Ă©tait dâaccord ! Elle ne paraissait pas plus effrayĂ©e que ça.
AprĂšs un petit silence, un employĂ© a pris la parole. Au bout dâune minute environ, le directeur lui a coupĂ© la parole au ton de :
« Nous nâabordons pas les situations personnelles en CTE ! ». LâemployĂ© ne sâest pas laissĂ© faire. Un dĂ©lĂ©guĂ© syndical a fait valoir que cet employĂ© exprimait une situation qui concernait tout un service.
Dâautres dolĂ©ances ont Ă©tĂ© exprimĂ©es. Des heures sup non payĂ©es. LâimpossibilitĂ© de joindre le service de la DRH et lâobligation dâen passer dĂ©sormais par une boite vocale. La pĂ©nurie de personnel. Lâabsence dâune stratĂ©gie de recrutement. La fermeture des services. La disparition de ce qui faisait lâattractivitĂ© dâun hĂŽpital (crĂšche, aide au logement…). LâhygiĂšne : une employĂ©e a remarquĂ© quâil y avait des souris dans certains services mais a constatĂ© quâil nây en nâavait pas dans cette salle de rĂ©union !
Une militante a interpelé le directeur :
« Certaines personnes ont fait une heure trente de trajet pour venir ce matin, alors regardez-les bien!». Le directeur a alors rĂ©pondu quâil venait de remercier toutes les personnes prĂ©sentes. Comme il avait aussi dit que certains des sujets qui venaient dâĂȘtre Ă©voquĂ©s allaient ĂȘtre abordĂ©s lors de cette CTE.
Un peu plus tĂŽt, le dirigeant « zen », lorsquâil avait rĂ©pondu, avait levĂ© lâindex tout en sâexprimant. Le dirigeant « hyĂšne », lui, nâa pas lĂąchĂ© un seul mot.
Une des dirigeantes a eu quelques sourires. Cela a fini par lui ĂȘtre reprochĂ© par une employĂ©e qui a trouvĂ© insupportable quâelle puisse sourire ainsi alors que lâon parlait de « burn-out » du personnel. La dirigeante sâest alors dĂ©fendue de prendre cela Ă la lĂ©gĂšre.
J’aimerais revoir plusieurs de ces personnes, isolĂ©es et sorties de leur rĂŽle de dirigeant lors de circonstances imprĂ©vues, par exemple en vacances, avec femmes ou compagnons ainsi qu’avec leurs enfants voire avec leur animal domestique s’ils en “ont”. Si certaines resteraient bien-sĂ»r emmurĂ©es dans le mĂȘme type de relation, d’autres seraient sans doute plus frĂ©quentables. Mais nous n’Ă©tions pas lĂ pour parler de ça.
Nous sommes partis vers 10h. Nos cinq minutes dâintervention avaient finalement durĂ© vingt bonnes minutes.
Puis, en bas, et dehors, Ă nouveau devant le bĂątiment oĂč nous nous Ă©tions donnĂ©s rendez-vous ce matin, le dĂ©lĂ©guĂ© syndical « animateur » a fait la conclusion de ce qui sâĂ©tait passĂ©. Il a dit que nous nous Ă©tions trĂšs bien exprimĂ©s. Que maintenant allait se dĂ©rouler la CTE au cours de laquelle des reprĂ©sentants du personnel allaient nous dĂ©fendre. Et quâil importait dâĂȘtre prĂ©sent pour la manifestation le 14 novembre.
