Les 24 heures du SamouraĂŻ au dojo dâHerblay ce 20 et 21 Mai 2023, 2Ăšme Ă©dition
Chevrotine peut-ĂȘtre cinglĂ©e, ce samedi 20 Mai 2023, je traçais depuis quelques minutes sur lâautoroute A15 lorsque, malgrĂ© toute lâattention prĂ©alable portĂ©e Ă mes prĂ©paratifs, je me dis que jâaurais peut-ĂȘtre dĂ», finalement, la veille, acheter deux nouveaux kimonos plutĂŽt quâun seul. Jâallais tourner avec deux kimonos lors de ces 24 heures du SamouraĂŻ. ( Avant les 24 heures du SamouraĂŻ au dojo d’Herblay ce 20 et ce 21 mai 2023).
Nous Ă©tions plus de deux cents ce week-end pour cette deuxiĂšme Ă©dition des 24 heures du SamouraĂŻ au dojo dâHerblay. Soit, Ă bien y repenser aujourdâhui, Ă peine un petit peu moins de personnes quâil nây en aura lors du concert de BeyoncĂ© qui se dĂ©roulera demain soir au stade de France, ce vendredi 26 Mai 2023.
Dix disciplines : Ni combat, ni compétition
Pour pratiquer dans notre couvent martial situĂ© dans le Val dâOise, nous avons troquĂ© nos vĂȘtements ordinaires et civils pour des amas de kimonos majoritairement blancs faisant de nous des volontaires pour cet Ă©vĂ©nementâŠpeu ordinaire. Mais lâĂ©tat dâesprit, plus que la couleur, le « niveau » dâexpĂ©rience, la discipline martiale ou de combat pratiquĂ©e, ou le grain de la tenue vestimentaire, a Ă©tĂ©, ici, ce qui importait.
DĂ©butant(e)s comme chevronnĂ©(e)s, Ă©lĂšves ou Maitres, femmes ou hommes, adolescent(es) ou vĂ©tĂ©rans, marcheurs ou en fauteuil roulant, issus du KaratĂ©, du Systema, du Penchak Silat, Ju Jitsu brĂ©silien, de lâhapkido, de lâAĂŻkido, du Wing Chun, du Tae Kwondo ou de toute autre expĂ©rience martiale ou de combat ont Ă©tĂ© acceptĂ©s une fois le droit dâentrĂ©e acquittĂ©. Pour moi, le tarif solo avait Ă©tĂ© de 85 euros en prĂ©vente.
Dans ce « couvent » restĂ© ouvert entre ciel et terre et souhaitĂ© comme tel, câest en passant par la porte dâentrĂ©e principale que nous avons tous empruntĂ©s, quâun peu avant midi, ce samedi 20 Mai 2023, une reprĂ©sentante de lâEtat est venue nous saluer, nous encourager et aussi nous apprendre quâelle avait vu ce dojo sortir de terre plusieurs annĂ©es auparavant.
Lors de la crĂ©ation de ce dojo, certaines et certains des personnes qui ont participĂ© Ă ces 24 heures du SamouraĂŻ ce week-end Ă©taient dĂ©jĂ nĂ©es, dâautre pas. Et lâon peut souhaiter que dâautres qui naĂźtront aprĂšs cette deuxiĂšme Ă©dition vivront un jour cette expĂ©rience. Quâelles et quâils proviennent de Tours, de Toulon, de Limoges, de Normandie, de Bretagne, de Belgique, de lâEst de la France, du Mexique, de lâĂźle de France ou dâailleurs comme cela a Ă©tĂ© le cas ce week-end.
Une organisation clés en main
LâĂ©quipe organisatrice (constituĂ©e de bĂ©nĂ©voles fĂ©dĂ©rĂ©s par Tanguy Le Vourch, Issei Tamaki et LĂ©o Tamaki) de ces 24 heures du SamouraĂŻ avait tout prĂ©vu :
Rappelons dâabord que deux Ă trois jours avant le dĂ©but de « lâĂ©tape » de ces 24 heures du SamouraĂŻ, un mail avait Ă©tĂ© envoyĂ© aux participantes et participants les informant quâil Ă©tait prĂ©vu un certain retard sur la ligne J de train reliant Paris Ă la gare dâHerblay (environ 25 minutes dans les conditions normales). Ce mail mentionnait lâheure du dĂ©but des inscriptions fixĂ© Ă 10h45 pour une cĂ©rĂ©monie dâouverture Ă 11h45. Et recommandait de prĂ©voir son sac de couchage, un oreiller, son nĂ©cessaire de toilette, mais aussi de sâhydrater rĂ©guliĂšrement.
A son arrivĂ©e, chaque participant (e ) aprĂšs sâĂȘtre acquittĂ©(e) de son droit dâentrĂ©e a reçu un sac en carton Ă lâeffigie de lâĂ©vĂ©nement contenant une bouteille dâeau minĂ©rale, une banane, une pomme et une canette de coca-cola. Une carte lui a Ă©galement Ă©tĂ© remise. Celle-ci allait lui permettre de faire tamponner chacune de ses implications aux ateliers animĂ©s par dix experts. AprĂšs avoir participĂ© Ă quatre ateliers, la participante ou le participant obtenait un bracelet avec une couleur correspondant Ă son nombre dâexpĂ©riences martiales vĂ©cues.
Lors de ces 24 heures du SamouraĂŻ, 16 ateliers dâune heure quinze chacun furent proposĂ©s avec, en moyenne, quinze minutes de pause durant lâintervalle.
