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Paris sans passe : Atterrissage ethnique

Photo prise Ă  Paris, ce mardi 10 aout 2021.

Paris sans passe : Atterrissage ethnique

 

Atterrissage « ethnique Â»

 

 

Ce mardi 1O aout 2021 a Ă©tĂ© ma premiĂšre sortie sur Paris depuis l’instauration du passe sanitaire. Mon atterrissage a eu un caractĂšre « ethnique Â».  Je me suis senti tel un aborigĂšne exclu d’une certaine civilisation :

 

Celle des spectateurs et des consommateurs.

Oeuvre actuellement en cours Ă  Chatelet les Halles de l’artiste Hopare. Photo prise ce mardi 10 aout 2021.

 

Et cette civilisation, pour continuer d’exister, me marcherait spontanĂ©ment sur la figure sans faire attention mais aussi en toute ignorance.

 

« Cela ne tient qu’à toi ! Â» ou «  C’est toi qui l’as choisi, ne te plains pas ! Â» mais aussi, « Ton comportement est dĂ©lirant ! Â» pourraient ĂȘtre quelques unes des voix  disponibles afin de commenter ma sĂ©paration d’avec la vie normale.

 

Mais aussi celle-ci :

 

« On dirait que tu prends du plaisir dans cette situation ! Â».

 

Je ne prends pas de plaisir Ă  cette situation. MĂȘme si les nouvelles contraintes qu’elle m’inflige ou qu’elle m’apporte vont m’obliger Ă  faire le tri. A renoncer. Et aussi Ă  me montrer crĂ©atif.

Une autre oeuvre de l’artiste Hopare. C’Ă©tait en Mai 2019 lors d’une journĂ©e portes ouvertes d’ateliers d’artistes Ă  Argenteuil. C’Ă©tait avant la PandĂ©mie. Photo prise vers le 25 Mai 2019.

 

Il y a encore quelques semaines, je faisais encore partie de cette civilisation. Je prĂ©fĂšrerais continuer Ă  me mouler dans le mouvement gĂ©nĂ©ral comme je l’ai toujours fait dans les grandes lignes. Je n’ai pas un palmarĂšs trĂšs impressionnant en tant que militant. Et encore moins une activitĂ© underground que je pourrais proposer Ă  la vente, Ă  mon avantage, Ă  une maison d’édition ou Ă  une galerie d’art.

 

Un dĂ©lire « normal Â»

 

Quant Ă  mon « dĂ©lire Â»â€Š.je le considĂšre comme une rĂ©action tout Ă  fait normale vu ce que nous vivons depuis dix huit mois, maintenant. Parce-que, depuis dix huit mois et la dĂ©claration officielle de la pandĂ©mie du Covid, ce que nous vivons tous est dĂ©lirant. Donc, quoi de plus normal que de dĂ©lirer dans une situation dĂ©lirante. Les gestes barriĂšres ci-dessous ne sont pas dĂ©lirants pour moi. Je les applique– voire les rappelle– du mieux que je le peux depuis le dĂ©but de leur “prescription“. Ce que je trouve dĂ©lirant, c’est le climat voire toute cette culture de pensĂ©es et de certitudes contradictoires et antagonistes qui peuvent se dĂ©velopper autour de cet Ă©vĂ©nement qu’est la pandĂ©mie du Covid. Mais aussi de voir comme un “simple” virus a suffi depuis dix huit mois Ă  nous aliĂ©ner de plus en plus, nous les ĂȘtres si “modernes” et si “libres”

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

MalgrĂ© cela, le plus inquiĂ©tant pour moi serait de rencontrer quelqu’un qui m’affirmerait qu’elle ou qu’il se sent comme un festivalier en plein carnaval dans toute cette ambiance qui nous aspire le cerveau comme un tirebouchon peut extraire le bouchon de liĂšge d’une bouteille de vin. Le pop Ă  l’ouverture ne garantit pas que l’on conservera toute sa cervelle mĂȘme si le goĂ»t et le trou sont divins.

 

Sauf qu’il y a maintenant, depuis l’établissement par notre gouvernement du passe sanitaire, trois grandes tentes qui parsĂšment le pays ainsi que les territoires français Ă  l’extĂ©rieur de l’hexagone :

 

Celles oĂč le dĂ©lire consiste Ă  penser que les vaccins actuels contre le Covid, tels qu’ils ont Ă©tĂ© conçus, leur donne une immunitĂ© totale ou parfaite.

