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PJ Harvey à l’Olympia, octobre 2023

 

PJ Harvey, à l’Olympia, Paris, ce 12 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon

PJ Harvey à l’Olympia, octobre 2023

PJ Harvey, c’est lors des années 90 et 2000 qu’elle avait tout emballé.  Je l’avais ratée au festival Rock En Seine entre 2003 et 2005 au parc de St Cloud. J’avais trop hésité.

Trente ans plus tard, ses deux dates pour l’Olympia ont été complètes. S’il y avait moins la queue pour son concert que pour celui des deux sœurs Ibeyi, PJ Harvey a néanmoins son public.

Ce 12 octobre 2023, après le concert de PJ Harvey. Photo©Franck.Unimon

On a plutôt la quarantaine voire la cinquantaine lorsque l’on vient voir PJ Harvey en concert et l’on est plutôt blanc, aussi. C’est ce que je me dis subitement alors que je me trouve dans la salle où, à part les vigiles pour filtrer les entrées ou dans la salle pour assurer la sécurité, je n’ai pas vu un seul noir dans le public.

Il y a aussi pas mal de femmes. De la trentaine à la cinquantaine.

Bien plus que lorsque j’étais allé découvrir Joe Bonamassa grâce à Christophe Goffette et, qu’à côté de moi, dès le début du concert, un homme avait chaussé ses lunettes noires et ostensiblement refusé toute interaction avec moi. Nous n’étions pas du tout du même bord. Lui, c’était un pur. Et, moi, je devais ressembler à un artéfact. Il était peut-être aussi dans la salle, parmi les spectateurs, ce soir.

PJ Harvey, à l’Olympia, ce 12 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon

A ce concert de PJ Harvey, je le sais, se trouvent aussi un ami, rencontré trente ans plus tôt, et une de ses collègues dont j’ai fait la connaissance un peu plus tôt dans la journée. Avec eux, j’aurai un peu plus d’interactions car aucun des deux ne porte de lunettes noires.

Sans nous être consultés, tous les trois, nous avions pris notre place pour ce concert de PJ Harvey environ deux mois plus tôt. Les places sont vite parties.

Les artistes, entre eux, ont souvent bien moins de frontières que celles et ceux qui les « suivent » et les écoutent. C’est parce-que, progressivement, j’ai fait mien ce principe ou cette conduite de vie que j’ai été amené, il y a plusieurs années, à écouter PJ Harvey. Tout en écoutant du Zouk ( Jacob Desvarieux)  ou du Reggae ( En concert avec Hollie Cook au Trabendo).

Mon ami de trente ans, je le sais, n’écoute pas du tout du Zouk, du Kompa, de la Salsa ou du Reggae. Et encore moins du Dub :

( En concert avec Zentone à la Maroquinerie) .

Pas même du Funk. Lui, me (re)parlera de Franck Black (que j’ai eu la chance de voir un jour en concert et ce fut une très très belle performance), de John Zorn, de Roger Waters… Des artistes que je peux aimer écouter (Roger Waters) ou que j’ai essayé d’entendre (John Zorn).

Sa collègue, elle, après le concert, me donnera envie en m’apprenant avoir vu Massive Attack avec Tricky en 2008. Ces derniers jours, j’ai beaucoup écouté et réécouté Tricky. J’ai cherché des nouvelles versions de ses titres. Mon ami n’écoute pas Tricky. Mais PJ Harvey avait fait un titre avec lui :

Broken homes.

Après le concert, cependant, la collègue de mon ami me laissera un peu pantois lorsqu’elle citera les Artic Monkeys. Car elle n’a pas trop aimé la prestation que nous avons vue de PJ Harvey. Elle a trouvé les paroles très belles mais le son mauvais. Pour elle, on ne sentait pas assez les basses. Elle aurait voulu se sentir « transpercée » par les basses comme cela s’était fait lors du concert des Artic Monkeys ou de Massive Attack par exemple. Je connais les Artic Monkeys seulement de nom. D’après mes préjugés, c’est une musique froide, « blanche », ça ne se danse pas. Je n’ai pas envie d’y aller. Mais je n’ai rien écouté d’eux à ce jour alors que je peux beaucoup aimer des titres de Cure, Joy Division, Depeche Mode, Soft Cell, Radiohead….

 D’ailleurs, j’ai vu le film consacré à Ian Curtis, leader du groupe Joy Division : Control réalisé en 2007 par Anton Corbijn. J’ai aimé le film même s’il est déprimant.

