Les 24 heures du SamouraĂŻ 2024
Il pleuvait ce dimanche 19 mai 2024 autour de midi alors que nos colonnes peuplaient le dojo dâHerblay. Sur les tatamis, nous Ă©tions plus de deux cents Ă continuer de nous orienter sur la pirogue de la fatigue. Des hommes mais aussi des femmes, nous Ă©tions majoritairement en kimono.
GuidĂ©s par lâexpert en karatĂ© Kyokushinkai, Romain Anselmo, et aiguisĂ©s par le couteau de nos kiaĂŻ, nous nous enfoncions encore un peu plus dans ce qui restait de ces quelques minutes oĂč tout allait bientĂŽt sâarrĂȘter. Avec une ou un partenaire, nous avons effectuĂ© des sĂ©ances de low kick. Mais nous nous sommes aussi donnĂ©s des coups de poing rĂ©ciproquement dans le gong de notre ceinture abdominale. Nous avons aussi fait des pompes. Lâexpert donnait le rythme. AmusĂ©, il nous a informĂ© quâil lui avait Ă©tĂ© demandĂ© de mettre de lâintensitĂ©. LĂ©o Tamaki, sur le tatamis avec nous, a ajoutĂ© dans le mĂȘme humour quâil lui avait Ă©tĂ© demandĂ© de nous «achever».
Pour quelquâun dâextĂ©rieur, nous aurions pu passer pour des fanatiques ou des fantassins du passĂ©. Mais si une DivinitĂ© attentive aux Arts Martiaux sâĂ©tait trouvĂ©e dans les parages ou quelque part dans le Val dâOise, elle serait peut-ĂȘtre venue nous apporter les croissants.
LâĂ©dition 2024 des 24 heures du SamouraĂŻ allait bientĂŽt se terminer, notre vie recommencer et je retournerais bientĂŽt Ă mes chansons de Lana Del Rey dont je suis devenu toquĂ© depuis Ă peu prĂšs deux mois. Mais, entretemps, comme lâannĂ©e derniĂšre ( Les 24 heures du SamouraĂŻ au dojo d’Herblay ce 20 et ce 21 Mai 2023, 2Ăšme Ă©dition ) avec beaucoup dâautres revenus cette annĂ©e, jâaurais participĂ© Ă cette manifestation.
Pourtant, quelques jours plus tĂŽt, je mâĂ©tais interrogĂ© sur les raisons qui me poussaient Ă y participer Ă nouveau. Je me sentais physiquement fatiguĂ© et je lâĂ©tais. LâĂ©preuve dâeffort que jâavais faite le lundi avait Ă©tĂ© estimĂ©e modĂ©rĂ©ment convaincante «pour un sportif » par le pneumologue qui me lâavait prescrite. Je me savais entraĂźnĂ© sportivement a minima. Jâavais trĂšs peu et irrĂ©guliĂšrement pratiquĂ© tant en karatĂ© avec Maitre Jean-Pierre Vignau quâavec mon club dâapnĂ©e.
Ma seule constance sportive Ă©tait faite de ces quelques kilomĂštres Ă vĂ©lo que je faisais depuis trois ou quatre mois pour me rendre au travail et de mon penchant spontanĂ© pour la marche. Pour marcher, il est plus simple dâavoir des pieds et lâarthrose de mes deux gros orteils avait Ă©tĂ© Ă nouveau confirmĂ©e par un clichĂ© radio. Mais, aujourdâhui, il nâexiste pas de rĂ©paration de lâarthrose. Les principales solutions- temporaires- consistent en des infiltrations, des soins locaux de confort (froid, antalgiques divers), le repos, la diminution ou lâabsence de toute pratique qui privilĂ©gie les impacts pour les pieds. Du cĂŽtĂ© de la chirurgie, il y a bien lâarthrodĂšse mais je mây oppose. Et, je nâai plus envie de mâentourer les pieds avec de lâĂ©lastoplaste afin de protĂ©ger mes gros orteils par syndactylie.
Je pouvais donc ĂȘtre exposĂ© par moments Ă une certaine douleur et je devais faire attention en revenant aux 24 heures du SamouraĂŻ. Pourquoi mâimposer ça ?
