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Zingaro : Cabaret de l’exil femmes persanes conception Bartabas

Au théùtre Zingaro, à Aubervilliers, ce samedi 28 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon

Zingaro : Cabaret de l’Exil femmes persanes (conception Bartabas)

 

Cela faisait des annĂ©es que j’avais entendu parler de Bartabas, du thĂ©Ăątre Zingaro, de « ses » chevaux et que j’avais envie d’aller les voir. J’avais aussi lu un ou deux articles sur lui. Ou peut-ĂȘtre une interview. Cela m’avait dĂ©cidĂ©.

Bartabas, aprÚs la représentation ce samedi 28 octobre 2023 au théùtre Zingaro. Photo©Franck.Unimon

Mais mes envies sont aussi des bagages que je tire derriÚre moi. On peut me trouver excentrique et original. Pourtant, je vis le plus souvent avec les badges, les numéros, les heures, les consignes ou les directions qui me sont attribuées et pour lesquelles je (me) suis renseigné.

Il faut des sorts contraires ou en ĂȘtre arrivĂ© Ă  un stade particulier dans son histoire personnelle, pour, un jour, ou par moments, renoncer complĂštement et oublier beaucoup de ce que Ă  quoi l’on a pu tenir pendant des annĂ©es. Ou faire le nĂ©cessaire pour que tout arrive.

Il a fallu que je me marie et devienne pĂšre pour que je pense cette annĂ©e Ă  offrir Ă  ma fille un spectacle de Bartabas comme cadeau d’anniversaire et que je l’y emmĂšne avec sa mĂšre.

J’avais bien vu un de ses spectacles. Mais c’était au chĂąteau de Versailles. Dans une autre vie avec une autre personne. Nous Ă©tions loin. Cela allait vite. Il Ă©tait difficile de bien distinguer ce qui se passait mĂȘme s’il m’en Ă©tait restĂ© quelques visions. Et, cela n’était pas au thĂ©Ăątre Zingaro.

Une des parties du thĂ©Ăątre Zingaro, Ă  Aubervilliers, ce samedi 28 octobre 2023, lĂ  oĂč s’est tenu la reprĂ©sentation. Photo©Franck.Unimon

CrĂ©Ă© en 1989, situĂ© dans la ville d’Aubervilliers, je m’étais toujours imaginĂ© que le thĂ©Ăątre Zingaro Ă©tait difficile d’accĂšs. Que c’était soit trop loin ou soit trop cher.

Je suis pourtant nĂ© en banlieue parisienne et ai toujours vĂ©cu en banlieue parisienne. Un de mes cousins vit depuis plus de vingt ans dans la ville de Saint Denis. J’ai dĂ©jĂ  fait des voyages Ă  l’étranger et en France. J’ai aimĂ© ça et continuer d’aimer faire des voyages. A Paris et en Ăźle de France, je prĂ©fĂšre largement les transports en commun Ă  la voiture et je les emprunte trĂšs facilement depuis des annĂ©es.

Je n’ai peut-ĂȘtre pas assez aimĂ©.

Tout est fait pour pouvoir se rendre Ă  la station Fort d’Aubervilliers, par la ligne 7 du mĂ©tro, et aller au thĂ©Ăątre Zingaro. C’est mĂȘme beaucoup plus pratique que la voiture, le soir de la finale de coupe du monde de Rugby au stade de France entre la Nouvelle ZĂ©lande et l’Afrique du Sud.

Lorsque, tous les trois, nous partons dĂ©couvrir le thĂ©Ăątre Zingaro et son dernier spectacle Cabaret de l’Exil femmes persanes, le match de Rugby n’a pas encore dĂ©butĂ©. Et nous sommes Ă  quelques heures du passage Ă  l’heure d’hiver. Mais nous sommes un samedi soir, entre 18 heures et 19 heures, en pleines vacances de la Toussaint.

Il y a beaucoup de monde dans le mĂ©tro. Des touristes. Des personnes habillĂ©es pour sortir le samedi soir. Des amatrices et des amateurs de Rugby qui se rendent au « stade » (au stade de France) ou ailleurs pour regarder le match. Telle cette jeune femme plutĂŽt longiligne d’une vingtaine d’annĂ©es en face de qui je m’assieds, qui porte un maillot ( de Foot ou de Rugby ?) de l’équipe de France et des Ă©couteurs intra-auriculaires sans fil.

