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avril 2021 – Balistique du quotidien
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Argenteuil Pour les Poissons Rouges

Avant de rentrer

 

                                                        Avant de rentrer

 

Avant de rentrer, j’ai passĂ© quelques minutes dans la rue Ă  remuer le ciel.

 

Je trouve que depuis le mois de mars, il y a, de nouveau, comme l’annĂ©e derniĂšre, une trĂšs belle luminositĂ© dehors. Et, tout Ă  l’heure prĂšs du boulevard oĂč se trouve notre immeuble, en regardant vers la gare, le ciel Ă©tait beau. ChargĂ© de nuages et d’histoires. ClairsemĂ© de liserĂ©s de lumiĂšre. Avec le soleil, qui, cachĂ© par les nuages, devenait lune.

Et les gens passaient Ă  pied sans regarder pour aller Ă  la gare. Les voitures tournaient. Les bus passaient. Pendant que d’autres personnes, debout, faisaient la queue devant le laboratoire d’analyses mĂ©dicales.

 

Je me suis dit que c’était parce-que, nous, les ĂȘtres humains, nous sommes devenus incapables de faire attention Ă  ce qui se passe dans le ciel, mais aussi de l’admirer, que nous sommes devenus malades. Que nous avons besoin de faire des analyses. Que nous avons besoin de toutes sortes de drogues. Que nous avons besoins de consoles de jeux.

 

J’ai profitĂ© de ces quelques minutes, dehors, Ă  prendre des photos et Ă  essayer de saisir le soleil. MĂȘme si, en soi, cette partie de la ville n’est pas jolie.

 

Car je me suis dit que tant que j’étais capable d’ĂȘtre content de moments pareils, que tout allait bien. Que je me portais encore suffisamment bien. MĂȘme si, je suis aussi rĂ©guliĂšrement et souvent toutes ces personnes qui, en bien des circonstances, partent faire des analyses mĂ©dicales. Prennent des drogues. Tournent dans leur voiture. Prennent le bus.

 

Sans regarder.

 

 

Franck Unimon, ce vendredi 30 avril 2021.

 

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Corona Circus Crédibilité self-défense/ Arts Martiaux

Lien entre l’immigration et le terrorisme : l’avis d’un homme de mĂ©nage

 

Lien entre terrorisme et immigration : L’avis d’un homme de mĂ©nage

 

Ô, BrĂ»lot !

 

Il est devenu normal de vivre avec des Ă©crans. L’une des diffĂ©rences entre un animal domestique et un Ă©cran, c’est que, souvent, nous devenons volontairement l’animal domestique de nos Ă©crans.

 

On parle de temps Ă  autre de l’enfer qui serait un endroit monstrueux oĂč l’on souffrirait beaucoup. Et lentement. A petit feu. Je crois que l’enfer, c’est aussi l’endroit, la relation et l’expĂ©rience vers laquelle, on se dirige volontairement. Car son accĂšs nous a Ă©tĂ© rendu trĂšs facile, de façon illimitĂ©e, et presque gratuite. Parce-que sa prĂ©sentation est au dĂ©part suffisamment sĂ©duisante et captivante pour nous attirer. Ensuite, peu Ă  peu, ça se gĂąte. Et, gĂ©nĂ©ralement, lorsque ça se gĂąte, c’est un peu plus difficile pour s’en extraire.

 

 

Ticket pour l’enfer ?

 

 

Cet article est-il mon ticket pour l’enfer ? Je devrais peut-ĂȘtre me contenter de faire mon mĂ©nage dans mon coin en restant discret. C’est peut-ĂȘtre ce qu’il y a de mieux pour mon karma. Faire le mĂ©nage. Me taire. Renifler la poussiĂšre en toute discrĂ©tion sans me faire remarquer. Et remercier je ne sais qui, je ne sais quoi, de pouvoir bĂ©nĂ©ficier, en toute tranquillitĂ©, de ce grand bonheur qu’ailleurs beaucoup m’envieraient :

 

 Vivre Ă  peu prĂšs incognito en ayant un travail, en mangeant Ă  ma faim, dans un pays en paix.

 

Mais il y a eu contact tout Ă  l’heure avec un Ă©cran.

 

Peu importe que ce soit avec l’écran d’un tĂ©lĂ©viseur. Peu importe « l’émission Â». Ou la chaine de tĂ©lĂ©. Ainsi que l’heure.

 

Le fait est que les Ă©crans sont partout : consoles de jeu, smartphones, tĂ©lĂ©visions, ordinateurs, tablettes etc
.

 

HD, 4K, pixels, 4G, 5G
. La rĂ©solution et la qualitĂ© de restitution des images- et du son- s’amĂ©liore rĂ©guliĂšrement. Sensiblement. Il y a mĂȘme de la sensualitĂ© dans cette expĂ©rience.

 

Le rendu de ce que l’on voit, de ce que l’on entend ou de ce que l’on filme, prend en photo ou enregistre est de plus en plus extraordinaire. Et nos moyens de diffusion, aussi.

 

Je ne vais pas m’en plaindre : j’en profite aussi en tant qu’usager ou en tant que spectateur.

 

Mais il y a un paradoxe croissant qui semble dĂ©ranger assez peu. La norme est d’avoir des Ă©crans et des images  » de contact » partout en toute circonstance, ainsi que des moyens de distribution et de diffusion de ces Ă©crans et de ces images de « plus en plus faciles Â».  

 

Ce qui m’amĂšne Ă  l’expĂ©rience, banale, que je viens de faire il y a quelques minutes.

En me rendant Ă  ma sĂ©ance de kinĂ©, tout Ă  l’heure, je suis tombĂ©, comme lors de mes autres sĂ©ances, sur la tĂ©lĂ© allumĂ©e, au fond de la salle. Laquelle, diffusait ses images, ses titres et les propos de ses diffĂ©rents intervenants sur le sujet du jour :

 

Lien entre immigration et terrorisme .

 

La cause de ce sujet, rĂ©cemment, (vendredi dernier, je crois), Ă  Rambouillet, dans les Yvelines, une femme flic s’est faite Ă©gorger par un homme. Cet homme serait un immigrĂ©. Et, le grand dĂ©bat auquel j’ai cru assister de loin, comme spectateur, alors que j’effectuais ma sĂ©ance de kinĂ©, c’était :

 

Il faut Ă  tout prix de nouvelles mesures pour rĂ©guler ou interdire l’immigration. Car, sans l’immigration, cet homme, la semaine derniĂšre, n’aurait pas commis ce meurtre monstrueux qui a suscitĂ© une trĂšs « vive Ă©motion Â» ou une « trĂšs forte Ă©motion Â» Ă  Rambouillet. Mais aussi ailleurs.

 

Si j’ai bien rĂ©sumĂ©.

 

 

La semaine derniĂšre, j’avais entendu parler de ce crime. L’avis d’une de mes connaissances avait Ă©tĂ© le suivant : « Celui qui a fait ça Ă©tait un enculĂ© ! Ils ont bien fait de le fumer ! Â».

Beaucoup de personnes pensent comme lui.

 

Evidemment, je trouve le meurtre de cette femme, horrible. Qu’elle soit flic ou pas.

Evidemment, je plains la famille et les proches de cette femme. Evidemment, j’ai de la compassion pour sa famille, ses proches ou voisins sans aucun doute durablement traumatisĂ©s par cette mort et les conditions de cette mort.

 

C’est aprĂšs que je commence Ă  me mĂȘler de ce qui ne me regarde pas. Lorsque, devant cet Ă©cran de tĂ©lĂ©vision, tout Ă  l’heure, j’ai aperçu, distraitement, toutes ces personnes en train de « bĂȘler Â» ou de prĂ©tendument dĂ©battre Ă  propos du sujet du jour :

 

Lien entre terrorisme et immigration.

 

Il y a une forme de colĂšre et d’arbitraire dans mes propos. Je n’ai pas entendu ni Ă©coutĂ© toutes les personnes rĂ©unies autour de cette table, lors de cette « Ă©mission Â» sur une chaine suivie, regardĂ©e et Ă©coutĂ©e par des millions de tĂ©lĂ©spectateurs et d’auditeurs. Et, sans aucun doute que si je l’avais fait, que parmi eux, il en est dont les propos sur le sujet m’auraient rassurĂ©.

 

Mais ce titre, cette accroche racoleuse, destinĂ©e Ă  faire le buzz, Lien entre terrorisme et immigration m’a, dĂšs le dĂ©part, avant mĂȘme d’écouter, placĂ© sur orbite. Ce qui est le but de ce genre de titre et d’accroche. Car Ă  peu prĂšs tout le monde en se fiant Ă  sa vie immĂ©diate et quotidienne, a un avis, ou son avis, sur ce genre de sujet. 

 

On se plaint beaucoup moins de la colonisation-volontaire- de nos consciences par les Ă©crans et les images :

 

On se plaint rĂ©guliĂšrement des travers du monde et de la France. Par contre, on se plaint beaucoup moins de la colonisation- volontaire, consentie et facile- de nos consciences par les Ă©crans et les images que l’on voit, que l’on tĂšte, et auxquelles on s’abreuve dĂ©sormais jour et nuit.

 

 

On se plaint beaucoup moins de la dĂ©sertification, depuis des annĂ©es, des mĂ©diathĂšques, des lieux de rĂ©flexion, de culture,  d’enseignement, de formation de la pensĂ©e et d’analyse.

 

L’abondance et la surabondance de culture, mĂȘme proche, ne suffit pas. Il faut aussi aller vers elle, ses rencontres, ses rĂ©vĂ©lations et ses miracles.

 

 

C’est ultra-facile et c’est l’enfer :

 

 

Or, dĂ©sormais, il suffit juste d’allumer et de regarder son Ă©cran pour se faire livrer, oĂč que l’on se trouve, quantitĂ© d’images et d’informations. Et pour liker. Ou Disliker. Pour kiffer. Ou haĂŻr. Pour encourager. Ou pour harceler.

 

C’est ultra-facile. Et, c’est l’enfer. Ecran tactile, clavier ergonomique, mode enregistreur, fonction vocale, rien de plus simple, rien de plus facile.

 

Il y a mĂȘme tout un tas de cookies, un nom de douceur et de cuisine, que nous avons laissĂ©s entrer dans nos vies et qui sont au courant de la composition de nos navigations sur le net.

 

Un débat facile

 

 

Et, rien de plus facile, aussi, pour ces intervenants, ce matin, sur un plateau de tĂ©lĂ©, pour dĂ©battre sur ce sujet :

 

Lien entre immigration et terrorisme.

