Le mystĂšre du Covid : Covid et embolie pulmonaire
Il y a le mystĂšre de la Joconde mais aussi de la disparition dâartistes aux dĂ©buts de carriĂšre prometteurs. Pour moi, dĂ©sormais, il y aura, aussi, le mystĂšre du Covid.
Je « sais » que, désormais, on dit La Covid plutÎt que Le Covid. Mais je reste sur la toute premiÚre formulation.
Aujourdâhui, je reste accrochĂ© Ă lâidĂ©e que le Covid que jâai attrapĂ© dĂ©but septembre 2023 mâa donnĂ© mon embolie pulmonaire du dĂ©but de ce mois de novembre 2023.
MĂȘme si un certain nombre de personnes autour de moi a pu lâattraper avant moi sans faire dâembolie pulmonaire par la suite.
Pour avoir cette idĂ©e, il mâa fallu, aprĂšs avoir fait mon embolie pulmonaire et ĂȘtre sorti de lâhĂŽpital la semaine derniĂšre – le 22 novembre- effectuer quelques recherches sur le net qui mâont rappelĂ© que le Covid provoque ou peut provoquer des problĂšmes de thrombose et de coagulation du sang.
Un essoufflement anormal
Cela a commencĂ© par un essoufflement anormal que jâai ressenti le 3 novembre alors que je me rendais au pot de dĂ©part dâune de mes anciennes collĂšgues et amie, Zara, au restaurant La Timbale, dans le 18 Ăšme.
Je me suis senti Ă©trangement fatiguĂ©. Mais jâai mis ça sur le compte de la nuit que jâavais travaillĂ©e la veille. Ce devait ĂȘtre ça. Et puis, jâai trouvĂ© assez indigeste le repas que jâavais commandĂ© Ă La Timbale. Bien que tous nos collĂšgues semblent satisfaits de ce quâils avaient mangĂ©.
Deux jours plus tard, jâavais toujours cet essoufflement anormal. Jâestimais mon amplitude respiratoire diminuĂ©e pratiquement de moitiĂ©.
Jâavais mĂȘme lâimpression dâavoir le diaphragme « bloquĂ© ». Je savais que câĂ©tait impossible car si cela avait Ă©tĂ© le cas, jâaurais Ă©tĂ© en bien plus mauvais Ă©tat. Mais je respirais mal. Avec un confort et une facilitĂ© bien moindres que dâhabitude.
En amateur, pour mes loisirs, je pratique lâapnĂ©e en club depuis quelques annĂ©es. Et, mĂȘme avant cette expĂ©rience, jâavais ressenti lâimportance de la respiration, que ce soit pour faire des massages, pour faire des Ă©tirements, pour me dĂ©tendre ou pour rĂ©viser des katas de karatĂ©âŠ.
Pour obtenir un certain Ă©quilibre, une certaine force mais aussi une certaine aisance, la respiration a beaucoup dâimportance. Si on respire mal, on se retrouve amputĂ© en partie de ça.
Infarctus pulmonaire
Jâavais aussi mal sur le cĂŽtĂ© droit. JâĂ©tais un peu constipĂ©. Je ne savais pas que jâavais commencĂ© Ă faire une embolie pulmonaire due Ă un caillot de sang.
Câest lâun des pneumologues qui mâa vu le 21 novembre, dans ce service de pneumologie oĂč je suis restĂ© hospitalisĂ© trois jours, qui, la veille de ma sortie de lâhĂŽpital, me lâa appris :
« Le 3 novembre, votre embolie pulmonaire a commencé ».
Ce mĂȘme pneumologue a employĂ© les termes « infarctus pulmonaire ». Je savais quâil employait ces termes sciemment. Pour bien me faire comprendre la gravitĂ© de mon embolie pulmonaire.
Un caillot et des médecins
Restait le mystĂšre de ce caillot sanguin. Pour lui et ses deux collĂšgues femmes, restĂ©es en retrait, spontanĂ©ment, la piste pouvait ĂȘtre une phlĂ©bite voire devait ĂȘtre une phlĂ©bite. Alors, tandis que jâĂ©tais alitĂ©, il a encore Ă©tĂ© question de mes pieds.
Comme la veille avec ces deux femmes médecins, on a de nouveau regardé mes pieds.
