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Les Portes ouvertes des Frigos de Paris ce dimanche 22 Mai 2022

Devant les Frigos, le 12 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

Les Frigos, ce 12 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

Les Frigos, le 12 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

 

Les Frigos, le 12 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

 

Les Frigos, le 12 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

 

Les Frigos, le 12 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

 

 

Les Frigos, ce dimanche 22 Mai 2022 vers 18h. ©Franck.Unimon

 

 

 

Les Portes ouvertes des Frigos ce dimanche 22 Mai 2022

Un des documents affichĂ©s que l’on peut voir Ă  un des Ă©tages des Frigos ce dimanche 22 Mai 2022.

 

 

Pareil au document ci-dessus.

 

 

Idem.

 

 

Idem. Je confirme le fait que ce lieu est trÚs cinématographique.

 

Je suis retournĂ© aux anciens Frigos de Paris, dans le 13Ăšme arrondissement de Paris, ce dimanche 22 Mai 2022 parce-que, quelques jours plus tĂŽt, le 12 Mai, j’ai ratĂ© un bus.

 

Et que j’ai pris le suivant avec B
 un des artistes rĂ©sidents depuis une vingtaine d’annĂ©es. AprĂšs son pĂšre. Lequel B… m’a parlĂ© de ces portes ouvertes du 21 et du 22 Mai 2022.

 

J’étais venu la premiĂšre fois aux Frigos au dĂ©but des annĂ©es 90. Un camarade de la Fac de Nanterre m’avait parlĂ© de ses studios de rĂ©pĂ©tition de musique. Un camarade plutĂŽt sympathique mais aussi Ă©tonnant, peut-ĂȘtre mythomane. NĂ©anmoins, ce qu’il m’avait dit des Frigos m’avait donnĂ© envie d’y aller.

 

La ligne 14, ce dimanche 22 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

J’habitais encore Ă  Cergy-Pontoise. J’étais descendu Ă  la station de mĂ©tro du Quai de la gare. La ligne 14 du mĂ©tro n’existait pas. Les lieux m’avaient Ă©patĂ© avec leurs grosses portes de frigo. Leur atmosphĂšre. J’avais trouvĂ© un lieu qui sortait des contours de l’ordinaire. Je m’étais alors senti moins lisse, moins scolaire. MĂȘme si je ne savais pas quoi faire de cette « dĂ©couverte Â» qui n’en n’était pas une pour d’autres.

 

NĂ©anmoins, content de moi, j’y avais emmenĂ© ma copine de l’époque. Laquelle, intimidĂ©e, m’avait dit :

 

« C’est bon, tu as rĂ©ussi ton coup. Ça me fait peur. Maintenons, partons ! Â». C’était en 1992 ou en 1993.

 

Puis, il y a un peu plus de cinq ans, je me suis approchĂ© Ă  nouveau des anciens Frigos de Paris. Lesquels, entretemps, m’avaient semblĂ© plus inaccessibles qu’au dĂ©but des annĂ©es 1990.

 

Sauf lorsque j’avais appris que StĂ©phane Bourgoin, alors encore spĂ©cialiste français incontournable des tueurs en sĂ©rie (en 2020, il fut confondu pour plusieurs de ses mensonges ) y organisait, sous les voutes, prĂšs des anciens Frigos de Paris, un Ă©vĂ©nement relatif Ă  ce sujet. 

C’était aprĂšs la parution du livre UtΞya, en 2013, de Laurent Obertone « consacrĂ© Â» Ă  la  tuerie de masse commise en NorvĂšge, Ă  Oslo et sur l’üle d’UtΞya, par Anders Breivik en 2011. Je me rappelle de StĂ©phane Bourgoin Ă©voquant ce livre devant moi avec un certain enthousiasme et de mon embarras : je ne l’avais pas lu malgrĂ© mon “intĂ©rĂȘt” pour la criminologie et alors que je l’avais interviewĂ© (StĂ©phane Bourgoin) deux fois deux ou trois ans plus tĂŽt.

 

J’avais trouvĂ© les salles des voutes des anciens Frigos de Paris trĂšs bien ajustĂ©es Ă  l’Ă©vĂ©nement, question ambiance. Une nuit cinĂ©ma y avait mĂȘme Ă©tĂ© organisĂ©e. Durant l’une des journĂ©es de cet Ă©vĂ©nement consacrĂ© aux tueurs en sĂ©rie, je me rappelle de certains intervenants, dont un magistrat. Et d’un inspecteur de police qui avait croisĂ© Richard Durn, auteur de la tuerie de la mairie de Nanterre, lors d’un conseil municipal,  aprĂšs son arrestation. J’avais connu Richard Durn au lycĂ©e de Nanterre et j’avais passĂ© quelques moments avec lui. Je me souviens assez bien de lui. ( Au LycĂ©e ).

Dans les voutes proches des frigos, des livres et des bandes dessinĂ©es avaient Ă©galement Ă©tĂ© mis en vente avec possibilitĂ© de dĂ©dicace. Dont Mon ami Dahmer de Derf Backderf. Cela devait ĂȘtre en 2013 ou 2014.

Pour un peu toutes ces raisons, retourner ce dimanche 22 Mai 2022 aux anciens Frigos, revenait aussi à retourner dans mon passé.

 

 

Plusieurs des artistes rencontrĂ©s, visitĂ©s, ce dimanche, Ă©taient dĂ©ja rĂ©sidents aux Frigos lors de ma premiĂšre venue au dĂ©but des annĂ©es 90. C’est en discutant un peu avec eux que je l’ai appris. Car ce dimanche 22 Mai, pas de tueur en sĂ©rie ou d’odeur de poudre lorsque j’arrive. Une ambiance agrĂ©able. Plusieurs personnes sont attablĂ©es, dehors, dans la cour intĂ©rieure pavĂ©e et prennent un verre. Mais je ne peux pas m’asseoir avec elles. Puisque j’arrive plus tard que prĂ©vu et je ne sais pas combien de temps il me reste pour “entrer” dans les Frigos. En passant, je vois que j’ai ratĂ© un concert de Rap mais aussi une prestation de poĂ©sie.

Si le public que j’aperçois est assez fĂ©minin, on vient aussi Ă  ces portes ouvertes en famille. La veille, je suis allĂ© au Survival Expo Paris 2022. Ce qui m’a amenĂ© Ă  venir seulement ce dimanche.J’ai envisagĂ© de venir le matin avec ma fille mais les devoirs pour l’Ă©cole ont pris plus de temps que prĂ©vu. Et puis, je me suis demandĂ© si cet endroit lui conviendrait. Oui, il aurait pu convenir car j’ai croisĂ© quelques parents avec leurs enfants.

J’arrive sur la fin de ces portes ouvertes. Il est prĂšs de 18h et j’ai le plaisir d’apprendre que cela se terminera Ă  20H. J’apprĂ©hendais que cela ne s’arrĂȘte plus tĂŽt.

 

Si je passe d’abord par le premier et le second Ă©tage, j’opte ensuite assez rapidement pour monter (par les escaliers, plutĂŽt que par l’ascenseur qui fonctionne) le plus haut possible. Au 4Ăšme et au 5Ăšme Ă©tage.

 

Comme il y a un peu de visiteurs et qu’il fait beau, au mois de Mai, je ne ressens pas cette atmosphĂšre inquiĂ©tante que j’avais trouvĂ©e la premiĂšre fois oĂč il faisait sombre ou nuit, alors que pas grand monde ne circulait dans les escaliers et les couloirs.

Les photos qui arrivent ne suivront pas toujours avec exactitude la chronologie de ma visite ce dimanche 22 Mai 2022. 

 

©Franck.Unimon

 

 

©Franck.Unimon

 

 

©Franck.Unimon

 

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Ici, j’ai reçu gracieusement des conseils concernant le montage. ©Franck.Unimon

 

©Franck.Unimon. La suite de la photo prĂ©cĂ©dente. On peut voir qu’il est alors 18H50. Il reste un peu plus d’un heure. Il y a 5 Ă©tages Ă  monter ( je me suis passĂ© de l’ascenseur) et je ne sais pas combien d’ateliers sont ouverts.

 

 

 

L’artiste Marquat, peintre et sculpteur. ©Franck.Unimon

 

 

Sculptrice, cĂ©ramiste, peintre, Isabelle Mouedeb est Ă©galement art-thĂ©rapeute et pĂ©dagogue. J’ai Ă©tĂ© particuliĂšrement attirĂ© par ses sculptures en cĂ©ramique pour lesquelles elle utilise ” deux techniques principales : le raku et l’enfumage. Sur un prospectus qu’elle m’a remis, ces deux techniques, que j’ai dĂ©couvertes, sont expliquĂ©es. Il n’y a rien d’Ă©tonnant dans le fait que la technique du Raku m’ait plu puisque je suis amateur de thĂ© japonais et avais ramenĂ© de mon voyage au Japon une tasse de thĂ© en cĂ©ramique sans aucun doute fabriquĂ©e avec cette technique.

Les oeuvres au premier plan sont d’Isabelle Mouedeb. ©Franck.Unimon

 

Oeuvres d’Isabelle Mouedeb. ©Franck.Unimon

 

 

Oeuvres d’Isabelle Mouedeb. ©Franck.Unimon

 

 

 

 

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Saint Chaffray est sculpteur. ©Franck.Unimon

 

 

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Oeuvres de Saint Chaffray. ©Franck.Unimon

 

 

Oeuvres de Saint Chaffray, sculpteur. ©Franck.Unimon

 

 

Traits d’humour de l’artiste Sacha ©Franck.Unimon

 

 

L’artiste Sacha. ©Franck.Unimon

 

©Franck.Unimon

 

 

La voisine d’Ă  cĂŽtĂ©. ©Franck.Unimon

 

 

Oeuvres de l’artiste peintre France Mitrofanoff. ©Franck.Unimon

 

 

France Mitrofanoff m’a proposĂ© de me prendre en photo devant ses oeuvres. Je ne pouvais pas refuser. Photo faite par France Mitrofanoff.

 

 

©Franck.Unimon

 

 

©Franck.Unimon

 

 

 

 

 

 

 

La galerie de l’Aiguillage. ©Franck.Unimon

 

 

La galerie de l’Aiguillage.

 

 

Photo d’Alain Lepagnot dans les Ă©tages.

 

 

 

 

 

Dans la galerie de l’Aiguillage.

 

 

 

Fresque POP Graffiti par JO DI BONA rĂ©alisĂ©e en 12h Live Sans solvant ni Produit toxique Exposition Mars 2017 AIGUILLAGE Photo ce dimanche 22 Mai 2022, ©Franck.Unimon

 

 

 

 

 

Photo ©Franck.Unimon

 

 

A droite, Patrik ” T” Thouroude, Ă  gauche, au piano, Patrizio. ©Franck.Unimon

 

©Franck Unimon, ce mardi 24 Mai 2022

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Corona Circus Survie

Survival Expo Paris 2022

Survival  Expo Paris 2022 et Vivre Autonome

 

Le Contexte

 

 

 

 

Sans la lecture, deux heures plus tĂŽt, de quelques articles du magazine Yashima (trĂšs bonne interview de Didier Beddar par LĂ©o Tamaki) puis du magazine Survivre, j’aurais ratĂ© cette Ă©dition de Survival Expo Paris 2022 et de Vivre Autonome.

 

Paris, Porte de la Villette, ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

 

Deux Ă  trois semaines plus tĂŽt, en commençant la lecture du magazine Survivre,  j’avais appris- puis, finalement, oubliĂ©- le « retour Â» de cette exposition, disparue pendant deux ans, pour cause de
.pandĂ©mie du Covid et de confinement.

 

En France, en Mars 2020, la dĂ©claration de la pandĂ©mie du Covid par le PrĂ©sident Emmanuel Macron -et de son gouvernement-  avait marquĂ©. Car cette dĂ©claration avait Ă©tĂ© suivie de mesures qui avaient alors transformĂ© radicalement notre mode de vie :

 

Le premier confinement ; les gestes et mesures « barriĂšre Â» ; la pĂ©nurie puis l’arrivage de masques anti-Covid avec leur port rendu obligatoire ; la fermeture des Ă©coles ; l’interdiction ou la rĂ©duction des lieux de rassemblent ; les premiers vaccins anti-Covid ont commencĂ© Ă  arriver  fin 2020 bien plus rapidement que la « normale Â». D’abord laissĂ©s au libre arbitre de chacun, ils sont ensuite devenus obligatoires au mĂȘme titre que le passe sanitaire en Ă©tĂ© 2021.

 

Depuis octobre 2021,  des professionnels fonctionnaires de l’Etat, au contact du public, qui ont maintenu leur refus de la vaccination anti-Covid, devenue obligatoire,  sont suspendus sans salaire de leurs fonctions par l’Etat.  

 

Aujourd’hui, la pandĂ©mie du Covid est officiellement mieux rĂ©gulĂ©e, mais aussi plus attĂ©nuĂ©e.

 

Il y a presque un an, maintenant, (depuis juin 2021 si mes souvenirs sont exacts), que nous avons commencĂ© Ă  « sortir Â» des rĂšgles   strictes :

 

En matiĂšre de pĂ©rimĂštre gĂ©ographique de dĂ©placement (qui a pu ĂȘtre limitĂ© Ă  50 kilomĂštres autour de notre domicile sauf pour certaines raisons justifiables et officielles) ; concernant certains horaires de fermeture (les commerces ou administrations fermaient plus tĂŽt lorsqu’ils avaient l’autorisation d’ĂȘtre ouverts) ;  Avant le dĂ©but des Ă©lections prĂ©sidentielles en avril de cette annĂ©e, le passe sanitaire a cessĂ© d’ĂȘtre obligatoire dans les lieux publics. Et, depuis ce 16 Mai, nous pouvons, Ă  nouveau, nous dispenser du masque anti-Covid dans les transports en commun. Cependant le masque anti-Covid est recommandĂ© en pĂ©riode d’affluence ou si l’on se sait porteur de la maladie du Covid.

 

Depuis bientĂŽt trois mois, nous sommes informĂ©s de la guerre en Ukraine  par l’invasion au moins militaire de l’armĂ©e russe le 24 fĂ©vrier. Il y a d’autres guerres et d’autres troubles de par le monde. Mais la guerre en Ukraine nous concerne directement nous rappelle-t’on rĂ©guliĂšrement.  Pour ĂȘtre approvisionnĂ© en pĂ©trole mais aussi en cĂ©rĂ©ales et en diverses autres matiĂšres premiĂšres. Le prix de l’essence a augmentĂ© depuis le dĂ©but de la guerre en Ukraine deux mois. Le prix du litre de l’essence est dĂ©sormais proche de 2 euros le litre ou dĂ©passe les deux euros selon les stations essence.  

 

Et, puis, au travers de la guerre en Ukraine, plane le risque d’une troisiĂšme guerre mondiale et, avec elle, celle de l’éventualitĂ© qu’une bombe nuclĂ©aire explose, Ă  un moment ou Ă  un autre. La France, le pays oĂč je vis et depuis lequel j’écris, fait partie des pays qui soutiennent l’Ukraine au moins militairement.

Photo prise Ă  la gare de Paris St Lazare, ce 21 ou ce 22 Mai 2022. “©Franck.Unimon”.

 

Pour se changer les idĂ©es, on sort parfois un peu prendre l’air. Car il commence Ă  faire beau. OĂč l’on suit certains Ă©vĂ©nements culturels ou sportifs qui bĂ©nĂ©ficient d’une certaine couverture mĂ©diatique internationale. Le festival de Cannes a dĂ©butĂ© le 17 Mai et se terminera le 28 Mai. Le Tournoi de Roland Garros a commencĂ© le 22 Mai et se terminera le 5 juin. Mais il nous est aussi rappelĂ© que le rĂ©chauffement climatique se perpĂ©tue et perturbe la Terre. Que les tempĂ©ratures sont excessivement Ă©levĂ©es. Qu’il y a dĂ©jĂ  la sĂ©cheresse dans une quinzaine de dĂ©partements françaises oĂč les nappes phrĂ©atiques sont au plus bas ainsi que dans certaines rĂ©gions du monde oĂč les tempĂ©ratures montent jusqu’à 50 degrĂ©s.

 

C’est dans ce contexte que je me rends pour la premiĂšre fois Ă  Survival Expo, prĂ©sentĂ©e comme une manifestation pour « survivalistes Â». Et, je m’aperçois maintenant qu’avec toutes ces nouvelles alarmantes, j’aurais dĂ», avec des milliers d’autres, me catapulter, dĂšs l’ouverture, Ă  ce Survival Expo. Pourtant, j’ai fait l’exact contraire. Je me suis mĂȘme permis d’oublier cette manifestation.

 

Photo prise ce dimanche 22 Mai 2022, dans le mĂ©tro, ligne 14. ©Franck.Unimon

 

Est-ce de l’inconscience, de la naĂŻvetĂ© totales de ma part ? Suis-je complĂštement, et dĂ©sespĂ©rĂ©ment, abruti, suicidaire ou bĂ©atement- et de façon ridicule- optimiste ? Avant de partir pour le Survival Expo, j’ai mĂȘme envie d’emporter avec moi le livre de Victoire Tuaillon afin de vĂ©ritablement commencer Ă  le lire. Un ouvrage fĂ©ministe qui parle de la façon dont se fabrique l’identitĂ© masculine et la façon dont cela affecte les relations entre les femmes et les hommes.

 

Mais, finalement, je retire le livre du sac en me disant qu’il prend de la place et que je ne serai pas suffisamment rĂ©ceptif pour bien profiter de sa lecture.

Depuis la façon de penser d’une personne dite « complotiste Â», je suis certainement trĂšs mal parti pour m’en sortir en cas de mort subite de l’univers. Et, sans doute que selon cette catĂ©gorie de personne, dite « complotiste Â»,  je fais partie du troupeau de gogos qui sera dĂ©cimĂ© dĂšs le dĂ©but de la grande catastrophe qui va bien finir par arriver. D’ailleurs, mon extinction, et celle d’autres gogos tout aussi inconscients, laissera un peu plus de place pour celles et ceux qui restent. Et, en particulier, pour les « vraies Â» personnes mĂ©ritantes. Les personnes innocentes ( les bĂ©bĂ©s, les enfants) et celles et ceux qui ont vu venir le pĂ©ril, qui l’avaient d’ailleurs annoncĂ©, qui s’y sont prĂ©parĂ©s, et qui ont Ă©tĂ© ignorĂ©es ou ont pu ĂȘtre mĂ©prisĂ©es par tout une autre catĂ©gorie de personnes beaucoup trop sĂ»res d’elles et bien moins informĂ©es qu’elles ne le croyaient ou l’affirmaient.

 

Survivaliste/Complotiste, il convient maintenant de s’attarder sur ces deux mots qu’il faut sans doute voir comme une des nombreuses facettes ou dualitĂ©s de l’ĂȘtre humain.

 

Survivaliste/ Complotiste

 

Depuis la pandĂ©mie du Covid, le terme « survivaliste Â» peut, par moments, se confondre, Ă  tort, avec le terme « complotiste Â».

 

Parce-que le gouvernement a pris certaines mesures face à la pandémie du Covid (confinement, restriction de certaines libertés individuelles, obligation vaccinale
) mais aussi montré une impréparation ou une incompétence ( pénurie de masques au début de la pandémie
) qui ont provoqué un scepticisme virulent et croissant chez certaines personnes ou groupes de personnes.

 

 Au cinĂ©ma, des figures telles que Rambo, James Bond, Jason Bourne, Captain America, Batman, Spiderman, John Wick,  ou Wonder Woman et Lara Croft sont des figures survivalistes « positives Â». A l’inverse, dans la vraie vie, la personne « survivaliste Â» peut vite ĂȘtre cataloguĂ©e comme Ă©tant une personne paranoĂŻaque ou raciste ou fasciste au mĂȘme titre que la personne dite « complotiste Â».

 

Le terme « survivaliste Â», selon moi, divise. TantĂŽt, on peut lui trouver des vertus du bout des lĂšvres. TantĂŽt, il peut susciter une certaine forme de sarcasme.

Le terme « complotiste Â», lui, me paraĂźt plus mal perçu que celui de « survivaliste Â».

Mon ticket de ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

L’évĂ©nement dont je parle Ă©tant le Survival Expo Paris et non le Complotiste  Expo Paris, je vais bien-sĂ»r principalement parler de mon expĂ©rience du Survival Expo Paris.

 

Lorsque je pense Ă  la mauvaise connotation que peut avoir le terme « survivaliste Â», j’ai   un peu l’impression que la personne survivaliste serait un peu l’équivalent du « bouseux Â», au fin fond des Etats-Unis, davantage complice avec ses armes Ă  feu, -obtenues en toute lĂ©galitĂ© Ă  des tarifs dĂ©fiant toute concurrence-  qu’avec la Loi et l’amour de son prochain.

 

« Bouseux ?! Â» :

 

Dans ma premiĂšre version, cette partie « Bouseux ?! Â» n’existait pas. Je la dois Ă   une personne, rencontrĂ©e Ă  la fin de ma visite du Survival Expo Paris 2022, et qui a prĂ©fĂ©rĂ© rester inconnue. 

 

En lisant le mot « Bouseux Â», cet inconnu a rĂ©agi, le trouvant sans doute trop pĂ©joratif.

 

J’ai d’abord Ă©tĂ© un peu contrariĂ© par sa remarque. Lorsque l’on passe du temps sur la rĂ©daction d’un article et que le rĂ©sultat nous semble Ă  peu prĂšs responsable et satisfaisant, et que l’on est assez pressĂ© de le publier, pour ĂȘtre un peu dans l’actualitĂ© mais aussi parce-que notre emploi du temps a ses contraintes et que l’on aimerait concrĂ©tiser d’autres projets, il peut ĂȘtre d’abord contrariant de devoir constater que l’on n’est pas suivi dans notre Ă©lan comme on l’aurait souhaitĂ©. Et que, Ă  nouveau, on va devoir se limiter, se censurer, se justifier. Et retravailler.

