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mars 2022 – Balistique du quotidien
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Musique

En musique, j’Ă©coute de tout : Erykah Badu, une Angela Davis qui chante.

Paris, 13 Ăšme arrondissement. Dimanche 27 mars 2022 en allant au Spot 13.

En musique, j’écoute de tout : Erykah Badu, une Angela Davis qui chante

 

Au travail, il arrive que l’on « discute Â» de certaines actualitĂ©s entre collĂšgues. Les avis sont assez tranchĂ©s le plus souvent. Je ne prends pratiquement plus part Ă  ce genre de discussions.

D’abord pour me mettre en retrait. Mais, aussi, parce-que je trouve que ce genre de discussions est de l’énergie gaspillĂ©e. C’est brasser de l’air. Peu importe ce que nous pensons du PrĂ©sident Poutine et de sa dĂ©cision d’envahir l’Ukraine ce 24 fĂ©vrier 2022 ! Cela ne changera rien. Bien-sĂ»r, nous pouvons ĂȘtre tristes ou en colĂšre. Ou inquiets. Mais affirmer qu’il faut faire ceci, qu’il faudrait faire ceci ne changera rien. Personne ne nous demande notre avis. Alors que nous pouvons ĂȘtre lĂ , Ă  tenir l’équivalent de ces discussions de comptoir ou de bar. Ou entre amis. Sans lendemain. Sans effet pratique sur notre vie ou sur celle du voisin. Sauf, peut-ĂȘtre, pour finir par nous disputer. En vain.

 

A moins de nous radicaliser.  

 

Cette nuit, au travail, je n’étais pas en voie de radicalisation. Un de mes collĂšgues avait laissĂ© de la musique sur Youtube sur un des ordinateurs. Des tubes des annĂ©es 60 et 70. Il y avait les Bee Gees, par exemple, Village People
.

 

A la place, je me suis mis Ă  Ă©couter et regarder un concert d’Erykah Badu.

https://youtu.be/2VH0GNuBNgE

 

Comme je l’ai expliquĂ© Ă  Chamallow qui passait par lĂ , et a donc regardĂ© un peu, alors que nous attendions une nouvelle admission, Erykah Badu faisait plus parler d’elle dans les annĂ©es 2000. Et, je l’écoutais comme d’autres chanteuses noires amĂ©ricaines de ces annĂ©es-lĂ  : Macy Gray, Kelis
.

 

Badu n’était pas celle que j’écoutais le plus. Mais je la « connaissais Â». Je savais qu’elle avait une aura particuliĂšre. Qu’elle Ă©tait militante. Sans bien comprendre ce qui la rendait si diffĂ©rente des autres.

 

Je me rappelle, dans un documentaire ( Rize, je crois, rĂ©alisĂ© en 2005, par David LaChapelle)  de l’attention/tension qui avait prĂ©cĂ©dĂ© son arrivĂ©e sur scĂšne.

 

Puis, assez vite, une fois sur scĂšne, j’avais trouvĂ© que, finalement, Erykah Badu, ce n’était pas si fort que ça.

 

A cette Ă©poque, j’étais sans doute beaucoup « dans Â» Miles Davis, Björk, Me’shell NdĂ©geocello, SinĂ©ad O’Connor, Massive Attack ou Jean-Michel Rotin et d’autres artistes. De dub, y compris. Cela me parlait en prioritĂ©.

 

Erykah Badu, c’était « plus Â» la gĂ©nĂ©ration de ma sƓur ou de mon frĂšre, plus jeunes que moi. Plus dans le Rap. MĂȘme si Badu chante bien plus qu’elle ne rappe. Et ses codes de femme noire militante devaient sans doute me rappeler, aussi, vaguement
 Angela Davis.

Mais une Angela Davis qui chante. Or, j’étais, alors, moins, dans la fascination que j’avais pu avoir, lycĂ©en, pour les Black Panthers, Nelson Mandela, Malcolm X, Martin Luther King. Et Badu, sans doute, s’alignait Ă  la suite de ces figures, fĂ©minines et masculines (la coupe Afro de Badu Ă  la suite de la coupe Afro de la Angela Davis des annĂ©es 70) plutĂŽt datĂ©es annĂ©es 60 et 70 ( exception faite de Mandela) aux Etats-Unis.

 

Mais en faisant une musique « nouvelle Â». C’est peut-ĂȘtre pour ça que Badu, dans les annĂ©es 2000 ou voire 1990 m’a moins parlĂ© qu’à d’autres, plus jeunes, et encore dans leur adolescence et leur constitution identitaire.

 

Sauf que depuis deux ou trois ans, chez Badu, ce n’est pas ce cĂŽtĂ© identitaire, femme noire militante et fĂ©ministe, qui m’appelle. Mais, plutĂŽt, cette transe, mĂȘme si sur-jouĂ©e et minaudĂ©e.

 

Les femmes noires amĂ©ricaines, je trouve, ont une façon de chanter et de bouger comme si elles faisaient l’Amour. C’est sĂ»rement le cas aussi pour d’autres artistes non noires ou non amĂ©ricaines. Regardons, par exemple, les chanteuses de Zouk aux Antilles.

 

Ou Aya Nakamura en France, dĂ©sormais. Laquelle Nakamura, Ă  ce que j’ai appris, et cela peut s’entendre dans sa musique, aime beaucoup le Zouk.

 

Mais il y a toute une tradition noire amĂ©ricaine, je trouve, qui consiste Ă  exprimer ses sentiments et ses Ă©motions par la voix et le corps. On « sent Â» et l’on voit que cela fait partie d’elles. Ce n’est pas du tout le mĂȘme style qu’un Alain Souchon.

 

C’est un peu ce que j’ai essayĂ© d’expliquer Ă  Chamallow, cette nuit, mais en moins bien.

J’ai employĂ© des mots moins recherchĂ©s. En m’excusant des clichĂ©s que j’employais. Lorsque j’ai parlĂ© de « transe Â» pour Badu. Lorsque j’ai dit :

 

« Elle ne fait pas que chanter son texte Â». Chamallow a poursuivi :

 

«  Oui, elle l’incarne
. Â».

 

Bien-sĂ»r, d’autres artistes, non noires et non amĂ©ricaines, sont tout autant capables de ça. Je me rappelle du titre A Love Song, sur l’album de Jah Wobble et interprĂ©tĂ© par Natacha Atlas que j’avais dĂ©couverte, je crois, avec cette chanson. Une chanson que j’ai rĂ©Ă©coutĂ©e et rĂ©Ă©coutĂ©e. LĂ  aussi, Natacha Atlas, des annĂ©es avant sa reprise de Mon amie, la rose, ne fait pas que dire son texte. Et d’autres artistes d’autres pays, d’autres langues, d’autres musiques,  d’autres Ă©poques, femmes ou hommes, ont accompli et accomplissent ce que Natacha Atlas « fait Â» sur A Love Song.

 

Devant nous, cependant, sur l’écran de l’ordinateur, Badu poursuivait sa « performance Â». Mais c’était plus qu’une performance. C’était son existence.

 

MĂȘme prĂ©parĂ©e, rĂ©pĂ©tĂ©e, cette façon-lĂ , d’ĂȘtre sur scĂšne, de s’exprimer, mĂȘme avec des « trucs Â», ne faisait pas toc. C’était peut-ĂȘtre artificiel. Mais c’était aussi trĂšs personnel. Son entente avec ses choristes, ses musiciens, Ă©tait incontestable. Elle Ă©tait la patronne, la meneuse. Mais ce n’était pas qu’une patronne et une meneuse. Il y avait du travail derriĂšre pour ĂȘtre ensemble. Et on avait l’impression, j’ai l’impression, que tout le monde Ă©tait content d’ĂȘtre lĂ  pour ĂȘtre ensemble Ă  ce moment-lĂ . Pour cette rĂ©jouissance. Cette libĂ©ration.

 

Combien de temps et de travail, de rĂ©pĂ©titions, voire de conflits pour en arriver lĂ  ? Impossible Ă  savoir. Je n’étais pas lĂ . Nous sommes toujours absents pour voir et savoir ça. Tout ce que nous savons et retenons, c’est que nous aimons tel titre. Et que ce titre dure quatre minutes, cinq minutes, que ce soit en concert ou en studio, nous n’avons aucune idĂ©e de toutes les histoires qu’il y a derriĂšre la structure et la composition de ce titre. DerriĂšre la structure de ces milliers de chansons ou de musiques que nous aimons, que nous Ă©coutons. Et c’est la vie. Nous faisons aussi ça, mĂȘme entre nous, lorsque nous faisons connaissance.

 

Mais, peu importe. Cette nuit, au travail, j’étais bien en Ă©coutant et regardant Erykah Badu. Puis, Chamallow est arrivĂ©e.

 

Au dĂ©part, Chamallow a confondu Erykah Badu avec l’actrice française prĂ©sente dĂšs la premiĂšre saison (2015) de la sĂ©rie française Dix pour cent.  Il se trouve que j’ai vu- et beaucoup aimĂ©- la premiĂšre saison de Dix pour cent. J’ai donc rapidement compris de qui Chamallow parlait :

 

L’actrice StĂ©fi Celma.

 Cette confusion Ă©tait un peu dĂ©routante. Etonnante. Un peu amusante, aussi.

 

Lorsque l’on est dans une expĂ©rience que l’on veut faire partager Ă  quelqu’un, on a dĂ©jĂ  toute une histoire derriĂšre soi. Et on peut croire que l’autre qui arrive en « cours de route Â» peut tout de suite nous rattraper alors que nous sommes lancĂ©s depuis des annĂ©es.

Mais malgrĂ© sa bonne volontĂ© et son intĂ©rĂȘt, l’autre est souvent Ă  un autre « degrĂ© Â» d’expĂ©rience- ou d’interprĂ©tation- par rapport Ă  nous. Puisque notre intĂ©rioritĂ© ainsi que notre antĂ©rioritĂ© dans cette expĂ©rience intime est diffĂ©rente de la sienne. Lui et nous n’avons pas exactement la mĂȘme histoire mĂȘme si nous pouvons avoir des points communs. Et, mĂȘme si nous avons vĂ©cu un Ă©vĂ©nement identique ou Ă  peu prĂšs identique, nous avons une façon diffĂ©rente de le vivre ou d’évoluer par rapport Ă  lui.

 

C’est ce que Chamallow m’a rappelĂ© en confondant Erykah Badu avec l’actrice et chanteuse française StĂ©fi Celma dont j’avais alors oubliĂ© le prĂ©nom et le nom.

 

J’ai dit Ă  Chamallow que la musique est aussi « un vĂ©hicule Â» ( le terme n’est pas de moi). Et que tout en regardant et en Ă©coutant Badu chanter et danser, certaines pensĂ©es et certains sujets Ă©mergeaient dans ma tĂȘte. Sans le prĂ©ciser, mais j’imagine que cela se percevait dans ce que je disais, c’était une situation agrĂ©able. Les artistes que nous aimons ont gĂ©nĂ©ralement cette facultĂ©. Certains Ɠuvres d’artistes ouvrent certaines portes en nous, celles de notre inconscient, auquel celui-ci est plus sensible, plus rĂ©ceptif. Et c’est pour cela que nous les aimons, les prĂ©fĂ©rons.

 

Nous faisons sans doute pareil avec nos rencontres bonnes ou mauvaises. Sans toujours pouvoir en expliquer la raison. Miles Davis, je crois, me met en contact avec une tristesse obstinĂ©e et aussi assez dĂ©finitive. Une tristesse opiniĂątre et dĂ©cidĂ©e Ă  se mesurer au Temps. A l’emmurer. A rouler avec. A le dominer peut-ĂȘtre. A lui faire admettre qu’il n’est pas le Dieu tout puissant qu’il croit ĂȘtre. Ou qu’il semble ĂȘtre. A le faire douter. La musique de Miles, je crois, veut faire douter le Temps
.

 

 

Badu, c’est autre chose. C’est le sourire. L’Amour. La sensualitĂ©. La vie, malgrĂ© tout. La combattivitĂ© qui s’enroule autour de soi. Tout en douceur. MalgrĂ© les douleurs. Les coups. Il n’y a pas de sourire chez Miles. Pas dans sa musique. PlutĂŽt des Ă©claircies de tristesse, de deuil et de colĂšre.

