Les Portes ouvertes des Frigos ce dimanche 22 Mai 2022
Un des documents affichés que l’on peut voir à un des étages des Frigos ce dimanche 22 Mai 2022.
Pareil au document ci-dessus.
Idem.
Idem. Je confirme le fait que ce lieu est très cinématographique.
Je suis retourné aux anciens Frigos de Paris, dans le 13ème arrondissement de Paris, ce dimanche 22 Mai 2022 parce-que, quelques jours plus tôt, le 12 Mai, j’ai raté un bus.
Et que j’ai pris le suivant avec B… un des artistes résidents depuis une vingtaine d’années. Après son père. Lequel B… m’a parlé de ces portes ouvertes du 21 et du 22 Mai 2022.
J’étais venu la première fois aux Frigos au début des années 90. Un camarade de la Fac de Nanterre m’avait parlé de ses studios de répétition de musique. Un camarade plutôt sympathique mais aussi étonnant, peut-être mythomane. Néanmoins, ce qu’il m’avait dit des Frigos m’avait donné envie d’y aller.
J’habitais encore à Cergy-Pontoise. J’étais descendu à la station de métro du Quai de la gare. La ligne 14 du métro n’existait pas. Les lieux m’avaient épaté avec leurs grosses portes de frigo. Leur atmosphère. J’avais trouvé un lieu qui sortait des contours de l’ordinaire. Je m’étais alors senti moins lisse, moins scolaire. Même si je ne savais pas quoi faire de cette « découverte » qui n’en n’était pas une pour d’autres.
Néanmoins, content de moi, j’y avais emmené ma copine de l’époque. Laquelle, intimidée, m’avait dit :
« C’est bon, tu as réussi ton coup. Ça me fait peur. Maintenons, partons ! ». C’était en 1992 ou en 1993.
Puis, il y a un peu plus de cinq ans, je me suis approché à nouveau des anciens Frigos de Paris. Lesquels, entretemps, m’avaient semblé plus inaccessibles qu’au début des années 1990.
Sauf lorsque j’avais appris que Stéphane Bourgoin, alors encore spécialiste français incontournable des tueurs en série (en 2020, il fut confondu pour plusieurs de ses mensonges ) y organisait, sous les voutes, près des anciens Frigos de Paris, un événement relatif à ce sujet.
C’était après la parution du livre Utθya, en 2013, de Laurent Obertone « consacré » à la tuerie de masse commise en Norvège, à Oslo et sur l’île d’Utθya, par Anders Breivik en 2011. Je me rappelle de Stéphane Bourgoin évoquant ce livre devant moi avec un certain enthousiasme et de mon embarras : je ne l’avais pas lu malgré mon “intérêt” pour la criminologie et alors que je l’avais interviewé (Stéphane Bourgoin) deux fois deux ou trois ans plus tôt.
J’avais trouvé les salles des voutes des anciens Frigos de Paris très bien ajustées à l’événement, question ambiance. Une nuit cinéma y avait même été organisée. Durant l’une des journées de cet événement consacré aux tueurs en série, je me rappelle de certains intervenants, dont un magistrat. Et d’un inspecteur de police qui avait croisé Richard Durn, auteur de la tuerie de la mairie de Nanterre, lors d’un conseil municipal, après son arrestation. J’avais connu Richard Durn au lycée de Nanterre et j’avais passé quelques moments avec lui. Je me souviens assez bien de lui. ( Au Lycée ).
Dans les voutes proches des frigos, des livres et des bandes dessinées avaient également été mis en vente avec possibilité de dédicace. Dont Mon ami Dahmer de Derf Backderf. Cela devait être en 2013 ou 2014.
Pour un peu toutes ces raisons, retourner ce dimanche 22 Mai 2022 aux anciens Frigos, revenait aussi à retourner dans mon passé.
Plusieurs des artistes rencontrés, visités, ce dimanche, étaient déja résidents aux Frigos lors de ma première venue au début des années 90. C’est en discutant un peu avec eux que je l’ai appris. Car ce dimanche 22 Mai, pas de tueur en série ou d’odeur de poudre lorsque j’arrive. Une ambiance agréable. Plusieurs personnes sont attablées, dehors, dans la cour intérieure pavée et prennent un verre. Mais je ne peux pas m’asseoir avec elles. Puisque j’arrive plus tard que prévu et je ne sais pas combien de temps il me reste pour “entrer” dans les Frigos. En passant, je vois que j’ai raté un concert de Rap mais aussi une prestation de poésie.
Si le public que j’aperçois est assez féminin, on vient aussi à ces portes ouvertes en famille. La veille, je suis allé au Survival Expo Paris 2022. Ce qui m’a amené à venir seulement ce dimanche.J’ai envisagé de venir le matin avec ma fille mais les devoirs pour l’école ont pris plus de temps que prévu. Et puis, je me suis demandé si cet endroit lui conviendrait. Oui, il aurait pu convenir car j’ai croisé quelques parents avec leurs enfants.
J’arrive sur la fin de ces portes ouvertes. Il est près de 18h et j’ai le plaisir d’apprendre que cela se terminera à 20H. J’appréhendais que cela ne s’arrête plus tôt.
Si je passe d’abord par le premier et le second étage, j’opte ensuite assez rapidement pour monter (par les escaliers, plutôt que par l’ascenseur qui fonctionne) le plus haut possible. Au 4ème et au 5ème étage.
Comme il y a un peu de visiteurs et qu’il fait beau, au mois de Mai, je ne ressens pas cette atmosphère inquiétante que j’avais trouvée la première fois où il faisait sombre ou nuit, alors que pas grand monde ne circulait dans les escaliers et les couloirs.
Les photos qui arrivent ne suivront pas toujours avec exactitude la chronologie de ma visite ce dimanche 22 Mai 2022.
Sculptrice, céramiste, peintre, Isabelle Mouedeb est également art-thérapeute et pédagogue. J’ai été particulièrement attiré par ses sculptures en céramique pour lesquelles elle utilise ” deux techniques principales : le raku et l’enfumage. Sur un prospectus qu’elle m’a remis, ces deux techniques, que j’ai découvertes, sont expliquées. Il n’y a rien d’étonnant dans le fait que la technique du Raku m’ait plu puisque je suis amateur de thé japonais et avais ramené de mon voyage au Japon une tasse de thé en céramique sans aucun doute fabriquée avec cette technique.
Sans la lecture, deux heures plus tôt, de quelques articles du magazine Yashima (très bonne interview de Didier Beddar par Léo Tamaki) puis du magazine Survivre, j’aurais raté cette édition de Survival Expo Paris 2022 et de Vivre Autonome.
Deux à trois semaines plus tôt, en commençant la lecture du magazine Survivre, j’avais appris- puis, finalement, oublié- le « retour » de cette exposition, disparue pendant deux ans, pour cause de….pandémie du Covid et de confinement.
En France, en Mars 2020, la déclaration de la pandémie du Covid par le Président EmmanuelMacron -et de son gouvernement- avait marqué. Car cette déclaration avait été suivie de mesures qui avaient alors transformé radicalement notre mode de vie :
Le premier confinement ; les gestes et mesures « barrière » ; la pénurie puis l’arrivage de masques anti-Covid avec leur port rendu obligatoire ; la fermeture des écoles ; l’interdiction ou la réduction des lieux de rassemblent ; les premiers vaccins anti-Covid ont commencé à arriver fin 2020 bien plus rapidement que la « normale ». D’abord laissés au libre arbitre de chacun, ils sont ensuite devenus obligatoires au même titre que le passe sanitaire en été 2021.
Depuis octobre 2021, des professionnels fonctionnaires de l’Etat, au contact du public, qui ont maintenu leur refus de la vaccination anti-Covid, devenue obligatoire, sont suspendus sans salaire de leurs fonctions par l’Etat.
Aujourd’hui, la pandémie du Covid est officiellement mieux régulée, mais aussi plus atténuée.
Il y a presque un an, maintenant, (depuis juin 2021 si mes souvenirs sont exacts), que nous avons commencé à « sortir » des règles strictes :
En matière de périmètre géographique de déplacement (qui a pu être limité à 50 kilomètres autour de notre domicile sauf pour certaines raisons justifiables et officielles) ; concernant certains horaires de fermeture (les commerces ou administrations fermaient plus tôt lorsqu’ils avaient l’autorisation d’être ouverts) ; Avant le début des élections présidentielles en avril de cette année, le passe sanitaire a cessé d’être obligatoire dans les lieux publics. Et, depuis ce 16 Mai, nous pouvons, à nouveau, nous dispenser du masque anti-Covid dans les transports en commun. Cependant le masque anti-Covid est recommandé en période d’affluence ou si l’on se sait porteur de la maladie du Covid.
Depuis bientôt trois mois, nous sommes informés de la guerre en Ukraine par l’invasion au moins militaire de l’armée russe le 24 février. Il y a d’autres guerres et d’autres troubles de par le monde. Mais la guerre en Ukraine nous concerne directement nous rappelle-t’on régulièrement. Pour être approvisionné en pétrole mais aussi en céréales et en diverses autres matières premières. Le prix de l’essence a augmenté depuis le début de la guerre en Ukraine deux mois. Le prix du litre de l’essence est désormais proche de 2 euros le litre ou dépasse les deux euros selon les stations essence.
Et, puis, au travers de la guerre en Ukraine, plane le risque d’une troisième guerre mondiale et, avec elle, celle de l’éventualité qu’une bombe nucléaire explose, à un moment ou à un autre. La France, le pays où je vis et depuis lequel j’écris, fait partie des pays qui soutiennent l’Ukraine au moins militairement.
Pour se changer les idées, on sort parfois un peu prendre l’air. Car il commence à faire beau. Où l’on suit certains événements culturels ou sportifs qui bénéficient d’une certaine couverture médiatique internationale. Le festival de Cannes a débuté le 17 Mai et se terminera le 28 Mai. Le Tournoi de Roland Garros a commencé le 22 Mai et se terminera le 5 juin. Mais il nous est aussi rappelé que le réchauffement climatique se perpétue et perturbe la Terre. Que les températures sont excessivement élevées. Qu’il y a déjà la sécheresse dans une quinzaine de départements françaises où les nappes phréatiques sont au plus bas ainsi que dans certaines régions du monde où les températures montent jusqu’à 50 degrés.
C’est dans ce contexte que je me rends pour la première fois à Survival Expo, présentée comme une manifestation pour « survivalistes ». Et, je m’aperçois maintenant qu’avec toutes ces nouvelles alarmantes, j’aurais dû, avec des milliers d’autres, me catapulter, dès l’ouverture, à ce Survival Expo. Pourtant, j’ai fait l’exact contraire. Je me suis même permis d’oublier cette manifestation.
Est-ce de l’inconscience, de la naïveté totales de ma part ? Suis-je complètement, et désespérément, abruti, suicidaire ou béatement- et de façon ridicule- optimiste ? Avant de partir pour le Survival Expo, j’ai même envie d’emporter avec moi le livre de Victoire Tuaillon afin de véritablement commencer à le lire. Un ouvrage féministe qui parle de la façon dont se fabrique l’identité masculine et la façon dont cela affecte les relations entre les femmes et les hommes.
Mais, finalement, je retire le livre du sac en me disant qu’il prend de la place et que je ne serai pas suffisamment réceptif pour bien profiter de sa lecture.
Depuis la façon de penser d’une personne dite « complotiste », je suis certainement très mal parti pour m’en sortir en cas de mort subite de l’univers. Et, sans doute que selon cette catégorie de personne, dite « complotiste », je fais partie du troupeau de gogos qui sera décimé dès le début de la grande catastrophe qui va bien finir par arriver. D’ailleurs, mon extinction, et celle d’autres gogos tout aussi inconscients, laissera un peu plus de place pour celles et ceux qui restent. Et, en particulier, pour les « vraies » personnes méritantes. Les personnes innocentes ( les bébés, les enfants) et celles et ceux qui ont vu venir le péril, qui l’avaient d’ailleurs annoncé, qui s’y sont préparés, et qui ont été ignorées ou ont pu être méprisées par tout une autre catégorie de personnes beaucoup trop sûres d’elles et bien moins informées qu’elles ne le croyaient ou l’affirmaient.
Survivaliste/Complotiste, il convient maintenant de s’attarder sur ces deux mots qu’il faut sans doute voir comme une des nombreuses facettes ou dualités de l’être humain.
Survivaliste/ Complotiste
Depuis la pandémie du Covid, le terme « survivaliste » peut, par moments, se confondre, à tort, avec le terme « complotiste ».
Parce-que le gouvernement a pris certaines mesures face à la pandémie du Covid (confinement, restriction de certaines libertés individuelles, obligation vaccinale…) mais aussi montré une impréparation ou une incompétence ( pénurie de masques au début de la pandémie…) qui ont provoqué un scepticisme virulent et croissant chez certaines personnes ou groupes de personnes.
Au cinéma, des figures telles que Rambo, James Bond, Jason Bourne, Captain America, Batman, Spiderman, John Wick, ou Wonder Woman et Lara Croft sont des figures survivalistes « positives ». A l’inverse, dans la vraie vie, la personne « survivaliste » peut vite être cataloguée comme étant une personne paranoïaque ou raciste ou fasciste au même titre que la personne dite « complotiste ».
Le terme « survivaliste », selon moi, divise. Tantôt, on peut lui trouver des vertus du bout des lèvres. Tantôt, il peut susciter une certaine forme de sarcasme.
Le terme « complotiste », lui, me paraît plus mal perçu que celui de « survivaliste ».
L’événement dont je parle étant le Survival ExpoParis et non le Complotiste Expo Paris, je vais bien-sûr principalement parler de mon expérience du Survival Expo Paris.
Lorsque je pense à la mauvaise connotation que peut avoir le terme « survivaliste », j’ai un peu l’impression que la personne survivaliste serait un peu l’équivalent du « bouseux », au fin fond des Etats-Unis, davantage complice avec ses armes à feu, -obtenues en toute légalité à des tarifs défiant toute concurrence- qu’avec la Loi et l’amour de son prochain.
« Bouseux ?! » :
Dans ma première version, cette partie « Bouseux ?! » n’existait pas. Je la dois à une personne, rencontrée à la fin de ma visite du Survival Expo Paris 2022, et qui a préféré rester inconnue.
En lisant le mot « Bouseux », cet inconnu a réagi, le trouvant sans doute trop péjoratif.
J’ai d’abord été un peu contrarié par sa remarque. Lorsque l’on passe du temps sur la rédaction d’un article et que le résultat nous semble à peu près responsable et satisfaisant, et que l’on est assez pressé de le publier, pour être un peu dans l’actualité mais aussi parce-que notre emploi du temps a ses contraintes et que l’on aimerait concrétiser d’autres projets, il peut être d’abord contrariant de devoir constater que l’on n’est pas suivi dans notre élan comme on l’aurait souhaité. Et que, à nouveau, on va devoir se limiter, se censurer, se justifier. Et retravailler.
Mais répondre à la remarque de cet inconnu m’a permis de mieux réfléchir au sens du mot « Bouseux ». Et, de mieux, expliquer, démontrer, les raisons pour lesquels je l’utilise dans cet article.
Je restitue- à quelques corrections près- ce que j’ai spontanément répondu à cet inconnu, en le remerciant à nouveau pour m’avoir interpellé à propos de ce terme :
« Le terme “bouseux” est en effet péjoratif : je l’utilise ici précisément pour parler des préjugés que l’on peut avoir ou que l’on pourrait avoir lorsque l’on parle des survivalistes. Il s’agit de retourner le préjugé. Puisque, ensuite, mon article démontre que je n’ai croisé au Survival que des personnes ” a priori” très correctes.
En tout cas, l’idée est bien de parler de préjugés vis-à-vis d’une catégorie de personnes dont le mode de vie nous est éloigné : ici, c’est l’opposition très classique entre la campagne et la ville lorsque je parle de “bouseux”. Tout en sachant qu’évidemment, nous avons tous en nous un côté “bouseux”. Mais, aussi, tout intérêt à en avoir un. Sourire.
On peut aussi se rappeler, mais, évidemment, je te le dis maintenant parce-que tu m’interpelles à propos de ce terme de “bouseux” et que cela m’oblige à détailler la raison pour laquelle j’ai choisi ce terme plutôt qu’un autre :
qu’un “bouseux” ou une “bouseuse”, c’est une personne qui met sa main dans la boue ou dans la merde. Quelqu’un qui se mouille et qui s’implique et qui fait en sorte que les choses se font. Et non quelqu’un qui passe son temps à faire la belle ou le beau à la télé, en société ou devant un micro. Donc, le terme est “péjoratif”, oui. Mais dans les faits, il l’est moins qu’on ne le croit.
Je ne connais pas l’étymologie du mot “bouseux” ni qui a inventé ce terme. Mais l’on peut penser qu’il a été créé par une personne d’un milieu social supérieur et/ou citadin.