Dans le dojo suffisamment grand (750 mĂštres carrĂ©s ?), des vestiaires, des douches et des toilettes sont disponibles facilement et gratuitement. Un service de restauration propose Ă un tarif trĂšs abordable de la nourriture de qualitĂ© ou faite main (2 euros une part de quiche lorraine, autant pour un bol contenant quatre ou cinq portions de pastĂšqueâŠ). Une Ă©quipe de pratiquants de shiatsu est repĂ©rable sur une partie du tatami et opĂšre Ă titre gracieux. Des ostĂ©opathes et des infirmiĂšres sont prĂ©sents sur lâĂ©vĂ©nement. Une petite salle est rĂ©servĂ©e Ă lâaire de repos. Quelques bokken et bĂątons peuvent ĂȘtre prĂȘtĂ©s Ă celles et ceux venus les mains nues.
Trois musiciens traditionnels faisant partie dâune association parisienne font rĂ©sonner leur voix et leurs tambours lors de certains moments de lâĂ©vĂ©nement.
Une ambiance musicale de circonstance et humoristique est entretenue Ă la fin de chaque intervention au moment de la sĂ©ance de photo du groupe de participants entourant lâexpert (OpĂ©ration Dragon, Kill Bill, la sĂ©rie Kung Fu, Highway to hell dâAC/DC et dâautres rĂ©fĂ©rencesâŠ.).
Une Ă©quipe de bĂ©nĂ©voles, pratiquant aussi lorsquâelle le peut, permet de se sentir bien accueilli, contribue Ă nous donner des repĂšres, et assure, aussi, le trĂšs bon dĂ©roulement de ces diverses sĂ©quences.
Lâintrigue et les « excuses » de lâannĂ©e derniĂšre concernant les 24 heures du SamouraĂŻ
LâannĂ©e derniĂšre, quand je pris connaissance de la premiĂšre Ă©dition des 24 heures du SamouraĂŻ Ă Nantes, je fus dâabord intriguĂ©.
Je me suis demandĂ© comment, en passant 24 heures Ă pratiquer des Arts martiaux ou des disciplines de combat, on pouvait vĂ©ritablement y prendre plaisir. Je percevais plus ça comme de la surconsommation et de la frĂ©nĂ©sie Ă lâimage de ce mode de vie et de ces millions dâimages par secondes dans lesquels nous sommes rĂ©guliĂšrement immergĂ©s et reclus.
Mais il Ă©tait dĂ©jĂ trop tard pour participer. Et puis, Nantes, câĂ©tait « trop loin » pour moi.
Par contre, pour Herblay, je nâavais aucune excuse.
Herblay est la ville oĂč jâai vĂ©ritablement dĂ©couvert le monde du travail dans un service de nuit, dans lequel je travaillais seul, douze heures durant. La personne qui mâavait recrutĂ© pour ces vacations de nuit ne mâavait pas prĂ©venu. Jâavais vingt ans. Je nâavais pas le choix. Jâavais besoin de commencer Ă gagner ma vie. A lâĂ©poque, je nâavais pas le permis de conduire et je prenais le train depuis chez mes parents. Cela me prenait environ 45 minutes pour faire le trajet et en marchant un petit peu depuis la gare dâHerblay. En prenant des trains gris qui me faisaient penser Ă des trains de Blues.
Depuis, jâai quittĂ© mes parents. Jâai dĂ©mĂ©nagĂ©. Jâai un emploi fixe dans lequel je travaille de jour comme de nuit. Je me suis mariĂ©. Je suis devenu pĂšre. Et, jâai mĂȘme appris Ă conduire une voiture. La gare de Herblay est dĂ©sormais Ă moins dâune vingtaine de minutes en train par la ligne J depuis chez moi. Et, me rendre en voiture au dojo dâHerblay depuis mon domicile me prend Ă peu prĂšs autant de temps.
Sans le faire exprĂšs, en me rendant aux 24 heures du SamouraĂŻ, malgrĂ© la technologie de guidage aujourdâhui prĂ©sente sur tous nos smartphones, je me suis un peu trompĂ© dâitinĂ©raire ce samedi Ă un moment donnĂ©. Et, pour retrouver ma route vers le dojo dâHerblay, pour la premiĂšre fois depuis Ă peu prĂšs trente ans, je suis repassĂ© devant cet Ă©tablissement oĂč, Ă 20 ans, jâavais commencĂ© Ă dĂ©couvrir le monde du travail ainsi que le travail de nuit en 19h/7h.
Curiosité et étonnement : Mon doudou
Je suis aussi allé à cette deuxiÚme édition des 24 heures du Samouraï par curiosité.
Durant ces 24 heures, jâai pratiquĂ© avec plus dâune vingtaine de participants et participantes. Jâai dâailleurs reconnu deux ou trois personnes que jâavais croisĂ©es quelques mois plus tĂŽt au Centre Tissier, Ă Vincennes, lors du stage animĂ© par Hino Akira Sensei et organisĂ© par LĂ©o Tamaki.
Certains des pratiquants que jâai rencontrĂ©s lors des 24 heures du SamouraĂŻ (comme moi pour elles et eux) ont parfois voulu savoir ce que je pratiquais.
Je me suis étonné à chercher mes mots et à avoir un peu de mal à répondre.
Officiellement, je suis un trĂšs jeune et sporadique Ă©lĂšve (depuis lâannĂ©e derniĂšre) de Jean-Pierre Vignau, Maitre en karatĂ© Shotokan. Jâai aussi pratiquĂ© le judo avec Pascal Fleury, aujourdâhui 6Ăšme ou 7Ăšme Dan de Judo, il y a plus de vingt ans.
