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Argenteuil En Concert

Rhizomes : Quartier GĂ©nĂ©ral en concert Ă  la Cave DimiĂšre d’Argenteuil

A gauche, Thomas Caillou, guitare Ă©lectrique. Au centre, LeĂŻla Mendez. DerriĂšre elle, Hatice Özer. Roland Merlinc, batterie. Yael Miller et ClĂ©mence Gabrielidis. Photo©Franck.Unimon

 

Rhizomes : Quartier GĂ©nĂ©ral en concert Ă  la cave DimiĂšre d’Argenteuil

Un mois plus tĂŽt, le 29 mars, le groupe Rhizomes est passĂ© en concert Ă  la cave DimiĂšre d’Argenteuil. Il s’était associĂ© Ă  cinq chanteuses originaires de GrĂšce, d’Italie, d’Espagne, de Kabylie, de Turquie et du Maroc. Le groupe Rhizomes Ă©tant dĂ©ja pourvu de deux chanteuses (et musiciennes) originaires d’IsraĂ«l et de Tunisie, cela a dĂ©bouchĂ© sur sept chanteuses.

L’ensemble s’est appelĂ© Quartier GĂ©nĂ©ral. Deux termes masculins qui portaient en leur sein des histoires fĂ©ministes et des souhaits d’un prĂ©sent plus apaisant. Il m’a fallu du temps pour choisir ces photos et les publier. Pour que, dĂ©sormais, Ă  leur tour,  elles puissent prendre le temps de vous  parler de ce concert.

Clémence Gabrielidis et Yael Miller, assises. Debout, Baptiste Germser, basse et bugle. Photo©Franck.Unimon
Clémence Gabrielidis et Yael Miller, assises. Roland Merlinc, batterie. Baptiste Germser, basse et bugle. Photo©Franck.Unimon

 

Clémence Gabrielidis et Leïla Mendez, assises. Roland Merlinc, batterie. Baptiste Germser, basse et bugle. Yael Miller aux claviers. Photo©Franck.Unimon

 

Oum, chant, et Thomas Caillou, guitare. Photo©Franck.Unimon

 

Oum et Leïla Mendez avec Thomas Caillou, guitare, et Roland Merlinc, batterie. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi, Oum, Hatice Özer et Donia Berriri. Photo©Franck.Unimon

 

Oum et Donia Berriri. Photo©Franck.Unimon

 

Leïla Mendez, Donia Berriri, Clémence Gabrielidis et Roland Merlinc, batterie. Photo©Franck.Unimon

 

Donia Berriri et Clémence Gabrielidis. Photo©Franck.Unimon

 

Donia Berriri et Clémence Gabrielidis. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi, Hatice Özer, Yael Miller, LeĂŻla Mendez, Donia Berriri, ClĂ©mence Gabrielidis. Photo©Franck.Unimon

 

Donia Berriri et Clémence Gabrielidis. Photo©Franck.Unimon

 

Donia Berriri. Photo©Franck.Unimon

 

Donia Berriri. Photo©Franck.Unimon

 

Hatice Özer. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi et Hatice Özer. Photo©Franck.Unimon

 

Oum, Bianca Iannuzi, Hatice Özer. Photo©Franck.Unimon

 

Oum et Bianca Iannuzi. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi et Hatice Özer. Photo©Franck.Unimon

 

Thomas Caillou, Donia Berriri, Hatice Özer, Roland Merlinc et ClĂ©mence Gabrielidis. Photo©Franck.Unimon

 

Hatice Özer et Roland Merlinc. Photo©Franck.Unimon

 

Hatice Özer et Roland Merlinc. Photo©Franck.Unimon

 

Hatice Özer. Photo©Franck.Unimon

 

Hatice özer. Photo©Franck.Unimon

 

Leïla Mendez et Roland Merlinc. Photo©Franck.Unimon

 

Yael Miller. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi, Hatice Özer et Thomas Caillou. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi et Hatice Özer. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi, Thomas Caillou, Donia Berriri, Hatice Özer et LeĂŻla Mendez. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi. Photo©Franck.Unimon

 

Thomas Caillou, Donia Berriri et Bianca Iannuzi. Photo©Franck.Unimon

 

Hatice Özer, ClĂ©mence Gabrielidis, Baptiste Germser et Yael Miller. Photo©Franck.Unimon

 

Thomas Caillou et Bianca Iannuzi. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi. Photo©Franck.Unimon

 

Thomas Caillou et Bianca Iannuzi. Photo©Franck.Unimon

 

Oum. Photo©Franck.Unimon

Franck Unimon, lundi 29 avril 2024. 

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En Concert Moon France

Ann O’aro au studio de l’ermitage ce 14 mars 2024

Ann O’aro, au studio de l’ermitage, ce jeudi 14 mars 2024. Paris. Photo©Franck.unimon.                                                                                                  

J’étais au travail ce jeudi 14 mars, lorsque, dans l’aprĂšs-midi, en le lisant quelque part, j’ai appris qu’Ann O’aro passait en concert le soir mĂȘme. A 20h30. Je finissais mon travail Ă  20 heures Ă  Paris prĂšs de la gare Montparnasse.

Si je souhaitais y aller, il me faudrait aller chercher mes appareils (photos) dans ma ville de banlieue, à Argenteuil. Pour mon blog, je ne pouvais pas me contenter de photos prises avec mon smartphone. Et, aprÚs le concert, je me réveillerais, comme ce jeudi, le lendemain matin un peu avant 5h30 afin de retourner au travail pour une journée de 12 heures.

Mais il y avait ce concert d’Ann O’aro dans quelques heures. Je l’avais dĂ©jĂ  « ratĂ©e » comme j’ai aussi ratĂ© les concerts de RenĂ© Lacaille ou de Rocio Marquez lorsqu’ils se sont prĂ©sentĂ©s. Je m’étais un peu rattrapĂ© la semaine prĂ©cĂ©dente avec le concert de Tricky Ă  l’Olympia ( voir Tricky Ă  l’Olympia ce 6 mars 2024). 

Quand une ou un artiste nous « parle » ou nous a parlĂ©, on part souvent du principe qu’autour de nous, tout le monde la connait ou le connait. En Ă©voquant Ann O’aro, je n’écoute pas de la musique secrĂšte ou que je mettrais en cachette.

 

Ann O’aro au studio de l’ermitage, ce jeudi 14 mars 2024. DerriĂšre elle, Teddy Doris, au trombone et au choeur. Photo©Franck.Unimon

J’ai commencĂ© Ă  la “connaĂźtre” par son premier album Ann O’aro sorti en 2018. J’avais publiĂ© un article dessus dans mon blog il y a environ quatre ans :

Ann O’Aro.

Ensuite, il y a eu l’album Longoz arrivĂ© en 2020 que j’ai moins Ă©coutĂ© pour le moment et avec lequel j’ai eu plus de mal.

Ce jeudi 14 mars, j’ai aussi appris qu’un troisiĂšme album venait de sortir (fin fĂ©vrier 2024). Il s’appelle Bleu. Ann O’Aro continue d’ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e par le label Cobalt dirigĂ© par Philippe Conrath.

Ann O’aro au studio de l’ermitage, ce 14 mars 2024. Photo©Franck.Unimon

« Ann O’aro ? Â»

C’est la question qu’a pu me poser, surpris, un de mes collĂšgues, rĂ©unionnais certifiĂ©, porteur de dreadlocks, la quarantaine, chanteur de Gospel et prĂ©cĂ©demment joueur de Reggae proche de la professionnalisation. Ce n’est donc pas un amateur ni un ignorant. Pourtant, il n’avait jamais entendu parler de Ann O’aro. Je lui ai orthographiĂ© son nom tel qu’elle l’a choisi Ă  «la CrĂ©ole ». Un nom que j’ai moi-mĂȘme encore du mal Ă  bien Ă©crire. Et, il m’a dit qu’il allait « regarder ».

La RĂ©union n’est pas mon pays. MĂȘme si, par la suite, j’ai rencontrĂ© ma compagne, rĂ©unionnaise, et que notre fille, nĂ©e en France ( encore trop petite pour certains des thĂšmes des chansons de Ann O’aro) a donc Ă©galement des origines rĂ©unionnaises.

La premiĂšre fois que je me rappelle avoir entendu du Maloya et son rythme ternaire, c’était dans la boite de nuit Le Manapany, dans les annĂ©es 90 oĂč, avec certains collĂšgues, nous Ă©tions plutĂŽt venus nous rapprocher (- je suis un Moon France mais voir aussi Tuer des noix de coco-)  de nos origines antillaises et des femmes au travers du Zouk.

Ensuite, j’ai voulu entendre un peu plus le Maloya dit traditionnel. Et, en particulier, sur ce qu’il peut avoir en commun avec le Gro-Ka et le Lewoz. Car j’essaie de m’inspirer Ă  ma mesure d’un des principes de mon artiste prĂ©fĂ©rĂ©, Miles Davis, qui disait aussi :

« Mon esprit n’est pas fermĂ© Â». ( “My mind is not shut”).

A la mĂ©diathĂšque, j’avais trouvĂ© les Cds d’artistes comme Firmin Viry, Danyel Waro et d’autres de la RĂ©union que j’ai essayĂ© d’écouter et de comprendre. J’ai pu voir Daniel Waro en concert lorsqu’il est passĂ© en concert Ă  Argenteuil il y a prĂšs d’une dizaine d’annĂ©es. Mon blog n’existait pas, alors. Je sais que Daniel Waro passe le 18 Mai au Cabaret Sauvage Ă  Paris. Maya Kamaty le 21 mars Ă  la Bellevilloise et Lindigo le 11 avril au Cabaret Sauvage.

 

«La musique, ça te permet un Ă©quilibre vu le mĂ©tier que tu fais » m’a dit quelqu’un rĂ©cemment. J’ai acquiescĂ© car il y a du vrai dans cette affirmation. Et, cela m’a permis d’Ă©luder.

Car l’équilibre est aussi une limite. Ainsi qu’une souriciĂšre. 

On peut ĂȘtre Ă©quilibrĂ© parce-que l’on est aussi trĂšs bien domestiquĂ©. On ne dĂ©range pas. On reste Ă  sa place. On subit. On accepte. On endure. On s’endurcit. On croupit. On se terre en soi et en silence.

Mais on ne vit pas. On reste derriĂšre des barrages. Ou on passe son temps Ă  attendre, emmitouflĂ©s dans nos mirages et parfois dans nos naufrages. Parfois, on s’auto-dĂ©truit en permanence, discrĂštement. De maniĂšre mĂ©thodique. Cathodique. Et Ă©quilibrĂ©e. Telles ces tours ou ces histoires dont les fondations et les Ă©manations explosent et s’affaissent, Ă©rigĂ©es, droites, et achĂšvent leur parcours pulvĂ©risĂ©es, tĂ©lĂ©visĂ©es, en Ă©tant toujours restĂ©es bien vissĂ©es sur place et fidĂšles au poste, tĂ©tant leur devoir et leur espoir en attendant une mue qui n’est jamais venue. D’elles,  on dira peut-ĂȘtre plus tard :

“C’Ă©tait une belle tour ( ou une belle histoire) Ă  l’origine. Dommage qu’elle soit devenue dĂ©suĂšte. Les temps ont changĂ©. Il a bien fallu s’en sĂ©parer. Qu’est-ce que tu veux ? C’est comme ça….”.

La musique, pour moi, ça reste de la vie. Ça surgit et ça permet d’aller au-delĂ  de nos limites. Les musiciens, les artistes ou les personnes qui nous « parlent », c’est quand mĂȘme assez souvent, celles et ceux qui nous « font » ça. Un des premiers pouvoirs de la musique, comme le feu partagĂ©, c’est de rassembler. Les forces, les volontĂ©s vers l’autre, vers l’ailleurs, vers l’inconnu mĂȘme si ce sont des souvenirs que l’on retrouve aussi.

La musique, pour moi, c’est aussi un bagage et un hĂ©ritage. C’est Ă  la fois les musiques que j’ai Ă©coutĂ©es par les pores de mes parents en France, pays, oĂč, contrairement Ă  moi, ils ne sont pas nĂ©s. Puis, celles de mon adolescence et de certaines amitiĂ©s quasi fraternelles, Ă  cette pĂ©riode de la vie oĂč l’on a plein de notes et plein de projets mais oĂč l’on manque d’audace, de confiance, de persĂ©vĂ©rance et de connaissances pour composer. Et oĂč l’on redoute plus les consĂ©quences de la matraque du jugement qu’on ne prĂ©voit les rĂ©ussites de nos tentatives.

Ann O’aro et Teddy Doris au studio de l’ermitage, ce jeudi 14 mars 2024. Photo©Franck.Unimon

On peut penser que je me contente de parler de moi. Je ne le crois pas. Je n’Ă©cris pas seulement pour moi. Mais aussi parce-qu’il le faut. Parce-que c’est mon tour du sort.

J’Ă©cris d’ailleurs cet article en rĂ©Ă©coutant le dernier album de Fally Ipupa, Formule 7. Et puis, on sait maintenant que, Ă©videmment, je suis allĂ© au concert d’Ann O’aro ce jeudi 14 mars 2024 au studio de l’ermitage, Ă  Paris. Les autres dates et les autres lieux de ses concerts prĂ©vus en 2024 ne m’ont pas laissĂ© d’autre choix.

Hormis ce concert du 14 à l’Ermitage, à Paris. Il restait possible de voir Ann O’aro sur scùne ailleurs en mars 2024 :

Le 17 Ă  Dunkerque. Le 19 Ă  Guyancourt. Le 21 Ă  Tourcoing. Le 23 Ă  Aubusson et le 26 Ă  Ljubliana, en SlovĂ©nie. Je serais bien allĂ© Ă  l’un de ces endroits mais pour des raisons pratiques, le plus simple, restait Paris.

