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Vélo Taffe

Vélo taffe, réforme des retraites et 49.3

Paris, jeudi 16 mars 2023, Bd Haussmann, à quelques minutes à pied des Galeries Lafayette et de la gare St Lazare. Photo©️Franck.Unimon

Vélo taffe, réforme des retraites et 49.3

 

 

Ce jeudi 16 mars 2023, vers 20H30, après le travail, pour rentrer chez moi, j’ai pris le même chemin que d’habitude.

 

Banlieusard de naissance, je travaille à Paris depuis l’été 2009. Depuis février 2021, j’ai découvert l’usage et le plaisir du vélo pliant pour parcourir la seconde partie de mon trajet lorsque je vais au travail. La première partie se déroule en prenant le train avec mon vélo depuis Argenteuil, une ville de banlieue, où j’habite.

 

Faire le trajet en utilisant uniquement les transports en commun jusqu’à mon lieu de travail m’avait vite rebuté lorsque j’avais commencé dans mon nouveau service en janvier 2021, du côté de Denfert Rochereau, dans le 14 ème arrondissement de Paris. A cause des correspondances, des « problèmes » de train et de la foule aux heures de pointe.

 

Je n’invente rien. Et je ne me plains pas. Il me faut entre trois quarts d’heure et une heure pour me rendre à mon travail. Certains de mes collègues ont besoin d’une heure et demi ou de deux heures pour le faire que ce soit en voiture ou par le train. Ils n’ont pas eu d’autre choix que de s’éloigner pour pouvoir s’acheter une maison ou un appartement à crédit. Où ils n’ont pas pu trouver d’emploi plus près de chez eux.

 

Comme moi, et comme d’autres, je crois, mes collègues prennent de l’âge. Lorsque l’on prend de l’âge, même si l’on vit de plus en plus vieux, certaines contraintes nous pèsent davantage. Et encore plus si l’on s’efforce depuis des années de remplir nos obligations  malgré tout. Malgré les difficultés inhérentes à notre métier, malgré les problèmes de santé, les inquiétudes et les contraintes diverses et personnelles, malgré l’augmentation du coût de la vie.

 

 

Comme n’importe qui pourrait l’être après une deuxième journée de travail de 13 heures qui a commencé par un réveil vers 5h30 du matin, j’étais fatigué tout à l’heure  en montant sur mon vélo après être sorti de mon service. Mon but était en priorité de rentrer sans accident puisque j’étais fatigué et à vélo.

Paris, rue de Rivoli, jeudi 16 mars 2023. Photo©️Franck.Unimon

Je n’avais pas prévu de m’asseoir en rentrant pour écrire un article sur la réforme des retraites, le 49.3, les gilets jaunes, la pandémie du Covid et le confinement. Et en montrant des photos que j’ai pu prendre tout à l’heure sur ce trajet que je prends d’habitude lorsque je me rends à mon travail et que j’en reviens. Mais certaines des réactions suscitées ce soir par cette réforme des retraites font partie de notre histoire. Ces photos et cet article auront donc sans doute une certaine importance plus tard.

Paris, rue St Florentin, près de la place de la Concorde, jeudi 16 mars 2023. Photo©️Franck.Unimon

C’est la deuxième fois, maintenant, qu’en sortant de mon travail, je me retrouve un peu dans la même situation que le personnage de David Vincent, lorsque celui-ci, en rentrant chez lui en pleine nuit en voiture, aperçoit une soucoupe volante d’extra-terrestres malveillants en train d’atterrir discrètement sur « terre ».

Paris, rue St Florentin, près de le rue de Rivoli et de la place de la Concorde, jeudi 16 mars 2023. Photo©️Franck.Unimon

La première fois que je m’étais senti un peu comme le personnage David Vincent, c’était en tombant sur ce qui allait devenir la dernière manifestation officielle des gilets jaunes quelques jours avant le premier confinement en mars 2020. ( Gilets jaunes, samedi 14 mars 2020)

 

Ce soir, la même situation s’est répétée avec ces manifestations suite à l’utilisation du 49.3.

Paris, rue St Florentin, près de la rue de Rivoli et de la Place de la Concorde, jeudi 16 mars 2023. Photo©️Franck.Unimon

Pourtant, on ne peut pas dire que la réforme des retraites ait été un sujet « discret ». On en entend parler depuis des années. Avant la première élection du Président Macron, je crois. Et depuis des années, c’est un sujet de tension et d’inquiétude sociale. En France, l’image idéale du départ à la retraite rime avec celle d’un repos bien mérité après des années de travail. Si l’on peut au départ aimer exercer son travail, ses conditions d’exercice et sa pénibilité peuvent, avec les années, nous le rendre de plus en plus difficile à vivre ou à supporter. Surtout si ses conditions d’exercice se détériorent comme on le voit dans bien des institutions publiques.

Paris, rue St Florentin, en s’éloignant de la rue de Rivoli et de la place de la Concorde, jeudi 16 mars 2023. Photo©️Franck.Unimon

Dans mon métier d’infirmier en psychiatrie et en pédopsychiatrie, par exemple, un milieu touché par la pénurie depuis des années et encore plus depuis la pandémie du Covid, à mesure que l’on prend de l’âge, le travail de nuit, reconnu comme un travail pénible, peut avoir des répercussions sur la santé. Certains horaires matinaux, aussi. Car pour débuter une journée de travail à 6h45, selon le temps de trajet à effectuer, un réveil plus précoce peut nécessiter, avec le temps, des efforts de plus en plus contraignants. Ensuite, chaque profession a ses difficultés. Et, certaines de ces difficultés, selon moi, restent impraticables pour d’autres.

Paris, rue St Honoré, jeudi 16 mars 2023. Photo©️Franck.Unimon

Mais si Paris brûle ou a brûlé par endroits, ce jeudi 16 mars au soir, c’est ,selon moi, parce-que depuis trois ans, se sont accumulées des contraintes et des contrariétés diverses. J’en discutais quelques heures plus tôt avec deux collègues dans mon service avant de découvrir le résultat dans certaines rues de Paris en rentrant :

 

Le mouvement des gilets jaunes avait pour origine une usure sociale et économique profonde. Le mouvement a fini par être étouffé à la fois, par certaines de ses dissensions ou ses excès mais aussi parce-que le gouvernement Macron a profité de la pandémie du Covid pour décider d’un confinement strict et interdire les rassemblements publics. Pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois, nous avons dû accepter une suppression de nos libertés, limiter nos déplacements, les justifier. Puis, nous avons dû fournir des passe sanitaires et donc nous faire vacciner pour les obtenir. Si bien des personnes ont rapidement été consentantes et rassurées par les vaccins anti-Covid fabriqués en express, il y a un nombre assez important de personnes- dont je fais partie- qui a accepté de se faire vacciner sous la contrainte. Afin de pouvoir recouvrer une partie de ses libertés mais aussi pour conserver son emploi.  

Après toute cette période de pandémie du Covid, du confinement et de ses excès, dont nous semblons nous éloigner depuis à peu près un an ou plus maintenant, la guerre en Ukraine est « arrivée » en février de l’année dernière. Le prix de l’essence a alors enflé. Jusqu’à deux euros le litre d’essence 95. Peut-être plus. Aujourd’hui, on peut trouver des stations service où le litre d’essence est redescendu à 1,89 euro le litre. C’est à dire qu’il coûte plus de 40 centimes qu’avant la guerre en Ukraine. Et, à mon avis, son prix ne retrouvera pas le niveau qui était le sien avant la guerre en Ukraine.

En plus du coût l’essence, celui des produits alimentaires a aussi augmenté de quinze pour cent depuis le début de la guerre en Ukraine. Dix pour cent d’augmentation supplémentaires sont prévus d’ici le mois de juin de cette année.

Ensuite, se rajoute le fait que depuis cette année, les taux bancaires remontent et que les banques sont plus réticentes pour prêter de l’argent aux personnes qui souhaitent obtenir un prêt immobilier. Donc, même dans l’immobilier, l’horizon se bouche.

Paris, près de la Madeleine, jeudi 16 mars 2023. Photo©️Franck.Unimon

Et, maintenant, la réforme des retraites avec le recul de l’âge du départ à la retraite qui passe de 62 ans  à 64 ans est imposée à coup de 49.3. Et, par qui ?

 

Par le gouvernement Macron. Le gouvernement du Président Macron, un homme qui n’a pas 50 ans, dont la retraite est déjà largement plus que bien assurée- et bien entourée- et qui donne le sentiment d’avoir toujours été privilégié.

 

Si le sentiment d’appartenance et le sentiment de sécurité ou d’insécurité font partie des sentiments qui nous inspirent ou qui permettent de nous dominer, le sentiment de justice ou d’injustice, aussi, peut pousser à agir lorsqu’il est conséquent.

Paris, jeudi 16 mars 2023. Photo©️Franck.Unimon

Ce jeudi soir, lors de ces quelques minutes où j’ai « échoué » au milieu de ces manifestations, et où je suis descendu de mon vélo pour marcher tout en prenant des photos sur mon trajet habituel, j’ai croisé des personnes assez jeunes (dans la vingtaine et trentaine) plutôt souriantes qui se sentaient aussi sans aucun doute victimes d’une grande injustice. Comme les gilets jaunes trois ans plus tôt. Sauf que, là, cette réforme des retraites concerne une plus grande partie de la population et donc, aussi, des classes sociales plus favorisées, ou des personnes plus destinées à occuper des fonctions « supérieures » que les gilets jaunes.

Paris, Bd Haussmann, près des Galeries Lafayette et de la gare St Lazare, jeudi 16 mars 2023. Photo©️Franck.Unimon

Même si l’on vit désormais plus vieux qu’il y a vingt, trente ou quarante ans, nous savons aussi que nous pouvons mourir à n’importe quel âge. Et que notre mort n’est pas automatiquement corrélée avec les mauvais choix de vie que nous aurions pu faire. Dans ma famille, on vit vieux. Cela devrait me suffire pour me convaincre que tout ira bien pour moi. Car des personnes retraitées, que j’ai connues actives, j’en connais désormais quelques unes. Et, elles vivent plutôt bien leur retraite alors qu’elles l’ont prise entre 55 et 64 ans. Sans compter quelques personnes de 70 ans ou plus que je peux côtoyer qui me donnent le sentiment de bien profiter de la vie et de conserver un entrain pour celle-ci. Sauf que deux ans de plus, lorsque ça ne va pas, c’est beaucoup.

 

Si cette réforme des retraites ne passe pas, c’est parce-que l’avenir continue d’inquiéter et de se refermer. Après les jeunes « de » banlieue populaire ou défavorisée dans les années 90-2000, après le terrorisme islamiste et l’intégrisme religieux,  après les gilets jaunes, c’est au tour des jeunes mais aussi des moins jeunes de classes sociales diverses de refuser de se faire enfermer dans un monde et une vie dont ils ne veulent pas.

Paris, gare St Lazare, jeudi 16 mars 2023. Photo©️Franck.Unimon

Etonnamment, à la gare St Lazare, tout est calme. Et, quelques minutes plus tard, lorsque je retrouve Argenteuil, ville de banlieue proche de Paris, dont la réputation est plutôt mauvaise, tout est calme. Devant ce calme, on pourrait penser que ce je viens d’apercevoir dans la capitale n’a jamais existé.

 

 

Franck Unimon pour balistiqueduquotidien.com, ce vendredi 17 mars 2023.

