Il y a le mystère de la Joconde mais aussi de la disparition d’artistes aux débuts de carrière prometteurs. Pour moi, désormais, il y aura, aussi, le mystère du Covid.
Je « sais » que, désormais, on dit La Covid plutôt que Le Covid. Mais je reste sur la toute première formulation.
Aujourd’hui, je reste accroché à l’idée que le Covid que j’ai attrapé début septembre 2023 m’a donné mon embolie pulmonaire du début de ce mois de novembre 2023.
Même si un certain nombre de personnes autour de moi a pu l’attraper avant moi sans faire d’embolie pulmonaire par la suite.
Pour avoir cette idée, il m’a fallu, après avoir fait mon embolie pulmonaire et être sorti de l’hôpital la semaine dernière – le 22 novembre- effectuer quelques recherches sur le net qui m’ont rappelé que le Covid provoque ou peut provoquer des problèmes de thrombose et de coagulation du sang.
Un essoufflement anormal
Cela a commencé par un essoufflement anormal que j’ai ressenti le 3 novembre alors que je me rendais au pot de départ d’une de mes anciennes collègues et amie, Zara, au restaurant La Timbale, dans le 18 ème.
Je me suis senti étrangement fatigué. Mais j’ai mis ça sur le compte de la nuit que j’avais travaillée la veille. Ce devait être ça. Et puis, j’ai trouvé assez indigeste le repas que j’avais commandé à La Timbale. Bien que tous nos collègues semblent satisfaits de ce qu’ils avaient mangé.
Deux jours plus tard, j’avais toujours cet essoufflement anormal. J’estimais mon amplitude respiratoire diminuée pratiquement de moitié.
J’avais même l’impression d’avoir le diaphragme « bloqué ». Je savais que c’était impossible car si cela avait été le cas, j’aurais été en bien plus mauvais état. Mais je respirais mal. Avec un confort et une facilité bien moindres que d’habitude.
En amateur, pour mes loisirs, je pratique l’apnée en club depuis quelques années. Et, même avant cette expérience, j’avais ressenti l’importance de la respiration, que ce soit pour faire des massages, pour faire des étirements, pour me détendre ou pour réviser des katas de karaté….
Pour obtenir un certain équilibre, une certaine force mais aussi une certaine aisance, la respiration a beaucoup d’importance. Si on respire mal, on se retrouve amputé en partie de ça.
Infarctus pulmonaire
J’avais aussi mal sur le côté droit. J’étais un peu constipé. Je ne savais pas que j’avais commencé à faire une embolie pulmonaire due à un caillot de sang.
C’est l’un des pneumologues qui m’a vu le 21 novembre, dans ce service de pneumologie où je suis resté hospitalisé trois jours, qui, la veille de ma sortie de l’hôpital, me l’a appris :
« Le 3 novembre, votre embolie pulmonaire a commencé ».
Ce même pneumologue a employé les termes « infarctus pulmonaire ». Je savais qu’il employait ces termes sciemment. Pour bien me faire comprendre la gravité de mon embolie pulmonaire.
Un caillot et des médecins
Restait le mystère de ce caillot sanguin. Pour lui et ses deux collègues femmes, restées en retrait, spontanément, la piste pouvait être une phlébite voire devait être une phlébite. Alors, tandis que j’étais alité, il a encore été question de mes pieds.
Comme la veille avec ces deux femmes médecins, on a de nouveau regardé mes pieds.
Mais mes pieds n’avaient rien à déclarer. Ils n’ont pas doublé de volume lorsque j’ai commencé à être essoufflé. Et je n’ai ressenti aucune douleur particulière à une de mes jambes.
Pour expliquer l’origine de ce caillot, le Covid que j’ai attrapé en septembre a été la première suggestion que j’ai faite. Avec le rappel de mon vaccin contre l’hépatite B. Le fait de travailler de jour et nuit. Et la pratique de l’apnée.
Mes suggestions les ont laissé froids.
Le pneumologue m’a expliqué que je faisais peut-être partie de ces deux personnes sur dix qui font une embolie pulmonaire sans que l’on sache très bien en expliquer l’origine. Je ne croyais pas beaucoup à cette idée mais je n’ai rien dit.
La piste de mes facteurs de coagulation a aussi été envisagée. J’avais peut-être des problèmes de coagulation que j’ignorais. On m’a donc fait une prise de sang à ce sujet.
Une sortie rapide de l’hôpital
J’ai été étonné de pouvoir sortir aussi vite après une embolie pulmonaire (après trois jours d’hospitalisation). J’aurais accepté de rester deux jours de plus à l’hôpital. Et j’ai appris depuis que la durée moyenne d’une hospitalisation après une embolie pulmonaire serait de trois à cinq jours. Et le scanner thoracique, pelvien et abdominal que l’on m’a fait passer le jour de ma sortie a montré que je n’avais pas de cancer.
Mon caillot ne pouvait donc pas provenir d’un cancer.
Je suis sorti de l’hôpital il y a plus d’une semaine maintenant. Je vais de mieux en mieux. J’estime être à 60% de mes possibilités respiratoires et physiques.
Je considère que je vais mieux qu’avant mon hospitalisation et le diagnostic de l’embolie pulmonaire. Je suis moins essoufflé. Je ne ressens plus vraiment ma douleur basithoracique. Pendant environ deux jours, après ma sortie de l’hôpital, les antibiotiques que j’ai pris m’ont donné la diarrhée. Après en avoir pris durant six jours, je n’ai plus besoin de les prendre. Et, aujourd’hui, je vais à la selle comme tout le monde sans en mettre partout dans les toilettes. J’ai retrouvé l’appétit. Je dors correctement même s’il m’arrive de tousser encore un peu. Il m’est arrivé de cracher du sang mais c’est terminé.
Mon activité physique principale consiste à marcher. J’ai perdu un peu de poids. Deux à trois kilos. Mais cela me convient.
A l’hôpital, certaines recommandations m’ont été faites afin de me ménager.
Mais on a oublié de me dire qu’il me faudrait attendre entre trois et six mois avant de pouvoir reprendre la pratique de l’apnée. C’est le médecin fédéral du sport que je consulte de temps à autre qui me l’a appris plus tard lorsque je suis allé le consulter ce mardi 28 novembre non loin du Trocadéro.
On a aussi oublié de me dire qu’il me faudrait entre six mois et un an pour récupérer totalement de mon embolie pulmonaire. Car on récupère très bien d’une embolie pulmonaire à condition bien sûr d’être raisonnable. C’est mon thérapeute, ancien réanimateur, qui me l’a dit après ma sortie de l’hôpital lorsque je l’ai vu ce lundi 27 novembre.
A l’hôpital, on m’a appris que j’aurais un traitement anti-coagulant oral pendant au moins six mois et qu’il me faudrait attendre au moins un mois avant de pouvoir prendre l’avion en portant des bas de contention. Et que je serais aussi arrêté pendant quinze jours. Période d’arrêt maladie qui pourrait être prolongée par mon médecin traitant.
Les voies du caillot
En attendant de revoir en consultation le pneumologue mi-janvier, donc environ sept semaines après ma sortie de l’hôpital , avec une échographie cardiaque que j’aurais passée au préalable, je vois deux ou trois explications possibles au fait d’avoir « fait » un caillot qui m’a ensuite donné cette embolie pulmonaire.
La phlébite et mes pieds n’ont rien à voir là-dedans.
1) Le fait d’avoir du cholestérol un peu élevé dans le sang a pu m’exposer à la formation d’un caillot du fait du Covid qui perturbe la coagulation sanguine. ( 2,56 g/L de cholestérol total le 8 novembre, contre 2, 21 g/L hier, le 30 novembre 2023 pour une normale qui doit se situer au maximum à 2 g/ L de cholestérol total).
2 ) Le Covid à lui tout seul a pu perturber ma coagulation sanguine. Les résultats de mon bilan sanguin hier m’ont montré que mon dosage de plaquettes sanguines affiche un « score » de 444 Giga/L alors que la normale se situe entre 161 et 398.
J’aimerais bien que l’on m’explique ce chiffre de 444 Giga/L alors que j’ai désormais- depuis le 19 novembre- un traitement anticoagulant bi-quotidien pour une durée de six mois.
Le 8 novembre, donc cinq jours après le début de mon embolie pulmonaire, le même laboratoire avait trouvé un « score » de 234 Giga/ L pour mes plaquettes sanguines.
3) La conjugaison des effets des vaccins contre le Covid…et des effets du Covid.
Ma compagne, opposée aux vaccins contre le Covid et suspendue pour cela durant dix huit mois, m’a assez vite parlé des « vaccins » contre le Covid comme pouvant être la cause de ce caillot sanguin qui m’a donné cette embolie pulmonaire.
Je l’ai aussitôt contredite car je ne voyais pas le rapport entre mes trois doses de Moderna contre le Covid il y a deux ans et mon caillot début novembre 2023.
Je pouvais admettre que le Covid attrapé début septembre 2023 provoque la production d’un caillot début novembre 2023. Je trouvais par contre peu plausible que les trois injections d’un vaccin faites deux ans plus tôt provoquent « subitement » la production d’un caillot….
Parce-que je n’avais pas pensé à la synergie des effets des vaccins contre le Covid…avec les effets du Covid.
On sait que certains vaccins contre le Covid ont pu provoquer des troubles de la coagulation sanguine.
Je crois aujourd’hui que la rencontre entre les vaccinations contre le Covid et le Covid peuvent provoquer la production de caillot sanguin.
Cela varie selon les personnes et le moment où elles attrapent le Covid. Puisque je connais des personnes vaccinées contre le Covid qui ont attrapé le Covid par la suite sans pour autant faire d’embolie pulmonaire.
Pour l’instant, dans mon entourage, je suis a priori la seule personne que je connaisse à avoir fait une embolie pulmonaire deux mois après avoir attrapé le Covid pour la première fois. Et deux ans (ou trois) après avoir été vacciné trois fois contre le Covid.
Je ne suis pas diabétique. Je ne suis pas hypertendu. Je ne suis pas obèse. Je ne fume pas. Je bois peu d’alcool. Je suis assez sportif. Je ne suis pas dépressif. Mais je porte des lunettes tous les jours. Je fais parfois de l’humour, j’écoute assez peu de Rap, j’écoute de la musique de vieux, je fréquente des médiathèques et des bonnes boulangeries et j’aime le cinéma d’auteur en version originale. Même si j’aime aussi regarder des films grand public.
Malgré toutes ces « vertus », j’ai attrapé le Covid dans un moment de vulnérabilité physique assez inhabituelle et importante.
Après ou alors que j’aidais mon frère à effectuer son déménagement fin aout ou début septembre alors qu’il faisait particulièrement chaud.
Plus de trente degrés.
Cet été, même si certains estiment que nous avons eu un été pourri, il a plusieurs fois été question de canicule.
Du fait de cette chaleur, le déménagement de mon frère a été physiquement particulièrement éprouvant. J’étais largement le plus âgé ( 55 ans pour une moyenne d’âge de 40 ans de mon frère et de ses amis) parmi ceux qui aidaient mon frère à déménager.
Et, c’était la première fois, lorsque je participe à un déménagement, que je doive décider d’arrêter ma participation parce-que j’étais très ou trop fatigué.
Donc, il y a eu un moment de vulnérabilité physique particulier avant que j’attrape le Covid ou lorsque j’ai attrapé le Covid. Car c’est peu de temps après, deux ou trois jours après ce déménagement, que j’ai appris avoir le Covid. Un des copains de mon frère a ensuite, lui aussi, attrapé le Covid.
J’ai été en arrêt maladie quelques jours. Et, attraper le Covid a été pour moi une très grande surprise. J’avais toujours été persuadé que je ne l’attraperais pas. Avec ou sans vaccin.
J’ai passé quelques jours chez moi sans difficulté respiratoire particulière. J’ai eu un peu de fièvre qui est passée très vite avec le repos sans prendre le moindre doliprane. J’ai été fatigué deux ou trois jours avec une perte d’appétit. J’ai peut-être un peu toussé. Puis, comme après mon arrêt maladie j’avais des jours de congés, j’ai très vite récupéré.
Du moins était-ce que je croyais lorsque j’ai repris mon travail mi-octobre 2023.
De l’épanchement pleural à l’embolie pulmonaire importante
Puisque, ensuite, environ un mois plus tard, cela a été une très grande surprise pour moi d’apprendre à l’hôpital où je m’étais fait hospitaliser au départ- le 19 novembre- pour un épanchement pleural que j’avais « une embolie pulmonaire importante ».
Cela faisait alors plus de deux semaines que je me sentais anormalement essoufflé (depuis le 3 novembre) et, à aucun moment, je n’ai pensé à une embolie pulmonaire.
A chaque fois que j’ai été par vu par un médecin, y compris aux urgences, je parlais de cet « essoufflement anormal » pour des efforts de la vie quotidienne, tels que le fait de monter des escaliers ou des escalators, qui, là, étrangement, me fatiguaient bien plus que d’ordinaire.
J’estimais mon amplitude respiratoire diminuée de moitié. J’avais aussi une douleur persistante sur le côté droit. J’étais constipé. Je n’avais plus beaucoup d’appétit.
Comme je gardais le moral, j’essayais de trouver ce que je pouvais bien avoir. J’ai pensé à une hépatite, à une péritonite, à une pancréatite voire à une appendicite.
Mais à aucun moment, je n’ai pensé à une embolie pulmonaire.
Stressé, angoissé, constipé et bronchitique
La femme médecin que j’ai consulté en premier début novembre m’a ausculté et examiné.
Elle a suggéré que j’étais peut-être « stressé » ou « angoissé ». Je n’ai pas voulu jouer au mec macho donc je n’ai pas protesté. Je suis reparti avec une prescription de doliprane, de flector et de Macrogol (contre la constipation). J’ai dû insister pour qu’elle accepte de me prescrire un bilan sanguin hépatique. Puisqu’elle estimait en prime abord qu’il me fallait aller voir mon médecin traitant pour me faire prescrire un bilan sanguin.
J’ai passé un test antigénique au Covid vers le 16 ou le 17 novembre. Le résultat a été négatif.
Puis, le 17 novembre, devant une radio pulmonaire normale, le résultat de mon bilan sanguin et mes quintes de toux, le second médecin que j’ai revu pour la seconde fois en une semaine m’a appris que je faisais une bronchite :
« Il n’y a que ça en ce moment ! ».
Il m’avait prescrit un bronchodilatateur la première fois. Le fait que mes transaminases soient élevées au delà de la normale ne l’inquiétaient pas. Il m’a répondu que cela restait élevé dans des proportions raisonnables. Ce médecin, que j’ai vu à deux reprises, ne m’a jamais ausculté et n’a jamais pris ma température. Mon temps de passage dans son cabinet, à chaque fois, a duré cinq minutes tout au plus.
L’ange au scanner
Le lendemain soir, aux urgences, dans la nuit du 18 au 19 novembre, on s’est focalisé sur mon épanchement pleural. Pour cela, il fallait m’hospitaliser afin de le ponctionner. Sauf que, dans la journée du 19 novembre, on ne voyait pas très bien à l’échographie où il se situait. Alors, il a été décidé de me faire passer un angio-scanner. Lequel a beaucoup aidé à localiser et révéler que je faisais « une embolie pulmonaire importante ».
Deux semaines pour diagnostiquer une embolie pulmonaire.
Ralentir
Il y a beaucoup à dire sur ce qui se peut se passer dans une vie en deux semaines. Bien-sûr, on peut imaginer le pire en se remémorant telle ou telle situation dans cet intervalle. Même si j’étais étonné par ce qui m’arrivait et ce que je ressentais de ce souffle qui continuait de me fuir, je n’ai pas paniqué. Je n’ai pas envisagé le pire. Même alors que j’en étais quelques fois à respirer un peu par la bouche debout dans des transports en commun bondés.
Ausculter
Pendant ces deux semaines, j’ai ralenti mon allure. J’ai arrêté de faire une partie de mon trajet pour le travail à vélo. J’ai uniquement pris les transports en commun. J’ai essayé d’assembler et de trouver des éléments de compréhension. J’ai un peu parlé autour de moi de ce qui m’arrivait. Jusqu’à ce qu’une de mes collègues infirmières, la plus qu’aimable Florence-Jennifer, dans notre service d’urgences médico-légales, le 18 novembre, alors que nous travaillions de nuit, me suggère de me faire ausculter par notre psychiatre de garde qui a entendu un épanchement pleural. Ce qui a amené mon transport par un de nos collègues aux urgences….
J’ai plutôt été « soulagé » que l’on me trouve un épanchement pleural. J’étais claqué. Je me disais que, enfin, on tenait quelque chose. Même si, pour respirer, j’avais l’impression de devoir tirer comme lors d’une bronchite asthmatiforme et que le bronchodilatateur avait en effet calmé mes quintes de toux, le fait d’être de plus en plus fatigué, de continuer de manquer d’appétit, d’être constipé, de me « refroidir » ( j’avais 38 degrés 2 aux urgences) me faisait comprendre qu’il manquait quelque chose au diagnostic.
Ausculter l’univers
Je n’ai pas de colère particulière concernant le temps qu’il a fallu pour débusquer cette embolie pulmonaire. Je ne suis pas médecin. Chaque être humain est un univers et le soigner et le comprendre est difficile.
Mais je comprends celles et ceux qui se sont beaucoup inquiétés pour moi ou qui sont en colère.
Et, j’ai aussi l’impression d’avoir été mal écouté par des personnes consciencieuses et travailleuses mais qui se sont laissées téléguider par une façon de penser assez stéréotypée ou qui n’ont fait que continuer de suivre la piste préalable signalée par d’autres sans essayer d’approfondir, de comprendre ou de remonter aux origines du « mal ».
Ce qui m’a été dit par les médecins, en résumé, après le diagnostic de mon embolie pulmonaire, c’est :
« Vous n’avez pas le profil ».
Tenir compte des signes
Moi, aussi, j’ai pensé et cru que je n’avais pas le profil. Mais un profil, c’est aussi une apparence. Alors qu’il faut aussi tenir compte des signes. Les voir et les écouter.
L’erreur principale, à mon avis, a été celle-là. Ne voir et ne regarder que le profil et se fermer au reste : l’essoufflement anormal, la douleur basithoracique. L’expérience de la personne qui consulte.
Quoiqu’il en soit, quoique l’on puisse penser de tout ça, ces surprises émanent, ici, du Covid. Que les vaccinations contre le Covid jouent un rôle ou non dans ce qui m’est arrivé avec cette embolie pulmonaire.
Mais une autre surprise est arrivée avec le Covid.
Le Covid en librairie
On parle du Covid maintenant depuis presque quatre ans. L’année prochaine, en 2024, on devrait entrer dans la cinquième année de « l’apparition » du Covid sur la scène publique et internationale. Il y a eu beaucoup d’avis, de controverses, d’examens, de recherches et de milliards consacrés au Covid.
Pourtant, lorsque cette semaine, que ce soit à la librairie La Procure ou à la médiathèque d’Eaubonne, j’ai cherché un livre qui synthétise ce que l’on avait appris de médical sur le Covid, j’ai été surpris de découvrir qu’il n’y en n’a pas.
A la très jolie et grande librairie La Procure, cette semaine, la libraire qui s’est occupée de moi m’a dit que les gens en avaient désormais assez du Covid. Cela, je le comprends parfaitement. Sans mon embolie, je me serais dispensé de ce genre de recherche. A part mes recherches d’un livre sur le Covid, je suis reparti de la librairie La Procure avec Le Cœur sur la table de Victoire Tuaillon, Au Nom du Temple ( Israël et l’arrivée au pouvoir des juifs messianiques) de Charles Enderlin et Aikido Enseignements secrets de Morihei Ueshiba. Et j’ai commencé à lire Stéréo-scopie de la réalisatrice Marina De Van ainsi que Une Soudaine Liberté de Thomas Chatterton Williams donc des ouvrages qui portent sur des sujets a priori fort distincts de la thématique du Covid.
La libraire, de son côté, a néanmoins fait de son mieux pour me trouver les livres disponibles sur le Covid. Elle m’en a rapporté deux ou trois que j’ai feuilletés.
Il y a bien des livres sur le Covid. Mais c’est pour raconter ou décrypter comment la pandémie est arrivée, pour critiquer les erreurs répétées de la gestion de la pandémie ou les mensonges qui ont été ou auraient été dits.
Par contre, pour trouver un livre qui étudie la maladie et qui vous explique ses symptômes, ses effets médicaux connus, irréfutables et recensés, de manière synthétique et simple, je n’en n’ai pas trouvé.
Le Covid : problèmes de coagulation et de publication
C’est sur le net que j’ai trouvé des articles qui parlent du Covid et de ses effets sur la coagulation. Parce-que j’ai tapé des mots clés comme « Covid et thrombose » ou « Covid et problèmes de coagulation » ou « Covid et embolie pulmonaire ». J’ai donc été dirigé vers des articles en ligne ou vers des articles de journaux papier qui ont été digitalisés par la suite et qui évoquent le fait que le covid augmente le risque de thromboses et d’embolies pulmonaires.
Mais je n’ai trouvé aucun livre papier, concret et matériel qui synthétise les connaissances médicales sur le Covid. Malgré tous les milliards et toute l’attention portée à la pandémie du Covid, notre connaissance à son sujet n’est pas fixée dans des livres et reste, apparemment, minimale, ou réservée à une minorité médicale.
Nous avons pourtant certaines connaissances médicales sur le Covid même si des mystères demeurent.
Cette absence de « synthèse » mais aussi de diffusion à grande échelle de certaines connaissances médicales à propos du Covid explique peut-être en partie l’incrédulité à l’hôpital des trois pneumologues devant moi, il y a quelques jours, lorsque je leur ai entre-autres suggéré la piste Covid pour expliquer l’origine probable de mon caillot responsable de mon embolie pulmonaire.
Mais aussi peut-être le fait qu’aucun des deux premiers médecins généralistes que j’avais d’abord consultés ne m’ait demandé si j’avais attrapé le Covid récemment ou dernièrement alors que je leur disais être « essoufflé de manière anormale ». Alors que le Covid est aussi connu pour donner certaines difficultés respiratoires.
Le Covid est vivant
On croit s’être débarrassé du Covid parce-que l’on ne parle plus de pandémie. Parce-que nous avons nos vaccins. Parce-que nous ne parlons plus d’obligation vaccinale et ne sommes plus obligés de respecter certains gestes barrières comme de porter des masques anti-Covid comme nous l’avons fait pendant des mois. Parce-que nous avons eu plus que nos doses du Covid dans les média.
Mais mon embolie pulmonaire et la difficulté pour la diagnostiquer démontrent un peu que nous avons enterré et décidé d’ignorer le Covid un peu trop hâtivement. Et que, ce faisant, c’est sans doute lui ou elle qui va mettre à mal encore un certain nombre de personnes faute d’attention, d’ouverture d’esprit et de prudence. Je me dis que si, moi, qui n’ai pas le profil, j’ai pu faire une embolie pulmonaire, d’autres sont susceptibles d’en faire une ou en ont déjà fait une dans des circonstances aussi surprenantes que celles que j’ai connues.
Ce témoignage vise à informer plutôt qu’à effrayer.
Les algorithmes puissants d’internet ou de youtube m’ont amené cette nuit à regarder un documentaire d’une trentaine de minutes en replay sur Arte consacré au sujet des addictions à la pornographie. J’y ai découvert le témoignage de quelques jeunes Allemands (des hommes exclusivement), plutôt d’un bon milieu socio-culturel apparemment ( journaliste….) qui ont développé cette addiction.
Ps : Concernant notre addiction à nos écrans et aux vidéos qui nous sont très facilement proposées sur nos ordinateurs, tablettes et smartphones via internet, et aux conséquences possibles de cette addiction, je vous invite à lire l’ouvrage Algocratie (vivre libre à l’heure des algorithmes) d’Arthur Grimonpont, paru en 2022.
Cette nuit, après avoir studieusement regardé ce documentaire sur l’addiction à la pornographie, toujours sur « recommandation» des algorithmes, parmi plusieurs propositions manifestement aiguisées par mes navigations précédentes, j’ai regardé un second documentaire d’une trentaine de minutes (c’est la durée à laquelle je me suis limité, que je me suis astreint cette nuit à ne pas dépasser) consacré à ces personnes ( des « hippies ») venant se «réfugier » sur l’ile des Canaries afin d’y changer de vie.
Dans ce documentaire, nous voyons quatre personnes vivant dans une grotte ou ayant vécu dans une grotte. Des personnes de 30-45 ans (même si un homme de 62 ans, devenu riche après avoir travaillé dans l’immobilier, est ensuite venu se joindre à eux) sans enfants.
On pourrait se dire : après avoir prétendu s’intéresser aux addictions en regardant un documentaire tout de même consacré à la pornographie, voilà que maintenant il se mate un documentaire sur un mode de vie inspiré des hippies. Alors que l’on sait très bien que les hippies ne sont pas les derniers pour s’envoyer en l’air et partouzer.
Comme on peut se dire, aussi, que « Changer de vie, les addictions », ces deux sujets semblent peut-être ne rien avoir en commun.
Il est vrai que ce ne sont pas ces deux documentaires « nocturnes » abordant le sujet de l’addiction à la pornographie et de la volonté de changer de vie qui m’ont inspiré le titre de « dissociation » pour ce chapitre. Chapitre, qui, pour ce blog, se résumera à cet article.