Les dates de ses concerts mais aussi de ceux de DanyĂšl Waro sont aussi affichĂ©es sur le site du label Cobalt qui reprĂ©sente d’autres artistes rĂ©unionnais tels que Christine Salem, Zanmari BarĂ© et d’autres.

Ann O’aro, Teddy Doris, Brice Nauroy et Bino Waro au studio de l’ermitage, ce jeudi 14 mars 2024. Photo©Franck.Unimon

Je suis arrivĂ© au concert avec une bonne demie heure de retard avec ma place achetĂ©e en prĂ©vente sur internet : 15 euros et 50 centimes. Soit prĂšs de quatre fois moins que le concert de Tricky Ă  l’Olympia quelques jours plus tĂŽt. 

En entrant dans la salle de concert du studio de l’ermitage, Ann O’aro Ă©tait en train de chanter, accompagnĂ©e de ses musiciens :

Teddy Doris au trombone ; Bino Waro au roulĂšr, sati, pikĂšr, kayamn et Ă  la batterie et Brice Nauroy aux machines.

Le public Ă©tait posĂ©, majoritairement assis, trĂšs attentif. Il devait y avoir environ 200 personnes Ă  vue d’Ɠil (pour une capacitĂ© d’accueil de 250 personnes contre une capacitĂ© d’accueil de 4000 personnes pour l’Olympia).

L’ambiance et l’acoustique de la salle Ă©taient intimistes et trĂšs confortables. Je me suis tout de suite senti bien. J’ai aussitĂŽt tout effacĂ©. Les doutes. La recherche de la salle. La fatigue. Le trajet. Le retard. La routine. La chevrotine. La journĂ©e de travail le lendemain matin.

 

Voir Ann O’aro au studio de l’ermitage aprùs Tricky à l’Olympia ?

Ann O’aro et Teddy Doris, ce jeudi 14 mars au studio de l’ermitage. Photo©Franck.Unimon

Je me suis dit qu’ils Ă©taient proches tous les deux malgrĂ© ce que l’on pourrait estimer en prime abord. Tricky, “de” Bristol, plutĂŽt contrariĂ© par la notoriĂ©tĂ©, aimerait sans doute pouvoir se produire dans une salle comme le studio de l’ermitage. En Ă©coutant Ann O’aro, j’ai aussi pensĂ© Ă  la musicienne et compositrice bretonne Kristen NoguĂšs. 

Bien-sĂ»r, Ann O’aro existe par elle-mĂȘme et a ses propres inspirations et rĂ©fĂ©rences. Mais lorsque l’on est amateur de musique, on aime certaines fois imaginer que se rencontrent les ombres de certains artistes. Des rencontres entre des artistes qui ne se matĂ©rialisent jamais- ou parfois mal- par manque d’inspiration, d’Ă©poques ( Kristen NoguĂšs est morte depuis 2007) ou du fait d’une mauvaise entente et qu’il faut sans doute apprendre Ă  imaginer ou Ă  crĂ©er soi-mĂȘme.

Devant nous, nous avions peu Ă  imaginer. La voix d’Ann O’aro est trĂšs douce et forte. Elle s’empare de vous et chante comme un boxeur. Son chant part depuis ses pieds. Elle chante en emmenant tout son corps et en nous portant vers une…certaine tension Ă©motionnelle.

C’est ce que l’on appelle avoir une prĂ©sence. La prĂ©sence de celle qui s’approche et aussi de la sentinelle.

Je me suis dit qu’elle avait de quoi jouer dans un film ou au thĂ©Ăątre.

Ann O’aro et Teddy Doris, au studio de l’ermitage, ce 14 mars 2024. Photo©Franck.Unimon

Son humour et son aisance, y compris au piano qu’elle a dĂ©sormais ajoutĂ© Ă  son usage des sorts- les sorts de l’enfance- sont aussi dĂ©concertants qu’insaisissables. Je me suis un peu demandĂ© :

« Comment fait-elle ? Â».

On aurait presque dit que c’était nous qui Ă©tions Ă  un enterrement (peut-ĂȘtre le nĂŽtre) tandis que, elle, et ses musiciens s’amusaient bien parce qu’ils le voulaient. Tandis que nous, hĂ© bien, nous restions trĂšs polis et trĂšs guindĂ©s sans faire de bruit de peur de dĂ©ranger ou de tĂącher en sortant de notre rĂ©serve militaire.

Soit parce-que nous n’avions jamais appris Ă  remuer et Ă  tinter au son de la musique ou parce-que nous Ă©tions intimidĂ©s et captivĂ©s par ce que nous voyions et entendions devant nous :

Nous avions un peu « peur Â» d’interrompre la sĂ©ance d’hypnose. Ou nous n’osions pas moufter connaissant les sujets chargĂ©s qu’elle abordait sous les dĂ©guisements aiguisĂ©s de sa voix apaisĂ©e.

Mon excuse Ă©tait que je prenais des photos. Mais j’imagine facilement ce que la mĂȘme musique jouĂ©e ce jeudi soir peut entraĂźner ailleurs ou dans un Kabar ( ou kabarĂ©), lĂ  oĂč l’on s’autorise Ă  danser plus vite que la lumiĂšre ne pense.

Nous avons Ă©tĂ© des privilĂ©giĂ©s d’assister Ă  ce concert. J’ai Ă©tĂ© content, aprĂšs le concert, de pouvoir parler un peu Ă  Ann O’aro et de poser pour la photo avec elle et Philippe Conrath qui dirige le label Cobalt.

Avec Philippe Conrath et Ann O’aro Ă  la fin du concert au studio de l’ermitage, ce jeudi 14 mars 2024. Merci Ă  la personne qui nous a pris en photo avec mon appareil.

Ann O’aro chante aussi dans le groupe Lagon Noir lors du festival Banlieues Bleue au centre culturel Jean à la Courneuve le vendredi 29 mars 2024 à 20h30.

Ce jeudi soir, elle a superbement clos son concert en nous chantant son titre Valval rouz ( si je ne me trompe) un de ses titres acapella, prĂ©sent sur son premier album.  

 

Franck Unimon, ce dimanche 17 mars 2024.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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En Concert

Tricky Ă  l’Olympia ce 6 mars 2024

Tricky à l’Olympia ce 6 mars 2024

 

Tricky, les annĂ©es 1990 et 2000. Martina Topley-Bird, Massive Attack, le Trip Hop. Mais aussi PJ Harvey, Björk, Sly & Robbie
.Tricky a rencontrĂ© et jouĂ© avec bien d’autres artistes. Il a aussi figurĂ© dans quelques films tels que Le CinquiĂšme Ă©lĂ©ment de Luc Besson ou Clean d’Olivier Assayas.

C’est, grosso modo, toujours les mĂȘmes histoires que l’on raconte Ă  propos de Tricky, une espĂšce de prophĂšte de la musique nostalgique. Celui qui a perdu sa mĂšre trĂšs jeune. Celui qui est devenu Ă  nouveau orphelin (assez rĂ©cemment) mais cette fois de sa fille. Celui qui avait quittĂ© Massive Attack, sa cĂ©lĂ©britĂ©, sa puissance, sa sĂ©curitĂ©. Celui qui subsiste par lui-mĂȘme. Par la douleur et malgrĂ© elle.

Tricky Ă  l’Olympia, ce 6 mars 2024 avec Marta. Photo©Franck.Unimon

Celui qui lance ou se met en duo avec des chanteuses qu’il produit. L’homme fusible imprĂ©visible avec ses lubies et ses pensĂ©es. Ses toxicomanies. Son corps lĂ©sĂ©. TatouĂ© sans doute de la tĂȘte aux pieds et difficile Ă  amadouer. Difficile Ă  cerner et, sans doute, Ă  captiver. L’homme hantĂ© qui rĂŽde lĂ  oĂč trĂšs peu souhaiteraient se promener mĂȘme avec un ou une escorte.  

Durant toutes ces annĂ©es, j’ai ratĂ© Tricky ou suis passĂ© Ă  cĂŽtĂ© de lui. A part pour un concert gratuit lors de l’inauguration du centre culturel, le 104. Il y avait beaucoup de monde. On se bousculait. Les conditions sonores Ă©taient mauvaises. Je me rappelle de Tricky plutĂŽt seul sur scĂšne, assez peu concernĂ©, et trĂšs loin. Une prestation trĂšs frustrante.

Je n’avais pas persistĂ©.

J’avais d’autres artistes Ă  Ă©couter et Ă  regarder sur scĂšne. Je ne faisais pas de lui une prioritĂ©. Je trouvais Ă  sa musique des cĂŽtĂ©s inaboutis. On parlait de chef-d’Ɠuvre. J’avais l’impression qu’il y avait beaucoup pour que cela soit le cas mais qu’il y avait rĂ©guliĂšrement rupture lorsque cela se prĂ©cisait. Comme si Tricky arrachait le disque vinyle de la platine prĂ©cisĂ©ment au moment oĂč l’on commençait Ă  entrer dans le songe. Comme s’il jetait Ă  la poubelle toutes les piĂšces du puzzle que l’on avait presque terminĂ©. Et cela recommençait plusieurs fois de suite.

Tricky et Marta Ă  l’Olympia, ce 6 mars 2024. Photo©Franck.Unimon

La musique de Tricky n’est pas ceinturĂ©e ou cĂ©rĂ©brale comme peut l’ĂȘtre ou l’est devenue celle de Massive Attack ou de Björk.

Tricky pratique l’hĂ©morragie et les intubations difficiles :

« Seule, compte l’énergie ! ». A partir de lĂ , inutile de faire durer un morceau quatre, cinq minutes, Ă  coups de maquillage ou davantage. On n’est pas lĂ  pour se regarder le nombril ou pour se montrer. On est lĂ  pour faire de la musique et pour sentir ce qui se passe lorsque l’on presse son corps contre le sang chaud de quelqu’un.

Tricky avec Marta Ă  l’Olympia, ce 6 mars 2024. Photo©Franck.Unimon

 

Ce concert de Tricky, Ă  l’Olympia hier soir, j’ai appris qu’il allait avoir lieu quelques jours plus tĂŽt, par hasard. Tricky ne fait plus partie des musiciens dont on parle « beaucoup Â». DĂ©sormais ou encore, on parle beaucoup plus d’artistes comme BeyoncĂ©, Dua Lipa, Taylor Swift, Billie Eilish, Rihanna ou Rosalia si l’on veut parler d’artistes fĂ©minines dites « internationales Â». Ou, en France, j’imagine que d’autres seront davantage happĂ©s par le concert du rappeur Ninho au Stade de France
l’annĂ©e prochaine, le 2 Mai 2025. Ou par le concert du rappeur Kalash Ă  l’Olympia ( complet) ce 20 mars 2024.

J’ai hĂ©sitĂ© avant d’acheter cette place de concert. Je me suis demandĂ© si j’essayais de rattraper le temps perdu.  

Quatre jours avant le concert, j’ai croisĂ© une connaissance sur le quai de la gare d’Argenteuil alors que je partais Ă  l’anniversaire de Tu piges ?

Cette connaissance – un photographe professionnel rencontrĂ© lors d’un concert de Marc Ribot Ă  la Cave DimiĂšre, Ă  Argenteuil- m’a dit : 

“Tu me diras ce que ça a donnĂ©. Avec Tricky, on ne sait pas ce que ça va donner, un concert. Il est  caractĂ©riel…”.

Lui, aussi, avait le souvenir de ce concert donnĂ© au centre culturel, le 104. Il y Ă©tait aussi et bien placĂ©. Il connaissait les organisateurs de l’Ă©vĂ©nement. Son avis sur ce concert Ă©tait le mĂȘme que le mien : trĂšs mauvais son. Et trĂšs mauvais concert… de trente minutes. 

Mais j’Ă©tais confiant pour ce concert Ă  l’Olympia. Je connaissais mieux sa musique. Je l’aimais mieux. ( Hate This Pain un titre de Tricky ) Et, j’avais lu que Tricky Ă©tait content des bons retours concernant son album Maxinquaye Reincarnated sorti en octobre 2023. Un album que j’avais achetĂ© et Ă©coutĂ©.

« Colossal et jamais vu Â» est un des commentaires que l’on a pu lire dans le mĂ©tro Ă  propos de la deuxiĂšme partie du film Dune rĂ©alisĂ© par Denis Villeneuve et sorti la semaine derniĂšre. Un film dont on parlera sans doute beaucoup plus que du concert de Tricky hier soir et que je suis allĂ© voir le jour de sa sortie ( ce 28 fĂ©vrier 2024) dĂšs la premiĂšre sĂ©ance.

 

Tricky aurait eu sa place dans le film Dune.

 

Soit pour un rĂŽle, soit pour la composition musicale. Hier soir, Tricky nous a rappelĂ© que la musique, c’Ă©tait de la crĂ©ation. Et la possibilitĂ© de faire une expĂ©rience hors de notre conscience rituelle et de nos automatismes.

Pas du bling-bling. Pas de l’Ă©dulcorĂ©. 

J’avais fait le choix d’acheter une place en mezzanine pour assister Ă  ce concert de Tricky. Pour cela, j’ai payĂ© plus cher, 56 euros, afin d’ĂȘtre dans les meilleures conditions pour voir et entendre Tricky. RĂ©sultat : j’ai ratĂ© mes photos. Pour faire de bonnes photos, il ne faut pas ĂȘtre fainĂ©ant et rester assis trop loin de la scĂšne.