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Photos Vélo Taffe

Vélo Taffe dans Paris 7-10 juillet 2022

Photo©️Franck.Unimon

Vélo taffe dans Paris 7-10 juillet 2022

 

Après avoir réécouté le groupe Massive Attack en concert au Danemark en 2006, j’ai découvert aujourd’hui l’artiste Hoshi avec son album Sommeil Levant.

 

Je suis tombé sur son album dans la médiathèque de Cormeilles en Parisis il y a plusieurs jours. Je n’étais pas pressé de l’écouter. Je ne « connaissais » pas Hoshi. Aujourd’hui,  après avoir commencé à écouter son album, je crois que l’on peut vraiment dire qu’en France, les artistes ont rompu avec cette tradition de la peur de la danse. Ils n’ont plus peur d’associer l’émotion au « corps » de la danse. On me dira que cela fait maintenant au moins une bonne vingtaine d’années que c’est comme ça. Mais je ne l’avais peut-être pas compris jusqu’à cet album de Hoshi. Même si je « connais » des artistes comme Jain, Angèle, Aya Nakamura et ai entendu parler de Christine And the Queens, Ronisia… pour ne parler que de quelques artistes féminins. Il y a bien sûr beaucoup d’autres artistes musicaux français « actuels » à citer en ce moment. Mais ces derniers jours, j’ai beaucoup réécouté les titres Mission Speciale et Evenement ( Les Ambassadeurs) et Hommage aux Disparus ( Les Frères Dejean), des groupes haïtiens pourvoyeurs de la musique Kompa davantage connus dans les années 70-90. Une musique particulièrement engageante pour qui l’a connue enfant, sait l’écouter et…la danser.

 

Dans cet album d’Hoshi, j’aime sa sincérité, sa virtuosité verbale, et ses arrangements musicaux dans des titres tels que Amour Censure ; Fais Moi Signe ; Medicament. Mais aussi les titres Sommeil Levant ; Marche ou Rêve ;

Par moments, sa voix a quelques airs de Stromae ( le titre Ita Vita…). Cependant, Hoshi a bien sa propre voix.

C’est aussi en écoutant son album Sommeil Levant que cet article est rédigé. Avant de pouvoir m’occuper plus tard de l’article sur le livre Les Couilles sur la table de Victoire Tuaillon, terminé il y a plus d’une semaine maintenant. Je m’attends à ce que l’article sur ce livre de Victoire Tuaillon soit long. Plutôt que le bâcler, je préfère disposer de la latitude nécessaire pour l’écrire. Pour patienter, on peut déjà lire l’article sur le livre de Mona Chollet :

J’ai lu Réinventer l’Amour de Mona Chollet .

 

Ou regarder les photos de cet article ci. Je les ai prises à Paris entre le 7 et ce 10 juillet 2022.

 

J’ai aussi prévu d’écrire un article sur les Cinquante ans de Marmottan ( c’était en décembre dernier !), service spécialisé dans le traitement des addictions. 

Franck Unimon, ce dimanche 10 juillet 2022.

 

Photo©️Franck.Unimon

 

 

 

Photo©️Franck.Unimon

 

 

Photo©️Franck.Unimon

 

 

Photo©️Franck.Unimon

 

Bd Raspail, Paris. Photo©️Franck.Unimon

 

Rue de Rivoli. Photo©️Franck.Unimon

 

Chantier, près du Spot 13, ce dimanche 10 juillet 2022. Paris 13ème. Photo©️Franck.Unimon

 

Au Spot 13, ce dimanche 10 juillet 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Au Spot 13, ce dimanche 10 juillet 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Photo©️Franck.Unimon

 

Entre la Gare d’Austerlitz et la gare de Lyon. Photo©️Franck.Unimon

 

Photo©️Franck.Unimon

 

 

Photo©️Franck.Unimon

 

Dans le jardin des Tuileries ce dimanche 10 juillet 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Dans le jardin des Tuileries, ce dimanche 10 juillet 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Au Spot 13, ce dimanche 10 juillet 2022. Paris 13ème. Photo©️Franck.Unimon
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Au Palais de Justice Vélo Taffe

Hier, ce mercredi 29 juin 2022, jour du verdict des attentats terroristes de Novembre 2015 à Paris

Paris, ce mercredi 29 juin 2022, le matin, avant 7 heures, près de la gare St Lazare. Photo©️Franck.Unimon

Hier, ce mercredi 29 juin 2022, jour du verdict des attentats terroristes de Novembre 2015 à Paris

 

Hier était un jour spécial. Celui du verdict des attentats terroristes islamistes à Paris du 13 novembre 2015 à Saint-Denis (ville de banlieue proche de Paris) devant le Stade de France lors d’un match de Foot amical ; dans plusieurs rues des 10 ème et 11 ème arrondissements de Paris sur des terrasses de café et de restaurants ; en plein concert dans la salle de concert Le Bataclan qui se trouve aussi dans le 11ème arrondissement de Paris.

 

Je travaillais de nuit dans le 18ème arrondissement de Paris, près de la Porte de Clignancourt, lors de ces attentats du 13 novembre 2015. Je me rappelle encore un peu de cette nuit. Dans un de mes journaux intimes, j’avais écrit un peu à propos de cette ambiance de mort dans Paris qui avait duré quelques temps à cette période. A ce jour, je n’ai pas encore recherché ce journal intime. Mon blog n’existait pas à cette époque.

 

Hier, ce mercredi 29 juin 2022, je travaillais de 8h à 20 heures dans mon nouveau service depuis un peu plus d’un an, maintenant. Je n’ai pas pu me rendre au tribunal de la cité pour assister à ce verdict. Pas plus que je n’ai pu me rendre à une seule audience de ce procès qui avait pourtant démarré le 8 septembre 2021. Alors que cela avait été mon intention.

 

Deux ou trois fois, je suis allé au tribunal de la cité afin « d’assister » à ce procès (comme pour le procès de l’attentat de Charlie Hebdo où je m’étais rendu à une seule audience au nouveau tribunal de Paris) des attentats de novembre 2015.

Au tribunal de la cité, j’ai pu assister à une partie de l’audience d’un tout autre jugement  (Extorsion en bande organisée : Des hommes dans un garage et les avocats de la Défense) . Mais concernant le procès des attentats du 13 novembre 2015,  à chaque fois, je suis « mal » tombé. Y compris ce jour où l’audience avait été reportée car Salah Abdeslam, le principal accusé, avait attrapé le Covid.

 

Lorsque je l’ai pu, j’ai lu ce que j’ai pu trouver concernant ce procès : en grande partie, le récit fait chaque mercredi dans Charlie Hebdo

Mais j’ai aussi pu écouter quelques podcasts ou lire sur le sujet des attentats islamistes de ces dernières années en France ou sur le fanatisme islamiste d’une manière générale. J’ai aussi écouté quelques témoignages de victimes d’attentats de novembre 2015.

Sans être autant impliqué que les victimes, leurs proches, les associations de victimes d’attentats, les accusés et les complices de ces attentats, mais aussi les professionnels de la justice, de la sécurité, et les journalistes qui ont « suivi », « traité » ou se sont chargés de ce procès, je me suis senti et continue de me sentir concerné par ces attentats de novembre 2015 ainsi que par ces actes et ces situations qui peuvent leur ressembler ou s’en approcher. ( Panser les attentats- un livre de Marianne KédiaRicochets-Un livre de Camille EmmanuelleL’instinct de vie , Helie de Saint Marc par Laurent Beccaria, Sans Blessures Apparentes, Utoya, 22 juillet, Journal 1955-1962 de Mouloud Feraoun, Qu’un sang impur…    .Interview en apnée avec Abdel Raouf Dafri  ,   ). 

D’où la raison de cet article aujourd’hui, même si je n’ai assisté à aucune audience de ce procès qui a totalisé « 148 journées de débats » (page 2 du journal Le Parisien de ce mercredi 29 juin 2022, article de Pascale ÉGRÉet de Timothée BOUTRY).

 

Vélo Taffe :

 

Paris, vers la Place Vendôme, ce mercredi 29 juin 2022 au matin. Photo ©️Franck.Unimon

 

Depuis un peu plus d’un an maintenant, je me rends et repars de mon travail avec mon vélo pliant en passant par la Gare St Lazare par laquelle j’arrive en train depuis la ville de banlieue où j’habite.

Le plus souvent, je passe par le boulevard Raspail. Mais hier matin, j’ai eu à nouveau envie de passer par la rue de Rivoli. Ce qui m’a amené, ensuite, au Boulevard St Michel, et, avant cela, à tomber à nouveau sur ce barrage de véhicules de police que j’avais déjà aperçues, en passant à vélo, lors d’autres audiences de ce procès. J’ai pris le temps de m’arrêter pour faire quelques photos. J’ai aussi pu entendre un cycliste, descendant assez vite du Boulevard St Michel, crier en se rapprochant :

 

« Mais ils nous emmerdent avec ces barrières ! ».

 

 

Paris, ce mercredi 29 juin 2022, vers 7 heures du matin, vers le tribunal de la Cité. On peut remarquer l’enseigne Le Soleil D’or, au fond, à droite. Photo©️Franck.Unimon

 

On parle quelques fois de la barrière de la langue pour expliquer certains malentendus ou des relations difficiles. Mais, là, il s’agissait d’une toute autre barrière. Cela fait neuf mois que dure ce procès. Et cet homme, vraisemblablement un habitué de ce trajet, pressé d’arriver à sa destination, ne pouvait et ne voulait pas consacrer quelques minutes supplémentaires (cinq ou dix selon qu’il décide de mettre à pied à terre pour redevenir piéton et longer les barrières ou pour prendre un itinéraire bis) afin de permettre la conclusion de ce procès pour des événements qui nous avaient diversement touchés en 2015…..

Qu’est-ce qui est le plus horrible et le plus meurtrier ? Les actions terroristes préméditées, multipliées et impitoyables de 2015 ou la façon de penser de ce cycliste ?

Dans les faits, ce cycliste n’a tué personne et n’est responsable, a priori, de la mort de personne. Peut-être même exerce-t’il la plus grande mesure de son temps à sauver des vies de par le métier qu’il exerce. C’est peut-être un garde du corps. Un chirurgien chevronné. Un pompier. Un infirmier de pointe. Un homme qui part veiller sa mère ou sa grand-mère très malade. Ou un livreur de sang rare et réputé pour être l’un des plus rapides de Paris.

 

 

Ne pas juger

 

 

En revenant hier d’un transfert dans un hôpital du 18ème arrondissement pour mon travail, j’ai écouté un podcast sur le sujet du Crack. Les addictions font partie des « sujets » par lesquels je me sens concerné. D’ailleurs, j’ai toujours mon article à faire sur les 50 ans de Marmottan fêtés l’année dernière ( le 3 décembre 2021 !) à la salle de concert de la Cigale.

 

Dans les faits, nous sommes tous concernés par le sujet des addictions mais nous sommes encore plus que nombreux à l’ignorer pour différentes raisons  qui ont à voir soit avec une certaine désapprobation morale ou avec, tout simplement, notre méconnaissance grandiloquente de ce qu’est une addiction ou de ce que peut être une addiction.

Dans ce podcast de 59 minutes où interviennent entre-autres, Alain Morel, psychiatre et directeur de l’association Oppelia, mais aussi Karim, un des travailleurs pairs mais aussi quelques consommateurs, il est aussi rappelé que pour aider et travailler avec des personnes addict, il est nécessaire de Ne pas juger.

Photo prise à Marmottan, lors des journées portes ouvertes du 4 et du 5 décembre 2021. Installation réalisée pour cette circonstance. Photo©️Franck.Unimon

 

J’avais déjà entendu ça mais aussi été le témoin de cela. A Marmottan ou dans les services de psychiatrie adulte et de pédopsychiatrie où j’ai pu travailler.