Mais mes pieds nâavaient rien Ă dĂ©clarer. Ils nâont pas doublĂ© de volume lorsque jâai commencĂ© Ă ĂȘtre essoufflĂ©. Et je nâai ressenti aucune douleur particuliĂšre Ă une de mes jambes.
Pour expliquer lâorigine de ce caillot, le Covid que jâai attrapĂ© en septembre a Ă©tĂ© la premiĂšre suggestion que jâai faite. Avec le rappel de mon vaccin contre lâhĂ©patite B. Le fait de travailler de jour et nuit. Et la pratique de lâapnĂ©e.
Mes suggestions les ont laissé froids.
Le pneumologue mâa expliquĂ© que je faisais peut-ĂȘtre partie de ces deux personnes sur dix qui font une embolie pulmonaire sans que lâon sache trĂšs bien en expliquer lâorigine. Je ne croyais pas beaucoup Ă cette idĂ©e mais je nâai rien dit.
La piste de mes facteurs de coagulation a aussi Ă©tĂ© envisagĂ©e. Jâavais peut-ĂȘtre des problĂšmes de coagulation que jâignorais. On mâa donc fait une prise de sang Ă ce sujet.
Une sortie rapide de lâhĂŽpital
Jâai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© de pouvoir sortir aussi vite aprĂšs une embolie pulmonaire (aprĂšs trois jours dâhospitalisation). Jâaurais acceptĂ© de rester deux jours de plus Ă lâhĂŽpital. Et j’ai appris depuis que la durĂ©e moyenne d’une hospitalisation aprĂšs une embolie pulmonaire serait de trois Ă cinq jours. Et le scanner thoracique, pelvien et abdominal que lâon mâa fait passer le jour de ma sortie a montrĂ© que je nâavais pas de cancer.
Mon caillot ne pouvait donc pas provenir d’un cancer.
Je suis sorti de lâhĂŽpital il y a plus dâune semaine maintenant. Je vais de mieux en mieux. J’estime ĂȘtre Ă 60% de mes possibilitĂ©s respiratoires et physiques.
Je considĂšre que je vais mieux quâavant mon hospitalisation et le diagnostic de lâembolie pulmonaire. Je suis moins essoufflĂ©. Je ne ressens plus vraiment ma douleur basithoracique. Pendant environ deux jours, aprĂšs ma sortie de l’hĂŽpital, les antibiotiques que jâai pris mâont donnĂ© la diarrhĂ©e. AprĂšs en avoir pris durant six jours, je nâai plus besoin de les prendre. Et, aujourd’hui, je vais Ă la selle comme tout le monde sans en mettre partout dans les toilettes. Jâai retrouvĂ© lâappĂ©tit. Je dors correctement mĂȘme sâil mâarrive de tousser encore un peu. Il m’est arrivĂ© de cracher du sang mais c’est terminĂ©.
Mon activitĂ© physique principale consiste Ă marcher. J’ai perdu un peu de poids. Deux Ă trois kilos. Mais cela me convient.
A lâhĂŽpital, certaines recommandations mâont Ă©tĂ© faites afin de me mĂ©nager.
Mais on a oubliĂ© de me dire quâil me faudrait attendre entre trois et six mois avant de pouvoir reprendre la pratique de lâapnĂ©e. Câest le mĂ©decin fĂ©dĂ©ral du sport que je consulte de temps Ă autre qui me lâa appris plus tard lorsque je suis allĂ© le consulter ce mardi 28 novembre non loin du TrocadĂ©ro.
On a aussi oubliĂ© de me dire quâil me faudrait entre six mois et un an pour rĂ©cupĂ©rer totalement de mon embolie pulmonaire. Car on rĂ©cupĂšre trĂšs bien dâune embolie pulmonaire Ă condition bien sĂ»r dâĂȘtre raisonnable. Câest mon thĂ©rapeute, ancien rĂ©animateur, qui me lâa dit aprĂšs ma sortie de lâhĂŽpital lorsque je l’ai vu ce lundi 27 novembre.