Et, pour bien photographier Tricky, il aurait fallu que je vienne plus tĂŽt. Bien plus tĂŽt. Car lorsque je suis arrivĂ© devant l’Olympia pour le concert, dix minutes avant le dĂ©but officiel du concert avec la premiĂšre partie, Dajak, je suis tombĂ© sur une queue pratiquement aussi longue que pour le concert des sƓurs Ibeyi.

Tricky a son public. Un public plutĂŽt blanc pratiquement aussi fĂ©minin que masculin. J’Ă©tais par exemple assis entre deux femmes venues ensemble et deux hommes venus aussi ensemble.

Il devait y avoir entre cinq à dix pour cent de noirs dans la salle au sein du public à ce que j’ai aperçu.

Devant l’Olympia, ce 6 mars 2024. AprĂšs le concert. Photo©Franck.Unimon

La moyenne d’ñge du public dans la salle tournait autour de la quarantaine-cinquantaine mĂȘme si j’ai pu voir deux adolescents venus vraisemblablement avec leur mĂšre.

Le public prĂ©sent connaissait Ă  l’évidence les « classiques » de Tricky. MĂȘme si le terme « classiques » lui  dĂ©plairait certainement : quand on l’écoute parler de sa musique, il se dĂ©fend de toute nostalgie. 

A l’image de son concert en janvier 2023 (que j’ai malheureusement dĂ©couvert sur le net )Ă  l’espace culturel Ground Control avec la chanteuse Marta, hier soir,  Ă  l’Olympia, celui-ci s’est dĂ©clarĂ© dans une forme de pĂ©nombre. Une intimitĂ© et une ambiance qui vont trĂšs bien avec sa musique. Une musique qui entre dans la syncope, le blues, la rĂ©pĂ©tition, la rugositĂ©, la vitalitĂ© punk et rock mais aussi une extrĂȘme douceur de par la voix de Marta.

En voyant Tricky sur scĂšne essayer de sortir de son corps, je me suis dit qu’il faisait une musique de Chamane. Un couple est parti en plein concert. Nous sommes restĂ©s.

 

Tricky, Ă  l’Olympia, ce 6 mars 2024. Photo©Franck.Unimon

Franck Unimon, ce jeudi 7 mars 2024.

Ps/bonus de ce vendredi 8 mars 2024 :

Dans sa sĂ©lection critique avant ce concert Ă  l’Olympia de Tricky, le journaliste Erwan Perron de TĂ©lĂ©rama TĂ©lĂ©rama numĂ©ro 3869 qui inclut le guide culturel TĂ©lĂ©rama Sortir du 6 mars au 12 mars 2024 ) avait Ă©crit :

” (….) On se souvient de l’avoir vu interprĂ©ter ce disque dans ce mĂȘme Olympia baignĂ© de lumiĂšres rouges. Il avait chantĂ© dos au public durant toute la durĂ©e du concert ! Trente ans plus tard, l’Anglais au nez cabossĂ© et Ă  la voix rocailleuse revient dans la plus cĂ©lĂšbre des salles parisiennes pour y chanter Ă  nouveau Maxinquaye ( 1995), son oeuvre la plus renversante et intense. Il en aurait rĂ©arrangĂ© six titres. Mais avec lui, on n’est jamais sĂ»r de rien….”.

Tricky n’a sans doute pas lu cet article. Mais si Erwan Perron Ă©tait comme moi dans la salle ce 6 mars 2024, il aura aussi vu Tricky interprĂ©ter ce titre de cette façon.

 

 

 

 

 

 

 

 

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PJ Harvey Ă  l’Olympia, octobre 2023

 

PJ Harvey, Ă  l’Olympia, Paris, ce 12 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon

PJ Harvey à l’Olympia, octobre 2023

PJ Harvey, c’est lors des annĂ©es 90 et 2000 qu’elle avait tout emballĂ©.  Je l’avais ratĂ©e au festival Rock En Seine entre 2003 et 2005 au parc de St Cloud. J’avais trop hĂ©sitĂ©.

Trente ans plus tard, ses deux dates pour l’Olympia ont Ă©tĂ© complĂštes. S’il y avait moins la queue pour son concert que pour celui des deux sƓurs Ibeyi, PJ Harvey a nĂ©anmoins son public.

Ce 12 octobre 2023, aprÚs le concert de PJ Harvey. Photo©Franck.Unimon

On a plutĂŽt la quarantaine voire la cinquantaine lorsque l’on vient voir PJ Harvey en concert et l’on est plutĂŽt blanc, aussi. C’est ce que je me dis subitement alors que je me trouve dans la salle oĂč, Ă  part les vigiles pour filtrer les entrĂ©es ou dans la salle pour assurer la sĂ©curitĂ©, je n’ai pas vu un seul noir dans le public.

Il y a aussi pas mal de femmes. De la trentaine Ă  la cinquantaine.

Bien plus que lorsque j’étais allĂ© dĂ©couvrir Joe Bonamassa grĂące Ă  Christophe Goffette et, qu’à cĂŽtĂ© de moi, dĂšs le dĂ©but du concert, un homme avait chaussĂ© ses lunettes noires et ostensiblement refusĂ© toute interaction avec moi. Nous n’étions pas du tout du mĂȘme bord. Lui, c’était un pur. Et, moi, je devais ressembler Ă  un artĂ©fact. Il Ă©tait peut-ĂȘtre aussi dans la salle, parmi les spectateurs, ce soir.

PJ Harvey, Ă  l’Olympia, ce 12 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon

A ce concert de PJ Harvey, je le sais, se trouvent aussi un ami, rencontrĂ© trente ans plus tĂŽt, et une de ses collĂšgues dont j’ai fait la connaissance un peu plus tĂŽt dans la journĂ©e. Avec eux, j’aurai un peu plus d’interactions car aucun des deux ne porte de lunettes noires.

Sans nous ĂȘtre consultĂ©s, tous les trois, nous avions pris notre place pour ce concert de PJ Harvey environ deux mois plus tĂŽt. Les places sont vite parties.

Les artistes, entre eux, ont souvent bien moins de frontiĂšres que celles et ceux qui les « suivent » et les Ă©coutent. C’est parce-que, progressivement, j’ai fait mien ce principe ou cette conduite de vie que j’ai Ă©tĂ© amenĂ©, il y a plusieurs annĂ©es, Ă  Ă©couter PJ Harvey. Tout en Ă©coutant du Zouk ( Jacob Desvarieux)  ou du Reggae ( En concert avec Hollie Cook au Trabendo).

Mon ami de trente ans, je le sais, n’écoute pas du tout du Zouk, du Kompa, de la Salsa ou du Reggae. Et encore moins du Dub :

( En concert avec Zentone Ă  la Maroquinerie) .

Pas mĂȘme du Funk. Lui, me (re)parlera de Franck Black (que j’ai eu la chance de voir un jour en concert et ce fut une trĂšs trĂšs belle performance), de John Zorn, de Roger Waters
 Des artistes que je peux aimer Ă©couter (Roger Waters) ou que j’ai essayĂ© d’entendre (John Zorn).

Sa collĂšgue, elle, aprĂšs le concert, me donnera envie en m’apprenant avoir vu Massive Attack avec Tricky en 2008. Ces derniers jours, j’ai beaucoup Ă©coutĂ© et rĂ©Ă©coutĂ© Tricky. J’ai cherchĂ© des nouvelles versions de ses titres. Mon ami n’écoute pas Tricky. Mais PJ Harvey avait fait un titre avec lui :

Broken homes.

AprĂšs le concert, cependant, la collĂšgue de mon ami me laissera un peu pantois lorsqu’elle citera les Artic Monkeys. Car elle n’a pas trop aimĂ© la prestation que nous avons vue de PJ Harvey. Elle a trouvĂ© les paroles trĂšs belles mais le son mauvais. Pour elle, on ne sentait pas assez les basses. Elle aurait voulu se sentir « transpercĂ©e Â» par les basses comme cela s’était fait lors du concert des Artic Monkeys ou de Massive Attack par exemple. Je connais les Artic Monkeys seulement de nom. D’aprĂšs mes prĂ©jugĂ©s, c’est une musique froide, « blanche Â», ça ne se danse pas. Je n’ai pas envie d’y aller. Mais je n’ai rien Ă©coutĂ© d’eux Ă  ce jour alors que je peux beaucoup aimer des titres de Cure, Joy Division, Depeche Mode, Soft Cell, Radiohead
.

 D’ailleurs, j’ai vu le film consacrĂ© Ă  Ian Curtis, leader du groupe Joy Division : Control rĂ©alisĂ© en 2007 par Anton Corbijn. J’ai aimĂ© le film mĂȘme s’il est dĂ©primant.

Et, Tricky, lui-mĂȘme, ou Massive Attack, ont assurĂ©ment puisĂ© aussi dans des inspirations qui ont pu ĂȘtre communes aux Artic Monkeys. On ne peut pas dire non plus que les compositions de Tricky et Massive Attack soient des inventions particuliĂšrement festives.

PJ Harvey, A l’Olympia, ce 12 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon

Mon ami, lui, pour nous redonner du tonus, aprĂšs le concert, nous dit :

« Je pense qu’on est venu la voir trop tard. Il aurait fallu la voir vingt ans plus tĂŽt Â».

Mon ami souligne aussi que la mise en scĂšne thĂ©Ăątrale de PJ Harvey ne l’a pas sĂ©duit. Il est vrai que, durant le concert, PJ Harvey a beaucoup posĂ© tout Ă  son rĂŽle ou aux histoires qu’elle nous a racontĂ©es dans ses chansons. Mais cela a Ă©tĂ© trĂšs pratique pour moi. Pour prendre des photos. Je n’ai peut-ĂȘtre jamais rĂ©ussi autant de photos en concert.

Nous avons vieilli. PJ Harvey, aussi. Mais nous le reprochons plus Ă  PJ Harvey qu’à nous-mĂȘmes. Toutefois, moi, qui ai moins bien compris les paroles de ses chansons que mon ami et sa collĂšgue, j’ai aimĂ© le concert. Jusqu’alors, je n’avais pas remarquĂ© le nombre de fois oĂč elle mentionne les mots « Amour Â» et  Â« JĂ©sus Â».  

Au plus prĂšs de la scĂšne afin de pouvoir faire mes photos, j’ai aimĂ© le dĂ©vouement de PJ Harvey. J’ignore si cela a toujours Ă©tĂ© comme ça mais nous savions que son concert commencerait Ă  20 heures piles comme annoncĂ© sur nos billets. Par ailleurs, des mesures ont Ă©tĂ© prises contre la revente des places de son concert au marchĂ© noir. Il vaut donc mieux avoir achetĂ© son entrĂ©e par les biais officiels. J’ai un peu oubliĂ© maintenant mais il me semble avoir payĂ© 55 euros pour ĂȘtre debout dans la fosse. Et, au dĂ©part, toutes les bonnes places prĂšs de la scĂšne m’ont semblĂ© dĂ©jĂ  prises.

PJ Harvey, ce 12 octobre 2023, Ă  l’Olympia. Photo©Franck.Unimon

La « prĂȘtresse du Rock Â» PJ Harvey (c’est ainsi qu’elle a Ă©tĂ© surnommĂ©e dans la presse pour ces concerts) a dĂ©veloppĂ© sa conscience du monde. J’ai lu ou appris qu’elle se prĂ©occupait de ce que nous faisions de notre planĂšte, de ce qui s’y passait. Devenue plus cĂ©rĂ©brale sans doute qu’à ses « dĂ©buts Â», comme Björk,  sa musique rentre moins dans le tas qu’avant. Et, il y a beaucoup moins de gravats aprĂšs les passages de sa voix et de sa guitare. Or, visiblement, c’est ce que un certain nombre d’entre nous attendaient.

PJ Harvey change d’ailleurs plusieurs fois de guitare. Il s’agit donc d’un instrument qui lui reste familier. Le public reste sage ou tout en dĂ©votion. Il s’anime d’emblĂ©e lorsque l’artiste entame certains de ses anciens « tubes Â» tels que Down by the water par lequel j’avais, je crois, entendu parler d’elle pour la premiĂšre fois dans un film de Laetitia Masson avec Sandrine Kiberlain. Alors que Laetitia Masson, dans les annĂ©es 90, Ă©tait une rĂ©alisatrice de films d’auteurs qui Ă©talonnait son Ă©poque.

PJ Harvey a aussi entonnĂ© Dress mais, si j’ai bien entendu, aucun titre de l’album Is it Desire ?

Je n’aurais pas dĂ» pouvoir prendre toutes ces photos au concert de PJ Harvey. MĂȘme si dans la salle, j’ai bien vu des personnes prendre des photos, ou filmer, y compris Ă  proximitĂ© d’un des vigiles, avec tout ce qu’il fallait pour bien zoomer, j’ai aussi vu une personne devoir dĂ©poser son appareil photo Ă  la consigne avant d’entrer dans la salle.

Je suis content ou trĂšs content de ces photos. Et, je m’en sers non pas pour me faire du fric sur le dos de l’artiste et de celles et ceux qui travaillent avec elle, mais afin d’avoir des photos originales, mes photos, et pour restituer aussi bien que possible cette expĂ©rience qu’a Ă©tĂ© pour moi ce concert ainsi que l’Ɠuvre d’une artiste. Avec autant de sincĂ©ritĂ© que possible ainsi qu’avec les moyens dont je dispose pour mon blog.