 

Depuis mes débuts d’infirmier en psychiatrie il y a bientôt trente ans, j’ai été amené à rencontrer, au moins dans les différents services où j’ai travaillé, différentes sortes de profils de personnes des plus « sympathiques », des plus « tristes » aux plus « antipathiques » et « exaspérants », des plus « faciles » aux plus « difficiles » et, cela, aussi face à des publics âgés de 3 ou quatre ans. Puisque mes expériences en pédopsychiatrie m’ont aussi amené à rencontrer, avec mes collègues éducateurs ou autres, des enfants de trois et quatre ans et leurs parents.

 

A moins de se barricader derrière de la paperasse, derrière son écran d’ordinateur, derrière son téléphone ou des sms, derrière un bureau et des logiciels ; derrière des protocoles ; derrière des phrases et des pensées toutes faites et définitives ; derrière des chiffres, des murs, des peurs, des certitudes absolues ; derrière des collègues, des portes de prison et des traitements ; ou derrière des cohortes d’intermédiaires et de serviteurs dont la fonction est de dévier, de différer, de diluer ou de faire disparaître l’expérience de la rencontre directe, instinctive et imprévisible, le métier d’infirmier en psychiatrie et en pédopsychiatrie fait partie de ces métiers où les rencontres répétées ont des effets immédiats et prolongés, superficiels et profonds, sur les différents interlocuteurs.

On se heurte où l’on se comprend. On s’apaise ou l’on se blesse. On se confronte où l’on trouve un accord ou un compromis. Peut-être tout de suite, peut-être plus tard. Peut-être très difficilement. Ou jamais.

 

Je peux donc dire que j’ai un peu d’expérience pour ce qui est des rencontres « difficiles » dans ma vie professionnelle et sans doute dans ma vie personnelle. Pourtant, hier, en entendant cette recommandation dans le podcast consacré aux addictions, à nouveau, je me suis demandé :

 

 Comment fait-on pour « Ne pas juger ? ».

 

Puisqu’il arrive un moment, où une situation, où nous parvenons au bout de la chaine de nos forces morales et personnelles et où le jugement, la désapprobation et la condamnation morale s’expriment d’eux-mêmes au travers de notre être :

 

Devant une action, un fait avéré, dont nous sommes le témoin, la victime, le lecteur, le « spectateur » contraint ou le confesseur. Et cette action, ce fait avéré, ou cette proposition, décide « viscéralement » pour nous de ce que nous ressentons.

 

Et cela, malgré nos efforts d’intelligence et nos tentatives de raisonnement. Malgré nos intentions officielles et sincères « d’ouverture » et de tolérance.

 

Une entreprise inhumaine.

 

Ne pas juger, d’une manière générale, dans la vie courante, m’apparaît donc être une action assez surhumaine. Ou, plutôt….inhumaine.  Et je vais le dire comme je le pense : je pense que, quotidiennement, nous passons une grande partie de notre temps à juger nos semblables et à nous juger nous mêmes. Et la justice que nous rendons aux autres ainsi que celle que nous pouvons nous rendre aussi à nous mêmes mais aussi à nos proches me paraît assez souvent, assez facilement, approximative, inexacte, pour ne pas dire, assez énigmatique. Et peut-être même, certaines fois….quelque peu fantomatique.

 

Et qu’ont fait, pendant des mois, depuis le mois de septembre 2021, des professionnels de la Justice, mais aussi des victimes des attentats (et leurs proches) de novembre 2015, les associations de victimes, les accusés et les complices des accusés mais aussi tous ceux qui ont assisté régulièrement à ce procès ?

 

 

Juger.

 

 

Bien-sûr, comparer la démarche qui consiste à essayer d’aider une personne addict à se sortir de son addiction de la démarche qui consiste à juger des terroristes et des complices de ces terroristes peut choquer, mettre très en colère et pousser à se demander si je suis complètement con ou dégénéré ! Et si c’est le cas (si en lisant cet article, on se demande déja si je suis complètement con ou dégénéré) , cela (me) démontrera déjà avec quelle facilité, encore une fois, nous pouvons être jugés –et rapidement dépréciés- par nos semblables dès que nous pensons de manière un peu différente. Et, tant pis, si par ailleurs, sur d’autres points très sensibles, nous sommes du même avis qu’eux :

 

Puisque ce qui importe à celles et ceux qui jugent et veulent être des juges expéditifs, c’est d’obtenir des autres qu’ils soient exactement sur la même ligne qu’eux.

 

Photo prise ce mercredi 29 juin 2022, le matin, avant 7 heures. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Ne pas regarder

 

En rentrant chez moi ce matin, j’ai croisé une jeune femme plutôt jolie. Sans doute influencé par ma lecture récente de l’ouvrage féministe Les couilles sur la table de Victoire Tuaillon sur lequel j’écrirai un article dès que je le pourrai, je me suis senti un peu coupable en regardant cette jeune femme. Comment regarder quelqu’un sans l’incommoder ? Comment passer à côté de quelqu’un sans pour autant faire montre d’une indifférence fausse qui, elle aussi, interdit d’emblée toute possibilité de rencontre mais, aussi, lorsqu’une attention est bienveillante, une certaine forme de reconnaissance ?

 

 

J’ai croisé cette jeune femme deux fois en quelques minutes.  La seconde fois, j’ai « évalué » que cette jeune femme devait être adolescente. Elle devait avoir 16 ans ou 17 ans. Et je me suis rappelé qu’une jeune personne devient adolescente ou s’aperçoit de son adolescence lorsque des hommes adultes la remarquent particulièrement et la regardent dans la rue avec une autre attention que celle que l’on peut porter aux enfants lorsque l’on les regarde (exception faite des pédophiles).

 

Ce matin, après avoir croisé cette jeune femme, je me suis dit que certaines jeunes femmes se mariaient ou se mettaient sans doute en couple très vite, et devenaient mères aussi très vite, espérant, aussi, se protéger du regard sexuel des hommes sur elles. Puisque devenir mère, cela peut, plus ou moins (car bien des contre-exemples existent), désexualiser un corps, voire le rendre un peu sacré. Sans oublier que la présence des enfants peut rendre l’acte sexuel ou sa probabilité plus difficile. Le corps est déjà dévoué à l’action de s’occuper des enfants.

 

Le mariage ou le couple peut être pour certaines femmes une protection contre les regards des hommes sur leur corps. Quel que soit ce qu’exprime le regard des hommes, d’ailleurs. Il n’y a pas que le soleil qui donne des coups. Certains regards aussi.

 

Il y a des regards d’hommes qui mettent mal  à l’aise. Je peux aussi en parler- un peu- en tant qu’homme qui a pu être regardé par d’autres hommes. En tant qu’homme hétéro se retrouvant une fois ou deux en minorité dans un lieu clos (un théâtre, l’appartement d’un copain homo) et regardé, par plusieurs homos. Ce qui m’avait permis, un tout petit peu, de manière très superficielle, d’avoir un aperçu de ce que peuvent vivre- ou ressentir- des jeunes femmes et des femmes tous les jours lorsqu’elles croisent des hommes. Dans les transports en commun. Au travail. En faisant les courses. Au volant de leur voiture. En rentrant chez elles. En faisant du sport.

 

 

Certaines femmes s’accommodent plutôt bien de ces regards et de la diversité de ces regards. D’autres femmes vivent et ressentent beaucoup plus mal ces regards et ces expériences de regards.

 

Quel est le rapport de cette histoire de « regard » avec ce procès des attentats de novembre 2015 ?

Paris, vers le tribunal de la cité, ce mercredi 29 juin 2022, aux alentours de 21h. Photo ©️Franck.Unimon

 

Lors de ce procès qui a duré neuf mois, des femmes et des hommes, de différents « bords », de différents âges, de différents horizons, de différentes croyances et confessions, de différentes sexualités, professionnels de justice, victimes, proches de victimes, associations de victimes, accusés, complices de ces accusés, journalistes, « spectateurs » ont passé une grande partie de leur temps à se juger, à se jauger et à…se regarder.

 

Que l’on n’essaie pas de me faire croire, malgré les faits incontestés et incontestables (les attentats, l’horreur des attentats) que tout le monde, pour ce procès, dans ce procès et par ce procès, est venu – et parti- avec les mêmes armes pour ces expériences qui consistent à juger, être jugé (que l’on soit accusé ou victime ou témoin) et à être regardé.

 

 

Et que l’on n’essaie pas de me faire croire que tout le monde, au cours de ce procès, mais aussi lors de toute autre procès, a bénéficié et bénéficie des mêmes armes pour exprimer et vivre ces expériences qui consistent à être victime, accusé,  témoin, être jugé et regardé, mais aussi écouté et interrogé par une audience, par un public…..

 

 

Une aventure titanesque

 

Dans son livre Cette Nuit, La Mer est noire  qu’elle avait co-écrit peu de temps avant sa mort accidentelle en hélicoptère, et paru en 2015 après sa mort, la navigatrice Florence Arthaud, qui n’avait pourtant pas beaucoup froid aux yeux, raconte qu’elle n’a jamais pu oser regarder Eric Tabarly qu’elle admirait. A propos d’une des traversées de celui-ci en solitaire, elle ajoute qu’il avait, tout seul, piloté un bateau qui, « normalement », nécessite la présence de 13 ou 14 hommes ! On parle bien-sûr, ici, de 13 ou 14 marins (femmes ou hommes) aguerris. On ne parle pas, ici, d’une promenade d’une demie heure en bateau mouche sur la Seine.

 

Pour moi, qui reste un regard extérieur parmi d’autres, ce procès des attentats de novembre 2015 à Paris a nécessité des efforts encore bien plus invraisemblables et violents que ceux, pourtant hors normes mais aussi hors forme humaine,  alors accomplis par Eric Tabarly. Ou par d’autres navigateurs, femmes ou hommes, qu’il s’agisse de Florence Arthaud elle-même ou de Ellen Macarthur lors de leurs courses en solitaire.

 

 

L’une des plus brutales différences est que les victimes et les proches des victimes, comparativement aux navigatrices et navigateurs, n’ont pas choisi d’être les proies de cette  violence. Comme elles et ils n’ont pas choisi les rôles de victimes et de proches de victimes qui ont découlé de cette violence terroriste.

Les traversées qu’ont à connaître les victimes, leurs proches, et celles et ceux qui les côtoient ne s’arrêtent pas une fois que le retour au port a été effectué. Car ce port s’est déplacé. L’aiguillage interne qui permettait, auparavant, plus ou moins, de faire en sorte que l’expérience extérieure et immédiate, s’accordait plutôt bien avec l’expérience intérieure, n’existe plus ou a été bousillé. Le temps et les distances ne sont plus les mêmes qu’auparavant. La sensibilité, aussi. Pour ces victimes, et leurs proches, il est devenu beaucoup plus difficile de s’accommoder du quotidien comme « auparavant ».

 

Les terroristes, eux, ainsi que leurs complices, ont choisi et prémédité leur action jusqu’à un certain point. Ils étaient volontaires. Pendant plusieurs mois, des années, les terroristes se sont entraînés, « transformés » et ont préparé leur “épopée”. Pendant des mois ou des années, dans cette partie d’échecs et mat, il avaient plusieurs « coups » d’avance. Sur les victimes. Sur les Autorités. Sur le plus grand nombre. Sur nous tous.