A lâhĂŽpital, on mâa appris que jâaurais un traitement anti-coagulant oral pendant au moins six mois et quâil me faudrait attendre au moins un mois avant de pouvoir prendre lâavion en portant des bas de contention. Et que je serais aussi arrĂȘtĂ© pendant quinze jours. PĂ©riode dâarrĂȘt maladie qui pourrait ĂȘtre prolongĂ©e par mon mĂ©decin traitant.
Les voies du caillot
En attendant de revoir en consultation le pneumologue mi-janvier, donc environ sept semaines aprĂšs ma sortie de l’hĂŽpital , avec une Ă©chographie cardiaque que jâaurais passĂ©e au prĂ©alable, je vois deux ou trois explications possibles au fait dâavoir « fait » un caillot qui mâa ensuite donnĂ© cette embolie pulmonaire.
La phlĂ©bite et mes pieds nâont rien Ă voir lĂ -dedans.
1) Le fait dâavoir du cholestĂ©rol un peu Ă©levĂ© dans le sang a pu mâexposer Ă la formation dâun caillot du fait du Covid qui perturbe la coagulation sanguine. ( 2,56 g/L de cholestĂ©rol total le 8 novembre, contre 2, 21 g/L hier, le 30 novembre 2023 pour une normale qui doit se situer au maximum Ă 2 g/ L de cholestĂ©rol total).
2 ) Le Covid Ă lui tout seul a pu perturber ma coagulation sanguine. Les rĂ©sultats de mon bilan sanguin hier mâont montrĂ© que mon dosage de plaquettes sanguines affiche un « score » de 444 Giga/L alors que la normale se situe entre 161 et 398.
Jâaimerais bien que lâon mâexplique ce chiffre de 444 Giga/L alors que jâai dĂ©sormais- depuis le 19 novembre- un traitement anticoagulant bi-quotidien pour une durĂ©e de six mois.
Le 8 novembre, donc cinq jours aprĂšs le dĂ©but de mon embolie pulmonaire, le mĂȘme laboratoire avait trouvĂ© un « score » de 234 Giga/ L pour mes plaquettes sanguines.
3) La conjugaison des effets des vaccins contre le CovidâŠet des effets du Covid.
Ma compagne, opposĂ©e aux vaccins contre le Covid et suspendue pour cela durant dix huit mois, mâa assez vite parlĂ© des « vaccins » contre le Covid comme pouvant ĂȘtre la cause de ce caillot sanguin qui mâa donnĂ© cette embolie pulmonaire.
Je lâai aussitĂŽt contredite car je ne voyais pas le rapport entre mes trois doses de Moderna contre le Covid il y a deux ans et mon caillot dĂ©but novembre 2023.
Je pouvais admettre que le Covid attrapĂ© dĂ©but septembre 2023 provoque la production dâun caillot dĂ©but novembre 2023. Je trouvais par contre peu plausible que les trois injections dâun vaccin faites deux ans plus tĂŽt provoquent « subitement » la production dâun caillotâŠ.
Parce-que je nâavais pas pensĂ© Ă la synergie des effets des vaccins contre le CovidâŠavec les effets du Covid.
On sait que certains vaccins contre le Covid ont pu provoquer des troubles de la coagulation sanguine.
Je crois aujourdâhui que la rencontre entre les vaccinations contre le Covid et le Covid peuvent provoquer la production de caillot sanguin.
Cela varie selon les personnes et le moment oĂč elles attrapent le Covid. Puisque je connais des personnes vaccinĂ©es contre le Covid qui ont attrapĂ© le Covid par la suite sans pour autant faire dâembolie pulmonaire.
Pour lâinstant, dans mon entourage, je suis a priori la seule personne que je connaisse Ă avoir fait une embolie pulmonaire deux mois aprĂšs avoir attrapĂ© le Covid pour la premiĂšre fois. Et deux ans (ou trois) aprĂšs avoir Ă©tĂ© vaccinĂ© trois fois contre le Covid.
Je ne suis pas diabĂ©tique. Je ne suis pas hypertendu. Je ne suis pas obĂšse. Je ne fume pas. Je bois peu dâalcool. Je suis assez sportif. Je ne suis pas dĂ©pressif. Mais je porte des lunettes tous les jours. Je fais parfois de lâhumour, j’Ă©coute assez peu de Rap, j’Ă©coute de la musique de vieux, je frĂ©quente des mĂ©diathĂšques et des bonnes boulangeries et j’aime le cinĂ©ma d’auteur en version originale. MĂȘme si j’aime aussi regarder des films grand public.