Et, Tricky, lui-même, ou Massive Attack, ont assurément puisé aussi dans des inspirations qui ont pu être communes aux Artic Monkeys. On ne peut pas dire non plus que les compositions de Tricky et Massive Attack soient des inventions particulièrement festives.

PJ Harvey, A l’Olympia, ce 12 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon

Mon ami, lui, pour nous redonner du tonus, après le concert, nous dit :

« Je pense qu’on est venu la voir trop tard. Il aurait fallu la voir vingt ans plus tôt ».

Mon ami souligne aussi que la mise en scène théâtrale de PJ Harvey ne l’a pas séduit. Il est vrai que, durant le concert, PJ Harvey a beaucoup posé tout à son rôle ou aux histoires qu’elle nous a racontées dans ses chansons. Mais cela a été très pratique pour moi. Pour prendre des photos. Je n’ai peut-être jamais réussi autant de photos en concert.

Nous avons vieilli. PJ Harvey, aussi. Mais nous le reprochons plus à PJ Harvey qu’à nous-mêmes. Toutefois, moi, qui ai moins bien compris les paroles de ses chansons que mon ami et sa collègue, j’ai aimé le concert. Jusqu’alors, je n’avais pas remarqué le nombre de fois où elle mentionne les mots « Amour » et  « Jésus ».  

Au plus près de la scène afin de pouvoir faire mes photos, j’ai aimé le dévouement de PJ Harvey. J’ignore si cela a toujours été comme ça mais nous savions que son concert commencerait à 20 heures piles comme annoncé sur nos billets. Par ailleurs, des mesures ont été prises contre la revente des places de son concert au marché noir. Il vaut donc mieux avoir acheté son entrée par les biais officiels. J’ai un peu oublié maintenant mais il me semble avoir payé 55 euros pour être debout dans la fosse. Et, au départ, toutes les bonnes places près de la scène m’ont semblé déjà prises.

PJ Harvey, ce 12 octobre 2023, à l’Olympia. Photo©Franck.Unimon

La « prêtresse du Rock » PJ Harvey (c’est ainsi qu’elle a été surnommée dans la presse pour ces concerts) a développé sa conscience du monde. J’ai lu ou appris qu’elle se préoccupait de ce que nous faisions de notre planète, de ce qui s’y passait. Devenue plus cérébrale sans doute qu’à ses « débuts », comme Björk,  sa musique rentre moins dans le tas qu’avant. Et, il y a beaucoup moins de gravats après les passages de sa voix et de sa guitare. Or, visiblement, c’est ce que un certain nombre d’entre nous attendaient.

PJ Harvey change d’ailleurs plusieurs fois de guitare. Il s’agit donc d’un instrument qui lui reste familier. Le public reste sage ou tout en dévotion. Il s’anime d’emblée lorsque l’artiste entame certains de ses anciens « tubes » tels que Down by the water par lequel j’avais, je crois, entendu parler d’elle pour la première fois dans un film de Laetitia Masson avec Sandrine Kiberlain. Alors que Laetitia Masson, dans les années 90, était une réalisatrice de films d’auteurs qui étalonnait son époque.

PJ Harvey a aussi entonné Dress mais, si j’ai bien entendu, aucun titre de l’album Is it Desire ?

Je n’aurais pas dû pouvoir prendre toutes ces photos au concert de PJ Harvey. Même si dans la salle, j’ai bien vu des personnes prendre des photos, ou filmer, y compris à proximité d’un des vigiles, avec tout ce qu’il fallait pour bien zoomer, j’ai aussi vu une personne devoir déposer son appareil photo à la consigne avant d’entrer dans la salle.

Je suis content ou très content de ces photos. Et, je m’en sers non pas pour me faire du fric sur le dos de l’artiste et de celles et ceux qui travaillent avec elle, mais afin d’avoir des photos originales, mes photos, et pour restituer aussi bien que possible cette expérience qu’a été pour moi ce concert ainsi que l’œuvre d’une artiste. Avec autant de sincérité que possible ainsi qu’avec les moyens dont je dispose pour mon blog.

Pour le diaporama de photos que j’ai fait et qui arrive à la fin de cet article, j’ai choisi des anciens titres de PJ Harvey. Cela lui déplairait peut-être. Mais je crois que cela devrait faire plaisir à celles et ceux qui, comme moi, ont vieilli, et ont conservé une partie de leur jeunesse et de leur vitalité dans les fûts et les refus de ces titres.

Franck Unimon, ce mercredi 1er novembre 2023.

 

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