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Marcher pour ne pas mourir

Le journal ” Le monde” de ce lundi 13 septembre 2021.

      Marcher pour ne pas mourir

 

  • ça va ?
  • Non, ça ne va pas.

 

Elles étaient trois jeunes. Je dirais au plus, 25 ans. Accueillantes, volontaires, plutôt mignonnes. Néanmoins, on peut avoir ces particularités et insuffler la mort dans les corps sans le vouloir.

 

Deux d’entre elles Ă©taient Ă©tudiantes en mĂ©decine. La troisième, Ă©tudiante en quoi ?

Elles étaient probablement plutôt bonnes élèves et, bien que rôdées, assez faciles, sûrement, à déstabiliser. Je n’en n’ai pas profité.

 

Lorsque celle qui m’a fait m’asseoir m’a appris la « bonne nouvelle Â», Ă  savoir, qu’avant l’injection, elle allait me faire un test antigĂ©nique, j’ai dĂ©ballĂ© mes arguments contre cette mĂ©thode « barbare Â». J’avais dĂ©jĂ  fait deux tests antigĂ©niques en tant que cas contact cette annĂ©e. NĂ©gatif Ă  chaque fois. Une seconde sĂ©rologie Covid- effectuĂ©e il y a environ deux semaines- m’avait redit que si certaines personnes, après avoir contractĂ© le Covid, avaient dĂ©veloppĂ© des dĂ©fenses immunitaires aussi fortes qu’une paire de poitrines nĂ©cessitant du 95 D, que les miennes Ă©taient aussi plates qu’une flaque d’eau.

 

Mais elle n’a eu aucune difficultĂ© Ă  me convaincre. Je savais que ces rĂ©sultats Ă©taient trop anciens et inappropriĂ©s. Et, aussi, qu’elle appliquait un protocole qu’elle se devait de suivre d’après son instruction. Partir pour refuser un test antigĂ©nique ? Je m’étais fait une raison pour cette première injection de Moderna. Alors, je suis restĂ© et elle m’a enfoncĂ© la tige.

 

  • ça va ?
  • Non, ça ne va pas.

 

A quelques mètres, ses deux « collègues Â» sont restĂ©es silencieuses. Le rĂ©sultat est arrivĂ© très vite. Moins de deux minutes. A nouveau nĂ©gatif. Je peux l’écrire : ces derniers temps, il m’est arrivĂ© d’envier celles et ceux qui avaient attrapĂ© le Covid et qui avaient bien rĂ©cupĂ©rĂ© depuis. Car leurs dĂ©fenses immunitaires, si elles ne sont pas Ă©ternelles, sont « naturelles Â».

 

Cependant, on ne sait pas quelle tête on va faire en attrapant le Covid. Si nous allons connaître les neiges éternelles, garder des séquelles de cette embuscade ou, au contraire, bien nous en remettre.

 

Celle qui m’a fait l’injection avait des jolis yeux bleus AllĂ©luia Ă  la LĂ©onard Cohen. Cependant, aujourd’hui, on est habile pour s’inventer un profil avantageux.  Donc, je ne suis pas sĂ»r qu’elle Ă©tait vraiment ce qu’elle m’a dit ĂŞtre. Etudiante en quatrième annĂ©e de mĂ©decine. Après m’avoir piquĂ©, elle m’a recommandĂ© de prendre du doliprane en cas de douleur. Je l’ai Ă©coutĂ©e tout en sachant que je n’en prendrais pas. J’ai du doliprane chez moi et j’en donne Ă  ma fille lorsqu’elle a de la fièvre. Mais je prends le moins de mĂ©dicaments possible. C’est peut-ĂŞtre paradoxal pour un infirmier mais je crois que le repos, le calme, les Ă©tirements ou une activitĂ© plaisante et l’alimentation, ça aide vraiment. Et qu’il faut d’abord essayer ça avant de se prĂ©cipiter vers des mĂ©dicaments. Ou essayer d’en prendre le moins possible. Ne pas s’assommer d’avance. Ce soir, j’ai un peu mal au deltoĂŻde, peut-ĂŞtre un petit mal de la tĂŞte. Mais je suis fatiguĂ©. Je me suis couchĂ© un peu tard hier soir et je me suis levĂ© un peu tĂ´t ce matin.

 

Après l’injection, je suis restĂ© quelques minutes dans la salle d’attente Ă  envoyer des sms pour apprendre Ă  quelques personnes que j’avais reçu ma première injection. Pendant que les jeunes femmes s’occupaient des personnes suivantes. J’ai entendu une femme d’une vingtaine d’annĂ©es, assez grande, s’avancer en disant :

 

« J’ai très très peur Â». Puis « Je suis en Première annĂ©e de mĂ©decine Â». Il semble qu’en face, on se soit montrĂ© attentif et rassurant.

 

MĂŞme si comme l’a très bien compris une ancienne collègue, et prĂ©sente amie, j’ai lancĂ©  « une bouteille Ă  l’amer Â» en adressant mon article Etre un mauvais exemple Ă  plusieurs personnes, je ne dirais pas avoir eu peur de me faire vacciner. C’est plutĂ´t du doute et de la mĂ©fiance. De la prudence, aussi.

 

Pourquoi cet endroit ?

 

 

J’ai choisi cet endroit Ă  Paris, un espace de santĂ© oĂą l’on trouve entre-autres une consultation en gynĂ©cologie, pour le vaccin Moderna.  Ou vaccin covid-19 ARNm- 1273 ( Spikevax ° de la firme Moderna).

 

 J’en avais assez d’entendre parler du Pfizer qui est le vaccin utilisĂ© par IsraĂ«l que la France copie pour sa politique sanitaire. Copier, cela veut aussi dire que l’on pense et anticipe moins. IsraĂ«l en est, je crois, Ă  une troisième dose de vaccin Ă  partir de 30 ans car le Pfizer a perdu de ses pouvoirs face au variant Delta.

Le Moderna, beaucoup moins utilisé que le Pfizer, aurait des particularités immunogènes un petit peu supérieures. Je ne m’attends pas à des miracles. Mais j’ai essayé quelque chose.

 

Le Moderna est aussi le vaccin choisi par une de nos voisines, vaccinée dès qu’elle l’a pu et qui s’en porte bien. Nous nous entendons bien avec cette voisine. Et je n’ai pas oublié qu’elle était partante pour emmener à notre fille à une sortie culturelle nécessitant le passe sanitaire. Qu’elle avait été touchée qu’on le lui demande car c’était pour elle une grande marque de confiance. Sauf que, finalement, elle n’avait pas pu être disponible.

 

 

J’ai aussi choisi cet endroit parce qu’il ne ressemble pas aux vaccinodromes impersonnels que j’ai vu. Parce qu’il est dans un quartier où j’ai de bons souvenirs. En tant que comédien sur scène. En tant que spectateur. En tant que client dans un restaurant.

Dans le journal ” Le Figaro” de ce lundi 13 septembre 2021.

 

Pour y arriver, après avoir pris le train et le métro, j’ai tenu à marcher. Dix à quinze minutes de marche. Alors que j’aurais pu descendre à une station de métro plus proche. Avant de prendre le train pour Paris, j’avais acheté trois journaux du jour, Le Figaro, Les Echos, Le Monde. J’avais aussi pris le journal gratuit qui est réapparu avec la rentrée. Dedans, j’ai lu ce que je pouvais qui se rapportait à la pandémie, à la vaccination anti-Covid. Je n’ai rien trouvé qui m’aurait permis de me désister. J’avais assez cherché et assez sollicité autour de moi pour renoncer une seconde fois à cette vaccination. Pourtant, ce soir, même si plusieurs personnes m’ont encouragé vers cette action et m’ont félicité depuis, si cela m’a fait du bien, beaucoup de bien, je ne suis pas soulagé.

 

Le sentiment d’avoir trahi

 

J’ai d’abord le sentiment d’avoir trahi. Ma compagne pour commencer, rĂ©solument contre. Pour elle, les vaccins anti-Covid actuels sont des « choses Â» Ă  bannir.

 

Mon meilleur ami, qui a contractĂ© le Covid il y a plusieurs mois et dont les dĂ©fenses immunitaires « poussent Â» le plafond,  qui m’avait conseillĂ© rĂ©cemment d’attendre quelques mois si je le pouvais.

 

Cette personne perdue de vue qui, en lisant mon article Etre un mauvais exemple, l’avait spontanĂ©ment partagĂ© et m’avait Ă©crit : « Je suis aussi un mauvais exemple Â». Son soutien m’a fait dĂ©couvrir le sentiment d’avoir dĂ©sormais une responsabilitĂ©, de par mon article, envers celles et ceux qui pourraient se reconnaĂ®tre Ă  travers lui, Ă  travers moi. Et, moi, en partant me vacciner, je leur retirais en quelque sorte un « alliĂ© Â».

 

Et, dans une bien moindre mesure, j’ai un peu l’impression de ne pas avoir tenu compte de l’avis du mĂ©decin que j’avais sollicitĂ©  au sujet de ces vaccins actuels contre le Covid et qui m’avait rĂ©pondu :

 

« Peut-ĂŞtre que, finalement, on ne court pas de risque avec ces vaccins mais on manque de recul. Donc, si vous pouvez, attendez encore quelques mois qu’un vaccin dont on sera plus sĂ»r, arrive Â».

Il m’avait aussi appris avoir attrapé le Covid en avril et m’apparaissait en pleine forme, début septembre.

 

Pourquoi, moi « l’anarchiste Â» et le « rĂ©volutionnaire Â», ai-je changĂ© d’avis ?

 

Changer d’avis :

 

Autour de moi, aujourd’hui, je dĂ©nombre Ă©videmment bien plus de personnes  vaccinĂ©es contre le Covid qui se portent bien que de personnes non vaccinĂ©es. Le nombre ne fait pas tout. Et ce n’est pas la peur du mĂ©pris ou de la honte sociale qui m’a dirigĂ©.

 

Ces personnes vaccinées, que je connais, peuvent avoir des profils opposés. Mais aussi des personnalités tranchées. Si l’on peut être une personne affirmée et affutée en refusant de se faire vacciner et en refusant le passe sanitaire, je peux aussi dire que parmi les personnes vaccinées contre le Covid que je connais, se trouvent des personnes toutes autant affirmées et affutées. Dans une fourchette d’âge allant de 35-40 ans à 70 ans et plus. Je pourrais donc me satisfaire du fait que ces personnes se soient faites vacciner contre le Covid.

 

Sauf qu’il me reste des gros rĂ©sidus de doute. Tomber par hasard tout Ă  l’heure sur le post, sur Facebook, d’un ami qui affirme que la vaccination anti-Covid « aurait Â» causĂ© 40 000 morts en neuf mois d’après telle ou telle source m’a bien-sĂ»r contrariĂ©. Et s’il avait raison ?

 

Relire aujourd’hui sur le site Prescrire.org dans l’article (daté de ce 1er septembre 2021) intitulé Effets indésirables connus mi-2021 des vaccins covid-19 à ARN messager ( Covid-19 Des signaux confirmés et quelques signaux d’effets indésirables très rares ont émergé, notamment des péricardites et des myocardites. La Rédaction de Prescrire publie son analyse détaillée dans le numéro de septembre) m’a aussi contrarié.

 

 

Je n’ai pas changé d’avis pour pouvoir bientôt retourner au restaurant, au cinéma, dans une salle de théâtre, dans la médiathèque de ma ville ou pour voyager. Même si je le ferai sans doute après m’être fait vacciner.

MĂŞme si avec le rĂ©sultat de mon test antigĂ©nique d’aujourd’hui, je compte bien faire le « plein Â» de sorties qui me sont dĂ©sormais interdites sans passe sanitaire et sans test antigĂ©nique et PCR nĂ©gatif rĂ©cent. Je pense en particulier Ă  retourner au cinĂ©ma et dans « ma Â» mĂ©diathèque.

 

Le centre commercial CĂ´tĂ© Seine Ă  Argenteuil, grand ouvert ce lundi 13 septembre 2021. Alors qu’il faut continuer de fournir un passe sanitaire ou un test antigĂ©nique et PCR nĂ©gatif pour pouvoir entrer dans la mĂ©diathèque de la ville situĂ©e Ă  dix minutes Ă  pied de lĂ .

 

Je reste aussi critique envers le passe sanitaire et le projet de sociĂ©tĂ© qu’il dessine. Je crois qu’au pire, l’ancienne Ministre de la santĂ© Agnès Buzyn, mise en examen pour « mise en danger de la vie d’autrui Â» et une mauvaise gestion de la pandĂ©mie du Covid l’annĂ©e dernière, sera condamnĂ©e Ă  du sursis. Et qu’elle sera la principale part visible et condamnĂ©e des responsables de cette mauvaise gestion parmi les grosses « tĂŞtes de gondoles Â». Et que les autres se feront discrètes ou sauront si bien se faire dĂ©fendre que leur condamnation sera  faible ou inoffensive. Contrairement Ă  ce qui va  se produire Ă  partir de ce 15 septembre, dans deux jours, pour celles et ceux, employĂ©s, qui ne seront toujours pas vaccinĂ©s, ne serait-ce qu’une fois, contre le Covid.

 

Pour ces personnes, je m’attends Ă  ce qu’on les brutalise un peu plus que nous ne l’avons dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dans notre grande majoritĂ© depuis le dĂ©but de cette pandĂ©mie. En se cachant derrière la loi :

 

« On vous avait prĂ©venu. Vous avez Ă©tĂ© informĂ©(e). Vous avez eu le temps de la rĂ©flexion. Maintenant, je suis obligĂ©(e )  d’appliquer la Loi. Ce n’est pas moi, c’est la Loi qui m’oblige Ă  vous dire de dĂ©gager et Ă  vous sanctionner !  Â».

 

Je crois qu’il va se produire beaucoup trop de « sale Â» Ă  partir du 15 septembre au prĂ©texte de la Loi. Car sitĂ´t que l’on octroie Ă  plus de personnes  un certain pouvoir rĂ©pressif, le pire, camouflĂ© ou un peu tenu en laisse d’ordinaire, s’exprime davantage. Je ne m’attends pas Ă  des ratonnades. Mais Ă  des dĂ©gradations morales, sociales et Ă©conomiques. A un accroissement de contrariĂ©tĂ©s et d’humiliations quotidiennes les plus diverses au motif que certaines personnes ne fourniront pas, en cas de contrĂ´le- et il y en aura de plus en plus Ă  partir du 15 septembre- le papier qu’il faut ; le QR Code attendu pour effectuer des dĂ©placements ou des actions qui, « autrefois Â», il y a encore deux mois, ne le nĂ©cessitaient pas.

 

C’est plutôt ça qui m’a fait changer d’avis. Je n’ai pas envie de me mettre dans un état d’hyper-vigilance pour des gestes quotidiens qui, jusqu’à il y a peu, allaient de soi comme le simple fait d’ouvrir un robinet pour avoir de l’eau.

Paris, lundi 13 septembre 2021.

La possibilitĂ© d’attraper le Covid m’a aussi fait changer d’avis. Car, Ă  partir du 15 septembre, j’ai l’impression que chaque fois qu’une nouvelle personne non vaccinĂ©e attrapera le Covid et sera hospitalisĂ©e que cela permettra de marteler que si elle avait Ă©tĂ© vaccinĂ©e, elle ne l’aurait pas attrapĂ©. Ou alors une forme bĂ©nigne. Il va se passer un peu de temps avant de devoir admettre que le « Tout vaccin Â» ne rĂ©soud pas tout contre le Covid. Au moins jusqu’à ce que les « nouveaux Â» traitements anti-Covid ne soient disponibles pour le plus grand nombre sur le marchĂ©. D’ici un mois ? Deux mois ? Trois mois ?

 

Gagner du temps

 

J’ai donc aussi changĂ© d’avis pour continuer de gagner du temps.  D’accord, pendant que je prends le temps de rĂ©flĂ©chir d’autres ont le temps de faire trois enfants et de les voir commencer Ă  faire des Ă©tudes supĂ©rieures puis de devenir grands-parents. Mais j’ai besoin de temps. Cet article, pour ĂŞtre Ă©crit, a besoin de temps. J’avais Ă©crit une première version en rentrant de l’espace de santĂ© en m’abstenant de dĂ©jeuner. Puis, je suis parti chercher ma fille Ă  l’école. J’ai tout réécrit ce soir depuis le dĂ©but. Après avoir fait faire ses devoirs Ă  ma fille. Après avoir dĂ®nĂ©. Après lui avoir lu une histoire, ce qui n’était pas prĂ©vu, au moment du coucher. Yekrik ! Yekrak !

Paris, ce lundi 13 septembre 2021.

 

« Le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui Â». J’aime cette phrase. J’ai oubliĂ© qui en est l’autrice ou l’auteur.

 

Ma seconde injection aura lieu dĂ©but octobre si elle se fait. D’ici lĂ , nous devrions avoir d’autres informations concernant l’évolution de la pandĂ©mie mais aussi Ă  propos des effets des vaccins anti-Covid actuels. A cela s’ajoutent tous ces nouveaux traitements contre le Covid, par voie orale ou intraveineuse, mais aussi par voie intramusculaire, prĂ©vus pour cet « automne Â». Et, pour l’instant, je prĂ©fère le traitement intramusculaire que j’ai reçu Ă  un traitement oral ou par voie intraveineuse.

 

Si je « fais Â» ma deuxième injection, je n’aurai en principe pas de rappel avant six mois. Ce qui nous amène au mois d’avril 2022 oĂą je veux bien croire que l’on en saura plus sur la « sortie Â» Ă©ventuelle de la pandĂ©mie. Comme sur les traitements contre le Covid.

Argenteuil, ce lundi 13 septembre 2021. J’ai l’impression qu’il y a moins de tests antigĂ©niques et PCR pratiquĂ©s dans ce genre de tente qui fait dĂ©sormais partie du paysage. Ce sera bien lorsque ces tentes disparaitront.

 

Selon certains témoignages et affirmations

 

Bien-sûr, si je suis mort d’ici là ou complètement bousillé par la vaccination anti-Covid, tout cela n’aura plus d’importance pour moi. Je suis bien obligé d’y penser puisque selon certains témoignages ou affirmations, ou explications, ces vaccins anti-Covid sont toxiques. Et, moi, j’en suis à J+1 en terme d’expérience avec ce vaccin. Je ne sais pas ce qui va se passer ensuite. Or, selon certaines affirmations, une personne vaccinée contre le Covid aurait une espérance de vie de deux à trois ans ensuite. En repartant du centre de santé, je me suis donc imaginé que la plus grande partie de ces personnes que je croisais dans la rue, se déplaçant, discutant entre elles ou assises à une terrasse d’un café, tomberaient toutes d’un seul coup, un beau jour, mortes. Et que ce serait pareil pour moi.