 

Mais si ces accusés se sont finalement retrouvés dans ce procès et jugés, cela signifie, aussi, qu’ils ont fini par se faire rattraper. Généralement, on dit des accusés- et de leurs complices- qu’ils se sont faits « rattraper » par la Justice. Mais ce n’est pas uniquement par la justice. Ils se sont aussi faits ici rattraper (hormis ceux qui se sont faits tuer ou se sont suicidés) par leur appartenance au genre humain « commun » ou dit-universel. Par leur finitude.

Sortes de navigateurs meurtriers  de leurs idées, qui se sont crus totalement libres, les terroristes et leurs complices, sont redevenus des terriens qui doivent se rendre compte qu’ils n’étaient pas aussi libres qu’ils ont voulu le croire.  Qu’ils vivent dans le même monde que leurs victimes et les proches de leurs victimes. Mais aussi dans le même monde que les services de police qui les recherchaient.

 

Dans leur imaginaire, ces terroristes et ces complices, n’avaient sans doute par prévu de devoir se retrouver face tous ces gens dans ce genre de circonstances et pour cette durée :

 

Des victimes, des proches de victimes, des associations de victimes, des juges, des avocats, des journalistes et des spectateurs qui les ont regardés, qui les ont jugés et qui les ont interrogés.

Ce mercredi 29 juin 2022, à Paris, aux alentours de 21h. Dans l’arrière champ, au delà du véhicule de police, on peut peut-être apercevoir un joueur de violon. Je me rappelle qu’après l’attentat du Bataclan, un homme était venu à vélo avec son piano portatif afin de jouer sur les lieux de afin d’essayer d’adoucir les événements en expliquant “Je n’ai pas les mots”. Hier soir, je me suis demandé si ce joueur de violon était présent pour les mêmes raisons. Photo©️Franck.Unimon

 

On a beaucoup parlé du silence de Salah Abdeslam et du silence d’autres accusés. Mais ce silence, ou plutôt, cette barrière du silence, si elle a empêché la « rencontre » ou la « communication » n’a pas empêché ces accusés d’entendre, d’écouter ou leur conscience d’être active. Après ce procès, il est possible que certains de ces accusés changent un peu de point de vue concernant la légitimité de leurs actes.

 

Et, au pire, si le psychopathe peut se réjouir de la souffrance de ses victimes mais aussi de celle des proches des victimes, et de la couverture médiatique dont il a « bénéficié », il a aussi ses souffrances personnelles. Et ses « triomphes » (ici, les attentats et leurs victimes) contiennent aussi ses défaites. Même si, du point de vue des victimes, de leurs proches et de celles et ceux qui les défendent, les souffrances du psychopathe terroriste sont bien-sûr secondaires :

 

Les souffrances des victimes des attentats et de leur entourage sont bien-sûr prioritaires.

 

Deux extrêmes opposés :

 

Les victimes des attentats terroristes et leurs auteurs sont deux extrêmes opposés. La rencontre s’est faite et se fait dans la douleur pour les victimes et leurs proches.

 

Pour les terroristes et leurs complices, leurs « cibles » n’existaient pas. C’étaient des inconnus sans aucune valeur. Ou, au contraire, des « valeurs » qu’ils ont eu plaisir à saccager car ces « valeurs » étaient des vies qu’ils ne pourraient jamais obtenir ou comprendre. Donc, autant les détruire.

 

Lorsqu’ils se sentent investis par un droit « souverain » ou « divin », les êtres humains peuvent accomplir le meilleur ou le pire au détriment d’autrui. Là, avec ces attentats terroristes, nous sommes dans le « pire ». Comme lors de l’esclavage, des camps de concentration, comme lors de n’importe quelle guerre ou génocide ou de n’importe quelle forme d’exploitation ou de torture d’un être humain.

 

Il « suffit » que des êtres humains se sentent largement supérieurs ou largement inférieurs à d’autres et « en droit » de se faire justice pour que le pire puisse arriver.

« Normalement », une démocratie permet d’éviter ça : que trop de personnes se sentent largement supérieures à d’autres mais aussi que trop de personnes se sentent trop  inférieures par rapport à d’autres.

 

Ce procès a été une justice différente de celle des terroristes. Une Justice institutionnalisée, avec d’autres règles, d’autres lois, d’autres protocoles.

 

Mais il y a deux sortes de « vaincus » devant cette Justice. Les victimes, leurs proches et les associations de victimes. Ainsi que, peut-être aussi la Justice et l’idée que l’on s’en fait dans une Démocratie.

 

Car les accusés font aussi partie des vaincus : Si les accusés étaient restés libres ou avaient réussi à imposer leur Justice, ils n’auraient pas été jugés. Ils auraient été célébrés comme des héros malgré leurs meurtres. L’horreur est aussi dans ce constat.

 

Ce constat, on va vite passer dessus car imaginer ça est insupportable. Comme de devoir imaginer que ces terroristes, et leurs complices, sont des êtres humains comme nous :

 

« Les juges ont cherché une vérité dans ces événements et même la part d’humanité des accusés » (l’éditorial de la journaliste Marie-Christine Tabet dans le journal Le Parisien, de ce mercredi 29 juin 2022, page 2).

 

Lorsque je traduis cette phrase, je comprends que les accusés ne font pas partie de l’espèce humaine. Car lorsque l’on est un être humain, on ne fait pas ce qu’ils ont fait. On ne dit pas ce qu’ils ont dit. On ne pense pas comme ils pensent.

Donc, avec un tel raisonnement, si la peine de mort existait encore en France en juin 2022 (alors que la France se vante de faire partie des pays qui ont aboli la peine de mort), ces accusés, aujourd’hui, en 2022, seraient exécutés. Comme ils ont exécuté et contribué à faire exécuter les victimes des attentats. L’expression « Œil pour œil, dent pour dent » est donc toujours en cours et au coeur de nos mœurs. Sauf que contrairement aux accusés qui ont tué, nous, nous «prenons » sur nous officiellement en quelque sorte. Je me demande alors :

Pour combien de temps ?

 

Pourtant, même si on hait ces accusés, leur humanité est indiscutable. Et c’est ça qui est insupportable :

Devoir regarder quelqu’un en face, le détester ( je détesterais sans doute celle ou celui qui a tué un de mes proches comme cela est arrivé pour les victimes des attentats de novembre 2015 : tuer par surprise, comme des lapins de fête foraine,  des civils désarmés et non entraînés….), lui souhaiter le pire. Et devoir admettre, que cela nous plaise ou non, malgré tout, que cette personne-là, est aussi humaine que nous. Et que l’on ne peut rien changer à cette humanité. A part, si l’on y arrive, ce que l’on ressent vis à vis de cette personne mais aussi de nous-mêmes.

 

 

Les verdicts :

 

Je n’ai pas encore appris les verdicts des accusés. Hier soir, lorsque je suis rentré du travail, je suis à nouveau passé près du tribunal de la cité entre 20h30 et 21h et j’ai vu que le procès n’était pas encore terminé.

 

Paris. Au loin, on peut apercevoir La Défense, ce mercredi 29 juin 2022, aux alentours de 21h. Photo©️Franck.Unimon

 

J’ai été marqué, hier, par la belle journée que c’était. Il faisait chaud. Dehors, dans Paris, les gens étaient souriants, vêtus légèrement, s’amusant. En short, jambes nues, les caractères sexuels secondaires bien en vue. C’était l’été.

 

Il y avait ce contraste entre ce qui se passait à l’intérieur du tribunal et ce qui se passait dehors devant et autour de moi. Rien à voir. A nouveau deux extrêmes opposés comme tous les jours. D’un côté l’insouciance et l’ignorance. De l’autre, la souffrance et la sentence.

 

 

Franck Unimon, ce jeudi 30 juin 2022.

 

 

 

 

 

 

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Vélo Taffe

Repousser ses limites pour Noël

Paris, près de l’église de la Madeleine, samedi 18 décembre 2021, entre 18h45 et 19h10.

 

” C’est bientôt, Noël, il faut se faire plaisir”.

Le train arrivait à la gare de Paris St Lazare. Deux dames conversaient entre elles. Une femme africaine d’une cinquantaine d’années et une européenne un peu plus jeune. La première avait eu du mal à se servir de son téléphone portable. La seconde lui avait expliqué que son téléphone portable était trop surchargé en documents. La plus âgée venait de prendre une résolution tandis que le quai se rapprochait :

“Je vais effacer toutes les photos et m’acheter un autre téléphone portable!”.

 

 

Près de l’église de la Madeleine, Paris, samedi 18 décembre 2021, entre 18h45 et 19h10.

 

Hier soir, j’ai repris mon vélo pour rejoindre mon lieu de travail depuis Paris St Lazare. Il y avait du monde en partance. Chacun semblait savoir précisément où il se rendait. Il y avait une espèce  d’urgence. Entre la gare St Lazare et la place de la Concorde, beaucoup de monde. Beaucoup de voitures.

 

Paris, le long des Tuileries, ce samedi 18 décembre 2021, vers 19h.

 

 

Mais aussi des gens contents d’être là et de se détendre. Les vacances de Noël avaient commencé.

 

 

Place de la Concorde, Paris, quelques minutes avant la photo précédente, ce samedi 18 décembre 2021.

 

 

Après la place de la Concorde, j’ai aperçu un homme avancer d’un pas pressé. Il portait des sacs que j’ai devinés remplis d’achats pour les cadeaux de Noël. Il fallait faire vite.

 

Parti en avance, j’ai pris mon temps pour quelques photos. Puis, au début du Bd Raspail, un cycliste m’a dépassé. Je me suis rappelé que j’allais au travail et j’ai voulu le rattraper. Au début, j’y suis arrivé. Celui-ci suivait une autre personne sur un deux roues équipe d’un moteur à pneus larges. Il se mettait en danseuse pour sprinter dès le début afin de se mettre “dans” la roue de l’homme “motorisé”. Difficile de savoir s’ils se connaissaient ou si celui que j’essayais de rattraper entendait profiter de cette opportunité pour s’entraîner. Il portait un Jean’s. Il était sur un vélo de “cycliste”. Moi, je me tenais droit sur mon vélo pliant, avec mon sac à dos transportant mes vêtements de rechange et mon repas pour le dîner et le petit-déjeuner. Ainsi qu’un livre ( Celui qui s’est échappé de Chris Ryan ). Je voyageais “léger”. Et, je voyagerai encore plus léger en reconnaissant qu’après plusieurs dizaines ou centaines de mètres, à mesure que le Bd Raspail montait et qu’il fallait s’arrêter au feu rouge puis repartir et se relancer, j’ai eu du mal à suivre. A repousser mes limites. Je n’ai pas été à la hauteur. Me mettre en danseuse comme l’autre devant ? Sur mon vélo pliant, acheté dans la chaine de magasins de sport grand public Décathlon, j’ai développé, plutôt qu’un braquet impitoyable, une sorte d’orgueil snob qui m’interdit de soulever mes fesses. Je pédale “droit” sans tortiller mes fesses de droite à gauche, surélevé au dessus de ma selle, laissant mes membres inférieurs faire leur travail et mon buste et ma tête s’occuper de la direction et de la stratégie à adopter. 

 

Mais hier soir, cette hiérarchie n’a pas suffi. Il en faut peu pour être distancé. Ensuite, l’écart se rallonge. Et, soit on persiste. Soit on revient à soi-même en se disant que l’on est à l’heure. Que l’on n’est pas là pour faire la course. Et, aussi, que douze heures de travail nous attendent.

 

Je suis arrivé tranquillement au travail. Lorsque j’ai pris ma douche, j’avais totalement oublié que je venais de perdre le maillot à pois du meilleur grimpeur du Bd Raspail.

