Apnée et Limites
Il existe trois sortes de limites : Celles que lâon se fixe. Celles de lâexpĂ©rience. Celles du modĂšle ou de lâexemple des autres.
Nos limites sont nos cellules. Et nous sommes des cellules. De lâinfiniment petit Ă lâinfiniment grand, nos limites sont diverses.
Nous sortons quelques fois de certaines de nos cellules. Mais nous restons dans dâautres de nos cellules et en dĂ©couvrons dâautres.
Nous percevons la prĂ©sence de certaines de nos cellules. Dâautres cellules qui continuent de nous enfermer passent inaperçues. Et nous restons aussi accrochĂ©s Ă certaines de nos cellules car lâinconnu fait peur et nous nous sentons trĂšs vulnĂ©rables en dehors de nos cellules connues.
Ma derniĂšre sortie en fosse avec mon club date de cinq jours. Depuis les dĂ©buts de ma pratique de lâapnĂ©e il y a bientĂŽt trois ans ( ou quatre ), si jâinclus ma participation Ă deux stages dâapnĂ©e animĂ©s par des ex-recordmen du monde dâapnĂ©e et des moniteurs confirmĂ©s, jâai vĂ©cu environ vingt sorties en fosse. Dâune profondeur de cinq mĂštres, dix mĂštres et vingt mĂštres.
Ajoutons Ă cela mon petit vĂ©cu de plongeur bouteille il y a environ dix-quinze ans : 39 plongĂ©es dont deux ou trois Ă moins quarante mĂštres. Je suis niveau deux. Il mâest arrivĂ© une ou deux fois de faire des plongĂ©es avec un binĂŽme, minimum niveau deux comme moi. Cela sâest toujours passĂ© en Guadeloupe. Dans une mer chaude, claire et plutĂŽt calme.
Mon baptĂȘme de plongĂ©e avait Ă©tĂ© laborieux. Alors que nous nous dirigions en bateau vers notre point de plongĂ©e, le moniteur que jâavais choisi -qui Ă©tait Ă©galement le directeur du centre de plongĂ©e- mâavait appris que, finalement, je ferais mon baptĂȘme avec un autre moniteur avec lequel jâĂ©tais en train de faire connaissance sur le bateau. Ce moniteur Ă©tait sympathique mais il mâĂ©tait imposĂ©.
Au moment de ce quâil faut bien aussi appeler ma « dĂ©floraison » aquatique, en pĂ©nĂ©trant dans lâeau avec tout cet appareillage (bouteille, masque, dĂ©tendeur, palmes) que je dĂ©couvrais et qui mâencombrait, jâavais eu du mal Ă faire passer mes oreilles alors que nous avions Ă peine commencĂ© notre descente sous la surface.
AprĂšs deux ou trois remontĂ©es suivies dâautant de tentatives, jâavais vu mon moniteur de «derniĂšre minute » commencer Ă sâimpatienter. Et puis, venant subitement du fond de la mer, «mon » moniteur Ă©tait arrivĂ© et avait rapidement, calmement et avec assurance pris le relais. Et, doucement, jâavais pu descendre. En dĂ©glutissant progressivement, jâĂ©tais parvenu Ă Ă©quilibrer mes oreilles. MalgrĂ© les techniques thĂ©oriques qui nous sont enseignĂ©es, il est Ă©tonnant de voir comme, pour peu que lâexpĂ©rience se dĂ©roule Ă notre rythme et dans des conditions qui nous rassurent (grĂące Ă lâencadrement humain, technique et matĂ©riel) nous trouvons instinctivement lâastuce ou lâattitude qui nous permet de nous adapter Ă un nouvel environnement. Aujourdâhui, je suis incapable de me rappeler ce qui, ce jour-lĂ , mâavait donnĂ© lâidĂ©e de dĂ©glutir pour « faire passer » mes oreilles. Mais je sais quâĂ partir de ce moment, câest toujours de cette façon que jâai procĂ©dĂ©.
Rapidement, aprĂšs mon baptĂȘme de plongĂ©e, jâai commencĂ© Ă suivre ma formation de plongeur. Jâavais du temps : jâĂ©tais en vacances en Guadeloupe durant deux mois. Et cela faisait plusieurs annĂ©es que je lorgnais sur cette expĂ©rience de la plongĂ©e bouteille. Et, rĂ©guliĂšrement, Ă peu prĂšs tous les jours voire deux fois par jour peut-ĂȘtre certaines fois, jâĂ©tais revenu plonger avec le mĂȘme club Ă Ste-Rose : Alavama.
