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Marcher jusqu’Ă  un Maitre de Kung Fu Wing Chun traditionnel

Montreuil, ce samedi 30 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

Marcher jusqu’à un Maitre de Kung Fu Wing Chun traditionnel

 

Me faire marcher

 

Cela doit faire deux semaines que je n’ai pratiquĂ© le karatĂ© avec Maitre Jean-Pierre Vignau. Le dojo est fermĂ©. Jean-Pierre est actuellement Ă  Agde oĂč il dirige son stage de karatĂ© estival jusqu’au dĂ©but du mois d’aout. Et, ma derniĂšre sĂ©ance avec mon club d’apnĂ©e doit dater de bientĂŽt un mois. 

A partir de 14h 15, ce samedi, j’ai  commencĂ© Ă  marcher depuis la gare du RER A de Vincennes. Il faisait trente degrĂ©s ou plus.

Cela a finalement durĂ© plus que les dix minutes prĂ©vues. Parti de chez moi, Ă  Argenteuil, un peu avant 13h30, sans dĂ©jeuner, j’ai fini par trouver l’endroit aux alentours de 15 heures. Je suis passĂ© par la Croix de Chaveaux, la rue de Paris, devant la station de mĂ©tro Robespierre de la ligne 9.

 

A Vincennes, les gens interrogĂ©s, bien que dĂ©sireux de m’aider, ne savaient pas oĂč se trouvait la rue Robespierre, Ă  Montreuil.

 

Je me suis sĂ»rement trompĂ© d’itinĂ©raire. Comme cela arrive souvent lors des « premiĂšres fois Â».

 

Il y avait plus simple, plus facile et plus court pour arriver au 71, rue Robespierre. Le nom de cette rue me disait quelque chose. J’y Ă©tais sans doute dĂ©jĂ  allĂ© mais je n’arrivais pas Ă  me rappeler les circonstances.

 

 

Mais je ne regrette pas toute cette marche.

 

 

Montreuil, ce samedi 30 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Je regrette plutÎt de ne pas avoir fait plus tÎt, et plus souvent, ce genre de démarche.

 

Je regrette de m’ĂȘtre trop souvent, trop facilement, contentĂ© d’entrer dans des magasins. Il y en a tellement. Tout le temps. Et toujours. Et quand il n’y en n’a pas assez, on s’ennuie et on va lĂ  oĂč il y en a plein Ă  aller voir.

 

Je regrette d’avoir fait le mĂȘme genre de rencontres : D’avoir jouĂ© plusieurs fois le mĂȘme rĂŽle devant des publics diffĂ©rents. Et semblables. De m’ĂȘtre rendu Ă  des endroits ou Ă  des soirĂ©es parce que cela se faisait d’y ĂȘtre. Et pour y ĂȘtre d’une façon qui, finalement, maintient la soif et le manque plus qu’elle ne l’apaise.

 

 

Je suis trĂšs dur avec moi-mĂȘme ? Oui, en ce sens que j’ai vĂ©cu et vis aussi des moments trĂšs agrĂ©ables. Non, lorsque je commence Ă  entrevoir cette importance que j’ai pu donner et peux donner Ă  certaines expĂ©riences.

 

Non, si je considĂšre la façon dont peuvent ĂȘtre regardĂ©s les Arts Martiaux aujourd’hui.

 

Je suis dĂ©solĂ© devant cette dĂ©saffection connue, en nombre de pratiquants, par les Arts Martiaux. Les chiffres de la baisse du nombre de pratiquants d’Arts Martiaux sont Ă©voquĂ©s de temps Ă  autre dans certains mĂ©dia spĂ©cialisĂ©s
dans les Arts Martiaux. Ce sujet ne sera pas Ă©voquĂ© au journal de 20 heures. Et encore moins sur Cnews ou dans des mĂ©dia-potins du type Gala, Closers ou Paris-Match.

 

Ce que « veulent Â» ces mĂ©dia, et, officiellement, la majoritĂ© d’entre nous, c’est du buzz et du spectacle. Du rapide. De l’anti-rides.

 

 Ce qui est efficace. Ce qui, en deux ou trois mouvements,  change tout de maniĂšre dĂ©finitive. Et parfaite.

 

ProblĂšme : la perfection et la plĂ©nitude ne s’obtiennent pas exactement en deux-trois coups de reins ou de bistouris. Tous les niqueurs de la Terre, toutes les niqueuses de la Terre, quel que soit leur domaine d’expertise, et tous les adeptes de la chirurgie esthĂ©tique physique et mentale le savent.

 

L’effet obtenu ne dure pas.

 

Le sentiment de victoire totale et absolue reste provisoire. Il faut donc ravaler et recommencer  Ă  un moment ou Ă  un autre.

 

Soit parce-que l’on finit par s’apercevoir qu’il nous manque quelque chose. Ou parce-que quelqu’un arrive Ă  faire ou Ă  obtenir « mieux Â» ou plus que nous et, d’une certaine façon, menace notre « rĂ©ussite Â».

 

RĂ©flexions d’un dĂ©primĂ©

 

 

Ce sont des remarques de dĂ©primĂ©. Et, j’étais dĂ©primĂ© hier aprĂšs-midi. Mais j’étais normalement dĂ©primĂ©. Je savais – et sais- largement encore faire la diffĂ©rence entre le trĂ©pas et des vacances estivales. Et j’étais, et suis, encore en vacances pour Ă  peu prĂšs une dizaine de jours.

 

MalgrĂ© le soleil et les sourires, la dĂ©prime ne se lit pas sur les visages ni dans le bronzage. Actuellement, il se trouve quantitĂ© de personnes en vacances qui s’exposent au soleil. Parmi elles se trouvent un certain nombre de personnes dĂ©primĂ©es. Elles ont beau ĂȘtre tranquillement allongĂ©es sur le sable, reproduire une certaine quantitĂ© de coĂŻts rĂ©guliers, ou rire Ă  peu prĂšs tous les jours, la rentrĂ©e ne sera pas des plus faciles pour elles.

 

Et elles le savent.

 

Ce sont celles et ceux qui les entourent -et croient les connaĂźtre- qui le savent moins.

 

 

Je connaissais en effet la rue Robespierre, Ă  Montreuil. Nous nous Ă©tions arrĂȘtĂ©s dans cette rue, il y a un an ou deux, ou peut-ĂȘtre plus, ma compagne, ma fille et moi, en voiture. Pour aller faire des courses dans le magasin bio Les Nouveaux Robinsons. J’ai encore oubliĂ© d’oĂč nous revenions.

 

A une centaine de mĂštres, environ, ou peut-ĂȘtre moins, de ce magasin bio, il y a cette acadĂ©mie de Kung Fu Wing Chun prĂ©sente lĂ  depuis plusieurs annĂ©es, ouverte et dirigĂ©e par Sifu Didier Beddar.

 

En 1993, Didier Beddar avait ouvert une premiùre salle d’Arts Martiaux dans le 20ùme arrondissement de Paris.

 

 

Je suis dĂ©solĂ© que les gens, dans une grande majoritĂ©, se dĂ©tournent des Arts Martiaux ou ne les voient que comme une activitĂ© folklorique fanĂ©e parce-que les Arts Martiaux aident Ă  vivre. Et pour s’aider Ă  vivre, il est devenu courant d’aller vers la facilitĂ© :

 

Il existe bien plus de pharmacies ayant pignon sur rue que de salles d’Arts martiaux  ou de dojos ouverts. Certains mĂ©dicaments dispensĂ©s dans les pharmacies sont indispensables. D’autres, moins.

 

Mais on a beaucoup plus facilement accĂšs Ă  un mĂ©dicament « dĂ©livrĂ© Â» sur ordonnance ou sans ordonnance qu’il suffit de se mettre dans la bouche tel un hostie qu’à une sĂ©ance avec un Maitre d’Arts Martiaux.

 

Peut-ĂȘtre qu’hier, Ă  ma place, au lieu de se rendre Ă  l’acadĂ©mie de Kung Fu Wing Chun de Didier Beddar, que d’autres personnes se seraient contentĂ©es d’un comprimĂ© de lexomil ou de lysanxia. Ou, pourquoi, pas de Prozac ? Ou de cannabis. Ou d’un peu de Vodka. Ou d’une partie de fesses avec la premiĂšre personne disponible et volontaire.

Montreuil, samedi 30 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

On peut aller danser, aussi. Mais pour danser, il faut souvent attendre la nuit. Et on y va gĂ©nĂ©ralement avec un groupe d’amis ou de connaissances. Des annĂ©es que cela n’est plus arrivĂ©. Cela nous est passĂ© sans mĂȘme y penser. Et sans que cela ne nous manque non plus. 

Mais je n’exclue pas d’y retourner. J’Ă©coute toujours de la musique. Du Konpa des annĂ©es 70, c’est vrai. Mais aussi Hollie Cook ( Looking for real love) et aussi, derniĂšrement, Dua Lipa :

Hallucinate

Peut-ĂȘtre qu’hier, Ă  ma place, d’autres personnes seraient parties faire du « shopping Â» pour se changer les idĂ©es. En journĂ©e, c’est possible. 

J’ai fait du « shopping Â» pendant des annĂ©es. Depuis quelques mois, je m’aperçois que je me comporte diffĂ©remment avec cet Ă©chappatoire. Mais aussi dans les magasins oĂč je rentre.

 

Hier, sur le trajet pour aller Ă  l’AcadĂ©mie de Didier Beddar, en sortant de la gare St Lazare, je suis tombĂ© sur un nouveau magasin Doc Martens, dans la rue du Havre. Je « connais Â» cette rue. J’aime assez cette marque de chaussures. Ce magasin n’était pas lĂ  auparavant. Il avait ouvert la veille.

 

J’y suis entrĂ©. J’ai fait un tour pour voir. En ayant l’impression d’ĂȘtre un peu comme l’enfant assez facilement dĂ©tournĂ© de son intention de dĂ©part.

 

A l’intĂ©rieur du magasin, se trouvaient de jeunes vendeurs souriants, accueillants et trĂšs appliquĂ©s assurant la relĂšve de toutes ces vendeuses et de tous ces vendeurs que nous avons rencontrĂ©s depuis l’enfance.

 

Ces vendeurs devaient avoir tour juste une vingtaine d’annĂ©es. Pour eux, c’était sans aucun doute un poste Ă  trĂšs haute responsabilitĂ©. Et c’est une trĂšs haute responsabilitĂ©.

 

Car c’est du travail que de savoir recevoir des clients diffĂ©rents, de tous les Ăąges, de toutes les catĂ©gories sociales, directement, dans une grande ville comme Paris. Dans une rue aussi passante et commerçante.

 

Il s’agit de rĂ©ussir.

 

De donner satisfaction Ă  son employeur.  De parvenir Ă  bien s’entendre avec ses collĂšgues. De rester souriant et accueillant malgrĂ© les contrariĂ©tĂ©s diverses que l’on peut vivre personnellement.

Car on est une vitrine. Une image. On reprĂ©sente le magasin. La marque. Et on ne doit, en aucun cas, ĂȘtre un prĂ©judice ou une menace, pour le magasin et la marque.

 

Il ne faut pas (se) rater.

Montreuil, prĂšs de l’AcadĂ©mie de Didier Beddar, ce samedi 30 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Esprit martial

 

 

J’étais dans l’AcadĂ©mie depuis moins de deux minutes. J’avais un peu discutĂ© avec une dame qui assistait Ă  la sĂ©ance et qui venait de me dire que l’un des pratiquants, lĂ , dont je voyais le dos, faisait partie des enseignants. Lorsqu’un autre enseignant est venu me voir. J’avais Ă  peine commencĂ© Ă  lui parler que, du fond de la salle, alors qu’il s’entraĂźnait avec quelqu’un, Sifu Didier Beddar m’a vu. J’ai vu qu’il m’avait vu. Le mĂȘme regard, Ă  travers la salle, malgrĂ© tous les pratiquants (une bonne quarantaine) qui occupaient l’espace que Maitre LĂ©o Tamaki lorsque, sans le prĂ©venir, j’étais venu assister Ă  un de ses stages l’étĂ© dernier.

 

Le Maitre pratique ou enseigne Ă  l’intĂ©rieur du dojo mais reste ouvert Ă  ce qui arrive de l’extĂ©rieur. Ce n’est pas le rĂ©sultat d’une angoisse particuliĂšre. PlutĂŽt une forme d’hyper-vigilance et d’éveil ou d’attention Ă  laquelle on peut parvenir lorsque l’on a suffisamment assimilĂ© ce que l’on pratique. Le guitariste qui connaĂźt sa gratte, lorsqu’il est rĂŽdĂ©, peut jouer, juste et bien, ou improviser, tout en voyant ce qui se passe dans la salle. Tout en discutant. Et si un de ses acolytes sur scĂšne, Ă  un moment ou Ă  un autre, amĂšne une variation, il va l’entendre et jouer en fonction de cette variation. S’il s’est suffisamment accordĂ© avec ses acolytes. S’il est suffisamment maitre de ses doigts et de sa guitare.

 

Les Maitres d’Arts martiaux, mais aussi les enseignants et les professeurs de sports de combats, rappellent souvent qu’une arme blanche est une extension du corps.

 

Le dojo, aussi, est une extension du corps – et de l’esprit- du Maitre.

 

Un Maitre prend possession de l’espace dans lequel il enseigne ou pratique. Comme nous pouvons prendre possession de notre maison. Il est donc normal que Didier Beddar m’ait aperçu trĂšs vite aprĂšs mon arrivĂ©e dans son acadĂ©mie. MĂȘme si cela m’a de nouveau surpris comme j’avais pu ĂȘtre surpris que LĂ©o Tamaki m’ait vu arriver, alors que j’étais encore dans la cour intĂ©rieure prĂ©cĂ©dant l’entrĂ©e du dojo. ( Dojo 5 ). 

 

Mais il est vrai que LĂ©o Tamaki avait une vue directe, depuis lĂ  oĂč il se trouvait, sur cette cour intĂ©rieure. Ce qui a peut-ĂȘtre aussi contribuĂ© aux choix de LĂ©o Tamaki pour ce dojo
..

 

Maitre Jean-Pierre Vignau, avec lequel j’ai dĂ©butĂ© le karatĂ© cette annĂ©e, lorsque j’entre dans le dojo, est souvent postĂ© Ă  un endroit stratĂ©gique depuis lequel, par un jeu de miroirs, il voit qui entre avant d’ĂȘtre vu lui-mĂȘme. ( Le Dojo de Jean-Pierre Vignau). 

 

Ce n’est pas de la parano. MĂȘme si Maitre Jean-Pierre Vignau a pu me dire :

 

« Je suis parano Â».

 

Pour moi, cet Ă©tat d’esprit est de l’esprit martial. C’est ĂȘtre attentif Ă  son environnement. Voire, Ă  l’état ou aux intentions de celle ou de celui qui s’amĂšne.

 

Je continue de penser qu’un Maitre ou une Maitresse d’Arts martiaux, lorsqu’il nous voit arriver la premiĂšre fois. Lorsqu’il nous voit nous dĂ©placer. Respirer. Lorsqu’il nous entend nous exprimer. Qu’il « sait Â», en grande partie, Ă  qui elle ou il a affaire.

 

Qu’elle sait ou qu’il sait presque d’oĂč nous venons. Qui nous sommes. La Maitresse ou le Maitre ne devine pas l’adresse de notre domicile. Ni notre date de naissance. Ni le prĂ©nom et le nom de notre premier Amour. Car, dans ce cas, ce serait de la voyance. Mais je crois que la Maitresse ou le Maitre a une idĂ©e, plutĂŽt juste, de notre vĂ©cu. De notre personnalitĂ©. De nos intentions. En tant qu’ĂȘtre humain. En tant que pratiquant martial.

 

Nous aussi, les gens lambdas, nous « faisons Â» ça avec nos contemporains. En fait, nous les gens lambdas, nous essayons de faire ça lorsque nous rencontrons quelqu’un dans notre vie.

 

Mais la grande diffĂ©rence entre les Maitres et les gens lambdas, c’est que, le plus souvent, les Maitres et les Maitresses, eux, ne se trompent pas. Ou beaucoup moins que la majoritĂ© d’entre nous. Il suffit de peu de temps, de peu de situations oĂč elles et ils nous voient Ă  l’Ɠuvre, pour que les Maitresses et les Maitres « sachent Â» oĂč nous en sommes dans notre Ă©volution personnelle.

 

 C’est ce que je crois encore pour l’instant.

Montreuil, ce samedi 30 juillet 2022 dans la rue Robespierre. Photo©Franck.Unimon

 

Assister au stage de Kung Fu Wing Chun : Pa ni ProblĂšm

 

«  Pa ni ProblĂšm Â» m’a rapidement rĂ©pondu Didier Beddar aprĂšs lui avoir demandĂ© Ă  pouvoir assister au stage. Et, lui de m’indiquer un banc qui se trouvait Ă  peine un mĂštre derriĂšre moi.

 

J’ai pensĂ© participer Ă  ce cours qui est en fait un stage de quatre jours proposĂ© et dirigĂ© par Didier Beddar et plusieurs de ses Ă©lĂšves devenus ses assistants de 11h Ă  17h30.

Mais je n’ai pas les sous mĂȘme si 65 euros pour une journĂ©e de stage est un tarif abordable.

 

Cet Ă©tĂ©, la prioritĂ© a Ă©tĂ© donnĂ©e aux vacances de ma fille en Guadeloupe chez mes parents avec ma sƓur, mon beau-frĂšre et ses enfants. Il m’en coĂ»tera plus de 1200 euros. De quoi faire plusieurs stages de Kung Fu Wing Chun. De quoi largement payer une annĂ©e de cours Ă  l’acadĂ©mie de Kung Fu de Didier Beddar (700 ou 800 euros, licence incluse selon la formule choisie. Frais auxquels il faut rajouter ceux pour la tenue vestimentaire).

 

Mais je n’ai pas de regret dans le fait d’avoir donnĂ© la prioritĂ© au sĂ©jour de ma fille en Guadeloupe.  

 

Devant moi, Ă  moins de deux mĂštres, un des enseignants de l’acadĂ©mie s’entraĂźne avec un stagiaire. Ce sont deux silhouettes antinomiques. Le premier est plus grand d’à peu prĂšs dix centimĂštres, longiligne. Le second est musclĂ©, assez bodybuildĂ©, trapu, a le bras tatouĂ© et transpire beaucoup. Son maillot est mouillĂ©. Dessus, en lisant, on peut deviner qu’il pratique ou a pratiquĂ© l’Arnis, une escrime martiale philippine. A voir son cĂŽtĂ© dĂ©terminĂ©, physique, je devine aussi l’homme qui  a pratiquĂ© d’autres sports de combat ou d’Arts martiaux et qui « aime Â» ça. Qui « aime Â» se confronter. Qui est combattant.

 

Une meilleure connaissance et un meilleur usage de son corps

 

 

En face, l’enseignant est une horloge gestuelle. Les divers fuseaux horaires des mouvements de ses bras (les deux hommes travaillent les bras) semblent pouvoir se rejoindre presque indĂ©finiment. Alors qu’ils font une pause, il explique une spĂ©cificitĂ© biomĂ©canique de l’avant bras qui permet la rĂ©alisation du geste.

 

Les Arts martiaux, bien enseignĂ©s, bien maitrisĂ©s, ainsi que d’autres disciplines, permettent une meilleure connaissance et un meilleur usage de son corps. Les achats dans un magasin ou sur le net, un comprimĂ© de lexomil ou de lysanxia, un joint ou une bouteille de vodka ne nous apprennent pas ça. MĂȘme s’ils peuvent permettre de participer Ă  certains Ă©vĂ©nements festifs et sociaux. 

 

Le pratiquant d’Arnis, puissant, met plus de force. Il rencontre la prĂ©cision constante de son partenaire qui ne donne pas l’impression de forcer. Mais, plutĂŽt de pĂ©daler. La gĂ©omĂ©trie de ses mouvements me paraĂźt difficile Ă  exĂ©cuter. Cependant, elle pare avec aisance les « attaques Â» adverses mais aussi les prend de vitesse plusieurs fois. Il y a Ă  la fois de l’hypnose et du derviche tourneur dans ces enchainements de bras.

 

L’hypnose pour le fait d’attirer ou d’aspirer l’agresseur vers soi afin qu’il vienne en quelque sorte « dĂ©poser Â» ses offensives et ses armes dans un espace oĂč leur destructivitĂ© s’efface.

 

Le derviche tourneur car cette succession de formes et de forces conjointes  forme une sorte d’aspiration vers le haut. Et, je me demande si lors de ce genre d’enchainements, on reste uniquement concentrĂ© sur celle ou celui qui nous fait face ou si, en mĂȘme temps, on s’élĂšve spirituellement en ayant la sensation ou l’impression d’ĂȘtre « hors Â» de l’attaque alors que celle-ci revient sans cesse vers nous. Un peu comme si on devenait une falaise et que l’on arrivait Ă  s’extraire de l’assaut des vagues rĂ©pĂ©tĂ©es, tout en bas, de notre adversaire.