En revanche, il y a une forme de dissociation dans le fait, d’une part, que des algorithmes prennent le relais de multiples et incessantes incantations ou sollicitations sociales, culturelles, économiques, publicitaires, mensongères, informationnelles, politiques ou autres pour tenter de tirer parti -et profit- de nos failles psychologiques afin de nous faire adopter des comportements qui nous contredisent, nous nuisent et nous font ignorer nos besoins les plus évidents. Et, d’autre part, le fait qu’un métier comme celui d’infirmier consiste plutôt à être au chevet de celles et ceux qui ont des failles psychologiques et autres sans volonté voire sans espoir d’en tirer un quelconque profit économique et/ou politique.
D’un côté, une société qui « s’enrichit » économiquement avec méthode en vampirisant les forces vives d’une majorité d’êtres humains. En lui faisant payer le prix fort en termes de santé physique, mentale, économique et autre.
D’un autre côté, des infirmières et des infirmiers (pour ne parler que de ces « acteurs » de la santé sociale mais aussi mentale et physique) qui puisent ou ont constamment à puiser dans leurs ressources et leurs réserves personnelles ( qui peut encore croire que la seule application d’horaires à la minute, de protocoles, de slogans, de « trucs », de « recettes », de séances de méditation et de yoga et de cours appris à l’école suffisent pour s’appliquer à veiller sur les autres pendant une bonne quarantaine d’années ?! ) pour en soutenir d’autres, et qui, parallèlement à cela, trinquent et subissent comme la majorité les coûts et les coups de la vie sans s’enrichir matériellement à l’image de ces nouvelles grandes fortunes ou de ces milliardaires qui passent souvent pour des génies, des pionniers, des visionnaires, ou des personnes d’autant plus respectables, exemplaires et indispensables qu’elles ont :
« réussi ».
Qu’est-ce que la réussite ? Pour moi, ce serait de ne pas être pris , d’abord, pour une serpillère ou un domestique. Mais, également, de ne pas être essoré, bousillé, cancérisé et déprimé alors que je suis jeune et désireux de vivre. De parvenir à me maintenir, le plus longtemps possible, en bonne ou en très bonne santé mentale et physique. Ou que, en cas de défaillance de ma part, qu’il se trouvera suffisamment de personnes autour de moi pour intervenir rapidement afin de veiller sur moi afin de me sauver, de me protéger et de m’aider à me remettre sur pied.
Mais aussi pour me conseiller, me guider voire m’escorter hors de ce qui peut m’ atteindre ou me nuire.
Au vu de ces quelques critères, je ne suis pas sûr que la réussite soit au rendez-vous pour beaucoup de monde y compris pour moi-même.
Et, cela, malgré tous les efforts ou sacrifices consentis, jour après jour, année après année en échange d’une éventuelle, future ou hypothétique reconnaissance sociale, économique et personnelle.
Amen.
La reconnaissance faciale est peut-être plus certainement ce qui risque de m’attendre au lieu de la grande reconnaissance sociale attendue par tous après bien des années d’efforts, de responsabilités, de sacrifice et de travail.
Pourtant, constamment, nous baignons dans une sorte de liquide et d’ambiance amniotique, pour ne pas dire hypnotique, qui nous laisse croire ou entrevoir que réussite et bonheur crépitent, gisent – voire, rugissent- et se répandent à nos pieds telles des cascades auxquelles il suffirait de s’abreuver. Alors même que la réussite et le bonheur nous glissent entre les doigts ou que nous n’en apercevons que les reflets sans cesse difractés et qui, bien-sûr, s’éloignent « un peu » lorsque nous en approchons.
Ma vision, lors de ce dernier dimanche du mois de juillet, un mois de grandes vacances estivales, est sans doute trop pessimiste. Pourtant, je n’ai pas promis de me tuer cette nuit ou avant l’arrivée du mois d’aout 2023. Et encore moins de me muter en grand gourou ou en marabout.
Ni gourou, ni loup-garou, j’aimerais seulement être sûr de pouvoir et de savoir quand arrêter de m’agiter lorsque l’on me présente, comme cela arrive fréquemment, toutes sortes d’opportunités, d’affaires à ne pas manquer et des bons coups qui sont, finalement, des plans foireux ou stériles, pour ne pas dire des plans de désespoir, des pertes de temps, d’argent et d’énergie.
Dire qu’il faut apprendre à faire le tri ne suffit pas.
Je crois qu’il faut aussi être discipliné. Savoir être discipliné. Apprendre à se discipliner. Apprendre à rester lucide et concentré. Et clairvoyant. Ne pas partir dans tous les sens.
C’est à dire :
Savoir rester suffisamment attentif et perméable à ce qui nous entoure sans pour autant se laisser ou se faire embarquer n’importe où et vers n’importe quoi, n’importe qui.
Savoir rester ancré.
En se mettant dans un état finalement assez proche d’une certaine…dissociation.
Je sais que ce terme de « dissociation » fait partie des symptômes d’une maladie psychiatrique. Mais je sais aussi que ce terme est employé, selon moi à bon escient, au moins par Léo Tamaki, un expert en Aïkido qui se reconnaîtra s’il parcourt les lignes de cet article et qui en sourira certainement ( lire Les 24 heures du Samouraï au dojo d’Herblay ce 20 et ce 21 Mai 2023, 2ème édition ).
Nous ne parlons sans doute pas de la même dissociation, bien-sûr. Au sens psychiatrique, la dissociation emporte ou dévie son sujet ou sa victime. Un peu comme un sous-marin qui, par cinquante ou cent mètres de fond, prendrait l’eau par ses écoutilles et qui tenterait de rester maitre de sa trajectoire et de sa vitesse malgré la force des courants et les grands volumes d’eau qui le perturbent de plus en plus.
Le terme « dissociation » employé par cet expert en Aïkido pourrait aussi être employé par un musicien, un batteur par exemple, lorsque celui-ci est capable, avec sa main droite de réaliser de façon répétée et harmonieuse un geste différent de celui de sa main gauche. Et l’on pourrait dire ça, bien-sûr, d’une pianiste. Ou d’une personne adepte du jonglage.
Un exemple simple de cette action très difficile à maitriser- la dissociation- me suffira, je pense, pour l’illustrer.
Récemment, j’ai revu sur youtube ( dont les séduisants et puissants algorithmes savent nous retenir pendant des heures devant des vidéos qu’ils nous proposent) un extrait de ce concert du bassiste Foley McCreary avec le batteur Chris Dave. Ils étaient accompagnés du saxophoniste Zhenya Strigalev. Voici la vidéo en question. Si « sa majesté » Youtube accepte que je la partage :
https://youtu.be/2ZaMEGnI5iQ
C’était à Londres aux alentours de 2009 dans une reprise spéciale de You are underarrest, un titre interprété par Miles Davis dans les années 80.
Au début du titre, Foley McCreary décide d’une ligne de basse qu’il répète. Une ligne de basse qu’on pourra estimer comme « simple » si l’on fait abstraction du fait que Foley est un exceptionnel joueur de basse et que, nous, nous sommes surtout les spectateurs moyens d’un concert de musique ou, plus simplement :
Nous sommes des amateurs de musique qui regardons des professionnels qui sont, généralement, aussi, des passionnés ou des « fous » de musique.
Je ne suis pas certain que je pourrais vraiment supporter de passer plusieurs jours de suite avec ces musiciennes et musiciens que j’admire. De suivre leur rythme de vie intégralement. Car celles-ci et ceux-ci, probablement, me parleraient de musique, parleraient de musique et joueraient de la musique bien au delà de ce que je serais capable de supporter. Et sans doute, cette analogie est-elle possible avec d’autres artistes ou des Maitres d’Arts martiaux comme avec toute personne passionnée par et pour….sa discipline. Peut-être aussi peut-on se dire que cette passion serait aussi envahissante et dévorante que certains délires, mal maitrisés et mal canalisés, qui amènent certaines personnes à se retrouver enfermées…dans un service de psychiatrie. Ou isolées de leurs proches.
Dans cette vidéo, neuf minutes durant, Foley » le mutant » va tenir sa ligne de basse malgré les « attaques » rythmiques variées de Chris Dave et ses chorus avec le saxophoniste Zhenya Strigalev.
On pourrait s’amuser à imaginer que Chris Dave et Zhenya Strigalev sont des algorithmes qui font tout pour détourner Foley McCreary de ses limites et de sa ligne de basse. Pour nous, spectateurs et amateurs de musique, ces neuf minutes de musique sont une expérience hors norme. Et un très grand plaisir si l’on aime ce genre de musique. Foley McCreary réalise devant nous la dissociation parfaite.
Sauf que dans la vraie vie, nous sommes rarement des Foley McCreary. Et, en plus, il nous faut tenir bien plus que neuf minutes par vingt quatre heures pour tenir notre propre cap. Celui qui nous assure de nous rapprocher véritablement de ce qui nous convient véritablement.
Cette nuit, j’ai lu quelques articles dans la rubrique littéraire d’un journal. On y parlait de plusieurs livres. Plusieurs de ces livres parlaient de la violence des hommes. Une phrase, dans l’un des articles, disait quelque chose comme :
« Comprendre ne suffit pas pour pardonner ».
Je n’ai pas aimé cette phrase.
Pour appliquer l’éducation bienveillante, la « psychologie positive » il faut aussi, dans une certaine mesure, pouvoir bénéficier, quand même, d’une certaine bienveillance dans la société, dans le monde, dans la vie. Mon métier principal, malgré sa noblesse, ou peut-être grâce ou à cause d’elle, m’expose à diverses formes de violences.
Hier matin, mon thérapeute a d’abord tiqué lorsque je lui ai dit délibérément :
« Je ne suis qu’un infirmier. »
Face à son thérapeute, tout le monde le sait, il ne suffit pas de claquer des consonnes et des voyelles pour dire quelque chose. Il doit comprendre. Et, si nous pensons droit, nous nous devons de lui en faire la démonstration. Autrement, son travail, si c’est un thérapeute valable et consciencieux, est de nous remettre dans l’axe.
Hier matin, j’ai expliqué à mon thérapeute que d’un point de vue social, ce métier d’infirmier n’est pas considéré comme un métier très valorisé ou très prestigieux.
De ce fait, maintenant que, en plus, ma compagne est suspendue de ses fonctions d’infirmière depuis dix mois, cela va être un handicap pour faire admettre notre fille à l’école privée de notre ville. Si, comme me l’a dit la libraire récemment, l’école privée prend principalement les enfants dont les parents ont une bonne situation professionnelle.
J’ai cru et crois encore à la sincère et spontanée désapprobation, hier, de mon thérapeute lorsque je lui ai dépeint mon métier d’infirmier comme un métier de bas étage. Cependant, j’ai malheureusement su et pu, je pense, lui démontrer que j’avais raison.
La plupart des parents d’enfants que notre fille a côtoyée dans son école publique – et qui sont désormais dans l’école privée de notre ville- ont des professions socialement et économiquement plus « évoluées » ou « supérieures » à celle que ma compagne et moi pratiquons.
Je le sais pour avoir côtoyé un temps ces parents. Comme cela se fait lors de toute rencontre sociale « cordiale » à la sortie de l’école. Ou chez l’assistante maternelle. Où, si l’on se sourit entre parents et que l’on s’adresse quelques propos convenables, on se jauge aussi beaucoup socialement, personnellement et économiquement. En toute bienveillance.
D’ailleurs, quel est l’un des meilleurs moyens pour s’assurer que certains parents mais aussi certains enfants sont véritablement fréquentables ?
Prenons un verre avec eux, soit chez eux, soit chez nous. Recevons tel enfant pour un goûter ou un anniversaire. Ensuite, on se fait notre propre idée.
C’est ce qui s’est passé avec plusieurs parents d’enfants que notre fille a pu connaître dans son école maternelle. Aujourd’hui, nous n’avons plus de contacts avec ces parents alors que leurs enfants sont à l’école privée de notre ville. Une école qui se trouve à cinq minutes à pied de l’école publique de notre fille.
Les parents de ces enfants ne sont ni infirmiers, ni aide soignants. Un ou deux ingénieurs. Ou équivalents. Cadres sup. Je connais personnellement un couple dont les deux enfants sont également à l’école privée de notre ville. La femme du couple était une ancienne très bonne amie de ma sœur. Donc, je connais vraiment plutôt personnellement ce couple. Profil de cadre sup.
Donc, même si j’ai pu entendre dire que pour faire admettre son enfant dans cette école privée, qu’il convient de persévérer et de s’y reprendre à plusieurs fois, où est, déjà, la bienveillance dont nous bénéficions, ma compagne, notre fille et moi, à devoir constater que la plupart des parents, dont les enfants sont aujourd’hui dans cette école privée depuis plusieurs années, occupent des fonctions professionnelles « supérieures » socialement et économiquement aux nôtres ?!
Hier matin, j’en ai rajouté dans les arguments devant mon thérapeute pour démontrer à quel point le métier d’infirmier est déclassé. Mais peut-être, aussi, pour bien lui faire comprendre à quel point j’avais encore besoin de ses services.
Pendant le premier confinement dû à la pandémie du Covid, en 2020, on applaudissait les soignants à 20h. Pour les encourager et les remercier pour leur « courage » et leur « héroïsme ». Un an plus tard, on suspendait certains de ces héros car ceux-ci refusaient de se faire vacciner contre le Covid. Ainsi depuis la fin de l’année dernière, ma compagne est-elle sans salaire. Où est la bienveillance dont ma compagne, comme d’autres dans sa situation, suspendus pour les mêmes raisons, bénéficie ? Dont notre fille et moi bénéficions ?
Néanmoins, il arrivera un jour où je devrais aussi rappeler à ma compagne deux points auxquels elle devra se conformer que cela lui plaise ou non :
Si être fonctionnaire assure en principe la sécurité de l’emploi, cela impose aussi des Devoirs. Un fonctionnaire se doit à certains actes si son employeur le lui demande ou l’exige de lui. En contrepartie, son employeur lui verse un salaire et lui assure la sécurité de l’emploi. Et, cela, je crois, a été oublié par ma compagne et d’autres.
En refusant la vaccination obligatoire contre le Covid.
Après tout, même des Ministres ou des députés qui sont des très hauts fonctionnaires de l’Etat sont amenés à démissionner lorsqu’ils ne correspondent plus à certains critères exigés, à certaines obligations décidées, par l’Etat. Alors, des « petits » infirmiers et aides soignants, qui sont des tout petits fonctionnaires en comparaison n’ont aucune possibilité de s’opposer à l’Etat si celui-ci décide de les suspendre ou de les révoquer en cas de désaccord majeur ou autre.
Il a été question quelques temps, devant la pénurie soignante, de réintégrer le personnel soignant non vacciné. Hier matin, mon thérapeute m’a confirmé que la Haute Autorité de Santé (la HAS) l’avait finalement refusé. Et, c’est facile à comprendre :
Des personnes sont mortes du Covid car celui-ci a été transmis ou aurait été transmis par du personnel soignant non vacciné contre le Covid. Avant que la vaccination contre le Covid ne devienne obligatoire. Je connais au moins une personne, dans notre ville, que ma compagne a croisée une fois, dont le père est mort du Covid dans l’EPHAD où il se trouvait. Selon cette connaissance, que je crois fiable, son père était en bonne santé. Et c’est une infirmière ou une soignante, porteuse du Covid, qui aurait transmis le Covid à plusieurs pensionnaires de l’EPHAD.
Comment voulez-vous après ce genre d’événement réintégrer dans des lieux de soins des soignants non vaccinés contre le Covid ?
Et comment vont le prendre celles et ceux qui se sont obligés (ou soumis) à la vaccination obligatoire contre le Covid ?
Enfin, beaucoup plus cynique mais le livre Les Fossoyeurs de Victor Castanet, qui a fait « scandale » concernant le mode de gestion des EPHAD, va dans ce sens :
Cet été, malgré la pénurie de soignants, on n’a pas entendu parler de scandale sanitaire, de surmortalité dans les hôpitaux malgré la canicule. Donc, on a pu ou su se passer des soignants suspendus. Pire :
Ce qui est très pratique avec ces soignants suspendus, c’est qu’ils permettent de faire des économies. Puisque l’on n’est plus tenu de leur verser de salaires depuis bientôt un an. Ce qui reste raccord à la fois avec la politique de l’autruche et des économies budgétaires imposées aux établissements de soins depuis plusieurs décennies. Donc bien avant que l’ouvrage de Victor Castanet ne paraisse début 2022 et ne fasse « scandale ». L’oubli est l’une des plus grandes compétences espérées chez celles et ceux qui décident de la gestion de l’avenir des lieux de soins depuis des années.
Je crois donc de plus en plus que les soignants suspendus comme ma compagne, s’ils persistent à refuser le vaccin anti-Covid, vont être ni plus ni moins oubliés et sacrifiés par le gouvernement. Mais aussi par les établissements qui les « emploient ». Là encore, de quelle bienveillance, ma compagne, notre fille et moi bénéficions-nous ?
D’un point de vue familial, comme beaucoup de personnes, ma compagne et moi avons vécu des événements plutôt « névrotisants » en tant qu’enfants. La violence, l’alcoolisme et/ou la dépression ont auréolé notre enfance. Ces héritages laissent des traces. Des habitudes. Des automatismes. De défense, de repli, de fuite, de combat, de recherche ou de….réplication.
Un soignant, d’autant plus en pédopsychiatrie et en psychiatrie, ou dans tout service de santé mentale, est un individu qui vient se poster qu’il s’en aperçoive ou non, près des frontières de son histoire originelle. Cela peut l’aider pour aider d’autres personnes. Mais cela peut aussi le troubler et le désemparer. Sauf s’il décide de rester sourd, barricadé et aveugle devant son histoire. C’est bien ce que les dirigeants au moins politiques- qui se répliquent- font en matière de politique de santé publique depuis des années :
Rester sourds, barricadés et aveugles. Et budgéter. Il est plus facile de compter des chiffres et de regarder des statistiques.
L’une des conséquences est que bien des soignants ont l’impression de faire l’expérience du servage.
Reculons encore en arrière dans le temps et on tombe sur la toile d’araignée de….l’esclavage. Soit sur l’expérience de l’esclavage. Soit sur la mémoire plutôt traumatisante de l’esclavage. Une mémoire -enfouie ou non- qui résiste sur l’arbre du temps que l’on porte en soi. Et où l’on peut s’apercevoir que, blancs ou noirs, on peut être nombreux à avoir une certaine expérience, plus ou moins lointaine, de l’esclavage.
Mais sans aller jusqu’à l’esclavage car cela ennuie d’en entendre encore parler, rappelons tout simplement le racisme. En tant qu’homme noir, je suis content de dire que je préfère vivre dans la France en 2022 plutôt que dans la France de 1822. Néanmoins, je reste un homme noir dans un pays de blancs. Et notre fille est une métisse dans un pays de blancs.
Mais aussi dans un pays où les prénoms ont aussi leur importance. Lorsque j’ai eu trouvé le prénom de notre fille ( ce prénom est le résultat à la fois des exigences de sa mère mais aussi de ma petite créativité), j’étais content. Cependant, à aucun moment je n’ai pensé au fait que certains prénoms passent « mieux » que d’autres les filtres des sélections lorsque l’on présente un dossier pour une candidature. Il n’en demeure pas moins que, noir en France, portant un prénom plutôt qu’un autre, cela expose ou peut exposer à certaines violences. Des violences directes et indirectes, immédiates ou différées, visibles ou invisibles. A moins de rester à la place qui nous a été allouée. Si notre place consiste à faire dame pipi ou silhouette d homme de ménage sur un plateau de tournage aucun problème. On peut porter le nom que l’on veut. Et être noir ou arabe peut alors se révéler un avantage.
Est-ce-que notre fille aurait déjà été admise à l’école privée si elle s’était prénommée Marie, Elizabeth, Théresa, Geneviève ou Victorine ?
Aucune idée. D’autant que je sais qu’il y a des petites Arabes et musulmanes admises à l’école privée.
Donc, on peut et on sait applaudir des soignants par temps de pandémie tandis que l’on reste bien à l’abri chez soi. Par contre, lorsqu’il s’agit d’admettre leur enfant dans une école privée ou dans une bonne école, on fait les difficiles.
L’école publique de ma fille a perdu un tiers de son budget par rapport à l’année dernière. Comme d’autres parents, je l’ai appris la semaine dernière par son nouveau Maitre d’école lors de la réunion de rentrée. Un maitre d’école en qui je crois et qui a pu dire à la fin de la réunion, durant laquelle il aura gardé son sourire :
« J’aime la difficulté ».
Ce maitre d’école nous a appris faire trois heures de trajet pour venir à l’école puis trois autres heures pour rentrer chez lui à chaque fois.
Hier après-midi, le papa d’une ancienne copine de ma fille m’a appris que dans son école (une autre école publique de notre ville), il y ‘avait une pénurie de rames de papier.
Où est la bienveillance dans tout ça ?
Lorsque ces quelques expériences de violences de rejet, d’indifférence ou de maltraitances finissent par croiser, ce qui est inévitable, l’anxiété mais aussi l’épuisement ou le découragement d’un parent concernant l’avenir de son enfant, mais aussi son propre avenir en tant qu’individu, il ne faut pas s’étonner si celui-ci en arrive, par moments, par secréter de la violence et l’infliger à sa descendance ou à son entourage. Ou à lui-même.
Mais on parle très peu de ça dans notre société « bienveillante ». Dans notre société « bienveillante », il y a d’un côté les travailleurs qui en veulent, qui s’en sortent, parce-qu’ils le voulaient vraiment. Et puis, d’un autre côté, il y a tous les suspendus, les contaminés, les pauvres types, celles et ceux qui passent leur temps à se plaindre au lieu de se sortir les doigts du cul et que l’on condamne.
Car, dans notre société « bienveillante », tout le monde sait que celles et ceux qui restent sur le côté, qui échouent et qui n’arrivent à rien, sont toujours celles et ceux qui l’ont bien cherché et qui l’ont mérité. Et qu’il faut éviter. Sauf si l’on est soignant ou travailleur social. Dans ce cas, on nous parle de vocation. Alors même qu’il faudrait plutôt, un certain nombre de fois, parler plutôt de sacrifice compte tenu des conditions qui sont faites à ces soignants et à ces travailleurs sociaux non seulement pour travailler mais, aussi, pour vivre.
Une école privée est-elle véritablement l’assurance d’une vie réussie ? Disons que dans un monde et un pays où il est devenu résiduel et même normal d’avoir peur de tout que l’on s’en convainc plus facilement. Sauf que je suis incapable d’affirmer si ce dernier point de vue est le résultat de mon esprit résigné ou de la vitalité encore conservée de ma lucidité.
Photo prise ce lundi 16 Mai 2022 au matin, depuis un train de la ligne J, Paris-St-Lazare/ Conflans Ste Honorine, direct pour Argenteuil.
Dans des transports en commun parisiens ce lundi 16 Mai 2022
Si l’être humain se porte quelques fois volontaire pour connaître des transports amoureux, il est dans les faits beaucoup plus familier avec les transports en commun.
Les transports en commun font partie de nos Dieux quotidiens. Ce sont eux qui donnent du rythme à notre vie et nous orientent lorsque nous avons à nous rendre à un endroit donné. L’automobile fait partie de sa famille.
Ce train bleu, il y en a de moins en moins, j’ai aimé le prendre. Surtout lorsqu’il était direct pour Paris ou afin de rentrer à Argenteuil où j’habite. En 11 minutes assez souvent. C’est une durée confortable, qui plus est sur un trajet qui reste en extérieur plus qu’en décors naturels.
J’ai connu des trajets bien plus longs, de trente à quarante cinq minutes, pour arriver à Paris depuis la banlieue comme pour y retourner.
Ce lundi 16 Mai 2022, dans des transports en commun parisiens, ce matin, estparticulier. Depuis aujourd’hui, nous avons à nouveau le droit de prendre les transports en communsans avoir l’obligation de porter un masque anti-Covid. Lors du premier confinement de mars 2020 décidé à la suite de la pandémie du Covid, le port du masque était facultatif car il y ‘avait une pénurie de masques anti-Covid. Les masques FFP2, ceux considérés comme les plus protecteurs, avaient été très rapidement » en rupture de stock ». Et, pour celles et ceux qui, comme moi, avaient été tenus de continuer à prendre les transports pour aller travailler, c’était chacun pour soi avec ou sans masque. Chacun faisait comme il le pouvait avec le masque qu’il trouvait. Lorsqu’il en trouvait.
Paris, rue de Rivoli, Photo prise le 1er Mai 2020.
Puis, début Mai 2020, des supermarchés, et des pharmacies, nos autres Dieux communs, avaient commencé à multiplier – dans leurs rayons et à leurs caisses- le nombre de masques anti-Covid. Dès lors, le port du masque anti-Covid devint obligatoire dans les transports en commun ainsi que dans la plupart des lieux publics, restés ouverts car déclarés « essentiels », supermarchés inclus.
Dans la médiathèque de ma ville, lorsque celle-ci était redevenue ouverte au public, il est longtemps resté obligatoire non seulement de porter un masque anti-Covid mais aussi de présenter un passe sanitaire valide ou un test-antigénique négatif alors même qu’il était redevenu possible de circuler dans le centre commercial (Géant) de la ville sans avoir à présenter de passe sanitaire ou de test antigénique…..
Vers la fin 2020, les premiers vaccins anti-Covid commencèrent à apparaître, et, avec eux, une forte suspicion, partagée par une partie de la population, quant à leurs effets secondaires compte-tenu de la rapidité de leur conception. L’être humain aime que les miracles interviennent vite lorsqu’ils se déroulent dans des histoires sacrées, pour obtenir une augmentation de salaire, au cinéma ou lors de rencontres amoureuses mais un peu moins lorsqu’il s’agit de se faire percer la peau ou le corps par une aiguille transportant un produit inconnu, mystérieux, non domestiqué de façon convenable et soupçonné de pouvoir nous transformer définitivement. Et malgré notre volonté.
