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Ni ChaĂźnes ni Maitres un film de Simon MoutaĂŻrou

 

Ni chaĂźnes ni Maitres un film de Simon MoutaĂŻrou

 

Ecrire peut ressembler Ă  de la loterie ou Ă  un exercice de tĂ©lĂ©pathie ratĂ©e. Tant de pensĂ©es et tant d’énergie engagĂ©e et un mauvais choix peut tout gĂącher alors que cela commençait bien et que notre temps- et aussi l’attention des autres- reste comptĂ©. Et limitĂ©.

C’est peut-ĂȘtre aussi parce-que je refuse encore- un peu -d’ĂȘtre domptĂ© par cette addiction aux images qui a propulsĂ© ses comptoirs dans nos vies et nous vide de notre intĂ©rioritĂ© en nous maintenant Ă  l’arrĂȘt que j’ai recommencĂ© rĂ©cemment Ă  retourner voir des films au cinĂ©ma (Ă  raison de deux films d’affilĂ©e au minimum) et que je me remets ce soir Ă  Ă©crire.

Je vais au cinĂ©ma comme d’autres prient, voyagent, partent en pĂ©lĂ©rinage ou vont Ă  la messe.

Je me suis aussi rappelĂ© que le cinĂ©ma pouvait me donner une Ă©ducation et m’apporter un certain rĂ©pit.

J’aime encore le fait de me mouvoir et d’aller chercher corporellement dans l’espace un Savoir, une expĂ©rience, une rencontre, un moment.

Je crois que l’expĂ©rience d’un film peut avoir des effets bĂ©nĂ©fiques sur mon existence.

 

 A condition de bien choisir ses films.

Je sais aussi que cette façon de voir est attardĂ©e et qu’elle provient aussi de mon Ăąge, de mon Ă©poque et de mon tempĂ©rament. Car, dĂ©sormais, on peut aussi prĂ©fĂ©rer tout faire depuis chez soi par la dĂ©matĂ©rialisation et le virtuel qui offrent  des avantages pratiques consĂ©quents.

 

J’aime aussi regarder des films de divertissement ou dits grand public.

 

Mais vu que mon temps est comptĂ©, je dois avoir des prioritĂ©s. J’ai donc rapidement Ă©cartĂ© des films tels que Alien : Romulus de Fede Alvarez ou Deadpool & Wolverine rĂ©alisĂ© par Shawn Levy sortis respectivement le 14 aout et le 24 juillet en salles. Deux films qu’il est encore possible de voir en version originale au moins dans le complexe cinĂ©ma parisien que je frĂ©quente depuis plus d’une vingtaine d’annĂ©es.

 

Au lieu d’aller crier dans l’espace et de retourner voir Wolverine s’Ă©nerver et Deadpool faire le mariole, je suis allĂ© chercher des films qui font partie de la constellation  dite du « cinĂ©ma d’auteur».

Il y a des films d’auteurs qui marchent bien et qui « rencontrent » leur public massivement, au grand jour, et non dans une back room. Il en est d’autres qui sont peu vus car ignorĂ©s par le public ou rapidement retirĂ©s des salles de cinĂ©ma, mal distribuĂ©s. Il y a ceux qui passent inaperçus au cinĂ©ma, que l’on va voir dans une salle pratiquement vide, et qui, plus tard, voire assez rapidement, deviennent cultes comme Requiem for a dream (2000) de Darren Aronofski ou  Under the Skin ( 2013) de Jonathan Glazer. Il y a des rĂ©alisateurs reconnus de leur vivant et qui sont Ă©tonnamment oubliĂ©s aprĂšs leur dĂ©cĂšs comme Krzystof Kieslowski. Et d’autres, peut-ĂȘtre trop fous pour que les gens normaux aient pu  entendre parler d’une oeuvre telle que La ComĂ©die de Dieu (1995) de Joao CĂ©sar Monteiro.

Il y a quelques films, aussi, qui, bien que faisant encore partie du cinĂ©ma d’auteur rassemblent les spectateurs car celle ou celui qui les dĂ©livre a, avec ses oeuvres cinĂ©matographiques prĂ©cĂ©dentes, rempli de maniĂšre rĂ©pĂ©tĂ©e au moins ces trois ou quatre conditions :

Remporté des prix dans des festivals prestigieux; été estimé(e) et soutenu par les média et les critiques de cinéma; rencontré un succÚs public et commercial ; révélé des oeuvres, des histoires personnelles, des actrices ou des acteurs.

Tel Emilia PĂ©rez, le dernier film du rĂ©alisateur Jacques Audiard, sorti le 21 aout 2024, et qui a fait partie des films d’auteurs que j’ai vus (et aimĂ©) rĂ©cemment.

