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Bac Nord-un film de CĂ©dric Jimenez

Bac Nord un film de CĂ©dric Jimenez

 

 

Dans les bacs

 

Bac Nord, sorti cet Ă©tĂ©, marche plutĂŽt bien. Ce film français oĂč l’histoire se passe Ă  Marseille, plutĂŽt de nos jours, serait fasciste et raciste.

 

A Paris, oĂč je suis allĂ© le voir puisque je vis, suis nĂ© en rĂ©gion parisienne et y ai toujours vĂ©cu, je l’ai peut-ĂȘtre trĂšs trĂšs mal regardĂ©. Car je vais essayer de dĂ©montrer le contraire.

 

Je vais essayer dans cet article de démontrer que Bac Nord, pour moi, ce mercredi 29 septembre 2021, est ni fasciste, ni raciste.

 

Je suis allĂ© voir Bac Nord seulement vers la mi-septembre. Je ne pouvais pas aller le voir auparavant. Je n’avais pas de pass sanitaire. Et je n’étais pas pressĂ© de me faire de nouveau pousser dans le nez une tige de dĂ©pistage en vue d’effectuer un test antigĂ©nique dont le rĂ©sultat, se devait dans mon cas bien-sĂ»r d’ĂȘtre nĂ©gatif – puisqu’à ce jour je n’ai pas attrapĂ© le Covid depuis le dĂ©but officiel de la pandĂ©mie mi-mars 2020 en France- depuis moins de 72 heures. Finalement, avant ma premiĂšre injection de Moderna contre le Covid, on m’a imposĂ© un test antigĂ©nique prĂ©alable. Le test Ă©tant nĂ©gatif, j’en ai profitĂ© pour aller au cinĂ©ma voir quelques films ( dont Dune-un film de Denis Villeneuve). A partir de ce 15 octobre 2021, les tests antigĂ©niques deviendront payants. Mais Ă  cette date, je devrais ĂȘtre vaccinĂ© contre le Covid comme cela nous a Ă©té .”demandĂ©” ( imposĂ© pour les soignants). Je fais cet apartĂ© afin de marquer un peu l’époque oĂč Bac Nord et d’autres longs mĂ©trages se sont faits connaĂźtre.

Les acteurs Karim Leklou et François Civil.

 

DĂšs sa sortie, Bac Nord faisait partie des films que j’avais envie d’aller voir. Pour le sujet de la Bac. Pour les acteurs, Karim Leklou et François Civil en tĂȘte. Des acteurs que j’ai vus et aimĂ©s voir dans plusieurs films, court mĂ©trage ou sĂ©rie (Marseille la nuit Le Monde est Ă  toi ; Le Chant du Loup ; Dix Pour cent ; Made in France  ; Voir du pays).

 

L’acteur Gilles Lellouche.

 

Concernant l’acteur et rĂ©alisateur Gilles Lellouche, le plus expĂ©rimentĂ© de ce trio d’acteurs comme dans le film Bac Nord du reste, mon avis est plus partagĂ©. Je lui reconnais des intentions de jeu et beaucoup de travail pour ses rĂŽles. Je lui reconnais une franchise et une sincĂ©ritĂ© (je double la mise) ainsi qu’un vĂ©ritable capital sympathie lorsqu’il s’exprime lors des interviews.  Mais, en tant qu’acteur, je le trouve assez souvent voisin de la caricature.

 

NĂ©anmoins, j’avais bien aimĂ© son film en tant que rĂ©alisateur : Le Grand bain. MĂȘme si. MĂȘme si. J’en avais dĂ©jĂ  assez qu’on surligne la prĂ©sence de Philippe Katerine, un acteur et chanteur dont j’aime le jeu et la folie. Mais que l’on prĂ©sente un peu trop dĂ©sormais comme le tube de l’étĂ©. Un tube qui dure depuis quelques annĂ©es maintenant. La sensibilitĂ© de Philippe Katerine. La personnalitĂ© borderline de Philippe Katerine. Je goĂ»te bien sĂ»r ces atouts de Katerine. C’est leur encensement rĂ©pĂ©tĂ© qui m’ennuie. 

 

 

Bac Nord/ Les MisĂ©rables : Visions d’opposition ou visions complĂ©mentaires ?

 

Parlons maintenant un petit peu plus de Bac Nord aprĂšs avoir jalousĂ© le succĂšs de Philippe Katerine.

La premiĂšre question que je me suis posĂ© lorsque j’ai commencĂ© Ă  voir des affiches du film a Ă©tĂ© :

Bac Nord est-il l’équivalent ou le complĂ©ment du film Les misĂ©rables 2Ăšme partie , prix de la mise en scĂšne Ă  Cannes en 2018 (ou 2019 ?) 

 

Avant d’aller trouver Bac Nord  dans une salle de cinĂ©ma,  au vu des tout petits Ă©chos qui me sont parvenus, j’ai eu l’impression que ces deux films s’adressaient Ă  deux publics diffĂ©rents. Alors que l’on aurait pu penser que beaucoup les rapproche. Dans les deux films, les « hĂ©ros Â» sont des policiers de la Bac. Et, ils forgent un trio. On pourrait se dire que les policiers de la Bac marchent toujours par trois. Depuis le dĂ©but du procĂšs des attentats du 13 novembre 2015, j’ai appris en lisant quelques articles que le commissaire de la Bac Ă  ĂȘtre le premier Ă  intervenir au Bataclan, de sa propre initiative, avait agi uniquement avec son « chauffeur Â». Un chauffeur policier et armĂ© Ă©galement. Donc, ils Ă©taient deux. Mais cette histoire de nombre de policiers au sein des unitĂ©s de la Bac n’est pas prioritaire pour parler de Bac Nord. Sauf pour dire autrement que l’univers de la police fait partie des univers qui suscitent mon attention.

 

 

A ce jour, je n’ai pas rencontrĂ© ou pu discuter avec quelqu’un qui a vu les deux films : Les MisĂ©rables de Ladj Ly et Bac Nord de CĂ©dric Jimenez. Qu’est-ce qui les oppose dans les grandes lignes ?

 

Pour moi, Les MisĂ©rables est un film bien plus renseignĂ© socialement et plus subtil que Bac Nord. Et mieux filmĂ©. C’est facile Ă  dire aprĂšs le prix de la mise en scĂšne qu’a obtenu Les MisĂ©rables au festival de Cannes de 2019.

 

Dans Bac Nord, si l’on voit bien que les trois policiers donnent tout Ă  leur mĂ©tier – comme dans Les MisĂ©rables–  et qu’ils « l’aiment Â» et croient Ă  leur utilitĂ©, on est aussi davantage avec des cow-boys. Dans ce que cela peut aussi avoir de plus grossier ; on est presque dans Starsky et Hutch. A la diffĂ©rence que, dans Bac Nord, le personnage de Huggy les bons tuyaux est interprĂ©tĂ© par une sĂ©duisante jeune beurette ou arabe qui aime beaucoup fumer son petit shit. Et qu’il y a dans le film le croquis d’une attirance du flic de la Bac (jouĂ© par François Civil qui s’y connaĂźt aussi trĂšs bien en sĂ©duction : le revoir dans Dix pour cent ou dans Le Chant du Loup pour bien le comprendre) pour elle.

Une attirance faite de croissance Ă©rotique mais aussi de volontĂ© de protection pour sa jeune indic. On n’avait pas cette attirance sexuelle entre David Starsky et Michael Hutch pour Huggy…

Hormis cela, dans Bac Nord, la jeune indic semble avoir trĂšs peu de perspectives comparativement Ă  tous les risques qu’elle prend. Et, son shit, qu’elle obtient contre les informations qu’elle donne, en risquant sa vie mais aussi sa rĂ©putation, on a l’impression qu’elle passe son temps Ă  le fumer en solo. Donc, c’est un peu difficile de comprendre comme elle peut ĂȘtre aussi souriante, sĂ©duisante et maline aussi pour, finalement, apparaĂźtre aussi seule et sans autre projet d’avenir que de rester dans les parages de celles et ceux qu’elle trahit. A fumer son shit. Mais, aprĂšs tout, je n’y connais rien Ă  la psychologie ou la temporalitĂ© des indics. Et trĂšs certainement qu’il existe toutes sortes de profils parmi les indics. Peut-ĂȘtre presqu’ autant de profils qu’il n’existe d’indics. Y compris les plus dĂ©routants.

 

 

Stigmatiser Marseille ?

 

Pour moi, il n’y a pas de stigmatisation particuliĂšre Ă  situer l’histoire Ă  Marseille dans Bac Nord. D’abord, parce-que, mĂȘme si cela m’a pris du temps, j’aime Marseille pour le peu que j’en connais. ( Marseille-Toulon-La Ciotat, octobre 2019 ) Ensuite, parce-que, par certains aspects il est des endroits populaires de Marseille qui me rappellent soit la ville oĂč j’habite depuis quelques annĂ©es, Argenteuil, soit BarbĂšs ou mĂȘme Nanterre oĂč je suis nĂ© et ai grandi. Ensuite, ce qui peut se raconter de certains quartiers de Marseille peut tout aussi bien se transposer ailleurs. Si un titre comme Je danse le Mia du groupe I AM m’avait autant parlĂ©, alors que le groupe de Rap I AM est de Marseille, c’est parce-que j’avais connu et voyais trĂšs bien de quoi cette chanson parlait alors que je vivais en rĂ©gion parisienne. Et le succĂšs de ce titre Ă©tait bien-sĂ»r venu du fait que d’autres gens, dans d’autres citĂ©s et dans d’autres banlieues de France s’Ă©taient reconnus dans ce que cette chanson racontait. Pour moi, cela peut ĂȘtre pareil avec le film Bac NordCela peut apparaĂźtre trĂšs rĂ©trograde de citer un titre aussi ancien du groupe I AM mais le personnage de policier jouĂ© par Gilles Lellouche a certainement connu ce titre. 

 

Donc, pour moi, Bac Nord n’est pas un film de plus qui caricature la ville de Marseille. Ce n’est pas non plus un film qui porterait une opposition Nord/Sud. Le sud Ă©tant la ville de Marseille. Et, le nord Ă©tant Paris ou des villes au delĂ  de Paris supposĂ©es ĂȘtre plus prĂ©sentables et plus prestigieuses. Pour moi, Bac Nord ne regarde pas Marseille de haut. Mais je ne suis pas marseillais. Peut-ĂȘtre le prendrais-je autrement si j’étais marseillais.

Par contre, pour reparler de “l’opposition” Paris/Marseille ( une opposition que, pour ma part, je ne revendique pas), lorsqu’Ă  la fin du film, les policiers rĂ©alisent un gros coup et qu’ils fĂȘtent leur victoire, j’ai eu l’impression de voir, plutĂŽt que des policiers, des joueurs de football qui Ă©taient contents d’avoir gagnĂ© un match contre une grosse Ă©quipe. Que cette Ă©quipe soit le PSG ou une autre.

 

Garde-fou « ethnique Â»

 

Arrivons-en Ă  ce qui serait raciste et fasciste dans le film. Ou dans ce qui a pu ĂȘtre considĂ©rĂ© comme raciste et fasciste dans le film.

Dans Les MisĂ©rables, le trio de policiers compte un noir, le personnage de Gwada. Celui par lequel la bavure au flash-ball arrive suite Ă  trop de montĂ©e de pression. Alors que Gwada, auparavant, on l’a vu, c’est plutĂŽt un homme sympathique au sein du trio. Ce n’est pas le plus Ă©nervĂ©. C’est plutĂŽt un modĂ©rateur. Dans Les MisĂ©rables, que ce soit donc voulu par le rĂ©alisateur Ladj Ly, ou non, il existe un « garde-fou Â» ethnique au sein du trio de la Bac.

Il existe mĂȘme une animositĂ© « intĂ©ressante Â» entre le personnage de Gwada et celui du maire jouĂ© par Steve Tientcheu rencontrĂ© le mois dernier. ( Le cinema-A ciel ouvert avec Steve Tientcheu et Tarik Laghdiri). 

 

A droite, l’actrice AdĂšle Exarchopoulos, policiĂšre Ă©galement dans le film, qui joue la compagne de Karim Leklou. A gauche, François Civil et Karim Leklou ( debout). Au centre, l’acteur Gilles Lellouche.

 

Dans Bac Nord, pas d’homme ou de femme noire au sein du trio des policiers de la Bac ? Et alors ? Bien-sĂ»r, j’aurais acceptĂ© une touche de diversitĂ© supplĂ©mentaire au sein de ce trio. J’aurais bien aimĂ© voir ce que cela aurait pu donner comme adversitĂ© si le trio de policiers de Bac Nord avait Ă©tĂ© constituĂ© de trois noirs ? D’un asiatique, d’une femme arabe, d’un noir ? De deux arabes et un noir ? Etc


 

Mais, pour moi, cette absence de diversitĂ© ou d’originalitĂ© Ă©thnique ne fait pas de Bac Nord un film raciste et fasciste. MĂȘme si, le trio des policiers de Bac Nord Ă©tant majoritairement blanc, exception faite de Karim Leklou mais dont la couleur de peau a nĂ©anmoins la particularitĂ© d’ĂȘtre plus claire que foncĂ©e. Mon propos, ici, est-il raciste ? On pourra le penser. On le pensera. Ce sera peut-ĂȘtre en partie vrai. Pourtant, ici, ma vĂ©ritable intention est surtout de redire que, trĂšs souvent, trop souvent, le cinĂ©ma français prĂ©fĂšre faire l’impasse sur la «  couleur Â». Et, ce faisant, certaines nuances, dans les situations passent Ă  la trappe. Ainsi qu’un certain rĂ©alisme. On a donc compris que, si pour moi, Bac Nord n’est pas un film raciste et fasciste, je prĂ©fĂšre Ă©videmment la distribution des rĂŽles dans Les misĂ©rables.

 

Dans Bac Nord, l’opposition entre « caĂŻds Â» des citĂ©s et la police ressemble donc, par dĂ©faut ou par maladresse, Ă  une Ă©niĂšme opposition entre les basanĂ©s d’un cĂŽtĂ©. Et les blancs de l’autre. MalgrĂ© la prĂ©sence de Karim Leklou, ici minoritaire parmi les policiers, pour reprĂ©senter la diversitĂ©.

Mais j’accepte ce parti pris ou cette « nĂ©gligence Â». Et puis, l’alternance Ă  ce parti pris ou Ă  cette “nĂ©gligence”, peut aussi ĂȘtre de passer soi-mĂȘme Ă  l’Ă©criture de scĂ©nario, Ă  la rĂ©alisation ou au jeu d’acteur dans le but de montrer autre chose. 

 

La France, ce n’est pas du tout ça : c’est impossible.

 

Reste, sans doute, cette description de certaines citĂ©s, d’une, en particulier, ou de plusieurs dans le film ( j’ai oubliĂ© ) oĂč les policiers ne peuvent plus entrer dĂ©sormais. Ce qui fait enrager le « chef Â» de l’équipĂ©e de la Bac jouĂ© par Gilles Lellouche qui compte vingt ans d’expĂ©rience de terrain. Et qui est donc la mĂ©moire vivante de ce terrain perdu par la police au profit de la dĂ©linquance.  Sous un angle Ă©cologique, on pourrait comparer cette perte de terrain par la police ou la RĂ©publique, Ă  des lacs qui se sont non seulement assĂ©chĂ©s mais aussi lourdement polluĂ©s au fil des annĂ©es. Cette vision lĂ  est-elle raciste et fasciste ? La perte du terrain ou du territoire dans certaines citĂ©s par la police. Comme la mĂ©taphore des lacs assĂ©chĂ©s et lourdement polluĂ©s avec le temps.

 

Pour certaines personnes, il est Ă©vident que  cette vision et cette mĂ©taphore est raciste et fasciste. Car, pour ces personnes, la France, ce n’est pas du tout ça. C’est impossible. Donc, montrer ça dans Bac Nord oĂč, d’un cĂŽtĂ©, il y aurait les policiers droits qui se mouillent. Et de l’autre, des dĂ©linquants qui les toisent d’autant plus qu’ils se sentent intouchables et chez eux dans leur citĂ©, ce serait fasciste et raciste. Surtout Ă  voir que les dĂ©linquants en question sont « bien-sĂ»r Â» noirs et arabes. Aucun blond ou rouquin aux yeux bleus ou verts parmi eux.

 

Bac Nord n’est pas un atoll de finesse

 

Pourquoi, alors, je l’accepte aussi « bien Â» ou aussi facilement d’un film comme Bac Nord ? Peut-ĂȘtre parce-que je ne sens pas d’intention raciste dans le film du rĂ©alisateur. J’ai peut-ĂȘtre tort. Le film Bac Nord n’est pas un atoll de finesse, c’est vrai. Toutefois, lorsque je le regarde, je ne gĂ©nĂ©ralise pas ce que montre Bac Nord. Pour moi, que ce soit Ă  Marseille ou ailleurs, toutes les citĂ©s et toutes les banlieues ne ressemblent pas Ă  ce que montre le film. Pour moi, tout Marseille ne se trouve pas dans Bac Nord.

 

 Mais on peut nĂ©anmoins montrer des noirs et des arabes qui sont du « mauvais Â» cĂŽtĂ©. MĂȘme s’il est vrai qu’il existe aussi des blancs et des asiatiques qui sont du « mauvais Â» cĂŽtĂ© et que l’on ne montre pas dans le film. Ou autrement. PlutĂŽt dans le versant politique. Par le coup de « pute Â» que vont connaĂźtre « nos Â» cow-boys de la Bac plus tard.

 

Ensuite, si on arrive Ă  plus ou moins passer le cap de l’éventuel dĂ©lit de faciĂšs des « mauvais Â» dans Bac Nord, il nous reste Ă  faire face Ă  certains de ces endroits oĂč la police n’entre pas, n’entre plus, ou, de moins en moins. Et, lĂ , j’ai l’impression que pour pouvoir admettre un peu ce point lĂ , plutĂŽt que d’imagination et d’intellectualisation, il est peut-ĂȘtre nĂ©cessaire de faire appel, un peu, Ă  la « pratique Â» de certains souvenirs ou de certaines expĂ©riences directes ou indirectes.

 

 

La pratique de certains souvenirs

 

Je n’ai pas de pratique ou d’expĂ©rience dans le grand banditisme ou dans le trafic de stupĂ©fiants ou autres. Mon casier judiciaire est vierge. Je n’ai ni le vice, ni l’instinct, ni l’intelligence, ni la nĂ©cessitĂ© ou la furie de celles et ceux qui peuvent participer Ă  des braquages, Ă  des trafics ou Ă  certaines actions meurtriĂšres et barbares. Il y a quelques annĂ©es, une de mes collĂšgues, une jeune femme sĂ©duisante, sĂ©ductrice, familiĂšre avec les codes de certains quartiers du Val FourrĂ© Ă  Mantes la Jolie m’avait appris qu’avec mon « Français soutenu Â», dans certaines situations, j’aurais des problĂšmes. Je l’avais crue sur parole, moi, pourtant nĂ© en banlieue parisienne et qui avais grandi dans une citĂ© HLM. Ensuite, elle m’avait racontĂ© comment il lui Ă©tait arrivĂ© de tenir tĂȘte Ă  certains hommes qui lui avaient mal parlĂ©. Et de s’en sortir. LĂ , aussi, je l’avais crue sur parole. Je n’ai aucun doute quant au fait qu’une femme puisse ou sache, dans certaines circonstances, si elle connaĂźt certains codes de langage et de comportement, mieux s’en sortir en cas d’embrouille qu’un homme poli et propre sur lui, combien mĂȘme, voire, surtout s’il a une stature physique qui, a priori, devrait lui Ă©viter les ennuis. Et ce Savoir-lĂ  n’est pas exposĂ© dans les Ă©coles ou dans les vitrines des magasins. Ni dans les musĂ©es. Pas mĂȘme dans les mĂ©diathĂšques ou les salles de cinĂ©ma. Encore moins en suivant des cours par correspondance. C’est une histoire de pratique, de modĂšle mais aussi d’instinct, d’instant. Une seconde aprĂšs, c’est trop tard. Une seconde avant, c’est trop tĂŽt. Pour rĂ©pondre. Ou pour donner le regard qu’il faut avec l’intonation convaincante ou dĂ©stabilisante qui va faire que l’on Ă©chappe au couteau, au coup de boule, au passage Ă  niveau ou que l’on va ĂȘtre acceptĂ© ou tolĂ©rĂ©.

 

 

Ceci Ă©tant dit,  je me rappelle du « petit Â» Enzo, dans mon collĂšge Evariste Galois, Ă  Nanterre. Lorsque, devant tout le monde, dans la cour, des policiers Ă©taient venus le chercher. Il s’était laissĂ© faire en se tenant droit comme un « bonhomme Â» que cela n’effraie pas. Enzo devait avoir 15 ans voire moins. Je le « connaissais Â» de vue depuis quelques annĂ©es. Il m’était arrivĂ© de discuter avec lui. Je n’avais jamais eu de problĂšme avec lui. Nos quelques Ă©changes avaient Ă©tĂ© « sympas Â». Il faisait partie, avec d’autres, que je connaissais Ă©galement, de la citĂ© de la rue Greuse. Une citĂ© pas trĂšs Ă©loignĂ©e de la mienne qui avait une assez mauvaise rĂ©putation. Qu’avait-il fait pour ĂȘtre cueilli au collĂšge ? Aucune idĂ©e. C’est la derniĂšre fois que je me souviens l’avoir vu. J’avais quel Ăąge ? 14 ans ou moins.

