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New-York 2011

 

 

Le PrĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump envisagerait de fermer les frontiĂšres des Etats-Unis pendant une trentaine de jours en vue de tenter d’attraper le Coronavirus Covid 19 par la chatte. J’ai un petit peu modifiĂ© ce qu’une collĂšgue m’a appris ce matin. Mais l’idĂ©e de fermeture des frontiĂšres des Etats-Unis Ă©tait bien lĂ . S’il m’a Ă©tĂ© pour l’instant impossible de vĂ©rifier le caractĂšre officiel de cette information, un rapide passage sur le net m’a rappelĂ© que la fermeture des frontiĂšres, pour compenser peut-ĂȘtre une trop grande ouverture de la braguette et de la bouche, fait partie des leitmotiv du prĂ©sident amĂ©ricain. En France, rĂ©cemment, l’épidĂ©mie du coronavirus Covid 19 et toute l’attention qu’elle captive a permis de faire passer la rĂ©forme des retraites en poussant avec le 49.3.

 

Aux Etats-Unis, peut-ĂȘtre que la peur du Coronavirus Covid 19 permet Ă  Donald Trump de pratiquer au passage une certaine forme de protectionnisme Ă©conomique envers la Chine et le reste du monde. Devant ce genre de pensĂ©e et le climat actuel envers le coronavirus Covid 19,  on se croirait un peu dans le film Les fils de l’homme (Children of men) d’Alfonson Cuaron, un film beaucoup trop ignorĂ© que le rĂ©alisateur mexicain avait rĂ©alisĂ© en 2006 plusieurs annĂ©es avant Gravity ( 2013).  

 

Oui, prĂ©ciser la nationalitĂ© d’Alfonson Cuaron a son importance au mĂȘme titre que celle d’Alejandro Inarritu ( Ă©galement mexicain) ou encore de Robert Rodriguez ( AmĂ©ricain d’origine mexicaine) qui a entre-autres rĂ©alisĂ© rĂ©cemment Alita : Battle Angel ( 2019) inspirĂ© du manga Gunnm crĂ©Ă© par le Japonais Yukito Kishiro au dĂ©but des annĂ©es 1990.

 

Cuaron, Inarritu et Rodriguez ont au moins en commun de partager des origines mexicaines mais aussi de prescrire un cinĂ©ma qui fait beaucoup de bien Ă  l’Art ainsi qu’à l’économie amĂ©ricaine. Pourtant,  selon la logique d’un Donald Trump et d’autres dĂ©cideurs et dĂ©cideuses, ils auraient dĂ» rester confinĂ©s dans « leur Â» pays ou y ĂȘtre renvoyĂ©s Coronavirus ou non, car le Mexique, c’est le pays de la Drogue et des cartels qui est frontalier avec les Etats-Unis. Et le Mexique est aussi l’un des pays de celles et ceux qui entrent clandestinement aux Etats-Unis afin d’essayer d’y trouver une meilleure vie. Le film Brooklyn Secret  qui sort ce 18 mars au cinĂ©ma parle aussi de ça.

 

C’est Ă©tonnant ( effrayant) comme une Ă©pidĂ©mie peut trĂšs vite permettre l’expansion de pensĂ©es et d’idĂ©es racistes. Ce qui se passe en ce moment vis-Ă -vis du Coronavirus Covid 19 et des “Chinois” comme de celles et ceux que l’on estime susceptibles d’ĂȘtre “sales”, “impurs” ou tout simplement porteurs du virus me rappelle ce qui se disait lors de l’Ă©pidĂ©mie du Sida dans les annĂ©es 80 :

Les homosexuels, les HaĂŻtiens, les prostituĂ©es et les toxicomanes Ă©taient alors perçus comme responsables ( plutĂŽt que victimes) de l’Ă©pidĂ©mie et aussi comme celles et ceux qui Ă©taient ainsi “punis” pour leurs vices ou leurs pĂ©chĂ©s.  On peut croire ces idĂ©es limitĂ©es par des barrages. Mais non.

Il y a Ă  peu prĂšs un mois maintenant, prĂšs du Val de GrĂące, dans la rue,  j’avais aperçu un SDF qui avait sollicitĂ© une femme d’origine asiatique afin qu’elle lui donne une piĂšce. Celle-ci avait refusĂ©. L’instant d’aprĂšs, le mĂȘme SDF insultait la mĂȘme femme, l’intimant Ă  rentrer chez elle avec son Coronavirus !