 

Et puis, il y a les films comme Ni Chaßnes ni Maitres de Simon Moutaïrou sorti le 18 septembre 2024 et que je suis allé voir ce 20 septembre au matin.

La semaine derniĂšre, je me suis Ă©tonnĂ© de ne pas citer Ni ChaĂźnes ni Maitres lors d’une discussion avec quelques collĂšgues Ă  propos des films que j’avais vus rĂ©cemment. Je les avais tous citĂ©s. J’avais mĂȘme recommandĂ© La Partition de Matthias Glasner qui est un film « dramatique allemand Â» de prĂšs de trois heures sorti le 4 septembre et qui est loin d’ĂȘtre lĂ©ger moralement.

Mais aucune allusion spontanée de ma part concernant Ni Chaines ni Maitres à mes collÚgues.

Il m’a bien fallu environ deux bonnes minutes pour m’en rappeler et le rajouter, du bout des lĂšvres, parmi la liste des films que j’avais vus ces derniers jours. Et lorsque j’ai parlĂ© du film, j’en ai parlĂ© avec mĂ©nagement :

J’apprĂ©hendais de gĂȘner ou de dĂ©ranger. Je ne voulais pas gĂȘner ou dĂ©ranger mes collĂšgues (majoritairement blancs) avec ce sujet. Je me suis presque comportĂ© comme une personne qui confessait une faute morale. Avoir vu un film. Ce film-lĂ . 

J’avais pourtant aimĂ© le film.

Je crois que ce malaise que j’ai ressenti devant mes collĂšgues raconte le sujet du film. Ou, plutĂŽt, la façon dont son sujet est abordĂ© ou reste abordĂ© en France :

 

Tant que l’on parle d’esclavage ou de racisme anti-noir dans des grosses productions amĂ©ricaines, tout va bien. Cela se passe aux Etats-Unis. En France, tout cela est « digĂ©rĂ© » ou plutĂŽt mis dans le placard avec tout le nĂ©cessaire disponible pour l’employĂ© de mĂ©nage ( souvent une personne noire ou arabe).

Alors qu’aux Etats-Unis, qu’est-ce-que la condition des Noirs a Ă©tĂ© ou reste dĂ©gueulasse ! Black Lives Matter. Rodney King. Martin Luther King. I Have a Dream. Spike Lee. Angela Davis. Toni Morrisson. Colson Whitehead. James Baldwin. Amistad, La Couleur Pourpre, Le Majordome, Django Unchained, Get out
..

Le 24 septembre 2024 au soir en rentrant du travail, Rue de Rivoli, Paris, Librairie Galignani. Photo©Franck.Unimon

Grand soulagement cependant. Car mĂȘme si en septembre 2018, en France, lors d’une Ă©mission tĂ©lĂ©visĂ©e et bien mĂ©diatisĂ©e, un personnage mĂ©diatique comme Eric Zemmour avait pu s’autoriser Ă  donner son avis sur le prĂ©nom de la chroniqueuse Hapsatou Sy (comme Ă  l’époque de l’esclavage) tous les dĂ©bordements liĂ©s Ă  l’esclavage et au racisme anti noir se dĂ©roulent bien sĂ»r aux States, aux Etats Unis, oĂč ça peut ĂȘtre trĂšs dur pour « Les Blacks ».

Libraire Galignani, rue de Rivoli, Paris, Mardi 24 septembre 2024 vers 21h30. Photo©Franck.Unimon

A la rigueur, un rĂ©alisateur britannique ( un homme noir bien-sĂ»r) comme Steve McQueen va parler de l’esclavage dans un film comme Twelve years a slave (rĂ©alisĂ© en 2013) qui comptera plusieurs vedettes internationales ( Chiwetel Ejiofor, Brad Pitt, Michael Fassbender, Paul Dano, Benedict Cumberbatch
.).

Mais en France, pour l’instant, aucun film notable ou sĂ©rieux sur l’esclavage avec Jean Gabin, Yves Montand, Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, GĂ©rard Depardieu, Romain Duris, Pierre Niney, Pio MarmaĂŻ, François Civil, Romy Schneider, Brigitte Bardot, Vanessa Paradis, Jeanne Moreau, Catherine Deneuve, Isabelle Adjani, MaĂŻwenn, AdĂšle Exarchopoulos, Alice Isaaz, NoĂ©mie Merlant, Audrey Fleurot, Audrey Tautou
.

 

Il faut Ă©ventuellement attendre que deux humoristes ( noirs) plutĂŽt connus comme Thomas N’gijol et Fabrice EbouĂ© en parlent dans Case DĂ©part en 2011 pour que l’on puisse dire qu’un film français (humoristique) qui Ă©voque l’esclavage a eu un certain succĂšs public. Auparavant, je crois que seul Rue Cases NĂšgres rĂ©alisĂ© par Euzhan Palcy en 1983 avait pu aborder le sujet et avoir aussi un certain « succĂšs ». Et le film d’Euzhan Palcy (inspirĂ© du livre de Joseph Zobel) est le contraire d’une comĂ©die.