 

Je me rappelle il y a plus de vingt ans avoir appris un jour qu’un de mes anciens collĂšgues de travail avait un Beretta. Par qui l’avais-je appris ? Par sa copine d’alors, Ă©galement une de mes collĂšgues. C’était Ă  Pontoise.

 

 

Je me souviens de ce copain, natif d’Argenteuil, souvent sur le qui-vive au point qu’il me fait penser Ă  Joe Dalton, qui m’a dit un jour que se sachant trĂšs en colĂšre contre je ne sais qui, il avait prĂ©fĂ©rĂ©, avant de faire une bĂȘtise, scier et dĂ©molir les armes Ă  feu qu’il possĂ©dait. EtonnĂ©, je lui avais alors demandĂ© comment il avait fait pour obtenir ces armes ? Ce copain m’avait alors regardĂ© comme si j’étais une andouille ou que je dĂ©barquais d’une autre planĂšte. Et ce regard signifiait sans ambiguĂŻtĂ© mais aussi sans explications qu’il n’y avait rien de plus  facile que de se procurer des armes Ă  feu. C’était il y a environ cinq ans.

 

Je me rappelle du pĂšre, policier, d’une des camarades de classe de ma fille, Ă  la maternelle. Cet homme aime son travail. Et, ayant Ă©galement grandi Ă  Nanterre comme moi, mais dans une autre citĂ©, il m’avait affirmĂ© que cela s’était « dĂ©gradĂ© Â». Cet homme discutait de temps Ă  autre avec un autre papa, Ă©galement policier devant l’école en attendant la sortie de son enfant. Ce policier, devant moi, avait un jour racontĂ©, en souriant, ce rituel qui consistait,  lorsqu’il entrait dans une citĂ© avec ses collĂšgues, Ă  longer le mur des immeubles. Afin de ne pas se recevoir un rĂ©frigĂ©rateur. C’était, aussi, il y a environ cinq ans. Je ne sais pas de quelle citĂ© il parlait ni dans quelle ville. Je n’avais pas pensĂ© Ă  demander. A ce jour, en entrant dans une citĂ©, je n’ai pas longĂ© le mur des immeubles pour Ă©viter de me prendre un rĂ©frigĂ©rateur ou autre objet sur la tĂȘte. Mais, avant cette anecdote, j’avais ouĂŻ dire que cela pouvait arriver. Mais pas lĂ  oĂč j’habitais.

 

Je n’ai pas oubliĂ© non plus que le trĂšs bon kinĂ© que nous avons un temps consultĂ© pour notre fille nous a appris un jour que les va et vient de sa clientĂšle, de toutes origines tant sociales que culturelles et religieuses, dĂ©rangeait le trafic de certaines jeunes du coin. Et, ils le lui avaient fait savoir.

 

Je n’ai pas oubliĂ© non plus que la mĂšre d’une des bonnes copines de ma fille m’a dit un jour que sur le trajet de l’école, pas trĂšs loin, se trouvait un point de rencontre officieux pour trafic de stupĂ©fiants. DĂšs lors, certains jeunes que j’aperçois rĂ©guliĂšrement, en groupe, s’ils ne sont pas menaçants pour les enfants et les parents dont je fais partie,  et ne font que discuter entre eux, m’apparaissent aussi, comme Ă©tant lĂ  soit pour protĂ©ger un territoire. Soit pour « guetter Â». Bien-sĂ»r, nous ne sommes pas dans Bac Nord oĂč, lĂ , le sujet est poussĂ© Ă  son extrĂȘme. Mais je crois qu’il peut ĂȘtre concevable que dans certains endroits, dĂ©sertĂ©s par les institutions publiques, ou soit pace-que certains modĂšles de vie aient Ă©tĂ© choisis ou privilĂ©giĂ©s, par mimĂ©tisme ou par conviction, qu’il se soit dĂ©veloppĂ© des situations Ă©quivalentes Ă  celles que l’on voit dans le film.

 

Je me rappelle aussi qu’une Argenteuillaise m’avait appris que le premier jour du Ramadan, un conflit avait eu lieu dans un quartier de notre ville et que cela s’Ă©tait terminĂ© par un mort par balles. Ces “anecdotes”, je les considĂšre comme des Ă©vidences. Elles horrifieront peut-ĂȘtre certaines personnes. Elles en feront sourire d’autres qui vous diront : “Et, encore, ça, ce n’est pas grand chose….”. Et, lĂ , aussi, je croirai ces derniĂšres personnes sur parole sans pour autant raser les murs. Sauf que en certains endroits, Ă  certaines heures, si je suis informĂ© par quiconque du “coin” qu’il faut ĂȘtre prudent ou Ă©viter de passer Ă  tel endroit, je prĂ©fĂšrerai me montrer prudent ou Ă©viterai de passer Ă  tel endroit. Pour moi, ce n’est pas ĂȘtre raciste et fasciste de penser comme ça. Comme, pour moi, ce n’est pas ĂȘtre soumis et crĂ©tin, lors d’un contrĂŽle de police, de rester aussi calme et poli que possible. C’est plutĂŽt s’adapter Ă  mon environnement et/ou Ă  mon interlocuteur. 

 

Lorsqu’un reporter tel que Philippe Pujol, Marseillais, Prix Albert Londres pour un de ses ouvrages, Ă©crit La fabrique du monstre : 10 ans d’immersion dans les quartiers nord de Marseille, la zone la plus pauvre d’Europe en 2018, s’il pointe, Ă©videmment, les responsabilitĂ©s politiques et sociales, mais aussi intellectuelles, pour expliquer et critiquer le dĂ©labrement prononcĂ© de certains quartiers de Marseille, il n’en dĂ©crit pas moins certains endroits oĂč l’accĂšs n’est autorisĂ© qu’à des personnes sĂ©lectionnĂ©es. Des personnes du quartier. Des personnes de confiance. Profil- des personnes de confiance- qui est loin de correspondre Ă  des policiers de la Bac.

Dans cet ouvrage, Philippe Pujol indique bien que dans ces quartiers nords de Marseille, il reste des personnes Ă©trangĂšres au banditisme comme aux trafics.

 

De mĂȘme que lors des attentats du 13 novembre 2015, c’est une juge belge qui a expliquĂ© il y a quelques jours au tribunal que si plusieurs des terroristes islamistes se connaissaient depuis longtemps et avaient vĂ©cu Ă  Moolenbeek, que, par ailleurs, c’était dans certains quartiers, minoritaires, de Moolenbeck que s’était dĂ©veloppĂ© l’activitĂ© terroriste islamiste de ces derniĂšres annĂ©es. Mais, qu’autrement, Moolenbeek Ă©tait aussi une commune trĂšs agrĂ©able oĂč la plupart des habitants n’avaient rien Ă  voir avec le terrorisme et l’islamisme.

 

 

Un mĂ©tier de conviction :

Ce qui passe peut-ĂȘtre mal avec le film Bac Nord, c’est qu’il magnifie des policiers. Et que beaucoup de monde entretient une certaine ambivalence faite Ă  la fois de mĂ©fiance/crainte/haine/ admiration envers la police et celles et ceux qui la reprĂ©sente. Ambivalence qui avait Ă©tĂ© dĂ©crite dans les mĂ©dia oĂč, lors de la pĂ©riode des attentats islamistes, les policiers Ă©taient devenus trĂšs populaires. Pour, ensuite, Ă  nouveau, ĂȘtre perçus de travers. 

Je ne discute pas les raisons, justifiĂ©es ou injustifiĂ©es, de cette ambivalence. Cette ambivalence envers la police peut, finalement, ĂȘtre la jumelle de ce racisme envers certaines catĂ©gories de personnes :

 

On peut avoir des raisons personnelles et concrĂštes qui expliquent que l’on en veut Ă  telle catĂ©gorie de personnes. Parce qu’elles nous ont fait du mal, Ă  nous ou Ă  des proches. Mais on peut aussi trĂšs bien en vouloir Ă  certaines catĂ©gories de personnes et de professions sans avoir eu de mauvaise expĂ©rience rĂ©elle avec elles. On ne fait alors que « rĂ©pĂ©ter Â» ce qui se dit dans notre environnement et dans notre entourage depuis des annĂ©es ou des gĂ©nĂ©rations. Sans prendre la peine de peser le pour et le contre. Puisque l’on fait corps avec celles et ceux qui font partie de notre environnement et de notre entourage. Et que l’on s’en remet Ă  eux tous les jours. Se faire sa propre expĂ©rience demande une certaine capacitĂ© d’initiative. Mais aussi de pouvoir accepter de faire et vivre d’abord seul (e ) certaines expĂ©riences contradictoires. Certaines personnes n’ont ni cette volontĂ© ni ce courage. 

 

MalgrĂ© cette ambivalence envers la police ou malgrĂ© l’aversion assumĂ©e que certaines personnes peuvent avoir envers elle, en regardant Bac Nord, je me suis demandĂ© comment font ces femmes et ces hommes policiers pour avoir envie de faire ce mĂ©tier. Ou, plutĂŽt, pour continuer d’avoir envie de le faire. Que ces femmes et ces hommes travaillent pour la Bac ou non. Car le film rappelle bien aussi qu’ĂȘtre policiĂšre ou policier, c’est exercer un mĂ©tier de conviction :

 

Il faut ĂȘtre convaincu de l’utilitĂ© de ce que l’on fait. Et de ce que l’on est. Ce qui peut ĂȘtre dĂ©jĂ  trĂšs difficile au vu des risques mais aussi, surtout peut-ĂȘtre, des dĂ©sillusions que font vivre- de façon rĂ©pĂ©tĂ©e- ce mĂ©tier. Et, en plus, il faut pouvoir apporter des preuves indiscutables que le travail effectuĂ© a Ă©tĂ© bien effectuĂ©. Et, tout cela, sans s’enrayer soi-mĂȘme. Sans se vomir soi-mĂȘme.

C’est montrĂ© dans le film : A part le personnage jouĂ© par Karim Leklou qui a pour lui la trĂšs large compensation d’avoir une femme aussi attractive, honorable et honorante que l’actrice AdĂšle Exarchopoulos, les deux autres policiers jouĂ©s par Gilles Lellouche et François Civil n’ont pas de vie personnelle valide ou valable. Donc, leur mĂ©tier leur fait payer un trĂšs lourd tribut. Et, dans ces conditions, je m’étonne que des femmes et des hommes tiennent encore Ă  vouloir devenir policiĂšres et policiers. Tout en essayant, aussi, de concilier une vie de couple et de famille.

Or, pourtant, il y en a. Bien-sĂ»r, je pourrais faire la mĂȘme remarque pour des personnels soignants. Mais le mĂ©tier de policier, de par ses armes, et la maniĂšre dont il confronte directement des femmes et des hommes Ă  d’autres femmes et hommes me semble porteur de bien des Ă©checs qu’aucun uniforme,  grade ou ultimatum ne peut contrer.

 

L’acteur Gilles Lellouche de face. De dos, l’acteur François Civil.

 

Casseur de rĂȘve exotique :

 

 

Pour ces quelques raisons, pour moi, Bac Nord n’est pas un film fasciste et raciste. Mais on peut lui reprocher, oui, d’ĂȘtre assez caricatural sur certains aspects.

NĂ©anmoins peut-ĂȘtre que ce qui lui est fondamentalement reprochĂ©, c’est de casser le rĂȘve exotique marseillais avec l’accent, la mer, la sensualitĂ© et le soleil. Pour, au contraire, envoyer dans les yeux du spectateur du sable et bien des Ă©cueils. Comme si, au plein milieu d’une comĂ©die qui se dĂ©roule bien, on se mettait d’un seul coup Ă  reparler de la pandĂ©mie du Covid ou du rĂ©chauffement climatique. Comme si, Ă  parler de la Guadeloupe, au lieu de parler de plages, cocotier, zouk, ti-punch, sexe et Francky Vincent, on en arrivait Ă  reparler de l’esclavage, du Covid, de l’obĂ©sitĂ©, du Sida, de chĂŽmage, de maltraitances conjugales, de chlordĂ©cone, d’alcoolisme et de diabĂšte. Ça casse un peu l’ambiance.

 

 

Franck Unimon, ce mercredi 29 septembre 2021.

 

 

 

 

 

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Voyage

New York 2011 : “You’re Welcome !”

 

New-York 2011 : «  You’re Welcome ! Â».

( cet article est la suite de New-York 2011- 2Ăšme partie )

 

Ma compagne m’a proposĂ© d’aller au cinĂ©ma dans Time Square. Je ne peux qu’accepter. Nous reprenons le bus. Et sa climatisation. Nous longeons la partie ouest de Central Park.

 

Nous passons devant le musĂ©e amĂ©ricain d’histoire naturelle. J’ai entendu dire beaucoup de bien de ce musĂ©e qui a manifestement Ă©tĂ© trĂšs frĂ©quentĂ© ce dimanche. Je vois principalement des blancs. La statue devant le musĂ©e me dĂ©range :

Un blanc Ă  cheval. A sa gauche, Ă  pied, un noir. A sa droite, je ne vois pas qui marche Ă  ses cĂŽtĂ©s. Un Indien ?

 

Nous descendons Ă  la 59Ăšme rue. LĂ , une dame avec un accent d’Europe de l’est me rĂ©pond que Time Square est Ă  environ dix rues ( «  Ten blocks ! Â» de lĂ  en prenant Broadway.

 

En prime abord, je trouve Broadway plaisant. Bien plus que Madison Square Garden.

Et puis, nous entrons dans un pavé touristique. Et puis, toute cette foule. Tous ces écrans. Toutes ces lumiÚres. Il est un peu moins de dix neuf heures.

 

Nous croisons une foule qui se fait des gestes/signes sur un Ă©cran gĂ©ant. A d’autres endroits, nous entrons dans un magasin Quicksilver «  Hi Guys ! Â» ouvert jusqu’à minuit.

Ailleurs, il semble qu’il y’ait des parcs d’attraction, des salles de spectacles courues. Mais je n’y comprends rien. Je vois de la promo pour Mme Tussaud. Samuel Jackson à l’affiche. Un restaurant ou une salle de concert B.B King/ Lucille.

Apparemment, devant une salle, une actrice se fait interviewer. Des passants la photographient. La vingtaine, blonde, mince, en robe et souriante, elle semble contente de ce qui lui arrive. Je me dis qu’elle doit avoir un rîle dans une piùce à succùs.

Il nous faut nĂ©anmoins demander Ă  deux reprises oĂč se trouvent les cinĂ©mas. Car, ici, ils ne sont pas majoritaires. Je redoute de tomber sur un UGC. Sur une rĂ©plique exacte d’un UGC parisien.  Finalement, non.

J’aurais aimĂ© voir le film avec GĂ©rard Butler mais il passe trop tard : une heure trente plus tard.

Nous optons pour le film Abduction dont j’ai oubliĂ© le titre en Français avec Taylor Lautner en hĂ©ros. Taylor Lautner, dĂ©couvert/rĂ©vĂ©lĂ© grĂące Ă  Twilight  dont j’ai dĂ©jĂ  vu Ă  peu prĂšs en entier le premier Ă©pisode, je crois.

 

L’affiche et l’annonce du film en France m’ont fait penser Ă  du Jason Bourne. Autant, j’ai aimĂ© la trilogie de Jason Bourne, autant je suis perplexe devant l’affiche. Mais les critiques, en France, ont Ă©tĂ©, je crois, plutĂŽt bonnes.

 

La caissiĂšre, Priscilla, est plutĂŽt jeune et jolie. Mais elle est lĂ  pour faire du chiffre et aligne ses phrases mĂ©caniquement. Lorsque je lui demande s’il existe une feuille avec les rĂ©sumĂ©s des films, il lui faut quelques secondes pour comprendre. Enfin, elle comprend et je rĂ©cupĂšre une feuille. Je ne comprends rien Ă  ses indications pour trouver la salle mais je suis serein. RĂ©trospectivement, elle m’avait sĂ»rement dit « Level five ! Â» soit tout en haut.

Nous prenons les escalators.

 

La salle est assez petite. Cent places ? Plus ?

Les fauteuils s’abaissent lorsque l’on s’assied. Ils me donnent une impression de mollesse qui me dĂ©plait. Bien-sĂ»r, il y’a du pop corn dans la salle mais pas plus que dans certains films grand public dans une salle UGC Ă  Paris. Quelques tĂ©lĂ©phones portables allumĂ©s. Par contre, mieux vaut entendre les rĂ©clames publicitaires car leur volume sonore est particuliĂšrement Ă©levĂ©.

 

Le film : Taylor Lautner est sur le capot d’une voiture conduite Ă  vive allure sur la route par un de ses meilleurs amis. Un blanc. Un noir. MalgrĂ© la vitesse et les virages, Taylor Lautner n’a pas peur. Le trio arrive Ă  une party. Le noir est un faussaire de gĂ©nie : il fabrique des faux papiers d’identitĂ© qu’il vend Ă  prix d’or. « No Stress Â».

Taylor croise une jeune fille qu’il biche. Elle, aussi, le biche. Mais elle l’évite et elle a un copain. Lequel bouscule Taylor Lautner. Surproduction de testostĂ©rone. La fille intervient. Pas de bagarre. Taylor et ses copains s’amusent. Il prend une cuite, se rĂ©veille le lendemain, torse nu, dans le jardin qui a servi Ă  la fĂȘte. Celle qui a organisĂ© la fĂȘte a une heure pour tout ranger avant que ses parents n’arrivent.

Dans ce film, outre Lautner, il y’a Alfred Molina, Maria Bello, Sigourney Weaver.

Il y’a des traits d’humour que je n’ai pas compris. Mais je crois avoir compris l’intrigue et le but de ce film :

AprĂšs le succĂšs de Twilight, pousser la carriĂšre de Taylor Lautner. Lequel a d’évidentes aptitudes plastiques et acrobatiques. Sorti de ça, Ă  part du pop corn, il n’y’a rien dans ce film. Un film de spectacle pour celles et ceux qui veulent du spectacle. Un spectacle de division d’honneur ou de troisiĂšme division.

AprĂšs ça, trente minute de marche jusqu’à l’hĂŽtel. Nous Ă©tions claquĂ©s. Je me suis dit que ce dimanche, nous en avions trop fait.

J’étais claquĂ©, j’avais la nausĂ©e et un peu mal Ă  la tĂȘte. Nous nous sommes couchĂ©s sans dĂźner Ă  23 heures. Sur la messagerie du tĂ©lĂ©phone de notre chambre, un message de la rĂ©ception pour nous proposer une soirĂ©e Ă  23 heures
.

 

Aujourd’hui, ce lundi 10 octobre, il nous fallait frapper un grand coup !

Notre City Pass achetĂ© sur internet avant notre arrivĂ©e Ă  New-York nous donne droit Ă  six sorties culturelles (musĂ©es, croisiĂšre, point de vue panoramique). Puisque nous repartons samedi et que nous envisageons de prendre notre temps pour ces sorties, il devenait nĂ©cessaire d’en faire deux si possible aujourd’hui. Sans nous fatiguer. Car ma compagne a eu les mĂȘmes impressions que moi par rapport Ă  notre journĂ©e d’hier. Et, je me demande comment font celles et ceux qui restent entre trois et cinq jours Ă  New-York avec le dĂ©calage horaire. A part en courant en permanence ou en se concentrant sur deux ou trois activitĂ©s, je ne vois pas
.

 

 

Nous avons cette fois pris notre petit-dĂ©jeuner vers midi. Le temps de finir mon compte-rendu dans ce cahier, de m’étirer et de me doucher
mais ma compagne ne m’a pas semblĂ© trĂšs pressĂ©e non plus.

Nous sommes allĂ©s Ă  PrĂȘt Ă  Manger dans la 3Ăšme avenue. Lieu de restauration fermĂ© le week-end qui nous avait fait bonne impression Ă  notre arrivĂ©e Ă  New-York. Nous avons d’abord cru que ce serait trĂšs cher. Alors, nous commandons  prudemment.

Je prends un Bagel. Ma compagne dit d’abord : « Ă§a va ĂȘtre cher ! Â».

Nous partons. Je goĂ»te le Bagel. Il est trĂšs bon. Ma compagne le goĂ»te puis me dit :

« C’est comme tu veux ! Â». Nous y retournons :

Un Mocha et deux Bagels pour elle. Un large hot chocolate, un Muffin aux baies et Ă  l’orange et un verre d’eau pour moi. Conclusion : 13 dollars. SuccĂšs commercial. C’est fait maison. C’est bon et c’est copieux. Martine a du mal Ă  finir son Mocha. Ce que j’ai pris me suffit.

Nous partons pour le MOMA avec le deuxiĂšme Bagel de ma compagne.

Une partie du tableau ” Christina’s World” rĂ©alisĂ© en 1948 par Andrew Wyeth.

 

Le MOMA est Ă  une dizaine de minutes Ă  pied de l’hĂŽtel. Demain, il sera fermĂ©. Mais avant ça, je cherche un lavomatic dans le quartier. Mais Ă  qui demander ?