Ce sentiment ou cette impression brutale et nouvelle de menace, de contrôle politique, sanitaire, social et corporel fort peu « corporate » a provoqué chez certains individus pouvant être classifiés comme » complotistes, abrutis, irrationnels ouirresponsables » des réactions de résistance ou de refus variables et plus ou moins vifs, contradictoires et tenaces.
J’ai fait partie de ces récalcitrants. Je n’étais pas chaud pour cette histoire d’amour avec cette science injectable, toute puissante, et urgente. Ainsi qu’avec le fait d’être poussé ou plutôt jeté et maintenu, vivant, et de manière répétée, dans ce siphon fortement anxiogène dont il était impossible, officiellement, de ressortir vivant et bien portant, une fois que l’on avait contracté le Covid.
Mais les vaccins anti-Covid sont devenus obligatoires à partir de l’été 2021 et encore plus dès octobre de la même année. J’ai dû choisir entre ma suspension professionnelle, économique et sociétale et la suspension injectable dans le muscle deltoïde.
Si j’avais été à la retraite ou proche de celle-ci, et que je vivais, en disposant d’une situation et d’une protection économique et sociale satisfaisante, dans une région, peu ou modérément habitée, avec un enfant majeur, « vacciné » et autonome, j’aurais sûrement fait partie de celles et ceux qui, aujourd’hui, encore, se tiennent contre la vaccination anti-Covid obligatoire.
Paris, rue de Rivoli, Mai 2022.
Argenteuil, la ville où j’habite, et Paris, l’autre ville où je travaille et y ai diverses activités choisies, ne correspondent pas aux critères de « région peu ou modérément habitée ». Et, j’ai très mal vécu que ma fille se retrouve privée d’une sortie organisée par le conservatoire d’Argenteuil parce-que, ni sa mère ni moi, ne disposions du pass sanitaire permettant de l’accompagner.
A moins de se retirer ou de frauder, vivre sans passe sanitaire et sans vaccination anti-Covid devenait beaucoup plus difficile et beaucoup plus couteux que de prendre régulièrement les transports en commun sans payer. L’être humain a aussi besoin de vivre sans devoir penser et tout anticiper en permanence. Etre vacciné contre le Covid, disposer de son pass navigo ou de son véhicule particulier, c’est aussi pouvoir se déplacer sans avoir à penser aux conséquences d’éventuels contrôles. C’est aussi moins dépendre des autres.
Me suis-je senti plus protégé, ai-je eu l’impression de mieux protéger mon entourage, une fois vacciné ? Je ne suis pas expert en épidémiologie et encore moins en sciences du risque si ces sciences existent. Je sais que pour exercer mon métier d’infirmier, comme pour se rendre dans certaines régions du monde, mais aussi que pour certaines pratiques, que certains vaccins comme certaines précautions sont obligatoires.
Ensuite, intervient notre rapport personnel au risque, à l’interdit, au danger ainsi qu’avec nos propres croyances, ce qui constitue, quand même, une bonne partie de notre identité, de nos choix personnels et de notre individualité. Cette pandémie du Covid nous a quand même mis face à des décisions autoritaires ou plus ou moins autoritaires. Et ces décisions, sans doute, et je l’espère, salutaires, ont aussi eu pour effet d’annihiler une certaine part de notre identité faite de dualité mais aussi de susciter ou d’entretenir de la méfiance. Et des doutes.
Je crois par exemple que certaines personnes sont plus exposées que d’autres aux formes graves du Covid. Je crois qu’il est impossible, contrairement à ce que croit le gouvernement chinois, d’éteindre ou d’éradiquer complètement la pandémie du Covid. Il est d’ailleurs très étonnant, voire discordant, que la Chine, actuellement deuxième Puissance Mondiale, qui est- aussi- le pays du Ying et du Yang, pays dont la médecine traditionnelle est millénaire et efficiente, soit le pays dont le gouvernement chinois actuel, dit moderne, plutôt autoritaire, entend se débarrasser complètement non seulement du risque mais aussi de cette dualité du Ying et du Yang à propos de la pandémie du Covid.
La pandémie du Covid a provoqué une certaine rupture entre ce que nous savons et ce que nous croyons.Ce que nous savons, c’est ce que nous avons appris, apprenons et pouvons prendre ou digérer du monde extérieur. Ce que nous croyons concerne notre vie intime et ce que nous acceptons ou refusons de prendre du monde extérieur.
Si je crois, aussi, néanmoins que, comme bien des Chinois, en me faisant vacciner contre le Covid, comme des millions de personnes, une fois de plus, j’ai fait mon devoir, je sais, aussi, qu’autour de moi, toutes les personnes que je connais qui se sont faites vacciner contre le Covid, et qui connaissent des personnes qui se sont faites vacciner contre le Covid, aujourd’hui se portent bien. Quel que soit leur âge, leurs traditions, leur poids, leur emploi, leur mode de vie ou leur scepticisme antérieur à leur vaccination contre le Covid. Mais je le « sais » parce-que ma personnalité et ma sensibilité me permettent, à un moment donné, de l’envisager et de le constater. Bien des expériences nous démontrent que notre perception personnelle ou subjective d’un événement, d’une information ou d’une situation peut beaucoup influencer notre façon de la comprendre :
Si untel me regarde, c’est parce qu’il m’aime ou me dénigre, selon ce que je ressens voire selon ce que j’attends ou exige de lui.
Une attente ou une exigence dont la personne concernée ignore peut-être tout ou qu’elle est incapable de satisfaire même si elle le souhaitait.
Ce matin, j’ai pris la ligne 14 depuis le 13ème arrondissement jusqu’ à la gare St Lazare, à une heure d’affluence. Et, sans aucun doute que mon état de fatigue (après avoir travaillé de nuit pendant plus de 12 heures ) et mon humeur générale ont influé sur ma façon de percevoir mon environnement immédiat.
Paris, près de la gare St Lazare, photo prise ce 14 ou ce 15 Mai 2022. Au fond, la couverture de l’hebdomadaire » Le point » montrant Emmanuel Macron, Président de la République, réélu en avril 2022 pour cinq ans.
Il était plus de 8 heures 30. La ligne 14 était bondée. Mais j’avais pu trouver une place assise. A vue d’œil, je dirais que 50 à 60 pour cent des passagers de la ligne 14 étaient sans masque anti-Covid. Mais c’est une perception très empirique.
Vu qu’il fait chaud et que cela fait maintenant près de deux ans que nous avons obligation de porter un masque anti-Covid, dès que nous nous trouvons dans un endroit public, j’ai profité de cette « autorisation » de non-port du masque anti-Covid pour m’en dispenser. Jusqu’alors, je continuais de porter un masque dans les transports en commun. Même si, depuis plusieurs jours ou semaines, certaines personnes ou catégories de personnel (des policiers en particulier) se déplaçaient déja sans masque dans les lieux où l’individu lambda, lui, était tenu d’en porter. Le « non-port du masque anti-Covid » étant une infraction pouvant donner lieu à une interpellation policière ou à une amende.
Depuis octobre de l’année dernière, ma compagne, infirmière, non vaccinée contre le Covid, est suspendue de ses fonctions. Nous marchons donc sur un seul salaire, le mien, et des économies que nous avions réussi à faire à « l’époque » d’avant la pandémie du Covid et de l’obligation vaccinale contre le Covid pour les soignants.
De mon point de vue, au mieux, ma compagne reprendra peut-être ses fonctions à la fin de l’année ou l’année prochaine. L’année d’après, plutôt ?
Evidemment, je ne me sens pas le droit de tomber malade. Ni le droit de me plaindre, non plus. D’abord, je ne vois pas très bien ce que cela m’apporterait. Concrètement. Et puis, contrairement à d’autres, qui ont perdu le leur depuis la pandémie, et même avant elle, j’ai toujours un travail. Et nous mangeons à notre faim.
Pour cet été, il est déjà prévu que la pénurie soignante, dans les hôpitaux, sera encore plus « abondante » que lors des étés précédents selon Martin Hirsch.
Martin Hirsch a été nommé dirigeant de l’AP-HP (Assistance Publique- Hôpitaux de Paris ) par décret fin 2013.Sur décisiongouvernementale, donc, Martin Hirsch a œuvré depuis 2013 en faveur de la « réforme des hôpitaux publics ».
En 2013, il existait déjà une certaine pénurie infirmière. Ainsi qu’une certaine pénibilité déjà croissante des conditions de travail du personnel soignant.
La « réforme » des hôpitaux publics a aussi consisté à (continuer de) fermer des lits, à (continuer de) supprimer des postes de soignants comme à réduire le nombre de RTT annuels des soignants.
Il y a quelques semaines, Martin Hirsch a « alerté » quant au fait que la situation était grave, pour cet été, en termes de pénurie infirmière. En effet, chaque été, comme des millions de Français, le personnel infirmier a aussi envie et besoin de prendre des vacances. Et, encore plus sans doute après avoir fait partie de ces « héros de la Nation» tels qu’avait pu les nommer le Président Macron (et d’autres femmes et hommes politiques d’autres courants, soyons suffisamment réalistes) qui ont fait face à la pandémie du Covid à partir de mars 2020 et qui, ont, un temps, été applaudis à l’heure du journal de 20h.
Il y a trente ans, le personnel infirmier tenait aussi à partir en vacances en été comme des millions de Français. Mais, il y a trente ans, il était assez courant qu’une infirmière ou un infirmier titulaire reste dans son service un certain nombre d’années. Entre cinq et dix ans. Aujourd’hui, il est devenu de plus en plus courant que des infirmiers choisissent d’être intérimaires ou vacataires, après l’obtention de leur diplôme ou après avoir été titulaires d’un poste pendant quelques années. La différence ? Une plus grande facilité pour partir mais aussi pour choisir les services où l’on va préférer retourner travailler. Parce-que les conditions de travail y seront considérées acceptables. Parce-que le salaire perçu pour y exercer sera à peu près honorable.
Paris, rue de Rivoli, photo prise Mi-Mai 2022.
Récemment, une connaissance, une jeune infirmière, âgée d’à peine trente ans, a quitté le poste qu’elle occupait dans une clinique. Elle y travaillait depuis trois ans. Parmi ses projets, elle comptait faire de l’intérim ou des vacations et peut-être partir à l’étranger.
Ce matin, lorsque j’ai pris le train me ramenant à Argenteuil, j’ai entendu l’annonce nous informant qu’à compter d’aujourd’hui le port du masque anti-Covid n’était plus obligatoire dans les transports en commun mais « recommandé » ou « fortement recommandé » en période d’affluence. Dans le train Bombardier où je me trouvais, cette fois, contrairement à la ligne 14 que je venais de prendre, il y avait peu de monde. Puisque j’étais dans le sens inverse de la « migration » des travailleurs se rendant massivement à Paris ou passant par Paris à cette heure de pointe. Et, je me suis demandé quelle photo je pourrais prendre pour illustrer ce jour particulier. Puis, j’ai aperçu ce train bleu de banlieue qui passait à côté du nôtre. Les deux trains ont ainsi circulé côte à côte pendant plusieurs secondes. Puis, le train bleu s’est éloigné.
Photo prise ce lundi 16 Mai 2022.
On aimerait que la pandémie du Covid soit comme ce train bleu. Qu’il y’en ait de moins en moins puis qu’elle disparaisse complètement. On se convainc peut-être que, désormais, ce sera mieux vu que, à nouveau, nous pouvons nous dispenser de masque anti-Covid dans les transports en commun « comme avant ». Sauf que si nos transports en commun peuvent, eux, faire des retours en arrière et nous ramener indéfiniment vers les mêmes destinations, nos Dieux communs, eux, tout comme nos histoires d’Amour ne reviennent pas en arrière. Car, comme nous, nos Dieux communs ont aussi besoin de renouveau, parfois à nous rendre fous, un peu, aussi, comme des vautours, finalement. Oui, comme des vautours.
Cette question presque philosophique fait la couverture du numéro 3763 de l’hebdomadaire Télérama de cette semaine. La semaine du 26 février au 4 mars 2022.
Depuis que j’ai aperçu cette question une première fois sur la couverture de Télérama, celle-ci m’a perfusé au goutte à goutte. Les premiers effets de ce « traitement » me poussent à écrire mes réponses.
La couverture de Télérama, d’abord, donne aussi des réponses et des indications.
Sur la couverture du Télérama de cette semaine, on aperçoit une femme aux cheveux châtains clairs, la tête dans les bras. Epuisée ou accablée. Elle doit avoir la trentaine tout au plus. En tout cas, elle incarne la jeunesse. Une jeunesse épuisée ou accablée. Soit l’exact contraire de ce qu’est supposée incarner la jeunesse : l’optimisme, la vitalité, l’insouciance, le rire.
Une de ses mains porte un gant bleu. De ces gants utilisés aussi pour se protéger d’éventuelles expositions au sang. Celui des patients dont les infirmières prennent soin.
Le bras droit de celle qui nous est présentée comme infirmière semble avoir un peu la chair de poule. Cela peut être dû au froid, à la fatigue. Ou à la peur. Eventuellement protégée du sang ou d’autres secrétions par ses gants bleus, « l’infirmière » qui nous est montrée n’en reste pas moins exposée à ces autres extrêmes que sont le froid, la fatigue ou la peur. Ou la dépression.
A ces extrêmes, il faut en rajouter un autre qui combine puissance et impuissance :
La solitude.
Car l’infirmière est montrée seule. La même photo montrant plusieurs infirmières dans la même position parleraient moins de cette solitude. On peut évidemment être seuls en étant à plusieurs. Mais c’est une sorte de nomenclature : si l’on veut parler de la solitude, il faut isoler quelqu’un.
Je remercie l’hebdomadaire Télérama pour cette couverture. Pour aborder, sur quatre pages, le sujet de la condition des infirmières en France. Dans cet article, on apprend qu’il y a 700 000 infirmières en France. Et on « lit » que de plus en plus quittent l’hôpital public ou la profession car dégoutées par la dégradation des conditions de travail. Que cette dégradation s’est prononcée « depuis 2004 surtout, avec l’instauration de la tarification à l’activité (T2A), qui, en rémunérant les établissements en fonction des actes médicaux, a condamné les hôpitaux publics aux affres financiers. Et transformé les soignants en marathoniens du soin, fragilisant tout un système de santé qui a dû, depuis, endiguer les vagues successives de Covid ». (Télérama numéro 3763, page 18. Article Mathilde Blottière. Photos d’Anthony Micallef).
Remerciements et réserves :
Je remercie Télérama pour cet article. Mais j’aurais aimé que, pour changer, que ce soit un homme qui ait écrit cet article. Comme j’aimerais bien, aussi, que le Ministre de la Santé et des affaires familiales et sociales soit plus souvent un homme qu’une femme.
Pour le dire autrement : La profession infirmière, la perception que l’on en a mais aussi la perception que l’on peut avoir de certains sujets de société en France restent subordonnés à des visions et à des conceptions tombées et restées dans les trappes du passé.
On retrouve aussi ça parmi les femmes et les hommes politiques de France. Un demi siècle après sa mort, une bonne partie des femmes et des hommes politiques qui aspirent à diriger la France sont là à aspirer ce qui reste de la momie du Général De Gaulle. Et font de la réclame pour leur parti et leur programme en se servant des actes héroïques et passés des autres (De Gaulle, Jeanne d’Arc, Louis XIV, Napoléon, ainsi que des écrivains, des philosophes, des scientifiques qui ont marqué l’Histoire française).
Les personnalités du passé qui, aujourd’hui, malgré leurs travers ou leurs crimes, servent souvent de modèles avaient une vision. Ils croyaient en l’avenir, l’anticipaient, le préparaient, s’appliquaient à «l’embellir ». Aujourd’hui, si l’on regarde les femmes et les hommes politiques qui « réussissent », ils semblent surtout se démarquer dans l’art d’élaborer des stratégies pour constituer des alliances, pour obtenir le Pouvoir, mais aussi dans l’art de faire de la récupération.
Des femmes et des hommes politiques qui ont une véritable vision auraient anticipé et fait le nécessaire pour éviter que la profession infirmière, et d’autres professions, soit aussi vulnérable.
Dans le journal » Le Canard Enchaîné » de ce mercredi 23 février 2022.
Malheureusement, je vais aussi devoir ajouter qu’une société véritablement éclairée saurait aussi parler de la profession infirmière, mais aussi la raconter et la faire parler, à d’autres moments que lorsque ça va mal. Parce-que si l’on peut reprocher aux élites politiques de France de s’être préoccupées de surtout prendre soin d’elles, de leurs proches ou de leurs alliés, on peut aussi reprocher à celles et ceux qui diffusent l’information (donc, parmi eux, des journalistes) de parler principalement de la profession infirmière pour relater ses difficultés comme ses souffrances réelles.
Dans notre pays de grands philosophes et de grands intellectuels, on dirait qu’il est impossible, aussi, de parler de ce que la profession infirmière a réussi et réussit. On dirait que les très hauts penseurs de ce pays sont incapables de valoriser ou d’expliquer le travail qui peut être réalisé par la profession infirmière. Une profession qui, pour être exercée, nécessite moins d’années d’étude que ces élites n’en n’ont faites, élites, qui imposent leur mainmise sur une grande partie des moyens d’expression.
Je remercie donc Télérama et tous les autres journaux ou hebdomadaires qui ont écrit ou écriront à propos de la profession infirmière. C’est nécessaire et utile. Cela apporte sans aucun doute un réconfort salutaire aux soignants qui se sentent ainsi moins invisibles et moins ignorés.
Mais ces articles, celui de Télérama et d’autres média, ne suffiront pas pour que la situation infirmière s’améliore.
Le Télérama numéro 3763, du 26 février 2022 au 4 mars 2022, page 18.
« C’était la guerre »
« Nous sommes en guerre… » avait dit le Président Emmanuel Macron » De Gaulle » ( lequel, d’après les sondages, devrait être réélu cette année) pendant son allocution télévisée pour annoncer le premier confinement dû à la pandémie du Covid ( Panorama 18 mars-19 avril 2020).
C’était en mars 2020. Et, je crois que je travaillais de nuit, dans le service de pédopsychiatrie où j’étais encore à cette époque. J’avais regardé une partie de cette allocution sur la télé du service alors que les jeunes hospitalisés étaient couchés.
Cela me paraît déjà très loin. C’était pourtant il y a juste à peine deux ans.
Il y a quelques jours, j’ai discuté avec une jeune collègue infirmière intérimaire. Elle doit avoir 35 ans tout au plus. A peu près l’âge de l’infirmière que l’on voit sur la couverture de Télérama. Cette jeune collègue infirmière m’a appris avoir travaillé pendant dix ans dans un service de réanimation dans un hôpital de banlieue près de chez moi que je « connais ». Quand je lui ai demandé pourquoi elle avait quitté son poste alors que, visiblement, elle aimait « ça », elle m’a parlé de la pandémie du Covid en ces termes :
« C’était la guerre…. ». Le même mot utilisé par le Président Emmanuel Macron avant le premier confinement. Pourtant, je n’ai pas fait le rapprochement. Tout simplement parce-que le Président Macron et quelques autres n’ont pas fait la même guerre que beaucoup d’autres. Un même mot pour deux expériences opposées et très différentes.
Comme principale expérience d’un service de réanimation, j’ai uniquement les deux stages effectués durant ma formation d’infirmier. Ma mère, ancienne aide-soignante dans un service de réanimation, a connu cet univers bien plus que moi.
Néanmoins, lorsque cette jeune collègue, déjà « ancienne » infirmière de réa m’a dit que « C’était la guerre pendant la pandémie du Covid », je n’ai pas eu besoin de détails supplémentaires. A aucun moment je n’ai eu le besoin de vérifier ses propos en lui demandant des exemples. C’était immédiatement concret pour moi. Et, il était aussi indiscutable pour moi que cette jeune collègue infirmière, et ses collègues, durant la pandémie du Covid, avaient traversé des conditions de travail très difficiles. Des conditions de travail insupportables qu’elles avaient dû, pourtant, une fois de plus….supporter. Parce-que l’histoire des conditions de travail des infirmières, au moins depuis trente ans, est que, étrangement, la souffrance soignée par les infirmières semble se « transvaser » indéfiniment dans leurs propres conditions de travail. Les infirmières soignent des personnes qui souffrent. Mais il semble désormais inéluctable que pour soulager les autres, les infirmières doivent accepter de souffrir en plus en plus elles-mêmes. Et porter sur leurs épaules ces peurs, ces souffrances et cette mort que le monde des décideurs et des « winner » fuit et dont il se débarrasse au plus vite.
La souffrance et les états de faiblesse, de handicap et de mort, sont en quelque sorte des « déchets » que l’infirmière est chargée de prendre dans ses bras. « On » est bien content qu’elle soit là pour s’en occuper. Mais sans faire de bruit. « On » lui jette quantité de « déchets » sur la tête par le biais d’une colonne verticale depuis plusieurs immeubles de dix huit étages. Et, c’est à elle de se démerder avec ça. Elle est « payée » pour ça. Et, elle devrait même remercier pour cette générosité qui lui est faite d’être salariée. Alors que ce qu’on lui permet de vivre est bon pour son karma. Du reste, elle a choisi cette vie-là. Alors, qu’elle ne se plaigne pas…
La profession infirmière continue d’avoir l’image d’une profession de foi religieuse, où la crucifixion serait le nirvana de l’infirmière ou de l’infirmier, alors que la société a évolué. Et que les êtres qui décident de devenir infirmières et infirmiers ont une autre conception de la vie, une autre façon de concevoir leur vie personnelle et professionnelle, qu’il y a un demi siècle.
Et, je peux en parler un peu. A « l’époque » de ma mère et d’une de mes tantes (sœur de ma mère), en région parisienne, il était courant qu’une soignante fasse toute sa carrière dans le même hôpital, dans un voire dans deux services.
C’était il y a plus de trente ans. Où l’aspiration commune, une fois le diplôme d’Etat d’infirmier obtenu, était d’obtenir un poste de titulaire. Rares étaient les infirmières et infirmiers qui ne faisaient que « de» l’intérim ou des vacations. Lorsqu’entre 1989 et 1992, je faisais un peu d’intérim, à droite à gauche, peu après mon diplôme, parmi les autres intérimaires, je croisais surtout des infirmiers et des infirmières sensiblement plus âgées que moi et qui avaient un poste de titulaire ailleurs.
Autre anecdote : je me rappelle maintenant, par amour pour ma copine d’alors, être allé rencontrer à son domicile, à Paris, le poète Guillevic, autrement plus âgé que moi. Ce devait être entre 1990 et 1992. Lorsque je lui avais expliqué que je travaillais par intérim ( je vivais encore chez mes parents et avais repris des études en parallèle), celui-ci, mi-interloqué, mi-contrarié, m’avait en quelque sorte demandé si je « jouais » en quelque sorte avec le travail. J’avais alors senti chez lui une espèce de respect moral du travail salarié. On se devait à son poste de salarié. Le travail était un engagement sérieux. Et pas une sorte de « papillonnage ». A cette époque, mes missions par intérim consistaient à faire une mission d’une journée dans un service. Et, un autre jour, ou une nuit, dans un tout autre service et dans un autre établissement hospitalier à Paris ou en région parisienne. Si l’intérim existait déja dans le monde du travail dans les années 90 d’une manière générale, il était moins répandu parmi les jeunes infirmières et infirmiers diplômés de ma connaissance. La norme, c’était d’avoir un poste fixe puisque le diplôme d’Etat d’infirmier, en région parisienne, assurait la sécurité de l’emploi. Et que c’était alors la priorité : la sécurité de l’emploi, fonder un couple, faire des enfants, acheter une maison ou un appartement si on pouvait…..
A l’inverse, depuis à peu près dix ans, environ, en région parisienne, il est devenu assez courant de rencontrer des infirmières et des infirmiers, qui, une fois diplômés, préfèrent être intérimaires et/ou vacataires. Et, concernant celles et ceux qui sont titulaires de leur poste, ceux ci sont aussi plus mobiles qu’il y a trente ans. Lorsque j’ai commencé à m’établir comme infirmier en psychiatrie il y a bientôt trente ans, j’avais travaillé avec des collègues qui pouvaient rester à leur poste cinq ans ou davantage. Aujourd’hui, selon les services, les plus jeunes infirmières et infirmiers peuvent ne rester que deux ou trois ans puis partir pour un autre service. Ou, éventuellement, demander une disponibilité.
C’est à ce genre d’information que l’on comprend, aussi, qu’une profession change, qu’une façon de l’exercer, mais aussi, de s’affirmer, diffère par rapport à avant.
Répondre à la question : « Qui prendra soin des infirmières ? »
Cette question en couverture de Télérama, hebdomadaire qui bénéficie d’un lectorat élargi, a l’avantage, comme on dit, de « jeter un pavé dans la mare ». C’est sans aucun doute le but après la pandémie du Covid, mal gérée, mal anticipée et mal communiquée par les élites au moins politiques, mais aussi scientifiques, de France. Mais aussi après le « scandale » provoqué par la publication récente du livre Les Fossoyeurs de Victor Castanet. Livre que je n’ai pas encore lu. Mais dont le peu que je « sais » du contenu ne m’étonne pas :
J’ai fait quelques vacations, il y a plus de dix ans, dans une clinique psychiatrique gérée par le groupe Orpéa. Groupe privé mentionné dans le livre de Victor Castanet. Et, en 1988-1989, encore élève infirmier, j’avais fait des vacations de nuit dans une clinique de rééducation fonctionnelle qui, depuis, est devenue la propriété du groupe Orpéa. J’ai donc une « petite » idée des priorités du groupe Orpéa concernant les conditions de travail des infirmières.