 

 

Peu importe que ce sujet, sous une autre forme, ait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© lancĂ©, relancĂ© et titillĂ©, au siĂšcle passĂ© ou mĂȘme plusieurs siĂšcles auparavant.

 

Ce sujet, ou cette thĂ©matique « marche Â». Fonctionne. C’est un pitch, un scĂ©nario qui suscitera toujours de l’intĂ©rĂȘt. Et de l’émotion. Et, de l’émotion, on en a toute une nation Ă  disposition, avec le meurtre de cette femme-flic la semaine derniĂšre.

 

On a dĂ©jĂ  le Covid, la gestion du Covid, les vaccins anti-Covid et ce qu’ils suscitent de craintes sanitaires et de polĂ©miques. On va maintenant « varier Â» , ou faire semblant de varier, Ă  nouveau, avec le sujet du terrorisme et y mĂȘler, cette fois-ci, la sauce de l’immigration.

 

Les Djs du pire :

 

 

Certains de « nos Â» journalistes, mais aussi certaines de nos Ă©lites, sont des Djs du pire.  

 

Ce sont des Djs installĂ©s depuis des annĂ©es, trĂšs bien payĂ©s, et qui n’ont aucune intention de quitter la scĂšne. Puisque c’est le « public Â» mais aussi la loi du marchĂ© qui dĂ©cide de leurs « tubes ». Et qui prime.

 

Car tout le monde a besoin, Ă  un moment ou Ă  un autre, d’un peu de musique pour rythmer sa vie. Pour la sĂ©quencer. La rendre moins monotone. Pour la partager.

 

On aime les mĂ©langes. DĂšs l’instant oĂč, d’un point de vue Ă©ditorial, ça fait du buzz, de l’audimat et du chiffre d’affaires. Que ce soit pour rejeter, exclure, ou pour flirter- Ă  nouveau- avec le fantasme de la puretĂ©:

« Lien entre immigration et terrorisme Â».

 

On aime aussi les mĂ©langes. Lorsqu’il s’agit de saluer, de se fĂ©liciter du succĂšs, de la rĂ©ussite d’une « autre Â», ou d’un « autre Â», pourvu que, lĂ , aussi, cela nous rapporte du buzz, de l’audimat et du chiffre d’affaires :

 

Je pense, ici, bien-sĂ»r, Ă  tous ces enfants et toutes ces personnalitĂ©s « issues de l’immigration Â», hier, aujourd’hui et demain, qui contribuent et contribueront Ă  donner une « bonne image de la France Â». 

« L’image d’une intĂ©gration rĂ©ussie Â». « L’image que la dĂ©mocratie Ă  la Française rĂ©ussit et produit des miracles Â».

 

Oui, la France produit des miracles

 

 

Oui, la France produit des miracles. Je le crois vraiment. Mais en matiÚre de communication et de diffusion des idées et des pensées, la France réussit aussi des miracles de paradoxes selon moi assez meurtriers de façon directe ou indirecte. De façon consciente ou inconsciente. De façon volontaire ou involontaire.

 

 

Et, je vais citer quelques uns de ces paradoxes concernant ce thĂšme du jour :

 

Lien entre immigration et terrorisme.

 

Il y a quelques mois, GĂ©rald Darmanin, notre Ministre de l’intĂ©rieur actuel, Ă©tait tout content d’accĂ©der Ă  cette nouvelle fonction ministĂ©rielle. Je le comprends. Ce nouveau poste, pour lui qui faisait dĂ©jĂ  partie du gouvernement en tant que Ministre, Ă©tait une promotion sociale et personnelle. Promotion bien plus importante, que la mienne, homme de mĂ©nage. Fonction- inventĂ©e ( je ne suis pas homme de mĂ©nage) – Ă  laquelle, pourtant, je ferais sans doute mieux de me tenir :

 

Car on n’obtient, gĂ©nĂ©ralement, que des problĂšmes, dans sa vie, lorsque l’on sort de son rang social de subalterne. Et, je fais- vraiment- partie des subalternes dans la vie. Des personnes obĂ©issantes qui marchent droit. Qui parlent droit. Et qui respectent tant les lois que les reprĂ©sentants de la loi.

 

Toute Ă  sa joie, donc, d’avoir Ă©tĂ© nommĂ© Ministre de l’IntĂ©rieur, GĂ©rald Darmanin, s’est senti autorisĂ© Ă  dire, librement, qu’en tant que « petit fils d’immigrĂ© Â», il Ă©tait d’autant plus content de cette promotion.

 

On a bien lu : « petit fils d’immigrĂ© Â». Alors, voilĂ . Pour moi, c’est trĂšs simple :

 

GĂ©rald Darmanin, en tant que « petit fils d’immigrĂ© Â», n’aurait jamais dĂ» ĂȘtre Ministre de l’IntĂ©rieur ni mĂȘme Ministre de quoique ce soit en France. Puisqu’aujourd’hui, aprĂšs le meurtre de cette femme-flic, le grand dĂ©bat est :

 

Lien entre immigration et terrorisme.

 

Donc, pour moi, Darmanin, en tant que « petit fils d’immigrĂ© Â», aurait toujours dĂ» ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un terroriste avĂ©rĂ© et potentiel. Et, donc, aurait toujours dĂ» ĂȘtre exclu des plus hautes fonctions qu’il occupe actuellement en France.

 

 

Et, c’est pareil pour Nicolas Sarkozy, un de nos ex-PrĂ©sidents de la RĂ©publique, un de nos Ex-Ministres. Un de nos hommes politiques français actuels qui continue de compter dans la vie politique française depuis une bonne vingtaine d’annĂ©es.

 Darmanin, notre cher Ministre de l’IntĂ©rieur actuel,  voit en Sarkozy un modĂšle. Mais, mĂȘme, apparemment, notre PrĂ©sident de la RĂ©publique actuel, Emmanuel Macron voit en Sarkozy une personne indispensable. Car, Ă  ce qu’il se raconte entre hommes et femmes de mĂ©nage, pour ĂȘtre rĂ©Ă©lu PrĂ©sident de la RĂ©publique, Emmanuel Macron, aurait forcĂ©ment besoin de l’appui de Nicolas Sarkozy contre l’électorat de Marine Le pen.

Marine Le Pen est bien-sĂ»r la prĂ©sidente d’abord du FN. Lequel FN, toujours sa prĂ©sidence, a Ă©tĂ© rebaptisĂ©,  RN ( pour Rassemblement National). Marine Le Pen, est la fille de Jean-Marie Le Pen ( ex-PrĂ©sident du FN, pour Front National, parti d’ExtrĂȘme Droite).

 

Cependant, Nicolas Sarkozy a des origines hongroises. C’est donc, aussi, un autre Â«  immigrĂ© d’origine Â». Un « immigrĂ© d’origine », qui, depuis des annĂ©es, je crois, a ses appartements dans le 16Ăšme arrondissement de Paris, un arrondissement de privilĂ©giĂ©s. Mes informations sont approximatives car, je n’ai jamais habitĂ© ou eu les moyens d’habiter dans le 16Ăšmearrondissement de Paris. Je n’ai fait que passer dans certaines rues du 16Ăšme arrondissement ou y prendre le mĂ©tro. Je ne suis pas encore allĂ© faire le mĂ©nage chez lui. Ce qui serait sans doute, pour moi, une trĂšs haute marque de distinction sociale, peut-ĂȘtre l’une des plus hautes que je pourrais obtenir dans ma vie.

Sarkozy, lui, de son cÎté, a été Maire, pendant des années, du 16 Úme arrondissement.

Jamais, en tant que personne « d’origine immigrĂ©e Â», Nicolas Sarkozy n’aurait dĂ» avoir cette possibilitĂ©. Lien entre immigration et terrorisme. Le titre de ce dĂ©bat, ce matin, sur une chaine de tĂ©lĂ©vision de grande audience, est explicite.

 

Je repense Ă  l’extraordinaire acteur Samuel Jackson dans le Django de Tarantino, lorsqu’en plein esclavage, il dĂ©couvre le NĂšgre Ă©mancipĂ©,  Django ( interprĂ©tĂ© par l’acteur Jamie Foxx), montĂ© sur un cheval « comme les blancs ». Je me sens un petit peu comme Samuel Jackson devant Jamie Foxx en parlant des origines immigrĂ©es de Sarkozy ( ou de Darmanin) : selon les rĂšgles strictes du Lien entre immigration et terrorisme, jamais Sarkozy et Darmanin, par exemple, n’auraient dĂ» se retrouver lĂ  oĂč ils en sont dans la vie publique et politique française actuelle. 

 

Comparer Sarkozy et Darmanin Ă  l’exceptionnel travail d’acteur de Samuel Jackson est peut-ĂȘtre trop flatteur pour eux ( en tant qu’acteurs). Mais, cela illustre mon propos et permet, en mĂȘme temps, de faire une petite pause d’humour et de dĂ©tente dans cet article

 

Dans la vraie vie, Nicolas Sarkozy, est actuellement condamnĂ© par la loi française, la loi de ce pays qu’il « aime Â» plus que tout. Nicolas Sarkozy a dĂ©clarĂ© rĂ©cemment en couverture du journal Paris Match,  un journal français plutĂŽt bien « friquĂ© Â» et largement diffusĂ© :

« Ils ne nous dĂ©truiront pas Â». « Ils », ce sont les juges français qui l’ont jugĂ© et condamnĂ© entre-autres Ă  un an de prison ferme. DĂ©cision dont il a fait appel, lui, le grand amoureux de la France qui s’estime, lĂ , ĂȘtre une victime des instances judiciaires de son pays de chair et de cƓur qu’il aurait bien aimĂ© diriger une seconde fois. Et, pourquoi pas, une troisiĂšme fois ?!

 

Pourtant, personne, apparemment, ne lui rappelle :

 

« Nicolas, en tant que « personne d’origine immigrĂ©e Â», tu t’en es plus que bien sorti dans la vie. Fais comme tous les immigrĂ©s attrapĂ©s par la justice de notre beau pays la France. Ferme-lĂ  ! ArrĂȘte de faire ton psychopathe et ton parano qui se croit toujours au dessus des Lois !  Fais ta peine ! Et sois content d’avoir vĂ©cu tout ce que tu as vĂ©cu Â».

 

Au contraire, je lis que plusieurs personnalitĂ©s politiques, de droite comme de gauche, lui ont envoyĂ© des messages de soutien contre cet acharnement de la justice « française Â», dont il serait dĂ©sormais la victime
.