Je remarque un noir qui parle dans son tĂ©lĂ©phone portable en poussant un diable vide. Il a une bonne quarantaine d’annĂ©es. Peut-ĂȘtre plus. A l’entendre, je crois reconnaĂźtre un HaĂŻtien. Je l’interpelle devant le magasin Duane.

Oui, il parle Français. Mais il me rĂ©pond d’abord en Anglais. Puis, il se met au Français. Il habite Brooklyn. Il n’est pas du quartier mais il veut bien se renseigner. Il pousse son diable dans le Duane comme en terrain familier, salue un des jeunes caissiers (la vingtaine) qui semble s’ĂȘtre accommodĂ© du personnage qu’il perçoit sans doute comme un farfelu. Non, il ne sait pas oĂč il y’a un lavomatic dans le quartier.

Notre homme interpelle un autre noir, une cliente. Personne ne sait.

Il part chercher le manager. Revient peu aprĂšs : le manager ne sait pas. Et dire qu’à Brooklyn, oĂč il habite, il y’a tant de lavomatic !

Il se propose presque de nous y accompagner. Je dĂ©cline. Il me propose de l’appeler si j’ai besoin d’un service. Je dĂ©cline tout autant poliment. A Church Avenue, Ă  Brooklyn, il y’a plein de lavomatic m’assure-t’il. Il me rĂ©pond qu’il faut amener sa lessive. Il est bien HaĂŻtien et s’appelle Zelo.

 

 

Puis, le MOMA.

 

Il y’a du monde. La jeune femme du vestiaire a commencĂ© Ă  perdre patience.  Oui, le vestiaire est gratuit. Mais au moment de prendre mon sac : ai-je du matĂ©riel Ă©lectronique dedans ? Oui.

Dans ce cas, il me faut le prendre avec moi. Bon.

Ai-je des objets de valeur dans mon sac ? Oui. Il me faut les prendre avec moi.

Puis, elle m’explique que l’usage des appareils photos et camĂ©ra est autorisĂ© au MOMA. Que je peux emmener mon sac avec moi.

Il me faut un moment pour comprendre : j’étais content de pouvoir m’allĂ©ger pour profiter au mieux de cette exposition. Alors, en souriant, je la fais rĂ©pĂ©ter. Je la vois qui commence Ă  perdre patience. Je dĂ©cide de prendre mon sac.

 

 

Pendant les dix premiùres minutes, dans la partie Art contemporain, je me sens idiot. Ce que je suis sans doute de plus en plus. Ensuite, je bute sur les constants chefs d’Ɠuvre de peintres comme Picasso etc
Jeff de Kooning


Je ne vois rien. Une femme assez bruyante, et accompagnĂ©e de ses deux garçons, interpelle un gardien. Noir. Ils Ă©taient principalement noirs. J’ai vu un seul gardien sud-amĂ©ricain.

La femme demande au gardien ce qu’il voit dans la toile qu’elle regarde. Celui-ci lui rĂ©pond qu’il faut utiliser son imagination. La femme affirme devant le gardien dĂ©bonnaire qu’elle l’utilise, son imagination !

 

Et puis, des tableaux m’ont plu. Comme NapolĂ©on into Wilderness de Max Ernst. Ou un portrait de Modigliani.

 

Dans une salle, alors que j’entre, le gardien, un noir d’environ 1m90 pour 120 kilos mime le geste de m’adresser un ballon de football  amĂ©ricain. Au dĂ©part, je ne rĂ©agis pas.

Il rĂ©pĂšte son geste. Je fais mine d’attraper le ballon. Il fait semblant d’avoir le ballon contre lui. Cela lui suffit. Je poursuis ma visite.

Lorsque je ressors de la salle, il recommence. Toujours à distance. Environ cinq à dix mÚtres nous séparent. Tout se passe en silence.

 

 

Nous terminons notre visite un peu avant 17 heures. Vers 16h30. Puis, direction la Circle Line pour une croisiĂšre autour de Manhattan. Nous faisons en fait un demi tour. Le bateau est plein.

Nous avons droit Ă  un commentateur pendant une bonne partie de la traversĂ©e. J’ai compris des bouts de ses commentaires. J’ai pris des photos, quelques vidĂ©os. C’est le rĂ©sultat de ces images qui me dira si cela m’a plu. Car ĂȘtre sur un bateau aussi plein m’a dĂ©plu.

 

 

Pour dĂźner ce soir, nous faisons une halte auprĂšs d’un marchand ambulant :

Pour du riz et du falafel. Pour du riz et du gyro, mĂ©lange de poulet et d’agneau. Dix dollars.

L’homme me demande d’oĂč nous venons. Je lui rĂ©ponds. Je lui demande d’oĂč il vient :

« Afghanistan Â».

 

 

Ce soir, deux Ă©vĂ©nements :

 

J’ai mis un pied dans le magasin de comics repĂ©rĂ© prĂšs de l’hĂŽtel. Dix minutes avant sa fermeture Ă  21h ?

Ma compagne m’a appris que sur la carte, à New-York, les rues sont horizontales et les avenues, verticales jusqu’à Chelsea et Gramercy. Ensuite, la carte se complique.

Elle se dĂ©brouille trĂšs bien avec la carte. Elle me guide. Je suis plus portĂ© sur la mĂ©moire visuelle (laquelle n’est pas encore totalement opĂ©rationnelle ici) et le fait d’entrer en relation avec les gens. 

 

Nous avons complĂ©tĂ© notre diner « afghan Â» avec quelques morceaux de fruits achetĂ©s au Long Gourmet : lĂ  oĂč nous avions pris notre petit dĂ©jeuner hier.

 

Plusieurs fois, aujourd’hui, alors que je cherchais notre itinĂ©raire, trĂšs vite un New-Yorkais m’a demandĂ© oĂč nous voulions aller.

Depuis le dĂ©but de notre sĂ©jour, chaque personne que nous avons pu solliciter a fait de son mieux pour nous renseigner, allant jusqu’à nous dire aprĂšs nos remerciements :

 

« You’re welcome ! Â».

 

 

Franck Unimon ( photos prises au MOMA en octobre 2011 exceptées les deux premiÚres photos prises en extérieur).

 

 

 

 

 

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Corona Circus

Vivre au temps du Covid avec Eric Zemmour

Paris, 6 Ăšme arrondissement, ce 23 septembre 2021. PrĂšs de l’Ă©glise St Sulpice.

 

Vivre au temps du Covid avec Eric Zemmour

 

Si je me souviens bien, c’est au dĂ©but de La Vie devant soi, de Romain Gary, que le jeune Momo demande :

« C’est possible de vivre sans amour ? Â».  Le vieil Arabe Ă  qui il Ă©choit de rĂ©pondre, aprĂšs une sorte de lutte intĂ©rieure, cĂšde. Et lui « donne Â» la vĂ©ritĂ©. « Oui, c’est possible
. Â». Alors, Romain Gary nous dĂ©crit un vieil homme qui tire la tronche. Et c’est moche Ă  suivre. Car si le jeune Momo a encore « toute la vie Â» devant lui, en posant cette question Ă  cet homme, celui-ci, en rĂ©pondant, a Ă©tĂ© contraint de voir en face que l’intĂ©gralitĂ© de sa vie- et de son Ɠuvre- avait Ă©tĂ© ratĂ©e.

 

C’est en lisant, ado, ou jeune adulte, ce livre de Gary que j’avais appris que l’on pouvait lire sans amour. Pardon : que l’on pouvait vivre sans amour. Vingt ou trente ans aprĂšs avoir lu deux ou trois Ɠuvres de Romain Gary, je sais qu’elles font partie de ces lectures qui m’ont fait et me font vivre.  Aujourd’hui encore, chaque fois que je « croise Â» le nom de Gary, directement ou indirectement au travers de Jean Seberg, pour moi, le temps s’arrĂȘte quelques instants.

 

Nous connaissons des auteurs, des penseurs, des personnalités, des oeuvres ou des artistes, connus ou inconnus, controversés ou encensés, qui nous animent de cette façon. Qui nous rendent vivants.

 

Je suis Ă©videmment bien incapable de savoir ce qu’il restera de ce que nous vivons et de ce que je vis, aujourd’hui. NĂ©anmoins, ce dimanche 26 septembre 2021, je me dis que si nous pouvons vivre sans amour, alors, nous pouvons sĂ»rement Ă©galement vivre sans Eric Zemmour.

 

Or, depuis quelques semaines, peut-ĂȘtre depuis plusieurs mois, « beaucoup Â» de monde veut « son Â» Zemmour. BientĂŽt, il sortira peut-ĂȘtre un ours en peluche Zemmour. Un pendentif Zemmour. Un album de Rap Zemmour. Une limonade Zemmour. Un peignoir et un slip de bain Zemmour. Une voiture Ă©lectrique Zemmour.

Zemmour  et « ses Â» 6 ou 7 pour cents d’intention de vote s’il se prĂ©sente aux Ă©lections prĂ©sidentielles de 2022. Zemmour Ă  la tĂ©lĂ© en plein dĂ©bat avec l’animateur, producteur, Ă©crivain, artiste Laurent Ruquier, son ex-employeur, et la journaliste LĂ©a SalamĂ©. LĂ©a SalamĂ© qui est un peu le pendant d’Anne Sinclair dans les annĂ©es 80-90 avant « l’échec Â» DSK.

Zemmour immergĂ© dans l’eau salĂ©e dans un collĂ©-serrĂ© avec celle qui serait sa proche conseillĂšre. Zemmour et sa crĂšme fouettĂ©e. Zemmour Ă  Koh-Lantah. Zemmour Ă  The Voice. Zemmour dans Le Bonheur est dans le prĂ©. Zemmour Ă  Fort Boyard. Zemmour dans le prochain James Bond (c’est lui qui va remplacer Daniel Craig). Zemmour dans le prochain Matrix (tout venait de lui).

Zemmour dĂ©fendu par son « ami Â» journaliste Pascal Praud, un homme qui regrette les  annĂ©es 70-80, mais seulement de la France. Les annĂ©es des “vraies valeurs”. Pas celles des annĂ©es 70-80 du groupe Joy Division ou de Bob Marley et les Wailers.

Zemmour dans son dĂ©bat tĂ©lĂ©visĂ© avec MĂ©lenchon, meneur du parti La France Insoumise. Zemmour qui, lors de son dĂ©bat avec Laurent Ruquier affirme :

« 70 pour cent des Français pensent comme moi ! Â». 70% !

 

On verra dans vingt ou trente ans – si nous sommes encore lĂ , si nous n’avons pas Ă©tĂ© remplacĂ©s– ce qu’auront donnĂ©, ce que seront devenus « ces Â» 70% qui penseraient comme lui. Au point que Zemmour estime avoir « annexĂ© Â» les pensĂ©es de pratiquement les trois quarts des Français. Parce-que, penser en permanence « comme Â» quelqu’un d’autre, c’est une Ă©preuve. Et puis, lui qui voit la France comme un pays envahi par les Ă©trangers dĂ©linquants, dĂ©viants, mal nommĂ©s et menaçants, il devrait penser Ă  faire profil bas.

Si les « vrais Â» Français sont devenus minoritaires dans ce pays.

 

Mais si les pensĂ©es de Zemmour clivent, rĂ©confortent ou agressent, je le vois aussi beaucoup comme un commerçant. Mr Zemmour est le commerçant de ses propres pensĂ©es. Lesquelles sont ces produits qu’il a rĂ©ussi Ă  placer sur les Ă©talages mĂ©diatiques. Car il a su et pu trouver dans ce “petit” monde mĂ©diatique des personnes qui l’ont trouvĂ© suffisamment sympathique et utile pour l’aider Ă  s’installer. L’encourager. Se fortifier. Lui, qui, au dĂ©part, Ă©tait un « migrant Â» mĂ©diatique parmi d’autres et qui a ainsi pu obtenir son visa provisoire. Puis son titre de rĂ©sident permanent ou sa nationalitĂ© quasiment indestructible qui lui permet dĂ©sormais de circuler plutĂŽt facilement dans les allĂ©es des chaines de tĂ©lĂ©vision.  Car Zemmour n’est pas nĂ© sur un plateau de tĂ©lĂ©. Assez peu de monde naĂźt dans un service de maternitĂ© qui appartiendrait Ă  une chaine de tĂ©lĂ©vision. Autrement, cela fait longtemps que nous aurions eus des clichĂ©s de la naissance du petit Zemmour Ă  la maternitĂ©.

 

Ce petit monde mĂ©diatique, que nous sommes une majoritĂ© de spectateurs – et d’exclus- Ă  regarder a ses particularitĂ©s. Comme, d’abord, de pouvoir doter d’une importance disproportionnĂ©e certains Ă©vĂ©nements et certaines personnes. Mais, aussi, d’ĂŽter la mĂ©moire. Et, ce qui va avec, de nous montrer quelques habituĂ©s, une trĂšs petite minoritĂ© des Français, dopĂ©s Ă  l’exposition mĂ©diatique. Je n’ai pas pu m’empĂȘcher de penser, je ne peux pas m’empĂȘcher de penser, que si autant de monde veut « son Â» petit Zemmour, c’est parce qu’il est le « trĂšs bon coup mĂ©diatique Â» du moment.

« Seuls Sarkozy et Macron, actuellement,  peuvent faire autant que lui en termes d’audimat Â».

Zemmour aurait tort de se priver d’un tel succĂšs. Cela doit beaucoup lui plaire et le faire marrer de se voir autant dĂ©sirĂ©. Ou craint. Il a sans doute beaucoup de revanches Ă  prendre, lui, qui a probablement longtemps vĂ©cu sans amour. Car lorsque l’on manque d’amour, le temps est souvent trop long. Je le sais par expĂ©rience. Non par jalousie ou mesquinerie envers Zemmour

 

Je sais aussi que Zemmour n’a rien Ă  voir avec Romain Gary (qu’il a sĂ»rement lu et apprĂ©ciĂ©). Ou avec Baudelaire.

 Zemmour n’a rapportĂ© aucune mĂ©daille olympique des Jeux Olympiques de Tokyo qui se sont terminĂ©s il y a plusieurs semaines. Zemmour n’a sauvĂ© personne du Covid en travaillant dans un hĂŽpital ou une clinique depuis le mois de Mars de 202O. Zemmour n’est pas intervenu lors des attentats terroristes du 13 novembre 2015. Mais qu’est-ce que c’est bon de se prendre son shoot d’exposition mĂ©diatique comme on pourrait se prendre un verre de Perrier menthe tout en se montrant sur un plateau de tĂ©lĂ© avec Eric Zemmour ! Et en assurant, bien-sĂ»r, que c’est pour la bonne cause. Pour le droit Ă  la libertĂ© d’expression. Et, aussi, pour percevoir un trĂšs bon salaire.

Il est surprenant de revoir comme la libertĂ© d’expression, avec la garantie de recevoir un trĂšs haut salaire, reste le droit plutĂŽt exclusif de quelques unes et quelques uns en France comme ailleurs.

 

Nous sommes toujours en pleine pandĂ©mie du Covid. MĂȘme si, depuis dĂ©but septembre Ă  peu prĂšs, avec la rentrĂ©e, j’ai bien senti qu’il y a une volontĂ© – et un besoin– assez unanime de « l’oublier Â».  Si bien que, trĂšs facilement, aujourd’hui, en France, pour ne parler que de « Ă§a Â», des soignantes et soignants – hĂ©ros l’annĂ©e derniĂšre- se font dĂ©sormais suspendre, sans salaire. Est-ce que l’on Ă©coute et rĂ©Ă©coute ce que ces personnes ont Ă  dire ? Non. On les a assez entendues comme ça. Quand ? Combien de fois ? Dans quelles conditions ? Avec quelles intentions ?

Pour les écouter véritablement ? Ou pour meubler et faire la Une ?

Leur suspension, leur arrĂȘt de travail ou leur dĂ©part des hĂŽpitaux et lieux de soins oĂč on les contraint Ă  cette vaccination (malgrĂ© le port du masque) va continuer d’accroĂźtre dans certaines rĂ©gions au moins une pĂ©nurie infirmiĂšre existante depuis des annĂ©es. Donc « quelques Â» dĂ©sĂ©quilibres supplĂ©mentaires pour rĂ©pondre aux besoins sanitaires divers de la population vont survenir. Mais ça n’est pas “prĂ©occupant”. Mon article CrĂ©dibilitĂ© , Ă©crit le 5 novembre 2019, fait actuellement partie de mes articles les plus lus. Sans doute par des soignantes et des soignants. Peut-ĂȘtre que cet article les touche parce-qu’Ă©crit avant la pandĂ©mie du Covid, il racontait et raconte ce que connaissent un certain nombre de soignants depuis plusieurs annĂ©es. 

Pour l’instant, la pandĂ©mie diminue, il y aurait peu de personnes vaccinĂ©es contre le Covid Ă  ĂȘtre hospitalisĂ©es. L’espoir d’en finir avec la pandĂ©mie du Covid revient et coĂŻncide avec le taux officiel de vaccination de la population qui approche maintenant les plus de 70 % . Mais, pour moi, le grand test de la rĂ©ussite de la vaccination gĂ©nĂ©rale va arriver Ă  partir de cet automne. Ou dĂšs que les tempĂ©ratures vont vĂ©ritablement flĂ©chir Ă  la fin de l’annĂ©e ou au dĂ©but de l’annĂ©e prochaine.

 

En IsraĂ«l, pays qui sert jusqu’à maintenant de « modĂšle Â» Ă  la France pour son programme sanitaire contre la pandĂ©mie du Covid, une troisiĂšme dose de vaccin anti-Covid (vaccin qu’en France refusent de se faire injecter les soignants suspendus/ raison pour laquelle depuis ce 15 septembre 2021, ils peuvent ĂȘtre suspendus en recevant un recommandĂ© avec accusĂ© de rĂ©ception) a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e pour la population Ă  partir de 30 ans : 

 

En raison de la baisse d’efficacitĂ© du vaccin Pfizer face au variant Delta du Covid. Le « Pfizer Â» est Le vaccin anti-Covid largement le plus utilisĂ© en France.  Avec le « Moderna Â», le « Pfizer Â» a Ă©tĂ© conçu avec la technique ARN messager. Ces deux vaccins, le Pfizer et le Moderna sont prĂ©sentĂ©s comme les plus avancĂ©s. Les plus performants actuellement contre le Covid.  Hors contamination par le Covid, ils nĂ©cessitent deux injections Ă  trois semaines d’intervalle. Et, il faut compter 7 jours aprĂšs la deuxiĂšme vaccination pour pouvoir considĂ©rer ĂȘtre vaccinĂ© contre le Covid. Pour une durĂ©e d’efficacitĂ© maximale d’environ six mois aprĂšs la deuxiĂšme injection.

Les deux autres vaccins disponibles, l’ Astrazeneca et le  Johnson & Johnson ont eu des ratĂ©s en termes d’effets secondaires. Des effets secondaires « dĂ©rangeants Â», « gravissimes Â». Je crois que l’Astrazeneca a Ă©tĂ© le premier vaccin anti-Covid proposĂ© en France au dĂ©but de l’annĂ©e 2021. Peut-ĂȘtre fin 2020.

Le Johnson & Johnson a Ă©tĂ©, Ă  ce jour, le dernier vaccin anti-Covid proposĂ© en avril ou Mai 2021. Ce dernier a pour particularitĂ© de nĂ©cessiter une seule injection. Injection aprĂšs laquelle il faut compter 28 jours pour pouvoir considĂ©rer ĂȘtre correctement vaccinĂ© contre le Covid.

Le Johnson & Johnson a, aussi, trĂšs vite, comme l’Astrazeneca, prĂ©sentĂ© des effets secondaires « dĂ©rangeants Â» et « gravissimes Â». NĂ©anmoins, Ă  la faveur de la rĂšgle bĂ©nĂ©fices/risques, le Johnson & Johnson et l’Astrazeneca peuvent encore ĂȘtre proposĂ©s Ă  la vaccination :

il est estimĂ© qu’il y a plus intĂ©rĂȘt, pour se prĂ©server des graves consĂ©quences mĂ©dicales du Covid, de se faire vacciner que ce soit par l’Astrazeneca, le Johnson & Johnson, le Pfizer ou le Moderna. Selon les situations personnelles et mĂ©dicales de chacun (comorbiditĂ©s, Ăąge
.) un avis mĂ©dical permet de choisir le vaccin qui correspond le mieux. Je ne suis pas mĂ©decin. Je rĂ©sume dans cet article ce que j’ai compris et ce que j’ai lu.

 

Depuis quelques jours, les personnes qui se sont faites vacciner avec le Johnson & Johnson sont incitĂ©es Ă  recevoir une injection du Pfizer ou du Moderna ( les deux vaccins anti-Covid Ă  ARN messager) afin de « booster Â» leurs dĂ©fenses immunitaires.

 

Deux vaccins anti-Covid sur quatre ont prĂ©sentĂ© des risques sanitaires ou des « faiblesses Â» en termes de rĂ©ponse immunitaire. Nous manquons encore de recul par rapport Ă  ces quatre vaccins anti-Covid qui s’inoculent ( j’ai reçu une premiĂšre injection de Moderna mi-septembre, il y a deux semaines). Des laboratoires, des entreprises et des actionnaires engrangent des marges de profit historiques « grĂące Â» Ă  la pandĂ©mie du Covid. Mais les soignants qui refusent de se faire injecter ces vaccins anti-Covid sont aujourd’hui perçus comme indĂ©sirables, irrationnels, dĂ©gradables et irresponsables ou responsables potentiels et principaux de la persistance ou de dĂ©veloppement de clusters de la pandĂ©mie du Covid.