Ce 20 novembre, le film Les misĂ©rables ( prix du jury Ă Cannes cette annĂ©e) de Ladj Ly va sortir en salles. Dans une interview, Ladj Ly a dĂ©clarĂ© que cela faisait des annĂ©es que bien des gens sont des gilets jaunes dans les banlieues. Dans diffĂ©rentes catĂ©gories de la population et de certaines professions, les gilets jaunes sont lĂ©gion depuis des annĂ©es voire depuis une bonne gĂ©nĂ©ration. Et câest bien-sĂ»r le cas dans le milieu de la SantĂ©. Dans les annĂ©es 80, le professeur Schwartzenberg, bref Ministre de la SantĂ© et cancĂ©rologue rĂ©putĂ©, devant les manifestations infirmiĂšres, avait Ă peu prĂšs dit :
« Le gouvernement nâa pas le droit de laisser pourrir cette grĂšve ». Câest pourtant ce qui sâĂ©tait produit. Il y a trente ans et depuis plus de trente ans, les diffĂ©rents gouvernements ont laissĂ© pourrir bien des grĂšves infirmiĂšres et autres ( voir le documentaire rĂ©cemment sorti de Jean-Pierre Thorn LâĂącre parfum des immortelles).
Câest une certaine vision du monde, une certaine mĂ©thode de gestion et de management intensive et rĂ©pĂ©titive qui nous a amenĂ©s Ă ĂȘtre lĂ , ce matin, comme dâautres et d’autres fois. Pourtant, ce matin, aucun dâentre nous ne portait de gilet jaune. Bien qu’il soit possible que certains d’entre nous aient dĂ©ja manifestĂ© avec des gilets jaunes. Comme si, sans mĂȘme nous concerter, nous nous Ă©tions tous appliquĂ©s Ă bien nous dĂ©marquer du mouvement des gilets jaunes.
Et, Ă©videmment, aucun dâentre nous nâa cassĂ©, menacĂ© ou insultĂ© non plus qui que ce soit ou quoique ce soit. Un classique lors de nos manifestations. Comme il est aussi classique que le personnel soignant, lui, parte Ă la casse, le plus souvent en silence et dans lâoubli des «dirigeants ». Lesquels dirigeants font peut-ĂȘtre vĂ©ritablement, par moments, quand ils sont pris dâun sursaut de conscience et lorsque la durĂ©e de leur “mandat” le leur permet, ce quâils peuvent, mais qui ne peuvent pas, aussi, combler tout ce qui a pu ĂȘtre nĂ©gligĂ© et oubliĂ© pendant des annĂ©es avant eux.
Les trois dirigeants que nous avons vus ce matin nâavaient pas peur de nous. A lâhĂŽpital, câest une tradition sĂ©culaire dâavoir des employĂ©s qui ont, dans leur grande majoritĂ©, peur de leurs dirigeants. Que les dirigeants soient directeurs dâhĂŽpital, responsables du service de DRH, mĂ©decins ou cadres. Comme dans toute entreprise, il y a une sorte dâorganigramme un peu militaire qui y rĂ©gente les relations humaines selon les vertiges hiĂ©rarchiques. Avec cette particularitĂ©, je le rappelle, que nous parlons dâun personnel majoritairement fĂ©minin dans un monde dirigĂ© par des hommes. Personnel soignant dont les principales motivations sont de soigner et dâassister et non de se bagarrer Ă lâimage de ces combattants- armĂ©s- qui sont entraĂźnĂ©s et aguerris pour survivre, nuire, dĂ©truire, tuer et proscrire. Les dirigeants politiques- et bien dâautres dirigeants- savent construire leurs discours, leurs attitudes et leurs projets en fonction de ces motivations et de ces particularitĂ©s dâengagement :
On ne sâadresse pas Ă Rambo ou Ă Terminator de la mĂȘme façon que lâon va sâadresser Ă un soignant, celui-ci fut-il lĂ©gitimement en colĂšre et en nombre.
Ce matin, nous sommes repartis sans faire de bruit. Le jour oĂč des dirigeants dĂ©cideront de faire matraquer par des forces de lâordre celles et ceux dont le mĂ©tier est de soigner, sans doute que beaucoup changera. En attendant, nous continuons de nous adresser Ă celles et ceux qui ont pouvoir de dĂ©cision, et, en principe de rĂ©flexion, car nous pensons que câest comme ça quâil faut faire. Que câest comme cela que nous pouvons gagner en crĂ©dibilitĂ©.
Franck Unimon, mardi 5 novembre 2019.