Catégories
Corona Circus Echos Statiques

Transmettre une histoire

                                                    Transmettre une histoire

 

Trois conditions me semblent nĂ©cessaires afin de pouvoir transmettre nos gĂšnes :

 

Nous avons besoin d’une autre personne qui nous donne le sourire. Soit parce qu’elle nous plait physiquement et/ou qu’elle a des valeurs qui nous attirent.

 

Cette personne nous permet de rompre notre solitude. Car nous avons ce besoin de rompre notre solitude.

 

Et, nous, nous avons un peu ou beaucoup l’ambition d’ĂȘtre le sauveur( qu’elle ou qu’il accepte)
ou le prĂ©dateur de cette personne.

 

Je crois que l’HumanitĂ© tient sur ce trĂ©pied. TrĂ©pied auquel il faut ajouter un quatriĂšme pied qui consiste Ă  vouloir transmettre une Histoire. Car l’ĂȘtre humain se sĂ©pare de son monde animal de par sa volontĂ© d’écrire son histoire, de la raconter comme de s’en rappeler mais aussi de l’anticiper. Comme certains poissons qui naissent Ă  un endroit, l’ĂȘtre humain peut passer sa vie Ă  nager Ă  contre courant pour essayer de remonter jusqu’à ses origines.

 

Jusqu’à l’Histoire de sa famille, de son clan, de sa tribu, de sa sociĂ©tĂ©, de sa culture, de sa langue. Mais aussi celle de ses dĂ©faites comme de ses victoires et de ses espoirs.

 

 

Sauveurs ou prĂ©dateurs, nous transmettons nos gĂšnes et nos histoires. Sur les scĂšnes de crimes, au sein de nos victimes ainsi que dans le relief  et le renouvellement de notre entourage intime et limitrophe.

 

Fait de chair et d’os, en se disloquant, l’ĂȘtre humain laisse ses histoires dans le berceau du regard et du corps des autres. MĂȘme si ces histoires s’accrochent Ă  la roche, il est impossible de prĂ©voir exactement ce qu’il restera de ces diffĂ©rentes trajectoires. Comment elles prendront leur essor et inspireront celles et ceux qui les entendent ou les dĂ©couvrent. Ce que l’on sait, c’est que le pire cĂŽtoiera le meilleur dans des proportions imprĂ©vues et invraisemblables. Car il faut beaucoup d’histoires pour faire une vie.

 

Aujourd’hui, en France, nous avons de quoi prĂ©dire le pire :

 

La pandĂ©mie du Covid circule toujours et s’amplifie. Nous sommes en automne et nous nous rapprochons des jours les plus gris et les plus courts. On a presque l’impression d’entrer un peu dans l’univers de la sĂ©rie Game of Thrones avec son ambiance ” Winter is coming”….

Demain, mercredi, afin de rĂ©sister aux marcheurs blancs du Covid, peut-ĂȘtre que le PrĂ©sident Macron va-t’il nous annoncer un nouveau reconfinement.

 

En tout cas, nous avons dĂ©jĂ  compris, d’aprĂšs les quelques communiquĂ©s du gouvernement, que la tendance est Ă  plus de restrictions pour des raisons sanitaires. En plus du couvre-feu de 21H Ă  6H dĂ©cidĂ© il y a quelques jours.

 

Pour diluer cette ambiance « festive Â», Erdogan, le dirigeant de la Turquie, suivi du Maroc et du Pakistan, condamne la France car celle-ci dĂ©fend les caricatures du journal Charlie Hebdo qui blasphĂšme et tourne en dĂ©rision, entre-autres, le prophĂšte et le Dieu « des Â» musulmans.

Quelques jours aprĂšs l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty Ă  Conflans Ste Honorine par un terroriste islamiste, Erdogan aurait affirmĂ© que le PrĂ©sident Macron doit se faire soigner mentalement. Et, Ă  la tĂ©lĂ©, on a su nous montrer des images de Palestiniens, Ă  Gaza, brĂ»lant des pancartes comportant le portrait du PrĂ©sident Macron.