A cĂŽtĂ© de ça, depuis deux semaines, il est de nouveau possible de retourner dans certains centres commerciaux en portant uniquement un masque anti-Covid. Car le taux d’incidence de la pandĂ©mie a diminuĂ©. Et puis, imposer trop de conditions pour accĂ©der aux centres commerciaux a pu faire perdre Ă  ceux-ci 20 Ă  30 % de leur chiffre d’affaires. Auparavant, il fallait fournir un pass sanitaire ( j’Ă©cris souvent “passe” au lieu de “pass”) qui atteste de notre vaccination anti-Covid complĂšte et achevĂ©e au moyen d’un QR Code. Ou du rĂ©sultat nĂ©gatif de moins de 72 heures Ă  un test antigĂ©nique ou PCR. Ou d’un rĂ©sultat positif Ă  l’infection du Covid depuis un certain nombre de jours. 

 

 Des forages pĂ©troliers se multiplient dans l’Antarctique au dĂ©triment du rĂ©chauffement climatique. Le procĂšs des attentats terroristes du 13 novembre 2015 se poursuit. En France et ailleurs, il est d’autres informations plutĂŽt sensibles. Mais, depuis quelques semaines, on nous parle et reparle de Zemmour.

 

Zemmour va-t’il se lancer dans les Ă©lections prĂ©sidentielles ? Le « pauvre Â» Zemmour s’est fait insulter par une humoriste qui l’a grimĂ© en « zob Â» et en Hitler. C’est inadmissible ! Et, en plus, ce n’est pas drĂŽle a affirmĂ© un journaliste qui l’aime beaucoup – qui n’est pas drĂŽle- et pour lequel la “popularitĂ©” de Zemmour est bien utile. Ainsi que pour la chaine de tĂ©lĂ©vision pour laquelle il travaille.

 

Une scĂšne du film “Bac Nord”, oĂč deux des policiers de la Bac interprĂ©tĂ©s par François Civil et Karim Leklou se font passer pour des consommateurs de shit afin de “s’infiltrer” dans une citĂ© tenue/grillagĂ©e par des trafiquants. Le film est sorti cet Ă©tĂ©. Le film semble plutĂŽt apprĂ©ciĂ© par les policiers. RĂ©cemment, dans Paris, en allant prendre le mĂ©tro, j’ai pu entendre un policier dire Ă  ses collĂšgues en regardant une affiche du film “Il parait que c’est un bon film”. Je rappelle aussi le livre “La peur a changĂ© du camp” de FrĂ©dĂ©ric Ploquin dont j’ai parlĂ© dans un de mes articles.

 

 

Le film Bac Nord de CĂ©dric Jimenez donnerait une vision « zemmouriste Â» de la France. Si dans le film  Les misĂ©rables 2Ăšme partie de Ladj Ly, en banlieue parisienne, les policiers de la Bac entrent dans les citĂ©s et abusent de leur pouvoir, dans Bac Nord, Ă  Marseille, les policiers de la Bac ne peuvent plus entrer dans certains quartiers.

 

L’acteur Roschdy Zem dans le rĂŽle principal de “Go Fast”.

En 2007 au moins, un film comme Go Fast d’Olivier Van Hoofstadt montrait dĂ©ja une citĂ© oĂč les policiers n’Ă©taient plus “chez eux”. Mais en 2007, c’Ă©tait l’Ăšre Sarkozy auquel Zemmour me fait aussi penser. 

 

 

Mais dire que cela est devenu un fait dans certains quartiers de France (pas uniquement Ă  Marseille) n’est pas « zemmouriste Â». Ce qui est « zemmouriste Â», c’est d’occulter que ces quartiers se sont transformĂ©s et radicalisĂ©s de cette maniĂšre Ă  la suite de dĂ©cisions politiques et Ă©conomiques prises et rĂ©pĂ©tĂ©es ces vingt et trente derniĂšres annĂ©es. Et de pouvoir affirmer ensuite Ă  la tĂ©lĂ© Ă  une heure de grande audience :

 

«  70 pour cent des Français pensent comme moi ! Â».

 

Ce qui est « zemmouriste Â», c’est de croire et de penser que les conditions de travail dans des institutions publiques comme l’école, les hĂŽpitaux mais aussi dans la police se sont dĂ©gradĂ©es toutes seules. Ou principalement par la faute de celles et ceux qui y travaillent.

Et ce qui est peut-ĂȘtre anti-zemmouriste et anti-RN, c’est de comprendre que ces dĂ©cisions politiques et Ă©conomiques « pĂ©rennes Â» depuis vingt Ă  trente ans finissent par amener des personnels soignants ou enseignants Ă  voter pour le RN ou pour Zemmour. Mais aussi Ă  produire des Eric Zemmour.

 

Autrement, oui, j’avais vu le film Dune-un film de Denis Villeneuve . Je l’aime toujours. MĂȘme si je suis d’accord avec la critique lue ailleurs selon laquelle « une fois de plus Â», ce sont des gentils blancs qui viennent sauver les IndigĂšnes. Il est vrai que Javier Bardem – un acteur que j’aime beaucoup – en «Touareg Â» fait un peu penser Ă  ces blancs qui jouaient les Indiens ( en se grimant) dans les westerns. Et, tout compte fait, je lui trouve aussi un petit air de Zemmour.

 

Et puis, je m’inquiĂšte subitement – alors que je ne devrais pas vu que lui ne s’est jamais inquiĂ©tĂ© pour moi- de Jean-Louis Borloo. Lui, si douĂ© pour resplendir sur les trampolines mĂ©diatiques beaucoup plus longtemps que Simone Biles. Une telle discrĂ©tion de sa part m’étonne. C’est suspect. Je suis sĂ»r que Zemmour y est pour quelque chose.

Paris, ce 23 septembre 2021.

 

Franck Unimon, ce dimanche 26 septembre 2021.

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Voyage

New-York 2011- 2Ăšme partie

 

New-York. Lundi 10/10/11 7h05

( cet article est la suite de New-York 2011 que j’avais publiĂ© le 12 mars 2020. Ce 24 septembre 2021, je me suis senti inspirĂ© pour poursuivre. J’ai peut-ĂȘtre estimĂ© que j’avais suffisamment pris le temps de la rĂ©flexion).

Hi Guys !

 

Hier, dimanche 9 octobre, aprĂšs la tenue de ce journal, nous sommes allĂ©s prendre un petit-dĂ©jeuner prĂšs de l’hĂŽtel. Mais avant de parler d’hier :

 

Tout à l’heure, en me levant, je me suis dit que si je devais vivre ou si je venais à vivre à New-York, j’habiterais Harlem. Ou Brooklyn.

 

Harlem pour ses loyers que je devine Ă  peu prĂšs abordables : citĂ© HLM ou Ă©quivalent. Pour ses anciennes zones pavillonnaires. Pour le calme que nous y avons trouvĂ© hier ; la taille de ses habitations sensiblement moins haute que lĂ  oĂč se trouve notre hĂŽtel ; pour sa population : des Noirs (AmĂ©ricains ou Africains) des Hispanophones. Il semble qu’il y’ait une sorte d’entente tacite, au dĂ©part, entre personnes de mĂȘme couleur ici.

 

Brooklyn : parce-que peut-ĂȘtre que le cĂŽtĂ© populaire d’Harlem me rebuterait. Peut-ĂȘtre qu’Harlem n’est pas si calme que ça. Parce-que Brooklyn me semble plus proche de la vie qu’Harlem. De la vie culturelle, Ă©conomique. Mais Brooklyn est sĂ»rement trĂšs chĂšre.

 

Si je reviens un jour Ă  New-York, j’essaierai d’habiter Ă  Brooklyn si, Ă©conomiquement, c’est plus avantageux qu’à l’Intercontinental Barclay. Mais, par ailleurs, notre hĂŽtel est vraiment bien situĂ© gĂ©ographiquement :

A quelques minutes de Grand Central. A environ 30 minutes à pied de Broadway et de Times Square
.

Par contre, pour le prix des commerces, il faut ĂȘtre affutĂ©. Apercevoir une chocolaterie Godiva Ă  quelques minutes de notre hĂŽtel, dans Lexington Avenue, le soir de notre arrivĂ©e, aurait dĂ» m’en informer ; la veille de notre dĂ©part pour New-York, nous sommes allĂ©s faire du change, rue Rouget de Lisle, dans le premier arrondissement, prĂšs des Tuileries, au mĂ©tro Concorde. Soit la nĂ©gation d’un quartier populaire. C’est dans la rue du Faubourg St-HonorĂ© que nous Ă©tions tombĂ©s sur Godiva en cherchant un distributeur de billets. Godiva est une chocolaterie chic dans un quartier oĂč je me promĂšne peu. Ce n’est pas mes origines. Les cinĂ©mas les plus proches sont sur les Champs ElysĂ©es. Ou Ă  OpĂ©ra. Ce ne sont pas les cinĂ©mas que je frĂ©quente le plus. Exceptions faites des projections de films rĂ©servĂ©es Ă  la presse cinĂ©ma dont plusieurs salles se trouvent sur les Champs ou aux abords des Champs ElysĂ©es.

 

Si je venais vivre Ă  New-York, qu’y ferais-je ? Certainement pas infirmier ou dans le milieu de la santĂ© !

Pour beaucoup, les Etats-Unis symbolisent la possibilitĂ© d’une nouvelle chance, d’une autre vie. Alors, quoi faire dans cette ville oĂč, manifestement, il convient d’ĂȘtre bavard, actif, toujours souriant et expressif : «  Hi guys ! Â» nous ont dĂ©jĂ  rĂ©pĂ©tĂ© plusieurs fois des employĂ©es Ă  notre entrĂ©e dans certains magasins. Le mot « Guy Â» m’intrigue. Ma compagne est une fille. Malheureusement, je n’irai pas interroger ces employĂ©es Ă  ce propos.

 

Parler ici n’est pas vraiment mon ressort. Autant lire et Ă©couter en Anglais, oui. Parler, pas vraiment. Du moins, pas pour l’instant. Je parle Anglais car Ma compagne le fait trĂšs peu. Je suis aussi son escorte linguistique. Et pour des raisons pratiques : trouver notre chemin.

Mais, autrement, je crois avoir quittĂ© cette excitation juvĂ©nile, niaise et immature qui, il y’a vingt ans, en Ecosse, me rendait plus bavard, plus expressif et plus souriant.

Aujourd’hui, je ne parlerais pas de dĂ©prime (beaucoup, en outre, m’envieraient cette dĂ©prime) mais d’un certain scepticisme vis-Ă -vis d’un certain cirque social.  Hier, je me suis surpris Ă  regretter, un peu, la discrĂ©tion voire la retenue japonaise. OU asiatique. Mais je ne sais sans doute pas de quoi je parle et ma compagne me dirait sans doute que je suis trop exigeant avec moi-mĂȘme.

 

 

Je me sens tenu d’écrire tout de suite que cela me va d’ĂȘtre l’escorte linguistique de ma compagne, ici : il y’a plus dĂ©sobligeant et elle est de bonne compagnie. Pas de chichis oĂč de scĂšnes Ă  2 balles.  De la simplicitĂ©, de la gentillesse et de l’efficacitĂ©.

 

Agacé

 

Je suis assez agacĂ© par le fait que notre sĂ©jour consiste pour beaucoup Ă  aller dĂ©couvrir ces endroits de New-York dont nous avons beaucoup ( au point de ne plus nous en rendre compte) entendu parler ou que nous avons beaucoup vus au cinĂ©ma ou Ă  la tĂ©lĂ©. C’est Ă  cela que je me rends compte que New-York est bien la ville, une ville, qui fait partie de la PremiĂšre Puissance mondiale. Or, lorsque je regarde bon nombre de ses habitants, je vois des ĂȘtres faits comme tout le monde avec les mĂȘmes erreurs, travers ou tics qu’ailleurs.

 

Je suis assez agacĂ© par ce circuit touristique mais c’est sans doute un prĂ©liminaire nĂ©cessaire. Il aide Ă  comprendre une partie de l’histoire de cette ville, de ces gens. Et puis, cela me fait voir autre chose, ou presque, de ce que je connais et vois d’habitude.

Presque : car les mĂȘmes besoins sont ici prĂ©sents comme ailleurs.

 

Chester Himes

 

 

Hier matin, notre petit-dĂ©jeuner a Ă©tĂ© une rĂ©ussite Ă©conomique. 23 dollars et quelques    (parce-que nous avons pris pour environ 10 dollars de fruits, c’est cher : pastĂšque, melons, mangue).

La veille, nous avions payé un peu plus de 40 dollars.

Je n’ai pas retenu le nom de l’endroit de notre petit-dĂ©jeuner d’hier matin, trĂšs proche de notre hĂŽtel. A l’angle en descendant. Il s’agit visiblement d’un commerce.

« We never close Â» m’avait rĂ©pondu malicieusement la dame de la caisse, d’origine chinoise. Pourtant, le soir de notre arrivĂ©e, les lumiĂšres Ă©taient plutĂŽt Ă©teintes et un homme faisait le mĂ©nage.

DerriÚre les fourneaux, des Mexicains ou des Sud-Américains. A la caisse, des femmes chinoises. Au milieu, des produits alimentaires. Il est possible, ici, de manger tous ses repas. Et, il semble que cela soit trÚs fréquenté.

 

AprĂšs ça, le bus jusqu’à Harlem. Nous le prenons dans la 3Ăšme Avenue, non loin du magasin Capacci Group oĂč j’ai achetĂ© mes cadenas qui, maintenant, m’obĂ©issent. Le magasin est ouvert ce dimanche comme la plupart des commerces.

Je demande au chauffeur, un Noir d’une cinquantaine d’annĂ©es, barbe grise et sel de 2-3 jours, oĂč s’arrĂȘter pour Harlem :

« It depends on where you’re going Â» me rĂ©pond-t’il. Mince !

« Up to Central Park Â» je rĂ©ponds. Il me dit qu’il m’arrĂȘtera Ă  une station. Je le remercie.

La climatisation me heurte. Je ferme mon blouson. La 3Ăšme Avenue dĂ©file plus de trente minutes durant. Le chauffeur annonce la plupart des arrĂȘts par noms de rue. Il est l’autoritĂ© du bus.

Une seule femme (d’une bonne cinquantaine d’annĂ©es) raconte sa vie grĂące Ă  son tĂ©lĂ©phone portable.

Nous apercevons beaucoup de commerces dont une Bakery qui donne envie avec ses pĂątisseries maison. J’aperçois aussi une maison Ă  Bagels. Je n’en n’ai toujours pas mangĂ©. Les quartiers sont assez chics ou bobos. Puis, vient Harlem. Et, c’est moins beau. D’abord, une bonne partie des passagers avec nous au dĂ©part a disparu. La femme blanche au tĂ©lĂ©phone portable n’est plus lĂ .

Un Noir massif d’une cinquantaine d’annĂ©es, assez grand, aux pieds larges chaussant Ă  peu prĂšs du 48, et sentant l’urine, monte avec une poussette. C’est laborieux. DerriĂšre lui, une jeune femme noire, grosse, la vingtaine, avec un joli visage, mesurant 1m60 ou moins, porte un enfant qui doit avoir un an au maximum.

L’homme et la femme s’assoient cĂŽte Ă  cĂŽte. Debout, Ă  l’arrĂȘt de bus, un homme d’environ 1m70, la cinquantaine, la peau noisette, maigre, est vĂȘtu d’un costume beige. Ses yeux sont assez exorbitĂ©s. Il porte une bosse sur la partie gauche de son front. Une bosse qui semble faire partie de son anatomie. Il regarde derriĂšre le bus semblant en attendre un autre. C’est un personnage d’un livre de Chester Himes.

 

Le bus repart. Un peu plus tĂŽt Ă©tait montĂ©e une jeune femme noire, en tenue de travail. Une combinaison bleue (tunique et pantalon). Elle venait sĂ»rement de l’hĂŽpital devant lequel nous nous Ă©tions arrĂȘtĂ©s.

 

Le couple Ă  l’enfant discutait tranquillement, se souriant. La poussette, elle, n’arrĂȘtant pas de se dĂ©placer : les freins ne marchaient pas ou ne marchaient plus. Plusieurs fois, celle-ci s’est dĂ©placĂ©e sans que l’homme s’en aperçoive. J’ai ainsi pu la remettre une ou deux fois sans qu’il le voie. La premiĂšre fois, il s’était excusĂ©. Finalement, l’homme a posĂ© son gros pied pour coincer la poussette.

 

 

A un arrĂȘt est montĂ© un mastodonte noir (Ă  la Schwarzenegger  quand il Ă©tait jeune). Il tenait dans la main un sorbet qu’il lapait avec plaisir.

 

 

Nous sommes descendus peu aprĂšs. Le Harlem que j’ai vu m’a Ă©voquĂ© la Porte de Clignancourt, ses commerces bon marchĂ©, St Ouen, avec un playground. Mais une Porte de Clignancourt en plus large bien-sĂ»r et oĂč l’on parle Espagnol.

En marchant vers le nord de Central Park, nous croisons quelques Africaines et Africains francophones.

 

Le nord de Central Park

 

 

Cela surprend de tomber sur le nord de Central Park en Ă©mergeant d’Harlem et de ses logements calmes mais plutĂŽt moches. De plus, il fait beau. Comme hier.

 

 

A Central Park, l’atmosphĂšre est trĂšs dĂ©tendue. Quelques personnes sur des bancs. Lecture, dĂ©tente, coiffure. Mais la plupart se promĂšnent. Quelques noirs mais surtout des blancs. Ou des touristes comme nous. Enfin, c’est ce que je vois d’emblĂ©e.  Le parc est beaucoup trop grand pour que je sois catĂ©gorique.

Des gens se promĂšnent en famille.  Quelques personnes trottinent. Comme ce noir d’environ 1m90 pour plus de cent kilos, la cinquantaine, short, casquette, baladeur fichĂ© dans la brassiĂšre de son bras gauche. Il se prend la laisse d’un petit chien tenu par un mĂŽme. Le noir saute un moment Ă  cloche-pied, le temps d’ĂȘtre dĂ©gagĂ©, sous les «  My God ! I’Am sorry ! Â» de la maman du petit. Puis, l’homme repart vers son footing en transpirant. Il est midi et demi passĂ©.

 

 

Nous entrons dans un jardin oĂč les cyclistes sont invitĂ©s Ă  mettre pied Ă  terre. Malheureusement, j’ai oubliĂ© son nom. C’est un jardin assez grand pourvu de toilettes gratuites et plutĂŽt propres. On peut facilement tourner en rond dans ce jardin. Mais c’est calme, agrĂ©able. On y croise deux surveillantes. Deux noires. Deux Ă©tudiants, une fille, un garçon, avec leur Mac sous les colonnes. Un couple. Un endroit tranquille.

 

En sortant de ce jardin, nous nous rapprochons du rĂ©servoir Jackie Onassis (Quel hommage ! ) et de la file active des sportifs de Central Park. Enfin, sportifs
.tous ne le sont pas. MĂȘme si le plus grand nombre en a la tenue et l’équipement. Et, ils sont nombreux Ă  dĂ©filer rĂ©guliĂšrement, principalement Ă  pied ou Ă  vĂ©lo. Beaucoup moins, j’en suis surpris, en rollers et avec des rollers « ordinaires Â» Ă  quatre roues avec frein Ă  l’arriĂšre. A l’exception d’un rouleur, noir, en combinaison de compĂ©tition avec quatre roues d’environ 100 mm de diamĂštre.

Je vois beaucoup de sportifs du dimanche. Ou des sportifs qui commencent un entraĂźnement.

Nous remontons (descendons) la file active à contre-courant. Parmi les promeneurs, quelques voix françaises.

Nous longeons principalement la piste sportive jusqu’au sud oĂč nous sortons. AprĂšs une pause, assis sur un banc, Ă  regarder les sportifs.

 

Nous tombons sur le défilé du char de la Colombie. Devant nous, quelques Colombiens émus agitent leur drapeau. La jeune femme qui représente la Colombie semble aussi contente et émue.

Nous n’attendons pas le passage des autres chars et ne demandons pas de quoi il s’agit. Nous traversons l’avenue dĂšs que cela est possible avec quelques autres. Nous prenons un bus dans l’avenue Madison direction Harlem. Le seul avantage que je trouve Ă  ce que je vois de Madison Avenue est de nous indiquer un des musĂ©es oĂč nous irons peut-ĂȘtre : le musĂ©e d’art contemporain. Pour le reste, cette avenue me dĂ©plait. Sa froideur. Son luxe. Ce fric. Ces vitrines. Et puis, la climatisation du bus me rackette.

 

Harlem

 

 

De retour Ă  Harlem pour trouver un restaurant, je nous Ă©gare. Jusqu’à ce qu’une dame noisette d’une soixantaine d’annĂ©es du genre bigote nous rĂ©ponde avec un accent espagnol et nous aiguille.

 

Je suis Ă©tonnĂ© par l’espace de Harlem : assez larges trottoirs. Assez larges rues.  Calmes. Peu de voitures. Il est vrai que les logements, en moyenne, y sont plus petits que lĂ  oĂč se trouve notre hĂŽtel.