Lorsque je dis “bouseux”, vu que ta remarque me pousse à réfléchir sur le sens de ce terme, je me dis que l’on peut remplacer le mot “bouseux” par le mot “éboueur”, ou ” ouvrier”, ou “infirmier” ou “caissier” ou manutentionnaire, soit une grande partie, finalement, de personnes de classes sociales modestes, défavorisées ou moyennes qui ont souvent, principalement, leurs mains, leur vitalité physique, leur débrouillardise, leur endurance, mais aussi leurs “astuces”, leur système D, leur solidarité, leurs croyances et leurs valeurs, aussi, afin de faire face au monde et à la vie.
Le “bouseux” est aussi celui qui ne se défile pas parce-que, de toute façon, il ne peut se défiler. Son travail ou son devoir, il sait qu’il le fera. Soit parce-que personne d’autre ne viendra le faire à sa place. Soit parce-que la Loi saura venir lui réclamer des comptes.
Le “bouseux” est aussi celle ou celui qui n’a pas de passe-droit.
Dit comme ça, j’imagine que l’expression “bouseux” (te) dérangera moins. Peut-être ou sans doute devrais-je rajouter cette partie dans mon article à propos du terme “bouseux”. Je le ferai sans doute. Car je crois que c’est important.
Ensuite, je ne pourrai pas détailler chacun de mes termes comme je le fais pour le terme “bouseux”. Sourire.
Je n’ai rien contre la campagne. J’ai des origines campagnardes. Et, à mon avis, des personnes entraînées à la vie à la campagne ont des aptitudes à la survie supérieures à la majorité des citadins, dont je fais partie, qui ont oublié ou qui ignorent le Ba-ba de la survie ».
Voici donc, en grande partie, ce que j’ai répondu à cette personne pour justifier et quasiment revendiquer l’emploi du terme « bouseux ».
Puis, quelques heures sont passées. J’ai décidé de reprendre la rédaction de cet article en passant par une étape très classique lors de l’usage d’un mot : Le dictionnaire. Dans son format papier. Car j’ai un vieux dictionnaire Robert, chez moi, depuis des années. Aussi, je regarde le terme « Bouseux » en me disant presque qu’étant donné que ce terme est une fabrication, que je ne vais peut-être pas trouver son étymologie. Je cherche et je trouve :
« Bouseux. Nom masculin-bousoux 1885 ; mot de l’ouest ; de bouse. Familier et péjoratif. Paysan ».
En lisant ça, je me dis d’abord que cela contredit ma réponse. J’ai parlé de boue. On parle de bouse. Et puis, je me souviens d’un seul coup, de souvenirs de colonie de vacances, à la campagne, donc. Et du fait de sentir ou de marcher dans la bouse de vache. J’avais oublié. L’expérience concrète de la bouse de vache. Son odeur comme sa substance. Parler de « bouse » ou de « bouseux » n’a effectivement rien d’élogieux.
Pourtant, tout ce que j’ai raconté sur le fait de « mettre sa main dans la merde », comme sur l’impossibilité de se défiler, pour le bouseux ou celle ou celui qui peut lui être apparenté (celle ou celui qui a peu de pouvoir économique, social ou qui doit exécuter ce que lui dicte ou lui ordonne une instance supérieure) continue de tenir.
D’ailleurs, si l’on parle de bouse, le métier que j’exerce, celui d’infirmier en psychiatrie et en pédopsychiatrie, consiste aussi, si nécessaire, à mettre sa main dans la merde, la pisse ou le sang.
Le terme « bouseux » est péjoratif parce qu’on l’enferme uniquement dans l’action d’être au contact de certaines matières ou substances dont, spontanément, on préfère éviter le contact. Il ne l’est plus s’il est « révélé » ou « rappelé » ce que cette action a de salutaire ou de bénéfique pour le plus grand nombre.
C’est parce que l’importance du travail de paysan a été oubliée et méprisée, qu’il y a eu cette scission entre la campagne et la ville. Et que certains maux existent aujourd’hui en termes de pénurie ou de dépendance alimentaire. Et demain.
C’est parce-que l’importance de certains métiers a été oubliée et méprisée ou est oubliée et méprisée que d’autres maux se sont installés dans notre société.
Aujourd’hui, le terme « bouseux » n’est plus cantonné à la seule fonction et condition de paysan. Et, il n’y a pas que les « gilets jaunes » ou les « sans dents » qui doivent ou qui peuvent, seulement, se sentir concernés par le terme de « bouseux ».
Paradoxalement, peut-être, et sans doute, aussi, avec un certain esprit de provocation, j’en viendrais presque à revendiquer ma condition de « bouseux ». Car, comme n’importe quel « bouseux », c’est en travaillant et en persévérant, que j’ai acquis et accomplis le « peu » que j’accomplis.
Néanmoins, les personnes se rendant au Survival Expo auraient un profil très différent de celui du « bouseux ».
Le profil supposé des personnes se rendant au Survival Expo
Avant de me rendre au Survival Expo, j’avais lu que le profil des personnes qui s’y rendent serait généralement celui d’hommes de 35-40 ans, plutôt cadres supérieurs.
Et, j’avais été étonné d’apprendre que des cadres supérieurs seraient majoritaires au Survival Expo :
Car cela ne collait pas avec l’idée première que je me faisais du « bouseux » qui resterait sur ses terres et y dicterait sa Loi avec les siens depuis plusieurs générations.
Mais « cadres supérieurs » ou pas, complotistes ou pas, le contexte fait que n’importe qui, sensible à son environnement et un peu attaché à son avenir ou à celui de ses proches, peut se dire qu’au lieu d’attendre, qu’il convient de commencer à se préparer au pire. Afin d’être le moins possible pris au dépourvu lorsque ce pire arrivera. Puisque beaucoup de signes et de paramètres (le contexte évoqué) contribuent à nous informer de la probabilité croissante de ce pire :
La pandémie du Covid et son confinement ; le réchauffement climatique ; la diminution des matières premières diverses, dont l’eau ; les attentats terroristes ; la guerre en Ukraine ou ailleurs ; la crise sociale, politique et économique durable ; l’effondrement ; les migrations climatiques et économiques ; la « passivité », l’incompétence ou la complicité supposée ou réelle des politiques ; la peur des catastrophes nucléaires ; ce sentiment que les plus riches et les plus puissants font, eux, le nécessaire pour se prémunir des conséquences de toutes ces menaces et de bien d’autres menaces qui condamnent une grande partie de l’humanité.
Tout ceci concourt à ce qu’un jour, n’importe qui d’un peu attaché à son avenir ou à celui de ses proches, puisse se décider à aller à Survival Expo Paris.
Ai-je attendu tous ces « symptômes » de notre époque pour me sentir concerné par les questions de survie ?
Non.
Mais le contexte actuel, ainsi, sans doute aussi, que le fait d’avoir – en partie- quitté l’enfance et l’adolescence, mais aussi d’être devenu père, m’a certainement d’autant plus poussé à me renseigner davantage sur ces questions de survie. Et, à partir de là, quoi de plus « cohérent », que de se rendre, un jour, à Survival Expo, ce samedi 21 Mai 2022 pour moi.
Des magazines consacrés au survivalisme. Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022.
Des préjugés et des rencontres ?
A quoi m’attendais-je en allant à Survival Expo ? Cela m’a rappelé un peu cette époque, il y a plus de dix ans, où j’avais fait l’expérience des sites de rencontres. Je me sentais un peu honteux d’avoir envie et besoin d’en passer par là. Et si, quelqu’un que je connaissais, s’y trouvait aussi et m’y voyait avais-je alors expliqué à un copain de l’époque qui, déjà inscrit sur un site de rencontres, ne tarissait pas d’éloges à ce sujet ? Celui-ci m’avait alors répondu :
« Mais si quelqu’un que tu connais se trouve sur ce site, qu’est-ce-qu’il/elle fait là ? ». Son argument avait été convaincant. Même si, depuis, j’ai de grandes réserves concernant les sites de rencontres : Ce sont, au départ, de formidables moyens de rencontres. Sauf que l’être humain fait aussi n’importe quoi de ces formidables moyens de rencontres ou s’en sert pour profiter de certaines personnes vulnérables.
Les affinités et un engagement constant dans une activité commune facilitent bien mieux les rencontres que les sites de rencontre, de mon point de vue. Je me suis donc demandé si j’allais croiser quelqu’un que je connaissais à Survival Expo. Quelqu’un que j’étais incapable de « soupçonner » de penser à la fin du monde en quelque sorte.
Et qui pourrait être cette personne ? J’étais un peu curieux de savoir.
Mais je n’ai rencontré personne, parmi mes connaissances. Ce qui, évidemment, ne signifie rien du tout. Pour commencer, nous avons pu nous rater. Ensuite, il est des sujets sensibles ou tabous que l’on aborde avec certaines personnes seulement lorsque l’on se sent « en sécurité » avec elles. Lorsque l’on est assuré qu’elles ne nous condamneront pas moralement :
Il y a des personnes vaccinées contre le Covid qui ont pu être très virulentes envers des personnes refusant de se faire vacciner contre le Covid.
Il peut y avoir des personnes très virulentes contre tout ce qui a trait, de près ou de loin, au survivalisme. Et, pourtant, sans aller jusqu’à rêver d’une patrie militaire et totalitaire, je crois qu’apprendre un peu de « survivalisme » serait très utile à beaucoup.
Parce-que le survivalisme revêt plusieurs aspects. Et, je crois que Survival Expo et l’exposition Vivre Autonome, avec leurs 180 exposants, donne une idée de cette diversité.
Une diversité de survivalismes
Une diversité si étendue que, par moments, devant certains stands au Survival Expo, je me suis demandé si je devais rire ou me désespérer.
A l’exposition Vivre Autonome, ce samedi 21 Mai 2022, un des stands de la librairie permaculturelle.
Parce-que le « pire » est envisagé au Survival Expo, alors, certains stands vous proposent des solutions au « pire ». Cela commence, dès le début de Survival Expo par plusieurs exposants d’armes blanches : des couteaux. On comprend tout de suite que la vie va se jouer à ça. Au couteau près. Au fait d’avoir un ou plusieurs couteaux sur soi afin de défendre sa peau. Car c’est d’abord à ça que je pense en voyant ces couteaux. A un combat à couteaux tirés.
Au lieu de penser au fait qu’un couteau peut aussi servir à construire, à sculpter, à cueillir, à manger ou à toute autre activité humaine nécessaire. Et pacifique.
Mais voir dans ces couteaux, avant tout des armes de mort, ne m’empêche pas de voir parmi eux de très belles pièces ! Couteuses, mais belles !
Le concepteur des couteaux montrés précédemment. Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022.
Des projections personnelles
Et puis, cette appréhension et cette forme de peur, en même temps que cette attirance, que je ressens devant ces couteaux, corps étendus, accessibles et tranchants, reflète très bien l’être humain. Capable d’inventions extraordinaires. Comme capable, aussi, de faire le pire avec ces inventions extraordinaires. L’imagination de l’être humain, dans l’horreur comme dans le bénéfique, est probablement sans limites.
Tout est possible avec l’être humain. Tout semble possible, en tout cas. Et, ce sera peut-être, finalement, ma principale réserve et prudence à propos de l’événement Survival Expo car je n’ai pas tout vu ni tout entendu, car cela est impossible :
Cet événement donne et vend des idées, des outils, des « armes » ( également des arcs et des lances-pierres), des techniques et des moyens divers, vêtements et matériels résistants et performants, des informations sur l’alimentation et autres apprentissages convaincants pour survivre et devenir un peu plus autonomes.
Mais il manque peut-être à ce genre d’événement l’apprentissage d’une certaine conscience de soi et du monde qui nous entoure. Il y manque peut-être le fait d’apprendre, aussi, à vivre, d’un point de vue relationnel, émotionnel, sociétal, culturel dans une certaine indulgence et confiance avec soi-même comme avec les autres.
Un des stands de livres de la librairie Permaculturelle dans l’exposition ” Vivre Autonome”, ce samedi 21 Mai 2022.
C’est ce que certaines personnes vont appeler, en le raillant, le « Vivre ensemble » qui a échoué ou qui est ou serait impossible.
Je ne vais pas, ici, revêtir une soutane et commencer à prêcher avec des propos tels que « Soyons tous frères et sœurs » ou me déposer une perruque de hippie sur la tête et parler de fleurs et d’amour comme dans les années 70. Nous sommes en 2022 et ce genre de discours, même s’il peut convenir à certaines personnes, a évidemment ses limites en matière de résultats devant certains faits indésirables ou inquiétants.
Lorsque je parle « de conscience de soi et du monde qui nous entoure » je repense à mon appréhension et à ma forme de peur, en même temps que de mon attraction, pour ces couteaux que j’ai vus étalés sur des stands, dès le début de l’exposition :
Je me rends compte qu’il s’agit de mes projections personnelles. De mes propres appréhensions et peurs. Au cas où ces couteaux se retourneraient contre moi. Voire, au cas où, pris de folie, moi, je prenne un de ces couteaux et plante quelqu’un ensuite avec.
Si l’être humain est capable de tout, vu que son imagination semble avoir peu de limites, imagination qui lui a permis d’évoluer et d’être encore présent sur Terre en 2022, un être humain est donc largement capable de prendre un couteau posé sur une table devant lui et d’en disposer contre autrui. Ou, un de ces couteaux effilés peut très bien servir contre lui.
Alors, que, concrètement, tous ces couteaux présents, ne vont pas, d’un seul coup, alors que je m’approche d’eux, s’envoler et me transpercer le corps jusqu’à ce que mort s’ensuive. Personne, et si cela devait arriver un jour, ce serait exceptionnel, ne va décider à me planter avec un de ces couteaux. Juste parce-que c’est moi. Et que ces couteaux sont là, à disposition.
Et, lorsque j’ai quitté le Survival Expo, je ne crois pas qu’il y ait eu d’incident d’agression ou de sang avec tous ces couteaux exposés.
Notre façon de percevoir notre environnement et de le considérer comme hostile et hautement dangereux ne dépend pas uniquement de critères et de signes objectifs :
Guerre en Ukraine, réchauffement climatique, augmentation du prix de l’essence, chômage, augmentation des incivilités.
Notre façon de percevoir notre environnement et de le considérer comme hostile et hautement dangereux dépend aussi de notre sensibilité personnelle et émotionnelle.
Et l’on peut tout aussi bien se sentir en danger dans une simple salle de concert, une simple salle de cinéma ou dans le rayon bonbons et chocolat d’un supermarché. Même sans avoir été victime directe ou indirecte d’un attentat ou d’une prise d’otage dans ce genre d’endroit.
Et, je m’inquiète donc, aussi du fait, que dans un événement comme Survival Expo, on nous donne accès à un certain nombre de moyens, de techniques, de défenses et de solutions en cas de grand danger, ce qui est très bien. Sans insister sur l’importance du nécessaire tri à faire entre nos projections personnelles et la situation que l’on vit dans les faits dans l’immédiat.
Un simple regard peut parfois nous sembler animé de mauvaises intentions alors qu’il ne n’est pas. Et, sur-réagir et penser que survivre rime uniquement avec le fait de se sentir tout puissant, toujours prêt, protégé, barricadé et baraqué parce-que l’on est suréquipé, surentraîné, sur-préparé est selon moi une erreur de perception qui nuit ou peut nuire, en partie, au survivalisme.
Sans doute vais-je écrire, ici, un gros mot beaucoup plus grave que le terme « bouseux ». Mais j’ai l’impression que le survivalisme, cela consiste, aussi, beaucoup à posséder, malgré tout, une certaine capacité à rester…optimiste. Et lucide sur ce que l’on vit mais, aussi, sur ce que l’on ressent.
Je n’invente rien en écrivant ça. Lorsque je repense à quelques récits extrêmes que j’ai pu lire ( de rescapés de camps de concentration, d’expériences sportive extrêmes ou de certaines opérations militaires), je retiens aussi, que, tout en persévérant dans leurs efforts pour se sortir d’une situation très difficile, bien des survivants, ont réussi ou avaient réussi, à maintenir en eux une certaine vitalité d’optimisme voire de bonnehumeur. Que ces survivants soient seuls ou en compagnie d’autres personnes.
Je n’ai pas eu l’impression que cet aspect de l’optimisme et de la bonne humeur, même s’ils étaient présents lors de la manifestation Survival Expo Paris 2022, aient beaucoup été énoncés, comme faisant partie des éléments essentiels à avoir avec soi ou près de soi, en cas de catastrophe ou de péril imminent. Et, je rajouterais que certaines personnes sont sans aucune doute extrêmement capables et habiles pour survivre, pour s’adapter, pour mettre en pratique bien des techniques ( de chasse, de soins, d’habitat etc…) mais que vivre avec elles pourrait aussi être un calvaire. Il n’y a qu’à penser, par exemple, à ces grands aventuriers ou à ces grands marins très expérimentés, qui, lorsqu’ils se mettent ensemble pour réaliser une expédition ou une course, ont tout ce qu’il faut, en théorie, pour réussir. Et qui, finalement, sont incapables de vivre ensemble et de s’accorder.