Cependant, aujourdâhui, je crois ĂȘtre moins cloisonnĂ© quâil y a plusieurs annĂ©es.
Lors de ces 24 heures du SamouraĂŻ, jâai dit que je faisais du karatĂ© pour rĂ©pondre quelque chose. Mais je crois que je suis moins dans cette « limite ».
« Avant », je me cantonnais Ă une discipline et jâĂ©tais presque fier de mâemmitoufler dedans. Dans cette croyance et cette certitude que « ma » discipline Ă©tait la meilleure.
Bien-sĂ»r, on a compris que câĂ©tait surtout moi qui, une fois que je marchais sur le tatami, me sentais meilleur que dâordinaire. Une fois que je quittais kimono et tatami et que je retrouvais la vie courante, certaines difficultĂ©s de lâexistence restaient insaisissables et rĂ©sistaient terriblement Ă mes ippon.
Il y a plusieurs annĂ©es, encouragĂ© en cela par Pascal Fleury, mon prof de Judo, il mâĂ©tait arrivĂ© dâaller un peu au dojo dâĂ©tĂ©. Nous Ă©tions nombreux Ă ĂȘtre sur le tatami.
Un jour, un des intervenants dont jâignore Ă©videmment le nom â vu que, lorsque lâon est ignorant, on lâest souvent Ă peu prĂšs jusquâĂ lâinfini– nous avait tenu un petit discours. Beaucoup de judokas ceinture noire Ă©taient parmi nous.
Lâ intervenant, trĂšs certainement ceinture noire de Judo et enseignant de judo, nous avait exhortĂ© Ă apprendre, aussi :
« A donner des coups de poing et des coups de pieds ! ».
Ce jour-lĂ , jâai commencĂ© Ă comprendre Ă quel point jâĂ©tais restĂ© beaucoup trop collĂ© au Judo qui Ă©tait devenu pour moi lâĂ©quivalent dâun doudou.
Depuis, bien-sĂ»r, jâai aussi compris quâapprendre Ă donner des coups de poing et des coups de pied pour simplement en donner est une application trĂšs limitĂ©e des Arts martiaux ou de toute discipline de combat.
Non sens, enfermement et perte de goût
Pour diffĂ©rentes raisons, aveuglement, fainĂ©antise, facilitĂ© ou petites lĂąchetĂ©s, on apprend trĂšs vite Ă croire que nous devons ou pouvons rester recroquevillĂ©s, enchevĂȘtrĂ©s, enfermĂ©s et cadenassĂ©s, dans un seul « style », une seule attitude et tournure dâesprit. Et que cette seule expĂ©rience suffira Ă nous offrir le reste de lâunivers et ce dont nous rĂȘvons ou avons besoin dans notre existence. Comme si lâArt Martial ou la discipline de combat que nous pratiquons Ă©tait notre lampe dâAladin.
Je crois donc que je suis allĂ© Ă ces 24 heures du SamouraĂŻ aussi pour me « soigner » un peu en quelque sorte de cette maladie de lâenfermement qui me captive et que je cultive passivement ou trĂšs activement. Consciemment ou inconsciemment, voire, souverainement. Et, cela, dans le plus grand calme ainsi quâavec une certaine maitrise ou une maitrise quasi-totale.
Les experts des 24 heures du Samouraï et Beyoncé
Les experts sont les mannequins ou les tops modĂšles dâun Ă©vĂ©nement. Ce sont les BeyoncĂ© des Arts martiaux, si lâon prĂ©fĂšre.
Les experts prĂ©sents lors des 24 heures du SamouraĂŻ mâont aussi poussĂ© Ă venir.
Je « connaissais » ou avais croisĂ© deux ou trois de ces experts. Mais je savais que câĂ©tait une trĂšs bonne occasion que de les rencontrer en aussi grand nombre, de façon aussi rapprochĂ©e, dans un temps limitĂ© et concentrĂ©. Car je le « sais » aussi, maintenant :
Tous ces experts sont souvent trĂšs occupĂ©s ainsi que passionnĂ©s par leur Art comme a pu le souligner LĂ©o Tamaki Ă la fin de ces 24 heures du SamouraĂŻ. Câest donc une chance et une trĂšs grande et une trĂšs belle opportunitĂ© que dâavoir pu les approcher ou leur parler.
A partir de ces quelques raisonnements, payer 85 euros, cela se justifiait facilement. Passer 24 heures Ă pratiquer, aussi. Pour aller au concert de BeyoncĂ© ce week-end, le prix des places dĂ©marrait Ă 79,60 euros pour monter jusquâĂ 200 euros.
Il ne reste dĂ©sormais plus de places pour ce concert de BeyoncĂ© sans doute depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois. A moins de pouvoir recourir au systĂšme D : acheter des billets sur place le jour mĂȘme ou sur internet sâil est possible dâen trouver. Toutefois, car il faut bien savoir se changer les idĂ©es de temps en temps, si l’on tient Ă profiter de ce concert du Renaissance World Tour de BeyoncĂ©, on peut aussi se rabattre sur les places au salon VIP Cocktail. Il en reste. Il semble qu’elles aient Ă©tĂ© mises en vente rĂ©cemment. Le prix par personne hors taxe est de 699 euros et de 838.80 euros TTC, une “ambiance festive” et “un cocktail dinatoire” sont inclus. Il faut savoir vivre avec son temps.