Je lis aussi dans cet article de Paris Match, que, s’il le faut, pour obtenir « justice », Nicolas Sarkozy sollicitera la Cour europĂ©enne des Droits de l’homme….

En attendant, « Monsieur » Sarkozy est libre de parader et de faire la couverture de Paris Match. Tandis que n’importe quel immigrĂ© ou citoyen lambda convaincu d’un dĂ©lit, et dĂ©pourvu des mĂȘmes moyens de dĂ©fense et des mĂȘmes appuis que lui, finit en dĂ©tention( ou est expulsĂ©, s’il s’agit d’un immigrĂ©). Ou a pour seul avenir envisageable, le suicide. Combien mĂȘme il ne s’agit pas d’un terroriste…

 

Ecrire plus :

 

Je pourrais Ă©crire plus. Mais, il ne faut surtout pas Ă©crire trop long. Or, j’ai dĂ©ja Ă©crit beaucoup trop long pour notre Ă©poque :

Cela aurait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© beaucoup mieux de faire une vidĂ©o avec le mĂȘme contenu. Cela aurait sĂ»rement «apportĂ© Â» bien plus de nombre de vues. Mais je suis un aigri et un loser. Ce qui est pire, peut-ĂȘtre, que d’ĂȘtre un immigrĂ© potentiellement terroriste.

Et puis, j’ai du mĂ©nage Ă  faire chez moi. Je garde cette obsession car personne ne fera ce travail Ă  ma place. Et, puis, c’est ma fonction.

C’est ce travail lĂ  que je fais le mieux. Ça, avec prier trĂšs fort aussi pour que la rĂ©daction- et la diffusion- de cet article ne me dirige vers les conduits de la dĂ©pression et d’une dĂ©chĂ©ance morale, voire nationale, irrĂ©versible. J’ai les ambitions mĂ©galomaniaques que je peux.

 

 Mais, j’ai dĂ©jĂ  pris du retard dans mon mĂ©nage. Autrement, j’aurais aussi parlĂ© de l’Affaire du petit GrĂ©gory. Un meurtre qui a marquĂ© la conscience de la France. Un meurtre toujours irrĂ©solu plus de trente ans aprĂšs. Un meurtre monstrueux, aussi. Et, oĂč, pour le peu que je sais, parmi les suspects, aucun immigrĂ© n’est concernĂ©.

 

Je pourrais aussi mentionner le palmarĂšs d’Olivier Fourniret, bien Français, et de son ex-compagne, la resplendissante Monique Olivier. Il ne s’agit pas de sportifs mĂ©daillĂ©s aux jeux olympiques. Mais de personnalitĂ©s qui ont « accompli » des meurtres monstrueux, aussi. LĂ  aussi, aucun immigrĂ© n’est concernĂ©. Mais, ce n’est pas grave. Car il ne s’agit pas de terrorisme. Or, « évidemment », tous les immigrĂ©s sont des terroristes potentiels. En attendant de revenir au sujet sous-jacent dans le sujet Lien entre immigration et terrorisme  qui est – mais, ça, c’est Ă©videmment, cette fois, ma parano d’homme de mĂ©nage dont les pensĂ©es sont Ă©videmment pleines de poussiĂšre et de dĂ©chets qui le croit- qui est que :

« Tous les musulmans et toutes les personnes de couleur sont Ă©videmment des terroristes Â». 

A notre Ă©poque oĂč l’ironie et la nuance peuvent ĂȘtre assez mal comprises, je tiens Ă  prĂ©venir et Ă  prĂ©ciser que je suis ironique, ici :

Je ne crois pas que tous les musulmans et toutes les personnes de couleur de France et d’ailleurs soient des terroristes. J’utilise l’ironie car je suis vĂ©ritablement en colĂšre de voir que des Ă©lites diverses puissent continuer d’utiliser la peur du terrorisme, de l’autre, de l’Ă©tranger, mais aussi l’Ă©motion provoquĂ©e par la mort monstrueuse d’une femme flic ou de toute autre personne, comme on peut utiliser un vulgaire produit marketing ! Et, tout ça, pour faire sa comm’, du chiffre, de l’audimat et pour assurer la suite de sa carriĂšre….

 

Parce-que, il est patent et visible pour tout le monde, que Darmanin et Sarkozy, pour ne citer qu’eux, deux hommes « issus de l’immigration Â», qui ont « rĂ©ussi Â», ne sont ni musulmans ni de couleur.

Cela aurait Ă©tĂ© quelque chose si Darmanin ou Sarkozy,  Macron, ou une personnalitĂ© politique française de premier plan ( Le Pen ? )  subitement, dĂ©cidait de se convertir publiquement Ă  L’Islam.  Ou de se mettre en mĂ©nage avec un noir ou une noire. Ou un Arabe ou une Arabe. Quel message ce serait !

 

Mais je m’égare. J’ai inhalĂ© beaucoup trop de vapeurs d’eau de javel ces derniers temps en faisant le mĂ©nage. En nettoyant les sols et les chiottes.

Et, je m’égare encore en imaginant que toutes ces Ă©lites, politiques et autres, qui participent, sans nuances, Ă  diffuser l’idĂ©e et l’image que immigration et terrorisme sont forcĂ©ment et automatiquement liĂ©es, auront une part de responsabilitĂ© directe ou indirecte dans les prochaines bavures qui concerneront une fille ou un fils d’origine immigrĂ©e. Il leur suffira, alors, de s’indigner lorsque la bavure arrivera et sera mĂ©diatisĂ©e avec la mĂȘme Ă©motion que ne l’a Ă©tĂ© le meurtre monstrueux de cette femme policiĂšre Ă  Rambouillet. Et, cela leur permettra de retrouver une virginitĂ© morale, et « pure », Ă  toute Ă©preuve.

 

Et, je m’Ă©gare toujours – je discute trop avec mes serpillĂšres- en pensant aussi que ces Ă©lites politiques, et autres, qui s’expriment librement, facilement, ont et auront aussi une part de responsabilitĂ© directe ou indirecte dans cette cassure  de la sociĂ©tĂ© française dont elles sont les premiĂšres Ă  se plaindre. Mais aussi dont elles savent se servir -tels des marchepieds- pour se rapprocher de leurs desseins personnels.

J’ai l’esprit mal tournĂ© en pensant ça. Et puis, pourquoi m’agiter avec tout ça, ça ne changera rien. A quoi bon me casser le dos Ă  Ă©crire tout ça. Mon corps sera bien plus utile pour  remplir et vider des seaux ou pour essorer la serpillĂšre.

 

Parvenir au Pouvoir et revenir Ă  l’époque exaltante des brĂ»lots :

 

 

Tout cela n’a rien de nouveau. Au moyen-Ăąge, dĂ©jĂ , et mĂȘme avant, sans doute que bien des Ă©lites avaient dĂ©jĂ  recours aux mĂȘmes mĂ©thodes pourvu que celles-ci puissent leur permettre au moins deux choses :

 

Parvenir au pouvoir. Et revenir Ă  l’époque exaltante des brĂ»lots. ( des textos ?).

Ah, ĂŽ !,  qu’est-ce que c’est beau, un corps qui brĂ»le sur la place publique ! Le corps d’une personnalitĂ© qui nous dĂ©range, qui ne pensait pas comme nous, qui nous contredisait et qui nous mettait peut-ĂȘtre face Ă  certaines vĂ©ritĂ©s qui nous dĂ©rangeaient. Mais qui a eu le malheur de se retrouver isolĂ©e, ou lĂąchĂ©e, par celles et ceux qui auraient pu la sauver ou le sauver du bĂ»cher.

 

Lorsque nous serons revenus au monde des brĂ»lots, nous serons peut-ĂȘtre nombreux Ă  regarder le spectacle depuis nos Ă©crans Ă  haute rĂ©solution. Nous serons peut-ĂȘtre au boulot. Et, nous nous dirons ou penseront peut-ĂȘtre :

 

« Comme c’est beau ! Â».

 

 

Franck Unimon, ce lundi 26 avril 2021.

 

 

 

 

 

 

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Corona Circus VĂ©lo Taffe

VĂ©lo Taffe : Petit Crochet par le musĂ©e d’Orsay

 

 

  VĂ©lo Taffe : Petit crochet par le musĂ©e d’Orsay

 

Ce matin, en sortant du travail, j’ai eu envie de changer un peu d’itinĂ©raire.  GĂ©nĂ©ralement, je passe         « devant Â» le musĂ©e d’Orsay Ă  l’aller comme au retour.

 

Pendant mes premiers trajets VĂ©lo Taffe, non loin du musĂ©e, j’avais aperçu, je crois, Manuel Valls, l’ancien Premier Ministre, qui revenait de son footing. Debout, au bord de la route, attendant de pouvoir passer, il transpirait sans maquillage. Mais aussi sans micro et sans camĂ©ra.

Pour surprenante qu’ait Ă©tĂ© cette image en passant Ă  vĂ©lo devant lui de retour du travail, je l’avais trouvĂ©e complĂštement raccord. Manuel Valls, si c’Ă©tait lui, aprĂšs sa tentative politique manquĂ©e en Espagne,  ne se trouvait pas n’importe oĂč dans Paris.  

Je n’avais pas rebroussĂ© chemin pour vĂ©rifier.

 

Chacune de ces sculptures a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă  la fin du 19Ăšme siĂšcle. Celle de gauche reprĂ©sente l’Afrique. Celle de droite, peut-ĂȘtre celle de l’AmĂ©rique du Nord, si je ne me trompe. Les six sculptures sont des figures fĂ©minines. La plupart d’entre elles portent des armes mĂȘme si elles portent des fruits ou sont accompagnĂ©es d’animaux plutĂŽt connus pour ĂȘtre pacifiques. Ces figures fĂ©minines sont donc loin d’ĂȘtre des incarnations de femmes passives ou soumises mĂȘme si leur poitrine, averse opulente et dĂ©couverte, pourrait d’abord faire penser Ă  des crĂ©atures seulement lascives et dĂ©saltĂ©rantes.

 

Ce matin, en passant, pour changer, rue de Lille, j’ai eu envie de m’arrĂȘter devant le musĂ©e d’Orsay.

 

 

On peut prier jour et nuit. Si on ne croit ni dans la Vie, ni en soi, nos priĂšres sont des cendres et des cercueils. Et nos rĂȘves, des poudriĂšres. A moins d’un miracle.

 

Mais les miracles, ça ne court ni les rĂ©seaux sociaux, ni les magasins. Il n’existe pas de promotion ou de bons plans pour attraper un miracle ou de livreurs prĂ©caires pour nous en apporter aprĂšs avoir passĂ© commande.