Et si certaines élites découvrent en 2022 avec le livre de Victor Castanet qu’il se déroule des événements indésirables et indécents dans certains établissements de santé de France, pour cause de recherche débridée de bénéfices, j’hésite entre le cynisme, l’hypocrisie ou la cécité pour qualifier leur état d’esprit.
Je crois aussi à la cécité et à l’ignorance de certaines élites concernant les très mauvaises conditions de travail dans un certain nombre d’établissements de santé publics et privés, parce-que devant cette couverture de Télérama et cette question « Qui prendra soin des infirmières ? » j’en suis arrivé à comprendre que, pour beaucoup de personnes, les infirmières font partie d’une légion étrangère.
La France, comme d’autres pays, est constituée de diverses « légions étrangères civiles » prêtes à donner le meilleur d’elles-mêmes. On pourrait penser que la grandeur d’un pays ou de son dirigeant se mesure- aussi- à sa capacité à honorer et à préserver « les légions étrangères » qui se démènent. Mais, visiblement, ce n’est pas avec ce genre d’objectifs en tête qu’est géré le pays dans lequel nous sommes.
Les infirmières travaillent et vivent dans le même pays que des millions d’autres personnes qu’elles croisent, soignent, accompagnent, soutiennent, sauvent. Les infirmières protègent plus de personnes, de tous horizons, qu’elles ne peuvent s’en rappeler. Et elles sont admirées pour cela. Pourtant, malgré ça, elles n’en demeurent pas moins étrangères à cette Nation. Les infirmières peuvent faire penser à des sauveteurs en mer qui, souvent, risqueraient leur vie personnelle et familiale, mais aussi leur santé, pour d’autres qui sont en train de se noyer. Et qui, une fois en bonne santé, oublieraient par qui ils ont été sauvés, trouvant tout à fait normal d’avoir été sauvés, alors qu’eux-mêmes n’ont jamais sauvé et ne sauveront jamais personne.
Le journal » Le Canard Enchainé » de ce mercredi 23 février 2022. Au fond, à gauche, Eric Zemmour tentant de noyer Marine Le Pen, Présidente du Rassemblement National. A droite de ce tandem, Christiane Taubira, pour le Parti socialiste, et sa bouée, que, sur sa droite, Anne Hidalgo, Maire de Paris, également pro Parti socialiste, vient de percer avec une aiguille. Au dessus, sur le le plongeoir, Le Président Macron attendant le bon moment pour plonger dans la campagne pour les élections présidentielles qui vont débuter en avril. Devant Anne Hidalgo, Yannick Jadot, élu écologiste. Devant Jadot, Fabien Roussel, représentant du Parti Communiste Français. Au premier plan, agitant les bras, Jean-Luc Mélenchon de la France Insoumise. Derrière lui, Eric Ciotti avec son cou de Boa, n’espérant qu’une chose, que son « alliée », Valérie Pécresse, qui lui a été choisie, se noie.
Jetables, éjectables….
« Indigènes, ouvrières, colonisées, secondaires, subalternes, domestiques, négligeables, accessoires, jetables, éjectables, banlieues éloignées », on dirait que ces termes sont faciles à juxtaposer avec la profession infirmière.
Pour ces quelques raisons, je ne crois pas à un assaut de lucidité spontané des élites en faveur des infirmières.
Je crois que les infirmières sont les personnes les plus compétentes pour répondre à cette question posée par Télérama. Certaines ont commencé à y répondre en préférant l’intérim et les vacations à un poste de titulaire. D’autres en « faisant » des enfants. Ou en changeant de métier.
Si l’on regarde les élites, qui, souvent, servent de modèles, il existe d’autres réponses possibles.
« Les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinés », a indiqué Mardi le Ministre de la Santé, Olivier Véran.
Nous sommes le mercredi 27 octobre 2021. Et, il est 23h19 alors que je commence la rédaction de cet article dont j’ai eu l’idée ce matin en me levant. Cet article était ma première idée. Deux autres sont arrivées ensuite. Mais, d’abord, j’ai tenu en priorité à écrire sur la quatrième idée. Sur le film d’animation Même les souris vont au paradis/ un film d’animation de Jan Bubenicek et Denisa Grimmova vu samedi dernier lors du festival du cinéma tchèque. Car celui-ci est sorti aujourd’hui.
La journée est passée. J’ai pris du temps sur la rédaction de mon article consacré à Même les souris vont au paradis. Puis, ma compagne est partie chercher notre fille au centre de loisirs. Après son coucher, j’ai parcouru plusieurs journaux papier achetés le jour-même :
Les Echos ; Le Canard Enchainé ; Charlie Hebdo ; Le Parisien.
Et, me revoilà au dessus du clavier.
« L’admiration et le respect » :
Je n’ai pas encore parcouru L’Humanité et le New York Times du jour. J’ai délaissé le journal La Croix lors de l’achat des journaux. J’en ai eu pour un peu plus de 18 euros. C’est un coût alors que plein d’informations circulent « gratuitement » et « librement » sur internet. Cette information selon laquelle « les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinés », je l’avais lue incidemment sur le net alors que j’étais au travail. Hier, peut-être plutôt qu’avant hier. Et, j’avais aussitôt retenu cette information.
Parce-que je suis directement concerné en tant que soignant.
Je peux comprendre que la même information ait échappé à beaucoup d’autres gens qui, vaccinés ou non contre le Covid, en ont assez d’entendre parler de vaccins, de Covid, de passe sanitaire et de pandémie. D’autant qu’il convient de rétablir une vérité qui date de bien avant la pandémie du Covid :
Si beaucoup de personnes admirent souvent les personnels soignants- ce qui n’empêche pas par ailleurs d’insulter, de menacer, de dénoncer, d’agresser ou de cracher sur ces mêmes personnels soignants- c’est aussi parce-que, dans la vie courante, la majorité des gens préfèrent aller au restaurant, dans une salle de concert ou au cinéma plutôt que dans un hôpital ou dans une clinique. Alors, savoir que des personnes a priori sensées et fréquentables optent comme lieu de travail constant, jusqu’à leur départ à la retraite ou jusqu’à leur mort pour l’hôpital et la clinique, cela force l’admiration ou le respect.
Je peux aussi comprendre que cette déclaration ( » les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinés » ) soit passée inaperçue pour beaucoup de gens car nous sommes en pleines vacances de la Toussaint depuis bientôt une semaine. Ceux qui le peuvent et qui le souhaitent sont partis en week-end prolongé ou en congés. D’autant que, depuis quelques mois, nous pouvons à nouveau ( depuis le 9 juin ? ) circuler à peu près librement dans toute la France et dans un certain nombre de pays en dehors dès lors que l’on est vacciné contre le Covid et/ou que l’on peut présenter son pass sanitaire valide. Et, plus simplement, la période des vacances est une période où, généralement, on a besoin de couper avec les « actualités ». Je ne suis pas en vacances. C’est peut-être aussi pour cette raison que je suis tombé aussi facilement sur cette déclaration/information d’abord sur le net puis dans un journal.
Ce mercredi, je retrouve cette information-déclaration selon laquelle « les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinés » écrite noir sur blanc dans le journal Les Echos . Un article concis et discret. Je l’ai aussi pris en photo.
Le journal » Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021.
Pourquoi payer des journaux alors que l’on peut retrouver certaines informations gratuitement sur internet ?
Au moins parce qu’en payant, je lis encore à peu près ce que je veux lire dans des journaux. Au lieu de subir des thématiques d’informations ou publicitaires que je recevrais ensuite systématiquement parce-que, sur internet, j’aurais lu tel ou tel article s’y rapportant. La gratuité sur internet, mais aussi ailleurs, est souvent intéressée. Que cet intérêt soit partagé ou non.
J’achète aussi des journaux parce qu’en choisissant les journaux que j’achète, j’ai accès à plus d’informations, dans différents domaines, que celles que j’obtiens et trouve sur internet ou dans les journaux gratuits mis à notre « disposition » dans les gares. Je suis aussi un « traditionnel » pour lequel le contact physique avec le papier du journal et du livre est nécessaire pour un meilleur plaisir de lecture. Je tiens un blog à défaut de ne pas avoir de rubrique ( de chronique, plutôt) dans un journal papier; une expérience que j’ai connue il y a plusieurs années puis qui s’est interrompue pour raisons économiques et, sans doute, usure du rédacteur en chef.
Alors, 18 euros dans des journaux, c’est un coût. Mais la gratuité peut être une économie trompeuse.
« Les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinés »
Dans cinq ans peut-être, cette phrase toute seule sera énigmatique pour beaucoup de ses lecteurs. Aujourd’hui, nous savons encore qu’il est question du vaccin contre le Covid.
Cela m’a soulagé de relire cette phrase- que j’avais lue sur internet- dans le journal Les Echos tout à l’heure. Non par plaisir de reparler du Covid, de la pandémie, des vaccins anti-Covid, des soignants suspendus pour refus de cette vaccination mais aussi pour refuser le passe sanitaire.
Mais parce-que c’était, pour moi, une information officielle et vérifiable. Il y a sans doute des gens qui considèreront qu’il ne faut pas se fier aux journaux d’une façon générale ou du journal Les Echos. Moi, malgré mes réserves envers le pass sanitaire, malgré mon acceptation tardive de la vaccination anti-Covid, je me fie à cette information dans le journal Les Echos. Je peux donc continuer mon article en partant de cette information.
Lorsqu’hier ou avant hier, au travail, j’ai lu ce « Les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinés », je l’ai gardé pour moi. Pourtant, aussitôt, j’ai vu dans cette phrase un sentiment de satisfaction. Et de victoire politique plus que de victoire sanitaire.
Il y a, de toute façon, en région parisienne, un peu plus de 800 postes infirmiers vacants. Et le retour de ces soignants qui retrouvent leur poste après leur vaccination ne comblera pas cette pénurie. Une pénurie chronique et bien antérieure à la pandémie du Covid.
Page 6, du journal « Libération » de ce mercredi 27 octobre 2021. Le Ministre de la Santé, Olivier Véran, s’exprime.
Sans doute ai-je l’esprit mal tourné. Sans doute que le Ministre de la Santé, qui a prononcé cette phrase (ce que je n’avais pas remarqué lorsque je l’avais lue sur internet) est-il fondamentalement sincère et avant tout réellement concerné par la Santé, y compris celle des soignants. Cependant, dans ce rapport de force entre le gouvernement et certains soignants- une minorité- à propos de cette vaccination anti-Covid dans le contexte de la pandémie du Covid, j’ai du mal à croire à une sincérité totalement désintéressée du gouvernement.
Ma défiance ne vient pas de nulle part. Elle vient de ce que je vois, de ce que j’entends, de ce que je comprends et de ce que je vis depuis une trentaine d’années dans la profession infirmière.
La profession infirmière
J’ai obtenu mon diplôme d’Etat d’infirmier en 1989 après trente trois mois d’études. Il y a plus de trente ans. Les soignants de la génération de ma mère (ma mère était aide-soignante) faisaient souvent pratiquement toute leur carrière dans un même service. Voire dans deux. J’ai connu cinq établissements employeurs différents en bientôt trente ans d’expérience en Santé Mentale. En psychiatrie et en pédopsychiatrie. Sans compter les hôpitaux et les cliniques où, avant d’être titulaire, il avait pu m’arriver d’être intérimaire ou vacataire pour une journée ou pour une nuit. Pendant quelques années, j’ai aussi donné des cours à des étudiantes et étudiants infirmiers dans cinq ou six écoles ou instituts de soins infirmiers. En région parisienne.
Mon esprit « mal tourné » à l’encontre de cette phrase du Ministre de la Santé actuel- qui n’existait pas à un tel niveau politique lorsque j’ai débuté- provient sûrement de ce décalage entre lui et moi. Le temps. Les différents établissements et services où je suis passé. Les collègues que j’ai connus et que je connais encore. Qu’ils soient restés en région parisienne ou soient partis en province. Des femmes. Des hommes. Des mères. Des pères. Des divorcé(es). Des marié(es). Des veuves. Mes expériences. Tout cela s’intercale, à un moment ou à un autre, entre moi et des phrases. Qu’elles viennent d’un homme politique, d’un directeur d’hôpital, d’un cadre ou d’un collègue.
J’ai dû participer à dix manifestations infirmières en plus de trente ans de diplôme. Je me suis syndiqué très tardivement. A plus de 45 ans. Je suis un adhérent syndiqué qui paie sa cotisation. Même si je sollicite certaines fois « mon » syndicat pour avoir certaines réponses, je ne suis pas un membre actif du syndicat même si cela m’a été proposé. Dans les services où j’ai travaillé et là où je travaille, je me perçois comme un élément modérateur. Affirmé. Mais modérateur. Je n’aime pas les embrouilles à deux balles. Je ne suis pas la personne la mieux informée sur les derniers ragots qui sont les combustibles du moment dans un service.
Hier ou avant hier :
Hier ou avant hier, avec mes collègues infirmiers, nous avons discuté du métier. De la pénurie infirmière. Mes trois autres collègues infirmiers, mes aînés de plusieurs années, sont plus proches de la retraite que moi. A deux mois ou deux ans de le retraite. Une femme. Deux hommes. Je suis, moi, selon les calculs, selon les projets, selon ce que j’estime raisonnable, à 8 ou 10 ans de la retraite. Si je tiens. Si cela vaut le coup et le coût. Si je vais suffisamment bien. Si j’ai encore suffisamment envie de ce travail. Pour l’instant, là où je suis, j’ai envie de ce travail.
La Revalorisation salariale
Un de mes collègues a affirmé sa certitude que la trop faible valorisation salariale expliquait la pénurie infirmière. Selon lui, si les infirmières et les infirmiers étaient mieux payés, beaucoup plus de personnes décideraient de faire des études d’infirmier.
Cette revendication est l’équivalente de la demande d’une augmentation du pouvoir d’achat que les gouvernements agitent régulièrement devant nous qui devons faire des efforts pour joindre les deux bouts.
Le métier d’infirmier fait en effet partie des métiers sous-payés. Régulièrement, des collègues rappellent que l’évolution de salaire des personnels infirmiers n’a pas suivi l’évolution du coût de la vie. Il y a près de vingt ans, maintenant, une collègue ( sans enfant), mon aînée de quelques années, m’avait raconté qu’elle avait bien perçu la réduction de son pouvoir d’achat avec les années. Une collègue et qui, alors, habitait à dix minutes en voiture de notre lieu de travail.
Je ne vais donc pas contester le fait que l’augmentation salariale du métier d’infirmier est nécessaire et plus que bienvenue. Ce à quoi, on me répondra que nous avons eu une prime exceptionnelle pouvant aller jusqu’à 1500 euros ( pour celles et ceux qui l’ont eu) l’année dernière en juin ou juillet 2020. Pour récompenser nos efforts pendant les trois premiers mois de la pandémie du Covid et du confinement. Face au manque de matériel, au manque de personnel, aux heures de travail supplémentaires, à la contamination par le Covid….
Prime à laquelle s’est rajoutée le Plan Ségur, soit une augmentation de 183 euros sur le salaire. J’ai oublié si c’est une prime ou une modification du traitement indiciaire. Et, une autre augmentation, un peu plus conséquente, d’environ 300 ou 400 euros est prévue pour bientôt, à la fin de ce mois d’octobre, dans les lieux de soins. Dans les hôpitaux. Dans les cliniques ?
Je n’ai pas bien compris si cette augmentation concerne les infirmiers de catégorie A comme les infirmiers de catégorie B. Je suis en catégorie B, la catégorie « historique ». Une catégorie vouée à disparaître, considérée comme « active ». Alors que la catégorie A, créée plus récemment ( il y a environ 15 ans) classée comme « sédentaire » est en principe mieux payée mais aussi obligée de travailler plus longtemps que la B avant de pouvoir partir à la retraite avec une pension complète. Depuis une dizaine d’année, tous les nouveaux infirmiers diplômés sont d’emblée en catégorie A et ont, aussi, le niveau Licence. A mon « époque », le diplôme d’Etat d’infirmier, obtenu en trente trois mois, correspondait à un niveau BTS, ce qui équivaut à un niveau Bac + 2.
Les infirmiers de catégorie A ont fait 36 mois d’études, je crois.
Le Ministre de la Santé, Olivier Véran, dans le journal Libération de ce mercredi 27 octobre 2021.
Attractivité du métier d’infirmier : Je ne crois pas à la revalorisation salariale
Selon moi, une augmentation salariale serait évidemment plus qu’appréciée par l’ensemble de la profession déjà en fonction. Mais, ai-je dit à mon collègue, je ne crois pas que le fait d’augmenter le salaire des infirmiers ferait venir beaucoup plus de monde à la profession.
J’ai dit quelque chose comme :
« Même si tu augmentes le salaire de 1000 euros, il y a plein de gens qui refuseront de faire ce métier. Ne serait-ce que parce qu’il y a beaucoup de gens qui n’ont pas envie de travailler dans le sang, le pipi et le caca ».
Mon collègue était très sûr de lui. Payer plus cher les infirmiers amènerait plus de nouvelles et de nouveaux collègues.
Puis, de lui-même, il nous raconte une de ses expériences, dans le service où il travaillait précédemment, où un bébé était mort dans ses bras. Et, où un autre avait fait un infarctus dans ses bras. J’ai alors repris mon raisonnement :
« Tu vois, il y a des gens, même si tu les paies 5000 euros par mois, ils ne voudront pas vivre ce genre de situation ».
J’ai ensuite continué d’amener ce que je pense du métier. Je n’ai même pas eu envie de débattre du sujet de la vocation évoquée par ce même collègue, devenu infirmier par vocation.
La Vocation :
J’ai déjà dit et écrit ce que je pense de ce mot. Je comprends que des collègues l’emploient pour eux. Pour ma part, ce mot m’est insupportable.
Le stade de la « vocation » est justement celui qui permet de déconsidérer le métier d’infirmier depuis des années voire depuis des générations. N’oublions pas que nous vivons dans une société matérialiste ou tout est prétexte à faire de l’argent et à en faire dépenser. Et où, travailler ou agir gratuitement, permet très facilement à quelqu’un de faire des économies ou du profit sur notre dos.
Discours imaginaire que m’inspire la « vocation » :
« Untel a la vocation donc on peut le faire travailler comme un chien. Un verre d’eau, un peu de pain, cinq minutes pour sa pause déjeuner, le pipi et le lavage de main, et elle ou il repart. C’est vraiment bien, la vocation ! »
Extrait de l’article » Hublo, et les heures sup décollent à l’hosto » du journal » Le Canard Enchainé » de ce mercredi 27 octobre 2021.
Bien-sûr, il est des institutions, il y a eu des institutions et des hiérarchies qui ont « respecté » l’idée de la « vocation ». Mais cela est fonction des services, des époques, des régions, des personnalités. Cela fait beaucoup de paramètres pour que soit respectée la « vocation ». Malheureusement, ce que j’ai le plus souvent vu, c’est que le personnel soignant qui supporte d’être compressé par des conditions de travail difficiles, de plus en plus difficiles, et qui reste fidèle au poste, sera de plus en plus compressé. Sa charge de travail continuera d’augmenter au lieu de s’alléger si ce personnel attend d’autrui
(ses collègues, sa hiérarchie ou son institution) que cette charge de travail s’allège d’elle-même.
A moins d’avoir des horaires de travail de bureau, les horaires de travail du personnel infirmier peuvent être très contraignantes. Il y a des personnes qui veulent être de repos tous les samedis et les dimanches, les jours fériés et dormir chez eux la nuit. Ou qui veulent pouvoir se lever les matins à 7h. A 7 heures du matin, à l’hôpital, il y a des infirmiers qui terminent leur nuit de travail. Et d’autres qui ont déjà commencé leur journée de travail. On peut d’abord se dire qu’en commençant à 7 heures du matin ou un peu avant, que cela permet de terminer sa journée de travail plus tôt. C’est vrai. Mais la fatigue nous suit aussi avec les années.
Et puis, notre société a changé ainsi que la façon de s’impliquer dans le métier.
Haut de l’article précédent. Dans le journal » Le Canard Enchaîné » de ce mercredi 27 octobre 2021.
La société a changé ainsi que la façon de s’impliquer dans le métier :
Lorsque j’ai commencé à travailler comme infirmier par intérim ou en tant que vacataire, toute infirmière et tout infirmier que je croisais était titulaire de son poste quelque part. Peu importe la spécialité, que ce soit en soins somatiques ou en psychiatrie, de jour ou de nuit. Toutes les camarades et les camarades de ma promotion, des promotions précédentes et suivantes, aspiraient à avoir un poste de titulaire.
Depuis cinq ou dix ans, au moins, il est devenu fréquent de croiser des infirmières et des infirmiers diplômés depuis moins de cinq ans qui font uniquement de l’intérim et/ou des vacations. Ou, en psychiatrie adulte, de voir des infirmières et des infirmiers quitter assez rapidement- avant cinq ans d’exercice- les services d’hospitalisation psychiatriques pour, par exemple, des postes dans des CMP ( centre médico-psychologiques).
« Avant », il était plus courant que les jeunes diplômés ou les personnes qui venaient d’obtenir un poste y restent plus de cinq ans.
Ce qui n’a pas changé :
Ce qui n’a pas changé, c’est la grande féminisation du métier. Cette féminisation explique selon moi, en partie, la raison pour laquelle, aussi, le métier d’infirmier est mal payé.
J’étais resté sur le chiffre de 78 pour cent de femmes dans la profession infirmière. Notre collègue infirmière a tenu à dire que, tout de même, le métier s’était masculinisé. J’ai admis que cela s’était partiellement produit. Sans doute dans certains services plutôt que dans d’autres. Mais que lorsque l’on regardait dans l’ensemble, la profession infirmière reste majoritairement féminine. En psychiatrie, par exemple, l’équipe infirmière avec laquelle j’ai débuté dans le service où j’ai été titularisé, au début des années 90, était parfaitement mixte et constituée de collègues qui avaient entre cinq et dix ans d’expérience professionnelle. Du personnel infirmier autant masculin que féminin sur une équipe de 14 ou 15 infirmiers.
Il y avait peut-être même 8 infirmiers pour 7 infirmières. Il faut aussi rappeler qu’à cette époque le diplôme d’infirmier psy (ISP) existait encore. Et, sans doute que ce diplôme attirait plus d’hommes que le diplôme d’Etat d’infirmier que j’ai passé.
Trois ans plus tard, dans le même service, plusieurs collègues masculins étaient partis. L’équipe s’était non seulement féminisée mais aussi rajeunie. Des collègues infirmières tout juste diplômées venaient remplacer des collègues soit masculins et expérimentés, ou des collègues féminins mais tout autant expérimentés.
C’était il y a plus de vingt ans, maintenant. Il n’y a qu’aujourd’hui, dans le service où je travaille depuis moins d’un an, donc plus de vingt ans plus tard, où j’ai retrouvé une équipe, cette fois, plus masculine que féminine.
Les conditions de travail dans bien des services n’ont pas changé. Car, lorsque l’on parle de « changement » d’une situation, c’est pour parler des améliorations.
Il y a sûrement eu des améliorations en matériel, en formation. Mais en conditions de travail des infirmiers, cela s’est plutôt dégradé. C’était déjà limite il y a vingt ou trente ans dans certains services. Aujourd’hui, c’est pire. Et, avant la pandémie du Covid.
Le choix des jeunes infirmiers diplômés en faveur de l’intérim s’explique pour moi de cette façon. On peut voir l’intérim comme le moyen de se faire une expérience dans différents établissements afin de bien arrêter son choix sur un service et un établissement à un moment donné. Cela arrive encore. Mais ce recours à l’intérim, souvent, lorsque j’en ai parlé avec des intérimaires venant travailler dans le service où j’étais en poste, était justifié par la possibilité de décider de son planning. Et, aussi, de pouvoir partir très vite d’un service si cela déplaisait ou était trop difficile.
Mais c’est mieux de donner quelques exemples de ce que ce métier peut provoquer comme engagement chez les professionnels qui l’exercent.
Je mets une partie de la première page du journal » Le Parisien » de ce mercredi 27 octobre 2021 pour deux raisons. La première est pour la série « Germinal » qui bénéficie de très bonnes critiques. Avec, au premier plan, l’acteur qui avait un des rôles principaux dans la très bonne série policière » Engrenages ». S’il vaut mieux, pour sa survie et sa santé, être infirmier que mineur, je me demande quels points communs on peut trouver malgré tout entre le travail de mineur et celui d’infirmier lorsque certaines conditions de travail deviennent particulièrement difficiles. Ensuite, il y a cette interview de Stéphane Bancel, patron de Moderna. Dans cette interview, on reparle du Covid et des vaccins contre le Covid. La fabrication du vaccin Moderna, son efficacité officiellement démontrée contre le Covid associée à la réussite économique de Stéphane Bancel lui confère une « autorité » officieuse pour donner son avis sur la vaccination pour les jeunes enfants, sujet hautement sensible. Peut-être Stéphane Bancel a-t’il raison. Mais pour qui se prend-il pour s’avancer de cette manière alors qu’il n’est pas Ministre de la Santé ?! Il a le droit de penser qu’il faut ou que l’on peut vacciner les jeunes enfants contre le Covid avec le Moderna. Par contre, ce n’est pas à lui de souffler au gouvernement ce qu’il doit décider ou faire en matière de vaccination infantile. Mais il se le permet ici, fort de son succès personnel et économique avec le vaccin Moderna. A lire son interview, Stéphane Bancel se rajoute à la longue liste de toutes celles et ceux qui sont très sûrs d’eux concernant la façon de s’y prendre avec le Covid et la pandémie. En lisant son interview, on apprend que, selon lui, si » les gens font leur rappel, je pense qu’à partir de l’été 2022, ils retrouveront une vie complètement normale (…..) Les non-vaccinés, eux, courent toujours un risque ». Soit une autre façon de dire que tout est sous contrôle avec le vaccin Moderna. Mais, aussi, qu’il est possible de pratiquement tout contrôler dans la vie.