Jâaurais bien-sĂ»r aimĂ© pouvoir aller dĂ©couvrir BeyoncĂ© en concert au stade de France. Mais jâaurais eu- aussi- beaucoup de mal Ă lĂącher lâĂ©quivalent de cent euros pour aller assister de loin Ă un concert en Ă©tant aussi Ă©loignĂ© dâun(e) artiste sur scĂšne. MĂȘme si je suis certain que lâorganisation technique du concert de BeyoncĂ© est exemplaire voire unique. Et que son concert sera vraisemblablement un trĂšs grand spectacle.
Un événement à taille humaine
La normalitĂ©, câest ĂȘtre raisonnable, mais aussi presque tout faire pour oublier que lâon va mourir. Et, entre les deux, Ă©viter certaines aventures car elles exposent Ă des risques et demandent certains efforts qui paraissent hors normes ou impossibles.
Sans doute ai-je Ă©tĂ© un tout petit dĂ©raisonnable de comparer les experts martiaux de ce Week-end Ă BeyoncĂ©. Car, comparer des experts en Arts Martiaux ou dâune discipline de combat Ă une chanteuse amĂ©ricaine sensuelle et rythmĂ©e, mondialement connue et presque milliardaire, cela pourrait irriter quelques personnes. Puisque certaines et certains sont capables de consacrer une partie de leur activitĂ© Ă se « clasher » par Ă©crit, sur youtube ou sur un rĂ©seau social, sans jamais se rencontrer et sans vĂ©ritablement prendre le temps de discuter, seulement parce quâun commentaire publiĂ© sous une vidĂ©o leur a dĂ©plu.
Pourtant, si aux 24 heures du SamouraĂŻ, lors de ce week-end, il y avait eu Jackie Chan, Jet Li ou Donnie Yen (prĂ©sent dans le dernier John Wick 4 sorti au cinĂ©ma il y a plusieurs semaines) il est probable que le prix du billet aurait augmentĂ© mais aussi que lâĂ©vĂ©nement aurait attirĂ© bien plus de public y compris parmi des non-participants. Ainsi quâun public en partie diffĂ©rent. Imaginons un peu ce que cela aurait donnĂ© si Bruce Lee Ă©tait encore vivant et quâil avait Ă©tĂ© prĂ©sent aux 24 heures du SamouraĂŻ. Ou une des vedettes actuelles de MMAâŠ
Avant de me rendre aux 24 heures du SamouraĂŻ, je me suis demandĂ© qui jâallais rencontrer parmi les quelques personnes que jâai dĂ©jĂ pu croiser aux cours de Jean-Pierre Vignau (qui compte parmi ses Ă©lĂšves des fidĂšles de vingt ans ou plus), ailleurs ou parmi mes collĂšgues de travail que je sais portĂ©s sur les Arts martiaux ou les sports de combat.
HĂ© bien, je nây ai rencontrĂ© personne parmi mes connaissances. Jâapprendrai sans doute plus tard que telle personne nâavait pas entendu parler de lâĂ©vĂ©nement.
Je crois que la donne aurait changĂ© sâil sâĂ©tait trouvĂ© un Jackie Chan, un Jet Li ou un Donnie Yen. Parce quâun Jackie Chan, un Jet Li, un Donnie Yen ou une « star » de la boxe ou du MMA, cela pousse trĂšs facilement dans les agendas personnels.
Mais lâĂ©vĂ©nement des 24 heures du SamouraĂŻ aurait alors pris une toute autre saveur. Car, BeyoncĂ© au stade de France, câest dĂ©jĂ une industrie. Economiquement, câest trĂšs rentable. Car rien que le nom et lâimage de BeyoncĂ© « draguent » trĂšs rapidement des milliers de personnes. BeyoncĂ© nâa pas de problĂšme dâanonymat. Tout le monde ou beaucoup de monde sait trĂšs vite de qui il sâagit et elle ne fait pas encore partie de celles et ceux que lâon oublie. Lâanonymat et lâoubli Ă©tant les signes avant coureurs frĂ©quents dâune mort au moins sociale.
On peut aimer se retrouver dans un trĂšs grand stade comme dans certains jeux gigantesques. Cela permet aussi trĂšs facilement dâoublier notre anonymat en vibrant avec des centaines et des milliers dâautres. Mais le vĂ©cu nâest pas le mĂȘme. La foule et le spectacle lâemportent complĂštement sur lâindividu prĂ©sent Ă lâĂ©vĂ©nement.
Les 24 heures du SamouraĂŻ ont sĂ»rement demandĂ© beaucoup de travail et beaucoup dâĂ©nergie Ă lâĂ©quipe organisatrice. De façon dĂ©raisonnable et passionnĂ©e. « Mais » cela a Ă©tĂ© mis au service dâune expĂ©rience Ă taille humaine. MĂȘme si au dojo dâHerblay, ce week-end, jâai compris quâil y avait eu deux fois plus de personnes que lâannĂ©e derniĂšre Ă Nantes lors de la premiĂšre Ă©dition (Plus de 200 contre 100 personnes), ce qui a Ă©tĂ© vĂ©cu avait assez peu de points communs avec un spectacle ou une certaine forme de divertissement. MĂȘme si certaines dĂ©monstrations ont pu ĂȘtre spectaculaires et que ces heures passĂ©es ont pu ĂȘtre divertissantes ou trĂšs divertissantes.
Lâambiance de lâĂ©vĂ©nement
Du reste, lâĂ©quipe organisatrice des 24 heures du SamouraĂŻ lâavait bien rappelĂ© :
Le but nâest pas de rester absolument sur le pont durant 24 heures. Mais dâĂȘtre dans lâambiance de lâĂ©vĂ©nement. Que ce soit en se reposant lorsque lâon en Ă©prouve le besoin, en allant se faire masser, en partant se restaurer ou en discutant avec dâautres personnes venues vivre cet Ă©vĂ©nement.