Pour le diaporama de photos que j’ai fait et qui arrive Ă  la fin de cet article, j’ai choisi des anciens titres de PJ Harvey. Cela lui dĂ©plairait peut-ĂȘtre. Mais je crois que cela devrait faire plaisir Ă  celles et ceux qui, comme moi, ont vieilli, et ont conservĂ© une partie de leur jeunesse et de leur vitalitĂ© dans les fĂ»ts et les refus de ces titres.

Franck Unimon, ce mercredi 1er novembre 2023.

 

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En Concert

Rosalia au festival LOLLAPALOOZA 2023

Rosalia au festival LOLLAPALOOZA, Ă  l’hippodrome de Longchamp, samedi 22 juillet 2023. Photo©Franck.Unimon

Rosalia au festival LOLLAPALOOZA 2023

 

Avant le concert de Rosalia, au festival LOLLAPALOOZA, hippodrome de Longchamp, samedi 22 juillet 2023. Photo©Franck.Unimon

On a plutĂŽt la vingtaine voire un petit peu moins lorsque l’on va voir Rosalia ce samedi 22 juillet 2023 au festival LOLLAPALOOZA Ă  l’hippodrome de Longchamp. Beaucoup de jeunes femmes. Des hommes eau. MĂȘme un homme en fauteuil roulant, poussĂ© par un de ses amis, a voulu traverser la foule pour ĂȘtre au plus prĂšs de la scĂšne. Un des agents de sĂ©curitĂ©, pĂ©dagogue, a su ĂȘtre convaincant :

 Â« Au moindre mouvement de foule, la premiĂšre personne Ă  se faire Ă©craser, ce sera vous Â».

Plus d’une heure avant le concert de Rosalia, toutes les bonnes places face Ă  la scĂšne sont prises. Elles l’étaient dĂšs le concert prĂ©cĂ©dent. J’ai essayĂ© de me faufiler comme j’ai pu. Je n’ai pas pu faire mieux que d’ĂȘtre sur le cĂŽtĂ© Ă  plus d’une vingtaine de mĂštres de lĂ  oĂč ça s’est « passĂ© ». Mais j’avais un grand Ă©cran au dessus de moi et mon matĂ©riel photo et audio. Ci-dessous, le titre Saoko :

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J’ai beaucoup hĂ©sitĂ© avant de venir Ă  ce concert de Rosalia. 89 euros la place pour la journĂ©e du festival ( contre 28 euros pour aller voir Oumou SangarĂ© rĂ©cemment. Voir Oumou SangarĂ© en concert) . Seule Rosalia me donnait envie de venir. Rosalia, dont le dernier album Motomami – que j’avais achetĂ© et Ă©coutĂ©- avait Ă©tĂ© adoubĂ© par la critique. Rosalia dont les vidĂ©os provocantes dĂ©ployaient une audace et une assurance en mĂȘme temps qu’un certain « contraste».

Rosalia, hippodrome de Longchamp, au festival LOLLAPALOOZA, samedi 22 juillet 2023. Photo©Franck.Unimon

Ici, la langue espagnole prend le dessus sur la langue anglaise. Rosalia se joue des tendances musicales.  Techno, kizomba, Flamenco, Reggaeton, la forme piano/voix ou d’autres allures d’AmĂ©rique latine peuvent ainsi cohabiter. Elle peut aussi trĂšs bien danser. On peut considĂ©rer qu’elle sait tout faire et avoir l’impression d’assister Ă  un renversement de modĂšle oĂč l’Espagne, pays « minorĂ© » sur la scĂšne musicale internationale, prend en quelque sorte sa revanche sur les pays anglo-saxons qui, au moins depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale environ, dominent le monde avec leurs artistes et leurs nĂ©vroses Rock. Ci-dessous, une autre vidĂ©o montrant Rosalia lors du festival LOLLAPALOOZA:

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AdĂ©mas (en outre), Rosalia est une femme sĂ©duisante, affirmĂ©e, indĂ©pendante et ouverte aux diffĂ©rents genres. On a donc le Jackpot. Une musique et une culture diffĂ©rentes. MĂȘme si, mĂȘme si, lorsque l’on y regarde bien, Rosalia, par certains aspects, et sĂ»rement malgrĂ© elle, colle Ă  l’image que l’on se fait d’une femme espagnole. Brune, ardente, virilement- presque brutalement- et fiĂšrement sensuelle.

Rosalia, ce samedi 22 juillet 2023. Photo©Franck.Unimon

Mais c’est toujours ça. Ne nous privons pas d’un bon moment d’autant que l’on a payĂ©- plutĂŽt cher- pour cela. Et marchĂ© aussi prĂšs de deux kilomĂštres au moins depuis l’endroit oĂč l’on a pu trouver oĂč se garer.

Il fait beau ce samedi et il s’agit du dernier concert de la tournĂ©e mondiale de Rosalia qui a Ă©tĂ© un trĂšs grand succĂšs. DĂ©sormais, Rosalia fait partie des grandes vedettes et cette prestation a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e comme l’évĂ©nement Ă  ne pas manquer. Son concert de dĂ©cembre dernier, Ă  Paris, a bien Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© « meilleur concert de l’annĂ©e Â». On n’a pas envie de rater des moments pareils.

 

DĂšs l’entrĂ©e sur scĂšne de Rosalia avec ses danseurs et le dĂ©but de son concert avec le titre Saoko, le public est happĂ© par la toile Rosalia. Laquelle a gardĂ© la main et la maitrise totale sur sa reprĂ©sentation. PassionnĂ©e et souriante, oui, mais pas liĂ©e Ă  l’approximatif.

Rosalia est trĂšs Ă  l’aise avec l’image et les technologies de communication moderne. Elle aime aussi beaucoup se voir mĂȘme si elle tourne cela aussi en dĂ©rision. Le public, lui, l’adore, et reprend plusieurs de ses paroles. Il se trouve bien un public hispanophone parmi nous mais d’autres se sont aussi visiblement mis Ă  l’Espagnol.

J’aurais prĂ©fĂ©rĂ© ĂȘtre plus prĂšs de la scĂšne, entendre des titres de quatre minutes ou plus, et y voir des « vrais Â» musiciens. Le festival, officiellement, entend proposer une alternative Ă  notre sociĂ©tĂ© d’argent en nous imposant un systĂšme de recharge. SystĂšme qui, d’aprĂšs mon expĂ©rience, expose surtout Ă  offrir au festival ce que l’on n’a pas pu dĂ©penser. Qu’est-ce que cela m’a agacĂ© par ailleurs de devoir me promener avec un gobelet en carton rempli d’eau simplement « pour des raisons de sĂ©curitĂ© Â». A moins de filouter, Il est devenu de plus en plus difficile de se trouver Ă  un concert avec une bouteille d’eau munie de son bouchon en plastique. Car trop d’artistes ont reçu des projectiles inopportuns lors de leur prestation.

Mais le spectacle valait le dĂ©placement. Et, lorsqu’ensuite, je me suis mis Ă  rĂ©Ă©couter l’album Motomami, j’ai su que cela m’avait vĂ©ritablement plu.

Rosalia, festival LOLLAPALOOZA 2023, hippodrome de Longchamp, samedi 22 juillet 2023. Photo©Franck.Unimon

Franck Unimon, ce lundi 2 octobre 2023.

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En Concert

Oumou Sangaré en concert

 

 

Oumou Sangaré, à la Villette, mercredi 6 septembre 2023. Photo©Franck.Unimon

Oumou Sangaré en concert à la Villette

 

AprĂšs En concert avec Hollie Cook au Trabendo, En concert avec Pongo Ă  la Cigale, ce vendredi 18 novembre 2022, Rosalia au festival LOLLAPALOOZA 2023, Me’Shell NdĂ©geocello au festival Jazz Ă  la Villette ce 1er septembre 2023, avant PJ Harvey (ce 12 octobre) et peut-ĂȘtre, un jour, Jorja Smith :

 

Oumou Sangaré.

 

Sa voix est un empire,  un jaillissement.  Ses chants sont des troncs sans artifices. Il est difficile pour moi, le citadin occidental handicapĂ©, qui a touchĂ© des bouts de l’Afrique seulement au travers de  musiques ou de films, d’en dire beaucoup sur Oumou SangarĂ© en Ă©vitant les erreurs. AprĂšs l’avoir entendue ou avoir entendu parler d’elle pendant des annĂ©es, c’était seulement la premiĂšre fois que je la voyais en concert. Oumou SangarĂ©, la fĂ©ministe « Quand je rencontre un homme intelligent, je me dis, ah, lui, sa maman l’a bien Ă©duquĂ© ! Â». Oumou SangarĂ©, l’optimiste, malgrĂ© les blessures « On va oublier ces petits problĂšmes Â». La voyageuse « Hier, on Ă©tait Ă  Lisbonne Â». Celle qui multiplie les projets avec d’autres artistes et les inspire (Cheikh LĂŽ, Tony Allen
.). Celle qui danse et qui fait de l’humour. Oumou SangarĂ© nous a prĂ©sentĂ© l’Afrique « traditionnelle Â», des siĂšcles et des villages, mais aussi l’Afrique moderne. 

 

Oumou Sangaré à la Villette, ce 6 septembre 2023. Photo©Franck.Unimon

Moins connue que les vedettes anglaises et amĂ©ricaines ( elle ne chante pas en Anglais et ne fait pas de strip tease) qui en Europe ou aux Etats-Unis monopolisent les grandes scĂšnes, c’est pourtant une diva qui Ă©tait prĂ©sente dans le 19Ăšmearrondissement de Paris, Ă  la Villette, ce mercredi 6 septembre 2023. Celles et ceux qui l’avaient prĂ©cĂ©dĂ©e ou qui Ă©taient avec elle sur scĂšne ne dĂ©pareillaient pas.

La Chica, Valentin et ThĂ©o Ceccaldi. Lors de la 1Ăšre partie du concert d’Oumou SangarĂ© ce 6 septembre 2023 Ă  la Villette. Photo©Franck.Unimon
Anna Majidson, lors de la 1Ăšre partie du concert d’Oumou SangarĂ© ce 6 septembre 2023. Photo©Franck.Unimon

 

De gauche à droite, Théo Ceccaldi, Valentin Ceccaldi, Emma Lamadji. Photo©Franck.Unimon
Sofiane Saidi, en premiĂšre partie du concert d’Oumou SangarĂ© ce 6 septembre 2023. Photo©Franck.Unimon
Emma Lamadji, lors de la 1Ăšre partie du concert d’Oumou SangarĂ©. Photo©Franck.Unimon
De gauche à droite : Sofiane Saidi, Théo Ceccaldi, Valentin Ceccaldi, Anne Majidson, Emma Lamadji, La Chica. Photo©Franck.Unimon

 

Abou Diarra, Kamalen’goni, lors du concert d’Oumou SangarĂ©. Photo©Franck.Unimon
Oumou Sangaré, Abou Diarra, au fond, Elise Blanchard, basse. Photo©Franck.Unimon
Au centre, Emma Lamadji, choeur, à droite, Kandy Guira, choeur. Au fond, Julien Pestre, guitare. Photo©Franck.Unimon
Oumou Sangaré et Julien Pestre, guitare. Photo©Franck.Unimon
Elise Blanchard, basse. Photo©Franck.Unimon
Abou Diarra, Kamalen’goni, Oumou SangarĂ©, Elise Blanchard, basse. Photo©Franck.Unimon
Emma Lamadji, Kandy Guira, choeurs. Photo©Franck.Unimon
Oumou Sangaré. Photo©Franck.Unimon
Oumou Sangaré. Photo©Franck.Unimon
Emma Lamadji et Kandy Guira. Photo©Franck.Unimon
Elise Blanchard, basse. Photo©Franck.Unimon
Oumou Sangaré. Photo©Franck.Unimon

Franck Unimon, ce samedi 30 septembre 2023.

 

 

 

 

 

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En Concert

Me’Shell NdĂ©geocello au festival Jazz Ă  la Villette ce 1er septembre 2023

 

Me’Shell en concert Ă  la Villette ce vendredi 1er septembre 2023 avec ses musiciens et son choriste. Photo©Franck.Unimon

Me’Shell NdĂ©geocello au festival Jazz  Ă  la Villette ce 1er septembre 2023.

 

« Elle est fatiguĂ©e et elle joue pour elle Â».

 

C’est tĂ©lĂ©phone Ă©teint, que je suis retournĂ© voir Me’Shell NdĂ©geocello. La premiĂšre fois, c’était aprĂšs son premier album, Plantation Lullabies, sorti en 1993. Et, ce vendredi 1er septembre 2023, je suis assis au premier rang (j’ai rĂ©cupĂ©rĂ© la place d’une personne partie un peu plus tĂŽt) quand, aprĂšs le concert, en sortant de la salle, deux hommes passent devant la scĂšne. Ce faisant, l’un des deux livre son opinion Ă  l’ami qui l’accompagne.

 

AprĂšs son premier album, Plantation Lullabies, Me’Shell (cela s’écrivait comme ça Ă  l’époque. Aujourd’hui, cela s’écrit Meshell)  Ă©tait passĂ©e Ă  l’ElysĂ©e Montmartre. J’étais allĂ© la voir seul, comme ce vendredi soir. Je ne voyais pas qui aurait pu venir assister Ă  ce concert avec moi.

Me’Shell, au festival Jazz Ă  la Villette ce vendredi 1er septembre 2023. Photo©Franck.Unimon

Me’Shell, c’est trente ans de carriĂšre ou plus. Me’Shell n’est pas

« connue Â».