 

On peut relever que cette attitude d’Erdogan, suivi par les dirigeants du Maroc et du Pakistan, a lieu Ă  quelques jours du rĂ©sultat des Ă©lections prĂ©sidentielles amĂ©ricaines. Soit Ă  un moment oĂč le trĂšs fort alliĂ© militaire amĂ©ricain a sĂ»rement d’autres prioritĂ©s que la Turquie d’Erdogan et cette « histoire Â» de caricatures de Charlie Hebdo. MĂȘme si en janvier 2015, beaucoup de personnes Ă©taient Charlie Hebdo, y compris des PrĂ©sidents du Monde entier qui s’étaient dĂ©placĂ©s.

En France, aprĂšs les attentats de Janvier 2015, des gens faisaient la queue devant les kiosques Ă  journaux ou se battaient pour pouvoir acheter leur numĂ©ro « historique Â» de Charlie Hebdo d’aprĂšs l’attentat du 7 janvier. Depuis, des messages de haine et de menaces de mort continuent de suivre Charlie Hebdo. Ainsi que des messages de sympathie et d’encouragements.

 

Les Ă©lections prĂ©sidentielles amĂ©ricaines nous diront si Donald Trump, PrĂ©sident des ExtrĂȘmes, du dĂ©ni du rĂ©chauffement climatique, du racisme et de la banalisation de la pandĂ©mie du Covid, est rĂ©elu. Ou s’il est battu par Joe Biden. AprĂšs la PrĂ©sidence de Barack Obama pendant huit ans qui avait pu plaire ou dĂ©plaire, la PrĂ©sidence de Donald Trump nous a jetĂ© en pleine figure le fait que les Etats-Unis, qui sont encore la PremiĂšre Puissance Mondiale, est le Pays des ExtrĂȘmes :

 

Le pire comme le meilleur s’y cîtoie.

 

Avant la PrĂ©sidence de Donald Trump, en Europe ou ailleurs, on pouvait peut-ĂȘtre encore se lover dans ce que l’on appelle le « rĂȘve amĂ©ricain Â». Alors que celui-ci, dĂšs ses origines, s’est bĂąti sur le gĂ©nocide et la destruction culturelle des millions d’AmĂ©rindiens qui y vivaient.  Ainsi que sur l’esclavage de populations africaines comme sur l’immigration europĂ©enne et asiatique (chinoise, en particulier).

 

Avec la PrĂ©sidence de Donald Trump, je crois qu’il est difficile d’ignorer que les Etats-Unis sont loin d’ĂȘtre aussi unis que ça.

 

 En attendant, en France, d’autres attentats islamistes sont donc Ă  « prĂ©voir Â». Et l’on peut s’en inquiĂ©ter. MĂȘme si un nouveau reconfinement aurait aussi l’avantage de protĂ©ger des attentats celles et ceux qui restent chez eux. Exception faite des femmes et des enfants battus par leurs conjoints et parents.

En attendant que le danger s’éloigne vraiment, on peut dĂ©cider de se taire. De se faire discret ou de laisser des blancs lorsque l’on s’exprime.

 

Sauf que si on laisse des blancs pour parler de tout ce qui nous concerne et nous prĂ©occupe, ces blancs finiront par ĂȘtre traduits par des personnes qui transmettront nos histoires comme elles les voient. Si elles les voient.  Alors que ces histoires, plus qu’une « simple Â» vue de l’esprit, sont notre vie.

 

Il faut beaucoup d’histoires pour faire une seule vie. Nous avons besoin de beaucoup d’histoires. Une seule histoire est une passoire.

 

Ps : cet article est la suite de Certaines idĂ©es. Lequel Ă©tait la suite de DĂ©connectĂ©

Franck Unimon, mardi 27 octobre 2020.  

Catégories
Corona Circus Echos Statiques self-défense/ Arts Martiaux

Certaines idées

 

                                               Certaines idĂ©es

Certaines idĂ©es nous viennent lorsque l’on n’a rien Ă  faire. Que nous sommes seuls et que nous devons improviser. Pour le pire comme pour le meilleur. 