Paris, photo prise en septembre 2024, un ou deux jours aprĂšs vu  » Ni ChaĂźnes ni Maitres ». Je suis tombĂ© sur cette rue par hasard dans un quartier trĂšs aisĂ© et plutĂŽt tranquille de Paris. Si le GĂ©nĂ©ral NĂ©grier, d’aprĂšs WikipĂ©dia, n’a pas participĂ© Ă  la traite nĂ©griĂšre, ses actions en AlgĂ©rie, lors de la colonisation, transposent le pire du terme  » NĂ©grier ». Photo©Franck.Unimon

L’ esclavage fait donc partie des sujets tabous en France en 2024 et j’ai Ă©tĂ© le propre tĂ©moin de ma dissociation Ă  ce sujet. Car en prĂ©sence de personnes noires, j’aurais sans aucun doute beaucoup plus facilement citĂ© Ni ChaĂźnes ni Maitres parmi les films que je suis allĂ© voir rĂ©cemment. Et qui m’ont plu. Comme Les Barbares de Julie Delpy, A son image de Thierry de Peretti, Le ProcĂšs du chien de Laetitia Dosch.

 

Ni ChaĂźnes ni MaĂźtres  a par ailleurs dans ses avantages, le fait, pour la premiĂšre fois dans une production française sur le thĂšme de l’esclavage et du marronnage, de proposer des  acteurs français et blancs  de premiĂšre main :

Camille Cottin et BenoĂźt Magimel. Lesquels ont des rĂŽles dĂ©cisifs. Il faut aussi rajouter Marc BarbĂ© qui fait une apparition marquante voire FĂ©lix Lefebvre, prĂ©sent dans le SuprĂȘmes d’Audrey Estrougo  (consacrĂ© au groupe de Rap NTM).

J’ai Ă©tĂ© « initiĂ© Â» Ă  l’histoire de l’esclavage par mon pĂšre, en banlieue parisienne, alors que j’étais Ă  l’école primaire et que j’écoutais- entre-autres- les mĂȘmes variĂ©tĂ©s françaises que mes copains et copines de classe de Claude François Ă  Michel Sardou en passant par Alain Souchon ( J’ai dix ans)  Dave (Vanina), Sheila, Joe Dassin, Ringo, Julien Clerc, Johnny Halliday, Mireille Mathieu ou Dalida ( Paroles paroles)…

Et alors que je regardais et dĂ©couvrais fidĂšlement, Ă©merveillĂ©, Goldorak, San Ku KaĂŻ mais aussi Les MystĂšres de l’Ouest, L’homme qui valait trois milliards ou David Vincent et les envahisseurs, Chapeau melon et bottes de cuir
La petite maison dans la prairieCosmos 1999l’Ă©mission Temps X des FrĂšres Bogdanoff.

 

Donc, quarante ans plus tard, un film de plus sur l’esclavage ne me faisait pas peur. Sauf que je peux en avoir assez de faire «bouffer » de l’esclavage Ă  ma mĂ©moire. Je ne cours pas aprĂšs les films qui traitent (ce jeu de mot Ă©tait trop irrĂ©sistible) de l’esclavage. Mais Ni ChaĂźnes ni Maitres m’a rapidement donnĂ© « envie ». Cela vient peut-ĂȘtre du fait que le film a d’abord Ă©tĂ© trĂšs bien Ă©crit par Simon MoutaĂŻrou qui a d’abord Ă©tĂ© scĂ©nariste  (L’Assaut, Goliath, BoĂźte noire) avant de devenir rĂ©alisateur. Avant de faire son film, Simon MoutaĂŻrou a pris le temps de rencontrer des historiennes mais aussi de lire Le Marronnage Ă  l’Isle de France, rĂȘve ou riposte de l’esclave ?  d’AmĂ©dĂ©e Nagapen, un ecclĂ©siastique catholique et historien mauricien dĂ©cĂ©dĂ© en 2012 (sources WikipĂ©dia et le Bondyblog.fr ). 

D’aprĂšs mes recherches, l’ouvrage de Nagapen est aujourd’hui indisponible. Pour l’instant, de son travail, il nous reste donc…Ni ChaĂźnes ni Maitres de Simon MoutaĂŻrou.

 

DĂšs le dĂ©but, le film nous entraĂźne. Ensuite, avec trĂšs peu de gestes, et en quelques images,  Benoit Magimel en EugĂšne Larcenet nous laisse entrevoir ce que pouvait ĂȘtre l’état d’esprit paternaliste d’un esclavagiste sur sa plantation. Sans grossiĂšretĂ© ni caricature.