Vertueux mais vulnérable
MalgrĂ© toutes ces « vertus », jâai attrapĂ© le Covid dans un moment de vulnĂ©rabilitĂ© physique assez inhabituelle et importante.
AprĂšs ou alors que jâaidais mon frĂšre Ă effectuer son dĂ©mĂ©nagement fin aout ou dĂ©but septembre alors quâil faisait particuliĂšrement chaud.
Plus de trente degrés.
Cet Ă©tĂ©, mĂȘme si certains estiment que nous avons eu un Ă©tĂ© pourri, il a plusieurs fois Ă©tĂ© question de canicule.
Du fait de cette chaleur, le dĂ©mĂ©nagement de mon frĂšre a Ă©tĂ© physiquement particuliĂšrement Ă©prouvant. JâĂ©tais largement le plus ĂągĂ© ( 55 ans pour une moyenne d’Ăąge de 40 ans de mon frĂšre et de ses amis) parmi ceux qui aidaient mon frĂšre Ă dĂ©mĂ©nager.
Et, câĂ©tait la premiĂšre fois, lorsque je participe Ă un dĂ©mĂ©nagement, que je doive dĂ©cider dâarrĂȘter ma participation parce-que jâĂ©tais trĂšs ou trop fatiguĂ©.
Donc, il y a eu un moment de vulnĂ©rabilitĂ© physique particulier avant que jâattrape le Covid ou lorsque jâai attrapĂ© le Covid. Car câest peu de temps aprĂšs, deux ou trois jours aprĂšs ce dĂ©mĂ©nagement, que jâai appris avoir le Covid. Un des copains de mon frĂšre a ensuite, lui aussi, attrapĂ© le Covid.
Jâai Ă©tĂ© en arrĂȘt maladie quelques jours. Et, attraper le Covid a Ă©tĂ© pour moi une trĂšs grande surprise. Jâavais toujours Ă©tĂ© persuadĂ© que je ne lâattraperais pas. Avec ou sans vaccin.
Jâai passĂ© quelques jours chez moi sans difficultĂ© respiratoire particuliĂšre. Jâai eu un peu de fiĂšvre qui est passĂ©e trĂšs vite avec le repos sans prendre le moindre doliprane. Jâai Ă©tĂ© fatiguĂ© deux ou trois jours avec une perte dâappĂ©tit. Jâai peut-ĂȘtre un peu toussĂ©. Puis, comme aprĂšs mon arrĂȘt maladie jâavais des jours de congĂ©s, jâai trĂšs vite rĂ©cupĂ©rĂ©.
Du moins Ă©tait-ce que je croyais lorsque jâai repris mon travail mi-octobre 2023.
De lâĂ©panchement pleural Ă lâembolie pulmonaire importante
Puisque, ensuite, environ un mois plus tard, cela a Ă©tĂ© une trĂšs grande surprise pour moi dâapprendre Ă lâhĂŽpital oĂč je mâĂ©tais fait hospitaliser au dĂ©part- le 19 novembre- pour un Ă©panchement pleural que jâavais « une embolie pulmonaire importante ».
Cela faisait alors plus de deux semaines que je me sentais anormalement essoufflĂ© (depuis le 3 novembre) et, Ă aucun moment, je nâai pensĂ© Ă une embolie pulmonaire.
A chaque fois que j’ai Ă©tĂ© par vu par un mĂ©decin, y compris aux urgences, je parlais de cet « essoufflement anormal » pour des efforts de la vie quotidienne, tels que le fait de monter des escaliers ou des escalators, qui, lĂ , Ă©trangement, me fatiguaient bien plus que d’ordinaire.
Jâestimais mon amplitude respiratoire diminuĂ©e de moitiĂ©. Jâavais aussi une douleur persistante sur le cĂŽtĂ© droit. JâĂ©tais constipĂ©. Je nâavais plus beaucoup dâappĂ©tit.
Comme je gardais le moral, jâessayais de trouver ce que je pouvais bien avoir. Jâai pensĂ© Ă une hĂ©patite, Ă une pĂ©ritonite, Ă une pancrĂ©atite voire Ă une appendicite.