 

Mais rĂ©pondre Ă  la remarque de cet inconnu m’a permis de mieux rĂ©flĂ©chir au sens du mot « Bouseux Â». Et, de mieux, expliquer, dĂ©montrer, les raisons pour lesquels je l’utilise dans cet article. 

 

Je restitue- Ă  quelques corrections prĂšs- ce que j’ai spontanĂ©ment rĂ©pondu Ă  cet inconnu, en le remerciant Ă  nouveau pour m’avoir interpellĂ© Ă  propos de ce terme :

 

« Le terme “bouseux” est en effet pĂ©joratif : je l’utilise ici prĂ©cisĂ©ment pour parler des prĂ©jugĂ©s que l’on peut avoir ou que l’on pourrait avoir lorsque l’on parle des survivalistes. Il s’agit de retourner le prĂ©jugĂ©. Puisque, ensuite, mon article dĂ©montre que je n’ai croisĂ© au Survival que des personnes ” a priori” trĂšs correctes. 

 En tout cas, l’idĂ©e est bien de parler de prĂ©jugĂ©s vis-Ă -vis d’une catĂ©gorie de personnes dont le mode de vie nous est Ă©loignĂ© : ici, c’est l’opposition trĂšs classique entre la campagne et la ville lorsque je parle de “bouseux”. Tout en sachant qu’Ă©videmment, nous avons tous en nous un cĂŽtĂ© “bouseux”. Mais, aussi, tout intĂ©rĂȘt Ă  en avoir un.  Sourire.

On peut aussi se rappeler, mais, Ă©videmment, je te le dis maintenant parce-que tu m’interpelles Ă  propos de ce terme de “bouseux” et que cela m’oblige Ă  dĂ©tailler la raison pour laquelle j’ai choisi ce terme plutĂŽt qu’un autre :

qu’un “bouseux” ou une “bouseuse”, c’est une personne qui met sa main dans la boue ou dans la merde. Quelqu’un qui se mouille et qui s’implique et qui fait en sorte que les choses se font. Et non quelqu’un qui passe son temps Ă  faire la belle ou le beau Ă  la tĂ©lĂ©, en sociĂ©tĂ© ou devant un micro.  Donc, le terme est “pĂ©joratif”, oui. Mais dans les faits, il l’est moins qu’on ne le croit. 

Je ne connais pas l’Ă©tymologie du mot “bouseux” ni qui a inventĂ© ce terme. Mais l’on peut penser qu’il a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par une personne d’un milieu social supĂ©rieur et/ou citadin. 

Lorsque je dis “bouseux”, vu que ta remarque me pousse Ă  rĂ©flĂ©chir sur le sens de ce terme, je me dis que l’on peut remplacer le mot “bouseux” par le mot “Ă©boueur”, ou ” ouvrier”, ou “infirmier” ou “caissier” ou manutentionnaire, soit une grande partie, finalement, de personnes de classes sociales modestes, dĂ©favorisĂ©es ou moyennes qui ont souvent, principalement, leurs mains, leur vitalitĂ© physique, leur  dĂ©brouillardise, leur endurance, mais aussi leurs “astuces”, leur systĂšme D, leur solidaritĂ©, leurs croyances et leurs valeurs, aussi, afin de faire face au monde et Ă  la vie. 

Le “bouseux” est aussi celui qui ne se dĂ©file pas parce-que, de toute façon, il ne peut se dĂ©filer. Son travail ou son devoir, il sait qu’il le fera. Soit parce-que personne d’autre ne viendra le faire Ă  sa place. Soit parce-que la Loi saura venir lui rĂ©clamer des comptes. 

Le “bouseux” est aussi celle ou celui qui n’a pas de passe-droit. 

Dit comme ça, j’imagine que l’expression “bouseux” (te) dĂ©rangera moins. Peut-ĂȘtre ou sans doute devrais-je rajouter cette partie dans mon article Ă  propos du terme “bouseux”. Je le ferai sans doute. Car je crois que c’est important.

Ensuite, je ne pourrai pas dĂ©tailler chacun de mes termes comme je le fais pour le terme “bouseux”. Sourire.

Je n’ai rien contre la campagne. J’ai des origines campagnardes. Et, Ă  mon avis, des personnes entraĂźnĂ©es Ă  la vie Ă  la campagne ont des aptitudes Ă  la survie supĂ©rieures Ă  la majoritĂ© des citadins, dont je fais partie, qui ont oubliĂ© ou qui ignorent le Ba-ba de la survie Â».

 

Voici donc, en grande partie, ce que j’ai rĂ©pondu Ă  cette personne pour justifier et quasiment revendiquer l’emploi du terme « bouseux Â».

 

Puis, quelques heures sont passĂ©es. J’ai dĂ©cidĂ© de reprendre la rĂ©daction de cet article en passant par une Ă©tape trĂšs classique lors de l’usage d’un mot : Le dictionnaire. Dans son format papier. Car j’ai un vieux dictionnaire Robert, chez moi, depuis des annĂ©es. Aussi, je regarde le terme « Bouseux Â» en me disant presque qu’étant donnĂ© que ce terme est une fabrication, que je ne vais peut-ĂȘtre pas trouver son Ă©tymologie. Je cherche et je trouve :

 

« Bouseux. Nom masculin-bousoux 1885 ; mot de l’ouest ; de bouse. Familier et pĂ©joratif. Paysan Â».

 

En lisant ça, je me dis d’abord que cela contredit ma rĂ©ponse. J’ai parlĂ© de boue. On parle de bouse. Et puis, je me souviens d’un seul coup, de souvenirs de colonie de vacances, Ă  la campagne, donc. Et du fait de sentir ou de marcher dans la bouse de vache. J’avais oubliĂ©. L’expĂ©rience concrĂšte de la bouse de vache. Son odeur comme sa substance. Parler de « bouse Â» ou de « bouseux Â» n’a effectivement rien d’élogieux.

 

Pourtant, tout ce que j’ai racontĂ© sur le fait de « mettre sa main dans la merde Â», comme sur l’impossibilitĂ© de se dĂ©filer, pour le bouseux ou celle ou celui qui peut lui ĂȘtre apparentĂ© (celle ou celui qui a peu de pouvoir Ă©conomique, social ou qui doit exĂ©cuter ce que lui dicte ou lui ordonne une instance supĂ©rieure) continue de tenir.

D’ailleurs, si l’on parle de bouse, le mĂ©tier que j’exerce, celui d’infirmier en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie, consiste aussi, si nĂ©cessaire, Ă  mettre sa main dans la merde, la pisse ou le sang.

 

Le terme « bouseux Â» est pĂ©joratif parce qu’on l’enferme uniquement dans l’action d’ĂȘtre au contact de certaines matiĂšres ou substances dont, spontanĂ©ment, on prĂ©fĂšre Ă©viter le contact. Il ne l’est plus s’il est « rĂ©vĂ©lĂ© Â» ou « rappelĂ© Â» ce que cette action a de salutaire ou de bĂ©nĂ©fique pour le plus grand nombre.

 

C’est parce que l’importance du travail de paysan a Ă©tĂ© oubliĂ©e et mĂ©prisĂ©e, qu’il y a eu cette scission entre la campagne et la ville. Et que certains maux existent aujourd’hui en termes de pĂ©nurie ou de dĂ©pendance alimentaire. Et demain.

C’est parce-que l’importance de certains mĂ©tiers a Ă©tĂ© oubliĂ©e et mĂ©prisĂ©e ou est oubliĂ©e et mĂ©prisĂ©e que d’autres maux se sont installĂ©s dans notre sociĂ©tĂ©.

 

Aujourd’hui, le terme « bouseux Â» n’est plus cantonnĂ© Ă  la seule fonction et condition de paysan. Et, il n’y a pas que les « gilets jaunes Â» ou les « sans dents Â» qui doivent ou qui peuvent, seulement, se sentir concernĂ©s par le terme de « bouseux Â».

 

Paradoxalement, peut-ĂȘtre, et sans doute, aussi, avec un certain esprit de provocation, j’en viendrais presque Ă  revendiquer ma condition de « bouseux Â». Car, comme n’importe quel « bouseux Â», c’est en travaillant et en persĂ©vĂ©rant, que j’ai acquis et accomplis le « peu Â» que j’accomplis.

 

NĂ©anmoins, les personnes se rendant au Survival Expo auraient un profil trĂšs diffĂ©rent de celui du « bouseux Â».

Photo prise ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

Le profil supposé des personnes se rendant au Survival Expo

 

 

Avant de me rendre au Survival Expo, j’avais lu que le profil des personnes qui s’y rendent serait gĂ©nĂ©ralement celui d’hommes de 35-40 ans, plutĂŽt cadres supĂ©rieurs.

 

Et, j’avais Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© d’apprendre que des cadres supĂ©rieurs seraient majoritaires au Survival Expo :

 

Car cela ne collait pas avec l’idĂ©e premiĂšre que je me faisais du « bouseux Â» qui resterait sur ses terres et y dicterait sa Loi avec les siens depuis plusieurs gĂ©nĂ©rations.

 

Mais « cadres supĂ©rieurs Â» ou pas, complotistes ou pas, le contexte fait que n’importe qui, sensible Ă  son environnement et un peu attachĂ© Ă  son avenir ou Ă  celui de ses proches, peut se dire qu’au lieu d’attendre, qu’il convient de commencer Ă  se prĂ©parer au pire. Afin d’ĂȘtre le moins possible pris au dĂ©pourvu lorsque ce pire arrivera. Puisque beaucoup de signes et de paramĂštres (le contexte Ă©voquĂ©) contribuent Ă  nous informer de la probabilitĂ© croissante de ce pire :

 

La pandĂ©mie du Covid et son confinement ; le rĂ©chauffement climatique ; la diminution des matiĂšres premiĂšres diverses, dont l’eau ; les attentats terroristes ; la guerre en Ukraine ou ailleurs ; la crise sociale, politique et Ă©conomique durable ;  l’effondrement ; les migrations climatiques et Ă©conomiques ; la « passivitĂ© Â», l’incompĂ©tence ou la complicitĂ© supposĂ©e ou rĂ©elle des politiques ; la peur des catastrophes nuclĂ©aires ; ce sentiment que les plus riches et les plus puissants font, eux, le nĂ©cessaire pour se prĂ©munir des consĂ©quences de toutes ces menaces et de bien d’autres menaces qui condamnent une grande partie de l’humanitĂ©.

 

 

Tout ceci concourt Ă  ce qu’un jour, n’importe qui d’un peu attachĂ© Ă  son avenir ou Ă  celui de ses proches, puisse se dĂ©cider Ă  aller Ă  Survival Expo Paris.

 

Ai-je attendu tous ces « symptĂŽmes Â» de notre Ă©poque pour me sentir concernĂ© par les questions de survie ?

 

Non.

 

Mais le contexte actuel, ainsi, sans doute aussi, que le fait d’avoir – en partie- quittĂ© l’enfance et l’adolescence, mais aussi d’ĂȘtre devenu pĂšre, m’a certainement d’autant plus poussĂ© Ă  me renseigner davantage sur ces questions de survie. Et, Ă  partir de lĂ , quoi de plus « cohĂ©rent Â», que de se rendre, un jour, Ă  Survival Expo, ce samedi 21 Mai 2022 pour moi.

Des magazines consacrés au survivalisme. Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022.

 

 

Des prĂ©jugĂ©s et des rencontres ?

 

A quoi m’attendais-je en allant Ă  Survival Expo ? Cela m’a rappelĂ© un peu cette Ă©poque, il y a plus de dix ans, oĂč j’avais fait l’expĂ©rience des sites de rencontres. Je me sentais un peu honteux d’avoir envie et besoin d’en passer par lĂ . Et si, quelqu’un que je connaissais, s’y trouvait aussi et m’y voyait avais-je alors expliquĂ© Ă  un copain de l’époque qui, dĂ©jĂ  inscrit sur un site de rencontres, ne tarissait pas d’éloges Ă  ce sujet ? Celui-ci m’avait alors rĂ©pondu :

 

« Mais si quelqu’un que tu connais se trouve sur ce site, qu’est-ce-qu’il/elle fait lĂ  ? Â». Son argument avait Ă©tĂ© convaincant. MĂȘme si, depuis, j’ai de grandes rĂ©serves concernant les sites de rencontres : Ce sont, au dĂ©part, de formidables moyens de rencontres. Sauf que l’ĂȘtre humain fait aussi n’importe quoi de ces formidables moyens de rencontres ou s’en sert pour profiter de certaines personnes vulnĂ©rables.

 

Les affinitĂ©s et un engagement constant dans une activitĂ© commune facilitent bien mieux les rencontres que les sites de rencontre, de mon point de vue. Je me suis donc demandĂ© si j’allais croiser quelqu’un que je connaissais Ă  Survival Expo. Quelqu’un que j’étais incapable de « soupçonner Â» de penser Ă  la fin du monde en quelque sorte.

 

Et qui pourrait ĂȘtre cette personne ? J’étais un peu curieux de savoir.

 

Dans le mĂ©tro, ligne 14, ce dimanche 22 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

Mais je n’ai rencontrĂ© personne, parmi mes connaissances. Ce qui, Ă©videmment, ne signifie rien du tout. Pour commencer, nous avons pu nous rater. Ensuite, il est des sujets sensibles ou tabous que l’on aborde avec certaines personnes seulement lorsque l’on se sent « en sĂ©curitĂ© Â» avec elles. Lorsque l’on est assurĂ© qu’elles ne nous condamneront pas moralement :

Il y a des personnes vaccinĂ©es contre le Covid qui ont pu ĂȘtre trĂšs virulentes envers des personnes refusant de se faire vacciner contre le Covid.

 

Il peut y avoir des personnes trĂšs virulentes contre tout ce qui a trait, de prĂšs ou de loin, au survivalisme. Et, pourtant, sans aller jusqu’à rĂȘver d’une patrie militaire et totalitaire, je crois qu’apprendre un peu de « survivalisme Â» serait trĂšs utile Ă  beaucoup.

 

Parce-que le survivalisme revĂȘt plusieurs aspects. Et, je crois que Survival Expo et l’exposition Vivre Autonome, avec leurs 180 exposants, donne une idĂ©e de cette diversitĂ©.

 

Une diversité de survivalismes

 

Une diversité si étendue que, par moments, devant certains stands au Survival Expo, je me suis demandé si je devais rire ou me désespérer.

Survival Expo Paris 2022. Photo prise ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon
Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022.

 

 

A l’exposition Vivre Autonome, ce samedi 21 Mai 2022, un des stands de la librairie permaculturelle.

 

 

Parce-que le « pire Â» est envisagĂ© au Survival Expo, alors, certains stands vous proposent des solutions au « pire Â». Cela commence, dĂšs le dĂ©but de Survival Expo par plusieurs exposants d’armes blanches : des couteaux. On comprend tout de suite que la vie va se jouer Ă  ça. Au couteau prĂšs. Au fait d’avoir un ou plusieurs couteaux sur soi afin de dĂ©fendre sa peau. Car c’est d’abord Ă  ça que je pense en voyant ces couteaux. A un combat Ă  couteaux tirĂ©s.

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

 

 

 

Au lieu de penser au fait qu’un couteau peut aussi servir Ă  construire, Ă  sculpter, Ă  cueillir, Ă  manger ou Ă  toute autre activitĂ© humaine nĂ©cessaire. Et pacifique.

 

Mais voir dans ces couteaux, avant tout des armes de mort, ne m’empĂȘche pas de voir parmi eux de trĂšs belles piĂšces ! Couteuses, mais belles !

Le concepteur des couteaux montrés précédemment. Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022.

 

Des projections personnelles

 

 

Et puis, cette apprĂ©hension et cette forme de peur, en mĂȘme temps que cette attirance, que je ressens devant ces couteaux, corps Ă©tendus, accessibles et tranchants, reflĂšte trĂšs bien l’ĂȘtre humain. Capable d’inventions extraordinaires. Comme capable, aussi, de faire le pire avec ces inventions extraordinaires. L’imagination de l’ĂȘtre humain, dans l’horreur comme dans le bĂ©nĂ©fique, est probablement sans limites.

D’autres oeuvres du mĂȘme coutelier forgeron, au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

Tout est possible avec l’ĂȘtre humain. Tout semble possible, en tout cas. Et, ce sera peut-ĂȘtre, finalement, ma principale rĂ©serve et prudence Ă  propos de l’évĂ©nement Survival Expo car je n’ai pas tout vu ni tout entendu, car cela est impossible :

 

Cet Ă©vĂ©nement donne et vend des idĂ©es, des outils, des « armes Â» ( Ă©galement des arcs et des lances-pierres), des techniques et des moyens divers, vĂȘtements et matĂ©riels rĂ©sistants et performants, des informations sur l’alimentation et  autres apprentissages convaincants  pour survivre et devenir un peu plus autonomes.

 

Au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

Mais il  manque peut-ĂȘtre Ă  ce genre d’évĂ©nement l’apprentissage d’une certaine conscience de soi et du monde qui nous entoure. Il y manque peut-ĂȘtre le fait d’apprendre, aussi, Ă  vivre, d’un point de vue relationnel, Ă©motionnel, sociĂ©tal, culturel dans une certaine indulgence et confiance avec soi-mĂȘme comme avec les autres.

 

Un des stands de livres de la librairie Permaculturelle dans l’exposition ” Vivre Autonome”, ce samedi 21 Mai 2022.

 

C’est ce que certaines personnes vont appeler, en le raillant, le « Vivre ensemble Â» qui a Ă©chouĂ© ou qui est ou serait impossible.

 

Je ne vais pas, ici, revĂȘtir une soutane et commencer Ă  prĂȘcher avec des propos tels que « Soyons tous frĂšres et sƓurs Â» ou me dĂ©poser une perruque de hippie sur la tĂȘte et parler de fleurs et d’amour comme dans les annĂ©es 70. Nous sommes en 2022 et ce genre de discours, mĂȘme s’il peut convenir Ă  certaines personnes, a Ă©videmment ses limites en matiĂšre de rĂ©sultats devant certains faits indĂ©sirables ou inquiĂ©tants.

 

Lorsque je parle « de conscience de soi et du monde qui nous entoure Â» je repense Ă   mon apprĂ©hension et Ă  ma forme de peur, en mĂȘme temps que de mon attraction, pour ces couteaux que j’ai vus Ă©talĂ©s sur des stands, dĂšs le dĂ©but de l’exposition :

 

 Je me rends compte qu’il s’agit de mes projections personnelles. De mes propres apprĂ©hensions et peurs. Au cas oĂč ces couteaux se retourneraient contre moi. Voire, au cas oĂč, pris de folie, moi, je prenne un de ces couteaux et plante quelqu’un ensuite avec.

 

Si l’ĂȘtre humain est capable de tout, vu que son imagination semble avoir peu de limites,  imagination qui lui a permis d’évoluer et d’ĂȘtre encore prĂ©sent sur Terre en 2022, un ĂȘtre humain est donc largement capable de prendre un couteau posĂ© sur une table devant lui et d’en disposer contre autrui. Ou, un de ces couteaux effilĂ©s peut trĂšs bien servir contre lui.

 

 Alors, que, concrĂštement, tous ces couteaux prĂ©sents, ne vont pas, d’un seul coup, alors que je m’approche d’eux, s’envoler et me transpercer le corps jusqu’à ce que mort s’ensuive. Personne, et si cela devait arriver un jour, ce serait exceptionnel, ne va dĂ©cider Ă  me planter avec un de ces couteaux. Juste parce-que c’est moi. Et que ces couteaux sont lĂ , Ă  disposition.

 

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

Et, lorsque j’ai quittĂ© le Survival Expo, je ne crois pas qu’il y ait eu d’incident d’agression ou de sang avec tous ces couteaux exposĂ©s.

 

Notre façon de percevoir notre environnement et de le considĂ©rer comme hostile et hautement dangereux ne dĂ©pend pas uniquement de critĂšres et de signes objectifs :

 

Guerre en Ukraine, rĂ©chauffement climatique, augmentation du prix de l’essence, chĂŽmage, augmentation des incivilitĂ©s.

 

Notre façon de percevoir notre environnement et de le considérer comme hostile et hautement dangereux dépend aussi de notre sensibilité personnelle et émotionnelle.

 

Et l’on peut tout aussi bien  se sentir en danger dans une simple salle de concert, une simple salle de cinĂ©ma ou dans le rayon bonbons et chocolat d’un supermarchĂ©. MĂȘme sans avoir Ă©tĂ© victime directe ou indirecte d’un attentat ou d’une prise d’otage dans ce genre d’endroit.

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

 

Et, je m’inquiĂšte donc, aussi du fait, que dans un Ă©vĂ©nement comme Survival Expo, on nous donne accĂšs Ă  un certain nombre de moyens, de techniques, de dĂ©fenses et de solutions en cas de grand danger, ce qui est trĂšs bien. Sans insister sur l’importance du nĂ©cessaire tri Ă  faire entre nos projections personnelles et la situation que l’on vit dans les faits dans l’immĂ©diat.

 

Un simple regard peut parfois nous sembler animĂ© de mauvaises intentions alors qu’il ne n’est pas. Et, sur-rĂ©agir et penser que survivre rime uniquement avec le fait de se sentir tout puissant, toujours prĂȘt, protĂ©gĂ©, barricadĂ© et baraquĂ© parce-que l’on est surĂ©quipĂ©, surentraĂźnĂ©, sur-prĂ©parĂ© est selon moi une erreur de perception qui nuit ou peut nuire, en partie, au survivalisme.