Et, Ă la fin des 24 heures du SamouraĂŻ, lorsque LĂ©o Tamaki prendra la parole devant nous tous, en prĂ©sence des experts prĂ©sents, ce sera aussi pour nous dire quâils ont crĂ©Ă© cet Ă©vĂ©nement car, plus jeunes, ils auraient aimĂ© quâun tel Ă©vĂ©nement existe pour eux.
En y repensant, ces 24 heures ont leur intĂ©rĂȘt pour au moins deux autres raisons :
Une expĂ©rience, pour quâelle soit marquante, doit avoir un effet suffisamment durable. Pour cela, il faut quâelle soit suffisamment intense et quâon lâait vĂ©cue un certain temps.
On pourrait ajouter la nĂ©cessitĂ© de la rĂ©pĂ©tition de lâexpĂ©rience pour que celle-ci nous marque. Pour contrecarrer ou renouveler, un peu, notre expĂ©rience de notre vie quotidienne, il nous faut bien un Ă©vĂ©nement qui nous sorte de ce que nous avons lâhabitude de faire ou de vivre dans la durĂ©e, en intensitĂ© mais aussi de ce que nous faisons dâhabitude.
Lâautre raison a Ă voir avec les uchideshi.
En « restant » 24 heures dans ce bain martial, en vivant sur place de façon quasi-autonome, pour peu que lâon se soit dĂ©branchĂ© de son tĂ©lĂ©phone portable et dâinternet durant ces 24 heures (ce que jâai fait), je crois que lâon peut entrevoir un aperçu de la vie des uchideshi. Et les bĂ©nĂ©voles de lâĂ©vĂ©nement, en particulier celles et ceux qui ont pratiquĂ© par ailleurs lors des 24 heures du SamouraĂŻ (en grande partie, jâai lâimpression, des Ă©lĂšves de Tanguy Le Vourch, Issei et LĂ©o Tamaki) se sont ainsi mis dans les sillons des uchideshi.
Impressions
24 heures, cela peut sembler long ou trÚs long. Pourtant, les 12 premiÚres heures sont passées trÚs vite.
Pour ma part, lors de ces 24 heures du SamouraĂŻ, il y a eu des interventions qui sont passĂ©es rapidement ou plus rapidement que dâautres. Et, deux ou trois autres, lors desquelles jâai dĂ» fournir plus dâefforts afin de maintenir mon attention et mon implication. Et oĂč le temps mâest apparu plus long.
Je crois que certaines disciplines nous flattent plus facilement parce-que leurs gestes sont plus proches de nous et sont plus rapides à « obtenir » mais aussi Ă rĂ©pĂ©ter. Mais aussi parce quâelles nous semblent directement et visiblement plus « efficaces ».
Je crois que nous avons cette sensation parce-que ces disciplines reposent sur des actions musculaires et explosives assez simples et quâelles nous donnent le sentiment dâĂȘtre aussi puissants que des taureaux ou des machines.
Par contre, lorsque cela devient plus subtil, quâil nous faut sentir certaines poussĂ©es ou certaines forces plus profondes, contradictoires ou plus intimes peut-ĂȘtre, cela nous demande des efforts auxquels nous ne sommes pas habituĂ©s ou qui nous dĂ©rangent parce-que cela nous demande plus de temps ou plus de maturitĂ© Ă©motionnelle peut-ĂȘtre.
Ces disciplines prĂ©sentĂ©es devant nous durant ces 24 heures reposent sur beaucoup de fondements communs. Mais leurs formes et leurs prĂ©sentations sont diffĂ©rentes. Et câest ce qui va nous attirer, nous barber, nous dĂ©courager ou nous repousser.
Jâai bien vu comment nous Ă©tions un certain nombre Ă ĂȘtre Ă la peine lors des interventions de Didier Beddar que ce soit en Kung Fu Wing Chun ou en Tai Chi.
JâĂ©tais alors lâĂ©quivalent dâun lourdaud saccadĂ©, bruyant et poussif qui saccageait lâespace autour de lui alors que jâessayais seulement de marcher tandis que Didier Beddar et ses assistants Ă©taient des ballerines pleines de grĂące.
Lorsque jâavais dĂ©butĂ© le judo il y a quelques annĂ©es, jâavais eu la gratification assez immĂ©diate de « rĂ©ussir ». Le Kung Fu et le Tai Chi mâont fait exactement lâeffet inverse. MalgrĂ© leur intĂ©rĂȘt Ă©vident, ils mâont adressĂ© un reflet de moi-mĂȘme peu valorisant.
Jâai aussi eu lâimpression que lâenseignement de Didier Beddar fait particuliĂšrement appel au Yin et au Yang, au fĂ©minin et au masculin, alors que dans le Penchak Silat, le Hapkimudo, le karatĂ© ou dans le Sistema, on peut nâĂȘtre « que » bourrin.
Ou « masculin ». Ou « viril ». Ou « macho ».
Arrivera un moment oĂč passer en force finira pas nous limiter ou nous rigidifier mais on peut arriver à « y faire des choses » tout de suite et durant un certain temps. Câest efficace. Ou câest plus saccadĂ©. Plus heurtĂ©. Plus frontal.
Câest un peu comme, dans la pratique de lâapnĂ©e ou de la plongĂ©e, utiliser la mĂ©thode vasalva pour descendre en profondeur. On est trĂšs volontaire. On sâimpose. Câest efficace jusquâĂ une certaine profondeur ainsi que pendant un certain nombre dâannĂ©es. Mais câest aussi plus traumatisant pour lâorganisme mĂȘme si on ne le ressent pas tout de suite.