Mais Ă aucun moment, je n’ai pensĂ© Ă une embolie pulmonaire.
Stressé, angoissé, constipé et bronchitique
La femme mĂ©decin que jâai consultĂ© en premier dĂ©but novembre mâa auscultĂ© et examinĂ©.
Elle a suggĂ©rĂ© que jâĂ©tais peut-ĂȘtre « stressĂ© » ou « angoissĂ© ». Je nâai pas voulu jouer au mec macho donc je nâai pas protestĂ©. Je suis reparti avec une prescription de doliprane, de flector et de Macrogol (contre la constipation). Jâai dĂ» insister pour quâelle accepte de me prescrire un bilan sanguin hĂ©patique. Puisquâelle estimait en prime abord quâil me fallait aller voir mon mĂ©decin traitant pour me faire prescrire un bilan sanguin.
Jâai passĂ© un test antigĂ©nique au Covid vers le 16 ou le 17 novembre. Le rĂ©sultat a Ă©tĂ© nĂ©gatif.
Puis, le 17 novembre, devant une radio pulmonaire normale, le rĂ©sultat de mon bilan sanguin et mes quintes de toux, le second mĂ©decin que jâai revu pour la seconde fois en une semaine mâa appris que je faisais une bronchite :
« Il nây a que ça en ce moment ! ».
Il mâavait prescrit un bronchodilatateur la premiĂšre fois. Le fait que mes transaminases soient Ă©levĂ©es au delĂ de la normale ne lâinquiĂ©taient pas. Il mâa rĂ©pondu que cela restait Ă©levĂ© dans des proportions raisonnables. Ce mĂ©decin, que jâai vu Ă deux reprises, ne mâa jamais auscultĂ© et nâa jamais pris ma tempĂ©rature. Mon temps de passage dans son cabinet, Ă chaque fois, a durĂ© cinq minutes tout au plus.
Lâange au scanner
Le lendemain soir, aux urgences, dans la nuit du 18 au 19 novembre, on sâest focalisĂ© sur mon Ă©panchement pleural. Pour cela, il fallait mâhospitaliser afin de le ponctionner. Sauf que, dans la journĂ©e du 19 novembre, on ne voyait pas trĂšs bien Ă lâĂ©chographie oĂč il se situait. Alors, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de me faire passer un angio-scanner. Lequel a beaucoup aidĂ© Ă localiser et rĂ©vĂ©ler que je faisais « une embolie pulmonaire importante ».
Deux semaines pour diagnostiquer une embolie pulmonaire.
Ralentir
Il y a beaucoup Ă dire sur ce qui se peut se passer dans une vie en deux semaines. Bien-sĂ»r, on peut imaginer le pire en se remĂ©morant telle ou telle situation dans cet intervalle. MĂȘme si jâĂ©tais Ă©tonnĂ© par ce qui mâarrivait et ce que je ressentais de ce souffle qui continuait de me fuir, je nâai pas paniquĂ©. Je nâai pas envisagĂ© le pire. MĂȘme alors que j’en Ă©tais quelques fois Ă respirer un peu par la bouche debout dans des transports en commun bondĂ©s.
Ausculter
Pendant ces deux semaines, jâai ralenti mon allure. Jâai arrĂȘtĂ© de faire une partie de mon trajet pour le travail Ă vĂ©lo. Jâai uniquement pris les transports en commun. Jâai essayĂ© dâassembler et de trouver des Ă©lĂ©ments de comprĂ©hension. Jâai un peu parlĂ© autour de moi de ce qui mâarrivait. JusquâĂ ce quâune de mes collĂšgues infirmiĂšres, la plus quâaimable Florence-Jennifer, dans notre service d’urgences mĂ©dico-lĂ©gales, le 18 novembre, alors que nous travaillions de nuit, me suggĂšre de me faire ausculter par notre psychiatre de garde qui a entendu un Ă©panchement pleural. Ce qui a amenĂ© mon transport par un de nos collĂšgues aux urgencesâŠ.