 

C’est en les regardant faire que j’ai compris que l’acteur Keanu Reeves pratiquait du Kung Fu Wing Chun Ă  la fin du premier Matrix en 1999. Un film que j’avais vu plusieurs fois Ă  sa sortie. Dont une fois lors de mon sĂ©jour au Japon, toujours cette mĂȘme annĂ©e. Pour voir ce que cela faisait de voir ce film avec un public japonais Ă  Tokyo.

L’extrait est malheureusement en Français mais c’est tout ce que j’ai pu trouver de disponible.

DĂ©monstration du Sifu ( Maitre) :

 

AprĂšs chaque dĂ©monstration du Maitre, Didier Beddar, les pratiquants se sont exercĂ©s avec la mĂȘme partenaire ou le mĂȘme partenaire pendant une bonne dizaine de minutes voire davantage. Car il y a quelques femmes parmi les stagiaires.

 

Avant chaque dĂ©monstration et avant chaque interruption de pratique, par un appel ou un signal simple, pas particuliĂšrement strident ou bruyant, tous les participants s’arrĂȘtent.

 

A peu prÚs au milieu du dojo, Didier Beddar fait la démonstration de la nouvelle variation avec un de ses élÚves avancés, sans doute également un de ses assistants.

 

DĂ©contraction, prĂ©cision, maitrise, Didier Beddar est tel un poisson dans l’eau. Un poisson qui Ă©volue dans l’eau, ou plutĂŽt dans les ocĂ©ans, des Arts Martiaux depuis quarante ans et plus. Didier Beddar s’est rendu plusieurs fois Ă  l’étranger pour apprendre. Et, il continue de le faire.

 

Lorsqu’il insiste sur l’importance de bien garder son pied avant d’attaque Ă  l’extĂ©rieur des pieds de son adversaire, afin d’éviter d’ĂȘtre balayĂ©, cela me rappelle ce qu’a pu nous dire aussi Jean-Pierre Vignau. Et cela me confirme que entre le Kung Fu Wing Chun et le KaratĂ©, deux langues martiales aux rĂšgles et aux principes a priori diffĂ©rents voire opposĂ©s, qu’il existe, aussi, des grandes rĂšgles et des grands principes communs.

 

 

Comme cela peut exister, Ă©galement, entre diverses disciplines martiales ou de combats. A cela, il y a une raison trĂšs simple :

 

 

Quel que soit l’Art Martial ou le sport de combat pratiquĂ©, celui-ci reste pratiquĂ© par des enfants, des femmes et des hommes, ayant tous pour particularitĂ© de faire partie de l’espĂšce des ĂȘtres humains. On a beau dĂ©cliner de diffĂ©rentes façons la maniĂšre de se dĂ©fendre et d’attaquer, un ĂȘtre humain reste un ĂȘtre humain avec ses possibilitĂ©s, ses infirmitĂ©s et ses limites. Il reste ensuite Ă  cet ĂȘtre humain de choisir et de trouver cet Art martial ou cette discipline qui lui permettra de s’exprimer et de se sentir au mieux.

 

 

 

Une ambiance :

 

Je ne l’ai pas dit mais avant d’entrer dans l’AcadĂ©mie de Didier Beddar, je suis passĂ© par une cour intĂ©rieure pavĂ©e. AprĂšs environ cinquante mĂštres de marche, l’AcadĂ©mie est lĂ . Ouverte. AgrĂ©able.

 

Je n’ai pas pris de photo ni filmĂ© car lorsque j’ai pensĂ© Ă  demander Ă  Didier Beddar si je pouvais prendre des photos (j’avais mĂȘme apportĂ© ma petite camĂ©ra vidĂ©o), il a rĂ©flĂ©chi un peu puis, en souriant, il m’a rĂ©pondu :

 

« Non Â».

 

Ensuite, il a ajoutĂ© tout en faisant un demi-cercle autour de moi afin de continuer de me dire. « Des photos, des photos, des photos ! Aujourd’hui, on fait tout le temps des photos Â». Il a poursuivi :

 

« Et puis, il y a des gens qui n’ont pas envie d’ĂȘtre pris en photo Â».

 

 Il m’a dĂ©signĂ© deux photos Ă  l’entrĂ©e et a ajoutĂ© :

 

«  Vous voyez – qu’il a alternĂ© quelques fois avec le tutoiement- lĂ , je suis avec mon Maitre (il s’agissait peut-ĂȘtre de William Cheung mais je n’en suis plus sĂ»r). Je suis restĂ© dix ans avec lui Â».

 

Il m’a aussi parlĂ© de Dan Inosanto, 82 ans, qui a connu Bruce Lee et travaillait avec lui, qui continuait d’apprendre.

 

Je ne savais pas que Dan Inosanto Ă©tait toujours en vie.

 

Il est vrai qu’aujourd’hui, nous faisons des photos et filmons pour tout. J’aurais voulu avoir quelques photos et vidĂ©os pour cet article. J’ai bien vu que, de temps Ă  autre, il y avait une personne ou deux (toujours les mĂȘmes) qui filmait ou qui photographiait lors des dĂ©monstrations. Mais, en arrivant, en retard, je me suis d’abord prĂ©sentĂ© comme une personne voulant se rendre compte avant de peut-ĂȘtre venir s’inscrire Ă  la rentrĂ©e.

 

Et, en soi, ne pas prendre de photo et ne pas filmer, ne m’empĂȘche pas de donner un aperçu intĂ©rieur et personnel de cette expĂ©rience.

 

Il y avait de l’encens dans le dojo. Juste ce qu’il faut. Je me suis souvenu d’un copain vietnamien « chez Â» qui j’étais allĂ© quelques fois, adolescent. Dans les grandes tours rondes du parc de Nanterre. A chaque fois, j’avais seulement franchi le seuil de la porte d’entrĂ©e et Ă©tais restĂ© devant le salon. Lequel ressemblait Ă  une jungle tropicale avec toutes ces plantes. Tous ces meubles. Un caddie de supermarchĂ© Ă©tait aussi lĂ , je crois.

 

Il y ‘avait cette forte odeur d’encens. Et l’oncle de ce copain, debout, au milieu de tout ça, Ă  quelques mĂštres, montant la garde en quelque sorte. Mi-menaçant, mi-fou. Semblant, pouvoir, Ă  tout moment, venir m’agresser. Le copain lui avait dit quelques mots en vietnamien en entrant, avait disparu dans sa chambre puis Ă©tait rĂ©apparu quelques minutes plus tard. Et nous Ă©tions repartis.

 

Hier, pas d’oncle vietnamien montant la garde durant le stage. Une musique chinoise, apparemment, est passĂ©e en douceur durant toute la sĂ©ance. AffamĂ©, je buvais de l’eau fraĂźche de temps Ă  autre. Je continuais de regarder devant moi l’un des assistants de Didier Beddar. Il Ă©tait cette fois sans doute avec le benjamin des stagiaires. Un jeune garçon de 13 ans environ. Sa mĂšre Ă©tait la dame que j’avais croisĂ©e Ă  mon arrivĂ©e.

 

De temps à autre, avec son téléphone portable, elle filmait ou photographiait son fils en pleine action.

 

D’abord assez intimidĂ© par cet adulte plus grand que lui de vingt bons centimĂštres, le fils a fini par lĂącher quelques coups de pied- contrĂŽlĂ©s- Ă  hauteur de visage qui m’ont beaucoup Ă©tonnĂ©. Il Ă©tait souple et rapide.

 

Un autre homme Ă©tait venu s’asseoir Ă  cĂŽtĂ© de moi, quelques minutes plus tĂŽt.

 

« C’est la premiĂšre fois que vous venez ? Â».

 

Il avait d’abord semblĂ© surpris que je lui dise que c’était la premiĂšre fois que je venais. Et, pourtant, oui. Et lui ? Il pratiquait avec Didier Beddar. Depuis quand ? 2010.

 

2010 ?! C’est bien lui avais-je rĂ©pondu.

 

Lorsque je lui ai expliquĂ© que j’étais venu voir afin de peut-ĂȘtre venir m’inscrire ensuite, il a trouvĂ© que c’était une « bonne dĂ©marche Â». Un peu comme si c’était une dĂ©marche assez inhabituelle et, qu’à la rĂ©flexion, il se disait que c’était vraiment une bonne dĂ©marche.

 

Je me suis dit qu’en fait, cela devrait toujours se passer comme ça. Mais comme souvent, nous voulons faire vite, aller au plus prùs de chez nous, nous prenons souvent le premier cours venu.

 

Ou le moins cher.

 

Lui, ne pratiquait pas car il s’était fait mal Ă  l’épaule. Tendinite.

 

J’ai demandĂ© :

 

Vous faites de la kinĂ© ?

Oui.

Vous avez un bon kinĂ© ?

J’espùre que oui.

J’espùre aussi.

 

Nous avons rigolé.

 

Il m’a ensuite appris qu’il avait commencĂ© Ă  enseigner. D’ailleurs, au mois d’aout, le dimanche, de 10h Ă  11h, il allait donner des cours au Parc Georges Brassens, dans le 15Ăšme arrondissement. Puis, il a prĂ©cisĂ© : « Et, c’est gratuit, en plus Â». Une initiative de la mairie. J’ai retenu l’information. Nous avons Ă©changĂ© nos prĂ©noms.

 

Plusieurs pratiquants sont venus le saluer, lui donnant l’accolade.

 

Peu aprĂšs, une jeune maman est arrivĂ©e, avec sa fille de quelques mois. La compagne de l’assistant de Didier Beddar que je voyais s’exercer devant moi depuis le dĂ©but. Plusieurs personnes sont venues les voir. Dont Didier Beddar. Celui qui, en aout, va donner des cours d’initiation de Kung Fu Wing Chun au parc Georges Brassens, s’est levĂ©. `

 

Ils se sont adressĂ©s Ă  la petite. Didier Beddar a fait semblant d’attaquer le papa de la petite pour voir sa rĂ©action. La petite est restĂ©e souriante et sans rĂ©action. Le papa  s’en est amusĂ©.

 

La maman et la petite se sont ensuite assises Ă  cĂŽtĂ© de moi. La petite s’est mise Ă  me regarder. Et Ă  tendre la main vers moi. Mes lunettes sans doute. Elle a finalement acceptĂ© de prendre mon petit doigt dans sa main. On aurait presque dit qu’elle aurait voulu venir dans mes bras. «C’est vrai qu’elle n’est pas sauvage Â» m’a confirmĂ© sa maman. Je n’avais pas prĂ©vu cette rencontre avec cette petite. D’une certaine maniĂšre, elle Ă©tait peut-ĂȘtre une Ă©missaire de ma fille alors en vacances Ă  des milliers de kilomĂštres de lĂ .

 

La maman a trouvĂ© que ça faisait assez loin, pour moi, de venir jusqu’ici.

 

Mais si le Maitre est bon. S’il enseigne quelque chose, ou d’une façon, que l’on a du mal à trouver ailleurs
.

 

Didier Beddar en couverture du Yashima de mars 2022.

 

Discussion avec Didier Beddar

 

J’allais partir en sortant des toilettes lorsque j’ai vu que c’était le moment du salut. Il Ă©tait un peu plus de 17h30.

 

Aprùs le salut, lorsqu’il est venu vers moi, Didier Beddar m’a alors appris qu’il avait une sciatique. On n’aurait pas dit.

 

Sans aucun doute que sa pratique affutĂ©e, acĂ©rĂ©e, et permanente des Arts Martiaux depuis des annĂ©es est pour quelque chose dans cette sciatique. Ce genre de situation est rencontrĂ© par tous les Maitres mais aussi par tous les sportifs de haut niveau, Ă  un moment ou Ă  un autre. Et, malgrĂ© cela, ils continuent d’enseigner et de pratiquer. Ils ont des responsabilitĂ©s et des engagements Ă  tenir.

 

 

Alors qu’il Ă©tait assis, en m’accroupissant devant lui, je me suis un peu mieux prĂ©sentĂ©.

 

J’étais venu lĂ , sans ĂȘtre annoncĂ©, avec mes dispositions personnelles, en plein stage, et Didier Beddar m’avait acceptĂ©. Mais je me suis aperçu en l’interrogeant que je ne lui avais peut-ĂȘtre mĂȘme pas dit comment je m’appelais. Moi, en arrivant, je l’avais appelĂ© par son prĂ©nom. Mais c’était facile pour moi, l’inconnu.

 

Je lui ai donc donnĂ© mon prĂ©nom. Et, mĂȘme si je sais qu’il arrive que des Maitres soient en rivalitĂ© ou fĂąchĂ©s les uns les avec les autres, j’ai dĂ©cidĂ© de lui dire que je suis « un trĂšs jeune Ă©lĂšve de Jean-Pierre Vignau Â».

 

Didier Beddar a alors souri. S’est Ă©tonnĂ© que celui-ci enseigne encore. Il a quel Ăąge maintenant ?

 

77 ans.

 

Didier Beddar a cinq ans de plus que moi. 59 ans. A mon avis, tant qu’il pourra enseigner, il le fera. Ce qui devrait bien nous amener facilement Ă  7O ans ou davantage.  

 

 Il situait Ă  peu prĂšs oĂč se trouvait le dojo de Jean-Pierre Vignau. Je peux d’autant plus le dire que j’ai beaucoup marchĂ© pour me rendre Ă  l’AcadĂ©mie de Kung Fu de Didier Beddar :

 

Deux stations de mĂ©tro sĂ©parent le dojo de Jean-Pierre Vignau de l’AcadĂ©mie de Kung Fu Wing Chun traditionnel de Didier Beddar.

 

Au lieu de descendre Ă  la station Maraichers comme je l’ai fait pour me rendre au dojo de Jean-Pierre Vignau (actuellement fermĂ© pour raisons Ă©conomiques), il suffit de descendre Ă  la station Robespierre pour se diriger vers l’AcadĂ©mie de Didier Beddar.

 

S’il est des Maitres qui se connaissent et se rencontrent, ce n’est pas la premiĂšre fois que je constate que des Maitres d’Arts martiaux, pourtant ouverts sur le monde et les autres, peuvent enseigner Ă  proximitĂ© les uns des autres sans pour autant se rencontrer.

 

Sans doute que la vraie frontiĂšre mentale  est surtout celle de l’Art martial choisi et enseignĂ©. MĂȘme si la plupart des Maitres, avant de se destiner Ă  l’enseignement d’un Art martial en particulier, ont souvent accumulĂ© des expĂ©riences avancĂ©es dans plusieurs disciplines martiales, culturelles et mentales.

 

Maitre Jean-Pierre Vignau, bien que formĂ© au judo, Ă  l’AĂŻkido et Ă  d’autres Arts martiaux et techniques de combat est un Maitre de KaratĂ©. Sifu Didier Beddar, bien qu’également formĂ© Ă  divers Arts martiaux et formes de combats est avant tout un Maitre de Kung Fu Wing Chun traditionnel. MĂȘme s’il m’a expliquĂ© hier faire profiter ses Ă©lĂšves, dans ses cours de Wing Chun, de ce qu’il avait appris, et de ce qu’il apprend, dans d’autres disciplines martiales ou de combats. Comme Jean-Pierre Vignau le fait Ă©galement lors de ses enseignements.

 

J’avais aussi Ă©tĂ© Ă©tonnĂ©, en allant saluer un matin, Maitre RĂ©gis Soavi, il y a quelques mois, avant un cours avec Maitre Jean-Pierre Vignau, qu’ils ne se soient jamais rencontrĂ©s l’un et l’autre. Alors que pour se rendre au dojo oĂč Maitre RĂ©gis Soavi enseigne avec sa fille Manon Soavi, on descend Ă  la mĂȘme station de mĂ©tro que pour aller au dojo de Maitre Jean-Pierre Vignau :

 

La station MaraĂźchers, toujours  de la ligne 9 du mĂ©tro. La mĂȘme ligne qui permet de se rendre Ă  l’AcadĂ©mie de Kung Fu Wing Chun de Didier Beddar.

 

 

 Jean-Pierre Vignau et RĂ©gis Soavi ont Ă  peu prĂšs le mĂȘme Ăąge. Jean-Pierre Vignau doit avoir quelques annĂ©es de plus que RĂ©gis Soavi. Je crois que RĂ©gis Soavi a 71 ou 72 ans et il ne pense pas tout Ă  fait Ă  prendre sa retraite martiale et spirituelle Ă  ce que j’ai pu comprendre.

 

 

Avant de parler de « concurrence Â» ou de « conflits Â» entre deux Maitres, la principale et premiĂšre frontiĂšre est sans doute encore martiale et mentale. Maitre RĂ©gis Soavi est Maitre d’AĂŻkido.

 

Ensuite, tous les Maitres ont tellement Ă  faire afin d’enseigner, de pratiquer et de promouvoir leurs recherches, en faisant des millions de kilomĂštres au cours de leur vie, qu’ils peuvent, comme lĂ , passer des annĂ©es, Ă  entendre parler les uns des autres, en certaines circonstances, sans se rencontrer. Alors qu’il existe une faible distance kilomĂ©trique entre leurs dojos.

 

 

MĂȘme si j’avais dĂ©jĂ  entendu parler de lui bien avant cela, Didier Beddar a Ă©tĂ© interviewĂ© rĂ©cemment ( en mars de cette annĂ©e) par LĂ©o Tamaki dans le magazine Yashima. Hier, j’ai donc Ă©voquĂ© cette interview. Je lui ai aussi dit avoir rencontrĂ© LĂ©o Tamaki une ou deux fois. Lequel LĂ©o Tamaki, d’ailleurs, comme Ă  chaque Ă©tĂ©, proposera un stage d’AĂŻkido Ă  Paris, fin aout. Stage auquel j’espĂšre cette fois pouvoir participer.

 

AprĂšs ces mots, devant Didier Beddar, je cessais un peu- en quelque sorte- d’ĂȘtre un inconnu complet. J’ai aussi parlĂ© un peu de ma pratique du Judo. Du fait d’avoir un peu pratiquĂ© de Ju Jitsu brĂ©silien avec Patrick Bittan (il y a plus de vingt ans).

 

J’ai ensuite expliquĂ© ce qui me donnait envie de venir recevoir les enseignements du Wing Chun dans son AcadĂ©mie. En continuant de recevoir ceux de Jean-Pierre Vignau.

 

Didier Beddar a compris mon projet. Lui-mĂȘme portĂ© sur la polyvalence, il m’a parlĂ© de la nĂ©cessitĂ© de connaĂźtre plusieurs distances de combat et m’a appris que la rentrĂ©e se ferait Ă  partir du 2 septembre.

 

 

Je me demande si je suis obligé de mentionner que je me sentais mieux et moins déprimé aprÚs avoir assisté à ce stage.

 

Montreuil, ce samedi 30 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Franck Unimon, ce dimanche 31 juillet 2022.

 

 

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Puissants Fonds/ Livres

Les Couilles sur la table, un livre de Victoire Tuaillon. 2Ăšme partie. Ego Trip.

Au Spot 13, 15 janvier 2022. Photo©Franck.Unimon

Les couilles sur la table, un livre de Victoire Tuaillon, 2Ăšme partie : ego trip.

 

Cet article est la suite de Les couilles sur la table, un livre de Victoire Tuaillon. PremiĂšres parties

 

Ego Trip :

 

Je crois que nous aimons ces instants oĂč nous retrouvons en nous des endroits faits sur mesure oĂč l’on se sent Ă  l’abri de tout. Ces endroits sont ce qui restent des meilleurs moments de nos origines. Et nous sommes contents, ou heureux, qu’ils soient toujours lĂ  malgrĂ© les Ă©preuves et le temps passĂ© ou traversĂ©.

 

Il n’est pas nĂ©cessaire d’aller trĂšs loin, de soulever de trĂšs lourdes haltĂšres ou d’avoir recours Ă  des substances chimiques pour parvenir Ă  ce genre d’endroit, ce genre d’état et d’instant.

 

Ecouter ou entendre un titre de musique. Une simple promenade. Un « voyage Â» dans un mĂ©tro ou dans un train. Un parfum. Un regard. Une impression. Un sentiment.

Au Spot 13, 15 janvier 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Chacun a sa « recette Â» ou ses « trucs Â». Certains y arrivent plus facilement et plus frĂ©quemment que d’autres. Nous sommes souvent des exilĂ©s de nous-mĂȘmes. AmenĂ©s Ă  faire certaines compromissions. ObligĂ©s d’accepter de multiples contraintes. Et la « rĂ©compense Â» n’est pas toujours au bout de nos – trĂšs nombreux et trĂšs oubliables â€“ efforts.

 

On pourrait penser que notre existence consiste Ă  pousser de bout en bout afin d’accoucher de nous-mĂȘmes. Sauf que la date prĂ©vue pour notre accouchement et notre vĂ©ritable dĂ©livrance est un mystĂšre et peut, finalement, se rĂ©sumer Ă  l’heure et Ă  la date du constat de notre mort cĂ©rĂ©brale et mĂ©dicale :

 

On peut trĂšs bien satisfaire Ă  nos trĂšs nombreuses obligations de toutes sortes. Etre une personne plus ou moins impliquĂ©e et exemplaire compte-tenu de toutes ces obligations familiales, Ă©conomiques et sociales et, dans les faits, ne jamais avoir vĂ©ritablement accouchĂ© de soi-mĂȘme.