 

Mais je n’ai pas parlĂ© de ça avec Chamallow. Ça, je le rajoute ici. Maintenant. A Chamallow, j’ai ensuite demandĂ© ce qu’elle Ă©coutait comme musique. De temps Ă  autre, il m’arrive de poser ce genre de questions. Il est arrivĂ© que l’on me rĂ©ponde :

 

« J’écoute de tout Â». Sans que l’on me dise ou me donne de noms de groupes ou d’artistes. Ce qui est assez invraisemblable pour moi qui ai eu besoin et ai toujours besoin, lorsque j’ai commencĂ© Ă  vĂ©ritablement Ă©couter de la musique, Ă  stocker voire Ă  croquer des rĂ©fĂ©rences. Et puis, je ne comprends pas, je crois, qu’une musique ou qu’un artiste qui nous touche puisse rester pour soi inconnu ou anonyme.

 

Mais peut-ĂȘtre que ces personnes qui m’ont rĂ©pondu, un jour, « J’écoute de tout Â», ont- elles prĂ©fĂ©rĂ© Ă©viter de se « rĂ©vĂ©ler Â» devant moi ? Il est vrai que certaines musiques et artistes sont peut-ĂȘtre plus difficiles Ă  assumer. Il est vrai que certains goĂ»ts musicaux peuvent nous valoir, selon nos interlocuteurs, certains jugements de valeur.

 

Il est peut-ĂȘtre vrai, aussi, que pour certains, la musique est simplement lĂ  pour « mettre Â» de l’ambiance. Pour servir de dĂ©cor. Pour ĂȘtre un bruit de fond. De la mĂȘme maniĂšre qu’une tĂ©lĂ© allumĂ©e en permanence, qu’une machine Ă  laver en activitĂ©. Afin de ne pas ĂȘtre seul. De se sentir moins seul. D’avoir l’impression d’ĂȘtre normal et « avec Â» les autres.

 

 

Pour moi, la musique, c’est plus que ça. C’est une recherche. C’est une descente en profondeur. C’est une expĂ©rience de soi Ă  transmettre. Et ce n’est pas Ă  nĂ©gliger.

https://youtu.be/-63mVi4SDpE

Franck Unimon, mercredi 30 mars 2022.

 

 

 

 

 

 

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Pour les Poissons Rouges

Nous vivons Ă  l’Ă©poque du Poulpe

Gare de Paris St Lazare, mars 2022.

 

Nous vivons Ă  l’époque du Poulpe

 

 

Nous vivons Ă  l’ Ă©poque du « Poulpe Â».

 

Il nous faut par tous nos pores d’usage, notre dose d’émotions, de sensations, de vibrations, de jouissance, de satisfaction, d’excitation, d’exaltation, d’existence. Et cette dose, nous la trouvons, la prenons, la conquĂ©rons ou la recherchons, la perdons aussi, au travers de ces multiples prises, claviers, touches, bouches, conso et ces moyens technologiques qui sont devenus l’extension spontanĂ©e de nos fibres sensibles et de nos tentacules.

 

Nos moyens technologiques de communication et de diffusion puissants, poussĂ©s, ultra-calibrĂ©s et « illimitĂ©s Â» nous entraĂźnent dans une frĂ©nĂ©sie de « pubs Â», de « tubes Â», « d’achats Â», «  d’informations Â», de « voyeurismes Â», de « dĂ©clarations Â», de « narcissismes Â», « d’exhibitionnismes Â» ou de « cynismes Â» quasi-permanente.

 

Sans doute qu’une fois de plus dans l’Histoire de l’HumanitĂ©,  culmine Ă  la fois en nous un certain sentiment totalitaire de toute puissance et d’invulnĂ©rabilitĂ© associĂ© Ă  son contraire. Soit une conscience presque autant acĂ©rĂ©e que nous n’avons peut-ĂȘtre jamais Ă©tĂ© autant vulnĂ©rables et menacĂ©s.

 

On dirait que plus nous sommes « Ă©voluĂ©s Â» et plus nous sommes condamnĂ©s Ă  la descente.

 

Paradoxalement, au lieu de nous instruire vĂ©ritablement, nous passons encore beaucoup de temps Ă  nous distraire et nous sĂ©duire en nous racontant- Ă  nous mĂȘmes- des bobards.  Souvent les mĂȘmes bobards : que nous sommes spĂ©ciaux et que, nous, nous Ă©chapperons aux tricots des asticots.  

 

 

PSYCHOTHERAPIES, PSYCHANALYSE Et ADDICTIONS ( Transfert et Contre transfert) SĂ©minaire de ce Samedi 19 Mars 2022 de 9h30 Ă  12H30 Ă  Sainte Anne ( Service d’Addictologie, Dr Xavier LAQUEILLE) avec Pierre Sabourin, Psychiatre, Psychanalyste et Claude Orsel, Psychiatre, Psychanalyste

 

L’intitulĂ© de cet article Ă  venir n’est pas glamour. On dirait presque l’entrĂ©e d’un cimetiĂšre ou d’un monastĂšre. Donc, cet article fera beaucoup moins de vues qu’une fĂȘte Ă  Ibiza. Pas plus, en tout cas, que n’en n’a fait mon premier article sur le Cinquentenaire de Marmottan ( Les cinquante Temps de Marmottan) il y a un mois, exactement, le 28 fĂ©vrier dernier.

Paris, mars 2022.

 

Bien-sĂ»r, en matiĂšre de diffusion et de communication, je pourrais et devrais faire beaucoup mieux afin de rendre son contenu attractif, plus dynamique et plus « jeune Â» :

 

Je pourrais transformer cet article en podcast. Je pourrais filmer des images, faire un montage et les montrer de maniĂšre plus « chaleureuse Â». En continu. 

 

Paris, mars 2022.

 

 

Lors de ce séminaire du samedi 19 mars 2022, dont je parlerai bientÎt, une fois de plus, Claude Orsel a filmé. En caméra fixe.

 

Sauf que Claude Orsel, pas plus que Pierre Sabourin et tant d’autres professionnels de SantĂ© ou d’autres disciplines, n’est un homme de pubs ou de cinĂ©ma. Ce qui est donc un premier Ă©cueil afin de « draguer Â» plus de public. Alors que des professionnels tels que Pierre Sabourin et Claude Orsel ont plus Ă  nous apprendre que bien des animatrices et des animateurs, ou certains journalistes tĂ©lĂ©, presse ou radio, beaucoup plus rĂ©munĂ©rĂ©s, que l’on « voit Â», « lit Â» ou « entend Â» rĂ©guliĂšrement depuis des annĂ©es.

 

Le second Ă©cueil, tout autant Ă©vident, m’est apparu seulement rĂ©cemment. Avec mon premier article sur le Cinquentenaire de Marmottan.

 

Pour moi, il est tout Ă  fait normal d’évoluer dans l’univers de la SantĂ© mentale. Car c’est un univers professionnel oĂč j’ai choisi d’évoluer. LycĂ©en, Ă  l’approche du Bac, si j’avais pu avoir la possibilitĂ© de faire des Ă©tudes longues, je me rappelle avoir eu envie de faire des Ă©tudes de « psycho Â» et de « philo Â». MĂȘme si un cursus en psycho et en philo peut aussi faire bifurquer dans d’autres domaines professionnels (le rĂ©alisateur de cinĂ©ma Bruno Dumont a bien fait des Ă©tudes de philo), il y a nĂ©anmoins une continuitĂ© dans le fait, que j’aie choisi de travailler en psychiatrie adulte puis en pĂ©dopsychiatrie. Ce choix a Ă©tĂ©, pour moi, comme pour d’autres professionnels, un « processus Â» normal que de me retrouver, en partie, lĂ . 

 

Cette « normalitĂ© Â» de choix, pour moi, m’a fait perdre de vue il y a trĂšs longtemps, que ce qui est ou peut ĂȘtre « normal Â» pour moi ne l’est pas pour d’autres. Pour beaucoup d’autres, en fait.

Pour un apnĂ©iste de haut niveau, il est « normal Â» depuis trĂšs longtemps de descendre Ă  cinquante mĂštres de profondeur avec une monopalme. Ou sans palmes.

 

Pour un chasseur de pĂȘche sous-marine, il est tout autant « normal Â» de descendre Ă  dix ou quinze mĂštres de profondeur, en pleine mer. De se poser sur les fonds, Ă  l’agachon, et d’attendre qu’apparaisse le poisson, pour le « tirer Â» et remonter ensuite avec Ă  la surface.  Et de faire ça pendant deux Ă  trois heures en prenant le temps, bien-sĂ»r, de reprendre son souffle, de s’alimenter et de boire de l’eau.

 

Pour l’apnĂ©iste, le pĂȘcheur Ă  la ligne ou le baigneur lambda ou occasionnel, de telles pratiques relĂšvent de la folie, du danger, de la lĂ©gende, du mysticisme ou de la mythomanie et sont des pratiques Ă  fuir ou Ă  bannir.

Gare St Lazare, Paris, mars 2022.

 

C’est pareil avec la SantĂ© Mentale. Notre rapport Ă  la SantĂ© Mentale, c’est peut-ĂȘtre ce qui nous reste, dans notre modernitĂ©, de notre rapport Ă  la sorcellerie. Il y a la « bonne Â» sorcellerie. Et il y a la « mauvaise Â» sorcellerie. Il y a la sorcellerie du cinĂ©ma ou de l’art que l’on peut accepter. Et il y ‘a la sorcellerie de la SantĂ© mentale.

 

 

A moins d’y ĂȘtre attirĂ© ou contraint par des Ă©vĂ©nements le touchant personnellement ou professionnellement, l’individu lambda, spontanĂ©ment, sera plus attirĂ© par des « distractions Â», des « animations Â» ou des sujets plus faciles, plus divertissants ou plus « grand publics Â» que ceux croisĂ©s dans les services de la SantĂ© mentale.

 

Paris, mars 2022.

 

 

Les distractions et les animations « grand publics Â» sont celles oĂč l’on ne prend pas trop de risques en regardant, en s’approchant, en s’approchant. Ou celles que l’on a l’impression de contrĂŽler. «L’impression Â» que l’on a d’une expĂ©rience, si l’on a l’impression de la contrĂŽler, peut avoir plus d’importance que la dangerositĂ© rĂ©elle de l’expĂ©rience. Si l’on a l’impression de ne pas pouvoir contrĂŽler l’expĂ©rience, on peut ĂȘtre d’autant plus poussĂ© Ă  mettre un terme Ă  l’expĂ©rience.

 

A Center Parks ou Ă  Euro Disney, tout est flĂ©chĂ©. On y va pour s’amuser, pour passer « un bon moment Â» et pour consommer en contrepartie. On est prĂȘt Ă  payer pour ce divertissement en toute sĂ©curitĂ©. Et Ă  y retourner si les tarifs et le rapport « qualitĂ©-prix Â» nous correspond. On accepte aisĂ©ment cette forme de racket ou de « ciblage Â» consenti et tout Ă  fait lĂ©gal. Voire, on redemande de ce plaisir « fait sur mesure Â» et qui nous donne l’impression d’ĂȘtre important en nous garantissant une tranquillitĂ© et une sĂ©curitĂ© si difficiles Ă  trouver et Ă  prĂ©server en temps ordinaire : problĂšmes de train, embouteillages, factures, impĂŽts, guerres, mauvaises nouvelles, augmentation du prix de l’essence, des taxes
.

 

En SantĂ© Mentale, c’est un peu le contraire qui se passe. On peut y passer de « bons moments Â». Mais, il va falloir les crĂ©er soi-mĂȘme.  Pour cela, il faut ĂȘtre un peu armĂ© mentalement, moralement, intellectuellement, et ĂȘtre bien encordĂ©. Etre encordĂ© Ă  d’autres collĂšgues endurants, bienveillants, constants, aventuriers, expĂ©rimentĂ©s. Et imaginatifs.

 

Cela ne se trouve pas si facilement. Et pas tout le temps. En SantĂ© mentale comme ailleurs, d’ailleurs. Avec les amis, les conjointes et les conjoints, des partenaires, des associĂ©s,  c’est un peu pareil mais c’est un autre sujet.