Le don de soi et le sens du Devoir :
Dans le métier d’infirmier, comme dans d’autres métiers, celle ou celui qui fera bien plus que ce qui lui est demandé aura le privilège de s’esquinter à ses risques et périls. S’il ou si elle a la chance d’avoir des collègues et une hiérarchie engagés à ses côtés, le professionnel trouvera des soutiens et des compensations. Cependant, en tant que soignant, confier sa santé à la chance alors que par ailleurs, celles et ceux qui décident des conditions dans lesquelles nous devons travailler, eux, s’en remettent à des chiffres pour évaluer notre travail, c’est très mal prendre soin de soi.
Les chiffres, certains chiffres, peuvent être des repères. Sauf que ce sont certains chiffres, plutôt que d’autres, qui sont retenus comme critères prioritaires. Et, ces chiffres choisis deviennent des empiresirrévocables. Il est question de faire des économies. Alors, on ferme des lits. On remplace moins le personnel. Ailleurs, on établit que, finalement, il y a besoin de moins de personnel qu’il n’y en a. Et, comme le personnel soignant est un personnel capable de donner beaucoup de lui-même, et au delà de lui-même, en continuant de toucher le même salaire, le compte est bon pour celles et ceux qui décident quels chiffres il faut regarder en priorité pour gérer un service. Ailleurs, le personnel peut accepter de toucher plus d’argent en étant moins nombreux. Ce qui n’est pas forcément mieux. Mais il est volontaire. Or, on le sait, le volontariat est un gage de « bonne santé » au travail. Jamais, bien-sûr, le fait de gagner de l’argent ou d’avoir besoin de gagner suffisamment ou sensiblement plus d’argent, au détriment de sa santé et de sa vie privée, n’oblige ou ne contraint qui que ce soit à être volontaire pour accepter de beaucoup ( trop) travailler. Ou de simplement continuer de travailler alors que des conditions de travail se dégradent.
Il y a maintenant un mois bientôt, j’ai discuté avec un infirmier, un peu plus plus âgé que moi, qui, en plus de son poste de titulaire dans un hôpital semi-privé ou privé, fait des vacations à côté dans deux ou trois autres établissements. Sa femme, également infirmière, travaillait aussi beaucoup m’a-t’il appris même si moins que lui. Il faisait ça depuis des années, maintenant.
Pragmatique, celui-ci m’a expliqué :
» J’ai besoin de gagner 5000 à 6000 euros par mois afin de conserver un certain mode de vie ». « Cela m’a permis de rembourser en moins de dix ans ( au lieu de 15 ou 16 ans) mon crédit immobilier. Maintenant, j’ai un grand appartement sur Paris ».
Lui et sa femme, sans enfants, avaient acheté cet appartement il y a à peu près une dizaine d’années. Auparavant, ils logeaient tous les deux dans une location qu’ils avaient obtenu grâce à l’équivalent du 1 pour cent patronal. D’où un loyer plus « doux » que ceux pratiqués depuis à peu près une vingtaine d’années, maintenant. Au fait, j’ai lu dans le supplément gratuit du journal » Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021 que :
» 743 000 personnes sont en attente d’un logement social en île-de-France ».
Le supplément gratuit du journal » Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021.
Dans cet article intitulé 92 Des élus de gauche contre la crise du logement en Ile-de-France, on peut aussi lire que
» Cette crise touche aussi les foyers issus de la classe moyenne, dont les revenus sont trop élevés pour espérer obtenir un logement social et trop faibles pour accéder à la propriété à Paris ou dans la petite couronne.
C’est le cas notamment des fonctionnaires territoriaux, ou des infirmiers, qui ne peuvent pas toujours loger près de leur lieu de travail, explique Jacqueline Belhomme, maire de Malakoff ».
» Si l’on n’agit pas, ils seront 1 million à la fin du mandat municipal« , annonce Michel Leprêtre, président de l’intercommunalité Grand Orly Seine Bièvre ( Val-de-Marne).
La première page du journal » Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021.
C’est aussi en première page de ce numéro du journal Les Echos que l’on apprend le » triomphe boursier de la voiture électrique Tesla » du PDG américain Elon Musk. Et qu’avec » 1.OOO milliards de dollars de capitalisation boursière, Tesla vaut désormais davantage que tous les constructeurs traditionnels réunis. Et cent fois plus que le français Renault ( premier constructeur automobile français) ». A la page 18, le journal Les Echos nous raconte le parcours d’Elon Musk jusqu’à son succès en bourse depuis la cotation de l’entreprise Tesla en 2010. Il y a 11 ans.
Dans un autre article, sur la même page du journal Les Echos, on peut lire Elon Musk, l’homme qui vaut plus que Nike à lui tout seul. Puis, juste en dessous :
» Le patron de Tesla est désormais l’homme le plus riche de la planète, avec une fortune estimée à 289 milliards de dollars ».
Le journal » Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021.
En comparaison, avec ses 5000 à 6000 euros par mois, cet infirmier qui a pu, avec sa femme, en cumulant les heures de travail par-ci, par-là, en plus de son poste titulaire, se payer son grand appartement à Paris en moins de dix ans, apparaît d’un seul coup bien plus que microscopique. Pourtant, j’ai trouvé les choix de cet infirmier et de sa femme plutôt exemplaires. En termes d’anticipation et de réalisme. Lui qui avait pu me dire aussi que travailler autant, pour gagner aussi « bien » sa vie, avait aussi nécessité, nécessitait de sa part, des sacrifices. Mais qu’il ne les regrettait pas. Ce que je pouvais comprendre- sans tout à fait l’envier- puisque, devant moi, il était encore suffisamment bien portant. Et qu’il avait pu se payer, avec sa femme, l’appartement qu’il souhaitait. Mais aussi des croisières. Certains investissements immobiliers dans son pays d’origine. Des repas dans des restaurants. Quelques jours plus tard, pour fêter son anniversaire, il avait un repas prévu dans un restaurant en haut de la Tour Montparnasse. « Un très bon restaurant », m’avait-il dit. Je n’ai pas encore regardé les prix de ce restaurant. Mais j’imagine que ce restaurant est plus cher qu’un repas dans un restaurant kebab ou dans un Mac Do.
Au début de ma carrière, et même avant l’obtention de mon diplôme d’infirmier lorsque mon niveau d’études (dès la fin de ma première année d’études), m’avait donné l’équivalence du diplôme d’aide soignant, j’avais commencé à rencontrer, lors de vacations effectuées dans des cliniques, des infirmières et des infirmiers titulaires et qui, en parallèle, travaillaient dans un autre établissement. Pour payer leurs impôts. Pour rembourser les crédits de leur maison.
C’était il y a plus de trente ans. J’avais 20 ou 21 ans.
Le salaire d’une infirmière, aujourd’hui, au plus haut, après trente ans d’ancienneté, c’est souvent moins de 3000 euros tous les mois. Allez, disons 3500 euros par mois en poussant très fort. Si l’on ajoute les primes. Les éventuelles négociations de salaire. Si l’on travaille dans le privé, avec les week-end travaillés, les jours fériés travaillés. Selon les horaires que l’on fait. Et, encore, il est possible que des collègues me disent que je suis optimiste. Je touche moins de 3000 euros par mois après bientôt trente ans d’activité professionnelle . Sans les primes. J’habite dans une ville de banlieue, dans le Val d’Oise, à Argenteuil. Une ville située à 11 minutes de la gare de Paris St Lazare par le train direct. Et qui n’est pas connue pour être la plus chère au mètre carré dès lors qu’il s’agit d’acheter dans l’immobilier. Y compris dans le Val d’Oise.
Entre l’exemple de la réussite d’un Elon Musk; celle de ce collègue infirmier qui tourne tous les mois à 5000 ou 6000 euros avec son emploi fixe et ses vacations à côté; et moi avec mon salaire, moindre, on a déja trois mondes, trois modes de vie, très violemment différents. Et trois salaires aussi très violemment opposés. Pourtant, tous les trois, Elon Musk, ce collègue infirmier et moi, nous sommes travailleurs.
Mais la valeur ajoutée au travail que, chacun, nous produisons, est très différente.
Pourtant, que ces secteurs dans lequel Elon Musk évolue, dans lequel Stéphane Bancel, PDG de Moderna, évolue, ou celui dans lequel, le collègue infirmier à 5000-6000 euros et moi, nous évoluons, tous ces secteurs ont leur utilité. Mais d’après certains chiffres, l’entreprise d’Elon Musk et celle que représente Stéphane Bancel ont beaucoup plus d’importance et beaucoup plus de valeur boursière et commerciale que celle » l’hôpital, la clinique, un lieu de soins » dans laquelle ce collègue infirmier, moi et beaucoup d’autres évoluons. D’après certaines valeurs ( commerciales, boursières et autres), ce collègue infirmier et moi, dès lors que nous avons fait le choix de devenir et de rester infirmiers, nous avons décidé d’accepter de faire partie des ratés du monde et de la société.
Et, si ce collègue infirmier et moi, au regard de ces chiffres, sommes déja des personnes et des travailleurs dérisoires, il existe encore des milliers, des millions de personnes plutôt ( dans le milieu infirmier, hospitalier, en clinique, dans des services médico-sociaux ou dans d’autres sphères professionnelles rémunérées) qui sont encore bien plus défavorisées que nous. Et qui sont donc encore plus déconsidérées que nous.
Aujourd’hui, et depuis des années, les mondes d’Elon Musk et de Stéphane Bancel sont supposés représenter les seuls mondes valables de la modernité et du futur. Ce collègue infirmier et moi, et beaucoup d’autres, avec ou sans notre blouse, sommes supposés représenter un monde ancien. Donc dépassé. Donc contournable. Donc dispensable. Il faut une pandémie, une crise ou une catastrophe extrême, spéciale ou épouvantable (des attentats, un tsunami, un génocide, une guerre, une catastrophe nucléaire, un tremblement de terre, une inondation exceptionnelle avec beaucoup de morts….) pour se rappeler que des professions et des métiers ( pas seulement soignants) anciens et traditionnels ont aussi leur importance dans une société qui se dit et se veut moderne, évoluée, libre et démocratique.
Or, nous sommes dans une société pour laquelle être moderne, cela signifie être amnésique; avoir une mémoire partielle et sélective, briquer certains chiffres, administrer et s’agenouiller seulement devant une horreur plus grande, plus incontournable et plus durable que la nôtre.
D’autres chiffres, néanmoins, restent des chiffres fantômes. Inexistants. Ils n’apparaissent jamais. Le métier d’infirmier fait partie des métiers apaisants, curatifs mais aussi préventifs et régulateurs d’une société. Combien de suicides évités, combien de meurtres et d’agressions évités parce-qu’ un patient a été bien reçu, a pu être bien soigné par des soignants suffisamment en forme, suffisamment nombreux, disponibles et attachés à leur métier ?
Ce genre de chiffres n’apparaît pas. Ils n’existent pas. Ce travail ne compte pas. On nous parle, à l’hôpital, d’écrire ce que nous faisons. Mais, d’une part, on ne peut pas tout écrire. On ne peut pas écrire et faire et vivre. D’autre part, pourquoi écrire à des personnes qui, de toutes façons, savent surtout voir et lire certains chiffres en particulier ?!
Je terminerai avec le chiffre deux.
Le journal » Libération » de ce mercredi 27 octobre 2021.
Le chiffre deux :
Il y a deux ou trois semaines, maintenant, j’ai participé à une formation. Son but était de présenter l’institution aux nouveaux arrivants qu’elle emploie. Nouveaux arrivants dont je fais partie. Cela m’a donné l’occasion de découvrir de nouveaux lieux mais aussi de rencontrer d’autres personnes employées également par l’institution.Dont Sue….mère de plusieurs enfants, qui doit avoir au moins deux enfants. Sue est agent administratif dans l’institution. Cependant, en discutant avec elle vers la fin de la formation, j’ai appris qu’elle avait été aide-soignante pendant près de 15 ans. Dans un service de gériatrie ou un EHPAD. En quelques minutes, elle m’a alors raconté comment les mercredis, au lieu d’être trois aides soignantes, elle se retrouvait toute seule pour faire les toilettes des patients. Les patients à soulever. L’épaule qui s’abîme. L’arrêt de travail. L’obligation de se faire opérer. Le chirurgien qui lui dit :
« Si vous reprenez le travail, je serai obligé de vous opérer l’autre épaule ».
Les démarches ensuite aux Prudhommes. Des démarches difficiles, longues, qui ne lui ont pas tout fait donné raison. La perte irréversible d’une partie de la mobilité de son épaule.
Ce qu’il y a de notable pour moi, en plus de la destruction de son corps et de son moral, c’est que cette histoire, je sais qu’elle a déjà existé il y a vingt ou trente ans. J’ai déjà fait des toilettes. J’ai porté et soulevé des patientes et des patients pour faire des toilettes dans un service de gériatrie. C’est beaucoup plus difficile à porter que les chiffres avec lesquels on nous tape dessus depuis des années.
Ensuite, il y a Dei…une ancienne collègue que j’ai connue il y a vingt ans dans un de mes précédents services. Dans un service de soins et d’accueil urgents en pédopsychiatrie. Dei habite et travaille maintenant dans le sud de la France. Son travail lui plait beaucoup. A seulement dix minutes en voiture de chez elle.
« De toute façon, j’ai toujours été dans des services près de chez moi » me dit-elle.
Dei… est infirmière dans un service gériatrie. Des journées de travail de 12 heures. Ce qu’elle aime beaucoup, c’est le « relationnel » avec les patients. Et transmettre aux autres collègues. Elle me dit que travailler en pédopsychiatrie lui a beaucoup appris. Je comprends.
Je sais aussi, depuis trente ans, que s’il y avait plus de personnel dans les services de gériatrie, ce serait très gratifiant d’y travailler pour le relationnel. Mais, classiquement, les services de gériatrie manquent de personnel depuis trente ans. Les jeunes infirmiers diplômés fuient les services de gériatrie.
Lorsque Dei travaille, elle est responsable de….84 patients répartis sur trois services. Dei…m’explique, de bonne humeur, que dans chacun des services, il y a trois aides-soignantes. Divisons 84 par trois, cela donne quoi ? 28 patients par service.
Je n’ai pas poussé pour demander à Dei…si les patients sont suffisamment valides pour se déplacer ou pour se laver en toute autonomie. Déjà, pour moi, une infirmière toute seule pour 84 patients, pendant 12 heures, il y a quelque chose qui cloche. Mais c’est normal. Et ça, ça ne dérange pas nos grands vertébrés des chiffres.
Je ne connaissais pas ce chiffre de 84 patients pour une infirmière avant que Dei…ne me le donne. Malheureusement, ce chiffre comme celui de 3 aides soignantes pour 28 patients ne m’étonne pas, ne m’étonne plus. Avec ce que j’ai pu connaître ou entendre ailleurs. Alors que je devrais être étonné. Mais, même pour moi, ce chiffre est devenu « normal ». Ensuite, lorsque cela dérapera, si ça dérape, on nous parlera de maltraitance d’une soignante ou du personnel.
Je lui demande : » Il y a toujours des kilos de médicaments à donner aux patients ? ». Dei semble alors réaliser : » Ah, là, là. C’est vrai qu’il y a beaucoup de médicaments à donner… ». Trente ans sont passés pourtant depuis la dernière fois où j’ai travaillé dans un service de gériatrie.
Sur ses 12 heures de travail, Dei…me dit sans amertume que, normalement, elles/ils ont droit à « deux heures de pause ». Mais que, vu le travail à faire, elles/ils ne peuvent jamais prendre ces deux heures de pause.
Où sont nos grands pratiquants du chiffre ? Qu’attendent-ils pour rapidement corriger ce genre de désordre ? Comment peuvent-ils accepter que ça continue ? Sans doute que ces chiffres-là ne leur ont pas été communiqués ou ne leur parlent pas. Sans doute aussi que ce que connaissent Dei…et ses collègues font partie des exceptions. Dans tous les autres services de gériatrie de France, c’est certainement beaucoup mieux.
Mieux ? Dei m’apprend que, lorsqu’elle reprend le travail après plusieurs jours de repos, qu’elle arrive à 6h30.( Au lieu de 7h30 qui est son horaire de début normal). Afin de pouvoir bien prendre le temps de lire les dossiers des patients. Je l’écoute. Je ne dis rien. Dei…est heureuse comme ça. Cela fait un peu plus de trois ans qu’elle travaille là. Elle ne souffre pas. Et, tout le monde est content. Celles et ceux qui pelotent leurs chiffres en permanence et qui font une bonne affaire en étant dispensés de rémunérer tout ce travail abattu gratis par Dei et toutes les infirmières et les personnels soignants et médicaux-sociaux qui lui ressemblent et qui se comptent par….mince, je n’ai pas les chiffres. Donc, ça ne compte pas.
Dei m’apprend aussi que plusieurs de ses collègues ont préféré quitter le service. Plutôt que de devoir accepter de se faire vacciner contre le Covid. Elle ne sait pas où ces anciennes collègues sont parties travailler. Ni comment elles s’en sortent financièrement….
Ma compagne, également infirmière, a été suspendue il y a quelques semaines pour avoir maintenu son refus de la vaccination anti-Covid ainsi que du pass sanitaire. Elle a touché son salaire du mois d’octobre tout à l’heure. Le gouvernement a appliqué ce qu’il avait annoncé cet été en cas de persistance du refus des soignants de se faire vacciner contre le Covid à compter du 15 octobre 2021. Ma compagne a touché pour ce mois d’octobre la somme de 246 euros.
La première page du journal L’Humanité de ce mercredi 27 octobre 2021 nous montre ( à Dieppe) » des gilets jaunes déçus des mesures du gouvernement ( qui) relancent le mouvement« . Avec ce titre :
Pouvoir d’Achat » Trois ans après, c’est pire ». En dernière page du journal L’Humanité, un article intitulé Catherine Corsini porte la parole des soignants raconte le passage à la rédaction de la réalisatrice dont le dernier film, La Fracture, sorti ce mercredi, raconte, en passant par un service d’urgence hospitalier, les « violences policières » et la « lutte des classes ».
Le journal » L’Humanité » de ce mercredi 27 octobre 2021.
Le Journal L’Humanité
Après avoir évoqué Elon Musk , lequel incarne le fracas de la réussite sociale et économique, et du monde de la bourse et de l’entreprise, cette image du journal l’Humanité nous ramène à un média, emblématique du Parti communiste français mais aussi d’un monde tous deux désuets, conquérants hiers ( autant qu’un Elon Musk aujourd’hui) mais qui feraient maintenant trainer leur extinction depuis très ( trop) longtemps. Là aussi, le contraste est très violent entre la vie de ces gilets jaunes ( dont quelques témoignages dans le journal L’Humanité nous expliquent qu’ils doivent survivre chaque mois avec des sommes comprises entre 830 et 1200 euros par mois) et les triomphes financiers ( et autres) au lance-flammes d’un Elon Musk. Ou d’un Stéphane Bancel, PDG de Moderna.
Devant cette première page de L’Humanité, comme les quelques autres fois où j’ai pu le lire, mes sentiments restent partagés. Je ne sais pas si le journal est vraiment sincère et aussi optimiste et combattif que je devrais l’être ou que j’aurais dû toujours l’être.
Je ne sais pas si les causes qu’il embrasse sont des causes qui ressemblent à des causes largement perdues d’avance parce-que le journal lui-même a l’air de tenter le tout pour le tout pour survivre. Et qu’il n’a pas les moyens – auxquels il essaie encore de croire- pour véritablement résister et changer la donne d’une situation ou d’une cause.
Je ne sais donc pas qui, ici, des gilets jaunes, qui avaient créé un mouvement ( qui avait surpris beaucoup de « monde » au sein des partis politiques, des syndicats et les média) de contestation sociale, durable, très populaire et très influent il y a trois ans, ou du journal L’Humanité, a le plus besoin de l’autre ?
Le journal l’Humanité qui persiste dans une contrée, une croyance et un langage annexes dont beaucoup de monde a oublié ou rejeté l’usage et l’existence ?
Ou le mouvement des gilets jaunes qui, lui, s’était retrouvé privé de ses appels d’air par l’instauration des mesures gouvernementales de confinement, de couvre-feu, de restriction de déplacement géographique et d’interdictions de rassemblement pour cause, officiellement, d’urgence sanitaire en raison de la pandémie du Covid à partir du mois de mars 2020 ? ( voir Gilets jaunes, samedi 14 mars 2020)
Pourtant, bien des infirmières et des infirmiers pourraient se reconnaître dans cet article du journal de l’Humanité à propos des gilets jaunes comme dans ce titre : » Même avec deux salaires, c’est difficile ».
Journal de l’Humanité de ce mercredi 27 octobre 2021.
Mais, peut-être que plus que sa mise en page et son langage ringards, que ce qui est le plus reproché instinctivement à l’Humanité, c’est la défaite, la fuite ou la trahison d’une vraie gauche sociale, humanitaire et universelle en laquelle beaucoup trop d’entre nous ont fait l’erreur de croire.
Une faute que le journal L’Humanité porte plus que d’autres média sur ses colonnes. Telle la croix que le Christ a dû porter lui-même. A ceci près que le Christ, s’il a souffert sur le trajet de son supplice, s’il a agonisé, a bien fini par partir. Même si, c’était pour, officiellement, revenir et ressusciter ensuite. Alors que le journal L’Humanité, lui, même crucifié, désavoué et désertifié, ne trépasse pas.
Le pass sanitaire
Le pass sanitaire, lui, devait s’arrêter en novembre de cette année. Désormais, le gouvernement parle , pour cause de « vigilance sanitaire », d’une prolongation du pass sanitaire jusqu’en juin 2022. Ce qui impliquera, bien-sûr, de devoir rester à jour question vaccination anti-Covid. Et, donc, sans doute pour des millions de Français de recevoir une troisième injection de vaccin anti-Covid entre-temps. On a l’impression que depuis le premier confinement, le gouvernement passe régulièrement son temps à demander aux Français de faire plus d’efforts pour le mettre à l’aise, lui. Afin qu’il puisse garder une bonne marge de manoeuvre, confortable, afin de fournir de son côté assez peu d’efforts. Ou pour donner l’illusion et se donner l’illusion qu’il fait de grands efforts lorsqu’il fait quelques gestes. On dirait presque que le gouvernement souffre beaucoup plus que les Français de la pandémie du Covid et de toutes les mesures restrictives qui en ont découlé depuis l’année dernière. Et que c’est plus au chevet du gouvernement qu’il faudrait être qu’à celui des Français.
Dans le journal Les Echos de ce mercredi 27 octobre 2021, à nouveau, le philosophe Gaspard Koenig, président du think tank GenerationLibre s’exprime sur le sujet de la longévité du pass sanitaire dans son article intitulé Vigilance sanitaire et privation de libertés.
Le journal » Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021.
Dans cet article, Koenig écrit entre-autres :
» (….) Pourtant, le gouvernement envisage le renforcement du passe, en le conditionnant à une troisième dose, en donnant aux directeurs d’école des pouvoirs de vérification ( charmante conception de l’instruction publique) ( ….) ».
» (…..) Le ministre de la Santé, qui s’engageait encore en janvier dernier devant la Commission des lois à ne pas recourir au passe, explique aujourd’hui que celui-ci restera en vigueur tant que » le Covid ne disparaît pas de nos vies ». Autant dire pour toujours. Car la « vigilance sanitaire » pourra indéfiniment être justifiée par un nouveau variant ou sous-variant, une reprise épidémique ici ou là, une énième dose de rappel, ou simplement la probabilité d’apparition d’un nouveau virus. Si l’on accepte ce raisonnement, on discutera bientôt de vigilance sécuritaire ou environnementale. On nous privera de liberté » au cas où ». François Sureau évoque déja la « dérive autoritaire » de nos sociétés ( …..) ».
» (…) Le plus grand danger est celui de l’accoutumance. Lassés de ces débats anxiogènes, la plupart de nos concitoyens se résignent. Nous nous habituons à demander une autorisation pour vivre notre vie et à nous fliquer les uns les autres. Le gouvernement trouve bien pratique de nous laisser un fil à la patte : pourquoi nous épargner une servitude que nous semblons rechercher ? (….) ».
La « variation » infirmière
Bien-sûr, Sue, l’ancienne aide-soignante, et Dei et toutes celles et tous ceux qui ont travaillé ou qui travaillent dans des conditions à peu près équivalentes, si on leur présente un micro se sentiront souvent illégitimes pour donner leur avis. Ou seront mal à l’aise pour exprimer ce qu’un Ministre, un directeur d’hôpital, une psychologue ou un médecin pourra ou saura dire s’il a ou si elle a à s’exprimer à propos de son propre travail. Donc, là, aussi, ce qu’ont vécu ou vivent Sue et Dei au travail, dans un service de gériatrie ou dans un autre service à l’hôpital ou dans une clinique, ça ne compte pas. ça n’existe pas. Il n’y a pas de chiffres pour ça. On va me parler du nombre des arrêts de travail. Mais toutes les fois où Sue, avant de se démolir l’épaule, avait trop porté ou s’était retrouvée seule. Toutes les fois où Dei a accepté l’inacceptable qu’elle trouve tellement normal qu’elle ne m’en a pas parlé. Cela n’est pas comptabilisé. Cette comptabilité destructrice se décompte dans le corps et dans le moral des soignants.
La profession infirmière, une profession qui avance, éclairée par des chiffres qui lui tombent dessus, avec lesquels elle doit faire. Et se taire. Telle une femme battue qui va s’en prendre une si elle se met à parler et à penser.