Nous apercevons l’avenue Martin Luther King. Puis, nous approchons de notre but. Le Melbi’s  citĂ© dans le Lonely Planet semble ouvert. Il y’a des personnes attablĂ©es Ă  l’intĂ©rieur. Un homme noir assis devant avec une femme noire avec laquelle il discute, me prĂ©vient que ça ouvrira Ă  17h. Il est 15h ou 15h30. Je leur demande s’ils connaissent un bon endroit oĂč manger prĂšs d’ici. Nous avons le choix. Ils nous indiquent trois ou quatre endroits.

 

Nous entrons dans le Zoma (« essence of Abyssinia, Ethiopian cuisine New York Â») toujours dans le boulevard Frederik Douglass ( 8 th Avenue ).

L’intĂ©rieur est moderne et assez spacieux tout en bĂ©nĂ©ficiant d’ornementations du pays. Depuis quelques annĂ©es, j’ai un faible pour l’Ethiopie, pays d’Afrique qui n’a pas connu l’esclavage. HaĂŻlĂ© SĂ©lassiĂ©. L’Amarhique. La collection de musique Ethiopiques.  La chanteuse Tseyhatu BerĂ ki.

 

La jeune femme qui nous reçoit a le charme de lĂ -bas. Ce regard, ce visage.  Ce sourire poli, ces cheveux.

Je la crois nĂ©e lĂ -bas mais elle s’exprime avec un accent new-yorkais plutĂŽt prononcĂ©.

Dans le restaurant, un couple hĂ©tĂ©ro blanc, deux femmes noires. Une, plus jeune que l’autre, porte une robe rouge.

 

Nous prenons un plat conçu pour deux. 31 dollars, taxe incluse.

Je lui demande comment s’appelle cette chanteuse que nous entendons. Kuku Sebsibe. Elle n’a pas le cd me rĂ©pond-t’elle en souriant mais elle peut m’écrire son nom.

Elle est jeune ? Pas vraiment. Elle doit avoir la cinquantaine.

Comment faire pour aller Ă  l’église abyssinienne ? Je n’y suis jamais allĂ©e.

Elle m’explique comment m’y rendre. Il faut prendre le mĂ©tro etc
.

Par contre, la salle de concerts Apollo est assez proche ! Je prends une carte du restaurant. Nous partons donc pour Apollo et je veux croire que son sourire, quand elle nous a saluĂ©, n’avait rien Ă  voir avec l’impĂ©ratif «  Hi guys ! Â» qu’on entend rĂ©guliĂšrement dans les magasins.

 

 

Aller Ă  la salle de concert Apollo nous permet de rester un peu plus longtemps dans Harlem.

Dans Nicholas Avenue, en pleine rue, nous avons vu un jeune homme noir d’environ un mĂštre quatre vingt s’amuser Ă  lancer un ballon de football amĂ©ricain que trois jeunes garçons d’une dizaine d’annĂ©es s’empressaient d’aller rĂ©cupĂ©rer. 

 

Sur le chemin d’Apollo

 

 

Sur le chemin d’Apollo, une mosquĂ©e qui semble tenue par des Africains d’Afrique noire. Une avenue ou un boulevard Malcolm X. Il me semble mĂȘme avoir vu quelque part l’enseigne d’une communautĂ© Malcolm Shabbazzou quelque chose comme ça.

 

Je constate aussi des restes d’un certain militantisme «  I’Am black and Proud ! Â» :

 

C’est une vendeuse d’un Ăąge respectable (la quarantaine) vĂȘtue Ă  l’Africaine sur le modĂšle de la chanteuse Erykha Badu.

Des livres qui ont Ă  voir avec un certain militantisme.

Jusqu’à la vente de comics avec des super hĂ©ros noirs. Les quelques super hĂ©ros noirs de comics tels que Black Panther, ce qui, en Anglais, ici, Ă  Harlem, prend un autre sens auquel je n’avais jamais pensĂ© en lisant « La PanthĂšre noire Â» en Français. Et, bien-sĂ»r, Luke Cage qui a inspirĂ© Ă  l’acteur Nicolas Coppola son nom d’acteur : Nicolas Cage.

 

Inutile d’entrer dans l’Apollo juste pour visiter. Surtout lorsque je vois un guide en sortir avec quelques touristes et leur sortir qu’il a Ă©tĂ© trĂšs content de les rencontrer et de serrer la main Ă  tous : des blancs, des hommes et quelques femmes.

Cela me rappelle la mĂȘme mascarade touristique que dans ce documentaire oĂč l’on voyait un jeune couple français visiter en JamaĂŻque le musĂ©e consacrĂ© Ă  Bob Marley.

 

Give me a break !

 

 

Bien qu’historique, l’Apollo me fait l’effet d’un lieu ordinaire pour celles et ceux qui vivent ou travaillent ( il y’a plein de commerces) aux alentours.

Dans un magasin de chaussures, non loin de lĂ , un jeune noir d’une quinzaine d’annĂ©es essaie des bottes en caoutchouc tout en tĂ©lĂ©phonant. Il est assis sur un siĂšge.

Un des employĂ©s, noir, la bonne quarantaine, l’aide Ă  retirer la botte qui lui reste. Le jeune homme poursuit sa conversation tĂ©lĂ©phonique.

Il semble que l’employĂ© s’enhardisse Ă  lui demander s’il prend les bottes. Le jeune homme, tout en continuant sa conversation tĂ©lĂ©phonique, rĂ©pond, en riant un peu, Ă  l’employĂ© :

« Give me a break ! Â». L’employĂ© se redresse docilement.

Franck Unimon (Ă  suivre).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Cinéma

En Route pour le milliard-un film documentaire de Dieudo Hamadi

 

En route pour le milliard un film documentaire de Dieudo Hamadi

 

 

Le plus souvent, dans son lit ou sur le billard, on arrĂȘte de compter bien avant d’atteindre le milliard. 6600 bombes sont tombĂ©es du 5 au 10 juin 2000 lors de la « guerre des six jours Â».

 

Certaines rĂ©gions sont parfois connues pour les sourires et les espoirs qu’elles exportent. Kisangani l’a sĂ»rement Ă©tĂ© pour ce conflit qui a opposĂ© le Rwanda Ă  l’Ouganda en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo pour les diamants.

 

Il est dĂ©jĂ  trĂšs difficile d’ĂȘtre maitre de soi-mĂȘme en temps ordinaire. Alors, par temps de guerre, parmi des bombes impossibles Ă  dompter et Ă  dĂ©nombrer
.

 

Plusieurs annĂ©es ont Ă©tĂ© nĂ©cessaires Ă  des survivants de Kisangani pour se remettre suffisamment avant de dĂ©cider d’entreprendre certaines dĂ©marches. A la fin du conflit, l’Etat s’était engagĂ© Ă  leur verser un milliard en compensation. PrĂšs de vingt ans plus tard, les survivants n’ont perçu que leurs traumatismes, leur honte sociale et leur colĂšre.

 

Dieudo Hamadi les suit jusqu’à Kinshasa oĂč se trouvent les grands dĂ©cideurs pour leur rappeler certains engagements. Kisangani-Kinshasa, cela fait plus de 1200 kilomĂštres Ă  vol d’oiseau. Mais si ces femmes et ces hommes avaient Ă©tĂ© des oiseaux, ils auraient eu la lĂ©gĂšretĂ© de s’envoler avant que la lourdeur des bombes- et des viols ?- ne les plombe. Ces grands voyageurs sont cul de jatte, porteur et porteuses de prothĂšses en plastique, se dĂ©placent avec des bĂ©quilles. L’Homme a marchĂ© sur lune. Eux ont marchĂ© sur des restes humains et sont de ces restes qui partent en chemin. Ils n’ont ni fusĂ©e, ni sponsor, ni avocat, ni association, ni chaine de tĂ©lĂ©. « Mais sans sacrifice, on n’obtiendra jamais rien Â».

 

 

Ils ont eu une vie auparavant. Le « PrĂ©sident Â» du groupe Ă©tait peut-ĂȘtre instituteur, banquier. Il sait s’exprimer, a encore une carrure imposante. Maintenant, pour se laver, il doit s’allonger dans la boue tant, sans ses bĂ©quilles, il ne tient pas debout. Chez lui, on aperçoit un poster de MichaĂ«l Jackson, l’AmĂ©ricain tout en jambes.

 

Pour aller Ă  Kinshasa, ces femmes et ces hommes prennent le fleuve par le bateau. Prisonniers de leurs blessures, de la promiscuitĂ©, de la pluie qui pile les bĂąches, le temps leur rend la vie encore plus dure. On se dispute sur la façon de bien cuisiner du riz.  

 

Puis, ils accostent et sont reçus par une jeune dĂ©putĂ©e qui, un temps, les soutient. Jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus le faire car elle doit s’occuper de sa campagne. Les voici  obligĂ©s d’improviser. Il y a des dĂ©saccords sur la façon de s’y prendre. Certains sont plus dĂ©couragĂ©s que d’autres. Dieudo Hamadi reste avec les survivants de l’espoir. Celles et ceux qui continuent d’y croire.

 

 

Arrive dans En Route pour le milliard ce défilé ensorcelant et trÚs violent :

 

Les victimes tiennent leur poste Ă  la sortie du parlement. MalgrĂ© le rejet brutal et mĂ©prisant des vigiles armĂ©s qui, du fait de la prĂ©sence de la camĂ©ra, rĂ©frĂšnent leur violence pour celles et ceux qu’ils voient comme des Ă©niĂšmes va-nu-pieds qui pourraient leur faire perdre leur position et leur temps. Et, lĂ , sortent des sommitĂ©s politiques du pays ; des hommes, quelques femmes, bien sapĂ©s, un bijou de pointe Ă  la main ( un tĂ©lĂ©phone portable) tout acquis Ă  leur immunitĂ© envers les revers de la vie. Ils s’étonnent. Et de la prĂ©sence d’une camĂ©ra comme de celle de ces personnes estropiĂ©es  qui leur parlent. Dans un langage et une image difforme dont ils se dĂ©tournent en quelques secondes, pesant, pour certaines et certains de ces sommitĂ©s, le pour et le contre, concernant la meilleure attitude Ă  adopter et Ă  montrer.

 

Les Ă©lections prĂ©sidentielles surviennent. Le nouveau PrĂ©sident Ă©lu dĂ©joue les pronostics et rend optimiste. Cependant, dans la rue, devant le bĂątiment prĂ©sidentiel, les survivants de Kisangani n’existent plus. L’argent et la considĂ©ration qu’ils attendent sont sans doute lĂ  quelque part. Sur cette route qu’ils ont prise un jour pour le brouillard.

 

Les Jeux para-Olympiques de Tokyo, et les autres Jeux Olympiques, cela reste beau. Et, puis, il reste tous les autres “athlĂštes” de la guerre, bien plus nombreux, mutilĂ©s ou non, tels que l’on peut en voir dans ce documentaire qui bĂ©nĂ©ficiera de bien moins d’audience, de publicitĂ© et de parts de marchĂ©.

 

En Route pour le milliard sortira en salles le mercredi 29 septembre 2021.

 

 

 

Franck Unimon, ce mardi 21 septembre 2021.

 

 

 

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J’ai aimĂ© vivre lĂ - un film de RĂ©gis Sauder

 

J’ai aimĂ© vivre lĂ – un film de RĂ©gis Sauder

 

 

Pour l’édifice mental de « l’ĂȘtre Â» parisien – lequel veut pouvoir trouver le prestige et le ciel Ă  portĂ©e de « son Â» mĂ©tro- J’ai aimĂ© vivre lĂ  sera peut-ĂȘtre l’essai du prĂ©cipice.

 

 

Ce film, mĂ©lange de documentaire et de fiction, part des Ɠuvres de l’écrivaine Annie Ernaux pour parler de Cergy-Pontoise, ville de grande banlieue parisienne, dans le Val d’Oise. La grande banlieue parisienne, c’est trĂšs loin. A prĂšs de trente kilomĂštres de Paris. Trente ou trente cinq minutes de RER A- ou plus- depuis la station Charles de Gaulle Etoile.  

 

Si, depuis l’esplanade de Paris, Ă  Cergy-St Christophe, le regard peut s’entraĂźner jusqu’à l’Arc de Triomphe en passant par la DĂ©fense, il peut ĂȘtre difficile de savoir si ce que l’on voit appartient au passĂ© ou Ă  une forme de vie qui a persistĂ©.

 

J’ai aimĂ© vivre lĂ  raconte l’intĂ©rieur de cette ville aux plus de cent nationalitĂ©s, ex-ville nouvelle construite Ă  partir des annĂ©es 70 pour anticiper le dĂ©veloppement rapide de l’agglomĂ©ration parisienne. Des extraits de texte d’Annie Ernaux et des portraits de certains de ses habitants, jeunes et moins jeunes, de plusieurs origines, font ce film dans divers endroits de la ville.  

 

Nous ne sommes pas dans du Rohmer qui avait tournĂ© en 1987 L’ami de mon amie Ă  Cergy-Pontoise. Ni dans le Naissance des pieuvres de CĂ©line Sciamma rĂ©alisĂ© en 2007.

 

Dans J’ai aimĂ© vivre lĂ , on rencontre des militants associatifs, des personnes venues s’y Ă©tablir et qui y ont vu grandir leurs enfants ; des jeunes qui y ont grandi et y ont leurs cercles d’amis ; des Ă©tudiants qui vont partir pour Paris ; des Ă©trangers qui ont dĂ» quitter ou fuir leur pays. Et, quelques fois, Annie Ernaux, cette « voisine Â» que j’aurais pu croiser, que j’ai peut-ĂȘtre croisĂ©e.  

 

Dans J’ai aimĂ© vivre lĂ , on n’y montre pas trop la dĂ©figuration de la ville par l’assaut dĂ©bridĂ© des flots bĂ©tonniers des projets immobiliers. Ni certains quartiers de trafic. Mais, plutĂŽt, ce qui y est rĂ©ussi et peut ĂȘtre difficile Ă  quitter. MĂȘme si l’ancienne patinoire de Cergy-PrĂ©fecture devenue lieu d’hĂ©bergement pour refugiĂ©s apparaĂźt. Et qu’une interprĂšte se met un moment Ă  pleurer en se remĂ©morant ce qu’était « sa Â» patinoire quelques annĂ©es plus tĂŽt.

 

J’ai vĂ©cu une vingtaine d’annĂ©es  Ă  Cergy-Pontoise Ă  partir de mes 17 ans. Mes parents, de classe sociale moyenne, y accĂ©daient pour la premiĂšre fois de leur vie Ă  la propriĂ©tĂ© en achetant Ă  crĂ©dit un de ces pavillons comme il y en a tant. Ce fut pour nous un grand changement aprĂšs notre immeuble HLM de Nanterre de dix huit Ă©tages Ă  quinze ou vingt minutes Ă  pied du quartier de la DĂ©fense. En s’Ă©loignant de ce quartier des affaires, mes parents avaient estimĂ© faire une affaire….

Dans le salon de “notre” pavillon, un calme intact me rĂ©pondait alors que j’écoutais trĂšs fort le premier album de Mc Solaar. Le silence de la rue devant chez nous. L’éloignement extrĂȘme des cercles de mes connaissances que je pouvais pourtant rejoindre moyennant du temps dans les transports en commun. Cela fut une pĂ©riode oĂč la dĂ©couverte de l’entre-deux s’imposa Ă  moi. 

 

Cette ligne A du RER qui attĂšle Cergy-le-Haut et ses suivantes Ă  Paris et en fait aussi une « ville-dortoir Â», souvent bondĂ©e aux heures de pointe, aprĂšs Ă  peine deux stations depuis son dĂ©but, est assez absente du film. Comme le fait que la grande distance kilomĂ©trique qu’elle couvre l’expose assez rĂ©guliĂšrement Ă  des incidents techniques ainsi qu’aux consĂ©quences directes des grĂšves de cheminots. Tandis que la ligne A du RER cĂŽtĂ© St-Germain en Laye, elle, plus courte, mieux desservie, est aussi moins touchĂ©e par ce genre de destinĂ©e.  

 

 

J’ai aimĂ© aller voir j’ai aimĂ© vivre lĂ  pour ce passĂ© qu’il allait me rappeler. Un passĂ© « annoncĂ© Â» par un camarade de mon Ă©cole primaire parti y habiter dans les annĂ©es 70 avec son frĂšre et ses parents plusieurs annĂ©es avant nous. Un passĂ© oĂč j’ai des souvenirs de marchĂ© – celui de Cergy St Christophe- de mĂ©diathĂšques ; de la plus grande horloge d’Europe dont la grande aiguille des secondes me « dĂ©coupait Â» alors que je courais vers elle jusqu’au RER avant qu’il ne parte ; de concerts ( Brigitte Fontaine, Brain Damage, Improvisators Dub, Susheela Raman, High Tone, Manu Dibango, Disiz La Peste, Franck Black, Joey Starr
.)  ; de courses au centre commercial Les Trois Fontaines ; de rencontres professionnelles, amicales et amoureuses ; de certains choix personnels et familiaux ; de sĂ©ances d’abord aux cinĂ©mas Utopia de St-Ouen l’Aumone et de Pontoise puis Ă  celles du complexe de Cergy-Le-Haut arrivĂ© plus tard avec sa carte illimitĂ©e et aussi  plus proche de chez moi, Ă  pied ; De footing et de sĂ©ances de natation ; de certaines allĂ©es et venues Ă  la base des Ă©tangs de Cergy-Neuville ;  de sorties roller. De mes premiers cours de thĂ©Ăątre.

 

Un passĂ©, aussi, oĂč, durant des annĂ©es, j’ai vĂ©cu dans des rĂȘves autres que ceux de cette ville. Ce qui m’a sĂ»rement empĂȘchĂ© de l’aimer, tout comme ce film, autant que je l’aurais pu ou dĂ».

 

J’ai aimĂ© vivre lĂ  sortira en salles le 29 septembre 2021.

 

Franck Unimon, ce lundi 20 septembre 2021.

 

 

 

 

 

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Dune-un film de Denis Villeneuve

 

                                          Dune un film de Denis Villeneuve

 

 

 

« Tant de Pouvoir dans un mĂąle Â» ; « Les rĂȘves sont des messages de profondeur Â» ; « Un empereur dangereusement jaloux Â» ; « Son regard s’aiguise Ă  peine qu’il descend dĂ©jĂ  dans l’arĂšne Â» ; « La main de Dieu perturbe notre systĂšme de communication Â» ; « Le dĂ©sert prend les faibles Â» ; « Il a implantĂ© des superstitions Â» ; « J’aurais dĂ» t’épouser Â». «  On tamise les gens comme on tamise le sable Â».

 

 

 

L’adaptation cinĂ©matographique de l’Ɠuvre de Frank Herbert (1964) par le rĂ©alisateur Denis Villeneuve est apparue sur beaucoup d’écrans en France ce mercredi 15 septembre 2021. C’est le trĂšs gros Ă©vĂ©nement cinĂ©matographique de la rentrĂ©e et je suis allĂ© le voir dĂšs la premiĂšre sĂ©ance de 8h55. La grande salle Ă©tait pleine.

 

Ces derniĂšres annĂ©es, on mentionne rĂ©guliĂšrement le rĂ©alisateur Christopher Nolan comme Ă©tant celui qui sait alterner films grand public et films d’auteur. Devant le Dune de Villeneuve, je me suis avisĂ© que celui-ci faisait beaucoup mieux.

 

Je n’ai pas tentĂ© de lire l’Ɠuvre Frank Herbert. J’avais plusieurs fois entendu dire qu’elle Ă©tait inadaptable. J’avais vu avec plusieurs annĂ©es de retard l’adaptation de David Lynch qui, en 1984, Ă©tait dĂ©ja devenu un rĂ©alisateur qui compte. J’avais lu des avis mitigĂ©s sur le film de Lynch estimant qu’il Ă©tait un « nanar Â». Je me rappelle du chanteur Sting, nimbĂ© de son statut de star au sein du groupe de musique Police, y tenant un rĂŽle de mĂ©chant. Et d’une scĂšne cruelle dont Lynch, une fois de plus, avait su magnifier le sadisme. Il me reste donc des impressions de ce film et je m’en souviens  un petit peu plus que beaucoup d’autres films que j’avais vus par la suite.

 

Je cite ces trois rĂ©alisateurs de rĂ©fĂ©rence que sont Villeneuve, Nolan et Lynch car ces vingt derniĂšres annĂ©es, ils ont pour eux d’avoir su concilier l’esthĂ©tisme agressivement sĂ©duisant de notre Ă©volution avec celui de nos infirmitĂ©s. InfirmitĂ©s dans lesquelles, malgrĂ© beaucoup d’efforts et  d’espoirs, nous demeurons souvent enfermĂ©s.

 

On a sans doute devinĂ© en lisant cet article que je prĂ©fĂšre dĂ©sormais la filmographie de Villeneuve Ă  celle de Nolan qui avait rĂ©alisĂ© la grosse production  qui avait Ă©tĂ© l’évĂ©nement cinĂ©matographique quelques mois aprĂšs la sortie de notre premier confinement du Ă  la pandĂ©mie du Covid :

 

Tenet Ă©tait sorti le 26 aout 2020.