Evidemment, cette partie de mon article doit beaucoup au fait que, dans ma vie personnelle et professionnelle, je suis beaucoup attaché à une certaine compréhension « psychologique » de mon expérience humaine comme de mon environnement.
Ma façon « psychologique » de chercher à comprendre ce que je vis et ce que je vois a bien sûr ses limites : Trop intellectualiser. Trop chercher le pourquoi du comment au détriment de l’efficacité et du résultat.
Alors que lorsque l’on a faim, froid ou soif, ou que l’on a très peur et très mal, ou que l’on se retrouve suspendu, retenu par ses deux mains, avec les pieds suspendus au dessus d’un vide de vingt mètres, on cherche avant tout par quel moyen concret, le plus rapide et le plus sûr possible, cesser d’avoir faim, froid ou soif ou très mal ou très peur et se sortir ou se faire sortir de ce vide. Dans ces situations, on sera plus que content de s’être entraîné ou équipé comme il se doit afin de survivre ou d’avoir été en compagnie d’un expert ou d’une experte, cette personne fut-elle, par ailleurs, insupportable, imbuvable ou l’exact opposé de la plus grande partie de nos valeurs et de nos idéaux.
La capacité d’être « rustique » ou de savoir être « rustique » fait aussi partie des aptitudes nécessaires à la survivante et au survivant, à ce que j’ai pu lire ou un peu vérifier.
On peut remplacer le terme « rustique » par « bouseux » ou « nature » ou « cash », sans aucun doute. Comme on peut, aussi, les mélanger avec des termes comme « intellectuel », « culture », « être bon vivant ». Il s’agit de trouver le bon dosage qui convient pour celles et ceux avec qui l’on se trouve, lors de la situation de survie, ainsi que pour…la paix de notre âme.
Vers une conclusion de mon expérience à Survival Expo
Comme on le comprend, il y aurait beaucoup à dire sur cette double exposition, Survival Expo et Vivre Autonome. Et, je suis très loin d’avoir tout vu et tout entendu comparativement à ce qui s’est déroulé durant les trois jours de cet événement.
D’abord, je pensais que deux heures me suffiraient pour découvrir ces deux manifestations. J’ai finalement eu besoin des trois heures depuis mon arrivée. Et, encore ai-je été un peu obligé d’abréger ma visite car l’exposition allait fermer. Il allait être 19 heures.
Si j’ai bien vu des hommes qui pourraient correspondre au profil « hommes de 35-40 ans », « cadres supérieurs », je ne peux pas en être certain. Car un statut de « cadre supérieur » ne se lit pas sur les gens. Ensuite, j’ai été plutôt marqué par le côté « sortie familiale » de l’événement. Certaines personnes sont venues avec leurs enfants d’une dizaine d’années.
Du côté de l’exposition Vivre Autonome, où l’on parle de permaculture, de tout ce qui a trait à l’intérieur d’une maison, de lectures, de manière « amusante », il y avait beaucoup plus de femmes. Lesquelles étaient quand même plus minoritaires dans la partie Survival.
Je n’ai pas pu assister aux démonstrations de Krav Maga. Car j’étais alors occupé dans les stands, à discuter ou à découvrir certains produits. Mais j’ai écouté avec attention l’un des intervenants, Romain Carrière, qui, en sueurs et souriant après sa démonstration, expliquait avec pédagogie et humour, à des parents venus avec leurs enfants en bermuda, et n’ayant vraiment pas l’allure de grands sportifs, qu’il fallait «saturer de coups » son agresseur. Ce qu’il disait m’a paru plein de bon sens.
J’ai été agréablement surpris par la bonne ambiance générale de Survival Expo Paris et de Vivre autonome. J’insiste à nouveau sur ce point. Qu’il s’y soit trouvé des bouseux ou non. Qu’il y ait eu des complotistes ou non au sein du public.
On aurait pu s’attendre à côtoyer des personnes haineuses et agressives durant toute la visite. Cela a plutôt été le contraire. J’ai rencontré soit des commerciaux attentifs à leur clientèle (Jusqu’à proposer de véritables promotions sur certains articles). Soit des personnes souhaitant discuter avec d’autres personnes. Tel cet homme tenant à m’expliquer le travail de l’association Tripalium qui permet à des jeunes en décrochage scolaire d’un lycée PIL ( Pôle Innovant Lycéen) de découvrir le travail du bois en apprenant à fabriquer des éoliennes.
A l’exposition “Vivre Autonome”, ce samedi 21 Mai 2022.
Peut-être que le fait de pouvoir exposer librement, et formellement, certaines peurs et inquiétudes, mais aussi de pouvoir exprimer le recours à une certaine violence a permis aussi cette détente.
Je n’ai pas remarqué de stands de ventes d’armes à feu. Ce qui rappelle une des grandes différences entre la France et les Etats-Unis en matière de législation de ventes d’armes. Aux Etats-Unis, j’imagine qu’un Survival Expo comporte une ribambelle de stands d’armes à feu sophistiquées à portée du public.
J’ai ensuite croisé une personne que je ne connaissais pas. Avec laquelle j’ai ensuite repris contact par mail et qui m’a rapidement répondu. Puis qui a très vite réagi à la première version (deux fois plus courte ! ) que je lui ai envoyé de cet article et m’a également fait part de certaines remarques ( à propos du terme “bouseux”), suggestions et informations dont je le remercie à nouveau.
L’autre grande surprise, pour moi, de Survival Expo Paris a été la tente de toit de voiture ! Un bon véhicule de camping coûte cher et il s’agit ensuite de l’entretenir. Pour le peu que j’en sais, on achète un véhicule de camping afin de s’en servir régulièrement. Autrement, c’est un gouffre financier. On peut s’acheter une tente de toit de voiture pour 2000 euros, échelle comprise. Selon ses dimensions, si celles-ci ne dépassent pas le rétroviseur, on fait du bivouac. Si ses dimensions dépassent le rétroviseur, on entre dans la catégorie camping.
Le confort est au rendez-vous, avec un matelas confortable, quel que soit le type de tente de toit choisi.
Pour descendre la tente du toit, le vendeur m’a confirmé qu’il fallait être « deux » car celle-ci pèse 100 kilos en moyenne. Pour l’instant. Car on peut penser que ces tentes de toit seront par la suite conçues dans des matériaux plus légers.
Je croyais que ce genre de produit existait depuis longtemps :
«Depuis quatre ans » m’a répondu le vendeur.
Je croyais qu’avec leur succès, selon moi, inévitable, que le prix de ces tentes allait augmenter. Non, selon le vendeur : « à cause de la concurrence…. ».
En quittant Survival Paris Expo, j’ai retrouvé la Porte de la Villette. Mais aussi une autre forme de survie qui commençait à se concentrer sur les trottoirs. Une femme d’une quarantaine d’années sollicitait les passants pour faire la manche. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que c’était pour s’acheter du crack. De l’autre côté de la rue, à quelques mètres de la salle de concert le Glazart, il y avait un paquet d’hommes. Ils étaient moins nombreux, trois heures plus tôt, alors que je me dirigeais vers le Survival Expo.
Il était un peu plus de 19 heures et peu à peu, la nuit, allait tomber. Je me suis dit que la nuit, dans cet endroit de Paris, devait montrer un tout autre monde. Un monde qu’assez peu de personnes venues au Survival Paris Expo n’avait envie de connaître.
Utama ( La Terre Oubliée ) un film de Alejandro LOAYZA GRISI
Sorti en salles ce 11 Mai 2022.
Sisa et son mari Virginio, un couple au moins septuagénaire, vivent isolés dans une région assez aride en Bolivie. Leur vie semble ritualisée un peu à l’infini. Elle s’occupe de la terre, des repas et de l’eau. Lui, s’occupe au moins d’emmener paitre son troupeau de lamas à des kilomètres de leur maison. Nous ne sommes pas au Far West avec Clint Eastwood ou avec tel ancien héros de guerre parti se retirer et que quelqu’un, un beau jour, va venir solliciter pour une cause perdue ou en vue d’obtenir un lot de tickets restaurants en édition limitée désignée par feu Virgil Abloh.
Sisa et son mari Virginio ne sont pas des vedettes. Ni des héros. C’est un groupe d’agriculteurs qui a sûrement toujours vécu là et qui a maintenu certains rapports de voisinages avec d’autres personnes clairsemées de leur communauté, et vraisemblablement aussi âgées qu’eux. Il y a même un maire ou un équivalent. Peut-être quelqu’un qui avait été à l’école primaire avec eux.
Un visiteur extérieur, inattendu, plus jeune, la vingtaine, va bien sûr venir transformer un peu la vie réglée de Sisa et Virginio :
C’est leur petit fils Clever, ni meurtrier en cavale, pas même en sevrage de crack et ni vampire. Clever est un petit jeune gentil, propre sur lui, attaché à ses grands parents paternels, et qui parcourt donc des kilomètres (plusieurs centaines, peut-on imaginer) pour venir les voir et leur annoncer une nouvelle. Et non pour venir se suicider à la ferme, dans un coin tranquille.
Autant Sisa et Virginio font presque encore partie du monde féodal, autant Clever, lui, est un jeune aussi moderne que n’importe quel jeune étudiant venant d’une « grande » ville. Et, il est là, avec son smartphone et sa connexion internet, son casque audio sur les oreilles et ses bonnes manières à essayer de convaincre le plus que têtu Virginio, le père de son père, d’aller en ville afin d’aller se faire soigner.
A la fin de Utama lors de la projection de presse, ce 8 avril 2022, un des autres journalistes cinéma présent derrière moi avait dit à sa façon que le film était beau mais que l’histoire….
Et, c’est malheureusement ce que j’ai aussi répété à un des attachés de presse lorsque quelques jours plus tard, celui-ci m’avait contacté afin de connaître mon avis sur le film.
Nous avions vu ce film dans le 5ème arrondissement de Paris, entre le quartier St Michel et la faculté de Jussieu, rue des écoles, pas très loin de Notre Dame. Et, j’ai toujours vécu en ville, près de Paris ou en région parisienne. Mes expériences à la fois d’une vie rurale, et traditionnelle, ont été épisodiques, en Guadeloupe, et plusieurs fois, été synonymes d’ennui et de perte de liberté. Aussi, au même titre que Clever dans Utama aurais-je spontanément tendance à m’inquiéter si mes grands-parents ( ou mes parents) se trouvaient aussi isolés que les siens.
Il y a donc peu de surprise quant au fait que depuis que Utama est sorti au cinéma, ce 11 Mai, que j’aie préféré écrire d’autres articles avant celui-ci. Pas de vedette à la Benicio Del Toro comme dans le film Sicario. Pas d’action fantastique ou spectaculaire telle que, la nuit, les lamas de Virginio se transforment en beautés féminines qui se livrent des combats d’Arts martiaux- pour les sandales de Virginio- comme dans TheAssassindu réalisateur Hsou Hsiao-Hsien. Tandis que Sisa, elle, sitôt Virginio endormi, se rendrait sur Jupiter avec son collier magique en vue d’aller y danser du zouk en cachette avec un de ses multiples amants.
Non. C’est juste le monde de la ville du jeune Clever qui vient s’entrechoquer avec celui de ses grands parents, au travers de Virginio, surtout, tandis que Sisa, elle, en bonne figure maternelle apaisante, joue les modératrices entre les deux. Et, tout ça, dans des espaces très bien filmés. Et beaux.
Utama peut donc, très vite, être résumé à un film exotique qui permettrait de voyager ou qui pourrait, quelques semaines avant les grandes vacances de l’été, donner envie à des touristes de partir en Bolivie. Utama peut aussi être un film pédagogique- ce qu’il deviendra sûrement- que l’on peut voir avec ses enfants ou avec des ados pour en discuter ensuite. Car il n’existe ni grossièreté ni crudité sexuelle dans le film.
Mais le festival de Cannes a débuté cette semaine et le procès entre l’acteur Johnny Depp et son ancienne femme, Amber Heard, deux vedettes américaines, sont deux événements suffisamment médiatisés pour qu’un long métrage comme Utama passe totalement inaperçu comme d’autres longs métrages qui comportent ses caractéristiques :
La simplicité. La discrétion. Des personnes âgées vivant à la campagne. Des lamas. Pas de furie. Pas de stand up. Pas de sang. Pas de sexe. Pas de superpouvoirs. Pas de tube de musique. Un suspense pour la forme. Un film frugal. Presque scolaire. J’ai même eu du mal à retranscrire correctement le nom du réalisateur.
Alors que Utama devrait être regardé. Car l’histoire qu’il raconte est notre histoire ainsi qu’une leçon pour nous qui avons choisi de vivre dans une grande ville ou de rester y vivre. Alors que nous sommes désormais incapables de nous en séparer.
Dans Utama, le jeune Clever présente la ville comme l’endroit où toutes les solutions existent et où la médecine présente pourra sauver son grand-père Virginio. Ce que la ville a à offrir ne séduit ni Virginio ni Sisa. Ce couple âgé, que l’on estimera touchant ou peu glamour selon les standards d’Hollywood, ainsi que leurs voisins- d’un âge tout autant avancé- est en fait beaucoup plus libre, et heureux, que quantité d’individus qui sont devenus familiers avec un mode de vie urbain banal :
Sisa et Virginio ne comptent pas sur un syndicat, sur un parti politique, sur un horoscope, sur un véhicule, sur des transports en commun, sur une banque, sur une police d’assurance ou sur une réclame publicitaire pour vivre. Ils ne dépendent pas non plus d’un EHPAD comme ceux décrits dans l’enquête Les Fossoyeurs publiée au début de cette année par le journaliste Victor Castanet.
Ni punks, ni anarchistes, ni révolutionnaires, ni militants, ni intellectuels engagés, Sisa et Virginio vivent à la mesure de leurs forces, de leurs moyens et de leurs mémoires. Ce que l’Etat bolivien, en les négligeant et en les reniant, leur fait payer.
Et lorsque Virginio, avec d’autres voisins et Clever, partent ensemble chercher de l’eau -car celle-ci s’est raréfiée- on peut aussi se dire que bien que ce genre de situation reste encore assez abstrait pour la plupart d’entre nous dans des grandes villes, qu’elle est loin de concerner uniquement une région reculée, là-bas, en Bolivie.
Si l’on peut, au départ, s’étonner devant l’obstination de Virginio qui s’oppose à son petit-fils Clever, qui, pour son bien, tient à ce qu’il parte en ville se faire soigner, c’est parce-qu’en tant que citadin, on oublie que la ville, en contrepartie de ce qu’elle nous « donne » et nous propose fait de nous, régulièrement, ses détenus et ses prévenus volontaires. Moyennant une partie des territoires de notre mémoire et de notre langue que nous lui concédons.
Dans Utama, Clever parle Espagnol, la langue de l’ancien colon, et ne comprend pas lorsque Sisa et Virginio, ses grands parents, s’expriment devant lui en Quechua, l’ancienne langue de l’empire Inca.
Pour moi, le Français pourrait être l’équivalent de l’Espagnol. Et, le Créole, un peu l’équivalent du Quechua pour Clever. A ceci près, que, contrairement à Clever, je comprends mieux le Créole que, lui, le Quechua.
Si le Quechua est la langue du « devant », l’Espagnol est peut-être la langue du «derrière ». Celle de la trahison ou de l’oubli et de la distraction loin ou en dehors de l’histoire des origines. La trahison, l’oubli et la distraction peuvent être des prisons. Des aliénations. Même si ce sont des aliénations faciles d’accès, étourdissantes et très agréables.
Pendant ce temps, pour beaucoup en France, le mot « Quechua » fera d’abord penser à une marque de vêtements de sport de l’enseigne Décathlon….
Aujourd’hui, l’enseigne Décathlon est plus connue que l’empire Inca. Il est également vrai que l’on meurt moins en se rendant à Décathlon qu’en découvrant l’empire Inca.
Enfin, le film nous montre un couple uni depuis plusieurs décennies. Soit une prouesse dont nous sommes de plus en plus incapables. Malgré les sites de rencontres, malgré tous nos algorithmes, nos ouvrages de vulgarisation de la psychologie relationnelle et émotionnelle. Malgré tous nos « outils » de communication et de réflexion. Malgré toute notre intelligence y compris féministe ou « émancipée » et certains ouvrages ou podcasts sur le sujet de personnalités telles que Mona Chollet, Victoire Tuaillon, toutes deux au moins autrices de J’ai lu Réinventer l’Amour de Mona Chollet
et de Les Couilles sur la table…..