 

Il existe peut-ĂȘtre beaucoup plus de miracles inconnus que de miracles dont nous avons entendu parler. Mais nos miracles, il nous faut, malgrĂ© tout, le plus souvent, aller les chercher nous-mĂȘmes.

 

Je n’ai rien contre les religions. Le recueillement, la mĂ©ditation, l’introspection, la respiration, la contemplation, la transe, ce sont des Ă©tats de conscience que j’approche partiellement. Que ce soit par la lecture, la musique, l’apnĂ©e sportive, l’écriture
.

 

Il y a quelques jours, au travail, deux de mes collÚgues implantés depuis plus longtemps que moi dans mon nouveau service, ont commencé à vitupérer contre certaines conséquences de la pandémie du Covid:

 

A cause d’elle «  nous sommes des esclaves ! Â» affirmaient-ils dans un mĂȘme souffle inspirĂ© et catĂ©gorique.

 

J’étais assis face Ă  eux. AussitĂŽt aprĂšs les avoir entendus, je leur ai dit calmement :

 

« C’est vrai que nous avons perdu des libertĂ©s depuis le Covid. Mais je prĂ©fĂšre encore vivre aujourd’hui qu’en 1800. En 1800, je n’aurais pas pu ĂȘtre lĂ  en train de travailler. Sans compter toutes ces libertĂ©s dont on se prive tout seuls
. Â».

 

Mes deux collĂšgues, un de mon Ăąge, et l’autre plus ĂągĂ© de plusieurs annĂ©es, proche de la retraite, se sont tus. Pourtant, ce ne sont pas des timides.

 

Le quotidien, c’est de la banquise. Une fois que ça t’encercle, ça peut te saisir. Il faut de l’agilitĂ©, de l’anticipation mais aussi une certaine mobilitĂ© pour Ă©viter que ça te piĂšge. Pour percer des trous aux endroits oĂč c’est possible. Pour repĂ©rer les trous qui existent dĂ©jĂ . Pour s’assurer que sont restĂ©s suffisamment ouverts ceux qui avaient Ă©tĂ© dĂ©celĂ©s. Et pour passer Ă  travers afin de reprendre son souffle ou pour rejoindre la surface.

 

Pour cela, il faut aussi ĂȘtre un peu curieux. Ou simplement prĂ©occupĂ© de sa survie.

 

Quelques fois, dans l’eau, on peut apercevoir des corps aux regards gelĂ©s dont les reflets crient : « Nous sommes vivants ! Â». Il est trĂšs facile de les croire. Ils sont si beaux.

 

L’Art fait partie des trous dans la banquise.

Au premier plan, une sculpture qui reprĂ©sente l’OcĂ©anie. Cette figure Ă©voque assez le peuple aborigĂšne.

 

 

C’est peut-ĂȘtre pour cette raison que, mĂȘme fermĂ©, ce matin, le musĂ©e d’Orsay m’a donnĂ© envie de m’arrĂȘter. Il est restĂ© silencieux pendant les quelques minutes que j’ai passĂ©es prĂšs de lui. J’en ai profitĂ© pour me raconter des histoires avec ces statues.

 

Certains petits crochets font du bien.

 

 

Franck Unimon, ce samedi 24 avril 2021.

 

 

 

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Chemin de halage

Sur le chemin de halage entre Argenteuil et Epinay sur Seine. Vers Argenteuil et la A15, ce mercredi 7 avril 2021, un peu avant midi.

                                                      Chemin de halage

 

Je suis parti interroger mon corps. J’avais besoin d’informations. Il a bien voulu se laisser faire. MĂȘme si, au prĂ©alable, il m’a fallu tout un tas de prĂ©paratifs. C’en Ă©tait ridicule. C’était beaucoup plus simple lorsque j’étais plus jeune.

Mais, lĂ , avais-je les bonnes chaussures ? Mes chaussettes Ă©taient-elles assez minces pour ne pas trop martyriser mes petits pieds ? Car les baskets, pendant le footing, avec le poids du corps et l’afflux du sang, ça comprime.

La veste. Avais-je la bonne veste ? Non, pas ce k-Way- lĂ  dans lequel j’allais suer tel un champignon rissolĂ© mais plutĂŽt celle en goretex. Si je l’avais achetĂ©e, c’était bien pour qu’elle me serve. Ah, oui, mes clĂ©s. Juste celles dont j’avais besoin. Je n’aime pas quand ça fait bling-bling quand je cours. Peut-ĂȘtre parce-que je crains que l’on confonde le bruit des clochettes avec celui du mouvement de recul de mes testicules.

Et, la petite compote, facile Ă  avaler, ça peut servir en cas d’hypoglycĂ©mie. Avale-donc un peu d’eau avant de partir. Tu as la bouche sĂšche. Et un petit bout de chocolat, aussi, car la matinĂ©e est avancĂ©e. Tu as pris ton petit-dĂ©jeuner il y a plus de quatre heures. Et, on dirait que tu commences Ă  avoir faim


 

J’ai rajoutĂ© un masque anti-covid que j’ai mis dans une de mes poches. J’ai ouvert la porte de l’appartement et me suis engagĂ© sur le palier
.une pensĂ©e.

 

J’allais partir sans mes clĂ©s posĂ©es Ă  l’entrĂ©e.

 

J’ai attrapĂ© mes clĂ©s, un peu contrariĂ©. Enfin, j’étais prĂȘt. Un vrai mariĂ©. 

 

Dehors, la tempĂ©rature extĂ©rieure Ă©tait de 7 degrĂ©s. Mais, plus froid, ça n’aurait rien changĂ©. Je reste Ă©tonnĂ© de voir que certaines personnes attendent qu’il fasse chaud pour sortir le vĂ©lo ou faire un peu de sport. « Viens, on va se mettre au sport, il fait beau, aujourd’hui Â». Mais lorsque les tempĂ©ratures augmentent, notre corps se dĂ©shydrate plus vite. C’est rapidement la transe ou le sauna. Il faut ĂȘtre entraĂźnĂ©, condamnĂ© ou se prĂ©parer Ă  aller courir dans le dĂ©sert pour sortir faire du sport en pleine chaleur. Ou, bien-sĂ»r, ne rien changer Ă  sa vie sportive habituelle lorsque l’on a en une. Cela est assez oubliĂ©, mais l’un des propos du sport est aussi de nous prĂ©parer Ă  nous adapter Ă  notre environnement immĂ©diat (riviĂšre, escalade, barriĂšre de corail ou autre obstacle naturel ou mental se trouvant sur notre passage…). Cela dĂ©passe le simple fait de perdre des calories et du gras afin d’ĂȘtre suffisamment « slim » pour la sĂ©ance plage ou photo. La pratique sportive, seule, ne suffit pas Ă  faire de nous des aventuriers ou des guerriers redoutables. Mais elle peut nous aider Ă  nous Ă©lever au delĂ  de certaines de nos faiblesses.

 

Ces faiblesses peuvent aussi bien ĂȘtre d’avoir le souffle court ou d’avoir le rĂ©flexe de facilement croire ou penser que tout ce qui vient de nous est forcĂ©ment nul. Pratiquer rĂ©guliĂšrement et Ă  son rythme. En restant proche de la limite du plaisir. Cette rĂšgle est valable pour beaucoup de disciplines. 

 

A « l’ancienne Â» :

 

Je fais toujours mes footing Ă  « l’ancienne Â» : comme je l’ai appris Ă  l’adolescence.

Pas d’écouteurs dans les oreilles. Pas de podomĂštre. Pas de cardio frĂ©quencemĂštres, de montre connectĂ©e. Je prĂ©fĂšre. 

Si je laisse mon tĂ©lĂ©phone portable allumĂ©, c’est davantage pour connaĂźtre la distance parcourue, peut-ĂȘtre en cas d’appel ou de message important. Ou pour faire des photos. Surtout, aujourd’hui. Il fait beau. Et, ce matin, vers 7h, j’ai repensĂ© au viaduc oĂč la jeune Alisha est morte le 8 mars dernier.

 

Si je ne disais que ça, je paraitrais ĂȘtre sous l’emprise d’un atavisme morbide.

 

Inconsolable

 

 

Lorsque ce matin, j’ai eu l’idĂ©e d’y retourner, j’ai d’abord pensĂ© appeler cet article Inconsolable. Dans la musique que j’écoute dĂ©sormais, Jimi Hendrix avait remplacĂ© AgnĂšs Obel depuis longtemps. AgnĂšs Obel dont un critique avait Ă©crit, il y a quelques annĂ©es, qu’au dĂ©but d’un de ses concerts, concert auquel il avait assistĂ©, il avait d’abord eu l’impression qu’elle sortait d’un rĂ©frigĂ©rateur. Tant sa musique Ă©tait froide. Si j’avais aimĂ© et enviĂ© cet humour, le critique avait nĂ©anmoins remarquĂ© qu’à mesure de l’écoute, la musique d’Obel avait fini par l’atteindre.

 

En Ă©coutant Jimi Hendrix, ce laveur de solo, ce technicien de toute notre surface cĂ©rĂ©brale mais aussi crĂ©pusculaire, j’avais fini par comprendre la raison pour laquelle, mĂȘme si j’ai dansĂ© sur ses titres, j’ai toujours conservĂ© une rĂ©serve envers Prince, ce gĂ©nie musical. Je me rappelle d’un article oĂč l’on parlait de la guitare de Prince, comme de son « arme de destruction massive Â». Mettez vos oreilles au contact du coffret Songs for Groovy Children , lors des concerts donnĂ©s par Jimi Hendrix fin 1969, dĂ©but 1970 et vous changerez d’avis. Prince devait avoir 12 ou 13 ans en 1969. Il a sĂ»rement entendu parler de ce concert, et encore plus d’Hendrix.

Quand je pense qu’il a fallu payer « seulement Â» 6 dollars ( les dollars de l’époque) pour voir Hendrix en concert en 1969.