 

Tenet avait beaucoup plu et trĂšs « bien marchĂ© Â»  au cinĂ©ma. Mais, dĂšs ses dĂ©buts, dans la salle, son magnĂ©tisme supposĂ© n’avait pas opĂ©rĂ© sur moi. MĂȘme si l’acteur Robert Pattinson m’avait fait une bien meilleure impression que l’acteur principal John David Washington, nouvelle star du cinĂ©ma depuis son rĂŽle dans le film de Spike Lee (BlacKkKlansman : J’ai infiltrĂ© le Ku Klux Klan, 2018) et fils de Denzel Washington.

 

Lorsque je pense aux quelques films de Villeneuve que j’ai pu voir jusqu’à maintenant Ă  leur sortie au cinĂ©ma, je ne trouve pas, parmi eux, de films ratĂ©s :

 

Incendies, Enemy, Sicario, Premier Contact, Blade Runner 2049.

 

Villeneuve sait, selon moi, aborder les grandes questions morales de notre époque en y associant le sens du spectacle. Sans devenir la réclame publicitaire de ce spectacle.

gare de Paris St-Lazare, ce mercredi 15 septembre 2021.

 

J’aurais donc dĂ» ĂȘtre content et me sentir privilĂ©giĂ© ce mercredi matin de pouvoir, une fois de plus, partir au cinĂ©ma alors que je prenais les transports en commun avec beaucoup de personnes qui partaient travailler. Sauf que ce mercredi 15 septembre 2021, c’était aussi Le Grand jour dans un autre domaine, plus rĂ©el. Et, surtout, plus immĂ©diat.

 

A compter de ce 15 septembre 2021,  l’Etat condamnait lĂ©galement Ă  la suspension et Ă  la sanction Ă©conomique certains des hĂ©ros de l’an passĂ© lors de la pandĂ©mie du Covid :

 

Les soignants qui persistaient Ă  refuser de se faire injecter les vaccins actuels contre le Covid.

Et, moi-mĂȘme, longtemps rĂ©calcitrant et encore dans le doute concernant ce que j’avais finalement acceptĂ© de me faire injecter dans le deltoĂŻde deux jours plus tĂŽt, je ne devais la possibilitĂ© de cette sortie au cinĂ©ma que parce-que je disposais depuis du rĂ©sultat d’un test antigĂ©nique au Covid d’une durĂ©e lĂ©gale de deux ou trois jours. Et, comme la plupart des spectateurs et des passagers rencontrĂ©s en me rendant Ă  cette sĂ©ance, depuis l’annĂ©e derniĂšre, dans les lieux publics, je portais Ă©galement sur le visage un masque anti-Covid.

 

 

Ce contexte n’empĂȘche pas de regarder un film. Mais il peut ĂȘtre utile de le prĂ©ciser quand on en parle ensuite. Puisque ce qui nous concerne personnellement affecte ensuite directement notre façon de voir un film, de lire, et, bien-sĂ»r, notre façon de vivre.

 

 

DĂšs le dĂ©but de Dune, je me suis dit :

 

« A la fin du film, je retourne le voir une seconde fois Â».  C’était la premiĂšre fois depuis longtemps que je n’avais pas eue une telle volontĂ©. Au cinĂ©ma, il est quelques films que je suis retournĂ© voir plusieurs fois :

 

Le Grand Bleu de Luc Besson ; Le premier Matrix des ex-frĂšres Wachowski ; La trilogie Pusher de Nicholas Winding Refn. Ensuite, il est un autre film que j’avais vu une fois au cinĂ©ma Ă  sa sortie, dans une salle dĂ©serte, aux Halles, et dont l’attrait sur moi s’est accru Ă  mesure que je l’ai revu. D’abord en dvd puis en Blu-ray. Under The Skin de Jonathan Glazer.  

 

Il est d’autres films, comme des livres, que j’ai vus et lus une seule fois et qui m’ont pourtant beaucoup marquĂ©. Tels, par exemple, des films de Kieslowski, Kitano, Lynch, Spike Lee, Dumont. Ou un livre comme La Supplication de Svetlana Alexievitch,  lors de sa parution, des annĂ©es avant son Prix Nobel de littĂ©rature. Des livres de Chester Himes, Richard Wright


 

 

Mais il est seulement quelques films, pour l’instant, que je suis allĂ© voir plusieurs fois. Et, spontanĂ©ment, Dune s’est retrouvĂ© sur cette liste. Je ne l’ai pas fait finalement. Non en raison de sa durĂ©e (2h35). Ces 2h35 passent comme un fil. On ne les subit pas. Mais parce-que, comme souvent, avant d’aller voir un film, j’aime ĂȘtre « vierge Â» (cette remarque avait fait grimacer une attachĂ©e de presse il y a plusieurs annĂ©es) et en savoir le moins possible.

J’ignorais donc en allant voir Dune qu’il y aurait une suite. C’est uniquement Ă  la fin du film que j’ai compris que le Dune de Villeneuve allait sĂ»rement ĂȘtre l’équivalent de la trilogie Le Seigneur des anneaux rĂ©alisĂ©e par Peter Jackson dans les annĂ©es 90. Trilogie dont chaque volet, si je me souviens bien, durait aussi prĂšs de trois heures.

Certaines personnes feront peut-ĂȘtre une analogie avec le succĂšs des Harry Potter qui a comptĂ© prĂšs d’une dizaine d’adaptations cinĂ©matographiques. Mais hormis la toute premiĂšre adaptation cinĂ©matographique que j’avais vue Ă  sa sortie, qui m’avait plutĂŽt plue, et ne m’avait  jamais laissĂ© penser qu’il y’aurait ensuite un « phĂ©nomĂšne Â» Harry Potter dans les salles qu’en librairie, j’ai peu suivi ces rĂ©alisations. MĂȘme si ma prĂ©fĂ©rĂ©e reste celle d’Alfonso Cuaron avec Harry Potter et Le Prisonnier d’Azkaban ( 2004).

 

 

Qu’est-ce que j’ai aimĂ© tout particuliĂšrement dans le Dune de Villeneuve ?

 

DĂšs le dĂ©but, le dĂ©coupage de l’espace. La mise en scĂšne. Villeneuve a fait de son film une poly-scĂšne de thĂ©Ăątre. Le thĂ©Ăątre palpable, au sens organique, dans « son Â» Incendies (2010) adaptĂ© de l’Ɠuvre thĂ©Ăątrale de Wadji Mouawad– que je n’ai pas vue-  se retrouve dans « son Â» Dune.  Villeneuve pose ses scĂšnes. Nous sommes plusieurs fois entre la photo et le tableau.

 

 

Il y a du dĂ©sert et des deuils dans Incendies. Il y en a aussi dans Dune. Les femmes sont porteuses et fortes dans Incendies. Elles le sont aussi dans Dune. Dans d’autres rĂ©alisations intermĂ©diaires de Villeneuve, aussi.

 

Quoi d’autre ? On parle beaucoup de la voracitĂ© de l’économie libĂ©rale et d’écologie dans Dune. Cela nous rappelle nos Ă©chĂ©ances prĂ©sentes devant le rĂ©chauffement climatique, la rarĂ©faction de l’eau encore abstraite dans les pays riches. Mais aussi nos comportements et nos certitudes acquises mais aussi contraintes. 

 

Le sĂ©dentarisme dĂ©mesurĂ© et urbanisĂ© de nos vies est ici exposĂ© comme une vulnĂ©rabilitĂ© mortelle. Ce sont plutĂŽt les nomades ou celles et ceux qui s’apparentent Ă  des sortes de Touaregs (les « Fremen Â» comme « Free Men Â» ?)  qui semblent plus Ă  mĂȘme de vĂ©ritablement faire leurs choix. Et de vivre.  

 

Dans Dune, on parle aussi de Savoirs ancestraux connus et crus par certains, ignorĂ©s par d’autres. Mais aussi de la peur qui est peut-ĂȘtre une de nos plus grandes Croyances. Et, question croyance en nos peurs, nous sommes nombreux Ă  ĂȘtre encore beaucoup plus fervents et partisans que d’habitude depuis la pandĂ©mie du Covid. Ce qui est bien pratique pour certaines politiques et techniques managĂ©riales.

 

 

On aimerait pouvoir agir sur nos peurs comme le hĂ©ros, Paul Atreides (interprĂ©tĂ© par TimothĂ©e Chalamet ) et sa mĂšre, Lady Jessica ( l’actrice Rebecca Ferguson) le font. Mais Ă  les voir, on comprend aussi qu’apprendre Ă  se sĂ©parer de nos peurs est le rĂ©sultat d’un entraĂźnement et de toute une Ă©ducation. Cela ne s’improvise pas. «  Notre projet tient sur des siĂšcles Â» dit un personnage plutĂŽt impitoyable dans le film.  

 

 

J’ai beaucoup aimĂ© l’attention portĂ©e par Villeneuve aux diffĂ©rents langages ainsi qu’aux codes culturels. Une scĂšne trĂšs drĂŽle avec Javier Bardem en sera un des exemples. NĂ©anmoins, savoir parler dans la langue qu’il convient au bon moment peut sauver. Ou tuer.

 

J’ai trouvĂ© au personnage de Paul Atreides des airs de Lawrence d’Arabie. Et son nom me fait aussi penser Ă  l’histoire de l’Atlantide. On ne peut, aussi, que le rapprocher Ă©videmment du jeune Skywalker, puisqu’il est aussi impossible de ne pas citer le Star Wars de Georges Lucas, d’une façon ou d’une autre, devant Dune. Et, bien-sĂ»r, pendant qu’on y est (mais cela avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© partiellement fait) le Blade Runner de Ridley Scott.

 

De toutes façons, dans Dune, on trouve- pour le meilleur- plusieurs des actrices et acteurs tant europĂ©ens qu’anglo-saxons qui ont rencontrĂ© au moins ces dix derniĂšres annĂ©es une certaine popularitĂ© au travers du cinĂ©ma (d’auteur ou de cinĂ©ma grand public) ou de certaines sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es :

 

 Les Gardiens de la Galaxie, Game Of Thrones, des films des frĂšres Coen. On peut mĂȘme dĂ©celer une allusion Ă  La Servante Ecarlate.

 

 

Cependant, toutes ces rĂ©fĂ©rences, et bien d’autres que j’ai oubliĂ©es ou qui sont bien lĂ  mĂȘme si je ne les vois pas, n’empĂȘchent pas de voir que Villeneuve a livrĂ© lĂ  un film- de plus- qui sort du lot.

 

Dune m’a tellement plu que lorsque le gĂ©nĂ©rique de fin est arrivĂ© et que j’ai compris qu’il y aurait une suite, que je me suis inquiĂ©tĂ© du fait qu’il n’arrive quelque chose Ă  son rĂ©alisateur qui l’empĂȘche de nous montrer le reste.

 

Ensuite, je suis allĂ© voir Shang-Chi Et La Legende des dix anneaux de Destin Daniel Creton. Parce-que le film bĂ©nĂ©ficiait de bonnes critiques. Parce qu’un film de Super-hĂ©ros avec Tony Leung Chiu Wai (son rĂŽle dans A Toute epreuve de John Woo me l’a dĂ©finitivement attachĂ©. Peut-ĂȘtre aussi que le suicide de l’acteur Leslie Cheung , il y a plusieurs annĂ©es, y est en partie pour quelque chose)  et Michelle Yeoh ne se refuse pas.

 

Je parlerai bientĂŽt de ce film mais le voir aprĂšs Dune a Ă©té . Ă  son dĂ©savantage.

 

 

Franck Unimon, ce samedi 18 septembre 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Interroger la Loi

Les Halles, Paris, Mercredi 15 septembre 2021.

Interroger la Loi

 

Les lois et les rĂšgles sont nĂ©cessaires. Les limites, aussi. Mais encore faut-il qu’elles soient ajustĂ©es.

 

RĂ©cemment, j’ai entendu quelqu’un dire qu’il aimait beaucoup les jean’s lorsqu’ils sont tout neufs et encore Ă  l’état de « carton Â». Et qu’ils se font, peu Ă  peu, au corps de celle ou de celui qui les portent.

 

Je porte trĂšs peu de jean’s. Bien que j’aie essayĂ©, ce n’est pas mon vĂȘtement de prĂ©dilection. MĂȘme si je lui reconnais des atouts et que je vois bien des personnes qu’il met particuliĂšrement Ă  leur avantage. Je manque peut-ĂȘtre de patience pour faire un jean’s Ă  mon corps. 

 

Ecologiquement, on sait aussi que la fabrication des Jean’s est loin d’ĂȘtre vertueuse. Donc, autant bien les choisir et « acquĂ©rir Â» ceux qui dureront le plus longtemps.

 

AprĂšs avoir « dit ça Â», une Loi peut, dans certaines conditions, ressembler Ă  un jean’s.

 

Il convient de savoir l’adapter au mieux Ă  une Ă©poque, aux circonstances, Ă  celles et ceux qui la portent et vivent avec. Autrement, c’est une exigence trop rigide, entravante, meurtriĂšre, fanatique, mutilante ou une protection dĂ©passĂ©e et insuffisante.

 

Les lois sont les garantes des ligaments, des muscles, des tendons, de la moelle,  des neurones, du sang, des organes, de la peau, des pensĂ©es, de l’ñme de nos cultures, de nos histoires, de notre corps social mais aussi de la vie qui nous entoure et de ses expressions sous diffĂ©rentes formes.

 

Les femmes et les hommes de Loi doivent en principe s’atteler à ce genre de travail. Au maintien ou à la restauration, au mieux, de ces garanties.

 

Pour cela, il leur faut aussi savoir interroger la Loi. Ou apprendre Ă  le faire. Pas seulement interroger les personnes.

Ensuite, Il faut  essayer d’ajuster le Texte de la Loi.  Aux circonstances. A l’époque. Aux ĂȘtres. A la vie. 

 

C’est un travail permanent, dĂ©licat, difficile, dĂ©courageant, risquĂ© et nuancĂ© au rĂ©sultat incertain. La rĂ©ussite de ce travail est impossible Ă  prĂ©voir Ă  l’avance. La rĂ©ussite se mesure avec le temps. En mois et en annĂ©es. Voire en siĂšcles.

 

 Ce jeudi 16 septembre 2021, je n’ai rien inventĂ© de cela. Et, je n’invente rien. Ni le jean’s. Ni les Lois. Et encore moins le dĂ©lire, la maladie et la mĂ©galomanie.

 

 

Cependant, dans le rĂ©el, depuis plusieurs semaines, il est impossible d’accĂ©der Ă  la mĂ©diathĂšque de ma ville (et ailleurs) sans passe sanitaire et sans un rĂ©sultat nĂ©gatif rĂ©cent Ă  un test antigĂ©nique ou PCR rĂ©cent. Par contre, aprĂšs un recours dĂ©posĂ© devant un tribunal, il est redevenu possible d’entrer dans un centre commercial sans passe sanitaire et sans rĂ©sultat nĂ©gatif rĂ©cent Ă  un test antigĂ©nique ou PCR rĂ©cent. MalgrĂ© la pandĂ©mie du Covid. L’incidence actuelle de la pandĂ©mie du Covid permettrait dĂ©sormais de pouvoir retourner dans un centre commercial uniquement en portant un masque anti-Covid. C’est l’explication officielle de ce changement.

 

Mais cette incidence actuelle de la pandĂ©mie du Covid, suffisamment Ă  la baisse pour se rendre dans un centre commercial, resterait encore trop Ă©lĂ©vĂ©e pour s’appliquer aux conditions d’accĂšs Ă  une mĂ©diathĂšque.

 

Je suis un usager de mĂ©diathĂšque depuis mon enfance. 

 

Chaque fois que je change de domicile, la mĂ©diathĂšque fait partie de ces lieux que j’ai trĂšs vite besoin de situer. Les mĂ©diathĂšques, depuis plusieurs annĂ©es, subissent de plus en plus une certaine dĂ©saffection. Cela peut ĂȘtre dĂ» Ă  l’essor d’internet. Cela peut ĂȘtre dĂ» Ă  une transmission qui ne s’est pas faite entre parents, enseignants, Ă©ducateurs et enfants.

 

Mais cela peut aussi ĂȘtre dĂ» Ă  la façon dont on interroge une loi, ici, concernant la lĂ©gitimitĂ© de certaines mesures sanitaires.

 

Il y a deux ou trois jours, j’ai envoyĂ© un second mail Ă  la mairie de ma ville. Concernant le fait qu’il faille toujours prĂ©senter un passe sanitaire ou le rĂ©sultat nĂ©gatif Ă  un test antigĂ©nique ou PCR rĂ©cent.

La mĂȘme interlocutrice que la derniĂšre fois, m’a Ă  nouveau trĂšs rapidement rĂ©pondu. Pour rĂ©sumer, sa rĂ©ponse a Ă©tĂ© la suivante :

 

« Je comprends votre mĂ©contentement. Mais c’est la loi. C’est comme ça dans toutes les mĂ©diathĂšques France actuellement.  Cordialement Â». 

 

Par cet article, je ne vise pas la polĂ©mique. Mais, certaines fois, on rend soi-mĂȘme invisible – on se censure soi-mĂȘme – certaines situations en se disant :

 

 Â«  ce n’est pas si grave Â» ou « Je n’ai pas envie de faire d’histoires Â». «  Je ne veux pas avoir de problĂšmes Â». «  Je ne veux pas dĂ©ranger Â». ” Ce n’est pas important”. 

 

Or, c’est en cumulant annĂ©e aprĂšs annĂ©e ces petits renoncements, qu’on en arrive ensuite Ă  devoir vivre ou Ă  devoir faire avec des contraintes et des manquements  plus grands pour soi. Alors que nos interlocuteurs, eux, ne subissent pas les consĂ©quences de ces contraintes et de ces manquements.

Evidemment, que je peux vivre sans entrer dans une mĂ©diathĂšque. Je n’ai pas pris cinquante kilos sous l’effet de l’angoisse, ces quatre derniĂšres semaines, parce-que, faute de passe sanitaire et de test antigĂ©nique et PCR valable, dĂ©sormais, seule la sortie de la mĂ©diathĂšque s’offre Ă  moi. 

 

Mais laisser faire, sans rien dire de ces conditions actuelles d’entrĂ©e dans la mĂ©diathĂšque,  c’est un peu comme si l’on laissait du sable s’inviter et s’installer rĂ©guliĂšrement Ă  l’entrĂ©e de notre domicile. Sans l’enlever. Et que l’on s’étonnait plusieurs annĂ©es plus tard  de devoir traverser un dĂ©sert de sable Ă  l’entrĂ©e de notre domicile. Juste pour pouvoir en sortir ou y entrer.  Tandis qu’ailleurs, pour entrer et sortir de chez soi, il suffirait toujours de simplement ouvrir et fermer une porte. Des vies peuvent ĂȘtre transformĂ©es durablement- et pĂ©niblement- avec ce genre dĂ©tail en prime abord insignifiant. 

 

C’est l’une des raisons pour laquelle, je crois, je me suis obligĂ© Ă  envoyer un premier mail Ă  la mairie de ma ville. Et pour laquelle, ce mercredi 15 septembre 2021, aprĂšs avoir dĂ©couvert la rĂ©ponse qui avait Ă©tĂ© faite Ă  mon nouveau mail, j’ai envoyĂ© cette rĂ©ponse que j’ai copiĂ©e-collĂ©e.  RĂ©ponse que l’on pourra lire ci-dessous avec ses erreurs grammaticales et syntaxiques incluses car il m’a manquĂ© du temps pour bien le relire avant de l’envoyer.

Je n’ai pas pour habitude de faire des tracts, de manifester ou de polĂ©miquer.

 

J’admets le le professionnalisme et l’implication de mon interlocutrice comme de la mairie de ma ville en termes de projets divers. Et, ce, malgrĂ© mes critiques qui sont exprimĂ©es dans mon mail. Ce que je mets plutĂŽt en doute, c’est le sĂ©rieux avec lequel a Ă©tĂ© pris en compte mes remarques. Remarques qui sont, je crois, plus que justifiĂ©es :

Depuis mon premier mail, la Loi n’a pas Ă©tĂ© interrogĂ©e comme il se doit.

La photo que je mets avec cet article n’est pas la photo que j’ai envoyĂ©e avec ce mail ci-dessous envoyĂ© ce 15 septembre 2021 avant que ne je parte travailler de nuit. Je ne suis pas sĂ»r que la photo que j’ai adressĂ©e en piĂšce jointe avec mon mail soit parvenue Ă  mon interlocutrice. 

 

« Bonjour,

Merci pour votre réponse.

Toutefois, vous avez bien conscience que c’est une ‌aberration ?

Que, d’un cĂŽtĂ©, on puisse accĂ©der plus facilement Ă  un centre commercial ou mĂȘme Ă  une enseigne Ă©galement commerciale telle que la Fnac ( des Halles par exemple, oĂč je suis passĂ© tout Ă  l’heure) frĂ©quentĂ© par beaucoup plus de monde ( adultes et enfants inclus) qu’Ă  la mĂ©diathĂšque d’Argenteuil, par exemple. Alors que le port du masque reste obligatoire tant dans les mĂ©diathĂšques que dans ces enseignes commerciales.