Jâai commencĂ© Ă mâinspecter. Et Ă mâinjecter des pensĂ©es dans lesquelles je me disais que les Arts Martiaux sont pour moi un essai de virilitĂ©, pour me la raconter ou me rassurer en tant quâhomme. Mais aussi que mon attrait pour les Arts Martiaux reposait sur une admiration puĂ©rile que jâavais conservĂ©e depuis les films de Bruce Lee. Et que, dans les faits, câĂ©tait plus le spectacle des Arts Martiaux et les films rĂ©alisĂ©s Ă leur sujet (de Bruce Lee Ă Jackie Chan en passant par The Blade et tous les films asiatiques ou non sây rapportant) qui mâavaient fait entrer dans une fantasmagorie fantastique, divertissante et captivante qui mâavaient donnĂ© envie de croire que je voulais en faire partie. Alors que, « pour de vrai », ce que je voulais vraiment, câĂ©tait rester tranquillement Ă la maison pour regarder des films, des combats ou des spectacles dâArts martiaux et en parler ensuite, fascinĂ©.
On sâaime comme on peut. Et, sans me haĂŻr forcĂ©ment, je peux ĂȘtre assez exigeant envers moi-mĂȘme. Mais peut-ĂȘtre moins que le pneumologue qui mâavait bien fait sourire trois jours avant les 24 heures du SamouraĂŻ.
LâannĂ©e derniĂšre, jâavais participĂ© aux 24 heures du SamouraĂŻ avec une contracture musculaire Ă la cuisse. Mon kinĂ© mâavait dĂ©conseillĂ© dây participer :
« Câest comme jeter une piĂšce en lâair⊠».
Ce mercredi, trois jours avant Les 24 heures du SamouraĂŻ Ă©dition 2024, je revoyais le pneumologue car, en novembre 2023, jâai fait une embolie pulmonaire assez grave. Grave aussi parce-quâil sâĂ©tait passĂ© deux semaines entre le moment oĂč jâavais consultĂ© la premiĂšre fois (parce-que je me sentais anormalement essouflĂ© avec une douleur costale persistante cĂŽtĂ© droit) et le moment oĂč le (bon) diagnostic a Ă©tĂ© fait.
Mais grave, aussi, parce-que le pneumologue nâarrive pas Ă comprendre comment, moi, qui « nâai pas le profil », jâai pu faire une embolie pulmonaire :
Je ne fume pas. Je bois trĂšs peu dâalcool. Je suis plutĂŽt sportif. Je nâai pas de cancer. Je nâai pas eu dâaffection grave ou rĂ©cente. En rĂ©sumĂ©, je suis ce que lâon appelle une personne en bonne voire en trĂšs bonne santĂ©.
Mercredi, je faisais donc de mon mieux pour rassurer le pneumologue. On appelle ça, la transparence. Il se demandait sâil arrĂȘtait de me prescrire les anticoagulants. Il nâavait pas dâargument pour les maintenir au vu de mes rĂ©sultats. Mais il hĂ©sitait. Ăa se voyait.
Alors, je lâai aidĂ©. Je lui ai parlĂ© de mon projet de prendre lâavion au mois de juillet pour partir au Japon. AussitĂŽt, le pneumologue mâa rĂ©pondu :
« ça nâest pas logique dâarrĂȘter un traitement anti-coagulant quelques jours avant un vol long courrier ..».
Je comprenais sa logique mĂȘme sâil est Ă mon avis beaucoup trop anxieux. Mais si je suis optimiste, je ne suis pas pneumologue.
Aussi, je lui ai donné un petit coup de pouce supplémentaire :
Je lui ai parlĂ© des 24 heures du SamouraĂŻ auxquels jâallais participer trois jours plus tard.
Le pneumologue ne savait pas ce que câĂ©tait. Je lui en ai expliquĂ© le principe :
Pendant vingt quatre heures, des experts en Arts Martiaux interviennent et on peut participer au nombre de sĂ©ances que lâon veut. Ce nâest pas une compĂ©tition.
Il mâa demandĂ© oĂč ça se passait. Jâai cru quâil allait ĂȘtre nĂ©cessaire que je lui situe la ville dâHerblay sur une carte. Ce nâĂ©tait pas par envie de sa part dây participer. Jâai plutĂŽt eu lâimpression de lui parler dâun Ă©vĂ©nement dâun autre monde.
MĂȘme sâil portait un masque anti-Covid (il consulte dans un hĂŽpital parisien de lâAP-HP), jâai bien vu dans les yeux du pneumologue quâil aurait presque pu se cogner le front contre son bureau devant ce que je lui disais. Moi, je lui parlais projets et perspectives. Lui, il Ă©tait conditionnĂ© pour penser en termes de risques pour ma santĂ©.