Utama raconte finalement une histoire de l’Humanité qui paraitra très simple voire ringarde à celle ou celui qui se laissera convaincre- et séduire- par son infirmité ou par son immaturité. Et c’est pour cette raison qu’il m’a fallu plus d’un mois pour écrire cet article.
Photo prise ce lundi 16 Mai 2022 au matin, depuis un train de la ligne J, Paris-St-Lazare/ Conflans Ste Honorine, direct pour Argenteuil.
Dans des transports en commun parisiens ce lundi 16 Mai 2022
Si l’être humain se porte quelques fois volontaire pour connaître des transports amoureux, il est dans les faits beaucoup plus familier avec les transports en commun.
Les transports en commun font partie de nos Dieux quotidiens. Ce sont eux qui donnent du rythme à notre vie et nous orientent lorsque nous avons à nous rendre à un endroit donné. L’automobile fait partie de sa famille.
Ce train bleu, il y en a de moins en moins, j’ai aimé le prendre. Surtout lorsqu’il était direct pour Paris ou afin de rentrer à Argenteuil où j’habite. En 11 minutes assez souvent. C’est une durée confortable, qui plus est sur un trajet qui reste en extérieur plus qu’en décors naturels.
J’ai connu des trajets bien plus longs, de trente à quarante cinq minutes, pour arriver à Paris depuis la banlieue comme pour y retourner.
Ce lundi 16 Mai 2022, dans des transports en commun parisiens, ce matin, estparticulier. Depuis aujourd’hui, nous avons à nouveau le droit de prendre les transports en communsans avoir l’obligation de porter un masque anti-Covid. Lors du premier confinement de mars 2020 décidé à la suite de la pandémie du Covid, le port du masque était facultatif car il y ‘avait une pénurie de masques anti-Covid. Les masques FFP2, ceux considérés comme les plus protecteurs, avaient été très rapidement ” en rupture de stock”. Et, pour celles et ceux qui, comme moi, avaient été tenus de continuer à prendre les transports pour aller travailler, c’était chacun pour soi avec ou sans masque. Chacun faisait comme il le pouvait avec le masque qu’il trouvait. Lorsqu’il en trouvait.
Paris, rue de Rivoli, Photo prise le 1er Mai 2020.
Puis, début Mai 2020, des supermarchés, et des pharmacies, nos autres Dieux communs, avaient commencé à multiplier – dans leurs rayons et à leurs caisses- le nombre de masques anti-Covid. Dès lors, le port du masque anti-Covid devint obligatoire dans les transports en commun ainsi que dans la plupart des lieux publics, restés ouverts car déclarés “essentiels”, supermarchés inclus.
Dans la médiathèque de ma ville, lorsque celle-ci était redevenue ouverte au public, il est longtemps resté obligatoire non seulement de porter un masque anti-Covid mais aussi de présenter un passe sanitaire valide ou un test-antigénique négatif alors même qu’il était redevenu possible de circuler dans le centre commercial (Géant) de la ville sans avoir à présenter de passe sanitaire ou de test antigénique…..
Vers la fin 2020, les premiers vaccins anti-Covid commencèrent à apparaître, et, avec eux, une forte suspicion, partagée par une partie de la population, quant à leurs effets secondaires compte-tenu de la rapidité de leur conception. L’être humain aime que les miracles interviennent vite lorsqu’ils se déroulent dans des histoires sacrées, pour obtenir une augmentation de salaire, au cinéma ou lors de rencontres amoureuses mais un peu moins lorsqu’il s’agit de se faire percer la peau ou le corps par une aiguille transportant un produit inconnu, mystérieux, non domestiqué de façon convenable et soupçonné de pouvoir nous transformer définitivement. Et malgré notre volonté.
Ce sentiment ou cette impression brutale et nouvelle de menace, de contrôle politique, sanitaire, social et corporel fort peu “corporate” a provoqué chez certains individus pouvant être classifiés comme ” complotistes, abrutis, irrationnels ouirresponsables” des réactions de résistance ou de refus variables et plus ou moins vifs, contradictoires et tenaces.
J’ai fait partie de ces récalcitrants. Je n’étais pas chaud pour cette histoire d’amour avec cette science injectable, toute puissante, et urgente. Ainsi qu’avec le fait d’être poussé ou plutôt jeté et maintenu, vivant, et de manière répétée, dans ce siphon fortement anxiogène dont il était impossible, officiellement, de ressortir vivant et bien portant, une fois que l’on avait contracté le Covid.
Mais les vaccins anti-Covid sont devenus obligatoires à partir de l’été 2021 et encore plus dès octobre de la même année. J’ai dû choisir entre ma suspension professionnelle, économique et sociétale et la suspension injectable dans le muscle deltoïde.
Si j’avais été à la retraite ou proche de celle-ci, et que je vivais, en disposant d’une situation et d’une protection économique et sociale satisfaisante, dans une région, peu ou modérément habitée, avec un enfant majeur, « vacciné » et autonome, j’aurais sûrement fait partie de celles et ceux qui, aujourd’hui, encore, se tiennent contre la vaccination anti-Covid obligatoire.
Paris, rue de Rivoli, Mai 2022.
Argenteuil, la ville où j’habite, et Paris, l’autre ville où je travaille et y ai diverses activités choisies, ne correspondent pas aux critères de « région peu ou modérément habitée ». Et, j’ai très mal vécu que ma fille se retrouve privée d’une sortie organisée par le conservatoire d’Argenteuil parce-que, ni sa mère ni moi, ne disposions du pass sanitaire permettant de l’accompagner.
A moins de se retirer ou de frauder, vivre sans passe sanitaire et sans vaccination anti-Covid devenait beaucoup plus difficile et beaucoup plus couteux que de prendre régulièrement les transports en commun sans payer. L’être humain a aussi besoin de vivre sans devoir penser et tout anticiper en permanence. Etre vacciné contre le Covid, disposer de son pass navigo ou de son véhicule particulier, c’est aussi pouvoir se déplacer sans avoir à penser aux conséquences d’éventuels contrôles. C’est aussi moins dépendre des autres.
Me suis-je senti plus protégé, ai-je eu l’impression de mieux protéger mon entourage, une fois vacciné ? Je ne suis pas expert en épidémiologie et encore moins en sciences du risque si ces sciences existent. Je sais que pour exercer mon métier d’infirmier, comme pour se rendre dans certaines régions du monde, mais aussi que pour certaines pratiques, que certains vaccins comme certaines précautions sont obligatoires.
Ensuite, intervient notre rapport personnel au risque, à l’interdit, au danger ainsi qu’avec nos propres croyances, ce qui constitue, quand même, une bonne partie de notre identité, de nos choix personnels et de notre individualité. Cette pandémie du Covid nous a quand même mis face à des décisions autoritaires ou plus ou moins autoritaires. Et ces décisions, sans doute, et je l’espère, salutaires, ont aussi eu pour effet d’annihiler une certaine part de notre identité faite de dualité mais aussi de susciter ou d’entretenir de la méfiance. Et des doutes.
Je crois par exemple que certaines personnes sont plus exposées que d’autres aux formes graves du Covid. Je crois qu’il est impossible, contrairement à ce que croit le gouvernement chinois, d’éteindre ou d’éradiquer complètement la pandémie du Covid. Il est d’ailleurs très étonnant, voire discordant, que la Chine, actuellement deuxième Puissance Mondiale, qui est- aussi- le pays du Ying et du Yang, pays dont la médecine traditionnelle est millénaire et efficiente, soit le pays dont le gouvernement chinois actuel, dit moderne, plutôt autoritaire, entend se débarrasser complètement non seulement du risque mais aussi de cette dualité du Ying et du Yang à propos de la pandémie du Covid.
La pandémie du Covid a provoqué une certaine rupture entre ce que nous savons et ce que nous croyons.Ce que nous savons, c’est ce que nous avons appris, apprenons et pouvons prendre ou digérer du monde extérieur. Ce que nous croyons concerne notre vie intime et ce que nous acceptons ou refusons de prendre du monde extérieur.
Si je crois, aussi, néanmoins que, comme bien des Chinois, en me faisant vacciner contre le Covid, comme des millions de personnes, une fois de plus, j’ai fait mon devoir, je sais, aussi, qu’autour de moi, toutes les personnes que je connais qui se sont faites vacciner contre le Covid, et qui connaissent des personnes qui se sont faites vacciner contre le Covid, aujourd’hui se portent bien. Quel que soit leur âge, leurs traditions, leur poids, leur emploi, leur mode de vie ou leur scepticisme antérieur à leur vaccination contre le Covid. Mais je le « sais » parce-que ma personnalité et ma sensibilité me permettent, à un moment donné, de l’envisager et de le constater. Bien des expériences nous démontrent que notre perception personnelle ou subjective d’un événement, d’une information ou d’une situation peut beaucoup influencer notre façon de la comprendre :
Si untel me regarde, c’est parce qu’il m’aime ou me dénigre, selon ce que je ressens voire selon ce que j’attends ou exige de lui.
Une attente ou une exigence dont la personne concernée ignore peut-être tout ou qu’elle est incapable de satisfaire même si elle le souhaitait.
Ce matin, j’ai pris la ligne 14 depuis le 13ème arrondissement jusqu’ à la gare St Lazare, à une heure d’affluence. Et, sans aucun doute que mon état de fatigue (après avoir travaillé de nuit pendant plus de 12 heures ) et mon humeur générale ont influé sur ma façon de percevoir mon environnement immédiat.
Paris, près de la gare St Lazare, photo prise ce 14 ou ce 15 Mai 2022. Au fond, la couverture de l’hebdomadaire ” Le point” montrant Emmanuel Macron, Président de la République, réélu en avril 2022 pour cinq ans.
Il était plus de 8 heures 30. La ligne 14 était bondée. Mais j’avais pu trouver une place assise. A vue d’œil, je dirais que 50 à 60 pour cent des passagers de la ligne 14 étaient sans masque anti-Covid. Mais c’est une perception très empirique.
Vu qu’il fait chaud et que cela fait maintenant près de deux ans que nous avons obligation de porter un masque anti-Covid, dès que nous nous trouvons dans un endroit public, j’ai profité de cette « autorisation » de non-port du masque anti-Covid pour m’en dispenser. Jusqu’alors, je continuais de porter un masque dans les transports en commun. Même si, depuis plusieurs jours ou semaines, certaines personnes ou catégories de personnel (des policiers en particulier) se déplaçaient déja sans masque dans les lieux où l’individu lambda, lui, était tenu d’en porter. Le « non-port du masque anti-Covid » étant une infraction pouvant donner lieu à une interpellation policière ou à une amende.
Depuis octobre de l’année dernière, ma compagne, infirmière, non vaccinée contre le Covid, est suspendue de ses fonctions. Nous marchons donc sur un seul salaire, le mien, et des économies que nous avions réussi à faire à « l’époque » d’avant la pandémie du Covid et de l’obligation vaccinale contre le Covid pour les soignants.
De mon point de vue, au mieux, ma compagne reprendra peut-être ses fonctions à la fin de l’année ou l’année prochaine. L’année d’après, plutôt ?
Evidemment, je ne me sens pas le droit de tomber malade. Ni le droit de me plaindre, non plus. D’abord, je ne vois pas très bien ce que cela m’apporterait. Concrètement. Et puis, contrairement à d’autres, qui ont perdu le leur depuis la pandémie, et même avant elle, j’ai toujours un travail. Et nous mangeons à notre faim.
Pour cet été, il est déjà prévu que la pénurie soignante, dans les hôpitaux, sera encore plus “abondante” que lors des étés précédents selon Martin Hirsch.
Martin Hirsch a été nommé dirigeant de l’AP-HP (Assistance Publique- Hôpitaux de Paris ) par décret fin 2013.Sur décisiongouvernementale, donc, Martin Hirsch a œuvré depuis 2013 en faveur de la « réforme des hôpitaux publics ».
En 2013, il existait déjà une certaine pénurie infirmière. Ainsi qu’une certaine pénibilité déjà croissante des conditions de travail du personnel soignant.
La « réforme » des hôpitaux publics a aussi consisté à (continuer de) fermer des lits, à (continuer de) supprimer des postes de soignants comme à réduire le nombre de RTT annuels des soignants.
Il y a quelques semaines, Martin Hirsch a « alerté » quant au fait que la situation était grave, pour cet été, en termes de pénurie infirmière. En effet, chaque été, comme des millions de Français, le personnel infirmier a aussi envie et besoin de prendre des vacances. Et, encore plus sans doute après avoir fait partie de ces « héros de la Nation» tels qu’avait pu les nommer le Président Macron (et d’autres femmes et hommes politiques d’autres courants, soyons suffisamment réalistes) qui ont fait face à la pandémie du Covid à partir de mars 2020 et qui, ont, un temps, été applaudis à l’heure du journal de 20h.
Il y a trente ans, le personnel infirmier tenait aussi à partir en vacances en été comme des millions de Français. Mais, il y a trente ans, il était assez courant qu’une infirmière ou un infirmier titulaire reste dans son service un certain nombre d’années. Entre cinq et dix ans. Aujourd’hui, il est devenu de plus en plus courant que des infirmiers choisissent d’être intérimaires ou vacataires, après l’obtention de leur diplôme ou après avoir été titulaires d’un poste pendant quelques années. La différence ? Une plus grande facilité pour partir mais aussi pour choisir les services où l’on va préférer retourner travailler. Parce-que les conditions de travail y seront considérées acceptables. Parce-que le salaire perçu pour y exercer sera à peu près honorable.
Paris, rue de Rivoli, photo prise Mi-Mai 2022.
Récemment, une connaissance, une jeune infirmière, âgée d’à peine trente ans, a quitté le poste qu’elle occupait dans une clinique. Elle y travaillait depuis trois ans. Parmi ses projets, elle comptait faire de l’intérim ou des vacations et peut-être partir à l’étranger.
Ce matin, lorsque j’ai pris le train me ramenant à Argenteuil, j’ai entendu l’annonce nous informant qu’à compter d’aujourd’hui le port du masque anti-Covid n’était plus obligatoire dans les transports en commun mais « recommandé » ou « fortement recommandé » en période d’affluence. Dans le train Bombardier où je me trouvais, cette fois, contrairement à la ligne 14 que je venais de prendre, il y avait peu de monde. Puisque j’étais dans le sens inverse de la « migration » des travailleurs se rendant massivement à Paris ou passant par Paris à cette heure de pointe. Et, je me suis demandé quelle photo je pourrais prendre pour illustrer ce jour particulier. Puis, j’ai aperçu ce train bleu de banlieue qui passait à côté du nôtre. Les deux trains ont ainsi circulé côte à côte pendant plusieurs secondes. Puis, le train bleu s’est éloigné.
Photo prise ce lundi 16 Mai 2022.
On aimerait que la pandémie du Covid soit comme ce train bleu. Qu’il y’en ait de moins en moins puis qu’elle disparaisse complètement. On se convainc peut-être que, désormais, ce sera mieux vu que, à nouveau, nous pouvons nous dispenser de masque anti-Covid dans les transports en commun « comme avant ». Sauf que si nos transports en commun peuvent, eux, faire des retours en arrière et nous ramener indéfiniment vers les mêmes destinations, nos Dieux communs, eux, tout comme nos histoires d’Amour ne reviennent pas en arrière. Car, comme nous, nos Dieux communs ont aussi besoin de renouveau, parfois à nous rendre fous, un peu, aussi, comme des vautours, finalement. Oui, comme des vautours.
Photo prise depuis la cour du groupe scolaire Paul Vaillant Couturier à Argenteuil, ce samedi 7 Mai 2022. En attendant devant l’atelier de maquillage des ” Cinglés du cinéma”.
Argenteuil sur scène avec l’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce samedi 7 Mai 2022
Cela fait maintenant 15 ans que j’habite à Argenteuil. Et je continue de passer à côté de cette ville. Même si je crois y circuler librement et l’avoir traversée à différents endroits.
Argenteuil, une ville stratégique
Argenteuil, pour moi, c’est une ville très étendue, en béton, de plus de cent mille habitants. Une excroissance de béton, polluée comme toutes les villes bétonnées et très automobiles, plutôt bruyante et sale, qui touche d’autres villes :
Bezons et son tramway qui la rapproche maintenant de Nanterre et du quartier de laDéfense. Epinay sur Seine , qui dispose aussi de sa ligne de Tramway menant à la fêtede l’Humanité, jouxte la ville cossue d’Enghien les Bains, son lac et son casino, et, plus loin, la ville de Saint Denis.
Sannois et sa salle de concerts l’EMB Sannois avant de rejoindre Eaubonne. Sartrouville et un peu plus loin Maisons-Laffite, son château, sa forêt et son champ de courses.
Colombes et Asnières, des villes du département du 92, le département le plus riche de France, qui ont l’avantage sur Nanterre, également ville du 92, de mieux desservir Paris en transports en commun.