Paris, ce lundi 13 septembre 2021.

 

Je me suis aussi imaginĂ© qu’un jour, alors que j’aurais l’intention de me rendre dans une Ă©picerie, que je me retrouverais finalement dans un pressing puisque la vaccination, avec les nanotechnologies qu’elle comporterait, permettraient de me tĂ©lĂ©guider Ă  distance. Je voudrais voir tel film. HĂ© bien, non, « on Â» me forcerait Ă  aller voir tel film Ă  la place. Je voudrais faire la vaisselle, hĂ© bien non, « on Â» m’obligerait Ă  me rendre sur internet pour faire des achats. Je voudrais m’habiller de telle manière pour sortir, et, finalement, non, Ă  la place “on” m’imposerait de descendre dans les Ă©gouts.

Paris, lundi 13 septembre 2021.

 

 

Il y a bien-sĂ»r d’autres croyances et d’autres affirmations Ă  propos des vaccins anti-Covid. Je prĂ©fère en rire un peu. Comme le fait que notre tĂ©lĂ©phone puisse ĂŞtre aimantĂ© Ă  l’endroit oĂą le vaccin nous a Ă©tĂ© injectĂ©. Je n’ai mĂŞme pas eu envie de faire le test. C’est plutĂ´t ma compagne qui m’a incitĂ©. Alors, devant elle, j’ai pris mon tĂ©lĂ©phone et l’ai posĂ© contre ma peau. Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois. Il est retombĂ© Ă  chaque fois. J’allais continuer lorsqu’elle m’a dit que ce n’était pas la peine. Puis, ma compagne en a dĂ©duit que mon vaccin Ă©tait peut-ĂŞtre « un placebo Â». Je lui ai rĂ©pondu :

 

« Quelle que soit la situation, de toute façon, il y aura toujours une explication Â».

 

Ma compagne m’a “prĂ©dit” une troisième puis une quatrième injection. Autant prĂ©dire une troisième et une quatrième guerre mondiale. Je ne peux pas lui donner tort. Le monde va mal.  Je pense aussi que le nombre d’injections de vaccins contre le Covid va augmenter. Et cela ne m’emballe pas du tout.

Lorsque je lui ai dit que j’avais toujours des doutes, elle m’a objectĂ©, presqu’assassine :

 

« En gĂ©nĂ©ral, quand on a des doutes, on s’abstient ! Â».

« C’est ce que je fais, en gĂ©nĂ©ral, oui. Mais j’ai fait ce que j’avais Ă  faire Â». Puis, j’ai ajoutĂ© :

« Vu qu’il me reste maintenant deux Ă  trois ans Ă  vivre, regarde moi bien. Parce-que bientĂ´t, je ne serai plus lĂ  Â». Cela l’a fait un peu rire.

 

S’il me reste effectivement deux à trois ans, au mieux, à vivre avec ce vaccin, je me demande ce que je pourrais bien faire durant ces deux à trois ans. Me faire plaisir sûrement. En attendant, lorsque ma mère a appris que j’avais reçu ma première injection, elle m’a écrit par sms qu’elle allait aussi se faire vacciner. Et que mon père suivrait sûrement ensuite. Sa réaction m’est alors apparue évidente. Pourtant, je ne l’avais pas du tout prévue.

 

 

Lorsque j’ai eu quittĂ© le centre de santĂ© ce matin, ça klaxonnait dans la rue. Un camion arrĂŞtĂ© bloquait la rue. A pied, j’ai facilement pu passer. J’ai tenu Ă  retourner Ă  la gare St Lazare en marchant.  J’ai pris quelques photos sur le trajet. Regarder pour vivre. Marcher pour ne pas mourir.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 13 septembre 2021.

 

 

 

 

 

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Qui ĂŞtes vous ?

Piscine de Roubaix, juillet 2019.

Qui ĂŞtes-vous ?

 

La première fois, c’était Ă  la mĂ©diathèque. Je venais d’arriver dans la ville. M…une bibliothĂ©caire, partie Ă  la retraite il y a quelques annĂ©es, m’avait parlĂ© de lui. De ce professeur de percussions d’origine antillaise, au conservatoire. C’était en Avril ou Mai 2007. La jeune Alisha ( Marche jusqu’au viaduc )Ă©tait alors bĂ©bĂ© ou pas encore nĂ©e. Ses deux futurs camarades et  meurtriers qui , le 8 mars 2021, la piĂ©geraient, la tabasseraient et la jetteraient dans la Seine, Ă  Argenteuil, près du viaduc sous la A15, Ă  une vingtaine de minutes Ă  pied depuis chez moi, devaient alors Ă  peine marcher. Bien-sĂ»r, en 2007, j’ignorais tout de cette future histoire. J’avais bien d’autres histoires en tĂŞte que j’ai aujourd’hui oubliĂ©es pour la plupart.  

 

En 2007 ou 2008, j’étais allĂ© le rencontrer au conservatoire. Et, nous avions sympathisĂ© et discutĂ©. Il m’avait parlĂ© de son Maitre, Mamady Keita, dĂ©cĂ©dĂ© ce mois de juillet 2021 soit quelques semaines avant Jacob Desvarieux ( J’ai revu quelqu’un…). Par la suite, j’avais bien pris un ou deux cours de djembĂ© avec lui. Mais je suis peu douĂ©. Je rĂŞve bien mieux la musique que je ne la joue. Je n’ai pas de bonnes mains ni les oreilles et le cerveau ou la patience et l’intelligence qu’il faut devant un instrument de musique. Ainsi que la constance et la consistance nĂ©cessaires Ă  l’épuisement de mes dĂ©fauts.

 

Par contre, j’écris comme d’autres jouent de la musique ou pratiquent un art martial ou de combat. A jeun. Au réveil. A peu près à n’importe quelle heure. De manière répétitive.

 

Même si mes articles sont ratés, mauvais, transportent des idées claironnées dans le désert ou donnent sur des impasses, cela ne me décourage pas. Je vais recommencer. Je vais repartir. Je ne peux pas faire autrement. Cela a peut-être à voir avec le fait qu’écrire me vient de ma jeunesse et que j’y ai concentré ce qu’il m’en reste.

 

Parler, c’est difficile. On peut raconter des histoires Ă  l’oral mais il faut une bonne voix. Ou bien savoir s’en servir. La mienne ne porte pas. Elle endort et se mĂ©lange dans les dĂ©tails, bĂ©tails incontrĂ´lĂ©s rapidement hors de portĂ©e des fusils de l’attention de l’auditoire. Un auditoire a besoin d’être captif. Pas de se dissĂ©miner en partant Ă  la chasse d’un fou qui court partout en mĂŞme temps. 

 

Un fou, contrairement à ce que l’on croit, ça écoute. Ça écoute tout. Trop. Et ça croit beaucoup, aussi. C’est pour cela qu’il est fou. Il y a des gentils fous et des méchants fous.

 

Lorsque je lui ai envoyé un sms hier soir, cela faisait plusieurs mois que je ne lui avais pas parlé. La dernière fois, c’était quelques jours ou quelques semaines avant qu’il ne prenne sa retraite du conservatoire de musique. Si j’étais plus allé le voir de temps en temps de façon amicale et en amateur de musique, j’avais aussi pris la précaution d’emmener ma fille le voir deux ou trois fois. Elle devait avoir deux ou trois ans, lorsque, entre deux cours, alors qu’il était disponible, pour elle, il avait joué quelques airs au djembé. Plus tard, toujours entre deux cours, ou entre deux tours, il l’avait faite jouer un peu et lui avait donné une petite initiation musicale.

 

Mon sms Ă  peine envoyĂ©, hier soir j’ai reçu sa rĂ©ponse par sms :

 

« Qui ĂŞtes vous ? Â». Puis, j’ai vu qu’il avait essayĂ© de me joindre. J’ai dĂ©cidĂ© de le rappeler. Après que je me sois prĂ©sentĂ©, il m’a presque engueulĂ©.

 

« Pourquoi tu m’envoies un sms au lieu de m’appeler ?! Tu m’envoies un truc, il faut que je clique sur un lien ! Avec toutes les arnaques qu’il y a par tĂ©lĂ©phone ! Â».

 

Je lui ai expliquĂ© que je n’étais pas très disponible pour discuter. Il m’a rĂ©pondu :

 

« Y’a pas de problème ! Â».

 

Trente minutes plus tard, nous étions encore au téléphone. Il m’a appris qu’il continuait de donner des cours de musique dans une association où il enseignait depuis vingt ans. Il approche des 70 ans.

 

Il m’a appris comment, pendant plus de vingt ans, il avait fait deux heures de route à l’aller, deux fois par semaine, pour se rendre au conservatoire où je l’avais rencontré. Et comme il arrivait fatigué avant même de commencer à donner ses cours. Mais, aussi, là où il avait commencé à donner des cours dans la ville avant d’être embauché au conservatoire.

 

Parce qu’un fou, ça sait interroger et faire parler les gens.  Parce qu’un fou, ça permet Ă  un autre fou de livrer une part de sa folie. Parce qu’entre fous, on se reconnaĂ®t, on se comprend et on se fait confiance. On se livre peu face Ă  quelqu’un dont la folie correspond assez peu aux valeurs et aux dĂ©tours de la nĂ´tre.

 

Un professeur de conservatoire, c’est souvent une personne ou un professionnel, dont on imagine très peu la vie. A moins de le connaître. Sauf s’il en parle. Parce qu’en général, un professeur de conservatoire enseigne une discipline si rigoureuse que l’on a d’autres priorités que d’aller renifler son derrière afin de savoir ce qu’il a mangé, quand et avec qui. Mais, lui, m’a toujours parlé de quelques unes de ses expériences.

 

Hier soir, j’ai donc entendu qu’il avait été batteur à Pigalle pendant cinq ans dans un orchestre entre 1979 et 1984. Il m’a décrit une ambiance de Far west et dit que s’il écrivait un jour un livre, il raconterait ça plutôt que ce qu’il a pu apprendre des gens au travers de ses élèves du conservatoire. Moi, j’aurais bien aimé qu’il raconte aussi ce qu’il avait vu au conservatoire.

 

Far West à Pigalle ou histoires de conservatoire, deux histoires et deux mondes s’opposent. Je n’ai pas pû m’empêcher de penser qu’un éditeur ou un producteur de film opterait pour le Far West à Pigalle. C’est plus vendeur. C’est plus attractif.

 

Mais ça m’a fait réfléchir.

 

Parfois, nous racontons des histoires parce que ce sont celles qui nous ont le plus marquĂ©es et elles sont marquantes. Ce faisant, nous dĂ©laissons d’autres histoires qui finissent par disparaĂ®tre. Alors qu’elles sont peut-ĂŞtre aussi marquantes que les autres que nous retenons ou prĂ©fĂ©rons. Qui suis-je pour croire et dĂ©cider qu’une histoire vaut autant ou plus qu’une autre ?

 

Un fou et un auteur.

 

Franck Unimon, ce samedi 14 aout 2021.

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J’ai revu quelqu’un…

CathĂ©drale d’Amiens, juillet 2021.

                                           J’ai revu quelqu’un….

 

Il y a quelques jours, j’ai revu quelqu’un. Ce n’était pas dans une église. Je l’avais appelé il y a quelques mois. Nous avions discuté.

 

Il ne me connaissait pas.

 

Je lui avais donné mon nom et le prénom de ma mère qu’il aurait dû connaître. Il ne se souvenait pas d’elle.

 

Alors, j’avais sorti d’autres prénoms et d’autres noms du jeu de cartes de ma mémoire. Parmi eux, un certain nombre de carrés d’as. Il connaissait bien ces cartes. C’était bien lui que j’avais rencontré il y a plus de trente ans. J’avais croisé sa mère, aussi. Une petite femme pleine d’autorité qui connaissait ma mère et me saluait.

 

Après quelques minutes, il s’était excusé. Il avait du travail. Je n’avais pas insisté. Mais j’avais été un peu contrarié que ce simple échange lui suffise.

 

Nous nous sommes finalement vus il y a quelques jours. Quand il s’est approché, à petits pas vers moi, nous nous sommes regardés. C’est plus par déduction que nous avons compris qui nous étions. Lui et moi étions détendus. J’étais assis, lui, debout face à moi. Autour de nous, les personnes présentes sont devenues transparentes et silencieuses bien qu’elles aient continué à parler entre elles à voix haute.

 

Lorsqu’il a enlevé son masque anti-Covid, je ne l’ai pas reconnu. Je suis pourtant assez physionomiste. Mais, à part les yeux et le regard peut-être, dans la rue, je serais passé à côté de lui. Il avait le crâne rasé. Avait minci. Une petite moustache taillée. Et portait la marque autour du cou de celles et ceux qui ont été gravement malades et pour lesquels une chirurgie lourde avait été nécessaire. Un cancer était passé par là. J’avais aussi appris qu’il avait été de celles et ceux qui avaient attrapé le Covid cette année, en mars-avril. Il avait été arrêté plusieurs semaines puis avait repris.

 

De lui, j’avais le souvenir d’un homme très assuré, très bon professionnel. Qui savait ce qu’il faisait. C’était ce qui émanait de lui. Même si nous n’avions pas vraiment passé de temps ensemble, il avait été un peu un modèle pour cela.

 

Un jour, il y a plus de trente ans, s’adressant Ă  quelqu’un que je devais connaĂ®tre il avait dit, très content :

 

« Tu veux voir ma caisse ?! Â». A cette Ă©poque, tout juste adulte, je n’avais pas le permis. J’étais Ă  cet âge oĂą, avec les premiers salaires, la voiture, les copains et les copines, on sort la nuit et on « profite Â» de la vie. J’avais tout Ă  apprendre pratiquement.

 

Nous avons repris nos marques en reparlant du passĂ©. Nous avons Ă©changĂ© Ă  nouveau des noms et des prĂ©noms inconnus Ă  notre entourage immĂ©diat. Alors que parmi ces collègues immĂ©diats se trouvaient vraisemblablement des personnes qui le connaissaient intimement depuis des annĂ©es, maintenant.  Et, moi, le « nouveau Â», celui qui faisait moins que son âge, j’arrivais avec ça.

 

Lorsque j’ai mentionnĂ© la date de notre dernière rencontre, 1989, le collègue avec lequel je venais de terminer une deuxième nuit de travail de suite, un « nouveau Â» comme moi, mais un petit peu plus ancien dans le service, s’est exclamĂ© :

 

« En 1989, j’avais deux ans ! Â».

 

Ma fille a désormais un peu plus que deux ans. Tout à l’heure, avec elle, j’ai de nouveau regardé quelques vidéos de Jacob Desvarieux, l’un des fondateurs du groupe de Zouk Kassav’, décédé il y a quelques jours.

J’en ai parlĂ© dans un de mes articles rĂ©cents intitulĂ© : Jacob Desvarieux. Dans mon blog, on trouvera d’autres articles relatifs Ă  Kassav’ dans la catĂ©gorie Moon France.

 

Sur Youtube, je suis tombĂ© sur cette vidĂ©o de quelques minutes lors de l’enterrement de Jacob Desvarieux. Quatre hommes en costume portent son cercueil et se mettent Ă  zouker sur un de ses  titres : KavaliĂ© O Dam. ( Pour ĂŞtre plus exact : ces quatre hommes dansent le quadrille dans sa version crĂ©ole)

Ma fille Ă©tait assise sur mes genoux alors que nous regardions ça. J’ai trouvĂ© ça beau ! ça m’a…touchĂ©. Et encore plus parce-que je pouvais regarder ça avec ma fille.  Elle m’a demandĂ© oĂą Ă©tait Jacob Desvarieux, ou, pourquoi il Ă©tait dans le cercueil. Je lui ai alors rĂ©pondu :

« Parce qu’il est mort Â».

En regardant cette vidĂ©o, j’aurais aussi bien aimĂ© ĂŞtre le dĂ©funt qu’ĂŞtre Ă  la place d’un de ces quatre hommes qui portent le cercueil.  

 

Sur une autre vidĂ©o, un homme interrogĂ© a dit ce que la mort de Desvarieux lui faisait. On aurait dit un pĂŞcheur d’une soixantaine d’annĂ©es. Il s’est exprimĂ© en CrĂ©ole. J’ai pris l’initiative de traduire ses propos Ă  ma fille…  jusqu’à ce qu’elle me fasse comprendre que cela l’agaçait. Je lui ai alors demandĂ© en souriant :

« Ah, bon ! Ou Konèt PalĂ© KrĂ©yol ?! Â» (« Ah, bon, tu sais parler CrĂ©ole ?! Â»).

 

Je fais attention à l’usage du Créole avec ma fille. Afin qu’il ne soit pas un geste de colère. Je le parle mal mais je sais ce qu’une langue peut créer en soi de sensible. Et je le réserve à des moments agréables avec elle. Lecture de contes. Quelques formulations.

 

Le décès de Jacob Desvarieux a été une bonne occasion, de plus, de filer la langue créole sur le comptoir de ces instants vécus avec ma fille. Si je le pouvais, je parlerais aussi le Créole réunionnais et haïtien en plus d’autres langues. Dont L’Arabe et le Japonais.

 

J’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ©, en Ă©voquant devant mon collègue masquĂ© certains prĂ©noms et noms d’anciens collègues avec lesquels il avait travaillĂ© directement, qu’il martèle plusieurs fois, ce verdict :

 

« Il est mort ! Â».

 

Au point que j’ai fini par lui dire, presque Ă©tonnĂ© :

 

« Mais, on finit par mourir un jour, de toutes façons ?! Â».

 

Il m’a regardé en silence, comme s’il disposait d’un plan secret pour éviter ça. Mais qu’il le gardait pour lui. Ou qu’il était encore trop tôt pour en parler. J’ai alors compris la raison pour laquelle il reculait la date de son départ à la retraite prévu initialement pour cette année.

 

Je ne suis pas fort. Mais je trouve que l’on fait aussi toute une histoire avec la mort. C’est ce que je me suis dit en regardant ces quelques vidéos sur Jacob Desvarieux. J’avais oublié de parler de ses solos de guitares qui, lors des concerts de Kassav’, étaient un passage obligé. Et, personne ne s’en plaignait.

 

Afin de coller Ă  notre Ă©poque, j’ai aussi pris le temps de regarder avec ma fille quelques vidĂ©os de Billie Eilish. Ce sera peut-ĂŞtre son futur d’adolescente. Billie Eilish doit aujourd’hui avoir Ă  peu près l’âge que j’avais lorsque j’avais rencontrĂ© mon aĂ®nĂ© Ă  la Maison de Nanterre, vers le milieu ou Ă  la  fin de mes annĂ©es d’études d’infirmier. C’Ă©tait aussi la pĂ©riode oĂą Kassav’ et le Zouk, d’une manière gĂ©nĂ©rale, dĂ©bordaient aux Antilles. 