 

Un de mes collĂšgues m’a dit rĂ©cemment : « Lorsque des gens disent que Prince Ă©tait un trĂšs grand guitariste, ils mentent. MĂȘme si c’était un gĂ©nie Â». On peut trouver ce jugement ingrat. A moins d’avoir Ă©coutĂ© Hendrix et de se rappeler, Ă  nouveau, qu’Eric « God Â» Clapton, lui-mĂȘme, avait pris peur en dĂ©couvrant Hendrix sur scĂšne en Angleterre, dans son royaume uni. J’ai lu que Clapton peut raconter qu’il avait en quelque sorte trouvĂ© son rythme de croisiĂšre avec son groupe (loin d’ĂȘtre des musiciens amateurs) et qu’il se croyait Ă©tabli. Lorsque Hendrix, arrivant des Etats-Unis, a dĂ©barquĂ© sur scĂšne. Hendrix qui avait, Ă  ses dĂ©buts, tournĂ© un peu avec Ike Turner, avant que celui-ci, selon certains dires, en aurait eu assez. Car Hendrix prenait trop de solos. En Ă©coutant le coffret de Songs For Groovy Children, la durĂ©e des titres ( plusieurs dĂ©passent la dizaine de minutes) et la « longueur » des solos de Jimi Hendrix, on peut s’amuser Ă  imaginer la tĂȘte d’Ike Turner s’il avait Ă©tĂ© sur scĂšne dans ces moments-lĂ . 

Hendrix n’Ă©tait pas un artiste de foire. Et il Ă©tait encore moins prĂȘt Ă  rester enfermĂ© dans une cage tel un hamster auquel on viendrait parler de temps en temps. Sa musique, dans ce coffret, m’a tellement consolĂ© qu’en l’écoutant, j’avais envie de pleurer. Le bibliothĂ©caire Ă  qui j’en ai parlĂ© a paru surpris. Alors qu’il avait Ă©tĂ© le premier Ă  avoir un air un peu navrĂ©, lorsqu’il y a quelques mois, je m’Ă©tais dĂ©cidĂ© Ă  emprunter une anthologie de Johnny Halliday. Oui, Johnny Halliday. Dans un magazine de musique rĂ©putĂ©, j’avais lu une bonne critique sur un de ses albums qui datait des annĂ©es 60 ou 70. Je « savais » peut-ĂȘtre dĂ©ja que Johnny avait sollicitĂ© Hendrix afin que celui-ci fasse sa premiĂšre partie. Par contre, je savais beaucoup moins que Johnny et Jacques Brel Ă©taient trĂšs proches. Dans la musique, comme en art et dans la vie d’une façon gĂ©nĂ©rale, les gens les plus ouverts et les plus rock’n’roll, peuvent ressembler assez  peu Ă  celles et ceux Ă  qui l’on s’attendait en prime abord. 

Bien que nos yeux soient souvent des guichets ouverts, nous regardons souvent celles et ceux qui nous entourent tels des aveugles…

 

Tout amateur de musique attend ces moments oĂč l’artiste va lĂącher un solo. Et oĂč ce solo le saisira le plus longtemps possible. Dans le coffret Songs for Groovy Children, Hendrix en lĂąche, des solos. Ce faisant, il les tient en laisse bien au delĂ  de la durĂ©e rĂ©glementaire. Et, sa voix ! Ce Blues. Solo/voix, solo/voix. Cela pourrait ĂȘtre deux personnes. C’en est une. Et, avec Hendrix, ses deux autres musiciens, basse, chant, batterie qui suivent et sont loin d’ĂȘtre des scissions secondaires.

 

 

Cependant, avant Jimi Hendrix, j’avais rĂ©Ă©coutĂ© le Zouk de Jean-Michel Rotin. Un autre style. Un artiste plus « rĂ©cent », encore vivant, que j’ai sans doute trĂšs mal prĂ©sentĂ©.

 

 

Depuis, Jimi a Ă©tĂ© remplacĂ© ( le coffret Songs for Groovy Children, fastueux) par le concert d’Aretha Franklin Live at filmore West. J’ai empruntĂ© ce cd, avec d’autres, avant que le nouveau confinement dĂ» Ă  la pandĂ©mie ne « close Â» Ă  nouveau les mĂ©diathĂšques et autres lieux estimĂ©s « non essentiels Â».

Non-essentiels :

 

 Les deux artistes, Jimi Hendrix et Aretha Franklin ont rĂ©alisĂ© ces performances sur scĂšne vraisemblablement dans le mĂȘme festival, mais Ă  un ou deux ans d’intervalle.

 

 

On imagine un certain nombre de duos entre deux artistes que l’on aime bien. MĂȘme si, souvent pour des histoires d’ego et de sous, la plupart de ces duos ou de ces collaborations, sont morts nĂ©s. Un artiste en plein Ă©panouissement poursuit souvent une trajectoire vers ce qu’il pense ĂȘtre son chemin. Et, personne ne peut ou ne doit le faire en dĂ©vier, sauf s’il le dĂ©cide. Aretha Franklin, par exemple, Ă  ce que j’ai lu, toute croyante et fervente chanteuse de Gospel qu’elle Ă©tait, n’aspirait Ă  rien d’autre qu’ĂȘtre la meilleure et a considĂ©rĂ© d’autres chanteuses comme ses rivales, forcĂ©ment moins lĂ©gitimes qu’elle (Natalie Cole, Diana Ross
.)

 

 Ce matin, j’ai pensĂ© Ă  un duo Jimi Hendrix/ Aretha Franklin. Il n’y avait peut-ĂȘtre pas de rivalitĂ© entre les deux. Je ne sais pas s’ils se sont parlĂ©s ou rencontrĂ©s.

 

AprĂšs Aretha Franklin, j’ai Ă©coutĂ© le dernier album d’Aya Nakamura. Aujourd’hui, Aya Nakamura est une vedette internationale. On a pu voir des images du footballeur brĂ©silien, Neymar, superstar du Foot, et de l’équipe du PSG, danser sur son titre Djadja. Youtube n’existait pas Ă  l’époque d’Aretha Franklin et de Jimi Hendrix.

 

 

 

J’aime la musique d’Aya Nakamura. Et ce n’est pas la premiĂšre fois que je la cite. Mais en dĂ©couvrant son album (achetĂ©  hier Ă  la Fnac St Lazare demeurĂ©e ouverte, en pleine pandĂ©mie du Covid, alors que la mĂ©diathĂšque de ma ville, pour les mĂȘmes raisons, a Ă©tĂ© obligĂ©e de fermer son accĂšs au public depuis samedi dernier), j’ai bien Ă©tĂ© obligĂ© de constater que, comme me l’avait fait remarquer un des employĂ©s de la mĂȘme Fnac il y a environ deux ans, les paroles des chansons d’Aya Nakamura sont loin d’ĂȘtre
. des.prophĂ©ties.  Les gros mots ne me dĂ©rangent pas. C’est surtout le projet des textes :

 

«  Je t’ai aimĂ©. Tu m’as dĂ©sirĂ©. Tu m’as menti. Tu m’as trahi. Tu m’as pris pour une conne. Tu parles sur moi. Tiens, prends, ça dans ta figure. Et encore, ça. Je suis libre, j’ai de la fibre, je t’emmerde. Et je peux vivre sans toi. En plus, j’ai beaucoup de succĂšs. Et, toi, tu n’as rien. Qui te connaĂźt ?!  Tchip !».

 

ça fait trois albums que ça dure, et ça peut encore continuer comme ça longtemps puisque ses chansons ont du succĂšs. Je ne discute pas les atouts de sa musique. En Ă©coutant ses paroles, je comprends qu’une certaine jeunesse, en grande partie fĂ©minine dans un monde encore rĂ©glĂ© par et pour les hommes, puisse s’identifier Ă  ses Ă©mois ainsi qu’Ă  ses « exploits » ( sexuels, affectifs, Ă©conomiques ou autres).

Et puis, la musique d’Aya Nakamura donne particuliĂšrement envie de danser, toutes gĂ©nĂ©rations confondues. Ce qui est important pour toute personne qui aime danser ou qui est plutĂŽt Ă  l’aise pour le faire. Ce que peut avoir beaucoup de mal Ă  comprendre toutes celles et ceux, pour qui, le simple fait de taper nerveusement du pied suffit pour danser. Mais aussi celles et ceux qui voudraient dĂ©cortiquer du Shakespeare ou, pourquoi pas, du CĂ©saire, en toute circonstance.

La musique d’Aya Nakamura emballe tout le corps Ses titres, limitĂ©s Ă  3 ou 4 minutes, semblent Ă©tudiĂ©s pour ça. Ses phrases sont trĂšs simples Ă  retenir. Et, j’imagine trĂšs facilement un public conquis rĂ©pĂ©ter ses paroles en choeur en plein concert avec une trĂšs grande spontanĂ©itĂ© libĂ©ratrice. Et, aussi, frondeuse. 

 

Je constate bien, depuis que j’ai commencĂ© Ă  Ă©couter son album hier que deux ou trois titres me pendent Ă  l’oreille, tels Doudou ou Mon chĂ©ri, au moins. Si bien que je dois faire un effort pour remettre l’album d’Aretha Franklin afin de bien choisir le titre que je compte vous prĂ©senter. Alors que, spontanĂ©ment, j’ai surtout envie de remettre le Cd d’Aya Nakamura. Alors que je « sais Â» comme l’album live d’Aretha Franklin est plus que bon. Et qu’Aya Nakamura n’approchera sans doute jamais de sa voix les contrĂ©es et les inspirations qu’Aretha est allĂ©e chercher et a fait descendre sur terre pour qu’on puisse les entendre. Mais aussi, que mĂȘme en matiĂšre de « vice »,  Soeur Aretha Ă©tait encore bien plus indocile que petite soeur Aya. Amen.

 

Travailler, travailler, travailler :

 

Je ne doute pas non plus qu’Aya Nakamura soit une travailleuse dans sa veine artistique et musicale. Ainsi que celles et ceux qui l’entourent et la conseillent plutît bien.

 

 

 

Dans le dernier numĂ©ro du magazine Self &Dragon, il est demandĂ© au comĂ©dien Bruno Putzulu, un comĂ©dien dont j’aime beaucoup le travail et que j’avais aimĂ© voir au cinĂ©ma dans le film L’AppĂąt, film qui m’avait marquĂ© Ă  sa sortie au dĂ©but des annĂ©es 90, de feu Bertrand Tavernier- rĂ©alisateur dĂ©cĂ©dĂ© rĂ©cemment – les conseils qu’il pourrait donner Ă  quelqu’un voulant se lancer dans le mĂ©tier de comĂ©dien.

 

 

Pour pouvoir espĂ©rer rĂ©ussir dans le mĂ©tier de comĂ©dien, Putzulu commence par rĂ©pondre qu’il conseillerait Ă  un (e) apprenti( e ) comĂ©dien (ne) de :

« Travailler, travailler, travailler Â».