ArrivĂ©s Ă  la station Fort d’aubervilliers, juste avant le terminus, nous descendons et, tels des exilĂ©s, nous cherchons notre chemin.

Sous le chapiteau oĂč il est possible de se restaurer et de s’asseoir prĂšs du thĂ©Ăątre Zingaro, ce samedi 28 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon

Le jeune homme noir (la vingtaine) devant lequel je me fige et que je salue avant de l’interroger tient son tĂ©lĂ©phone portable Ă  la main. Il est un petit plus grand que moi, debout, prĂšs de l’une des sorties du mĂ©tro.

A l’intonation et aux accents de sa voix comparativement Ă  mes expressions en Français « soutenu », je mesure Ă  la fois sa surprise mais aussi que nous sommes, lui et moi, de deux mondes diffĂ©rents mais aussi que nous sommes bien en banlieue.

Pourtant, nous venons d’Argenteuil et je suis nĂ© Ă  Nanterre. Argenteuil et Nanterre – lĂ  oĂč j’y ai vĂ©cu en immeuble HLM- n’ont rien Ă  voir avec Versailles, St Germain en Laye, Neuilly sur Seine ou le 6 Ăšme arrondissement de Paris.

Mais nous sommes nĂ©anmoins deux Ă©trangers lui et moi qui parlons alors dans une mĂȘme langue, le Français, tout en ayant- a priori- des perspectives trĂšs diffĂ©rentes.

Toujours sous le mĂȘme chapiteau que prĂ©cĂ©demment, ce samedi 28 octobre 2023, au thĂ©Ăątre Zingaro. Photo©Franck.Unimon

Je vois bien que le thĂ©Ăątre Zingaro, Bartabas, ça ne lui dit rien mĂȘme s’il est du quartier vraisemblablement et qu’il me renseigne. J’ai Ă©tĂ© pareil que lui, durant des annĂ©es, adolescent, lorsque je passais devant le thĂ©Ăątre des Amandiers, Ă  Nanterre, et que je voyais, Ă©tonnĂ© et dubitatif, des personnes faire la queue dans la rue afin d’y entrer. Nous avons habitĂ© Ă  environ dix minutes Ă  pied du thĂ©Ăątre des Amandiers jusqu’en 1985. Soit quatre ans avant la crĂ©ation du thĂ©Ăątre Zingaro Ă  Aubervilliers, ville qui, comme Nanterre, avait alors probablement un maire communiste.

Chaque fois que je connais un peu plus l’histoire du thĂ©Ăątre des Amandiers de Nanterre, je me rappelle avec une certaine amertume de ce genre d’opportunitĂ©s que j’ai pu rater Ă  cause, dĂ©jĂ , de mon infirmitĂ© :

Le manque de curiositĂ©, de volontĂ© et d’autonomie de pensĂ©e. Tout cela conduit Ă  la cĂ©citĂ© – morale, intellectuelle, psychologique- et Ă  la lĂąchetĂ© tant morale, que sociale et physique.

Ou, comme cela est mon cas, par moments, Ă  une sorte de rage, de colĂšre et d’amertume contre moi-mĂȘme. Parce-que j’ai une certaine mĂ©moire contre moi-mĂȘme.

Personne, dans mon histoire, dans mon quartier, dans mes relations ou dans ma famille n’avait pu ou n’avait su saisir la chance ou l’intĂ©rĂȘt que cela pouvait ĂȘtre, pour nous, personnes de banlieue, de milieu social modeste ou moyen, quelles que soient nos origines ou nos religions, d’avoir un tel lieu culturel prĂšs de chez nous.

MalgrĂ© les ambitions d’ouverture et de mixitĂ© sociale du thĂ©Ăątre des Amandiers et de tous les endroits ou de toutes les personnes qui lui ressemblent ou qui lui ont ressemblĂ©.

Pourtant, j’étais une personne normale.