 

Tout dĂ©pend de notre entraĂźnement au dĂ© comme aux idĂ©es. De notre environnement mais aussi de notre tempĂ©rament. Certaines personnes sont trĂšs mobiles surtout verbalement. D’autres ont rĂ©guliĂšrement besoin de bouger et de changer. Il y a celles et ceux qui considĂšrent que, de toute façon, ils ne valent rien, et que par consĂ©quent, tout ce qui se prĂ©sente devant eux est bon Ă  prendre. Absolument tout.

 

Il reste  les muets et  les effacĂ©s, que l’on oublie souvent, et qui peuvent faire partie des plus enragĂ©s dĂšs qu’ils s’accrochent Ă  une idĂ©e.

 

On dit que ces idĂ©es sont venues comme ça mais c’est souvent faux. Les idĂ©es sont souvent lĂ . Telles des connaissances et des silhouettes endormies plus ou moins proches que l’on dĂ©cide un jour de rĂ©veiller ou d’aller voir de plus prĂšs. C’est notre cĂŽtĂ© belle au bois dormant sauf que notre vie peut trĂšs vite ressembler Ă  un dessin abĂźmĂ©.

 

 Il y a les idĂ©es dominantes et celles qui se font plus discrĂštes. Il y a celles qui nous obsĂšdent pendant une pĂ©riode donnĂ©e et celles que l’on dĂ©laisse ensuite complĂštement pour d’autres que l’on avait pu mĂȘme mĂ©priser Ă  une Ă©poque.

 

Cependant, quelles qu’elles soient, toutes ces idĂ©es,  passent leur temps Ă  nous Ă©tudier.  Elles n’ont que ça Ă  faire. Se frotter contre les barreaux et le barillet de notre cerveau. Attendre le moment oĂč nous allons appuyer sur la dĂ©tente qui va les libĂ©rer et nous, nous enfermer un peu plus, ou, au contraire, nous ouvrir un peu plus la bouche d’émerveillement.

 

 

PrĂšs de l’OpĂ©ra Garnier

 

 

Ce jeudi matin, prĂšs de l’OpĂ©ra Garnier, c’est en attendant Ă  la station de bus que j’ai dĂ©cidĂ© de me rendre au procĂšs des attentats de Charlie Hebdo et L’Hyper Cacher, mais aussi de l’assassinat de la policiĂšre Clarissa Jean-Philippe.

 

J’avais deux bonnes heures devant moi avant une projection de presse. Et cela faisait dĂ©jĂ  quelques jours que je pensais Ă   aller au tribunal de grande instance. Avant mĂȘme que ne soit assassinĂ© le professeur d’histoire gĂ©o Samuel Paty, par un terroriste islamiste. C’était le vendredi 16 octobre 2020 dernier Ă  Conflans Ste Honorine, une ville de banlieue parisienne que je connais un peu.

 

J’étais peut-ĂȘtre au lycĂ©e, ou au collĂšge, la premiĂšre fois que je suis allĂ© assister avec ma classe et un de mes professeurs Ă  un jugement. C’était au tribunal de Nanterre. Un adulte, retardĂ© mental, assez grand, avait Ă©tĂ© jugĂ© pour avoir, une fois de plus, montrĂ© son intimitĂ© Ă  une petite fille. Au tribunal, cet homme avait peur.

 

Plus tard, c’était pour voir plaider le grand frĂšre d’un collĂšgue au tribunal de la CitĂ©. Je m’étais dit ensuite que j’y retournerais. Mais je ne l’avais pas fait. C’était au dĂ©but des annĂ©es 2000. Aujourd’hui, on dirait presque que tout allait bien ou mieux en France Ă  cette Ă©poque. Alors qu’en ce « temps-lĂ  Â», on faisait aussi la tĂȘte.

 

La France divisĂ©e face Ă  Charlie Hebdo :

 

 

Aujourd’hui, la France semble divisĂ©e en cinq voire en six face aux attentats et Ă  l’intĂ©grisme islamistes. Mais aussi face Ă  Charlie Hebdo.

 

D’un cĂŽtĂ©, il y a certains « croyants Â» qui considĂšrent que le Religieux, l’idĂ©e qu’ils se font et ont du Religieux, est si sacrĂ© que blasphĂ©mer, faire des caricatures de leur Religion et de leur Dieu, c’est les violer, les insulter et les mĂ©priser. Et que cela « justifie Â» la torture et la peine de mort.