 

Une histoire d’Amour nous offre la possibilitĂ©, pendant quelques temps «  de retrouver en nous ces endroits faits sur mesure oĂč l’on se sent Ă  l’abri de tout
. Â». Et, pendant un temps, nous allons vivre ça avec quelqu’un d’autre, le plus longtemps possible, nous l’espĂ©rons.

 

Au spot 13, l’artiste ClĂ©ment Herrmann, ce 22 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Ce que j’écris, lĂ , n’a rien d’exceptionnel. D’autres l’ont Ă©crit et vont l’écrire beaucoup mieux que moi.

 

Selon moi, Ă  condition bien-sĂ»r de rencontrer d’abord quelqu’un dont les sentiments et le dĂ©sir sont rĂ©ciproques, il n’y a rien de plus de simple que de tomber amoureux de quelqu’un et de ressentir du dĂ©sir pour lui ou elle, peu importe son genre. Pourtant, ce sujet de la « rencontre Â» est, Ă  mon avis, un des thĂšmes qui manque dans l’ouvrage de Victoire Tuaillon ainsi que dans celui de Mona Chollet (RĂ©inventer l’Amour) : J’ai lu RĂ©inventer l’Amour de Mona Chollet . 

 

Je trouve que l’une comme l’autre escamote un peu trop ce sujet de la rencontre. Car avant toute histoire d’Amour, il y a nĂ©cessitĂ© d’une rencontre. Que celle-ci soit spirituelle, physique ou autre. Il me semble que notre rapport Ă  la rencontre de quelqu’un d’autre a de grandes incidences pour la suite d’une histoire d’Amour.

 

 

Le sujet de la rencontre

 

Dans le film documentaire Inna de Yard : The Soul of Jamaica  rĂ©alisĂ© en 2018 par Peter Webber, Ken Boothe, une des grandes vedettes du Reggae JamaĂŻcain montrĂ©es dans le film, dit Ă  un moment  qu’il s’est longtemps comportĂ© comme un « campagnard Â» alors qu’il avait dĂ©jĂ  du succĂšs ( un succĂšs mondial).

Ken Boothe est originaire d’un milieu social modeste, voire pauvre en JamaĂŻque. Lors de sa premiĂšre compĂ©tition de chant toujours en JamaĂŻque, il Ă©tait trĂšs timide. Au point de fermer les yeux pour chanter face au public. La compĂ©tition Ă©tait trĂšs dure. Se retrouver face Ă  un public. Et, cette compĂ©tition comptait d’autres candidats, qui, comme lui, espĂ©raient pouvoir s’extraire de la misĂšre, mais aussi de la violence, par le chant et la musique. Aujourd’hui, ce sont les Rappeuses et les rappeurs qui s’en « sortent Â» qui ont ce genre de parcours. Comme bien des chanteuses et des chanteurs de Rock avant eux.

 

En se qualifiant de « Campagnard Â», Ken Boothe Ă©voquait en fait ses grandes difficultĂ©s pour pratiquer les urbanitĂ©s sociales :

 

Cette aptitude nĂ©cessaire, lorsque l’on veut rĂ©ussir, Ă  entrer en relation avec les personnes qui comptent dans un certain milieu. A Ă©tablir avec elles une sorte de contact ou de « connexion Â» qui va leur donner envie de nous aider Ă  dĂ©velopper notre carriĂšre.

 

Pour l’anecdote, et pour rester encore un peu en Jamaïque, l’athlùte jamaïcain Usain Bolt, plusieurs fois recordman du monde et plusieurs fois champion olympique- et du monde- du 100 mùtres et du 200 mùtres, aujourd’hui à la retraite (alors que Ken Boothe continue de chanter) lui, est le contraire du garçon timide.

L’ancien athlĂšte Usain Bolt, en plus d’avoir Ă©tĂ© le sprinteur le plus rapide du monde pendant plusieurs annĂ©es, Ă©tait Ă  l’aise, lui, pour entrer en contact avec les personnes qui comptent parmi les officiels importants de l’AthlĂ©tisme mondial.

 

38 ans sĂ©parent Ken Boothe de Usain Bolt.  

 

On ne voit pas oĂč je veux en venir ? Je connais bien plus la carriĂšre de Usain Bolt ( nĂ© en 1986) que celle de Ken Boothe dont j’avais dĂ©jĂ  entendu parler avant ce documentaire de Peter Webber. Pourtant, lorsque j’ai entendu Ken Boothe s’exprimer et se taxer de « campagnard Â», je me suis subitement beaucoup reconnu en lui.

ProblĂšme : nous Ă©tions alors en 2019. AnnĂ©e oĂč a Ă©tĂ© publiĂ© le livre Les Couilles sur la Table de Victoire Tuaillon, trentenaire. J’avais alors « dĂ©jĂ  Â» 51 ans, Ă©tais mariĂ© et pĂšre depuis quelques annĂ©es.

 

Je suis nĂ© Ă  Nanterre en 1968. Donc, on lit bien :

 

1968, annĂ©e en France de la « rĂ©volte Ă©tudiante Â», de la « rĂ©volution des mƓurs Â», du trĂšs profond bouleversement qui s’est opĂ©rĂ© dans la sociĂ©tĂ© française Ă  cette Ă©poque. En pleine pĂ©riode de dĂ©colonisation de l’Afrique et de l’Asie, des mouvements de contestation noire aux Etats-Unis, du mouvement hippie, des mouvements de libĂ©ration de la femme ; de la croissance Ă©conomique- et du plein emploi- dont on nous parle dans les manuels d’histoire.

Et si la ville de Nanterre, en 1968, a aussi Ă©tĂ© la ville des bidonvilles, elle n’en n’était dĂ©jĂ  pas moins une ville, du dĂ©partement des Hauts de Seine (le dĂ©partement le plus riche de France !) proche de Paris et du futur ou du dĂ©jĂ  existant quartier d’affaires de la DĂ©fense prĂ©sentĂ© comme un des plus grands, si ce n’est le plus grand quartier d’affaires d’Europe !

 

 

Ajoutons Ă  cela que Ken Boothe, nĂ© en 1948, en JamaĂŻque, sĂ»rement dans un quartier pauvre, donc dans des conditions nettement plus dĂ©favorisĂ©es que celles que j’ai pu connaĂźtre Ă  ma naissance Ă  Nanterre (de mes parents qui s’étaient exilĂ©s de leur Guadeloupe natale en 1966 et en 1967) a ni plus ni moins
l’ñge de ma mĂšre, Ă©galement nĂ©e en 1948.

 

Au spot 13, Paris, ce vendredi 22 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Par quel tour de passe-passe, moi, nĂ© en 1968 Ă  Nanterre, qui ai toujours vĂ©cu en ville, et qui a ensuite, aprĂšs mes Ă©tudes d’infirmier, obtenu un DEUG d’Anglais Ă  la fac de Nanterre ( celle de 1968 !), j’ai pu, en 2019, m’identifier Ă  Ken Boothe nĂ© en 1948 dans un quartier dĂ©favorisĂ© de la JamaĂŻque plutĂŽt qu’à Usain Bolt, nĂ© en 1986 en JamaĂŻque, mais ( Ă  ce que j’ai compris) dans un environnement plus favorable que Ken Boothe ?!

 

 

La rĂ©ponse est simple et connue : la transmission. L’hĂ©ritage familial. Inconscient et conscient.

HĂ©ritage conscient : je sais d’oĂč viennent mes parents. Je suis dĂ©jĂ  allĂ© en Guadeloupe avec eux mais aussi sans eux. Je connais et comprends leur langue natale, le CrĂ©ole. Je mange antillais. J’écoute la musique antillaise de mes parents et danse sur la musique antillaise. Ces derniers jours, j’écoute rĂ©guliĂšrement des titres de musique Kompa datant des annĂ©es 70, une des fonderies de mon enfance.

HĂ©ritage inconscient : je n’imagine pas Ă  quel point les enseignements de mes parents, leurs modĂšles relationnels et leur façon de voir la vie et le monde, mĂȘme si j’ai pu et peux les critiquer ont pu et peuvent m’influencer. Voire, me conforter dans mes idĂ©es mais aussi dans mes prĂ©jugĂ©s et mes apprĂ©hensions.

 

Et nous sommes nombreux Ă  ĂȘtre dans ce genre de situation. On parle de « conflit de loyautĂ© Â». De « double lien Â». D’ambivalence. Tout cela fait partie du genre humain. Et cela nous conditionne beaucoup lors de nos rencontres avec les autres. Peu importe la sincĂ©ritĂ© de nos sentiments amoureux pour quelqu’un d’autre.

 

Au cinĂ©ma, j’ai pensĂ© au film Nocturnal Animals rĂ©alisĂ© en 2016 par Tom Ford. Dans ce film, Susan Morrow, galeriste d’Art Ă  Los Angeles (l’actrice Amy Adams) a une position sociale forte dans le prolongement de son Ă©ducation et de ses origines sociales. Elle vit mariĂ©e avec un homme qui a Ă©galement une situation sociale forte. Sauf que quelques annĂ©es, plus tĂŽt, Susan s’était dĂ©tournĂ© de son Amoureux de l’époque, Edward (l’acteur Jake Gyllenhaal) qui Ă©tait plutĂŽt du genre fauchĂ© et sans avenir Ă©conomique bien dĂ©fini
.

 

Au spot 13, fin mars 2022. La deuxiĂšme oeuvre est de ClĂ©ment Herrmann en hommage Ă  l’Ukraine attaquĂ©e par l’armĂ©e militaire russe le 24 fĂ©vrier 2022. Photo©Franck.Unimon

 

ConcrĂštement, pour moi, une femme « française Â», c’est souvent une femme blanche, citadine qui fume des cigarettes ou/ et qui boit de l’alcool.

J’ai des amies françaises blanches, citadines, qui fument des cigarettes et qui boivent de l’alcool. J’ai pu ĂȘtre amoureux de femmes françaises qui fumaient des cigarettes (et ou/ du shit). Pourtant, le tabac et la consommation de l’alcool ne font pas du tout partie de mon « idĂ©al Â» fĂ©minin en termes de pratiques. Ni de mon Ă©ducation.

 

Comme on dit, on « s’adapte Â», on « s’accommode Â», on « Ă©volue Â». Par Amour. C’est vrai. Mais jusqu’à un certain point, seulement, Ă  mon avis. Car si, de notre cĂŽtĂ©, on est prĂȘt Ă  faire certains efforts vers l’autre qui diffĂšre de nous. L’autre, elle ou lui, peut avoir moins d’aplomb pour faire le « grand Ă©cart Â» entre ses origines et nous.

Au spot 13, Paris, 28 avril 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Ce que je raconte est-il hors sujet ? Suis-je, ni plus, ni moins, en train de raconter ma vie une fois de plus alors que cela ne regarde personne et n’a aucun rapport avec le sujet du livre de Victoire Tuaillon ?

 

Moi, je crois que je suis bien dans le sujet du livre de Victoire Tuaillon comme de celui de Mona Chollet. Celui de la relation, celui du couple, celui de l’Amour. Seulement, si on « oublie Â» de parler de certaines de ces –grandes- Ă©tapes qui prĂ©cĂšdent une relation d’Amour, je me dis que c’est comme si on voulait envoyer une fusĂ©e dans l’espace en oubliant tout ce qui peut permettre la meilleure mise Ă  feu possible avec la meilleure trajectoire possible.

 

 

Le sujet de la rencontre est vaste. Dans la premiĂšre partie de mon article, je revendiquais mon droit Ă  ĂȘtre, aussi, « Beauf Â», « pĂ©nible Â» et « lourdaud Â». Maintenant, je revendique mon droit Ă  ĂȘtre « campagnard Â» dans son sens pĂ©joratif :

Celui qui est vraiment « vieux jeu Â», conservateur, pas dans le coup,  terre Ă  terre, qui a des idĂ©es arrĂȘtĂ©es, rigide, pas drĂŽle. DĂ©primant.

 

Rien Ă  voir avec le profil festif, souriant et sautillant de plusieurs de mes compatriotes antillais ou de mes cousins africains et latins. Avec eux, au moins, on s’amuse bien. Bon, c’est vrai, ils ne sont pas trĂšs sĂ©rieux. Mais, au moins, c’est fun. Ils mettent de l’ambiance. Avec eux, c’est carnaval. On ne se prend pas la tĂȘte !

 

Alors qu’avec moi, on rĂ©flĂ©chit. On s’analyse et on se scrute en temps rĂ©el. Pas un fantasme inconscient ne doit Ă©chapper Ă  notre vigilance !

Au Spot 13, Paris, 22 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Je suis un militaire de l’affectif et de la vie amoureuse. Le champ-adverse- est localisĂ©. Et dĂ©limitĂ©. J’effectue des rondes rĂ©guliĂšres autour de lui.

 

Que l’on se rappelle bien de cette expression :

 

« Un militaire de l’affectif et de la vie amoureuse Â».

 

Parce-que cette expression va me servir plus tard.

 

 

Dans les faits, rencontrer quelqu’un n’est pas si simple que cela pour tout le monde.

 

 

Rencontrer quelqu’un : Aussi simple que lire une bande dessinĂ©e ?

 

Cet article doit avoir une fin pour des sujets qui, eux (l’Amour, les rencontres amoureuses, la vie amoureuse, la vie Ă  deux ou Ă  plus) sont sans fin pour un ĂȘtre humain. Je serai donc obligĂ© de trancher et de passer sur certaines idĂ©es.

Mais je tiens Ă  faire un petit retour en arriĂšre.

 

 

En 2009, je dĂ©couvrais le monde de Riad Sattouf en allant voir comment il avait transposĂ© au cinĂ©ma sa bande dessinĂ©e :

 

Les Beaux Gosses.

 

J’avais dĂ©ja 41 ans en 2009. Pourtant, dĂšs les premiĂšres images, son film m’avait parlĂ©. Et plu. Et fait rire. Parce-que j’ai eu l’ñge de ses personnages ainsi que leurs inquiĂ©tudes.

J’écris « j’ai eu Â». Mais cette formulation au passĂ© est un piĂšge cachĂ©. Ne l’oubliez pas. Car j’en reparlerai un peu plus tard.

 

En pensant Ă  la deuxiĂšme partie de cet article, je me suis rappelĂ© mes 13-14 ans lorsqu’avec un copain, j’avais discutĂ© de la bonne façon d’embrasser une fille. Je ne l’avais jamais fait. Du moins pas comme les « grands Â». J’avançais en Ăąge et, Ă  13-14 ans, je me devais de dĂ©passer l’étape des bisous. Mais comment bien rouler une pelle Ă  une fille ? Comment savoir ? D’autant qu’il y avait cette certitude (qui persiste encore aujourd’hui, je trouve) que le garçon se doit de savoir.

 

Je me souviens encore de ce copain, X
., prĂšs d’une des grandes tours de notre citĂ© HLM Fernand LĂ©ger, Ă  Nanterre me dire que, lui, il savait ! Alors, je l’ai enviĂ©.

 

Moi, je ne savais pas. Evidemment, il n’allait pas me mettre sa langue dans la bouche pour me montrer. Il y avait comme une dĂ©faite pour moi, ce jour-lĂ . A me retrouver devant ce copain qui avait ce Savoir inestimable et indestructible. Alors que moi, je ne voyais pas comment faire pour l’obtenir Ă  mon tour. Apprendre Ă  rouler une pelle Ă  une fille, finalement, c’était un peu devenu l’équivalent d’apprendre Ă  faire du feu. Ne pas savoir le faire revenait Ă  se diriger vers une sorte de vie de perdition, de dĂ©chĂ©ance et de clochardisation. Comme si en parlant de quelqu’un que l’on avait connu dans le passĂ©, on  disait de lui :

 

«Lui, il a vraiment trĂšs trĂšs mal tournĂ©. Il ne sait mĂȘme pas comment emballer une fille. Le pauvre ! Â».

Spot 13, Paris, vendredi 22 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Aujourd’hui, je maintiens que mĂȘme des adultes (femmes et hommes) peuvent ĂȘtre aussi embarrassĂ©s que je l’avais Ă©tĂ© Ă  13 ou 14 ans pour savoir comment embrasser une fille. MĂȘme avec ma mentalitĂ© de campagnard, j’ai appris que nos parcours personnels vers notre intimitĂ© corporelle mais aussi vers l’intimitĂ© de l’autre sont loin d’ĂȘtre aussi Ă©vidents que cela pour tout le monde. MalgrĂ© toutes les pubs ou peut-ĂȘtre justement parce-que toutes ces pubs dĂ©nudĂ©es, toutes ces images et ces Ɠuvres visuelles Ă©rotiques, pornographiques ou suggestives pullulent dans notre environnement quotidien.

 

S’il Ă©tait si simple que cela de rencontrer quelqu’un et de partager avec elle ou lui une intimitĂ© charnelle, Ă©motionnelle, sentimentale et morale, toutes ces images Ă©rotico-pornographiques-suggestives, toutes ces discussions qui tournent autour de ces sujets et de ces fantasmes disparaĂźtraient d’eux-mĂȘmes.

 

J’ai repensĂ© tout Ă  l’heure  Ă  une ancienne collĂšgue, plus jeune que moi de quelques annĂ©es. Alors qu’elle allait bientĂŽt se marier, celle-ci m’avait appris qu’elle ne savait plus comment rencontrer quelqu’un. Alors que plus jeune, avant d’ĂȘtre en couple, Ă  l’écouter, elle « savait Â» comment faire pour rencontrer un homme. J’avais Ă©tĂ© intriguĂ© par sa remarque. Car je n’ai jamais eu l’impression de « savoir Â» en particulier comment m’y prendre pour rencontrer quelqu’un d’autre. J’ai connu ou connais des personnes qui « savent Â» rencontrer. Des personnes qui, fonciĂšrement, restent rarement seules ou savent ne pas rester seules. Peu importe leur Ăąge, leur sexe ou leur situation personnelle.

 

Spot 13, Paris, 15 juin 2022. Photo©Franck.Unimon

 

SĂ©duire

 

Car il y a le fait de rencontrer. Et le fait de sĂ©duire et de savoir sĂ©duire. Je ne connais pas la situation personnelle de Victoire Tuaillon ou de Mona Chollet dans le domaine de la sĂ©duction. Mais sĂ©duire et savoir sĂ©duire n’est pas donnĂ© Ă  tout le monde. Et, comme le fait d’embrasser, de (bien) faire l’amour, de se donner du plaisir, l’action de sĂ©duire et de plaire ne s’apprend ni dans les manuels, ni Ă  l’école. On peut bien avoir quelques conseils, certaines lectures. Mais c’est quand mĂȘme toujours avec l’expĂ©rience que l’on apprend Ă  bien le faire.

 

On se rappelle de Ken Boothe qui fermait les yeux lorsqu’il s’agissait de chanter devant un public pour sa premiĂšre participation Ă  une compĂ©tition de chant tant il avait peur d’échouer mais aussi des moqueries. On peut imaginer que bien des personnes peuvent ĂȘtre dans le mĂȘme Ă©tat de stress lorsqu’il s’agit d’essayer de sĂ©duire quelqu’un. Sauf que j’ai du mal Ă  concevoir que l’on puisse plaire Ă  quelqu’un si on se met Ă  fermer les yeux alors qu’on lui parle ou que l’on entame une conversation avec elle ou lui.

 

Alors que pour d’autres personnes, sĂ©duire, plaire, est un jeu. C’est une action lĂ©gĂšre et agrĂ©able qui agrĂ©mente le quotidien. J’ai connu quelqu’un, plutĂŽt sĂ©ducteur, qui m’avait racontĂ© avoir plaisir Ă  aller se balader dans le quartier du Marais, Ă  Paris, afin d’ĂȘtre draguĂ© et regardĂ© par des homos. J’aime plutĂŽt plaire. Mais chaque fois que je me suis rendu dans le Marais, cela n’a jamais Ă©tĂ© afin d’espĂ©rer allumer quelques homos de passage pour le « fun Â».

 

Lorsque le site de rencontres Meetic s’est imposĂ© comme la rĂ©fĂ©rence des sites de rencontres au dĂ©but des annĂ©es 2000, cĂ©libataire ayant du mal Ă  rencontrer, j’avais fini par accepter l’expĂ©rience. EncouragĂ© en cela par un copain qui en Ă©tait trĂšs content et qui avait su me donner les arguments me permettant de me dĂ©cider. J’avais d’abord eu honte de m’inscrire sur un tel site. Et si quelqu’un que je connaissais m’y voyait ?

 

« Mais dans ce cas-lĂ , qu’est-ce qu’elle fait lĂ , sur le site, cette personne ?! Â» m’avait rĂ©pondu, ce copain, trĂšs pragmatique.

 

Au Spot 13, Paris, vendredi 22 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

J’avais parlĂ© plus tard de cette expĂ©rience Meetic Ă  une copine. Pour moi, c’était tellement novateur. AussitĂŽt, cette copine m’avait alors exprimĂ© sa dĂ©sapprobation envers cette façon de rencontrer quelqu’un. Elle m’avait aussi parlĂ© de sa plus jeune sƓur qui avait eu la mĂȘme attitude que moi. S’inscrire Ă  Meetic !  Et, cela, aussi, elle ne le comprenait pas. Pour, elle, elle suffisait de rencontrer les gens. Je parle de quelqu’un qui Ă©volue depuis des annĂ©es dans le spectacle vivant : le thĂ©Ăątre. ComĂ©dienne, metteure en scĂšne, prof de thĂ©Ăątre.