 

J’ai Ă©tĂ© un peu gĂŞnĂ© par quelques postures et images de la demoiselle Elish. Pour ma fille qui est encore en dessous de l’âge de l’adolescence.

J’ai compris assez facilement ce qui peut expliquer le succès de la jeune femme (Billie Eilish) :

La maitrise de l’image et du son. Certaines provocations et mimiques Ă  connotation sexuelle ou sensuelle ou comment titiller les tĂ©tons et les limites. Le style vestimentaire. La voix Ă©raillĂ©e et supportĂ©e par la technique. L’énergie spĂ©cifique Ă  cet « Ă˘ge Â» de la vie. Les thèmes interprĂ©tĂ©s comme artiste et personne plutĂ´t que comme une victime claustrĂ©e. Le fait aussi qu’elle chante en Anglais. Dans l’article consacrĂ© Ă  Desvarieux et Kassav’, j’ai appris tout Ă  l’heure que des pressions avaient Ă©tĂ© exercĂ©es sur le groupe afin qu’il chante…en Français. Comme La Compagnie CrĂ©ole. Cette volontĂ© comme ce projet sont pour moi inconcevables. MĂŞme si je sais qu’une artiste comme l’Islandaise Björk a aussi dĂ» son succès international Ă  l’usage de l’Anglais ( comparativement Ă  l’artiste Mari Boine); ou que Bob Marley a dĂ» transposer ses idĂ©es depuis son argot jamaĂŻcain Ă  travers le garrot d’une langue anglaise plus accessible au grand public, le rythme d’une musique a aussi ses règles et ses conditions pour que ses auteurs et ses interprètes restent en adĂ©quation avec lui !   

Eilish, “native” de la langue anglaise n’a pas eu Ă  subir ce genre de chantage de l’industrie du disque. 

Sur scène, accompagnée de deux ou trois musiciens et de machines dévouées, Eilish se sert de sa voix et de son corps tels des processeurs qui lui obéissent au doigt et à l’œil.

 

Ensuite, Eilish est dĂ©ja arrivĂ©e Ă  ce stade de la cĂ©lĂ©britĂ© oĂą celle-ci recycle l’enthousiasme du public qui, en grossissant, attire de nouvelles personnes. Comme moi qui, après avoir aperçu un ou deux articles rĂ©cemment Ă  son sujet, ai dĂ©cidĂ© de pousser la porte numĂ©rique de Youtube afin de me faire une idĂ©e. Pourquoi ? Parce-que sur le mĂŞme journal oĂą figurait un hommage Ă  Desvarieux se trouvait aussi un article sur Eilish et que c’était la deuxième fois en moins de dix jours que dans un journal, je la voyais soit en couverture ou dans les colonnes d’un article.

 

De Billie Eilish ( existe-t’il un rapport avec Billie Holiday ?), Ă  Jacob Desvarieux et Kassav’ en passant par cet aĂ®nĂ© de dix ans- et collègue- revu trente ans plus tard, il y a de multiples façons de se rencontrer soi-mĂŞme. Et de se voir. Je me suis senti un peu malade Ă  la suite de ma rencontre avec cet aĂ®nĂ©. Je me suis mĂŞme demandĂ© si, Ă  son contact chargĂ©, j’avais attrapĂ© le Covid. Non pour son Ă©tat de santĂ©. Mais pour son Ă©tat d’esprit.

 

La mort de Jacob Desvarieux ne m’a pas mis dans cet Ă©tat d’esprit. Pour Billie Eilish, on verra selon la façon dont elle dĂ©cèdera. J’espère bien-sĂ»r que ce sera le plus tard possible pour elle et que ce sera une assez belle mort.

Une mort Ă  la Amy Winehouse me catastrophe. J’ai l’impression d’être le tĂ©moin privilĂ©giĂ© et impuissant d’une dĂ©tresse en direct. Et je n’aime pas ça !  

Pour nous avoir aussi Ă©vitĂ© ça, Ă  nouveau un très grand merci Ă  Jacob Desvarieux. Comme on dit en CrĂ©ole, MĂ©ci On Pil !

 

Franck Unimon, ce vendredi 13 aout 2021

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La pandĂ©mie du Covid dans les rĂ©gions d’Outre-mer

 

 

La pandémie du Covid dans les régions d’Outre-Mer

 

Echanger des points de vue avec des amis comporte des risques. Les disputes et les ruptures font partie des risques. Mais il en est un autre peut-ĂŞtre beaucoup plus grand.

Celui qui consiste à se croire très intelligent en leur compagnie. Le nombre de fois où l’on se sent autorisé à s’imaginer particulièrement perspicace ne se compte pas avec nos amis. Puisque, généralement, le plus souvent, ils pensent comme nous. Lorsque cela n’est plus possible, certains quittent ce statut d’amis. Soit de leur propre initiative soit de la nôtre.

 

Je viens de connaĂ®tre un de ces moments oĂą, Ă  nouveau, je me suis senti pousser une intelligence particulière. Je n’avais pas prĂ©vu ça. Comme je n’avais pas prĂ©vu de l’écrire dans un article ce matin. Ce matin, j’avais d’autres ambitions que de « paraĂ®tre Â» dans un article. Mais l’échange que je viens d’avoir par sms avec mon ami Raguse en a dĂ©cidĂ© autrement. Pour le pire ou le meilleur. Avec lui ou avec d’autres.

 

Raguse et la pandémie aux Antilles

 

Tout à l’heure, mon ami Raguse m’a sollicité pour avoir mon avis concernant l’essor de la pandémie aux Antilles. Depuis quelques jours, dans les médias, il se parle de plus en plus du confinement strict et du couvre-feu décidés récemment par le gouvernement aux Antilles. Du fait que les touristes qui s’y trouvent sont encouragés à rentrer en France.

 

On parle aussi du faible taux de vaccination anti-Covid là-bas. De la défiance d’une grande partie de la population envers les vaccins anti-Covid. Tandis qu’en France, on doit maintenant approcher les plus de 60 % de personnes vaccinées contre le Covid, dans les régions Outre-mer telles que les Antilles où la Réunion, ce taux tombe à environ 20 %.

Alors que le variant Delta du Covid fait de plus en plus parler de lui et couche de plus en plus de monde dans ces rĂ©gions et ailleurs. Aux Antilles, on parle de services hospitaliers surchargĂ©s, de renforts en personnels soignants ( mais aussi de renforts policiers ) venus de mĂ©tropole. Donc, d’une catastrophe sanitaire en cours sous les tropiques. Les « tropiques Â» sont habituellement plutĂ´t synonymes de paradis, d’évasion et de dĂ©tente. LĂ , ils deviendraient plutĂ´t synonymes de mouroirs et de mouchoirs.

 

Je l’ai dĂ©jĂ  Ă©crit : je suis bien-sĂ»r embarrassĂ© devant ces chiffres de « cas de Covid Â» en augmentation. Que ce soit aux Antilles oĂą j’ai de la famille, Ă  la RĂ©union, mais aussi en France. Mon propre frère a prĂ©vu de se rendre en Guadeloupe avec sa compagne et leurs deux enfants. Et, il y a quelques jours, bien que lui et sa compagne soient vaccinĂ©s et aient prĂ©vu de passer deux tests PCR, un quarante huit heures avant leur vol, et un autre le jour-mĂŞme, afin d’augmenter leurs chances, mon frère ne savait pas s’ils pourraient dĂ©coller pour la Guadeloupe la semaine prochaine.

 

Cela, c’était avant que l’on apprenne que les touristes Ă©taient maintenant incitĂ©s Ă  quitter les Antilles. Partir des Antilles serait plus « simple Â» pour certains touristes qui y sont que pour d’autres Ă  ce que j’ai lu. La compagnie Air France serait plus facilement joignable et  accommodante. La compagnie Air CaraĂŻbes, aux billets d’avions moins chers, ne rĂ©pondrait pas.

 

Le journal ” Le Parisien” de ce mercredi 11 aout 2021.

 

Mon ami Raguse m’a posĂ© tout Ă  l’heure en guise de bonjour (il ne m’a mĂŞme pas dit bonjour) la question suivante que beaucoup d’autres personnes se posent peut-ĂŞtre :

 

« Je comprends bien la dĂ©fiance des antillais vis Ă  vis de l’Etat français mais l’hĂ©catombe actuelle en Guadeloupe et Martinique pose la question de la vaccination…et ses consĂ©quences bĂ©nĂ©fiques sur le nombre de victimes….Qu’en penses-tu ? Bonne journĂ©e ! Bizz Â».

 

Je sortais de ma douche lorsque j’ai lu ça après ma deuxième nuit de travail. Nuit de travail dont je suis revenu assez poussivement tout Ă  l’heure en pĂ©dalant sur mon vĂ©lo. J’ai mĂŞme croisĂ© un « vĂ©lo Brompton Â» tout fringant qui m’a allumĂ© alors que je me rapprochais de la gare de St Lazare.

 

Mais en lisant ce sms de mon ami Raguse, tout Ă  l’heure, mon Q.I n’a fait qu’un tour. D’abord, sa question amenait entre nous une nouvelle discussion parmi d’autres. Ensuite, mes origines antillaises et mon statut de « non vaccinĂ© Â» m’ont attribuĂ© le rĂ´le du candidat idĂ©al pour en dĂ©battre avec lui. Impossible pour moi de me dĂ©filer.

 

J’ai d’abord rĂ©pondu :

 

« Tu as peut-ĂŞtre raison pour la vaccination. Mais nous ne sommes pas Ă  leur place. La Guadeloupe, c’est une Ă®le qui se trouve Ă  des milliers de kilomètres de l’hexagone. Et oĂą l’on perçoit donc les Ă©vĂ©nements et la vie depuis un autre point de vue. Et puis, la France a un terrible passif avec, au moins, la Guadeloupe et la Martinique : Le chlordĂ©cone.

Lorsque tu as vĂ©cu ça, cette horreur sanitaire, comment peux-tu faire confiance Ă  la France ? Pareil pour la PolynĂ©sie et les essais nuclĂ©aires aux consĂ©quences sanitaires non vĂ©ritablement reconnues par la France. Comment, après ça, rĂ©ussir Ă  faire confiance Ă  la France ? Â».

 

Raguse a alors ajoutĂ© :

 

« Oui, je suis d’accord. C’est pour ça que je parlais de leur lĂ©gitime dĂ©fiance vis-Ă -vis de l’Etat français…. Â».

 

Alors, je ne sais pas ce qui m’a pris. C’est peut-ĂŞtre l’effet de la fatigue ou mon Q.I inversĂ© qui m’ont dĂ©sinhibĂ© peut-ĂŞtre pour le pire. Je me suis alors mis Ă  Ă©crire :

 

« Il est très facile depuis notre regard ethno-centrĂ© et nombriliste de juger les autres. Que ce soit les autres qui sont aux Antilles ou dans d’autres rĂ©gions du monde. Mais t’écrire ça ne m’empĂŞche pas de « regarder Â» le dĂ©compte et l’essor de la pandĂ©mie aux Antilles et en PolynĂ©sie. Cependant, ce qui me dĂ©range aussi, c’est ce business autour des vaccins :

S’il y a peu de gens vaccinĂ©s aux Antilles, ça veut aussi dire qu’il y a lĂ -bas un marchĂ© Ă  conquĂ©rir. Je n’arrive pas Ă  savoir ce qui est le pire. Et, c’est encore plus inquiĂ©tant d’être aujourd’hui incapable de savoir ce qui est le pire :

 

Penser, comme je le fais, que les vaccins anti-Covid pourraient être une nouvelle espèce de produits de consommation envers lesquels nous allons développer une dépendance. Comme envers nos téléphones portables et nos ordinateurs et internet. Ils (les vaccins anti-Covid) seraient donc les produits de consommation parfaits. Indispensables et salvateurs mais à durée limitée. On en changerait tous les ans ou tous les six mois en prenant un nouveau forfait. Comme avec un nouveau téléphone portable de plus en plus sophistiqué chaque année.

 

Ou, le pire est-il que ce projet soit déjà l’avenir pour au moins une ou plusieurs entreprises?

Ce matin, lorsque je suis optimiste, je me dis que la pandémie du Covid va durer trois ou quatre ans. Puis, je me dis que je me leurre. Et, qu’elle va plutôt durer une cinquantaine d’années ou plus. Comme la grippe.

Lorsque l’on voit tout ce que nous avons perdu en libertĂ©s (ne serait-ce que de dĂ©placement) depuis dix huit mois, cela fait très peur pour la suite. D’autant que le Covid bouffe d’abord en prioritĂ© les plus âgĂ©s, donc les reprĂ©sentants et la mĂ©moire d’un autre monde. D’une autre façon de vivre. Mais dans dix Ă  vingt ans, celles et ceux qui naitront ne connaitront rien de cette vie sans Covid que nous aurons connue. Et, pour le plus grand nombre d’entre eux, ça sera normal de vivre avec ces vaccins peut-ĂŞtre devenus mensuels ou quotidiens contre toute sortes de maladies dangereuses. Peut-ĂŞtre mĂŞme que la durĂ©e de vie moyenne de l’humanitĂ© aura-t’elle diminuĂ© pratiquement de moitiĂ©. Le monde sera alors peuplĂ© de jeunes travailleurs et de jeunes consommateurs dynamiques. Ce qui soutiendra l’économie de marché…tu m’as interrogĂ©. Je te rĂ©ponds spontanĂ©ment sans me censurer après deux nuits de travail. Je t’embrasse Â».

 

 

Un dĂ©lire de plus de Franck Unimon, ce jeudi 12 aout 2021. Avec le concours involontaire de l’ami Raguse  qui n’est peut-ĂŞtre qu’un prĂ©texte ou mon invention afin de pouvoir Ă©crire n’importe quoi.

 

 

 

 

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Vélo Taffe : Certains vélos sont faits pour rouler

 

Photo prise début aout 2021.

 

                            VĂ©lo Taffe : Certains vĂ©los sont faits pour rouler

 

J’ai travaillé cette nuit. Ce matin, pour retourner à la gare, comme je le fais depuis quelques mois, j’ai pris mon vélo pliant. Je ne suis toujours pas vacciné.

 

Je suis bien-sûr embarrassé de savoir que dans des pays pauvres, des gens meurent du Covid faute de ne pas pouvoir bénéficier de vaccins anti-Covid comme nous en avons à disposition en France, pays qui fait encore partie des pays riches.

Journal “L’HumanitĂ©” de ce mercredi 11 aout 2021.

 

Je suis bien-sûr embarrassé par la montée inquiétante du nombre de cas Covid en Guadeloupe, en Martinique ou à la Réunion. Les média, il y a quelques jours, relevaient une réticence ou un refus de la vaccination anti-Covid en Guadeloupe, en Martinique et à la Réunion.

 

J’ai appris le « durcissement Â» des mesures de confinement dans ces rĂ©gions d’Outre-mer dont je suis plusieurs fois originaire. Je me dis qu’une moindre application locale des gestes barrières a sans doute permis cette extension de la pandĂ©mie. Mais le tourisme aussi : il y Ă©tait encore permis assez facilement il y a quelques mois.

 

Je ne conteste pas les chiffres du Covid dans le monde.

 

Ce matin, pour la première fois, je me suis demandĂ© si le dĂ©ni de la pandĂ©mie- et de sa gravitĂ©- par certains pouvait avoir une relation avec une mouvance comme celle des « adeptes Â» de Trump, le prĂ©cĂ©dent PrĂ©sident des Etats-Unis. Soit une mouvance Ă©manant d’un homme Puissant de par son ancien poste de PrĂ©sident de la toujours Première Puissance Mondiale mais aussi de par sa richesse en tant qu’homme d’affaires.  

 

C’est ce titre dans le New York Times que j’ai achetĂ© tout Ă  l’heure qui m’a donnĂ© cette idĂ©e :

No bottom in sight for Covid denial écrit par Paul Krugman, une personne que je ne connais pas.

“New York Times” de ce mercredi 11 aout 2021.

 

La traduction approximative de ce titre pourrait ĂŞtre : Le dĂ©ni du Covid est un puits sans fond ou sans limites.

 

Une façon de dire que celles et ceux qui sont dans le dĂ©ni du Covid, et de sa gravitĂ©, trouveront toujours des raisons et des façons de s’opposer aux arguments qu’on leur donnera pour les convaincre de la rĂ©alitĂ© et de la gravitĂ© de cette pandĂ©mie. Une sorte d’hĂ©morragie qu’aucun anticoagulant de ce monde ne pourra jamais arrĂŞter. 

Le ” Charlie Hebdo” de ce mercredi 11 aout 2021.

 

J’ai entendu une infectiologue affirmer qu’avec le variant Delta du Coronavirus qui est en train de prendre ses appartements en France que personne, cette fois-ci, ne pourrait Ă©chapper Ă  cette quatrième vague de la pandĂ©mie :

 

Selon les propos de cette experte, soit on attraperait le Covid. Soit on pourrait s’en sortir en étant vacciné avec Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnson. Nous désignons ces vaccins anti-Covid par les noms des laboratoires qui les fabriquent et/ou les commercialisent.

 

Laboratoires et noms qu’elle n’a pas forcĂ©ment citĂ©s dans son intervention mais que, dĂ©sormais, tout le monde « connaĂ®t Â» maintenant en France, je pense. Une pandĂ©mie, la maladie et la mort font partie des meilleures publicitĂ©s qui soient. Et, cela, bien avant cette pandĂ©mie du Covid.

 

Avant de passer Ă  la suite : Je ne me sens aucune affinitĂ© ou proximitĂ© avec une personnalitĂ© ou un personnage comme Trump, le prĂ©cĂ©dent PrĂ©sident des Etats-Unis. 

Maintenant que c’est Ă©crit

Hier, j’ai effectuĂ© ma première sortie sans passe sanitaire. J’en parle dans un autre article.( Paris sans passe : Atterrissage ethnique)

 

Après avoir écrit ça, on pourrait se demander pourquoi je persiste à ne pas me faire vacciner contre le Covid. Cette nuit, ma collègue, vaccinée avec Pfizer, m’a rappelé les embolies constatées lors des premières vaccinations avec l’Astrazeneca au début de cette année 2021.

 

Bien-sĂ»r, il y a pour moi, une inquiĂ©tude concernant certains effets indĂ©sirables assez immĂ©diats et plutĂ´t graves. Mais, aussi, envers des effets indĂ©sirables aussi graves, et encore inconnus- et peut-ĂŞtre uniquement imaginaires– Ă  ce jour, plus tard.

 

Foncièrement, je ne fais que deux choses, me semble-t’il :

 

Douter et essayer de gagner du temps.

 

Faire la Roue

 

Peut-ĂŞtre que faire la roue me permet de continuer de douter en gagnant du temps.