 

Je me suis dĂ©ja demandĂ© si, pour certains, Charlie Hebdo est  perçu comme l’équivalent d’un journal de propagande colonialiste. Un peu comme si « La Â» France colonialiste, ou plutĂŽt l’ex-grande puissance colonialiste, qui a pu dans le passĂ©, et peut mĂ©priser certaines fois l’Islam et les musulmans, continuait de les insulter au travers de ces dessins et de ces caricatures de Charlie Hebdo.

 

Un peu comme si la France politique et militaire actuelle s’affichait au travers des caricatures et des dessins de Charlie Hebdo. Et que l’humour de Charlie Hebdo se confondait avec le passĂ© colonial de la France mais aussi avec sa politique Ă©trangĂšre.

 

Alors que, dans les faits, Charlie Hebdo est un journal indépendant, anti-impérialiste et anticolonialiste!

 

Par contre, il est vrai que Charlie Hebdo est un journal français. Et qu’à dĂ©faut de pouvoir s’en prendre directement Ă  l’Etat français et Ă  une armĂ©e française entraĂźnĂ©e,  il est plus facile de toucher la France en s’en prenant Ă  des Français sans armes. Le principe Ă©tant sans doute «  Ă  la guerre comme Ă  la guerre Â» ou « Ć“il pour Ɠil, dent pour dent Â». La prioritĂ© Ă©tant de tuer, de faire mal et de faire peur coĂ»te que coĂ»te par tous les moyens.

 

Les attentats islamistes font partie de ces moyens.

 

Devant ces attentats, il y a celles et ceux qui affirment et rappellent que la France est un pays oĂč la libertĂ©, l’égalitĂ©, la fraternitĂ©, la laĂŻcitĂ©  (la dĂ©mocratie) et donc le droit au blasphĂšme et aux caricatures, priment. Mais c’est peut-ĂȘtre un dialogue de sourds :

 

Pendant que certains parlent de libertĂ©, Ă©galitĂ©, fraternitĂ©, laĂŻcitĂ© ( et dĂ©mocratie), d’autres prĂ©parent des attentats et les « rĂ©alisent Â» dĂšs qu’ils le peuvent.

 

La peur et le trouble idĂ©ologique mais aussi Ă©conomique : Une ambiance particuliĂšre

 

Ce qui convient aux stratĂšges- en France et ailleurs- qui comptent bien profiter de la peur et du trouble idĂ©ologique actuel pour prendre le Pouvoir politique, idĂ©ologique et Ă©conomique. Je pense au moins Ă  la Chine qui continue de grignoter le monde Ă©conomiquement pendant ce temps. Mais il y a d’autres pays, auxquels on ne pense pas forcĂ©ment en ce moment, qui continuent d’évoluer. Pendant qu’en France, on continue en quelque sorte de se « niquer entre nous Â» (de se dĂ©truire et de s’autodĂ©truire). Au point qu’une guerre civile poindra peut-ĂȘtre son vrai visage un de ces jours. Et ce visage sera encore plus moche que ce que nous avons dĂ©ja connus ces derniĂšres annĂ©es.

 

Je ne le souhaite pas.

 

Et une guerre civile ne signifie pas que Toute la France serait touchĂ©e. Mais avec la pandĂ©mie du covid, la crise sociale et Ă©conomique, les attentats islamistes et les embrouilles politique, on ne sait plus toujours oĂč tourner la tĂȘte. Et, l’on peut envisager qu’un jour, un incident a priori anodin, par accumulation, fasse « guerre civile Â».

 

Pensons par exemple Ă  cette nouvelle façon, depuis environ deux mois, aprĂšs le dĂ©confinement,  aux nouvelles techniques des contrĂŽleurs de titres de transports de la SNCF :

 

DĂ©barquer, habillĂ©s en civils.  Comme s’ils prenaient d’assaut les passagers.

Clamer « ContrĂŽle des titres de transport, s’il vous plait ! Â».