 

Sans doute vais-je Ă©crire, ici, un gros mot beaucoup plus grave que le terme « bouseux Â». Mais j’ai l’impression que le survivalisme, cela consiste, aussi, beaucoup Ă  possĂ©der, malgrĂ© tout, une certaine capacitĂ© Ă  rester
optimiste. Et lucide sur ce que l’on vit mais, aussi, sur ce que l’on ressent.

Au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

Je n’invente rien en Ă©crivant ça. Lorsque je repense Ă  quelques rĂ©cits extrĂȘmes que j’ai pu lire ( de rescapĂ©s de camps de concentration, d’expĂ©riences sportive extrĂȘmes ou de certaines opĂ©rations militaires), je retiens aussi, que, tout en persĂ©vĂ©rant dans leurs efforts pour se sortir d’une situation trĂšs difficile, bien des survivants, ont rĂ©ussi ou avaient rĂ©ussi, Ă  maintenir en eux une certaine vitalitĂ© d’optimisme voire de bonne humeur. Que ces survivants soient seuls ou en compagnie d’autres personnes.

 

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. A l’arriĂšre plan, avec la vendeuse, le stand de vĂȘtements de la marque AKAMMAK que j’ai alors dĂ©couverte et qui m’a fait une trĂšs bonne impression. ©Franck.Unimon

 

 

Je n’ai pas eu l’impression que cet aspect de l’optimisme et de la bonne humeur, mĂȘme s’ils Ă©taient prĂ©sents lors de la manifestation Survival Expo Paris 2022, aient beaucoup Ă©tĂ© Ă©noncĂ©s, comme faisant partie des Ă©lĂ©ments essentiels Ă  avoir avec soi ou prĂšs de soi, en cas de catastrophe ou de pĂ©ril imminent. Et, je rajouterais que certaines personnes sont sans aucune doute extrĂȘmement capables et habiles pour survivre, pour s’adapter, pour mettre en pratique bien des techniques ( de chasse, de soins, d’habitat etc
) mais que vivre avec elles pourrait aussi ĂȘtre un calvaire. Il n’y a qu’à penser, par exemple, Ă  ces grands aventuriers ou Ă  ces grands marins trĂšs expĂ©rimentĂ©s, qui, lorsqu’ils se mettent ensemble pour rĂ©aliser une expĂ©dition ou une course, ont tout ce qu’il faut, en thĂ©orie, pour rĂ©ussir. Et qui, finalement, sont incapables de vivre ensemble et de s’accorder.

Au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. Une confĂ©rence sur l’alimentation. Il m’a fait plaisir de voir qu’une des personnes du public portait un tee-shirt sur lequel on pouvait lire des noms de rappeurs tels que Damso. ©Franck.Unimon

 

 

Evidemment, cette partie de mon article doit beaucoup au fait que, dans ma vie personnelle et professionnelle, je suis beaucoup attachĂ© Ă  une certaine comprĂ©hension « psychologique Â» de mon expĂ©rience humaine comme de mon environnement.

 

Ma façon « psychologique Â» de chercher Ă  comprendre ce que je vis et ce que je vois a bien sĂ»r ses limites : Trop intellectualiser. Trop chercher le pourquoi du comment au dĂ©triment de l’efficacitĂ© et du rĂ©sultat.

 

Alors que lorsque l’on a faim, froid ou soif, ou que l’on a trĂšs peur et trĂšs mal,  ou que l’on se retrouve suspendu, retenu par ses deux mains, avec les pieds suspendus au dessus d’un vide de vingt mĂštres, on cherche avant tout par quel moyen concret, le plus rapide et le plus sĂ»r possible, cesser d’avoir faim, froid ou soif ou trĂšs mal ou trĂšs peur et se sortir ou se faire sortir de ce vide. Dans ces situations, on sera plus que content de s’ĂȘtre entraĂźnĂ© ou Ă©quipĂ© comme il se doit afin de survivre ou d’avoir Ă©tĂ© en compagnie d’un expert ou d’une experte, cette personne fut-elle, par ailleurs, insupportable,  imbuvable ou l’exact opposĂ© de la plus grande partie de nos valeurs et de nos idĂ©aux.

 

La capacitĂ© d’ĂȘtre « rustique Â» ou de savoir ĂȘtre « rustique Â» fait aussi partie des aptitudes nĂ©cessaires Ă  la survivante et au survivant, Ă  ce que j’ai pu lire ou un peu vĂ©rifier.

 

On peut remplacer le terme « rustique Â» par « bouseux Â» ou « nature Â» ou « cash Â», sans aucun doute. Comme on peut, aussi, les mĂ©langer avec des termes comme « intellectuel Â», « culture Â», « ĂȘtre bon vivant Â». Il s’agit de trouver le bon dosage qui convient pour celles et ceux avec qui l’on se trouve, lors de la situation de survie, ainsi que pour
la paix de notre Ăąme.

Au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

 

Vers une conclusion de mon expérience à Survival Expo

 

Comme on le comprend, il y aurait beaucoup Ă  dire sur cette double exposition, Survival Expo et Vivre Autonome. Et, je suis trĂšs loin d’avoir tout vu et tout entendu comparativement Ă  ce qui s’est dĂ©roulĂ© durant les trois jours de cet Ă©vĂ©nement. 

 

D’abord, je pensais que deux heures me suffiraient pour dĂ©couvrir ces deux manifestations. J’ai finalement eu besoin des trois heures depuis mon arrivĂ©e. Et, encore ai-je Ă©tĂ© un peu obligĂ© d’abrĂ©ger ma visite car l’exposition allait fermer. Il allait ĂȘtre 19 heures.

 

Si j’ai bien vu des hommes qui pourraient correspondre au profil « hommes de 35-40 ans Â», « cadres supĂ©rieurs Â», je ne peux pas en ĂȘtre certain. Car un statut de « cadre supĂ©rieur Â» ne se lit pas sur les gens. Ensuite, j’ai Ă©tĂ© plutĂŽt marquĂ© par le cĂŽtĂ© « sortie familiale Â» de l’évĂ©nement. Certaines personnes sont venues avec leurs enfants d’une dizaine d’annĂ©es.

Au Survival Expo Paris 2022, du cĂŽtĂ© de l’Ă©vĂ©nement Vivre autonome, ce samedi 21 Mai 2022. ©FrancK.Unimon

 

L’exposition “Vivre autonome”, ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

Dans l’exposition ” Vivre Autonome”, ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

Dans l’exposition Vivre autonome, ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

 

 

Du cĂŽtĂ© de l’exposition Vivre Autonome, oĂč l’on parle de permaculture, de tout ce qui a trait Ă  l’intĂ©rieur d’une maison, de lectures, de maniĂšre « amusante Â», il y avait beaucoup plus de femmes. Lesquelles Ă©taient quand mĂȘme plus minoritaires dans la partie Survival.

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

Je n’ai pas pu assister aux dĂ©monstrations de Krav Maga. Car j’étais alors occupĂ© dans les stands, Ă  discuter ou Ă  dĂ©couvrir certains produits. Mais j’ai Ă©coutĂ© avec attention l’un des intervenants, Romain CarriĂšre, qui, en sueurs et souriant aprĂšs sa dĂ©monstration, expliquait avec pĂ©dagogie et humour, Ă  des parents venus avec leurs enfants en bermuda, et n’ayant vraiment pas l’allure de grands sportifs, qu’il fallait «saturer de coups Â» son agresseur. Ce qu’il disait m’a paru plein de bon sens.

 

J’ai Ă©tĂ© agrĂ©ablement surpris par la bonne ambiance gĂ©nĂ©rale de Survival Expo Paris et de Vivre autonome. J’insiste Ă  nouveau sur ce point. Qu’il s’y soit trouvĂ© des bouseux ou non. Qu’il y ait eu des complotistes ou non au sein du public.

A l’exposition Vivre Autonome, ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

On aurait pu s’attendre Ă  cĂŽtoyer des personnes haineuses et agressives durant toute la visite. Cela a plutĂŽt Ă©tĂ© le contraire. J’ai rencontrĂ© soit des commerciaux attentifs Ă  leur clientĂšle (Jusqu’à proposer de vĂ©ritables promotions sur certains articles). Soit des personnes souhaitant discuter avec d’autres personnes. Tel cet homme tenant Ă  m’expliquer le travail de l’association Tripalium qui permet Ă  des jeunes en dĂ©crochage scolaire  d’un lycĂ©e PIL ( PĂŽle Innovant LycĂ©en) de dĂ©couvrir le travail du bois en apprenant Ă  fabriquer des Ă©oliennes.

A l’exposition “Vivre Autonome”, ce samedi 21 Mai 2022.

 

Dans l’exposition “Vivre Autonome”, ce samedi 21 Mai 2022. L’association Tripalium. ©Franck.Unimon

 

Une Ă©olienne construite par l’association Tripalium, ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

Peut-ĂȘtre que le fait de pouvoir exposer librement, et formellement, certaines peurs et inquiĂ©tudes, mais aussi de pouvoir exprimer le recours Ă  une certaine violence a permis aussi cette dĂ©tente.

 Je n’ai pas remarquĂ© de stands de ventes d’armes Ă  feu. Ce qui rappelle une des grandes diffĂ©rences entre la France et les Etats-Unis en matiĂšre de lĂ©gislation de ventes d’armes. Aux Etats-Unis, j’imagine qu’un Survival Expo comporte une ribambelle de stands d’armes Ă  feu sophistiquĂ©es Ă  portĂ©e du public.

 

J’ai ensuite croisĂ© une personne que je ne connaissais pas. Avec laquelle j’ai ensuite repris contact par mail et qui m’a rapidement rĂ©pondu. Puis qui a trĂšs vite rĂ©agi Ă  la premiĂšre version (deux fois plus courte ! ) que je lui ai envoyĂ© de cet article et m’a Ă©galement fait part de certaines remarques (  Ă  propos du terme “bouseux”), suggestions et informations dont je le remercie Ă  nouveau.

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

Au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

L’exposant de ces tentes de toit de voiture, au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©Franck.Unimon

 

L’autre grande surprise, pour moi, de Survival Expo Paris a Ă©tĂ© la tente de toit de voiture ! Un bon vĂ©hicule de camping coĂ»te cher et il s’agit ensuite de l’entretenir. Pour le peu que j’en sais, on achĂšte un vĂ©hicule de camping afin de s’en servir rĂ©guliĂšrement. Autrement, c’est un gouffre financier. On peut s’acheter une tente de toit de voiture pour 2000 euros, Ă©chelle comprise. Selon ses dimensions, si celles-ci ne dĂ©passent pas le rĂ©troviseur, on fait du bivouac. Si ses dimensions dĂ©passent le rĂ©troviseur, on entre dans la catĂ©gorie camping.

Le confort est au rendez-vous, avec un matelas confortable, quel que soit le type de tente de toit choisi.

Pour descendre la tente du toit, le vendeur m’a confirmĂ© qu’il fallait ĂȘtre « deux Â» car celle-ci pĂšse 100 kilos en moyenne. Pour l’instant. Car on peut penser que ces tentes de toit seront par la suite conçues dans des matĂ©riaux plus lĂ©gers.

 

Je croyais que ce genre de produit existait depuis longtemps :

 

 Â«Depuis quatre ans Â» m’a rĂ©pondu le vendeur.

 

Je croyais qu’avec leur succĂšs, selon moi, inĂ©vitable, que le prix de ces tentes allait augmenter. Non, selon le vendeur : « Ă  cause de la concurrence
. Â».

 

 

En quittant Survival Paris Expo, j’ai retrouvĂ© la Porte de la Villette. Mais aussi une autre forme de survie qui commençait Ă  se concentrer sur les trottoirs. Une femme d’une quarantaine d’annĂ©es sollicitait les passants pour faire la manche. Je n’ai pas pu m’empĂȘcher de penser que c’était pour s’acheter du crack. De l’autre cĂŽtĂ© de la rue, Ă  quelques mĂštres de la salle de concert le Glazart, il y avait un paquet d’hommes. Ils Ă©taient moins nombreux, trois heures plus tĂŽt, alors que je me dirigeais vers le  Survival Expo.

 

Il Ă©tait un peu plus de 19 heures et peu Ă  peu, la nuit, allait tomber. Je me suis dit que la nuit, dans cet endroit de Paris, devait montrer un tout autre monde.  Un monde qu’assez peu de personnes venues au Survival Paris Expo n’avait envie de connaĂźtre.

 

 

 

Franck Unimon, ce lundi 23 Mai 2022.

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Cinéma

Utama ( la terre oubliée) un film de Alejandro LOAYZA GRISI

Utama ( La Terre Oubliée ) un film de Alejandro LOAYZA GRISI

 

Sorti en salles ce 11 Mai 2022.

 

Sisa et son mari Virginio, un couple au moins septuagĂ©naire, vivent isolĂ©s dans une rĂ©gion assez aride en Bolivie. Leur vie semble ritualisĂ©e un peu Ă  l’infini. Elle s’occupe de la terre, des repas et de l’eau. Lui, s’occupe au moins d’emmener paitre son troupeau de lamas Ă  des kilomĂštres de leur maison. Nous ne sommes pas au Far West avec Clint Eastwood ou avec tel ancien hĂ©ros de guerre parti se retirer et que quelqu’un, un beau jour, va venir solliciter pour une cause perdue ou en vue d’obtenir un lot de tickets restaurants en Ă©dition limitĂ©e dĂ©signĂ©e par feu Virgil Abloh.

 

 

 

Sisa et son mari Virginio ne sont pas des vedettes. Ni des hĂ©ros. C’est un groupe d’agriculteurs qui a sĂ»rement toujours vĂ©cu lĂ  et qui a maintenu certains rapports de voisinages avec d’autres personnes clairsemĂ©es de leur communautĂ©, et vraisemblablement aussi ĂągĂ©es qu’eux. Il y a mĂȘme un maire ou un Ă©quivalent. Peut-ĂȘtre quelqu’un qui  avait Ă©tĂ© Ă  l’école primaire avec eux.

 

Un visiteur extĂ©rieur, inattendu, plus jeune, la vingtaine, va bien sĂ»r venir transformer un peu la vie rĂ©glĂ©e de Sisa et Virginio :

C’est leur petit fils Clever, ni meurtrier en cavale, pas mĂȘme en sevrage de crack et ni vampire. Clever est un petit jeune gentil, propre sur lui, attachĂ© Ă  ses grands parents paternels, et qui parcourt donc des kilomĂštres (plusieurs centaines, peut-on imaginer) pour venir les voir et leur annoncer une nouvelle. Et non pour venir se suicider Ă  la ferme, dans un coin tranquille.

 

Autant Sisa et Virginio font presque encore partie du monde fĂ©odal, autant Clever, lui, est un jeune aussi moderne que n’importe quel jeune Ă©tudiant venant d’une « grande Â» ville. Et, il est lĂ , avec son smartphone et sa connexion internet, son casque audio sur les oreilles et ses bonnes maniĂšres Ă  essayer de convaincre le plus que tĂȘtu Virginio, le pĂšre de son pĂšre,  d’aller en ville afin d’aller se faire soigner.

 

 

 

A la fin de Utama lors de la projection de presse, ce 8 avril 2022, un des autres journalistes cinĂ©ma prĂ©sent derriĂšre moi avait dit Ă  sa façon que le film Ă©tait beau mais que l’histoire
.

 

Et, c’est malheureusement ce que j’ai aussi rĂ©pĂ©tĂ© Ă  un des attachĂ©s de presse lorsque quelques jours plus tard, celui-ci m’avait contactĂ© afin de connaĂźtre mon avis sur le film.

Nous avions vu ce film dans le 5Ăšme arrondissement de Paris, entre le quartier St Michel et la facultĂ© de Jussieu, rue des Ă©coles,  pas trĂšs loin de Notre Dame. Et, j’ai toujours vĂ©cu en ville, prĂšs de Paris ou en rĂ©gion parisienne. Mes expĂ©riences Ă  la fois d’une vie rurale, et traditionnelle, ont Ă©tĂ© Ă©pisodiques, en Guadeloupe, et plusieurs fois, Ă©tĂ© synonymes d’ennui et de perte de libertĂ©. Aussi, au mĂȘme titre que Clever dans Utama aurais-je spontanĂ©ment tendance Ă  m’inquiĂ©ter si mes grands-parents ( ou mes parents) se trouvaient aussi isolĂ©s que les siens.

 

 

Il y a donc peu de surprise quant au fait que depuis que Utama est sorti au cinĂ©ma, ce 11 Mai, que j’aie prĂ©fĂ©rĂ© Ă©crire d’autres articles avant celui-ci. Pas de vedette Ă  la Benicio Del Toro comme dans le film Sicario. Pas d’action fantastique ou spectaculaire telle que, la nuit, les lamas de Virginio se transforment en beautĂ©s fĂ©minines qui se livrent des combats d’Arts martiaux- pour les sandales de Virginio- comme dans The Assassindu rĂ©alisateur Hsou Hsiao-Hsien. Tandis que Sisa, elle, sitĂŽt Virginio endormi, se rendrait sur Jupiter avec son collier magique en vue d’aller y danser du zouk en cachette avec un de ses multiples amants.

 

Non. C’est juste le monde de la ville du jeune Clever qui vient s’entrechoquer avec celui de ses grands parents, au travers de Virginio, surtout, tandis que Sisa, elle, en bonne figure maternelle apaisante, joue les modĂ©ratrices entre les deux. Et, tout ça, dans des espaces trĂšs bien filmĂ©s. Et beaux.

 

Utama peut donc, trĂšs vite, ĂȘtre rĂ©sumĂ© Ă  un film exotique qui permettrait de voyager ou qui pourrait, quelques semaines avant les grandes vacances de l’étĂ©, donner envie Ă  des touristes de partir en Bolivie. Utama peut aussi ĂȘtre un film pĂ©dagogique- ce qu’il deviendra sĂ»rement- que l’on peut voir avec ses enfants ou avec des ados pour en discuter ensuite. Car il n’existe ni grossiĂšretĂ© ni cruditĂ© sexuelle dans le film.

Mais le festival de Cannes a dĂ©butĂ© cette semaine et le procĂšs entre l’acteur Johnny Depp et son ancienne femme, Amber Heard, deux vedettes amĂ©ricaines, sont deux Ă©vĂ©nements suffisamment mĂ©diatisĂ©s pour qu’un long mĂ©trage comme Utama passe totalement inaperçu comme d’autres longs mĂ©trages qui comportent ses caractĂ©ristiques :

 

La simplicitĂ©. La discrĂ©tion. Des personnes ĂągĂ©es vivant Ă  la campagne. Des lamas. Pas de furie. Pas de stand up. Pas de sang. Pas de sexe. Pas de superpouvoirs. Pas de tube de musique. Un suspense pour la forme. Un film frugal. Presque scolaire. J’ai mĂȘme eu du mal Ă  retranscrire correctement le nom du rĂ©alisateur.

 

 

 

Alors que Utama devrait ĂȘtre regardĂ©. Car l’histoire qu’il raconte est notre histoire ainsi qu’une leçon pour nous qui avons choisi de vivre dans une grande ville ou de rester y vivre. Alors que nous sommes dĂ©sormais incapables de nous en sĂ©parer.

 

Dans Utama, le jeune Clever prĂ©sente la ville comme l’endroit oĂč toutes les solutions existent et oĂč la mĂ©decine prĂ©sente pourra sauver son grand-pĂšre Virginio. Ce que la ville a Ă  offrir ne sĂ©duit ni Virginio ni Sisa. Ce couple ĂągĂ©, que l’on estimera touchant ou peu glamour selon les standards d’Hollywood, ainsi que leurs voisins- d’un Ăąge tout autant avancĂ©- est en fait beaucoup plus libre, et heureux, que quantitĂ© d’individus qui sont devenus familiers avec un mode de vie urbain banal :

 

Sisa et Virginio ne comptent pas sur un syndicat, sur un parti politique, sur un horoscope, sur un vĂ©hicule, sur des transports en commun, sur une banque, sur une police d’assurance ou sur une rĂ©clame publicitaire pour vivre. Ils ne dĂ©pendent pas non plus d’un EHPAD comme  ceux dĂ©crits dans l’enquĂȘte Les Fossoyeurs publiĂ©e au dĂ©but de cette annĂ©e par le journaliste Victor Castanet.

Ni punks, ni anarchistes, ni rĂ©volutionnaires, ni militants, ni intellectuels engagĂ©s, Sisa et Virginio vivent Ă  la mesure de leurs forces, de leurs moyens et de leurs mĂ©moires. Ce que l’Etat bolivien, en les nĂ©gligeant et en les reniant, leur fait payer.

 

Et lorsque Virginio, avec d’autres voisins et Clever, partent ensemble chercher de l’eau -car celle-ci s’est rarĂ©fiĂ©e- on peut aussi se dire que bien que ce genre de situation reste encore assez abstrait pour la plupart d’entre nous dans des grandes villes, qu’elle est loin de concerner uniquement une rĂ©gion reculĂ©e, lĂ -bas, en Bolivie.

 

Si l’on peut, au dĂ©part, s’étonner devant l’obstination de Virginio qui s’oppose Ă  son petit-fils Clever, qui, pour son bien, tient Ă  ce qu’il parte en ville se faire soigner, c’est parce-qu’en tant que citadin, on oublie que la ville, en contrepartie de ce qu’elle nous « donne Â» et nous propose fait de nous, rĂ©guliĂšrement, ses dĂ©tenus et ses prĂ©venus volontaires. Moyennant une partie des territoires de notre mĂ©moire et de notre langue que nous lui concĂ©dons.