Parfaitement synchrone avec sa mĂ©canique mentale inquiĂšte, le pneumologue mâa parlĂ© des risques dâhĂ©morragie en cas de coups ou de blessure lors de la pratique durant ces 24 heures du SamouraĂŻ. Puisque je suis sous anti-coagulants depuis six mois.
Une hĂ©morragie Ă la suite dâun coup ou dâune blessure est bien-sĂ»r une possibilitĂ©. Mais, pour moi, ce nâest pas une fatalitĂ©.
Sans que le pneumologue sâen aperçoive, et bien quâil me soit plutĂŽt sympathique, son anxiĂ©tĂ© excessive lui donnait un caractĂšre implacable. Lâinquisition nâĂ©tait pas trĂšs loin.
Puisque nous Ă©tions là « pour parler » et que le pneumologue sâappliquait Ă me dĂ©montrer et Ă mâexpliquer, de maniĂšre Ă©ducative, les risques hypothĂ©tiques ou probables que jâencourais, jâai fini par lui dire en toute dĂ©contraction :
« Mais lorsque je me rends rĂ©guliĂšrement Ă mon travail Ă vĂ©lo, jâai bien plus de risques de me faire percuter par une voiture -ou un (e) autre cycliste-. Je ne vais pourtant pas arrĂȘter de faire du vĂ©lo pour cette raison ».
Le pneumologue sâest alors dĂ©pĂȘchĂ© de modĂ©rer ses ardeurs anxieuses. Il mâa nĂ©anmoins laissĂ© sous anti-coagulants en diminuant la dose. Il mâa prescrit un scanner et une scintigraphie. Il mâa dit que si ces examens Ă©taient normaux, quâil envisagerait dâarrĂȘter les anti-coagulants. AutrementâŠ.
Alors que jâĂ©cris cet article quelques jours aprĂšs les 24 heures du SamouraĂŻ, tout va bien. Le partenaire, lors des 24 heures du SamouraĂŻ, qui mâa donnĂ© un mauvais coup malencontreusement a dâabord Ă©tĂ© embarrassĂ© bien quâignorant de lâĂ©pouvante magnitude 6 quâil aurait pu provoquer chez le pneumologue. Mais je peux dire que je suis reparti des 24 heures du SamouraĂŻ avec uniquement une certaine fatigue, comprĂ©hensive, pour principal « dĂ©sagrĂ©ment ».
Et puis, un mauvais coup ou deux en sâentraĂźnant, cela peut arriver. Afin de se prĂ©server, il faut dâabord sâassurer que lâon se rend sur un tatami avec lâĂ©tat dâesprit adĂ©quat et que les autres en face sont dans le mĂȘme Ă©tat dâesprit.
Je ne suis pas venu aux 24 heures du SamouraĂŻ en me disant que jâallais tout (me) casser et devenir champion du monde. Les experts invitĂ©s et, dâabord, les organisateurs de cet Ă©vĂ©nement, sont aussi sur cette ligne. A partir de lĂ , organisateurs et experts attirent Ă eux un public qui, Ă plus de 90 %, leur ressemblent. Je me rappelle encore de celui avec lequel jâavais pratiquĂ© un peu de Ju-Jitsu brĂ©silien au dĂ©but des annĂ©es 2000. Je venais alors dâun autre club oĂč jâavais fait lâexpĂ©rience du judo pendant une dizaine dâannĂ©es avec Pascal Fleury comme prof.
Mon prof de Ju jitsu-brĂ©silien Ă©tait un trĂšs bon prof, un trĂšs bon pratiquant. Jâai de trĂšs bons souvenirs des quelques combats dâentraĂźnement que jâai pu faire avec lui au sol.
Mais mon prof de Ju-jitsu brĂ©silien- qui sâentraĂźnait tous les jours- aimait trop la baston. Il Ă©tait chaud pour se battre nâimporte quand. Il y prenait son pied. Cela transparaissait dans ses propos. Et, nous Ă©tions aux dĂ©buts de la mĂ©diatisation du MMA, de lâenthousiasme quâil y avait Ă propos des combats Ultimate et des frĂšres Gracie. CâĂ©tait dĂ©sormais « ça » qui faisait fantasmer ou une personnalitĂ© comme celle du boxeur Mike Tyson qui dĂ©truisait ses adversaires.