Deux figures fĂ©minines (on peut en ajouter une troisiĂšme d’allure mystique) dominent le film. En la personne de Mati (l’actrice Thiandoum Anna Diakhere) la fille du hĂ©ros (Massamba, l’acteur Ibrahima Mbaye) et de Madame la Victoire, la chasseuse de nĂšgres, interprĂ©tĂ©e par Camille Cottin. Soit deux autres atouts supplĂ©mentaires du film.

J’ai aussi beaucoup aimĂ© l’apport de la langue. Ici, beaucoup le Wolof. J’ai aussi aimĂ© que le film nous montre ce que pouvait encore ĂȘtre la culture ( Wolof et autres) d’origine de ces femmes et de ces hommes avant qu’ils ne soient complĂštement « assimilĂ©s», francisĂ©s ou Ă©crabouillĂ©s comme la canne Ă  sucre qu’ils rĂ©coltent. Ni ChaĂźnes ni Maitres se dĂ©roule en 1759 en « Isle de France » ( l’ancien nom de l’Ăźle Maurice).

 

Le film rappelle aussi l’addiction trĂšs ancienne de l’HumanitĂ© Ă  la violence. Et les histoires qui en dĂ©coulent oĂč des cultures et des minoritĂ©s ont eu ou ont contre elles le dĂ©savantage de l’infĂ©rioritĂ© au moins militaire, les conduisant, lorsqu’il leur est impossible de se dĂ©fendre ou de rĂ©sister, soit Ă  disparaĂźtre soit Ă  ĂȘtre envahies ou colonisĂ©es.

 

Dans la salle, parmi les spectateurs, il y avait nettement plus de personnes noires que lorsque j’étais allĂ© voir La Partition de Matthias Glasner. Le public Ă©tait aussi plus jeune. La vingtaine ou la trentaine « contre Â» un public de quasi retraitĂ©s ou de retraitĂ©s pour La Partition.

Sur le gĂ©nĂ©rique de fin, dans les remerciements, j’ai aperçu le nom de Anne-Sophie Nanki ( Ici s’achĂšve le monde connu un court mĂ©trage de Anne-sophie Nanki)

 

AprĂšs la projection de Ni ChaĂźnes ni Maitres, quelques personnes sont restĂ©es assises. J’ai perçu une certaine Ă©motion que j’ai aussi ressentie. Mais je n’en n’ai rien dit.

 

Librairie Galignani, rue de Rivoli, Paris, ce 24 septembre 2024. Photo©Franck.Unimon

Franck Unimon, ce lundi 23 septembre 2024 ( et mercredi 25 septembre 2024).

 

 

 

 

 

 

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Japon juillet 2024 : Les Maitres du Masters Tour

Le Butokuden, Kyoto. Masters Tour, juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Japon Juillet 2024 : Les Maitres du Masters Tour

 

« Les Maitres sont les Maitres. Au mieux, je suis un centimĂštre Â».

 

Le terme « Maitre Â» est un des reflets de notre ambivalence.

PrÚs du Butokuden, Kyoto, lors du Masters Tour, juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Il peut rappeler des mauvais souvenirs. Il semble sĂ©parer les mondes d’hier dont nous somme les fruits que l’on fuit et ceux d’aujourd’hui que l’on prĂ©fĂšre. Comme s’il Ă©tait possible de creuser une tranchĂ©e entre les deux et d’y entrer.

Le « Maitre Â» peut rappeler l’instituteur de l’école primaire ou celui dont dĂ©pend l’esclave.

Personne n’aime vĂ©ritablement se rappeler certains moments humiliants et publics de son histoire.

Mais le « Maitre Â» est aussi celle ou celui qui peut et sait guider et rĂ©parer. En particulier vers la vie et l’optimisme. Y compris dans le secret.

Il existe des Maitres dans beaucoup de domaines dans toutes les cultures Ă  tous les Ăąges de l’évolution et dans toutes les classes sociales. Mais, la plupart du temps, nous ne le percevons pas.

Par ailleurs, le terme de « Maitre Â» est anachronique tout autant que futuriste.

Et les Arts Martiaux véhiculent cette outrance ou cette ambivalence.

Avec LĂ©o Tamaki, au Butokuden, Kyoto, Masters Tour, Juillet 2024.

Car on peut trouver anachronique voire stupide que des gens, en 2024 et plus tard, puissent encore continuer de choisir de porter kimono, hakama, d’autres Ă©lĂ©ments vestimentaires mais aussi adopter certaines attitudes. Et, tout cela, afin de transpirer et suivre des rituels et des traditions d’un ancien temps mais aussi d’une culture qui n’est pas forcĂ©ment la leur. Alors qu’il suffit de faire un rĂ©gime alimentaire, de subir une intervention chirurgicale, de prendre un coach ou de faire du fitness ou du cross-fit pour perdre du poids et pouvoir se mettre en maillot de bain en Ă©tĂ© au bord de la plage en Ă©tant fier de son allure.