 

Pourtant, je ne doute pas de la pandémie du Covid. Ni de sa gravité possible.

 

Par contre, je doute des vaccins anti-Covid actuels. Pour moi, actuellement, le risque (leurs effets secondaires) Ă  accepter avec ces vaccins que l’on nous propose- et que l’on nous impose- m’apparaĂ®t Ă  tort ou Ă  raison plus grand que leur fameux « bĂ©nĂ©fice Â» que l’on nous assure.

 

En Anglais, je pourrais dire : « I Don’t buy it ! Â». En CrĂ©ole : «  An Pa Ka Pran Sa ! Â». Dans ces conditions de doute, aujourd’hui, je ne suis pas preneur du risque que l’on me « demande Â» ou que l’on veut « m’imposer Â» de prendre avec les vaccins anti-Covid actuels.

 

On dira d’une personne comme moi qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut. Qu’elle est illogique, conne ou irresponsable. Ou irrationnelle. Je ne peux pas contester totalement cette perception. C’est celle des autres. Elle ne m’appartient pas.

” Le Canard EnchainĂ©” de ce mercredi 11 aout 2021.

 

 

La roue a sa propre volontĂ©. Une fois lancĂ©e, elle nous entraĂ®ne avec le moindre effort. Une fois portĂ©e par elle, on pourrait mourir, ĂŞtre blessĂ©, ĂŞtre pris d’un malaise, ou sain et sauf  et continuer d’avancer encore sur plusieurs mètres avant de commencer Ă  le rĂ©aliser. Sauf, bien-sĂ»r, si l’on est mort ou que l’on perd conscience.  

 

Il n’y a rien Ă  comprendre dans ce qui fait le mouvement d’une roue, d’une pensĂ©e ou d’une intuition. Soit on l’admet, soit on fait corps avec elle, soit on la rejette ou l’on se heurte Ă  elle. La roue a ses rythmes, ses cycles. On peut la trouver suicidaire. On peut comparer la roue Ă  la roulette russe. ça peut ĂŞtre vrai. Ça peut aussi ĂŞtre faux.  C’est aussi par elle que l’on arrive Ă  certains endroits et Ă  certaines dĂ©cisions qui nous sauvent et que la science n’a pas prĂ©vu et ne peut pas prĂ©voir. La science, si elle aide, sauve, soigne et peut aiguiller, n’est pas la propriĂ©taire et la maitresse exclusive de toutes les trajectoires. Un ĂŞtre humain, sur un vĂ©lo, n’ira jamais aussi droit que n’a pas pu le calculer la science afin de parvenir Ă  une certaine destination.

 

Cependant, faire corps avec la roue ne signifie pas se perdre en elle ou s’y enfermer définitivement. En faisant corps avec la roue, on peut vivre et réaliser des actes extraordinaires et inconcevables pour qui pense et marche au pas. Mais se confondre avec la roue, au point de ne plus être capable de faire la différence entre elle et soi, c’est se consigner dans la folie, le suicide ou de la maladie.

 

Avec le rĂ©chauffement climatique, l’invasion de l’Afghanistan par les Talibans, les troubles en Ethiopie, la pandĂ©mie du Covid, le durcissement du confinement en Martinique et en Guadeloupe, le couvre-feu en PolynĂ©sie française, et le meurtre du père Olivier Maire, l’arrivĂ©e du Footballeur Lionel Messi dans l’Ă©quipe du Paris St Germain comptent parmi les principales Unes de ce mercredi 11 aout 2021.

 

Pas de logique forcément

 

Il n’y a pas de logique, forcément, dans le fait que, ce matin, j’ai décidé d’attendre ce cycliste que j’avais d’abord très facilement dépassé. Pour lui parler et l’interroger. Et, bien-sûr, rien ne me prédisposait en particulier à cette rencontre. Rien non plus ne garantissait qu’il accepte de prendre le temps de discuter avec moi. Certains cyclistes sont très fermés, assez condescendants ou, plus simplement, pressés.

 

En partant de mon travail ce matin, j’ignorais que j’allais le rencontrer. Et, si j’avais pédalé à une certaine allure ou décidé de prendre un autre parcours pour me rendre à la gare, nous ne nous serions pas croisés.

 

Il avançait sur un de ces vĂ©los mĂ©caniques et pliants de la marque Brompton que j’ai dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©s :

 

« Certains vĂ©los sont faits pour rouler. Le mien est fait pour pĂ©daler Â».

 

Même s’il avançait vraiment doucement, ou peut-être parce qu’il avançait vraiment plus doucement que tous les autres usagers de cette marque de vélo que j’ai pu croiser, il m’a pris l’envie de lui parler.

 

Contrairement à la plupart des cyclistes que je rencontre, quelle que soit leur marque et leur type de vélo, il portait un masque noir anti-pollution. Et peut-être anti-Covid. Et, son vélo, à l’inverse de la majorité des vélos Brompton que j’ai pu croiser, avait un guidon en T.

 

Il m’a très vite appris qu’il avait la version sportive. A la fois la plus lĂ©gère et la plus chère. Il se sentait bien avec ce type de guidon et avait dĂ©jĂ  parcouru cinquante kilomètres avec. Il se sentait tellement bien dessus que, pour tous ses dĂ©placements, il avait dĂ©sormais dĂ©laissĂ© son VTC classique  Ă  sept vitesses.

Il a reconnu qu’il fallait mettre le prix pour l’acheter. Mais que l’effort financier se justifiait. Il a acquiescĂ© lorsque je lui ai sorti ma formule :

 

« Certains vĂ©los sont faits pour pĂ©daler. Celui-ci est fait pour rouler Â».

 

Il avait fait le choix de n’avoir que deux vitesses. Au lieu des six recommandées. Pour alléger davantage son vélo qui devait pourtant être bien plus léger que le mien au poids déjà confortable (12 kilos).

 

Puis, il m’a dit qu’il était étonné par la très grande réactivité de ces vélos. J’ai pu en témoigner pour en avoir fait plusieurs fois l’expérience.

 

Après un à deux kilomètres de discussion et de promenade tranquille ensemble, il m’a prévenu qu’il allait tourner à droite après l’hôtel Le Lutétia. Je l’ai salué et l’ai remercié. Nous nous sommes souhaités une bonne journée.

 

Certains vélos sont faits pour rouler. Sans se poser de questions. Un de mes anciens cousins, du côté de ma mère, Marcel Lollia, était surnommé Vélo. Je ne l’ai jamais rencontré. J’étais ado lorsqu’il est décédé.

 

Vélo n’était pas un cycliste. C’était un joueur de Gwo-Ka. Une référence. Son nom ne dira rien à beaucoup de personnes en France et dans le monde. Y compris parmi beaucoup de mes amis et de mes connaissances, passées, présentes et futures.

 

Sa vie n’a pas du tout Ă©tĂ© linĂ©aire. Elle n’a rien Ă  voir avec ma propre vie. La campagne, la musique apprise sĂ»rement en autodidacte, peu lettrĂ©, la rue, l’alcool, les nuits blanches, d’abord la mauvaise rĂ©putation, puis la reconnaissance, la maladie,  la mort dans la pauvretĂ© avant la soixantaine. Tout ce que je fuis comme beaucoup de personnes.

 

Mais son nom et son histoire sont restés. Et, plusieurs années après sa mort, il continue d’inspirer. Au contraire de la majorité d’entre nous qui, devant la roue, estiment qu’elle est juste là pour avancer. Et, rien d’autre. Une roue, c’est fait pour rouler.

 

 

Franck Unimon, ce mercredi 11 aout 2021.

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Seconde maman

 

                                       Seconde maman

Un adulte, ça ne se trompe jamais.

 

 

« Un adulte, ça ne se trompe jamais Â» m’a dit ma fille, hier. Lorsque j’ai essayĂ© de lui faire comprendre qu’il pouvait arriver qu’un adulte, se trompe. Elle a eu l’assurance de l’innocente. Sa maitresse le leur avait dit Ă  l’école. Ma fille appliquait Ă  la vie ce que son enseignante leur avait peut-ĂŞtre (j’espère) affirmĂ© Ă  propos de certains Savoirs scolaires.

 

La certitude de ma fille m’a fait sourire. Mais elle a raison. C’est bien le problème. C’est les grandes vacances, ce 4 aout 2021. Des millions de personnes, pour leurs vacances, ont pris des destinations différentes. Assez peu admettront s’être trompées de destination. C’est pareil avec la raison. Nous prenons des destinations différentes. Lorsque nous sortons de certaines limites de la route ou de la raison, nous ne nous en apercevons pas tout de suite.

 

Sur le papier, administrativement, politiquement, militairement, selon les frontières et les rĂ©gions, nous sommes une Nation. En pratique, cela peut ĂŞtre diffĂ©rent. Aussi y’a-t’il  y a des lois pour nous rĂ©unir ou nous forcer Ă  nous rĂ©unir et pour nous donner des règles communes. Si nous nous en dĂ©marquons, il y a fuite, infraction, condamnation, rĂ©pression ou dĂ©bat.

 

Devant la pandĂ©mie du Covid – oui, je vais Ă©videmment reparler d’elle – nous, les adultes, nous sommes tous au volant. Et, comme pour les dĂ©parts en week-end ou pour les grandes vacances, nous ne prenons pas les mĂŞmes destinations. De façon volontaire ou involontaire.

 

Mais un adulte, ça ne se trompe jamais.  

 

La vie et la mort face Ă  certaines modĂ©lisations :

 

C’est pour cette raison qu’une fois notre décision prise, nous nous heurtons. Les pour et les anti-vaccins.

Pourtant, que l’on soit pour ou contre les vaccins contre le covid, la pandĂ©mie du Covid nous rappelle aussi que la vie et la mort Ă©chappent Ă  certaines modĂ©lisations, statistiques et chiffres. Mais nous sommes nombreux Ă  ĂŞtre très sĂ»rs de nous concernant la conduite Ă  avoir pour ou contre. MĂŞme si personne ne sait vĂ©ritablement oĂą nous en sommes sur la route de la pandĂ©mie. Ni oĂą nous sommes exactement. Et Ă  quel point nous nous situons sur la carte et la courbe de la durĂ©e de la pandĂ©mie.  

 

Le journal ” Le Monde” de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Je ne conteste pas la réalité ou les chiffres de la pandémie du Covid. En France. Dans les régions d’outre-mer où un reconfinement a été décidé en Martinique, à la Réunion et sans doute bientôt en Guadeloupe. Je ne conteste pas non plus qu’il manque des lits en réanimation. Ainsi que du personnel soignant. Ni que la pénurie soignante se soit accentuée depuis la pandémie et qu’un certain nombre de soignants, épuisés par les conditions de travail déjà difficiles avant la pandémie, ait fait connaître leur intention de quitter l’hôpital.

 

Hier soir, j’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© de n’avoir rien de particulier Ă  Ă©crire. Peut-ĂŞtre parce-que j’avais Ă©crit le principal de ce que je ressentais dans mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ© . La veille. 

Mon ami Raguse m’a envoyĂ© un sms ce matin. Il voulait savoir ce que j’avais dĂ©cidĂ©. Pour lui, comme pour ma compagne, Ă  la fin de mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ©, on ignore quelle va ĂŞtre ma dĂ©cision. Ma compagne a parlĂ© en quelque sorte de « suspense Â». Pour moi, il n’y avait pas de suspense Ă  la fin de SĂ©rums de vĂ©ritĂ©.

 

Le journal ” Les Echos” de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Suspense

 

 

Ce matin, j’ai appelé pour annuler le rendez-vous que j’avais pour ma première injection avec le vaccin Pfizer contre le Covid. La seconde était prévue pour le 24 ou le 25 aout.

J’ai choisi, pour l’instant, d’éviter de prendre un autre rendez-vous. Si je reprends rendez-vous, j’aimerais être davantage sûr de moi. Ce sera peut-être trop tard ou plus difficile d’obtenir un rendez-vous alors que j’avais assez facilement obtenu ce rendez-vous dans la salle des fêtes de ma ville.

 

Peut-ĂŞtre que je le regretterai.

 

 

Mais je ne pouvais pas, avec les doutes que j’ai dans la tête, concernant les effets indésirables que j’ai lus ou dont j’ai entendu parler concernant les vaccins actuels contre le Covid, accepter de recevoir ma première injection du vaccin Pfizer. Qui plus est, en présence de ma fille. Si j’avais été seul ce matin, peut-être que j’aurais raisonné autrement. Ce n’est pas sûr. Mais le fait d’envisager que ma fille puisse me voir me faire vacciner contre le Covid, alors que je suis en bonne santé, puis, si ça se passe mal, qu’elle fasse l’apprentissage par elle-même que la vaccination puisse être néfaste, a encore plus contribué à ce que je me retire, pour l’instant, de cette campagne de vaccination collective contre le Covid.

 

D’autres personnes ont fait ou auraient fait le contraire. Je le sais.

 

Le journal ” Le Canard EnchainĂ©” de ce mercredi 4 aout 2021.

 

 

Expériences

 

Je sais aussi que je ne suis pas épidémiologiste. Que je ne dispose pas de chiffres ou de statistiques. Que ma façon de percevoir les événements qui entourent la pandémie du Covid sont empiriques. Même si j’essaie de trouver des informations à droite à gauche, autour de moi. En lisant des journaux, y compris satiriques qui se moquent des anti-vaccins. En lisant sur le net ou en regardant des vidéos aussi sur le net.

 

Au moment de prendre la décision, pour ou contre la vaccination, se croisent des croyances, des logiques. Et, parfois, l’expérience. L’expérience, ça peut être avoir un proche, une proche ou un moins proche qui a eu le Covid.

 

Je connais quelques personnes qui ont eu le Covid. Dont mon meilleur ami qui l’avait contracté plusieurs semaines après sa compagne. Il y a plusieurs mois. Ce 13 juillet, j’étais à l’enterrement du père de mon meilleur ami. Bientôt 90 ans. Pas à l’enterrement de mon meilleur ami.

 

Je ne fais pas exprès de mentionner cette date du 13 juillet, alors que la veille, le gouvernement avait décidé de rendre obligatoire pour les soignants la vaccination anti-Covid. Ces deux dates coïncident. Cette coïncidence fait aussi partie de mon expérience du Covid.

A l’enterrement du père de mon ami, pour la première fois, quelqu’un m’a demandĂ© quel Ă©tait mon groupe sanguin. Lorsque j’ai rĂ©pondu que j’étais O positif, il m’a affirmĂ© qu’être O positif protĂ©geait contre le Covid. Cette croyance m’a Ă©tonnĂ© voire un peu fait sourire. Mais je sais qu’elle ferait enrager certains esprits « scientifiques Â» ou « cartĂ©siens Â».

 

Mon meilleur ami et sa compagne sont partis en vacances, il y a quelques jours. Ils allaient bien tous les deux. J’ai même senti mon meilleur ami apaisé après le décès et le départ de son père pour son enterrement en Algérie. Cela faisait deux ans que son père souffrait de la maladie d’Alzheimer. Deux ans que cela le minait. Lui et sa compagne ont à ce jour une réponse immunologique qui atteste du fait que leur organisme possède encore un nombre très élevé d’anticorps ou d’antigènes, au delà de la moyenne, du fait d’avoir contracté le Covid.

 

Le journal ” Le Monde” de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Fort heureusement pour moi, ce 4 aout 2021, parmi mes proches et mon entourage direct, toutes celles et tous ceux que je connais qui ont attrapĂ© le Covid l’annĂ©e dernière ou cette annĂ©e au printemps, vont bien ou mieux. Dans une tranche d’âge comprise entre 40-45 ans et 55-58 ans. Deux ont frĂ´lĂ© le cadavre. Un, en particulier, « ramassĂ© par terre Â» (ses propres termes) par le Samu chez lui. J’ai appris Ă  cette occasion qu’il souffrait d’une certaine insuffisance respiratoire au prĂ©alable. Moi, ce que j’avais remarquĂ© chez ce collègue, plutĂ´t « fort Â», c’était surtout son embonpoint et son âge proche de la retraite.

Pareil pour l’autre collègue Ă  qui il avait fallu un peu plus de deux mois pour rĂ©cupĂ©rer. Embonpoint certifiĂ© et âge proche de la retraite.  On peut sĂ»rement parler pour eux deux de «  comorbiditĂ©s Â».

 

 Sur les deux, je peux attester que le second, au moins, plusieurs semaines avant d’attraper le Covid, avait un usage allĂ©gĂ© du masque anti-Covid.

 

Lorsque je mentionne ça, je ne suis pas plus épidémiologiste qu’au début de cet article. Je livre une ou deux expériences. Quelques éléments que j’ai pu observer.

 

Mais il y a un autre phĂ©nomène que j’ai pu observer au dĂ©but de ma carrière d’infirmier en psychiatrie. Un phĂ©nomène que j’ai appris Ă  connaĂ®tre. Ce n’est pas venu tout de suite. Je n’avais pas prĂ©vu, en choisissant d’aller travailler en psychiatrie alors que j’avais 24-25 ans, que je ferais ce genre de « dĂ©couverte Â» parmi d’autres. Cette dĂ©couverte, une fois de plus, n’a rien de scientifique. Je n’ai pas de stats, de chiffres, de logiciel de calcul qui permettront de modĂ©liser, protocoliser ce que je vais raconter. Je vais essayer de parler du risque. Mais d’après ce que j’ai vĂ©cu Ă  mon travail dans certaines situations en  psychiatrie. Je le rĂ©pète : je ne suis pas Ă©pidĂ©miologiste. Je n’ai aucune compĂ©tence pour expliquer ce qui se passe, d’un point de vue clinique, avec la pandĂ©mie. Il y a des personnes, des adultes, bien-sĂ»r, qui, eux, savent. Et ne se trompent pas. Qu’ils soient scientifiques, politiques ou journalistes. Ou intellectuels. Ou des proches comme des moins proches.

 

Moi, je doute. Je sais que je peux me tromper. C’est pour cela, que, ce matin, j’ai opté pour reculer avant cette première injection de Pfizer. Alors qu’il y a quelques jours, lorsque j’avais pris rendez-vous, j’étais content d’avoir pu obtenir un rendez-vous aussi rapide. J’avais le sentiment d’avoir fait ce qu’il fallait. Le timing collait bien. J’allais pouvoir, mi-septembre, au moment où les sanctions décidées par le gouvernement, allaient se déclencher plus durement contre celles et ceux qui ne seront pas vaccinées, être tranquille. Etre débarrassé de certaines tribulations.