La loi, ce n’est Ă©videmment pas vous qui la faites. Ce qui m’Ă©tonne, c’est qu’au vu de ces constatations et de l’Ă©volution des conditions d’accĂšs aux centres commerciales que la mairie d’Argenteuil ne fasse a priori rien pour interroger la loi. Pour faire remonter le fait qu’il y a quand mĂȘme des contradictions trĂšs dĂ©rangeantes.

Parce-que, en quoi une mĂ©diathĂšque expose-t’elle plus Ă  un risque de contamination du virus du Covid qu’un centre commercial ?

Les seules conclusions Ă  ma portĂ©e sont, surtout, qu’un centre commercial reprĂ©sente un poids Ă©conomique et rapporte des bĂ©nĂ©fices. Une mĂ©diathĂšque, non.
Et, aussi, que les centres commerciaux dans le Val D’Oise sont redevenus “accessibles” sans passe sanitaire et sans avoir Ă  fournir un rĂ©sultat nĂ©gatif rĂ©cent Ă  un test PCR et antigĂ©nique suite Ă  un recours devant un tribunal. Vous comprenez ce que signifie ? Qu’il faudrait donc peut-ĂȘtre devoir en passer par un tribunal pour rectifier ce qui devrait dĂ©ja l’ĂȘtre. Je ne crois pas vous apprendre grand chose.

Et, je trouve donc que la mairie d’Argenteuil dĂ©fend lĂ  d’une drĂŽle de maniĂšre sa politique culturelle. En tant que citoyen, je ne devrais mĂȘme pas avoir Ă  relancer la mairie Ă  ce sujet. Il y a un prĂ©judice Ă©vident d’accĂšs Ă  la culture en imposant de telles conditions pour entrer dans une mĂ©diathĂšque Ă  Argenteuil. Et, cela ne devrait pas ĂȘtre. Et, me rappeler que c’est pareil dans d’autres mĂ©diathĂšques et dans d’autres villes n’est certainement pas un argument. Avant que le centre commercial CĂŽtĂ© Seine redevienne aussi “accessible”, il Ă©tait dĂ©ja et toujours possible ailleurs d’entrer dans une Fnac par exemple. Si les personnes qui ont effectuĂ© le recours devant le tribunal s’Ă©tait tenues Ă  l’argument selon lequel ” ailleurs, aussi, les centres commerciaux ne sont accessibles qu’en prĂ©sentant un passe sanitaire et un rĂ©sultat nĂ©gatif Ă  un test PCR et antigĂ©nique nĂ©gatif”, aujourd’hui, le mĂȘme centre commercial CĂŽtĂ© Seine d’Argenteuil nĂ©cessiterait toujours  qu’on prĂ©sente Ă  l’entrĂ©e un passe sanitaire et le reste. LĂ , aussi, je ne crois pas vous apprendre grand chose. Ou, en tout cas, je ne devrais pas vous apprendre quoique ce soit, que ce soit Ă  vous ou Ă  n’importe quel reprĂ©sentant de la mairie d’Argenteuil.

Il y a bientĂŽt un mois maintenant, j’ai vu un jeune d’une vingtaine d’annĂ©es ĂȘtre “recalĂ©” Ă  l’entrĂ©e de la mĂ©diathĂšque parce-que le rĂ©sultat de son test PCR avait expirĂ© depuis moins de deux heures. LĂ , aussi, on n’a fait qu’appliquer la loi. Le jeune est reparti tranquillement. Comme moi et d’autres, nous nous plions aux directives de la loi concernant les conditions d’accĂšs Ă  la mĂ©diathĂšque. Mais c’est vraiment parce-que nous sommes trĂšs polis, trĂšs patients et trĂšs conciliants. En attendant, je me rĂ©pĂšte, en tant que citoyen qui paie ses impĂŽts et qui voit ce qui se passe ailleurs avec les conditions d’accĂšs dans un centre commercial, je considĂšre qu’il y a un prĂ©judice. 

Je n’ai pas du tout l’intention de faire un recours devant un tribunal. Par contre, je rappelle, je crois, des Ă©vidences, que je ne devrais mĂȘme pas avoir Ă  rappeler.

Merci de vraiment bien vouloir prendre en compte le contenu de mon mail. Et, si vous m’adressez de nouveau une rĂ©ponse (vous ou quelqu’un d’autre) de ne pas vous contenter de vous “cacher” derriĂšre une loi qui prĂ©sente des contradictions et des aberrations plus qu’Ă©videntes.

Cordialement

Franck Unimon Â»

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le Grand jour

 

                                                  Le grand jour

 

Ce mercredi 15 septembre 2021, c’est le « grand jour Â». Comme tous les jours, il nous arrive beaucoup de nouvelles tristes et bonnes. La poursuite du procĂšs des attentats du 13 novembre 2015. Les Talibans en Afghanistan. Les inondations ces derniers jours suite Ă  de fortes pluies dans certaines rĂ©gions de France. La FlambĂ©e des prix de l’essence. Les nouvelles mesures du PrĂ©sident Macron en faveur de la police. La sortie du film Dune rĂ©alisĂ© par Denis Villeneuve adaptĂ© de l’Ɠuvre de Frank Herbert (1965). ƒuvre dĂ©jĂ  prĂ©cĂ©demment adaptĂ©e par David Lynch en 1984 avec un rĂ©sultat mitigĂ©. Alors que  Â« le Â» Dune de Denis Villeneuve que je suis allĂ© voir ce matin Ă  la premiĂšre sĂ©ance suscite et suscitera sĂ»rement plus d’enthousiasme. J’en parlerai bientĂŽt comme je parlerai aussi des films En Route pour le milliard de Dieudo Hamadi ; Petite Solange d’Axelle Ropert ; deux films qui sortiront bientĂŽt.

Comme je parlerai aussi de Bac Nord de CĂ©dric Jimenez, de BoĂźte Noire de Yann Gozlan et de Shang-Chi Et La Legende des dix anneaux de Destin Daniel Creton. Six films que j’ai vus entre la semaine derniĂšre et aujourd’hui. Dont les quatre derniers hier et aujourd’hui. J’avais dit que je ferais le « plein Â» pendant que je disposerais d’un test antigĂ©nique rĂ©cent au rĂ©sultat nĂ©gatif. Et, je l’ai pratiquement fait. Mais je ne pourrai pas tout Ă©crire dans cet article. J’ai peu de temps aujourd’hui. Et le principal est dans ce qui va suivre.

 

Journal ” Le Parisien” de ce mercredi 15 septembre 2021.

 

 

«  Power is Power ! Â» nous apprend Cersei dans la sĂ©rie Game of Thrones.

Avoir du Pouvoir, c’est bĂ©nĂ©ficier de tellement d’intermĂ©diaires qui nous protĂšgent et agissent selon nos ordres et nos dĂ©cisions qu’il peut se passer beaucoup de temps avant que l’on ait Ă  rĂ©pondre de nos actes. Parfois, celles et ceux qui ont du Pouvoir vont jusqu’à bĂ©nĂ©ficier de plusieurs gĂ©nĂ©rations d’intermĂ©diaires entre leurs actions, leurs dĂ©cisions et le moment oĂč ils ou elles doivent en rĂ©pondre.

 

A partir de ce 15 septembre 2021, les soignants qui, en France, vont continuer de refuser de se faire vacciner contre le Covid pourront lĂ©galement ĂȘtre sanctionnĂ©s. Et, eux, n’auront pas ce Pouvoir qui leur permettra de se dĂ©filer comme une AgnĂšs Buzyn, un Olivier Veran ou d’autres.

Et, lorsque j’apprends ce mercredi que le PrĂ©sident Macron bichonne la police, mĂȘme si je n’ai pas lu dans le dĂ©tail sur quoi portent ces avantages qu’il lui accorde, je « sais Â» que la police française, en tant qu’institution publique dans une dĂ©mocratie, a effectivement besoin de plus de moyens. Un film comme Bac Nord le montre mais aussi des ouvrages comme celui de FrĂ©dĂ©ric Ploquin ( La Peur a changĂ© de camp et La Peur a changĂ© de camp 2Ăšme partie) .

Cependant, lorsque j’apprends que le PrĂ©sident Macron bichonne la police, je crois aussi fortement, que c’est aussi parce qu’il a besoin d’elle pour faire appliquer et imposer sa politique. Y compris par la force. Et, donc, que ces faveurs attribuĂ©es Ă  la police le sont aussi par calcul ou :

Que ces faveurs attribuées à la police le sont plus par calcul que par réelle empathie.

Journal ” Le Canard EnchainĂ©” de ce mercredi 15 septembre 2021.

 

 

L’avantage avec les personnels soignants, c’est qu’ils se tiennent bien d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale. MĂȘme lorsqu’ils manifestent. J’entretiens une sorte de dĂ©lire qui m’incite Ă  penser que, depuis trente ans au moins, chaque fois qu’un gouvernement a entendu parler d’un projet de grĂšve ou de manifestation des personnels soignants, que cela ne l’a jamais empĂȘchĂ© de partir en thalasso, de se faire un musĂ©e ou un p’tit restau.

Et, ce 15 septembre 2021, c’est pareil. Le peu que j’ai lu dans la presse me montre que nous avons un gouvernement qui roule des mĂ©caniques et qui est trĂšs sĂ»r de son fait Ă  propos des soignants qui persistent Ă  refuser de se faire vacciner :

 

Ils se-ront suspendus. Ils se-ront licenciés. Leur salaire ne sera pas versé.

Journal ” L’HumanitĂ©” de ce mercredi 15 septembre 2021.

 

Certains diront sĂ»rement que l’on a Ă©tĂ© bien patient avec tous ces soignants non vaccinĂ©s dont j’ai fait partie jusqu’à il y a encore deux jours ( jusqu’au 13 septembre 2021 Marcher pour ne pas mourir mais aussi Etre un mauvais exemple . Pour d’autres de mes articles en rapport avec la pandĂ©mie du Covid et/ou la profession infirmiĂšre, regarder dans la catĂ©gorie ” CrĂ©dibilitĂ©” et ” Corona Circus” du blog).

Mais je peux dire ceci :

 

MĂȘme lorsque ma vaccination sera complĂšte, je crois que je garderai ce sentiment d’ĂȘtre un aborigĂšne devant certains membres de cette nouvelle « civilisation Â» de vaccinĂ©s
et de passe sanitaire.

 

On peut ĂȘtre dĂ©tenteur d’un passe, s’en servir, et c’est Ă©videmment ce que je ferai, tout en le regardant avec perplexitĂ©. Non que je me sente humiliĂ© ou infĂ©riorisĂ©. Mais, simplement, j’ai le trĂšs fort sentiment que « l’on Â» me raconte des bobards en me promettant des merveilles sanitaire ou autres avec ce vaccin et ce passe sanitaire. Alors que dans les faits, je considĂšre que je vais perdre beaucoup plus dans ce monde de vaccin et de passe sanitaire que je ne vais rĂ©ellement en gagner. Du reste, depuis le dĂ©but officiel de la pandĂ©mie en mars 2020, j’ai dĂ©jĂ  beaucoup perdu de ma vie passĂ©e. Et, ce que j’ai perdu ne reviendra pas.

 

 

Il y a bientĂŽt trente ans maintenant, lors d’une grĂšve des soignants (infirmiers et aides-soignants principalement), un Ă©minent cancĂ©rologue, dĂ©cĂ©dĂ© depuis, avait dit :

 

« Le gouvernement n’a pas le droit de laisser pourrir cette grĂšve Â».

 

Pour moi, ce refus des vaccins actuels contre le Covid de certains soignants est l’équivalent d’une grĂšve. Mais, comme pour les autres grĂšves, « on Â» passera outre. On marchera dessus. On peut se le permettre, une fois de plus.

 

On invoquera les circonstances sanitaires. La prioritĂ© sanitaire. D’accord. Il y a deux ou trois mois, mon thĂ©rapeute, qui n’est ni Ă©pidĂ©miologiste, ni infectiologue, Ă©tonnĂ© que je sois toujours non-vaccinĂ© lors de nos sĂ©ances, m’avait dit  :

 

« Je ne comprends pas que la vaccination contre le Covid ne soit pas dĂ©jĂ  obligatoire pour les soignants Â». Et, il m’avait rappelĂ© que certains soignants non vaccinĂ©s avaient contaminĂ© certains de « leurs Â» patients.

 

Je lui avais alors demandĂ© :

« Et, ces soignants, portaient-ils des masques ? Â».

Il avait alors admis :

« Je ne sais pas
. Â». Et, comme lui, je pense que nous sommes nombreux Ă  ne pas savoir.

Paris, ce mercredi 15 septembre 2021, du cÎté des Halles.

 

Ce que nous savons, c’est que, mĂȘme « masquĂ©s Â», des soignants en bonne santĂ© ont pu attraper le Covid. De mon cĂŽtĂ©, je « sais Â» que, l’annĂ©e derniĂšre, au moins deux infirmiĂšres volontaires pour aller soigner dans une unitĂ© Covid, l’avaient rapidement attrapĂ© elles-mĂȘmes. Dans les 15 jours. Si je me souviens bien, elles ne portaient pas de masque FFP2. Qui est responsable de la dotation du matĂ©riel dans les lieux de soins ? Qui fait en sorte que les stocks de matĂ©riel- ou les munitions si l’on prĂ©fĂšre- nĂ©cessaires soient disponibles dans des hĂŽpitaux ou des cliniques ? Dans un pays ? Les personnels soignants ? Les personnels infirmiers et aides-soignants ? Non.

 

Nous savons aussi maintenant avec le variant Delta, que, mĂȘme lorsqu’une personne est vaccinĂ©e, elle peut ĂȘtre contagieuse. Le port du masque reste donc nĂ©cessaire en plus. Le port du masque n’est donc pas une action superflue. Et, la vaccination ne se suffit pas Ă  elle-mĂȘme.

Nous savons aussi, si nous faisons un tout petit effort de mĂ©moire- ce ne sera pas douloureux- que lorsqu’il y avait une pĂ©nurie de masques dans le pays l’annĂ©e derniĂšre ( entre mi-mars 2020 et dĂ©but mai 2020) alors que la pandĂ©mie du Covid Ă©tait officiellement dĂ©clarĂ©e et que nous avons connu notre tout premier confinement, le port du masque Ă©tait alors estimĂ© facultatif par le gouvernement.

Les masques sont arrivĂ©s dĂ©but mai 2020, les masques sont devenus obligatoires.

MĂȘme chronologie avec les vaccins. Sauf que depuis cet Ă©tĂ©, on a rajoutĂ© en plus le passe sanitaire, le QR code Ă  montrer sur papier ou sur son tĂ©lĂ©phone. Car cela ne suffisait pas de se faire vacciner. DĂ©sormais, il fallait aussi se faire « fliquer Â». Oui, j’ai bien Ă©crit « fliquer Â». Sans intention d’injurier les agents de la police. La mĂȘme police que le PrĂ©sident Macron vient de chouchouter.

 

 

Pour les soignants, il y a eu la prime pour service rendu Ă  la Nation l’annĂ©e derniĂšre. Et, il y a le SĂ©gur prĂ©vu ou qui a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© appliquĂ©. On ne peut donc pas dire que le gouvernement a Ă©tĂ© si ingrat ou si radin que ça avec la profession soignante. Sauf que cette prime, au montant agrĂ©able, et le SĂ©gur annoncĂ©, restent infĂ©rieurs Ă  ce qu’ont perdu les professions soignantes d’un point de vue salarial depuis plusieurs annĂ©es. Donc, « on Â» fait quelques gestes marquants mais qui, fondamentalement, ne changent rien Ă  l’état de ces professions comme Ă  la dĂ©gradation des conditions de travail dans les hĂŽpitaux. Il manque dĂ©sormais plus de personnel soignant dans les hĂŽpitaux depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie en mars 2020. Mais on peut se permettre d’en licencier davantage si ce personnel refuse de se faire vacciner. Ça « tiendra Â». Comment ? ça tiendra. Qui l’affirme ?

 

Quelques mots encore avant de conclure :

 

J’ai Ă©tĂ© diplĂŽmĂ© en 1989. Cela ne fait pas de moi un gĂ©nie ou un infirmier exemplaire. Mais la plus grande partie de ma vie professionnelle, je l’ai passĂ©e dans des hĂŽpitaux et dans des cliniques. Pour le peu que j’ai compris, un soignant, c’est gĂ©nĂ©ralement, un professionnel consciencieux qui tient Ă  la vie d’autrui. Bien-sĂ»r, il y a des impairs. Il y en a dans toutes les professions.

Donc, ces soignants consciencieux qui se font balader par les gouvernements chaque fois qu’ils manifestent depuis trente ans, qui ont toujours fait en sorte que les patients ne pĂątissent pas de leurs grĂšves et de leurs manifestations seraient aujourd’hui, en 2021, des grands irresponsables ? Et, ce serait seulement parce qu’ils sont illogiques, irresponsables et Ă©goĂŻstes que certaines et certains d’entre eux refusent aujourd’hui les vaccins imposĂ©s actuellement, voire, aussi, le passe sanitaire ?!

 

Et puis, Ă  partir d’aujourd’hui, on saura Ă©tablir avec plus de prĂ©cision le pourcentage des soignants rĂ©calcitrants ou opposĂ©s aux vaccins anti-Covid actuels ainsi qu’au passe sanitaire. On saura sur qui taper. On saura qui sanctionner ou qui surveiller.

 

Par contre, toutes les fois auparavant, ou, pendant des annĂ©es, quantitĂ©s de soignants sont venus travailler, bien que malades ( y compris Ă  peine remis du Covid l’annĂ©e derniĂšre), ou fatiguĂ©s, par solidaritĂ©. Parce qu’il manquait quelqu’un dans le service. Parce qu’autrement, le service ne pourrait pas tourner. Toutes ces fois-lĂ  ne se comptent pas dans une carriĂšre de soignant. De jour, de nuit. Les jours « normaux Â» comme fĂ©riĂ©s. Tous les jours de l’annĂ©e. Que l’on vive en couple ou que l’on soit cĂ©libataire. Que l’on ait des enfants ou pas. Que l’on habite Ă  plus d’une heure de trajet de son travail ou pas. MĂȘme si l’on a dĂ©jĂ  accompli son quota d’heures de travail hebdomadaire.

 

A partir de ce mercredi 15 septembre 2021, on ne regardera pas si le personnel soignant non-vaccinĂ© fait partie ou a fait partie de ces soignants-lĂ . Puisque la prioritĂ©, encore une fois, ce sera toujours quelqu’un d’autre ou quelque chose d’autre que le soignant. Les patients. « L’éthique Â». Le service. La hiĂ©rarchie. Les collĂšgues. La culpabilitĂ©. La politique.

 

«  Power is Power Â».

 

 

Franck Unimon, ce mercredi 15 septembre 2021. ( et ce jeudi 16 septembre 2021 au matin aprĂšs une nuit de travail).

 

 

 

 

 

 

 

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Marcher pour ne pas mourir

Le journal ” Le monde” de ce lundi 13 septembre 2021.

      Marcher pour ne pas mourir

 

  • ça va ?
  • Non, ça ne va pas.

 

Elles étaient trois jeunes. Je dirais au plus, 25 ans. Accueillantes, volontaires, plutÎt mignonnes. Néanmoins, on peut avoir ces particularités et insuffler la mort dans les corps sans le vouloir.

 

Deux d’entre elles Ă©taient Ă©tudiantes en mĂ©decine. La troisiĂšme, Ă©tudiante en quoi ?

Elles Ă©taient probablement plutĂŽt bonnes Ă©lĂšves et, bien que rĂŽdĂ©es, assez faciles, sĂ»rement, Ă  dĂ©stabiliser. Je n’en n’ai pas profitĂ©.

 

Lorsque celle qui m’a fait m’asseoir m’a appris la « bonne nouvelle Â», Ă  savoir, qu’avant l’injection, elle allait me faire un test antigĂ©nique, j’ai dĂ©ballĂ© mes arguments contre cette mĂ©thode « barbare Â». J’avais dĂ©jĂ  fait deux tests antigĂ©niques en tant que cas contact cette annĂ©e. NĂ©gatif Ă  chaque fois. Une seconde sĂ©rologie Covid- effectuĂ©e il y a environ deux semaines- m’avait redit que si certaines personnes, aprĂšs avoir contractĂ© le Covid, avaient dĂ©veloppĂ© des dĂ©fenses immunitaires aussi fortes qu’une paire de poitrines nĂ©cessitant du 95 D, que les miennes Ă©taient aussi plates qu’une flaque d’eau.

 

Mais elle n’a eu aucune difficultĂ© Ă  me convaincre. Je savais que ces rĂ©sultats Ă©taient trop anciens et inappropriĂ©s. Et, aussi, qu’elle appliquait un protocole qu’elle se devait de suivre d’aprĂšs son instruction. Partir pour refuser un test antigĂ©nique ? Je m’étais fait une raison pour cette premiĂšre injection de Moderna. Alors, je suis restĂ© et elle m’a enfoncĂ© la tige.

 

  • ça va ?
  • Non, ça ne va pas.

 

A quelques mĂštres, ses deux « collĂšgues Â» sont restĂ©es silencieuses. Le rĂ©sultat est arrivĂ© trĂšs vite. Moins de deux minutes. A nouveau nĂ©gatif. Je peux l’écrire : ces derniers temps, il m’est arrivĂ© d’envier celles et ceux qui avaient attrapĂ© le Covid et qui avaient bien rĂ©cupĂ©rĂ© depuis. Car leurs dĂ©fenses immunitaires, si elles ne sont pas Ă©ternelles, sont « naturelles Â».