 

Je me rappelle de temps  Ă  autre d’une phrase rĂ©pĂ©tĂ©e par un de mes anciens mĂ©decins chefs dans le service oĂč j’avais dĂ©butĂ© en pĂ©dopsychiatrie, dans un service (fermĂ©) de soins et d’accueil urgents :

 

« Le travail en pĂ©dopsychiatrie, c’est de l’alpinisme de haute montagne Â».

 

La haute montagne, ici, n’a rien Ă  voir avec l’Everest. Mais avec nos Histoires personnelles. Autant celles des patients que les nĂŽtres, soignants, qui rencontrons celles des patients. Et je crois qu’il est bien des personnes qui prĂ©fĂšreraient sans aucun doute escalader dix Everest plutĂŽt que d’avoir Ă  rencontrer, pour de vrai, l’Histoire personnelle passĂ©e et prĂ©sente, de quelques patients. En pĂ©dopsychiatrie ou ailleurs.

Paris, prÚs de la Place de la Concorde, février ou mars 2022.

 

Pour faire dans le solennel, je crois que la plupart des sujets abordĂ©s en SantĂ© Mentale concernent le plus grand nombre depuis
la nuit des Temps. Sauf que, depuis la nuit des Temps, la plus grande partie des personnes concernĂ©es prĂ©fĂšre s’occuper, regarder et Ă©couter ailleurs.

 

Car il y a un aspect trĂšs ardu dans la SantĂ© Mentale, et qui peut faire fuir le plus grand nombre, autant que le jargon appuyĂ© et invraisemblable certaines fois ou trop souvent employĂ©. C’est le fait, je crois, de nous mettre assez frontalement devant nos propres Tabous et nos propres limites. Face Ă  nos insuffisances. Et de devoir en rĂ©pondre. Sans artifices. Sans rouler des mĂ©caniques puisque cela ne sert Ă  rien de rouler des mĂ©caniques lorsque se trouve devant nos propres faiblesses.

 

Le cinĂ©ma, lorsqu’il aborde ces sujets, use d’artifices. Car le cinĂ©ma est un Art fait d’artifices, de maquillages, de dĂ©cors, d’éclairages construits, de textes sus, appris, de comportements traduits et travaillĂ©s, d’une temporalitĂ© maitrisĂ©e, d’un budget programmĂ©, de toute une logistique de repĂ©rage, de toute une aura, aussi, autour des « Stars Â» qui ont droit Ă  certains privilĂšges. Il y a beaucoup de Stars. Celles que tout le monde voit.

Paris, mars 2022.

 

Et toutes les autres autour.

 

Et puis, une salle de cinĂ©ma, on y entre pour une durĂ©e donnĂ©e et dĂ©terminĂ©e Ă  l’avance. Nous avons choisi le film et l’heure de la sĂ©ance. Au pire, si cela se passe mal au cours de la « projection Â», il suffit de sortir de la salle. En SantĂ© mentale, nous disposons de moins d’échappatoires. Il n’y a pas de chef dĂ©corateur, il n’y a pas d’assistant rĂ©alisateur, il n’y a pas de cascadeur, il n’y a pas de script, il n’y a pas de coiffeur ou de coiffeuse, il n’y a pas plusieurs prises
.

 

Je me rappelle d’un grand producteur de cinĂ©ma, qui, au festival de Cannes, s’était beaucoup Ă©mu devant un film qu’il avait trouvĂ© « particuliĂšrement humain Â». Je m’étais alors dit :

Mais s’il veut autant vibrer d’humanitĂ©, lui et tous ceux et toutes celles qui lui ressemblent, il n’a qu’à venir travailler en psychiatrie ou en pĂ©dopsychiatrie. Car En SantĂ© Mentale, certains des verrous de nos divers maquillages, de nos certitudes et mises en scĂšne sautent lorsque l’on pratique. SincĂšrement et avec rĂ©gularitĂ©.

 

Si l’on a rĂ©ellement l’intention de se chercher et de se dĂ©busquer.

 

Alors qu’il est d’autres environnements, professionnels ou autres, oĂč l’on peut plus facilement se raconter notre personnage, ĂȘtre insincĂšre,  et  vendre cette image Ă  d’autres qui vont se complaire ou se conforter dans ce qu’on leur donne Ă  voir de nous. Dans une sorte de compromis oĂč chacun a intĂ©rĂȘt Ă  se dissimuler, Ă  jouer ou Ă  se dĂ©guiser. Un peu comme sur les rĂ©seaux sociaux ou dans certaines soirĂ©es ou rencontres oĂč l’on fait le « beau Â» ou la « belle Â».

Gare de Paris St Lazare, mars 2022.

 

 

Je ne peux pas comprendre autrement, par exemple, le suicide, le 20 avril 2018, du jeune et cĂ©lĂ©brissime DJ Avicii «  ĂągĂ© seulement de 28 ans Â». DJ superstar, connu pour avoir fait danser et donnĂ© de grands et beaux souvenirs Ă  des milliers de jeunes (et moins jeunes) fĂȘtards dans le monde entier. Je vois au moins dans son suicide, celui d’un jeune homme qui, Ă  un moment donnĂ©, et trop longtemps, s’est sacrifiĂ© pour que d’autres s’amusent, se rencontrent, fassent l’Amour, baisent, se dĂ©foncent et fassent du fric. Alors qu’il aurait mieux fait de s’arrĂȘter et se demander qui il est et ce qu’il veut vĂ©ritablement vivre. Quatre ans aprĂšs sa mort, je ne suis pas sĂ»r que, parmi celles et ceux qui l’ont pleurĂ© aprĂšs avoir dansĂ© « avec lui Â» ou qui ont « chroniquĂ© Â» sa mort dans les MĂ©dia, que tous en soient arrivĂ©s Ă  peu prĂšs Ă  la conclusion – approximative- que je tire de son suicide. Son suicide, je pense, a sans doute Ă©tĂ© une information surprenante et sensationnelle qui saisit d’abord. Puis cette information a rejoint l’hĂ©morragie de notre humanitĂ© dans un flot d’autres nouvelles dĂ©sormais oubliĂ©es car dĂ©barrassĂ©es de leur lot d’étincelles faites de sensationnel, de stupeur, de peur, d’immĂ©diatetĂ© et de vibrations.

 

 A titre de comparaison, mĂȘme si le dĂ©cĂšs de Jacob Desvarieux, l’annĂ©e derniĂšre, ( un des fondateurs et meneurs du groupe Kassav’) a attristĂ©, je crois qu’il ne fait pratiquement aucun doute que celui-ci avait eu sur scĂšne, dans les studios de musique, et de par le monde, la vie qu’il avait souhaitĂ© avoir.

 

Pour moi, travailler en SantĂ© Mentale, ou dĂ©cider de venir y consulter, c’est au moins ça :

 

DĂ©cider, Ă  un moment donnĂ© de s’arrĂȘter de « fonctionner Â». Et prendre le temps de se demander qui l’on est et ce que l’on veut vĂ©ritablement vivre. Ce qui peut trĂšs mal s’accorder avec notre activitĂ© quasi permanente, voire paramilitaire, de poulpe.

Spot 13, Paris, mardi 22 mars 2022.

 

On dirait, parfois ou souvent, que notre vie doit seulement tenir dans le rythme ou Ă  la cadence de la fibrillation cardiaque permanente.  Si les battements de notre cƓur ralentissent, c’est la peur qui s’installe. Parce-que, fondamentalement, technologies surpuissantes ou non, nous avons toujours aussi peur du silence, du repos, de la pĂ©nombre, du vide, de la contemplation et de la solitude.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 28 mars 2022.

 

 

 

 

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Corona Circus Pour les Poissons Rouges

Conscience Sociale Modifiée

Marion MarĂ©chal- Le Pen, niĂšce de Marine Le Pen et petite-fille de Jean-Marie Le Pen, du Rassemblement National ( ex Front National) Ă  cĂŽtĂ© d’Eric Zemmour qu’elle a officiellement « rallié », un des actuels candidats aux Ă©lections PrĂ©sidentielles. Eric Zemmour, pendant des annĂ©es, a Ă©tĂ© et reste un « polĂ©miste » trĂšs mĂ©diatisĂ© ainsi qu’un « écrivain » ou « essayiste » aspirant Ă  une France « comme avant » : du Temps de PĂ©tain, du temps de la colonisation française, dans un pays oĂč il faudrait porter des prĂ©noms « bien » français etc……Photo prise Ă  Paris, prĂšs de la Madeleine, fin mars 2022, alors que je me rendais au travail ou en revenais.

Conscience sociale modifiée

 

« Je te croyais plus ambitieux Â».

 

Quelques fois, certaines remarques de nos proches nous surprennent par leur jugement vĂ©nimeux sans appel. On dirait que notre intimitĂ© avec eux, nous qui passons une grande partie de notre temps Ă  nous cacher, leur a permis de s’approcher de nous avec un scalpel pour mieux couper la corde de l’estime approximative que nous pouvons nous porter.

 

Si nous avons de la chance ou suffisamment de forces, la corde tient suffisamment, la chute arrive d’une hauteur encore supportable ou nous avons le temps de retrouver un appui ferme pour Ă©chapper au vide et au dĂ©sespoir.

 

J’avais dĂ©jĂ  entendu parler de Pierre Bourdieu lorsqu’une de mes ex, avec laquelle j’étais encore en relation, m’avait dit cette phrase. Un jour.

 

J’ai oubliĂ© le sujet de notre discussion d’alors. Mais je me rappelle encore de cette phrase. Il est des phrases, bonnes ou mauvaises, qui, instantanĂ©ment, nous auscultent.

 

Et restent. 

 

Ces phrases font rapidement partie de nos provisions mentales et morales pendant des annĂ©es. Et sont trĂšs vite mystĂ©rieusement compatibles avec d’autres pensĂ©es et croyances que nous avions dĂ©jĂ . 

 

Avant d’en vouloir Ă  leurs autrices ou auteurs, il faut savoir se dire que nous, aussi, avons sans aucun doute servi ce mĂȘme genre de « supplice Â» Ă  d’autres que nous avions aussi sorti de notre carquois sans y rĂ©flĂ©chir.

 

C’est notre cĂŽtĂ© Schtroumpf : untel m’a mordu. Plus tard, je mords untel autour de moi. Souvent un proche ou une proche ou quelqu’un pour qui on peut avoir une certaine « sympathie Â» ou « affection».

 

Peu importe que la personne que je mords n’a rien Ă  voir avec mes dĂ©boires comme le fait que ce que j’ai vĂ©cu de malveillant et blessant date dĂ©jĂ  d’il y a plusieurs millĂ©naires, avant mĂȘme que je ne croise celle ou celui que je vais Ă  mon tour agresser moralement ou verbalement avec un sentiment de pleine lĂ©gitimitĂ©.

 

Car, assurĂ©ment, ce jour oĂč mon ex m’avait dit «  Je te croyais plus ambitieux Â», elle s’était sentie lĂ©gitime. Et, elle ne pensait pas forcĂ©ment Ă  mal. Comme assez souvent, chaque fois que l’on dĂ©coche une mandale morale Ă  quelqu’un d’autre. Car, oui, cette phrase de mon ex, prononcĂ©e sans crier, plutĂŽt dite sur le ton de l’aveu ou du simple constat, Ă©tait bien et est bien l’équivalent d’une mandale.

 

Sa phrase signifiait et signifie bien : « Je ne pensais pas que tu te contenterais d’une vie de merde Â». «  Je ne pensais pas qu’avec tes capacitĂ©s, tu te satisferais d’ĂȘtre si peu Â». «  En fait, tu as une vie de pauvre type. Tu es un pauvre type qui a passĂ© son temps Ă  rĂȘver une vie grandiose que tu n’as pas et que tu n’auras probablement jamais. Puisque tu te contentes d’une toute petite vie Â».

 

 

Le tout dit sans agressivitĂ© particuliĂšre mais aussi sans conseil pour qu’éventuellement, je me dirige vers un supposĂ© domaine oĂč je pourrais me rĂ©aliser Ă  la hauteur de mes capacitĂ©s rĂ©elles ou supposĂ©es. Ce qui est pire, bien-sĂ»r.