 

Ce matin, j’ai fait le chemin en sens inverse en profitant pleinement de ce calme mental et matinal, dans les rues de Paris, un dimanche matin mais aussi un jour de vacances. J’ai croisé un homme qui faisait son footing. Sa belle foulée m’a donné envie de faire comme lui. Cela m’arrive quelques fois. Mais je ne peux pas être partout. 

 

Paris, ce dimanche 19 décembre 2021, un peu avant 9 heures du matin.

 

Paris, ce dimanche 19 décembre 2021, vers 9 heures du matin, près de la gare St Lazare.

 

 

Paris, ce dimanche 19 décembre 2021, vers 9 heures du matin, près de la Gare St Lazare.

 

 

Paris, ce dimanche 19 décembre 2021, vers 9 heures du matin, près de la gare St Lazare.

 

 

Paris, ce dimanche 19 décembre 2021 vers 9 heures du matin, près de la gare St Lazare.

 

Paris, ce dimanche 19 décembre 2021 vers 9 heures du matin, près de la gare St Lazare.

 

Paris, ce dimanche 19 décembre 2021, vers 9 heures du matin.

 

Franck Unimon, ce dimanche 19 décembre 2021. 

 

 

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Argenteuil Vélo Taffe

Vélo Taffe Samedi 30 octobre 2021 : Paris/ Argenteuil

Paris, samedi 30 octobre 2021, Saint-Michel, Notre Dame.

                    Vélo Taffe Samedi 30 octobre 2021 : Paris / Argenteuil

A vélo, depuis le 14ème arrondissement de Paris, Argenteuil n’est pas si loin. Même après une nuit de travail. 

Habituellement, je couple l’usage du train avec celui de mon vélo pour me rendre à mon travail et pour rentrer chez moi. Depuis chez moi, à vélo, le 14ème arrondissement n’est pas si loin… mais cela me demanderait plus que les 35-40 minutes que je prenais pour me rendre directement  dans le 18ème arrondissement du côté de la Porte de Clignancourt en passant par St-Ouen. Entre 1h10 et 1h20.

Ce 30 octobre, vers 8h30, je ne sais pas encore que je ferai tout le trajet à vélo. En sortant du travail, je décide de changer d’itinéraire. Pour varier.

 

Je passe “devant” Notre Dame en reconstruction. Je m’arrête à l’entrée du tribunal de la cité. Il n’y a pas les barrières ni les forces de l’ordre que je vois chaque fois qu’a lieu le procès des attentats du 13 novembre 2015.

Un gendarme sort de la loge. Sa collègue, une jeune femme blonde, nous regarde.

Avec son accent du sud, le gendarme, la trentaine, m’explique comment faire pour assister, à partir du lundi, dans une salle devant un écran, à ce procès. Puis, je repars.

 

Paris, Le Chatelet, samedi 30 octobre 2021.

Je constate que Beyoncé, Basquiat, Jay-Z et la pub pour les bijoux Tiffanys sont partis ( Jay-Z, Basquiat et Beyoncé à Paris, au Châtelet ) et ont été remplacés par une pub pour les vêtements Moncler. Je ne reconnais pas l’actrice de gauche mais je sais l’avoir déja vue. Je sais aussi qu’un blouson de la marque Moncler coûte plus cher que le vélo sur lequel je suis. Ces publicités pour ces marques onéreuses ( Tiffanys, Moncler…..) sont peut-être surtout là pour toutes celles et tous ceux, qui, comme moi, spontanément, ne peuvent pas se les acheter à moins de fournir certains efforts. Entre les impôts et ces articles de luxe qui nous regardent, nos vies sont faites d’efforts. Et, il nous faut apprendre à trier entre un vélo qui peut nous transporter ; le plaisir de prendre son enfant en photo devant une fontaine; ou tout faire pour s’acheter un blouson Moncler ou un bijou Tiffanys. 

 

Paris, 30 octobre 2021.

Avant de démarrer leur footing, et leurs efforts, au moins un de ces deux hommes fait comme moi : il regarde la jeune femme blonde. Je l’ai ratée quelques secondes plus tôt alors qu’elle était derrière sa copine sur leur trottinette. Pas de bijoux Tiffanys, pas de blouson Moncler, je me console comme je peux avec cette photo. 

 

Paris, 30 octobre 2021.

 

Je suis presqu’arrivé à la gare St Lazare. Au feu, je vois ces affiches. Je trouve Sarkozy et Royal tellement ringards.  Que font-ils encore là ? C’est fini ! Ils appartiennent au passé. L’un et l’autre ont eu leurs chances. Le premier a été Maire de Neuilly, Ministre de l’Intérieur, Président de la République, justiciable…

La seconde a été Ministre, et, au second tour des élections présidentielles ( en 2007 !) avait perdu face à Sarkozy. Désir d’avenir. 

 

Je trouve ces affiches historiques et comiques. Je me dépêche de les prendre en photo avant leur disparition. Peut-être qu’un jour, regrettera-t’on un Nicolas Sarkozy et une Ségolène Royal…. 

 

Paris, près de la Gare St Lazare, ce 30 octobre 2021.

 

Voici notre époque. Une attente concentrée devant l’ouverture d’un magasin de l’enseigne Fnac. Une pub pour du Whisky. Une autre pour l’artiste Rashid Jones que je ne connaissais pas. Une, pour une machine à laver. Et, tout en haut, la promotion du nouvel album d’Ed Sheeran que je n’ai toujours pas pris le temps d’écouter mais dont je “connais” le succès depuis au moins deux ans. Comment ne pas finir essoré ? Ou esseulé ? 

 

Paris, près de la gare St Lazare, le 30 octobre 2021.

 

L’enseigne de la Fnac a ouvert. Mais je ne pouvais pas ne pas prendre cet homme de dos, en photo. Un homme dont le métier de livreur rime pour moi avec pénible labeur. Généralement, lorsque je croise l’un d’entre eux ou qu’il me dépasse sur son vélo, électrique ou mécanique, je le laisse passer. Peut-être que cette vie-là me fait-elle peur. Même si, si je n’avais pas le choix, je ferais sans aucun doute comme eux. Et, je ferais alors peur à quelqu’un d’autre sans doute.

 

Gare de Paris St Lazare, le 30 octobre 2021.

 

Une gare parisienne, pendant les vacances de la Toussaint. Un peu moins de monde que la veille mais c’est seulement le matin. Il n’y a rien de particulier. Tout le monde porte son masque. Et, moi, je vais prendre mon train pour Argenteuil…

 

Gare St Lazare, 30 octobre 2021.

 

Je me dis qu’il y a encore pas mal de monde qui part en vacances. Je ne comprends pas vraiment ce que fait là, cette ligne de démarcation. 

 

 

” Cette femme, avec son bouquet de fleurs, ça apporte quelque chose. Prends-là en photo !”. Alors, je la prends en photo, parmi ces voyageurs avec leurs bagages. Ensuite, je la vois retrouver son compagnon. Je me dis que c’est vraiment la Toussaint.

 

Gare St Lazare, 30 octobre 2021.

 

Je n’avais pas remarqué tout de suite que la police ferroviaire était présente. Je me dis alors que la police recherche peut-être des trafiquants.

 

Gare St Lazare, 30 octobre 2021.

 

Certaines voies ne sont pas disponibles. La mienne, l’est. La voie 11 ou 12. Ou 10. 

 

Gare St Lazare, 30 octobre 2021.

 

Un chien dans la gare, cela se prend en photo. Plus tard, ce sera peut-être plus rare. Même si j’aime bien l’attitude de la dame, de profil, sa main posée sur son bagage. Et ce que l’on aperçoit en contrebas. Avec les palmiers au milieu….

 

Gare St Lazare, 30 octobre 2021.

 

Arrivé près de ma voie, on me fait bien comprendre qu’il faut sortir de la gare ! Un bagage a été abandonné.

 

Gare de Paris St Lazare, 30 octobre 2021.

 

J’ai raté la photo du camion de déminage lorsqu’il est passé derrière nous. J’ai raté la photo de cette jeune femme aux jambes de girafe qui me tournait le dos. Apparemment, elle avait l’habitude de poser. Lorsque j’ai été prêt, elle avait bougé. Elle s’est éloignée, à l’écart. Comme si elle me fuyait. Puis, après avoir consulté son téléphone portable, elle a décampé en repassant à plusieurs mètres devant moi.

Par contre, je ne manque pas ce défenseur du Barça, moins vif, beaucoup plus tranquille. 

 

Gare de Paris St Lazare, 30 octobre 2021.

 

Lorsque c’est comme ça, il est impossible de savoir quand la circulation des trains va reprendre. Je décide très facilement de faire la suite du trajet à vélo. J’ai de l’eau. Une compote. Un vélo. Je suis bien habillé même en cas de pluie. Et, je ne suis pas pressé. Il se trouve que c’est ce jour-là, que, dans une brocante, je suis tombé sur cette canne-siège qui date d’un siècle. Elle vient de Manufrance m’a dit le vendeur. La première fois que j’ai vue une canne-siège, c’était sur une scène de théâtre au Figuier Blanc. Le comédien Denis Lavant en avait une. Après la représentation, il m’avait appris l’avoir trouvée par hasard dans une brocante, en province. Pour 5 euros. J’ai payé la mienne un peu plus chère. Mais c’est une pièce unique. Je ne la trouverai ni chez Tiffanys, ni dans les magasins Moncler. 

Ce matin encore, parmi d’autres pensées, je me demandais à nouveau ce qui faisait que je ne faisais plus de théâtre. Avant, j’avais “faim”. J’avais envie de jouer. Là, je n’ai même pas envie de jouer. Et, c’est comme ça depuis trois ou quatre ans. Et puis, dans cette petite brocante sur laquelle je suis tombé, en sortant du travail, je vois cette canne-siège.  J’ai réussi à la coincer contre mon sac à dos. Jusque-là, depuis que je suis parti, elle n’est pas tombée. Rouler jusqu’à Argenteuil avec cette canne-siège est un bon test pour vérifier à nouveau à quel point mon sac à dos, celui que j’avais acheté pour aller au travail, était le bon choix. 

 

Levallois, 30 octobre 2021.

A Levallois, j’aperçois cet homme, seul, dans la rue. La photo ne rend pas ce que je vois. Je prends deux autres photos, encore moins bonnes. Puis, l’homme part d’un pas décidé. Peut-être gêné d’avoir été photographié. Ou peut-être tout simplement pressé. 

 

Colombes, 30 octobre 2021.

 

C’est Colombes, ou Asnières, mais Gennevilliers n’est pas loin. Cet immeuble au fond a attiré mon regard. C’est un  projet architectural différent de celui de l’immeuble à droite, sur  la photo. 

 

Colombes, 30 octobre 2021.

 

Colombes, en sortant de la A86, avant le pont d’Argenteuil. 30 octobre 2021.

 

ça construit, ça construit. A la fois pour répondre à la demande de logements. Pour accroître l’attractivité de l’endroit avec le tramway qui ne devrait pas passer bien loin. Mais aussi en prévision des jeux olympiques de 2024. La piscine de Colombes, qui se trouve à dix minutes en voiture de là, et à peine plus à vélo, a été retenue pour être exclusivement réservée à l’entraînement des équipes de natation synchronisée. 

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

 

Nous sommes sur le pont d’Argenteuil. On aperçoit le club d’aviron, le Coma Argenteuil. Un très bon club d’aviron à ce que j’ai cru comprendre. Je suis déja allé me renseigner plusieurs fois. Mais je n’ai toujours pas pu faire une balade d’initiation. L’aviron est un sport “complet” et souvent présenté comme tel. Depuis des années, j’aimerais bien le pratiquer mais je n’ai pas la disponibilité nécessaire.