Toute Ă©poque a ses intĂ©grismes et ses artifices aussi sĂ©duisants soient-ils. Et, si mon attachement Ă  certaines valeurs dites traditionnelles me rapproche des Arts Martiaux, j’ai aussi appris que les traditions, Ă  elles seules, ne sont pas des sanctuaires idylliques. Il faut des personnes, des femmes, des hommes et aussi des enfants qui sachent les interprĂ©ter et les perpĂ©tuer de maniĂšre vivante et optimiste.

Au Masters Tour de juillet 2024, nous avons eu le privilĂšge de rencontrer plusieurs Maitres d’Arts Martiaux. Mon prĂ©cĂ©dent article, Japon Juillet 2024 : Le Retour , fut long Ă  Ă©crire et Ă  lire. Celui-ci est entre trois Ă  six fois plus court. 

Au centre, Hino Akira Sensei au Butokuden, Kyoto, Masters Tour, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

 

Hormis Hino Akira Sensei approchĂ© lors d’un stage organisĂ© par LĂ©o Tamaki au cercle Tissier Ă  Vincennes fin 2022, je dĂ©couvrais les autres Sensei. Des Maitres et des personnes que LĂ©o Tamaki, et quelques autres, avaient rĂ©guliĂšrement rencontrĂ© depuis au moins une quinzaine d’annĂ©es !

 

Ces hommes, ces Maitres, ont consacrĂ© leurs vies aux Arts Martiaux Ă  un point difficilement concevable. Comme l’on porterait des mĂ©taux Ă  une tempĂ©rature particuliĂšrement Ă©levĂ©e, ils se sont forgĂ©s. Sans se rompre. Il faut le rappeler car nous sommes nombreux Ă  avoir eu des projets ou des aspirations auxquelles nous avons dĂ» partiellement ou totalement renoncer.

 

La premiĂšre leçon du Maitre, c’est peut-ĂȘtre d’ĂȘtre une incarnation, devant nous, de cette forme d’accomplissement- et d’engagement- que trĂšs peu d’entre nous atteindrons. Parce que notre histoire est diffĂ©rente. Et aussi parce qu’avant lui, nous avons eu d’autres Maitres et retenu d’eux certains enseignements plutĂŽt que d’autres.

 

Je ne pourrai pas parler d’une technique exposĂ©e et dĂ©montrĂ©e par un de ces Maitres. J’en suis incapable.

 

« Les Maitres sont les Maitres. Au mieux, je suis un centimĂštre » est une rĂ©flexion que j’ai Ă©crite lors de ce Masters Tour de juillet 2024 alors que nous nous trouvions au Japon.

 

Cette diffĂ©rence lexicale est l’équivalent d’une dĂ©cimale pour dĂ©crire Ă  quel point, mĂȘme si je parle d’ĂȘtres humains comme moi, il y a quand mĂȘme une brĂšche saisissante entre eux et moi. Et que mes propos sont condamnĂ©s Ă  rester rudimentaires pour les Ă©voquer.

 

Pourquoi le faire, alors ?

 

Pour tĂ©moigner et pour contribuer Ă  rajouter un peu de mĂ©moire. Parce-que les ĂȘtres humains ont besoin d’histoires et de mĂ©moire mĂȘme s’il leur arrive aussi de les craindre et de les rejeter.

 

Je vais parler ici des Maitres qui m’ont le plus
 Â« parlĂ© Â».

Avec Hatsuo Royama Sensei, Kyoto, Masters Tour, juillet 2024. Celui-ci vient de m’administrer une bonne claque sur le ventre par surprise.

Hatsuo Royama Sensei, 76 ans, Karate Kyokushinkan, est le premier Maitre que nous ayons rencontrĂ©. MalgrĂ© sa bonne humeur et son enthousiasme, notre premiĂšre rencontre avec lui et ses disciples m’avait laissĂ© insatisfait. Nous Ă©tions une bonne centaine (ou davantage) sur le tatami. Au lieu de nous dire comme il l’a fait Ă  la fin « Vous ĂȘtes nombreux Ă  avoir une mauvaise garde Â», j’aurais prĂ©fĂ©rĂ© que lui ou un de ses disciples passe et nous le dĂ©montre en nous « corrigeant Â».

 

J’ai Ă©tĂ© bien plus favorablement marquĂ© quelques jours plus tard par le kata qu’il nous a dĂ©livrĂ© au butokuden lors de la cĂ©lĂ©bration des dix ans de l’école Kishinkai AĂŻkido.