Montrer leur brassard fluorescent (jaune ou orange) de contrĂŽleur comme s’ils Ă©taient policiers ou douaniers et que nous sommes avant tout des suspects ou des trafiquants avant d’ĂȘtre des passagers en rĂšgle.

 

Pensons aussi Ă  toutes ces nouvelles mesures de prĂ©vention anti-Covid :

 

Le couvre-feu qui impose pour au moins quatre semaines de rester chez soi ou sur son lieu de travail de 21h à 6h sauf motif valable et justifiable. Couvre-feu qui impose aussi au moins aux restaurants et aux bars de connaßtre à nouveau une période de fermeture, trÚs dure pour leur économie.

 

Le couvre-feu actuel- pour raisons sanitaires- se comprend bien-sĂ»r. Mais….

Peut-ĂȘtre qu’un jour, une personne lambda, usĂ©e par tout ce climat, va trĂšs mal supporter un Ă©niĂšme contrĂŽle approximatif ou indĂ©licat; une Ă©niĂšme restriction ou remarque et que, par effet « domino Â», cela va « dĂ©gĂ©nĂ©rer Â» et dĂ©boucher sur un grave trouble de l’ordre public.

 

Savoir se situer devant un programme pĂ©dagogique particulier :

 

 

Dans ce contexte, il est peut ĂȘtre d’autant plus difficile de savoir oĂč se situer par rapport aux caricatures de Charlie Hebdo. Puisque nous vivons une pĂ©riode troublĂ©e. Nous ne savons pas quand nous allons sortir de cette pandĂ©mie du Covid. Des attentats. La planĂšte va mal. Economiquement, c’est trĂšs dur. Alors, le sujet de  Charlie Hebdo et ses caricatures peut aussi passer pour anecdotique et secondaire.

 

Pour celles et ceux qui croient que moins de caricatures et moins de blasphĂšmes suffiraient Ă  apaiser le climat terroriste d’inspiration islamiste, on peut rappeler ceci Ă  propos de l’assassinat de Samuel Paty :

 

Le projet de son assassin a été de le décapiter.

 

Il se raconte que le problĂšme, c’est le blasphĂšme et les caricatures. Mais l’assassin a tuĂ© quelqu’un, un enseignant, qu’il ne pouvait pas remplacer Ă  son poste.

 

La compĂ©tence de Samuel Paty, ainsi que sa formation, son projet, en plus d’ĂȘtre une personne, c’était de transmettre un Savoir, une rĂ©flexion. Un Savoir et une rĂ©flexion qui a, entre-autres,  consistĂ© Ă  parler et montrer des caricatures de Charlie Hebdo.

 

Samuel Paty Ă©tait une personne en plus d’ĂȘtre Charlie Hebdo

 

Pourtant, en quelques minutes, un  « inconnu Â» qui n’a sans doute jamais donnĂ© un seul cours d’histoire gĂ©o de sa vie, est venu imposer  au couteau de cuisine son projet « pĂ©dagogique Â». Projet qui, lui, a consistĂ© Ă  dĂ©cider que les compĂ©tences pĂ©dagogiques de Samuel Paty Ă©taient condamnables et mĂ©ritaient la dĂ©capitation. Un peu comme si, demain, un inconnu considĂ©rait que vous parlez mal Ă  vos parents. Parce que vous leur faites des mauvaises blagues en leur montrant des dessins pas drĂŽles.  Et que, de ce fait, il (cet inconnu) avait donc le droit de venir vous dĂ©capiter Ă  la sortie de votre travail.

 

Donc, lorsque vous faites des « mauvaises Â» blagues, oĂč que vous soyez, si ça se sait,  vous devez accepter que n’importe qui, en « reprĂ©sailles Â»,  peut venir vous dĂ©couper.

 

C’est ça, le programme pĂ©dagogique islamiste si l’on regarde l’assassinat de Samuel Paty.

 

 

L’autre particularitĂ© de cet assassinat qui m’a marquĂ©, concerne l’argent.

 

Samuel Paty aurait Ă©tĂ©, au moins selon son assassin, un ĂȘtre sacrilĂšge qui mĂ©ritait la mort. L’assassin a donc eu la conviction d’ĂȘtre, lui, une personne moralement irrĂ©prochable.