 

Dans Utama, Clever parle Espagnol, la langue de l’ancien colon, et ne comprend pas lorsque Sisa et Virginio, ses grands parents, s’expriment devant lui en Quechua, l’ancienne langue de l’empire Inca.

Pour moi, le Français pourrait ĂȘtre l’Ă©quivalent de l’Espagnol. Et, le CrĂ©ole, un peu l’Ă©quivalent du Quechua pour Clever. A ceci prĂšs, que, contrairement Ă  Clever, je comprends mieux le CrĂ©ole que, lui, le Quechua.

Si le Quechua est la langue du « devant Â», l’Espagnol est peut-ĂȘtre la langue du «derriĂšre Â». Celle de la trahison ou de l’oubli et de la distraction loin ou en dehors de l’histoire des origines. La trahison, l’oubli et la distraction peuvent ĂȘtre des prisons. Des aliĂ©nations. MĂȘme si ce sont des aliĂ©nations faciles d’accĂšs, Ă©tourdissantes et trĂšs agrĂ©ables. 

 

Pendant ce temps, pour beaucoup en France, le mot « Quechua Â» fera d’abord penser Ă  une marque de vĂȘtements de sport de l’enseigne DĂ©cathlon
.

Aujourd’hui, l’enseigne DĂ©cathlon est plus connue que l’empire Inca. Il est Ă©galement vrai que l’on meurt moins en se rendant Ă  DĂ©cathlon qu’en dĂ©couvrant l’empire Inca.

 

Enfin, le film nous montre un couple uni depuis plusieurs dĂ©cennies. Soit une prouesse dont nous sommes de plus en plus incapables. MalgrĂ© les sites de rencontres, malgrĂ© tous nos algorithmes, nos ouvrages de vulgarisation de la psychologie relationnelle et Ă©motionnelle. MalgrĂ© tous nos « outils Â» de communication et de rĂ©flexion. MalgrĂ© toute notre intelligence y compris fĂ©ministe ou « Ă©mancipĂ©e Â» et certains ouvrages ou podcasts sur le sujet de personnalitĂ©s telles que Mona Chollet, Victoire Tuaillon, toutes deux au moins autrices de J’ai lu RĂ©inventer l’Amour de Mona Chollet

et de Les Couilles sur la table…..

 

Utama raconte finalement une histoire de l’HumanitĂ© qui paraitra trĂšs simple voire ringarde Ă  celle ou celui qui se laissera convaincre- et sĂ©duire- par son infirmitĂ© ou par son immaturitĂ©. Et c’est pour cette raison qu’il m’a fallu plus d’un mois pour Ă©crire cet article.

 

Franck Unimon, ce vendredi 20 Mai 2022.

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Corona Circus Crédibilité

Dans des transports en commun parisiens, ce lundi 16 Mai 2022

Photo prise ce lundi 16 Mai 2022 au matin, depuis un train de la ligne J, Paris-St-Lazare/ Conflans Ste Honorine, direct pour Argenteuil.

 

Dans des transports en commun parisiens ce lundi 16 Mai 2022

 

Si l’ĂȘtre humain se porte quelques fois volontaire pour connaĂźtre des transports amoureux, il est dans les faits beaucoup plus familier avec les transports en commun.

 

Les transports en commun font partie de nos Dieux quotidiens. Ce sont eux qui donnent du rythme Ă  notre vie et nous orientent lorsque nous avons Ă  nous rendre Ă  un endroit donnĂ©. L’automobile fait partie de sa famille.

 

Ce train bleu, il y en a de moins en moins, j’ai aimĂ© le prendre. Surtout lorsqu’il Ă©tait direct pour Paris ou afin de rentrer Ă  Argenteuil oĂč j’habite. En 11 minutes assez souvent. C’est une durĂ©e confortable, qui plus est sur un trajet qui reste en extĂ©rieur plus qu’en dĂ©cors naturels.

J’ai connu des trajets bien plus longs, de trente à quarante cinq minutes, pour arriver à Paris depuis la banlieue comme pour y retourner.

 

Ce lundi 16 Mai 2022, dans des transports en commun parisiens, ce matin, est particulier. Depuis aujourd’hui, nous avons Ă  nouveau le droit de prendre les transports en commun sans avoir l’obligation de porter un masque anti-Covid. Lors du premier confinement de mars 2020 dĂ©cidĂ© Ă  la suite de la pandĂ©mie du Covid, le port du masque Ă©tait facultatif car il y ‘avait une pĂ©nurie de masques anti-Covid. Les masques FFP2, ceux considĂ©rĂ©s comme les plus protecteurs, avaient Ă©tĂ© trĂšs rapidement ” en rupture de stock”. Et, pour celles et ceux qui, comme moi, avaient Ă©tĂ© tenus de continuer Ă  prendre les transports pour aller travailler, c’était chacun pour soi avec ou sans masque. Chacun faisait comme il le pouvait avec le masque qu’il trouvait. Lorsqu’il en trouvait.

 

Paris, rue de Rivoli, Photo prise le 1er Mai 2020.

 

Puis, dĂ©but Mai 2020, des supermarchĂ©s, et des pharmacies, nos autres Dieux communs, avaient commencĂ© Ă  multiplier – dans leurs rayons et Ă  leurs caisses- le nombre de masques anti-Covid. DĂšs lors, le port du masque anti-Covid devint obligatoire  dans les transports en commun ainsi que dans la plupart des lieux publics, restĂ©s ouverts car dĂ©clarĂ©s “essentiels”, supermarchĂ©s inclus.

Dans la mĂ©diathĂšque de ma ville, lorsque celle-ci Ă©tait redevenue ouverte au public, il est longtemps restĂ© obligatoire non seulement de porter un masque anti-Covid mais aussi de prĂ©senter un passe sanitaire valide ou un test-antigĂ©nique nĂ©gatif alors mĂȘme qu’il Ă©tait redevenu possible de circuler dans le centre commercial (GĂ©ant) de la ville sans avoir Ă  prĂ©senter de passe sanitaire ou de test antigĂ©nique
..

 

Vers la fin 2020, les premiers vaccins anti-Covid commencĂšrent Ă  apparaĂźtre, et, avec eux, une forte suspicion, partagĂ©e par une partie de la population, quant Ă  leurs effets secondaires compte-tenu de la rapiditĂ© de leur conception. L’ĂȘtre humain aime que les miracles interviennent vite lorsqu’ils se dĂ©roulent dans des histoires sacrĂ©es, pour obtenir une augmentation de salaire, au cinĂ©ma ou lors de rencontres amoureuses mais un peu moins lorsqu’il s’agit de se faire percer la peau ou le corps par une aiguille transportant un produit inconnu, mystĂ©rieux, non domestiquĂ© de façon convenable et soupçonnĂ© de pouvoir nous transformer dĂ©finitivement. Et malgrĂ© notre volontĂ©. 

 

Ce sentiment ou cette impression brutale et nouvelle de menace, de contrĂŽle politique, sanitaire, social et corporel fort peu “corporate”  a provoquĂ© chez certains individus pouvant ĂȘtre classifiĂ©s comme ” complotistes, abrutis, irrationnels ou irresponsables”  des rĂ©actions de rĂ©sistance ou de refus variables et plus ou moins vifs, contradictoires et tenaces.

 

J’ai fait partie de ces rĂ©calcitrants. Je n’étais pas chaud pour cette histoire d’amour avec cette science injectable, toute puissante, et urgente. Ainsi qu’avec le fait d’ĂȘtre poussĂ© ou plutĂŽt jetĂ© et maintenu, vivant, et de maniĂšre rĂ©pĂ©tĂ©e, dans ce siphon fortement anxiogĂšne dont il Ă©tait impossible, officiellement,  de ressortir vivant et bien portant, une fois que l’on avait contractĂ© le Covid.

 

Mais les vaccins anti-Covid sont devenus obligatoires Ă  partir de l’étĂ© 2021 et encore plus dĂšs octobre de la mĂȘme annĂ©e. J’ai dĂ» choisir entre ma suspension professionnelle, Ă©conomique et sociĂ©tale et la suspension injectable dans le muscle deltoĂŻde.

 

Si j’avais Ă©tĂ© Ă  la retraite ou proche de celle-ci, et que je vivais, en disposant d’une situation et d’une protection Ă©conomique et sociale satisfaisante, dans une rĂ©gion, peu ou modĂ©rĂ©ment habitĂ©e, avec un enfant majeur, « vaccinĂ© Â» et autonome, j’aurais sĂ»rement fait partie de celles et ceux qui, aujourd’hui, encore, se tiennent contre la vaccination anti-Covid obligatoire.

Paris, rue de Rivoli, Mai 2022.

 

Argenteuil, la ville oĂč j’habite, et Paris, l’autre ville oĂč je travaille et y ai diverses activitĂ©s choisies, ne correspondent pas aux critĂšres de « rĂ©gion peu ou modĂ©rĂ©ment habitĂ©e Â». Et, j’ai trĂšs mal vĂ©cu que ma fille se retrouve privĂ©e d’une sortie organisĂ©e par le conservatoire d’Argenteuil parce-que, ni sa mĂšre ni moi, ne disposions du pass sanitaire permettant de l’accompagner.

 

A moins de se retirer ou de frauder, vivre sans passe sanitaire et sans vaccination anti-Covid devenait beaucoup plus difficile et beaucoup plus couteux que de prendre rĂ©guliĂšrement les transports en commun sans payer. L’ĂȘtre humain a aussi besoin de vivre sans devoir penser et tout anticiper en permanence. Etre vaccinĂ© contre le Covid, disposer de son pass navigo ou de son vĂ©hicule particulier, c’est aussi pouvoir se dĂ©placer sans avoir Ă  penser aux consĂ©quences d’éventuels contrĂŽles. C’est aussi moins dĂ©pendre des autres.

 

 

Me suis-je senti plus protĂ©gĂ©, ai-je eu l’impression de mieux protĂ©ger mon entourage, une fois vaccinĂ© ? Je ne suis pas expert en Ă©pidĂ©miologie et encore moins en sciences du risque si ces sciences existent. Je sais que pour exercer mon mĂ©tier d’infirmier, comme pour se rendre dans certaines rĂ©gions du monde, mais aussi que pour certaines pratiques, que certains vaccins comme certaines prĂ©cautions sont obligatoires.

 

Ensuite, intervient notre rapport personnel au risque, Ă  l’interdit, au danger ainsi qu’avec nos propres croyances, ce qui constitue, quand mĂȘme, une bonne partie de notre identitĂ©, de nos choix personnels et de notre individualitĂ©. Cette pandĂ©mie du Covid nous a quand mĂȘme mis face Ă  des dĂ©cisions autoritaires ou plus ou moins autoritaires. Et ces dĂ©cisions, sans doute, et je l’espĂšre, salutaires, ont aussi eu pour effet d’annihiler une certaine part de notre identitĂ© faite de dualitĂ© mais aussi de susciter ou d’entretenir de la mĂ©fiance. Et des doutes.

 

Je crois par exemple que certaines personnes sont plus exposĂ©es que d’autres aux formes graves du Covid. Je crois qu’il est impossible, contrairement Ă  ce que croit le gouvernement chinois, d’éteindre ou d’Ă©radiquer complĂštement la pandĂ©mie du Covid. Il est d’ailleurs trĂšs Ă©tonnant, voire discordant, que la Chine, actuellement deuxiĂšme Puissance Mondiale, qui est- aussi- le pays du Ying et du Yang, pays dont la mĂ©decine traditionnelle est millĂ©naire et efficiente,  soit le pays dont le gouvernement chinois actuel, dit moderne, plutĂŽt autoritaire, entend se dĂ©barrasser complĂštement non seulement du risque mais aussi de cette dualitĂ© du Ying et du Yang Ă  propos de la pandĂ©mie du Covid.    

 

La pandĂ©mie du Covid a provoquĂ© une certaine rupture entre ce que nous savons et ce que nous croyons.Ce que nous savons, c’est ce que nous avons appris, apprenons et pouvons prendre ou digĂ©rer du monde extĂ©rieur. Ce que nous croyons concerne notre vie intime et ce que nous acceptons ou refusons de prendre du monde extĂ©rieur. 

 

Si je crois, aussi, nĂ©anmoins que, comme bien des Chinois, en me faisant vacciner contre le Covid, comme des millions de personnes, une fois de plus, j’ai fait mon devoir,  je sais, aussi, qu’autour de moi, toutes les personnes que je connais qui se sont faites vacciner contre le Covid, et qui connaissent des personnes qui se sont faites vacciner contre le Covid, aujourd’hui se portent bien. Quel que soit leur Ăąge, leurs traditions, leur poids, leur emploi, leur mode de vie ou leur scepticisme antĂ©rieur Ă  leur vaccination contre le Covid. Mais je le « sais Â» parce-que ma personnalitĂ© et ma sensibilitĂ© me permettent, Ă  un moment donnĂ©, de l’envisager et de le constater. Bien des expĂ©riences nous dĂ©montrent que notre perception personnelle ou subjective d’un Ă©vĂ©nement, d’une information ou d’une situation peut beaucoup influencer notre façon de la comprendre :

 

Si untel me regarde, c’est parce qu’il m’aime ou me dĂ©nigre, selon ce que je ressens voire selon ce que j’attends ou exige de lui.

Une attente ou une exigence dont la personne concernĂ©e ignore peut-ĂȘtre tout ou qu’elle est incapable de satisfaire mĂȘme si elle le souhaitait.  

 

Ce matin, j’ai pris la ligne 14 depuis le 13Ăšme arrondissement jusqu’ Ă  la gare St Lazare, Ă  une heure d’affluence.  Et, sans aucun doute que mon Ă©tat de fatigue (aprĂšs avoir travaillĂ© de nuit pendant plus de 12 heures ) et  mon humeur gĂ©nĂ©rale ont influĂ© sur ma façon de percevoir mon environnement immĂ©diat.

Paris, prĂšs de la gare St Lazare, photo prise ce 14 ou ce 15 Mai 2022. Au fond, la couverture de l’hebdomadaire ” Le point” montrant Emmanuel Macron, PrĂ©sident de la RĂ©publique, rĂ©Ă©lu en avril 2022 pour cinq ans.

 

Il Ă©tait plus de 8 heures 30. La ligne 14 Ă©tait bondĂ©e. Mais j’avais pu trouver une place assise. A vue d’Ɠil, je dirais que 50 Ă  60 pour cent des passagers de la ligne 14 Ă©taient sans masque anti-Covid. Mais c’est une perception trĂšs empirique. 

Vu qu’il fait chaud et que cela fait maintenant prĂšs de deux ans que nous avons obligation de porter un masque anti-Covid, dĂšs que nous nous trouvons dans un endroit public, j’ai profitĂ© de cette « autorisation Â» de non-port du masque anti-Covid pour m’en dispenser. Jusqu’alors, je continuais de porter un masque dans les transports en commun. MĂȘme si, depuis plusieurs jours ou semaines, certaines personnes ou catĂ©gories de personnel (des policiers en particulier) se dĂ©plaçaient dĂ©ja sans masque dans les lieux oĂč l’individu lambda, lui, Ă©tait tenu d’en porter. Le Â« non-port du masque anti-Covid Â» Ă©tant une infraction pouvant donner lieu Ă  une interpellation policiĂšre ou Ă  une amende.

 

Depuis octobre de l’annĂ©e derniĂšre, ma compagne, infirmiĂšre, non vaccinĂ©e contre le Covid, est suspendue de ses fonctions. Nous marchons donc sur un seul salaire, le mien, et des Ă©conomies que nous avions rĂ©ussi Ă  faire Ă  « l’époque Â» d’avant la pandĂ©mie du Covid et de l’obligation vaccinale contre le Covid pour les soignants.

 

De mon point de vue, au mieux, ma compagne reprendra peut-ĂȘtre ses fonctions Ă  la fin de l’annĂ©e ou l’annĂ©e prochaine. L’annĂ©e d’aprĂšs, plutĂŽt ?

 

Evidemment, je ne me sens pas le droit de tomber malade. Ni le droit de me plaindre, non plus. D’abord, je ne vois pas trĂšs bien ce que cela m’apporterait. ConcrĂštement. Et puis, contrairement Ă  d’autres, qui ont perdu le leur depuis la pandĂ©mie, et mĂȘme avant elle, j’ai toujours un travail. Et nous mangeons Ă  notre faim.

 

Pour cet Ă©tĂ©, il est dĂ©jĂ  prĂ©vu que la pĂ©nurie soignante, dans les hĂŽpitaux, sera encore plus “abondante” que lors des Ă©tĂ©s prĂ©cĂ©dents selon Martin Hirsch.

Martin Hirsch a Ă©tĂ© nommĂ© dirigeant de l’AP-HP (Assistance Publique- HĂŽpitaux de Paris )  par dĂ©cret fin 2013.Sur dĂ©cision gouvernementale, donc, Martin Hirsch a ƓuvrĂ© depuis 2013 en faveur de la « rĂ©forme des hĂŽpitaux publics Â».

En 2013, il existait dĂ©jĂ  une certaine pĂ©nurie infirmiĂšre. Ainsi qu’une certaine pĂ©nibilitĂ© dĂ©jĂ  croissante des conditions de travail du personnel soignant.

La « rĂ©forme Â» des hĂŽpitaux publics a aussi consistĂ© Ă  (continuer de) fermer des lits, Ă  (continuer de) supprimer des postes de soignants comme Ă  rĂ©duire le nombre de RTT annuels des soignants.

 

Il y a quelques semaines, Martin Hirsch a  Â« alertĂ© Â» quant au fait que la situation Ă©tait grave, pour cet Ă©tĂ©, en termes de pĂ©nurie infirmiĂšre. En effet, chaque Ă©tĂ©, comme des millions de Français, le personnel infirmier a aussi envie et besoin de prendre des vacances. Et, encore plus  sans doute aprĂšs avoir fait partie de ces « hĂ©ros de la Nation» tels qu’avait pu les nommer le PrĂ©sident Macron (et d’autres femmes et hommes politiques d’autres courants, soyons suffisamment rĂ©alistes) qui ont fait face Ă  la pandĂ©mie du Covid Ă  partir de mars 2020 et qui, ont, un temps, Ă©tĂ© applaudis Ă  l’heure du journal de 20h.

 

Il y a trente ans, le personnel infirmier tenait aussi Ă  partir en vacances en Ă©tĂ© comme des millions de Français. Mais, il y a trente ans, il Ă©tait assez courant qu’une infirmiĂšre ou un infirmier titulaire reste dans son service un certain nombre d’annĂ©es. Entre cinq et dix ans. Aujourd’hui, il est devenu de plus en plus courant que des infirmiers choisissent d’ĂȘtre intĂ©rimaires ou vacataires, aprĂšs l’obtention de leur diplĂŽme ou aprĂšs avoir Ă©tĂ© titulaires d’un poste pendant quelques annĂ©es. La diffĂ©rence ? Une plus grande facilitĂ© pour partir mais aussi pour choisir les services oĂč l’on va prĂ©fĂ©rer retourner travailler. Parce-que les conditions de travail  y seront considĂ©rĂ©es acceptables. Parce-que le salaire perçu pour y exercer sera Ă  peu prĂšs honorable.

Paris, rue de Rivoli, photo prise Mi-Mai 2022.

 

RĂ©cemment, une connaissance, une jeune infirmiĂšre, ĂągĂ©e d’à peine trente ans, a quittĂ© le poste qu’elle occupait dans une clinique. Elle y travaillait depuis trois ans. Parmi ses projets, elle comptait faire de l’intĂ©rim ou des vacations et peut-ĂȘtre partir Ă  l’étranger.

 

 

Ce matin, lorsque j’ai pris le train me ramenant Ă  Argenteuil, j’ai entendu l’annonce nous informant qu’à compter d’aujourd’hui le port du masque anti-Covid n’était plus obligatoire dans les transports en commun mais « recommandĂ© Â» ou « fortement recommandĂ© Â» en pĂ©riode d’affluence. Dans le train Bombardier oĂč je me trouvais, cette fois, contrairement Ă  la ligne 14 que je venais de prendre, il y avait peu de monde. Puisque j’étais dans le sens inverse de la « migration Â» des travailleurs se rendant massivement Ă  Paris ou passant par Paris Ă  cette heure de pointe. Et, je me suis demandĂ© quelle photo je pourrais prendre pour illustrer ce jour particulier. Puis, j’ai aperçu ce train bleu de banlieue qui passait Ă  cĂŽtĂ© du nĂŽtre. Les deux trains ont ainsi circulĂ© cĂŽte Ă  cĂŽte pendant plusieurs secondes. Puis, le train bleu s’est Ă©loignĂ©.

Photo prise ce lundi 16 Mai 2022.

 

On aimerait que la pandĂ©mie du Covid soit comme ce train bleu. Qu’il y’en ait de moins en moins puis qu’elle disparaisse complĂštement. On se convainc peut-ĂȘtre que, dĂ©sormais, ce sera mieux vu que, Ă  nouveau, nous pouvons nous dispenser de masque anti-Covid dans les transports en commun « comme avant Â». Sauf que si nos transports en commun peuvent, eux, faire des retours en arriĂšre et nous ramener indĂ©finiment vers les mĂȘmes destinations, nos Dieux communs, eux, tout comme nos histoires d’Amour ne reviennent pas en arriĂšre. Car, comme nous, nos Dieux communs ont aussi besoin de renouveau, parfois Ă  nous rendre fous, un peu, aussi, comme des vautours, finalement. Oui, comme des vautours.

 

Franck Unimon, ce lundi 16 mai 2022.

 

 

 

 

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Argenteuil Cinéma Corona Circus

Argenteuil sur scĂšne avec l’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce samedi 7 Mai 2022

Photo prise depuis la cour du groupe scolaire Paul Vaillant Couturier Ă  Argenteuil, ce samedi 7 Mai 2022. En attendant devant l’atelier de maquillage des ” CinglĂ©s du cinĂ©ma”.