Jâai plutĂŽt Ă©tĂ© « soulagĂ© » que lâon me trouve un Ă©panchement pleural. JâĂ©tais claquĂ©. Je me disais que, enfin, on tenait quelque chose. MĂȘme si, pour respirer, jâavais lâimpression de devoir tirer comme lors dâune bronchite asthmatiforme et que le bronchodilatateur avait en effet calmĂ© mes quintes de toux, le fait dâĂȘtre de plus en plus fatiguĂ©, de continuer de manquer dâappĂ©tit, dâĂȘtre constipĂ©, de me « refroidir » ( jâavais 38 degrĂ©s 2 aux urgences) me faisait comprendre quâil manquait quelque chose au diagnostic.
Ausculter lâunivers
Je nâai pas de colĂšre particuliĂšre concernant le temps quâil a fallu pour dĂ©busquer cette embolie pulmonaire. Je ne suis pas mĂ©decin. Chaque ĂȘtre humain est un univers et le soigner et le comprendre est difficile.
Mais je comprends celles et ceux qui se sont beaucoup inquiétés pour moi ou qui sont en colÚre.
Et, jâai aussi lâimpression dâavoir Ă©tĂ© mal Ă©coutĂ© par des personnes consciencieuses et travailleuses mais qui se sont laissĂ©es tĂ©lĂ©guider par une façon de penser assez stĂ©rĂ©otypĂ©e ou qui nâont fait que continuer de suivre la piste prĂ©alable signalĂ©e par dâautres sans essayer dâapprofondir, de comprendre ou de remonter aux origines du « mal ».
Ce qui mâa Ă©tĂ© dit par les mĂ©decins, en rĂ©sumĂ©, aprĂšs le diagnostic de mon embolie pulmonaire, câest :
« Vous nâavez pas le profil ».
Tenir compte des signes
Moi, aussi, jâai pensĂ© et cru que je nâavais pas le profil. Mais un profil, câest aussi une apparence. Alors quâil faut aussi tenir compte des signes. Les voir et les Ă©couter.
Lâerreur principale, Ă mon avis, a Ă©tĂ© celle-lĂ . Ne voir et ne regarder que le profil et se fermer au reste : lâessoufflement anormal, la douleur basithoracique. LâexpĂ©rience de la personne qui consulte.
Quoiquâil en soit, quoique lâon puisse penser de tout ça, ces surprises Ă©manent, ici, du Covid. Que les vaccinations contre le Covid jouent un rĂŽle ou non dans ce qui mâest arrivĂ© avec cette embolie pulmonaire.
Mais une autre surprise est arrivée avec le Covid.
Le Covid en librairie
On parle du Covid maintenant depuis presque quatre ans. LâannĂ©e prochaine, en 2024, on devrait entrer dans la cinquiĂšme annĂ©e de « lâapparition » du Covid sur la scĂšne publique et internationale. Il y a eu beaucoup dâavis, de controverses, dâexamens, de recherches et de milliards consacrĂ©s au Covid.
Pourtant, lorsque cette semaine, que ce soit Ă la librairie La Procure ou Ă la mĂ©diathĂšque dâEaubonne, jâai cherchĂ© un livre qui synthĂ©tise ce que lâon avait appris de mĂ©dical sur le Covid, jâai Ă©tĂ© surpris de dĂ©couvrir quâil nây en nâa pas.
A la trĂšs jolie et grande librairie La Procure, cette semaine, la libraire qui sâest occupĂ©e de moi mâa dit que les gens en avaient dĂ©sormais assez du Covid. Cela, je le comprends parfaitement. Sans mon embolie, je me serais dispensĂ© de ce genre de recherche. A part mes recherches dâun livre sur le Covid, je suis reparti de la librairie La Procure avec Le CĆur sur la table de Victoire Tuaillon, Au Nom du Temple ( IsraĂ«l et lâarrivĂ©e au pouvoir des juifs messianiques) de Charles Enderlin et Aikido Enseignements secrets de Morihei Ueshiba. Et j’ai commencĂ© Ă lire StĂ©rĂ©o-scopie de la rĂ©alisatrice Marina De Van ainsi que Une Soudaine LibertĂ© de Thomas Chatterton Williams donc des ouvrages qui portent sur des sujets a priori fort distincts de la thĂ©matique du Covid.