Lors des 24 heures du SamouraĂŻ, jâai croisĂ© un pratiquant qui a Ă©tĂ© un moment mon partenaire qui mâa dit quâĂ©tant donnĂ© son Ăąge, la cinquantaine, le karatĂ© Shotokan commençait Ă ĂȘtre dur pour lui. Jâai compris que la brutalitĂ© quâil sâimposait au travers du karatĂ© shotokan depuis des annĂ©es commençait Ă avoir raison de lui.
JusquâĂ maintenant, je nâavais pas pensĂ© aux Arts martiaux comme une possible expĂ©rience ou rĂ©flexion sur le « genre » masculin et fĂ©minin, sur la façon de lâhabiter de façon « masculino-viriliste » et/ou de façon « fĂ©mino-douce ». Bien-sĂ»r, voir la fĂ©minitĂ© comme le versant de la douceur et la masculinitĂ© comme celui de la brutalitĂ© est un clichĂ©. Mais ce sont des repĂšres pour dire que sâobliger Ă faire ou Ă passer en force parce-que lâon est un homme lorsque lâon pratique est une erreur trĂšs commune. Et, jâai trouvĂ© que parmi les diffĂ©rents experts, Didier Beddar Ă©tait celui qui incarnait le mieux ou le plus cette synthĂšse du fĂ©minin et du masculin dans son expression martiale. Expression martiale que je nâai aucune difficultĂ© Ă percevoir comme trĂšs efficace dans des conditions de combat.
Quelques notes sur les séances :
Jâai pris quelques notes Ă la volĂ©e aprĂšs certaines des sĂ©ances auxquelles jâai participĂ© lors de ces 24 heures du SamouraĂŻ. CâĂ©tait une façon, pour moi, de conserver des impressions que lâon oublie souvent par la suite.
Jâai beaucoup aimĂ© les interventions de Kang Jong Lee, expert en hapkimudo. Ses formulations et son humour, aussi. Dâailleurs, les experts, lors de ces 24 heures du SamouraĂŻ, ont souvent su faire concilier lâhumour avec leurs dĂ©monstrations ce qui a pu contribuer Ă dĂ©sacraliser un certain niveau dâexigence.
Jâai Ă©tĂ© amusĂ© de voir Kang Jong Lee avec son pantalon tendance pattes dâĂ©lĂ©phant. Il y a sans doute une raison Ă cela. Mais je nâai pas pensĂ© Ă le lui demander. Je me dis que câest peut-ĂȘtre une façon de dissimuler les dĂ©placements de ses pieds.
Chez Kang Jong Lee, jâai aussi notĂ© sa formulation :
« Le monde a changé ».
Pour dire que lors dâun affrontement, la situation Ă©volue trĂšs vite et que ce qui aurait pu marcher quelques secondes ou quelques dixiĂšmes de secondes auparavant est devenu obsolĂšte. Et quâil faut sâadapter, trouver autre chose pour parvenir Ă la rĂ©solution du conflit.
« Accepter » a aussi Ă©tĂ© employĂ© par Kang Jong Lee. Soit, au lieu de rĂ©sister ou de forcer, de se servir ou de suivre lâaction de lâautre.
Kang Jong Lee enseigne Ă divers endroits, entre autres au gymnase le Patriarche, rue Monge mais aussi dans le 16Ăšmearrondissement, toujours Ă Paris.
JĂ©rome Kadian, pour le systema, juste aprĂšs Kang Jong Lee, mâa beaucoup fait plaisir lorsqu’il nous a parlĂ© de la respiration. Depuis ma formation au massage bien-ĂȘtre et ma pratique amateur de l’apnĂ©e en club, je suis devenu assez sensible Ă ce qui touche la respiration. Ceinture jaune de karatĂ© shotokan avec Jean-Pierre Vignau, donc niveau dĂ©butant, lors de certains mouvements de mes katas que je rĂ©pĂšte, je me sens gĂȘnĂ©. Car je n’ai pas encore trouvĂ© la bonne façon, le bon moment, pour respirer, expirer ou arrĂȘter de respirer.
La respiration est lâacte le plus important et le plus profond que nous faisons. Pourtant son apprentissage fait partie des apprentissages les plus souvent nĂ©gligĂ©s. Peut-ĂȘtre est-ce parce quâen plus dâĂȘtre un acte, la respiration est une fonction qui nous est « donnĂ©e » dĂšs la naissance et quâelle est automatique. Donc acquise.
Jâai aussi notĂ© avec JĂ©rome Kadian :
Expirer quand on reçoit un coup. Accepter le contact. Travailler sur les appuis. Pivot du bassin. Plier les genoux.
JĂ©rome Kadian nous a aussi appris que tomber Ă©tait une de nos plus grandes peurs. Et quâil fallait donc apprendre Ă tomber sans se faire mal.
Malheureusement, je nâai pas pu prendre de photo de JĂ©rome Kadian, qui enseigne Ă Paris, rue Bleue.
« Vous ĂȘtes armĂ©s ? » a commencĂ© Lionel Froidure.
Lionel Froidure nous a expliquĂ© quâaux Philippines, ils ne parlaient pas de techniques mais de principes. Il a insistĂ© sur la nĂ©cessitĂ© de se « bĂątir une mĂ©moire » lorsque lâon pratique. De prendre le temps dâapprendre Ă se servir dâune arme avant dâen dĂ©couvrir une autre. De garder le contact avec son adversaire lors du combat.