Celle ou celui qui aime la baston ou qui a absolument besoin de se prouver quelque chose au travers de la baston finit plus ou moins par se trouver directement ou indirectement enfermĂ© dedans comme dans une prison. Et, mon prof de Ju-Jitsu brĂ©silien avait dans son cours au moins un ou deux mecs (de moins de trente ans) qui sây croyaient parce-quâils ne croyaient en rien dâautre en dehors du Ju-Jitsu brĂ©silien. Et, dâabord, parce-quâils croyaient trĂšs peu en eux-mĂȘmes. Et puis, jâarrivais aussi avec ma ceinture marron de Judoka et sans doute aussi que je transportais avec moi une certaine assurance. JâĂ©tais plus jeune. Plus physique. Plus explosif. En meilleure condition. Je me souviens mâĂȘtre plus blessĂ© durant cette annĂ©e oĂč jâavais pratiquĂ© le Ju-jitsu brĂ©silien quâen dix ans de Judo oĂč il mâĂ©tait pourtant arrivĂ© de me blesser.
On peut avoir besoin de rehausser son estime de soi au travers dâun sport ou dâun Art martial. Beaucoup dâexpĂ©riences, de rencontres ou de dĂ©couvertes faites lors de la pratique dâun Art martial, dâun sport de combat (ou autres) sont susceptibles de nous aider Ă nous rĂ©vĂ©ler Ă nous-mĂȘmes certaines de nos compĂ©tences en termes de combat.
Mais lorsque lâon en arrive Ă toujours avoir besoin de se dĂ©marquer ou dâĂ©craser toutes celles et tous ceux que lâon trouve devant soi sur un tatami ou dans un ring, câest problĂ©matique. Ou cela le deviendra. En MMA, on le voit avec les excĂšs dâun Conor McGregor. Et, dans une autre discipline, jâai lâimpression que lâancien champion du monde automobile Michael Schumacher doit son tragique accident de ski au mĂȘme genre dâexcĂšs. Dans ce besoin constant, nĂ©vrotique ou suicidaire, de prouver ou de se prouver que lâon peut ĂȘtre meilleur ou plus fort que les autres ou que lâon peut toujours franchir et dĂ©passer les limites qui effraient ou font fuir le reste du monde. Alors que ce qui nous pousse Ă agir de la sorte, c’est souvent notre terreur de la mort ou de notre anĂ©antissement.
Jâai de lâadmiration pour Georges St Pierre, dont jâai aimĂ© le livre Le Sens du combat car câest non seulement un trĂšs grand champion (et reconnu comme tel de maniĂšre assez unanime) mais aussi un combattant plutĂŽt quâun bastonneur :
Il nâa pas besoin de parader ou de rappeler tout le temps son palmarĂšs.
Mais cette introduction a beaucoup empiĂ©tĂ© sur le rĂ©cit des 24 heures du SamouraĂŻ, Ă©dition 2024. Je la crois nĂ©cessaire afin de donner une « conscience » Ă cette expĂ©rience des 24 heures du SamouraĂŻ. Afin de ne pas rĂ©sumer cette expĂ©rience Ă de la prouesse martiale ou physique. Mais je comprendrais que cette introduction soit vue comme la partie la plus ennuyante de lâarticle.
Je nâai pas fait beaucoup de recherches mais jâai lâimpression que les 24 heures du SamouraĂŻ sont actuellement un Ă©vĂ©nement unique en France. Sâil existe des stages ou des rencontres dâexperts ou de Maitres dâArts Martiaux en France et dans le monde, je crois que, seul, en France, lâĂ©vĂ©nement les 24 heures du SamouraĂŻ permet de rencontrer autant dâexperts et de Maitres dâArts martiaux et de pratiquer sous leur conduite dans ces conditions. Il sâagit donc dâune expĂ©rience unique et qui, pour, lâinstant, reste annuelle. Peut-ĂȘtre quâun jour, lâĂ©vĂ©nement deviendra-tâil semestriel. Car si les Arts martiaux dits traditionnels connaissent une dĂ©saffection grandissante, ils persistent et ont leur public. Et les 24 heures du SamouraĂŻ, dans la continuitĂ© du magazine Yashima, Ă nouveau proposĂ© Ă la vente lors de lâĂ©vĂ©nement, accueillent aussi dâautres pratiques martiales connotĂ©es comme « moins traditionnelles ».