 

J’avais compris ce jour-lĂ  et essayĂ© de lui expliquer, je crois, que, elle, n’avait pas de problĂšme pour sĂ©duire. Et, cela s’est depuis vĂ©rifiĂ© Ă  mon avis. Cette copine, devenue mĂšre  de deux enfants par la suite, s’est plus tard sĂ©parĂ©e du pĂšre de ses deux enfants. Non seulement, elle a pu quitter la rĂ©gion oĂč elle avait vĂ©cu avec lui, au soleil, avec son ancien compagnon et pĂšre de ses deux enfants. Mais, aux derniĂšres nouvelles, elle avait rencontrĂ© un autre homme, lui mĂȘme Ă©galement pĂšre.

 

Je « sais Â» que ce type de famille recomposĂ©e existe. Seulement, je crois aussi que certaines personnes savent mieux s’y prendre que d’autres pour faire des rencontres amoureuses opportunes. Alors que leur situation personnelle (mĂšre ou pĂšre d’un ou de plusieurs enfants) lorsqu’elle est vĂ©cue Ă  l’identique par d’autres, constitue un obstacle frontal Ă  une nouvelle histoire amoureuse.

 

L’ñge peut sans doute, aussi, influer, sur les attentes exprimĂ©es envers le couple et une histoire d’Amour.

 

 

Une question d’ñge :

 

On dit que l’Amour n’a pas d’ñge. Je veux bien le croire. Mais notre Ă©poque a son Ăąge. Et notre façon d’aimer se modifie aussi sans doute un peu avec notre Ă©poque. Comme avec le pays et la culture dans lesquels on vit et grandit.

 

 

Dans la premiĂšre partie de mon article, j’ai parlĂ© de l’ñge de Victoire Tuaillon. 30 ans lors de la parution de son livre Les Couilles sur la table. 21 ans de moins que moi.

On a peut-ĂȘtre trouvĂ© paternalistes certains de mes propos lorsque je parle de son livre ou lorsque j’évoque Victoire Tuaillon ou certaines femmes de son Ăąge ou plus jeunes.

 

LĂ  aussi, je ne vais pas essayer de me disculper de mon paternalisme s’il est avĂ©rĂ©. Sans doute suis-je paternaliste par moments dans cet article :

 

Je suis le reflet de mon Ă©poque et des valeurs qui m’ont Ă©tĂ© transmises. MĂȘme si j’ai fait et fais des efforts pour essayer d’évoluer.

Au Spot 13, Paris, vendredi 22 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

NĂ©anmoins dans le spĂ©cial dossier – le numĂ©ro 164 de juillet 2022- du journal Le Canard EnchainĂ©  dont le titre est L’amour Ă  tout prix ( MarchĂ© du mariage, boom des applis de rencontre, coachs de drague ou de sexe, love hotels, etc
) , je suis tombĂ© sur cet article, page 22 et 23 :

 

Le Mariage, Une Affaire de sous Comptes et Mécomptes du conte de Fées (Vouées à disparaßtre à la fin du XXÚme siÚcle, les noces sont redevenues à la mode et génÚrent un bizness trÚs lucratif).

 

Plusieurs des articles de ce nouveau spĂ©cial dossier du journal Le Canard EnchainĂ© m’ont bien plu. Mais dans cet article, il y a un passage qui m’a aussitĂŽt fait penser Ă  ce que traite Victoire Tuaillon dans son livre Les Couilles sur la table.

 

Je retranscris le passage de cet article, page 23 :

 

« (
.) L’ascenseur social qu’il ( le mariage) constituait pour les candidates Ă  l’hypergamie fĂ©minine ( fait de s’unir Ă  un homme de la classe supĂ©rieure pour gagner en niveau de vie) ne fonctionne plus. Plus diplĂŽmĂ©es que les hommes depuis 2000, les femmes revendiquent surtout l’égalitĂ©. Le vieux mariage Ă  la papa est mort, vive le mariage-association ! (
.) Â».

 

 

Je ne connaissais pas le terme « hypergamie Â» avant la lecture de cet article. En apprenant que depuis 2000, les femmes sont devenues « plus diplĂŽmĂ©es que les hommes Â», j’ai repensĂ© Ă  ce que Victoire Tuaillon mais aussi Mona Chollet disent elles-mĂȘmes dans les premiĂšres pages de leur ouvrage. Elles ont fait de bonnes Ă©tudes et ont grandi dans un milieu socio-culturel mais aussi Ă©conomique plutĂŽt confortable.

 

Si Mona Chollet est ma « petite sƓur Â» de cinq ans, Victoire Tuaillon, elle, encore plus, est pile dans cette Ă©poque Ă  partir de laquelle les femmes sont devenues « plus diplĂŽmĂ©es que les hommes Â».

Au Spot 13, Paris, fin mars 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Et pour corser un peu plus le constat de cet article, je fais partie de ces personnes (hommes comme femmes) qui auraient bien voulu faire des Ă©tudes longues mais qui, pour des raisons « familiales Â», n’ont pas pu les faire. Les Ă©tudes longues, le fait de ne pas avoir pu ĂȘtre « bien diplĂŽmĂ© Â», constituent pour moi une blessure personnelle encore ouverte. MĂȘme si c’est sĂ»rement du fait de la persistance de cette blessure, et de la prĂ©sence de ce sentiment de manque, que j’Ă©cris comme je le fais depuis des annĂ©es. 

 

Bien-sĂ»r, on peut faire des Ă©tudes Ă  tout Ăąge. Mais je n’ai pas pu devenir ce jeune homme diplĂŽmĂ© aprĂšs des Ă©tudes longues comme je n’ai pas pu obtenir la reconnaissance sociale et Ă©ventuellement Ă©conomique qui va avec. J’ai bien compris que Mona Chollet et Victoire Tuaillon, mĂȘme bien diplĂŽmĂ©es, ont dĂ» aussi se frayer leur chemin dans le monde du travail. Cependant, comme le dit, je crois, Mona Chollet dans les premiĂšres pages de son ouvrage RĂ©inventer l’Amour, elle a longtemps cru que ses trĂšs bons rĂ©sultats Ă  l’école Ă©taient tout ce qu’il y a de plus logique. Avant de s’apercevoir que si elle avait certes travaillĂ© pour obtenir ses bonnes notes, qu’elle avait aussi toujours pu Ă©voluer dans un univers socio-culturel univers, toujours entourĂ©e de livres et de certaines facilitĂ©s d’accĂšs Ă  la culture. Et Victoire Tuaillon ne dit pas autre chose lorsqu’elle explique que mĂȘme si elle a eu Ă  vivre jeune le divorce de ses parents, qu’elle a toujours connu chez l’un comme chez l’autre, une demeure plutĂŽt sĂ©curisante
oĂč il y avait des livres.

 

 

J’insiste sur ces points non par jalousie ou aigreur envers Mona Chollet et Victoire Tuaillon ou d’autres qui n’y sont pour rien dans ma trajectoire personnelle Ă  propos des Ă©tudes. Mais pour rappeler que le sentiment de sĂ©curitĂ©, de confiance en soi, de lĂ©gitimitĂ© Ă  se lancer dans certaines entreprises s’acquiert dĂšs l’enfance. Et que ce sentiment de sĂ©curitĂ©, de confiance en soi, de lĂ©gitimitĂ© pour se lancer dans certaines entreprises nous incite, ensuite, Ă  aller vers certains types de rencontres. Vers certaines personnes. Vers certaines expĂ©riences.

 

Je ne suis pas en train de dire qu’il suffit, lorsque l’on a fait de bonnes Ă©tudes, d’aller Ă  la rencontre de quelqu’un qui a Ă©galement fait de longues Ă©tudes (ou des Ă©tudes similaires aux nĂŽtres) pour ĂȘtre heureux en Amour avec cette personne. Mais que cela nous « oriente Â» vers certaines rencontres plutĂŽt que vers d’autres. J’ai cru comprendre que l’on rencontrait souvent son partenaire ou sa partenaire au moment de nos Ă©tudes, dans nos cercles amicaux et familiaux ou sur notre lieu de travail. Les sites de rencontres et les associations sportives ou culturelles peuvent ou pourraient un peu modifier la donne. Mais encore faut-il savoir comment s’y prendre pour rencontrer quelqu’un d’autre comme pour la sĂ©duire ou le sĂ©duire. Et, il faut apprendre Ă  faire le tri sur le site des rencontres ou la mise en scĂšne de la candidate ou du candidat pour se prĂ©senter peut ĂȘtre ce qu’elle ou qu’il a de mieux Ă  proposer. Je n’ai pas encore lu les ouvrages de Judith Duportail ( L’Amour sous algorithme,  Dating Fatigue)  citĂ©e peut-ĂȘtre autant par Mona Chollet que Victoire Tuaillon mais j’ai prĂ©vu de le faire. Notons que Judith Duportail, nĂ©e en 1986, a pratiquement le mĂȘme Ăąge que Victoire Tuaillon.

 

 

Au Spot 13, Paris, vendredi 22 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

La lutte Ă  la place de la turlutte  

 

 

Il y a quelques mois, maintenant, alors que j’ignorais que je lirais un jour un ouvrage de Mona Chollet et de Victoire Tuaillon, j’ai revu un extrait ou deux du film Extension du Domaine de la lutte de Philippe Harel d’aprĂšs l’ouvrage de Michel Houellebecq. Lors de la sortie du film (1999, je crois), Houellebecq n’avait pas le statut qu’il a aujourd’hui. L’annĂ©e 1999, c’est aussi l’annĂ©e de la sortie du premier film Matrix des ex-frĂšres Wachowski. Si l’on peut trouver asexuĂ© le hĂ©ros jouĂ© par l’acteur Keanu Reeves mais aussi une absence totale d’érotisme dans Matrix oĂč, finalement, tout est aseptisĂ© et maitrisĂ© et oĂč aucun poil ne dĂ©passe (serait-ce, dĂ©jĂ , une des diverses manifestations de la mentalitĂ© militaire que je citais un peu plus tĂŽt ?), les deux univers sont quand mĂȘme trĂšs opposĂ©s.

 

Dans Extension du domaine de la lutte, chaque jour de plus et chaque tentative de vie sentimentale, sociale et sexuelle est une corvée.

Dans Matrix, les hĂ©ros se battent contre le totalitarisme. D’un cĂŽtĂ©, on dĂ©prime et on est vaincu d’avance. De l’autre cĂŽtĂ©, on se dĂ©mĂšne pour rattraper son retard sur l’existence aprĂšs s’ĂȘtre aperçu que, pendant des annĂ©es, on s’est fait balader. Et, qu’en plus, on l’avait acceptĂ©.

Sauf que dans Extension du domaine de la lutte, l’horizon est rĂ©servĂ© Ă  d’autres depuis longtemps. On a beau s’acquitter de ses diverses obligations, espĂ©rer, essayer de survivre, on est et on reste insignifiant. IndĂ©sirable.  

 

Mais ce qui m’a touchĂ©, c’est certains commentaires en bas d’un des extraits du film Extension du domaine de la lutte sur Youtube.

 

Trop souvent, et trop facilement, certain(es) internautes, comme certain(es ) automobilistes sur la route, en viennent Ă  avoir des propos et des intentions trĂšs agressives et trĂšs dĂ©gradantes envers leurs contemporains  pour peu que ceux-ci ait Ă©mis un avis diffĂ©rent. C’est Ă  la fois trĂšs risible de lire Ă  quel point ça peut dĂ©raper trĂšs vite. Et pathĂ©tique.

 

Cette fois-ci, j’ai lu des commentaires ou quelqu’un disait qu’il n’avait jamais vu une scĂšne aussi « violente Â». De quoi parlait cet internaute ? De la scĂšne, dans la boite de nuit, oĂč RaphaĂ«l (le personnage jouĂ© par JosĂ© Garcia), un cadre commercial de classe moyenne plutĂŽt beauf, pas trĂšs « Francky Vincent Â», croit qu’il va pouvoir avoir ses chances avec une femme au moment des slows. Puis, il se fait Ă©jecter par un autre homme ( un homme noir -sans doute antillais ou africain- puisque tout le monde sait que les noirs ont la musique « dans la peau Â» et leur sexe, ensuite, c’est la suite logique, dans le corps de toutes les femmes du monde
. ).

 

 

En lisant ce genre de commentaire, j’ai Ă  nouveau vu, devant moi, ce sous-monde ou ce quart monde dĂ©peint par Houellebecq et d’autres. Certes, Houellebecq dans Extension du domaine de la lutte parle surtout de la misĂšre sexuelle et sentimentale de deux mĂąles. Mais cette misĂšre sexuelle et sentimentale concerne aussi les femmes. Et lorsque je parle de « quart monde Â» et de « sous-monde Â», je me reprends tout de suite :

 

Cette misĂšre sentimentale et sexuelle touche aussi des personnes (des femmes comme des hommes) de milieux sociaux et Ă©conomiques trĂšs favorisĂ©s. On peut ĂȘtre d’un trĂšs bon niveau social et Ă©conomique et connaĂźtre une affreuse misĂšre sentimentale et sexuelle. Et pas parce-que l’on est moche et stupide.  Mais plutĂŽt parce-que l’on ne sait pas sĂ©duire. On ne sait pas « bien Â» choisir ses rencontres. On ne sait pas avoir une relation de bonne « qualitĂ© Â» avec quelqu’un d’autre.

 

Avoir un handicap

 

Parce-que l’on est trĂšs handicapĂ© au moins affectivement et Ă©motionnellement.

On croit souvent que le handicap est un handicap qui se voit. Un handicap physique. Un handicap mental. Un handicap intellectuel.

Mais il est d’autres handicaps plus graves qui passent sous les radars. Parce-que compensĂ©s par ce que l’on appelle la rĂ©ussite sociale, Ă©conomique ou politique.

Si l’on retirait Ă  bon nombre des Puissants -ou des personnes modĂšles- que nous cĂŽtoyons ou que nous regardons via les media, les innombrables femmes et hommes de mains, conseillers et intermĂ©diaires qui les entourent, on s’apercevrait rapidement que beaucoup d’entre eux (femmes comme hommes) une fois sortis du domaine oĂč ils excellent, sont de grands handicapĂ©s. Ou qu’ils sont Ă  peu prĂšs aussi handicapĂ©s que nous dans bien des secteurs de la vie courante.

 

 

Pourquoi est-ce que j’insiste autant sur tous ces sujets ?

Au spot 13, 28 avril 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Parce-que je crois que lorsque l’on se rappelle de ces sujets, il est plus facile de comprendre la raison pour laquelle certaines personnes, fĂ©ministes, militantes, et brillantes acceptent ensuite de vivre des relations intimes avec des personnes dont, pourtant, elles condamnent les comportements et les jugements Ă  propos des femmes
..

 

 

 

Notre rapport Ă  la solitude :

C’est l’autre grand sujet, selon moi, trop oubliĂ© dans l’ouvrage de Victoire Tuaillon. Etre fĂ©ministe, c’est trĂšs bien. Je l’ai Ă©crit dans la premiĂšre partie de mon article :

 

Je suis Ă©videmment contre les injustices et les violences diverses faites aux femmes. FĂ©minicides, viols, surcharge mentale et physique quant aux tĂąches mĂ©nagĂšres, salaire moindre qu’un homme pour un travail Ă©gal
..

 

Au Spot 13, Paris, vendredi 22 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Mais, en pratique, si ĂȘtre fĂ©ministe, que l’on soit une femme ou un homme, cela aboutit Ă  vivre seul ( e ) ou Ă  terminer sa vie seul ( e) , cela ne vaut peut-ĂȘtre pas le coup. Lorsque j’écris ça comme ça, j’ai l’impression de dĂ©crire un combat juste que certaines et certains trahiraient Ă  un moment donnĂ© malgrĂ© leurs engagements. On retrouve ça dans certains combats politiques et idĂ©ologiques. Et le fĂ©minisme fait partie de ces combats politiques et idĂ©ologiques bien-sĂ»r. Mais aussi dans le milieu artistique. Dans d’autres domaines. Untel est « pur Â» et « intĂšgre Â» au dĂ©but du combat, de sa carriĂšre, et puis, finalement, bifurque, met de l’eau dans son vin, s’assagit, devient « commercial Â» et « vend Â» son Ăąme.

 

 

Il y a un peu de ça, lorsque vers la fin de son livre, Victoire Tuaillon, « salue Â» les femmes fĂ©ministes qui, paradoxalement, se « mettent Â» et restent avec des hommes qui ont les comportements qu’elles condamnent et combattent :

 

Les chaussettes sales qui traĂźnent ; la machine Ă  laver qui reste une terra incognita pour le compagnon ; le compagnon qui se sert de sa compagne comme d’un agenda, l’éducation des enfants ( et les devoirs) qui sont esquivĂ©s ; le mec macho et misogyne dont on s’entiche
.

 

 

Les hommes domestiques

Gare du Nord, Paris, lundi 25 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Pour partie, je me dis que certains hommes contribuent plus que d’autres quand mĂȘme aux tĂąches domestiques et mĂ©nagĂšres. MĂȘme si je ne conteste pas les chiffres. MĂȘme dans le dossier spĂ©cial du Journal EnchainĂ©, j’ai lu un article qui, comme l’affirme Victoire Tuaillon dans son livre, dit aussi que les hommes participent toujours aussi peu  Ă  l’effort de guerre des tĂąches mĂ©nagĂšres. Et, Ă  titre personnel, je sais trĂšs bien que je passe nettement moins le balai que ma compagne ; que je cuisine nettement moins qu’elle ; que j’ai exceptionnellement (deux ou trois fois) lavĂ© des fenĂȘtres dans ma vie ; que je repasse trĂšs peu ( y compris mes propres vĂȘtements). Et que lorsque nous partons en vacances avec notre fille, que c’est elle qui se charge gĂ©nĂ©ralement de prĂ©parer ses affaires et celles de notre fille.

 

Je ne peux que l’admettre. Comme je me rappelle aussi de ce jour oĂč ma compagne a tentĂ© de me proposer (ou de m’imposer ) un emploi du temps rĂ©partissant plus Ă©quitablement les tĂąches mĂ©nagĂšres. J’ai alors rigolĂ© et me suis Ă©tonnĂ© qu’à la place, elle ne me propose pas, plutĂŽt, un emploi du temps d’activitĂ©s que nous ferions ensemble, elle et moi. Cela n’a pas fait rire ma compagne. Et, depuis, elle s’est rĂ©signĂ©e Ă  ĂȘtre celle qui passe le balai, qui cuisine et qui repasse plus que moi. Et moi, aussi.

 

Cette remarque peut soit beaucoup mettre en colùre ou faire rire. Mais il n’y a aucune provocation de ma part. Et je ne perçois pas ma compagne comme ma domestique. Plus tît, je parlais de militarisation de la vie affective et sentimentale.

 

 

La militarisation de la vie affective et sentimentale

 

Les attentes et les exigences envers le couple et l’Amour  Â« d’une Â» Victoire Tuaillon et d’une Mona Chollet nĂ©es en 1989 et en 1973, diplĂŽmĂ©es, indĂ©pendantes Ă©conomiquement, socialement et sexuellement, sans doute citadines, bien insĂ©rĂ©es, et que je devine (et je le leur souhaite) bien entourĂ©es par un certain nombre d’amis et de collĂšgues rĂ©ellement bienveillants et disponibles sont Ă©videmment diffĂ©rentes de celles qu’a pu avoir ma mĂšre nĂ©e en 1948 comme de moi-mĂȘme, nĂ© en 1968.

 

Ce n’est pas uniquement une question d’époque. MĂȘme des personnes nĂ©es avant 1948 ou nĂ©es la mĂȘme annĂ©e que moi ont Ă©videmment pu avoir des attentes et des exigences plus grandes que ma mĂšre et moi vis-Ă -vis de l’Amour et du couple. Comme celles qu’expriment Victoire Tuaillon et Mona Chollet ainsi que celles-et ceux qui se retrouvent dans leurs rĂ©flexions.

 

Dans son ouvrage RĂ©inventer l’Amour, je me rappelle que Mona Chollet  a pu citer en exemple le couple formĂ© par le peintre et Ă©crivain Serge Rezvani ( nĂ© en 1928) avec sa compagne Lula. Ceux-ci ont vĂ©cu ensemble pendant des annĂ©es, dans leur maison, La BĂ©ate, sans eau ni Ă©lectricitĂ©, dans le midi de la France. J’ai oubliĂ© l’autre couple citĂ© par Mona Chollet. Mais je me suis alors aperçu que le couple d’Amour Rezvani-Lula citĂ© en exemple par Mona Chollet vivait sans enfant. Je n’ai rien contre les couples amoureux sans enfant. Mais moi, j’ai une enfant. Et la naissance d’un enfant (ou de plusieurs) peut ajouter, avec la tournure du quotidien, certaines tensions bien caractĂ©ristiques dans un couple.