La libraire, de son cĂŽtĂ©, a nĂ©anmoins fait de son mieux pour me trouver les livres disponibles sur le Covid. Elle mâen a rapportĂ© deux ou trois que jâai feuilletĂ©s.
Il y a bien des livres sur le Covid. Mais câest pour raconter ou dĂ©crypter comment la pandĂ©mie est arrivĂ©e, pour critiquer les erreurs rĂ©pĂ©tĂ©es de la gestion de la pandĂ©mie ou les mensonges qui ont Ă©tĂ© ou auraient Ă©tĂ© dits.
Par contre, pour trouver un livre qui Ă©tudie la maladie et qui vous explique ses symptĂŽmes, ses effets mĂ©dicaux connus, irrĂ©futables et recensĂ©s, de maniĂšre synthĂ©tique et simple, je nâen nâai pas trouvĂ©.
Le Covid : problĂšmes de coagulation et de publication
Câest sur le net que jâai trouvĂ© des articles qui parlent du Covid et de ses effets sur la coagulation. Parce-que jâai tapĂ© des mots clĂ©s comme « Covid et thrombose » ou « Covid et problĂšmes de coagulation » ou « Covid et embolie pulmonaire ». Jâai donc Ă©tĂ© dirigĂ© vers des articles en ligne ou vers des articles de journaux papier qui ont Ă©tĂ© digitalisĂ©s par la suite et qui Ă©voquent le fait que le covid augmente le risque de thromboses et dâembolies pulmonaires.
Mais je nâai trouvĂ© aucun livre papier, concret et matĂ©riel qui synthĂ©tise les connaissances mĂ©dicales sur le Covid. MalgrĂ© tous les milliards et toute lâattention portĂ©e Ă la pandĂ©mie du Covid, notre connaissance Ă son sujet nâest pas fixĂ©e dans des livres et reste, apparemment, minimale, ou rĂ©servĂ©e Ă une minoritĂ© mĂ©dicale.
Nous avons pourtant certaines connaissances mĂ©dicales sur le Covid mĂȘme si des mystĂšres demeurent.
Cette absence de « synthĂšse » mais aussi de diffusion Ă grande Ă©chelle de certaines connaissances mĂ©dicales Ă propos du Covid explique peut-ĂȘtre en partie lâincrĂ©dulitĂ© Ă lâhĂŽpital des trois pneumologues devant moi, il y a quelques jours, lorsque je leur ai entre-autres suggĂ©rĂ© la piste Covid pour expliquer lâorigine probable de mon caillot responsable de mon embolie pulmonaire.
Mais aussi peut-ĂȘtre le fait quâaucun des deux premiers mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes que jâavais d’abord consultĂ©s ne mâait demandĂ© si jâavais attrapĂ© le Covid rĂ©cemment ou derniĂšrement alors que je leur disais ĂȘtre « essoufflĂ© de maniĂšre anormale ». Alors que le Covid est aussi connu pour donner certaines difficultĂ©s respiratoires.
Le Covid est vivant
On croit sâĂȘtre dĂ©barrassĂ© du Covid parce-que lâon ne parle plus de pandĂ©mie. Parce-que nous avons nos vaccins. Parce-que nous ne parlons plus dâobligation vaccinale et ne sommes plus obligĂ©s de respecter certains gestes barriĂšres comme de porter des masques anti-Covid comme nous lâavons fait pendant des mois. Parce-que nous avons eu plus que nos doses du Covid dans les mĂ©dia.
Mais mon embolie pulmonaire et la difficultĂ© pour la diagnostiquer dĂ©montrent un peu que nous avons enterrĂ© et dĂ©cidĂ© dâignorer le Covid un peu trop hĂątivement. Et que, ce faisant, câest sans doute lui ou elle qui va mettre Ă mal encore un certain nombre de personnes faute dâattention, dâouverture dâesprit et de prudence. Je me dis que si, moi, qui n’ai pas le profil, j’ai pu faire une embolie pulmonaire, d’autres sont susceptibles d’en faire une ou en ont dĂ©jĂ fait une dans des circonstances aussi surprenantes que celles que j’ai connues.
Ce tĂ©moignage vise Ă informer plutĂŽt qu’Ă effrayer.
Franck Unimon, vendredi 1er décembre 2023.