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

L’affiche se veut verte. Mais, pour moi, Argenteuil, est surtout une ville de béton. Même s’il y a le projet de récupérer les berges de Seine. Au bout, on aperçoit la salle des fêtes Jean Vilar. Salle “historique” que la mairie voudrait raser afin d’autoriser la construction d’un hôtel de luxe, d’un centre commercial, avec complexe de cinéma. Peut-être même une Fnac. Afin de rendre la ville plus attirante. Un certain nombre d’opposants à ce projet se sont exprimés. Il faut savoir qu’à moins de dix minutes à pied de là, se trouvent une librairie, la librairie Presse Papier très engagée, le centre culturel le Figuier Blanc ( soutenu par la mairie) qui comporte salle de spectacles et salles de cinéma ainsi que la cave Dimière où se déroulent aussi des concerts. Ainsi que des cours de musique qui dépendent du conservatoire d’Argenteuil. Le marché d’Héloïse, connu comme le marché ” d’Argenteuil”, se trouve après la salle des fêtes Jean Vilar. Raser la salle des fêtes Jean Vilar signifierait aussi sans doute perdre un certain nombre de places de parking lors des jours du marché ” d’Argenteuil” ( le vendredi et le dimanche).

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

Cette station essence à l’entrée de la ville est supposée disparaitre un jour. Derrière les arbres, au fond, il y a le conservatoire d’Argenteuil. Originellement, ce bâtiment était celui de la mairie d’Argenteuil, déplacée depuis au bout de l’avenue Gabriel Péri. Ces fresques que l’on aperçoit sont sur un bâtiment qui fait également partie du conservatoire d’Argenteuil. Ces voitures que l’on voit, si elles tournent sur la gauche, vont prendre le pont d’Argenteuil qui peut les emmener vers Colombes ou vers la A 86. Vers St Denis ou vers la Défense et au delà. 

 

 

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

Je ne connais pas ces journalistes. Je me suis demandé quel journal pouvait bien tenir cette journaliste. Mais je n’ai pas réussi à déchiffrer. C’est cette injonction ” Soyons complices” avec cette image de pub qui m’a enjoint à prendre cette photo. Comment peut-on donner l’air ou l’intention d’être proche des gens alors qu’on ne les voit pas et qu’on ne les rencontre jamais ? 

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

 

Notre Dame, les bijoux Tiffanys et les blousons Moncler, c’est loin. 

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

 

La circulation des trains avait repris lorsque je suis arrivé à Argenteuil. Il semblerait qu’elle ait repris assez vite.

 

Le marché de la colonie, ce samedi 30 octobre 2021 à Argenteuil.

 

Le marché de la colonie est un petit marché de l’autre côté de la gare d’Argenteuil centre-ville. C’est un marché plutôt familial et intimiste, ouvert le samedi. Il est sûrement aussi un peu plus cher que le grand marché d’Argenteuil. Il y a deux ou trois ans maintenant, un marché bio avait également ouvert le vendredi soir. Un an plus tard, ou même avant, seul le marchand de fruits et de légumes continuait de revenir. 

 

Caché par l’homme au chapeau, Dominique M…, membre et militant de l’association Sous les Couvertures. Samedi 30 octobre, marché de la colonie, Argenteuil.

 

Ce samedi 30 octobre, l’ESAT la Montagne vendait des fleurs. A gauche, en entrant dans le marché, un stand de produits antillais où j’ai mes habitudes. 

 

J’ai mis plus d’une heure vingt depuis mon départ du travail pour rentrer chez moi. La canne-siège a tenu. J’ai roulé tranquillement. Je me suis arrêté plusieurs fois pour prendre des photos. Cependant, je n’ai croisé aucun embouteillage. 

 

Franck Unimon, samedi 6 novembre 2021. 

 

 

 

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Corona Circus Vélo Taffe

Nonne essentielle

 

 

                                                 Nonne essentielle

 

Ce matin, afin de retourner à la galerie d’art de l’ami Michel, j’ai emprunté un autre itinéraire à vélo. Je me suis retrouvé en compagnie de compétiteurs et de compétitrices, chacune et chacun avec son engin et son style. Certains exfiltrant toute lenteur de leur cycle. L’un d’eux, plus pressé que d’autres, mais au mauvais moment, s’est fait toper par la police. Au feu rouge où nous étions arrêtés, nous l’avons vu remettre sa pièce d’identité à un agent qui effectuait des vérifications en se servant de son téléphone portable.

 

Nous avons aussi été des vitrines roulantes en file indienne du côté du Boulevard Magenta sans rien d’autre à vendre que le vent et notre vigueur. Dans l’autre sens, c’était pire. C’était la cavalerie des dérailleurs.

 

Lorsque je me suis rapproché du but, j’ai pris une rue qui s’est avérée être celle du Delta. Je n’ai pas su comment bien la prendre, cette rue, avec ce nom de variant en pleine pandémie du Covid. Je jure sur le St Galibier avoir tourné dans cette rue au hasard même si certaines lunes, pétées de thunes, certifieront que l’on ne choisit jamais les costumes que l’on enfile au hasard. Au même titre que certaines rencontres que l’on prend et qui sont des rasoirs nous entaillant la gorge d’une oreille à l’autre.

 

Mais je n’allais pas, par superstition, retourner en arrière, juste pour changer de rue. Même si j’ai évité  de stationner devant le bar Le Sévère Tuant. 

 

Lorsque je suis arrivé, l’ami Michel balayait devant sa porte. Il écartait les feuilles sur le trottoir. Je me suis arrêté, et avec malice, j’ai sonné. Il s’est retourné et m’a souri. Peu après, nous sommes entrés dans sa galerie comme quelques mois plus tôt.

 

La pratique artistique et culturelle est une nonne essentielle. Tandis que l’on parle entre nous, qu’on la regarde ou qu’on l’écoute, elle prie pour nous, nous inspire, nous porte et nous protège.  Mais c’est peut-être la croyance idiote émanant d’une intelligence en manque de stimulation ou épuisée par trop de vélo. Parce-que l’art et la culture, cela ne remplit et n’abrite pas toujours le corps des femmes et des hommes. Mais cela peut permettre la rencontre de la conscience, une expérience qui ne répond à aucun logiciel et qui ne se commande pas.

 

L’art et la culture, ça peut aussi nous sortir de cette vie de portiques, de surdité et de contrôles dans laquelle nous nous enfonçons de plus en plus.

 

 

 

Pour quitter l’ami Michel, je suis remonté sur mon vélo. Celui-ci m’a salué comme si je partais pour un très long voyage. Jusqu’à la gare St Lazare.

 

 

Dix minutes plus tard, j’avançais en touriste quand j’ai croisé Josiane Balasko. Elle promenait deux petits chiens, boulevard Clichy, avec ses cheveux blonds, l’esprit dans un scénario, qu’elle seule pouvait voir. J’ai freiné. J’ai rebroussé chemin. J’ai eu envie de l’accoster pour demander à la photographier pour une amie. J’ai salué l’homme qui accompagnait « Josiane » et qui, lui, aussi, promenait un chien. On aurait dit un Apache ou un Péruvien, assez grand, assez massif. J’ai un petit peu pensé à l’ami indien du photographe de guerre, Patrick Chauvel.

Mais l’homme n’a pas très bien répondu à mon signe de tête. Il se demandait peut-être ce que je voulais. Je ne suis pas fort en télépathie, en nuages de fumée et en langage de signe. Alors, j’ai préféré laisser rêver.

 

Franck Unimon, ce mardi 31 aout 2021.

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Cinéma Corona Circus Vélo Taffe

Photos du mois d’Aout 2021

 

                                     Photos du mois d’Aout 2021

Ces photos ont été prises principalement à Paris. Souvent en me rendant au travail à vélo. Ce diaporama a été réalisé sans tenir forcément compte de leur chronologie.

Une photo a été prise à Argenteuil. Sur une autre, à Aulnay sous Bois, à la ferme du Vieux-pays, on peut voir Steve Tientcheu, acteur, et Tarik Laghdiri, scénariste ( Le cinema-A ciel ouvert avec Steve Tientcheu et Tarik Laghdiri).

 

Certaines de ces photos devaient servir pour un article que j’avais prévu d’appeler Sommes-nous si prévisibles ?Un titre très enjoué que j’avais trouvé tout seul en tombant sur la couverture d’un journal nous parlant des Talibans en Afghanistan. Après plusieurs semaines durant lesquels la pandémie du Covid, mais aussi la vaccination anti-Covid, avaient occupé systématiquement la première page des journaux, mais aussi nos pensées et nos discussions, subitement, et presque de concert, la priorité médiatique était donnée aux Talibans. Ainsi qu’à la peur du terrorisme. Une peur remplaçait une autre peur. Plusieurs « Dj » avaient changé de disque en même temps pour nous faire danser aussi longtemps qu’avec le tube de la peur précédente. Peur précédente qu’il s’agissait de ne pas trop user afin qu’elle puisse rester disponible et efficace. Il fallait pouvoir continuer de nous pousser vers la piste de danse.

 

D’avance, je sais que nous danserons.

 

On nous parle aussi du réchauffement climatique qui prend des proportions de plus en plus catastrophiques mais, pour l’instant, les grandes capitales ne sont pas frappées. A court terme, les bombes et les kalachnikovs des terroristes (Talibans ou autres), eux, peuvent nous atteindre plus rapidement que le réchauffement climatique.

 

Une influenceuse ou un « influenceur » de bonheur, aussi, peut nous atteindre plus rapidement que le réchauffement climatique.

 

Mais tout cela n’est pas une raison pour s’empêcher de regarder ailleurs. C’est aussi ce que nous faisons.

 

J’ai été très touché de voir cette exposition de quelques photos des films du réalisateur polonais Kieslowski dont « l’anonymat » depuis sa mort me désole. C’est un réalisateur dont j’aurais pu ou aurais dû parler avec Steve Tientcheu et Tarik Laghdiri. Je l’aurais sans doute fait si j’avais aperçu cette exposition avant de les rencontrer.

 

Kieslowski abordait souvent des sujets graves de manière apaisante. Moins fantastique que Cronenberg et moins déprimant que Bergman, j’ai aimé sa façon de nous entraîner dans ses histoires. Pourtant, ses films ont d’abord été réalisés dans une Pologne « grise » très dépendante du mur de Berlin. Et la musique employée pour la bande son de ses films limitait beaucoup les envies de déhanchement et d’emballement d’une éventuelle conquête. Néanmoins, ses films ont été moralement formateurs.

 

Pour ce diaporama, j’ai pensé à ce titre du groupe Nirvana parce-que je l’aime beaucoup et aussi parce qu’il est court. Je n’ai pas été inspiré par un titre de zouk pour le « coller » à ces photos. Il y aurait pu y avoir des photos de Léo Tamaki Dojo 5 ) qu’il était prévu que j’interviewe à la fin de ce mois d’aout lors de son stage d’Aïkido à Paris . Mais je n’ai pas de passe sanitaire et celui-ci est devenu incontournable après mon premier passage au Dojo 5 en juillet.

Léo Tamaki m’a assuré que l’interview pourrait avoir lieu d’ici quelques mois. Son optimisme m’a fait du bien.

 

J’espère que ce diaporama vous plaira.

 

Franck Unimon, ce dimanche 29 aout, 2h10 du matin.

 

 

 

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Vélo Taffe : Certains vélos sont faits pour rouler

 

Photo prise début aout 2021.