« La peur, ça se travaille ».
LâArnis mâest apparu trĂšs technique ou exigeant de moi des efforts certains dâapprentissage.
De 19h30 Ă 20h45, Didier Beddar est intervenu en expert Wing Chun.
« En Wing Chun, on travaille sur les rĂ©flexes ». Didier Beddar a soulignĂ© quâil sâagissait de travailler relĂąchĂ©. Il a prĂ©sentĂ© le Wing Chun comme un Art « tout en dĂ©viations ».
Lorsque lâon est Ă distance de pied, contrĂŽle visuel du genou de son adversaire. Lorsque lâon est Ă distance de poignet, contrĂŽle visuel du coude de son adversaire.
Didier Beddar nous a parlĂ© du triangle pour crĂ©er le dĂ©sĂ©quilibre chez lâautre. Il nous a aussi parlĂ© du centre. Garder ou protĂ©ger notre centre. Lâimportance du contact physique permanent pour connaĂźtre le mouvement de son adversaire. Mais aussi de notre colonne vertĂ©brale. La garder droite.
Avec lâArnis, le Kung Fu Wing Chun mâest apparu comme lâautre discipline la plus technique Ă assimiler. CâĂ©taient pour moi deux disciplines qui ne se donnent pas facilement en prime abord. Plus tard est arrivĂ©e la sĂ©ance TaĂŻ Chi, le lendemain matin, avec Didier Beddar Ă©galement. Et, lĂ , jâai parfois eu lâimpression dâĂȘtre dans une expĂ©rience mĂ©taphysique lorsquâil nous a parlĂ© de lâimportance de garder ou de protĂ©ger notre centre mais aussi de la nĂ©cessitĂ© dâentraĂźner son adversaire vers le triangle.
MĂȘme si jâai retenu grĂące Ă Didier Beddar que le gros orteil est en quelque sorte lâappendice de la motricitĂ© et le petit doigt de pied, celui de la stabilitĂ©.
De 0h15 Ă 1h30, Ronan Datausse est intervenu comme expert en Penchak Silat. CâĂ©tait assez « drĂŽle », de maniĂšre dĂ©calĂ©e, de nous entraĂźner Ă une heure du matin Ă rĂ©aliser des torsions cervicales en cas dâagression.
Ronan Datausse nous a dit que nous devions imaginer que nous étions des araignées tissant notre toile autour de notre proie, notre agresseur qui, au départ, nous avait pris « pour un agneau ».
Ronan Datausse nous a appris quâau dĂ©part, le Penchak Silat Ă©tait un art de guerre appris par les IndonĂ©siens qui ont des petits gabarits. Le Penchak Silat, originellement, est un art de destruction.
Ronan Datausse nous a aussi fait travailler les frappes multidirectionnelles. Cela mâa beaucoup plu.
LĂ©o Tamaki est intervenu de 1h45 Ă 3 heures. Je nâai plus rien notĂ© Ă partir de ce moment-lĂ mais je vais Ă©crire de tĂȘte.
Ce crĂ©neau horaire est un horaire tranchant. Peut-ĂȘtre le plus charniĂšre. Nous entrons alors dans la deuxiĂšme partie de ces 24 heures. En plus, le Penchak Silat “de” Ronan Datausse a Ă©tĂ© dynamique et aussi “ludique”. L’ AĂŻkido, c’est une autre allure. Câest donc quitte. Ou double. Soit on sâennuie, soit on se laisse entraĂźner.
LĂ©o Tamaki a Ă©tĂ© permanent et pĂ©dagogique dĂšs le coup de gong. Chaque sĂ©ance dĂ©butait par un coup de gong. Jâai mĂȘme eu lâimpression que LĂ©o Tamaki avait fait retentir le gong une Ă deux minutes plus tĂŽt. Ensuite, LĂ©o a pris le train en main.
Il y avait du rythme. Des sĂ©quences dâentraĂźnement de 2 Ă 4 minutes. De la martialitĂ© et de lâhumour. La nuit et le sommeil ont semblĂ© sans prise sur lui. Jâai rĂ©entendu parler de
« dissociation ». Mais aussi :
« Recommencez, sâil vous plait ». Ce qui fait partie de ses signatures.
Je tenais comme je pouvais le long bĂąton qui mâavait Ă©tĂ© prĂȘtĂ© face Ă G, plus avancĂ© que moi en AĂŻkido lorsque LĂ©o Tamaki est passĂ© pour me montrer. Il sâagissait de laisser la gravitĂ© agir sur le bĂąton sans mettre de force. Je nâai rien vu venir. Mon bĂąton a volĂ© hors de mes mains trois ou quatre mĂštres plus loin comme si je ne lâavais pas tenu.
Un peu plus tard, il convenait de « couper » son partenaire avec le tranchant de la main au niveau de ses deux poignets quâil tenait joints devant nous. LĂ©o Tamaki est repassĂ©. Il mâa montrĂ© sur mes poignets. Il nâa pas mis (beaucoup) de force. Jâai senti la coupe. Le temps de me relever, il Ă©tait dĂ©jĂ Ă nouveau parti.
Lâintervention Ă©tait variĂ©e, attractive. MĂȘme si, pour moi, lâAĂŻkido a fait partie des disciplines les plus dĂ©licates techniquement de ces 24 heures du SamouraĂŻ avec le Wing Chun, lâArnisâŠ.et le Tai Chi dispensĂ© par Didier Beddar.
CâĂ©tait bien pensĂ© de clĂŽturer ces 24 heures par le Tai Chi Quan et lâAĂŻkido.