A mesure de ma formation rĂ©guliĂšre donc, je compensais de plus en plus facilement mes tympans. En dĂ©glutissant. Mieux : me sentant de plus en plus Ă lâaise avec mon Ă©quipement et mon environnement, mes apprĂ©hensions rĂ©trogradaient ou se dissolvaient.
« Avant », une fois immergĂ© dans lâeau, jâavais peur de ce qui pouvait bien se trouver en dessous et de tout ce que je ne voyais pas : mon inconscient.
Ce qui Ă©tait en dessous et que je ne voyais pas Ă©tait forcĂ©ment un ĂȘtre dangereux et mal intentionnĂ©. Un requin bien-sĂ»r ou toute autre crĂ©ature fĂ©roce de mon imagination.
« AprĂšs », je ne pensais plus Ă ce genre de catastrophe. Il Ă©tait devenu normal de se trouver Ă moins dix mĂštres et, sur un banc de sable, de faire des exercices tels que dĂ©capeler, ĂŽter son dĂ©tendeur de la bouche quelques secondes, le remettre en bouche. Lorsque jâen avais parlĂ© Ă une cousine de lĂ -bas, jâavais compris Ă sa rĂ©action que jâĂ©tais passĂ© de lâautre cĂŽtĂ© du monde. Je le percevais aussi lorsque nous nous dirigions vers le bateau pour aller plonger. JâĂ©tais le plus souvent le seul homme noir parmi les plongeurs. Mes compatriotes qui prenaient le bateau pratiquaient la pĂȘche. Et non ce loisir de « riche » et dâhomme blanc qui consistait Ă payer pour aller regarder des poissons au fond de lâeau. Je me rappelle encore de la surprise dâun de mes grands oncles lorsque je lui avais racontĂ© que, non, une fois dans lâeau, je ne pĂȘchais pas de poisson car câĂ©tait interdit de le faire lorsque lâon plongeait avec bouteille. A cette Ă©poque, il mâĂ©tait inconcevable de mâimaginer un jour faire de la chasse sous-marine en pratiquant lâapnĂ©e.
De retour en France, jâai bien essayĂ© une ou deux fois de pratiquer la plongĂ©e bouteille en mâinscrivant dans un club. Cela nâa jamais pris. LâentraĂźnement technique en piscine ou en fosse Ă©tait soit peu attractif. Soit effrayant ou angoissant.
Lors de mon premier entraĂźnement dans un club de banlieue, nous plongions en fosse. Une fois harnachĂ© au bord de la fosse des cinq mĂštres, il sâagissait de se jeter Ă lâeau, dĂ©tendeur en bouche. Jâavais peur mais comme jâĂ©tais niveau deux et que lâexercice paraissait facile Ă voir les autres le faire, je me suis exĂ©cutĂ©. Jâai bu la tasse. Jâai perdu mon masque. Lequel, par je ne sais quel phĂ©nomĂšne, alors que je mâĂ©tais bien jetĂ© Ă lâeau dans la fosse des cinq mĂštres a Ă©tĂ© retrouvĂ© au fond de la fosse des vingt mĂštres.
Je nâavais pas pratiquĂ© la plongĂ©e depuis quelques annĂ©es lorsque cela Ă©tait arrivĂ©. Je crois lâavoir prĂ©cisĂ©. Mais comme jâĂ©tais niveau deux et que, en apparence vraisemblablement, jâĂ©tais calme, on aura sĂ»rement estimĂ© mâavoir demandĂ© de rĂ©aliser des consignes accessibles et trĂšs simples. Ce quâelles Ă©taient sĂ»rement : Dans mon souvenir. Ou lorsque lâon est rĂ©guliĂšrement entraĂźnĂ©. A ceci prĂšs que, dans ma formation, je ne me rappelle pas, en Guadeloupe, mâĂȘtre mis Ă lâeau en sautant du haut du bateau tout Ă©quipĂ©. Nous nous Ă©quipions gĂ©nĂ©ralement directement dans lâeau. Si je me rappelle bien, il nous Ă©tait arrivĂ© une ou deux fois, lors de notre formation, de basculer en arriĂšre depuis le bateau. Et cela sâĂ©tait bien passĂ© pour moi.