 

Plus rĂ©cemment, j’ai pu tomber sur des propos attribuĂ©s Ă  Mona Chollet oĂč celle-ci ne regrettait pas ses engagements fĂ©ministes mais dĂ©plorait, en quelque sorte, le manque d’amour dans sa vie personnelle. J’ai cru comprendre que sa vie sentimentale et amoureuse subissait les contrecoups de ses engagements fĂ©ministes. J’ai trouvĂ© ça assez triste. Autant d’engagement pour bĂ©nĂ©ficier, en retour, d’une vie amoureuse dĂ©ficitaire.

Mona Chollet n’est pas la seule femme devant ce constat. Dans son ouvrage Les Couilles sur la table, Victoire Tuaillon Ă©crit aussi que devant l’énormitĂ© de la surcharge de travail domestique et invisible qui Ă©choit Ă  la femme lorsque celle-ci a une histoire d’Amour, qu’elle avait en quelque sorte dĂ©cidĂ© de refuser de se « mettre en mĂ©nage Â» pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e. Je ne peux que comprendre sa dĂ©cision si, pour elle, la dĂ©cision de vivre dans le mĂȘme logement que son compagnon l’oblige Ă  se transformer en femme de mĂ©nage, d’intĂ©rieur et en coach Ă©motionnel.

Au Spot 13, Paris, vendredi 22 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Ensuite, je m’interroge. Je ne fais, bien-sĂ»r, que des suppositions. Puisque je ne connais pas personnellement Victoire Tuaillon et ne la rencontrerai probablement jamais. Comme je ne rencontrerai probablement jamais Mona Chollet.

 

Je ne prĂ©tends pas dĂ©tenir la formule magique qui permet de rencontrer la personne avec laquelle on pourra vivre heureux jusqu’à la fin de sa vie. Je ne possĂšde pas cette formule.

 

Mais je me dis que l’Amour, le sujet de l’Amour, est, je crois, un idĂ©al « trĂšs Â» fĂ©minin.

Par Amour et tant qu’une femme a de l’Amour pour sa compagne ou son compagnon, il semble qu’elle puisse tout ou trop accepter d’elle ou de lui. Qu’elle puisse tout ou trop espĂ©rer. Par Amour.

 

Dans les annĂ©es 80, la chanteuse du groupe Kassav’, Jocelyne BĂ©roard a chantĂ© le titre Siwo. Dans cette chanson, qui avait bien marchĂ©, Jocelyne BĂ©roard raconte- en CrĂ©ole-,  qu’elle cherche un homme « doux comme le sirop Â». Et, elle dĂ©taille que celui-ci n’est pas obligĂ© d’ĂȘtre beau. Par contre, elle souhaite ( elle exige) qu’il soit rĂ©guliĂšrement de bonne humeur, qu’il soit constamment en train de danser tout en Ă©tant capable par ailleurs de l’écouter lorsqu’elle lui parle mais aussi de s’affirmer lorsque la vie le nĂ©cessite. Jocelyne BĂ©roard conclut sa chanson en disant qu’elle a dĂ©jĂ  cherchĂ© cet homme partout dans le Monde mais ne l’a jamais trouvĂ©. Et qu’elle « sait Â» qu’elle ne pourra le trouver qu’aux Antilles. Dans sa chanson, Jocelyne BĂ©roard ne parle pas de la rĂ©partition des tĂąches domestiques et mĂ©nagĂšres, des fenĂȘtres Ă  laver ni des devoirs des enfants. Alors que j’écoutais une nouvelle fois le titre Siwo avec entrain chez un de mes oncles, celui-ci, mariĂ© et dĂ©jĂ  pĂšre, avait alors dĂ©clarĂ© :

« Mais ce qu’elle dit-lĂ , c’est impossible
. Â». Je devais avoir 17 ou 18 ans. ( Le titre Siwo est sorti en 1986). Le commentaire de mon oncle m’avait arrĂȘtĂ© pile. Je ne voyais pas de quoi il pouvait bien parler. Je me concentrais sur la musique et le rythme. Les paroles de la chanteuse tombaient directement dans le champ vide de mon inexpĂ©rience. Et j’étais incapable, comme mon oncle venait de le faire, de prendre la mesure concrĂšte de ce qui Ă©tait dit. Jocelyne BĂ©roard aurait pu raconter tout autre chose, cela m’aurait tout autant convenu. Dans les faits, en tant que l’un des membres permanents du groupe Kassav’ depuis une quarantaine d’annĂ©es dans le Monde entier, et en tant que femme, j’ai l’impression que Jocelyne BĂ©roard n’a pas eu de vie couple au long cours.

 

 

Un homme me semble regarder l’Amour d’un autre Ɠil. Comme il me semble l’exprimer autrement. J’emploie sans doute des clichĂ©s mais j’ai l’impression qu’un homme sera moins expressif mĂȘme s’il aime sa compagne. Ou, il semblerait, Ă  lire Victoire Tuaillon et Mona Chollet, que l’homme, par Amour, fasse moins d’efforts que sa compagne.

 

L’Amour, selon les chiffres et les constatations de Mona Chollet et Victoire Tuaillon, est une promotion principalement pour les hommes. Et un traquenard pour les femmes. Plus besoin de nous occuper de nos chaussettes sales, de nos repas, des devoirs et des vĂȘtements des enfants si nous en avons, du repassage de nos vĂȘtements. Et, en plus, mĂȘme si nous frappons et violons notre compagne, il se pourrait qu’elle reste avec nous jusqu’à ce que mort s’ensuive. Je deviens ici un peu provocateur. Mais ce n’est pas mon but, pourtant.

 

Le travail invisible des hommes

 

Victoire Tuaillon nous informe du travail invisible des femmes. Des chiffres le démontrent.

Au Spot 13, Paris, vendredi 22 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Mais je me demande si les hommes fournissent aussi un travail invisible dont Victoire Tuaillon ne parle pas et ne peut parler. Soit parce-que peu d’hommes en ont tĂ©moignĂ©. Soit parce qu’elle reste depuis une perspective de femme. En faisant un peu d’ironie, on dirait, en lisant l’ouvrage de Victoire Tuaillon, que le principal travail invisible des hommes consiste Ă  saper le moral de leurs compagnes.

 

Lorsque je me dĂ©crivais en « militaire de la vie affective et amoureuse Â», je me moquais bien-sĂ»r de moi-mĂȘme. Il y a sĂ»rement une part de vrai. Mais je crois aussi ĂȘtre un peu plus frĂ©quentable que cela au quotidien et dans la vie rĂ©elle.

 

En « bon Â» Ă©lĂšve qui a lu les ouvrages des Mona Chollet et de Victoire Tuaillon, RĂ©inventer l’Amour et Les Couilles sur la Table ( elles ont Ă©crit d’autres ouvrages), j’ai confirmĂ© partager certains travers reprochĂ©s Ă  beaucoup d’hommes dans la sphĂšre conjugale.

 

Mais il est quelques uns de ces « travers Â» que je n’ai pas. Ma compagne a pu me dire que je faisais plus que d’autres hommes. Pour me dire cela, il a bien fallu qu’elle ait certaines discussions avec d’autres femmes qui ont un homme « Ă  la maison Â».

Je vais m’abstenir de faire la « liste Â» de courses des tĂąches domestiques auxquelles je prends spontanĂ©ment part rĂ©guliĂšrement. Car j’aurai trop l’impression de dĂ©poser ici une sorte d’annonce. Mais je peux Ă©crire, je crois, que j’ai Ă©tĂ© prĂ©sent dĂšs la naissance de notre fille. Pour Ă  peu prĂšs tout. Notre fille nous a beaucoup sollicitĂ© la nuit, bĂ©bĂ©. Nous n’avons pas connu ce paradis qui consiste Ă  avoir un enfant qui « fait ses nuits Â» au bout de deux mois. Je ne connais pas cette utopie. Je travaillais alors uniquement de nuit. Lorsque j’étais au travail, ma compagne s’occupait de notre fille. Mais lorsque j’étais de repos, ma compagne pouvait dormir tranquille. Plus d’une fois, j’ai entendu notre fille pleurer et suis allĂ© m’occuper d’elle avant que ma compagne n’ait eu le temps de s’en apercevoir.

 

Certains parents parlent de temps Ă  autre de la « super nounou Â» sur qui ils ont pu toujours compter. Pour la garde de leur enfant. Nous, c’est la nounou qui a pu compter sur nous Ă  plusieurs reprises pour que nous gardions notre fille parce-que lĂ , « Excusez-moi, excusez-moi de vous dĂ©ranger mais
 Â». Et, c’est moi qui gardais notre fille que je sois de repos ou que je vienne de terminer une nuit de travail. A ce jour, je crois que ma compagne peut encore compter sur ses dix doigts le nombre de jours oĂč elle a eu Ă  s’arrĂȘter pour cause de « enfant malade Â». Moins de dix jours.

 

Ça, c’était pour donner un ou deux exemples concrets qui, je crois, peuvent parler Ă  tout parent comme Ă  toute compagne ou tout compagnon. Ou futur parent. Je ne prĂ©tends pas ĂȘtre un papa ou un conjoint parfait pour autant.

 

Le travail invisible d’un compagnon, cela peut ĂȘtre, aussi, de supporter la personnalitĂ© de sa compagne
..

Spot 13, Paris, vendredi 22 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

La juste rĂ©partition des tĂąches mĂ©nagĂšres et domestiques, c’est un souhait louable. Mais si cela prend trop d’importance dans un couple, c’est peut-ĂȘtre aussi, certaines fois, parce-que cela devient une prioritĂ© qui n’a pas de raison d’ĂȘtre.

 

Je m’explique : faire le mĂ©nage, repasser, faire la cuisine, c’est important. MĂȘme si j’avais beaucoup aimĂ© lire Truisme de Marie Darrieussecq, mon but dans la vie n’est pas de proclamer : « ChĂ©rie, vivons dans une porcherie comme des cochons et tout ira bien ! Â».

 

Sauf que, il y a propretĂ© et propretĂ©. Je n’ai aucun problĂšme avec le fait de passer le balai ou l’aspirateur. Ou de faire le repassage. Je comprends le principe qui consiste Ă  faire le mĂ©nage rĂ©guliĂšrement pour que cela prenne moins de temps et pour empĂȘcher que la poussiĂšre ne s’entasse. Et, j’avais bien perçu l’incrĂ©dulitĂ© de ma compagne lorsque j’avais essayĂ© de lui expliquer que je n’ai pas de problĂšme avec le fait de passer le balai. Seulement, je ne me rends pas compte qu’il faut le passer. Je ne vois pas. J’ai d’autres prioritĂ©s. Devant moi, ma compagne a manifestement cru que je la prenais pour une tarte et que je lui racontais des bobards. Mais non.

 

Je crois qu’il y a un sentiment d’urgence dans la rĂ©alisation de certaines tĂąches et de certaines actions que je ne partage pas avec ma compagne. Hier soir, nous sommes allĂ©s dĂźner chez des amis. Chez mon meilleur ami et sa compagne. Je connais mon meilleur ami depuis le collĂšge. Il y a maintenant 40 ans. Je m’étais douchĂ©, habillĂ© pour aller Ă  ce dĂźner. Alors que nous partions, ma compagne m’a fait remarquer qu’il y avait un trou prĂšs du col de mon maillot de corps. Un maillot de corps propre, non repassĂ© parce-que j’ai arrĂȘtĂ© de le repasser. Mais propre. Ma compagne n’a pas insistĂ© aprĂšs sa remarque car, sans doute, a-t’elle compris que cela n’aurait rien changĂ©. Que j’aurais gardĂ© ( et j’ai gardĂ©) mon maillot de corps. Mais il est trĂšs vraisemblable qu’à ma place, ma compagne se serait mise dans tous ses Ă©tats et aurait changĂ© illico de vĂȘtement. Comme il est vraisemblable qu’une autre personne, Ă  la place de ma compagne, m’aurait fait toute une histoire pour ce trou dans mon maillot de corps. Ou n’aurait pensĂ© qu’à ça et aurait eu le sentiment d’effectuer une cascade pĂ©rilleuse, toute la soirĂ©e, en faisant comme si ce trou n’existait pas alors qu’elle aurait continuĂ© d’y penser toute la soirĂ©e entre deux plats ou deux remarques.

 

On croit que j’exagĂšre ? HĂ© bien, je pense que certaines femmes se comportent avec le mĂ©nage et certaines tĂąches domestiques comme d’autres auraient pu le faire avec ce trou dans mon maillot de corps. En insistant. En faisant un pataquĂšs. En oubliant que le principal, c’est le moment dĂ©tendu que l’on va passer avec ses amis.

 

Au Spot 13, Paris, 15 juin 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Je n’invite pas les femmes qui se mettent en mĂ©nage Ă  accepter que leur compagnon les laisse se charger de leurs chaussettes sales et plus si affinitĂ©s. N’exagĂ©rons rien. Mais je me demande si, certaines fois, qui se rĂ©pĂštent, il est vrai, trop d’importance est accordĂ©e aux tĂąches domestiques plutĂŽt qu’à d’autres.

 

Par ailleurs, je ne crois pas du tout que le fait d’ĂȘtre un homme « parfait Â» question mĂ©nage, tĂąches domestiques, prĂ©paration du repas, Ă©ducation des enfants, courses et autres suffise pour que l’histoire d’Amour du couple soit absolument Ă©panouissante. Autrement, il suffirait Ă  beaucoup de femmes se mettre en couple avec des hommes de mĂ©nage.

 

 

Ensuite, je l’ai aussi dit : je ne partage pas certains des « travers Â» attribuĂ©s Ă  une majoritĂ© d’hommes. Et, je ne me vois pas comme un homme exceptionnel.

 

Donc, je me dis qu’il doit y avoir d’autres hommes qui, comme moi, participent rĂ©guliĂšrement, en partie, aux tĂąches domestiques, Ă©ducatives et mĂ©nagĂšres.

J’ai l’impression que le niveau d’exigence et d’attente de certaines femmes a beaucoup augmentĂ© et peut-ĂȘtre trop. Pas uniquement dans le domaine des tĂąches domestiques, Ă©ducatives et mĂ©nagĂšres d’ailleurs. Parce-que si je prends Ă  la lettre certains critĂšres fĂ©ministes, les femmes ont intĂ©rĂȘt Ă  changer de modĂšle d’homme idĂ©al :

 

Il va falloir qu’elles se fassent Ă  des multitudes d’AbbĂ©s Pierre et de Omar Sy. Or, je ne suis pas convaincu que toutes les femmes aimeraient vivre avec un AbbĂ© Pierre ou un Omar Sy mĂȘme si ce sont deux personnalitĂ©s plutĂŽt ou particuliĂšrement sympathiques.

 

 

Cette amĂ©lioration du niveau de vie et de l’éducation des femmes a aussi une consĂ©quence sur les relations hommes-femmes. Je ne la critique pas. Peut-ĂȘtre que c’est le fait d’ĂȘtre dans une sociĂ©tĂ© patriarcale et d’ĂȘtre un des nombreux rejetons de cette pensĂ©e patriarcale qui me fait d’abord souligner la consĂ©quence plutĂŽt que le bienfait de ce changement. Mais ce changement a divers effets. Bons et mauvais. Comme beaucoup de changements. Ce serait facile de dire pour simplifier que ce changement rompt un Ă©quilibre entre les femmes et les hommes : cependant, d’un point de vue lĂ©gĂšrement fĂ©ministe, on pourrait facilement rĂ©pondre, et prouver, qu’il n’y a jamais eu de relation Ă©quilibrĂ©e entre les femmes et les hommes. Puisque c’est le principe mĂȘme du patriarcat que d’imposer aux femmes une sociĂ©tĂ© dans laquelle elles sont infĂ©rieures aux hommes.

 

 

Mais j’ai l’impression que dans un couple, que l’on soit un homme ou une femme, il y aura toujours ce rapport de dominĂ©-dominant. MĂȘme si l’équilibre relationnel se transforme. Parce qu’un Ă©quilibre parfait entre ĂȘtres humains, est-ce possible ?

Au Spot 13, Paris, vendredi 22 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Dans le domaine de la sĂ©duction, je ne vois pas d’équilibre entre les ĂȘtres humains. Il est des personnes qui savent sĂ©duire. Et d’autres pas.

Vis Ă  vis de la solitude, il est des personnes capables de bien vivre la solitude, voire de la rechercher. Et il en est d’autres qui en souffrent et qui feront leur possible pour essayer de s’en dĂ©barrasser presque par tous les moyens. LĂ  aussi, je ne vois pas d’équilibre. Et il ne s’agit pas d’une opposition entre des femmes et des hommes. Ou alors, il faut, comme le disent aussi Mona Chollet et Victoire Tuaillon, un autre type de sociĂ©tĂ©. Mais pour faire en sorte que de maniĂšre Ă  peu prĂšs Ă©quilibrĂ©e, tout le monde soit Ă  mĂȘme de plaire et de sĂ©duire mais aussi de composer avec sa solitude
j’ai quand mĂȘme l’impression que l’on se rapproche lĂ  d’un mode de vie  militaire et totalitaire.

 

 

Je ne vois pourtant pas le livre de Victoire Tuaillon comme un manifeste militaire et totalitaire. Certes, elle s’est attardĂ©e sur nos couilles plus longuement que cela ne se fait d’habitude. Pour faire parler plusieurs personnes et tĂ©moins qui ont affaire Ă  elles. Mais aussi pour les faire parler d’Amour. C’est une prouesse qui vaut le dĂ©tour.

 

 

Franck Unimon, ce mercredi 27 juillet 2022.

 

 

 

 

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Cinéma

As Bestas, un film de Rodrigo Sorogoyen

As Bestas un film de Rodrigo Sorogoyen sorti en salles ce 20 juillet 2022.

 

 

Cet été, je ne partirai pas en vacances.

 

Notre vie est plus importante que les films que l’on voit. Mais il est plus facile de parler d’un film. Car il est plus facile d’intĂ©resser quelqu’un avec un film s’il l’a vu ou compte aller le  voir. Pourtant, notre vie autour du film compte. Un Ă©niĂšme soupçon de dopage dans le dernier tour de France cycliste aprĂšs la victoire du Danois Jonas Vingegaard devant le SlovĂšne Tadej Pogacar (vainqueur des deux Tours prĂ©cĂ©dents). On parle un peu moins de la guerre en Ukraine. Comme de l’augmentation du prix de l’essence (1,84 euro le litre tout Ă  l’heure dans une station essence affichant des « prix bas Â»). On s’éloigne aussi de cette supercherie qui a consistĂ© Ă  vouloir nous faire croire que les soignants non vaccinĂ©s contre le Covid pourraient ĂȘtre rĂ©intĂ©grĂ©s dans les effectifs pour essayer d’attĂ©nuer la pĂ©nurie de personnel soignant encore plus critique que d’habitude cet Ă©tĂ©. Alors que l’obligation d’une quatriĂšme dose de vaccin contre le Covid se profile sĂ»rement pour la rentrĂ©e ou la fin de cette annĂ©e.

 

Tout cela et d’autres nouvelles donnent envie de partir en vacances. De penser à d’autres univers. Mais, comme beaucoup d’autres, je ne le pourrai pas cette fois-ci.

 

Je ne me plains pas :

 

J’ai aperçu tout Ă  l’heure des personnes ( sĂ»rement Ă©trangĂšres) faisant la queue, sans se dĂ©courager, en plein soleil, devant la sous-prĂ©fecture de ma ville, sans doute pour rĂ©gulariser leur situation administrative. Et je ne les envie pas.

J’ai aperçu, en revenant de Paris par le train, deux vendeurs de cigarettes Ă  sauvette interpellĂ©s par la police Ă  la gare d’Argenteuil. MĂȘme si l’un des deux vendeurs exhibait un sourire assez moqueur, je ne les envie pas. Cela fait plusieurs mois, maintenant, que ces vendeurs de cigarettes Ă  la sauvette sont apparus devant la gare d’Argenteuil. Et que, rĂ©guliĂšrement, s’engagent des courses-poursuites afin d’en attraper un ou deux. Quand ce ne sont pas des rondes policiĂšres pĂ©destres qui sont organisĂ©es pour les chasser ou pour dĂ©busquer leur Ă©ventuel butin.

Par moments, et c’est un peu le cas ces derniers jours, la ville oĂč j’habite me sort par les yeux.

 

Beaucoup de personnes ressentent ça un jour.

L’acteur Denis MĂ©nochet ( Antoine) et l’actrice Marina FoĂŻs ( Olga).

Olga et Antoine (l’actrice Marina FoĂŻs et l’acteur Denis MĂ©nochet) du film As Bestas font partie de ces personnes qui, un jour, sĂ»rement, en ont eu assez de l’endroit oĂč ils vivaient. Mais aussi de la vie qui… les menait. Et, ils ont dĂ©cidĂ© de s’en aller vraiment. De quitter la France pour partir vivre quelque part en Espagne. En Galicie. Dans une rĂ©gion dont ils parlaient plutĂŽt mal la langue au dĂ©part.

Pour faire la vie telle qu’elle leur convient. Au lieu de se plaindre ou de refaire le monde avec des paroles et des hypothĂšses.

 

Pourquoi, mercredi dernier, suis-je allĂ© voir, Ă  sa sortie, Ă  la premiĂšre sĂ©ance,  As Bestas ?