Pour ce concert, j’ai lu qu’on la prĂ©sentait comme celle qui avait jouĂ© avec David Bowie ? On l’aura peut-ĂȘtre confondue avec quelqu’un d’autre. Peut-ĂȘtre avec la bassiste et chanteuse Gail Ann Dorsey que je connais moins bien et qui a pu ĂȘtre particuliĂšrement mĂ©diatisĂ©e aprĂšs la mort de David Bowie rĂ©cemment
.

Autrement, pour rendre Me’Shell NdĂ©geocello un peu plus familiĂšre, on dit aussi qu’elle a jouĂ© avec les Rolling Stones. Je n’ai pas vĂ©rifiĂ©.

Me’Shell, au festival Jazz de la villette, ce vendredi 1er septembre 2023. Photo©Franck.Unimon

J’ai bien davantage retenu que Me’Shell avait fait un trĂšs bon duo avec le bassiste, compositeur, arrangeur et producteur Marcus Miller (Rush Over). Je continue de me demander pourquoi leur collaboration s’est limitĂ©e Ă  un seul titre. Marcus Miller, depuis prĂšs de vingt ans maintenant, est devenu un trĂšs grand nom des festivals de Jazz. Il est dĂ©sormais en tĂȘte d’affiche au premier plan devant la scĂšne alors que, traditionnellement, le bassiste est plutĂŽt « derriĂšre Â».

 

Me’Shell n’a pas le pedigree de Marcus Miller mais elle a quand mĂȘme jouĂ© avec pas mal de musiciens qui comptent sur les Ă©toiles autant que sur leurs doigts pour faire de la musique. Elle a ainsi pu jouer avec Marc Ribot et Chocolate Genius. C’était aussi Ă  la Villette.

 

Je me suis aussi mis dans la tĂȘte que Oren Bloedow, sans pouvoir le certifier, l’un des membres du groupe Elysians Field avec Jennifer Charles, avait Ă©tĂ© un de ses guitaristes sur scĂšne lors d’un de ses concerts Ă  l’ElysĂ©e Montmartre ou Ă  la Cigale.

SinĂ©ad O’Connor, dĂ©cĂ©dĂ©e rĂ©cemment, a aussi chantĂ© sur un des disques de Me’Shell. Peut-ĂȘtre sur le disque hommage Ă  Nina Simone dont a Ă©tĂ© retrouvĂ© l’enregistrement d’un de ses concerts mĂ©morables dans les annĂ©es 60.

 

Il y a aussi eu le saxophone Jacques Schwarz-bart  qui a pu revendiquer, pour son premier album, d’avoir jouĂ© du Gwo-ka Jazz. Elle ( Me’Shell) avait aussi participĂ© au disque hommage Ă  Fela en reprenant le titre Gentleman qu’elle avait fait plus que fredonner.

Elle a aussi cĂŽtoyĂ© Ravi Coltrane, l’un des enfants de John Coltrane et Alice Coltrane. Ou collaborĂ© avec Anthony Joseph.

 

Me’Shell NdĂ©geocello aurait beaucoup aimĂ© pouvoir jouer avec Prince mais celui-ci, de son vivant, ne le lui a jamais permis.

 

Funk, Jazz, Soul, Punk Rock, Reggae, folk, Rap, chant, compositions, interprĂ©tations, et sans doute d’autres tempos, militante, Me’Shell NdĂ©geocello n’a eu peur de rien et celles et ceux qui aiment la musique le lui rendent bien.

 

J’ai dĂ» la voir quatre ou cinq fois en concert en incluant le concert de ce vendredi soir.

Me’Shell en concert au festival Jazz de la Villette, ce vendredi 1er septembre 2023. Photo©Franck.Unimon

J’écris ce dont je me souviens.

 

En rĂ©Ă©coutant plusieurs de ses titres tout en Ă©crivant cet article, je me dis qu’il y a trĂšs peu de bassistes, qui, comme elle, peuvent aussi bien varier du Funk ou du Jazz au Reggae sans que cela ne ressemble Ă  un pastiche. Lorsque, pour Miles, Marcus Miller avait composĂ© le titre Don’t Lose your mind sur l’album Tutu (c’était en 1986), je me rappelle d’un camarade de lycĂ©e, joueur et chanteur de Reggae, qui avait reconnu la rythmique du duo Sly Dunbar et Robbie Shakespeare. Cela m’avait fait drĂŽle de « voir Â» le grand Marcus Miller devenir en quelque sorte l’élĂšve de deux artistes Reggae incontestĂ©s ( Serge Gainsbourg les avait bien sollicitĂ©s pour ses albums Reggae).

 

Lorsque j’écoute la basse de Me’Shell sur ses titres Reggae, je l’entends, elle, et non Robbie Shakespeare, dĂ©cĂ©dĂ© il y a quelques mois, que j’ai pu et peux particuliĂšrement aimer Ă©couter avec le groupe Black Uhuru des MichaĂ«l Rose, Duckie Simpson et Puma Jones ou sur des titres Dub.

J’aime particuliĂšrement, par exemple, ce que fait Me’Shell sur le titre Forget my name, selon moi, un titre contre le fanatisme religieux. 

 

Mais Me’Shell n’est pas connue.

Me’Shell en concert au festival Jazz de la Villette, ce vendredi 1er septembre 2023. Photo©Franck.Unimon

Beaucoup moins connue que Depeche Mode, Sting et U2 ( elle est arrivée aprÚs eux).

Bien moins connue que les vedettes de ces dix Ă  quinze derniĂšres annĂ©es aux concerts ou festivals Ă  100 000 personnes ou davantage pour lesquelles il faut dĂ©bourser facilement plus de cinquante euros pour les voir en concert. Sans doute, doit-elle ĂȘtre situĂ©e aux cĂŽtĂ©s de SinĂ©ad O’Connor, dĂ©jĂ  citĂ©e, mais aussi de PJ Harvey ou Björk, des artistes qui se sont imposĂ©es Ă  partir des annĂ©es 90 et qui avaient d’autres quĂȘtes que la recherche de la cĂ©lĂ©britĂ©. 

 

Des quatre, aujourd’hui, il en reste trois. PJ Harvey passera bientĂŽt en Octobre Ă  l’Olympia pour deux dates qui ont Ă©tĂ© rapidement complĂštes. J’irai la voir pour la premiĂšre fois afin d’essayer de rattraper le fait de l’avoir ratĂ©e au festival Rock en Seine au dĂ©but des annĂ©es 2000 moyennant une place de concert aux alentours de 60 euros.

 

Björk, je l’ai « vue Â» plusieurs fois sur scĂšne depuis ses dĂ©buts. La derniĂšre fois Ă©tant cette annĂ©e oĂč elle avait clĂŽturĂ© le festival Rock en Seine (2007 ?) avec Declare Independance. Il y a plus de dix ans. C’était avant qu’elle (Björk) ne joue dans des salles Ă  cent euros la place en moyenne.

Me’Shell en concert au festival de Jazz Ă  la Villette, ce vendredi 1er septembre 2023. Photo©Franck.Unimon

Pour Me’Shell, ce vendredi 1er septembre 2023, aprĂšs au minimum trente ans de carriĂšre, la place assise et numĂ©rotĂ©e a coĂ»tĂ© 35 euros. C’est un peu plus que pour Oumou SangarĂ© que j’irai voir  ce 6 septembre, Ă©galement Ă  la Villette : 28 euros.

 

Oumou SangarĂ©, aussi, n’est pas trĂšs « connue Â».

 

« Elle est fatiguĂ©e et elle joue pour elle Â».

Me’Shell au festival de Jazz de la Villlette, ce vendredi 1er septembre 2023. Photo©Franck.Unimon

Il est indiscutable que depuis « You say that’s your boyfriend, funny, he wasn’t last night
.maybe he needed a little change, a switch
. Â», il y a trente ans, Me’Shell s’est assagie et a grossi. Elle n’est plus cette bitch garçon manquĂ© qui gouvernait le public et son groupe avec son allure et sa basse.

 

« Elle est fatiguĂ©e et elle joue pour elle Â».

MĂȘme assise comme elle l’a Ă©tĂ© ce vendredi durant tout le concert, mettez-lui une basse dans les mains, alignez Ă  cĂŽtĂ© une des vedettes actuelles avec le mĂȘme instrument et regardez ce qu’il en sort. J’ai aimĂ© voir l’artiste Rosalia au mois de juillet lors d’un festival Ă  l’hippodrome de Longchamp. Pour elle et cette date unique en rĂ©gion parisienne cette annĂ©e, j’ai finalement acceptĂ© de payer prĂšs de 90 euros.

Juste pour elle.

Si Rosalia maitrise tout ce qui a trait Ă  la mise en scĂšne et les technologies actuelles de communication, rĂ©seaux sociaux inclus, pour moi, entre elle et Me’Shell, il en est une des deux qui est bien plus musicienne que l’autre. Et une qui est plus plasticienne que la prĂ©cĂ©dente.

Me’Shell au festival de Jazz Ă  la Villette, ce vendredi 1er septembre 2023. Photo©Franck.Unimon

Ce vendredi, quand le bassiste, placĂ© derriĂšre Me’Shell, a commencĂ© Ă  lancer les premiĂšres notes de son titre Virgo prĂ©sent sur son dernier album The Omnichord Real Book, rejoint par une batterie afro-beat qui rappelle autant Fela que le batteur Tony Allen ( dĂ©cĂ©dĂ© durant la pandĂ©mie du Covid) je me suis dit qu’il lui fallait toujours trĂšs peu pour nous atteindre.

 

Me’Shell NdĂ©geocello fait partie de cette minoritĂ© d’artistes (musicaux ou autres) qui ont dĂ©cidĂ© de prendre beaucoup de risques pour vivre de leur Art et qui y sont parvenus, trente ans durant.

 

Rosalia n’a pas encore ces trente ans de carriùre.

Rosalia, Ă  l’hippodrome de Longchamp, cet Ă©tĂ©. Photo©Franck.Unimon

Il en est tant d’autres, artistes ou spectateurs que l’on ne voit pas et que l’on n’entend pas sur aucune scùne trente ans aprùs. A la Villette ou ailleurs. Il m’arrive d’ailleurs de regretter encore le Finley Quaye de Even after All .

 

On peut rater un concert. Cela reste moins grave que de rater sa vie.

Me’Shell au festival de Jazz Ă  la Villette, ce vendredi 1er septembre 2023. Photo©Franck.Unimon

Me’Shell a-t’elle jouĂ© pour elle, ce vendredi soir ? Me’Shell n’a plus envie de performance. Lorsqu’elle a chantĂ© en Anglais « Je suis reconnaissante d’avoir des yeux, je suis reconnaissante d’avoir des oreilles pour entendre Â», c’était sincĂšre. On peut la trouver mystique. Elle s’est bien convertie un moment Ă  la religion musulmane ou a semblĂ© en tout cas s’en rapprocher. Mais elle fait ce qu’elle peut afin de se dĂ©sabonner de l’ego.  Bien d’autres artistes, avant elle, sont passĂ©s par lĂ . Prince y compris, qui, un temps, ne voulait plus s’appeler Prince.

Alors que, nous, spectateurs, nous sommes nombreux à venir en concert afin de satisfaire ou de soigner notre ego. Souvent, nous repartons comme nous sommes venus et lorsque nous avons changé un peu, les effets de ce changement sont transitoires. Nous ne prenons pas beaucoup de risques à venir en spectateurs.

 

Il y avait sĂ»rement un cĂŽtĂ© « prĂȘche Â» dans l’attitude de Me’Shell  ce vendredi soir. Elle n’était pas lĂ  pour nous flatter et nous caresser le ventre avec sa basse. MĂȘme si elle est passĂ©e par I’m digging you like an old soul record ( un de ses titres les plus connus de son premier album, Plantation Lullabies ) mais aussi par Love Song ( titre qui a plusieurs variantes, dont une variante Reggae, sur son album Comfort Woman sorti en 2003).

Me’Shell au festival Jazz de la Villette, ce vendredi 1er septembre 2023. Photo©Franck.Unimon

Et, il faudra un moment mentionner, aussi, qu’elle a perdu ses parents. Elle les a d’ailleurs dessinĂ©s sur son dernier album. Un album sur lequel on peut d’ailleurs trouver certains de ces croquis un peu Ă  la façon de Miles sur son album Star People


Me’Shell au festival de Jazz Ă  la Villette, ce vendredi 1er septembre 2023. Photo©Franck.Unimon

 

Me’Shell NdĂ©geocello restera celle qui n’est pas trĂšs connue et qui fait partie de ces artistes Ă©vitant la cĂ©lĂ©britĂ©. En cela, on peut peut-ĂȘtre aussi la rapprocher de bien d’autres artistes.  Cependant hier soir, dans la salle, on a pu voir quelques enfants d’une dizaine d’annĂ©es, des jeunes d’une vingtaine d’annĂ©es ainsi que des personnes, noires et blanches, d’une cinquantaine ou d’une bonne soixantaine d’annĂ©es. Il y avait des Français mais aussi, Ă  l’oreille, des AmĂ©ricains. On doit sans doute penser qu’une grande majoritĂ© de ce public Ă©tait venue Ă©couter de la musique de « vieux Â» car, aujourd’hui, ce que joue Me’Shell est en dehors de certains codes de cette musique-spectacle qui marche :

 

Aucune chorĂ©graphie en forme de fesse, principalement des musiciens sur scĂšne avec leurs instruments, pas de Rap ou de Reggaeton, pas d’autotune. Tout cela est d’un ringard car, selon certains critĂšres, ce concert aurait donc Ă©tĂ© une sorte de « troisiĂšme Ăąge Â» de la musique. Et, Me’Shell, pourtant novatrice, serait donc une artiste dĂ©passĂ©e et nous aussi qui sommes venus ou revenus l’écouter. MĂȘme si, cachĂ©s ou non, il doit bien y avoir des artistes qui marchent trĂšs bien actuellement, depuis des annĂ©es (ou plus tard) qui connaissent leur Me’Shell par cƓur.