Jâai oubliĂ© si ma dĂ©convenue en fosse dans ce club de plongĂ©e est la seule raison pour laquelle je ne suis pas revenu. Lâhoraire me convenait Ă moitiĂ©. Si jâavais choisi mon club et mon moniteur de plongĂ©e en Guadeloupe, je nâavais ni choisi mon moniteur de plongĂ©e dans ce club de banlieue et ni ce club : jâavais fait avec ce qui Ă©tait le plus proche de chez moi. Et, vraiment, jâai du mal Ă pratiquer la plongĂ©e bouteille en piscine et en fosse. Je suis sĂ»rement dans la situation de beaucoup de personnes qui, une fois quâelles ont goĂ»tĂ© Ă une discipline en milieu naturel, peuvent avoir beaucoup de mal Ă la pratiquer dans un milieu artificiel. Par exemple, jâai appris Ă nager en piscine et, nageur intermittent, jâaime assez aller nager en piscine. Mais je peux concevoir quâune personne qui a toujours nagĂ© en mer ou dans un lac puisse avoir beaucoup de mal Ă se rendre dans une piscine pour y faire des longueurs.
Ce dimanche, il y a cinq jours, lors de notre derniĂšre sortie fosse avec mon club dâapnĂ©e, tĂȘte en bas, jâai pu descendre Ă dix mĂštres tout au plus. Quinze mĂštres tĂȘte en haut en descendant le long dâune « corde ». Lâanecdote, câest que câest dans cette fosse que, dix ou quinze ans plus tĂŽt, je mâĂ©tais ridiculisĂ© en me jetant Ă lâeau avec bouteille et dĂ©tendeur. Avec mon club dâapnĂ©e, nous revenons assez rĂ©guliĂšrement pratiquer dans cette fosse. On pourrait donc dire que câest une grande « victoire ». Je le vois diffĂ©remment :
En apnée, je « devrais » descendre à trente mÚtres.
Lors de mon premier stage dâinitiation Ă lâapnĂ©e dans un autre lieu, avant mon inscription dans mon club dâapnĂ©e, lâex-recordman du monde qui animait le stage avait dĂ©clarĂ© que selon nos capacitĂ©s en apnĂ©e statique, on pouvait raisonnablement descendre Ă dix mĂštres si on Ă©tait capable de tenir une minute en apnĂ©e statique. Donc vingt mĂštres si on pouvait tenir deux minutes en apnĂ©e statique. Il y a une dizaine de jours et hier soir, encore, jâai tenu trois minutes en apnĂ©e statique. Il yâa une dizaine de jours, jâavais tenu les trois minutes facilement. Jâaurais pu tenir quinze ou trente secondes de plus. Hier soir, jâĂ©tais moins en forme. JâĂ©tais enrhumĂ©. Jâavais un peu mangĂ© une heure plus tĂŽt. JâĂ©tais moins serein. Jâai eu peu de plaisir Ă ĂȘtre dans lâeau. Jâai trĂšs peu crĂ©Ă© mon espace. A mes dĂ©buts, en apnĂ©e statique, je tenais deux minutes quinze secondes en apnĂ©e statique. Depuis mon inscription en club, chez moi, Ă sec, jâai pu tenir trois minutes trente en apnĂ©e. Mais je lâai fait une seule fois. Il y a plus dâun an. Je bois peu et je ne fume pas. Jâai un vĂ©cu de sportif dans des activitĂ©s plutĂŽt toniques, voire explosives, et terrestres (athlĂ©tisme, judo).
La premiĂšre nuance Ă apporter aux propos de notre ancien multi-recordman du monde dâapnĂ©e est bien-sĂ»r la qualitĂ© de notre hydrodynamisme, de notre palmage ainsi que notre « flottabilité». Certaines personnes coulent Ă pic. Dâautres sont des vaisseaux dâHĂ©lium et doivent se lester en consĂ©quence.
Lâautre nuance concerne Ă©videmment tout ce qui concerne le mental, le moral, le psychologique, le culturel. Ce qui peut ĂȘtre pire que l’HĂ©lium. Car, lĂ , nous nous retrouvons face Ă nous-mĂȘmes et nous sommes trĂšs diffĂ©rents les uns des autres. Assez seuls avec nos limites- et notre potentiel inhabitĂ© mais aussi insoupçonnĂ©- malgrĂ© la prĂ©sence de lâencadrement qui fait de son mieux pour nous guider.