Argenteuil est aussi une ville proche de la Seine. Et la mairie d’Argenteuil, depuis des années, a l’ambition que la ville puisse retrouver ou reconquérir ses berges de seine comme auparavant, au début du vingtième siècle. Avant qu’une voie rapide automobile ne coupe les Argenteuillais de cet accès à la Seine. Un accès à la Seine que l’on peut atteindre et longer jusqu’à au moins Epinay sur Seine voire au delà, en passant sous le viaduc de l’autoroute A15, un viaduc que j’ai malheureusement découvert après la mort de la jeune Alisha Khalid, 14 ans, le 8 mars 2021. ( Marche jusqu’au viaduc ).
Cette photo a été prise en 2021, avant la marche blanche pour Alisha Khalid.L’endroit en question. Photo prise en 2021.Devant la gare d’Argenteuil centre ville. Photo prise en 2021.
Argenteuil, proche de l’autoroute A15, permet donc, en surpassant la Seine, de se diriger à Paris, à Lille, vers la Picardie, la Normandie, la Bretagne et d’autres endroits.
Vue sur Paris et le quartier de la Défense depuis la butte d’Orgemont, à Argenteuil.
Argenteuil est donc, géographiquement, une ville très importante d’un point de vue stratégique. D’autant que par le train direct, elle peut relier la gare de Paris St Lazare en 11 minutes. Et que Paris peut être atteint à vélo depuis le pont d’Argenteuil en une vingtaine de minutes. Ce que beaucoup de personnes ignorent ou sous-estiment encore car, pour stratégique qu’elle soit, Argenteuil, est une ville paradoxale et hétérogène où il existe, ou fourmille, aussi, bien des frontières géographiques et au moins psychologiques.
Argenteuil et ses frontières géographiques et au moins psychologiques
Argenteuil a longtemps été une ville communiste. Pendant à peu près un demi-siècle. Les mairies communistes au pouvoir, et la manière dont elles ont géré ce pouvoir, ont eu une incidence sur le développement d’Argenteuil. On retrouve une partie de cet héritage communiste dans le nom des lieux, des rues ( Aragon, Desnos, Gabriel Péri….). Argenteuil est un peu la “photo” ou le souvenir d’un certain communisme encore glorieux de l’époque de Georges Marchais, d’un monde d’il y a trente ou quarante ans.
De ce fait, il n’y a rien d’étonnant à ce que ce soit une ville, où il existe des frontières psychologiques et géographiques particulières et qui lui sont propres.
Je crois avoir passé quelques unes de ces frontières plus d’une fois. Comme on enjambe une voie ferrée ou que l’on sort d’un quartier ou d’un bar sans bien savoir ce qui a pu y arriver. Car je ne fais pas partie des « historiques » d’Argenteuil. De celles et ceux qui y habitent depuis plusieurs générations ou qui y travaillent, et y militent, depuis des années, au contact de celles et de ceux qui « font » cette ville.
Je m’exprime donc d’après mes expériences qui ont également leurs frontières et leurs limites.
Ces frontières géographiques et au moins psychologiques d’Argenteuil font que certaines parties de la ville sont probablement peu fréquentées par certains des habitants d’Argenteuil. En cela, Argenteuil peut faire penser quelques fois à un village ou même à une ville retirée de province, où l’on préfère rester plutôt dans son quartier mais aussi dans un passé assez désuet. Je ne serais pas étonné d’apprendre que certains enfants et habitants d’Argenteuil connaissent assez peu Paris.
Photo prise en 2020 ou en 2021.
Mais parallèlement à cela, si j’ai pu croiser, il y a quelques mois, une connaissance qui habite à Neuilly sur Seine sur le parking de la Ferme du Spahi, et venant y faire ses courses, ou apprendre que des personnes venant d’autres villes se rendaient au grand marché d’Argenteuil (le marché situé BoulevardHéloïse), je ne suis pas sûr que les personnes habituées à faire leurs courses sur le marché de la colonie ou sur le marché des Coteaux s’y rendent régulièrement.
La « désertion » ou la désaffection de certains lieux culturels, mais aussi de certains événements culturels, que ce soit au cinéma Jean Gabin qui se trouve à côté de la médiathèque Aragon& Elsa Triolet mais aussi à côté de la mairie d’Argenteuil ou au Figuier blanc, lors de certaines séances de cinéma ou pour toute autre manifestation culturelle, par exemple, m’a déjà interpellé.
Ce vendredi 6 Mai, me présentant par hasard à la médiathèque Aragon& Elsa Triolet pour y rendre des documents, je découvrais qu’il se déroulait le soir même au cinéma Jean Gabin, un concert à 20H30 en rapport avec Les Cinglés du cinéma. Il semblait y avoir très peu de public. Et, j’avais déjà, plusieurs années auparavant, bien avant la pandémie du Covid fait cette expérience d’un public très clairsemé lors d’événements culturels, de qualité, proposés par la ville dans la salle de cinéma Jean Gabin. La première fois, le musicologue Guillaume Kosmicki nous avait fait une très bonne conférence sociologique sur la musique techno. La seconde fois, un batteur était venu nous parler de son instrument et nous avait, entre-autres, fait une démonstration de biguine.
D’autres décisions, à mon sens municipales, me surprennent très désagréablement : Les vacances de Pâques vont se terminer ce soir. Et, le mercredi de cette semaine, je me suis à nouveau fait confirmer que la médiathèque Aragon & Elsa Triolet n’ouvrait que le mercredi après-midi, durant ces vacances de Pâques, de 14h à 18h. Le même jour, la médiathèque de Cormeilles en Parisis, une ville à cinq minutes d’Argenteuil par le train, était, elle, ouverte de 10h à 19h !
Certes, pour moi qui n’habite pas à Cormeilles en Parisis, l’inscription à cette médiathèque est chère (50 euros, l’inscription à l’année). Mais, en contrepartie, cette inscription me donne accès aux documents des autres médiathèques du Val de Parisis. Dont fait partie la ville d’Eaubonne, où, depuis peu, la médiathèque est ouverte les dimanches.
« Gratuite », la médiathèque d’Argenteuil Aragon & Elsa Triolet était ouverte les mercredis dès le matin pendant les vacances scolaires il y a encore deux ou trois ans si je me rappelle bien.
Car, souvent perçue et montrée comme un mauvais exemple, la ville d’Argenteuil a disposé ou dispose d’atouts nombreux que même des personnes résidant dans d’autres villes mieux renommées et plus prestigieuses viennent chercher. Cela peut, par exemple, être son conservatoire à rayonnement départemental. Lorsque j’y ai avais suivi une formation en cours d’interprétation théâtrale, achevée en 2016, j’avais pu compter parmi mes jeunes camarades, des personnes venant d’Enghien, de Courbevoie ou de Paris.
Ou son offre immobilière. Le mètre carré y étant moins cher qu’ailleurs, certains acquéreurs viennent s’y installer plutôt qu’à Paris, à Asnières ou à Colombes. Le prix du mètre carré dans l’immobilier flambe-t’il à Argenteuil ? J’ai l’impression que la réponse est bigarrée. C’est peut-être assez vrai dans certains quartiers d’Argenteuil, pavillonnaires, aux Coteaux, du côté du quartier de la Colonie mais que l’acheteur semble souvent jouer d’égal à égal avec le vendeur. Ce qui tranche avec d’autres villes où l’on nous rappelle des montants élevés en matière de transaction immobilière. Même lorsque les prix « baissent ».
Il est une frontière géographique et pas seulement psychologique très sensible à Argenteuil. C’est celle des écoles publiques.
Photo prise près de la gare du Val d’Argenteuil, en 2020 ou en 2021.
« Dans le passé », Argenteuil a eu de très bonnes écoles publiques. Aujourd’hui, ces très bonnes écoles publiques, collèges et lycées, sont considérées comme ne l’étant plus.
Cela fait des années, en France, que les services publics se font massacrer et perdent de leurs capacités à remplir à leurs missions de soins ou d’enseignements.
Il subsiste des établissements scolaires publics aux moyens, aux résultats et aux climats rassurants dans certaines villes. Mais pas à Argenteuil, où, visiblement, au mieux, il faut éviter les collèges et les lycées publics. Voire l’école primaire. En septembre 2020, à l’école primaire, l’enseignante de ma fille avait été en arrêt maladie trois fois dès le mois de septembre. Pour être finalement remplacée au mois de janvier suite à sa maternité.
Pour cette année 2021-2022, à nouveau, ma fille terminera son année scolaire avec un autre enseignant que celle qui avait débuté en septembre. Pour des raisons de santé.
D’autres parents avaient anticipé dès la maternelle. En trouvant la parade en faisant en sorte de faire admettre leur enfant dans l’école privée d’Argenteuil centre ville : l’école Ste Geneviève qui comprend un collège et qui a agrandi, en partie, ses capacités d’accueil ces dernières années. Mais il est difficile d’y faire admettre son enfant.
Soit il faut s’y reprendre trois à quatre années de suite. Ou avoir la chance ou le privilège d’avoir soi-même été un ancien ou une ancienne de l’école, ou d’y avoir déjà une sœur ou un frère scolarisé, ce qui assure, assez facilement l’admission dans l’école.
J’avais sous-estimé cette importance de l’école lorsqu’avec ma compagne, nous avions opté pour venir nous installer à Argenteuil. Aujourd’hui, je regrette ma « légèreté ». Et je supporte assez mal ce suspense à deux balles concernant l’avenir scolaire de ma fille. Mais aussi son environnement relationnel immédiat. Même si je sais que les apprentissages scolaires ne décident pas de tout, ils influencent tout de même beaucoup certaines consciences ainsi que certains parcours.
La France de 2022 compte pour l’instant, politiquement, officiellement quatre camps.
Les abstentionnistes. La Droite libérale. L’extrême droite. L’extrême gauche. Et sans doute devrais-je rajouter les désespérés et celles et ceux qui sont gravement malades.
Nous avons beaucoup entendu parler de la pleine croissance et de l’insouciance de l’après-guerre. Mais nous évoluons dans un monde de radicalisations économiques, sanitaires, idéologiques et politiques. Mais, aussi, climatiques et écologiques. Tout cela semble tourner ensemble. Les radicalisations climatiques et écologiques que nous nous permettons encore d’ignorer semblent se conjuguer avec les radicalisations économiques, sanitaires, idéologiques et politiques.
Face aux inquiétudes que nous avons, nos réponses et nos réactions se radicalisent de plus en plus d’un point de vue économique, sanitaire, idéologique et politique.
Argenteuil est sans doute une ville où il existe des personnes radicalisées ou en voie de radicalisation. Aujourd’hui, lorsque l’on parle de radicalisation, en France, on pense d’abord à la radicalisation islamiste. Parce-que plusieurs attentats terroristes traumatisants ont eu lieu en France ces dix dernières années et qu’ils ont été réalisés par des islamistes. Alors on résume grossièrement et vite fait la radicalisation à cela.
Mais la radicalisation de notre monde, et donc d’Argenteuil, n’est pas uniquementislamiste, s’il y a radicalisation.
La radicalisation la plus générale et la plus partagée en France est sans doute notre façon de percevoir le monde.
Gare du Val d’Argenteuil, photo prise en 2020 ou en 2021.
Par ailleurs, à Argenteuil, des jeunes filles et des femmes de « familles » musulmanes prennent des cours (de danse ou d’instrument de musique) au conservatoire d’Argenteuil ou participent à des cours de boxe française avec des garçons et des hommes. Et lorsque je me suis rendu au hammam de la gare, et où je compte retourner, je ne me suis pas encore senti regardé de travers parce-que noir et non musulman.
Il n’en demeure pas moins qu’Argenteuil a ses problèmes. Depuis trois bons mois, maintenant, des vendeurs de cigarettes à la sauvette se sont implantés près de la gare d’Argenteuil et lancent « Marlboro ! Marlboro ! ». Ils disparaissent lorsque la police arrive pour mieux revenir. Je me dis que ces vendeurs devaient être ailleurs auparavant, peut-être dans Paris ou dans une ville de banlieue plus proche de Paris, et qu’ils se sont déplacés.
J’ai entendu parler de points de vente de cannabis dans Argenteuil. Un de ces points de vente se trouverait non loin du trajet que ma fille prend pour aller à son école.
Sans doute se trouve-il aussi à Argenteuil ou s’est-il trouvé quelque endroit où l’on peut y acheter des armes au noir. Et où y existe ou y a existé de la prostitution clandestine. Je ne suis pas inspecteur de police ni enquêteur social. Mais je lis des fois la presse. Ou parfois, comme hier soir, pour la première fois, j’ai entendu une femme crier dans la rue en bas de chez moi. En regardant par la fenêtre, j’ai ensuite pu voir un homme sortir d’un immeuble, les mains menottées derrière le dos. Il est sorti dans la rue devant plusieurs personnes restées en bas de l’immeuble.
L’homme menotté dans le dos était accompagné de policiers en tenue, portant leur gilet pare-balles et d’un équipage de police en civil venu en renfort. Chacun des deux équipages comportait une femme-flic.
Je me suis dit que cela serait bientôt dans la Presse. Sûrement dans le journal Le Parisien.
Argenteuil est peut-être une ville qui « craint ». Mais je connais bien des personnes qui s’y plaisent et y ont trouvé leur coin :
Si l’on n’est pas client de certains produits comme de certaines heures, ou de certaines ouvertures, on peut très bien passer pendant des années près de certains endroits sensibles sans s’y retrouver cramponné. C’est un peu comme passer tous les jours au dessus du vide ou de la Seine dans un train en revenant de Paris. En prenant un pont sans tomber dans la Seine ou dans le vide. Et, je repense de temps en temps au quartier de la Bastille, à Paris, qui, aujourd’hui, est devenu un endroit très recherché alors qu’il a pu, dans le passé, être un quartier de Paris où l’on pouvait croiser des toxicomanes avec leurs seringues.
En matière de soins publics, je dirais qu’Argenteuil tient plus ou moins le coup. Notre fille est née dans son hôpital. Où il manque, comme ailleurs, du personnel.
Il manque aussi, de plus en plus, certaines professions libérales. Mais il s’y trouve aussi le centre de santé Fernand Goulène.
Des centres dentaires ouvrent aussi à Argenteuil comme partout ailleurs. On dirait que la chirurgie dentaire est le nouveau filon commercial. A côté des filons déjà établis des pharmacies, assez nombreuses dans le centre ville d’Argenteuil, des agences immobilières, des supermarchés, assez nombreux aussi à Argenteuil, des kebabs, des traiteurs asiatiques et des magasins alimentaires exotiques.
A Argenteuil, le haut de gamme peut voisiner ce qui est très bon marché. Et on y vit peut-être « plus ensemble » ou « malgré d’autres » que dans d’autres villes dont on parle moins, en mal comme en bien.
La promotion d’Argenteuil
Au Centre culturel “Le Figuier Blanc” en septembre ou octobre 2020, quelques mois après le premier confinement dû à la pandémie du Covid. A Gauche, le Maire d’Argenteuil, Georges Mothron. Devant le micro, Chantal Juglard, 8ème adjointe du Maire, chargée de la culture et du patrimoine.
Argenteuil, comme d’autres villes, tient à faire sa promotion et son cinéma. Avec le centre culturel Le Figuier blanc, la salle de concerts La Cave Dimière, Les Cinglés du cinéma ( qui se déroule à Argenteuil depuis des années) fait un des moyens de cette promotion. J’ai de bons souvenirs de cette manifestation. Comme du salon du livre dont la librairie Presse Papier est l’une des grandes organisatrices.
Pendant des années, Les Cinglés du cinéma ont eu lieu à la salle des fêtes Jean Vilar dont le parking extérieur marque encore l’entrée dans la ville d’Argenteuil, lorsque l’on y arrive par son pont routier, d’un côté. Alors que de l’autre côté, se trouve le club d’aviron d’Argenteuil, de très bon niveau.
Depuis plusieurs années, Georges Mothron, proche de Macron ,et avant, de Sarkozy, maire pour la troisième ou quatrième fois d’Argenteuil (après avoir dû céder sa place quelques années au maire et ex-député socialiste Philippe Doucet) et son équipe ont le projet de détruire la salle des fêtes Jean Vilar. Pour y permettre à la place la construction d’un centre commercial, d’un multiplexe de cinéma et d’un programme hôtelier de luxe d’après ce que j’avais retenu. Le but serait de donner d’Argenteuil une image plus attractive. De l’autre « côté », à Colombes, il est vrai qu’un certain nombre de projets immobiliers ont été construits. La mairie de Colombes anticipe sûrement l’arrivée du tramway, les Jeux olympiques de 2024 ainsi que le Grand Paris.
Pour l’instant, à Argenteuil, depuis à peu près deux ans, la salle des fêtes Jean Vilar a surtout servi de centre de vaccination contre le Covid. Mais il subsiste des opposants au projet de démolition de la salle des fêtes Jean Vilar. Au centre de leurs arguments, le fait que ce projet, s’il se faisait, entraînerait des conséquences que l’on peut appréhender concernant la fréquentation de la librairie Presse Papier mais aussi du centre culturel le Figuier Blanc qui contient des salles de cinéma, plutôt proche, à quelques minutes à pied.