 

                            Vélo Taffe : Certains vélos sont faits pour rouler

 

J’ai travaillé cette nuit. Ce matin, pour retourner à la gare, comme je le fais depuis quelques mois, j’ai pris mon vélo pliant. Je ne suis toujours pas vacciné.

 

Je suis bien-sûr embarrassé de savoir que dans des pays pauvres, des gens meurent du Covid faute de ne pas pouvoir bénéficier de vaccins anti-Covid comme nous en avons à disposition en France, pays qui fait encore partie des pays riches.

Journal “L’Humanité” de ce mercredi 11 aout 2021.

 

Je suis bien-sûr embarrassé par la montée inquiétante du nombre de cas Covid en Guadeloupe, en Martinique ou à la Réunion. Les média, il y a quelques jours, relevaient une réticence ou un refus de la vaccination anti-Covid en Guadeloupe, en Martinique et à la Réunion.

 

J’ai appris le « durcissement » des mesures de confinement dans ces régions d’Outre-mer dont je suis plusieurs fois originaire. Je me dis qu’une moindre application locale des gestes barrières a sans doute permis cette extension de la pandémie. Mais le tourisme aussi : il y était encore permis assez facilement il y a quelques mois.

 

Je ne conteste pas les chiffres du Covid dans le monde.

 

Ce matin, pour la première fois, je me suis demandé si le déni de la pandémie- et de sa gravité- par certains pouvait avoir une relation avec une mouvance comme celle des « adeptes » de Trump, le précédent Président des Etats-Unis. Soit une mouvance émanant d’un homme Puissant de par son ancien poste de Président de la toujours Première Puissance Mondiale mais aussi de par sa richesse en tant qu’homme d’affaires.  

 

C’est ce titre dans le New York Times que j’ai acheté tout à l’heure qui m’a donné cette idée :

No bottom in sight for Covid denial écrit par Paul Krugman, une personne que je ne connais pas.

“New York Times” de ce mercredi 11 aout 2021.

 

La traduction approximative de ce titre pourrait être : Le déni du Covid est un puits sans fond ou sans limites.

 

Une façon de dire que celles et ceux qui sont dans le déni du Covid, et de sa gravité, trouveront toujours des raisons et des façons de s’opposer aux arguments qu’on leur donnera pour les convaincre de la réalité et de la gravité de cette pandémie. Une sorte d’hémorragie qu’aucun anticoagulant de ce monde ne pourra jamais arrêter. 

Le ” Charlie Hebdo” de ce mercredi 11 aout 2021.

 

J’ai entendu une infectiologue affirmer qu’avec le variant Delta du Coronavirus qui est en train de prendre ses appartements en France que personne, cette fois-ci, ne pourrait échapper à cette quatrième vague de la pandémie :

 

Selon les propos de cette experte, soit on attraperait le Covid. Soit on pourrait s’en sortir en étant vacciné avec Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnson. Nous désignons ces vaccins anti-Covid par les noms des laboratoires qui les fabriquent et/ou les commercialisent.

 

Laboratoires et noms qu’elle n’a pas forcément cités dans son intervention mais que, désormais, tout le monde « connaît » maintenant en France, je pense. Une pandémie, la maladie et la mort font partie des meilleures publicités qui soient. Et, cela, bien avant cette pandémie du Covid.

 

Avant de passer à la suite : Je ne me sens aucune affinité ou proximité avec une personnalité ou un personnage comme Trump, le précédent Président des Etats-Unis. 

Maintenant que c’est écrit

Hier, j’ai effectué ma première sortie sans passe sanitaire. J’en parle dans un autre article.( Paris sans passe : Atterrissage ethnique)

 

Après avoir écrit ça, on pourrait se demander pourquoi je persiste à ne pas me faire vacciner contre le Covid. Cette nuit, ma collègue, vaccinée avec Pfizer, m’a rappelé les embolies constatées lors des premières vaccinations avec l’Astrazeneca au début de cette année 2021.

 

Bien-sûr, il y a pour moi, une inquiétude concernant certains effets indésirables assez immédiats et plutôt graves. Mais, aussi, envers des effets indésirables aussi graves, et encore inconnus- et peut-être uniquement imaginaires– à ce jour, plus tard.

 

Foncièrement, je ne fais que deux choses, me semble-t’il :

 

Douter et essayer de gagner du temps.

 

Faire la Roue

 

Peut-être que faire la roue me permet de continuer de douter en gagnant du temps.

 

Pourtant, je ne doute pas de la pandémie du Covid. Ni de sa gravité possible.

 

Par contre, je doute des vaccins anti-Covid actuels. Pour moi, actuellement, le risque (leurs effets secondaires) à accepter avec ces vaccins que l’on nous propose- et que l’on nous impose- m’apparaît à tort ou à raison plus grand que leur fameux « bénéfice » que l’on nous assure.

 

En Anglais, je pourrais dire : « I Don’t buy it ! ». En Créole : «  An Pa Ka Pran Sa ! ». Dans ces conditions de doute, aujourd’hui, je ne suis pas preneur du risque que l’on me « demande » ou que l’on veut « m’imposer » de prendre avec les vaccins anti-Covid actuels.

 

On dira d’une personne comme moi qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut. Qu’elle est illogique, conne ou irresponsable. Ou irrationnelle. Je ne peux pas contester totalement cette perception. C’est celle des autres. Elle ne m’appartient pas.

” Le Canard Enchainé” de ce mercredi 11 aout 2021.

 

 

La roue a sa propre volonté. Une fois lancée, elle nous entraîne avec le moindre effort. Une fois portée par elle, on pourrait mourir, être blessé, être pris d’un malaise, ou sain et sauf  et continuer d’avancer encore sur plusieurs mètres avant de commencer à le réaliser. Sauf, bien-sûr, si l’on est mort ou que l’on perd conscience.  

 

Il n’y a rien à comprendre dans ce qui fait le mouvement d’une roue, d’une pensée ou d’une intuition. Soit on l’admet, soit on fait corps avec elle, soit on la rejette ou l’on se heurte à elle. La roue a ses rythmes, ses cycles. On peut la trouver suicidaire. On peut comparer la roue à la roulette russe. ça peut être vrai. Ça peut aussi être faux.  C’est aussi par elle que l’on arrive à certains endroits et à certaines décisions qui nous sauvent et que la science n’a pas prévu et ne peut pas prévoir. La science, si elle aide, sauve, soigne et peut aiguiller, n’est pas la propriétaire et la maitresse exclusive de toutes les trajectoires. Un être humain, sur un vélo, n’ira jamais aussi droit que n’a pas pu le calculer la science afin de parvenir à une certaine destination.

 

Cependant, faire corps avec la roue ne signifie pas se perdre en elle ou s’y enfermer définitivement. En faisant corps avec la roue, on peut vivre et réaliser des actes extraordinaires et inconcevables pour qui pense et marche au pas. Mais se confondre avec la roue, au point de ne plus être capable de faire la différence entre elle et soi, c’est se consigner dans la folie, le suicide ou de la maladie.

 

Avec le réchauffement climatique, l’invasion de l’Afghanistan par les Talibans, les troubles en Ethiopie, la pandémie du Covid, le durcissement du confinement en Martinique et en Guadeloupe, le couvre-feu en Polynésie française, et le meurtre du père Olivier Maire, l’arrivée du Footballeur Lionel Messi dans l’équipe du Paris St Germain comptent parmi les principales Unes de ce mercredi 11 aout 2021.

 

Pas de logique forcément

 

Il n’y a pas de logique, forcément, dans le fait que, ce matin, j’ai décidé d’attendre ce cycliste que j’avais d’abord très facilement dépassé. Pour lui parler et l’interroger. Et, bien-sûr, rien ne me prédisposait en particulier à cette rencontre. Rien non plus ne garantissait qu’il accepte de prendre le temps de discuter avec moi. Certains cyclistes sont très fermés, assez condescendants ou, plus simplement, pressés.

 

En partant de mon travail ce matin, j’ignorais que j’allais le rencontrer. Et, si j’avais pédalé à une certaine allure ou décidé de prendre un autre parcours pour me rendre à la gare, nous ne nous serions pas croisés.

 

Il avançait sur un de ces vélos mécaniques et pliants de la marque Brompton que j’ai déjà évoqués :

 

« Certains vélos sont faits pour rouler. Le mien est fait pour pédaler ».

 

Même s’il avançait vraiment doucement, ou peut-être parce qu’il avançait vraiment plus doucement que tous les autres usagers de cette marque de vélo que j’ai pu croiser, il m’a pris l’envie de lui parler.

 

Contrairement à la plupart des cyclistes que je rencontre, quelle que soit leur marque et leur type de vélo, il portait un masque noir anti-pollution. Et peut-être anti-Covid. Et, son vélo, à l’inverse de la majorité des vélos Brompton que j’ai pu croiser, avait un guidon en T.

 

Il m’a très vite appris qu’il avait la version sportive. A la fois la plus légère et la plus chère. Il se sentait bien avec ce type de guidon et avait déjà parcouru cinquante kilomètres avec. Il se sentait tellement bien dessus que, pour tous ses déplacements, il avait désormais délaissé son VTC classique  à sept vitesses.

Il a reconnu qu’il fallait mettre le prix pour l’acheter. Mais que l’effort financier se justifiait. Il a acquiescé lorsque je lui ai sorti ma formule :

 

« Certains vélos sont faits pour pédaler. Celui-ci est fait pour rouler ».

 

Il avait fait le choix de n’avoir que deux vitesses. Au lieu des six recommandées. Pour alléger davantage son vélo qui devait pourtant être bien plus léger que le mien au poids déjà confortable (12 kilos).

 

Puis, il m’a dit qu’il était étonné par la très grande réactivité de ces vélos. J’ai pu en témoigner pour en avoir fait plusieurs fois l’expérience.

 

Après un à deux kilomètres de discussion et de promenade tranquille ensemble, il m’a prévenu qu’il allait tourner à droite après l’hôtel Le Lutétia. Je l’ai salué et l’ai remercié. Nous nous sommes souhaités une bonne journée.

 

Certains vélos sont faits pour rouler. Sans se poser de questions. Un de mes anciens cousins, du côté de ma mère, Marcel Lollia, était surnommé Vélo. Je ne l’ai jamais rencontré. J’étais ado lorsqu’il est décédé.

 

Vélo n’était pas un cycliste. C’était un joueur de Gwo-Ka. Une référence. Son nom ne dira rien à beaucoup de personnes en France et dans le monde. Y compris parmi beaucoup de mes amis et de mes connaissances, passées, présentes et futures.

 

Sa vie n’a pas du tout été linéaire. Elle n’a rien à voir avec ma propre vie. La campagne, la musique apprise sûrement en autodidacte, peu lettré, la rue, l’alcool, les nuits blanches, d’abord la mauvaise réputation, puis la reconnaissance, la maladie,  la mort dans la pauvreté avant la soixantaine. Tout ce que je fuis comme beaucoup de personnes.

 

Mais son nom et son histoire sont restés. Et, plusieurs années après sa mort, il continue d’inspirer. Au contraire de la majorité d’entre nous qui, devant la roue, estiment qu’elle est juste là pour avancer. Et, rien d’autre. Une roue, c’est fait pour rouler.

 

 

Franck Unimon, ce mercredi 11 aout 2021.

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Perdre pied-vélo taffe

Perdre pied

J’ai travaillé cette nuit. En quittant mon service, ce matin,  23 minutes,  pour faire le trajet à vélo depuis le 14 ème arrondissement de Paris jusqu’à la gare St Lazare.