Putzulu connaĂźt Ă©videmment son sujet. Mais je vais pourtant le contredire. D’abord, en tant que comĂ©dien, mĂȘme s’il vit de son mĂ©tier, il fait partie de ces trĂšs bons comĂ©diens, qui sont Ă  mon avis sous-employĂ©s. Des comĂ©diens auxquels on ne propose pas des « grands rĂŽles Â» leur permettant d’étaler vĂ©ritablement ce qu’ils savent faire. Parce-que l’on ne pense pas Ă  eux. Parce-que l’on ne les choisit pas. Et, cela n’a rien Ă  voir avec leur capacitĂ© de travail.

 

Et que l’on ne me parle pas de la « grĂące Â». Parce-que, personne ne trouve Samuel Jackson ou Joey Starr ou Jean-Pascal Zadi Tout simplement Noir), ni mĂȘme Omar Sy Yao, Police-un film d’Anne Fontaine ) gracieux. Pourtant, personne, aujourd’hui, ne contestera leur « particularitĂ© Â», leur « originalitĂ© Â», leur « style Â», leur « personnalitĂ© Â» ou leur « talent Â». Parce-que, entre leurs dĂ©buts, et maintenant, ils ont chacun, de diffĂ©rentes façons, rencontrĂ© le succĂšs. Et se sont rendus « dĂ©sirables ». 

 

Et, le succĂšs, tout comme le dĂ©sir, lorsque tu Ă©volues dans un domaine artistique et public, ça se respecte voire ça se gĂšre ou ça se craint. Car cela reprĂ©sente un jackpot Ă©conomique potentiel si tu fais partie du « deal » ou de l’entourage immĂ©diat du poulain ou de la pouliche qui est trĂšs en vue ou qui peut remporter d’autres grands prix. 

 

Que tu t’appelles Aya Nakamura, Aretha Franklin ou Jean-Pascal Zadi. Peu importe le message que tu passes ou que tu essaies de faire passer. Peu importe que, dans le cas d’une Aretha Franklin, Martin Luther King soit venu dormir chez ton pĂšre, lors de certains meeting, ou que tu aies fait des concerts, gratuitement, en soutien pour le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis dans les annĂ©es 60. Ou que, comme Aya Nakamura, tu parles de ruptures sentimentales, et de mecs qui n’assurent pas.

 

Le succĂšs, ça se respecte, et, il n’y a pas de rĂšgle Ă©tablie pour y parvenir. On peut se dĂ©foncer toute sa vie pour rĂ©ussir. Y compris avec son derriĂšre. Et Ă©chouer. C’est ça, le secret que tout le monde connaĂźt. Et pour enterrer un peu plus l’idĂ©e selon laquelle, la grĂące permettrait de diffĂ©rencier une personne qui en a d’une autre qui en serait dĂ©pourvue, on va se rappeler que, pour certaines et certains, la grĂące est tout de mĂȘme bien mise sur orbite, ou « aidĂ©e », par l’entourage stratĂ©gique que l’on connaĂźt, et le moment, aussi, oĂč l’on apparaĂźt en public. Ensuite, c’est Ă  nous de jouer. Soit on fait tout de travers. Soit on « fait le travail » pour lequel on a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©. 

 

Cependant, pour rĂ©ussir, il faut bien, Ă  un moment ou Ă  un autre, rencontrer, dĂ©cider ou dĂ©rider quelqu’un qui jettera sur notre trajet un peu de cette de poudre magique qui nous permettra de rĂ©ussir. Et, rĂ©ussir, qu’on le veuille ou non, cela signifiera toujours rĂ©ussir Ă©conomiquement. 

Ce que n’ont toujours pas compris quantitĂ©s d’idĂ©alistes et d’abrutis- dont je fais partie- qui se condamnent d’eux-mĂȘmes. C’est parce-que je me suis condamnĂ© Ă  faire partie des invisibles et des ratĂ©s du box-office Ă©conomique que je fais partie des abrutis.  

 

 

Si des professions comme les professions soignantes sont maltraitĂ©es de maniĂšre rĂ©pĂ©tĂ©e, c’est aussi, parce-que, Ă  moins d’ĂȘtre une personnalitĂ© trĂšs mĂ©diatisĂ©e ( ça existe parmi quelques soignants gĂ©nĂ©ralement mĂ©decins ou psychologues), la majoritĂ© des soignants sont des anonymes, donc, Ă©loignĂ©s du « succĂšs » public mais, surtout, Ă©conomique. Lorsque l’on contribue Ă  sauver une vie, par exemple, cela ne fait pas des millions d’entrĂ©es au box-office. Cela ne fait pas vendre de la pub, du pop corn ou du coca-cola. Il n’existe pas de festival de Cannes du soin qui serait convoitĂ© et visitĂ© par des millions de spectateurs, avec limousine, grandes cĂ©lĂ©britĂ©s et retransmission mĂ©diatisĂ©e dans le monde entier de l’Ă©vĂ©nement. Alors, au mieux, on « admire » les soignants ou on les applaudit. Et, tout ordinairement, on peut les nĂ©gliger. On peut aussi les plaindre car cela ne coĂ»te pas grand chose non plus. Pourtant, les soignants, comme bien d’autres gens, des artistes inconnus, ou d’autres personnes exerçant dans d’autres professions, sont des travailleurs. Mais pas de petite poudre magique pour eux afin d’amĂ©liorer leur statut ou leurs conditions de travail. Pour eux, et pour tant d’autres- les invisibles et les ratĂ©s du box-office de la rĂ©ussite Ă©conomique- la vie sera dure. Les conditions de travail. Le salaire. L’Ă©pargne ou la retraite. La santĂ©. Tout sera susceptible d’ĂȘtre dur ou de le devenir pour eux, s’ils n’apprennent pas Ă  encaisser et Ă  esquiver.

A un moment donnĂ©, soit, on sait encaisser. Soit, on se fait lessiver. 

Enfin, si les polars connaissent autant de succĂšs, c’est aussi parce qu’ils racontent souvent l’histoire de grĂąces et d’innocences qui ont Ă©tĂ© saccagĂ©es. Et nous connaissons, intimement, ce genre de vĂ©ritĂ©s. Donc, travailler, travailler, travailler, ne suffit pas.

 

C’est Ă©tonnant comme le simple fait de reprendre les footing peut  vous dĂ©vergonder. J’étais plus Ă©teint que ça en partant courir ce matin.

La « petite » Aya Nakamura, elle, avait compris tout ça bien plus tĂŽt que moi, et sans avoir besoin de faire des footing. C’est pour ça qu’elle a rĂ©ussi et, qu’aujourd’hui, elle peut nous faire danser.

 

 

 

La librairie Presse Papier :

Il y a quelques jours, un collĂšgue habitant aussi dans ma ville, a un moment fait allusion Ă  la mort d’Alisha ( Marche jusqu’au viaduc). Mais c’était pour lui un Ă©vĂ©nement comme un autre. Il a vite occupĂ© ses pensĂ©es Ă  tenir sa tasse de cafĂ© ou Ă  d’autres sujets. ( Quelques jours plus tard, sans que cela ait Ă©videmment de rapport avec le dĂ©cĂšs de la jeune Alisha,  j’apprenais que ce collĂšgue avait attrapĂ© le Covid)

Ce matin, en allant acheter le journal dans la librairie du centre-ville, j’ai pris le temps de discuter avec le gĂ©rant et un habituĂ©. Les deux hommes se connaissent bien visiblement. Le premier habite Argenteuil depuis quarante ans. Le second, enseignant Ă  la retraite, est nĂ© Ă  Argenteuil. Militant, je l’ai dĂ©jĂ  vu distribuer des tracts Ă  la sortie de l’école. Il m’a appris ce matin ĂȘtre Ă  l’origine de la crĂ©ation du salon du livre d’Argenteuil. Mais aussi de l’association Lire sous les couvertures.

 

Mais il m’a appris davantage : la voie expresse qui, aujourd’hui, coupe les Argenteuillais des berges de la Seine n’existait pas avant
.1970. Grosso modo, lorsque Jimi Hendrix a fait son concert fin 1969 et dĂ©but 1970 ( le concert d’Aretha Franklin date de 1971), il existait une promenade le long de la Seine. On organisait mĂȘme des cross sur cette promenade qui aurait existĂ© de 1820 Ă  1970.

 

Sur le chemin de halage, vers Argenteuil, ce mercredi 7 avril 2021. Sur la fin de mon footing, de retour d’Epinay Sur Seine. C’est sous ce viaduc que le 8 mars, Alisha….

 

 

Tout Ă  son rĂ©cit, D m’a parlĂ© du chemin de halage du cĂŽtĂ© du viaduc. Marcheur, D s’est enthousiasmĂ© pour le travail « extraordinaire Â» qui avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© sur ce chemin de halage pour le rendre agrĂ©able. Il m’a confirmĂ© briĂšvement. Oui, c’était bien lĂ , sous le viaduc qu’il y avait eu le fait divers
.puis, il a poursuivi son argumentaire concernant la façon dont l’amĂ©nagement de la ville Ă©tait mal gĂ©rĂ©. D m’a appris qu’il avait un blog, trĂšs bien fait, alimentĂ© rĂ©guliĂšrement, dans lequel il parlait d’Argenteuil. Il m’a invitĂ© Ă  le lire. Je lui ai aussi parlĂ© du mien mais cela n’a pas paru lui parler plus que ça. Je ne sais pas si D prĂ©fĂšre Ă©couter Aya Nakamura ou lire son blog. Je ne sais pas non plus si elle en a un. Par contre, en quittant la librairie, je savais que j’allais retourner au viaduc. J’ai un moment pensĂ© Ă  faire le parcours Ă  vĂ©lo afin de bien profiter de la Seine sans trop me fatiguer. Puis, je me suis rapidement dit que ce serait une bonne occasion de reprendre le footing. Afin de voir oĂč j’en Ă©tais.

 

Le chemin de halage :

Je m’étais mis en tĂȘte de courir trente minutes pour une reprise. Sans aucune idĂ©e du temps qu’il me faudrait pour arriver au viaduc.

 

Les dix premiĂšres minutes ont Ă©tĂ© un peu inconfortables. Car mon corps n’était plus habituĂ© au footing. Mais, trĂšs vite, j’ai perçu que mon cƓur, lui, Ă©tait au rendez-vous. Peut-ĂȘtre les effets de mes trajets Ă  vĂ©lo depuis bientĂŽt deux mois depuis la gare St-Lazare pour aller Ă  la travail. A chaque fois, Ă  l’aller comme au retour, trente minutes de vĂ©lo.