L’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce samedi 7 Mai 2022 aux Cinglés du cinéma d’Argenteuil.
Cette année, Les Cinglés du cinéma se seront tenus au mois de Mai dans le groupe scolaire Paul Vaillant Couturier. Habituellement, la manifestation se déroule au début de l’année, en janvier ou février. Mais pour cause de pandémie du Covid, l’événement a été décalé.
Au centre, l’acteur Jean-Claude Dreyfus dans la cour du groupe scolaire Paul Vaillant Couturier, à Argenteuil. A droite, le Maire d’Argenteuil, Georges Mothron. A gauche, Chantal Juglard, 8ème adjointe du maire, attachée à la culture et au patrimoine. Dans l’arrière plan, on aperçoit une grue à l’emplacement du projet immobilier Kauffmann & Broad. Photo prise ce samedi 7 Mai 2022, à Argenteuil.
L’acteur Jean-Claude Dreyfus a été choisi pour être l’invité d’honneur de cette édition des Cinglés du cinéma. Pour moi, Jean-Claude Dreyfus, cela est surtout resté le boucher du film Délicatessen, un film réalisé en 1991 par Jeunet et Caro. Alors que, depuis, Dreyfus a tourné dans d’autres films et aussi joué au théâtre. Je l’avais aussi vu ensuite dans Le Duc et l’Anglaise de Rohmer mais j’ai toujours eu du mal avec les films de Rohmer.
L’acteur Jean-Claude Dreyfus, au centre. A sa gauche, le Premier adjoint du Maire, Xavier Péricat. A sa droite, La 8 adjointe du maire, Chantal Juglard. A droite de Chantal Juglard, probablement Gilles Savry, 3ème adjoint du maire. Photo prise ce samedi 7 Mai 2022.
Ma fille et moi sommes arrivés aux Cinglés pratiquement au même moment où Dreyfus, accompagné du maire Georges Mothron et de ses adjoints, est arrivé. Et nous avons aussi quitté Les Cinglés du cinéma pratiquement, aussi, au même moment où Dreyfus en repartait, toujours accompagné du maire Georges Mothron et de ses adjoints. Lesquels ont fait en sorte d’être au plus près de lui afin, aussi, de se trouver, autant que possible, sur les photos qui seraient prises.
L’acteur Jean-Claude Dreyfus, entouré, à gauche de Chantal Juglard, 8ème adjointe du maire Georges Mothron, le maire d’Argenteuil Georges Mothron et Xavier Péricat, 1er adjoint du maire. Photo prise ce samedi 7 Mai 2022.
J’ai entendu Dreyfus deviser, cabotiner un peu, aussi. Et l’équipe municipale « sympathiser » avec lui. Le premier adjoint du maire, Xavier Péricat, a raconté à Jean-Claude Dreyfus qu’il avait été en CM1 et en CM2 précisément dans cette école. Et que cela lui faisait donc quelque chose de particulier que d’y retourner lors de cette manifestation des Cinglés du cinéma.
L’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce samedi 7 Mai 2022, aux Cinglés du cinéma.
En effet, du CM1 au poste de premier adjoint de la mairie d’Argenteuil, j’imagine à peine tout ce qu’il a fallu de charge, de choix et de contrariétés préalables. Charge, choix et contrariétés que chacune et chacun connaît un jour à Argenteuil ou ailleurs, à des degrés divers.
Nous étions encore en plein confinement du fait de la pandémie du covid et tenus par un périmètre kilométrique. Nous ne devions pas dépasser les cinquante kilomètres à partir de notre domicile. Et nous devions fournir un justificatif écrit en cas de contrôle de police.
J’étais venu acheter son livre (co-écrit avec Jean-Pierre Leloup) qui avait été publié récemment :
Construire sa légende : Croire en soi, ne rien lâcher et aller jusqu’au bout.
« Au lieu de le commander sur Amazon…. » m’avait dit Jean-Pierre au téléphone.
Une fois sur place, réflexe de journaliste cinéma et de blogueur, j’en avais profité pour interviewer Jean-Pierre.
Puis, j’étais revenu chez lui une seconde fois.
Je me souviens bien de cette phrase et y repense de temps en temps :
« Mon but, c’est de décourager ! ».
Après l’avoir entendue la première fois, il m’a fallu quelques mois supplémentaires avant de commencer à la compléter.
Décourager quoi ?! Décourager l’ego.
Jean-Pierre m’avait par exemple parlé de ces séances où il fait faire 1000 « coups de pieds ». Je lui avais demandé pour quelle raison.
« Pour que l’on se rende compte que c’est possible…. » m’avait répondu Jean-Pierre.
Je me suis inscrit à son dojo vers le mois de février de cette année.
Lorsque je dis que je viens d’Argenteuil pour me rendre à ses cours dans le 20ème arrondissement de Paris, il arrive que l’on s’étonne. Il arrive que l’on trouve que ça fait beaucoup de trajet. Il est arrivé que l’on m’en demande la raison.
Je réponds alors que je viens pour Jean-Pierre. Pour sa personnalité. Parce-que son enseignement est rempli de vécu. Parce-qu’il concilie pratique du karaté et pratique de l’Aïkido et aussi parce qu’il connaît le judo.
Pour les horaires, aussi. Car Jean-Pierre donne également des cours le mardi et le jeudi matin à 9h30. Et cela me convient bien. Il m’arrive de prendre part à ces cours du matin après avoir travaillé la nuit.
Je pourrais ajouter que, tous les jours, et pendant des années, beaucoup de personnes passent entre une heure et deux heures dans des trajets qui les mènent vers un travail ou vers une vie qui leur déplait. Alors que moi, je me rends à des cours de karaté que j’ai choisis.
Plusieurs des élèves de Jean-Pierre se rendent à ses cours depuis plus de dix ans. Cela est notable à une époque où, désormais, les salles de sport, de fitness ou de crossfit, avec leurs horaires extensibles et leurs divers forfaits, ont capté ou “détourné” une certaine partie des anciens adhérents ou des adhérents potentiels des clubs d’arts martiaux.
Il arrive aussi que certaines personnes trouvent que 9h30, le mardi et le jeudi, ça fait tôt pour s’entraîner au karaté.
Mais il existe encore plus tôt.
Entre 6h et 6h30 en semaine, 8h le week-end, et pas très loin du dojo de Sensei Jean-Pierre Vignau, même si ce sont deux mondes très différents et semblant très éloignés l’un de l’autre, il y’a l’école Itsuo Tsuda de Sensei RégisSoavi. Ecole où celui-ci, avec l’une de ses filles, Manon Soavi, enseigne l’Aïkido en première intention. ( Dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda/ séance découverte ).
Et, si les horaires de l’école Itsuo Tsuda étaient compatibles avec mes horaires de travail et l’âge de ma fille, il est possible que je ferais en sorte de cumuler les deux. Ou les trois et les quatre en incluant les enseignements de Sensei Léo Tamaki et d’autres Maitres d’Arts martiaux….
Cela fait des années que les Arts Martiaux m’attirent. Et j’en ai une expérience plus que superficielle en comparaison avec ma « curiosité » et mon attirance pour eux. Bien des pratiquants, avec les années, ont su aller vers différentes disciplines martiales.
« J’ai rêvé cette nuit » aime régulièrement nous dire Jean-Pierre, 77 ans depuis quelques semaines, avec un air rigolard, au début du cours. Dès lors, nous savons, qu’à un moment ou à un autre, il va nous donner une consigne de déplacement ou un enchaînement de mouvements que nous aurons du mal à reproduire. Mais c’est normal. Au début, « tout le monde se trompe » nous rappelle-t’il.
Nous nous appliquons néanmoins. Et nous nous trompons plus d’une fois. Alors, Jean-Pierre nous regarde et nous adresse en souriant un :
« C’est la merde, hein ? ».
Ses gestes sont précis. Il nous explique à quoi correspond tel geste dans la vie réelle. Il nous rappelle régulièrement qu’il existe tant de combinaisons en karaté.
Jean-Pierre aime nous surprendre que ce soit en nous demandant de faire le même déplacement mais en marche arrière. Ou en répétant le même kata en partant des différents points cardinaux du dojo…
J’ai cité l’âge de Jean-Pierre tout à l’heure. Lorsque nous avons du mal à reproduire un mouvement, il nous demande d’avancer sur lui afin de « l’attaquer ». Sa technique est effective et pleine. Pour autant, je ne m’imagine pas être devenu un bon karatéka en à peine quelques mois. Et, je ne cours pas particulièrement après la ceinture. Plus qu’à la ceinture, j’essaie de m’attacher aux moments vécus ainsi qu’à ce que je vois et ce que j’entends. Car la couleur d’une ceinture peut aussi rendre aveugle, sourd, narcissique, théorique, subordonné, rigide et amnésique :
Rouler des mécaniques parce-que l’on se sent très sûr de soi, en cas de combat physique, n’est pas mon projet. Car il existe bien des obstacles devant lesquels rouler des mécaniques ne suffira pas : devant la vie comme devant la mort, pour préserver des amitiés, rencontrer les autres, avoir une vie de couple satisfaisante, éduquer ses enfants correctement, obtenir un conseil avisé et sincère….
Jean-Pierre, pour moi, ne roule pas des mécaniques. Il est concret. Simplifié. Cela peut heurter ou déranger. Pour moi qui ai souvent tendance à théoriser comme à me compliquer l’existence, j’ai donc l’impression que venir pratiquer avec Jean-Pierre et me rendre à son dojo me fait emprunter des trajets, et des directions, qui peuvent m’aider à mieux vivre et aussi à encore mieux me trouver.
J’ai luRéinventer l’Amour ( Comment le Patriarcat sabote les relations hétérosexuelles) de Mona Chollet
« On va tellement vous violer que vous ne pourrez plus avoir d’enfants » auraient dit des militaires russes à des femmes ukrainiennes. Depuis le 24 février 2022, l’armée militaire russe a commencé à envahir l’Ukraine. Et la guerre, qui était « prévue » pour être courte, continue entre les deux pays.
Il y a quelques années, j’ai envisagé d’aller travailler dans un CMP ( Centre Médico- psychologique) pour adultes en banlieue parisienne, dans une ville assez proche d’Argenteuil, ville où j’habite.
Lors du trajet en voiture depuis Gennevilliers vers ce CMP , situé à Villeneuve la Garenne, la cadre infirmière m’avait un peu raconté quelques unes de ses missions humanitaires passées. Dont une durant la guerre en ex-Yougoslavie. Dans la voiture de service, tout en me conduisant, cette infirmière expérimentée, à quelques années de la retraite, m’avait parlé de sa peur. De sa peur du viol. Et de deux sœurs bosniaques qu’elle avait alors connues. L’aînée des soeurs lui avait servi d’interprète.
Après la guerre, l’aînée, avec laquelle elle était restée en contact, était demeurée célibataire et avait développé un cancer. La plus jeune, femme très coquette à l’origine, s’était mariée et radicalisée religieusement.
Chaque fois qu’il y a des guerres, des femmes mais aussi des enfants se font violer. Si, en temps de « paix », certains viols peuvent être- difficilement- condamnés, en temps de guerre, il peut être encore plus difficile de les faire condamner comme de faire condamner leurs auteurs.
D’autant plus que la « Paix », comme la Santé, ont des définitions très variables. Puisque l’on peut, aussi, être victime d’un viol dans un pays en « Paix » et riche comme la France.
Paris, mars 2022.
Les multiples guerres du quotidien
Car, si certaines guerres militaires sont plus médiatisées que d’autres, il existe bien d’autres déclinaisons de la guerre :
Des guerres domestiques, sociales, économiques, relationnelles, professionnelles, culturelles. Et, ces multiples guerres du quotidien, directes ou indirectes, propulsent plus facilement certaines et certains aux avants postes tandis que d’autres, «progressivement », et malgré leurs efforts, régressent, stagnent ou piétinent dans leur évolution personnelle.
Récemment, à la gare de Paris St Lazare, j’ai aperçu un patient que j’avais d’abord “croisé” une première fois deux ou trois ans plus tôt dans un service d’addictologie où j’avais effectué quelques remplacements. Puis, au début de la pandémie du Covid, je l’avais reconnu aux abords de la gare St Lazare.
Au début de la pandémie du Covid, il présentait bien, avait même une perception assez critique concernant la pandémie . Quand je l’ai revu à la gare St Lazare, la semaine dernière, il était en train de fumer, sans masque, et ressemblait à un clochard. La première fois que je l’avais recroisé près de la gare de Paris St Lazare, il faisait la manche. Il y a quelques jours, j’imagine qu’il était encore dans la gare de Paris St Lazare pour continuer de faire la manche. Sauf que son état personnel s’était aggravé. Pourtant, depuis des années, cet homme qui a connu l’emploi, comme d’autres femmes et d’autres hommes, a essayé et aura essayé de s’en sortir.
Je ne peux pas affirmer que, par son livre, Mona Chollet, vise aussi ces sujets puisque le titre de son ouvrage est : Réinventer l’Amour. Mais voilà ce qu’il commence par m’inspirer, ce matin, alors que j’ai terminé sa lecture dans un jardin des Tuileries ensoleillé il y a plus d’une semaine désormais.
Mona Chollet parle d’Amour et avec son titre rajoute :
Comment le Patriarcat sabote les relations sexuelles. Et, moi, je commence par parler de viols de femmes par temps de guerre et de paix. Puis d’un homme en voie de clochardisation.
« On va tellement vous violer que vous ne pourrez plus faire d’enfants… ».
« On va tellement vous violer que vous ne pourrez plus vous exprimer ».
Réinventer l’Amour : un livre de « fille » et d’intello favorisée
Je n’aurais pas lu ce livre de Mona Chollet, si, une de mes jeunes collègues internes, Chamallow, en stage dans mon service, ne m’en avait parlé il y a plusieurs semaines. Après que j’aie eu la curiosité de lui demander ce qu’elle lisait ou avait lu récemment.
J’avais entendu parler de ce livre. Mais je l’avais pris pour un sujet ou un livre de « fille ».
Moi, qui, depuis des années, évolue dans un milieu professionnel qui a souvent été majoritairement féminin ; moi qui exerce un métier de soignant (infirmier en soins psychiatriques et pédopsychiatriques ou en Santé Mentale ), métier auquel on attribue plutôt des « qualités » ou des vertus féminines ; moi, qui, en tant qu’aîné, a, à partir de mon adolescence jusqu’à mes trente ans, joué un rôle de substitut parental jusqu’au sacrifice de mon intimité et de mon célibat, j’ai d’abord pensé, en entendant parler de ce livre de Mona Chollet : « C’est un truc de fille ! » ou « Encore une intello favorisée qui a les moyens de vivre de ses concepts ».
Mona Chollet est en effet une femme, après avoir été une fille. Et, elle vient bien d’un milieu social et intellectuel favorisé, voire privilégié, en tant que femme blanche, même si ses parents se sont séparés alors qu’elle était enfant, comme elle le mentionne. Néanmoins, son livre m’a rapidement plu.
Depuis, j’ai déjà remercié plusieurs fois Chamallow de m’avoir prêté ce livre. A la fois pour le plaisir que j’ai eu à le lire. Mais, aussi, à le lire certaines fois dans mon service actuel : avant de lire Réinventer l’Amour de Mona Chollet, j’ignorais que l’on pouvait prendre d’autant plus de plaisir à lire un livre que son contenu contraste avec l’état d’esprit ou la culture plutôt générale dans le service où l’on travaille.
Le plaisir de lire Réinventer l’Amour, la nuit, dans mon service actuel où, pour certains collègues, un homme, et un bon infirmier, c’est d’abord quelqu’un qui s’impose.
Mon service actuel n’est pas un service de collègues violeurs et de collègues femmes violées. Peut-être, qu’un jour, lorsque je me déciderai vraiment à prendre le temps d’écrire que j’inventerai des histoires de ce genre. Mais, pour l’instant, j’en suis encore à décrire le fait que dans mon service actuel, certaines valeurs « viriles » font office de table de Loi. Dans mon service actuel, plus que dans les services et les établissements précédents où j’ai travaillé, pour certains de mes collègues, un homme (et je suis un homme, c’est certain) et un bon infirmier (et je suis infirmier), c’est d’abord quelqu’un qui s’impose.
En particulier, physiquement. Pour faire des injections à un patient agité ou opposant à la prise de son traitement par voie orale (sous forme de gouttes le plus souvent).
Dans mon service actuel, pour certains de mes collègues, être un homme et un bon infirmier, c’est pratiquer la contention physique. Et, aussi, sans doute, parler fort ou plus ou moins fort, faire connaître ses exploits physiques, les raconter, parler de certains sujets d’une certaine façon ( le Foot, les femmes, parler de sa vie etc….).