Quelques uns des artistes aprÚs la représentation, ce samedi 28 octobre 2023 au théùtre Zingaro. Photo©Franck.Unimon

J’allais Ă  l’école, Ă  la bibliothĂšque. Je regardais la tĂ©lĂ©, le journal tĂ©lĂ©visĂ©. Je lisais. Je faisais mes devoirs, scolaires ou autres.
Et, lorsque je ne les faisais pas et les remplaçais par des bĂȘtises ou des mauvais comportements et que j’étais dĂ©masquĂ©, j’étais puni ou corrigĂ©, que ce soit Ă  l’école ou Ă  la maison. Mauvaise note, gifles, oreilles tirĂ©es, remontrances devant la classe, coups de ceinture Ă  la maison ou en public, engueulades.
Je jouais aussi au Foot avec les copains ou un autre sport. Je rigolais aussi avec eux. Je n’étais pas un isolĂ©. Je partais en vacances. En colonie ou avec ma famille. J’avais des rĂȘves et de l’imagination. J’avais une vie semblable Ă  d’autres. Et, j’apprenais ce qu’il y avait Ă  apprendre pour que tout se passe bien pour moi, par la suite.

En montant les marches nous amenant à la sortie du métro, ce samedi soir, sous la pluie qui ne nous avait pas quittés, il a fallu interroger deux ou trois autres personnes à une station de bus pour trouver le théùtre.

Un homme noir d’une cinquantaine d’annĂ©es qui vendait des marrons grillĂ©s sous la pluie et qui ne connaissait pas le coin. Une femme noire, large, la quarantaine, qui voyait avec dĂ©livrance son bus se rapprocher. C’est une seconde femme, Ă©galement noire, nettement plus ĂągĂ©e et plus svelte, Ă  cĂŽtĂ© d’elle, qui m’a rĂ©pondu que c’était sur le mĂȘme trottoir, un peu plus loin.

MalgrĂ© les panneaux indiquant le thĂ©Ăątre Zingaro dĂšs la sortie du mĂ©tro, la pluie, la nuit et l’inconnu faisaient de nous des myopes ou des presque aveugles. Nous aurions tout aussi bien pu nous Ă©garer un peu. Un grand centre commercial ou une autoroute restent mieux signalĂ©s. D’autant que, lorsque je cherche un endroit en me dĂ©plaçant Ă  pied, malgrĂ© les GPS et les plans devenus courants depuis des annĂ©es dans nos smartphones, je persiste Ă  chercher parmi les personnes que je croise dans la rue, les Ă©toiles qui vont m’indiquer ma route jusqu’à ma destination.

L’entrĂ©e du thĂ©Ăątre Zingaro se trouve Ă  Ă  peine cinq minutes Ă  pied de la station de mĂ©tro.

Les musiciennes et chanteuses, lors de la représentation : Firozeeh Raeesdanae, Shadi Fathi, Farnaz Modarresifar, Niloufar Mohseni. Photo©Franck.Unimon

Puisque l’on nous parlait d’un Fort, je m’attendais Ă  ce que le thĂ©Ăątre Zingaro se dĂ©couvre dans l’enceinte d’un fort et soit en quelque sorte invisible Ă  l’extĂ©rieur. Mais c’est depuis la rue que le thĂ©Ăątre Zingaro s’expose. C’est aussi un lieu, un monde, qui impose son architecture et son univers dĂšs l’accueil et la prĂ©sentation des billets.
Il m’a fait penser au thĂ©Ăątre du Soleil « d’Ariane » Mnouchkine qui se trouve Ă  la cartoucherie Vincennes dont Bartabas s’était sĂ»rement en partie inspirĂ© comme il s’était sĂ»rement, aussi, inspirĂ© du thĂ©Ăątre des Amandiers.

Alors qu’aujourd’hui existe une crise sĂ©vĂšre de l’immobilier et qu’il a pu se construire Ă  l’excĂšs des logements en dĂ©figurant certains quartiers, le thĂ©Ăątre Zingaro fait penser Ă  ce qui reste de certains millĂ©simes d’espaces conçus pour ĂȘtre beaux, pour ĂȘtre accueillants, pour ĂȘtre divertissants, pour ĂȘtre chauds, pour ĂȘtre confortables, pour ĂȘtre aĂ©rĂ©s, pour y venir en famille avec ses enfants, pour libĂ©rer et faire rĂȘver et rĂ©flĂ©chir celles et ceux qui y viennent ne serait-ce que pour y voir un spectacle. Et, l’on comprend vite que ce programme vaut le dĂ©placement mais aussi le prix que l’on peut mettre pour le vivre et/ou y assister. J’ai payĂ© 39 euros la place pour ma fille, et deux fois 59 euros pour ma compagne et moi afin d’ĂȘtre bien placĂ©s de maniĂšre Ă  ce que je puisse faire des photos.