Et, celles oĂč des personnes comme moi ne font pas suffisamment confiance aux vaccins actuels. Qui pensent que ces vaccins offrent une protection limitĂ©e. Et que cette protection, ensuite, se paiera peut-ĂȘtre  au prix fort avec des consĂ©quences sur la santĂ© de celles et ceux qui auront choisi de les adopter.

 

Il y a une troisiĂšme tente oĂč l’on entre encore sans QR Code, sans PCR et sans test antigĂ©nique prĂ©alables. On y  trouve des vaccinĂ©s et des non-vaccinĂ©s qui s’acceptent et comprennent les raisons et les choix des autres. MĂȘme s’ils sont diffĂ©rents et, a priori, opposĂ©s.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

Néanmoins, pour moi, depuis dix huit mois, tout le monde délire avec le Covid.

FiĂšvre ou pas fiĂšvre. RĂ©a ou pas.

 

Et celle ou celui qui affirmera avoir toujours, depuis le dĂ©but, eu la mĂȘme luciditĂ© et le mĂȘme calme est une personne qui se ment ou qui raconte des histoires. Peu importe sa fonction.

 

Seulement, maintenant, surtout depuis le 12 juillet 2021 et les annonces du gouvernement,  je fais partie de cette minoritĂ© qui dĂ©lire d’une façon « dissonante Â» par rapport Ă  la majoritĂ©. Or, le nombre est dominant et l’emporte mĂȘme en dĂ©mocratie.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

Je devrais marcher au pas et rejoindre le plus grand nombre de mes semblables vaccinĂ©s. 

 

Je pourrais plus facilement faire autrement si j’avais de trĂšs grands pouvoirs telles certaines personnalitĂ©s de ce monde. Celles et ceux qui sont riches, qui disposent de forts pouvoirs d’influences, qui dirigent une entreprise, un pays ou une armĂ©e. Une armĂ©e de l’ombre ou officielle.

 

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

Je ne fais pas partie de cette minoritĂ© dominante, qui sait attaquer et aussi se dĂ©fendre. Les seules armĂ©es que je puisse peut-ĂȘtre rĂ©cupĂ©rer et diriger, et encore, c’est celles de la diarrhĂ©e et de la logorrhĂ©e. La diarrhĂ©e et la logorrhĂ©e de la peur, de l’inaction et de l’ignorance.

 

La majorité dormante

 

J’ai plutĂŽt, longtemps, fait partie et fais toujours partie de la majoritĂ© dormante. Et confiante.

 

Il n’y a que maintenant que je commence Ă  vraiment me mĂ©fier. Et, c’est peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  trop tard. En tout cas, pour les personnes comme moi, vaccinĂ©es et non-vaccinĂ©es. Parce-que pour Ă©viter le passe sanitaire et le projet de sociĂ©tĂ© qu’il  dessine- vu que mĂȘme des personnes vaccinĂ©es y sont opposĂ©es- il aurait fallu refuser, avant d’en devenir dĂ©pendants, au moins internet et la tĂ©lĂ©phonie mobile tels qu’ils se sont dĂ©veloppĂ©s. Ou apprendre Ă  les maitriser davantage. Ne pas les laisser aux mains de quelques unes et quelques uns qui sont les dirigeants d’aujourd’hui et encore de demain.

 

 Et, c’était il y a trente ans ou un peu moins, qu’il aurait fallu faire ça. S’interposer. Mettre davantage de garde-fous. Je ne l’ai pas fait.  

 

Il y a trente ans ou un peu moins, nous avions aussi d’autres prĂ©occupations. Nous avons toujours eu d’autres prĂ©occupations. En ce moment, beaucoup d’entre nous ont bien d’autres prĂ©occupations.

 

Et, puis, internet, c’était fantastique. Oui, c’était fantastique.  Et, c’est toujours fantastique. Mais le fantastique peut avoir un prix trĂšs Ă©levĂ© selon les projets des dĂ©cideurs. Pour moi, ce mardi 10 aout 2021, son prix a Ă©tĂ© des situations inĂ©dites. Et, ce n’est que le dĂ©but.

 

Des situations inédites

 

PĂ©nis flots

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

Devoir trouver, en plein Paris, un jardin ouvert pour aller y pisser en toute discrĂ©tion mais aussi en toute dignitĂ© ?

 

Parce qu’il faut fournir un passe sanitaire pour entrer dans un cafĂ© ou dans un restaurant afin d’y demander si l’on peut utiliser leurs toilettes. Gracieusement ou contre une petite piĂšce voire une consommation.