 

Bien-sĂ»r, j’aurais prĂ©fĂ©rĂ© un autre concert de Me’Shell d’autant que j’ai l’impression que l’acoustique de la philarmonie est un peu un filet de pĂȘche qui empĂȘche la musique de passer. Mais on mesure la rĂ©ussite d’un concert au fait qu’en rentrant chez soi, on aime ensuite rĂ©Ă©couter les titres de l’artiste que l’on a vu (e) sur scĂšne. Si ce vendredi soir, dans le train du retour, j’ai Ă©coutĂ© Crash Landing et Come down hard on me de Jimi Hendrix suivi du Botanical Roots de Black Uhuru, alors que j’écris cet article aujourd’hui, je ne me fatigue pas de rĂ©entendre un certain nombre des titres de Me’shell.

 

Franck Unimon, ce mardi  5 septembre 2023.

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En Concert

Rodolphe Burger, Sofiane Saïdi et Mehdi Haddab en concert au New Morning ce 15 décembre 2022

Rodolphe Burger avec Sofiane Saïdi et Mehdi Haddab au New Morning ce 15 décembre 2022

Sofiane SaĂŻdi, Rodolphe Burger et Mehdi Haddab au New Morning, ce 15 dĂ©cembre 2022 Ă  la fin du concert. Photo©Franck.Unimon

 

La musique et ses artistes. Nos choix, nos mesures. Ceux que l’on a retenus, ceux qui nous ont laissĂ© leur morsure et d’autres, leur monture. Je reste inconsolĂ©, dĂ©sormais, chaque fois que je repense Ă  Finley Quaye qui avait tout pour lui et qui a tout perdu Ă  la fin des annĂ©es 90 :

Le charme, le toucher de guitare Jazz,  la « soul Â», le Reggae, l’électronique, la voix, la chaleur, la crĂ©dibilitĂ©, la cĂ©lĂ©britĂ© Ă  moins de 25 ans aux cĂŽtĂ©s de piliers comme Massive Attack, Tricky, Portishead, Björk. Björk dont, dĂ©sormais, le montant des places de concert,  ressemble Ă  celui de certains restaurants luxueux que seules peuvent s’offrir des personnes aisĂ©es et mondaines qui vont se faire « Un Björk Â» comme on va « se faire un Picasso Â» ou des fans prĂȘts Ă  se mettre Ă  dĂ©couvert et Ă  endetter leur descendance sur trois gĂ©nĂ©rations pour rester fidĂšles Ă  « leur Â» artiste.

Finley Quaye ne connaĂźtra pas ça. Cette vie de star Ă©tait peut-ĂȘtre trop dure pour lui. Et, il n’est pas le seul Ă  qui cela est arrivĂ© et Ă  qui cela arrivera.

Cela n’arrivera pas ou ne devrait pas arriver Ă  Rodolphe Burger, Sofiane SaĂŻdi et Mehdi Haddab. Des trois, et il faudra m’excuser pour cela, le premier est celui que je connais le « mieux Â». MĂȘme si c’est peu, je ne compte pas m’inventer un Savoir artificiel pour parler d’eux.

Mehdi Haddab, Ă  droite, la main sur son oud, Rodolphe Burger au milieu, puis Sofiane SaĂŻdi au New Morning, ce 15 dĂ©cembre 2022 Ă  la fin du concert. Photo©Franck.Unimon

Mehdi Haddab, je sais qu’il a jouĂ© avec Smadj, qu’il a Ă©lectrifiĂ© son Oud dont il est l’un des plus grand maitres actuels depuis une bonne vingtaine d’annĂ©es. J’ai lu qu’aprĂšs avoir d’abord Ă©tĂ© guitariste rock qu’il avait ensuite appris Ă  jouer de son instrument avec les plus grands Maitres. En particulier, en Egypte. En cela, mĂȘme si son parcours est Ă©videmment singulier et personnel, il peut rappeler l’Anglaise Susheela Raman, lorsque celle-ci Ă©tait partie perfectionner son chant en Inde avant de se faire connaĂźtre internationalement.

 

Mehdi Haddab, franco-algĂ©rien, avant d’ĂȘtre un trĂšs grand musicien, a Ă©tĂ© un trĂšs grand cosmopolite. Sur le net, je suis tombĂ© sur une interview de lui (datĂ©e de 2016) par la journaliste Anne Berthod pour TĂ©lĂ©rama.  Ses propos concernant un concert de m’balax « pur et dur, hardcore, musicalement trĂšs Ă©levĂ© Â» de Pape Diouf au Thiossane, commencĂ© Ă  2 heures du matin pour se terminer Ă  6 heures, m’ont donnĂ© envie d’ĂȘtre avec lui Ă  ce moment-lĂ . Mais, pour cela, encore faut-il ĂȘtre prĂȘt Ă  voyager par la musique Ă  deux heures du matin en pays Ă©tranger.

Sofiane SaĂŻdi et Mehdi Haddab au New Morning, ce 15 dĂ©cembre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Nos rencontres et nos soirĂ©es, tant que l’on en connaĂźt, nous permettent de nous dispenser de ce genre de dĂ©calage horaire comme de ce genre de trajet Ă  forte valeur ajoutĂ©e kilomĂ©trique, ou, au contraire, Ă  les rechercher. Typiquement, ces rencontres et ces soirĂ©es Ă  forte tendance musicale correspondent Ă  cette pĂ©riode grosso modo situĂ©e entre nos premiĂšres bouffĂ©es de chaleur dues Ă  la prĂ©adolescence jusqu’ Ă  leurs effets ou conclusions couronnĂ©es ou non de succĂšs au dĂ©but de l’ñge adulte. Un Ăąge adulte qui varie encore selon les individus mais qui dĂ©bouche quand mĂȘme Ă  peu prĂšs toujours et sensiblement sur la mĂȘme espĂšce de conclusions. Celles-ci consistent gĂ©nĂ©ralement Ă  se retrouver dans le monde du travail, aprĂšs avoir connu si possible quelques accouplements uniques ou rĂ©pĂ©tĂ©s plus ou moins satisfaisants, plus ou moins secondaires, avec ou sans progĂ©niture active, mais avec de la fatigue, quelques kilos et du ventre en trop. Et, aussi,  pour certaines et certains, en ayant « attrapĂ© Â» des addictions au passage.   

 

PassĂ© ce cap oĂč l’on sort le soir comme l’ensemble des personnes de notre entourage et d’à peu prĂšs notre Ăąge, il reste un noyau dur. Tant du cĂŽtĂ© des artistes que du cĂŽtĂ© de celles et ceux qui viennent les voir et les Ă©couter. Celui pour lequel, la musique reste une matiĂšre indispensable. Pour laquelle, on acceptera de continuer de se dĂ©placer qu’il s’agisse dans un festival, un concert ou, simplement, une mĂ©diathĂšque ou un fournisseur physique ou numĂ©rique d’accĂšs Ă  la musique.

 

Rodolphe Burger, Sofiane Saïdi et Mehdi Haddab sont des artistes et des personnes pour lesquelles la musique est une matiùre indispensable. Il ne s’agit pas d’une mode pour eux.

 

Sofiane SaĂŻdi au premier plan au New Morning, ce 15 dĂ©cembre 2022. En arriĂšre plan, Mehdi Haddab. Photo©Franck.Unimon

Sofiane SaĂŻdi, AlgĂ©rien, je l’ai dĂ©couvert ce 15 dĂ©cembre sur scĂšne. Mehdi Haddab, je l’avais mĂȘme croisĂ© sur scĂšne en faisant partie des figurants d’une piĂšce de thĂ©Ăątre Ă  laquelle il participait en tant que musicien au Figuier blanc, Ă  Argenteuil. Une version modernisĂ©e d’Othello avec le rappeur Disiz la Peste dans le rĂŽle d’Othello, mais aussi avec l’acteur Denis Lavant et la musicienne Sapho et d’autres comĂ©diens et danseurs. Mais Sofiane SaĂŻdi, inconnu pour moi. Sur scĂšne, au New Morning, ce 15 dĂ©cembre, c’est lui qui rappellera la grande Cheikha Rimitti mais aussi que des personnes sont mortes en AlgĂ©rie pour s’ĂȘtre exprimĂ©es au travers du RaĂŻ. Et, leur premiĂšre partie, dont j’ai oubliĂ© le prĂ©nom et le nom, lui, rappellera Rachid Taha.

 

Rodolphe Burger, voix et guitare, c’est d’abord un Alsacien. Mais aussi le meneur ou l’un des meneurs du groupe Kat Onoma. C’est comme ça que j’avais entendu parler de Rodolphe Burger, la premiĂšre fois. Dans les annĂ©es 90-2000. Le titre Scie Ă©lectrique m’avait particuliĂšrement attirĂ©. Rodolphe Burger ne chante pas tout Ă  fait. Il « parle-chante Â» Ă  la façon d’un Alain Bashung (ou d’un Serge Gainsbourg sans les excĂšs de langage) que j’écoutais davantage dans les annĂ©es 90-2000 et que j’étais allĂ© voir en concert.

Rodolphe Burger au New Morning, ce 15 dĂ©cembre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Je n’avais pas trop Ă©coutĂ© les paroles chantĂ©es-parlĂ©es par Burger. C’était la musique, principalement, qui avait occupĂ© mon attention. AprĂšs cet album intitulĂ© Kat Onoma, je n’avais pas essayĂ© d’en savoir plus sur Rodolphe Burger.

 

Puis, j’ai Ă©tĂ© surpris de tomber sur lui dans un des films de Rabah Ameur-ZaĂŻmeche, un rĂ©alisateur dont j’ai vu la plupart des films au cinĂ©ma. Il devait s’agir du film Dernier maquis (2008) ou Les Chants de mandrin (2012). On y voyait Rodolphe Burger jouer seul de la guitare en plein dĂ©sert. Un peu Ă  la façon du titre White dans l’album Aura de Miles Davis.

 

MalgrĂ© cette surprise, je n’ai pas Ă©tĂ© plus curieux que ça envers Rodolphe Burger.

 

Jusqu’à l’annĂ©e derniĂšre.

Rodolphe Burger au New Morning, ce 15 dĂ©cembre 2022. Photo©Franck.Unimon

J’ai oubliĂ© ce qui s’est passĂ©. La radio n’y est pour rien. Pas plus qu’un Ă©ventuel « tube Â» de Rodolphe Burger. Par contre, il y a quelques mois, j’ai empruntĂ© l’album Before Bach qui date de 2004 dans lequel Rodolphe Burger, Erik Marchand, le chanteur breton et
Mehdi Haddab jouent ensemble sur plusieurs titres pour ne pas dire tous les titres de l’album.

Mehdi Haddab au centre, et Rodolphe Burger au New Morning ce 15 dĂ©cembre 2022. Photo©Franck.Unimon

Il suffit d’une circonstance, d’une rencontre, d’une soirĂ©e ou d’un titre pour qu’ensuite tout s’enclenche. Ce peut donc ĂȘtre cet album oĂč le fait d’avoir vu une photo en noir en blanc de la musicienne Sarah Murcia, au Triton, aux Lilas, l’annĂ©e derniĂšre, puis d’avoir dĂ©couvert ensuite sa reprise avec Rodolphe Burger du titre Billie Jean de MichaĂ«l Jackson qui m’a « rattrapĂ© Â».

 

Aujourd’hui, avec ses cheveux blancs, sa longĂ©vitĂ©, ses diverses traversĂ©es de par le monde, et son absence voire son silence dans les mĂ©dia qui font le buzz, je vois Rodolphe Burger comme une sorte d’Eric Tabarly. Un Tabarly qui continue de multiplier les projets sur les divers ocĂ©ans de la musique. Sa musique n’est pas gentille. MĂȘme si elle peut ĂȘtre douce et mĂ©ditative, ou drĂŽle et absurde, elle laisse aussi fermenter ses rĂ©cifs qui se dirigent droit sur nous alors que l’on ne s’y attend pas.  

 

Quitte Ă  me contredire sur la « gentillesse Â», je vous invite aussi Ă  Ă©couter l’album Environs sorti en 2020. Pour l’instant, Lost & Looking (avec Sarah Murcia)  et La Chambre (avec Christophe et Philippe Poirier)  y sont mes titres prĂ©fĂ©rĂ©s.  

Sofiane SaĂŻdi et Mehdi Haddab au New Morning, ce 15 dĂ©cembre 2022. Photo©Franck.Unimon

Il eut Ă©tĂ© regrettable de rater ce concert du 15 dĂ©cembre au New Morning. Lequel Ă©tait complet. PlutĂŽt majoritairement masculin, d’une moyenne d’ñge de 40-45 ans, il se trouvait un public fĂ©minin bien prĂ©sent. Les trois artistes ont vraisemblablement attirĂ© leurs publics conjoints et respectifs. La place de concert a coĂ»tĂ© 40 euros.

Franck Unimon, ce mardi 17 janvier 2023.

 

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En Concert

En concert avec Pongo Ă  la Cigale, ce vendredi 18 novembre 2022

Pongo, Ă  la Cigale, ce vendredi 18 novembre 2022. Photo©Franck.Unimon

En concert avec Pongo Ă  la Cigale ce vendredi 18 novembre 2022.