Une personne si moralement irrĂ©prochable qu’elle donne de l’argent Ă  des jeunes pour qu’ils lui dĂ©signent – ou lui dĂ©noncent- Samuel Paty. Pour «  300 euros Â» que ces jeunes (ils Ă©taient cinq apparemment) se seraient partagĂ©s. Etre « pur Â» et se servir de l’argent pour « appĂąter Â» des jeunes?  ça fait penser Ă  une forme de corruption de la jeunesse.

 

En plus, cette histoire d’argent rappelle aussi l’histoire de Judas qui trahit JĂ©sus.

 

MĂȘme si on n’aime pas les caricatures de Charlie Hebdo, on a le droit de ne pas les aimer, il suffit de 300 euros pour tuer quelqu’un ?

 

Notre vie vaut 300 euros ?

 

Donc, on passe plusieurs annĂ©es de notre vie- voire toute notre vie- Ă  essayer de devenir quelqu’un ou quelque chose. Et un inconnu dĂ©cide de son cĂŽtĂ© de nous apprendre que notre vie va s’arrĂȘter pour 300 euros parce-que l’on a montrĂ© des dessins
.

Et, il y a des gens qui vont rĂ©pondre :

 

 Â« C’est comme ça ! Il fallait arrĂȘter de provoquer ! Tu cherches, tu trouves ! Â» (sous-entendu : tu cherches les ennuis, tu trouves la mort. Il ne faut pas t’étonner !).

 

Cependant, il y a un troisiĂšme aspect dans l’assassinat de Samuel Paty que je refoule pour l’instant parce-que, pour le peu que j’ai lu Ă  son sujet, je n’ai rien trouvĂ© Ă  ce propos. Et j’ai envie de croire que cela n’a rien Ă  voir avec son assassinat horrible : 

Le prĂ©nom “Samuel” peut faire penser Ă  des origines juives. SpontanĂ©ment, lorsque j’entends que quelqu’un s’appelle “Samuel”, je ne me demande pas s’il est juif ou non. Je n’ai rien contre les juifs. Et je n’ai rien non plus contre les musulmans. Mais peut-ĂȘtre que parmi ses dĂ©tracteurs, assassin inclus, il s’est trouvĂ© quelqu’un qui, en plus de lui reprocher d’avoir montrĂ© – et parlĂ©- des caricatures de Charlie Hebdo a pu supposer qu’il Ă©tait juif ou voire le lui reprocher. 

J’espĂšre donc que ce crime n’est pas, en plus, un crime antisĂ©mite…. 

 

 

A l’opposĂ©, Il y a celles et ceux qui sont contents d’expliquer que le problĂšme, en France, depuis toujours, de toute façon, vient des immigrĂ©s, des musulmans, des noirs et des arabes. Ou des juifs. Donc, tous ces attentats islamistes « arrangent Â» celles et ceux qui pensent que le problĂšme, en France, « depuis toujours, de toute façon, vient des immigrĂ©s, des musulmans, des noirs et des arabes. Ou des juifs ». Et par « arabes Â», ils pensent : Toute personne qui vient du Moyen-Orient comme du Maghreb. Toute personne qui n’a pas le type caucasien.

 

 

Au milieu de tout ça, quelque part en France,  il y a toutes les victimes passĂ©es et actuelles des attentats et des crimes terroristes, dĂ©cĂ©dĂ©es, blessĂ©es, mais aussi leur famille. Et les futures victimes.  

 

On peut rester vivant et ĂȘtre victime. Si l’on passe sa vie Ă  avoir peur au moindre geste que l’on fait, au moindre bruit que l’on entend et au moindre regard que l’on suscite. Et, cette peur, on la transmettra autour de soi.

 

 Dans le bus :

 

Dans le bus qui m’a rapprochĂ© du tribunal de grande instance, j’ai fait peur Ă  une femme qui dormait lorsque je suis venu m’asseoir Ă  cĂŽtĂ© d’elle. Elle a peut-ĂȘtre eu peur tout simplement parce-que je l’ai surprise et que j’étais un inconnu.