 

 

Depuis des annĂ©es, je n’aime pas le mois de mars. Et, finalement, alors que ce mois de mars se termine, que je l’ai plutĂŽt mieux supportĂ© que lors d’autres annĂ©es, il est amusant que je sois inspirĂ©, aujourd’hui, alors que ce mois de mars se termine et que nous sommes passĂ©s cette nuit Ă  l’heure d’étĂ©, pour publier cet article.

 

Alors qu’évidemment, j’ai eu bien d’autres idĂ©es d’articles ce mois-ci avant lui mais n’ai pas eu la disponibilitĂ© suffisante, Ă  mes yeux, pour bien m’en occuper.

 

Alors que cet article-ci vient « d’arriver Â». Et il coule tout seul. Comme c’est amusant.

 

 

Aujourd’hui, je n’ai plus de contacts avec cette ex. MĂȘme si je repense de temps Ă  autre Ă  elle. On me dira sans doute : 

 

« Bon dĂ©barras ! ».

 

Peut-ĂȘtre. Pourtant, je persiste Ă  penser que lĂ  oĂč elle a grandi et est restĂ©e vivre avec son mari et leurs deux enfants, Ă  Marseille, qu’elle Ă©tait sincĂšrement attachĂ©e Ă  moi. Car on peut dĂ©cider de vivre avec quelqu’un d’autre qui colle mieux Ă  nos standards et parcours sociaux ainsi qu’à notre modĂšle racial tout en ayant Ă©tĂ© rĂ©ellement attachĂ© Ă  quelqu’un d’autre. C’est ce que j’ai vĂ©cu, je crois, avec elle.

 

Et c’est ce qu’a pu vivre d’une certaine maniĂšre, sans le prĂ©judice d’ordre racial, le personnage jouĂ© par l’acteur Jake Gyllenhaal dans le film Nocturnal Animals de Tom Ford avec son ex, jouĂ©e par l’actrice Amy Adams.

 

 

J’avais 25 ans lorsque j’avais achetĂ© le livre de Pierre Bourdieu : La France parle. Un livre que j’ai toujours et que je n’ai jamais pris le temps de lire. Comme bien d’autres livres achetĂ©s aprĂšs lui. A la place, j’ai lu d’autres livres et articles. J’ai aussi Ă©crit des articles de cinĂ©ma mais aussi pour mon blog depuis. 

 

25 ans, pour dĂ©couvrir le nom de Pierre Bourdieu et entendre parler un peu de lui, ce n’est pas vieux. Sauf que lorsque l’on est jeune, on croit parfois, cela a Ă©tĂ© mon cas, que l’on a tout le temps devant soi. On mesure moins, aussi, Ă  quel point peuvent nous enfermer les consĂ©quences de certains de nos choix.

 

Insouciance et optimisme jusque-boutiste peuvent trĂšs bien s’accorder avec l’ignorance et la vitalitĂ© de la jeunesse. Et, j’ai Ă©tĂ© de ceux-lĂ  de bien des façons.

 

Infirmier diplĂŽmĂ© d’Etat avant mes 21 ans (il Ă©tait et reste assez difficile de le devenir beaucoup plus jeune) par pragmatisme, pour Ă©chapper au chĂŽmage,  plus que par idĂ©al, j’ai ensuite rĂ©guliĂšrement manƓuvrĂ© pour reprendre de maniĂšre discontinue le cours des Ă©tudes d’une façon ou d’une autre.

Contrairement Ă  mon ex qui, issue d’un milieu social moyen Ă  peu prĂšs comme le mien, avait pu, comme sa sƓur aĂźnĂ©e, aprĂšs son Bac, se diriger sans discontinuer vers des Ă©tudes universitaires littĂ©raires longues. Dans une discipline qui lui plaisait. A elle, la possibilitĂ©, donnĂ©e par ses parents, de pouvoir croire un minimum en ce qu’elle aimait. A moi, le « littĂ©raire Â» et l’intellectuel, l’aĂźnĂ© de ma famille, la nĂ©cessitĂ© de devoir comprendre dĂšs la fin du lycĂ©e qu’avec un pĂšre qui avait exprimĂ© dĂšs ma quatriĂšme ou ma troisiĂšme que « faire des Ă©tudes longues ne sert Ă  rien ! Â», qu’il me valait mieux bifurquer vers des Ă©tudes concrĂštes et courtes aprĂšs le Bac. Pour trouver du travail et gagner ma vie.

 

 

C’est ainsi qu’aprĂšs mon Bac et mes Ă©tudes d’infirmier, je n’ai fait que des « soubresauts » d’études. Des Ă©tudes d’Anglais Ă  la Fac que je n’ai pas reprises, aprĂšs mon service militaire, encore alors obligatoire. MalgrĂ© les incitations rĂ©pĂ©tĂ©es de ma mĂšre Ă  ce que je reprenne ma licence d’Anglais. Je n’ai jamais eu l’envie de retourner Ă  la Fac aprĂšs mon service militaire, dĂ©goĂ»tĂ© par le caractĂšre trĂšs scolaire de mes deux annĂ©es d’Ă©tudes universitaire. J’avais assez donnĂ© dans les Ă©tudes faites plus par Devoir que par plaisir. Or, jusqu’au Bac, pour moi, faire des Ă©tudes Ă©tait un plaisir. Tout comme Ă©crire m’est un plaisir.

AprĂšs le DEUG d’Anglais obtenu en trois ans, il y avait eu un Brevet d’Etat d’Educateur sportif. Puis, des annĂ©es plus tard, une initiation d’une annĂ©e Ă  la criminologie dans un institut privĂ© dont le crĂ©ateur, Laurent Montet, a ensuite Ă©tĂ© condamnĂ© -en 2019- pour « escroquerie Â». Et dont l’institut de criminologie ne « valait rien Â». Je n’ai pas encore pris le temps d’écrire Ă  propos de Laurent Montet ni au sujet de StĂ©phane Bourgoin, ex spĂ©cialiste des tueurs en sĂ©rie, que j’avais aussi rencontrĂ© (et aussi interviewĂ© Ă  deux reprises).

 

Il y a aussi eu l’obtention d’un certificat professionnel de massage bien-ĂȘtre ; des expĂ©riences de comĂ©dien au thĂ©Ăątre y compris dans quelques projets professionnels ; la reprise de cours de thĂ©Ăątre dans le conservatoire de ma ville ; le passage des deux premiers niveaux de plongĂ©e ; l’apprentissage du roller Ă  plus de trente ans ; la dĂ©couverte de la pratique de l’apnĂ©e ; l’expĂ©rience de journaliste cinĂ©ma y compris au festival de Cannes ; le fait de me constituer des expĂ©riences infirmiĂšres diffĂ©rentes en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie dans des services et des Ă©tablissements diffĂ©rents ; la dĂ©couverte de la pratique de l’apnĂ©e en bassin ainsi qu’en mer.

 

Ce qui constitue un CV plutÎt varié et florissant. Sauf que tout cela ne paie pas.

Au spot 13, ce 22 mars 2022. Aucun rapport avec la rue Verneuil que je cite ci-dessous. Sauf que je prĂ©fĂšre cet art que j’ai vu et que je montre sur cette photo Ă  ce que j’ai vu, rue Verneuil, comme je le raconte….

 

 

Il y a quelques jours, me trouvant dans la rue Verneuil, Ă  Paris, en rentrant du travail sur mon vĂ©lo pliant, je me suis arrĂȘtĂ© devant une agence immobiliĂšre. Le temps de manger quelques chouquettes que je venais d’acheter car je faisais une hypoglycĂ©mie. Il Ă©tait prĂšs de 13h. Il faisait assez chaud. AprĂšs ma nuit de travail, je m’Ă©tais rendu dans la foulĂ©e Ă  un sĂ©minaire de trois heures Ă  nouveau organisĂ© et proposĂ© par Claude Orsel. 

SĂ©minaire au cours duquel, cette fois-ci, Ă©tait intervenu Pierre Sabourin, psychiatrie et psychanalyste, qui s’occupe entre-autres des personnes victimes d’inceste. Il y a des mĂ©tiers plus « lĂ©gers » et plus faciles. Dans un autre article, je ferai sans doute un rĂ©sumĂ© de ce sĂ©minaire. 

Ce samedi-lĂ  ( sans doute ce samedi 19 mars) en parcourant certaines annonces immobiliĂšres devant moi, j’ai bien Ă©tĂ© obligĂ© de me rendre compte qu’il me serait aujourd’hui impossible, si je le souhaitais, d’acheter un deux piĂšces pour la « modique » somme de 498 000 euros.

 

 

Mon ex, qui s’est mariĂ©e avec quelqu’un qui, Ă©galement issu d’un milieu social moyen, est devenu ingĂ©nieur, avait donc raison de me dire il y a plusieurs annĂ©es : 

 

« Je te croyais plus ambitieux Â».

 

On peut avoir bien des « qualitĂ©s Â» et se dĂ©mener. Si cela ne rapporte pas Ă©conomiquement et socialement en termes d’évolution, il arrive un moment oĂč cela ne sert (presque) Ă  rien. ConcrĂštement.

Au Spot 13, Paris, ce 22 mars 2022.

 

 

ConcrĂštement, si j’avais Ă©tĂ© plus ambitieux, il y a vingt ou trente ans, j’aurais pu, aujourd’hui, si je le souhaitais, m’acheter ce deux piĂšces pour la somme de 498 000 euros. En empruntant, bien-sĂ»r. Mais, pour cela, encore fallait-il avoir un plan de vie et un plan de carriĂšre.

 

Car mĂȘme si ce prix est Ă©videmment excessif, j’ai aujourd’hui compris qu’en achetant un tel appartement, rue Verneuil, dans le 7 Ăšme arrondissement que « j’achetais Â» aussi le quartier oĂč il se trouve. Et que cela peut avoir des bonnes retombĂ©es sur ma vie sociale mais aussi sur ma descendance. Que ce soit en termes d’opportunitĂ© sociale mais aussi, pour ĂȘtre Ă  proximitĂ© des bonnes Ă©coles ou des bons lieux de soins. Puisque c’est dans ce monde-lĂ  que nous vivons, que nous avons toujours, en grande partie, vĂ©cu. Celui oĂč, d’un cĂŽtĂ©, certaines personnes, dĂšs le dĂ©but, pensent Ă  leur avenir ainsi qu’à celui de leurs proches et de leurs progĂ©nitures. Et celui, oĂč, ailleurs, bien d’autres, souvent le plus grand nombre, le plus souvent sous l’effet d’une contrainte Ă©conomique, sociale et morale, dĂ©cident ou se rĂ©signent Ă  confier leur destin ou Ă  le voir jetĂ© en pĂąture au « petit bonheur la chance».

Il m’a fallu attendre d’avoir Ă  peu prĂšs la cinquantaine, de m’estimer sans doute un petit peu plus que lorsque j’avais 18 ou 25 ans, donc de devenir plus critique aussi envers la « rĂ©ussite Â» de certaines personnes, et d’ĂȘtre devenu pĂšre pour comprendre ce que certaines personnes avaient plus que compris- et appliquĂ©- bien avant leurs 18 ans
.

J’ai donc l’impression, bien des fois, d’avoir Ă©tĂ©, comme des milliers et des millions d’autres, d’avoir Ă©tĂ© une de ces souris studieuses et « gĂ©nĂ©reuses », mais aussi tarĂ©es, de laboratoire qui ont gaspillĂ© une grande partie de leurs forces dans des conduits les Ă©loignant de plus en plus des « bonnes » issues mais, aussi, des meilleurs dĂ©bouchĂ©s, ou, plus simplement, de plus saines et plus confortables conditions de vie et de travail.

Chez moi, la locomotion a d’autres incidences : Ă  moi les commotions, Ă  d’autres, les promotions.