Il va sĂ»rement me falloir- encore- un certain temps pour parvenir Ă convertir et Ă transfĂ©rer ( Ă supposer que cela possible) dans ma pratique de lâapnĂ©e certaines compĂ©tences que jâai pu dĂ©velopper en pratiquant lâathlĂ©tisme et le judo( essayez de faire un Uchi-mata sur un tympan qui ne passe pas, vous verrez : mĂȘme en prenant bien son Ă©lan, c’est le tympan qui gagne) .
Me retrouver- pour le plaisir- Ă plusieurs mĂštres de profondeur sous lâeau est trĂšs Ă©loignĂ© de mes traditions ancestrales et familiales mais aussi de mes expĂ©riences enfantines et adolescentes. La pratique et lâapprentissage de lâapnĂ©e revient peut-ĂȘtre pour moi- et pour dâautres- au mĂȘme que dâapprendre Ă jouer dâun instrument de musique Ă lâĂąge adulte. Sauf que, ici, lâinstrument de musique, câest Ă©videmment notre corps et notre mental.
Ce dimanche, mĂȘme si je suis Ă chaque fois volontaire pour me rendre en fosse, jâai dĂ» admettre que la fosse de vingt mĂštres continue de me faire peur. « Avant », câĂ©tait la fosse des cinq mĂštres. Puis celle des dix mĂštres. Au delĂ de dix mĂštres, je le vois bien en descendant tĂȘte en haut oĂč je compense plus facilement mes tympans, je commence Ă trouver la descente un peu longue. MĂȘme en fermant les yeux depuis le dĂ©but de la descente. Puis, une fois Ă quinze mĂštres, je vois bien que le fond de la fosse est tout proche. Mais ensuite, il faut remonter vingt mĂštres. Câest encore trop pour moi. MĂȘme si, une fois Ă quinze mĂštres tĂȘte en haut, je peux rester quelques secondes pour regarder ce qui se passe avant de remonter. Et je peux dire que depuis mon balcon de dix ou quinze mĂštres sous lâeau, quâil est pour moi plutĂŽt frustrant de voir les autres de mon club tout Ă leur plaisir au fond de la fosse alors quâils sont en train de zouker ou en train de jouer Ă la balle au prisonnier. Sourire. Jâaimerais bien en ĂȘtre. Mais je nâarrive pas encore Ă faire partie de ce club-lĂ . SecrĂštement, dâailleurs, je cultive de plus en plus aussi lâillusion quâen milieu naturel, bien prĂ©parĂ©, je pourrais plus facilement- sans forcer- atteindre agrĂ©ablement les vingt mĂštres. Le caractĂšre froid et assez Ă©troit de la fosse- on parle bien de « tube » certaines fois- de vingt mĂštres a un peu tendance Ă me rendre claustrophobe dirait-on.
Donc, depuis plusieurs sorties en fosse, câest le mĂȘme cirque qui se reproduit pour moi. Fosse de cinq mĂštres, aucune difficultĂ© pour compenser tĂȘte en bas. Je dĂ©glutis. Ăa passe avec Ă©vidence. Fosse de vingt mĂštres, je me plie Ă lâexercice dâĂ©chauffement. Je me plie aux consignes de compensation en compagnie de notre « ami » Frenzel en portant ma main sur mon nez puisquâen dĂ©glutissant, au delĂ de huit mĂštres Ă peu prĂšs, ça coince. Et puis, vers huit mĂštres, ça coince quand mĂȘme (mĂȘme dans la fosse de dix mĂštres) et je suis obligĂ© dâouvrir le parachute : De me retourner, ralentir, de mettre ma tĂȘte en haut. Et, incrĂ©dule, je constate Ă nouveau que je bute sur le mĂȘme mur de profondeur alors que jâai encore une bonne provision dâair dans les poumons. Et que mon apparente volontĂ© est insuffisante pour mâinsuffler de quoi descendre plus bas.