Peu importe que, lorsque je l’estime justifié et inévitable, je puisse, aussi, faire des injections, de la contention physique, ou y participer avec d’autres collègues lorsque nous devons le faire. Mon personnage, ma personnalité, ne cadre pas avec la conception que se font certains de mes collègues actuels de ce qu’est ou doit être un homme mais, aussi, un bon infirmier. Ou, tout simplement, un être humain dit “normal”. Alors que moi, sans m’en apercevoir, car c’est ma normalité, sans doute que je me comporte “bizarrement”. C’est à dire pas comme tout le monde.
Sans doute aussi, parais-je un petit peu trop “intello” pour être honnête.
Et, vu que, paradoxalement, je parle peu de ma vie conjugale et de ma fille au travail, cela doit vraisemblablement signifier que je dissimule des projets, des pensées et des moeurs fort peu recommandables : j’attends presque ce moment ( ce suspense devient un peu insoutenable) où certains de mes collègues décideront ( c’est peut-être déja fait) que je suis probablement pédé ou homosexuel.
Pour moi, ce n’est pas une insulte d’être confondu avec un homosexuel. Je trouve ça plutôt drôle. Mais je sais, aussi, que dans certains milieux et dans certains groupes, être perçu comme un homosexuel peut revenir à être considéré comme un sous-homme ou comme une sorte de perversion. Ce qui peut susciter, de la part de certaines personnes, une agressivité et une violence particulières, redoublées, ou un rejet, à l’encontre de celle ou de celui qui est suspecté(e) d’homosexualité.
J’ai donc compris, que, pour certains de mes collègues actuels, je suis un baltringue; un con; quelqu’un à qui « on ne fait pas confiance » ; quelqu’un qui se « débine » ou se « débinerait » lorsque cela se tend avec un patient ou lorsque cela est susceptible de se tendre. Et que je suis quelqu’un, c’est une certitude pour certains de ces collègues, ou cela l’a été !, que je n’ai rien à faire dans mon service actuel où je travaille, maintenant depuis un peu plus d’un an. Et, cela, malgré plus de vingt ans d’expériences en soins psychiatriques et pédopsychiatriques, de jour, comme de nuit, dans des services intra comme extra hospitaliers où j’ai eu, aussi, à vivre des situations de tension avec des patients et des patientes. Ainsi que certaines confrontations physiques.
Je manquerais de “couilles”. Si on ne l’a pas bien compris. Et si j’ai bien décodé certains messages que m’ont adressé certains de mes collègues assez peu courageux, qui marchent et pensent souvent par deux au minimum.
Je ne compte déja plus le nombre de fois où en me disant bonjour certains de ces collègues virils , et très assurés, ont rapidement évité ou évitent mon regard alors que nous nous retrouvons face à face. Le dégout de ma personne sans doute ou un sentiment proche de la pitié pour l’irrémédiable merde que je suis.
Je serais « trop gentil ». Je « discuterais trop ». Peu importe que, plusieurs fois, cette « gentillesse », cette « discussion » de quelques minutes mais aussi cette « patience » de quelques minutes, aussi, ont déjà permis de désamorcer certaines situations. Dans mon service actuel, avoir certaines aptitudes pour la modération serait plutôt un aveu de faiblesse d’après le point de vue de certains de mes collègues.
Le parallèle avec le livre de Mona Chollet, Réinventer l’Amour ?
Si l’on parle de l’Amour, d’une façon ou d’une autre, on en arrive à parler du Pouvoir sur le corps d’autrui.
Si l’on parle d’Amour, d’une façon ou d’une autre, on en arrive à parler du Pouvoir. Du Pouvoir dont on dispose mais aussi du Pouvoir que l’on peut, ou pourrait, en certaines circonstances, pour certaines raisons, bonnes ou mauvaises, choisies ou involontaires, exercer sur quelqu’un d’autre.
Et si l’on parle d’Amour, même si l’Amour spirituel, parental, filial, cérébral ou platonique existe, on parle aussi, du corps. De ce Pouvoir qu’une personne peut exercer, à qui l’on donne cette autorisation ou cette possibilité, sur notre corps.
Lorsque l’on aime quelqu’un ou lorsque l’on est malade (d’Amour ou d’autre chose), il arrive un moment où l’on se confond avec l’autre. Avec son désir, sa volonté.
Où l’on s’abandonne à lui. Où l’on se confie à elle ou à lui.
Où il arrive un moment, aussi, où, malgré l’intimité ou la proximité, on résiste ou s’oppose. Soit parce-que l’on a peur. Soit parce-que l’on perçoit l’autre comme un agresseur dont on veut se défaire ou se défendre.
Parfois, nous avons encore la possibilité de nous défaire ou de nous défendre de l’autre. Parfois, il est trop tard ou un peu trop tard lorsque nous réagissons :
Les victimes d’un viol, d’une agression, à moins d’avoir été surprises dès le début par leur agresseur (e) ont souvent, au début, laissées celle-ci ou celui-ci s’approcher de leur espace personnel. Elles (les victimes) ont souvent « cohabité » ou « coexisté » un temps avec leur futur(e) agresseur ( e). Que cette agression se répète ou qu’elle soit unique.
Mona Chollet parle-t’elle de cela dans son livre ? Pas de cette façon.
Récemment, j’ai écouté un podcast dans lequel était interviewée l’humoriste Caroline Vigneaux. En l’écoutant, j’ai appris que ses spectacles étaient très documentés (comme pour beaucoup d’humoristes) mais, aussi, qu’elle visait à faire passer des messages.
Parmi ces messages, bien qu’ouvertement féministe, lors de cette interview, Caroline Vigneaux confirmait aussi s’être accrochée violemment- et verbalement- avec des femmes, sûrement des victimes d’agressions, pour lesquelles « Tous les hommes sont des prédateurs ».
S’il est un fait que, le plus souvent, les victimes de viols sont des femmes ( et des enfants filles ou garçons), fermer la boucle par un « Tous les hommes sont des prédateurs » ne permettra pas de….réinventer l’Amour.
J’ai parlé du corps, tout à l’heure. Parler du corps, c’est aussi, bien-sûr, parler de la sexualité. Nous n’avons pas tous le même rapport à la sexualité. Notre rapport à la sexualité peut être différent selon l’âge que l’on a. Selon nos croyances. Selon notre éducation.
Dans mon éducation de petit antillais né en France, la musique et la danse, qui sont des dogmes sociaux et culturels aux Antilles, m’ont indiscutablement préparé ou initié, sans pour autant faire de moi, un Rocco Siffredi antillais, à un certain éveil corporel et sexuel. Danser le Compas et le Zouk dès l’enfance, que ce soit en France et en Guadeloupe, mais aussi voir toutes les générations, des enfants aux grands parents, danser de cette manière lors de festivités (baptêmes, mariages, communions…) permet sans aucun doute une approche assez précoce et concrète de son propre corps comme du corps de l’autre, qui plus est en rythme ( un rythme binaire pour comparer avec le rythme ternaire du Maloya par exemple qui me semble moins dansable à deux) comparativement à une éducation où, à la maison ou en famille, on va écouter de la variété française, du Rock ou de la musique classique.
On a bien sûr une sexualité et un éveil à la sexualité et au corps même lorsque l’on écoute de la variété française, du Rock, de la musique classique, de la techno ou du Rap ou un tout autre genre musical. Autrement, un certain nombre de lectrices et de lecteurs de cet article ne pourraient pas le lire aujourd’hui et demain.
Mais on comprendra facilement, je crois, que lorsque l’on danse « collés-serrés » sur du Zouk ou du Compas, que la composante sexuelle de la musique et de la danse, est facile à détecter de façon implicite ou explicite. Et si, malgré cela, on danse en toute « innocence », certaines paroles en Créole ( pas uniquement du bien connu Francky Vincent ) de certaines chansons nous signalent assez « bien » que la sexualité et le coït sont envisagés. Ou suggérés.
Il y a quelques années, maintenant, un copain enseignant avait voulu traduire en Français, à sa classe, les paroles du tube Angela du groupe Saïan Supa Crew mais dans des termes châtiés. Il m’avait donc sollicité. J’aurais tellement voulu lui rendre ce service mais même en faisant tourner dans ma tête diverses correspondances, j’avais été obligé de lui dire qu’il n’y avait rien à faire :
Si je traduisais, honnêtement, une des phrases phares de la chanson, cela donnait quelque chose comme, sur un air enjoué, « Angela, je vais te défoncer (sexuellement, s’entend) pendant l’absence de ton père ». Ce qui est quand même plus « rentre-dedans » que les sous-entendus de La Sucette à l’Anis composée par Gainsbourg pour la naïve France Gall et que, plus tard (car je suis plus jeune que Gainsbourg et France Gall, aujourd’hui disparus) des mômes de 12 à 13 ans, chantaient avec amusement, et en toute lucidité concernant ces sous-entendus sexuels, dans une des colonies de vacances où je fus assistant sanitaire.
Depuis mon enfance, que je m’en souvienne ou non, j’ai entendu des chansons à caractère sexuel à peine camouflé dans des festivités antillaises. Et j’ai dansé dessus, en toute simplicité, comme la majorité des personnes présentes. Sans y penser plus que ça.
Mais, avant la sexualité, le corps, cela commence par la peau. La peau du nouveau né que l’on a été. Et que l’on est resté d’une certaine façon quel que soit notre âge. Comme une part de notre enfance et de notre adolescence reste en nous, même à l’âge adulte.
La peau, aussi, a une mémoire. Une mémoire surpuissante qui dépasse, je crois, notre intellect et notre raisonnement.
Alice Miller, psychanalyste bien connue, a écrit un livre que j’ai emprunté mais que je n’ai pas encore lu et dont le titre est :
Notre corps ne ment jamais.
Malgré toutes nos expériences, toutes nos prétentions et nos certitudes, toutes nos applications high tech, toutes nos « victoires », tous nos titres et toutes nos conquêtes, je crois qu’il est des vérités incontestables ou assez incontestables comme le titre de ce livre d’Alice Miller.
Que l’on parle de la torture, d’un viol, d’une blessure, d’un traumatisme, d’un harcèlement, d’un burn out, d’un désespoir ou d’un plaisir consenti, il m’apparaît très difficile d’échapper à la vérité de ce titre d’Alice Miller. C’est pourtant une vérité à laquelle, quotidiennement, nous tournons le dos ou que nous ignorons.
Et, sans être psychanalyste, je suis resté marqué par cette découverte que j’ai faite lors de ma formation en massage bien-être il y a quelques années :
Pour asseoir cette formation en massage bien-être, très concrète, je me suis fait masser par différents stagiaires, femmes et hommes de différentes histoires et horizons. Y compris par un homosexuel, à son domicile.
Et j’ai aussi massé des stagiaires en formation massage bien-être comme moi, femmes et hommes. J’ai aussi massé certains de mes proches et moins proches (famille, amis, connaissances).
J’ai appris que quelques personnes, une minorité, en se faisant masser au cours de cette formation en massage bien-être, dans un climat de réelle bienveillance, s’était effondrée en larmes. Des émotions douloureuses, anciennes et ancrées en elles (j’ai plutôt entendu parler de femmes à qui cette expérience est arrivée), aspirées par les mains qui les massaient, avaient en quelque sorte « fracassé » ces barrages mentaux qu’elles soutenaient de toutes leurs forces pour juguler une certaine souffrance intérieure et très forte. Cela pouvait être parce-que, jamais, dans leur enfance, on ne les avait touchées avec une telle « bienveillance ». Ou pour toute autre raison…
De mon côté, je me rappelle de mon effarement en massant deux amis de longue date. Deux amis que je connais depuis le collège. Bien qu’officiellement volontaires tous les deux pour que je les masse, ces deux amis (masculins, donc) se sont révélés particulièrement indisponibles pour profiter du massage.
L’un expliquant à sa compagne (j’étais venu le masser chez eux) un peu comme s’il s’agissait d’aborder un problème de mathématiques, que, pour se faire masser, il « faut se laisser aller ». Pour me montrer, ensuite…comme il avait particulièrement du mal à se laisser aller.
Lorsque l’on se laisse aller lors d’un massage, on peut soit se mettre à pleurer si certaines émotions douloureuses font surface ou, au contraire, se détendre jusqu’à l’endormissement. Et il s’agit d’un endormissement réparateur et très agréable. Même si cet endormissement ne dure que quelques minutes.
Je me demande si j’ai le droit de faire un parallèle pour cet ami, qui est quand même mon meilleur ami, entre le fait qu’il ait eu autant de mal à recevoir mon massage et le fait que lorsqu’il a tenté de faire une thérapie, il a pu dire qu’il ne s’y passait « rien », car ne parvenant pas, j’imagine, à « s’ouvrir » suffisamment ou à se « laisser » aller ou porter…..
J’ignore si le fait que mes deux amis se connaissent a joué. Néanmoins, à plusieurs jours ou plusieurs semaines d’intervalle, le second ami a fait encore « mieux » que le précédent :
Alors que je le massais, chez moi, subitement, cet ami s’est avisé qu’il lui fallait absolument consulter son téléphone portable. Je l’ai donc vu étendre son bras pour attraper son téléphone portable….
Mon propre père a refusé ma proposition de se faire masser. Tandis que ma mère, ma jeune sœur et mon jeune frère se sont faits masser avec plaisir. Mon frère allant jusqu’à rester endormi dix bonnes minutes après la fin du massage.
Lors d’une autre expérience, alors que, dans un centre de plongée et d’apnée en banlieue parisienne, je le massais à même la peau, un moniteur de plongée ( également motard ) celui-ci, plutôt sympathique, et volontaire également, parlait sans discontinuer. Me racontant qu’il avait “déja fait” des massages. S’amusant aussi quant au fait que j’avais peut-être prévu de ” la musique indienne” etc….
Il faut savoir que je fais plutôt partie des personnes, qui, lorsqu’elles sont “dans” le massage, en tant que masseur ou massé, entrent dans une sorte de méditation :
Un peu sans doute comme dans la lecture d’un livre ou lorsque j’écris. Il m’est arrivé d’être appelé alors que j’étais en pleine écriture. Et, souvent, la personne que j’ai eue au téléphone a eu l’impression de me réveiller. J’étais tout simplement encore ” en moi-même” en répondant au téléphone.
Lorsque je masse, si la personne massée peut “entrer en elle”, j’entre aussi en moi-même, tout en étant attentif à la personne que je masse comme au temps que je mets. C’est un voyage à la fois commun mais aussi individuel. Le corps de l’autre et le contact de nos mains reliées bien sûr à notre être, donc, également à notre corps et à notre propre vie intérieure permettent ce voyage.
Dans ces circonstances, être en présence de quelqu’un qui se met à parler pour “meubler” ou sans doute parce-qu’il est finalement mal à l’aise, casse en quelque sorte l’ambiance. Un massage, de mon point de vue, est pour beaucoup un voyage intérieur même si l’on part de “l’extérieur” ( le corps, des mains, de l’huile, un environnement et un moment particulier….).
Néanmoins, ce jour-là, s’il était particulièrement bavard lors du massage à l’huile de son dos, ce “cobaye” moniteur de plongée, qui était déja descendu à soixante mètres et plus profond en plongée bouteille, s’était soudainement tu. Lorsque j’étais ensuite passé à une forme d’étirements et de balancements plus fermes mais aussi plus toniques qui détendent également. J’en avais déduit que c’était cela qui convenait le mieux à cet homme. Un homme que je n’ai jamais revu par la suite car en revenant plus tard, en accord avec le directeur de ce centre aquatique, pour masser et relaxer des plongeuses et des plongeurs volontaires avant leur séance ( et il y’en eut), j’appris que ce moniteur de plongée s’était tué quelques semaines plus tard à moto.
Un autre ami, toujours vivant, lui, que j’ai massé deux ou trois fois, m’avait aussi surpris à chaque fois. Plutôt réservé quant à ses émotions et assez dur au mal, très travailleur, perfectionniste, et plus que reconnu dans sa profession, chaque fois que j’avais commencé à le masser, cet ami s’était mis subitement à me parler – lui qui est plutôt du genre à voir toute forme de thérapie comme une absurdité- et à se confier à moi sans que je ne m’y attende.
Je me rappelle aussi d’une fois, en particulier, où, après l’avoir massé, j’avais “ramassé” beaucoup de ses tensions intérieures.
Enfin, bien-sûr, plus d’une fois, des personnes m’ont dit ouvertement qu’elles voyaient le massage comme un préliminaire à l’acte sexuel. Et que, de ce fait, il était pour elles hors de question que je les masse. Cela a pu prendre des proportions très comiques avec mon beau-frère. Ainsi qu’avec un ami, Raguse.