Câest ainsi que, par exemple, cette annĂ©e comme lâannĂ©e derniĂšre, est intervenu un expert en Penchak Silat ( Alvin Guinanao cette annĂ©e, Ronan Datausse lâannĂ©e derniĂšre) . Ou quâun autre, David Pierre-Louis, expert en grappling et en Ju-jitsu brĂ©silien, assez proche de la sphĂšre MMA, Ă©tait intervenu lâannĂ©e derniĂšre.
Je ne serais pas du tout Ă©tonnĂ© si lâannĂ©e prochaine, intervenait (ce serait « bien ») Richard Douieb, rĂ©fĂ©rence du Krav Maga ou un reprĂ©sentant de cette discipline.
Jâaimerais aussi, que les 24 heures du SamouraĂŻ propose une ou deux expertes. Mais je me doute que les organisateurs de lâĂ©vĂ©nement sont bien plus au fait que moi de la difficultĂ© quâil y a Ă trouver une experte (ou deux) qui rĂ©ponde Ă leurs critĂšres dans un univers oĂč la plupart des experts sont encore plus souvent des hommes que des amazones.
Cette annĂ©e, chaque sĂ©ance a durĂ© deux heures au lieu dâune heure quinze lâannĂ©e derniĂšre.
Au « menu », nous avions Sensei Seisuke Adanyia, pratiquant du karatĂ© Shorinryu ; Sifu Didier Beddar pour le Kung Fu Wing Chun ; Alvin Guinanao pour le Penchak Silat, Raphael Couet pour le Hapkido ; Ludovic Rallo pour la Luta Livre ; Ben Boehli pour le Taekwondo ; Erwan Cloarec pour le Xingyiquan ; Nicolas Lorber pour le Shinjukai Karatedo ; LĂ©o Tamaki pour lâAĂŻkido et pour finir Romain Anselmo pour le karatĂ© Kyokushinkai.
Les 24 heures du SamouraĂŻ permettent de dĂ©couvrir des Maitres et des experts dont je nâavais jamais entendu parler. Sensei Seisuke Adanyia fait partie, pour moi, de ces « inconnus ». ArrivĂ© en retard, jâai assistĂ© Ă une partie de sa sĂ©ance et jây suis restĂ© Ă©tranger.
Mais jâai Ă©tĂ© marquĂ© par sa façon de souligner lâimportance de marcher dâune certaine façon dans la vie de tous les jours afin de pouvoir ĂȘtre prĂȘt en cas dâattaque.
AprĂšs avoir reconnu Virginie, lâassistante de Sifu Didier Beddar, cela mâa fait de lâeffet de voir celui-ci quelques mĂštres plus loin en train de faire des abdominaux, derriĂšre le grand rideau, quelques minutes avant son intervention. Câest ce que lâon appelle donner lâexemple.
Sifu Didier Beddar nous a donnĂ© une sĂ©ance oĂč jâai eu lâillusion, comparativement Ă lâannĂ©e derniĂšre, dâĂȘtre plus Ă lâaise.
Jâai eu lâimpression que le Kung Fu Wing Chun, câest dâabord une trĂšs bonne garde qui limite beaucoup la possibilitĂ© des coups de poing. Et, lĂ , on entre dans le sujet des systĂšmes. Chaque Art martial et chaque type de combat est un systĂšme. Un systĂšme de gestes, un systĂšme de pensĂ©es. Et le combattant, câest celui qui apprend Ă maitriser et Ă dĂ©velopper le mieux possible son propre systĂšme de combat afin de piĂ©ger dedans son adversaire. On le comprend facilement en regardant Sifu Didier Beddar nous faire ses dĂ©monstrations. Il fait penser Ă un marionnettiste. Et, Ă©videmment, la marionnette, câest la personne qui lui fait face.
Jâaimerais aussi voir comment ça se passe avec des attaques de jambe en Wing Chun. Je sais que Sifu Didier Beddar est aussi trĂšs fort en jambes.
Sâexprimant en Anglais, Alvin Guinanao a peut-ĂȘtre beaucoup parlĂ© et beaucoup fait dâhumour mais on a bien vu quâil avait son Penchak Silat chevillĂ© au corps.