Hier soir, une de mes collĂšgues a vu des passagers dĂ©serter la voiture du mĂ©tro oĂč elle se trouvait. Elle est ainsi restĂ©e seule
avec des passagers d’origine asiatique. La peur et l’angoisse font surgir des Ă©tats de folie sociale qui devient une norme beaucoup plus puissante que les services de psychiatrie qui sont souvent jugĂ©s pour leurs travers plus que pour leurs  habilitĂ©s. Peut-ĂȘtre parce-que la folie sociale est mobile, variable, et peut trĂšs facilement devenir indĂ©tectable aprĂšs ses crimes et ses excĂšs. Sauf si l’on dĂ©cide d’une enquĂȘte  aprĂšs coup et mĂȘme de cette façon il n’est pas toujours certain d’en retrouver les principaux acteurs afin de les confronter Ă  leurs agissements. Alors que la psychiatrie, elle, reste localisable et identifiable de par ses murs et son statut Ă  peu prĂšs immuables ainsi que par ses intervenants, ses victimes et ses tĂ©moins.

 

Qu’il soit rĂ©Ă©lu ou que son mandat de prĂ©sident s’arrĂȘte bientĂŽt, Donald Trump passera dans l’Histoire. Et, malgrĂ© ses erreurs, ses fautes et ses coups de folie, il finira vraisemblablement sa vie en restant libre et dans le confort comme celles et ceux qui lui ressemblent. Contrairement Ă  la majoritĂ© des femmes et des hommes de cette terre, que ceux-ci soient chinois, mexicains, clandestins ou autres.

 

Je n’avais pas prĂ©vu une introduction aussi longue avant de  « raconter Â» ce sĂ©jour que ma compagne et moi avions effectuĂ© Ă  New-York en 2011.

 

Je ne crois pas que ce soit toujours « mieux avant Â». Par contre, je crois que ça peut faire du bien de revoir ce qui a pu ĂȘtre vĂ©cu et qu’on peut aussi le voir « mieux Â» qu’avant.

 

Je crois surtout que reparler de ce voyage d’aprĂšs les notes que j’avais alors prises est une bonne façon de retourner dans ce pays que le prĂ©sident Donald Trump veut de plus en plus fermer dans un monde qui semble de plus en plus en train de se fermer :

Ce matin, en prenant cette photo Ă  la gare de Paris St-Lazare, je voulais surtout capter cette discordance qui est dĂ©jĂ  notre ordinaire- et notre imaginaire- oĂč, d’un cĂŽtĂ©, une pub en hauteur reprĂ©sentant l’actrice Julia Roberts nous affirme en souriant que la vie est belle. Donc, que nous aussi, femmes et hommes inclus, nous devons nous Ă©lever, sourire et nous persuader que nos vies sont des triomphes parfumĂ©s. Tandis que d’un autre cĂŽtĂ©, un panneau, comme il y en a tant dĂ©sormais, nous rappelle les consignes d’hygiĂšne Ă  suivre en raison de l’épidĂ©mie du Coronavirus Covid 19. Et comment nous devons rĂ©guliĂšrement parfumer nos mains avec du savon ou une solution hydro-alcoolique que nous pouvons bien-sĂ»r nous procurer ( acheter) en magasin ou dans des pharmacies. 

Et, ce n’est qu’en rentrant chez moi et en dĂ©couvrant les photos sur mon Ă©cran d’ordinateur que je me suis aperçu que ce panneau nous incitait aussi Ă  la prudence et nous rappelait que nous Ă©tions toujours sous le plan Vigipirate. Entre l’épidĂ©mie du Coronavirus Covid 19 et la peur du terrorisme, je me suis dit que nous Ă©tions de plus en plus cernĂ©s. Et que nous nous y sommes dĂ©jĂ  accoutumĂ©s. Je me suis aussi dit que, pourtant, nous sommes sĂ»rement aujourd’hui plus libres que demain. Mais, Ă©videmment, ce qui peut faire la diffĂ©rence autant voire plus que les Ă©vĂ©nements que nous vivons, c’est souvent notre regard et notre attitude vis-Ă -vis d’eux. 

Franck Unimon, ce jeudi 12 mars 2020.

 

 

 

Dimanche 8 octobre 2011, New-York.

 

 

Save you Money !

 

Nous sommes dans notre chambre d’hĂŽtel lorsque les femmes de mĂ©nage arrivent.