Tant qu’elle n’est pas destinée à la torture, la fatigue peut avoir du bon. J’ai travaillé deux nuits de suite. Mais ce n’est pas à ces deux nuits que j’attribue mon état de fatigue actuel depuis quelques jours. Le travail de nuit a des conséquences connues. Tel un certain état d’épuisement, de ralentissement de la pensée, de difficultés à la concentration, d’isolement social et affectif, de dépression et de variation de l’humeur, de prise de poids, d’augmentation de la consommation de tabac, de repas déséquilibrés, de « désorientation » hormonale. Ces quelques conséquences- et d’autres- sont vécues et parées différemment selon les personnes et leur aptitude immédiate, ou prolongée, à récupérer du travail de nuit. Et, aussi, à accepter comme à aimer le travail de nuit.
Je travaille de nuit par alternance, tantôt de nuit et tantôt de jour. Cette alternance me plait. D’autant qu’à partir de l’âge de mes vingt ans, à la fin des années 80, j’ai commencé à apprendre à travailler de nuit. Je crois donc suffisamment bien me « connaître » lorsque je travaille de nuit en 2021. Ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire. Comment et jusqu’à quand. Et avec qui. A quel rythme et dans quelles conditions. Mais, aussi, comment je peux récupérer au mieux, ensuite, de mes nuits de travail. Physiquement. Mais, aussi, voire, surtout, mentalement.
Lorsque je travaille de nuit, comme de jour, je sais aussi quand débute ma nuit ou ma journée de travail. Ainsi que, quand elle va se terminer. Ce qui me permet assez facilement, en fonction de comment se passe le travail, et comment je me sens, de savoir si j’ai besoin de souffler. Et quand il me faut prendre une pause. Avant d’être K.O, hors de propos ou hors sujet, à la merci de l’accident, de la blessure, de l’imprévu ou du dérapage.
Donc, même si le travail de nuit contribue à mon état de fatigue actuelle, et que j’ai repris le travail par deux nuits après près d’un mois de vacances, ce n’est pas à cela que je pense. Mais à la fréquence de rédaction de mes articles ces deux à trois dernières semaines. Il m’a déjà été dit que j’écrivais beaucoup. Et très long. La semaine dernière, mon ami Raguse me l’a redit. Mais, ces deux à trois dernières semaines, je dégaine mes articles pour mon blog plus vite que d’habitude. Comme si j’allais bientôt mourir ou que je sentais qu’il y a actuellement une période particulière de la vie à saisir.
La fatigue, lorsqu’elle n’est pas une torture, est une ouverture. Elle permet une certaine « créativité ». Nous « poussons et repoussons » en permanence. La fatigue fait partie de ces états, encore assez proches du rêve où certaines idées n’ont pas encore disparu. Et se démarquent assez de nos automatismes. On se censure moins. On est plus spontané. On attend moins de « résultat » ou de reconnaissance. On vit dans l’instant. On est soi-même dans la tachypsychie. Un peu exalté. Mégalomane sans doute. Tout va bien. C’est une espèce de narcose hors de l’eau. Ce que l’on appelle en psy être un peu « hypomane ». Cela n’a rien à voir avec le ménage, le fait d’être pyromane ou avec les phéromones. Mais plutôt avec une sensible accélération du débit de nos actions, de nos paroles et notre activité cérébrale. Nous faisons des petits ponts à nos méninges. Nous dribblons nos défenses sans recours au moindre euphorisant extérieur avant qu’elles ne s’installent pour la journée.
On va peut-être faire tenir, une fois de plus, un convoi entier d’âneries et de phrases stériles et vides dans un article dont deux ou trois lecteurs vont ensuite s’imposer la lecture par devoir, amusement ou par curiosité ( « Regarde, c’est un assez bon exemple de la symptomatologie clinique de l’hypomanie. Ça fait penser à un petit poisson rouge qui tourne à toute vitesse dans son bocal. Tu le poses dans son blog, il tourne en rond et il a l’impression de parcourir des steppes immenses. C’est fascinant…. »).
Mais on préfèrera ça malgré tout- écrire des âneries de façon artisanale– à aller se ranger dans les rayon de la Fnac (car j’ai eu subitement très envie de le faire tout à l’heure) pour aller y voir s’il y a des affaires et des achats pour soi en Blu-Rays ou cds. Blu-Rays et cds qui seraient venus s’ajouter aux tas d’autres blu-rays et cds que j’ai déjà et que je n’ai pas encore pris le temps de regarder ou d’écouter ou que j’ai même pu oublier. Tout à l’heure, donc, j’ai été à deux doigts de passer à la fnac. Il y a toujours une affaire ou deux à faire à la Fnac ou dans un magasin quelconque. Mais, je pourrais toujours y aller un autre jour. Alors que l’âne et le tenbrak que je suis, eux, sont impatients de s’exprimer. Et, tous les deux, main dans la main, me font maintenant faire un gentil tour de manège.
Deux doigts :
La semaine dernière, au téléphone, j’ai aussi dit à mon ami Raguse :
« J’ai l’impression que c’est à partir de maintenant que mon blog balistiqueduquotidien.com va commencer à prendre de l’essor ». Raguse m’a écouté comme un humain écoute un âne. Avec indulgence. Sans le contredire. Il aurait pu prendre un coup de sabot.
Nous sommes au début du mois d’août. La plupart des gens sont en vacances et veulent profiter de leurs vacances ou/ et des jeux olympiques de Tokyo qui se déroulent avec un an de retard à cause de la pandémie du Covid. Les prochains jeux olympiques se dérouleront normalement à Paris en 2024.
L’année a été difficile et mes articles ne sont pas tous compatibles avec l’esprit des vacances. Que ce soit au mois d’août où lorsque l’on reprend le travail. Sauf que je crois que mes articles, malgré mes défauts et malgré leurs défauts, parlent de la vie. Et pas seulement de moi. Avec une certaine sincérité, une constance et un engagement d’âne qui, je crois, finiront pas l’emporter.
Ce n’est pas seulement une question de quantité d’articles. Ni d’humilité. Car ce que j’écris peut passer pour aussi borné que prétentieux et l’est très certainement.
Mais c’est surtout une question de temps passé à pratiquer l’écriture.
Et d’esprit critique.
Envers moi-même comme envers ce que je vois, ce que je vis et que d’autres peuvent voir et vivre aussi. Sauf qu’ils ne prendront pas le temps de l’écrire. De « le pratiquer ». Qu’ils ne le voudront pas ou n’oseront pas le faire. Alors qu’il s’agit de moments qui comptent pour moi. Je n’écris rien d’exceptionnel. Mais je l’écris parce-que le crois important. Je le crois parce-que je suis un âne. C’est tout. C’est la différence entre un âne et une personne normale et raisonnable.
C’est comme une personne qui, en passant, prendrait aujourd’hui une photo d’un endroit ou d’une personne avec deux doigts voire un seul. Avec un simple clic. Un geste ordinaire que tout le monde peut faire. Mais que, souvent, seule une minorité prend le temps de faire. Parce qu’elle a l’envie, le plaisir et la sensibilité pour prendre le temps de le faire. Alors que la majorité a souvent ou toujours autre chose à faire ou ne voit pas l’intérêt de le faire. C’est ce que j’essaie de faire avec ces articles. Un jour, une kiné m’a appris que certains gestes disparaissaient parce-que nous ne les faisons plus. ça m’a marqué. Peut-être parce-que, ce que je fais, c’est surtout écrire et photographier de la mémoire. La rechercher. Essayer d’écrire des histoires. Espérer que d’autres aimeront les lire ou les écouter. Et, si possible, autant que possible, faire de l’humour.
On conviendra donc assez facilement que mes articles et le nom de mon blog, balistiqueduquotidien.com , sont assez raccord avec ces intentions.
Première injection du vaccin anti-Covid :
Tout mon laïus sur le travail de nuit et ses éventuelles conséquences temporaires ou définitives paraissait peut-être hors sujet avec la pandémie actuelle. Il existe pourtant des similitudes avec notre état d’esprit envers la pandémie, la vaccination anti-Covid et le passe sanitaire. Que l’on soit pour ou contre.
Je suis à deux doigts de me désister avant la première injection du vaccin anti-Covid cette semaine. Tout à l’heure, j’ai reçu un sms de rappel pour mon rendez-vous. J’ai eu l’impression de me rapprocher de mon intronisation sur la chaise électrique ou de la guillotine. Dans mon long article 1er aout 2021, je conclue que, quelle que soit notre décision pour ou contre la vaccination Covid, qu’il importe de la prendre « en son âme et conscience ». Et non sous l’effet ou l’emprise de la peur.
J’ai plusieurs raisons – ou plusieurs absurdités- qui me poussent dans le cerveau au point d’envisager à nouveau de reculer avant de me faire inoculer ce vaccin anti-Covid. Et, hier soir, alors que je pédalais sur mon vélo et remontais le boulevard Raspail, afin de me rendre à ma deuxième nuit de travail, je me suis même demandé si je devenais parano. Après quelques coups de pédale, j’ai été indulgent avec moi-même. Je me suis décidé à conclure que j’étais égal à moi-même : Névrosé, obsessionnel. Plus que parano. Encore à plusieurs cycles de distance de la lune du She’s lost control du groupe Joy Division.
Je ne cherche pas à faire monter le nombre de vues de mon blog en parlant de mon nouveau revirement à propos de l’injection de ce vaccin anti-Covid. Même si, actuellement, sur les réseaux sociaux et dans les média traditionnels (télévision, journaux papier) il est plus tendance de parler des « anti-vaccins » ou de se dire « anti-vaccin » pour susciter l’attention et de l’intérêt.
Si je partage certains doutes et certaines critiques de bien d’autres contre les vaccins anti-Covid et l’obligation du passe sanitaire décidée par notre gouvernement, je crois aussi que se dire anti-vaccin et anti-passe sanitaire permet à quelques unes et quelques uns de mieux se montrer ou d’être entourés. C’est une opportunité parmi d’autres pour faire parler de soi. Certaines personnes- une minorité- se sont bien fait passer pour des victimes des attentats du Bataclan.
Ce n’est pas la première fois ni la dernière fois que cela arrive : gueuler ou bien se placer pour exister et se faire de la pub. Puis, finalement, si ça devient trop difficile ou si ce n’est plus très rentable, changer d’opinion, de stratégie, de couverture ou d’alliance. Ce genre d’attitude existait bien avant la pandémie du Covid. Les êtres humains n’ont pas changé depuis l’annéedernière. C’est notre vie qui a changé depuis l’année dernièreau travers de certains événements et de certains tournants qui sont pour nous tous des sérums de vérité.
Certains événements et tournants qui sont pour nous tous des sérums de vérité :
Depuis l’année dernière, la pandémie du Covid nous a jeté dans la même nasse. Et, dans cette nasse, comme envers le travail de nuit, nous réagissons les uns et les autres, différemment. Il y a eu d’autres événements qui nous ont marqués ces quarante dernières années. Pas seulement ces dix huit derniers mois Des événements technologiques, épidémiologiques, meurtriers et idéologiques ou culturels. Je pense par exemple :
Au développement du téléphone mobile. Aujourd’hui, il est normal qu’un môme de dix ans ou moins se balade avec un téléphone portable. Il y a quarante ans, nous en étions au téléphone fixe à fil à domicile et aux cabines téléphoniques à pièces voire à carte. C’est un autre monde. Mais ce monde, nous sommes encore nombreux à l’avoir connus. Ce monde nous a influencé et éduqué d’une certaine façon. Je pourrais faire la même comparaison entre le balai ou l’aspirateur d’il y a quarante ans et les différentes déclinaisons de l’aspirateur Dysond’aujourd’hui.
Mais il y a bien-sûr le développement d’internet, tel que nous le connaissons aujourd’hui avec les réseaux sociaux et tout le reste. Le darknet, aussi, est et aura été un événement. Je parle d’événement technologique. Mais internet est aussi bien-sûr un événement économique et sociétal. Un tournant. Nous sommes là aussi encore assez nombreux à avoir grandi hors de ce monde. Alors que nos enfants, petits-enfants et descendants, eux, naissent et grandissent dans ce monde où les interactions entre les uns et les autres peuvent être très différentes de ce que les plus « anciens » ont pu connaître. Je ne critique pas cette évolution même si le développement de certains comportements grâce ou à cause de ces événements me dérange.
L’épidémie du Sida, aussi, avait été un événement marquant. Les attentats du 11 septembre 2001. Les attentats de « Charlie Hebdo », de l’hyper-cacher de Vincennes, du Stade de France, du bataclan, aussi, et d’autres événements relatifs à cette guerre idéologique (à Nice, ailleurs, ou l’assassinat de Samuel Paty), les gilets jaunes font partie des événements marquants. Il y en a bien-sûr eu d’autres.
Toutefois, il y a aussi eu des événements publics heureux marquants. Dans le domaine culturel ou artistique, du fait du contexte de la pandémie du Covid, je pense au film Matrix ou au lapsus que j’ai fait dernièrement en citant le groupe Massive Attack et son album vénéneux, Mezzanine.
Massive Attaque :
Devant ces innovations technologiques majeures et irréversibles que sont internet, le web et la téléphonie mobile, je n’avais pas du tout brillé par ma rapidité à les adopter. Je m’étais montré très critique et plutôt réfractaire aux débuts de leur commercialisation. Bien-sûr, ces innovations technologiques, comme aujourd’hui l’électronique dans les voitures et les technologies wifi et bluetooth nous avaient très vite été vantées comme très pratiques et indispensables. Et, aujourd’hui, si j’ai suivi comme le plus grand nombre, et suis content de ce que plusieurs innovations technologiques majeures peuvent me permettre de faire et de vivre (telle l’expérience de ce blog), je reste aussi assez critique envers certains de leurs travers. Comme envers certaines des habitudes et dépendances que nous contractons envers elles. Même si c’est pour rester un usager dépendant et quotidien de ces technologies.
Mais, que l’on parle d’internet, de téléphonie mobile, des attentats ou d’autres tournants de notre Histoire, même s’il s’agit d’événements marquants, sauf si l’on a connu unproche ou quelqu’un mort dans les attentats, il s’agit principalement d’événements extérieurs à notre corps. Ou que, plus ou moins à notre rythme, sauf évidemment pour les attentats, nous avons, pour une raison ou une autre, fini par intégrer dans notre vie. Et, c’est ce que j’ai fait.
Or, avec les vaccins anti-covid, et la pandémie du Covid, mon rythme d’intégration n’est pas respecté. Mes possibilités de repli, non. Je peux couper mon téléphone portable pour quelques heures. Pas avec ce vaccin, une fois que son contenu aura été introduit dans mon corps. Et, en plus, pour des « raisons sanitaires », on tente de me forcer la main. Depuis l’année dernière. Avant même que ne soient fabriqués ces vaccins anti-Covid qui rassurent une partie d’entre nous- et inquiètent une autre partie d’entre nous- en raison des conditions et de la rapidité de leur fabrication.
Qui a raison ? Les pour ou les contre ? Plus tard, nous le saurons vraiment. Mais, en attendant, que l’on soit pour ou contre, tout le monde ou à peu près, sera d’accord pour dire que depuis l’année dernière et le premier confinement que nous avons connus en mars 2020, la pandémie du Covid a été pour tous une…massive attaque.
Le journal » Les Echos » de ce lundi 2 aout 2021.
Attention ! Depuis internet et la téléphonie mobile, nous avons commencé à apprendre qu’avec les êtres humains, certaines rumeurs et désinformations vont encore plus vite que la vitesse de la lumière. Tant l’être humain a des pensées, des croyances, des suppositions et des certitudes qui lui traversent la tête en permanence. Comme dans une sorte de tentative incessante de recréer le Big Bang des origines de la vie sur Terre.
Et, désormais « grâce » ou « à cause » d’internet et de la téléphonie mobile, l’être humain a désormais la possibilité, avec un seul doigt, ou deux, ou simplement avec la voix, de balancer rapidement, massivement et de façon illimitée, sans faire le tri, à un maximum de gens, tout et son contraire. De révélations du genre Wikileaks ou de l’affaire Snowden à la rumeur de bouche ou de quartier qui n’aurait pas survécu à l’épreuve de la chasse d’eau dans les chiottes avant internet.
Lorsque l’on voit ce que l’être humain peut faire de pire depuis son clavier d’ordinateur, on est content que nos claviers personnels soient encore dépourvus du bouton rouge capable d’envoyer des bombes de fragmentation ou des drones cellulaires suite à un désaccord à propos d’une vidéo ou d’un artiste sur Youtube.
Tout cela simplement pour dire que le groupe Massive Attack n’est en aucun cas un groupe qui avait annoncé la pandémie du Covid 19 ou qui est relié de près ou de loin à son émergence comme à son évolution actuelle.
Une fatigue proche du seuil de la torture :
Et, si je parle de massive attaque (ou, plutôt, d’attaque massive) de la pandémie du Covid depuis l’année dernière, c’est parce-que je crois que ses conséquences depuis l’année dernière peuvent bien faire penser à certains des effets- majorés- du travail de nuit que j’ai cités au début de cet article. Mais ces effets sont majorés, et massifs, car la fatigue que nous pouvons ressentir du fait de cette pandémie du Covid, que l’on soit pro ou anti-vaccin, se rapproche maintenant ou se maintient à un seuil proche de celui de la torture. Et, nous ne sommes pas tous égaux ni tous préparés de la même façon face à la torture. Nous voulons pouvoir dormir et sortir tranquillement.
Dans le premier volet de Matrix, rappelez-vous ou regardez le film, Cypher ou Mr Reagan ( l’acteur Joe Pantoliano) l’un des « rebelles », proche de Morphéus, en a assez de se battre contre la Matrice. Et, il ne croit plus être l’élu. Il jalouse même Néo, le nouveau venu (interprété par Keanu Reeves, élu dans Matrix, damné vingt ans plus tard dans John Wick. On peut dire que le karma de l’acteur Keanu Reeves ou des scénaristes s’est inversé).
https://youtu.be/6gL0xQHI0wo
D’une certaine façon, on pourrait se dire que tout ce que désire Cypher, même s’il sait que cet univers est factice, c’est des vacances, avec restaurant, plage à volonté et tous ces loisirs et distractions que l’on peut rechercher dans les magasins ou pendant des week-end ou des vacances. Cypher en a assez de vivre dans le rationnement, la fuite, la grisaille. Il en a assez de s’opposer au Pouvoir arachnéen de la Matrice qui s’infiltre jusque dans les pores. Atmosphère angoissante, mais aussi pulsatile et agressive, que reflète bien la musique de l’album Mezzanine du groupe Massive Attack dont un titre ou deux figure au générique du film Matrix.
Vacances, j’oublie tout :
Sauf que la vie est aussi faite d’essais, de nuances et de prudence. Dans Matrix, les « méchants » sont méchants. Et les gentils sont gentils. Le film est moins subtil que le Brazil de Terry Gilliam(1985) qui lui est antérieur de 14 années ou que le Blade Runner de Ridley Scott encore plus « vieux » ( réalisé en 1982). Deux films, deux chefs d’œuvre, qui parleraient très bien aux gens de notre époque, en pleine pandémie du Covid.
La pandémie du Covid, comme certains états de fatigue, agit sur nous tels certains sérums de vérité.
Le journal « Le Figaro » de ce lundi 2 aout 2021.
Depuis la pandémie du Covid et l’année dernière, pour sauver notre peau, nous sommes de plus en plus contraints de nous découvrir tels que nous sommes et tels que les autres autour de nous sont véritablement. Spontanément, on pense bien-sûr au pire chez l’être humain. A certaines désillusions à venir sur soi, des collègues ou des proches. On peut aussi s’attendre au pire en termes de comportements en cas de confrontation entre des pro vaccin et des anti-vaccins. Puisque ce lundi, par exemple, les journaux papiers Le Figaro et L’Opinion relatent que « le mouvement des anti-passe sanitaire s’amplifie » passant de 110 000 à 204 000 en trois semaines (Le Figaro). Le journal L’Opinion de ce lundi 2 aout 2021, toujours, écrit sur sa première page au dessus de son titre La nouvelle menace des antipass :
« Les manifestations contre l’arsenal sanitaire anti-Covid ont réuni 205 000 personnes ce samedi. Un chiffre encore modeste mais en augmentation, qui fait craindre une rentrée sociale animée ».
Le journal « L’Opinion » de ce lundi 2 aout 2021.
Mais, on peut être vacancier et pro-vaccin et, pour autant, partager le point de vue d’anti-vaccins. Ou s’entraider.
Et puis, Faire des pauses, savoir en faireen vacances ou ailleurs, y compris avec des personnes qui ont fait un autre choix que le nôtre, c’est aussi ce qui peut permettre de ne pas totalement déprimer, paniquer ou déraper durant cette pandémie.
On peut aussi être anti-vaccin et comprendre que d’autres aient choisi de se faire vacciner.
Mais pourquoi suis-je finalement à deux doigts de me désister pour mon rendez-vous prévu pour ma première injection ?
Le journal » Le Monde » de ce lundi 2 aout 2021.
Trop de doutes
Parce-que, j’ai encore trop de doutes concernant le « bien » que peuvent me faire ces vaccins anti-Covid.
Parce-que j’ai déjà du mal passer le cap d’accepter de me faire vacciner deux fois contre le Covid. Aussi, savoir qu’une troisième injection est d’ores et déjà prévue après les deux premières en moins d’un an, me rend le passage vers la vaccination encore plus difficile.
Il est assez ironique que dans mon métier, en psychiatrie, sujet hautement sensible, il nous arrive de donner un traitement à un patient ou de « l’enfermer » contre son gré. Alors que cela peut le choquer ou choquer une partie de la population qui considère qu’il y a au minimum un abus de pouvoir et une maltraitance des institutions psychiatriques et du corps médical et soignant qui y exerce. Et, de se retrouver, comme moi, dans la situation, avec cette vaccination anti-Covid, dans une situation presqu’analogue. Où je me retrouve à la place de celle ou celui qui refuse de prendre un traitement et qui doit le prendre.
Le rapprochement m’a troublé.
Pourtant, il existe quand même quelques différences entre les deux situations. Je n’ai pas de trouble psychiatrique de nature à troubler l’ordre public (c’est étonnant d’écrire ça vu le contexte et certaines oppositions entre anti-vaccin et pro-vaccin) à mettre ma vie en danger. Je n’ai pas de déni de mes troubles. Je suis névrosé et anxieux, ce qui peut se comprendre au vu du contexte de la pandémie du Covid.
Pour ce qui est de mettre la vie d’autrui en danger en refusant de me faire vacciner, cela va devenir un débat public et non le débat de Franck Unimon versus la société. Je ne suis pas seul contre la norme de tous. Il est bien d’autres personnes, sans troubles psychiatriques, et sans troubles du comportement (sauf s’ils manifestent d’une certaine façon condamnée par la loi) qui sont également anti-vaccins ou très méfiants envers les vaccins anti-Covid. Avec des arguments que certains trouvent irrecevables. Mais jusqu’à quel point et jusqu’à quand ces arguments vont-ils rester irrecevables ?
Les traitements que nous donnons, par voie injectable, contre le gré des patients, le sont en situation de crise et d’agitation du patient. Un état de crise et d’agitation incompatible avec la vie en société. Y compris, généralement, avec ses proches et son entourage. Etat d’agitation ou de crise que je ne connais pas. Les voisins de mon immeuble ne se mettent pas à raser les murs en me voyant rentrer chez moi. La police, à ce jour, ni cette nuit, ne sera pas appelée en raison du tapage nocturne répété auquel je me livrerai car, depuis ma fenêtre, régulièrement- entre trois heures et cinq heures du matin- je me mettrai à hurler des chansons de Jacob Desvarieux afin de continuer d’honorer sa mémoire.
Et puis, il y a l’intention que nous avons envers le patient au travers de notre relation avec lui. Feu Scapin, il y a une vingtaine d’années, avait pu me dire quelque chose :
« Un jour, on s’apercevra peut-être que ces médicaments (fabriqués par des laboratoires comme les vaccins anti-covid actuels) que l’on donne aux patients sont en fait des saloperies. Ce qui fera la différence, ce sera la façon dont on s’est comporté avec les patients ».
Dans la situation actuelle avec les vaccinations anti-Covid devenus obligatoire, s’il y a un discours officiel de bienveillance et d’utilité publique pour les justifier et encourager les vaccinations, la relation est toute autre entre les laboratoires, le gouvernement et les citoyens, en bonne santé, que celle qui peut exister entre des soignants et des patients.
Si un rapport de force dominant/dominé existe aussi entre soignants et patients
(certains professionnels et certaines institutions de soins préfèrent désormais que l’on parle plutôt de « clients » au lieu de « patients »), il est néanmoins principalement mu par des buts sanitaires qui , il est vrai, peuvent être répressifs pour le « bien public ». Mais le traitement par injection lors des crises n’est pas systématique. Tous les patients de psychiatrie ne sont pas en crise. Et il y a bien des patients en psychiatrie avec lesquels il n’y a pas ou peu de confrontation.
Alors que pendant cette crise de la pandémie du Covid et de l’obligation des vaccins anti-Covid, et du passe sanitaire, les intentions sanitaires de la vaccination anti-Covid, si elles sont faciles à comprendre, sont aussi « influencées » par des intérêts économiques et politiques.