 

Le journal “Charlie Hebdo” de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Le Risque :

Si je commence Ă  essayer de faire de l’humour en commençant par la phrase connue : « Dès que l’on vit, on risque de mourir Â», bien des personnes prendront très mal cet humour qu’elles estimeront malvenu vu le contexte de la pandĂ©mie. Mais je dĂ©bute quand mĂŞme cette partie par cette allusion parce-que je refuse encore de manquer d’un certain courage pour l’humour. MĂŞme si ce trait d’humour sera sĂ»rement très mal tolĂ©rĂ© par quelques unes et quelques uns.

 

Mais ce que je veux dire, autre phrase très connue, c’est que «  le risque zĂ©ro n’existe pas Â».

 

En psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie, rĂ©gulièrement, constamment, nous rencontrons des patients qui ont un « risque suicidaire Â» ; un « risque de passage Ă  l’acte Â» ; « un risque de fugue Â». Bien-sĂ»r, ce risque est moins, comment dire, sujet aux certitudes de certaines donnĂ©es scientifiques et Ă©pidĂ©miologiques.

 

Pour le Covid, par exemple, on sait nous dire que tel variant a telle proportion de contagiosité. Ou que, actuellement, le vaccin Pfizer offrirait une protection de 39% face au variant Delta contre plus de 90% face au variant précédent du Coronavirus. Mais, aussi, qu’une personne vaccinée contre le Covid a moins de risques de se retrouver en réanimation ou de développer une forme grave du Covid. C’est chiffré. Modélisé. Je ne discute pas ces chiffres et ces statistiques contrairement à certaines personnes anti-Vaccin Pfizer, Moderna, et autres vaccins anti-Covid actuels. Je crois à ces chiffres. Même si je ne passe pas mon temps à les sniffer comme l’on pourrait sniffer des lignes de crack.

 

Je vais par contre m’attarder davantage sur ces phĂ©nomènes que tout le monde, ou Ă  peu près, vit plus intensĂ©ment depuis dix huit mois, avec cette pandĂ©mie du Covid :

 

La peur. L’anxiété.

 

LĂ , aussi, je ne suis pas sociologue, psychologue, chercheur au CNRS ou ailleurs sur ces sujets. Je n’ai pas de chiffres ou de statistiques, non plus. Mais mon mĂ©tier, c’est de travailler en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie directement avec des publics (adultes et mineurs) qui peuvent ĂŞtre imprĂ©visibles ou très imprĂ©visibles. Et, avec lesquels le « risque Â» est souvent prĂ©sent. Risque de tentative de suicide. Risque de fugue. Risque de passage Ă  l’acte auto-agressif et hĂ©tĂ©ro-agressif. Et, comme mes collègues, il est de ma responsabilitĂ©, Ă©videmment, de prĂ©venir ce risque. Comment fait-on ?

 

Avec des logiciels et des camĂ©ras ? En se menottant Ă  eux vingt quatre heures sur vingt quatre ? En les endormant de telle manière qu’ils soient incapables de bouger le moindre petit doigt ? En les enfermant dans une prison comme celle du personnage MagnĂ©to dans les X-Men ? En mettant un chien de surveillance devant la porte de leur chambre ?

 

Peut-être que certaines personnes vous répondront que c’est sûrement ça. Mais je ne fais pas partie de ces personnes et de ces professionnels.

 

Ce qui veut dire que, par rapport Ă  ces risques, nous, professionnels, en psychiatrie, « Ă©valuons Â». Pour Ă©valuer une situation, il y a deux ou trois instruments cliniques en plus du traitement chimique, il est vrai :

 

La relation avec le patient. Qui se veut, autant que possible, une relation de confiance.

 

L’observation. Ce que nous voyons du patient. Ce que nous comprenons de lui. Tant ce qu’il dit que son comportement et son attitude.

 

Et, troisième instrument qui n’a rien de scientifique, qui, comme la relation et une certaine observation ne peuvent pas se modéliser. Je parle bien-sûr de…l’intuition.

On va parler un peu plus de l’intuition.

 

 

L’intuition en « psychiatrie Â» :

« Je ne le sens pas. Â»

 

 

Le gros problème avec l’intuition, c’est Ă©videmment, qu’elle ne repose sur rien d’autre que notre subjectivitĂ©. Or, question subjectivitĂ©, lorsqu’une situation nous stresse ou nous inquiète ou nous excite, on peut se faire des « films Â». Imaginer des Ă©vĂ©nements qui, en fait, ne se produisent pas ou ont peu de chances de se produire. Sauf que, nous, on peut-ĂŞtre très bien persuadĂ© que cela va se produire.

 

Au début de ma carrière en psychiatrie, j’ai rencontré des collègues plus expérimentés que moi. Des collègues qui avaient donc, pour eux et elles, l’expérience de l’âge et du vécu en psychiatrie.

 

Je ne compte pas le nombre de fois où, depuis le début de ma carrière en psychiatrie mais, aussi, par la suite, dans ma propre vie, des gens sont persuadés qu’une catastrophe va arriver. Tous les signes sont présents pour eux. Ils n’attendent que la confirmation de leurs pronostics funestes.

 

Et, je ne compte plus le nombre de fois oĂą, finalement, la catastrophe maintes fois attendue et annoncĂ©e ne se produit pas. Et, oĂą, les personnes qui y ont cru n’émettent aucune autocritique. Et en font rien pour apprendre de cela. A chaque nouvelle situation plus ou moins anxiogène, rebelote. Les mĂŞmes, le plus souvent, recommencent Ă  avoir peur et Ă  imaginer le pire. 

 

Aujourd’hui, je ne nie pas la gravitĂ© de la pandĂ©mie du Covid que peu de personnes, en France, a vu venir. Comme, depuis dix huit mois, je n’ai jamais niĂ© la gravitĂ© de la pandĂ©mie du Covid. Par contre, je retrouve dans cette peur et cette anxiĂ©tĂ© massive Ă  grande Ă©chelle dont le cercle se resserre de plus en plus autour de nous avec cette vaccination obligatoire et ce passe sanitaire, des points communs avec ces situations que j’ai pu vivre en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie oĂą il y a eu un risque « de Â». Pourquoi ?

 

Là, aussi, à nouveau, l’expérience.

 

Il y a dix huit mois, nous allions mourir du Covid. Dans un simple coin de rue. C’était sûr. Aucune statistique n’est sortie dans ce sens. Mais c’est pire.

Le journal ” Charlie Hebdo” de ce mercredi 4 aout 2021.

 

L’amnésie immédiate et collective qui permet à certaines et certains de recommencer à flipper aujourd’hui comme l’année dernière avec la pandémie du Covid se retrouve dans des proportions plus limitées dans ma psyché. Cela ne fait pas de moi une personne super-intelligente. J’ai une chance sur deux d’avoir fait une grosse connerie en refusant d’aller me faire faire cette injection de vaccin anti-Covid ce matin. Et, on sait assez quels sont les risques, réels cette fois, auxquels je m’expose, en plus des risques sanitaires, si, le 15 septembre, je ne suis toujours pas vacciné contre le Covid.

 

Des risques économiques. Des risques d’exclusion sociale. Des risques de séparations et de ruptures avec des proches et des moins proches.

 

Soit des risques dont je préfèrerais me passer.

 

Mais, malgrĂ© ces risques, je me rappelle encore que notre mort Ă©tait annoncĂ©e l’annĂ©e dernière. Et que j’ai fait partie de celles et ceux qui ont continuĂ© de se rendre Ă  leur travail. Entre-autres, sans masque anti-Covid et sans vaccin, pendant plusieurs semaines. Et, dix huit mois plus tard, je suis encore vivant. Je pourrais presque dĂ©poser une rĂ©clamation pour « publicitĂ© mensongère Â». Mais, lĂ , je fais de l’humour plus ou moins noir. LĂ , oĂą je fais moins d’humour, c’est que je n’ai pas du tout aimĂ© me faire matraquer et miner mentalement avec des idĂ©es de mort permanentes, imminentes et pĂ©remptoires. Il fallait faire ceci. Il fallait faire cela. J’ai fait ceci. J’ai fait cela. Et, cela ne suffit pas. Il faut, aujourd’hui, que j’en fasse encore plus. Les deux injections. Le passe sanitaire. Jusqu’à quand ? Pour aller oĂą ? Personne ne sait. Il faut le faire, c’est tout. Et, ferme ta gueule ! Si, comme moi,  l’on a des doutes sur les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid, c’est bien cette impression que donne cette obligation vaccinale assortie de ces inconnues au sujet de ces vaccins. Une impression de :

 

« Il faut le faire, c’est tout. Et, ferme ta gueule ! Â».

 

 

Et, aujourd’hui, depuis ce 12 juillet 2021, avec le variant Delta, cette vaccination devenue obligatoire pour les soignants et ce passe sanitaire, j’ai l’impression que l’on recommence Ă  me servir Ă  nouveau la mĂŞme recette. Et que je devrais m’empresser de  sauter avec reconnaissance sur cette recette de la peur et de l’anxiĂ©tĂ© et me lĂ©cher les doigts avec.

 

 Phase de relativisation ou phase de dĂ©ni ? :

 

Si, ce 4 aout 2021, je me suis finalement prĂ©cipitĂ© pour m’éloigner de ma première injection de Pfizer, c’est peut-ĂŞtre parce-que, depuis l’annĂ©e dernière, Ă  tort ou Ă  raison, j’ai appris Ă  relativiser le danger de la pandĂ©mie du Covid. Au dĂ©but de ma carrière d’infirmier en psychiatrie, plusieurs fois je me suis fait avoir par ces situations oĂą nous Ă©tions plusieurs Ă  envisager le pire. Et, oĂą le pire ne se produisait pas, finalement. Je m’en voulais ensuite de m’ĂŞtre fait avoir par ces poussĂ©es- rĂ©pĂ©tĂ©es- d’anxiĂ©tĂ©. J’ai appris Ă  relativiser. Cela ne signifie pas du tout que je banalise les risques suicidaires ou autres. Mais qu’au lieu de me faire des films, je prĂ©fère observer. Surveiller. Ou me fier Ă  mon intuition. Et vĂ©rifier, si j’en Ă©prouve le besoin, quand ça me vient, afin de comparer les faits avec mon intuition et mes impressions. Puis, me rappeler du rĂ©sultat. Cela a contribuĂ© Ă  faire baisser mon « tonus Â» d’anxiĂ©tĂ©.

L’année dernière, nous devions mourir. Je ne suis pas mort. Nous sommes nombreux à être encore vivants. Et on dirait que c’est pire. Qu’il aurait presque mieux valu décéder l’année dernière afin d’évacuer définitivement cette anxiété et cette angoisse générale et collective qui nous circonscrivent.

 

Les personnes que je connais qui ont attrapé le Covid l’année dernière et cette année sont toujours vivantes. Et, elles vont plutôt bien. Elles n’étaient pas vaccinées contre le Covid. Par contre, concernant les effets indésirables des vaccins anti-Covid, j’entends parler de trucs bizarres pas très rassurants. Des vaccins qui, depuis ce 12 juillet, sont devenus obligatoires. Comme je fais maintenant partie des personnes qui résistent ou refusent cette vaccination obligatoire, l’autre levier ou l’autre recette est la culpabilisation.

 

 

Recette qui complète très bien la recette de la peur et de l’anxiété.

 

 

Le levier ou la recette de la culpabilisation :

 

Que ce soit en tant que personne ou en tant qu’infirmier, je n’ai aucun intĂ©rĂŞt ni aucune envie de nuire Ă  quiconque, patient ou autre. Et, je n’ai rien d’exceptionnel. 

 

Comme je n’ai aucune envie de voir les pro-vaccins comme mes ennemis. Même si je m’attends à ce que, dans un an, pour faire large, à la même date, la pandémie du Covid aura fait beaucoup de dégâts supplémentaires, et, surtout, bien plus visibles, d’un point de vue sociétal, économique ou au moins politique.

 

Mais, de plus en plus, dans un pays oĂą les personnes vaccinĂ©es contre le Covid deviennent la majoritĂ©, et la nouvelle norme, ĂŞtre non-vaccinĂ© signifie s’exposer Ă  s’entendre dire ce que ma seconde « maman Â» officieuse m’a dit ce matin. Alors que je l’appelais pour lui souhaiter son anniversaire.

Mes deux mamans et ma dualitĂ© :

Mes deux mamans, l’officielle et une « très officieuse Â», incarnent très bien ma dualitĂ© actuelle envers la vaccination contre le Covid.

 

La première, l’officielle, et mère de ma sœur et de mon frère, est retournée vivre en Guadeloupe il y a une vingtaine d’années avec mon père. Pendant plusieurs années, avant de prendre sa retraite, elle a été aide-soignante dans un service de réanimation. C’était une personne reconnue pour son professionnalisme et sa gentillesse.

Maman, il y a quelques mois, en mars ou avril, m’a demandĂ© conseil en vue de se faire vacciner. A moi, le fils aĂ®nĂ© devenu infirmier. Je n’y connaissais pas grand chose. Mon « domaine Â», c’est la psychiatrie et la pĂ©dopsychiatrie. En plus, après le matraquage mĂ©diatique très anxiogène  que nous avions tous subis dès mi-mars  2020, j’avais rĂ©ussi Ă  retirer mes pensĂ©es des crochets de l’anxiĂ©tĂ© et de l’angoisse avec toutes ces nouvelles relatives au Covid.

Partir passer quelques jours en Bretagne, chez ma seconde maman très officieuse (elle ne revendique pas ce titre) l’année dernière- en juillet 2020- avec ma compagne et notre fille m’avait aidé à décrocher de la mamelle opulente des mauvaises nouvelles dues au Covid.

 

Mes deux mamans ne se connaissent pas. Elles ne sont pas rencontrées et je crois aujourd’hui qu’elles ne se rencontreront jamais.

Lors de mon mariage en 2013, venue de Guadeloupe, ma mère avait Ă©tĂ© prĂ©sente le mardi Ă  la mairie en Seine et Marne. Puis, elle avait repris l’avion quelques jours avant que nous ne fĂŞtions notre mariage ma compagne et moi, le samedi, dans la grande salle de fĂŞtes de la commune, en Bretagne, oĂą ma « seconde Â» maman, et plusieurs membres de sa famille avaient contribuĂ© au bon dĂ©roulement de l’organisation des festivitĂ©s. La fĂŞte s’était passĂ©e près de chez elle.

 

Si ma mère est une femme dĂ©vouĂ©e, sportive, assez solitaire, plutĂ´t timide, assez souvent indĂ©cise et introvertie, ma « seconde Â» maman est une femme très accueillante, qui aime recevoir et sait recevoir. C’est aussi une femme de tĂŞte et Ă  poigne. Elle est directe et tranche. C’est moi, qui, dans cet article la nomme ma « seconde maman Â». Parce-que je reprends les termes employĂ©s par ma compagne. Mais je ne l’appelle pas « maman Â». Et, elle ne m’appelle pas « mon fils Â». La relation filiale est implicite et, aussi, très très officieuse et fluctuante.

Ma « seconde maman Â» a Ă©tĂ© mon ancienne cadre infirmière dans le service de pĂ©dopsychiatrie oĂą j’ai fait sa connaissance.  Deux ans avant qu’elle ne dĂ©cide de partir Ă  la retraite. Après son dĂ©part, nous avions Ă©tĂ© plusieurs soignants Ă  ĂŞtre invitĂ©s Ă  venir passer un week-end chez elle dans sa maison, en Bretagne. Depuis, rĂ©gulièrement Ă  peu près chaque annĂ©e, je suis revenu passer quelques jours chez elle et son mari en Ă©tĂ©.

Chaque année, avant la pandémie du Covid, elle partait en voyage à l’étranger avec son mari pendant plusieurs mois. Ma mère n’a jamais fait ça. Et, je n’imagine pas du tout mon père ouvert à ce genre d’aventure.

Sculpture par Jacquette Virginie.

 

 

La voix traditionnelle

 

 

Je ne connaissais rien aux vaccins anti-Covid lorsque ma mère m’avait sollicité en mars ou avril 2021 pour un conseil. J’écoutais parler des vaccins anti-Covid de très loin. Les gestes barrières, masque et lavage de mains, me convenaient très bien. Je coexistais ainsi avec la pandémie du coronavirus.

 

Si j’ai acceptĂ© assez facilement de tomber le masque ou de raccourcir les distances corporelles avec certaines personnes, lors de certaines circonstances ( enlacer quelqu’un,  faire la bise après avoir donnĂ© un cadeau, lors d’un barbecue…) cela a Ă©tĂ© en des proportions limitĂ©es. Si j’avais Ă©tĂ© un forcenĂ© de la prĂ©vention du « risque Â», j’aurais refusĂ©. Lors de ces quelques occasions, après une assez rapide rĂ©flexion, j’ai souvent estimĂ© que la vie sociale devait prendre le pas sur le risque. Rien de scientifique dans cette attitude. Sauf le fait que j’ai eu ce comportement en des proportions sĂ»rement moindres que d’autres.

 

En me fiant aux expĂ©riences de personnes et de collègues autour de moi, j’avais  rĂ©pondu Ă  ma mère que j’avais entendu de bons Ă©chos  du vaccin Pfizer.

 

J’ai aussi eu des espoirs avant l’arrivĂ©e du vaccin Johnson & Johnson en avril ou Mai. Une ex-collègue infirmière, et amie, m’en avait dit du bien. Et puis,  lors de sa « diffusion Â», les Ă©chos concernant le Johnson & Johnson se sont rapidement ternis concernant certains de ses effets indĂ©sirables.

 

Je crois que les pro-vaccins ne mesurent pas les consĂ©quences de ces revers dus aux effets indĂ©sirables de ces vaccins « attendus Â» et prĂ©sentĂ©s comme salvateurs, puis, qui « déçoivent Â» et « inquiètent Â». Alors que ces revers se rajoutent Ă  d’autres revers, colères ou contrariĂ©tĂ©s, accumulĂ©s depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie en mars de l’annĂ©e dernière.

 

De plus en plus, la facilité consiste à présenter les anti-vaccins comme des abrutis bornés et irresponsables. Alors que les raisons de leur défiance envers les vaccins sont sûrement un peu plus réfléchies qu’elles ne le semblent.

 

Pour revenir Ă  ma mère : je croyais donc qu’elle s’était faite vacciner contre le Covid. Ainsi que mon père. Ma sĹ“ur et mon frère, ainsi que leur compagnon et leur compagne se sont faits vacciner.

 

 

J’ai appris il y a quelques jours, en lui parlant au tĂ©lĂ©phone, que, finalement, ni ma mère, ni mon père, ne se sont faits vacciner. Ils Ă©taient partis pour le faire en se rendant Ă  l’aĂ©roport, en Guadeloupe. Peut-ĂŞtre l’aĂ©roport Pole CaraĂŻbes. Mais des manifestants anti-vaccins se trouvaient lĂ . En Ă©coutant leurs arguments, mon père a alors estimĂ© que les vaccins actuellement proposĂ©s ne sont pas « encore au point Â» (traduit du CrĂ©ole).  