Une Noire qui a Ă  peu prĂšs 60 ans. Une Blanche originaire de Montenegro, qui a vĂ©cu en Italie, et qui vit maintenant Ă  New-York depuis 16 ans. Elle et moi discutons alors qu’elle travaille seule dans notre chambre. Voici ce qu’elle me dit :

Le quartier oĂč se trouve l’hĂŽtel est un quartier de riches.  Plus on descend, plus c’est riche. Elle m’enjoint Ă  aller Ă  Harlem afin que je vois Ă  quoi ressemble la vie de mes semblables. Elle m’assure que je n’y aurai aucun problĂšme.

Elle ne me parle pas du Bronx, me recommande, si je prends le train, de taire le fait que je suis Français.

Macy’s ? Trop cher. Aller plutĂŽt dans le centre commercial prĂšs de l’ancien emplacement des tours du World Trade Center.  En semaine. Central Park est accessible Ă  pied depuis l’hĂŽtel. « Save your money ! Â».

 

Vers 17h30, nous sommes Ă  la gare Grand Central. Est-ce lĂ  qu’a eu lieu une scĂšne du film X-Men ?

La foule palpite dans la gare. Le flic que je viens d’interpeller me rĂ©pond, goguenard, que le pont de Brooklyn a un dĂ©but. De quel cĂŽtĂ© veux-je le traverser ?

 

Dans le mĂ©tro vers Brooklyn, la foule est subitement dopĂ©e par la reprĂ©sentation numĂ©rique des Noirs. Une petite femme noire d’environ 1m50 , boulotte, Ă  peine la trentaine, s’accroche avec un jeune blanc d’une vingtaine d’annĂ©es du type Ă©tudiant. Celui-ci est avec deux copains.  Le compagnon (noir) de la jeune femme, visiblement, se lĂšve trĂšs vite et commence Ă  apostropher «l’étudiant Â». Lequel se dĂ©fend en disant :

« Ce n’est pas d’elle dont je parlais
. Â». 

Cela nous donne un aperçu d’une certaine tension raciale ou de ce que l’hystĂ©rie peut provoquer :

Je me suis imaginĂ© qu’avant cet incident, le couple noir s’était disputĂ© d’oĂč la distance entre la jeune femme noire et son compagnon. Avant « l’accrochage Â» avec le jeune Ă©tudiant blanc, La femme Ă©tait debout, prĂšs de la porte d’entrĂ©e du mĂ©tro, presqu’à gĂȘner le passage. Tandis que L’homme (son compagnon) assis un ou deux mĂštres plus loin, Ă©tait alors occupĂ© Ă  jouer sur son tĂ©lĂ©phone portable avec leur enfant assis Ă  ses cĂŽtĂ©s.

 

 

 

Dimanche 9 octobre. 7h30, heure locale. HĂŽtel intercontinental, The Barclay. New-York.

 

Do you want cold water ?

 

On fait toute une histoire de New-York. Mais je ne sens nulle transformation. Je suis un touriste. Un consommateur.  Une carte bancaire. Des billets en banque.

Je suis celui, hier, qui a perdu 5 dollars en achetant deux billets de mĂ©tro utilisables une seule fois alors que j’aurais dĂ©jĂ  pu acheter une Metrocard Unlimited pour une semaine pour 29 dollars. Ce qui me permettrait de prendre bus et mĂ©tros de façon illimitĂ©e
.

C’est ce que nous a rĂ©expliquĂ© hier soir une agent du mĂ©tro, derriĂšre son guichet, alors que nous revenions de Brooklyn.

La femme, noire, la quarantaine, Ă©tait sympathique.

A New-York, je suis aveugle et sourd. Comme d’habitude. Mais, ici, je m’en rends davantage compte. Je passe devant des bĂątiments dont j’ignore la rĂ©elle fonction :

Tribunal ? UniversitĂ© ? BibliothĂšque ? Vu que la plupart des bĂątiments sont imposants, on a l’impression que tout bĂątiment est important. Et vu qu’il y’a beaucoup de voitures de police, vides ou occupĂ©es par des policiers qui attendent, on a l’impression que beaucoup d’endroits sont prestigieux.

 

Hier soir, prĂšs de la gare de Brooklyn Bridge City Hall, en pleine nuit, c’est avec un peu d’inquiĂ©tude que je me suis dĂ©cidĂ© Ă  pisser dans un coin. AprĂšs le passage d’un flic noir. A quelques mĂštres de deux mecs qui discutaient. Ma compagne s’est Ă©loignĂ©e. Elle avait tentĂ© de me dissuader, prĂ©occupĂ©e Ă  l’idĂ©e que je me retrouve en prison.

Moi, sĂ»r de mon fait et vidant ma vessie, je repensais Ă  cette phrase lue dans le mĂ©tro Ă  propos de tout paquet abandonnĂ© suspect :

« If you see something say something Â». Allais-je ĂȘtre dĂ©noncĂ© ? Mais je n’en pouvais plus.