 

Cependant, on ne sait pas quelle tĂȘte on va faire en attrapant le Covid. Si nous allons connaĂźtre les neiges Ă©ternelles, garder des sĂ©quelles de cette embuscade ou, au contraire, bien nous en remettre.

 

Celle qui m’a fait l’injection avait des jolis yeux bleus AllĂ©luia Ă  la LĂ©onard Cohen. Cependant, aujourd’hui, on est habile pour s’inventer un profil avantageux.  Donc, je ne suis pas sĂ»r qu’elle Ă©tait vraiment ce qu’elle m’a dit ĂȘtre. Etudiante en quatriĂšme annĂ©e de mĂ©decine. AprĂšs m’avoir piquĂ©, elle m’a recommandĂ© de prendre du doliprane en cas de douleur. Je l’ai Ă©coutĂ©e tout en sachant que je n’en prendrais pas. J’ai du doliprane chez moi et j’en donne Ă  ma fille lorsqu’elle a de la fiĂšvre. Mais je prends le moins de mĂ©dicaments possible. C’est peut-ĂȘtre paradoxal pour un infirmier mais je crois que le repos, le calme, les Ă©tirements ou une activitĂ© plaisante et l’alimentation, ça aide vraiment. Et qu’il faut d’abord essayer ça avant de se prĂ©cipiter vers des mĂ©dicaments. Ou essayer d’en prendre le moins possible. Ne pas s’assommer d’avance. Ce soir, j’ai un peu mal au deltoĂŻde, peut-ĂȘtre un petit mal de la tĂȘte. Mais je suis fatiguĂ©. Je me suis couchĂ© un peu tard hier soir et je me suis levĂ© un peu tĂŽt ce matin.

 

AprĂšs l’injection, je suis restĂ© quelques minutes dans la salle d’attente Ă  envoyer des sms pour apprendre Ă  quelques personnes que j’avais reçu ma premiĂšre injection. Pendant que les jeunes femmes s’occupaient des personnes suivantes. J’ai entendu une femme d’une vingtaine d’annĂ©es, assez grande, s’avancer en disant :

 

« J’ai trĂšs trĂšs peur Â». Puis « Je suis en PremiĂšre annĂ©e de mĂ©decine Â». Il semble qu’en face, on se soit montrĂ© attentif et rassurant.

 

MĂȘme si comme l’a trĂšs bien compris une ancienne collĂšgue, et prĂ©sente amie, j’ai lancĂ©  « une bouteille Ă  l’amer Â» en adressant mon article Etre un mauvais exemple Ă  plusieurs personnes, je ne dirais pas avoir eu peur de me faire vacciner. C’est plutĂŽt du doute et de la mĂ©fiance. De la prudence, aussi.

 

Pourquoi cet endroit ?

 

 

J’ai choisi cet endroit Ă  Paris, un espace de santĂ© oĂč l’on trouve entre-autres une consultation en gynĂ©cologie, pour le vaccin Moderna.  Ou vaccin covid-19 ARNm- 1273 ( Spikevax ° de la firme Moderna).

 

 J’en avais assez d’entendre parler du Pfizer qui est le vaccin utilisĂ© par IsraĂ«l que la France copie pour sa politique sanitaire. Copier, cela veut aussi dire que l’on pense et anticipe moins. IsraĂ«l en est, je crois, Ă  une troisiĂšme dose de vaccin Ă  partir de 30 ans car le Pfizer a perdu de ses pouvoirs face au variant Delta.

Le Moderna, beaucoup moins utilisĂ© que le Pfizer, aurait des particularitĂ©s immunogĂšnes un petit peu supĂ©rieures. Je ne m’attends pas Ă  des miracles. Mais j’ai essayĂ© quelque chose.

 

Le Moderna est aussi le vaccin choisi par une de nos voisines, vaccinĂ©e dĂšs qu’elle l’a pu et qui s’en porte bien. Nous nous entendons bien avec cette voisine. Et je n’ai pas oubliĂ© qu’elle Ă©tait partante pour emmener Ă  notre fille Ă  une sortie culturelle nĂ©cessitant le passe sanitaire. Qu’elle avait Ă©tĂ© touchĂ©e qu’on le lui demande car c’était pour elle une grande marque de confiance. Sauf que, finalement, elle n’avait pas pu ĂȘtre disponible.

 

 

J’ai aussi choisi cet endroit parce qu’il ne ressemble pas aux vaccinodromes impersonnels que j’ai vu. Parce qu’il est dans un quartier oĂč j’ai de bons souvenirs. En tant que comĂ©dien sur scĂšne. En tant que spectateur. En tant que client dans un restaurant.

Dans le journal ” Le Figaro” de ce lundi 13 septembre 2021.

 

Pour y arriver, aprĂšs avoir pris le train et le mĂ©tro, j’ai tenu Ă  marcher. Dix Ă  quinze minutes de marche. Alors que j’aurais pu descendre Ă  une station de mĂ©tro plus proche. Avant de prendre le train pour Paris, j’avais achetĂ© trois journaux du jour, Le Figaro, Les Echos, Le Monde. J’avais aussi pris le journal gratuit qui est rĂ©apparu avec la rentrĂ©e. Dedans, j’ai lu ce que je pouvais qui se rapportait Ă  la pandĂ©mie, Ă  la vaccination anti-Covid. Je n’ai rien trouvĂ© qui m’aurait permis de me dĂ©sister. J’avais assez cherchĂ© et assez sollicitĂ© autour de moi pour renoncer une seconde fois Ă  cette vaccination. Pourtant, ce soir, mĂȘme si plusieurs personnes m’ont encouragĂ© vers cette action et m’ont fĂ©licitĂ© depuis, si cela m’a fait du bien, beaucoup de bien, je ne suis pas soulagĂ©.

 

Le sentiment d’avoir trahi

 

J’ai d’abord le sentiment d’avoir trahi. Ma compagne pour commencer, rĂ©solument contre. Pour elle, les vaccins anti-Covid actuels sont des « choses Â» Ă  bannir.

 

Mon meilleur ami, qui a contractĂ© le Covid il y a plusieurs mois et dont les dĂ©fenses immunitaires « poussent Â» le plafond,  qui m’avait conseillĂ© rĂ©cemment d’attendre quelques mois si je le pouvais.

 

Cette personne perdue de vue qui, en lisant mon article Etre un mauvais exemple, l’avait spontanĂ©ment partagĂ© et m’avait Ă©crit : « Je suis aussi un mauvais exemple Â». Son soutien m’a fait dĂ©couvrir le sentiment d’avoir dĂ©sormais une responsabilitĂ©, de par mon article, envers celles et ceux qui pourraient se reconnaĂźtre Ă  travers lui, Ă  travers moi. Et, moi, en partant me vacciner, je leur retirais en quelque sorte un « alliĂ© Â».

 

Et, dans une bien moindre mesure, j’ai un peu l’impression de ne pas avoir tenu compte de l’avis du mĂ©decin que j’avais sollicitĂ©  au sujet de ces vaccins actuels contre le Covid et qui m’avait rĂ©pondu :

 

« Peut-ĂȘtre que, finalement, on ne court pas de risque avec ces vaccins mais on manque de recul. Donc, si vous pouvez, attendez encore quelques mois qu’un vaccin dont on sera plus sĂ»r, arrive Â».

Il m’avait aussi appris avoir attrapĂ© le Covid en avril et m’apparaissait en pleine forme, dĂ©but septembre.

 

Pourquoi, moi « l’anarchiste Â» et le « rĂ©volutionnaire Â», ai-je changĂ© d’avis ?

 

Changer d’avis :

 

Autour de moi, aujourd’hui, je dĂ©nombre Ă©videmment bien plus de personnes  vaccinĂ©es contre le Covid qui se portent bien que de personnes non vaccinĂ©es. Le nombre ne fait pas tout. Et ce n’est pas la peur du mĂ©pris ou de la honte sociale qui m’a dirigĂ©.

 

Ces personnes vaccinĂ©es, que je connais, peuvent avoir des profils opposĂ©s. Mais aussi des personnalitĂ©s tranchĂ©es. Si l’on peut ĂȘtre une personne affirmĂ©e et affutĂ©e en refusant de se faire vacciner et en refusant le passe sanitaire, je peux aussi dire que parmi les personnes vaccinĂ©es contre le Covid que je connais, se trouvent des personnes toutes autant affirmĂ©es et affutĂ©es. Dans une fourchette d’ñge allant de 35-40 ans Ă  70 ans et plus. Je pourrais donc me satisfaire du fait que ces personnes se soient faites vacciner contre le Covid.

 

Sauf qu’il me reste des gros rĂ©sidus de doute. Tomber par hasard tout Ă  l’heure sur le post, sur Facebook, d’un ami qui affirme que la vaccination anti-Covid « aurait Â» causĂ© 40 000 morts en neuf mois d’aprĂšs telle ou telle source m’a bien-sĂ»r contrariĂ©. Et s’il avait raison ?

 

Relire aujourd’hui sur le site Prescrire.org dans l’article (datĂ© de ce 1er septembre 2021) intitulĂ© Effets indĂ©sirables connus mi-2021 des vaccins covid-19 Ă  ARN messager ( Covid-19 Des signaux confirmĂ©s et quelques signaux d’effets indĂ©sirables trĂšs rares ont Ă©mergĂ©, notamment des pĂ©ricardites et des myocardites. La RĂ©daction de Prescrire publie son analyse dĂ©taillĂ©e dans le numĂ©ro de septembre) m’a aussi contrariĂ©.

 

 

Je n’ai pas changĂ© d’avis pour pouvoir bientĂŽt retourner au restaurant, au cinĂ©ma, dans une salle de thĂ©Ăątre, dans la mĂ©diathĂšque de ma ville ou pour voyager. MĂȘme si je le ferai sans doute aprĂšs m’ĂȘtre fait vacciner.

MĂȘme si avec le rĂ©sultat de mon test antigĂ©nique d’aujourd’hui, je compte bien faire le « plein Â» de sorties qui me sont dĂ©sormais interdites sans passe sanitaire et sans test antigĂ©nique et PCR nĂ©gatif rĂ©cent. Je pense en particulier Ă  retourner au cinĂ©ma et dans « ma Â» mĂ©diathĂšque.

 

Le centre commercial CĂŽtĂ© Seine Ă  Argenteuil, grand ouvert ce lundi 13 septembre 2021. Alors qu’il faut continuer de fournir un passe sanitaire ou un test antigĂ©nique et PCR nĂ©gatif pour pouvoir entrer dans la mĂ©diathĂšque de la ville situĂ©e Ă  dix minutes Ă  pied de lĂ .

 

Je reste aussi critique envers le passe sanitaire et le projet de sociĂ©tĂ© qu’il dessine. Je crois qu’au pire, l’ancienne Ministre de la santĂ© AgnĂšs Buzyn, mise en examen pour « mise en danger de la vie d’autrui Â» et une mauvaise gestion de la pandĂ©mie du Covid l’annĂ©e derniĂšre, sera condamnĂ©e Ă  du sursis. Et qu’elle sera la principale part visible et condamnĂ©e des responsables de cette mauvaise gestion parmi les grosses « tĂȘtes de gondoles Â». Et que les autres se feront discrĂštes ou sauront si bien se faire dĂ©fendre que leur condamnation sera  faible ou inoffensive. Contrairement Ă  ce qui va  se produire Ă  partir de ce 15 septembre, dans deux jours, pour celles et ceux, employĂ©s, qui ne seront toujours pas vaccinĂ©s, ne serait-ce qu’une fois, contre le Covid.

 

Pour ces personnes, je m’attends Ă  ce qu’on les brutalise un peu plus que nous ne l’avons dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dans notre grande majoritĂ© depuis le dĂ©but de cette pandĂ©mie. En se cachant derriĂšre la loi :

 

« On vous avait prĂ©venu. Vous avez Ă©tĂ© informĂ©(e). Vous avez eu le temps de la rĂ©flexion. Maintenant, je suis obligĂ©(e )  d’appliquer la Loi. Ce n’est pas moi, c’est la Loi qui m’oblige Ă  vous dire de dĂ©gager et Ă  vous sanctionner !  Â».

 

Je crois qu’il va se produire beaucoup trop de « sale Â» Ă  partir du 15 septembre au prĂ©texte de la Loi. Car sitĂŽt que l’on octroie Ă  plus de personnes  un certain pouvoir rĂ©pressif, le pire, camouflĂ© ou un peu tenu en laisse d’ordinaire, s’exprime davantage. Je ne m’attends pas Ă  des ratonnades. Mais Ă  des dĂ©gradations morales, sociales et Ă©conomiques. A un accroissement de contrariĂ©tĂ©s et d’humiliations quotidiennes les plus diverses au motif que certaines personnes ne fourniront pas, en cas de contrĂŽle- et il y en aura de plus en plus Ă  partir du 15 septembre- le papier qu’il faut ; le QR Code attendu pour effectuer des dĂ©placements ou des actions qui, « autrefois Â», il y a encore deux mois, ne le nĂ©cessitaient pas.

 

C’est plutĂŽt ça qui m’a fait changer d’avis. Je n’ai pas envie de me mettre dans un Ă©tat d’hyper-vigilance pour des gestes quotidiens qui, jusqu’à il y a peu, allaient de soi comme le simple fait d’ouvrir un robinet pour avoir de l’eau.

Paris, lundi 13 septembre 2021.

La possibilitĂ© d’attraper le Covid m’a aussi fait changer d’avis. Car, Ă  partir du 15 septembre, j’ai l’impression que chaque fois qu’une nouvelle personne non vaccinĂ©e attrapera le Covid et sera hospitalisĂ©e que cela permettra de marteler que si elle avait Ă©tĂ© vaccinĂ©e, elle ne l’aurait pas attrapĂ©. Ou alors une forme bĂ©nigne. Il va se passer un peu de temps avant de devoir admettre que le « Tout vaccin Â» ne rĂ©soud pas tout contre le Covid. Au moins jusqu’à ce que les « nouveaux Â» traitements anti-Covid ne soient disponibles pour le plus grand nombre sur le marchĂ©. D’ici un mois ? Deux mois ? Trois mois ?

 

Gagner du temps

 

J’ai donc aussi changĂ© d’avis pour continuer de gagner du temps.  D’accord, pendant que je prends le temps de rĂ©flĂ©chir d’autres ont le temps de faire trois enfants et de les voir commencer Ă  faire des Ă©tudes supĂ©rieures puis de devenir grands-parents. Mais j’ai besoin de temps. Cet article, pour ĂȘtre Ă©crit, a besoin de temps. J’avais Ă©crit une premiĂšre version en rentrant de l’espace de santĂ© en m’abstenant de dĂ©jeuner. Puis, je suis parti chercher ma fille Ă  l’école. J’ai tout rĂ©Ă©crit ce soir depuis le dĂ©but. AprĂšs avoir fait faire ses devoirs Ă  ma fille. AprĂšs avoir dĂźnĂ©. AprĂšs lui avoir lu une histoire, ce qui n’était pas prĂ©vu, au moment du coucher. Yekrik ! Yekrak !

Paris, ce lundi 13 septembre 2021.

 

« Le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui Â». J’aime cette phrase. J’ai oubliĂ© qui en est l’autrice ou l’auteur.

 

Ma seconde injection aura lieu dĂ©but octobre si elle se fait. D’ici lĂ , nous devrions avoir d’autres informations concernant l’évolution de la pandĂ©mie mais aussi Ă  propos des effets des vaccins anti-Covid actuels. A cela s’ajoutent tous ces nouveaux traitements contre le Covid, par voie orale ou intraveineuse, mais aussi par voie intramusculaire, prĂ©vus pour cet « automne Â». Et, pour l’instant, je prĂ©fĂšre le traitement intramusculaire que j’ai reçu Ă  un traitement oral ou par voie intraveineuse.

 

Si je « fais Â» ma deuxiĂšme injection, je n’aurai en principe pas de rappel avant six mois. Ce qui nous amĂšne au mois d’avril 2022 oĂč je veux bien croire que l’on en saura plus sur la « sortie Â» Ă©ventuelle de la pandĂ©mie. Comme sur les traitements contre le Covid.

Argenteuil, ce lundi 13 septembre 2021. J’ai l’impression qu’il y a moins de tests antigĂ©niques et PCR pratiquĂ©s dans ce genre de tente qui fait dĂ©sormais partie du paysage. Ce sera bien lorsque ces tentes disparaitront.

 

Selon certains témoignages et affirmations

 

Bien-sĂ»r, si je suis mort d’ici lĂ  ou complĂštement bousillĂ© par la vaccination anti-Covid, tout cela n’aura plus d’importance pour moi. Je suis bien obligĂ© d’y penser puisque selon certains tĂ©moignages ou affirmations, ou explications, ces vaccins anti-Covid sont toxiques. Et, moi, j’en suis Ă  J+1 en terme d’expĂ©rience avec ce vaccin. Je ne sais pas ce qui va se passer ensuite. Or, selon certaines affirmations, une personne vaccinĂ©e contre le Covid aurait une espĂ©rance de vie de deux Ă  trois ans ensuite. En repartant du centre de santĂ©, je me suis donc imaginĂ© que la plus grande partie de ces personnes que je croisais dans la rue, se dĂ©plaçant, discutant entre elles ou assises Ă  une terrasse d’un cafĂ©, tomberaient toutes d’un seul coup, un beau jour, mortes. Et que ce serait pareil pour moi.

Paris, ce lundi 13 septembre 2021.

 

Je me suis aussi imaginĂ© qu’un jour, alors que j’aurais l’intention de me rendre dans une Ă©picerie, que je me retrouverais finalement dans un pressing puisque la vaccination, avec les nanotechnologies qu’elle comporterait, permettraient de me tĂ©lĂ©guider Ă  distance. Je voudrais voir tel film. HĂ© bien, non, « on Â» me forcerait Ă  aller voir tel film Ă  la place. Je voudrais faire la vaisselle, hĂ© bien non, « on Â» m’obligerait Ă  me rendre sur internet pour faire des achats. Je voudrais m’habiller de telle maniĂšre pour sortir, et, finalement, non, Ă  la place “on” m’imposerait de descendre dans les Ă©gouts.

Paris, lundi 13 septembre 2021.

 

 

Il y a bien-sĂ»r d’autres croyances et d’autres affirmations Ă  propos des vaccins anti-Covid. Je prĂ©fĂšre en rire un peu. Comme le fait que notre tĂ©lĂ©phone puisse ĂȘtre aimantĂ© Ă  l’endroit oĂč le vaccin nous a Ă©tĂ© injectĂ©. Je n’ai mĂȘme pas eu envie de faire le test. C’est plutĂŽt ma compagne qui m’a incitĂ©. Alors, devant elle, j’ai pris mon tĂ©lĂ©phone et l’ai posĂ© contre ma peau. Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois. Il est retombĂ© Ă  chaque fois. J’allais continuer lorsqu’elle m’a dit que ce n’était pas la peine. Puis, ma compagne en a dĂ©duit que mon vaccin Ă©tait peut-ĂȘtre « un placebo Â». Je lui ai rĂ©pondu :

 

« Quelle que soit la situation, de toute façon, il y aura toujours une explication Â».

 

Ma compagne m’a “prĂ©dit” une troisiĂšme puis une quatriĂšme injection. Autant prĂ©dire une troisiĂšme et une quatriĂšme guerre mondiale. Je ne peux pas lui donner tort. Le monde va mal.  Je pense aussi que le nombre d’injections de vaccins contre le Covid va augmenter. Et cela ne m’emballe pas du tout.

Lorsque je lui ai dit que j’avais toujours des doutes, elle m’a objectĂ©, presqu’assassine :

 

« En gĂ©nĂ©ral, quand on a des doutes, on s’abstient ! Â».

« C’est ce que je fais, en gĂ©nĂ©ral, oui. Mais j’ai fait ce que j’avais Ă  faire Â». Puis, j’ai ajoutĂ© :

« Vu qu’il me reste maintenant deux Ă  trois ans Ă  vivre, regarde moi bien. Parce-que bientĂŽt, je ne serai plus lĂ  Â». Cela l’a fait un peu rire.

 

S’il me reste effectivement deux Ă  trois ans, au mieux, Ă  vivre avec ce vaccin, je me demande ce que je pourrais bien faire durant ces deux Ă  trois ans. Me faire plaisir sĂ»rement. En attendant, lorsque ma mĂšre a appris que j’avais reçu ma premiĂšre injection, elle m’a Ă©crit par sms qu’elle allait aussi se faire vacciner. Et que mon pĂšre suivrait sĂ»rement ensuite. Sa rĂ©action m’est alors apparue Ă©vidente. Pourtant, je ne l’avais pas du tout prĂ©vue.

 

 

Lorsque j’ai eu quittĂ© le centre de santĂ© ce matin, ça klaxonnait dans la rue. Un camion arrĂȘtĂ© bloquait la rue. A pied, j’ai facilement pu passer. J’ai tenu Ă  retourner Ă  la gare St Lazare en marchant.  J’ai pris quelques photos sur le trajet. Regarder pour vivre. Marcher pour ne pas mourir.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 13 septembre 2021.