Alice Miller a donc raison : Notre corps ne ment jamais. Et, selon l’état de confiance et de méfiance, d’attirance ou de répulsion dans lequel on se trouve, on accepte, à tort ou à raison, de s’en remettre à l’autre. Et, il me semble que l’Amour, c’est, à un moment ou à un autre, s’en remettre à l’autre dans une certaine intimité.
Il est courant de considérer qu’une personne nous inspire de la méfiance parce-que son attitude nous apparaît « louche » ou « suspecte ». Et cela peut être vrai. Sauf que l’on parle moins souvent de ces fois où l’on attribue à quelqu’un des défauts ou des vices, mais aussi des qualités extraordinaires, qui existent principalement dans le décor de notre imaginaire.
J’ai plusieurs fois été marqué d’entendre des femmes se plaindre d’histoires malheureuses qu’elles avaient pu connaître avec des hommes. Alors que, parallèlement à cela, ces mêmes femmes avaient pu se détourner ou se montrer impitoyables avec d’autres hommes sincèrement attentionnés à leur égard.
Pas plus tard qu’il y a quelques jours, une interne qui faisait sa dernière garde dans mon service, en tant que stagiaire, me parlait d’une conférence ou d’un colloque où elle s’était rendue et où elle avait eu l’impression de se trouver « dans une secte » :
Un médecin chef (psychiatre, je crois) y était admiré par plusieurs de ses autres collègues médecins. Des femmes, exclusivement. Et, à un moment donné, l’une d’elle, a pris la parole pour s’exprimer sur un sujet donné. Sauf que son point de vue n’a pas été partagé par le médecin chef qui, devant tout le monde (environ une cinquantaine de personnes) lui a dit : « Tu dis n’importe quoi ! ».
La jeune interne qui me racontait ça m’a ensuite appris, médusée, que la femme médecin humiliée en public avait trouvé des circonstances à ce médecin chef qu’elle estimait si « génial ! ».
J’en ai rajouté une couche en disant à cette jeune interne :
Peut-être ou sans doute que toutes ces femmes qui admirent ce médecin chef aimeraient s’autoriser à être comme lui. Et j’ai en quelque sorte conclu en disant que, sans aucun doute, d’ici quelques années, plusieurs de ces femmes médecins diront que travailler avec ce médecin chef a constitué ou aura constitué l’une des meilleures périodes de leur vie professionnelle mais aussi personnelle.
Mona Chollet, dans son livre, Réinventer l’Amour, parle de ces sujets autrement. Avec d’autres exemples. En citant Marlon Brando et Serge Gainsbourg, deux hommes, deux Personnalités et deux artistes, encore adulés. Des modèles pour bien des femmes et des hommes encore aujourd’hui.
Lorsque l’on lit l’ouvrage de Mona Chollet, on rit jaune en découvrant l’envers du décor conjugal de Marlon Brando et Serge Gainsbourg. Pareil pour Miles Davis, mon musicien préféré malgré ce que je savais déja de lui en tant que père plus qu’absent et déplorable.
Dans le livre de Mona Chollet, cela m’a fait rire de lire ce passage où Miles, jaloux et paranoïaque, persuadé qu’un rival amoureux se cachait à la maison, s’est mis à dévaler les escaliers, un couteau de cuisine à la main.
Je peux me permettre de rire, d’une part, parce que Cicely Tyson, je crois, sa compagne de l’époque, est toujours en vie. Mais, aussi, parce-que, plusieurs années après la mort de Miles (en 1991, la même année que Serge Gainsbourg) Mona Chollet nous apprend dans son livre que Cicely Tyson affirme encore que Miles est « son homme ».
La grande chanteuse de Blues, Billie Holliday, finalement, ne chantait pas autre chose. Et Edith Piaf ?
Je peux rire jaune concernant Miles et son couteau de cuisine. Pourtant, concrètement, il y a à peine deux semaines, avec deux de mes collègues, nous avons transféré un homme, dans un service d’hospitalisation en psychiatrie, parce-que, Monsieur, après avoir pris de la cocaïne avec sa compagne, et chez elle, a commencé à être persuadé que quelqu’un se cachait dans l’appartement. Et que celle-ci lui mentait. Alors, Monsieur a violenté sa compagne, a confisqué ses deux téléphones portables. Il a fallu l’intervention de la police, appelée par des voisins, pour sortir la compagne de cet embarras. Lors du transfert, que nous avons effectué de nuit, après une nuit passée par ce patient dans notre service, ce Monsieur ne m’a pas semblé plus culpabilisé que cela concernant son comportement. Il ne m’a pas non plus donné l’impression de douter plus que cela de pouvoir renouer avec sa compagne. Laquelle, si elle avait confirmé les faits devant la police, avait refusé de porter plainte contre lui.
Cette ambivalence toute autant féminine que masculine vis à vis de l’Amour permet de s’apercevoir que le livre de Mona Chollet traite d’un sujet bien plus sérieux et difficile qu’il n’y paraît. Et Mona Chollet a fourni un gros travail de recherche. Son livre est facile et agréable à lire. J’ai aimé la façon, dont, par moments, elle entremêle, sans trop en rajouter, des bouts de ses expériences personnelles qui complètent son livre et en font un objet à cœur ouvert qui tranche avec ces livres pleins de dialectiques alambiquées et théoriques.
J’ai aussi aimé toutes ces références qu’elle nous donne en termes d’ouvrages ou de personnalités portées sur ce sujet des relations entre les femmes et les hommes. C’est en lisant ce livre que j’ai ainsi découvert Victoire Tuaillon dont j’ai emprunté le livre Les Couilles sur la Table que je n’ai pas encore lu. Préférant d’abord lire Retour de flammes ( les pompiers, des héros fatigués ?) de Romain Pudal dont le titre peut faire penser que j’ai eu besoin de me rassurer en me réfugiant dans un sujet « bien viril » alors que, finalement, je trouve que plusieurs caractéristiques des valeurs que l’on trouve chez les pompiers convergent très bien avec ce que je vis- en partie- dans mon service actuel. Et, donc, avec le sujet du livre de Chollet.
Mona Chollet, dans ce livre-ci, parle aussi de l’image de la femme. Des contraintes vestimentaires que la femme peut s’infliger pour plaire. Dans cet article, j’ai inséré des photos- très courantes- de publicités montrant des femmes dénudées. Ces photos ont plu à mon regard tant d’un point de vue esthétique qu’érotique. Mais il m’a semblé que parler du livre de Mona Chollet en l’illustrant, aussi, avec ces photos, peut aussi permettre de se rappeler du monde dans lequel nous vivons comme de la façon dont, souvent, des jeunes femmes, nous sont présentées. Même si, par ailleurs, pour ma part, je sais très bien que je ne rencontrerai jamais, dans la vraie vie, des femmes aussi avantagées physiquement. Et même si cela arrivait, cela ne suffira pas forcément pour devenir intime avec elles ou “amis”.
On dira donc que je regarde ces photos pour “l’art”, car ce sont souvent de belles photos ainsi que pour le plaisir des yeux. Et qu’en lisant un ouvrage comme celui de Chollet, je m’aperçois un peu plus de ce que ces mêmes photos peuvent avoir de brutal et d’oppressant pour l’identité de certaines femmes. Et, évidemment, en tant que père d’une fille, je m’inquiète sans doute aussi un peu plus de la portée de ce genre de clichés photographiques, quasi-pornographiques, sur certains enfants mais aussi sur d’autres personnes plus âgées.
A propos de la pornographie, on peut peut-être lire cet article que je découvre de plus en plus lu sur mon blog : Brigitte Lahaie en podcast . Un article que j’avais écrit au mois de Mai de l’année dernière.
Mais j’ai néanmoins bien parlé de l’ambivalence « autant féminine que masculine » vis à vis à de l’Amour.
L’ambivalence « autant féminine que masculine » vis à vis de l’Amour :
Certaines œuvres, comme certaines rencontres ou expériences, nous marquent encore plusieurs années plus tard.
Le film Mystic River de Clint Eastwood fait partie de ces œuvres et expériences pour moi. A la fin du film, nous savons que Sean Penn, a été persuadé que son ami d’enfance, interprété par l’acteur Tim Robbins, est celui qui avait assassiné sa fille.
Alors, Sean Penn, devenu, adulte, plus ou moins un caïd dans son quartier, a fait « avouer » à son ancien ami d’enfance que c’est bien lui qui avait assassiné sa fille ( la fille de Sean Penn). Une fois que l’ami d’enfance ( Tim Robbins), brutalisé et intimidé par Sean Penn et ses hommes, a « avoué », Sean ( qui porte bien-sûr un autre prénom dans le film) applique ce qu’il considère être la justice d’un père vengeant l’assassinat immonde de sa fille . Et il exécute son ami d’enfance. Car les « aveux » de celui-ci ont balayé ses derniers doutes.
Pourquoi Sean Penn croit-il plausible que son ami d’enfance ait pu assassiner sa fille ? Parce-que, plus jeunes, alors que Sean Penn, Tim Robbins et Kevin Beacon, jouaient ensemble dans leur quartier, le jeune Tim, perçu, en le regardant, comme le plus fragile psychologiquement du trio, avait été kidnappé par deux adultes se déplaçant en voiture. Puis violé.
Ce qui veut dire qu’un prédateur ne choisit pas n’importe quelle proie. Et qu’une fois que l’on a été la proie ou la victime de quelqu’un, qu’il peut rester en nous, la trace de ce passé qui peut être retrouvée- et utilisée- par quelqu’un d’autre. Si, entre-temps, on n’a pas appris à se défendre en cas d’agression ou à mieux reconnaître, et plus vite, de véritables agresseurs et prédateurs, lorsqu’il s’en présente.
On peut être un homme et avoir été, plus jeune, le souffre-douleur attitré de certaines personnes parce-que l’on a été identifié comme celui qui est « faible » ou qu’il est facile de malmener pour s’amuser. C’est ce que j’ai compris lorsque le combattant français Patrice Quarteron, né en 1979, dont je découvre le surnom « Le Rônin sombre », pratiquant du Muay Thaï, a pu dire dans une interview que, plus jeune, malgré ou à cause de sa grande taille, qu’il était souvent celui que l’on venait frapper. Quarteron allant, alors, jusqu’à ironiser en se remémorant ce passé en disant quelque chose comme :
« C’était drôle, c’était toujours Patrice Quarteron que l’on venait frapper…. ». On revenait « toujours » le frapper, comme on revenait souvent frapper à une même porte, parce qu’à cette époque, révolue, Quarteron était « connu » comme celui sur lequel on pouvait facilement venir se défouler. Pour faire passer le temps.
Comme on peut le faire pour certaines femmes sexuellement ou physiquement. Ou, sur certains enfants.
Dans Mystic River, face aux trois jeunes garçons dont les personnages sont joués, adultes, par Sean Penn, Tim Robbins et Kevin Beacon, les deux hommes prédateurs, âgés d’une quarantaine d’années, établissent que le « jeune » Sean Penn est un dur à cuire qui va leur donner du mal. Et que le « jeune » Kevin Beacon est trop malin. Cela semble se « voir » ou se deviner en regardant ces trois jeunes garçons qui doivent avoir alors 12 ans tout au plus.
Alors, les deux prédateurs se rabattent sur le « jeune » Tim Robbins. Le plus docile, le plus vulnérable et sans doute aussi le plus poli et le plus gentil. Celui qui est, ici, trop pétri de bonnes manières. Celui, qui, plus tard, sans doute aurait été un homme galant, attentionné etc est celui qui est sacrifié.
Etant donné que les apparences peuvent être trompeuses, les deux prédateurs auraient pu tomber sur un jeune “Tim”, finalement bien plus combattif qu’ils ne l’avaient cru. Mais il se trouve que le jeune “Tim” s’est révélé être la victime “idéale” pour ces deux hommes. Peut-être du fait de leur déja grande “expérience” mais aussi de leur instinct de “chasseurs”.
A la fin du film Mystic River, Sean Penn apprend qu’il s’est trompé sur son ancien ami d’enfance. Et que celui-ci n’était pas l’assassin de sa fille. Sean Penn a alors un moment d’effondrement face à sa femme. Et, là, celle-ci, le « remonte » et lui dit, ou plutôt lui assène, qu’il a fait ce qu’il fallait faire ! Qu’il s’est comporté comme un chef de tribu doit le faire ! Nous avons donc, là, une mère, et une femme, qui considère qu’un homme, en tant que chef de famille, même s’il se trompe, doit être capable de s’imposer physiquement et de tuer pourprotéger ou défendre sa famille. Nous sommes donc ici très loin du discours selon lequel il est attendu d’un homme qu’il soit aux petits soins avec sa femme et sa progéniture ; qu’il fasse des bons petits plats ; qu’il invite sa femme au restaurant, lui déclame des poèmes, change les couches des enfants, aille faire les courses et participe aux tâches ménagères comme aux devoirs scolaires des enfants etc….
Parce-que, même si un homme peut cumuler certaines aptitudes domestiques avec celles d’un Sean Penn dans Mystic River, il m’apparaît peu plausible qu’un même homme puisse et à la fois être l’équivalent d’un Sean Penn dans Mystic River mais, aussi, être un compagnon doux et attentionné selon certains critères d’égalité officiels entre les femmes et les hommes, et qu’il soit recherché pour cela par la majorité des femmes.
Il me semble que tout en recherchant plus d’égalité avec les hommes, que bien des femmes vont préférer avoir un Sean Penn tel qu’il est dans Mystic River soit comme amant, soit pour mari et père de leurs enfants. Tandis que d’autres femmes ne pourront pas accepter de vivre avec un homme pareil car elles se sentiront incapables de “rivaliser” ou avec lui ou ne pourront pas le “maitriser” ( le dominer)….
Je me rappelle qu’il y a plusieurs années, un ami guadeloupéen, né en Guadeloupe et y résidant toujours, m’avait dit qu’il était du genre romantique. Et qu’il s’était vite aperçu qu’il ne correspondait pas du tout au type d’homme recherché par les femmes du pays.
Il s’est ensuite marié avec une Polonaise avec laquelle il vit en Guadeloupe depuis des années avec leurs enfants.
Dans un podcast écouté récemment, dans l’émission Les pieds sur terre, une jeune femme raconte comment elle aime soumettre les hommes. Peu m’importe qu’elle soit adepte de relations BDSM dès l’instant où celles ci sont consenties entre adultes. Ce qui m’a dérangé, c’est que cette femme a ouvertement dit être attirée par des femmes plutôt que par des hommes. Et, je n’ai pu m’empêcher de voir de la perversion et une très grande satisfaction personnelle de sa part dans ce qui, pour moi, était le contraire absolu d’unerelation. Même si les hommes qu’elle soumettait étaient et sont consentants. Car pour qu’il y ait Amour, il faut déjà qu’il y ait un minimum de relation entre deux personnes. Ce qui implique, à mon avis, une certaine égalité, à un moment donné. Si l’on parle d’une relation. Alors que dans le témoignage de cette jeune femme, assez contente d’elle, je ne voyais pas où était cette égalité et cette réciprocité. Cette jeune femme racontait simplement comment elle prenait son pied à humilier et à soumettre avec le consentement de « ses » hommes.
Enfin, dans un autre podcast, une femme raconte qu’à un moment de sa vie, elle avait besoin de faire l’Amour tous les jours. En changeant de partenaire régulièrement. Pourquoi pas ? Sauf que sa libido n’était pas au rendez-vous et elle s’est demandée comment elle pouvait y remédier. D’où son podcast dans lequel elle raconte comment elle s’y est prise pour accroître sa libido. Ce faisant, elle a entendu parler de la poudre de Maca qui, sur elle, a eu peu d’effets. Alors que, toujours dans ce podcast, elle interviewe une femme pour qui la poudre de Maca a eu l’effet aphrodisiaque recherché.
J’en profite pour dire que, depuis, je suis allé acheter de la poudre de Maca. Non pour gonfler ma libido. Mais parce-que je me sens fatigué en ce moment et que j’ai découvert, grace à ce podcast, que la poudre de Maca pouvait faire du bien lorsque l’on est fatigué. J’en suis à trois jours de prise quotidienne à raison d’une cuillère à café le matin et j’ai tendance à confirmer pour l’instant les propriétés requinquantes de la poudre de Maca. Et tant mieux, car ces 200 grammes de poudre de Maca m’ont quand même coûté près de 30 euros !
Par contre, alors que j’écoutais ce podcast centré sur la recherche de moyens pour maintenir ou remettre une libido à flot, j’ai été étonné que la personne autrice de ce podcast oublie, selon moi, l’essentiel :
Le but est d’avoir une remontée de libido ? Alors, peut-être faut-il d’abord commencer par avoir une relation sincère avec quelqu’un et s’attacher à cette personne. Cela me semble aussi simple que cela. Et je crois – ou espère- que le livre de Mona Chollet va aussi dans ce sens-là. Même si, comme on s’en doute, le sujet de l’Amour peut durer une vie entière.