 

Ici, Ma compagne et moi sommes deux touristes dans une sorte de supermarchĂ© au toc un peu clinquant oĂč d’autres touristes dĂ©barquent et claquent du fric. OĂč, hier, une employĂ©e derriĂšre son guichet m’a rĂ©pondu que l’accĂšs Ă  internet est effectivement gratuit. En Wifi avec son ordinateur personnel. Sinon, moyennant 8 dollars et quelques dĂ©bits de notre carte bancaire, j’aurai droit
à 15 minutes d’internet.

Dans la mĂȘme idĂ©e, dans cet hĂŽtel, une omelette avec trois Ɠufs (avec libre choix des condiments ?) coĂ»te 22 dollars.

Pour moins de 20 dollars hier soir, Ă  Chinatown, au 67 Bayard Street, au restaurant Xi’an Famous Foods, Ma compagne et moi avons eu un plat chacun :

 

Concubine’s chicken noodles ( 6 dollars).

Spicy cumin Lamb noodles ( 7 dollars) + 1 chrysanthĂšme tea ( 1,50 dollar) + 1 sour tea (1,50 dollar).

 

 

Hier soir, en sortant du mĂ©tro, le pont de Brooklyn Ă©tait indiquĂ©. Mais, aussi, dans une direction opposĂ©e :

 

Chinatown et Little Italy.

 

Nous avons suivi la procession le long du pont. Nous avons croisĂ© la foule, plus importante, qui revenait du pont. PrĂšs du pont, une voiture de police. De part et d’autre du pont, une circulation routiĂšre, fluide, et assez rapide. Et nous sur le pont. Sur le pont, donc, du monde. Le coucher de soleil Ă©tait passĂ©. Quelques coureuses et coureurs. Plusieurs personnes Ă  vĂ©lo se signalant aux piĂ©tons, lesquels ne tenaient pas toujours compte du sens aller et retour indiquĂ© au sol.

Deux couples en sĂ©ance de photo dans leur tenue de mariage. D’autres personnes

(familles, couples) se photographiant ou se faisant photographier. Des photographes, plein de photographes, avec des compacts, des reflex ou autres. Au loin, la Tour Eiffel ?

Non, la statue de la Liberté.

 

 

Un peu de marche dans Brooklyn. Plus calme. PrĂšs de Montaigue Street. RĂ©apparition de jeunes couples noirs. Nous restons peu de temps. Nous voulons aller Ă  Chinatown et Ă  Little Italy. MĂ©tro oĂč nous croisons cette employĂ©e noire qui m’explique que ces billets que nous avons achetĂ©s 2, 50 dollars l’unitĂ© sont bons pour la poubelle : car ils sont valables une seule fois et deux heures maximum aprĂšs leur achat.

 

ArrĂȘt Ă  Brooklyn Bridge City Hall de nouveau. J’ai plusieurs fois entendu parler de l’aspect dĂ©labrĂ© du mĂ©tro de New-York. Mais je suis plus marquĂ© par le fait qu’il fasse chaud dans les couloirs et sur les quais des mĂ©tros de New-York. Par contre, le mĂ©tro est climatisĂ©. Trop. Mais les New-Yorkais semblent s’en accommoder.

 

A la gare de Brooklyn Bridge, je demande notre chemin Ă  une jeune. 18 ans maximum. Elle est avec deux de ses copines. Elle n’est pas trop sĂ»re d’elle. Elle me recommande nĂ©anmoins un itinĂ©raire. Peu aprĂšs, j’interpelle un flic, la trentaine : il suffit de descendre tout droit Ă  l’entendre.

 

Cent mĂštres plus loin, je redemande Ă  un homme d’une cinquantaine d’annĂ©es apparemment avec sa femme ou sa maitresse :

Descendre jusqu’à Canal Street puis tourner à droite.

A Canal Street, j’interroge un jeune chinois qui se promĂšne avec deux copains. Il me rĂ©pond :

« This is Chinatown Â».

 

 

Bien qu’il parle AmĂ©ricain, il a un accent cantonais. Un restaurant ? Il m’indique un point visuel. C’est de cette façon qu’aprĂšs ĂȘtre passĂ©s devant plusieurs restaurants asiatiques, nous nous arrĂȘtons au Xi’ an Famous Foods tenu visiblement par un jeune homme d’environ 25 ans, trĂšs commerçant et trĂšs sĂ»r de lui. SĂ»rement un bon parti.