Argenteuil sur scĂšne avec l’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce  samedi 7 Mai 2022

 

Cela fait maintenant 15 ans que j’habite Ă  Argenteuil. Et je continue de passer Ă  cĂŽtĂ© de cette ville. MĂȘme si je crois y circuler librement et l’avoir traversĂ©e Ă  diffĂ©rents endroits.

 

Argenteuil, une ville stratégique

 

 

Argenteuil, pour moi, c’est une ville trĂšs Ă©tendue, en bĂ©ton, de plus de cent mille habitants. Une excroissance de bĂ©ton, polluĂ©e comme toutes les villes bĂ©tonnĂ©es et trĂšs automobiles, plutĂŽt bruyante et sale, qui touche d’autres villes :

 

Bezons et son tramway qui la rapproche maintenant de Nanterre et du quartier de la DĂ©fense. Epinay sur Seine , qui dispose aussi de sa ligne de Tramway menant Ă  la fĂȘte de l’HumanitĂ©, jouxte la ville cossue d’Enghien les Bains, son lac et son casino, et, plus loin, la ville de Saint Denis.

Sannois et sa salle de concerts l’EMB Sannois avant de rejoindre Eaubonne. Sartrouville et un peu plus loin Maisons-Laffite, son chĂąteau, sa forĂȘt et son champ de courses.

Colombes et AsniĂšres, des villes du dĂ©partement du 92, le dĂ©partement le plus riche de France, qui ont l’avantage sur Nanterre, Ă©galement ville du 92, de mieux desservir Paris en transports en commun.

 

 

Argenteuil est aussi une ville proche de la Seine. Et la mairie d’Argenteuil, depuis des annĂ©es, a l’ambition que la ville puisse retrouver ou reconquĂ©rir ses berges de seine comme auparavant, au dĂ©but du vingtiĂšme siĂšcle. Avant qu’une voie rapide automobile ne coupe les Argenteuillais de cet accĂšs Ă  la Seine. Un accĂšs Ă  la Seine que l’on peut atteindre et longer jusqu’à au moins Epinay sur Seine voire au delĂ , en passant sous le viaduc de l’autoroute A15, un viaduc que j’ai malheureusement dĂ©couvert aprĂšs la mort de la jeune Alisha Khalid, 14 ans, le 8 mars 2021. ( Marche jusqu’au viaduc ).

Cette photo a été prise en 2021, avant la marche blanche pour Alisha Khalid.
L’endroit en question. Photo prise en 2021.
Devant la gare d’Argenteuil centre ville. Photo prise en 2021.

 

 

Argenteuil, proche de l’autoroute A15, permet donc, en surpassant la Seine, de se diriger à Paris, à Lille, vers la Picardie, la Normandie, la Bretagne et d’autres endroits.

Vue sur Paris et le quartier de la DĂ©fense depuis la butte d’Orgemont, Ă  Argenteuil.

 

Argenteuil est donc, gĂ©ographiquement, une ville trĂšs importante d’un point de vue stratĂ©gique.  D’autant que par le train direct, elle peut relier la gare de Paris St Lazare en 11 minutes. Et que Paris peut ĂȘtre atteint Ă   vĂ©lo depuis le pont d’Argenteuil en une vingtaine de minutes. Ce que beaucoup de personnes ignorent ou sous-estiment encore car, pour stratĂ©gique qu’elle soit, Argenteuil, est une ville paradoxale et hĂ©tĂ©rogĂšne oĂč il existe, ou fourmille, aussi, bien des frontiĂšres gĂ©ographiques et au moins psychologiques.

 

Argenteuil et ses frontiÚres géographiques et au moins psychologiques

 

 

Argenteuil a longtemps Ă©tĂ© une ville communiste. Pendant Ă  peu prĂšs un demi-siĂšcle. Les mairies communistes au pouvoir, et la maniĂšre dont elles ont gĂ©rĂ© ce pouvoir, ont  eu une incidence sur le dĂ©veloppement d’Argenteuil. On retrouve une partie de cet hĂ©ritage communiste dans le nom des lieux, des rues ( Aragon, Desnos, Gabriel PĂ©ri….). Argenteuil est un peu la “photo” ou le souvenir d’un certain communisme encore glorieux de l’Ă©poque de Georges Marchais, d’un monde d’il y a trente ou quarante ans. 

 

De ce fait, il n’y a rien d’Ă©tonnant Ă  ce que ce soit une ville, oĂč il existe des frontiĂšres psychologiques et gĂ©ographiques particuliĂšres et qui lui sont propres. 

 

Je crois avoir passĂ© quelques unes de ces frontiĂšres plus d’une fois. Comme on enjambe une voie ferrĂ©e ou que l’on sort d’un quartier ou d’un bar sans bien savoir ce qui a pu y arriver. Car  je ne fais pas partie des « historiques Â» d’Argenteuil. De celles et ceux qui y habitent depuis plusieurs gĂ©nĂ©rations ou qui y travaillent, et y militent, depuis des annĂ©es, au contact de celles et de ceux qui « font Â» cette ville.

 

Je m’exprime donc d’aprĂšs mes expĂ©riences qui ont Ă©galement leurs frontiĂšres et leurs limites.

 

Ces frontiĂšres gĂ©ographiques et au moins psychologiques d’Argenteuil font que certaines parties de la ville sont probablement peu frĂ©quentĂ©es par certains des habitants d’Argenteuil.  En cela, Argenteuil peut faire penser quelques fois Ă  un village ou mĂȘme Ă  une ville retirĂ©e de province, oĂč l’on prĂ©fĂšre rester plutĂŽt dans son quartier mais aussi dans un passĂ© assez dĂ©suet. Je ne serais pas Ă©tonnĂ© d’apprendre que certains enfants et habitants d’Argenteuil connaissent assez peu Paris.

Photo prise en 2020 ou en 2021.

 

Mais parallĂšlement Ă  cela, si j’ai pu croiser, il y a quelques mois, une connaissance qui habite Ă  Neuilly sur Seine sur le parking de la Ferme du Spahi, et venant y faire ses courses, ou apprendre que des personnes venant d’autres villes se rendaient au grand marchĂ© d’Argenteuil (le marchĂ© situĂ© Boulevard HĂ©loĂŻse), je ne suis pas sĂ»r que les personnes habituĂ©es Ă  faire leurs courses sur le marchĂ© de la colonie ou sur le marchĂ© des Coteaux s’y rendent rĂ©guliĂšrement.

 

La « dĂ©sertion Â» ou la dĂ©saffection de certains lieux culturels, mais aussi de certains Ă©vĂ©nements culturels, que ce soit au cinĂ©ma Jean Gabin qui se trouve Ă  cĂŽtĂ© de la mĂ©diathĂšque Aragon& Elsa Triolet  mais aussi Ă  cĂŽtĂ© de la mairie d’Argenteuil ou au Figuier blanc, lors de certaines sĂ©ances de cinĂ©ma ou pour toute autre manifestation culturelle, par exemple, m’a dĂ©jĂ  interpellĂ©.

 

Ce vendredi 6 Mai, me prĂ©sentant par hasard Ă  la mĂ©diathĂšque Aragon& Elsa Triolet pour y rendre des documents, je dĂ©couvrais qu’il se dĂ©roulait le soir mĂȘme au cinĂ©ma Jean Gabin, un concert Ă  20H30 en rapport avec Les CinglĂ©s du cinĂ©ma. Il semblait y avoir trĂšs peu de public. Et, j’avais dĂ©jĂ , plusieurs annĂ©es auparavant, bien avant la pandĂ©mie du Covid fait cette expĂ©rience d’un public trĂšs clairsemĂ© lors d’évĂ©nements culturels, de qualitĂ©, proposĂ©s par la ville dans la salle de cinĂ©ma Jean Gabin. La premiĂšre fois, le musicologue Guillaume Kosmicki nous avait fait une trĂšs bonne confĂ©rence sociologique sur la musique techno. La seconde fois, un batteur Ă©tait venu nous parler de son instrument et nous avait, entre-autres, fait une dĂ©monstration de biguine.

 

D’autres dĂ©cisions, Ă  mon sens municipales, me surprennent trĂšs dĂ©sagrĂ©ablement : Les vacances de PĂąques vont se terminer ce soir. Et, le mercredi de cette semaine, je me suis Ă  nouveau fait confirmer que la mĂ©diathĂšque Aragon & Elsa Triolet n’ouvrait que le mercredi aprĂšs-midi, durant ces vacances de PĂąques,  de 14h Ă  18h. Le mĂȘme jour, la mĂ©diathĂšque de Cormeilles en Parisis, une ville Ă  cinq minutes d’Argenteuil par le train, Ă©tait, elle, ouverte de 10h Ă  19h !

Certes, pour moi qui n’habite pas Ă  Cormeilles en Parisis, l’inscription Ă  cette mĂ©diathĂšque est chĂšre (50 euros, l’inscription Ă  l’annĂ©e). Mais, en contrepartie, cette inscription me donne accĂšs aux documents des autres mĂ©diathĂšques du Val de Parisis. Dont fait partie la ville d’Eaubonne, oĂč, depuis peu, la mĂ©diathĂšque est ouverte les dimanches.

 

« Gratuite Â», la mĂ©diathĂšque d’Argenteuil Aragon & Elsa Triolet Ă©tait ouverte les mercredis dĂšs le matin pendant les vacances scolaires il y a encore deux ou trois ans si je me rappelle bien.

 

Car, souvent perçue et montrĂ©e comme un mauvais exemple, la ville d’Argenteuil a disposĂ© ou dispose d’atouts nombreux que mĂȘme des personnes rĂ©sidant dans d’autres villes mieux renommĂ©es et plus prestigieuses viennent chercher. Cela peut, par exemple, ĂȘtre son conservatoire Ă  rayonnement dĂ©partemental. Lorsque j’y ai avais suivi une formation en cours d’interprĂ©tation thĂ©Ăątrale, achevĂ©e en 2016, j’avais pu compter parmi mes jeunes camarades, des personnes venant d’Enghien, de Courbevoie ou de Paris.

 

Ou son offre immobiliĂšre. Le mĂštre carrĂ© y Ă©tant moins cher qu’ailleurs, certains acquĂ©reurs viennent s’y installer plutĂŽt qu’à Paris, Ă  AsniĂšres ou Ă  Colombes. Le prix du mĂštre carrĂ© dans l’immobilier flambe-t’il Ă  Argenteuil ? J’ai l’impression que la rĂ©ponse est bigarrĂ©e. C’est peut-ĂȘtre assez vrai dans certains quartiers d’Argenteuil, pavillonnaires, aux Coteaux, du cĂŽtĂ© du quartier de la Colonie mais que l’acheteur semble souvent jouer d’égal Ă  Ă©gal avec le vendeur. Ce qui tranche avec d’autres villes oĂč l’on nous rappelle des montants Ă©levĂ©s en matiĂšre de transaction immobiliĂšre. MĂȘme lorsque les prix « baissent Â».

 

Il est une frontiĂšre gĂ©ographique et pas seulement psychologique trĂšs sensible Ă  Argenteuil. C’est celle des Ă©coles publiques.

Photo prise prĂšs de la gare du Val d’Argenteuil, en 2020 ou en 2021.

« Dans le passĂ© Â», Argenteuil a eu de trĂšs bonnes Ă©coles publiques. Aujourd’hui, ces trĂšs bonnes Ă©coles publiques, collĂšges et lycĂ©es, sont considĂ©rĂ©es comme ne l’étant plus.

Cela fait des annĂ©es, en France, que les services publics se font massacrer et perdent de leurs capacitĂ©s Ă  remplir Ă  leurs missions de soins ou d’enseignements.

 

Il subsiste des Ă©tablissements scolaires publics aux moyens, aux rĂ©sultats et aux climats rassurants dans certaines villes. Mais pas Ă  Argenteuil, oĂč, visiblement, au mieux, il faut Ă©viter les collĂšges et les lycĂ©es publics. Voire l’école primaire. En septembre 2020, Ă  l’école primaire, l’enseignante de ma fille avait Ă©tĂ© en arrĂȘt maladie trois fois dĂšs le mois de septembre. Pour ĂȘtre finalement remplacĂ©e au mois de janvier suite Ă  sa maternitĂ©.

Pour cette année 2021-2022, à nouveau, ma fille terminera son année scolaire avec un autre enseignant que celle qui avait débuté en septembre. Pour des raisons de santé.

 

 

D’autres parents avaient anticipĂ© dĂšs la maternelle. En trouvant la parade en faisant en sorte de faire admettre leur enfant dans l’école privĂ©e d’Argenteuil centre ville : l’école Ste GeneviĂšve qui comprend un collĂšge et qui a agrandi, en partie, ses capacitĂ©s d’accueil ces derniĂšres annĂ©es. Mais il est difficile d’y faire admettre son enfant.

Soit il faut s’y reprendre trois Ă  quatre annĂ©es de suite. Ou avoir la chance ou le privilĂšge d’avoir soi-mĂȘme Ă©tĂ© un ancien ou une ancienne de l’école, ou d’y avoir dĂ©jĂ  une sƓur ou un frĂšre scolarisĂ©, ce qui assure, assez facilement l’admission dans l’école.

 

J’avais sous-estimĂ© cette importance de l’école lorsqu’avec ma compagne, nous avions optĂ© pour venir nous installer Ă  Argenteuil. Aujourd’hui, je regrette ma « lĂ©gĂšretĂ© Â». Et je supporte assez mal ce suspense Ă  deux balles concernant l’avenir scolaire de ma fille. Mais aussi son environnement relationnel immĂ©diat. MĂȘme si je sais que les apprentissages scolaires ne dĂ©cident pas de tout, ils influencent tout de mĂȘme beaucoup certaines consciences ainsi que certains parcours.

 

La France de 2022 compte pour l’instant, politiquement, officiellement quatre camps.

 

Les abstentionnistes. La Droite libĂ©rale. L’extrĂȘme droite. L’extrĂȘme gauche. Et sans doute devrais-je rajouter les dĂ©sespĂ©rĂ©s et celles et ceux qui sont gravement malades.

 

Nous avons beaucoup entendu parler de la pleine croissance et de l’insouciance de l’aprĂšs-guerre. Mais nous Ă©voluons dans un monde de radicalisations Ă©conomiques, sanitaires, idĂ©ologiques et politiques. Mais, aussi, climatiques et Ă©cologiques. Tout cela semble tourner ensemble. Les radicalisations climatiques et Ă©cologiques que nous nous permettons encore d’ignorer semblent se conjuguer avec les radicalisations Ă©conomiques, sanitaires, idĂ©ologiques et politiques.

 

Face aux inquiĂ©tudes que nous avons, nos rĂ©ponses et nos rĂ©actions se radicalisent de plus en plus d’un point de vue Ă©conomique, sanitaire, idĂ©ologique et politique.

 

Argenteuil est sans doute une ville oĂč il existe des personnes radicalisĂ©es ou en voie de radicalisation. Aujourd’hui, lorsque l’on parle de radicalisation, en France, on pense d’abord Ă  la radicalisation islamiste. Parce-que plusieurs attentats terroristes traumatisants ont eu lieu en France ces dix derniĂšres annĂ©es et qu’ils ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par des islamistes. Alors on rĂ©sume grossiĂšrement et vite fait la radicalisation Ă  cela.

 

Mais la radicalisation de notre monde, et donc d’Argenteuil, n’est pas uniquement islamiste, s’il y a radicalisation.

 

 La radicalisation la plus gĂ©nĂ©rale et la plus partagĂ©e en France est sans doute notre façon de percevoir le monde.

Gare du Val d’Argenteuil, photo prise en 2020 ou en 2021.

 

 Par ailleurs, Ă  Argenteuil, des jeunes filles et des femmes de « familles Â» musulmanes prennent des cours (de danse ou d’instrument de musique) au conservatoire d’Argenteuil ou participent Ă  des cours de boxe française avec des garçons et des hommes. Et lorsque je me suis rendu au hammam de la gare, et oĂč je compte retourner,  je ne me suis pas encore senti regardĂ© de travers parce-que noir et non musulman.

 

 

Il n’en demeure pas moins qu’Argenteuil a ses problĂšmes. Depuis trois bons mois, maintenant, des vendeurs de cigarettes Ă  la sauvette se sont implantĂ©s prĂšs de la gare d’Argenteuil et lancent « Marlboro ! Marlboro ! Â». Ils disparaissent lorsque la police arrive pour mieux revenir. Je me dis que ces vendeurs devaient ĂȘtre ailleurs auparavant, peut-ĂȘtre dans Paris ou dans une ville de banlieue plus proche de Paris, et qu’ils se sont dĂ©placĂ©s.

 

J’ai entendu parler de points de vente de cannabis dans Argenteuil. Un de ces points de vente se trouverait non loin du trajet que ma fille prend pour aller Ă  son Ă©cole.

 

Sans doute se trouve-il aussi Ă  Argenteuil ou s’est-il trouvĂ© quelque endroit oĂč l’on peut y acheter des armes au noir. Et oĂč y existe ou y a existĂ© de la prostitution clandestine. Je ne suis pas inspecteur de police ni enquĂȘteur social. Mais je lis des fois la presse. Ou parfois, comme hier soir, pour la premiĂšre fois, j’ai entendu une femme crier dans la rue en bas de chez moi. En regardant par la fenĂȘtre, j’ai ensuite pu voir un homme sortir d’un immeuble, les mains menottĂ©es derriĂšre le dos. Il est sorti dans la rue devant plusieurs personnes restĂ©es en bas de l’immeuble.

L’homme menottĂ© dans le dos Ă©tait accompagnĂ© de policiers en tenue, portant leur gilet pare-balles et d’un Ă©quipage de police en civil venu en renfort. Chacun des deux Ă©quipages comportait une femme-flic.

Je me suis dit que cela serait bientÎt dans la Presse. Sûrement dans le journal Le Parisien.

 

 

Argenteuil est peut-ĂȘtre une ville qui « craint Â». Mais je connais bien des personnes qui s’y plaisent et y ont trouvĂ© leur coin :

 

Si l’on n’est pas client de certains produits comme de certaines heures, ou de certaines ouvertures, on peut trĂšs bien passer pendant des annĂ©es prĂšs  de certains endroits sensibles sans s’y retrouver cramponnĂ©. C’est un peu comme passer tous les jours au dessus du vide ou de la Seine dans un train en revenant de Paris. En prenant un pont sans  tomber dans la Seine ou dans le vide. Et, je repense de temps en temps au quartier de la Bastille, Ă  Paris, qui, aujourd’hui, est devenu un endroit trĂšs recherchĂ© alors qu’il a pu, dans le passĂ©, ĂȘtre un quartier de Paris oĂč l’on pouvait croiser des toxicomanes avec leurs seringues.

 

 

En matiĂšre de soins publics, je dirais qu’Argenteuil tient plus ou moins le coup. Notre fille est nĂ©e dans son hĂŽpital. OĂč il manque, comme ailleurs, du personnel.

Il manque aussi, de plus en plus, certaines professions libĂ©rales. Mais il s’y trouve aussi le centre de santĂ© Fernand GoulĂšne.

Des centres dentaires ouvrent aussi Ă  Argenteuil comme partout ailleurs. On dirait que la chirurgie dentaire est le nouveau filon commercial. A cĂŽtĂ© des filons dĂ©jĂ  Ă©tablis  des pharmacies, assez nombreuses dans le centre ville d’Argenteuil, des agences immobiliĂšres, des supermarchĂ©s, assez nombreux aussi Ă  Argenteuil, des kebabs, des traiteurs asiatiques et des magasins alimentaires exotiques.

 

A Argenteuil, le haut de gamme peut voisiner ce qui est trĂšs bon marchĂ©. Et on y vit peut-ĂȘtre « plus ensemble Â» ou « malgrĂ© d’autres Â» que dans d’autres villes dont on parle moins, en mal comme en bien.

 

La promotion d’Argenteuil

Au Centre culturel “Le Figuier Blanc” en septembre ou octobre 2020, quelques mois aprĂšs le premier confinement dĂ» Ă  la pandĂ©mie du Covid. A Gauche, le Maire d’Argenteuil, Georges Mothron. Devant le micro, Chantal Juglard, 8Ăšme adjointe du Maire, chargĂ©e de la culture et du patrimoine.

 

Argenteuil, comme d’autres villes, tient Ă  faire sa promotion et son cinĂ©ma. Avec le centre culturel Le Figuier blanc, la salle de concerts La Cave DimiĂšre,  Les CinglĂ©s du cinĂ©ma ( qui se dĂ©roule Ă  Argenteuil depuis des annĂ©es) fait un des moyens de cette promotion. J’ai de bons souvenirs de cette manifestation. Comme du salon du livre dont la librairie Presse Papier est l’une des grandes organisatrices.

 

 

Pendant des annĂ©es, Les CinglĂ©s du cinĂ©ma ont eu lieu Ă  la salle des fĂȘtes Jean Vilar dont le parking extĂ©rieur marque encore l’entrĂ©e dans la ville d’Argenteuil, lorsque l’on y arrive par son pont routier, d’un cĂŽtĂ©. Alors que de l’autre cĂŽtĂ©, se trouve le club d’aviron d’Argenteuil, de trĂšs bon niveau.