 

Elle a peut-ĂȘtre eu peur parce qu’en se rĂ©veillant, son regard est tombĂ© sur moi qui portais, comme tous les passagers, mon masque chirurgical anti-covid.

 

C’est sĂ»rement une coĂŻncidence. Mais il a fallu que ce soit ce matin-lĂ  en particulier, alors que je me rendais pour la premiĂšre fois au procĂšs des attentats de Charlie Hebdo, de L’hyper-cacher de Vincennes et de l’assassinat de Clarissa Jean-Philippe, que je fasse ainsi peur Ă  une femme, dans les transports en commun.

 

Le plus « drĂŽle Â», c’est que j’ai mĂȘme pensĂ© un moment que je la connaissais : 

Elle ressemblait un peu Ă  une ancienne collĂšgue.

 

J’ai prĂ©sentĂ© mes excuses Ă  cette femme, sous le regard amusĂ© d’un autre passager non loin de lĂ , pour lui avoir fait peur. Elle m’a rapidement rĂ©pondu que ce n’était pas grave et qu’il n’y avait aucun problĂšme. Nous avons ensuite continuĂ© notre trajet cĂŽte Ă  cĂŽte.

 

Cela m’a fait d’autant plus de bien, quelques stations plus loin, lorsqu’une maman est montĂ©e dans le bus avec sa fille dans une poussette. La petite devait avoir Ă  peine deux ans. Souriante, elle s’est aussi trĂšs vite manifestĂ©e, criant, pleurant, embarrassant sa mĂšre, et s’agitant un peu. MĂȘme une fois posĂ©e contre sa maman. Elle voulait peut-ĂȘtre se promener Ă  quatre pattes dans le bus en mouvement. Ce qui Ă©tait bien-sĂ»r inconcevable.

 

 

Lorsque nous sommes arrivĂ©s prĂšs de l’hĂŽpital Bichat, je suis descendu du bus. Puis, j’ai marchĂ© jusqu’au nouveau tribunal de grande instance. Ainsi que jusqu’à mes prochaines idĂ©es. Lesquelles, on le sait maintenant, me suivaient sĂ»rement pas Ă  pas depuis un certain temps…

 

 

A l’arriĂšre plan, le nouveau tribunal de grande instance.

 

 

 

Franck Unimon, ce vendredi 23 octobre 2020.

Catégories
Addictions Echos Statiques

Déconnecté

 

                                                 DĂ©connectĂ©

Tous les jours, nous avons des dĂ©sirs, des souhaits, des occasions, des circonstances. Et nous prenons de trĂšs grandes dĂ©cisions. Cracher un gros mollard sur la tĂȘte d’untel. Raconter deux ou trois secrets que l’on a appris Ă  son sujet. Aller aux toilettes. Violer la fourmi que l’on avait repĂ©rĂ©e il y a plusieurs semaines en allant faire nos courses. Eteindre ou allumer la tĂ©lĂ©. Faire une recherche sur internet. Se brosser les dents. Confectionner un gĂąteau. Manger des bonbons. DĂ©passer de dix kilomĂštres la vitesse autorisĂ©e sur la route. Boire. Fumer. Avoir des relations sexuelles. Trucider. Elucider. DĂ©boucher l’évier avec de la javel ou avec du percarbonate de soude. Apprendre Ă  lire. Sourire. Plomber une ambiance. Aller se promener. Enfanter. Se suicider. DĂ©missionner. Voler. Sulfater. DĂ©capiter. Etrangler. Dissoudre. Dessouder. Carboniser.

 

 

Une Histoire

 

J’ai lu ou entendu que l’animal n’a pas d’Histoire. Le genre humain, lui, a une Histoire. Et, certaines fois, une conscience. Du moins en est-il persuadĂ© grĂące Ă  cette pensĂ©e que nous avons tous eue un jour ou l’autre :

 

«  Je sais ce que je fais ! Â».