Et, le fait d’ĂȘtre devenu infirmier, si ce mĂ©tier m’a en effet sauvĂ© et prĂ©servĂ© du chĂŽmage, m’a aussi malheureusement exposĂ© et continue de m’exposer au fait que je continue de faire partie de ces millions de Français, mais aussi de ces milliards d’individus, que l’on peut sacrifier ne serait-ce que socialement. Ou professionnellement : je n’ai rien dĂ©couvert avec le scandale actuel dĂ» Ă  la publication du livre Les Fossoyeurs de Victor Castanet, sorti rĂ©cemment. C’est la raison pour laquelle j’ai refusĂ© d’acheter ce livre : je n’allais pas donner de l’argent pour lire ce que, comme beaucoup d’autres, j’avais pu subir, et continuĂ© de subir, en exerçant en tant qu’infirmier pendant des annĂ©es.  

Dans ce livre, Les Fossoyeurs, il est ainsi Â«Â rĂ©vĂ©lé » qu’une bonne partie de l’argent public qui vient de l’Etat et des contribuables ( donc, de toutes les personnes qui paient leurs impĂŽts dont je fais, comme beaucoup d’autres soignants et non soignants, Ă©galement partie ) a vraisemblablement Ă©tĂ© dĂ©tournĂ© par le groupe privĂ© Orpea Ă  son profit et pour celui de ses membres et actionnaires les plus haut placĂ©s. Alors que cet argent devait bĂ©nĂ©ficier aux pensionnaires, donc aux malades prĂ©sents dans ses EPHAD. Mais aussi Ă  ses salariĂ©s dont des soignants.

 

Il est tant d’autres professions nĂ©cessaires, en France, oĂč, en termes de conditions de travail et salariales, l’on peut ĂȘtre aussi sacrifiĂ© ou nĂ©gligĂ© : pompiers, enseignants, travailleurs sociaux…..

 

Lorsque je lis comme je l’ai lu rĂ©cemment que l’Etat français, dirigĂ© actuellement par Emmanuel Macron ( et qui sera selon moi, et comme le disent les sondages, rĂ©Ă©lu ) ,  s’est engagĂ© Ă  attribuer 15 milliards d’euros Ă  la police sur cinq ans, je me dis Ă  la fois que la police, en tant qu’institution publique en avait bien besoin pour mieux travailler. Mais je me dis aussi que l’Etat français, pour imposer des lois anti-dĂ©mocratiques ou amorales qu’il a prĂ©vu de faire appliquer prochainement, a aussi besoin de pouvoir compter sur ses forces de police. Et, pour cela, quoi de mieux que de commencer par « bichonner » sa police. Car, Ă  ce jour, je n’ai pas entendu parler d’une somme de 15 milliards allouĂ©e par l’Etat, sur cinq ans, aux hĂŽpitaux publics par exemple….

 

Au spot 13, Paris, ce 22 mars 2022.

Je n’aime peut-ĂȘtre pas le mois de mars parce qu’il agrĂšge en lui certaines histoires dĂ©sagrĂ©ables de notre passĂ© avec celles du prĂ©sent et de l’avenir. Et que tout cela brasse en moi des mĂ©moires nĂ©gatives et contraires. Or, je n’aime pas ce genre de cuites mĂ©morielles.  De ces cuites mĂ©morielles, le pire comme le meilleur, peut sortir. Et, sans doute en ai-je une conscience grossiĂšre. Or, tant que la maladie d’Alzheimer oĂč une autre affection mĂ©dicale ou psychiatrique lourde et invasive restera extĂ©rieure Ă  ma conscience et Ă  ma mĂ©moire, les mois de mars, au moins, me le rappelleront tels des aiguillons :

Je ne peux me satisfaire complĂštement de ce que je vis comme de certains Ă©vĂ©nements que j’aperçois.

 

Au Spot 13, Paris, ce 22 mars 2022.

 

 

Les prochaines Ă©lections prĂ©sidentielles auront bientĂŽt lieu en France. La guerre en Ukraine est dĂ©sormais l’actualitĂ©. Ainsi que le prix du litre d’essence qui avoisine les deux euros et le pronostic annoncĂ© de pĂ©nuries alimentaires mais aussi de certaines matiĂšres premiĂšres dans certaines rĂ©gions du monde.

 

 Avec la reprise de la pandĂ©mie du Covid « mais sans plus d’hospitalisations Â» puisque, dĂ©sormais, environ « 80 pour cent Â» de la population française a reçu trois doses ou l’équivalent de trois doses de vaccin anti-Covid, nous pouvons Ă  nouveau, depuis le 15 mars environ, Ă  moins d’un mois des Ă©lections prĂ©sidentielles, nous rendre dans une salle de cinĂ©ma et dans une mĂ©diathĂšque sans avoir Ă  prĂ©senter de pass sanitaire ou vaccinal. Ou mĂȘme nous rendre dans une agence de banque sans masque anti-Covid sur le visage.

 

Mais une infirmiĂšre ou un soignant qui continue de refuser le vaccin anti-Covid reste suspendu de ses fonctions sans salaire comme cela a commencĂ© Ă  ĂȘtre appliquĂ© en octobre de l’annĂ©e derniĂšre. Cela fait donc cinq mois que ma compagne, Ă©galement infirmiĂšre, est suspendue et sans salaire. Et, Ă  mon avis, quel que soit le PrĂ©sident ou la PrĂ©sidente Ă©lue en avril en France, la vaccination contre le Covid restera obligatoire en France au moins encore pendant un an ou deux.

 

 

Tout Ă  l’heure, je me suis dit que dans un vĂ©ritable monde dĂ©mocratique, les dirigeants et aspirants dirigeants de ce pays et de ce Monde s’affronteraient dans des Ă©preuves et des Ă©missions du type Koh-Lantah ou Hunger Games. Et, qu’ensuite, nous, les milliards de votants, d’aprĂšs ce que nous aurions perçu et compris d’eux, nous ferions notre choix. Bien-sĂ»r, il faudrait l’existence de gardes fous pour Ă©viter que des groupuscules armĂ©s, et autres, ne viennent intimider les votants. Mais nous n’en sommes pas lĂ . Nous en sommes « seulement Â» Ă  quelques jours du premier tour des Ă©lections prĂ©sidentielles en France. OĂč il s’agira de « choisir Â» la candidate ou le candidat la plus ou le plus Ă  mĂȘme de nous reprĂ©senter.

Paris, mars 2022.

 

Je ne voterai pas pour Eric Zemmour. Ni pour les Le Pen. Je n’en n’ai aucune intention ( Vivre au temps du Covid avec Eric Zemmour ). Cependant, je me dois de constater qu’en matiĂšre d’ambition, qu’eux, comme les autres candidats de ces Ă©lections prĂ©sidentielles, et celles et ceux qui font partie de leurs « équipes », visibles et invisibles, ont Ă©tĂ© autrement et largement plus compĂ©tents que moi. Et depuis trĂšs longtemps, dĂ©jĂ . Car elles et ils ont su rĂ©partir, bien mieux que moi, leurs efforts, leurs forces, leurs stratĂ©gies ainsi que leurs relations selon leurs ors et leurs ordres de prioritĂ© sociales et Ă©conomiques. Une Rachida Dati, pour moi, est une sorte de quintessence de la rĂ©ussite sociale. Travailleuse, certes. Mais quel sens hors du commun de la stratĂ©gie ! Si je ne me sens aucune affinitĂ© personnelle avec elle, je ne peux qu’ĂȘtre admiratif devant son parcours. Concilier comme elle l’a fait, rĂ©ussite dans ses Ă©tudes, psychopathie (si, si ! il y a de la psychopathie chez elle car pour avoir rĂ©ussi Ă  faire peur Ă  François Fillon, lorsqu’il Ă©tait encore Premier Ministre, il faut bien avoir de la psychopathie en soi ) et carriĂšre politique, me rend admiratif : tout le monde, aujourd’hui, parmi celles et ceux qui, en mĂȘme temps qu’elle elle, ont pu ĂȘtre Ministre, ne peut pas se vanter d’ĂȘtre devenu Maire d’un arrondissement huppĂ© de Paris. 

 

Et, de mon cĂŽtĂ©, si j’ai toujours travaillĂ© depuis l’obtention de mon diplĂŽme d’Etat d’infirmier en 1989, Ă  ce jour, eux (les candidats de ces Ă©lections prĂ©sidentielles) peuvent ou pourraient, s’ils le souhaitaient, s’acheter un deux piĂšces 498 000 euros, rue Verneuil (voire, on serait heureux de leur faire une baisse de prix significative) et moi, non. Par contre, grand lot de compensation, d’ici quelques jours, j’aurai le grand privilĂšge (car cela reste un privilĂšge) d’aller voter en faveur de l’un ou l’une d’entre eux.

 

 

Je ne me plains pas. Tant d’autres sont tellement moins bien lotis que moi. Et je m’en sors beaucoup mieux qu’eux. Je m’en sors avec un peu plus d’estime pour moi-mĂȘme comparativement Ă  il y a quelques annĂ©es. Et en vivant certains plaisirs oĂč je n’ai pas Ă  me mentir ou Ă  mentir Ă  celles et ceux avec lesquels je les partage.

 

Spot 13, Paris, 22 mars 2022.

 

Franck Unimon, ce dimanche 27 mars 2022.

 

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Puissants Fonds/ Livres

Le petit fantĂŽme bleu, Mona Chollet-RĂ©inventer l’Amour

 Le petit fantĂŽme bleu, Mona Chollet-RĂ©inventer L’Amour

 

Cette nuit, j’ai retravaillĂ©. Une de mes collĂšgues m’a rendu la trilogie Pusher ( Pusher III : JournĂ©e de merde pour papa-poule ) de Nicholas Winding Refn que je lui avais prĂȘtĂ©e. Trilogie qu’elle a bien aimĂ©. Elle m’a mĂȘme dit qu’elle s’attendait Ă  « plus violent Â». Qu’elle ne connaissait pas le cinĂ©ma danois.

 

Toujours disponible, avec son sourire, ma jeune collĂšgue ne dit « rien Â» de plus au point que l’on peut croire que c’est Ă  dessein. Car on peut percevoir comme elle est observatrice des autres. Se met-elle en colĂšre ? C’est difficile Ă  savoir.

 

C’est aussi cette nuit que, comme prĂ©vu ( Le couple de la Saint-Valentin/ La femme dans l’homme, ) elle m’a prĂȘtĂ© son livre de Mona Chollet :

 

RĂ©inventer l’Amour.

 

 

A la rĂ©flexion, et je le lui ai dit, j’ai trouvĂ© ça assez « provocateur Â» qu’elle me prĂȘte ce livre dans un service aussi « testostĂ©ronĂ© Â» que celui oĂč nous travaillons. Elle a alors
.souri et m’a rĂ©pondu qu’elle me prĂȘtait ce livre car je lui avais demandĂ© ce qu’elle lisait en ce moment. Une rĂ©ponse imparable.

 

Cette  nuit, entre 3 heures et 5 heures du matin, j’ai lu les cinquante premiĂšres pages de RĂ©inventer l’Amour.  Avec d’autant plus d’intĂ©rĂȘt que je savais que son contenu dĂ©notait dans le service. Dans notre service, pour diverses raisons historiques mais aussi pour certaines nĂ©cessitĂ©s concrĂštes, certaines valeurs et actions « viriles Â» ou dites « masculines Â» peuvent s’exprimer et prĂ©dominer. Mais aussi s’agripper Ă  une certaine façon de penser. Moi, j’apparais sans aucun doute encore comme suspect selon certains de ces critĂšres et pour certains collĂšgues :

Je serais « trop gentil Â» ; « trop patient Â» ; « je discuterais trop Â» et manque, ou manquerais, vraisemblablement de « poigne Â». Ou de rĂ©alisme. Tant physique que verbal.

Si j’ai d’abord dit Ă  ma collĂšgue que, dans le service, j’avais soigneusement dissimulĂ© son livre sous des magazines plus virils consacrĂ©s Ă  l’AĂŻkido et aux Arts Martiaux, je n’exclue plus de m’y montrer avec ce bouquin. Cela pourrait ĂȘtre drĂŽle. 

 

Pourtant, alors que je lisais RĂ©inventer l’Amour, je commençais Ă  faire provision, aussi, de quelques rĂ©serves. Dont certaines se sont un peu confirmĂ©es chez moi.

 

Ce matin, en rentrant du travail, je rangeais mes affaires lorsque j’ai aperçu ma fille qui se cachait derriùre la veste polaire bleue de ma compagne qui est aussi sa maman.