Finalement, alors que je fais partie des mitrailleurs anarchiques de la prise de vue, je n’ai fait aucune photo durant le spectacle car j’ai trĂšs rapidement acceptĂ© de respecter au moins les chevaux et les artistes mais aussi l’état d’esprit du lieu.

Avant la reprĂ©sentation, le public a Ă©tĂ© d’ailleurs invitĂ© Ă  appliquer le mot « Respect » mais aussi Ă  « Ă©teindre son intelligence artificielle mĂȘme si cela est difficile pour certains ». Les photos de cet article ont donc Ă©tĂ© prises- sans flash comme toujours- avant la reprĂ©sentation ou Ă  la fin de celle-ci. Je ne suis pas trĂšs content de ces photos (il va vraiment falloir que j’apprenne Ă  me servir correctement de mes appareils photos). Par contre, je suis content d’ĂȘtre allĂ© au thĂ©Ăątre Zingaro et que cela ait plu Ă  ma compagne et Ă  notre fille. Et, je me demande si je vais y retourner bientĂŽt.

PrĂšs d’un des deux bars au thĂ©Ăątre Zingaro, aprĂšs la reprĂ©sentation, ce samedi 28 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon. Sur les deux photos du bas, on peut reconnaĂźtre Bartabas, il y a quelques annĂ©es.

Il est plutĂŽt rare d’envier la caissiĂšre ou l’employĂ© d’un supermarchĂ© lorsque l’on part y faire ses achats. Mais on peut croire et espĂ©rer que celles et ceux qui travaillent au thĂ©Ăątre Zingaro y ont une belle vie ou se consacrent Ă  une Ɠuvre qui a son importance bien au delĂ  de sa valeur marchande. Alors qu’il est tant d’autres endroits oĂč l’on donne de soi oĂč par lesquels on passe oĂč croyance et espĂ©rance passent pour des expĂ©riences de dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s qu’il importe d’éconduire et de dĂ©truire.

C’est en partie ce que raconte Cabaret de l’Exil Femmes persanes oĂč les principaux rĂŽles sont tenus par des femmes de diffĂ©rents profils. Une jeune femme naine ouvre le spectacle et dĂ©clame. D’autres, cavaliĂšres, danseuses, acrobates, chanteuses ou musiciennes ont d’autres silhouettes. Mais avec leurs partenaires masculins, toutes rĂ©clament leur droit de vivre ainsi que leur droit Ă  l’Amour.

Bien-sĂ»r, on ne peut que penser Ă  ce qui se passe depuis quelques temps en Iran mais aussi partout oĂč des femmes sont martyrisĂ©es et tuĂ©es. Cela peut aussi se passer en France, prĂšs du thĂ©Ăątre Zingaro mais aussi Ă  Versailles ou dans le 6Ăšme arrondissement de Paris.

Le cercle dans lequel se déroule le spectacle ainsi que ses diverses dimensions vise sans doute à nous dire que notre vie se déroule souvent sur plusieurs niveaux. Il y a ce sur quoi nous fixons la plus grande partie de notre attention, ce vers quoi, aimantés, obsédés, nous nous dirigeons. Et, il y a tout ce qui nous entoure de merveilleux, de fantastique ou de possible et que nous ne voyons pas ou que nous ratons.

Ainsi, c’est la premiĂšre fois, oĂč, en me rendant Ă  un spectacle, j’ai Ă©tĂ© surpris d’ĂȘtre reçu par la chaleur thermique prĂ©sente alors que nous venions nous asseoir aux places que j’avais rĂ©servĂ©es et payĂ©es. Je m’attendais Ă  ce qu’il fasse froid. Pour moi, il fallait qu’il fasse froid dans l’enceinte du thĂ©Ăątre car, dehors, en plus de la pluie, la tempĂ©rature avait baissĂ© ces derniers jours. Et, pour les chevaux, je me disais qu’il valait mieux qu’il fasse assez froid.