 

Apprendre ça, d’elle, m’a fait un drôle d’effet. Un effet non-scientifique qui a eu, sur moi, une certaine influence. Influence non scientifique non plus.

Lors de ma dernière sĂ©ance avec mon thĂ©rapeute – vaccinĂ© contre le Covid- j’avais fait la dĂ©couverte, que, dans ma fratrie, j’étais finalement le plus « traditionnel Â». Ce qui est assez courant lorsque l’on est l’aĂ®nĂ© d’une famille.

 

Je sais que le dernier, mon petit frère, ainsi que sa compagne, se sont  faits vacciner contre le Covid afin de pouvoir se rendre en Guadeloupe dans quelques jours. J’aimerais bien me rendre en Guadeloupe par exemple l’annĂ©e prochaine. Ainsi qu’à la RĂ©union. Donc, j’ai d’abord trouvĂ© que c’était une bonne nouvelle qu’après cette vaccination, mon frère, sa compagne et leurs enfants, puissent se rendre en Guadeloupe. Cela fait quelques annĂ©es que nous ne sommes pas allĂ©s voir nos parents en Guadeloupe. Pour moi, cela date de 2014 ou 2015. Mon blog n’existait pas, alors. Aujourd’hui, si je me rĂ©fère Ă  certaines inquiĂ©tudes et certaines tĂ©moignages concernant les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid, mon frère et sa compagne vont certes pouvoir sans doute se rendre en Guadeloupe (s’ils partent avant que la Guadeloupe ne soit reconfinĂ©e) mais leur espĂ©rance de vie pourrait ĂŞtre dĂ©truite.

Sculptures par Cécile Thonus.

 

 

Conflit de loyautĂ© et roulette russe :

Ma mère, non vaccinĂ©e, a donc, d’une part deux de ses enfants vaccinĂ©s. Ma sĹ“ur et mon frère. Et, d’autre part, il lui reste un enfant, non vaccinĂ©. Moi. En termes de conflit de loyautĂ©, moi, l’aĂ®nĂ©, ou l’âne, j’ai touchĂ© le jackpot.

 

Côté pile, si ces vaccins anti-Covid sont finalement plus protecteurs que nocifs, d’ici deux à trois ans, cela se confirmera. Avec un peu de chance, si ma mère et mon père, non vaccinés, se maintiennent à distance du Covid, et que je réussis à faire pareil, nous devrions être tous à peu près contents d’ici deux à trois ans. Mais en deux à trois ans, il peut se passer beaucoup d’événements. Même en un an. Et, vu comme on nous parle de la très grande contagiosité du variant Delta, je m’attends un peu à attraper le Covid cette fois-ci.

 

Côté face, si ces vaccins anti-Covid se révèlent véritablement nocifs, moi, l’aîné, j’ai tout intérêt à assurer à ma mère qu’un de ses enfants, au moins, n’est pas tombé dans la marmite des effets indésirables gravissimes des vaccins anti-Covid.

 

Mais ma mère Ă©tant comme toutes les mères aimantes, après avoir discutĂ© avec elle, il y a quelques jours du Covid, elle a conclu notre conversation par un :

 

« Fais attention Ă  toi Â».

 

Lorsque j’avais dĂ©cidĂ© de commencer Ă  travailler en psychiatrie, au dĂ©but, ma mère avait essayĂ© Ă  plusieurs reprises de m’en dissuader. Elle m’avait expliquĂ© qu’elle craignait que je ne devienne « fou Â». C’est une croyance très courante que celle de croire et de penser que travailler en psychiatrie rend fou. Alors que ce serait plutĂ´t le contraire. Travailler en psychiatrie peut aider Ă  pacifier nos angoisses et nos folies. A condition d’être mentalement et moralement armĂ© et encadrĂ© pour cela. A condition, si nĂ©cessaire, d’accepter d’être aidĂ© par d’autres, collègues, thĂ©rapeutes, patients, rencontres diverses.

 

Je n’avais eu aucune difficulté à me séparer des inquiétudes de ma mère. Me diriger vers cette spécialité était un choix réfléchi. J’aimais cette spécialité ainsi que les rencontres que j’y faisais. Je me sentais bien dans cet univers.

 

Or, aujourd’hui, me faire vacciner contre le Covid, avec Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnsonn’est pas mon choix rĂ©flĂ©chi. Je n’aime pas ce « risque Â» que je crois entrevoir dans leurs effets secondaires ou indĂ©sirables. L’idĂ©e de me faire injecter ce risque ne me plait pas du tout. 

 

Bon anniversaire :

Pas plus que je n’ai fait exprès d’oublier qu’aujourd’hui, ma fille serait avec moi, je n’ai pas fait exprès non plus d’accepter le rendez-vous qui m’avait Ă©tĂ© fixĂ© pour ma première injection de Pfizer ce 4 aout. Or, le 4 aout est la date anniversaire….de ma seconde maman, très  Â« officieuse Â».

 

Qu’est-ce qui se fait le jour d’un anniversaire de quelqu’un auquel on tient ?

On lui envoie un message. Ou, on l’appelle.

 

Pour l’appeler, j’ai allumé mon téléphone portable. J’ai vu que j’avais reçu deux vidéos de ma mère. Dans l’une des vidéos, une femme, vraisemblablement médecin, et bonne pédagogue, expliquait devant une foule attentive, les graves risques sanitaires auxquels on s’exposait avec les vaccins anti-Covid actuels. Cette femme que je ne connais pas et que je voyais pour la première fois, mettait en garde contre les vaccins anti-Covid. Elle était persuasive. J’ai su ensuite que ma mère avait reçu cette vidéo par une cousine du côté de mon père.

 

Ce matin, donc, quelques minutes avant mon rendez-vous pour ma première injection de Pfizer, j’appelle ma « seconde Â» maman. Je tombe sur elle. Elle est plutĂ´t contente de m’entendre. Je lui souhaite un bon anniversaire. Je lui rĂ©ponds que nous sommes partis quelques jours Ă  Amiens. Elle m’apprend : « J’ai de très bons souvenirs Ă  Amiens Â».

L’entente se poursuit. Et puis, comme avec une proche avec laquelle on se sent en confiance (soit le minimum envers une seconde maman, même officieuse) je lui parle sans détour du fait que, non, nous n’avons pas pu nous rendre aux hortillonnages. Car nous n’avions pas de passe sanitaire. Hortillonnages qui ont ensuite fermé quelques jours suite à un désaccord entre certains bateliers opposés au passe sanitaire et leur patron. Ma compagne m’a envoyé un extrait d’un article de journal à ce sujet.

 

Mais en parlant de notre non-vaccination Ă  ma « seconde Â» maman très officieuse, sans mĂŞme y penser, j’avais mis une pièce dans le Jukebox. Avec ma mère, le Jackpot du conflit de loyautĂ©. Avec ma seconde maman, le Jukebox de :

 

« Mais tu vas te retrouver en rĂ©a ! Â». « Tu as bien vu ce qui se passe en Guadeloupe ?! Â» (Le nombre de cas de Covid augmente comme Ă  la Martinique et Ă  la RĂ©union).

« Ne me dis pas que tu ne t’es pas fait vacciner ! Â». «  Je suis très Ă©tonnĂ©e ! Â».

 

Sculpture par Cécile Thonus.

 

Je me suis senti embarrassé. A la fois de me sentir en porte à faux. Mais, aussi, que cette conversation, notre premier désaccord majeur en plusieurs années, arrive le jour de son anniversaire. Vraiment, je n’ai pas vu venir cette situation.

 

Ma seconde maman « officieuse Â» m’a appris qu’ils Ă©taient tous vaccinĂ©s de leur cĂ´tĂ©. Je la savais vaccinĂ©e contre le Covid. Mais je n’avais pas forcĂ©ment beaucoup Ă©largi le cercle des personnes vaccinĂ©es autour d’elle. MĂŞme si cela se tient mathĂ©matiquement. Si, aujourd’hui, de plus en plus de Français sont vaccinĂ©s et que l’on avoisine les 60 % de personnes vaccinĂ©es en France, il faut bien que de plus en plus de personnes que l’on connaĂ®t soient vaccinĂ©es.  Mais je vivais encore sur ma petite planète de non-vaccinĂ©s, et, ma seconde maman Ă©tait en train de me rappeler que je vivais bien  – encore- sur la mĂŞme planète que tous ces gens de plus en plus vaccinĂ©s.

 

Je sentais venir en elle la question du complotisme. Je crois mĂŞme qu’elle me l’a demandĂ©, directe comme elle est :

 

« Tu es complotiste ?! Â».

 

 

Afin de me sauver autant que possible de la mĂ©lasse complotiste, Je me suis appliquĂ© Ă  ĂŞtre pĂ©dagogue :

 

«  Je ne crois pas que le dĂ©veloppement des antennes de la 5G va nous tĂ©lĂ©guider Â». J’ai dĂ» ĂŞtre assez rapidement convaincant malgrĂ© tout en matière de complot car, ensuite, la conversation s’est faite sur des bases, je crois, plus rassurantes, pour elle comme pour moi.

 

Question travail, elle a convenu elle-mĂŞme « qu’ils Â» ne pourraient pas me « licencier Â» au vu de la pĂ©nurie infirmière importante. J’ai ajoutĂ© que cette pĂ©nurie s’était accentuĂ©e depuis la pandĂ©mie du Covid. Je n’ai mĂŞme pas pensĂ© Ă  rappeler qu’il y a quelques mois, encore,  dans certains services somatiques, des personnels soignants Ă  peine remis du Covid, Ă©taient poussĂ©s Ă  revenir travailler tant il manquait de personnel dans certains services.

 

Dans ses propos, j’ai entendu le concentré de qui est opposé aux personnes contre le vaccin. La peur de la réa. Une peur que je ne connais pas, pour l’heure. Sans doute parce-que ma mère a travaillé en réanimation. Et que, si la réanimation est synonyme de mort, elle est aussi synonyme de sortie de coma et de retour à la vie. Je le sais par ma mère. Sans doute aussi un petit peu par les deux stages que j’avais effectués, adulte, dans le service de ma mère. Cela n’avait pas été mon choix.

 

J’ai aussi entendu la peur de la perte économique. Je me suis abstenu de dire que ma compagne avait fait ses estimations dans le cas où nous serions mis à pied de notre emploi. C’était un peu comme si j’avais déjà un peu dépassé cette peur de la perte économique et que je la redécouvrais au travers de ma seconde maman.

 

 

Une autre peur aurait pu être citée. Celle de l’exclusion sociale. Des connaissances et des proches. Elle arrivera sans aucun doute. Pas de qui je pense. Pas comme je le pense.

Devant la médiathèque de ma ville ce mercredi 4 aout 2021. Médiathèque où ma fille et moi avons nos habitudes.

 

Ma seconde maman a pris l’exemple de la vaccination contre l’Hépatite A (ou B) rendue obligatoire. Je n’ai pas discuté cette obligation. Elle m’a dit que la technique ARN actuelle était connue depuis dix années. Qu’elle aurait préféré bénéficier de cette nouvelle technique. Mais qu’elle avait eu le vaccin Astrazeneca.

 

Elle a été attentive lorsque je lui ai parlé de la mésaventure de certains soignants avec l’Astrazeneca. Mésaventure qui pouvait expliquer une partie de cette méfiance de certains soignants envers ces vaccins anti-Covid.

 

Je lui ai aussi dit que j’avais lu des tĂ©moignages sur les rĂ©seaux sociaux concernant les effets indĂ©sirables. Et, que l’on ne pouvait pas, d’un cĂ´tĂ© (ça vous rappelle quelque chose ? J’ai expliquĂ© ça dans mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ©) se rĂ©jouir que, durant le printemps arabe, les rĂ©seaux sociaux avaient pu nous faire parvenir des tĂ©moignages qui dĂ©mentaient la version officielle. Et, lĂ , Ă  propos des effets indĂ©sirables des vaccins sur les rĂ©seaux sociaux, dĂ©clarer que tous ces tĂ©moignages Ă©taient bidons. Des tĂ©moignages oĂą une mère nous apprend que sa fille a commencĂ© Ă  avoir des règles peu après la vaccination contre le Covid. Ou une femme nous apprend qu’après s’être faite vacciner, ses seins ont commencĂ© Ă  produire du lait alors qu’elle n’est pas enceinte….

 

 

Bien-sûr, je ne connais pas ces personnes. Je ne sais pas jusqu’à quel point leur témoignage est fiable. Je n’ai pas de statistiques que je peux donner.

 

A ma seconde maman qui me disait que, pour chaque vaccination, il y avait un certain nombre de personnes qui connaissaient des effets secondaires,  j’ai rĂ©pondu qu’il Ă©tait vrai que je ne connaissais pas les chiffres ou les proportions de ces effets secondaires. Et que la particularitĂ© des rĂ©seaux sociaux fait peut-ĂŞtre que la façon dont les tĂ©moignages nous parviennent, quasiment en temps rĂ©el,  sans filtre, donnait peut-ĂŞtre l’impression qu’il y a plus d’effets secondaires avec ces vaccins comparativement avec les vaccins prĂ©cĂ©dents contre diverses maladies. Alors qu’il y a peut-ĂŞtre pratiquement autant d’effets secondaires dĂ©sagrĂ©ables ou mortels, proportionnellement, avec ces vaccins anti-Covid qu’avec les autres vaccins classiques. 

 

J’ai senti dans le ton de ma seconde maman « officieuse Â» qu’elle Ă©tait intriguĂ©e. J’étais, moi, plus embarrassĂ© que content de mon effet. J’avais appelĂ© pour lui souhaiter un bon anniversaire. Je lui trouvais aussi la voix plus rauque et plus essoufflĂ©e que d’habitude. La dernière fois, c’était dĂ©jĂ  un peu ça. MĂŞme si elle avait toujours le mĂŞme aplomb.

 

Ma fille était en train de jouer dans une autre pièce de l’appartement. Je ne pouvais pas rester longtemps et il y avait du monde chez elle. Dont son fils que je connais. Ainsi que sa belle fille, une des amies de celle-ci, la petite fille, que je ne connais pas.

 

J’ai fini par ajouter :

« Je suis dĂ©solĂ© de te parler de ça le jour de ton anniversaire… Â».

Elle :

« Oh, ne t’inquiète pas… Â».

J’ai repris :

« Je te connais ! A un moment de la journĂ©e ou dès que tu auras pris un verre ou deux, tu vas commencer Ă  en parler ! Â».

Elle, avec un petit rire :

« C’est vrai…. Â».

 

Alea Jacta Est. Pourquoi se cacher ?

 

Vie de couple :

Ce qui m’étonne parmi certains des proches ou des connaissances aujourd’hui pro-vaccins, c’est qu’un an plus tôt, se trouvaient parmi eux, celles et ceux, qui, contre les recommandations d’usage contre le Covid faisaient valser certains interdits. Se faire la bise alors qu’il était préconisé de ne pas le faire. Rencontrer plusieurs personnes chez soi ou se retrouver à plusieurs dans une même pièce sans masque. Ne pas tenir compte de certaines restrictions en terme de distance kilométrique.

Mais c’est comme si, grâce ou Ă  cause du vaccin anti-covid qu’elles ont reçu,  certaines de ces connaissances et  de ces proches avaient dĂ©ja oubliĂ© que l’annĂ©e dernière, sans se fourrer pour autant la langue dans la bouche de l’autre en permanence, qu’en pleine pandĂ©mie du Covid, il avait Ă©tĂ© possible d’être en prĂ©sence de temps Ă  autre d’un peu de monde. 

 

Aujourd’hui, il semble de plus en plus, que la norme sociale devienne d’être entre vaccinés et entre non-vaccinés. Ou de juger l’autre à un moment donné.

 

Je ne me suis pas senti particulièrement jugĂ© ce matin par ma seconde « maman Â». Mais je me suis imaginĂ© que je le serais par un de ses proches que je connais ou par quelqu’un d’autre qui considĂ©rera que je me suis Ă©garĂ©.

 

Un autre lieu d’égarement fréquent est le couple. Ma compagne a toujours été résolument contre les vaccins actuels contre le Covid. Elle considère que ce ne sont pas des vaccins. Ils n’en n’ont que l’appellation pour elle. Je peux concevoir qu’il doit être difficile, au sein d’un couple, d’avoir une attitude différente de l’autre vis-à-vis de la vaccination anti-Covid actuelle.

 

MĂŞme si je ne souscris pas Ă  toutes ses explications comme Ă  un certain nombre de ces raisonnements, j’ai fini par me rapprocher de certains de ses arguments contre les vaccins anti-Covid. Surtout Ă  partir du 12 juillet 2021, lorsque le gouvernement a rendu cette vaccination obligatoire pour les soignants. Avant le 12 juillet, je constatais assez distraitement ses partis pris. Ainsi que le fait qu’elle regardait beaucoup de vidĂ©os sur le sujet de la pandĂ©mie, des vaccins anti-Covid Je prenais quelques fois le temps de l’écouter et de l’interroger sans la juger sur le sujet. Je rĂ©futais certains de ses arguments. Mais je ne cherchais pas Ă  ce qu’elle ait absolument la mĂŞme vision que moi  Ă  propos des vaccins, du Covid. D’ailleurs, moins je parlais de ces sujets, mieux, je me portais. Mais le 12 juillet a « tout Â» changĂ© pour moi. Ainsi que le 13 juillet peut-ĂŞtre, aussi, avec l’enterrement du père de mon meilleur ami.

 

Par ailleurs, et c’est le propre de bien des couples, je crois aussi au fait que ma compagne a l’aptitude d’observer ou de voir ce que je n’ai pas remarqué.

 

 

Dans le film Inception  de Christopher Nolan, j’avais raillĂ© le comportement du personnage Dominic l’extracteur(L’acteur LĂ©onardo Dicaprio), qui, si je me souviens bien, très en peine de faire le deuil de sa femme Mallorie  ( l’actrice Marion Cotillard) s’enfermait dans une certaine illusion. Une collègue et amie m’avait rĂ©pondu Ă  l’époque que vivre dans une illusion commune Ă©tait courant au sein d’un couple.

 

Je n’exclue pas l’idĂ©e que, comme le personnage de Dominic, dans Inception, je sois en train de contribuer Ă  l’établissement et au maintien  d’une illusion commune avec ma compagne ainsi qu’avec ma mère et, toute autre personne anti-vaccin. Mais, si illusion il y a, les faits, d’ici quelques semaines ou quelques mois, viendront apporter leur contradiction extĂ©rieure. Pour l’instant, j’ai trop de contradictions et de doutes en moi pour accepter la vaccination anti-Covid.