Hatsuo Royama Sensei, seul, face Ă  notre assistance, a plongĂ© dans un kata respiratoire oĂč chacun de ses mouvements Ă©tait soutenu par le marteau de son diaphragme. C’était la premiĂšre fois que j’assistais Ă  une telle expressivitĂ© martiale. Et sa dĂ©monstration attestait aussi de sa santĂ© vigoureuse.

Une santĂ© avec laquelle j’allais faire un peu plus connaissance ensuite ou, aprĂšs qu’il ait acceptĂ© de prendre la pose avec moi pour la photo, il allait me surprendre en m’administrant une magistrale tape sur l’abdomen soit un peu l’équivalent d’une leçon particuliĂšre qui allait m’influencer, jusqu’à me mettre sur la dĂ©fensive, lorsque j’allais me trouver lors d’une autre sĂ©ance face Ă  Minoru Akuzawa Sensei, Aunkai, pour une dĂ©monstration.

 

Avec Takeshi Kawabe Sensei, Kyoto, prÚs du Butokuden, Masters Tour, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Takeshi Kawabe Sensei, 80 ans, Daitoryu Aikijujutsu.

Commençons par dire que Takeshi Kawabe Sensei ne fait pas son Ăąge. Si Hatsuo Royama Sensei mesure prĂšs d’1m80, Takeshi Kawabe Sensei doit Ă  peine dĂ©passer 1m60. Avec son air de petit gars tranquille joueur de pĂ©tanque, il peut au mieux faire penser Ă  l’inspecteur Columbo ou Ă  un personnage d’un film de Johnnie To  dont les mĂ©ninges sont bien plus affĂ»tĂ©s que les gestes.

Takeshi Kawabe Sensei est sans doute un homme trĂšs intelligent et aussi farceur (lors du repas collectif que nous avons fait, je crois qu’il s’est bien amusĂ© de moi en me disant – en Japonais- que j’avais un trĂšs bon Japonais).

Mais c’est Ă©videmment un redoutable pratiquant.

Ses saisies et ses clĂ©s sont promptes et donnent l’impression d’ĂȘtre la destinĂ©e de celui qui l’attaque. Il me reste des souvenirs de ce moment oĂč Issei Tamaki a jouĂ© le rĂŽle de Uke :

Issei y a mis tout son entrain pour, Ă  chaque fois, le mĂȘme rĂ©sultat. Se faire retourner.

Takeshi Kawabe Sensei a rĂ©agi comme s’il l’attendait. Comme si tous les modes d’attaques humainement possibles Ă©taient connus de son registre. On aurait dit l’agent Smith face Ă  NĂ©o Ă  la fin du premier Matrix des ex frĂšres Wachowski.

Le rĂ©sultat Ă©tait tellement Ă©vident que la conclusion aurait Ă©tĂ© vraisemblablement la mĂȘme avec un autre Uke. En outre, Takeshi Kawabe Sensei prenait tout cela de maniĂšre ludique. Si on peut voir Hatsuo Royama Sensei comme une force de la nature, Takeshi Kawabe Sensei Ă©voque plutĂŽt celui qui a su transcender sa nature.

Hino Akira Sensei, 76 ans, Hino Budo, est Ă©galement un petit gabarit. Sans forcer, il vous fait tomber. Vous vous croyiez enracinĂ©s et bien ancrĂ©s dans le sol ? Vous vous mentez Ă  vous-mĂȘmes. Vous ne l’ĂȘtes pas. Ou jamais suffisamment face Ă  lui.

Plus il vous montre le mouvement, plus il vous convainc que c’est facile et plus vous avez du mal Ă  le reproduire. Par moments, j’ai du mal Ă  savoir si sa science tient de l’hypnose, du conditionnement ou de ces quelques degrĂ©s ou centimĂštres (millimĂštres ?) que l’on nĂ©glige d’ordinaire et qui font toute la diffĂ©rence entre le dĂ©sĂ©quilibre et la chute.

Sa pratique peut ĂȘtre trĂšs difficile pour celle ou celui qui s’est toujours reposĂ© sur l’explosivitĂ© musculaire, l’excitation et l’agitation. Avec lui, on transpire de la tĂȘte Ă  essayer de comprendre un concept qui n’existe pas. Il faut ressentir et c’est difficile.

En revoyant a posteriori quelques images que j’avais pu filmer lors de l’intervention de Hino Akira Sensei, j’ai pu m’apercevoir que d’autres participants du Masters Tour connaissaient aussi quelques difficultĂ©s pour mettre en pratique ce qu’il nous avait montrĂ©. Cela m’a un peu dĂ©culpabilisĂ©.