 

Au lieu du dernier film Marvel Thor : Love and Thunder  de Taika Watiti dont le Thor : Ragnarok ( 2017) m’avait particuliĂšrement plu ?

 

Pourquoi ne suis-je pas allĂ© voir Incroyable mais vrai de Quentin Dupieux sorti dĂ©jĂ  depuis le 15 juin de cette annĂ©e ? Quentin Dupieux dont j’ai vu un certain nombre de films.

 

Ou La nuit du 12 de Dominik Moll sorti le 13 juillet ? Alors que le sujet me « plait Â». J’avais beaucoup aimĂ© le prĂ©cĂ©dent film ( Seules les bĂȘtes ) de Dominik Moll.

 

Sur l’affiche de As Bestas, on parle d’un « thriller Â». Mais ce n’est pas ça qui me l’a fait choisir. D’abord, il y a Denis MĂ©nochet qui m’avait marquĂ© en particulier dans les films Jusqu’à la garde (2017) (mon article Jusqu’Ă  la garde )de Xavier Legrand (dĂ©veloppement de son court mĂ©trage Avant que de tout perdre – 2013- que j’avais aussi vu) et
. Seules les bĂȘtes  (2019) de Dominik Moll.

 

La langue espagnole. L’ambiance du film dans l’extrait que j’en avais vu.  Marina FoĂŻs. Et l’horaire de la sĂ©ance. C’est ce qui m’a poussĂ© Ă  aller voir As Bestas. J’avais oubliĂ© que j’avais dĂ©ja vu un film rĂ©alisĂ© par Rodrigo Sorogoyen qui m’avait plutĂŽt plu : El Reino ( 2019).

 

Ce mercredi 20 juillet, la sĂ©ance de As Bestas Ă©tait Ă  9h ou 9h10 et, rĂ©veillĂ© depuis 4 heures du matin afin d’accompagner ma fille, ma sƓur, son compagnon et leurs enfants Ă  l’aĂ©roport pour qu’ils y prennent leur avion pour la Guadeloupe, je n’avais pas envie d’attendre la sĂ©ance de 9h30.

 

Comme souvent lorsque je vais voir un film au cinĂ©ma, je ne connaissais pratiquement rien de l’histoire.

Xan et Antoine. De dos, Ă  droite, Lorenzo.

TrĂšs vite, pour moi, le sujet du film est le harcĂšlement. Lorsque l’on nous parle de harcĂšlement, c’est souvent pour aborder celui des jeunes ou des rĂ©seaux sociaux. Ou, un peu, au travail. Dans As Bestas, le harcĂšlement est le fait des voisins d’Olga et Antoine.

 

Marina FoĂŻs et Denis MĂ©nochet jouent trĂšs bien et cela a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© mentionnĂ©. Mais il faut aussi souligner qu’en face, Xan (l’acteur Luis Zahera) et son frĂšre Lorenzo (l’acteur Diego Anido) ainsi que, dans une moindre mesure, l’actrice Marie Colomb qui joue le rĂŽle de la fille d’Olga et Antoine, jouent particuliĂšrement bien.

 

Que jouent Xan (l’acteur Luis Zahera) et son frĂšre Lorenzo (l’acteur Diego Anido) ?

Xan et Lorenzo.

Ils jouent des hommes d’ñge mur, qui ont toujours vĂ©cu dans cette rĂ©gion montagnarde isolĂ©e, qui ne peuvent plus la voir en peinture, qui n’ont jamais pu la quitter et qui croient que leur salut peut venir des Ă©oliennes. En vendant leurs terres pour permettre leur installation. Or, Olga et Antoine, eux, sont contre ainsi que quelques voisins minoritaires. Puisqu’ils prĂ©fĂšrent continuer Ă  vivre lĂ .

 

 

 

As Bestas peut se traduire par « Comme des bĂȘtes Â» mais une amie d’origine portugaise m’a appris que cela pouvait aussi signifier «  Les pestes Â».

 

Plus que du thriller, je trouve qu’il y a du tragique dans As Bestas. Car le mot « thriller Â» se rapproche trop du spectaculaire.

Lorenzo, Xan et leur mĂšre.

 

Dans As Bestas, deux forces vives s’opposent. Celles incarnĂ©es par Xan et son frĂšre Lorenzo qui tournent en rond dans ce pays tout en y faisant la pluie et le beau temps (on le voit bien dans le bar du village oĂč ce sont eux qui font la loi). Et celles apportĂ©es par Olga et Antoine qui, non seulement, dĂ©veloppent un commerce bio moralement vertueux couronnĂ© par un succĂšs Ă©conomique, et qui, en plus, donnent l’image d’un couple heureux. Un peu comme si des figures (Xan, Lorenzo mais aussi leur mĂšre de 73 ans) que le dĂ©samour laboure se trouvaient un beau jour de maniĂšre rĂ©pĂ©tĂ©e face  Ă  des tourtereaux du bonheur ( Olga et Antoine) arrivĂ©s d’on ne sait oĂč ( Ah, oui, de la France !).

Ces tourtereaux que sont Olga et Antoine sont pour Xan et Lorenzo les miroirs de leurs barreaux.

Xan.

 

Si, moralement, devant les agressions rĂ©pĂ©tĂ©es de Xan et de Lorenzo, on est plus tentĂ© de prendre la dĂ©fense d’Olga et d’Antoine, As Bestas nous demande aussi quelle est notre lĂ©gitimitĂ© Ă  aller imposer Ă  d’autres notre « rĂ©ussite Â» et notre idĂ©al lorsque l’on dĂ©cide d’aller s’établir prĂšs de chez eux.

Olga ( l’actrice Marina FoĂŻs).

 

 

Tout bonheur nĂ©cessite un grand sacrifice semble nous dire le rĂ©alisateur. Et le sourire d’Olga Ă  la fin du film est sans doute le fruit de ce sacrifice. Mais pour qu’il y ait bonheur, aprĂšs un sacrifice, il faut qu’il y ait eu beaucoup d’Amour vĂ©cu auparavant semble aussi nous dire le rĂ©alisateur Rodrigo Sorogoyen.

 

Franck Unimon, ce lundi 25 juillet 2022.

 

 

 

 

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Puissants Fonds/ Livres

Les couilles sur la table, un livre de Victoire Tuaillon. PremiĂšres parties

Affiches aperçues ce 10 juillet 2022, sur les quais entre la gare d’austerlitz et la gare de Lyon. Photo©Franck.Unimon

Les couilles sur la table un livre de Victoire Tuaillon PremiĂšres parties

 

 C’est ma premiĂšre surprise partie

 

Il s’agit d’une espĂšce de pieuvres qui ne lĂšve jamais l’ancre et que l’on retrouve partout oĂč il peut y avoir des hommes sur la Terre. De multiples fois millĂ©naires, transportĂ©e, ballotĂ©e, sous diverses latitudes, y compris dans les pires conditions, elle a connu l’ñge de pierre, du fer, du bronze, du nuclĂ©aire et, dĂ©sormais, celui du rĂ©chauffement de l’atmosphĂšre.

 

TrĂšs fragile, sans volontĂ© propre,  elle peut nĂ©anmoins s’imposer Ă  celle des autres et se faire bienfaitrice, rĂ©confortante, ou, au contraire, envahissante et destructrice.

 

Nous parlons bien d’une paire de couilles. S’il y en avait une seule peut-ĂȘtre que l’Histoire serait-elle diffĂ©rente. Mais habituĂ© depuis ma naissance Ă  en avoir deux, je n’ai pas envie d’essayer de finir ma vie avec une seule. Deux couilles, un jour, deux couilles, toujours.

 

Nos couilles seraient et sont des grandes prĂ©datrices, agissant et disparaissant, en plein jour comme par temps de brouillard. Et, Victoire Tuaillon, avec cet ouvrage (publiĂ© en 2019), a dĂ©cidĂ© de se lancer dans l’étude de cette espĂšce particuliĂšre Ă  laquelle beaucoup d’hommes sont rattachĂ©s comme bien des femmes peuvent ĂȘtre trĂšs rattachĂ©es Ă  leur poitrine ou Ă  leur chevelure.

 

J’ai entendu parler de Victoire Tuaillon et de ce livre en lisant RĂ©inventer l’Amour de Mona Chollet qu’une collĂšgue, Chamallow, m’a prĂȘtĂ© il y a quelques mois. Un livre que j’ai eu plaisir Ă  lire et Ă  propos duquel j’ai Ă©crit ensuite. ( J’ai lu RĂ©inventer l’Amour de Mona Chollet ). 

 

Pour son ouvrage, RĂ©inventer l’Amour, Mona Chollet a fourni un trĂšs gros travail de recherche et de rĂ©flexions et donne, aussi, une abondante bibliographie. Dont cet « objet Â» de Victoire Tuaillon que j’ai d’abord empruntĂ© Ă  la mĂ©diathĂšque puis finalement achetĂ© afin de pouvoir le lire tranquillement.

 

Depuis, Warda, une collĂšgue Ă  peu prĂšs du mĂȘme Ăąge que Chamallow, m’a appris avoir dĂ©jĂ  offert ce livre Ă  plusieurs hommes qui l’ont ensuite remerciĂ©e. Sans qu’elle-mĂȘme n’ait jamais lu une seule ligne de cet ouvrage. Warda, si tu lis cet article, sache donc que ce clin d’Ɠil est pour toi. Je pense que tu sauras te reconnaĂźtre car tu m’avais demandĂ©, amusĂ©e « Tu crois que je ne sais pas lire ?! Â» lorsque j’avais tenu Ă  te prĂ©venir que mon article sur le livre de Mona Chollet, RĂ©inventer l’Amour, est « trĂšs Â» long. J’espĂšre que tu as pu le lire, depuis. Warda n’est pas ton vrai prĂ©nom. Peut-ĂȘtre Nabilla….

 

Je ne connaissais pas du tout Victoire Tuaillon avant de lire RĂ©inventer l’Amour de Mona Chollet. Alors que dans l’univers « fĂ©ministe Â», Victoire Tuaillon compte parmi les jeunes auteures dont le travail engagĂ© est d’importance. Victoire Tuaillon avait trente ans lors de la parution de son livre Les Couilles sur la table, en 2019. En 2019, j’avais 51 ans et, Ă  ce jour, malgrĂ© mes prĂ©tentions et aspirations artistiques et littĂ©raires, je n’ai pas publiĂ© un seul livre. Donc, bravo, aussi, pour avoir rĂ©ussi Ă  ĂȘtre publiĂ©e !

Pub aperçue Ă  la gare St Lazare en juin ou juillet 2022. On parle de parfum, mais ça fait un peu penser Ă  une orgie, non ? Et puis, une pub pour un parfum qui s’appelle Diesel, alors que le prix de l’essence et du diesel a augmentĂ© depuis la guerre en Ukraine, ça fait un peu drĂŽle. MĂȘme si c’est une coĂŻncidence. Photo©Franck. Unimon

Les Couilles sur la table a d’abord Ă©tĂ© un podcast dĂ©clinĂ© en plusieurs Ă©pisodes. Victoire Tuaillon l’explique au dĂ©but de son livre. Je n’avais jamais entendu parler de ce podcast bien que devenu un adepte des podcast : ( La Clinique de l’Amour ( version courte)

 

Je trouve que l’écoute d’un sujet que l’on a cherchĂ© et choisi est bien plus « Ă©ducatif Â» et nourrissant que lorsque l’on se laisse attraper puis gaver comme des oies par des fleuves ininterrompus d’images sans but.

 

Actuellement, plus de 70 gigas de podcast m’attendent sur mon smartphone sur divers sujets. Mais je ne connaissais pas celui de Victoire Tuaillon. Et, lorsque j’ai fait la rĂ©servation de son livre dans une des mĂ©diathĂšques oĂč je suis inscrit, j’ai eu le plaisir de voir la surprise monter sur le visage des trois bibliothĂ©caires ( une femme et deux hommes) en leur donnant le titre, tout en ayant pris soin, au prĂ©alable, avec le sourire, de m’excuser pour ce que j’allais dire.

Juin ou juillet 2022, Paris. Photo©Franck.Unimon

 

Victoire Tuaillon explique aussi au dĂ©but de son livre que certaines personnes ont Ă©tĂ© choquĂ©es par ce titre et le lui ont en quelque sorte reprochĂ©. Je sais qu’il faut trouver un titre accrocheur pour attirer un public et que, rĂ©guliĂšrement, nos instincts de voyeur (femme et homme) sont sollicitĂ©s par diffĂ©rents mĂ©dia. Mais le titre Les Couilles sur la table m’a surtout et me fait surtout sourire et plutĂŽt rire. Peut-ĂȘtre parce-que j’aime assez l’humour noir ( Desproges, la bonne Ă©poque de DieudonnĂ©, Blanche Gardin, Fabrice EbouĂ©, Thomas N’Gigol, le philosophe Cioran, le rĂ©alisateur Jean-Pierre Mocky, le rĂ©alisateur Joao CĂ©sar Monteiro, l’auteur Jean-Patrick Manchette
) autant comme spectateur, lecteur que comme auteur.

Peut-ĂȘtre parce-que, dĂšs mon enfance, j’ai eu recours Ă  la dĂ©rision et Ă  l’autodĂ©rision.

 

 

Pour autant, je refuse de me voir comme un « fĂ©ministe Â».

 

Je ne suis pas féministe

 

Je ne suis pas fĂ©ministe et je m’aperçois maintenant que quelques unes des personnalitĂ©s que j’ai citĂ©es plus haut sont sĂ»rement diversement apprĂ©ciĂ©es dans le milieu fĂ©ministe :

 

Jean-Pierre Mocky ? Qui avait pu se targuer de ne s’ĂȘtre jamais masturbĂ©. Et qui, ouvertement, avait pu revendiquer le droit de pouvoir « baiser Â» dans une interview !

Mais il est vrai que Mocky Ă©tait trĂšs provocateur.

Ces photos de pubs montrant des femmes dĂ©nudĂ©es sont bien-sĂ»r lĂ  pour reflĂ©ter la façon dont nous sommes constamment entourĂ©s de certaines images qui, mĂȘme si, elles semblent ne pas nous toucher ont sans aucun doute une incidence sur nous ( femmes ou hommes). La couverture de l’hebdomadaire Le Point et son titre peut s’appliquer Ă  cette normalisation de la nuditĂ© publique fĂ©minine. NuditĂ© supposĂ©e ĂȘtre lĂ  pour attester de la « libĂ©ration » de la femme…. ces images de femmes dĂ©nudĂ©es sont supposĂ©es me flatter. Elles me flattent. Mais pas comme un ĂȘtre humain. PlutĂŽt comme si j’Ă©tais un gentil chien-chien et que, rĂ©guliĂšrement, on me caressait le museau ainsi que ma paire de couilles….avec des images. Pour continuer de me tenir en laisse. Photo©Franck.Unimon

 

 

J’ai aussi quelques doutes sur le fĂ©minisme d’un Cioran. Peu, importe, je ne suis et ne me sens pas fĂ©ministe. Au moins pour ces raisons :

 

MĂȘme si, aujourd’hui, je « sais Â» qu’en France, tous les trois jours, une femme meurt sous les coups de son conjoint ; que des femmes sont bien souvent les principales victimes de viols ( pas uniquement lors des guerres comme en Ukraine depuis plusieurs mois), qu’à travail Ă©gal, les femmes touchent un salaire moindre que les hommes ; que les femmes sont bien plus surchargĂ©es, que les hommes, lorsqu’elles se mettent en mĂ©nage, par ces travaux invisibles que peuvent ĂȘtre les tĂąches mĂ©nagĂšres, l’éducation des enfants, la cuisine, la prĂ©sence Ă©motionnelle
.

 

 

Je suis Ă©videmment dĂ©solĂ© d’apprendre ces faits, ces chiffres, et je suis contre ces injustices.

 

Pourtant, je ne suis pas féministe.

Je trouve cette photo aussi aguichante que comique pour son caractĂšre caricatural. Paris, prĂšs de la Gare du Nord, juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

MĂȘme si je suis plus proche de ma mĂšre que de mon pĂšre. Et que dĂšs l’enfance, celle-ci, ainsi que mon pĂšre, m’ont mis Ă  contribution pour faire la vaisselle, pour aller faire des courses. Pour garder et emmener Ă  l’école ma petite sƓur et mon petit frĂšre nettement plus jeunes que moi. MĂȘme si, en Guadeloupe (j’aime raconter cette anecdote), Ă  Pointe A Pitre, ma mĂšre m’avait envoyĂ© lui acheter une paire de collants. Ce que j’étais allĂ© faire, comme d’autres courses auparavant, et que tout cela m’apparaissait parfaitement normal jusqu’à ce que certaines personnes, dans la rue, alors que je marchais, commencent Ă  me regarder « bizarrement Â» :

Le sac en plastique dans lequel je transportais mon achat Ă©tait transparent. Et, un jeune homme (j’avais environ 18 ans, je crois) se baladant lĂ -bas avec une paire de bas Ă©tait susceptible d’ĂȘtre un makoumĂ© (un pĂ©dĂ©). Ce qui, au pays du Zouk, des plages de rĂȘve et du soleil, est plutĂŽt une tare.

 

 

Je ne suis pas fĂ©ministe mĂȘme si, depuis des annĂ©es, maintenant, j’évolue dans un milieu professionnel dans lequel j’ai souvent Ă©tĂ© entourĂ© par une majoritĂ© de femmes. Dont certaines ont pu et sont mes supĂ©rieures hiĂ©rarchiques. Et, lorsqu’il a pu m’arriver d’avoir certains conflits avec quelques unes d’entre elles (collĂšgues ou supĂ©rieures hiĂ©rarchiques), c’est, selon moi, plus en raison de leur personnalitĂ© que de leur appartenance au sexe dit fĂ©minin. Actuellement, oĂč j’évolue dans un milieu professionnel majoritairement masculin, c’est avec quelques collĂšgues masculins que j’ai quelques dĂ©saccords et conflits : ceux-ci me reprochent
de manquer de couilles. Je serais trop gentil, trop doux et incapable de me dĂ©fendre tout seul.

Il y a quelques semaines, j’ai posĂ© l’ouvrage de Victoire Tuaillon, bien en Ă©vidence, en m’asseyant Ă  la table  dans la salle Ă  manger du service, prĂšs d’un de ces collĂšgues ( alors assis) qui estime que je manque de couilles pour le travail que nous faisons….

Ce collĂšgue, je le sais, par rĂ©flexe, a jetĂ© un coup d’Ɠil sur la couverture et le titre.Sans rien dire. Toujours sans rien dire, quelques secondes plus tard, il s’est levĂ© et a quittĂ© la piĂšce.

Peut-ĂȘtre, un jour, apprendrai-je que ce collĂšgue, par ailleurs plutĂŽt rĂ©putĂ© pour ĂȘtre un «homme Ă  femmes Â» et qui aime raconter certains de ses exploits sexuels, qui a aimĂ© me raconter certains de ses exploits Ă  l’Ă©poque (l’annĂ©e derniĂšre) oĂč nous Ă©tions « amis »,  a peu goĂ»tĂ© ma petite provocation. C’est pourtant un mec trĂšs cool et trĂšs souvent souriant en gĂ©nĂ©ral. Pour la galerie.

Couverture des Inrockuptibles dans lequel on peut trouver, aussi, des suggestions de lectures telle celle du livre « Les Argonautes » de Maggie Nelson que je n’ai pas encore lu.

 

Je ne suis pas fĂ©ministe mĂȘme si, en apprenant que j’allais ĂȘtre pĂšre d’une fille, nĂ©e depuis, Ă  aucun moment, je ne me suis catastrophĂ© en me disant :

 

« Quel malheur ! Une fille ! Qu’est-ce que je vais pouvoir en faire ?! Â».

 

Il est pour moi parfaitement normal d’avoir commencĂ© Ă  montrer Ă  ma fille certains petits gestes d’AĂŻkido, de lui avoir achetĂ© une paire de gants de boxe, des protĂšges tibias et un protĂšge dents, et, certaines fois, de m’amuser Ă  me battre avec elle.

 

 

Je ne suis pas fĂ©ministe mĂȘme si, visiblement, il a pu arriver que certaines amies femmes puissent se confier Ă  moi. Et, mĂȘme s’il a pu arriver ou peut sans doute encore arriver que l’on se demande, voire que l’on me demande, si je suis homo. Et je ne me sens pas insultĂ© en particulier par ce genre de question. Mais plutĂŽt amusĂ©.

 

Je ne suis pas fĂ©ministe mĂȘme si je n’ai jamais Ă©tĂ© un « queutard Â» ou un de ces hommes capables d’embobiner une femme ou de jouer un rĂŽle devant elle afin de pouvoir me vider les couilles et, ensuite, me glorifier auprĂšs d’autres hommes de ma derniĂšre « conquĂȘte Â».  Si, bien-sĂ»r, je trouve bien des femmes dĂ©sirables et que j’ai des besoins affectifs et sexuels, je ne comprends pas la satisfaction que je pourrais tirer Ă  recourir Ă  des stratagĂšmes pour « lever Â» une fille.