 

J’ai envisagĂ© d’être, dans le couple, celui qui allait se faire vacciner contre le Covid. Afin d’équilibrer pour le quotidien. Pour nous rendre la vie plus simple lorsque les restrictions vont ĂŞtre appliquĂ©es contre celles et ceux qui ne sont pas vaccinĂ©s. J’estimais que, de nous deux, j’étais celui qui pouvait le plus faire ça. J’en ai parlĂ© Ă  ma compagne. Elle m’a rĂ©pondu qu’elle ne voulait pas que je me « sacrifie Â». Tout ce qu’elle voulait, c’était que je ne me fasse pas vacciner avec les vaccins actuels contre le Covid.

 

Etre père :

Etre père, dans un tel contexte, est délicat. Ce matin, j’ai eu un peu de mal à être bien disponible pour ma fille. Vu que la décision que j’avais prise de renoncer à cette première injection de Pfizer, même si je crois que c’était la seule que je pouvais prendre aujourd’hui, m’a occupé l’esprit.

 

Pour l’instant, comme c’est encore les grandes vacances, ma fille ne perçoit pas trop, je pense, toute cette empoigne autour du vaccin et du passe sanitaire entre les pro et les anti-vaccins. Et, je m’applique Ă  ne pas aborder ce sujet devant elle. La seule remarque qui m’a Ă©chappĂ© hier ou avant hier en lisant le journal devant elle a Ă©tĂ© concernant le fait qu’avec le dĂ©part des dernières troupes amĂ©ricaines en Afghanistan, les Talibans ont recommencĂ© Ă  reprendre possession du pays. Je me suis dit que, prochainement, ce retour des Talibans en Afghanistan allait nous ramener le terrorisme jihadiste  et ses attentats.

 

Dans le Charlie Hebdo de ce mercredi, journal très critique envers les anti-vaccins, le rĂ©dacteur en chef Riss, dans son Ă©ditorial, pointe «  Moi aussi, je commence Ă  en avoir marre de la crise du Covid et des interminables dĂ©bats sur les mesures barrières, les vaccins, les anti-vaccins et la peste bubonique Â» (….). Puis, il exprime sa crainte d’une proche guerre mondiale. Sujet plus prĂ©occupant que la pandĂ©mie du Covid qui continue de beaucoup nous obsĂ©der.  

 

Ce matin, je suis allé acheter plusieurs journaux afin d’essayer de trouver en eux des réponses qui me manquent encore à propos de la vaccination anti-Covid. J’ai acheté Les Echos, Le Canard Enchainé, Le New York Times, Le Figaro, Le Monde et Charlie Hebdo, donc.

 

Le journal ” Le New York Times” de ce mercredi 4 aout 2021.

 

 

Les caricatures de Charlie Hebdo Ă  propos des anti-vaccins peuvent me faire sourire. Mais elles ne me convainquent pas en faveur de la vaccination. A nouveau, il me manque les certitudes que les journalistes de Charlie Hebdo ont sur le sujet des vaccins actuels. Pareil pour Le Canard EnchaĂ®nĂ© que je lis depuis plus d’une vingtaine d’annĂ©es sans doute. Si je comprends son titre Violences et dĂ©rives lors des manifs anti-passe sanitaire(Combien d’antivax positifs au test anti-gĂ©nie ?), lui, aussi, ne suffit pas Ă  me rassurer Ă  propos des vaccins actuels contre le Covid.

 

Je me dis mĂŞme que Charlie Hebdo et Le Canard EnchaĂ®nĂ©, comme d’autres journaux, d’autres opinions et d’autres sensibilitĂ©s,  s’ils se sont trompĂ©s Ă  propos de la frĂ©quence des effets indĂ©sirables graves des vaccins contre le Covid, auront du mal Ă  le reconnaĂ®tre.

 

Qu’est-ce que je peux expliquer Ă  ma fille Ă  propos de ces pour et de ces contre vaccins anti-Covid ?

 

Qu’il y a, d’un cĂ´tĂ© les mĂ©chants pro-vaccins ? Et, de l’autre cĂ´tĂ©, les gentils anti-vaccins ?

 

Je ne raisonne pas de cette façon. Dernièrement, une de nos voisines, vaccinée, était d’accord pour accompagner notre fille à une exposition sur le Divas organisée par l’Institut du Monde Arabe, à Paris, et proposée par le conservatoire de notre ville. Finalement, elle a dû se désister pour des raisons familiales. Mais elle m’a dit avoir été touchée par la confiance qu’on lui accordait. Et, elle m’a invité à la solliciter, en cas de besoin, ultérieurement. Je crois qu’à côté des déboires à venir pour les anti-vaccins, qu’il y aura aussi des situations d’entraide comme avec notre voisine qui vont se répéter et se développer entre pro-vaccins et anti-vaccins au delà de ce qui peut se prévoir.

 

A ma fille, ce soir, avant qu’elle aille se coucher, j’ai dit :

« Je n’ai pas Ă©tĂ© très disponible aujourd’hui. J’espère pouvoir faire mieux demain Â». Nous avions nĂ©anmoins passĂ© du temps ensemble, Ă©tions sortis faire un tour dans le centre-ville. Elle avait fait un peu de vĂ©lo. Nous Ă©tions allĂ©s Ă  la librairie et chez le marchand de primeurs, avions trouvĂ© la mĂ©diathèque close. Ma fille a pris cela avec le sourire. Et m’a fait comprendre que pour me faire pardonner, que je me devais de l’emmener jusqu’à sa chambre en la portant sur mes Ă©paules. J’ai facilement acceptĂ© cette pĂ©nitence.

 

Mais je savais m’être fait emporter par la rĂ©daction de cet article. Hier, nous avions pu regarder entièrement le magnifique manga Les enfants de la mer, rĂ©alisĂ© par Ayumu Watanabe . Aujourd’hui, nous n’avions mĂŞme pas terminĂ© de regarder le premier volet aussi drĂ´le que martial de La LĂ©gende de Fong Sai-Yuk rĂ©alisĂ© par Corey Yuen.   Le sujet de la vaccination est devenue une forme d’obsession comme je l’ai reconnu tout Ă  l’heure en en discutant avec ma compagne.

 

Mais c’est maintenant qu’il faut Ă©crire Ă  ce sujet. Ma compagne m’a demandĂ© :

« Pour qui ? Â». Ou «  Pourquoi ? Â».

C’est le genre de question à ne pas poser à un obsédé. Ou à un passionné.

 

La pandémie du Covid nous rappelle la nécessité de bien vivre ce que l’on peut bien vivre avec celles et ceux auxquels nous sommes attachés. Dans un an, le 4 aout 2022, certaines et certains d’entre eux, certaines et certains d’entre eux ne seront peut-être plus là. Moi, je serai peut-être en réa. Comme patient. Ou comme visiteur.

 

Franck Unimon, ce mercredi 4 aout 2021.  

 

 

 

 

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Moon France Musique

Jacob Desvarieux

Jacob Desvarieux, Ă  la guitare, au centre. A gauche, Ă  la basse, Georges DĂ©cimus. FĂŞte de l’HumanitĂ©, 2019. Photo©️Franck.Unimon

                                  

                                                 Jacob Desvarieux

La fatigue attendra.

 

J’étais un “Moon France” adolescent occupĂ© de CrĂ©ole, lorsque j’ai entendu pour la première fois la voix de Jacob Desvarieux Ă  la radio. Sa voix « blues et macho Â» comme en parlerait Jocelyne BĂ©roard, des annĂ©es plus tard.

 

Ce devait ĂŞtre Ă  Morne Bourg, chez mes grands parents paternels. Ou Ă  Carrère, chez ma grand-mère maternelle. A la campagne. Je dirais,  plutĂ´t durant les congĂ©s bonifiĂ©s de 1983 en juillet et en aoĂ»t que durant ceux de 1980.

 

 

Pour le titre Oh, Madiana !

 

 

Il y avait aussi eu le titre Zombi. Aujourd’hui, c’est amusant de se dire que ce titre Ă©tait sorti aux Antilles avant le Thriller de MichaĂ«l Jackson dont on nous parle «  en corps Â».

 

Le Oh, Madiana ! de Desvarieux m’avait plu. Desvarieux avait alors une bonne bedaine et portait souvent une salopette. C’était environ deux ou trois ans avant que le zouk de Kassav’ ne me cloue et ne me rĂ©cupère dans une boite de nuit, au quartier de la DĂ©fense oĂą, avec mon entraĂ®neur d’athlĂ©tisme et des copains de notre club de Nanterre, nous venions de voir en concert le groupe Apartheid Not.

 

Les premières notes de guitare de Desvarieux sur le Zouk-La-SĂ©-Sel-MĂ©dikaman-Nou-Ni suivies de sa voix grave « An Nou Ay ! Â» avaient eu le temps de s’insĂ©rer dans ma tĂŞte alors que nous nous en allions.

 

De la musique antillaise, j’en entendais depuis mon enfance. En France et aux Antilles. Georges Plonquitte, Simon Jurad, les Aiglons, les Vikings, Ibo Simon, Perfecta, les « squales Â» de la musique haĂŻtienne, tous les « Combo Â» : Bossa, Tabou, Sugar et tous les autres, haĂŻtiens ou non. Plusieurs tubes de ces groupes font partie de mon histoire que j’en connaisse les titres ou non. Mes compatriotes ont souvent cru que, parce-que j’étais nĂ© en MĂ©tropole, que les ondes des musiques de « lĂ -bas Â», du « pays Â», mais aussi qu’une certaine mĂ©moire, coulaient dans l’ocĂ©an bien avant d’arriver jusqu’Ă  la MĂ©tropole ( la France) oĂą grandissaient les Moon France comme moi.

 

En Guadeloupe, le Oh, Madiana ! de Desvarieux m’avait Ă©tonnĂ©. Peut-ĂŞtre pour son cĂ´tĂ© funky qui le diffĂ©renciait d’une frĂ©quente production antillaise. 

 

Quelques annĂ©es plus tard, alors que nous Ă©tions en train de quitter cette boite de nuit de la DĂ©fense oĂą nous venions d’écouter le groupe Apartheid Not, un garçon qui entrait dans la salle pour danser s’était alors Ă©tonnĂ© :

 

« Mais, vous partez ?! Â». Un de ses amis l’avait alors entraĂ®nĂ© en lui disant :

« Laisse-les, ils ne connaissent rien Ă  la musique ! Â».  Nous avions dĂ» retenir notre ami JĂ©rome qui, courroucĂ©, que l’on porte atteinte Ă  sa vie privĂ©e musicale, avait très mal pris ce jugement. Car, nous Ă©tions Ă  cet âge oĂą, comme la plupart des jeunes, nous Ă©tions d’éminents spĂ©cialistes et critiques musicaux. Des musiques et des dĂ©couvertes, nous en faisions rĂ©gulièrement en allant les chercher. Nous Ă©coutions par exemple du jazz, du free-jazz. Miles Davis, pour nous, Ă©tait aussi frĂ©quentable ( ou allait le devenir) que Stevie Wonder, Black Uhuru, Sun Ra, Bob Marley, Aswad, Eddy Grant, Burning Spear, Steel Pulse, Stanley Clarke ou Georges Duke. En plus de The Jacksons, Marcus Miller, T-Connection, Prince, Rick James…

 

« Ils ne connaissent rien Ă  la musique ! Â».

Durant pratiquement l’intĂ©gralitĂ© du concert d’Apartheid Not, nous avions Ă©tĂ© Ă©tonnĂ©s par l’incorrection permanente des spectateurs. Un spectateur ( un homme noir) avait mĂŞme lancĂ© lors d’un solo du batteur plutĂ´t rĂ©ussi un « No Good ! Â» avec un accent francisĂ©. Lui et d’autres spectateurs n’attendaient qu’une chose :

Que la musique de cette boite de nuit commence. Et, ça avait débuté par ce titre de Kassav’ chanté par Jacob Desvarieux.

 

An-Nou-Ay ! ( « On y va ! Â»/ On dĂ©colle ! Â» ).

 

La bonne musique de Desvarieux et de Kassav’, je l’ai retrouvée ensuite bien des fois. En Guadeloupe, lors d’autres séjours.

 

En concert. A Basse-Terre. Mais aussi en mĂ©tropole, Ă  Nanterre, Ă  l’ancien parc de la mairie. A La DĂ©fense Arena ( en 2018 ?) puis Ă  la fĂŞte de l’HumanitĂ© en 2019.

 

 

L’année dernière, lors du premier confinement dû à la pandémie du Covid, sur les réseaux sociaux, j’avais reçu l’annonce que Desvarieux était malade. L’information avait été rapidement démentie par Desvarieux ou un(e ) de ses proches.

 

Le fait que ce genre d’annonce erronĂ©e puisse circuler m’avait contrariĂ©. Puis, je m’étais rappelĂ© que la perte d’un membre pouvait faire mourir un groupe. Et qu’un groupe comme Kassav’,  lui, avait tenu 40 ans ! Ce qui est exceptionnel. Peu de grands groupes durent autant avec un public aussi nombreux Ă  leurs concerts. Les Rolling Stones. Un petit peu, Led Zeppelin. Quels autres grands groupes ? AC/DC ? Des groupes de Rock, le plus souvent.  

Desvarieux, MarthĂ©ly, derrière, Naimro. J’ai oubliĂ© le nom du saxophoniste. FĂŞte de l’Huma, 2019. Photo©️Franck.Unimon

 

Mais, cette fois, Jacob Desvarieux est bien mort. Ma mère me l’a confirmé tout à l’heure au téléphone, depuis la Guadeloupe.

 

Lors du concert de Kassav’ Ă  la DĂ©fense Arena- oĂą nous Ă©tions cent mille spectateurs nous avait annoncĂ© Desvarieux- celui-ci avait fait un petit peu d’humour quant au fait que Kassav’ ne pourrait peut-ĂŞtre pas fĂŞter ses cinquante ans de carrière. Des photos gĂ©antes de Patrick St-Eloi avaient aussi Ă©tĂ© affichĂ©es durant le concert.

 

Le propos du zouk et du titre Zouk-La-SĂ©-Sèl-MĂ©dikaman-Nou-Ni, c’est de pouvoir continuer Ă  danser, Ă  vivre et Ă  rĂŞver malgrĂ© les diverses scories de la vie. Grâce Ă  la musique. Grâce au Zouk, ce genre musical Ă©peronnĂ©, Ă©talonnĂ©, par quelques personnalitĂ©s dont Desvarieux au sein du groupe Kassav’ et qui a modifiĂ© le courant musical des Antilles  En travaillant. En osant. En se perfectionnant. En se professionnalisant encore davantage. En se diversifiant. Tout en se remĂ©morant.

 

Ce sera ça que je préfèrerai, d’abord, retenir de Jacob Desvarieux.

 

FĂŞte de l’Huma, 2019. Au centre, Jacob Desvarieux. Photo©️Franck.Unimon

 

Photos, vidĂ©os, article  par Franck Unimon, Moon France, ce samedi 31 juillet 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Me mesurer Ă  ses cendres

 

Me mesurer Ă  ses cendres

Aucun événement immédiat ou particulier porté à ma connaissance ne me permet de savoir la raison pour laquelle je pense à lui ce matin. Un dimanche.

 

Comme d’autres membres de ma famille, avant ma naissance, il Ă©tait venu par avion pour le mariage de son petit frère. Le dernier. Un de mes oncles paternels. Une force de la nature, le plus grand parmi ses frères et ses sĹ“urs, surnommĂ© «  Le dindon Â». Si mes souvenirs sont exacts. Car tout cela se passe en CrĂ©ole et en mĂ©tropole :

 

En France.

 

En France, on n’a pas de pétrole, mais on a une métropole. Du Créole. Et des people.

 

Il était petit. Peut-être l’un des plus petits parmi les frères de mon père, aussi présent.

 

Mais il avait une classe rĂ©glĂ©e comme une montre suisse. Une classe que je lui avais dĂ©couverte ce jour-lĂ . Plus que mon père qui s’y connaissait pourtant en « style Â». Plus que mon oncle qui se mariait.

 

Dans son costume gris, il portait l’élĂ©gance et l’assurance. Il avait fumĂ© une cigarette devant moi, mon père et cet oncle qui se mariait. Avec tout autant de prĂ©sence. Dans ma famille, du cĂ´tĂ© de mes oncles et de mes tantes, paternels comme maternels, fumer est un acte suffisamment rare, Ă©tranger voire proscrit, pour marquer un esprit.  Au moins le mien.

 

La cigarette, c’est bien-sĂ»r le fait du Blanc. Mais c’est aussi une aventure qui ne vaut pas, peut-ĂŞtre, celle de la fiertĂ©, de la rĂ©putation, de la force physique,  du sport, de la musique, de la voiture, de la voix ferme et haute, du geste, du rhum et  de la verge.

 

Lui, il avait fumĂ© comme s’il s’agissait d’une formalitĂ©. Aucune remarque ne lui avait Ă©tĂ© faite alors que l’on peut ĂŞtre si Ă  cheval concernant telle action qui signifie que l’on se prend pour un blanc. Et l’on reste, du moins suis-je souvent restĂ©, proche de ce poste frontière. Presque l’ultime intime d’un certain sentiment de noyade. Tout près de cette  limite oĂą s’observent- telles deux Ă©ternelles vierges maquerelles toujours en demande d’un godemichĂ©- celle qui serait d’un cĂ´tĂ© l’identitĂ© blanche et, de l’autre, l’identitĂ© noire.

 

Moi, l’adolescent, les cheveux encore hauts Ă  la MichaĂ«l Jackson d’avant le dĂ©frisage et la dĂ©pigmentation, emmĂ©nagĂ© dans des vĂŞtements et des chaussures que ma mère sans doute avait choisi pour moi, et derrière mes lunettes du mĂŞme acabit, j’étais bloquĂ© face Ă  ces trois hommes : cet oncle, celui qui se mariait, mon père.

 

Et je faisais peine à voir. Mes oncles et mon père me le faisaient bien savoir.

 

Reprenant un des arguments de mon père, cet oncle avait statuĂ© que « mĂŞme un handicapĂ© Â» faisait de son mieux. Alors que moi, j’étais gauche, contenu :

 

Plus dans le brouillard que débrouillard.

 

Les derniers souvenirs que j’ai de cet oncle avant ce mariage, c’étaient sa maison, en Guadeloupe Ă  Petit-Bourg. Sa femme, souriante et affirmĂ©e, leurs trois enfants, deux cousines et un cousin, dont chaque prĂ©nom dĂ©bute par la lettre U. Comme mon nom de famille. Je m’en aperçois seulement maintenant alors que je repense Ă  cette balançoire faite d’un pneu, chez eux,  qui nous envoyait presque au dessus du vide.

 

Quelques années après ce mariage, j’ai entendu parler de son divorce. Par bribes.

 

Car je n’étais pas adulte.