 

 Je l’ai vue pratiquement tout de suite. Je me suis dit que tant que ma fille continuerait de se cacher de cette façon lorsque je rentre, et Ă  jouer Ă  ĂȘtre dĂ©couverte et recherchĂ©e, que ce serait bon signe. Mais aussi, peut-ĂȘtre, que tant que je remarquerais aussi vite en rentrant qu’elle se cache afin d’ĂȘtre vue.

 

Que je n’ai pas tout ratĂ©. Que je ne rate pas tout dans ma relation avec elle, au travers de l’éducation que je lui « donne Â» mais, aussi, lui impose.

 

Dans son livre, RĂ©inventer L’Amour,  Mona Chollet cite deux exemples de couples « rĂ©ussis Â» oĂč l’Amour a tenu toute la vie.

 

Celui d’AndrĂ© Gorz et celui de Serge Rezvani dont je ne connais pas les Ɠuvres.

 

Le sujet de RĂ©inventer l’Amour porte sur L’Amour entre deux adultes consentants. Et non sur l’Amour filial.

 

Et, Mona Chollet, elle-mĂȘme, relate sa joie Ă  avoir rĂ©ussi Ă  garder une relation apaisĂ©e avec son ex-compagnon. Je peux l’envier. Je me suis dĂ©jĂ  demandĂ© comment faisaient les autres pour garder des relations apaisĂ©es avec leurs ex. A ce jour, je n’ai pas rĂ©ussi.

 

Toutefois, je remarque qu’elle comme AndrĂ© Gorz et Serge Rezvani n’ont pas eu d’enfant.

 

Pas le moindre enfant. Par choix. Un choix que je peux comprendre. Si en tant que personne adulte, je considĂšre le fait d’ĂȘtre pĂšre comme une expĂ©rience extraordinaire Ă  vivre en tant qu’ĂȘtre humain, je comprends que d’autres puissent dĂ©cider de s’abstenir de vivre cette expĂ©rience. Car pour extraordinaire que soit cette expĂ©rience, elle est aussi trĂšs personnelle.

 

Cependant, j’ai l’impression qu’il manque « quelque chose Â» dans RĂ©inventer l’Amour, lorsque Chollet parle d’Amour dans le couple, alors qu’elle cite sa propre expĂ©rience et deux couples exemplaires en matiĂšre d’Amour. Sans aucun enfant Ă  proximitĂ© de ces expĂ©riences de couple.

On peut raconter tout ce que l’on veut, de sensĂ©, sur le couple et l’atteinte du couple par le patriarcat. Et de ce qu’il faudrait faire pour Ă©viter la destruction de l’Amour dans le couple. Mais, pour l’instant, si je lis Ă  la lettre son livre, je constate que pour  Chollet, les premiers couples dont l’histoire d’Amour a Ă©tĂ© aboutie qu’elle cite sont des couples sans enfants.

 

MĂȘme si je peux avoir des « choses Â» Ă  corriger dans ma perception du couple et de la vie, le fait d’ĂȘtre parent change donc la donne dans la « durĂ©e d’action de l’Amour Â» au sein d’un couple.

 

Que l’on n’essaie pas de me convaincre qu’un couple avec enfant dispose exactement des mĂȘmes atouts et de la mĂȘme disponibilitĂ© pour l’autre, qu’un couple sans enfant.

 

Que l’on n’essaie pas.

 

 

MĂȘme si le fait d’avoir un enfant peut ĂȘtre un atout.

 

 

Je ne regrette pas, par exemple, malgrĂ© certains efforts, certaines difficultĂ©s et certains de mes doutes, d’ĂȘtre le pĂšre de ma fille. MĂȘme si je suis insatisfait assez rĂ©guliĂšrement de « mes Ă©tats de services Â» en tant que pĂšre. MĂȘme si je suis contrariĂ© de constater mes  infirmitĂ©s en tant que pĂšre et que je m’inquiĂšte de leurs retombĂ©es sur ma fille. 

 

 

Pour ces quelques raisons, aussi, pour essayer de conjurer les Ă©ventuelles retombĂ©es de mes infirmitĂ©s, je tenais, ce matin, Ă  parler un peu de ce petit fantĂŽme bleu qui m’attendait, ce matin, Ă  la maison, en rentrant.

 

Petit fantĂŽme bleu, qui, ensuite, m’a prĂ©sentĂ©/imposĂ© le menu de son restaurant.

 

Comme je n’ai pas rĂ©agi tout de suite lorsqu’elle l’a dĂ©posĂ© prĂšs de moi dans la salle de bain, alors que je rĂ©cupĂ©rais mes affaires de piscine et d’apnĂ©e, ma fille a dĂ©placĂ© le dit menu et l’a rapprochĂ© de moi. J’ai compris qu’il fallait que je le voie. J’ai donc demandĂ© Ă  ma fille :

 

« C’est pour que je commande Ă  manger ? Â».

 

PrĂšs de moi, elle a alors acquiescĂ© avec un sourire d’évidence.

 

On est adulte, contrariĂ©, fatiguĂ© ou simplement concentrĂ© sur diverses pensĂ©es qui n’ont rien Ă  voir avec notre enfant ou qui ont simplement Ă  voir avec notre monde intĂ©rieur (penser Ă  ranger telles affaires pour se prĂ©parer Ă  notre nuit de travail suivante, penser Ă  Ă©crire tel article, ou telles idĂ©es d’articles, faire quelques Ă©tirements pour le dos car on a fait du vĂ©lo en rentrant du travail
).

 

Et votre enfant est lĂ , immĂ©diatement devant vous. Tel un gĂ©nie dont vous avez rendu l’existence concrĂšte. Car vous avez ƓuvrĂ© pour cela. Personne a priori ne vous a forcĂ© Ă  le faire venir. Et, dĂ©sormais, pour quelques annĂ©es, ce gĂ©nie apparaĂźt souvent. Vous regarde et vous Ă©coute, sans que vous vous y attendiez toujours.

 

 

Et ce gĂ©nie vous sollicite. Que votre enfant vous gratifie ou vous contrarie, votre enfant est un gĂ©nie. Vous n’ĂȘtes peut-ĂȘtre pas – toujours-  au courant. Car ce gĂ©nie s’exprime parfois ou souvent sans rĂ©pit en dehors des heures ouvrables de votre tolĂ©rance et de…de votre imagination. Peu importe ce qui s’est passĂ© la veille ou ce que vous venez de vivre. Vous avez travaillĂ© douze heures, dehors en rentrant Ă  vĂ©lo, il faisait 7 degrĂ©s. Tout cela n’existe pas, ne compte pas, pour lui. Il n’est pas au courant. Lui, il sait qu’il ne vous a pas vu depuis la veille, plus de 12 heures auparavant. Pour lui, c’est tout ce qui compte. Et, ça y ‘est, vous ĂȘtes lĂ  devant lui, en chair et en os. C’est le moment oĂč jamais. Vous ĂȘtes donc disponible. Et cherche donc Ă  renouer avec vous. Pour lui, c’est la normalitĂ©. L’anormalitĂ© pour lui, c’est d’avoir Ă©tĂ© sĂ©parĂ© de vous. Entre adultes, il existe  parfois ce rituel prĂ©liminaire, ou, avant de vous solliciter, ce qui est de toute son intention prioritaire, l’autre vous demande :

 

« Ă§a va ? Tu as passĂ© une bonne journĂ©e ? Â». Alors qu’en fait, l’autre n’attend qu’une chose. Vous solliciter ou vous parler d’un sujet prĂ©cis qui, pour elle ou pour lui, nĂ©cessite votre pleine et immĂ©diate attention et adhĂ©sion. L’enfant, lui, s’il va bien et se trouve dans un environnement familial oĂč il se sent en confiance, s’épargne- et vous Ă©pargne- ce genre de salamalecs et de faux-semblant. Plus tard, peut-ĂȘtre, il apprendra Ă  le faire.

 

 

Quoi de plus facile Ă  comprendre. Pourtant, ça, vous qui ĂȘtes Ă©voluĂ©, adulte, intĂ©grĂ©, rĂ©flĂ©chi, vous ne le comprenez pas tout le temps. Vous, pas forcĂ©ment malheureux de votre nuit de travail, pas nĂ©cessairement rejetant, vous avez nĂ©anmoins besoin d’un certain sas entre le monde dont vous venez ; le monde, les humeurs, les diverses transhumances que vous portez en vous et dans lesquelles vous vagabondez encore. Et l’immĂ©diatetĂ© de la demande spontanĂ©e de votre enfant que vous ne prĂ©voyez pas. Que, malgrĂ© votre « expĂ©rience Â» de lui, une fois de plus, vous n’avez pas vu venir. Pour lui, ce sas dont vous avez peut-ĂȘtre besoin, est une abstraction ou une absurditĂ© d’adulte.

 

Il (votre enfant, bien-sĂ»r, nous ne parlons pas de celui des autres)  semble rĂ©guliĂšrement croire que vous avez l’aptitude de lire l’avenir. Mais aussi Ă  lire dans ses pensĂ©es.  Cette demande et cette croyance renouvelĂ©es sont Ă  la fois bon signe. Et rĂ©sultent aussi du fait et de l’évidence que vous faites partie de l’Histoire de votre enfant. Mais aussi que  votre enfant fait partie de la vĂŽtre.  Et que c’est comme ça. Un cercle qui semble alors infini. Et cette Histoire, ce cercle en mouvement, durant quelques heures, vous vous en ĂȘtes extrait, vous l’avez en partie oubliĂ©. Alors que votre enfant, loyal, et toujours magnĂ©tisĂ© par le cercle de cette Histoire, s’en souvient. Il vous en rappelle Ă  la fois le conte, l’existence mais aussi la naissance. Votre naissance.

 

Donc, penser ou croire qu’un couple sans enfant et un couple avec enfant – qui a pourtant conçu cet enfant par amour- ont les mĂȘmes aptitudes, ou les mĂȘmes volontĂ©s, pour rĂ©inventer l’Amour est une erreur. Mais comme je n’en suis qu’aux cinquante premiĂšres pages du livre de Mona Chollet, il est trop tĂŽt pour que j’affirme qu’elle laisse sous entendre ça.  Cet article aura bien-sĂ»r une suite.

 

Franck Unimon, ce mercredi 9 mars 2022.

 

 

 

 

 

 

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Cinéma Corona Circus

The Batman-un film de Matt Reeves

Paris, mardi 1er mars 2022.

The Batman-un film de Matt Reeves

 

 

Ce matin, l’enfant occidental qui est en moi a voulu aller voir le film The Batman, sorti aujourd’hui.

 

Mais l’adulte que je suis l’avait prĂ©mĂ©ditĂ© bien avant d’emmener sa fille au centre de loisirs.  Pour cela, j’ai arrĂȘtĂ© la rĂ©daction de mon article Quelques voies   consacrĂ© aux Arts Martiaux.

 

« Plus sombre, plus cinglĂ© Â», c’est ce que j’ai pu lire sur une des affiches annonçant le film The Batman. Si c’était Ă©crit, c’était pour donner envie. Donc, ce qui est « sombre et cinglĂ© Â» augmente l’envie ou le dĂ©sir.

 

AprĂšs avoir dit au revoir Ă  ma fille au centre de loisirs, j’ai pris le chemin vers mon premier centre de loisirs pour adultes : la gare pour aller Ă  Paris.

 

J’ai commencĂ© par rater le train. J’en ai profitĂ© pour aller acheter des journaux. En dĂ©couvrant le dessin en premiĂšre page, le jeune vendeur s’est d’abord mis Ă  rire. Puis a commentĂ© :

 

« Ah, lui, il faut pas le frustrer
. Â». De qui parlait le jeune vendeur de journaux ĂągĂ© d’une vingtaine d’annĂ©es ? De Batman ?

 

Non, du PrĂ©sident russe Vladimir Poutine aprĂšs sa dĂ©cision d’agresser informatiquement d’abord puis militairement ( ce 24 fĂ©vrier 2022) l’Ukraine. Ce qui provoque une certaine rĂ©action en chaine de tensions internationales diverses. Sa caricature par le dessinateur et journaliste Riss fait la couverture du Charlie Hebdo sorti ce mercredi.