 

Depuis plusieurs annĂ©es, Georges Mothron, proche de Macron ,et avant, de Sarkozy, maire pour la troisiĂšme ou quatriĂšme fois d’Argenteuil (aprĂšs avoir dĂ» cĂ©der sa place quelques annĂ©es au maire et ex-dĂ©putĂ© socialiste Philippe Doucet) et son Ă©quipe ont le projet de dĂ©truire la salle des fĂȘtes Jean Vilar.  Pour y permettre Ă  la place la construction d’un centre commercial, d’un multiplexe de cinĂ©ma et d’un programme hĂŽtelier de luxe d’aprĂšs ce que j’avais retenu. Le but serait de donner d’Argenteuil une image plus attractive. De l’autre « cĂŽtĂ© Â», Ă  Colombes, il est vrai qu’un certain nombre de projets immobiliers ont Ă©tĂ© construits. La mairie de Colombes anticipe sĂ»rement l’arrivĂ©e du tramway, les Jeux olympiques de 2024 ainsi que le Grand Paris.

 

 

Pour l’instant, Ă  Argenteuil, depuis Ă  peu prĂšs deux ans, la salle des fĂȘtes Jean Vilar a surtout servi de centre de vaccination contre le Covid. Mais il subsiste des opposants au projet de dĂ©molition de la salle des fĂȘtes Jean Vilar. Au centre de leurs arguments, le fait que ce projet, s’il se faisait, entraĂźnerait des consĂ©quences que l’on peut apprĂ©hender concernant la frĂ©quentation de la librairie Presse Papier mais aussi du centre culturel le Figuier Blanc qui contient des salles de cinĂ©ma, plutĂŽt proche, Ă  quelques minutes Ă  pied.

L’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce samedi 7 Mai 2022 aux CinglĂ©s du cinĂ©ma d’Argenteuil.

Cette annĂ©e, Les CinglĂ©s du cinĂ©ma se seront tenus au mois de Mai dans le groupe scolaire Paul Vaillant Couturier. Habituellement, la manifestation se dĂ©roule au dĂ©but de l’annĂ©e, en janvier ou fĂ©vrier. Mais pour cause de pandĂ©mie du Covid, l’évĂ©nement a Ă©tĂ© dĂ©calĂ©.

Au centre, l’acteur Jean-Claude Dreyfus dans la cour du groupe scolaire Paul Vaillant Couturier, Ă  Argenteuil. A droite, le Maire d’Argenteuil, Georges Mothron. A gauche, Chantal Juglard, 8Ăšme adjointe du maire, attachĂ©e Ă  la culture et au patrimoine. Dans l’arriĂšre plan, on aperçoit une grue Ă  l’emplacement du projet immobilier Kauffmann & Broad. Photo prise ce samedi 7 Mai 2022, Ă  Argenteuil.

 

L’acteur Jean-Claude Dreyfus a Ă©tĂ© choisi pour ĂȘtre l’invitĂ© d’honneur de cette Ă©dition des CinglĂ©s du cinĂ©ma. Pour moi, Jean-Claude Dreyfus, cela est surtout restĂ© le boucher du film DĂ©licatessen, un film rĂ©alisĂ© en 1991 par  Jeunet et Caro. Alors que, depuis, Dreyfus a tournĂ© dans d’autres films et aussi jouĂ© au thĂ©Ăątre. Je l’avais aussi vu ensuite dans Le Duc et l’Anglaise de Rohmer mais j’ai toujours eu du mal avec les films de Rohmer.

L’acteur Jean-Claude Dreyfus, au centre. A sa gauche, le Premier adjoint du Maire, Xavier PĂ©ricat. A sa droite, La 8 adjointe du maire, Chantal Juglard. A droite de Chantal Juglard, probablement Gilles Savry, 3Ăšme adjoint du maire. Photo prise ce samedi 7 Mai 2022.

 

Ma fille et moi sommes arrivĂ©s aux CinglĂ©s pratiquement au mĂȘme moment oĂč Dreyfus, accompagnĂ© du maire Georges Mothron et de ses adjoints, est arrivĂ©. Et nous avons aussi quittĂ© Les CinglĂ©s du cinĂ©ma  pratiquement, aussi, au mĂȘme moment oĂč Dreyfus en repartait, toujours accompagnĂ© du maire Georges Mothron et de ses adjoints. Lesquels ont fait en sorte d’ĂȘtre au plus prĂšs de lui afin, aussi, de se trouver, autant que possible, sur les photos qui seraient prises.

 

L’acteur Jean-Claude Dreyfus, entourĂ©, Ă  gauche de Chantal Juglard, 8Ăšme adjointe du maire Georges Mothron, le maire d’Argenteuil Georges Mothron et Xavier PĂ©ricat, 1er adjoint du maire. Photo prise ce samedi 7 Mai 2022.

 

 J’ai entendu Dreyfus deviser, cabotiner un peu, aussi. Et l’équipe municipale « sympathiser Â» avec lui. Le premier adjoint du maire, Xavier PĂ©ricat, a racontĂ© Ă  Jean-Claude Dreyfus qu’il avait Ă©tĂ© en CM1 et en CM2 prĂ©cisĂ©ment dans cette Ă©cole. Et que cela lui faisait donc quelque chose  de particulier que d’y retourner lors de cette manifestation des CinglĂ©s du cinĂ©ma.

L’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce samedi 7 Mai 2022, aux CinglĂ©s du cinĂ©ma.

En effet, du CM1 au poste de premier adjoint de la mairie d’Argenteuil, j’imagine Ă  peine tout ce qu’il a fallu de charge, de choix et de contrariĂ©tĂ©s prĂ©alables. Charge, choix et contrariĂ©tĂ©s que chacune et chacun connaĂźt un jour Ă  Argenteuil ou ailleurs, Ă  des degrĂ©s divers.

 

 

Franck Unimon, ce dimanche 8 Mai 2022.

 

 

 

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self-défense/ Arts Martiaux

Sensei Jean-Pierre Vignau : ” Mon but, c’est de dĂ©courager !”

Sensei Jean-Pierre Vignau, dans son dojo, le Fair Play Sport, en mars 2022.

Sensei Jean-Pierre Vignau : « Mon but, c’est de dĂ©courager ! Â»

 

Il y a plus d’un an maintenant, j’allais rencontrer Jean-Pierre, pour la premiĂšre fois, Ă  son domicile. ( ( Arts Martiaux) A Toute Ă©preuve : une interview de Maitre Jean-Pierre Vigneau )

 

Nous étions encore en plein confinement du fait de la pandémie du covid et tenus par un périmÚtre kilométrique. Nous ne devions pas dépasser les cinquante kilomÚtres à partir de notre domicile. Et nous devions fournir un justificatif écrit en cas de contrÎle de police.

 

J’étais venu acheter son livre (co-Ă©crit avec Jean-Pierre Leloup) qui avait Ă©tĂ© publiĂ© rĂ©cemment :

Construire sa lĂ©gende : Croire en soi, ne rien lĂącher et aller jusqu’au bout.  

 

« Au lieu de le commander sur Amazon
. Â» m’avait dit Jean-Pierre au tĂ©lĂ©phone.

 

Une fois sur place, rĂ©flexe de journaliste cinĂ©ma et de blogueur, j’en avais profitĂ© pour interviewer Jean-Pierre.

 

 Puis, j’étais revenu chez lui une seconde fois.

 

Je me souviens bien de cette phrase et y repense de temps en temps :

 

« Mon but, c’est de dĂ©courager ! Â».

 

AprĂšs l’avoir entendue la premiĂšre fois, il m’a fallu quelques mois supplĂ©mentaires avant de commencer Ă  la complĂ©ter.

 

DĂ©courager quoi ?! DĂ©courager l’ego.

 

Jean-Pierre m’avait par exemple parlĂ© de ces sĂ©ances oĂč il fait faire 1000 « coups de pieds Â». Je lui avais demandĂ© pour quelle raison.

« Pour que l’on se rende compte que c’est possible
. Â» m’avait rĂ©pondu Jean-Pierre.

 

Je me suis inscrit à son dojo vers le mois de février de cette année.

 

Lorsque je dis que je viens d’Argenteuil pour me rendre Ă  ses cours dans le 20Ăšme arrondissement de Paris, il arrive que l’on s’étonne. Il arrive que l’on trouve que ça fait beaucoup de trajet. Il est arrivĂ© que l’on m’en demande la raison.

 

Je rĂ©ponds alors que je viens pour Jean-Pierre. Pour sa personnalitĂ©. Parce-que son enseignement est rempli de vĂ©cu.  Parce-qu’il concilie pratique du karatĂ© et pratique de l’AĂŻkido et aussi parce qu’il connaĂźt le judo.

Pour les horaires, aussi. Car Jean-Pierre donne Ă©galement des cours le mardi et le jeudi matin Ă  9h30. Et cela me convient bien. Il m’arrive de prendre part Ă  ces cours du matin aprĂšs avoir travaillĂ© la nuit.

 

Je pourrais ajouter que, tous les jours, et pendant des annĂ©es, beaucoup de personnes passent entre une heure  et deux heures dans des trajets qui les mĂšnent vers un travail ou vers une vie qui leur dĂ©plait. Alors que moi, je me rends Ă  des cours de karatĂ© que j’ai choisis.

Plusieurs des Ă©lĂšves de Jean-Pierre se rendent Ă  ses cours depuis plus de dix ans. Cela est notable Ă  une Ă©poque oĂč, dĂ©sormais, les salles de sport, de fitness ou de crossfit, avec leurs horaires extensibles et leurs divers forfaits, ont captĂ© ou “dĂ©tournĂ©” une certaine partie des anciens adhĂ©rents ou des adhĂ©rents potentiels des clubs d’arts martiaux.

 

Il arrive aussi que certaines personnes trouvent que 9h30, le mardi et le jeudi, ça fait tĂŽt pour s’entraĂźner au karatĂ©.

Mais il existe encore plus tĂŽt.

Entre 6h et 6h30 en semaine, 8h le week-end, et pas trĂšs loin du dojo de Sensei Jean-Pierre Vignau, mĂȘme si ce sont deux mondes trĂšs diffĂ©rents et semblant trĂšs Ă©loignĂ©s l’un de l’autre, il y’a l’école Itsuo Tsuda de Sensei RĂ©gis Soavi. Ecole oĂč celui-ci, avec l’une de ses filles, Manon Soavi,  enseigne l’AĂŻkido en premiĂšre intention. ( Dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda/ sĂ©ance dĂ©couverte ).

Et, si les horaires de l’Ă©cole Itsuo Tsuda Ă©taient compatibles avec mes horaires de travail et l’ñge de ma fille, il est possible que je ferais en sorte de cumuler les deux. Ou les trois et les quatre en incluant les enseignements de Sensei LĂ©o Tamaki et d’autres Maitres d’Arts martiaux….

 Cela fait des annĂ©es que les Arts Martiaux m’attirent. Et j’en ai une expĂ©rience plus que superficielle en comparaison avec ma « curiositĂ© Â» et mon attirance pour eux. Bien des pratiquants, avec les annĂ©es, ont su aller vers diffĂ©rentes disciplines martiales.

 

 

« J’ai rĂȘvĂ© cette nuit Â» aime rĂ©guliĂšrement nous dire Jean-Pierre, 77 ans depuis quelques semaines, avec un air rigolard, au dĂ©but du cours. DĂšs lors, nous savons, qu’à un moment ou Ă  un autre, il va nous donner une consigne de dĂ©placement ou un enchaĂźnement de mouvements que nous aurons du mal Ă  reproduire. Mais c’est normal. Au dĂ©but, « tout le monde se trompe Â» nous rappelle-t’il.

 

Nous nous appliquons nĂ©anmoins. Et nous nous trompons plus d’une fois. Alors, Jean-Pierre nous regarde et nous adresse en souriant un :

 

« C’est la merde,  hein ? Â».

 

Ses gestes sont prĂ©cis. Il nous explique Ă  quoi correspond tel geste dans la vie rĂ©elle. Il nous rappelle rĂ©guliĂšrement qu’il existe tant de combinaisons en karatĂ©.

 

Jean-Pierre aime nous surprendre que ce soit en nous demandant de faire le mĂȘme dĂ©placement mais en marche arriĂšre. Ou en rĂ©pĂ©tant le mĂȘme kata en partant des diffĂ©rents points cardinaux du dojo


 

J’ai citĂ© l’ñge de Jean-Pierre tout Ă  l’heure. Lorsque nous avons du mal Ă  reproduire un mouvement, il nous demande d’avancer sur lui afin de « l’attaquer Â». Sa technique est effective et pleine.  Pour autant, je ne m’imagine pas ĂȘtre devenu un bon karatĂ©ka en Ă  peine quelques mois. Et, je ne cours pas particuliĂšrement aprĂšs la ceinture. Plus qu’Ă  la ceinture, j’essaie de m’attacher aux moments vĂ©cus ainsi qu’Ă  ce que je vois et ce que j’entends.  Car la couleur d’une ceinture peut aussi rendre aveugle, sourd, narcissique, thĂ©orique, subordonnĂ©, rigide et amnĂ©sique :

Rouler des mĂ©caniques parce-que l’on se sent trĂšs sĂ»r de soi, en cas de combat physique, n’est pas mon projet. Car il existe bien des obstacles devant lesquels rouler des mĂ©caniques ne suffira pas :  devant la vie comme devant la mort, pour prĂ©server des amitiĂ©s, rencontrer les autres, avoir une vie de couple satisfaisante, Ă©duquer ses enfants correctement, obtenir un conseil avisĂ© et sincĂšre….

Jean-Pierre, pour moi, ne roule pas des mĂ©caniques. Il est concret. SimplifiĂ©. Cela peut heurter ou dĂ©ranger. Pour moi qui ai souvent tendance Ă  thĂ©oriser comme Ă  me compliquer l’existence,  j’ai  donc l’impression que venir pratiquer avec Jean-Pierre et me rendre Ă  son dojo me fait emprunter des trajets, et des directions, qui peuvent m’aider Ă  mieux vivre et aussi Ă  encore mieux me trouver.

 

Franck Unimon, ce samedi 7 Mai 2022.

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Puissants Fonds/ Livres

J’ai lu RĂ©inventer l’Amour de Mona Chollet

 

 

 

Au spot 13, en mars 2022. Oeuvre de l’artiste ClĂ©ment Herrmann. Photo©Franck.Unimon

 

 J’ai lu RĂ©inventer l’Amour ( Comment le Patriarcat sabote les relations hĂ©tĂ©rosexuelles) de Mona Chollet

« On va tellement vous violer que vous ne pourrez plus avoir d’enfants Â» auraient dit des militaires russes Ă  des femmes ukrainiennes. Depuis le 24 fĂ©vrier 2022, l’armĂ©e militaire russe a commencĂ© Ă  envahir l’Ukraine. Et la guerre, qui Ă©tait « prĂ©vue Â» pour ĂȘtre courte, continue entre les deux pays.

 

Il y a quelques annĂ©es, j’ai envisagĂ© d’aller travailler dans un CMP ( Centre MĂ©dico- psychologique) pour adultes en banlieue parisienne, dans une ville assez proche d’Argenteuil, ville oĂč j’habite.

 

Lors du trajet en voiture depuis Gennevilliers vers ce CMP , situĂ© Ă  Villeneuve la Garenne, la cadre infirmiĂšre m’avait un peu racontĂ© quelques unes de ses missions humanitaires passĂ©es. Dont une durant la guerre en ex-Yougoslavie. Dans la voiture de service, tout en me conduisant, cette infirmiĂšre expĂ©rimentĂ©e, Ă  quelques annĂ©es de la retraite, m’avait parlĂ© de sa peur. De sa peur du viol. Et de deux sƓurs bosniaques qu’elle avait alors connues. L’aĂźnĂ©e des soeurs lui avait servi d’interprĂšte.

 

AprĂšs  la guerre, l’aĂźnĂ©e, avec laquelle elle Ă©tait restĂ©e en contact,  Ă©tait demeurĂ©e cĂ©libataire et avait dĂ©veloppĂ© un cancer. La plus jeune, femme trĂšs coquette Ă  l’origine, s’était mariĂ©e et radicalisĂ©e religieusement.

 

Chaque fois qu’il y a des guerres, des femmes mais aussi des enfants se font violer. Si, en temps de « paix Â», certains viols peuvent ĂȘtre- difficilement- condamnĂ©s, en temps de guerre, il peut ĂȘtre encore plus difficile de les faire condamner comme de faire condamner leurs auteurs.

 

 

D’autant plus que la « Paix Â», comme la SantĂ©, ont des dĂ©finitions trĂšs variables. Puisque l’on peut, aussi, ĂȘtre victime d’un viol dans un pays en « Paix Â» et riche comme la France.

Paris, mars 2022.

 

Les multiples guerres du quotidien

 

 

Car, si certaines guerres militaires sont plus mĂ©diatisĂ©es que d’autres, il existe bien d’autres dĂ©clinaisons de la guerre :

 

Des guerres domestiques, sociales, Ă©conomiques, relationnelles, professionnelles, culturelles. Et, ces multiples guerres du quotidien, directes ou indirectes, propulsent plus facilement certaines et certains aux avants postes tandis que d’autres, «progressivement Â», et malgrĂ© leurs efforts, rĂ©gressent, stagnent ou piĂ©tinent dans leur Ă©volution personnelle.

 

RĂ©cemment, Ă  la gare de Paris St Lazare, j’ai aperçu un patient que j’avais d’abord “croisĂ©” une premiĂšre fois deux ou trois ans plus tĂŽt dans un service d’addictologie oĂč j’avais effectuĂ© quelques remplacements. Puis, au dĂ©but de la pandĂ©mie du Covid, je l’avais reconnu aux abords de la gare St Lazare.

Au dĂ©but de la pandĂ©mie du Covid, il prĂ©sentait bien, avait mĂȘme une perception assez critique concernant la pandĂ©mie . Quand je l’ai revu Ă  la gare St Lazare, la semaine derniĂšre, il Ă©tait en train de fumer, sans masque, et ressemblait Ă  un clochard. La premiĂšre fois que je l’avais recroisĂ© prĂšs de la gare de Paris St Lazare, il faisait la manche. Il y a quelques jours, j’imagine qu’il Ă©tait encore dans la gare de Paris St Lazare pour continuer de faire la manche. Sauf que son Ă©tat personnel s’était aggravĂ©. Pourtant, depuis des annĂ©es, cet homme qui a connu l’emploi, comme d’autres femmes et d’autres hommes, a essayĂ© et aura essayĂ© de s’en sortir.

 

 

Je ne peux pas affirmer que, par son livre, Mona Chollet, vise aussi ces sujets puisque le titre de son ouvrage est : RĂ©inventer l’Amour. Mais voilĂ  ce qu’il commence par m’inspirer, ce matin, alors que j’ai terminĂ© sa lecture dans un jardin des Tuileries ensoleillĂ© il y a plus d’une semaine dĂ©sormais.

Au jardin des Tuileries, Paris, avril 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Mona Chollet parle d’Amour et avec son titre rajoute :

 

Comment le Patriarcat sabote les relations sexuelles. Et, moi, je commence par parler de viols de femmes par temps de guerre et de paix. Puis d’un homme en voie de clochardisation.

 

« On va tellement vous violer que vous ne pourrez plus faire d’enfants
 Â».

« On va tellement vous violer que vous ne pourrez plus vous exprimer Â».

 

RĂ©inventer l’Amour : un livre de « fille Â» et d’intello favorisĂ©e

 

Je n’aurais pas lu ce livre de Mona Chollet, si, une de mes jeunes collĂšgues internes, Chamallow, en stage dans mon service, ne m’en avait parlĂ© il y a plusieurs semaines. AprĂšs que j’aie eu la curiositĂ© de lui demander ce qu’elle lisait ou avait lu rĂ©cemment. 

( voirLe petit fantĂŽme bleu, Mona Chollet-RĂ©inventer l’Amour ).

 

 

J’avais entendu parler de ce livre. Mais je l’avais pris pour un sujet ou un livre de « fille Â».

 

Moi, qui, depuis des annĂ©es, Ă©volue dans un milieu professionnel qui a souvent Ă©tĂ© majoritairement fĂ©minin ; moi qui exerce un mĂ©tier de soignant (infirmier en soins psychiatriques et pĂ©dopsychiatriques ou en SantĂ© Mentale ), mĂ©tier auquel on attribue plutĂŽt des « qualitĂ©s Â» ou des vertus fĂ©minines ; moi, qui, en tant qu’aĂźnĂ©, a, Ă  partir de mon adolescence jusqu’à mes trente ans, jouĂ© un rĂŽle de substitut parental jusqu’au sacrifice de mon intimitĂ© et de mon cĂ©libat, j’ai d’abord pensĂ©, en entendant parler de ce livre de Mona Chollet : « C’est un truc de fille ! Â» ou « Encore une intello favorisĂ©e qui a les moyens de vivre de ses concepts Â».

 

Mona Chollet est en effet une femme, aprĂšs avoir Ă©tĂ© une fille. Et, elle vient bien d’un milieu social et intellectuel favorisĂ©, voire privilĂ©giĂ©, en tant que femme blanche, mĂȘme si ses parents se sont sĂ©parĂ©s alors qu’elle Ă©tait enfant, comme elle le mentionne. NĂ©anmoins, son livre m’a rapidement plu.

 

Depuis, j’ai dĂ©jĂ  remerciĂ© plusieurs fois Chamallow de m’avoir prĂȘtĂ© ce livre. A la fois pour le plaisir que j’ai eu Ă  le lire. Mais, aussi, Ă  le lire certaines fois dans mon service actuel : avant de lire RĂ©inventer l’Amour de Mona Chollet, j’ignorais que l’on pouvait prendre d’autant plus de plaisir Ă  lire un livre que son contenu contraste avec l’état d’esprit ou la culture plutĂŽt gĂ©nĂ©rale dans le service oĂč l’on travaille.

 

 

Le plaisir de lire RĂ©inventer l’Amour, la nuit, dans mon service actuel oĂč, pour certains collĂšgues, un homme, et un bon infirmier, c’est d’abord quelqu’un qui s’impose.