 

 

Pongo m’était encore inconnue cet Ă©tĂ©. Dans mon entourage, personne ne la connaĂźt. Cela a Ă©tĂ© pareil lorsque j’ai parlĂ© rĂ©cemment de l’humoriste Tania Dutel ( que j’ai envie d’aller revoir) ou de Hollie Cook. Trois femmes, chacune d’une trentaine d’annĂ©es, plutĂŽt Ă©mancipĂ©es. Je ne l’ai pas fait exprĂšs.

 

Si Pongo est angolaise, Tania Dutel est française ( L’humoriste Tania Dutel sur scĂšne Ă  la Nouvelle Eve)  et Hollie Cook ( En concert avec Hollie Cook au Trabendo), elle, Anglaise.

 

C’est en Ă©coutant le podcast Musicaline d’une poignĂ©e de minutes, il y a environ deux mois, que j’ai « dĂ©couvert Â»  Pongo. La journaliste racontait qu’à l’ñge de 15 ans, Pongo avait fait un tube mondial, Wegue Wegue pour la FIFA. Mais son nom n’avait pas Ă©tĂ© crĂ©ditĂ©. J’ai Ă©coutĂ© Wegue Wegue, tout Ă  l’heure, le titre ne stimule pas ma mĂ©moire. Il y a 15 ans, nous Ă©tions en 2007.

 

AprĂšs Wegue Wegue, durant une quinzaine d’annĂ©es, Pongo a vĂ©cu de petits boulots afin de subvenir aux besoins de ses sƓurs. ( Selon wikipĂ©dia, Pongo et sa famille auraient fui la guerre civile en Angola en venant vivre au Portugal. Cependant, quelques annĂ©es aprĂšs leur arrivĂ©e, son pĂšre aurait abandonnĂ© le foyer. Si cela est avĂ©rĂ©, je l’ignorais lors du concert Ă  la Cigale hier soir)

 

Un jour, Pongo s’est entendue chanter Ă  la radio pour le titre Wegue Wegue.  Cela l’aurait dĂ©cidĂ©e Ă  se remettre dans la musique.

 

Dans ce podcast datĂ© du 31 mars 2022 oĂč Pongo Ă©tait surnommĂ©e La GuerriĂšre du Kuduro, la journaliste louait son Ă©nergie ainsi que ses dansants mĂ©langes musicaux.

Kuduro, le Semba ( musique angolaise), Zouk, Rap, Afrobeat, Dance Hall jamaĂŻcain
 quelques extraits de titres de Pongo avaient suivi :

 

Wegue Wegue, Bruxos, Doudou, Hey Linda


 

La journaliste disait que Pongo Ă©tait capable de faire « trois fois le tour du monde Â» dans une seule chanson.

 

Quelques jours plus tard, j’achetais son album, sorti cette annĂ©e : Sakidila.  

 

Je l’ai tout de suite aimĂ©. Cela fait quelques annĂ©es, maintenant, que le Kuduro a jailli. Et, mĂȘme s’il a pu m’arriver de le cĂŽtoyer, je n’avais jamais pris le temps de l’écouter de prĂšs.

 

La musique de Pongo ne se cantonne pas au Kuduro. Puisqu’il y est question de mĂ©langes. Mais son album me permet de m’y rendre en partie. MĂȘme si, au dĂ©part, en l’entendant chanter, je l’ai crue NigĂ©riane car j’avais cru reconnaĂźtre l’Afrobeat de Fela pour la façon de chanter mais aussi une certaine agressivitĂ© dans le rythme. Si la musique de Hollie Cook berce, celle de Pongo, perce.  

Pongo, Ă  la Cigale, ce vendredi 18 novembre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

J’étais allĂ© seul aux concerts de Zentone ( En concert avec Zentone Ă  la Maroquinerie) et de Hollie Cook. Ce vendredi, j’ai invitĂ© deux amies, Zara et Tu piges ?! ou Tu Piges ?! et Zara Ă  venir avec moi.

Deux Ă  trois semaines plus tĂŽt, Tu Piges ?! et un autre ami, Radio Langue de Pute, m’avaient expliquĂ© qu’ils avaient pour habitude de partir Ă  trois en concert avec une autre amie. Et qu’à tour de rĂŽle, chacun faisait dĂ©couvrir aux deux autres un artiste.

 

L’idĂ©e m’avait plu. Je l’ai assez rapidement mise en pratique avec le concert de Pongo. Car Ă  trop attendre, certains projets ne se font pas. La preuve :

Comme j’avais un peu trop traĂźnĂ© pour acheter les places, il n’y en n’avait plus lorsque je me suis prĂ©sentĂ© dans cette chaine de magasins plus que connue pour vendre des produits culturels. Deux semaines avant le concert.

 

Je parle de cette chaine de magasins trĂšs connue qui ouvre aussi dĂ©sormais le dimanche et qui figurait, lors du confinement dĂ» Ă  la pandĂ©mie du Covid, sur la liste des commerces essentiels. Tandis que les salles de concert, de thĂ©Ăątre, les salles de cinĂ©ma, les bibliothĂšques et les mĂ©diathĂšques municipales, les musĂ©es et les Ă©coles avaient dĂ» rester fermĂ©es pour raisons sanitaires ou nĂ©cessiter la prĂ©sentation d’un passe sanitaire valide.

 

Je fais allusion Ă  cette chaine de magasins qui vend aussi, maintenant, des produits Ă©lectromĂ©nagers, en plus d’ordinateurs, de vĂ©los Ă©lectriques
.

 

J’ai Ă©tĂ© bien contrariĂ© lorsque la jeune vendeuse de cette chaine de magasins essentielle m’a appris qu’il n’y avait plus de places de concert disponibles quinze jours avant la date. J’avais trop attendu. Mais j’ai persistĂ© Ă  chercher.

 

Je suis tombĂ© sur l’application Dice que je ne connaissais absolument pas. J’ai pu acheter trois places sur Dice, Ă  30 euros la place. Tout semblait en rĂšgle.  J’ai mĂȘme reçu une facture que j’ai imprimĂ©e. Mais cette transaction uniquement numĂ©rique me changeait de ce que j’avais toujours connu et de ce que je prĂ©fĂšre :

 

Le contact humain. MĂȘme si on ne peut pas dire que le contact humain avec une vendeuse ou un vendeur de places de concert soit trĂšs soulignĂ© Ă©tant donnĂ© le nombre important de clients qu’ils voient dĂ©filer. Etant donnĂ©, aussi, le peu de plaisir qu’il peut y avoir dans le fait de rĂ©pĂ©ter la tĂąche standardisĂ©e qui consiste Ă  vendre des places de concert- ou du rĂȘve- Ă  un prix parfois Ă©levĂ©. Sans compter que, souvent sans doute, les vendeuses et vendeurs de places de concerts et de spectacles divers ont  Ă  rĂ©pondre plusieurs fois aux mĂȘmes questions comme si c’était la premiĂšre fois que celles-ci leur Ă©taient posĂ©es.

 

Je peux confirmer que Dice m’a permis de me rendre au concert de Pongo mais aussi d’y inviter Zara et Tu Piges ?! Radio Langue de pute ayant dĂ©jĂ  prĂ©vu d’aller Ă©mettre dans une certaine rĂ©gion de France, il n’a pas pu venir avec nous cette fois-ci. J’ai donc fait profiter Zara de la place qui me restait.

 

Ce vendredi soir, avant de retrouver Tu Piges ?! et Zara Ă  la cantine de la Cigale, cette fois, je suis allĂ© acheter des protections auditives Ă  la Baguetterie, un magasin de musique, rue Victor MassĂ©. MĂȘme si, en le mentionnant, je fais lĂ  une forme de publicitĂ©, je la crois utilitaire pour des raisons sanitaires ainsi que musicales. 

Ce vendredi, pour la premiĂšre fois depuis que j’ai commencĂ© Ă  aller Ă  des concerts, J’ai dĂ©cidĂ© de mettre le prix dans des protections auditives.  Vu que j’ai envie de retourner Ă  d’autres concerts. Et que j’ai besoin d’ĂȘtre prĂšs de la scĂšne pour faire des photos.

 

Pour Ă  peu prĂšs 50 euros, j’ai achetĂ© les Fcking Loud 25 de la marque Crescendo que j’essayais pour la premiĂšre fois et qui m’ont apportĂ© un  confort acoustique aussi Ă©tonnant que plaisant. A la fin du concert de Pongo, au bar de la Cigale, j’ai pu obtenir gratuitement des protections auditives. Mais celles que j’ai achetĂ©es protĂšgent et mes oreilles et la qualitĂ© du son.

 

Il existe des protections auditives moins chÚres. Il existe un autre modÚle, trÚs recommandé, qui coûte environ 30 euros.

Pongo, Ă  la Cigale, ce vendredi 18 novembre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Lors du concert, dans la salle de la Cigale, ce qui m’a trĂšs vite Ă©tonnĂ©, c’est le nombre de femmes prĂ©sentes. On aurait dit qu’il y avait plus de femmes que d’hommes Ă  ce concert. Ou, que c’était peut-ĂȘtre une soirĂ©e entre femmes qui avait finalement « mĂąle tournĂ© Â» puisqu’il se trouvait quand mĂȘme des hommes.

 

Si j’ai remarquĂ© que la moyenne d’ñge gĂ©nĂ©rale du public se situait entre 20 et 30 ans, Tu Piges ?! et Zara m’ont ensuite dit avoir vu des spectateurs plus ĂągĂ©s. Mais pas dans la fosse oĂč je me trouvais et oĂč Tu Piges ?! a passĂ© un peu de temps avec moi avant de retourner rejoindre Zara au balcon.

Tu Piges ?! et moi avant le dĂ©but du concert de Pongo, Ă  la Cigale, ce vendredi 18 novembre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Je m’attendais aussi Ă  rencontrer un public plus noir ou majoritairement noir. Cela a Ă©tĂ©  l’inverse. Le public Ă©tait majoritairement, et trĂšs largement, blanc. Et, si je poussais plus loin dans l’idĂ©e reçue, je dirais qu’à voir ce public blanc aussi prĂ©sent au concert de Pongo, la preuve est Ă  nouveau faite que la danse mais surtout certaines musiques se sont vĂ©ritablement dĂ©mocratisĂ©es et ne sont plus uniquement le  « patrimoine Â» de communautĂ©s noires ou arabes. Comparativement aux annĂ©es 80 ou 90 par exemple.

 

Je vais ici m’avancer Ă  affirmer qu’une artiste comme Pongo, dans les annĂ©es 80 ou 90 aurait sans doute comptĂ© un public plus « foncĂ© Â». Pour cela, je me fie Ă  l’histoire de groupes comme Kassav’ par exemple, qui, lors de ses premiers concerts Ă  Paris, avait gagnĂ© son succĂšs grĂące aux communautĂ©s noires prĂ©sentes en France, en particulier antillaises et d’Outremer et sans doute aussi africaines ( lien vers mon compte-rendu sur le documentaire rĂ©alisĂ© par Benjamin Marquet sur  Kassav’ ). Au vu de la rĂ©ussite par la suite de Kassav’ Ă©galement dans des pays d’Afrique noire.

 

Et, je me rappelle aussi d’un concert du groupe de Reggae Black Uhuru Ă  la fin des annĂ©es 80, je crois, Ă  l’ElysĂ©e Montmartre. Si j’avais finalement renoncĂ© Ă  profiter (une erreur de ma part ! ) de ma place que j’avais achetĂ©e et que j’avais trĂšs facilement revendue, je me rappelle d’avoir alors Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© par la foule de Rastas ou de personnes en possĂ©dant certaines des caractĂ©ristiques majeures, en particulier les dreadlocks qui n’étaient pas lĂ  pour faire dĂ©coration.

Et, mon souvenir est que la foule que j’avais aperçue sur place devant la salle de concert Ă©tait majoritairement et indiscutablement noire. Pour moi, qui suis noir, cela avait presque Ă©tĂ© un choc sociologique de me retrouver subitement devant un tel concentrĂ© de personnes noires. Au point que je m’étais demandĂ© d’oĂč sortaient tous ces « Rastas Â» que je voyais rarement, dans de telles proportions, dans ma vie ordinaire. Et oĂč se cachaient-ils habituellement ? Dans des caves ?

 

Autre dĂ©couverte hier soir : si, dans mon entourage, personne ne connaĂźt Pongo, dans la salle, pleine, beaucoup de monde la connaissait. Ainsi que ses titres. La salle de concerts de la Cigale est une « petite Â» salle de concerts par comparativement Ă  quelques paquebots sonores mais elle accueille nĂ©anmoins beaucoup plus de monde que certains bureaux de vote.

 

La premiĂšre partie du concert a Ă©tĂ© assurĂ©e par le DJ Lazy Flaw. C’était plutĂŽt plaisant. Mais on connaĂźt le « principe Â» des premiĂšres parties. Ce n’est pas pour elles que l’on vient. Alors, on patiente poliment. Un peu comme si l’on attendait la fin d’un cours ou du ruisseau qui va nous mener Ă  la mer en opinant de temps en temps. Par moments, on se dit mĂȘme que ce n’est pas trop mal Ă  condition, toutefois, que cela se termine bientĂŽt.  Ce qui a fini par arriver avec le DJ Lazy Flaw.

 

AprĂšs « l’entracte Â», les deux musiciens de Pongo sont arrivĂ©s tranquillement. D’abord la DJ et choriste, aussi Ă©lĂ©gante que discrĂšte. Et le batteur, simple mais adĂ©quat.