Couverture du journal  » Charlie Hebdo » sorti ce mercredi 2 mars 2022, montrant une caricature du Président russe Vladimir Poutine.

 

Les paroles les plus simples sont parfois les plus justes. Et ce jeune vendeur, que je voyais pour la premiùre fois à la gare d’Argenteuil, a dit beaucoup mieux- et plus- que bien des experts en une seule phrase.

 

Il y a plusieurs jours que nous sommes nombreux, au moins en occident, Ă  regarder le PrĂ©sident russe Poutine appliquer fin fĂ©vrier son plan de destruction de l’Ukraine. Un plan qui daterait au moins de fin dĂ©cembre 2021. Cette simple pensĂ©e me suffit pour admettre que lui et moi avons des centres de loisirs trĂšs diffĂ©rents.

 

Tous les Russes ne pensent pas comme le PrĂ©sident russe Vladimir Poutine. J’ai lu hier, comme d’autres journalistes de cinĂ©ma, envoyĂ© par des attachĂ©es de presse de cinĂ©ma,  un texte du rĂ©alisateur ukrainien SergueĂŻ Loznitsa. Dans ce texte, celui-ci raconte avoir reçu dĂšs le dĂ©but de l’invasion russe des messages de soutien d’autres rĂ©alisateurs russes lui disant leur honte devant cette invasion de l’Ukraine. 

 

Dans le métro parisien, ligne 9, ce jeudi 3 mars 2022.

 

«  Plus sombre et plus cinglĂ© Â», Le PrĂ©sident Poutine l’est sans aucun doute beaucoup plus que le nouveau Batman sorti ce mercredi. Mais je ne ferai pas partie des spectateurs pressĂ©s de voir de prĂšs  Ă  quoi peut ressembler la guerre en Ukraine.  

 

Et, il est sans aucun doute aussi d’autres personnalitĂ©s aussi sombres et cinglĂ©es que l’on ne voit plus ou que l’on n’entend pas, et qui agissent, tandis que nous nous fixons- Ă  raison- sur l’Ukraine depuis quelques jours. Et que nous essayons d’imaginer les consĂ©quences nĂ©fastes sur nos vies finalement trĂšs fragiles de ce conflit s’il se gĂ©nĂ©ralise.

 

C’est aussi parce-que nous n’avons pas toujours l’envie, la force ou le courage de regarder certaines horreurs en face que nous nous rĂ©fugions dans nos loisirs, qu’ils soient chimiques ou non.

Gare de Paris St Lazare, février 2022.

 

 

Remettons-nous « dans Â» Batman et dans la frustration. A la gare St Lazare, dĂšs la premiĂšre porte de validation, malgrĂ© mes prĂ©cautions, un homme s’engouffre derriĂšre moi. Il me « colle Â» pour passer avec et malgrĂ© moi. J’ai du mal Ă  supporter ces « ninjas Â» des transports (peut-ĂȘtre parce-que ce sont principalement des hommes) qui me comptent parmi leurs pigeons voyageurs. Je n’ai rien contre le fait d’aider quelqu’un Ă  passer. MĂȘme si je me doute que cette « complicitĂ© Â» pourrait m’ĂȘtre reprochĂ©e et me valoir un jour d’ĂȘtre sanctionnĂ© financiĂšrement. La fraude est le secret de ces usagers. Et je ne les juge pas pour cette action. Mais je n’aime pas ĂȘtre utilisĂ© sans mon accord. Instinctivement, souvent, alors, ma rĂ©action est un peu limitĂ©e. Je regarde voire dĂ©visage l’intrus. Quelques uns se dĂ©tournent et fuient. Certains, assez rares, ont un moment bref d’hostilitĂ© dans les yeux. Peut-ĂȘtre qu’un jour cela se passera mal entre l’un d’entre eux et moi. Mais je ne peux pas m’empĂȘcher de rĂ©agir Ă©tant donnĂ© la frĂ©quence de ce genre de comportement en rĂ©gion parisienne.

 

Avant hier, une dame africaine sans doute mon aĂźnĂ©e de plusieurs annĂ©es, m’a dit :

« Je passe avec toi Â». Je me suis fait un plaisir de la faire passer. Ensuite, alors que nous nous sĂ©parions, elle m’a remerciĂ©.

 

Le « ninja Â» de ce matin est un homme rĂ©glo. Alors que nous descendons l’escalator vers les lignes de mĂ©tro, Il se sent obligĂ© de m’expliquer que sa carte est « bloquĂ©e Â», commence Ă  sortir son portefeuille pour me prouver qu’il a bien son passe. Je lui rĂ©ponds :

 

 Â« Vous n’avez pas besoin de me montrer. Je ne suis pas contrĂŽleur Â». Et, amicalement, je pose ma main sur son Ă©paule pour le rassurer. Ce geste suffit. Il range aussitĂŽt son portefeuille et nous allons chacun dans notre direction.

Paris, les Halles, Mercredi 2 mars 2022.

 

Je prends une place pour la sĂ©ance de 9h45. Je montre mon billet Ă  l’entrĂ©e du cinĂ©ma. On me demande mon pass sanitaire devenu pass vaccinal. Devoir prĂ©senter son pass sanitaire ou vaccinal pour aller voir un homme-chauve souris sur un grand Ă©cran de cinĂ©ma est une expĂ©rience qu’il fallait assurĂ©ment vivre au moins une fois. Mais je ne fais aucun commentaire Ă  ce sujet.

On me confirme qu’il y avait bien une sĂ©ance Ă  9h. Mais que pour des « grandes productions comme Batman, il y a toujours deux sĂ©ances le matin Â».  

 

 

Je me dirige vers la salle lorsque je reconnais la voix et la musique de Jimi Hendrix. Que fait Jimi Hendrix  dans un complexe de cinĂ©ma UGC ? Une fois de plus, tous ces rebelles et marginaux, crĂ©atifs ou autres, qui se sont crĂ©Ă©s eux-mĂȘmes et ont pu ĂȘtre les Batman d’une autre vie font depuis longtemps partie de la marchandise dont on se sert pour appĂąter et fidĂ©liser le grand public dont je fais partie.

 

A peine vingt mĂštres plus loin, sur ma droite, j’aperçois une trentaine de personnes rassemblĂ©es prĂšs du bar. Non loin des photos d’acteurs et de rĂ©alisateurs prises par Eddy (Eddy BriĂšre). Des photos exposĂ©es maintenant dans ce cinĂ©ma depuis deux ou trois bonnes annĂ©es : Francis Ford Coppola, Mads Mikkelsen
.

 

Les personnes prĂšs du bar ne regardent pas, ne regardent plus ces photos. Elles ont une moyenne d’ñge de 30-35 ans. Elles semblent assez joyeuses, dĂ©tendues. Une femme, Ă  l’écart, Ă  une dizaine de mĂštres, la trentaine Ă©galement, les regarde, un talkie-walkie sous le bras. Elle porte une jupe.

 

Je lui demande : « Qu’est-ce qui se passe ? Â»

 

Elle me rĂ©pond, un peu de haut, assez pincĂ©e :

 

« Comme tous les mercredis, Monsieur, les chiffres des films qui sortent Â».

 

Moi, candide :

 

« Donc, il y a uniquement le personnel du cinĂ©ma
 Â».

 

Elle :

 

« Tout Ă  fait, Monsieur ! Â». Puis, une Ă  deux secondes plus tard, la voilĂ  qui part dans la direction opposĂ©e qui m’a vu arriver.

 

Un film, c’est aussi de la pub et des bandes annonces avant de le voir. Ce que l’on appelle la sĂ©ance. Dans ce cinĂ©ma, les sĂ©ances durent entre 15 et 20 minutes. On en parle rarement lorsque l’on parle d’un film que l’on est allĂ© voir. J’avais dĂ©jĂ  eu le projet d’en parler il y a un ou deux ans. Mais je ne l’avais pas fait. Or, cette pub et ces bandes annonces parlent aussi de notre Ă©poque. Peut-ĂȘtre autant voire davantage que le film que l’on va voir au cinĂ©ma. Donc, nous allons en parler. Avant de parler du film The Batman que je n’ai pas oubliĂ©. Et que j’ai bien vu ensuite.

 

 

Dans la salle de cinĂ©ma, d’abord, lorsque j’arrive avant que la sĂ©ance ne commence, il y a une quarantaine de personnes. Des hommes en majoritĂ©. Moyenne d’ñge : 35-40 ans. Je me rĂ©pĂšte avec la moyenne d’ñge du personnel du cinĂ©ma en train de cĂ©lĂ©brer les chiffres des entrĂ©es des films de la journĂ©e ? Cela peut dĂ©montrer que ce genre de film est peut-ĂȘtre regardĂ© et recherchĂ©  par un public qui ressemble Ă  ce personnel entrevu ou vice-versa. MĂȘme si dans la salle, sans me compter, j’aperçois aussi un homme et une femme, sĂ©parĂ©s par plusieurs rangs, qui doivent bien avoir une cinquantaine d’annĂ©es.

 

La premiÚre annonce qui me marque concerne le festival Série Mania qui se déroulera à nouveau à Lille, du 18 au 25 mars. Je ne suis jamais allé voir ce festival à Lille.

 

Puis la bande annonce pour le film Entre les vagues d’AnaĂŻs VolpĂ© retient mon attention. Il sortira le 16 mars.

 

Suit une pub pour la banque Le CrĂ©dit Agricole. Puis une pub pour le jeu vidĂ©o LĂ©gende PokĂ©mon Arceus «  seulement avec la Nintendo Switch Â». On nous parle ensuite du nouveau Multivan de Wolkswagen.

 

Le cinĂ©ma revient avec la bande annonce pour le film asiatique Moneyboys. On comprend qu’il est question d’un jeune homme qui, pour survivre Ă©conomiquement, devient escort et rencontre d’autres hommes. C’est la honte dans sa famille.

«  Tu mĂ©rites d’ĂȘtre aimĂ© Â» lui dit quelqu’un. Le film me paraĂźt bien.

 

La sĂ©rie Wonderworld nous informe que des femmes et des hommes agissent en toute conscience pour l’avenir de la planĂšte. Cela commence avec le documentaire intitulĂ© L’Arche de Tchernobyl.

 

« Je gĂšre Â», une campagne de sensibilisation du MinistĂšre (de la SantĂ© ou de l’IntĂ©rieur) nous parle de la prostitution des mineurs. Et nous dĂ©livre un numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone Ă  faire afin d’obtenir conseil et assistance : le 119.

 

Juste aprĂšs vient la bande annonce pour le film français Murder Party avec Eddy Mitchell. L’intrigue me fait penser au remake du film 8 femmes rĂ©alisĂ© par François Ozon il y a dix ou quinze ans (en 2002, en fait).

 

Pour faire passer ça, une pub pour le jeu vidĂ©o Horizon Forbidden West « seulement  sur Playstation Â». Et une pub pour le parfum Montblanc Legend Red.

 

AprĂšs, une nouvelle bande annonce pour le film Trois fois rien. Une pub pour la chaine Canal Plus «  Au cƓur de l’émotion Â» avec plein d’évĂ©nements sportifs, des cris et des grandes joies (Foot, course automobile, course moto, beaucoup d’hommes, quelques femmes). A nouveau une bande annonce pour un remake de Cyrano mais cette fois avec l’acteur nain devenu sans doute l’acteur nain le plus cĂ©lĂšbre du cinĂ©ma pour son rĂŽle dans Game of Thrones :

 

L’acteur Peter Dinklage que j’ai du plaisir Ă  revoir aprĂšs son rĂŽle de Tyrion Lannister dans Game of Thrones. La subtilitĂ© de son jeu fait que, dĂ©sormais, on le regarde lui au lieu de son nanisme. Quand je pense que je l’avais vu dans un rĂŽle secondaire au cinĂ©ma dans le film ça tourne Ă  Manhattan (rĂ©alisĂ© en 1995) de Tom DiCillo. A cette Ă©poque, je ne pouvais pas imaginer (et lui aussi sans doute) qu’il deviendrait l’acteur qu’il est aujourd’hui. PrĂšs de trente ans plus tard !