Sortie de Dojo :
A lâissue des 24 heures, 80 personnes avaient participĂ© aux 16 sĂ©ances proposĂ©es, glanant les quatre bracelets. LâannĂ©e derniĂšre, Ă Nantes, seules 10 personnes y Ă©taient parvenues. Les 80 personnes ont Ă©tĂ© applaudies.
Quant Ă moi, arrivĂ© aux 24 heures du SamouraĂŻ avec un point de contracture Ă la cuisse et dĂ©sobĂ©issant aux recommandations de mon kinĂ© (« Cela revient Ă jeter une piĂšce en lâair »), jâai participĂ© Ă 11 sĂ©ances ratant dâune sĂ©ance le troisiĂšme bracelet que jâaurais bien aimĂ© obtenir. Je nâavais pas lâambition de faire toutes les sĂ©ances ( 16).
“Tous les voyants sont au vert” m’a dit mon kinĂ© il y a quelques heures Ă propos de ma cuisse. Je n’ai pas- encore- osĂ© lui dire que j’avais participĂ© ce week-end aux 24 heures du SamouraĂŻ.
Au dĂ©but des 24 heures du SamouraĂŻ, jâai cru que je nâobtiendrais mĂȘme pas le bracelet vert, ce qui correspond Ă quatre sĂ©ances. Mais, finalement, cela tend Ă dĂ©montrer que les soins apportĂ©s par mon kinĂ© sont bons et quâune pratique raisonnable des Arts martiaux est possible sans se blesser. Je me suis par exemple abstenu dâessayer de faire les dĂ©placements toniques, presque sautĂ©s, proposĂ©s par Bertrand Jaillet en karatĂ© shotokan. Jâai aussi laissĂ© passer la premiĂšre sĂ©ance de Ju-Jitsu brĂ©silien avec David Pierre-Louis en pensant, Ă tort, aux randoris.
Et, je dormais lors de sa seconde sĂ©ance. Car entre 4h40 et 7h50, aprĂšs une douche et une seconde sĂ©ance de shiatsu (sĂ©ances de shiatsu qui ont aussi trĂšs certainement aidĂ© Ă la prĂ©vention de blessures supplĂ©mentaires), jâai dormi dans mon sac de couchage sur un coin du tatami comme deux ou trois autres, la petite salle de repos Ă©tant pleine lorsque je mây suis prĂ©sentĂ©.
En sortant du dojo plus de 24 heures aprĂšs y ĂȘtre entrĂ©, jâai Ă©tĂ© moins dĂ©calĂ© que ce Ă quoi je mâattendais.
Depuis, je me demande ce que cela a changé ou contribué à changer en moi.
MĂȘme si je suis loin dâavoir assimilĂ© tout ce que jâai vu, vĂ©cu, entendu ou essayĂ© de pratiquer, commençons dâabord par dire que je suis content dâavoir vĂ©cu lâexpĂ©rience.
Jâavais envisagĂ© dâĂ©crire sur cet Ă©vĂ©nement bien plus tard. A la lecture de cet article, rĂ©digĂ© finalement beaucoup plus rapidement que prĂ©vu, on pourra mesurer comme les 24 heures du SamouraĂŻ mâont inspirĂ©.
Concernant la « performance » des 24 heures, si je nâavais pas de doute quant au fait que trois heures de sommeil me conviendraient pour me remettre Ă un moment donnĂ© (comme dâautres, jâai dormi de maniĂšre immĂ©diate et compacte une fois couchĂ© sur le tatami malgrĂ© lâanimation et les stimulations environnantes), je nâavais pas dâidĂ©e prĂ©cise quant Ă ma capacitĂ© de rĂ©sistance physique et mentale Ă la fatigue. CâĂ©tait bien de pouvoir pratiquer malgrĂ© ou avec la fatigue tant mentale que physique. CâĂ©tait Ă©videmment la premiĂšre fois que je pratiquais autant en si peu de temps.
Je pourrais faire un trait dâhumour et Ă©crire que, depuis les 24 heures du SamouraĂŻ, jâai surtout lâimpression de mieux comprendre le crĂ©ole haĂŻtien. Mais le fait est quâaprĂšs avoir pris part Ă autant de « sĂ©ances » (sans combats) martiales sans me faire mal, je me dis que je pourrais quand mĂȘme prendre le temps de faire le nĂ©cessaire pour obtenir et « donner » Ă Pascal, mon prof de judo, cette ceinture noire quâil attend de moi depuis une vingtaine dâannĂ©es. La ceinture noire nâĂ©tant quâun dĂ©but, comme il lâa rappelĂ©, et non une fin en soi.
Il me reste d’autres photos ( sur lesquelles, notamment, figurent Kang Jong Lee et David Pierre-Louis ) que j’aurais bien voulu insĂ©rer dans cet article. Mais, pour l’instant, je n’ai pas rĂ©ussi Ă le faire malgrĂ© diverses tentatives pour des raisons techniques qui me dĂ©passent. Des histoires de codes et de tĂ©lĂ©chargement de fichier. J’ai optĂ© pour rĂ©diger cet article et le publier maintenant tel quel quitte Ă le complĂ©ter plus tard. Car, ce jeudi, c’est Ă dire dans quelques heures, je pars quelques jours Ă Camaret, en Bretagne, avec mon club d’apnĂ©e, afin de continuer Ă m’initier Ă la chasse sous-marine.
Il est probable que le concert de Beyoncé sera passé lorsque je parviendrai, enfin, à rajouter ces autres photos des 24 heures du Samouraï.
Franck Unimon, ce jeudi 25 mai 2023.