 

Ce n’est pas une position morale de ma part. Je ne me dis pas forcĂ©ment que c’est « vilain Â» ou « pas beau Â». Ou « pas bien Â». Mais simplement :

 

Que ce n’est pas moi. Que cela ne me correspond pas….Ă  moins de me retrouver sur une Ăźle dĂ©serte, ou enfermĂ© dans un ascenseur ou un endroit clos pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e. LĂ , je veux bien croire que je puisse trouver spĂ©cifiquement dĂ©sirable celle qui se trouvera avec moi. La sexualitĂ© se rĂ©duisant alors totalement Ă  une sorte d’incantation ou de forme d’Ă©chappatoire en vue de tenter de se soustraire, de maniĂšre Ă©phĂ©mĂšre, aux barreaux de notre vaine condition humaine.

 

En dehors de ces circonstances extrĂȘmes, je crois qu’il faut avoir la personnalitĂ© qui va avec, lorsque l’on est un sĂ©ducteur ou un queutard « certifiĂ© Â». On a une image particuliĂšre Ă  donner de soi, un rĂŽle Ă  tenir, dĂšs lors que l’on est un « sex machine Â». Afin de vendre du rĂȘve Ă  celles et ceux qui ne demandent qu’à croire Ă  cette arnaque et Ă  essayer d’attraper ce rĂȘve factice qui va, de toute façon, leur Ă©chapper. Et c’est ce qui, prĂ©cisĂ©ment sans doute, va les attirer et leur procurer excitation et adrĂ©naline.

 

Je me sens incapable, mais aussi non volontaire, pour ĂȘtre comme le personnage de Tony ( trĂšs bien jouĂ© par l’acteur Salim Kechiouche) dans le film Mektoub, my love : canto uno ( sorti en 2018) du rĂ©alisateur abdellatif Kechiche.

Pourtant, le personnage de Amin (jouĂ© par l’acteur ShaĂŻn Boumedine) censĂ© ĂȘtre le vĂ©ritable personnage principal du film ainsi que le double du rĂ©alisateur, m’exaspĂšre pour son incapacitĂ© manifeste Ă  sĂ©duire. Ou, d’abord, Ă  vivre. Il est lĂ , avec son sourire constant, dominĂ© par les Ă©vĂ©nements. Peut-ĂȘtre qu’il m’exaspĂšre parce qu’il me ressemble un peu trop et que je sais, par expĂ©rience, que le gentil garçon poli, doux, sympathique, passif et « romantique Â» est plutĂŽt vouĂ© Ă  rester le spectateur puissant et impuissant de ses amours.

 

Paris, juin ou juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Je ne suis pas fĂ©ministe tout simplement parce qu’aujourd’hui, en 2022, cela fait « bien Â», cela fait « hype Â», « branchĂ© Â», « cool Â», « Yes ! »,  » Super ! »  et  engagĂ© de se dire fĂ©ministe.

 

Je ne remets aucunement en cause, par contre, le fĂ©minisme de Victoire Tuaillon. J’écris simplement, Ă  ma maniĂšre, que je n’ai pas envie de rejoindre toutes ces personnes pour lesquelles se dire « fĂ©ministe Â», « cool Â», « ouvert Â», « tolĂ©rant Â» ou « gay friendly Â» sont principalement des expressions qui font joli. Ce sont peut-ĂȘtre des affirmations trĂšs sincĂšres. Et puis, dans les faits, ces mĂȘmes personnes prĂ©tendument « fĂ©ministes Â», « cool Â», « ouvertes Â», « tolĂ©rantes Â» ou « gay friendly Â» peuvent se montrer beaucoup moins « open Â» que d’autres personnes a priori estimĂ©es comme trĂšs conservatrices ou de « l’ancien rĂ©gime Â».

 

Cette rĂ©clame pour un promoteur immobilier a bien Ă©tĂ© prise en juillet de cette annĂ©e 2022 dans la ville de Cormeilles en Parisis, Ă  une vingtaine de kilomĂštres de Paris, une ville pas particuliĂšrement en retard sur son Ă©poque ! On notera nĂ©anmoins le cĂŽtĂ© assez vieux jeu dans ces rĂŽles dĂ©volus Ă  la femme et Ă  l’homme sur l’affiche.

 

Je veux bien passer pour quelqu’un de « l’ancien rĂ©gime Â», de « old school Â», de « traditionnaliste Â» ou pour quelqu’un de « rigide Â» et « paternaliste ». De toutes façons, je suis sans doute un peu tout ça. Et mĂȘme davantage. 

 

 

J’aime dans le film de Ken Loach, Raining Stones (rĂ©alisĂ© en 1993) ce passage oĂč un prĂȘtre, absout Bob, catholique pratiquant, un pĂšre au chĂŽmage, culpabilisĂ©, parce qu’il a utilisĂ© de l’argent qui ne lui appartenait pas afin de pouvoir offrir Ă  sa fille une trĂšs belle robe pour sa communion. Si le rĂ©alisateur Ken Loach, en tant que communiste, est sans doute athĂ©e, j’ai envie de croire que de tels prĂȘtres puissent exister ou ont existĂ©. Pourtant, au dĂ©part, on pourrait penser que n’importe quel prĂȘtre catholique (ou d’une autre religion), devant une telle situation, aurait dĂ©noncĂ© ce pĂšre Ă  la police ou contraint Bob de rendre la robe de sa fille au vendeur.

 

Certainement que des prĂȘtres catholiques ont aussi aidĂ© certaines femmes Ă  avorter clandestinement au vu des circonstances dans lesquelles elles sont tombĂ©es enceintes. Et, je ne parle pas, ici, de femmes qui auraient Ă©tĂ© ou ont Ă©tĂ© les maitresses consentantes ou forcĂ©es de certains prĂȘtres. MĂȘme si ces femmes existent ou ont existĂ©.

 

 

Et puis, je ne suis pas fĂ©ministe, parce-que, d’une certaine maniĂšre, je revendique presque le fait d’avoir Ă©tĂ© ou d’ĂȘtre, parfois, ou souvent, ou quelques fois, encore, le beauf, le lourdaud, le mec dĂ©crit dans l’ouvrage de Victoire Tuaillon.

 

Je revendique presque le fait d’avoir Ă©tĂ© ou d’ĂȘtre, parfois, ou souvent, le beauf, le lourdaud, le mec pĂ©nible

 

 

Les hommes « fĂ©ministes Â» ou qui se disent comme tels sont un peu trop parfaits pour moi. Un peu trop artificiels. Un peu trop beaux pour ĂȘtre vrais. Un peu trop « bios Â».

 

 

Ces hommes ont le droit de se croire irrĂ©prochables et impeccables concernant les droits des femmes. Des femmes ont le droit de trouver ces hommes « fĂ©ministes Â» exemplaires. Sauf que, moi, en pratique, je ne crois pas Ă  cette exemplaritĂ© de tous les instants. De mĂȘme que je ne crois pas que les femmes « fĂ©ministes Â» soient, elles mĂȘmes, exemptes de certaines contradictions ou exemplaires en toutes circonstances.

 

Dans son ouvrage, Victoire Tuaillon Ă©voque bien certaines de ces contradictions rencontrĂ©es chez certaines femmes fĂ©ministes. J’ai nĂ©anmoins l’impression qu’il est deux ou trois sujets qui sont oubliĂ©s dans son ouvrage, trĂšs documentĂ©, que j’ai aimĂ© lire.

 

MĂȘme si certains passages de son ouvrage sont plutĂŽt Ă  charge pour un « homo erectus Â» beauf comme moi.

Si je prends Ă  la lettre ce que je vois, je pourrais croire qu’en prenant les bus 56 et 96, mais aussi en me rendant dans la rue J-P Timbaud, que je vais tomber sur ces plages oĂč de jeunes et charmantes femmes s’Ă©tirent. En sortant du mĂ©tro, je n’ai rien trouvĂ© de cela. Une nouvelle fois, je me suis fait avoir…. Photo prise dans le mĂ©tro Ă  Paris, en juillet 2022. ©Franck.Unimon

 

Plusieurs couches, plusieurs Ă©tapes et plusieurs strates chez l’ homme, pour vous, spĂ©cialement, les filles :

 

 

Pour conclure cette premiĂšre partie de mon article, je dirais que je ne suis pas fĂ©ministe et revendique presque le fait de faire partie, certaines fois, ou souvent, des mecs lourds parce-que je sais, aussi, que je suis diffĂ©rent de celui que j’ai pu ĂȘtre :

 

 

On est un homme diffĂ©rent selon que l’on vit chez papa et maman, que l’on est puceau, que l’on se regroupe entre garçons pour parler des filles qui nous attirent mais que l’on on a aussi plus ou moins peur de rencontrer dans l’intimitĂ©. C’est alors, Ă  se demander, qui a le plus peur de se faire violer
.

 

On est un homme diffĂ©rent selon que l’on a la possibilitĂ©, ou non, de discuter avec des personnes plus ĂągĂ©es que soi, mariĂ©es, divorcĂ©es, infidĂšles ou non.

 

On est un homme diffĂ©rent selon que l’on a connu quelques histoires d’amour, que l’on ait Ă©tĂ© amant d’une femme mariĂ©e et rĂ©cemment maman, ou non.

 

On est un homme diffĂ©rent selon que l’on dĂ©cide de rester uniquement dans un milieu hĂ©tĂ©ro cloisonnĂ© ou que l’on accepte, Ă  certains moments, de s’en affranchir un peu pour rencontrer d’autres personnes diffĂ©rentes de nos « habitudes Â».

 

On est un homme diffĂ©rent selon que l’on est cĂ©libataire, que l’on vit en cĂ©libataire chez soi pendant plusieurs annĂ©es, que l’on a du mal Ă  s’engager ou que l’on vit mariĂ©, sous le mĂȘme toit que quelqu’un d’autre, avec ce quelqu’un d’autre avec lequel, aprĂšs en avoir discutĂ© et un peu hĂ©sitĂ©, on dĂ©cide de devenir parent.

 

J’ai connu et continue de connaĂźtre ces diffĂ©rentes Ă©tapes. Ces diffĂ©rentes strates de moi-mĂȘme me font avoir, je crois, un certain regard sur l’ouvrage de Victoire Tuaillon. Ce regard peut ĂȘtre fĂ©ministe ou plus ou moins beauf.

Paris, juillet 2022 sans doute. Photo©Franck.Unimon

 

Par exemple, Victoire Tuaillon, au dĂ©part, me fait sourire :

 

Aujourd’hui, il est trĂšs facile de trouver sur le net des photos de personnes un peu connues. On peut aussi avoir besoin de se faire une idĂ©e de la personne dont on va lire l’ouvrage.

A voir une photo ou deux de Victoire Tuaillon, Ă  deviner aussi un peu ses aptitudes pour l’humour, et tout en songeant, toujours, au titre de son ouvrage Les Couilles sur la table, je suis tombĂ© sur une de ses photos oĂč on la voit, souriante, charmante, avec sa poitrine qui a commencĂ© Ă  m’opĂ©rer la tĂȘte.

 

Voilà le beauf ou le mec lourdaud en moi. Celui que les féministes, dont Victoire Tuaillon, en ont assez de se coltiner. Et, je les comprends dans une certaine mesure.

 

Je ne suis, hĂ©las, et ne serai jamais que le 157 000Ăšme homme ou garçon Ă  m’émouvoir ou Ă  faire des commentaires sur cette particularitĂ© de son anatomie.

 

Pourtant, quoi de plus « simple Â» et de plus « normal Â» que de remarquer ce caractĂšre sexuel secondaire avantageux que constitue, aussi, cette belle poitrine ? Serait-il plus normal, plus sain et plus sincĂšre de faire comme si on ne l’avait pas remarquĂ© ?

 

C’est un des sujets, Ă  propos duquel, en tant que beauf, mec lourdaud ou autre adjectif dĂ©favorable Ă  la gente masculine, j’ai beaucoup de mal avec les fĂ©ministes qu’ils soient hommes ou femmes.

Alors, Victoire Tuaillon, si elle ou d’autres, prennent trĂšs mal mes propos concernant sa poitrine, ne me fait plus sourire. Mais me fait peur. MĂȘme si, dans les premiĂšres pages, elle se veut rassurante et affirme :

 

« J’aime les hommes Â».

 

 

Voici ce qu’il en est pour la premiĂšre partie de cet article que j’ai prĂ©fĂ©rĂ© couper afin qu’il soit plus facile Ă  lire.

 

Franck Unimon, ce dimanche 24 juillet 2022.

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self-défense/ Arts Martiaux Survie

Le Dojo de Jean-Pierre Vignau

Jean-Pierre Vignau, Ă  l’entrĂ©e du Fair Play Sport, ce 5 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

Le Dojo de Jean-Pierre Vignau

 

Jean-Pierre Vignau, 77 ans, Maitre d’Arts Martiaux, et en particulier de KaratĂ©, est une des personnes les plus libres que je connaisse. Mais pour cela, il lui faut un dojo.

 

Le dojo est un jardin. On y cultive celles et ceux qui sont volontaires pour venir y prendre racine en tant qu’élĂšves auprĂšs d’un Maitre. Lorsque l’on a la possibilitĂ© et la chance d’avoir un Maitre disponible et qui nous accepte.

 

Dans un commerce, on « trouve Â» et on achĂšte des outils, des produits ou des objets. Certains sont utiles et indispensables. D’autres pas.  Il est des outils dont il faut aussi apprendre Ă  se servir et d’autres qui se rĂ©vĂšlent dĂ©fectueux.

 

Un Maitre est le contraire d’un commerce : Dans un commerce, tout est fait pour nous donner envie de tout acheter ou de vouloir « toujours Â» plus. Un Maitre, lorsqu’on le rencontre, a dĂ©ja commencĂ© Ă  faire une grosse partie du tri. Et, il rĂ©serve ce qui est utile ou selon lui indispensable Ă  ses Ă©lĂšves selon ce qu’il a compris d’eux afin qu’ils vivent au mieux dans le monde qui les entoure.

Couverture du journal « Le Parisien » du lundi 4 juillet 2022.

 

Je crois aussi que l’on choisit son Maitre. On choisit le commerce, le bling-bling, la carriĂšre, la carotide, la vitrine ou le souffle. On peut rĂ©ussir plus ou moins Ă  concilier le tout mais, selon moi, un Maitre, c’est au minimum un souffle. Un souffle qui perdure et qui sert de socle alors que d’autres s’évaporent ou disparaissent.

 

Il y a des Maitres de l’abĂźme. Il ne faut pas hĂ©siter Ă  le penser ou Ă  le dire. Puisque, de toutes façons, ils et elles existent. Ces Maitres de l’abĂźme, ainsi que leurs intermĂ©diaires, ont leurs attraits et peuvent ĂȘtre irrĂ©sistibles. Qu’ils nous sĂ©duisent ou qu’ils soient fort prĂ©sents en nous. Car l’ĂȘtre humain est multiple.

 

Dans le journal « Le Parisien » de ce 4 juillet 2022.

J’ai choisi Jean-Pierre Vignau pour ses vies. Pour son Ăąge. Pour sa personnalitĂ©. ( Sensei Jean-Pierre Vignau : ” Mon but, c’est de dĂ©courager !” ) Pour son souhait de donner  Ă  ses Ă©lĂšves de quoi se dĂ©fendre sans s’illusionner. Pour ses cours du matin. Pour aller Ă  Paris, moi qui n’ai Ă©tĂ© qu’un banlieusard de passage Ă  Paris depuis ma naissance.

 

Cela fait soixante ans que Jean-Pierre Vignau est dans les Arts Martiaux. Et plus de vingt ans qu’il a ce dojo, le Fair Play, Ă  CitĂ© Champagne, dans le 20Ăšme arrondissement de Paris. Auparavant, il avait eu un autre dojo, plus grand,  dans Paris. Plusieurs de ses Ă©lĂšves, prĂ©sents avec lui depuis plus de dix ans, m’en ont parlĂ©.

 

La pandĂ©mie du Covid nous a beaucoup fait parler depuis plus de deux ans. Et mĂȘme lorsque l’on se tait Ă  son sujet, elle rĂ©apparait. Elle, aussi, est un Maitre Ă  sa façon et fait le tri ou nous oblige Ă  le faire. Ces deux annĂ©es de pandĂ©mie, nous a expliquĂ© Jean-Pierre, ont fait chuter le nombre de pratiquants et d’adhĂ©rents. A 4500 euros le loyer, multipliĂ© par deux ans, Jean-Pierre a Ă  s’acquitter d’une somme proche de 100 000 euros. Il ne les a pas.

Annonce immobiliĂšre vue dans Paris ce 27 juin 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Jean-Pierre a donc dĂ» annoncer il y a quelques semaines aux enfants Ă  qui il enseigne que le dojo allait devoir fermer. Certains de ces enfants en ont parlĂ© Ă  leurs parents. Les mĂšres de ces enfants ont entrepris des dĂ©marches pour empĂȘcher cette fermeture.

 

Photo©Franck.Unimon

 

Jean-Pierre n’est pas le seul Maitre d’Arts Martiaux concernĂ© par ce risque Ă©conomique. Avant lui, Maitre LĂ©o Tamaki, avait dĂ» trouver un autre lieu pour continuer d’enseigner ses cours d’AĂŻkido. Et, j’étais allĂ© le voir enseigner l’annĂ©e derniĂšre, lors d’un stage d’étĂ© l’annĂ©e derniĂšre dans ce nouveau lieu d’enseignement : le Dojo 5. ( Dojo 5 ).

Les consĂ©quences Ă©conomiques de la pandĂ©mie du Covid (et, depuis six mois, de la guerre en Ukraine) ont aussi fait augmenter le prix d’un certain nombre de matiĂšres premiĂšres telles que le blĂ©, la farine, le  pĂ©trole,  mais aussi le papier…

 

Avant hier, Jean-Pierre m’a appelĂ© pour me prĂ©venir que son dojo, le Fair Play, serait fermĂ© demain matin. Pour dĂ©pĂŽt de bilan.  Et qu’il m’informerait dĂšs qu’un autre endroit aurait pu ĂȘtre trouvĂ© pour pratiquer de nouveau.

 

Un dojo est un endroit qui ne parle pas ou qui ne parle plus Ă  beaucoup de gens. Le mot est aussi Ă©tranger donc extĂ©rieur Ă  l’expĂ©rience de la vie courante de beaucoup de personnes. J’imagine donc que parmi les personnes qui ont pu passer devant ces banderoles ou qui ont lu cet article du journal Le Parisien, que cette « histoire Â» de dojo qui ferme Ă©voque au mieux quelques souvenirs de judo ou de karatĂ© dans l’enfance ou l’adolescence (« j’ai fait du judo Â») ou qu’il est estimĂ© qu’il y a des sujets plus prioritaires. Tels que le manque de personnel dans les hĂŽpitaux ou dans les Ă©coles publiques.

 

Si c’est le cas, en tant qu’infirmier en soins psychiatriques et en tant que pĂšre d’une enfant encore scolarisĂ©e dans une Ă©cole publique, je peux tĂ©moigner du fait que pratiquer un Art martial auprĂšs d’un Maitre contribue Ă  la salubritĂ© publique. C’est sans doute ignorĂ© ou oubliĂ© mais pratiquer un Art Martial auprĂšs d’un Maitre ne se rĂ©sume pas Ă  faire des gestes ou Ă  rĂ©pĂ©ter des formules comme on peut faire machinalement un certain nombre d’actions dans sa vie courante.

 

Finalement, si nous nous sentons de plus en plus oppressĂ©s et opprimĂ©s, c’est aussi parce-que ferment des endroits oĂč une certaine libertĂ© est accessible. Et que nous sont de plus en plus accessibles des endroits et des moyens oĂč nos libertĂ©s sont supprimĂ©es.

 

Selon les circonstances et les Ă©tapes de notre vie, un dojo a des vertus complĂ©mentaires avec une mĂ©diathĂšque, une Ă©cole publique, un lieu de soins ou d’action sociale et culturelle, un club de sport, une salle de danse, un cours de musique ou de dessin…

 

Soit des endroits oĂč l’on apprend, oĂč l’on se remet, oĂč l’on s’éduque, oĂč l’on se rencontre et oĂč l’on vit.  

Photo©Franck.Unimon

 

Franck Unimon, ce jeudi 21 juillet 2022.

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Cinéma

La vie de ma mÚre-un film de Maïram Guissé

La vie de ma mÚre, un film de Maïram Guissé.

 

La vie existe ailleurs que sur notre planÚte Terre. Quelle que soit sa forme, sa force, sa finalité, sa mémoire ou sa présentation.

 

Il y a quelques jours, grĂące au tĂ©lescope James Webb envoyĂ© depuis Kourou, en Guyane, Ă  plus de un million de kilomĂštres de la Terre, nous avons pu regarder des photos inĂ©dites de galaxies datant de 13 milliards d’annĂ©es. Des scientifiques et des journalistes nous ont expliquĂ© Ă  quel point cette prouesse technologique, rĂ©sultat d’une coopĂ©ration internationale, Ă©tait exceptionnelle. Et ce qu’elle va ou pourrait nous apprendre concernant la crĂ©ation de notre univers, oĂč se trouve la Terre, mais aussi concernant notre propre existence.