Désenchanté
Parce qu’apprendre ceci me désenchante davantage à propos des vaccins anti-Covid actuels :
Dans le journal Les Echos de ce lundi 2 aout 2021, page 4, que « Aux Etats-Unis, le port du masque en intérieur est à nouveau recommandé car la vaccination n’empêcherait pas la transmission du virus en cas de variant Delta. En France, Delta est en pleine ascension » « ça ne finira donc jamais » ( …..) « C’est un sacré coup porté au moral des autorités sanitaires. En France, Emmanuel Macron a tout misé sur la ruée vers les vaccins depuis le 12 juillet, en rendant obligatoire le pass sanitaire pour l’accès aux restaurants et aux cinémas en contraignant les soignants à recevoir leurs deux injections pour continuer à travailler ». (…..) « (….) Des études israéliennes montrant que la vaccination réduisait d’environ 90% le risque d’être porteur du virus au niveau de la sphère nasopharyngée. C’était avant Delta ». «Las, d’autres études récentes ébranlent un peu plus la perspective d’un retour rapide à la normale. Selon le ministère de la Santé israélien, le vaccin Pfizer demeure très efficace contre le risque d’hospitalisation au bout de six mois de campagne vaccinale, mais la protection contre le risque d’infection n’est plus que de 39% ».
Parce-que si j’ai regretté qu’il manque de gardes fous à propos des informations qui circulent sur le net dans tous les sens, et qu’il devient, ensuite, très difficile de faire le tri, je crois à cette information, lue sur le net, qui explique que des soignants, directement ou indirectement, ont fait la mauvaise expérience de certains effets secondaires désagréables ou graves du vaccin Astrazeneca en février 2021. Ce qui peut expliquer la raison pour laquelle un certain nombre de soignants (aide soignants et infirmiers, ceux les plus « ciblés » depuis ce 12 juillet par le gouvernement) se soient depuis méfiés des vaccins actuels. Le vaccin Astrazeneca est depuis, avec le Johnson & Johnson, le moins populaire des vaccins contre le Covid au sein de la population française. Pfizer et Moderna (ce dernier, actuellement, semble moins disponible que le Pfizer) ont plus la cote. Le vaccin français, fabriqué par Sanofi, avec une autre technique que le Pfizer et le Moderna, est plutôt prévu pour la fin de cette année.
Si je me méfie des informations qui viennent d’internet, articles ou vidéos sur youtube, il m’est aussi devenu de plus en plus difficile de banaliser le nombre ou la fréquence de témoignages affirmant les effets graves ou mortels de certaines vaccinations contre le Covid. Comme il m’est devenu difficile de continuer de croire que certains de ces témoignages trouvés sur Facebook de personnes vaccinées contre le Covid ou de proches de personnes vaccinées contre le Covid, soient tous des témoignages bidonnés par des gens qui veulent s’inventer une vie ou une notoriété.
On ne peut pas, d’un côté, avoir dit beaucoup de bien des réseaux sociaux lors des printemps arabes pour la liberté d’expression et les témoignages qu’ils ont pu permettre, et, là, en pleine pandémie du Covid et en pleine polémique à propos des vaccins anti-Covid, décider que, cette fois, tout ce qui se dit et peut se dire sur les réseaux sociaux contre ces vaccins est forcément inventé et complotiste.
Même si certains témoignages et montages vidéos sont privés du lustre ou de l’aura de certains média officiels ou sont même ridicules, grossiers ou assez ennuyants à regarder j’ai « appris » que la vérité, une certaine vérité, peut aussi venir de celle ou de celui qui manque de charisme ; qui s’exprime maladroitement et beaucoup moins bien que celles et ceux dont l’image, l’écriture et la parole en public sont le métier.
Et puis, pour conclure, parce-que cet article, une fois de plus, est long, à la fin de mon article 1er aout 2021, j’écrivais que j’avais deux choix. Le second, le plus radical, est d’arrêter de travailler.
Le premier, le plus consensuel, consiste à me faire vacciner pour avoir une certaine tranquillité pour circuler. Mais quelle tranquillité ?! Pfizer, le vaccin « star » du moment contre le Covid, qui tombe à 39 % d’efficacité ?! En plus de devoir accepter des éventuels effets indésirables inconnus 48 heures après ou plusieurs mois ou plusieurs années plus tard ?! Tout ça, pour, bientôt, de toute façon, à la fin de la grande récréation des vacances se reconfiner ou être reconfiné ?! Comment dormir tranquillement et partir ensuite se faire vacciner en apprenant ça ?! Même si nous sommes au début du mois d’août, en pleine période de grandes vacances ?!
Le journal » Libération » de ce lundi 2 aout 2021.
L’idée folle- et idiote- que je commence de plus en plus à avoir, c’est que les personnes qui survivront au Covid (car épargnées ou après l’avoir attrapé) seront sûrement celles qui auront le plus de chances de se sortir de cette pandémie du Covid. Au contraire des personnes qui se seront faites vacciner pour, en principe, mieux se protéger de la pandémie…..si je m’en tiens à la chute de ce pourcentage de protection du vaccin Pfizer et de certains témoignages de personnes vaccinées ou de proches de personnes vaccinées. Lorsque je suis tombé il y a quelques jours sur le témoignage d’Eric Clapton qui témoigne (dans une vidéo en Anglais non traduite et non sous-titrée) de sa mauvaise expérience de vaccination contre le Covid avec l’Astrazeneca, je me suis dit qu’il avait besoin de pub. Que l’on peut être surnommé « God » par les amateurs de musique et ne rien y connaître en matière de vaccins et d’effets secondaires. Mais c’était encore un des effets de mon déni. Le déni est un bon moyen de défense lorsque l’on a du mal à accepter l’énormité d’une certaine « vérité ». On se convainc facilement que celles et ceux qui essaient de nous dire une certaine vérité sont des « charlots » et des illuminés : les anti-vaccin.
Lâché sur la toile de ma folie
L’autre idée folle que j’ai depuis quelques jours, c’est que j’envie les personnes – j’en connais quelques unes- qui ont attrapé le Covid et qui vont bien maintenant. Car, même si elles ont « dégusté » (elles m’ont raconté), aujourd’hui, pour moi, elles sont dotées d’une protection immunologique en laquelle je crois plus que dans celle proposée et imposée par les vaccins actuels contre le Covid.
Et, comme je suis maintenant lâché sur la toile de ma folie, je crois aussi que cette pandémie du Covid, à cause des choix faits par nos dirigeants politiques en faveur de ces vaccins anti-Covid « limites », va peut-être modifier la géopolitique mondiale. Les vaccins chinois et russes contre le Covid, je ne sais pas ce qu’ils valent. Mais les habitants des pays pauvres qui auront échappé au Covid ou qui lui auront survécu, sans les vaccins actuels contre le Covid, vont peut-être s’en sortir mieux que certains d’entre « nous », les habitants des pays riches et « évolués » qui auront pu se faire vacciner : myocardites, thromboses, décès….
Mon raisonnement est délirant. Quand je pense aux personnes que je connais qui se sont faites vacciner contre le Covid et qui pensent forcément le contraire, mon raisonnement est délirant. Voilà un des effets courants de la pandémie du Covid. On essaie de trouver une explication, une direction à ce qui est en train de se passer. Et on raconte- ou on écrit- n’importe quoi !
Je ne me sens pas angoissé plus que ça par le Variant Delta annoncé comme plus contagieux qui va «envahir » la France bientôt. Je suis sur la petite barque de ma raison en train de délirer et d’essayer de recoller les morceaux du puzzle de vents gigantesques dont je déchiffre à peine le faisceau ou l’ombre. Je vais sûrement me ramasser tout cela bientôt en pleine figure. Une certaine prise de conscience de ma parano. Ou la confirmation de ce que des personnes essaient de nous dire depuis des mois à propos de ces vaccins anti-Covid.
Mais délirer m’empêche pour l’instant de déprimer et d’avoir peur sans aucun doute. Une sorte de délire au sec qui ne m’empêche pas de faire mon travail correctement et d’avoir des interactions sociales adéquates avec le plus grand nombre. Mais, délirer, ça peut aussi pousser à avoir un comportement suicidaire.
Je vais sortir provisoirement de ce délire. Je vais sortir de cet article. Pour l’instant, c’est le mieux que je puisse faire.
« Tout travail mesure salaire ». Mon salaire, aujourd’hui, sera de parvenir à vous faire rire ou sourire au moins une fois. N’hésitez pas, donc, après lecture, à me le faire savoir. Ps : les pleurs sont éliminatoires.
Chaque fois que ma bouche salive, elle fait son travail. Devant certaines vitrines, et en présence de certaines personnes, ma bouche salive. Je devrais donc, à chaque fois, toucher un salaire. Sauf que je ne perçois pas de rémunération pour cela. A la place, comme tout le monde, je dois payer.
Je ressens donc régulièrement un très fort sentiment d’injustice. Il y en a qui, à ma place, ne paient pas. On les paie pour saliver. Je voudrais être comme ces personnes. Comme je ne peux pas, chaque fois que je salive, j’en veux à la Terre entière.
Le travail, pour lequel je touche un salaire légal et officiel, fait partie des métiers pénibles. Mais sa pénibilité, comme pour la fabrication de ma salive, est selon moi largement sous évaluée. Puisque je me sens victime d’une grande injustice. Et, il me faut trouver le moyen de la réparer.
C’est là où les chiffres vont nous sauver. Car nous sommes dans un monde de chiffres. Et les chiffres sont à la fois les pionniers et les très grands réparateurs de notre monde.
C’est en fonction de nos chiffres que nous devenons des personnes importantes. Etre un zéro est très mauvais pour notre fiche de paie mais aussi pour la santé. Le chiffre Un, lui, fait de nous des personnes du plus haut niveau. Mais il faut faire très attention avec les chiffres. Il ne faut pas jouer avec eux. Parce que nous ne sommes rien devant eux et sans eux.
Pour la pénibilité au travail du personnel infirmier en psychiatrie et en Santé mentale, je ne sais pas si des recherches ont été faites dans les domaines suivants :
Durée d’Exposition à la psychose, aux angoisses, au morcèlement, aux menaces de mort, aux insultes, aux menaces suicidaires, aux auto-agressions…
Les effets de ce genre d’exposition prolongée sur un être humain lambda.
Les préconisations pour préserver le personnel soignant exposé de façon répétée à ce genre de situations et d’expériences.
Le ratio entre la durée de vie d’un soignant en santé mentale, ses conditions de travail, et le déclenchement d’une maladie telle que cancer, trouble musculo-squelettique, apathie, boulimie, prise de poids, anorexie, dépression, nymphomanie, éjaculations précoces et rétroactives, alcoolisme, spiritisme, paranoïa, insomnie, aigreurs d’estomac, déclenchement des règles, adénome de la prostate, appétence pour des mauvaises séries télé, développement des caries dentaires, épistaxis sédentaire, culpabilité dégénérative, exhibitionnisme saisonnier, allergies aux fantômes, mythomanies itératives et autres pathologies classées confidentielles.
En santé mentale, une grande partie du travail réalisé est régulièrement invisible.
Il passe sous les radars des signes, des symptômes et des examens exploratoires complémentaires :
Sang, pipi, caca, radios, prise de sang, nombre de globules blancs, IRM….
Mais aussi des chiffres et des résultats chiffrés.
Il y a toujours cette idée qu’en Santé mentale on ne fait « rien ».
Mais, aussi que ne rien faire, c’est ne pas travailler.
Alors que la présence, être attentif, préventif , à l’affut ou savoir se rendre disponible au bon moment , cela échappe au chiffre, à l’examen exploratoire, à la prise de sang, à la prise de rendez-vous. Et cela nécessite pourtant un effort, une intuition, une certaine tension et des compétences particulières d’un soignant. Même s’il ne fait rien. Même si cela ne se chiffre pas.
Ne rien faire, c’est aussi écouter. Et, ensuite, si c’est possible, si c’est nécessaire, essayer de parler, de se faire admettre et écouter dans la conscience bousculée de l’autre.
Beaucoup de gens ont besoin d’être écoutés. Tout le monde a besoin d’être écouté. Mais aussi d’être regardé. Pas seulement en Santé Mentale. Partout. Tout le temps. Du plus petit nombril au plus grand nombril. Jusqu’à la mort.
Et, ce travail là ne se chiffre pas. Chiffrer le nombre de fois où l’on prend vraiment le temps d’écouter une personne. Où l’on prend vraiment la peine de la regarder et de la considérer.
Même si elle sent mauvais. Même si elle délire. Même si son élocution est difficile à comprendre. Même si ses propos et ses comportements nous heurtent. Même si cette personne est régulièrement persuadée que nous sommes des abrutis. Ce qui peut être vrai. Même si elle pense que nous sommes des tortionnaires. Ses tortionnaires. Des domestiques. Mais, aussi, des incapables et des incompétents !
Ce genre de situation, plus ou moins répétée, ne se chiffre pas. Autrement, autant énumérer le nombre de fois où nous clignons des yeux. Où nous salivons. Où nous réfléchissons. C’est impossible.
Pourtant, nous vivons ce genre de situation. En Santé Mentale, nous le faisons. Autrement, la relation, la matière première, le fusible direct de notre travail, avec les patients ( ou les « clients » ) ne se fait pas. Ne se crée pas.
Parce qu’il faut la créer, cette relation. Elle ne nous est pas donnée. Il nous faut aller la chercher. Et, malgré ça, malgré nos essais, la relation ne se fait pas forcément. Car il est très difficile de se mettre toujours au diapason d’une relation avec une autre personne. Même si c’est notre métier. Même si c’est notre volonté. Dans la vraie vie, c’est pareil. Nous ne sommes pas toujours synchrones avec tout le monde.
Parce-que, contrairement aux chiffres, nous avons tous des limites. Même dans la vraie vie. Surtout dans la vraie vie. C’est pareil en Santé Mentale.
Regarder l’autre, l’ écouter, être avec lui, cela engage personnellement les soignants en Santé Mentale. Ce n’est pas la blouse qui fait le soignant. Ni le protocole. Ni le code d’accès. Même si ça peut aider.
Il n’y a pas de trucage possible. Il n’ y a pas de « truc ». De formules toutes faites. De Com’. De pschit-pschit. De sourire avec des dents ultra blanches pour que cela suffise à détartrer définitivement une angoisse, un déficit de l’attention, une impulsivité, le déni, une immaturité émotionnelle, une névrose obsessionnelle ou autre. Cela peut paraître vrai dans une publicité ou se réaliser dans un film grand spectacle en 3D et en 4 ou 5K en contre-plongée. Mais cela ne se passe pas comme ça en Santé Mentale. Autrement, beaucoup de soignants en Santé Mentale feraient carrière sur scène, à Hollywood ou sur Netflix ou HBO et gagneraient beaucoup plus d’argent.
Tout le monde a envie et besoin d’être regardé et écouté. Même notre Président de la République et tous les autres avant et après lui. Même ses Ministres. Même les chefs d’entreprise. Il n’y a pas que les Divas et les Stars ou les célébrités qui ont envie d’être regardées et écoutées.
Tout le monde, lorsqu’il prend la parole ou fait un discours, aime être écouté et être regardé et se sentir particulièrement brillant. Et important. Le nombre de fois où cela arrive ne se chiffre pas. Cela ne se chiffre plus.
Si nos sommités politiques et nos grands décideurs et décideuses, chefs d’entreprises, chefs de service, managers et autres, se retrouvaient seules dans l’espace, sur une île ou dans une cité déserte à s’adresser de plain-pied face à une caméra ou un robot. Sans savoir s’il est écouté. S’il est regardé. Obéi. Sa vie serait très stressante. Peu gratifiante. Même en étant archi bien payé, bien coiffé, bien habillé. Même en voyant graviter en permanence autour de son sourire fait de belles dents extra blanches, un drône, un satellite, une caméra ou un robot attentif à ses faits et gestes.
Cette personne déprimerait et serait alors très contente qu’un( e ) soignant ( e ) en Santé mentale – qui ne fait rien– soit juste là, pour quelques temps, pour l’entendre ruminer. Pour l’entendre. Car le/la soignant ( e) de Santé Mentale propose son entendement.
Donc, cette personne déprimée, délirante ou suicidaire, voire dangereuse pour la société pourrait raconter au soignant en santé mentale présent ( femme ou homme) ce qui lui passe par la tête. Y compris, si c’est ce que pense cette personne, à quel point elle a des grands plans pour la planète. Des plans de la plus haute importance. Et à quel point, elle souffre, aussi, de ne pas être reconnue à sa juste valeur.
Mégalomane ou non, aimable, introverti, extraverti, désagréable, fuyant, abandonné, de manière chronique ou passagère, tous les profils de postes et de personnes , avec ou sans inhibition, se retrouvent nez à nez avec nous, soignants en Santé Mentale.
Même si nous ne faisons rien, nous les recevons comme nous pouvons. Que les relations soient faciles ou difficiles avec elles et leurs proches et leurs familles.
Ce travail ne se chiffre pas. Nous ne pouvons pas être partout à la fois.
A la comptabilité. Dans des services administratifs. Au téléphone. Dans des réunions. Face à des caméras et des micros. En déplacement. Dans notre bureau. Devant un ordinateur.
Nous résistons au changement ? Nous sommes anachroniques ? Parce-que les gens ont moins besoin qu’auparavant d’être écoutés, regardés, compris, acceptés , rattrapés, protégés, encouragés, soignés et conseillés ?
Il est vrai que nous sommes rarement des girouettes. C’est plus simple pour être des personnes rassurantes et de confiance.
Nous ne réalisons pas non plus de sondages. Parce-que nous manquons d’ambition et estimons que nos intentions et nos actions ont plus d’importance que notre prestige, notre image ou notre carrière. C’est vrai, nous avons tort. Dans le monde des chiffres, il faut être carriériste.
Nous ne changeons pas non plus régulièrement d’interlocuteur et de lieu, et de milieu, toutes les deux ou trois heures. Ou tous les deux ou trois jours. Ces lieux et ces interlocuteurs étant séparés de plusieurs kilomètres et de plusieurs heures, les uns avec les autres.
Il n’existe pas d’interface, de journalistes, de ministres, de porte-parole, d’auteurs de nos discours, de sous-secrétaires, d’attachés de presse, de coiffeurs, de maquilleuses, de porte-plume, de chauffeurs, de médecin personnel, d’avocat, de vigile, de garde du corps, et de quantités d’autres intermédiaires et de professionnels plus ou moins anonymes, transitoires ou autres qui font tampon entre nous et les situations diversement et directement rencontrées.
C’est sans doute aussi pour cela qu’en Santé Mentale, nous ne faisons rien.
Car si nous faisions véritablement quelque chose, les chiffres le formuleraient. Car les chiffres disent tout. Les chiffres n’oublient jamais.
Nous devrions, tous les jours, et toutes les nuits, nous incliner devant toutes les divinités magnifiques des chiffres et leur demander à toutes de nous pardonner et de nous éloigner de l’obscurité du chiffre zéro.
Lien entre terrorisme et immigration : L’avis d’un homme de ménage
Ô, Brûlot !
Il est devenu normal de vivre avec des écrans. L’une des différences entre un animal domestique et un écran, c’est que, souvent, nous devenons volontairement l’animal domestique de nos écrans.
On parle de temps à autre de l’enfer qui serait un endroit monstrueux où l’on souffrirait beaucoup. Et lentement. A petit feu. Je crois que l’enfer, c’est aussi l’endroit, la relation et l’expérience vers laquelle, on se dirige volontairement. Car son accès nous a été rendu très facile, de façon illimitée, et presque gratuite. Parce-que sa présentation est au départ suffisamment séduisante et captivante pour nous attirer. Ensuite, peu à peu, ça se gâte. Et, généralement, lorsque ça se gâte, c’est un peu plus difficile pour s’en extraire.
Ticket pour l’enfer ?
Cet article est-il mon ticket pour l’enfer ? Je devrais peut-être me contenter de faire mon ménage dans mon coin en restant discret. C’est peut-être ce qu’il y a de mieux pour mon karma. Faire le ménage. Me taire. Renifler la poussière en toute discrétion sans me faire remarquer. Et remercier je ne sais qui, je ne sais quoi, de pouvoir bénéficier, en toute tranquillité, de ce grand bonheur qu’ailleurs beaucoup m’envieraient :
Vivre à peu près incognito en ayant un travail, en mangeant à ma faim, dans un pays en paix.
Mais il y a eu contact tout à l’heure avec un écran.
Peu importe que ce soit avec l’écran d’un téléviseur. Peu importe « l’émission ». Ou la chaine de télé. Ainsi que l’heure.
Le fait est que les écrans sont partout : consoles de jeu, smartphones, télévisions, ordinateurs, tablettes etc….
HD, 4K, pixels, 4G, 5G…. La résolution et la qualité de restitution des images- et du son- s’améliore régulièrement. Sensiblement. Il y a même de la sensualité dans cette expérience.
Le rendu de ce que l’on voit, de ce que l’on entend ou de ce que l’on filme, prend en photo ou enregistre est de plus en plus extraordinaire. Et nos moyens de diffusion, aussi.
Je ne vais pas m’en plaindre : j’en profite aussi en tant qu’usager ou en tant que spectateur.
Mais il y a un paradoxe croissant qui semble déranger assez peu. La norme est d’avoir des écrans et des images » de contact » partout en toute circonstance, ainsi que des moyens de distribution et de diffusion de ces écrans et de ces images de « plus en plus faciles ».
Ce qui m’amène à l’expérience, banale, que je viens de faire il y a quelques minutes.
En me rendant à ma séance de kiné, tout à l’heure, je suis tombé, comme lors de mes autres séances, sur la télé allumée, au fond de la salle. Laquelle, diffusait ses images, ses titres et les propos de ses différents intervenants sur le sujet du jour :
Lien entre immigration et terrorisme .
La cause de ce sujet, récemment, (vendredi dernier, je crois), à Rambouillet, dans les Yvelines, une femme flic s’est faite égorger par un homme. Cet homme serait un immigré. Et, le grand débat auquel j’ai cru assister de loin, comme spectateur, alors que j’effectuais ma séance de kiné, c’était :
Il faut à tout prix de nouvelles mesures pour réguler ou interdire l’immigration. Car, sans l’immigration, cet homme, la semaine dernière, n’aurait pas commis ce meurtre monstrueux qui a suscité une très « vive émotion » ou une « très forte émotion » à Rambouillet. Mais aussi ailleurs.
Si j’ai bien résumé.
La semaine dernière, j’avais entendu parler de ce crime. L’avis d’une de mes connaissances avait été le suivant : « Celui qui a fait ça était un enculé ! Ils ont bien fait de le fumer ! ».
Beaucoup de personnes pensent comme lui.
Evidemment, je trouve le meurtre de cette femme, horrible. Qu’elle soit flic ou pas.
Evidemment, je plains la famille et les proches de cette femme. Evidemment, j’ai de la compassion pour sa famille, ses proches ou voisins sans aucun doute durablement traumatisés par cette mort et les conditions de cette mort.
C’est après que je commence à me mêler de ce qui ne me regarde pas. Lorsque, devant cet écran de télévision, tout à l’heure, j’ai aperçu, distraitement, toutes ces personnes en train de « bêler » ou de prétendument débattre à propos du sujet du jour :
Lien entre terrorisme et immigration.
Il y a une forme de colère et d’arbitraire dans mes propos. Je n’ai pas entendu ni écouté toutes les personnes réunies autour de cette table, lors de cette « émission » sur une chaine suivie, regardée et écoutée par des millions de téléspectateurs et d’auditeurs. Et, sans aucun doute que si je l’avais fait, que parmi eux, il en est dont les propos sur le sujet m’auraient rassuré.
Mais ce titre, cette accroche racoleuse, destinée à faire le buzz, Lien entre terrorisme et immigration m’a, dès le départ, avant même d’écouter, placé sur orbite. Ce qui est le but de ce genre de titre et d’accroche. Car à peu près tout le monde en se fiant à sa vie immédiate et quotidienne, a un avis, ou son avis, sur ce genre de sujet.
On se plaint beaucoup moins de la colonisation-volontaire- de nos consciences par les écrans et les images :
On se plaint régulièrement des travers du monde et de la France. Par contre, on se plaint beaucoup moins de la colonisation- volontaire, consentie et facile- de nos consciences par les écrans et les images que l’on voit, que l’on tète, et auxquelles on s’abreuve désormais jour et nuit.
On se plaint beaucoup moins de la désertification, depuis des années, des médiathèques, des lieux de réflexion, de culture, d’enseignement, de formation de la pensée et d’analyse.
L’abondance et la surabondance de culture, même proche, ne suffit pas. Il faut aussi aller vers elle, ses rencontres, ses révélations et ses miracles.
C’est ultra-facile et c’est l’enfer :
Or, désormais, il suffit juste d’allumer et de regarder son écran pour se faire livrer, où que l’on se trouve, quantité d’images et d’informations. Et pour liker. Ou Disliker. Pour kiffer. Ou haïr. Pour encourager. Ou pour harceler.
C’est ultra-facile. Et, c’est l’enfer. Ecran tactile, clavier ergonomique, mode enregistreur, fonction vocale, rien de plus simple, rien de plus facile.
Il y a même tout un tas de cookies, un nom de douceur et de cuisine, que nous avons laissés entrer dans nos vies et qui sont au courant de la composition de nos navigations sur le net.
Un débat facile
Et, rien de plus facile, aussi, pour ces intervenants, ce matin, sur un plateau de télé, pour débattre sur ce sujet :
Lien entre immigration et terrorisme.
Peu importe que ce sujet, sous une autre forme, ait déjà été lancé, relancé et titillé, au siècle passé ou même plusieurs siècles auparavant.
Ce sujet, ou cette thématique « marche ». Fonctionne. C’est un pitch, un scénario qui suscitera toujours de l’intérêt. Et de l’émotion. Et, de l’émotion, on en a toute une nation à disposition, avec le meurtre de cette femme-flic la semaine dernière.