 

 

Mon service actuel n’est pas un service de collĂšgues violeurs et de collĂšgues femmes violĂ©es. Peut-ĂȘtre, qu’un jour, lorsque je me dĂ©ciderai vraiment Ă  prendre le temps d’écrire que j’inventerai des histoires de ce genre. Mais, pour l’instant, j’en suis encore Ă  dĂ©crire le fait que dans mon service actuel, certaines valeurs « viriles Â» font office de table de Loi. Dans mon service actuel, plus que dans les services et les Ă©tablissements prĂ©cĂ©dents oĂč j’ai travaillĂ©, pour certains de mes collĂšgues, un homme (et je suis un homme, c’est certain) et un bon infirmier (et je suis infirmier), c’est d’abord quelqu’un qui s’impose.

 

En particulier, physiquement. Pour faire des injections à un patient agité ou opposant à la prise de son traitement par voie orale (sous forme de gouttes le plus souvent).

 

Dans mon service actuel, pour certains de mes collĂšgues, ĂȘtre un homme et un bon infirmier, c’est pratiquer la contention physique. Et, aussi, sans doute, parler fort ou plus ou moins fort, faire connaĂźtre ses exploits  physiques, les raconter, parler de certains sujets d’une certaine façon ( le Foot, les femmes, parler de sa vie etc
.).

 

Paris, mars-avril 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Peu importe que, lorsque je l’estime justifiĂ© et inĂ©vitable, je puisse, aussi, faire des injections, de la contention physique, ou y participer avec d’autres collĂšgues lorsque nous devons le faire. Mon personnage, ma personnalitĂ©, ne cadre pas avec la conception que se font certains de mes collĂšgues actuels de ce qu’est ou doit ĂȘtre un homme mais, aussi, un bon infirmier. Ou, tout simplement, un ĂȘtre humain dit “normal”. Alors que moi, sans m’en apercevoir, car c’est ma normalitĂ©, sans doute que je me comporte “bizarrement”. C’est Ă  dire pas comme tout le monde.

 

Sans doute aussi, parais-je un petit peu trop “intello” pour ĂȘtre honnĂȘte. 

 

Et, vu que, paradoxalement,  je parle peu de ma vie conjugale et de ma fille au travail, cela doit vraisemblablement signifier que je dissimule des projets, des pensĂ©es et des moeurs fort peu recommandables : j’attends  presque ce moment ( ce suspense devient un peu insoutenable)  oĂč certains de mes collĂšgues dĂ©cideront ( c’est peut-ĂȘtre dĂ©ja fait) que je suis probablement pĂ©dĂ© ou homosexuel.

Pour moi, ce n’est pas une insulte d’ĂȘtre confondu avec un homosexuel. Je trouve ça plutĂŽt drĂŽle. Mais je sais, aussi, que dans certains milieux et dans certains groupes, ĂȘtre perçu comme un homosexuel peut revenir Ă  ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un sous-homme ou comme une sorte de perversion. Ce qui peut susciter, de la part de certaines personnes, une agressivitĂ© et une violence particuliĂšres, redoublĂ©es, ou un rejet, Ă  l’encontre de celle ou de celui qui est suspectĂ©(e) d’homosexualitĂ©.

 

J’ai donc compris, que, pour certains de mes collĂšgues actuels, je suis un baltringue; un con; quelqu’un Ă  qui « on ne fait pas confiance Â» ; quelqu’un qui se « dĂ©bine Â» ou se « dĂ©binerait Â» lorsque cela se tend avec un patient ou lorsque cela est susceptible de se tendre. Et que je suis quelqu’un, c’est une certitude pour certains de ces collĂšgues,  ou cela l’a Ă©tĂ© !, que je n’ai rien Ă  faire dans mon service actuel oĂč je travaille, maintenant depuis un peu plus d’un an. Et, cela, malgrĂ© plus de vingt ans d’expĂ©riences en soins psychiatriques et pĂ©dopsychiatriques, de jour, comme de nuit, dans des services intra comme extra hospitaliers oĂč j’ai eu, aussi, Ă  vivre des situations de tension avec des patients et des patientes. Ainsi que certaines confrontations physiques.

 

Je manquerais de “couilles”. Si on ne l’a pas bien compris. Et si j’ai bien dĂ©codĂ© certains messages que m’ont adressĂ© certains de mes collĂšgues assez peu courageux, qui marchent et pensent souvent par deux au minimum.  

Je ne compte dĂ©ja plus le nombre de fois oĂč en me disant bonjour certains de ces collĂšgues virils , et trĂšs assurĂ©s, ont rapidement Ă©vitĂ© ou Ă©vitent mon regard alors que nous nous retrouvons face Ă  face. Le dĂ©gout de ma personne sans doute ou un sentiment proche de la pitiĂ© pour l’irrĂ©mĂ©diable merde que je suis. 

 

Paris, avril 2022. Photo©Franck.Unimon

Je serais « trop gentil Â». Je « discuterais trop Â». Peu importe que, plusieurs fois, cette « gentillesse Â», cette « discussion Â» de quelques minutes mais aussi cette « patience Â» de quelques minutes, aussi, ont dĂ©jĂ  permis de dĂ©samorcer certaines situations. Dans mon service actuel, avoir certaines aptitudes pour la modĂ©ration serait plutĂŽt un aveu de faiblesse d’aprĂšs le point de vue de certains de mes collĂšgues. 

 

Le parallĂšle avec le livre de Mona Chollet, RĂ©inventer l’Amour ?

 

Si l’on parle de l’Amour, d’une façon ou d’une autre, on en arrive à parler du Pouvoir sur le corps d’autrui.

 

 

Si l’on parle d’Amour, d’une façon ou d’une autre, on en arrive à parler du Pouvoir. Du Pouvoir dont on dispose mais aussi du Pouvoir que l’on peut, ou pourrait, en certaines circonstances, pour certaines raisons, bonnes ou mauvaises, choisies ou involontaires, exercer sur quelqu’un d’autre.

 

Et si l’on parle d’Amour, mĂȘme si l’Amour spirituel, parental, filial, cĂ©rĂ©bral ou platonique existe, on parle aussi, du corps. De ce Pouvoir qu’une personne peut exercer, Ă  qui l’on donne cette autorisation ou cette possibilitĂ©, sur notre corps.

 

Paris, mars 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Lorsque l’on aime quelqu’un ou lorsque l’on est malade (d’Amour ou d’autre chose), il arrive un moment oĂč l’on se confond avec l’autre. Avec son dĂ©sir, sa volontĂ©.

 

OĂč l’on s’abandonne Ă  lui. OĂč l’on se confie Ă  elle ou Ă  lui.

 

 OĂč il arrive un moment, aussi, oĂč, malgrĂ© l’intimitĂ© ou la proximitĂ©, on rĂ©siste ou s’oppose. Soit parce-que l’on a peur. Soit parce-que l’on perçoit l’autre comme un agresseur dont on veut se dĂ©faire ou se dĂ©fendre.

 

Parfois, nous avons encore la possibilitĂ© de nous dĂ©faire ou de nous dĂ©fendre de l’autre. Parfois, il est trop tard ou un peu trop tard lorsque nous rĂ©agissons :

 

Les victimes d’un viol, d’une agression, Ă  moins d’avoir Ă©tĂ© surprises dĂšs le dĂ©but par leur agresseur (e) ont souvent, au dĂ©but, laissĂ©es celle-ci ou celui-ci s’approcher de leur espace personnel. Elles (les victimes) ont souvent « cohabitĂ© Â» ou « coexistĂ© Â» un temps avec leur futur(e) agresseur ( e). Que cette agression se rĂ©pĂšte ou qu’elle soit unique.

 

 

Mona Chollet parle-t’elle de cela dans son livre ? Pas de cette façon.

 

Paris, 2 Mai 2022. Gare St Lazare, prĂšs de la ligne 14. Photo©Franck.Unimon

 

 PrĂ©dation et sexualitĂ©

 

RĂ©cemment, j’ai Ă©coutĂ© un podcast dans lequel Ă©tait interviewĂ©e l’humoriste Caroline Vigneaux. En l’écoutant, j’ai appris que ses spectacles Ă©taient trĂšs documentĂ©s (comme pour beaucoup d’humoristes) mais, aussi, qu’elle visait Ă  faire passer des messages.

Parmi ces messages, bien qu’ouvertement fĂ©ministe, lors de cette interview, Caroline Vigneaux confirmait aussi s’ĂȘtre accrochĂ©e violemment- et verbalement- avec des femmes, sĂ»rement des victimes d’agressions, pour lesquelles « Tous les hommes sont des prĂ©dateurs Â».

 

S’il est un fait que, le plus souvent, les victimes de viols sont des femmes ( et des enfants filles ou garçons), fermer la boucle par un « Tous les hommes sont des prĂ©dateurs Â» ne permettra pas de
.rĂ©inventer l’Amour.

 

 

J’ai parlĂ© du corps, tout Ă  l’heure. Parler du corps, c’est aussi, bien-sĂ»r, parler de la sexualitĂ©. Nous n’avons pas tous le mĂȘme rapport Ă  la sexualitĂ©. Notre rapport Ă  la sexualitĂ© peut ĂȘtre diffĂ©rent selon l’ñge que l’on a. Selon nos croyances. Selon notre Ă©ducation.

Dans mon Ă©ducation de petit antillais nĂ© en France, la musique et la danse, qui sont des dogmes sociaux et culturels aux Antilles, m’ont indiscutablement prĂ©parĂ© ou initiĂ©, sans pour autant faire de moi, un Rocco Siffredi antillais, Ă  un certain Ă©veil corporel et sexuel. Danser le Compas et le Zouk dĂšs l’enfance, que ce soit en France et en Guadeloupe, mais aussi voir toutes les gĂ©nĂ©rations, des enfants aux grands parents, danser de cette maniĂšre lors de festivitĂ©s (baptĂȘmes, mariages, communions
) permet sans aucun doute une approche assez prĂ©coce et concrĂšte de son propre corps comme du corps de l’autre, qui plus est en rythme ( un rythme binaire pour comparer avec le rythme ternaire du Maloya par exemple qui me semble moins dansable Ă  deux) comparativement Ă  une Ă©ducation oĂč, Ă  la maison ou en famille, on va Ă©couter de la variĂ©tĂ© française, du Rock ou de la musique classique.

On a bien sĂ»r une sexualitĂ© et un Ă©veil Ă  la sexualitĂ© et au corps mĂȘme lorsque l’on Ă©coute de la variĂ©tĂ© française, du Rock, de la musique classique, de la techno ou du Rap ou un tout autre genre musical. Autrement, un certain nombre de lectrices et de lecteurs de cet article ne pourraient pas le lire aujourd’hui et demain.

Mais on comprendra facilement, je crois, que lorsque l’on danse « collĂ©s-serrĂ©s Â» sur du Zouk ou du Compas, que la composante sexuelle de la musique et de la danse, est facile Ă  dĂ©tecter de façon implicite ou explicite. Et si, malgrĂ© cela, on danse en toute « innocence Â», certaines paroles en CrĂ©ole ( pas uniquement du bien connu Francky Vincent ) de certaines chansons nous signalent assez « bien Â» que la sexualitĂ© et le coĂŻt sont envisagĂ©s. Ou suggĂ©rĂ©s.  

Il y a quelques annĂ©es, maintenant, un copain enseignant avait voulu traduire en Français, Ă  sa classe, les paroles du tube Angela du groupe SaĂŻan Supa Crew mais dans des termes chĂątiĂ©s. Il m’avait donc sollicitĂ©. J’aurais tellement voulu lui rendre ce service mais mĂȘme en faisant tourner dans ma tĂȘte diverses correspondances, j’avais Ă©tĂ© obligĂ© de lui dire qu’il n’y avait rien Ă  faire :

Si je traduisais, honnĂȘtement, une des phrases phares de la chanson, cela donnait quelque chose comme, sur un air enjouĂ©, Â« Angela, je vais te dĂ©foncer (sexuellement, s’entend) pendant l’absence de ton pĂšre Â». Ce qui est quand mĂȘme plus « rentre-dedans Â» que les sous-entendus de La Sucette Ă  l’Anis composĂ©e par Gainsbourg pour la naĂŻve France Gall et que, plus tard (car je suis plus jeune que Gainsbourg et France Gall, aujourd’hui disparus) des mĂŽmes de 12 Ă  13 ans, chantaient avec amusement, et en toute luciditĂ© concernant ces sous-entendus sexuels, dans une des colonies de vacances oĂč je fus assistant sanitaire.

 

 

Depuis mon enfance, que je m’en souvienne ou non, j’ai entendu des chansons Ă  caractĂšre sexuel Ă  peine camouflĂ© dans des festivitĂ©s antillaises. Et j’ai dansĂ© dessus, en toute simplicitĂ©, comme la majoritĂ© des personnes prĂ©sentes. Sans y penser plus que ça.

 

Le corps, ça commence par la peau.

 

Paris, avril 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Mais, avant la sexualitĂ©, le corps, cela commence par la peau. La peau du nouveau nĂ© que l’on a Ă©tĂ©. Et que l’on est restĂ© d’une certaine façon quel que soit notre Ăąge. Comme une part de notre enfance et de notre adolescence reste en nous, mĂȘme Ă  l’ñge adulte.

 

La peau, aussi, a une mémoire. Une mémoire surpuissante qui dépasse, je crois, notre intellect et notre raisonnement.

Alice Miller, psychanalyste bien connue, a Ă©crit un livre que j’ai empruntĂ© mais que je n’ai pas encore lu et dont le titre est :

 

Notre corps ne ment jamais.

 

MalgrĂ© toutes nos expĂ©riences, toutes nos prĂ©tentions et nos certitudes, toutes nos applications high tech, toutes nos « victoires Â», tous nos titres  et toutes nos conquĂȘtes, je crois qu’il est des vĂ©ritĂ©s incontestables ou assez incontestables comme le titre de ce livre d’Alice Miller.

 

 

Que l’on parle de la torture, d’un viol, d’une blessure, d’un traumatisme, d’un harcĂšlement, d’un burn out, d’un dĂ©sespoir ou d’un plaisir consenti, il m’apparaĂźt trĂšs difficile d’Ă©chapper Ă  la vĂ©ritĂ© de ce titre d’Alice Miller. C’est pourtant une vĂ©ritĂ© Ă  laquelle, quotidiennement, nous tournons le dos ou que nous ignorons.

 

Des expĂ©riences de massage bien-ĂȘtre

 

Osny, dans le parc du chĂąteau de Grouchy, avril 2022. Photo©Franck.Unimon

Et, sans ĂȘtre psychanalyste, je suis restĂ© marquĂ© par cette dĂ©couverte que j’ai faite lors de ma formation en massage bien-ĂȘtre il  y a quelques annĂ©es :

 

Pour asseoir cette formation en massage bien-ĂȘtre, trĂšs concrĂšte, je me suis fait masser par diffĂ©rents stagiaires, femmes et hommes de diffĂ©rentes histoires et horizons. Y compris par un homosexuel, Ă  son domicile.

Et j’ai aussi massĂ© des stagiaires en formation massage bien-ĂȘtre comme moi, femmes et hommes. J’ai aussi massĂ© certains de mes proches et moins proches (famille, amis, connaissances).

 

J’ai appris que quelques personnes, une minoritĂ©, en se faisant masser au cours de cette formation en massage bien-ĂȘtre, dans un climat de rĂ©elle bienveillance, s’était effondrĂ©e en larmes. Des Ă©motions douloureuses, anciennes et ancrĂ©es en elles (j’ai plutĂŽt entendu parler de femmes Ă  qui cette expĂ©rience est arrivĂ©e), aspirĂ©es par les mains qui les massaient, avaient en quelque sorte « fracassĂ© Â» ces barrages mentaux qu’elles soutenaient de toutes leurs forces pour juguler une certaine souffrance intĂ©rieure et trĂšs forte. Cela pouvait ĂȘtre parce-que, jamais, dans leur enfance, on ne les avait touchĂ©es avec une telle « bienveillance Â». Ou pour toute autre raison


 

 

De mon cĂŽtĂ©, je me rappelle de mon effarement en massant deux amis de longue date. Deux amis que je connais depuis le collĂšge. Bien qu’officiellement volontaires tous les deux pour que je les masse, ces deux amis (masculins, donc) se sont rĂ©vĂ©lĂ©s particuliĂšrement indisponibles pour profiter du massage.

 

L’un expliquant Ă  sa compagne (j’étais venu le masser chez eux) un peu comme s’il s’agissait d’aborder un problĂšme de mathĂ©matiques, que, pour se faire masser, il « faut se laisser aller Â». Pour me montrer, ensuite…comme il avait particuliĂšrement du mal Ă  se laisser aller.

Lorsque l’on se laisse aller lors d’un massage, on peut soit se mettre Ă  pleurer si certaines Ă©motions douloureuses font surface ou, au contraire, se dĂ©tendre jusqu’à l’endormissement. Et il s’agit d’un endormissement rĂ©parateur et trĂšs agrĂ©able. MĂȘme si cet endormissement ne dure que quelques minutes.

 

Je me demande si j’ai le droit de faire un parallĂšle pour cet ami, qui est quand mĂȘme mon meilleur ami, entre le fait qu’il ait eu autant de mal Ă  recevoir mon massage et le fait que lorsqu’il a tentĂ© de faire une thĂ©rapie, il a pu dire qu’il ne s’y passait « rien Â», car ne parvenant pas, j’imagine, Ă  « s’ouvrir Â» suffisamment ou Ă  se « laisser Â» aller ou porter
..

 

J’ignore si le fait que mes deux amis se connaissent a jouĂ©. NĂ©anmoins, Ă  plusieurs jours ou plusieurs semaines d’intervalle, le second ami a fait encore « mieux Â» que le prĂ©cĂ©dent :

Alors que je le massais, chez moi, subitement, cet ami s’est avisĂ© qu’il lui fallait absolument consulter son tĂ©lĂ©phone portable. Je l’ai donc vu Ă©tendre son bras pour attraper son tĂ©lĂ©phone portable…. 

 

Mon propre pĂšre a refusĂ© ma proposition de se faire masser. Tandis que ma mĂšre, ma jeune sƓur et mon jeune frĂšre se sont faits masser avec plaisir. Mon frĂšre allant jusqu’à rester endormi dix bonnes minutes aprĂšs la fin du massage.

Lors d’une autre expĂ©rience, alors que, dans un centre de plongĂ©e et d’apnĂ©e en banlieue parisienne, je le massais Ă  mĂȘme la peau, un moniteur de plongĂ©e ( Ă©galement motard ) celui-ci, plutĂŽt sympathique, et volontaire Ă©galement,  parlait sans discontinuer.  Me racontant qu’il avait “dĂ©ja fait” des massages. S’amusant aussi quant au fait que j’avais peut-ĂȘtre prĂ©vu de ” la musique indienne” etc….

Il faut savoir que je fais plutĂŽt partie des personnes, qui, lorsqu’elles sont “dans” le massage, en tant que masseur ou massĂ©, entrent dans une sorte de mĂ©ditation :

Un peu sans doute comme dans la lecture d’un livre ou lorsque j’Ă©cris. Il m’est arrivĂ© d’ĂȘtre appelĂ© alors que j’Ă©tais en pleine Ă©criture. Et, souvent, la personne que j’ai eue au tĂ©lĂ©phone a eu l’impression de me rĂ©veiller. J’Ă©tais tout simplement encore ” en moi-mĂȘme” en rĂ©pondant au tĂ©lĂ©phone.

Lorsque je masse,  si la personne massĂ©e peut “entrer en elle”, j’entre aussi en moi-mĂȘme, tout en Ă©tant attentif Ă  la personne que je masse comme au temps que je mets. C’est un voyage Ă  la fois commun mais aussi individuel. Le corps de l’autre et  le contact de nos mains reliĂ©es bien sĂ»r Ă  notre ĂȘtre, donc, Ă©galement Ă  notre corps et Ă  notre propre vie intĂ©rieure permettent ce voyage.

Dans ces circonstances, ĂȘtre en prĂ©sence de quelqu’un qui se met Ă  parler pour “meubler” ou sans doute parce-qu’il est finalement mal Ă  l’aise, casse en quelque sorte l’ambiance. Un massage, de mon point de vue, est pour beaucoup un voyage intĂ©rieur mĂȘme si l’on part de “l’extĂ©rieur” ( le corps, des mains, de l’huile, un environnement et un moment particulier….).

 

NĂ©anmoins, ce jour-lĂ , s’il Ă©tait particuliĂšrement bavard lors du massage Ă  l’huile de son dos, ce “cobaye” moniteur de plongĂ©e, qui Ă©tait dĂ©ja descendu Ă  soixante mĂštres et plus profond en plongĂ©e bouteille, s’Ă©tait soudainement tu. Lorsque j’Ă©tais ensuite passĂ© Ă  une forme d’Ă©tirements et de balancements plus fermes mais aussi plus toniques qui dĂ©tendent Ă©galement. J’en avais dĂ©duit que c’Ă©tait cela qui convenait le mieux Ă  cet homme. Un homme que je n’ai jamais revu par la suite car en revenant plus tard, en accord avec le directeur de ce centre aquatique, pour masser et relaxer des plongeuses et des plongeurs volontaires avant leur sĂ©ance ( et il y’en eut), j’appris que ce moniteur de plongĂ©e s’Ă©tait tuĂ© quelques semaines plus tard Ă  moto. 

Un autre ami, toujours vivant, lui, que j’ai massĂ© deux ou trois fois, m’avait aussi surpris Ă  chaque fois. PlutĂŽt rĂ©servĂ© quant Ă  ses Ă©motions et assez dur au mal, trĂšs travailleur, perfectionniste, et plus que reconnu dans sa profession, chaque fois que j’avais commencĂ© Ă  le masser, cet ami s’Ă©tait mis subitement Ă  me parler – lui qui est plutĂŽt du genre Ă  voir toute forme de thĂ©rapie comme une absurditĂ©- et Ă  se confier Ă  moi sans que je ne m’y attende.