 

Alors que notre planĂšte se rĂ©chauffe, car nous continuons de la dĂ©truire dans ses diffĂ©rentes matiĂšres, et que nous semblons bander toutes nos forces afin de mieux attirer notre propre dĂ©clin, il semblerait que nous n’ayons peut-ĂȘtre jamais Ă©tĂ© aussi proches de connaĂźtre l’origine du tout premier souffle qui nous a fait advenir sur Terre. Mais il nous faudra attendre avant d’Ă©prouver cette confirmation scientifique. Car il est prĂ©vu que durant vingt ans le tĂ©lescope James Webb prenne cinq photos par jour.

Nous serons peut-ĂȘtre tous morts ou au bord de l’extinction lorsque James Webb nous fera parvenir les photos rĂ©solvant l’énigme de la CrĂ©ation. Des photos que pourront observer avec Ă©tonnement ou indiffĂ©rence les milliards de mythologies de vers auxquels nos cadavres auront donnĂ© naissance ainsi que les diverses espĂšces vĂ©gĂ©tales, animales ou minĂ©rales- et toutes les autres- qui nous auront survĂ©cu et qui se passeront trĂšs bien de nous.  

 

Pourtant, avant que ne nous parviennent ces clichĂ©s, j’affirme dĂ©jĂ  que la vie existe ailleurs que sur notre planĂšte Terre. Car il faut faire partie de l’espĂšce humaine pour ĂȘtre incapable de voir certaines Ă©vidences : Pour croire ou imaginer que nous serions les seuls  Ă  « exister Â».

Si, aujourd’hui, la vie ailleurs que sur Terre, n’a pas encore Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e, c’est tout simplement parce-que nous ne savons pas regarder oĂč nous ne savons pas oĂč et comment regarder. Comme depuis toujours. Le peu que nous savons de l’histoire de l’HumanitĂ© sur Terre me pousse Ă  de telles certitudes :

 

L’histoire de l’HumanitĂ© est faite de plus de massacres, de gĂ©nocides, de pillages, de carnages, de viols et de destructions que notre mĂ©moire ne peut en rassembler. Souvent parce-que des ĂȘtres humains ont estimĂ© ou estiment que d’autres existences, humaines ou autres, devaient leur cĂ©der toute la place.

 

Il n’y a pas un jour oĂč un ĂȘtre humain, soit par nĂ©gligence ou par souhait, n’en pousse un autre vers son dernier souffle.

L’expression «  L’homme est un loup pour l’homme Â» m’apparaĂźt finalement beaucoup trop indulgente pour dĂ©finir certaines des caractĂ©ristiques de notre espĂšce.

 

On croit que je digresse ? Que cette longue introduction n’a rien Ă  voir avec le film La vie de ma mĂšre de MaĂŻram GuissĂ© consacrĂ© au portrait de sa mĂšre ?!

La mÚre de la réalisatrice Maïram Guissé avec celle-ci et une partie de son équipe technique, lors du tournage au Sénégal.

 

Combien de fois, dĂ©jĂ , avons-nous pu lire ou entendre, Ă  propos de certaines vedettes de cinĂ©ma, des expressions telles que :

 

« Le cinĂ©ma vous aime Â» ; « La camĂ©ra l’aime Â» ; « Il ( ou elle) a une trĂšs belle cinĂ©gĂ©nie Â» ; « Elle (ou) il Ă©claire toute la ville Â» ?!

 

Depuis des annĂ©es, je suis un cinĂ©phile parmi des millions en France, pays oĂč je suis nĂ© et ai toujours vĂ©cu Ă  ce jour. La France est un pays plutĂŽt bien dotĂ© dans le monde en salles de cinĂ©ma mais aussi en variĂ©tĂ© de films :

 

Il est beaucoup de films que l’on peut encore aller voir, plutĂŽt facilement, dans certaines salles de cinĂ©ma françaises alors que ces mĂȘmes films sont invisibles ou inaccessibles ailleurs. Et, comme beaucoup de cinĂ©philes, je me laisse faire ou prendre par un certain nombre de productions dans lesquelles se trouvent des « vedettes Â» ou des « futures Ă©toiles montantes Â» que le cinĂ©ma « aime Â» ; que la camĂ©ra « aime Â» et qui, bientĂŽt, ou pendant des annĂ©es, capteront beaucoup d’attention tandis qu’en dehors de leur cercle et de leurs regards, l’amnĂ©sie, l’ignorance et l’anonymat continueront de conditionner la charpente des cercueils dans lesquels des quantitĂ©s astronomiques de gens partiront se faire « aimer Â».

 

Photo prise dans le mĂ©tro parisien quelques jours avant la sortie du « nouveau » film de super-hĂ©ros que j’irai sans doute voir comme d’autres films avant lui. Un film que je n’aurai aucune difficultĂ© Ă  trouver dans une salle de cinĂ©ma : Ce mercredi 20 juillet 2022, lorsque je suis allĂ© voir Ă  Paris, Ă  l’UGC les Halles, le film  » As Bestas » rĂ©alisĂ© par l’Espagnol Rodrigo Sorogoyen, le film  » Thor Love and Thunder » y Ă©tait projetĂ© dans deux salles une semaine aprĂšs sa sortie. Photo©Franck.Unimon

 

 

Si l’on s’en tient Ă  certains critĂšres du cinĂ©ma que nous connaissons et que l’on voit le plus,  je pense au cinĂ©ma qui est le plus souvent et le plus facilement montrĂ© et distribuĂ©, un film comme La vie de ma mĂšre de MaĂŻram GuissĂ© n’a aucune raison ou pratiquement aucune chance de se trouver devant nous, un jour.

 

Lors du tournage de  » La vie de ma mÚre » de Maïram Guissé, au Sénégal.

 

 

Je dois Ă  un mail envoyĂ© par la sociĂ©tĂ© de distribution SUDU Connexion le fait d’avoir entendu parler de La Vie de ma mĂšre il y a deux ou trois jours. 

Pendant un an, j’ai Ă©tĂ© abonnĂ© au MĂ©dia panafricain bilingue Français/Anglais  Awotele qui parle de ce cinĂ©ma que l’on voit « moins » :

Celui d’Afrique et de la CaraĂŻbe et des Outremers. 

Awotele, Ă©ditĂ© par Sudu Connexion, parait trois fois par an. AprĂšs avoir couvert les journĂ©es cinĂ©matographiques de Carthage ( en Tunisie); le Fespaco ( au Burkina Faso) et le Durban International Film Festival ( en Afrique du Sud).Trois festivals de cinĂ©ma qui se dĂ©roulent en Afrique. Les films qui y passent sont ensuite distribuĂ©s au compte gouttes en occident.

Awotele nous donne et nous montre donc des nouvelles d’un monde estimĂ© comme peu « cinĂ©gĂ©nique » par les grands distributeurs qui nous approvisionnent rĂ©guliĂšrement en oeuvres cinĂ©matographiques comme certaines rĂ©gions du monde, ou du pays, peuvent ĂȘtre approvisionnĂ©es en riz, en lait, en mĂ©thodes de pensĂ©es, en oeuvres humanitaires et sanitaires. Ou en effectifs industriels, militaires ou policiers. 

Mais j’ai nĂ©gligĂ© et nĂ©glige la lecture d’Awotele. Je me comporte vis Ă  vis du MĂ©dia Awotele comme d’autres lorsqu’ils veulent se mettre au rĂ©gime, Ă  faire du sport Ă  ou Ă  arrĂȘter de fumer :

Je prends des rĂ©solutions que j’ai beaucoup de mal ensuite Ă  transcrire par des actes. Puis, je me sens coupable. Puis, j’oublie que je suis coupable de nĂ©gligence. Car c’est tellement  facile, aussi, de se laisser guider-et conditionner- par les mĂȘmes regards et Ă©clairages familiers.

 

MaĂŻram GuissĂ©, un jour, s’est faite Ă  peu prĂšs la mĂȘme remarque. Mais en sens inverse. Un jour, nous raconte MaĂŻram GuissĂ© en voix off, dans son La Vie de ma mĂšre, MaĂŻram GuissĂ© a regardĂ© sa mĂšre et s’est alors demandĂ©e :

 

Mais, qui est-elle ?

La mÚre de la réalisatrice Maïram Guissé dans  » La Vie de ma mÚre ».

 

 

Le rĂ©alisateur David Lynch, en partant de cette mĂȘme question, nous parachuterait dans une autre atmosphĂšre que MaĂŻram GuissĂ©. Parce-que la dĂ©marche identitaire est diffĂ©rente. La façon de se rĂ©pondre est diffĂ©rente.

 

 

MaĂŻram GuissĂ© est une femme, noire, d’origine SĂ©nĂ©galaise, issue d’un milieu social modeste, nĂ©e en France, et qui a toujours principalement vĂ©cu en France. Le SĂ©nĂ©gal est une ancienne colonie française. Les rĂ©ponses dont avait besoin MaĂŻram GuissĂ© en faisant son La Vie de ma mĂšre ne pouvaient ĂȘtre que diffĂ©rentes de celles perçues par un David Lynch qui, en outre, avant de devenir rĂ©alisateur, avait un parcours, je crois, dans le milieu artistique. Le cinĂ©ma, pour Lynch, Ă©tait un mĂ©dia ou un moyen d’expression sĂ»rement moins sacralisĂ©, plus abordable, que pour MaĂŻram GuissĂ© au dĂ©part :

Lynch s’est sĂ»rement senti plus lĂ©gitime que MaĂŻram GuissĂ© pour dĂ©cider un jour de prendre une camĂ©ra et pour voir ce que « Ă§a faisait Â». Et ce que l’on pouvait raconter avec une camĂ©ra. Rien que cette attitude change tout dans la façon que l’on a d’aller vers une camĂ©ra comme de s’en servir. On peut soit se sentir libre de faire et de filmer ce que l’on veut avec une camĂ©ra ou avoir l’impression de devoir porter le marteau de Thor ainsi que toutes les responsabilitĂ©s, et uniquement elles, qui vont avec.

Je ne crois pas que David Lynch, ou d’autres rĂ©alisateurs reconnus, se sentent tenus par le Devoir lorsqu’ils « font » un film. Alors, qu’Ă  mon avis, il y a une forme de sentiment de Devoir dans ce qui a amenĂ© la rĂ©alisation de La Vie de ma mĂšre. MĂȘme s’il y a pu y avoir, aussi, du plaisir Ă  faire le film ( je persiste Ă  Ă©crire « film » alors que La Vie de ma mĂšre est officiellement prĂ©sentĂ© comme un documentaire).

 

Qui aurait pu rĂ©aliser ce film, assorti de ses rĂ©ponses, dont MaĂŻram GuissĂ©, et d’autres, avait envie et besoin ?

 

La Nasa ? La ComĂ©die Française ? La banque la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale ? Banque oĂč, pendant vingt ans, la mĂšre de la rĂ©alisatrice va aller faire le mĂ©nage dans l’une de ses agences, sans ĂȘtre remerciĂ©e pour quoi que ce soit lors de son dĂ©part Ă  la retraite.

 

Une scÚne de  » La vie de ma mÚre » de Maïram Guissé.

 

Le fait d’ĂȘtre noir, « mais Â» d’origine antillaise, m’a bien sĂ»r aidĂ© Ă  m’identifier rapidement Ă  cette histoire, de sa mĂšre, que nous raconte MaĂŻram GuissĂ©. Mais ce qu’elle raconte dans son La Vie de ma mĂšre se trouve aussi dans des familles chypriotes, portugaises, asiatiques ou tout simplement bretonnes, normandes, alsaciennes, basques ou corses. Comme chez des pratiquants catholiques, juifs, bouddhistes, animistes ou musulmans. Sauf que ces histoires ne figurent pas dans les scripts de la Nasa, de la ComĂ©die Française, des films dont on « parle beaucoup Â», ou dans les publicitĂ©s des banques qu’il s’agisse de la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale ou d’autres.

 

 

Qu’est-ce qui rend « cinĂ©-gĂ©nique Â» la mĂšre de MaĂŻram GuissĂ© ? Sa seule personnalitĂ© ?

 

Il est vrai que la mĂšre de la rĂ©alisatrice apparaĂźt ĂȘtre une femme plus que robuste et dĂ©terminĂ©e. Durant le film, on n’entend pas parler de « burn out Â», de fatalisme ou de pessimisme, de colĂšre ou de rancune. MalgrĂ© six enfants. MalgrĂ© des conditions de vie Ă©conomique plutĂŽt modestes. MalgrĂ© le fait d’avoir quittĂ© le soleil natal, prĂšs de la mer, la famille mais aussi la musique et une grande maison au SĂ©nĂ©gal, soit plutĂŽt une certaine forme de libertĂ© et de lĂ©gĂšretĂ©, que l’on a troquĂ©e pour un appartement exigu  dans une citĂ© ; dans une rĂ©gion – Ă  Canteleu, en Normandie, du cĂŽtĂ© de Rouen- et un pays ( la France) oĂč il n’y a que des blancs, une autre musique, une autre religion dominante, d’autres façons de bouger sur la musique mais aussi dans la vie, d’autres façons de regarder les autres, de parler
.

Le film  » La vie de ma mÚre » de Maïram Guissé.

 

Je me suis un petit peu amusĂ© Ă  penser Ă  certaines de ces stars de cinĂ©ma, « qui prennent la lumiĂšre Â» et que « le cinĂ©ma aime Â», Ă  la place de la mĂšre de la rĂ©alisatrice. Avec un seau et une serpillĂšre Ă  la main. Avec six enfants dans un pays Ă©tranger et dans un appartement exigu. Avec un mari, qui, pendant des annĂ©es, refuse qu’elle trouve un travail car il a peur qu’il la quitte ensuite…..

Scarlett Johansson. Isabelle Huppert. AdĂšle Exarchopoulos. Juliette Binoche. Vanessa Paradis. LĂ©a Seydoux
.

 

Ce que j’écris est bien sĂ»r injuste pour elles ainsi que pour tous/toutes les autres (femmes comme hommes). Ce que j’écris est sans doute aussi trĂšs raciste. Mais c’est moins injuste et moins raciste que toutes ces absurditĂ©s dont on fait des vĂ©ritĂ©s qui nous sont imposĂ©es Ă  coups-rĂ©pĂ©tĂ©s- de :

 

 Â« La camĂ©ra l’aime Â», « il (ou elle) est tellement cinĂ©-gĂ©nique Â». Sans oublier, aussi, et peu importe que l’acteur ou l’actrice soit noir(e) ou arabe, l’insupportable :

 

« C’est l’un des acteurs (ou l’une des actrices) le/la plus douĂ©(e) de sa gĂ©nĂ©ration Â».

 

Quelle gĂ©nĂ©ration ?!

 

Lorsque l’on regarde et admire constamment telle actrice ou tel rĂ©alisateur, il en est combien d’autres que l’on empĂȘche d’exister ou que l’on nĂ©glige depuis des gĂ©nĂ©rations ?!

 

La Vie de ma mĂšre est un film qui parle de beaucoup de personnes, sans doute la majoritĂ© d’entre nous, femmes, hommes, quelles que soient nos origines, notre couleur de peau et nos croyances et qu’une minoritĂ© de personnes verra.

 

 » La vie de ma mÚre » de Maïram Guissé.

 

Parce-que cette forme de vie-lĂ , on ne sait pas la voir. OĂč on ne veut pas la voir. On la considĂšre peu glamour. On estime que cette vie-lĂ  n’a rien Ă  nous apprendre alors que, souvent, beaucoup ou tout part de ce genre, de ce type de vie-lĂ . Y compris parmi les futures « stars Â» ou « vedettes Â» qu’une camĂ©ra va tant aimer plus tard alors que, sans doute, parmi leurs propres ascendants et ancĂȘtres, certains ont pu ĂȘtre nĂ©gligĂ©s, dĂ©classĂ©s, humiliĂ©s, opprimĂ©s ou exterminĂ©s. Comme tant d’autres. Parmi d’autres.

 

Plus nos moyens technologiques deviennent performants et plus il semble que nous voyions et percevions de moins en moins notre environnement.

 

Mais aussi ce que nous sommes. Au delĂ  de la forme. 

 

Pour une espĂšce comme la nĂŽtre, Ă©motionnellement, intellectuellement et psychologiquement  myope, presbyte, astigmate ou tout simplement autiste, aveugle – et sourde !-  un film comme La Vie de ma mĂšre fait partie des films-remĂšdes. Mais il faut des mĂ©decins clairvoyants et reconnus pour le prescrire. Un traitement long et rĂ©pĂ©tĂ©. Des endroits oĂč dĂ©livrer le remĂšde sur une durĂ©e longue. Et des malades conscients qu’ils ne vont pas (toujours) bien, qui dĂ©cident de consulter, et qui, ensuite, vont accepter de prendre et suivre leur traitement- comme l’indique l’ordonnance- dans une salle ou ailleurs.

La réalisatrice Maïram Guissé assise à cÎté de sa mÚre, devant la mer au Sénégal dans  » La vie de ma mÚre ».

 

Pour recevoir son traitement, Le film est disponible du 29 juin jusqu’au 30 septembre 2022 sur France. Tv

 

Franck Unimon, ce dimanche 17 juillet 2022. (amĂ©liorĂ© le 20 et le 21 juillet 2022). 

 

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Photos VĂ©lo Taffe

VĂ©lo Taffe dans Paris 7-10 juillet 2022

Photo©Franck.Unimon

VĂ©lo taffe dans Paris 7-10 juillet 2022

 

AprĂšs avoir rĂ©Ă©coutĂ© le groupe Massive Attack en concert au Danemark en 2006, j’ai dĂ©couvert aujourd’hui l’artiste Hoshi avec son album Sommeil Levant.

 

Je suis tombĂ© sur son album dans la mĂ©diathĂšque de Cormeilles en Parisis il y a plusieurs jours. Je n’étais pas pressĂ© de l’écouter. Je ne « connaissais Â» pas Hoshi. Aujourd’hui,  aprĂšs avoir commencĂ© Ă  Ă©couter son album, je crois que l’on peut vraiment dire qu’en France, les artistes ont rompu avec cette tradition de la peur de la danse. Ils n’ont plus peur d’associer l’émotion au « corps Â» de la danse. On me dira que cela fait maintenant au moins une bonne vingtaine d’annĂ©es que c’est comme ça. Mais je ne l’avais peut-ĂȘtre pas compris jusqu’à cet album de Hoshi. MĂȘme si je « connais Â» des artistes comme Jain, AngĂšle, Aya Nakamura et ai entendu parler de Christine And the Queens, Ronisia
 pour ne parler que de quelques artistes fĂ©minins. Il y a bien sĂ»r beaucoup d’autres artistes musicaux français « actuels Â» Ă  citer en ce moment. Mais ces derniers jours, j’ai beaucoup rĂ©Ă©coutĂ© les titres Mission Speciale et Evenement ( Les Ambassadeurs) et Hommage aux Disparus ( Les FrĂšres Dejean), des groupes haĂŻtiens pourvoyeurs de la musique Kompa davantage connus dans les annĂ©es 70-90. Une musique particuliĂšrement engageante pour qui l’a connue enfant, sait l’écouter et
la danser.

 

Dans cet album d’Hoshi, j’aime sa sincĂ©ritĂ©, sa virtuositĂ© verbale, et ses arrangements musicaux dans des titres tels que Amour Censure ; Fais Moi Signe ; Medicament. Mais aussi les titres Sommeil Levant ; Marche ou RĂȘve ;

Par moments, sa voix a quelques airs de Stromae ( le titre Ita Vita…). Cependant, Hoshi a bien sa propre voix.

C’est aussi en Ă©coutant son album Sommeil Levant que cet article est rĂ©digĂ©. Avant de pouvoir m’occuper plus tard de l’article sur le livre Les Couilles sur la table de Victoire Tuaillon, terminĂ© il y a plus d’une semaine maintenant. Je m’attends Ă  ce que l’article sur ce livre de Victoire Tuaillon soit long. PlutĂŽt que le bĂącler, je prĂ©fĂšre disposer de la latitude nĂ©cessaire pour l’écrire. Pour patienter, on peut dĂ©jĂ  lire l’article sur le livre de Mona Chollet :

J’ai lu RĂ©inventer l’Amour de Mona Chollet .

 

Ou regarder les photos de cet article ci. Je les ai prises Ă  Paris entre le 7 et ce 10 juillet 2022.

 

J’ai aussi prĂ©vu d’Ă©crire un article sur les Cinquante ans de Marmottan ( c’Ă©tait en dĂ©cembre dernier !), service spĂ©cialisĂ© dans le traitement des addictions. 

Franck Unimon, ce dimanche 10 juillet 2022.

 

Photo©Franck.Unimon

 

 

 

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Bd Raspail, Paris. Photo©Franck.Unimon

 

Rue de Rivoli. Photo©Franck.Unimon

 

Chantier, prĂšs du Spot 13, ce dimanche 10 juillet 2022. Paris 13Ăšme. Photo©Franck.Unimon

 

Au Spot 13, ce dimanche 10 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Au Spot 13, ce dimanche 10 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

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Entre la Gare d’Austerlitz et la gare de Lyon. Photo©Franck.Unimon

 

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Dans le jardin des Tuileries ce dimanche 10 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Dans le jardin des Tuileries, ce dimanche 10 juillet 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Au Spot 13, ce dimanche 10 juillet 2022. Paris 13Ăšme. Photo©Franck.Unimon