Jâai aimĂ© chez lui, comme chez dâautres, le fait quâil ait sa perception personnelle de son systĂšme de combat. Il ne se contente pas de le rĂ©pliquer. Jâai aussi aimĂ© le fait quâil souligne que certaines postures de combat du Penchak Silat proviennent de certains modes de vie spĂ©cifiques Ă la culture du pays dâorigine du Penchak Silat : on peut adopter un style de combat particulier mais il faudra aussi assimiler quâil peut nous ĂȘtre impossible de bouger exactement comme certains de nos modĂšles. Notre corps et lâhistoire que nous avons avec lui nous offre certaines possibilitĂ©s que la pratique dâun Art martial (ou une autre discipline) peut nous permettre de dĂ©couvrir et de dĂ©velopper. Mais notre corps a aussi ses limites culturelles comme physiques.
Raphael Couet mâa fait un peu peur. Lorsquâil a nous dit, avec le sourire, de «taper dans la rotule ».
Bien quâil soit sympathique, ces deux heures avec lui ont Ă©tĂ© magistrales pour comprendre que le hapkido, ce nâest pas pour les rigolos. Je lâavais dĂ©jĂ saisi lâannĂ©e derniĂšre oĂč la sĂ©ance mâavait dĂ©jĂ beaucoup plu. Mais on Ă©tait ouvertement, comme dĂ©jĂ avec le Penchak Silat, dans un Art martial de destruction.
Si le Penchak Silat et le Hapkido me sont apparus comme des axes de destruction, la Luta Livre, avec Ludovic Rallo, elle, Ă©tait , finalement, assez proche du Kung Fu Wing Chun, pour cette façon de coller Ă lâadversaire, de le suivre et de le retourner. Alors quâau travers du Penchak Silat et du Hapkido, on cisaille, on casse, on fracasse et on percute, en luta Livre, on danse, on projette, on anesthĂ©sie et on finit par Ă©trangler, par immobiliser ou par casser une corde ou une articulation chez lâadversaire. FatiguĂ© bien qu’il ne soit que 21H30, j’ai assistĂ© Ă toute la sĂ©ance. La Luta Livre mâa fait penser Ă un mĂ©lange de Lutte de sumo, de judo, de ju-jitsu brĂ©silien. Ludovic Rallo mâa semblĂ© particuliĂšrement affĂ»tĂ© dâun point de vue gymnique.
DĂ©cidĂ©ment trop fatiguĂ©, jâai optĂ© pour aller me reposer une heure trente aprĂšs le dĂ©but -Ă minuit- de la sĂ©ance de Taekwondo de Ben Boehli. Mais jâai aimĂ© que celui-ci insiste pour que le travail se fasse en qualitĂ© sans recherche de la vitesse.
JâĂ©tais de retour pour lâintervention dâErwan Cloarec. Et trĂšs intriguĂ©. Auparavant, je mâĂ©tais douchĂ© et jâavais bĂ©nĂ©ficiĂ© de vingt minutes de shiatsu.
A 2h30 du matin, jâai beaucoup aimĂ© la simplicitĂ© dâErwan Cloarec, sa modestie, son humour et son autodĂ©rision. Alors que ce quâil nous a montrĂ© et fait pratiquer Ă©tait aussi ardu que le Tai Chi Chuan dĂ©montrĂ© lâannĂ©e derniĂšre par Sifu Didier Beddar.
A 5h du matin, je nâai pas Ă©tĂ© rĂ©ceptif au dĂ©but de la sĂ©ance de Nicolas Lorber. Et, comme je me sentais Ă nouveau fatiguĂ©, je suis reparti faire un tour dans mon sac de couchage pendant 1H30 Ă nouveau.
Je voulais ĂȘtre prĂ©sent pour lâintervention de LĂ©o Tamaki et je lâai Ă©tĂ©.
« La puissance vient de lâintĂ©rieur, lâimperceptible, vient des extrĂ©mitĂ©s ».
Il Ă©tait entre 7h30 et 9h30 quand jâai entendu cette phrase et lâon se serait presque cru dans un dĂ©bat tĂ©lĂ©visĂ© de lâĂ©mission Droit de rĂ©ponse avec Michel Polac. Je restitue ça avec humour mais cette remarque mâa beaucoup plu.
Jâai beaucoup aimĂ©, aussi, le fait que LĂ©o parle de « lâautre » ou de lâadversaire, comme dâune personne quâil ne faut pas dĂ©ranger et laisser dans son Ă©lan tout en sâeffaçant, pour, bien-sĂ»r, ensuite, le maitriser.