 

 

Il m’a fallu douze minutes, Ă  allure douce, pour arriver au viaduc. J’avais le soleil de face. J’ai continuĂ© sur le chemin de halage jusqu’à arriver Ă  Epinay sur Seine, ville de tournage de cinĂ©ma. Mais ville, aussi, oĂč se trouve une clinique psychiatrique oĂč il a pu m’arriver de faire des vacations. Je pouvais alors m’y rendre en environ vingt minutes en voiture. LĂ , j’avais mis Ă  peu prĂšs trente trois minutes en footing. A vĂ©lo, j’en aurais sĂ»rement pour 20 minutes, peut-ĂȘtre quinze, par le chemin de halage. Le centre Aqua92 de Villeneuve-la-Garenne, oĂč les trois fosses et le bassin de 2,20 de profondeur, permettent de pratiquer apnĂ©e et plongĂ©e n’était pas si loin que ça. MĂȘme s’il devait rester quinze Ă  vingt minutes de footing pour y arriver.

 

Je me suis arrĂȘtĂ© pour marcher. Prendre le temps de souffler. Quelques photos. AprĂšs dix minutes, je suis reparti en sens inverse. A l’aller comme au retour, les gens que j’ai croisĂ©s, promeneurs, coureurs, Ă©taient enclins Ă  dire bonjour. L’absorption des relations sociales par le confinement et la pandĂ©mie favorisaient peut-ĂȘtre ces Ă©changes simples.

 

 

Je prenais des photos de ce « bateau-Ă©cole » lorsque G…, me voyant faire, a ouvert la porte pour me renseigner. Elle m’a donnĂ© quelques explications, m’a remis une brochure avec les tarifs. Puis, je suis reparti.

 

Je commençais Ă  en avoir plein les cuisses. L’acide lactique. Ça m’a Ă©tonnĂ© parce-que je ne courais pas particuliĂšrement vite. Cela devait venir du manque d’entraĂźnement, sans doute.

 

A l’approche du viaduc, j’ai ralenti. Encore quelques photos. J’étais prĂšs du mur des fleurs Ă  la mĂ©moire d’Alisha, lorsque la sirĂšne du premier mercredi du mois a retenti. Je ne pouvais pas filmer meilleure minute de silence qu’avec cette sirĂšne.

 

 

 

Devant tout ce bleu, tout ce soleil, je me suis dit que la mort d’Alisha, d’une certaine maniĂšre Ă©tait un sacrifice. Et, qu’est-ce qu’un sacrifice, si ce n’est une mort- ou un soleil- qui permet Ă  d’autres de vivre ou qui leur indique le chemin qu’ils doivent suivre pour continuer de vivre ?

 

Photo ce mercredi 7 avril 2021, depuis l’endroit oĂč le 8 mars, Alisha a Ă©tĂ© poussĂ©e dans la Seine aprĂšs avoir Ă©tĂ© tabassĂ©e.

 

 

AprĂšs la minute de silence, j’ai fait le tour du viaduc dans le sens inverse de la derniĂšre fois sans m’attarder. En faisant ça instinctivement, j’ai eu la soudaine impression de dĂ©faire le cercle de la mort.

 

MĂȘme endroit que la photo prĂ©cĂ©dente, ce mercredi 7 avril 2021. En regardant dans la direction d’Epinay-sur-Seine.

 

Evidemment, je n’irai pas expliquer ça aux parents d’Alisha, ni à ses proches ou à celles et ceux qui l’ont connue de prùs. Et, je ne crois pas que j’aimerais que quelqu’un vienne me tenir ce genre de propos si je perdais une personne chùre.

 

Ce mercredi 7 avril 2021, en rentrant sur Argenteuil vers la fin de mon footing.

 

 

Pourtant, sans cette mort le 8 mars, je ne serais pas venu jusqu’à ce viaduc. Je n’aurais peut-ĂȘtre jamais pris ce chemin de halage alors que cela fait dĂ©jĂ  14 ans que je vis Ă  Argenteuil.

Ce chemin de halage, je l’avais supposĂ© depuis Epinay Sur Seine oĂč je m’étais rendu en voiture ou Ă  vĂ©lo. Mais sans savoir qu’il pouvait aller jusqu’à Argenteuil.

Et, j’avais dĂ©jĂ  entendu un Argenteuillais, adepte du footing, en parler, il y a trois ou quatre annĂ©es, mais cela Ă©tait restĂ© trĂšs abstrait pour moi. Je n’imaginais pas un tel chemin, aussi Ă©tendu, aussi large, aussi agrĂ©able. Et, Ă  travers tout le bleu de ce mercredi 7 avril,  je comprends qu’Alisha, le 8 mars, ait pu trĂšs facilement accepter de suivre celle qui a servi d’appĂąt, comme le titre du film de Bertrand Tavernier qui avait Ă©tĂ© inspirĂ© d’un fait divers. 

Lorsque je suis venu ici pour la premiĂšre fois ( Marche jusqu’au viaduc ),  il faisait plus sombre. Et je m’Ă©tais dit qu’Alisha avait vraiment dĂ» se sentir en confiance pour venir dans un endroit pareil. Mais le 8 mars, il faisait peut-ĂȘtre beau.

 

Lorsque l’on compare les photos que j’ai faites de cet endroit la premiĂšre fois que j’y suis venu, le 16 mars, avec celles de ce mercredi 7 avril, on remarque que la lumiĂšre et l’atmosphĂšre sont trĂšs opposĂ©es. Ce mercredi 7 avril, la lumiĂšre est trĂšs belle. J’ai postĂ© une des photos de ce jour, prise depuis le chemin de halage ( celle qui ouvre cet article) sur ma page Facebook, et elle a plu Ă  plusieurs personnes. Elle me plait aussi. Tout ce bleu. Ce soleil. 

Comme ces photos prises deux jours diffĂ©rents, malgrĂ© tout le bĂ©ton dont l’ĂȘtre humain s’entoure, notre nature se lĂ©zarde et mue. Ces mues ne sautent pas aux yeux Ă  premiĂšre vue. Elles sont d’abord invisibles, souterraines, imperceptibles, lĂ©gitimes ou illĂ©gitimes. Mais elles surviendront, pour le pire ou le meilleur, si elles trouvent un moyen ou un chemin pour s’affirmer et s’affranchir de nos secrets.  De nos codes. De nos limites.

Ces mues, nos changements, de comportement, tenteront de s’adapter et de s’habituer au grand jour et au monde. Ils seront parfois aussi violents qu’Ă©phĂ©mĂšres. On peut d’abord penser Ă  des crimes ou Ă  des actes monstrueux. Mais on peut aussi penser Ă  certaines carriĂšres fulgurantes :

Jimi Hendrix est mort ultra-cĂ©lĂšbre Ă  27 ans alors qu’il ne pratiquait la guitare que depuis une douzaine d’annĂ©es…… on nous parle encore d’Amy Winehouse, de Janis Joplin, de tel acteur ou tel actrice « parti(e) trop vite… » . On peut aussi penser Ă  des aventuriers de l’extrĂȘme morts trop jeunes tels que l’apnĂ©iste LoĂŻc Leferme . Ou mĂȘme Ă  l’apnĂ©iste… Audrey Mestre.

 

En m’éloignant du viaduc, un homme noir d’une soixante d’annĂ©es semblant venir de nulle part, partait comme moi. Il marchait et avait du mal Ă  remonter la pente. Il avait baissĂ© son masque anti-covid sĂ»rement pour mieux reprendre son souffle. Je l’ai dĂ©passĂ© en reprenant mon trot. Ce faisant, je l’ai saluĂ©. Il m’a rĂ©pondu, un peu Ă©tonnĂ©. Puis, je l’ai distancĂ©. Je serai peut-ĂȘtre ce vieil homme, un jour.

 

Lorsque j’ai retrouvĂ© la route d’Epinay, en allant vers Argenteuil, un bus 361 m’a dĂ©passĂ©. Puis, j’en ai un croisĂ© un autre un peu plus loin. A l’aller, aussi, j’avais croisĂ© un 361. Cet itinĂ©raire est vraiment bien desservi par le bus.

 

En rentrant chez moi, je suis repassĂ© devant le hammam. Il avait l’air ouvert. Je me suis dit que j’y retournerais. Et que cela me permettrait, aussi, de profiter de leur trĂšs bon thĂ© Ă  la menthe.

 

Franck Unimon, ce mercredi 7 avril 2021.( complété et finalisé ce mardi 13 avril 2021).

 

 

 

 

 

 

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VĂ©lo taffe : Jimi Hendrix contre le Covid

 

            VĂ©lo Taffe : Jimi Hendrix contre le Covid

 

Il faisait entre 3 et 6 degrĂ©s ce matin, lorsque j’ai quittĂ© le travail sur mon vĂ©lo.

 

Depuis quelques jours, les tempĂ©ratures se sont refroidies. Alors que jeudi aprĂšs-midi, on aurait presque pu croire Ă  une journĂ©e d’étĂ©.

 

L’écart entre les tempĂ©ratures du matin et celles de l’aprĂšs-midi « mouche Â» dĂ©sormais rĂ©guliĂšrement les dix degrĂ©s ou davantage. Cependant, comme l’annĂ©e derniĂšre, Ă  la mĂȘme Ă©poque, la luminositĂ© extĂ©rieure est vaste et belle lorsqu’elle nous interpelle.

 

C’est peut-ĂȘtre la luminositĂ© intĂ©rieure qui se fait parfois repasser selon ce que l’on vit.

 

Mon moral se maintient malgrĂ© l’avancement d’une semaine, ce vendredi, des vacances scolaires de PĂąques. Pour cause de pandĂ©mie sanitaire due au Covid, vedette presque planĂ©taire : on en parle moins en Afrique, par exemple oĂč l’on connaĂźt d’autres brides.

 

L’annĂ©e derniĂšre, Ă  la mĂȘme Ă©poque, comme beaucoup en France, je croyais la pandĂ©mie du Covid passagĂšre. Aujourd’hui, la sĂ©rie des variants du Covid, les seconds couteaux de la pandĂ©mie, se multiplie et se rallonge. Afin d’essayer de contrer un certain nombre de rĂąteaux, la course Ă  la vaccination, comme aux tests de dĂ©pistage, s’intensifie. En une semaine, j’ai dĂ» me faire trifouiller les narines deux fois pour un  test antigĂ©nique :

 

Deux de mes collĂšgues, Ă  une semaine d’intervalle, ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s positifs. L’un, sans Ă©quivoque. L’autre, avait une « trace Â».  Avant ça, Ă  part une sĂ©rologie sanguine de dĂ©pistage effectuĂ©e dans mon prĂ©cĂ©dent service il y a plus de six mois, je n’avais pas eu Ă  faire d’examen. Alors que lĂ , en une semaine, je me suis retrouvĂ© deux fois « cas contact Â».  Pareil pour les « variants Â». Encore des termes qui vont devenir de plus en plus populaires et entrer dans les consciences. Alors que nous Ă©tions une majoritĂ© Ă  les ignorer il y a encore un an et demi. Il y a un an et demi, malgrĂ© nos contraintes, nos peurs et nos insatisfactions, nous vivions davantage pour le plaisir. Aujourd’hui, le Devoir nous dicte davantage comment nous sommes supposĂ©s vivre et nous comporter.