Minoru Akuzawa Sensei, à la gare de Kyoto, avant le départ pour Kinosaki. Masters Tour, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Minoru Akuzawa Sensei, Aunkai, est Ă  Ă  l’image de Takeshi Kawabe Sensei et de Hino Akira Sensei. Avec son 1m65, il a la silhouette passe partout de celui que l’on oublie. Pourtant, en tant que Maitre d’Arts Martiaux, l’Aunkai qu’il a crĂ©Ă© et qu’il enseigne peut ĂȘtre vu comme un croisement entre les enseignements de Hatsuo Royama Sensei et ceux de Hino Akira Sensei.

Minoru Akuzawa Sensei est capable des explosions et des percussions du premier et de la dĂ©licatesse du second tout en n’étant ni l’un ni l’autre.

Mon premier camarade de chambre lors de ce Masters Tour avait « goĂ»tĂ© Â» Ă  trois low kick de Minoru Akuzawa Sensei. Il les ressentait encore plusieurs jours plus tard.

Ma premiĂšre « confrontation Â» physique avec Minoru Akuzawa Sensei avait eu lieu un peu plus tĂŽt dans le car qui nous avait transportĂ© de Kyoto Ă  Kinosaki.

Cette « confrontation Â» fut principalement une bousculade. J’avais sans doute pris un peu trop de temps pour avancer dans le car et Minoru Akuzawa Sensei m’était rentrĂ© dedans en montant derriĂšre moi. Impatience ? Distraction ? Je n’ai pas su.

Par contre, moi qui suis plus grand que lui dix bons centimĂštres et sans doute plus lourd que lui de dix kilos, j’avais Ă©tĂ© surpris de me sentir si facilement dĂ©placĂ© physiquement par un si « petit Â» homme.

Si tous les autres Maitres que nous avons rencontrĂ©s avaient des disciples ou des assistants japonais, Minoru Akuzawa Sensei s’est un peu distinguĂ© en laissant un de ses Ă©lĂšves occidentaux (un homme robuste d’un bon mĂštre quatre vingt dix  vraisemblablement d’origine amĂ©ricaine )  diriger l’échauffement.

A la fin de la sĂ©ance qu’il a dirigĂ© dans un gymnase, Minoru Akuzawa Sensei nous a dit qu’il apprenait Ă  connaitre les gens au travers du contact physique qu’il avait en pratiquant avec eux. Et qu’il avait senti chez ceux d’entre nous qu’il avait eus comme partenaires une « vĂ©ritable ouverture pour les Arts Martiaux ».

 

 

Avec Minoru Akuzawa Sensei, Masters Tour, Japon, Juillet 2024.

Il a ensuite acceptĂ© d’ĂȘtre pris en photo avec celles et ceux qui le souhaitaient. En voyant plus tard les photos oĂč nous sommes assis cĂŽte Ă  cĂŽte, lui et moi, j’ai Ă©tĂ© trĂšs Ă©tonnĂ© de dĂ©couvrir que Minoru Akuzawa Sensei avait posĂ© son bras autour de mon Ă©paule. Je n’avais absolument rien senti au moment de la photo. Au contraire de ce que j’avais ressenti au moment de la photo avec Royama Hatsuo Sensei avant que celui-ci ne me fasse la farce qui consiste Ă  me « claquer » l’abdomen.

Takahiro Yamamato Sensei, au Butokuden, Kyoto, Masters Tour, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Takahiro Yamamoto Sensei, Taisha ryu.

En dĂ©pit de ses airs de Johnny Depp, Takahiro Yamamoto Sensei n’est pas acteur de cinĂ©ma. C’est un homme rĂ©solument dĂ©vouĂ© Ă  sa pratique martiale. Et, si j’ai eu beaucoup de mal Ă  me faire Ă  ses enseignements, trĂšs proches par moments de ceux de Hino Akira Sensei,  pour moi Ă  la limite de l’ésotĂ©risme, j’ai Ă©tĂ© touchĂ© par son engagement, sa simplicitĂ©, sa prĂ©venance envers ses assistants et son message de paix rĂ©sumĂ© par sa phrase :

« There is no ennemy Â».

 

Takahiro Yamamoto Sensei avec ses assistants lors de la séance dirigée par Hino Akira Sensei, au Butokuden, Kyoto. Masters Tour, Juillet 2024. Tout au fond, assise, on peut apercevoir Shizuka Tamaki. Photo©Franck.Unimon

Son humilitĂ© mais aussi sa candeur et son enthousiasme se sont encore plus Ă©panouis lorsqu’aprĂšs son intervention, il est devenu un Ă©lĂšve parmi nous, lors du cours dirigĂ© par Hino Akira Sensei. J’ai trouvĂ© son attitude remarquable.

 

Yoshinori Kono Sensei, 75 ans, Shoseikan.