Depuis, j’ai commencĂ© Ă  faire des recherches en vue de m’acheter des pĂ©niflows. Afin de pouvoir me balader avec incognito, je devrai arrĂȘter de porter des shorts en Ă©tĂ©, alors que cela fait partie de mes plaisirs. Pisser tranquillement et proprement tout en marchant dans Paris, cela deviendra assurĂ©ment un de mes plus forts plaisirs. A condition d’éviter la palpation en cas de vĂ©rification et de palpitation identitaire.

 

Ma seule consolation pour l’instant : mĂȘme des aviateurs ont Ă  rĂ©soudre ce problĂšme de besoin urinaire en plein vol.

 

En attendant, un mouvement de rĂ©sistance de la vessie reste Ă  structurer. Mais je crains que cela ne soit au dessus de mes forces. Car j’aime pisser en plein vol.

 

Persona non grata

 

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

Etre persona non grata devant les salles de cinĂ©ma. Je me demande Ă  quoi va bien me servir ma carte mensuelle illimitĂ©e que je possĂšde depuis une vingtaine d’annĂ©es. Car je n’envisage pas de me faire trifouiller les narines pour un test PCR ou antigĂ©nique le matin ou quarante huit heures avant une sĂ©ance de cinĂ©ma. Il fut une pĂ©riode oĂč j’allais au cinĂ©ma 7 jours sur 7. Heureusement que je n’en suis plus lĂ  mĂȘme si je le regrette un peu. Il y a tant de films que j’aimerais aller voir.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

Par contre, si je l’avais voulu, j’aurais pu entrer Ă  la Fnac. LĂ , peu importe le nombre de personnes qui s’y trouvent, le masque anti-Covid « suffit Â». Extraordinaire. Je croyais que le gouvernement, trĂšs confiant dans l’explosion des commandes sur internet durant le premier confinement, allait tout axer lĂ  dessus pour maintenir la dynamique de la consommation. Mais l’un n’empĂȘche pas l’autre. On peut, et, autoriser un accĂšs « plus ou moins libre Â» Ă  la Fnac avec un simple masque. Et, en mĂȘme temps voir coexister les achats sur internet. Mais une salle de cinĂ©ma, avec un simple masque anti-Covid, c’est impossible. Et, entrer dans une salle de cinĂ©ma sans visage, sans tĂȘte et sans vessie, est-ce possible?

Dans une salle de thĂ©Ăątre ?

Photo prise ce mardi 1O aout 2021.

 

MalgrĂ© ça, certaines allĂ©es et venues ailleurs sont possibles sans passe sanitaire. Dans une bibliothĂšque prĂšs du complexe de cinĂ©ma oĂč je n’aurais pas pu entrer, le passe sanitaire n’est pas obligatoire. J’ai pu entrer dans une grande pharmacie parisienne. 

 

Photo prise Ă  Paris, ce mardi 10 aout 2021. Ce n’est pas dans cette pharmacie que je suis allĂ© ce mardi.

 

 

Pour retourner voir les colonnes de Buren. Je n’ai pas senti de tension particuliĂšre autour de moi. C’est plutĂŽt moi qui, par moments, ai eu l’impression d’ĂȘtre un dangereux agent contaminant en circulation dans Paris. Je me demande combien de temps, sans passe sanitaire, je vais pouvoir continuer de me permettre ce genre d’infiltration clandestine comme celle d’aujourd’hui.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2O21.

 

 

Je me suis aussi demandĂ© dans quelle mesure certains des films Ă  l’affiche que je ne verrai pas, parlent d’une situation plus ou moins proche de celle que l’on peut vivre aujourd’hui sans passe sanitaire.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

On n’exige pas encore de passe sanitaire pour regarder les affiches.

 

Franck Unimon, ce mardi 10 aout et ce mercredi 11 aout 2021.

2 réponses sur « Paris sans passe : Atterrissage ethnique »

[…] DerniĂšrement, j’ai Ă©crit que mon refus pour l’instant de la vaccination anti-Covid et du passe sanitaire obligatoire (puisque les deux ont Ă©tĂ© menottĂ©s ensemble par notre gouvernement) a fait de moi l’équivalent d’un aborigĂšne exclu de la civilisation des spectateurs et des consommateurs dont je faisais partie jusque lĂ . ( Paris sans passe : Atterrissage ethnique) […]

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