JâĂ©prouve rarement le plaisir de mâenfuir dans la fosse de vingt mĂštres. Jâai toujours lâimpression de manquer de temps avant de le trouver, ce plaisir. Non, dans la fosse de vingt mĂštres, si je tombe, câest vers la mort. La fosse commune, quoi. Pourtant, jâaimerais fondre vers les vingt mĂštres. Et non ramer dans les huit mĂštres tel un poisson empĂȘtrĂ© dans un filet. En plongĂ©e bouteille, lĂ ou dâautres parlent des poissons et de ce quâils voient, jâai jusquâĂ maintenant prĂ©fĂ©rĂ© vivre la sensation dâapesanteur et dâoubli. MĂȘme si jâai eu le plaisir de voir une raie Manta « dĂ©coller » sur un banc de sable et aussi de croiser un groupe de dauphins qui sâĂ©taient amusĂ©s avec nous durant quelques minutes. Les deux ou trois fois oĂč je suis descendu Ă moins quarante mĂštres, il mâa semblĂ© que jâaurais pu descendre plus profond. Je nâavais pas dâanxiĂ©tĂ© particuliĂšre puisque cette plongĂ©e profonde se dĂ©roulait aprĂšs que je me sois de nouveau acclimatĂ© Ă la plongĂ©e bouteille aprĂšs plusieurs sorties rĂ©guliĂšres et rapprochĂ©es. Les sensations que je ressentais au cours de la plongĂ©e Ă©taient des sensations confortables et familiĂšres et mon matĂ©riel ainsi que mon niveau dâair Ă©taient au rendez-vous et satisfaisants.
Mon niveau 2 mâinterdit bien-sĂ»r de descendre plus profond et jâai bien sĂ»r Ă©tĂ© sensibilisĂ© Ă la narcose ou ivresse des profondeurs.
Il existe peut-ĂȘtre un ratio thĂ©orique entre ce que, psychologiquement, on accepte comme profondeur en apnĂ©e selon la profondeur que lâon a pu connaĂźtre avec bouteille. Ce ratio est sĂ»rement imparfait car bien-sĂ»r cela varie dâune personne Ă une autre. Mais pour moi, en apnĂ©e, mon frein « dans » les oreilles est apparemment situĂ© entre huit et dix mĂštres de profondeur. Et, je crois que ce frein est principalement dans la tĂȘte, plus que dans la technique de compensation.
Câest ce que je me dis depuis ce dimanche.
Je veux bien me considĂ©rer comme un idiot et me dire que je rĂ©alise vraiment trĂšs mal certains gestes techniques mais lâidiotie a Ă©galement ses limites. Il est aussi vrai que les masques que jâai eus jusquâĂ maintenant me permettent mal dâatteindre mon petit nez. Oui, grĂące Ă lâapnĂ©e, jâai dĂ©couvert que jâai un petit nez lorsquâil sâagit de le pincer Ă travers le masque pour compenser mes oreilles. Dimanche, jâai dĂ» lâadmettre en regardant le nez (finalement, jâai renoncĂ© Ă les mesurer) de certains de mes copains de club : jâai un petit nez. Alors, Ă dĂ©faut de chirurgie esthĂ©tique et de me faire prescrire du viagra pour le nez, je me suis achetĂ© cette semaine un nouveau masque en prenant en compte cette particularitĂ© cette fois-ci. Et le vendeur mâa appris que ce masque se vendait beaucoupâŠen Asie. Car ils ont un petit nez. GrĂące Ă lâapnĂ©e, je me suis peut-ĂȘtre dĂ©couvert de lointaines origines asiatiques dans une autre vie. Mais peut-ĂȘtre aussi quâen retournant rĂ©guliĂšrement en fosse (jây vais, au mieux, une fois par mois) que ce mystĂšre des oreilles va se dĂ©boucher. Câest ce que je crois de plus en plus. Et câest aussi ce que mâa dĂ©ja expliquĂ© une copine du club. En attendant, je dois accepter mes limites actuelles. Les rogner progressivement Ă la façon dâun charognard de vie et dâapnĂ©e.
JâĂ©cris ce rĂ©cit aujourdâhui car lorsque mes oreilles passeront la barre des vingt mĂštres ou davantage, ou plus tard, jâaurai peut-ĂȘtre oubliĂ© ces tourments actuels qui seront peut-ĂȘtre le prĂ©sent dâautres apnĂ©istes et plongeurs.
Franck Unimon, ce vendredi 5 avril 2019.