Câest encore LĂ©o, je crois, qui a parlĂ© de lâagresseur comme Ă©tant une proie. Cette inversion de pensĂ©e mâa aussi plu. De voir celle ou celui qui agresse comme Ă©tant la proie que lâon attend, finalement.
JâĂ©tais peu attirĂ© par le karatĂ© Kyokushinkai que je voyais surtout comme un karatĂ© trĂšs dur et jây suis vraiment allĂ© pour voir. Lors de lâĂ©vĂ©nement, jâavais discutĂ© avec un adepte de cette forme de karatĂ© qui ne croyait pas au combat au sol. Jâai compris que, pour lui, ĂȘtre au sol, signifiait ĂȘtre mort ou vaincu. Je nâai pas pensĂ© Ă lui parler des frĂšres Gracie.
Ce jeune pratiquant ( ceinture noire) sâest aussi montrĂ© Ă©tonnĂ© et admiratif devant le fait quâĂ mon Ăąge, bientĂŽt 56 ans, je me sois dĂ©cidĂ© Ă commencer le karatĂ© ( le karatĂ© Shotokan oĂč je suis ceinture jaune). Sa remarque mâa Ă©tonnĂ©. Un quart de siĂšcle nous sĂ©parait.
Je crois attacher moins dâimportance Ă ma ceinture jaune que certaines personnes qui la voient. Parce-que je ne cours pas aprĂšs la ceinture noire mais plutĂŽt aprĂšs lâexpĂ©rience. Ou, plutĂŽt, aprĂšs la conscience. Mais câest peut-ĂȘtre une excuse de vieux pour masquer sa diminution et sa faiblesse physique.
Il y avait dâautres quinquagĂ©naires dans le dojo. MĂȘme si la moyenne dâĂąge des pratiquantes et pratiquants devait se situer dans les 35-40 ans. Il y avait mĂȘme deux ou trois jeunes prĂ©-adolescents parmi nous.
Jâai Ă©tĂ© agrĂ©ablement surpris par la sĂ©ance de karatĂ© Kyokushinkai. Crier des KiaĂŻ et apprendre Ă donner des Low Kick un dimanche matin aprĂšs plusieurs heures de pratique martiale, je suis volontaire.
Les sĂ©ances de deux heures, entrecoupĂ©es de pauses de 15 Ă 30 minutes, ont rendu plus faciles, je crois, le fait de se reposer entre deux sĂ©ances, si on le souhaitait. Cependant, cela imposait aux intervenants de savoir maintenir lâintĂ©rĂȘt des participants. Pour cela, certains horaires Ă©taient plus dĂ©licats que dâautres. Mais jâai lâimpression que, dans lâensemble, les experts sont parvenus Ă faire oublier ces deux heures.
Pour le mental et pour ma santĂ© physique, les 24 heures du SamouraĂŻ mâont Ă©tĂ© bĂ©nĂ©fiques. Ils mâont permis de me faire une idĂ©e plus prĂ©cise de mon Ă©tat de santĂ© gĂ©nĂ©ral. Je nâai pas eu de problĂšme particulier. Jâai participĂ© Ă six interventions sur dix. Ce qui me convient. Je trouve que cela mâa bien prĂ©parĂ© pour le Masters Tour en Juillet. Jâai eu quelques discussions. Jâai Ă nouveau fait des photos.
Jâai aussi Ă nouveau beaucoup apprĂ©ciĂ© que lâon nous remette en arrivant ce sac qui contient une bouteille dâeau minĂ©rale de 1,5 litre, une pomme, une banane et une orange ainsi que le service restauration qui nous propose Ă un tarif trĂšs frĂ©quentable de quoi trĂšs bien manger.
Comme il est aussi trĂšs agrĂ©able de pouvoir rester dormir Ă lâintĂ©rieur du dojo, dans une partie dĂ©diĂ©e. Ou d’entendre le Paris Taiko Ensemble.
A l’image de lâannĂ©e derniĂšre, durant ces 24 heures, jâai choisi de rester dans le dojo pendant toute la durĂ©e de lâĂ©vĂ©nement et mon tĂ©lĂ©phone portable Ă©tait Ă©teint la plupart du temps.
La suite de cet article se fera en principe avec le Masters Tour de cet été et quelques uns des organisateurs et participants présents lors de ces 24 heures.
Dans ce diaporama, vous pourrez retrouver la plupart de ces photos avec d’autres ( bonus) que je n’ai pas pu insĂ©rer dans cet article.
Franck Unimon, vendredi 24 Mai 2024.