Par ailleurs, devant nous, comme pour d’autres, la table Ă©tait mise : une thĂ©iĂšre remplie, quatre petits verres, quatre boudoirs et quatre serviettes en papier Ă©taient disposĂ©s sur notre table de quatre. Je ne pouvais que saluer la jeune femme qui nous avait prĂ©cĂ©dĂ© et, ensuite, lui proposer de lui servir du thĂ© comme je l’avais fait au prĂ©alable pour ma compagne et notre fille. Ce fut un contraste avec la brutalitĂ© et la totalitĂ© des concerts, des festivals, des piĂšces de thĂ©Ăątre, des sĂ©ances de cinĂ©ma et autres manifestations culturelles auxquels je suis parti assister et oĂč , gĂ©nĂ©ralement, c’est toujours chacun pour soi ou pour nos connaissances. MĂȘme si nous venons admirer ou dĂ©couvrir la mĂȘme Ɠuvre ou le mĂȘme artiste que beaucoup d’autres inconnus, nous nous comportons en ces circonstances de la mĂȘme façon que nous pouvons le faire dans les transports en commun, en voiture ou sur notre lieu de travail ! En troupeaux sĂ©parĂ©s ou en individualitĂ©s forcenĂ©es.

Pour conclure et pour l’anecdote, et, je suis un peu dĂ©solĂ© d’ĂȘtre quelque peu paralysĂ© avec ça car je sais que ce sujet revient assez rĂ©guliĂšrement dans mes articles :

La reprĂ©sentation de Cabaret de l’Exil Femmes persanes Ă  laquelle nous avons assistĂ© hier soir Ă©tait complĂšte ainsi que celle d’aujourd’hui. Mais lorsque les lumiĂšres se sont rallumĂ©es, en plus de moi, j’ai vu un seul homme noir dans la salle, au sein du public.

Je ne lui ai pas parlĂ©. Cependant, Ă  vue d’Ɠil, je dirais qu’il avait une bonne quarantaine d’annĂ©es.
Il demeure un paradoxe entre, d’un cĂŽtĂ©, beaucoup de noirs (et d’autres) prĂ©sents ou qui vivent aux alentours du thĂ©Ăątre Zingaro depuis des annĂ©es et si peu, manifestement, qui, de leur propre volontĂ© ou par curiositĂ©, viennent y voir ce qui s’y passe.

On devrait peut-ĂȘtre inventer le service culturel obligatoire.

Cela existe peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  quelque part. A partir d’un certain Ăąge, et pour une certaine durĂ©e, on devrait peut-ĂȘtre obliger les jeunes femmes et les jeunes hommes, quelles que soient leurs origines, le volume de leur poitrine, la taille de leur pĂ©nis, celle de leurs religions, de leur classe sociale et de leur compte en banque, Ă  quitter pendant un certain temps leur quartier, leur famille et leur environnement afin de partir dĂ©couvrir mais aussi afin de participer Ă  la crĂ©ation d’oeuvres culturelles et artistiques diverses.

Et, toute personne ou toute famille qui s’y opposerait devrait ĂȘtre sanctionnĂ©e moralement ou pĂ©nalement ou considĂ©rĂ©e comme dĂ©sertant ses obligations civiques envers ses semblables. Ou perçue comme potentiellement dangereuse. AprĂšs tout, nous sommes beaucoup Ă  devoir quitter un jour notre famille, nos amis, nos copines, nos copains et notre environnement pour des obligations au moins d’ordre Ă©conomique ou personnelles. Et nous faisons avec gĂ©nĂ©ralement.

Au théùtre Zingaro, aprÚs la représentation, ce samedi 28 octobre 2023. Un feu de camp avait été fait. Photo©Franck.Unimon

La culture et l’Art, Ă  eux seuls, ne sauvent pas de la barbarie, mais avoir Ă  les crĂ©er, Ă  les transmettre, Ă  y assister et rencontrer vĂ©ritablement d’autres personnes mais aussi des figures qui y contribuent, cela procure sans doute plus facilement d’autres ambitions, d’autres armes, d’autres Ăąmes mais aussi d’autres responsabilitĂ©s que celles de morceler sa prochaine ou son prochain pour de vrai ou de les ensorceler avec des barbelĂ©s.

Franck Unimon, ce mercredi 1er novembre 2023.

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