Pongo, Ă  la Cigale, ce vendredi 18 novembre. Photo©Franck.Unimon

 

 

Pongo ? Son entrĂ©e sur scĂšne a suffi pour capter  l’attention de la salle. Je ne crois pas qu’elle avait commencĂ© Ă  chanter lorsqu’elle a produit cet effet. Elle est arrivĂ©e, elle a peut-ĂȘtre dit quelques mots. Tout le public Ă©tait dĂ©jĂ  branchĂ© sur elle.

 

Pongo a commencĂ© par le titre Doudou. Lorsque j’écris « commencĂ© Â», ce n’était pas juste chanter. Mais aussi danser, s’emparer de la scĂšne et faire corps avec elle.

 

On ne peut pas rester indiffĂ©rent lorsque l’on voit danser comme Pongo le fait. Si l’on aime la danse. Si, pour soi, danser, c’est se libĂ©rer, se dĂ©faire des regards, du dĂ©couragement, se sensibiliser Ă  la transe. Et projeter sa vitalitĂ©.

 

Un peu sur l’arriĂšre scĂšne, entre la DJ choriste et le batteur, il y avait une sorte de carrĂ© noir un peu surĂ©levĂ© sur lequel, plusieurs fois, Pongo est venue s’installer comme sur une machine Ă  danser destinĂ©e Ă  nous secouer et Ă  promouvoir ce temps que nous allions passer ensemble.

 

Les titres Ă©taient courts ou m’ont semblĂ© courts mais pratiquement aucun n’a ratĂ© son sort. Nous attraper, nous faire danser. Pongo a rĂ©guliĂšrement ponctuĂ© la fin de ses chansons de roucoulements et interpellĂ© le public en l’appelant ” La Famille ! “.

Pongo, Ă  la Cigale, ce vendredi 18 novembre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Un spectateur a remis un bouquet de fleurs Ă  Pongo. Le public a manifestĂ© son amour. Pongo a Ă©tĂ© trĂšs Ă©mue au point de pleurer un peu. Il m’a semblĂ© que beaucoup de fĂ©ministes Ă©taient Ă  la Cigale au concert de Pongo. A commencer par Zara et Tu Piges ?!

 

 

Vers la fin du concert, Pongo a invité le public à venir sur scÚne avec elle à deux reprises. Il y a eu foule à chaque fois. Entre les deux, Pongo est descendue dans la fosse pour chanter au milieu du public.

 

La seconde fois sur scĂšne, avec tout ce public Ă  nouveau venu la rejoindre, cela a Ă©tĂ© drĂŽle de voir la tĂȘte d’un des agents de sĂ©curitĂ© qui se serait bien passĂ© de tout ce bordel.

Pongo a enlacĂ© quelques spectatrices et spectateurs. Pongo a aussi fait intervenir deux danseuses, sĂ©parĂ©ment mais aussi ensemble. Chacune avait de solides arguments. Personne, je crois, n’a contestĂ© ce qu’elles avaient Ă  dire et elles l’ont dit. Pongo, Ă  cĂŽtĂ©, ne faisait pas de la figuration. Il lui suffisait d’un mouvement ou deux pour rĂ©affirmer sa prĂ©sence.

 

Le concert a Ă©tĂ© extraordinaire. Et, je suis d’autant plus content qu’il a beaucoup plu Ă  Zara et Ă  Tu Piges ?!

J’espĂšre que cet article et mes photos contribueront Ă  prolonger cette impression d’extraordinaire mais aussi Ă  donner envie d’écouter Pongo ou de danser avec elle en concert.

 

Pour rendre compte au mieux avec mes photos de l’atmosphĂšre du concert, il m’a semblĂ© qu’il fallait, cette fois-ci, opter pour un diaporama. Et, j’ai choisi le titre Bruxos de Pongo  qui est un de mes prĂ©fĂ©rĂ©s et celui que j’avais en tĂȘte lorsque j’étais en quĂȘte des places de concert.

 

Les photos du concert viennent dans un certain dĂ©sordre. J’ai dĂ©libĂ©rĂ©ment Ă©vitĂ© de suivre la chronologie exacte du dĂ©roulement du concert. Je crois que c’est mieux comme ça et j’espĂšre que cela vous plaira.

 

 

Franck Unimon, ce samedi 19 novembre 2022.

 

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En concert avec Hollie Cook au Trabendo

En concert avec Hollie Cook au Trabendo

 

Trois jours aprÚs avoir vu Zentone à la Maroquinerie dans le 20Úme arrondissement de Paris ( En concert avec Zentone à la Maroquinerie), le concert de Hollie Cook arrive ce vendredi soir au Trabendo dans le 19 Úme arrondissement. Prix de la place en prévente :

29,90 euros. 

 

Dans le mĂ©tro, ligne 5, jusqu’à la porte de Pantin, la mixitĂ© sociale et culturelle saute aux yeux comparativement Ă  trois jours plus tĂŽt.

 

Se rendre Ă  la gare du Nord et dans certains endroits du 19Ăšme arrondissement, c’est aussi passer dans des « juridictions Â» oĂč augmente le nombre de personnes addicts et SDF. Je parle de celles et ceux qui n’en sont plus Ă  se demander quand part le dernier mĂ©tro.

 

Mais le 19Ăšme arrondissement, c’est aussi des lieux culturels dont le ZĂ©nith, la Philarmonie de Paris, la Villette et le Conservatoire de musique. Il y a Ă©galement la salle de concert, le Trabendo. C’est en me dirigeant vers lui que je me rappelle y ĂȘtre allĂ© une premiĂšre fois pour voir Brinsley Forde et Vincent Segal en concert, il y a environ dix ans. Un trĂšs bon souvenir. 

 

 

Avec Hollie Cook, mon histoire a connu un effet rebond. Au dĂ©part, il y a eu le titre Far from me sur l’album Vessel of love, sorti en 2018, peut-ĂȘtre Ă©coutĂ© aprĂšs avoir lu un article Ă©logieux sur elle.

Il y avait aussi eu le titre Sugar Water (Look at my face). Et puis, plus rien. Je ne pensais plus particuliĂšrement Ă  Hollie Cook. Je ne me rappelle pas si j’avais lu, comme je l’ai dĂ©jĂ  beaucoup relu depuis, que Hollie Cook est la fille d’un des membres des Sex Pistols et d’une des membres du groupe The Belle Stars.

J’avais beaucoup aimĂ© le titre Sign Of  The Times des The Belle Star qui avait Ă©tĂ© un tube Ă  sa sortie en 1983.  Un tube que tout le monde, moi y compris, avait dĂ©ja oubliĂ© lorsque Prince avait sorti son album et titre Sign « O Â» Times seulement quatre ans plus tard en 1987.

Hollie Cook, Trabendo, vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Ce vendredi 28 octobre 2022, lorsque je marche vers Hollie Cook, mon histoire a changĂ© avec elle. Car j’ai Ă©coutĂ© l’album Twice deux ou trois ans aprĂšs Vessel of love. Je ne savais pas, alors, que Twice Ă©tait antĂ©rieur (sorti en 2014) Ă  l’album  Vessel of love.  Cependant, plusieurs titres m’ont trĂšs vite captivĂ© dans l’album Twice :

99, Looking for real love et Superfast.

 

Et, lorsque j’ai dĂ©couvert la vidĂ©o officielle de Looking for real love, j’ai Ă©tĂ© suis sĂ©duit par la grĂące de Hollie Cook. Laquelle, avec trĂšs peu de gestes, est habile pour happer notre attention. Sur une autre vidĂ©o, je l’ai vue interprĂ©ter Sugar Water (Look at my face) en concert Ă  Montreux avec Horseman Ă  la batterie et Ă  la voix. Sur une autre, 99. Et, j’en redemande. Je la cite d’ailleurs dans mon article sur l’ouvrage de Judith Duportail (L’Amour sous algorithme, un livre de Judith Duportail )

 

Hollie Cook a sorti un dernier album en 2022, Happy Hour, que je n’ai pas encore Ă©coutĂ©.

 

Si les chansons de Hollie Cook parlent beaucoup d’Amour, la douceur de sa voix se plante dans un Reggae robuste. Et, cela me parle. Et, comme cela me parle, j’ai fait des recherches et vu qu’Hollie Cook Ă©tait passĂ©e en concert Ă  Paris il y a quelques annĂ©es. Je l’avais donc manquĂ©e
. jusqu’à ce vendredi soir.

 

 

Ce soir, je ne saurais pas dire, comme j’avais pu le faire lors du concert de Zentone, quelle Ă©tait la proportion de femmes et d’hommes dans le public. Car je me suis tout de suite mis devant la scĂšne. Mais le public m’a paru un peu plus jeune en moyenne. Et les squaws Ă©taient bien plus prĂ©sentes tout prĂšs de la scĂšne. Des squaws qui connaissaient les paroles des chansons de Hollie Cook.

 

Hollie Cook, au Trabendo, ce vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

 

 

DĂšs son entrĂ©e sur scĂšne, Hollie Cook nous a charmĂ© par son sourire et son envie. DerriĂšre elle et sur ses cĂŽtĂ©s, un guitariste, un batteur, un bassiste et un claviĂ©riste, parfois dans les chƓurs, ont tournĂ© avec elle la clĂ© du concert.

 

Hollie Cook est plus qu’une voix agrĂ©able et un sourire sympathique. C’est aussi un corps heureux qui laisse s’échapper la musique jusqu’au Dub. C’est aussi une professionnelle trĂšs concentrĂ©e.

Depuis des annĂ©es, dans le Reggae, la basse m’attire le plus. Mais cela fait deux concerts de suite oĂč le batteur, parmi les musiciens, a ma prĂ©fĂ©rence. Pourtant, les autres musiciens Ă©taient bien prĂ©sents.

 

Hollie Cook, au Trabendo, ce vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Le concert a Ă©tĂ© si agrĂ©able et si lĂ©ger, que, plusieurs fois, j’ai eu l’impression de vivre un rĂȘve prolongĂ©.

 

A la fin, Hollie Cook nous a nouveau remerciĂ© pour les bonnes vibrations et pour l’énergie que nous lui avions donnĂ©e. Elle nous a aussi dit que, dĂšs le dĂ©but de sa carriĂšre, elle avait Ă©tĂ© trĂšs bien accueillie Ă  Paris.

 

AprĂšs le concert, je l’ai aperçue Ă  quelques mĂštres en compagnie de personnes qu’elle connaissait. Je me suis dit que je n’allais pas faire ma groupie. J’ai commencĂ© Ă  m’en aller tout en regardant. J’ai vu quelques personnes aller la voir et se faire prendre en photo avec elle. Je me suis dit que je ne pouvais pas partir comme ça.

 

J’ai redescendu les marches.

 

Lorsqu’est venu mon tour, je lui ai demandĂ© :

 

« Hi, Hollie, May I ? Â». Hollie a acquiescĂ©. Si je recommence Ă  me faire prendre en photo avec des artistes, il va falloir que je me dĂ©tende un peu. LĂ , sur la photo, j’ai une tĂȘte d’assassin.

Avec Hollie Cook aprĂšs le concert, au Trabendo, ce vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 AprĂšs la photo, je lui ai dit :

 

« I Took some pictures of you Â». Tout en gardant le sourire, elle a fait « oui Â». J’avais bien vu qu’elle m’avait vu la prendre en photo durant le concert. Puis, elle m’a demandĂ© de lui en envoyer sur instagram.

 

Je lui ai rĂ©pondu :

 

« I will try my best Â».

 

Dans l’article prĂ©cĂ©dent sur le concert de Zentone, j’avais oubliĂ© la pandĂ©mie du Covid. Je me suis davantage rappelĂ© des attentats terroristes qui l’avaient prĂ©cĂ©dĂ©e car, en plus de massacrer des personnes et de vouloir effrayer le monde,  l’un d’entre eux a aussi eu pour projet de dĂ©truire la musique. Et, aussi, parce-que, d’une façon ou d’une autre j’ai vu les morts de ces attentats.

 

J’ai eu la chance de n’avoir perdu personne du Covid.

 

Pendant le confinement dĂ©cidĂ© lors de la pandĂ©mie du Covid les manifestations publiques telles que les concerts ont Ă©tĂ© annulĂ©es. Se retrouver comme hier ou mardi soir, avec des inconnus, Ă  visage dĂ©couvert, sans avoir Ă  fournir de passe sanitaire, dans une salle fermĂ©e Ă  Ă©couter la mĂȘme musique, Ă  danser voire Ă  rĂȘver ensemble grĂące Ă  la musique et des artistes  Ă©tait devenu impossible. C’était il y a deux ans. Il n’y a pas si longtemps. ( Panorama 18 mars-19 avril 2020, Coronavirus Circus 2Ăšme Panorama 15 avril-18 Mai 2020 par Franck Unimon). 

 

Ce à quoi nous tenons, ce que nous vivons, est éphémÚre. La musique renoue avec cet éphémÚre.

 

Voici mon « best of Â» des photos du concert d’Hollie Cook au Trabendo, ce vendredi 28 octobre 2022.

 

Franck Unimon, ce samedi 29 octobre 2022.

 

Hollie Cook, au Trabendo, ce vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Hollie Cook, Trabendo, vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Hollie Cook, Trabendo, vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Hollie Cook, Trabendo, vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Hollie Cook, au Trabendo, vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Au concert de Hollie Cook, au Trabendo, ce vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Hollie Cook, Trabendo, vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Hollie Cook, Trabendo, vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Hollie Cook, au Trabendo, vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Hollie Cook, Trabendo, vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Hollie Cook, Trabendo, vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Hollie Cook, Trabendo, vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Hollie Cook, Trabendo, vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Hollie Cook, Trabendo, vendredi 28 octobre 2022. Photo©Franck.Unimon