 

J’ai appris qu’il jouait. De retour en Guadeloupe pendant les vacances, où notre père nous conduisait, nous passions devant son ancienne maison, sans doute habitée par son ex-femme et les enfants sans nous arrêter. Cette vie-là n’avait pas existé.

 

J’ai revu cet oncle plusieurs fois ensuite. Souvent chez mon grand-père. Pas si loin que ça de son ancienne maison. Il ne portait plus de costume. Il vivait dans une case en tĂ´le, pas si loin que ça de son ancienne maison. Se dĂ©plaçait en mobylette. S’était fait des « amis Â» parmi des jeunes qui vivaient de peu.

 

Assez régulièrement, j’entendais ça et là des commentaires le concernant (mon père, mon grand-père) où l’on se désolait de son mode de vie. En métropole, à Paris, on aurait parlé de zonard plus ou moins SDF. Sauf qu’il avait son coin, ne mourait pas de faim et qu’il faisait toujours partie de la famille où il continuait d’avoir son mot à dire. Je ne crois pas qu’il exerçait un métier régulier et officiel. Et, je ne sais pas quel métier il exerçait dans son autre vie. Mais je le crois plutôt habile de ses mains. Comme bien des hommes de la famille de mon père et de mes ascendants du côté tant paternel comme maternel où le métier de maçon, voire charpentier, est une nomenclature.

 

Je n’ai jamais discutĂ© avec lui de ce qui s’était passĂ© dans sa vie. Je n’ai donc jamais pu Ă©couter ce qu’il en disait. Mais j’ai cru trouver dans son attitude une forme d’acceptation du verdict qui l’avait touchĂ© : le divorce et sa suite.

 

C’est au décès de mon grand-père paternel que j’ai eu un contact téléphonique avec une de ses filles. Je ne l’avais pas vue depuis des années.

 

J’étais venu pour l’enterrement de mon grand-père paternel.  J’avais fait un discours- le seul discours dit Ă  l’enterrement de mon grand-père par un membre de la famille ou un proche- dans l’église, remplie, de Petit-Bourg. Et, j’avais aussi filmĂ© une partie de l’enterrement.

 

Cette cousine souhaitait que je lui envoie les images. Je les lui avais envoyĂ©es et j’avais appris qu’elle Ă©tait devenue infirmière ou peut-ĂŞtre cadre-infirmière. J’avais senti en elle une certaine affection pour son père. Lequel, jusqu’à sa mort, est restĂ© dans cet Ă©tat de « vagabond Â» ou de semi-vagabond, se montrant souvent pieds nus, avec un short rapiĂ©cĂ©, un chapeau et une chemise, et tutoyant le rhum en certaines occasions.

 

Je n’ai jamais parlé de lui avec mon père. Car je ne suis pas un homme.

Cet oncle est un fantôme de plus dans la famille. Peut-être qu’écrire, c’est aussi s’adresser à ses fantômes, retranscrire leurs réponses ou les souvenirs qu’ils nous laissent. Après, on en fait toute une histoire que d’autres écouteront, caresseront ou liront peut-être.

 

Parler de cendres, ce n’est d’abord pas très réjouissant. Mais, ce matin, je ne prends pas les cendres par le biais dépressif. Je pense aussi à cette cérémonie où l’on marche sur le feu. En Inde mais aussi dans les régions d’Outre-Mer. Aux Antilles comme à la Réunion.

 

Je me dis aussi que les cendres, cela peut aussi être les migrations de tous ces oiseaux qui parcourent des milliers de kilomètres, chaque saison. Mais aussi de ces créatures terrestres ou animales qui nous entourent et que l’on connaît beaucoup moins bien que ces autoroutes, ces trains ou ces bateaux qui nous permettent de partir en vacances. Car elles sont là, nos principales migrations. Dans nos congés et nos week-end.

 

A moins d’être de grands voyageurs. D’effectuer des déplacements pour notre travail. Ou de changer d’emploi, d’adresse ou de rôle régulièrement.

 

Ce matin, je me mesure aux cendres de mon oncle. Celles de sa vie, de sa contre-vie ou de cette cigarette fumée devant moi à ce mariage. Car, peut-être, bientôt, vivrais-je moi aussi une certaine migration.

 

Notre imagination est faite de toutes sortes de migrations. Ensuite, c’est nous qui décidons. De jeter les dés et de nous lancer derrière eux. Ou de les regarder.

 

Franck Unimon, ce dimanche 4 juillet 2021.

 

 

 

 

 

 

 

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Béatrice Dalle

 

Béatrice Dalle

 

(cet article est une variation de l’article Que Dalle un livre sur l’actrice et comédienne Béatrice Dalle).

 

 

 

BĂ©atrice Dalle, aujourd’hui, fait moins parler qu’il y a « longtemps Â» : il y a dix ou vingt ans.

 

J’ai achetĂ© ce livre parce que BĂ©atrice Dalle me « parlait Â». Comme un conflit pourrait parler Ă  des vieux qui y avaient participĂ© en tant que simple appelĂ©s ou appuis militaires. Ce qu’ils sont devenus ensuite, c’est un autre problème. Et, avant tout, et surtout, le leur. Ce que je raconte ensuite, ici, c’est peut-ĂŞtre aussi, avant tout, et surtout, mon problème.

 

Lorsque j’avais achetĂ© ce livre consacrĂ© Ă  BĂ©atrice Dalle, je faisais dĂ©jĂ  partie des vieux. Mais, bien entendu, je ne l’avais pas vu comme ça, ce jour-lĂ . Aujourd’hui, je suis un peu plus rĂ©aliste :

 

Même si, en apparence, j’ai encore un look assez jeune, je vois bien que je fais partie des vieux. On peut être myope et visionnaire.

 

Ainsi, je vais spontanĂ©ment vers des musiques – mais aussi vers des pratiques- qui montrent bien que je ne suis plus jeune. RĂ©cemment, lors d’une rencontre professionnelle, celle qui m’a reçu m’a dit :

 

« De toute façon, si vous m’envoyez un mail, je le recevrai sur mon portable Â». Le fait que je sois autrement plus qualifiĂ© qu’elle pour le travail que j’effectuerai peut-ĂŞtre pour sa « boite Â»,  est ici accessoire. J’avais compris Ă  cette simple phrase que j’étais vieux. Tant pour ces valeurs et ce mode de vie que cette « jeune Â» justifie et dĂ©fend. Que pour cette façon d’offenser sans mĂŞme s’en apercevoir.

 

J’ai regardĂ© dans les yeux ma jeune interlocutrice. Ses beaux yeux bleus. Mais je n’étais pas amoureux. J’avais bien plus d’expĂ©rience qu’elle et voire qu’elle n’en n’aurait jamais pour ce travail pour lequel je la rencontrais. Pourtant, c’était elle qui dirigeait l’entretien.   Très certainement, m’a-t’elle trouvĂ© l’abord froid et rigide de celui qui borde un monde qu’elle ne connaĂ®t pas. Elle ne sait pas qu’une grande partie de ma vie comme celle d’autres que je connais ou ai connus, se dĂ©value Ă  mesure qu’elle devient un exemple Ă  suivre. Et, j’en suis aussi en partie responsable :

J’ai refusé de devenir responsable de ce monde qu’elle défend.

 

Béatrice Dalle, dans l’ouvrage de Louvrier, est un moment comparée à Brigitte Bardot et à Marilyn Monroe. Régulièrement, se succèdent des personnalités et des idoles de toutes sortes qui en rappellent d’autres. Et si cela se perpétue, c’est parce-que cela rend plus polis certains de nos échecs. Que l’on soit jeunes ou vieux.

 

Mentionner Bardot, Monroe et Dalle, c’est additionner les sex-symbol. Un sex-symbol, c’est festif. Ça met en alerte. Ça donne envie de consommer. De se transformer en superlatif.

 

Mais c’est une histoire triste. Telle qu’elle m’a racontĂ©e. Celle d’une enfant d’une famille nombreuse sacrifiĂ©e parmi d’autres. Bonne Ă©lève d’une Ă©cole dont elle a dĂ» se retirer Ă  l’école primaire. Afin de s’occuper de frères et de sĹ“urs plus jeunes. Mais, aussi, pour faire la cuisine. Pourquoi elle plus qu’une autre ? Et, en quoi, cela aurait-il Ă©tĂ© plus juste qu’une autre soit choisie ?

 

 

Ma mère est une femme gentille. Comme aurait pu l’être le personnage joué par l’acteur Tim Robbins dans Mystic River réalisé par Clint Eastwood.

 

Ma mère est donc l’opposĂ©e d’une BĂ©atrice Dalle. Si l’une et l’autre ont quittĂ© leurs parents avant leur majoritĂ©, leur tempĂ©rament les sĂ©pare.  BĂ©atrice Dalle a pu « se prendre la gueule Â» avec des femmes et des hommes, connus ou inconnus. Elle a aussi connu la rue. EtĂ© punk. Elle peut baptiser des injures et professer des menaces qui ont valeur de futur. Ma mère n’a jamais prononcĂ© le moindre gros mot devant moi. Elle a fait baptiser ses enfants.

 

Dans le livre qu’il a consacrĂ©e Ă  BĂ©atrice Dalle, le journaliste Pascal Louvrier relate que celle-ci a pu faire penser Ă  une « panthère Â». Ma mère n’a rien de la panthère. Mais j’aurais aimĂ© qu’elle le soit. Qu’elle puisse l’être. Qu’elle sache l’être. Qu’elle puisse griffer. Elle ne le fera jamais. Au lieu de griffer, elle priera. BĂ©atrice Dalle est croyante Ă  sa façon, parle de JĂ©sus-Christ mais elle et ma mère ne sont pas faites de la mĂŞme ferveur religieuse. J’attends de voir BĂ©atrice Dalle dans un film de Bruno Dumont.

 

Ma mère a été et est une très belle femme. C’est une femme capable. A son âge, beaucoup aimeraient avoir sa forme physique. Sa souplesse. Son endurance. Son dynamisme.

Mais elle est une de ces multiples femmes- déployées et employées- qui ont trop accepté un peu tout et n’importe quoi. Piégées sans doute par leur trop grande endurance, leur naïveté et leur indéfectible indulgence pour leurs peurs.

 

 

Certaines rĂ©ussites sont lĂ  pour masquer certains Ă©checs.  Normalement, ma mère a rĂ©ussi. Son mariage. Ses enfants. Sa maison. Ses activitĂ©s. Elle peut parler. Discrètement. Mais elle a plus subi de vĂ©ritĂ©s qu’elle n’en n’a dit.

 

 

Béatrice Dalle, c’est le contraire.

 

 

Ça tombe très bien qu’aujourd’hui, on parle moins de Béatrice Dalle comme sex-symbol.

 

Parce-que toutes ces histoires de sexe, de drogue et de frasques (des histoires de jeunes)  m’empĂŞchaient sans doute de comprendre qu’au cinĂ©ma, ou ailleurs, ce qui pouvait me dĂ©ranger chez BĂ©atrice Dalle mais aussi me donner envie d’aller la voir, c’était de pouvoir m’imaginer un peu ce que ma mère aurait pu ĂŞtre ou faire de diffĂ©rent.

 

Je vais peut-être au cinéma afin de pouvoir imaginer des différences. Et, pour moi, Béatrice Dalle permet ça.

Franck Unimon, Dimanche 4 juillet 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Erykah Badu

 

           Erykah Badu

 

 

Ses albums sont placĂ©s derrière les barreaux depuis plusieurs annĂ©es maintenant. Parfois vingt.  Pourtant, ils continuent de nous libĂ©rer. Pourtant leurs canons ont fait et continuent de faire la jeunesse d’artistes que l’on Ă©coute aujourd’hui.

 

Quand on est jeune.

 

Si le corps essuie et colmate avec des rythmes les gestes qui, dans la vie courante, nous manquent ainsi que les bruits que l’on cache et qui nous braquent, notre esprit, lui, détruit ou non, est la gomme qui efface les distances entre les œuvres et nous.

 

Plus jeune, j’avais entendu parler d’Erykah Badu. Je l’avais écoutée. Sûrement en regardant et en écoutant d’autres plus jeunes qui écoutaient les Fugees, Macy Gray, Kelis, Alicia Keys et sont probablement, aujourd’hui, passés à autre chose.

 

Autre chose.

 

Moi, le vieux, depuis peu, je réécoute ses albums. J’en ai empruntĂ© Ă  la mĂ©diathèque près de chez moi. J’en ai un achetĂ© un, neuf, vendredi, Ă  une femme d’une trentaine d’annĂ©es, enceinte de plus de six mois, Ă  Mairie de Montreuil, près d’un marchand de fleurs. Le lieu du rendez-vous avait Ă©tĂ© choisi par la vendeuse. Deux ou trois jours  plus tĂ´t, j’avais commis un impair. Trop attachĂ© Ă  ce que j’écrivais, j’avais pris trop de retard. Mais, cette fois, j’avais plus d’une demi-heure d’avance. Je lui ai de nouveau prĂ©sentĂ© mes excuses. Je lui ai donnĂ© un peu plus que ce qui Ă©tait prĂ©vu pour le disque. J’ignorais qu’elle Ă©tait enceinte.

 

Aujourd’hui, j’entends autrement les titres d’Erykha Badu. Je croyais pourtant qu’avec les ans, on devenait sourd. Peut-ĂŞtre pas. Je repense Ă  mon père, tiens. Le premier amateur de musique que j’ai connu. Pourquoi, vers ses quarante ans, a-t’il arrĂŞtĂ© d’acheter des disques comme d’écouter de la musique Ă  la maison ? Lui, qui Ă©tait allĂ© jusqu’à acheter des magazines de musique spĂ©cialisĂ©s tels Rock & Folk et Best. Des magazines dans lesquels des critiques, qui se dĂ©vouent Ă  la musique, passent leur vie Ă  en Ă©couter, Ă  aller Ă  des concerts, Ă  rencontrer des artistes. Puis, Ă  en parler et Ă  donner envie de les Ă©couter et d’en discuter avec d’autres.

 

La musique, ça a Ă  voir avec la vie mais aussi avec notre enfance et notre jeunesse. Alors, mon père a-t’il arrĂŞtĂ© de vivre vers ses quarante ans comme beaucoup d’autres ? Ou a-t’il considĂ©rĂ© que tout cela Ă©tait anecdotique et coĂ»tait trop d’argent pour si peu d’épanouissement ?

 

On arrĂŞte tous de faire quelque chose Ă  un moment ou Ă  un autre, de notre vie. Mentir. Vomir. Sucer son pouce. Faire du sport. Sortir. Rire de tout.

 

Certaines personnes nous expliqueront que cela correspondait Ă  une Ă©tape de leur vie. Et que tout cela appartient dĂ©sormais au passĂ©. Mais est-on toujours obligĂ© de le croire ?

 

A quarante ans, néanmoins, j’ai arrêté d’aller danser. De danser. Je me sens un peu fautif. Surtout envers ma fille. Enfant et ado, j’ai des souvenirs de soirées antillaises (mariages, baptêmes, communions) où beaucoup de gens dansaient, discutaient et mangeaient pendant des heures dans des grandes salles. Et, parfois, deux ou trois se bagarraient. Je me suis raconté des histoires, certains soirs, à regarder tout ce monde. Mais j’ignorais que ce que je voyais et entendais était exceptionnel. Ce que nous voyons et entendons peut être exceptionnel. C’est nous, qui l’oublions.

A ces soirées, je n’ai pas pris de notes. Je n’en prenais pas. Je n’ai rien filmé. Je n’avais pas de caméra. Je n’ai pas pris de photos. Et les quelques photos qui ont été prises l’ont été par d’autres regards et d’autres intentions. Mais j’ai appris à gesticuler. Ou à…danser.

 

 

J’ai Ă©tĂ© un peu triste, lorsqu’un jour,  un petit a demandĂ© Ă  sa mère si, Ă  leur mariage, elle et son père, avaient dansĂ©. Elle a rĂ©pondu un peu gĂŞnĂ©e, intimidĂ©e par cette question posĂ©e en public, comme si le sujet Ă©tait osĂ© :

« Non, on n’a pas dansĂ© Â». Elle avait une trentaine d’annĂ©es et Ă©tait plutĂ´t d’un abord avenant. C’était au conservatoire d’Argenteuil, au Val d’Argenteuil. J’avais emmenĂ© ma fille Ă  son cours de danse. A son cours d’initiation Ă  la danse et au chant. On emmène au conservatoire nos enfants pour qu’ils apprennent ce qui a pu et peut s’apprendre dans les soirĂ©es voire entre copains et copines. Ou chez la tante, le grand-père ou avec la cousine ou le cousin.

 

Je ne sais pas quoi penser de ma « dĂ©fection Â» Ă  propos de la danse. Si ce n’est que, certaines fois, je me dis que j’en ai assez de rĂ©pĂ©ter les mĂŞmes gestes. Pourtant, je n’aime pas penser que, pour moi, la danse, c’était l’armĂ©e. On danse aussi pour arrĂŞter d’être des bĂŞtes traquĂ©es.

 

J’ai peut-être eu moins besoin de m’échapper. Et, aussi, celles et ceux que je fréquente désormais sont plus installés dans leur vie et davantage portés sur la parole. Ou, souvent aussi, quand même, nous parlons des mêmes…. sujets.

 

J’imagine qu’Erykah Badu, même si son dernier album a quelques années, a continué de danser et de chanter. Si une Me’Shell Ndégeocello ou une Björk ont pu se mettre en danse sur scène, cela se passait autrement pour Miles Davis. Par contre, j’ai appris qu’Erykah Badu avait dirigé la réédition d’albums de Fela. Mon père avait un de ses albums à la maison. Mais il ne le mettait pas souvent. Et il n’achetait plus de disques lorsque Kassav’ a émergé. Et encore moins lorsque d’autres artistes de zouk sont ensuite arrivés tel Jean-Michel Rotin qui fait partie des anciens, maintenant.

 

Comme Erykah Badu.

 

Rimshot, en concert, a Ă©tĂ© le titre qui a reposĂ© Erykah Badu sur mon atlas musical. Et, tout cela, suite Ă  un stage d’apnĂ©e Ă  Quiberon, en Bretagne, avec mon club le mois dernier. Parce-que j’ai fait des photos. Et qu’ensuite j’ai fait deux  diaporamas, un long et un court, et qu’à chaque fois cette chanson d’Erykah Badu a Ă©tĂ© celle que j’ai mise au premier plan.

 

De l’apnée en Bretagne, et, aussi, de la chasse sous-marine, à Erykah Badu. Nos directions et notre façon d’écouter la vie restent assez imprévisibles. Notre façon d’écouter, surtout. Car, souvent, le reste suit. A plus ou moins long terme.

 

Franck Unimon, ce dimanche 6 juin 2021.