Yoshinori Kono Sensei, prÚs du Butokuden, Kyoto, Masters Tour, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

 

Je sais que l’intervention de Yoshinori Kono Sensei  au Butokuden a beaucoup dĂ©concertĂ©. On pourrait la comparer Ă  du Free Jazz, Ă  la musique de Weather Report, Ă  de l’association d’idĂ©es ou Ă  de l’improvisation ininterrompue.

Il est libre, Yoshinori Kono Sensei, il y en a mĂȘme qui disent qu’ils l’ont vu voler
.

Il fallait voir la plupart des participants qui suivaient Yoshinori Kono Sensei dans ses dĂ©ambulations tant mentales que physiques au sein du Butokuden. Tels des Sancho Panza suivant leur Don Quichotte. Par moments, je me suis demandĂ© si Yoshinori Kono Sensei s’en amusait.

Avant notre dĂ©part pour le Japon, LĂ©o Tamaki nous avait prĂ©sentĂ© les Maitres que nous allions rencontrer. Concernant Yoshinori Kono Sensei, il nous avait Ă©crit qu’il Ă©tait un peu le « chercheur fou Â» des Arts Martiaux.

Yoshinori Kono Sensei, prÚs du Butokuden, Masters Tour, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Le jour de son intervention, j’étais trop Ă©puisĂ© physiquement pour participer. Mais en temps ordinaire, je sais que  je ne m’en serais pas mieux sorti que les autres participantes et participants du Masters Tour.

Lors du dĂźner que nous avons ensuite pris tous ensemble dans un restaurant Ă  quelques minutes du Butokuden, il s’est trouvĂ© que la table oĂč j’ai Ă©tĂ© placĂ© Ă©tait voisine de celle de Yoshinori Kono Sensei. Celui-ci Ă©tait derriĂšre moi.

Yoshinori Kono Sensei, prÚs du Butokuden, Kyoto, Masters Tour, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

TrĂšs vite, j’ai Ă©tĂ© fascinĂ© et happĂ© par cet homme. VĂȘtu d’une tenue traditionnelle, Ă  moitiĂ© assis sur sa chaise, une sorte de cartable en cuir souple posĂ© derriĂšre lui entre la chaise et son dos, Yoshinori Kono Sensei Ă©tait en permanence occupĂ© Ă  rĂ©flĂ©chir et Ă   polir « ses Â»  Arts Martiaux.

A telle maniĂšre de tenir un couteau. A telle façon de placer ses doigts. Et, il le partageait avec celui qui se trouvait Ă  cĂŽtĂ© de lui. Et Ă  toute personne volontaire et disponible dans les alentours immĂ©diats. Il a ainsi entrepris Julien Coup, assis Ă  sa droite. Puis, d’autres participants du Masters Tour.

Je le regardais, captivé.

 

Yoshinori Kono Sensei nous a fait l’extrĂȘme politesse d’ĂȘtre avec nous corporellement pour ce dĂźner. Il s’est pliĂ© Ă  cette fonction sociale par amabilitĂ©. Mais il avait d’autres prioritĂ©s. Le dĂźner, le spectacle, ĂȘtre filmĂ© ou pris en photo, tout cela Ă©tait pour lui secondaire depuis fort longtemps. Sans doute depuis des annĂ©es.

Avec Yoshinori Kono Sensei, prÚs du Butokuden, Kyoto. Masters Tour, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

La seule vĂ©ritĂ© comptable pour lui, c’était celle des Arts Martiaux. Yoshinori Kono Sensei est celui qui m’a le plus donnĂ© envie d’apprendre le Japonais. Je me suis dit que j’aurais aimĂ© connaĂźtre suffisamment le Japonais pour l’écouter, pour l’interroger.

 

Et lorsque le dĂźner et tout le cĂ©rĂ©monial social furent terminĂ©s, Yoshinori Kono Sensei est spontanĂ©ment retournĂ© au lieu et Ă  la pratique auxquels il appartient :

 

Les Arts Martiaux.

Yoshinori Kono Sensei, aprÚs le dßner au restaurant, prÚs du Butokuden, Kyoto, Masters Tour, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Je trouve cette photo de lui, aprĂšs notre dĂźner, extraordinaire. Pendant cette heure et demi environ oĂč Yoshinori Kono Sensei Ă©tait « avec nous », il n’a attendu que ça, ce moment oĂč il pourrait retourner pratiquer. Seul. Tout le monde aurait tout aussi bien pu rouler sous la table, oĂč la soirĂ©e se transformer en orgie gigantesque, je crois qu’il aurait adoptĂ© exactement la mĂȘme attitude.

 

Autant de Maitres, autant d’attitudes et je « parle Â» uniquement de cinq ou six d’entre eux que j’ai Ă  peine aperçus.

 

Franck Unimon, ce jeudi 5 septembre 2024.