 

Une pub oĂč l’on voit une danseuse reprĂ©senter la joaillerie « Made in France Â» Gemmyo « jeune et joailler Â», une bande annonce pour le film français Goliath inspirĂ© de faits rĂ©els (avec les acteurs et rĂ©alisateurs Gilles Lellouche, Emmanuelle Bercot, Pierre Niney
) et une derniĂšre pub pour des crĂšmes HermĂšs Paris clĂŽturent la sĂ©ance.

 

Si cette description de la sĂ©ance d’avant film a semblĂ© fastidieuse Ă  lire avant d’avoir accĂšs Ă  mon compte-rendu proprement dit du film, cela signifie peut-ĂȘtre que l’on gobe rĂ©guliĂšrement- et depuis des annĂ©es- sans s’en rendre compte des quantitĂ©s d’informations autrement plus imposantes que celles-ci.

 

Le film The Batman, rĂ©alisĂ© par Matt Reeves, Ă  proprement parler, dure 2h56.

 

Je vais ĂȘtre gentil. Je vais Ă©crire tout de suite que ce film axĂ© sur le personnage de Batman, pour moi, n’est ni le meilleur. Ni le plus mauvais. Comme ça, celles et ceux qui n’en peuvent dĂ©jĂ  plus de lire cet article peuvent partir. Pour celles et ceux qui resteront, voici ce que je rajoute.

 

The Batman dĂ©bute par une vision floue. Cette vision floue joue avec nos souvenirs de l’histoire du personnage de Batman. On entend un air classique : L’AvĂ© Maria. Et une respiration Ă©touffĂ©e. On comprend ensuite qu’une maison bourgeoise, gardĂ©e par un policier paisible, est observĂ©e. Dans cette maison, un enfant dĂ©guisĂ©  joue avec une Ă©pĂ©e. Son pĂšre arrive et fait semblant de mourir en tombant lorsque l’enfant, un garçon, le tue avec son Ă©pĂ©e. C’est une scĂšne familiale heureuse. Le bonheur familial qui, on le sait, va disparaĂźtre brutalement. Puisque c’est le jour d’Halloween. «  Un Halloween maussade et joyeux Â».

 

On entend ensuite la voix, forcĂ©ment grave, de celui qui est Batman. Parce qu’une voix grave, c’est ce qui fait le mieux penser, dans un certain imaginaire, Ă  une voix d’outre-tombe. Au mĂȘme titre que la nuit est ce qui se rapproche aussi le plus de la mort. Nous apprenons donc que The Batman, jouĂ© par l’acteur Robert Pattinson,erre telle une Ăąme tourmentĂ©e depuis « deux annĂ©es Â», la nuit. Il se dĂ©mĂšne contre le crime. Mais il n’est qu’un homme et, Ă  ce titre, n’a pas le pouvoir d’ubiquitĂ© des divinitĂ©s.

 

Le crime a pris racine et est tentaculaire dans Gotham. Il se reproduit sans cesse. Batman, homme sans descendance, donc peut-ĂȘtre stĂ©rile, est attachĂ© Ă  cette ville qu’il ne peut quitter et dont la fertilitĂ© s’exprime par les pluies poissonneuses du crime. Mais seul Batman semble souffrir le plus de cette relation sans retour et assez sado-maso. MĂȘme s’il est celui qui cogne le plus fort, Batman souffre davantage que ceux qu’il combat et corrige.

Les malfrats sont comme des poissons dans l’eau dans cette ville croupie. Et les simples citoyens acceptent leur rĂŽle de croupiers et de victimes. Mais il y a pire.  

 

 

Il pleut beaucoup dans The Batman et il fait souvent assez sombre. Pour le rĂ©aliser, on dirait que Matt Reeves a au moins rĂ©visĂ© « son Â» Seven, la trilogie Blade avec l’acteur Wesley Snipes, « son Â» Dark Vador, son Matrix ou son The Crow

L’acteur Robert Pattinson dans le rĂŽle de Batman.

 

Je ne peux pas dire que Robert Pattinson soit ridicule dans le rĂŽle. Mais on dirait qu’il a forcĂ© sur l’écran total pour avoir cette pĂąleur de teint. Et puis, il y a comme une continuitĂ©, malgrĂ© lui, Ă  moins que ce ne soit souhaitĂ©, entre son rĂŽle de vampire qui l’a fait connaĂźtre dans Twilight et ce rĂŽle de chauve-souris humaine. Surtout si l’on se rappelle que le personnage de Dracula a aussi Ă  voir avec la chauve-souris.

On peut par instants trouver au visage de Bruce Wayne, lorsqu’il retire son masque de Batman, des reflets du Joker. Sauf que le jeu de Pattinson le laisse plutĂŽt sur la ligne du hĂ©ros « pur Â», faussement frĂȘle et assez romantique qu’il incarnait dans Twilight. On peut aussi trouver Ă  son cĂŽtĂ© grand enfant reclus et perdu dans son grand manoir des allures de MichaĂ«l Jackson.

 

«  Je suis la vengeance Â» rĂ©pond Batman Ă  quelques voyous qu’il vient rosser. Il y a des phrases bien choisies dans ce film. Des scĂšnes trĂšs bien rĂ©alisĂ©es. Une ville dont les Ă©lites sont Ă  la fois si gangrĂ©nĂ©es par la corruption mais aussi par l’impuissance et le dĂ©sespoir qu’elles font de Batman un homme de Foi religieuse. Et, je crois que je n’avais jamais regardĂ© le personnage de cette façon. CulpabilitĂ©, vengeance, rĂ©demption.

 

J’ai « aimĂ© Â» voir ces Ă©lites dĂ©foncĂ©es. Et l’une d’elle se confesser Ă  Batman : Le proc, qui semble ĂȘtre l’anagramme du porc « rĂ©vĂ©lĂ© Â» par le mouvement #MeToo.

 

Lorsque j’écris que j’ai « aimĂ© Â» : je veux dire que j’ai aimĂ© ce passage oĂč ces Ă©lites puissantes majoritairement blanches et masculines se rĂ©vĂšlent nues, simples, seules, dĂ©sarmĂ©es mais pas sans Ăąme au « club dans le club Â», sursis-purgatoire entre la comĂ©die des apparences Ă  la surface, et la derniĂšre marche vers le trĂ©pas. Dans Gotham, les Puissants sont finalement des morts vivants.

 

J’ai aussi cru apercevoir dans l’image du pĂšre assassinĂ© de Bruce Wayne/ Batman l’assassinat  du PrĂ©sident John F.Kennedy dont une partie de l’AmĂ©rique ne s’est visiblement pas toujours remise un demi-siĂšcle plus tard. Bien que JFK ait Ă©tĂ© moins vertueux qu’il ne l’ait montrĂ©.

Robert Pattinson/ Batman face Ă  Zoe Kravitz/Catwoman

 

Par contre, l’histoire d’amour platonique, car il faut bien une histoire impossible, entre Catwoman et Batman, ne passe pas. Ni l’éternelle course poursuite en voiture que j’ai trouvĂ©e mortellement longue. La Catwoman jouĂ©e par Zoe Kravitz m’a donnĂ© envie que l’on ressuscite celle jouĂ©e par Michelle Pfeiffer. OĂč sont passĂ©es les 7 ou 9 vies de Catwoman ? Je n’en vois que deux dans le film.

Je me demande la raison pour laquelle Zoe Kravitz a Ă©tĂ© choisie pour ce rĂŽle. J’ai plus vu en elle une actrice-mannequin faisant onduler sa voix et ses hanches pour faire « bien Â» lors de certaines partitions du film. Elle fait son travail mais je l’oublierai rapidement dans ce rĂŽle.  Je lui prĂ©fĂšre Michelle Pfeiffer, donc. Ou Carrie-Anne Moss, la Trinity de Matrix. Car il semble que Zoe Kravitz ait essayĂ© de rĂ©aliser un peu la synthĂšse des deux.

 

 

 

The Batman  est aussi un film oĂč il y a de gros roulements de tambour lorsqu’il s’agit d’entourer de musique certaines scĂšnes.

 

Mais le plus frustrant, pour moi, nous reparlons de la frustration, est que je m’attendais Ă  un Batman plus rude. Nous avons dĂ©jĂ  vu un Batman plus rude au cinĂ©ma. Mais je confonds peut-ĂȘtre avec la figure de Rorschach dans l’adaptation cinĂ©matographique de The Watchmen
 (2009).

 

MĂȘme le James Bond incarnĂ© par Daniel Craig dans Casino Royale ( 2006) est plus rugueux. Deux films qui ont plus de dix ans.

 

« Plus sombre et plus cinglĂ© Â», ce The Batman ? Pas tout Ă  fait pour moi.

 

Bon. Je ne regrette pas d’ĂȘtre allĂ© voir le film. Mais j’aurais aimĂ© plus. Mieux. MĂȘme s’il y a eu un gros et trĂšs bon travail rĂ©alisĂ© pour les dĂ©cors.

 

MĂȘme s’il y a des symboles forts : une Catwoman noire. Une maire de la ville de Gotham, hĂ©roĂŻque et noire. Un Lieutenant de police intĂšgre noir( l’acteur Jeffrey Wright). MĂȘme si on se demande comment fait-il, dans une ville aussi pourrie, pour travailler Ă  visage dĂ©couvert nuit et jour sans jamais se faire menacer de mort ? Mais, aussi, quand trouve-t’il le temps de dormir et, Ă©ventuellement, d’avoir une vie de famille ou de couple. Il encaisse aussi particuliĂšrement bien – mĂȘme pas une facture de la mĂąchoire- le crochet de pierre que lui assĂšne Batman. 

 

Peut-ĂȘtre que la faiblesse de ce film est de servir des situations entendues, d’une part, et, d’autre part, de ne pas avoir rĂ©ussi Ă  donner le tournis avec d’autres qui auraient pu faire la diffĂ©rence. Je pense par exemple Ă  ce moment oĂč Batman se rĂ©veille dans le commissariat de Gotham comme s’il Ă©tait dans une souriciĂšre. L’astuce pour s’en sortir fait trĂšs « cheap Â».

 

Vous reconnaissez l’acteur Colin Farell, vous, dans le rĂŽle de Oz/ Le Pingouin ?

 

Autrement, Colin Farrel est mĂ©connaissable et bon. Je ne l’ai pas reconnu. John Turturro est plutĂŽt bon. Paul Dano fait plus que bien mĂȘme s’il a dĂ©jĂ  jouĂ© des rĂŽles assez voisins ( Taking Lives-Destins violĂ©s ( 2004 ), There will be blood ( 2007).

 

 

Pour finir, Ă©couter certains spectateurs aprĂšs le film, dans la salle, m’a amusĂ©.

 

« Moi, je trouve que Catwoman, elle joue mal ! J’suis dĂ©solĂ© ! Â» a dit un jeune homme d’une vingtaine d’annĂ©es, voix grave, cheveux mi-longs, tee-shirt montrant le dessin d’une paire de seins, Ă  trois jeunes femmes avec lesquelles il se trouvait.

 

Plus tard, en sortant de la salle, le mĂȘme a poursuivi :

 

« J’aurais voulu que ce soit un vrai fils de pute ! Â» ; «  En fait, il y a pas de nuances ! ».

 

Peut-ĂȘtre que ce jeune homme, tout comme le jeune vendeur de journaux plus tĂŽt, Ă  propos du PrĂ©sident Vladimir Poutine, a-t’il Ă©tĂ© le plus juste, finalement, avec ses mots trĂšs simples ?

 

 

Dans le mĂ©tro qui m’a ramenĂ© Ă  la gare St Lazare, j’ai entendu un homme expliquer Ă  un autre qu’avec les « 14 jours de rĂ©traction Â» aprĂšs obtention d’un crĂ©dit, cela laissait un mois aux banques afin de placer l’argent et de percevoir des intĂ©rĂȘts. LĂ , aussi, c’étaient des mots trĂšs simples et trĂšs justes.

 

En rentrant chez moi, personne n’a essayĂ© de profiter de moi alors que je quittais la gare en passant la porte de validation. Peut-ĂȘtre Saint Batman me protĂšge-t’il.

 

Franck Unimon, ce mercredi 2 mars 2022.

 

 

 

 

 

 


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