 

Certes, il fait beau, assez chaud, mais c’est surtout parce-que, pour une fois, je me suis autorisé à « suivre» certains cyclistes pressés (hommes comme femmes) que je suis allé aussi vite. Habituellement, pour le même trajet, je mets entre 27 et 29 minutes. En « flânant » quelque peu. Hier soir, une femme sur un vélo de course de marque Triban était belle à voir. Son short cycliste noir lui arrivait à mi-mollet. Lesquels mollets étaient fermes et assez volumineux. Elle devait avoir à peine la trentaine. Si elle démarrait doucement, elle avait ensuite une façon d’avaler les mètres en avant, sans forcer, qui me décrochait de plusieurs mètres. C’était beau, cette aisance. C’était comme si elle rentrait dans le vent.

 

Hier soir, Bd Raspail, dans la montée, j’ai bien rattrapé et lâché quatre ou cinq personnes sur leur vélo. Mais pas elle, toujours revenue et restée facilement devant moi, et qui a tourné, sur la droite, vers la Tour Montparnasse, après un feu, alors que je continuais tout droit vers la Place Denfert Rochereau. J’ai vu sa main indiquer qu’elle allait tourner. Un geste simple, économe, sans précipitation. Et, ça a été tout. C’était fini.

 

Je croise ça ou là quelques cyclistes sur mon trajet. Des hommes comme des femmes.  Certains que je peux rattraper. D’autres qui sont des « missives » en express que leur braquet emporte loin de moi. Néanmoins, même disparus de l’horizon et de la rencontre, j’en garde quelques unes et quelques uns, pour quelques temps, dans ma mémoire.

 

Ce matin, il y avait « un » vélo électrique, « un » Brompton mécanique et une cycliste sur un Vélib qui m’ont marqué et qui m’ont aussi…inspiré.

 

« Le » vélo électrique m’a d’abord dépassé avec agilité et facilité Boulevard ou rue St Jacques. Sur le chemin assez étroit de la piste cyclable protégée. Pourtant, j’avais bien pris mon élan depuis le début. Etant donné que je ne me sentais pas essoufflé et que mes cuisses le supportaient, j’ai appuyé sur mes pédales pour le suivre malgré les mètres qui nous séparaient déja. Je me suis dit que pour monter, il fallait de toute façon prendre de l’élan. Et non se traîner. Au feu, « Le » vélo électrique a pris une autre direction. J’ai passé les pavés et me suis dirigé vers la descente du Bd Raspail vers la rue du Bac. C’est là qu’un autre « vélo électrique » a pris le relais. Il a quelque peu fusé. Avec son pantalon Khaki, son casque Cusco, il délivrait de la facilité. Moi, je devais me donner. Un peu plus bas où à moins qu’il ne nous ait rattrapé, « Le » vélo Brompton a débarqué. A nouveau, cette fluidité que je trouve dans cette catégorie de vélo. L’homme dessus était du genre cadre qui se rend au travail.  La trentaine. Casque sur la tête. Lunettes de soleil. Chemise  de couleur claire, chaussures de villes, pantalon de ville. Une sacoche à l’avant. Une petite derrière la selle. On aurait dit un skieur ou un pratiquant de roller. Il glissait sur le bitume. Il a rapidement pris les devant sans même se préoccuper de nous.

 

Même « Le » vélo électrique, si avancé, a fini par être derrière. Car « Le » Brompton virevoltait. A aucun moment, je n’ai essayé de lui parler. Il avait un air de « Je ne connais plus personne en Brompton ». Mais aucune ressemblance avec Brigitte Bardot et Serge Gainsbourg.

 

Certainement sobre sur sa selle, « Le » Brompton était plutôt grand, élancé. Je suis incapable de dire s’il était sportif. Ces vélos « Brompton » me donnent toujours l’impression que, dessus, tout le monde est athlétique. Que tout le monde est performant. Je l’ai déjà écrit :

 

« Certains vélos sont faits pour rouler. Le mien semble fait pour pédaler ».

 

Ce matin, une femme en vélib était étonnante. Ce type de vélo est lourd. Pourtant, elle suivait de près « Le » Brompton. Au point que cela m’a donné l’impression qu’elle et lui étaient ensemble. Plus surprenant, alors qu’elle pédalait, devant, régulièrement, cette cycliste en Jean et casquée, secouait un de ses bras. Tantôt le droit. Tantôt le gauche. J’ai plus eu l’impression que c’était une peu une force de la nature. Une jeune femme en pleine forme. Et non une sportive assidue. Mais impossible de le certifier.

 

Au feu rouge, à la rue du Bac, juste avant de tourner à gauche pour prendre cette rue qui passe ensuite devant le musée d’Orsay, je me trouvais derrière « Le » Brompton que je venais de rejoindre. La jeune femme au vélib’, elle, s’était détournée de la rue du Bac auparavant et nous avait quitté.

 

« Le » vélo électrique est arrivé après nous. Nous l’avions distancé plusieurs centaines de mètres plus tôt à un endroit où il s’était arrêté à un feu rouge. Et, où, de manière opportuniste, à la suite du « Brompton», nous avions été plusieurs à nous engager.

 

Chaque fois que je fais ça, je regarde bien si une voiture vient. C’est comme traverser à pied une route en dehors d’un passage piéton ou lorsque le feu est vert pour les voitures. On évalue la distance et la vitesse des autres véhicules. On regarde avec attention. Et on s’engage. Bien-sûr, il convient de ralentir voire de freiner avant de faire ça.

 

Chaque fois que je suis passé au rouge, les autres véhicules étaient soit absents de l’horizon. Soit à l’arrêt. Et, moi, j’étais lancé et à plusieurs mètres d’eux.

 

 

Puis, rue du Bac, le Brompton est passé alors que, pour nous, le feu était encore rouge.

 

Je ne l’ai pas suivi. J’ai mes limites.

 

Je ne passe au feu rouge à cet endroit. « Le » Brompton a tourné sur la gauche et est descendu. Il allait passer devant le musée d’Orsay, vers la place de la Concorde. Mon trajet.

 

A la place de la Concorde, « Le » Brompton avait une bonne centaine de mètres devant moi. Il filait.

 

Mais, près du jardin des Tuileries, au lieu de repartir, alors qu’il s’était arrêté et attendait le feu rouge, pour les voitures, il est descendu de son vélo pour vérifier ou prendre quelque chose sous sa selle. C’est à ce moment-là que je suis passé, une fois que le feu est passé au vert pour nous, les cyclistes. Je ne l’ai plus revu ensuite.

 

Avant la gare St Lazare, j’ai fait un crochet par la rue Vignon où se trouve un magasin de cycles qui vend des vélos électriques, des accessoires et fait des réparations. Afin de récupérer son nom car je l’avais oublié. Puis, je suis reparti vers St-Lazare. Ce qui fait que j’aurais sans doute pu faire ce trajet en 21 minutes. Ce qui n’est pas mal en durée.

 

Je sais avoir rompu avec certaines de mes résolutions en matière de terrorisme de la vitesse. Mais mon séjour à Quiberon m’a débarrassé pour l’instant de mon émerveillement pour les environs que je traverse à Paris, désormais. La mer à Quiberon était bien plus belle que ce béton, toutes ces voitures et cette densité humaine.

Voir Quiberon, Mai 2021.

Ou, si l’on est pressé : 

 

Sans compter qu’avec le beau temps, et plus de possibilités de sortie depuis quelques jours dans le contexte Covid , il y a bien plus de personnes à vélo dans Paris à divers endroits selon les heures.  Et certains de ces cyclistes ( hommes et femmes) s’adressent à leur route sans ( trop) faire attention aux autres :

 

Je reste étonné par le peu d’usage qui est fait de la sonnette pour prévenir les piétons ou les autres cyclistes que l’on dépasse. J’ai deux sonnettes sur mon vélo. Et, je m’en sers régulièrement pour prévenir que j’arrive. Le piéton qui traverse à plusieurs mètres devant soi. Le cycliste ou la cycliste à côté de qui l’on va passer.

 

Il doit y avoir bien peu de cyclistes qui se servent d’une sonnette. Que ce soit « Le » Brompton de ce matin, les deux vélos électriques, la femme en Vélib’ ce matin ou celle d’hier sur son vélo de course Triban, aucun n’a utilisé de sonnette. Par contre, ils portaient tous un casque. C’est déjà bien.

 

Je suis « content » du temps mis pour rejoindre St Lazare. Mais, surtout, d’avoir pu suivre certains vélos sur mon vélo pliant. Celui-ci conserve des défauts. Parmi eux, cette selle qui descend insensiblement et que, hier soir, à un feu rouge, sur le Bd Raspail, j’ai dû remonter. Ce soir, encore, sans doute, je devrais à nouveau la remonter. Je pressens aussi que pour ce qui est du passage des vitesses, il y a mieux que mon vélo de marque B’Twin. Mais, cela mis à part, entre hier soir et ce matin, j’ai eu la satisfaction d’avancer quelque peu sur mon deux roues. Mon vélo n’est donc pas fait que pour pédaler.

 

Franck Unimon, mercredi 2 juin 2021.

 

 

 

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Vélo taffe : photos du 10 Mars au 10 Mai 2021.

 

 

“Certains vélos sont faits pour rouler, le mien est fait pour pédaler“. 

 

C’est ce que je me suis dit en revoyant un usager de cette marque de vélo que, cette fois, je laisserai dans l’anonymat. Chaque fois que je croise une personne sur ce genre de vélo, tout autant mécanique que le mien, je perçois en elle une aisance qui se refuse à moi. Pourtant, cela fait trois mois maintenant, à peu près, que j’ai troqué mes trajets de métro contre un vélo pliant. Et, je ne crois pas être si hors de forme que cela. Néanmoins, je m’apparente souvent à un rétro lorsque celle ou celui qui se déplace sur un de ces prototypes le fait avec une tranquillité indifférente. Le pire, peut-être, cela a été en “soulevant” le boulevard Raspail vers la place Denfert Rochereau :

Un homme assis sur cet objet qui m’intrigue filait sans forcer tout en conversant avec une dame pratiquant elle l’escalade au moyen d’un vélo grand format. Et, moi, qui faisais de temps à autre irruption sur leur tracé, j’étais non seulement presque comme une incongruité. Mais je voyais bien qu’après chaque arrêt, j’avais plus de mal qu’eux pour me relancer. 

Je n’irai pas jusqu’à arracher les cheveux ou à crever les pneus d’une certaine catégorie de personnes. Car une certaine absence de testostérone résonne en moi pour ce genre de projet en pareilles circonstances. Mais j’ai eu le temps de gamberger. J’accepte facilement que des grandes roues ou des vélos profilés course me négligent ou me fusillent sur place. J’accepte même que des vélib’ lourdauds tractés par des mollets alcooliques me déversent des dizaines de mètres de distance dans la vue. Par contre, je me fais scrupuleux lorsque cette catégorie de vélo pliant me passe dessus ou devant. Car dans ses rayons, il y a comme un chant. Et celui-ci n’est pas bon pour mon entendement.

 

En attendant, je reste étonné de voir que, quelle que soit la marque, le style du vélo ou la pompe de celle ou celui qui l’emploie, c’est souvent la volonté de la course qui se retrouve. A part quelques touristes sans autre rendez-vous que l’instant. Assez peu, donc, posent le pied ou la cadence afin de faire le mur du temps et de prendre quelques photos.

Sur mon vélo de baltringue, dont la selle descend régulièrement et que je dois donc relever, je suis content de visiter quelques points de vue avant que ceux-ci n’aient disparu. A découvrir dans le diaporama qui suit. La musique a été choisie par ma fille. 

A bientôt !

 

Franck Unimon, ce dimanche 16 Mai 2021.