 

Il y a plus de vingt ans, en Guadeloupe, un de mes oncles paternels avec lequel je discutais, m’avait affirmĂ© : « Il n’y a pas de plaisir dans la vie, Franck ! Â». A l’époque, j’avais rigolĂ©.

 

Je relate ça pour la mĂ©moire. Parce-que lorsque la pandĂ©mie du Covid sera passĂ©e – et ça passera mĂȘme si Ă  mon avis ça durera au delĂ  de cet Ă©tĂ© -on oubliera.

 

On oubliera parce-que notre mĂ©moire se fera loger par d’autres Ă©vĂ©nements moins drĂŽles que le Covid. Oui, c’est possible.

 

Mon moral se maintient.

 

MĂȘme si je suis restĂ© en rĂ©gion parisienne contrairement Ă  d’autres qui ont filĂ© sur la route, ou par train, dĂšs qu’ils ont pu, aprĂšs l’annonce du reconfinement et l’avance des vacances de PĂąques. A ne pas confondre avec l’avance sur recettes.

 

On ne parle plus aujourd’hui d’applaudir les soignants, depuis son balcon, Ă  vingt heures. Pourtant, pour les soignants touchĂ©s par le Covid ou confrontĂ©s directement Ă  des conditions de travail rendues particuliĂšrement difficiles par la pandĂ©mie, la situation est identique voire pire que celle de l’annĂ©e derniĂšre. Pour sincĂšres qu’aient pu ĂȘtre ces applaudissements, et je crois qu’un certain nombre des applaudissements de l’annĂ©e derniĂšre Ă©taient sincĂšres, leur abandon et leur oubli reflĂštent Ă  mon avis Ă  la fois un dĂ©couragement gĂ©nĂ©ral, un certain Ă©puisement aussi, mais aussi le traitement qui a souvent Ă©tĂ© celui des soignants. Et de toute personne dont le mĂ©tier consiste Ă  traverser des pics de souffrance et de violence avec leur blouse, leurs compĂ©tences techniques, mais aussi leurs engagements physiques, mentaux, Ă©motionnels et culturels :

 

On leur assure une admiration ainsi qu’une certaine distance prudente et sĂ©curisĂ©e. En attendant- en exigeant- d’eux qu’ils fassent le boulot pour lequel ils ont Ă©tĂ© embauchĂ©s. Sans toujours vraiment regarder ce que cela peut leur coĂ»ter car on a d’autres choses Ă  faire. Et puis, ils l’ont bien cherchĂ© (les soignants) Ă  choisir ce mĂ©tier. Donc, qu’ils ne se plaignent pas ! C’est dĂ©jĂ  bien qu’ils aient un travail et qu’on les paie Ă  peu prĂšs correctement et plus que d’autres. Peu importe que la profession de soignant puisse imposer des contraintes qui feraient fuir ou vomir un certain nombre de ces « autres Â» ( pipi, caca, la vue du sang, les crachats, les plaies, la maladie, la mort, les insultes, les menaces de mort, les horaires de travail, les diverses hiĂ©rarchies omniscientes et incendiaires. Ah, la jolie carriĂšre- politique ?- de Martin Hirsch/ Ah, la parfaite dĂ©monstration de dĂ©ontologie, de justice et de dĂ©mocratie que le jugement des labos Servier pour « l’affaire » du Mediator etc
.).

 

 

Mon moral se maintient parce-que j’ai dĂ©jĂ  « connu Â» ça l’annĂ©e derniĂšre. Pour ce qui est de la pandĂ©mie. MĂȘme si, j’avais connu un peu, aussi, celle du Sida, Ă  la fin des annĂ©es 80. J’avais 18 ans en 1986.

 

 

Mon moral se maintient vis-Ă -vis de la pandĂ©mie du Covid mĂȘme si cette fois-ci, plus de personnes, et plus jeunes, se font manifestement contaminer par « Lui Â» ou par « Elle Â». Et on ne parle pas des magazines  Lui et Elle,  ici, mĂȘme si, bien-sĂ»r, je l’aurais prĂ©fĂ©rĂ©.

 

 

Mon moral se maintient parce-que je sors pour le travail. Le seul tĂ©lĂ©travail qui me convienne a priori, c’est celui que j’effectue actuellement alors que j’écris, Ă  des heures qui me conviennent, selon mes possibilitĂ©s, mes envies et mes besoins.

 

J’ai aussi le moral parce-que j’ai des masques. Parce-que j’ai un vĂ©lo et je fais quelques  photos qui me permettent de voir la vie et les rues « autrement Â». De ruser avec une certaine fatalitĂ©. Parce-que j’ai une vie affective chez moi, aussi. Parce-que j’ai des amis. Une famille. Parce-que j’écris. Parce-que je lis. Oui, je me rĂ©pĂšte parce-que rĂ©pĂ©ter ce qui nous fait du bien en renforce les effets.

Parce-que j’écoute des podcast. Parce-que mon travail me plait comme me plait l’alternance de jour comme de nuit.

 

Parce-que j’écoute de la musique. Beaucoup Jimi Hendrix, depuis quelques jours. Je le redĂ©couvre. C’est plus stimulant de l’écouter que d’écouter du Jacques Brel que j’aime entendre mais que je dĂ©laisse pour le moment. C’est Ă©tonnant.

 

J’ai commencĂ© Ă  rĂ©Ă©couter Jimi Hendrix d’abord par le coffret de Cds Songs for Groovy Children empruntĂ© il y a plus d’un mois Ă  la mĂ©diathĂšque de ma ville.  Oui, la culture, l’accĂšs Ă  la culture, les discussions avec les bibliothĂ©caires, font aussi du bien, mĂȘme derriĂšre un masque. Mais, depuis hier soir, la mĂ©diathĂšque de ma ville, est de nouveau fermĂ©e au public. On peut rĂ©server sur le site de la mĂ©diathĂšque et venir chercher sur place, Ă  certains horaires, les documents que l’on aura prĂ©alablement rĂ©servĂ©s. Pour cela, il faut une connexion Ă  internet et, bien-sĂ»r, savoir se servir d’internet.

 

Jimi Hendrix, c’est de la musique de « vieux Â». Je me le dis bien en l’écoutant. Car je « devrais Â» plutĂŽt parler d’Eddy de Pretto, de Lous and The Yakuzas, deux artistes français parmi bien d’autres qui « marchent Â» bien en France, de plus en plus, et que je n’ai pas encore pris le temps de vraiment Ă©couter. Comme je n’ai toujours pas pris le temps de m’initier Ă  beaucoup de jeux vidĂ©os, au rĂ©tro gaming. Alors que je suis « rĂ©tro Â».  DatĂ©. DĂ©passĂ©.

 

Mais je veux bien ĂȘtre rĂ©tro s’il faut dire ça pour continuer d’écouter Jimi Hendrix et d’autres. Cela ne m’empĂȘchera pas ensuite d’aller fouiller dans la musique des « jeunes Â».

 

Jimi Hendrix, c’est de la musique de vieux, donc, mais qu’est-ce que j’aimerais ĂȘtre vieux comme sa musique pendant encore plusieurs annĂ©es !

 

On pensera peut-ĂȘtre au titre Voodo Chile de Jimi Hendrix contre le Covid. Mais ce n’est pas Ă  lui que je pense en premier. MĂȘme si je peux comprendre que l’on titube en Ă©coutant ce tube.

 

Je vous invite par exemple Ă  Ă©couter  les titres  » Machine Gun »  et  » Foxey Lady », dans leur intĂ©gralitĂ© et leurs diverses dĂ©clinaisons, dans le coffret  » Songs for Groovy Children ». C’Ă©tait il y a 51 ans. Assez peu de grands artistes « d’aujourd’hui », pourtant, la ramĂšneraient devant Jimi Hendrix. 

 

Voici quelques photos prises ce matin en rentrant du travail. Je me suis dit ce matin que j’avais vraiment bien fait de m’acheter ce vĂ©lo pliant il y a bientĂŽt deux mois. MĂȘme si je continue de lorgner sur les vĂ©los Brompton. Cette marque- ou quelqu’un qui connaĂźt un de ses dĂ©cideurs- devrait penser Ă  me sponsoriser vu le nombre de fois, dĂ©jĂ , oĂč je la cite. Un peu tel l’amateur qui repĂšre une belle mĂ©canique qui sort de l’ordinaire mais qu’il ne peut s’offrir. Je devrais peut-ĂȘtre dĂ©marcher un de ses reprĂ©sentants. En leur disant que je veux bien rouler pour les solos de Jimi et pour  un de leurs vĂ©los.

 

Franck Unimon, ce dimanche 4 avril 2021, dimanche de PĂąques.  

 

 

Du cÎté de St-Germain des Prés.

 

 

 

 

 

 

Place Vendome.

 

 

 

 

Vers l’OpĂ©ra Garnier.

 

 

Sur la gauche, Galeries Lafayette ou Grand magasin Printemps ? En haut Ă  gauche, l’actrice d’un « seul » rĂŽle, Sharon Stone ( « Basic Instinct ») « encadre » un article  » DĂ©radicalisation. EnquĂȘte sur un fiasco » avec l’artiste Lous and The Yakuza qui pose en modĂšle pour une marque de vĂȘtement ou de chaussures, orientĂ©e sport.

 

 

Salle de cinĂ©ma fermĂ©e, comme toutes les autres accessibles au public, depuis des mois. Bar d’images fermĂ© prĂšs de la gare St Lazare plus que dĂ©sertĂ© pour raisons sanitaires liĂ©es au Covid.

 

 

 

 

Contrairement Ă  la salle de cinĂ©ma prĂ©cĂ©dente ou Ă  la salle de concerts de l’Olympia, l’enseigne Fnac Ă©tait encore ouverte il y a quelques jours.

 

 

 

 

Vue depuis une des sorties de la gare St Lazare, Paris.

 

 

Dans la gare St-Lazare.

 

 

 

 

 » Hear my Train A Comin’  » : ).

 

 


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