On a déjà le Covid, la gestion du Covid, les vaccins anti-Covid et ce qu’ils suscitent de craintes sanitaires et de polémiques. On va maintenant « varier » , ou faire semblant de varier, à nouveau, avec le sujet du terrorisme et y mêler, cette fois-ci, la sauce de l’immigration.
Les Djs du pire :
Certains de « nos » journalistes, mais aussi certaines de nos élites, sont des Djs du pire.
Ce sont des Djs installés depuis des années, très bien payés, et qui n’ont aucune intention de quitter la scène. Puisque c’est le « public » mais aussi la loi du marché qui décide de leurs « tubes ». Et qui prime.
Car tout le monde a besoin, à un moment ou à un autre, d’un peu de musique pour rythmer sa vie. Pour la séquencer. La rendre moins monotone. Pour la partager.
On aime les mélanges. Dès l’instant où, d’un point de vue éditorial, ça fait du buzz, de l’audimat et du chiffre d’affaires. Que ce soit pour rejeter, exclure, ou pour flirter- à nouveau- avec le fantasme de la pureté:
« Lien entre immigration et terrorisme ».
On aime aussi les mélanges. Lorsqu’il s’agit de saluer, de se féliciter du succès, de la réussite d’une « autre », ou d’un « autre », pourvu que, là, aussi, cela nous rapporte du buzz, de l’audimat et du chiffre d’affaires :
Je pense, ici, bien-sûr, à tous ces enfants et toutes ces personnalités « issues de l’immigration », hier, aujourd’hui et demain, qui contribuent et contribueront à donner une « bonne image de la France ».
« L’image d’une intégration réussie ». « L’image que la démocratie à la Française réussit et produit des miracles ».
Oui, la France produit des miracles
Oui, la France produit des miracles. Je le crois vraiment. Mais en matière de communication et de diffusion des idées et des pensées, la France réussit aussi des miracles de paradoxes selon moi assez meurtriers de façon directe ou indirecte. De façon consciente ou inconsciente. De façon volontaire ou involontaire.
Et, je vais citer quelques uns de ces paradoxes concernant ce thème du jour :
Lien entre immigration et terrorisme.
Il y a quelques mois, Gérald Darmanin, notre Ministre de l’intérieur actuel, était tout content d’accéder à cette nouvelle fonction ministérielle. Je le comprends. Ce nouveau poste, pour lui qui faisait déjà partie du gouvernement en tant que Ministre, était une promotion sociale et personnelle. Promotion bien plus importante, que la mienne, homme de ménage. Fonction- inventée ( je ne suis pas homme de ménage) – à laquelle, pourtant, je ferais sans doute mieux de me tenir :
Car on n’obtient, généralement, que des problèmes, dans sa vie, lorsque l’on sort de son rang social de subalterne. Et, je fais- vraiment- partie des subalternes dans la vie. Des personnes obéissantes qui marchent droit. Qui parlent droit. Et qui respectent tant les lois que les représentants de la loi.
Toute à sa joie, donc, d’avoir été nommé Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est senti autorisé à dire, librement, qu’en tant que « petit fils d’immigré », il était d’autant plus content de cette promotion.
On a bien lu : « petit fils d’immigré ». Alors, voilà. Pour moi, c’est très simple :
Gérald Darmanin, en tant que « petit fils d’immigré », n’aurait jamais dû être Ministre de l’Intérieur ni même Ministre de quoique ce soit en France. Puisqu’aujourd’hui, après le meurtre de cette femme-flic, le grand débat est :
Lien entre immigration et terrorisme.
Donc, pour moi, Darmanin, en tant que « petit fils d’immigré », aurait toujours dû être considéré comme un terroriste avéré et potentiel. Et, donc, aurait toujours dû être exclu des plus hautes fonctions qu’il occupe actuellement en France.
Et, c’est pareil pour Nicolas Sarkozy, un de nos ex-Présidents de la République, un de nos Ex-Ministres. Un de nos hommes politiques français actuels qui continue de compter dans la vie politique française depuis une bonne vingtaine d’années.
Darmanin, notre cher Ministre de l’Intérieur actuel, voit en Sarkozy un modèle. Mais, même, apparemment, notre Président de la République actuel, Emmanuel Macron voit en Sarkozy une personne indispensable. Car, à ce qu’il se raconte entre hommes et femmes de ménage, pour être réélu Président de la République, Emmanuel Macron, aurait forcément besoin de l’appui de Nicolas Sarkozy contre l’électorat de Marine Le pen.
Marine Le Pen est bien-sûr la présidente d’abord du FN. Lequel FN, toujours sa présidence, a été rebaptisé, RN ( pour Rassemblement National). Marine Le Pen, est la fille de Jean-Marie Le Pen ( ex-Président du FN, pour Front National, parti d’Extrême Droite).
Cependant, Nicolas Sarkozy a des origines hongroises. C’est donc, aussi, un autre « immigré d’origine ». Un « immigré d’origine », qui, depuis des années, je crois, a ses appartements dans le 16ème arrondissement de Paris, un arrondissement de privilégiés. Mes informations sont approximatives car, je n’ai jamais habité ou eu les moyens d’habiter dans le 16èmearrondissement de Paris. Je n’ai fait que passer dans certaines rues du 16ème arrondissement ou y prendre le métro. Je ne suis pas encore allé faire le ménage chez lui. Ce qui serait sans doute, pour moi, une très haute marque de distinction sociale, peut-être l’une des plus hautes que je pourrais obtenir dans ma vie.
Sarkozy, lui, de son côté, a été Maire, pendant des années, du 16 ème arrondissement.
Jamais, en tant que personne « d’origine immigrée », Nicolas Sarkozy n’aurait dû avoir cette possibilité. Lien entre immigration et terrorisme. Le titre de ce débat, ce matin, sur une chaine de télévision de grande audience, est explicite.
Je repense à l’extraordinaire acteur Samuel Jackson dans le Django de Tarantino, lorsqu’en plein esclavage, il découvre le Nègre émancipé, Django ( interprété par l’acteur Jamie Foxx), monté sur un cheval « comme les blancs ». Je me sens un petit peu comme Samuel Jackson devant Jamie Foxx en parlant des origines immigrées de Sarkozy ( ou de Darmanin) : selon les règles strictes du Lien entre immigration et terrorisme, jamais Sarkozy et Darmanin, par exemple, n’auraient dû se retrouver là où ils en sont dans la vie publique et politique française actuelle.
Comparer Sarkozy et Darmanin à l’exceptionnel travail d’acteur de Samuel Jackson est peut-être trop flatteur pour eux ( en tant qu’acteurs). Mais, cela illustre mon propos et permet, en même temps, de faire une petite pause d’humour et de détente dans cet article.
Dans la vraie vie, Nicolas Sarkozy, est actuellement condamné par la loi française, la loi de ce pays qu’il « aime » plus que tout. Nicolas Sarkozy a déclaré récemment en couverture du journal Paris Match, un journal français plutôt bien « friqué » et largement diffusé :
« Ils ne nous détruiront pas ». « Ils », ce sont les juges français qui l’ont jugé et condamné entre-autres à un an de prison ferme. Décision dont il a fait appel, lui, le grand amoureux de la France qui s’estime, là, être une victime des instances judiciaires de son pays de chair et de cœur qu’il aurait bien aimé diriger une seconde fois. Et, pourquoi pas, une troisième fois ?!
Pourtant, personne, apparemment, ne lui rappelle :
« Nicolas, en tant que « personne d’origine immigrée », tu t’en es plus que bien sorti dans la vie. Fais comme tous les immigrés attrapés par la justice de notre beau pays la France. Ferme-là ! Arrête de faire ton psychopathe et ton parano qui se croit toujours au dessus des Lois ! Fais ta peine ! Et sois content d’avoir vécu tout ce que tu as vécu ».
Au contraire, je lis que plusieurs personnalités politiques, de droite comme de gauche, lui ont envoyé des messages de soutien contre cet acharnement de la justice « française », dont il serait désormais la victime….
Je lis aussi dans cet article de Paris Match, que, s’il le faut, pour obtenir « justice », Nicolas Sarkozy sollicitera la Cour européenne des Droits de l’homme….
En attendant, « Monsieur » Sarkozy est libre de parader et de faire la couverture de Paris Match. Tandis que n’importe quel immigré ou citoyen lambda convaincu d’un délit, et dépourvu des mêmes moyens de défense et des mêmes appuis que lui, finit en détention( ou est expulsé, s’il s’agit d’un immigré). Ou a pour seul avenir envisageable, le suicide. Combien même il ne s’agit pas d’un terroriste…
Ecrire plus :
Je pourrais écrire plus. Mais, il ne faut surtout pas écrire trop long. Or, j’ai déja écrit beaucoup trop long pour notre époque :
Cela aurait déjà été beaucoup mieux de faire une vidéo avec le même contenu. Cela aurait sûrement «apporté » bien plus de nombre de vues. Mais je suis un aigri et un loser. Ce qui est pire, peut-être, que d’être un immigré potentiellement terroriste.
Et puis, j’ai du ménage à faire chez moi. Je garde cette obsession car personne ne fera ce travail à ma place. Et, puis, c’est ma fonction.
C’est ce travail là que je fais le mieux. Ça, avec prier très fort aussi pour que la rédaction- et la diffusion- de cet article ne me dirige vers les conduits de la dépression et d’une déchéance morale, voire nationale, irréversible. J’ai les ambitions mégalomaniaques que je peux.
Mais, j’ai déjà pris du retard dans mon ménage. Autrement, j’aurais aussi parlé de l’Affaire du petit Grégory. Un meurtre qui a marqué la conscience de la France. Un meurtre toujours irrésolu plus de trente ans après. Un meurtre monstrueux, aussi. Et, où, pour le peu que je sais, parmi les suspects, aucun immigré n’est concerné.
Je pourrais aussi mentionner le palmarès d’Olivier Fourniret, bien Français, et de son ex-compagne, la resplendissante Monique Olivier. Il ne s’agit pas de sportifs médaillés aux jeux olympiques. Mais de personnalités qui ont « accompli » des meurtres monstrueux, aussi. Là aussi, aucun immigré n’est concerné. Mais, ce n’est pas grave. Car il ne s’agit pas de terrorisme. Or, « évidemment », tous les immigrés sont des terroristes potentiels. En attendant de revenir au sujet sous-jacent dans le sujet Lien entre immigration et terrorisme qui est – mais, ça, c’est évidemment, cette fois, ma parano d’homme de ménage dont les pensées sont évidemment pleines de poussière et de déchets qui le croit- qui est que :
« Tous les musulmans et toutes les personnes de couleur sont évidemment des terroristes ».
A notre époque où l’ironie et la nuance peuvent être assez mal comprises, je tiens à prévenir et à préciser que je suis ironique, ici :
Je ne crois pas que tous les musulmans et toutes les personnes de couleur de France et d’ailleurs soient des terroristes. J’utilise l’ironie car je suis véritablement en colère de voir que des élites diverses puissent continuer d’utiliser la peur du terrorisme, de l’autre, de l’étranger, mais aussi l’émotion provoquée par la mort monstrueuse d’une femme flic ou de toute autre personne, comme on peut utiliser un vulgaire produit marketing ! Et, tout ça, pour faire sa comm’, du chiffre, de l’audimat et pour assurer la suite de sa carrière….
Parce-que, il est patent et visible pour tout le monde, que Darmanin et Sarkozy, pour ne citer qu’eux, deux hommes « issus de l’immigration », qui ont « réussi », ne sont ni musulmans ni de couleur.
Cela aurait été quelque chose si Darmanin ou Sarkozy, Macron, ou une personnalité politique française de premier plan ( Le Pen ? ) subitement, décidait de se convertir publiquement à L’Islam. Ou de se mettre en ménage avec un noir ou une noire. Ou un Arabe ou une Arabe. Quel message ce serait !
Mais je m’égare. J’ai inhalé beaucoup trop de vapeurs d’eau de javel ces derniers temps en faisant le ménage. En nettoyant les sols et les chiottes.
Et, je m’égare encore en imaginant que toutes ces élites, politiques et autres, qui participent, sans nuances, à diffuser l’idée et l’image que immigration et terrorisme sont forcément et automatiquement liées, auront une part de responsabilité directe ou indirecte dans les prochaines bavures qui concerneront une fille ou un fils d’origine immigrée. Il leur suffira, alors, de s’indigner lorsque la bavure arrivera et sera médiatisée avec la même émotion que ne l’a été le meurtre monstrueux de cette femme policière à Rambouillet. Et, cela leur permettra de retrouver une virginité morale, et « pure », à toute épreuve.
Et, je m’égare toujours – je discute trop avec mes serpillères- en pensant aussi que ces élites politiques, et autres, qui s’expriment librement, facilement, ont et auront aussi une part de responsabilité directe ou indirecte dans cette cassure de la société française dont elles sont les premières à se plaindre. Mais aussi dont elles savent se servir -tels des marchepieds- pour se rapprocher de leurs desseins personnels.
J’ai l’esprit mal tourné en pensant ça. Et puis, pourquoi m’agiter avec tout ça, ça ne changera rien. A quoi bon me casser le dos à écrire tout ça. Mon corps sera bien plus utile pour remplir et vider des seaux ou pour essorer la serpillère.
Parvenir au Pouvoir et revenir à l’époque exaltante des brûlots :
Tout cela n’a rien de nouveau. Au moyen-âge, déjà, et même avant, sans doute que bien des élites avaient déjà recours aux mêmes méthodes pourvu que celles-ci puissent leur permettre au moins deux choses :
Parvenir au pouvoir. Et revenir à l’époque exaltante des brûlots. ( des textos ?).
Ah, ô !, qu’est-ce que c’est beau, un corps qui brûle sur la place publique ! Le corps d’une personnalité qui nous dérange, qui ne pensait pas comme nous, qui nous contredisait et qui nous mettait peut-être face à certaines vérités qui nous dérangeaient. Mais qui a eu le malheur de se retrouver isolée, ou lâchée, par celles et ceux qui auraient pu la sauver ou le sauver du bûcher.
Lorsque nous serons revenus au monde des brûlots, nous serons peut-être nombreux à regarder le spectacle depuis nos écrans à haute résolution. Nous serons peut-être au boulot. Et, nous nous dirons ou penseront peut-être :
Lorsque l’on se préoccupe des autres, on oublie parfois de s’occuper de soi. Il est des personnes dont c’est le métier et aussi la volonté de s’oublier. On peut préférer s’ignorer ou estimer que notre vie peut attendre. Les autres, d’abord. Ensuite, on verra bien pour soi. S’il reste encore un peu de place dans la glace que l’on regarde.
Covid-19, deuxième prise. Nous sommes au mois de novembre 2020. Je suis un privilégié. Je travaille. J’ai touché une prime Covid. J’ai un salaire. Je n’ai pas été malade du Covid. Mes proches, non plus. Mon métier de soignant n’a peut-être jamais été aussi important.
Ah, oui, j’allais oublier : nous avons obtenu une augmentation salariale. 183 euros en deux temps. Beaucoup de personnes en France aimeraient percevoir cette somme en plus sur leur salaire à la fin du mois.
Comme la majorité, à partir de mars, j’ai été matraqué lors des premières semaines du confinement numéro un au mois de mars. Par l’anxiété, l’angoisse et la peur. Au début du confinement en mars, j’ai cru qu’à n’importe quel moment, dans un couloir de métro, le virus pouvait me sauter dessus. Et me tuer en quelques secondes. Comme une bombe insecticide peut tuer un cafard.
J’ai aussi été exposé comme d’autres au manque de masques chirurgicaux les premières semaines. Dans mon service, j’ai oublié quand nous en avons eu. Mais nous en avons eus pour travailler.
Puis, dans le monde extérieur, les masques sont arrivés début Mai. Tels des millions de parachutes de Noël dans les supermarchés. Aujourd’hui, on peut trouver des paquets de masques bradés. J’en ai acheté hier, dans la pharmacie, où, en février, un pharmacien m’avait vendu deux ou trois masques FFP2 à 3,99 euros l’unité. Avant que l’épidémie, le confinement de Mars et la pénurie de masque ne nous tombent dessus. Jusqu’en Mai.
Hier, à la pharmacie, j’ai « seulement » payé cinq euros pour une boite de cinquante masques jetables. Il m’en a coûté « seulement » cinq euros la boite.
Il m’a fallu quatre mois, entre mars et juillet, pour débloquer mes neurones. Pour redevenir capable de lire des livres. Partir en vacances mi-juillet pendant une dizaine de jours m’a bien aidé. Je fais partie des privilégiés qui ont pu partir en vacances à la mer cet été.
Depuis Mai, je porte un masque sur le visage chaque fois que je sors. Et, évidemment, au travail. Depuis mes vacances d’été, j’écoute ce qui a trait au Covid de « loin ». Je m’en tiens à quelques règles principales :
Porter mon masque sur mon nez et ma bouche. Eviter de le masturber. En changer régulièrement. Me laver les mains avec du savon quand je rentre dans un endroit. Lorsque je sors des toilettes. Avant de manger. Aérer les pièces où je me trouve. Embrasser seulement ma compagne et notre fille. Je me permets quelques fois de poser ma main sur certaines personnes mais c’est court. Je m’autorise certaines fois à être à visage découvert en présence d’autres mais à un ou deux mètres. J’ai accepté de prendre ma collègue M-J dans mes bras le lendemain de sa dernière nuit de travail, avant son départ à la retraite. J’ai posé ma main un instant sur l’épaule d’une collègue qui venait de m’apprendre avoir perdu sa grand-mère de 94 ans. Ce matin, j’ai aussi posé ma main sur l’épaule de ma collègue de nuit après que nous soyons restés discuter un peu dans la rue, devant le service, au moment de nous dire au revoir. Lorsque je me présente à un nouveau patient ou à une nouvelle patiente, j’enlève mon masque afin que celui-ci ou celle-ci voie mon visage même si c’est à un ou deux mètres.
Accepter d’être près de quelqu’un physiquement n’a peut-être jamais été autant synonyme d’affection, de sympathie ou de « révolte » qu’aujourd’hui. Puisqu’il existe un risque et un interdit sanitaire.
A l’école de ma fille, nous avions déjà à composer avec le plan Vigipirate toujours actif dans notre département. Depuis, nous devons faire avec nos masques sur nos visages. Même ma fille y a maintenant droit dans l’enceinte de l’école et du centre de loisirs. Comme ses copines et ses copains.
Les échanges téléphoniques et les réunions en visio-conférence pour le conseil de l’école sont en passe de devenir la norme à l’école de ma fille.
Cette semaine a eu lieu le premier conseil de l’école avec les enseignants et les parents d’élèves. En écoutant parler untel ou untel, je me suis étonné de mon incapacité à comprendre ce qui se racontait. Je me sentais plus que ralenti tant j’avais de mal à saisir les propos tenus. Des propos pourtant simples et largement à ma portée.
Ensuite, ma connexion internet est devenue mauvaise. Je voyais les images fixes de mes interlocuteurs mais sans le son. Ou alors, le son était haché. J’ai dû renoncer à participer. Je sais bien que mon désistement n’affecte pas en soi notre présence auprès de notre fille et ni ses résultats. Mais je n’ai pas pu m’empêcher de voir dans ma déconnection une sorte de décrochage scolaire alors que les autres participants, une majorité de femmes, semblaient parfaitement à l’aise avec ce nouveau dispositif.
Il y a deux ou trois semaines, maintenant, je suis arrivé en retard d’une demi-heure à une réunion à mon travail. J’avais pris le temps d’attendre que ma compagne et notre fille rentrent pour les voir. Mais j’avais mal anticipé la diminution du nombre de trains desservant Paris du fait de la pandémie.
Au travail, personne ne m’en a voulu pour mon « retard ». J’étais quand même arrivé avec une heure d’avance avant ma deuxième nuit de travail.
Pour cette réunion, nous étions plusieurs dans la salle d’attente attenante au bureau du médecin-chef. Il était là ainsi que deux ou trois autres collègues et notre cadre de pôle. Nous étions tous masqués. Nous étions sagement assis sur nos sièges. Environ un mètre nous séparait les uns des autres. Sur l’écran de l’ordinateur du médecin-chef, on pouvait voir la tête de nos autres collègues qui, depuis leur domicile, assistaient et participaient également à la réunion.
Ce soir-là, parmi les collègues présents physiquement, il y avait M-J. C’était sa dernière nuit avant son départ à la retraite.
Quand je suis arrivé, le sujet concernait le Covid. Les mesures à prendre par rapport au Covid. Masques, lavage des mains, aérer les pièces, nombre de personnes.
Nous avons aussi été briefés à propos du fait que, malades, sous certaines conditions, nos pouvions ou devions venir travailler. Masqués évidemment. Et en respectant- formule désormais familière – « les gestes barrières ». Voire, selon les situations, après avoir observé une période de confinement chez soi de sept ou huit jours.
Il n y avait rien de révolutionnaire ou de choquant dans ces « nouvelles ». En fait, mon retard m’avait fait rater le plus « choquant ». Je l’appris plus tard par une de mes collègues :
La Direction de notre hôpital faisait appel à des volontaires afin de se rendre dans un service où la majorité des patients avait le Covid et où, beaucoup de soignants, l’avaient également attrapé. Ce service avait besoin de renforts. Il se trouvait à une bonne heure en transports de notre service dans un département d’île de France. Les « volontaires » pouvaient choisir les horaires qui leur convenaient, soir ou matin. Rappelons les horaires du soir : 13h45/21H15. Rappelons les horaires du matin : 6h45-14h15.
A défaut de volontaires, la Direction faisait savoir qu’elle désignerait du personnel pour se rendre dans ce service. Dans notre hôpital, il manquerait deux cents infirmiers. Récemment, l’application qui propose des remplacements payés en heures sup dans d’autres services de l’hôpital a été remplacée. Désormais, la nouvelle application qui « révolutionne la gestion des ressources humaines dans la santé » et forte du fait que « 1500 entreprises nous font déja confiance » nous signale que tel service a « besoin » de nous.
Sur ma boite mail, c’est une première, j’ai aussi reçu un message, d’un groupe privé qui recherche des aides-soignants et des infirmiers :
« Dans le contexte d’épidémie Covid-19 et pour accompagner nos patients et résidents, nous avons besoin de renfort dans nos équipes soignantes au sein de nos Ehpad, Cliniques SSR et HAD.
Nous recherchons des Aides Soignant(e)s et des Infirmier(e)s pour des contrats en vacations, CDD ou CDI ».
16 euros brut de l’heure sont annoncés pour un infirmier qui a plus de trois ans d’expérience. Ainsi qu’une prime Ségur mensuelle et une prime pour tout travail effectué durant le week-end.
« L’argent » et le sacrifice, ou le sacrifice et « l’argent » continuent d’être les seules façons de s’adresser aux soignants.
Ce matin, sur la chaine Cnews, j’ai écouté une partie du dernier discours à ce jour du Ministre de la Santé, Olivier Véran. Il prévenait que le confinement allait sûrement devoir continuer. Il précisait que le gouvernement se préoccupait, aussi, de l’état de santé mental des Français : peur, anxiété, angoisse, dépression etc…
Et, il invitait les personnes concernées à s’adresser à des…. professionnels de la Santé.
La pénurie des soignants qui a été constatée en mars de cette année est pourtant la même en novembre. Elle dure depuis vingt à trente ans. Et, aujourd’hui, elle est peut-être pire. Pourtant, c’est à ces mêmes soignants que l’on demande d’être « volontaires » pour partir en renfort ailleurs. Que l’on sollicite par mail pour venir faire des vacations dans un autre établissement (en plus de leur poste de titulaire). Ou que l’on présente comme totalement disponibles pour toutes ces personnes qui, et cela se comprend, sont durement éprouvées psychologiquement, moralement et économiquement par cette pandémie du Covid.
Et nous n’en sommes « qu’à » la deuxième vague du Covid.
Nous sortirons un jour de ces tourments dus au Covid. Mais ça nous paraîtra long. C’est d’ailleurs déjà très long pour beaucoup de personnes. Moi, y compris.
Par exemple, je ne supporte plus de devoir remplir une feuille de justificatif lorsque je sors de chez moi. Porter le masque, oui. Me laver les mains, oui. Etre prudent en présence d’autres personnes, oui, même si, lorsque le métro est plein, je suis bien obligé de rester dedans pour me rendre à mon travail. Mais devoir accepter de rester chez moi alors que je souhaiterais rendre visite à quelqu’un devient très contraignant. Il faut un justificatif. Il faut rester dans un périmètre compris dans un kilomètre autour de chez soi.
Le pire, c’est que je réagis comme ça parce-que j’ai connu autre chose. Mais pour celles et ceux, qui, dans quelques années, vivront confinées dès leur naissance, cela paraitra normal d’être cloîtrées ou de fournir un justificatif au moindre déplacement. Et, tout ça, tout en étant déjà « repérés » par nos navigations sur internet ou par l’usage de nos smartphones. Ou, bientôt, peut-être, par des drones, ou, pourquoi pas, par des automates à forme humaine ou par des animaux ou des arbres artificiels.
En ce moment, en cette période d’hébétude, trois activités en particulier me font beaucoup de bien en plus de mes étirements quasi-quotidiens :
Lire
Ecouter des Podcasts
Lire sur les Arts Martiaux, comme des ouvrages ou des interviews de Maitres.
Nos relations au travail avec nos collègues, mais aussi avec certains voisins ou commerçants se resserrent sans doute. Ainsi qu’avec celles et ceux avec lesquels nous gardons le contact.
C’est sûrement, ça, la bonne nouvelle. Nous devenons des adeptes du « développé toucher » en quelque sorte. Le toucher relationnel. Ou nous devenons de bons petits paranos.