Dans le restaurant, nous sommes d’abord les seules personnes de couleur noire. ClientĂšle assez jeune. 30 ans de moyenne d’ñge. Un grand blanc (entre 1m90 et 2mĂštres) semble y avoir ses habitudes. Il mange une salade, une soupe puis passe une autre commande. Je l’imagine Australien. Devant lui, une feuille. Manifestement du travail. Chercheur ?

Les plats sont trĂšs bons. TrĂšs bonnes pĂątes fraĂźches. Mais un peu trop Ă©picĂ©es. Voire un peu trop salĂ©es. Mais c’est bon.

En quittant le restaurant, nous avisons un marchant ambulant de fruits : bananes, mangues
celui-ci parle Ă  peine Anglais. Son accent est sur « coussin Â» cantonais. Mais il sait parler argent. Il est peu aimable. Celle qui le remplace aussi. Je crois qu’il part avec sa radio, laquelle diffuse un programme en Cantonais ou en Mandarin.

Je m’y perds un peu avec ces petites piĂšces de monnaie : quarter dollar, dime. Impossible de savoir si je me fais voler de 5 ou 10 centimes. Mais les prix sont abordables. Moins de 2 dollars un kilo de bananes. 1 dollar 25, la mangue.

Non loin de lĂ , toujours dans Bayard Street, nous tombons sur le Colombus Park Pavillion. Des Asiatiques semblent y pratiquer des arts martiaux. Nous nous rapprochons et nous tombons sur des femmes et des hommes asiatiques attablĂ©s dans le parc :

Ils jouent aux cartes, au GO peut-ĂȘtre ou au Mah Jong. Il y’ a plus d’hommes que de femmes. Les femmes d’un cĂŽtĂ©. Les hommes de l’autre.

Celles et ceux qui jouent sont parfois entourĂ©s de spectateurs. Tout se passe, quand nous passons, en silence. A priori, personne ne nous remarque. Mais c’est sans doute trompeur.

A une table de jeu, deux jeunes dĂ©notent. Ils ont Ă  peine 30 ans, sont plutĂŽt grands, entre 1m80 et 1m90, sont vĂȘtus de maniĂšre assez disco, assez branchĂ©e voire transsexuelle : Leur chemise, leurs bottes, la couleur de leurs cheveux, les pommettes hautes. L’un des deux jeunes joue, l’autre regarde. Les autres joueurs et les autres spectateurs ont une bonne soixantaine d’annĂ©es, portent des vestes et pantalons gris, plutĂŽt fripĂ©s.

 

 

Nos combattants sont finalement des amateurs. Ils sont une dizaine. 5 ou 6 filles. 4 ou 5 hommes. Un homme, apparemment SDF ou Ă©garĂ©, les filme avec son tĂ©lĂ©phone portable. En se marrant. Est-il ivre ? Il fait quelques commentaires. La bonne cinquantaine, en costume lui aussi, sa prĂ©sence semble peu dĂ©ranger nos pratiquants d’arts martiaux.

Les filles sont des débutantes. Elles ont la vingtaine. Celui qui semble faire autorité leur enseigne des gestes. Les filles ne sont pas douées.

Deux binĂŽmes de garçons s’entraĂźnent. Un des « profs Â» me remarque. La sĂ©ance se poursuit. Celui-ci s’occupe d’un jeune qui doit avoir environ 25 ans. Le jeune, torse nu, a un tatouage dans le dos. Bas de survĂȘtement noir, baskets noires (des Nike apparemment) il semble trĂšs disposĂ© Ă  donner des crochets dans les gants de celui qui l’entraĂźne. Mais il est moins concentrĂ© pour retenir les enchainements demandĂ©s. Celui qui l’entraĂźne, assez gros, apparaĂźt particuliĂšrement raide des hanches.

Le prof envisage de montrer un nouvel exercice Ă  un des garçons. Il lance un coup de pied bas, se fait un claquage ou une crampe. Il active sa jambe, essaie de s’étirer. Cela ne passe pas. Cela lui fait tellement mal qu’il doit partir s’asseoir. J’entends une des filles lui demander :

 

« Do you want cold water ? Â».

En tout et pour tout, nous avons dĂ» rester environ dix minutes. A aucun moment, je n’ai eu l’impression que nous avons ou que nous aurions pu faire partie d’eux :

Depuis notre arrivĂ©e Ă  New-York, j’ai dĂ©jĂ  croisĂ© des couples mixtes. Mais les communautĂ©s prĂ©sentes Ă  New-York semblent assez peu permĂ©ables entre elles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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