Je me rappelle aussi d’une fois, en particulier, oĂč, aprĂšs l’avoir massĂ©, j’avais “ramassĂ©” beaucoup de ses tensions intĂ©rieures. 

 

Enfin, bien-sĂ»r, plus d’une fois, des personnes m’ont dit ouvertement qu’elles voyaient le massage comme un prĂ©liminaire Ă  l’acte sexuel. Et que, de ce fait, il Ă©tait pour elles hors de question que je les masse. Cela a pu prendre des proportions trĂšs comiques avec mon beau-frĂšre. Ainsi qu’avec un ami, Raguse

 

 

Alice Miller a donc raison : Notre corps ne ment jamais. Et, selon l’état de confiance et de mĂ©fiance, d’attirance ou de rĂ©pulsion dans lequel on se trouve, on accepte, Ă  tort ou Ă  raison, de s’en remettre Ă  l’autre. Et, il me semble que l’Amour, c’est, Ă  un moment ou Ă  un autre, s’en remettre Ă  l’autre dans une certaine intimitĂ©.

 

Il est courant de considĂ©rer qu’une personne nous inspire de la mĂ©fiance parce-que son attitude nous apparaĂźt « louche Â» ou « suspecte Â». Et cela peut ĂȘtre vrai. Sauf que l’on parle moins souvent de ces fois oĂč l’on attribue Ă  quelqu’un des dĂ©fauts ou des vices, mais aussi des qualitĂ©s extraordinaires, qui existent principalement dans le dĂ©cor de notre imaginaire.

 

Couple se parlant, dans le mĂ©tro. Paris, avril 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Le DĂ©cor de notre imaginaire

 

J’ai plusieurs fois Ă©tĂ© marquĂ© d’entendre des femmes se plaindre d’histoires malheureuses qu’elles avaient pu connaĂźtre avec des hommes. Alors que, parallĂšlement Ă  cela, ces mĂȘmes femmes avaient pu se dĂ©tourner ou se montrer impitoyables avec d’autres hommes sincĂšrement attentionnĂ©s Ă  leur Ă©gard.

 

Pas plus tard qu’il y a quelques jours, une interne qui faisait sa derniĂšre garde dans mon service, en tant que stagiaire, me parlait d’une confĂ©rence ou d’un colloque oĂč elle s’était rendue et oĂč elle avait eu l’impression de se trouver « dans une secte Â» :

 

Un mĂ©decin chef (psychiatre, je crois) y Ă©tait admirĂ© par plusieurs de ses autres collĂšgues mĂ©decins. Des femmes, exclusivement.  Et, Ă  un moment donnĂ©, l’une d’elle, a pris la parole pour s’exprimer sur un sujet donnĂ©. Sauf que son point de vue n’a pas Ă©tĂ© partagĂ© par le mĂ©decin chef qui, devant tout le monde (environ une cinquantaine de personnes) lui a dit : « Tu dis n’importe quoi ! Â».

La jeune interne qui me racontait ça m’a ensuite appris, mĂ©dusĂ©e, que la femme mĂ©decin humiliĂ©e en public avait trouvĂ© des circonstances Ă  ce mĂ©decin chef qu’elle estimait si « gĂ©nial ! Â».

 

J’en ai rajoutĂ© une couche en disant Ă  cette jeune interne :

 

Peut-ĂȘtre ou sans doute que toutes ces femmes qui admirent ce mĂ©decin chef aimeraient s’autoriser Ă  ĂȘtre comme lui. Et j’ai en quelque sorte conclu en disant que, sans aucun doute, d’ici quelques annĂ©es, plusieurs de ces femmes mĂ©decins diront que travailler avec ce mĂ©decin chef a constituĂ© ou aura constituĂ© l’une des meilleures pĂ©riodes de leur vie professionnelle mais aussi personnelle.

 

Mona Chollet, dans son livre, RĂ©inventer l’Amour, parle de ces sujets autrement. Avec d’autres exemples. En citant Marlon Brando et Serge Gainsbourg, deux hommes, deux PersonnalitĂ©s et deux artistes, encore adulĂ©s. Des modĂšles pour bien des femmes et des hommes encore aujourd’hui.

 

Lorsque l’on lit l’ouvrage de Mona Chollet, on rit jaune en dĂ©couvrant l’envers du dĂ©cor conjugal de Marlon Brando et Serge Gainsbourg. Pareil pour Miles Davis, mon musicien prĂ©fĂ©rĂ© malgrĂ© ce que je savais dĂ©ja de lui en tant que pĂšre plus qu’absent et dĂ©plorable.

 

Dans le livre de Mona Chollet, cela m’a fait rire de lire ce passage oĂč Miles, jaloux et paranoĂŻaque, persuadĂ© qu’un rival amoureux se cachait  Ă  la maison, s’est mis Ă  dĂ©valer les escaliers,  un couteau de cuisine Ă  la main.

Je peux me permettre de rire, d’une part, parce que Cicely Tyson, je crois, sa compagne de l’époque, est toujours en vie. Mais, aussi, parce-que, plusieurs annĂ©es aprĂšs la mort de Miles (en 1991, la mĂȘme annĂ©e que Serge GainsbourgMona Chollet nous apprend dans son livre que Cicely Tyson affirme encore que Miles est « son homme Â».

La grande chanteuse de Blues, Billie Holliday, finalement, ne chantait pas autre chose. Et Edith Piaf ?

 

 

Je peux rire jaune concernant Miles et son couteau de cuisine. Pourtant, concrĂštement, il y a Ă  peine deux semaines, avec deux de mes collĂšgues, nous avons transfĂ©rĂ© un homme, dans un service d’hospitalisation en psychiatrie, parce-que, Monsieur, aprĂšs avoir pris de la cocaĂŻne avec sa compagne, et chez elle, a commencĂ© Ă  ĂȘtre persuadĂ© que quelqu’un se cachait dans l’appartement. Et que celle-ci lui mentait. Alors, Monsieur a violentĂ© sa compagne, a confisquĂ© ses deux tĂ©lĂ©phones portables. Il a fallu l’intervention de la police, appelĂ©e par des voisins, pour sortir la compagne de cet embarras. Lors du transfert, que nous avons effectuĂ© de nuit, aprĂšs une nuit passĂ©e par ce patient dans notre service, ce Monsieur ne m’a pas semblĂ© plus culpabilisĂ© que cela concernant son comportement. Il ne m’a pas non plus donnĂ© l’impression de douter plus que cela de pouvoir renouer avec sa compagne. Laquelle, si elle avait confirmĂ© les faits devant la police, avait refusĂ© de porter plainte contre lui.

 

 

Cette ambivalence toute autant fĂ©minine que masculine vis Ă  vis de l’Amour permet de s’apercevoir que le livre de Mona Chollet traite d’un sujet bien plus sĂ©rieux et difficile qu’il n’y paraĂźt. Et Mona Chollet a fourni un gros travail de recherche. Son livre est facile et agrĂ©able Ă  lire. J’ai aimĂ© la façon, dont, par moments, elle entremĂȘle, sans trop en rajouter, des bouts de ses expĂ©riences personnelles qui complĂštent son livre et en font un objet Ă  cƓur ouvert qui tranche avec ces livres pleins de dialectiques alambiquĂ©es et thĂ©oriques.

J’ai aussi aimĂ© toutes ces rĂ©fĂ©rences qu’elle nous donne en termes d’ouvrages ou de personnalitĂ©s portĂ©es sur ce sujet des relations entre les femmes et les hommes. C’est en lisant ce livre que j’ai ainsi dĂ©couvert Victoire Tuaillon dont j’ai empruntĂ© le livre Les Couilles sur la Table que je n’ai pas encore lu. PrĂ©fĂ©rant d’abord lire Retour de flammes ( les pompiers, des hĂ©ros fatiguĂ©s ?) de Romain Pudal dont le titre peut faire penser que j’ai eu besoin de me rassurer en me rĂ©fugiant dans un sujet « bien viril Â» alors que, finalement, je trouve que plusieurs caractĂ©ristiques des valeurs que l’on trouve chez les pompiers convergent  trĂšs bien avec ce que je vis- en partie- dans mon service actuel. Et, donc, avec le sujet du livre de Chollet.

 

Mona Chollet, dans ce livre-ci, parle aussi de l’image de la femme. Des contraintes vestimentaires que la femme peut s’infliger pour plaire. Dans cet article, j’ai insĂ©rĂ© des photos- trĂšs courantes- de publicitĂ©s montrant des femmes dĂ©nudĂ©es. Ces photos ont plu Ă  mon regard tant d’un point de vue esthĂ©tique qu’Ă©rotique. Mais il m’a semblĂ© que parler du livre de Mona Chollet en l’illustrant, aussi, avec ces photos, peut aussi permettre de se rappeler du monde dans lequel nous vivons comme de la façon dont, souvent, des jeunes femmes, nous sont prĂ©sentĂ©es. MĂȘme si, par ailleurs, pour ma part, je sais trĂšs bien que je ne rencontrerai jamais, dans la vraie vie, des femmes aussi avantagĂ©es physiquement. Et mĂȘme si cela arrivait, cela ne suffira pas forcĂ©ment pour devenir intime avec elles ou “amis”.

On dira donc que je regarde ces photos pour “l’art”, car ce sont souvent de belles photos ainsi que pour le plaisir des yeux. Et qu’en lisant un ouvrage comme celui de Chollet, je m’aperçois un peu plus de ce que ces mĂȘmes photos peuvent avoir de brutal et d’oppressant pour l’identitĂ© de certaines femmes. Et, Ă©videmment, en tant que pĂšre d’une fille, je m’inquiĂšte sans doute aussi un peu plus de la portĂ©e de ce genre de clichĂ©s photographiques, quasi-pornographiques, sur certains enfants mais aussi sur d’autres personnes plus ĂągĂ©es. 

A propos de la pornographie, on peut peut-ĂȘtre lire cet article que je dĂ©couvre de plus en plus lu sur mon blog : Brigitte Lahaie en podcast . Un article que j’avais Ă©crit au mois de Mai de l’annĂ©e derniĂšre.

 

Mais j’ai nĂ©anmoins bien parlĂ© de l’ambivalence « autant fĂ©minine que masculine Â» vis Ă  vis Ă  de l’Amour.

Photo©Franck.Unimon

L’ambivalence « autant fĂ©minine que masculine Â» vis Ă  vis de l’Amour :

 

Certaines Ɠuvres, comme certaines rencontres ou expĂ©riences, nous marquent encore plusieurs annĂ©es plus tard.

 

Le film Mystic River de Clint Eastwood fait partie de ces Ɠuvres et expĂ©riences pour moi. A la fin du film, nous savons que Sean Penn, a Ă©tĂ© persuadĂ© que son ami d’enfance, interprĂ©tĂ© par l’acteur Tim Robbins, est celui qui avait assassinĂ© sa fille.

Alors, Sean Penn, devenu, adulte, plus ou moins un caĂŻd dans son quartier, a fait « avouer Â» Ă  son ancien ami d’enfance que c’est bien lui qui avait assassinĂ© sa fille ( la fille de Sean Penn). Une fois que l’ami d’enfance ( Tim Robbins), brutalisĂ© et intimidĂ© par Sean Penn et ses hommes, a « avouĂ© Â», Sean ( qui porte bien-sĂ»r un autre prĂ©nom dans le film) applique ce qu’il considĂšre ĂȘtre la justice d’un pĂšre vengeant l’assassinat immonde de sa fille . Et il exĂ©cute son ami d’enfance. Car les « aveux Â» de celui-ci ont balayĂ© ses derniers doutes.

 

Pourquoi Sean Penn croit-il plausible que son ami d’enfance ait pu assassiner sa fille ? Parce-que, plus jeunes, alors que Sean Penn, Tim Robbins et Kevin Beacon, jouaient ensemble dans leur quartier, le jeune Tim, perçu, en le regardant, comme le plus fragile psychologiquement du trio, avait Ă©tĂ© kidnappĂ© par deux adultes se dĂ©plaçant en voiture. Puis violĂ©.

 

Ce qui veut dire qu’un prĂ©dateur ne choisit pas n’importe quelle proie. Et qu’une fois que l’on a Ă©tĂ© la proie ou la victime de quelqu’un, qu’il peut rester en nous, la trace de ce passĂ© qui peut ĂȘtre retrouvĂ©e- et utilisĂ©e- par quelqu’un d’autre. Si, entre-temps, on n’a pas appris Ă  se dĂ©fendre en cas d’agression ou Ă  mieux reconnaĂźtre, et plus vite, de vĂ©ritables agresseurs et prĂ©dateurs, lorsqu’il s’en prĂ©sente.

 

On peut ĂȘtre un homme et avoir Ă©tĂ©, plus jeune, le souffre-douleur attitrĂ© de certaines personnes parce-que l’on a Ă©tĂ© identifiĂ© comme celui qui est « faible Â» ou qu’il est facile de malmener pour s’amuser. C’est ce que j’ai compris lorsque le combattant français Patrice Quarteron, nĂ© en 1979, dont je dĂ©couvre le surnom « Le RĂŽnin sombre Â», pratiquant du Muay ThaĂŻ, a pu dire dans une interview que, plus jeune, malgrĂ© ou Ă  cause de sa grande taille, qu’il Ă©tait souvent celui que l’on venait frapper. Quarteron allant, alors, jusqu’à ironiser en se remĂ©morant ce passĂ© en disant quelque chose comme :

 

« C’était drĂŽle, c’était toujours Patrice Quarteron que l’on venait frapper
. Â». On revenait « toujours Â» le frapper, comme on revenait souvent frapper Ă  une mĂȘme porte, parce qu’à cette Ă©poque, rĂ©volue, Quarteron Ă©tait « connu Â» comme celui sur lequel on pouvait facilement venir se dĂ©fouler. Pour faire passer le temps.

Comme on peut le faire pour certaines femmes sexuellement ou physiquement. Ou, sur certains enfants.

Dans Mystic River, face aux trois jeunes garçons dont les personnages sont jouĂ©s, adultes, par Sean Penn, Tim Robbins et Kevin Beacon, les deux hommes prĂ©dateurs, ĂągĂ©s d’une quarantaine d’annĂ©es, Ă©tablissent que le « jeune Â» Sean Penn est un dur Ă  cuire qui va leur donner du mal. Et que le « jeune Â» Kevin Beacon est trop malin. Cela semble se « voir Â» ou se deviner en regardant ces trois jeunes garçons qui doivent avoir alors 12 ans tout au plus.

Alors, les deux prĂ©dateurs se rabattent sur le « jeune Â» Tim Robbins. Le plus docile, le plus vulnĂ©rable et sans doute aussi le plus poli et le plus gentil. Celui qui est, ici, trop pĂ©tri de bonnes maniĂšres. Celui, qui, plus tard, sans doute aurait Ă©tĂ© un homme galant, attentionnĂ© etc est celui qui est sacrifiĂ©. 

Etant donnĂ© que les apparences peuvent ĂȘtre trompeuses, les deux prĂ©dateurs auraient pu tomber sur un jeune “Tim”, finalement bien plus combattif qu’ils ne l’avaient cru. Mais il se trouve que le jeune “Tim” s’est rĂ©vĂ©lĂ© ĂȘtre la victime “idĂ©ale” pour ces deux hommes. Peut-ĂȘtre du fait de leur dĂ©ja grande “expĂ©rience” mais aussi de leur instinct de “chasseurs”. 

 

A la fin du film Mystic River, Sean Penn apprend qu’il s’est trompĂ© sur son ancien ami d’enfance. Et que celui-ci n’était pas l’assassin de sa fille. Sean Penn a alors un moment d’effondrement face  Ă  sa femme. Et, lĂ , celle-ci, le « remonte Â» et lui dit, ou plutĂŽt lui assĂšne, qu’il a fait ce qu’il fallait faire ! Qu’il s’est comportĂ© comme un chef de tribu doit le faire ! Nous avons donc, lĂ , une mĂšre, et une femme, qui considĂšre qu’un homme, en tant que chef de famille, mĂȘme s’il se trompe, doit ĂȘtre capable de s’imposer physiquement et de tuer pour protĂ©ger ou dĂ©fendre sa famille. Nous sommes donc ici trĂšs loin du discours selon lequel il est attendu d’un homme qu’il soit aux petits soins avec sa femme et sa progĂ©niture ; qu’il fasse des bons petits plats ; qu’il invite sa femme au restaurant, lui dĂ©clame des poĂšmes, change les couches des enfants, aille faire les courses et participe aux tĂąches mĂ©nagĂšres comme aux devoirs scolaires des enfants etc
.

 

Parce-que, mĂȘme si un homme peut cumuler certaines aptitudes domestiques avec celles d’un Sean Penn dans Mystic River, il m’apparaĂźt peu plausible qu’un mĂȘme homme puisse et Ă  la fois ĂȘtre l’équivalent d’un Sean Penn dans Mystic River mais, aussi, ĂȘtre un compagnon doux et attentionnĂ© selon  certains critĂšres d’égalitĂ© officiels entre les femmes et les hommes, et qu’il soit recherchĂ© pour cela par la majoritĂ© des femmes.

Il me semble que tout en recherchant plus d’Ă©galitĂ© avec les hommes, que bien des femmes vont prĂ©fĂ©rer avoir un Sean Penn tel qu’il est dans Mystic River soit comme amant, soit pour mari et pĂšre de leurs enfants. Tandis que d’autres femmes ne pourront pas accepter de vivre avec un homme pareil car elles se sentiront incapables de “rivaliser” ou avec lui ou  ne pourront pas le “maitriser” ( le dominer)….

Je me rappelle qu’il y a plusieurs annĂ©es, un ami guadeloupĂ©en, nĂ© en Guadeloupe et y rĂ©sidant toujours, m’avait dit qu’il Ă©tait du genre romantique. Et qu’il s’était vite aperçu qu’il ne correspondait pas du tout au type d’homme recherchĂ© par les femmes du pays.

Il s’est ensuite mariĂ© avec une Polonaise avec laquelle il vit en Guadeloupe depuis des annĂ©es avec leurs enfants.

 

Dans un podcast Ă©coutĂ© rĂ©cemment, dans l’émission Les pieds sur terre, une jeune femme raconte comment elle aime soumettre les hommes. Peu m’importe qu’elle soit adepte de relations BDSM dĂšs l’instant oĂč celles ci sont consenties entre adultes. Ce qui m’a dĂ©rangĂ©, c’est que cette femme a ouvertement dit ĂȘtre attirĂ©e par des femmes plutĂŽt que par des hommes. Et, je n’ai pu m’empĂȘcher de voir de la perversion et une trĂšs grande satisfaction personnelle de sa part dans ce qui, pour moi, Ă©tait le contraire absolu d’une relation. MĂȘme si les hommes qu’elle soumettait Ă©taient et sont consentants. Car pour qu’il y ait Amour, il faut dĂ©jĂ  qu’il y ait un minimum de relation entre deux personnes. Ce qui implique, Ă  mon avis, une certaine Ă©galitĂ©, Ă  un moment donnĂ©. Si l’on parle d’une relation. Alors que dans le tĂ©moignage de cette jeune femme, assez contente d’elle, je ne voyais pas oĂč Ă©tait cette Ă©galitĂ© et cette rĂ©ciprocitĂ©. Cette jeune femme racontait simplement comment elle prenait son pied Ă  humilier et Ă  soumettre avec le consentement de « ses Â» hommes.

 

Enfin, dans un autre podcast, une femme raconte qu’à un moment de sa vie, elle avait besoin de faire l’Amour tous les jours. En changeant de partenaire rĂ©guliĂšrement. Pourquoi pas ? Sauf que sa libido n’était pas au rendez-vous et elle s’est demandĂ©e comment elle pouvait y remĂ©dier. D’oĂč son podcast dans lequel elle raconte comment elle s’y est prise pour accroĂźtre sa libido. Ce faisant, elle a entendu parler de la poudre de Maca qui, sur elle, a eu peu d’effets. Alors que, toujours dans ce podcast, elle interviewe une femme pour qui la poudre de Maca a eu l’effet aphrodisiaque recherchĂ©.

J’en profite pour dire que, depuis, je suis allĂ© acheter de la poudre de Maca. Non pour gonfler ma libido. Mais parce-que je me sens fatiguĂ© en ce moment et que j’ai dĂ©couvert, grace Ă  ce podcast, que la poudre de Maca pouvait faire du bien lorsque l’on est fatiguĂ©. J’en suis Ă  trois jours de prise quotidienne Ă  raison d’une cuillĂšre Ă  cafĂ© le matin et j’ai tendance Ă  confirmer pour l’instant les propriĂ©tĂ©s requinquantes de la poudre de Maca. Et tant mieux, car ces 200 grammes de poudre de Maca m’ont quand mĂȘme coĂ»tĂ© prĂšs de 30 euros !  

 

Par contre, alors que j’écoutais ce podcast centrĂ© sur la recherche de moyens pour maintenir ou remettre une libido Ă  flot, j’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© que la personne autrice de ce podcast oublie, selon moi, l’essentiel :

 

Le but est d’avoir une remontĂ©e de libido ? Alors, peut-ĂȘtre faut-il d’abord commencer par avoir une relation sincĂšre avec quelqu’un et s’attacher Ă  cette personne. Cela me semble aussi simple que cela. Et je crois – ou espĂšre- que le livre de Mona Chollet va aussi dans ce sens-lĂ . MĂȘme si, comme on s’en doute, le sujet de l’Amour peut durer une vie entiĂšre.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 2 Mai 2022.