 

Au nom d’une Histoire, d’une Ă©ducation, d’une religion, d’une tradition, d’un nom, d’un parti, d’une croyance, par anticipation, par automatisme, par intĂ©rĂȘt ou par principe, l’ĂȘtre humain est capable de tout. De faire les soldes. Comme de rĂ©inventer le nĂ©ant. Quelle que soit l’action, une fois sa dĂ©cision prise, il aura toujours raison. Ensuite…

 

Ensuite
.celles et ceux qu’il croisera le conforteront ou lui feront comprendre, s’ils le peuvent, qu’il n’est pas tout seul. Qu’il fait partie d’un gigantesque puzzle qu’il avait Ă  peine aperçu contrairement Ă  tout ce qu’il « sait Â» et Ă  tout ce qu’il « croit Â».  Et que ce puzzle, comme les icebergs, les arbres et les plantes centenaires, voire millĂ©naires, a de trĂšs profondes et de puissantes histoires et origines. Que ces histoires et ces origines nous concernent et nous relient tous. Et qu’il reste donc beaucoup  plus d’une Ă©nigme ne serait-ce qu’à entrevoir avant d’espĂ©rer la rĂ©soudre- si on en a les facultĂ©s- avant de vĂ©ritablement savoir ce que l’on fait !

 

Je n’ai aucun problĂšme particulier avec la religion comme avec  toute autre forme d’autoritĂ©. Mais ce qui m’importe, c’est ce qu’on en fait !

 

Une espĂšce, comme la nĂŽtre, capable Ă  la fois de trucider pour manger les bonbons de son voisin, ou afin de lui prendre sa console de playstation, a bien Ă©videmment besoin de rĂšgles et de « guides Â». Mais j’ai besoin de gages d’ouvertures, de pouvoir choisir celle ou celui que je dĂ©cide de suivre pour une durĂ©e donnĂ©e, mĂȘme si c’est  pour quelques secondes. On appelle ça le libre arbitre, je crois.  Le choix. Ou le consentement Ă©clairĂ©.

 

La confiance

 

Lorsque je dĂ©cide de monter dans un bus ou dans un mĂ©tro, c’est parce-que je fais confiance Ă  la conductrice et au conducteur comme Ă  la sociĂ©tĂ© qui l’emploie. Bien-sĂ»r, je ne connais ni l’un ni l’autre et serais incapable de dire leur nom comme de dire Ă  quoi ils ressemblent physiquement et oĂč ils habitent.

Mais c’est nĂ©anmoins une des rĂ©ussites accomplies par l’ĂȘtre humain : pouvoir obtenir certains services bien pratiques, moyennant finances ou non, en se rapprochant d’inconnus dont, spontanĂ©ment, il y a plusieurs gĂ©nĂ©rations, il aurait mieux valu d’abord se mĂ©fier afin de s’assurer au prĂ©alable de leurs rĂ©elles intentions.

 

Si je me rends dans un hĂŽpital, dans une administration, dans une Ă©cole ou dans une association, c’est pareil. Idem pour un club de sport et pour les manifestations qu’il organise et auxquelles je dĂ©cide de participer. A priori, les personnes qui y oeuvrent veulent mon bien. Et sont compĂ©tentes.

 

Bien-sĂ»r, nous savons tous au quotidien qu’il nous arrive de connaĂźtre des dĂ©convenues et des contrariĂ©tĂ©s. Et nous savons aussi que tout dĂ©pend de l’orientation de l’institution, de l’association – et beaucoup des personnes qui la dirigent- Ă  laquelle nous nous en remettons.

 

 Mais le principe est qu’il nous est possible dans un certain nombre de cas de figures de vivre en «sociĂ©tĂ© Â» et de nous sentir en sĂ©curitĂ© mĂȘme lorsque nous sortons de chez nous. Ce qui est plutĂŽt une avancĂ©e.

 

Ça, c’est une partie du puzzle. L’autre partie du puzzle est faite de dogmes et d’obĂ©issances absolues. Lorsque l’on parle de fanatisme, religieux, politique, Ă©conomique ou autre, il existe au moins deux Ă©cueils. Celles et ceux qui s’identifient Ă  ce fanatisme, le justifient et en sont fiers car ils sont persuadĂ©s qu’ils « savent ce qu’ils font ! Â». Et rien ni personne a priori ne les fera changer d’avis. Ou alors, il faut avoir la personnalitĂ© d’un Daryl Davis ( auteur de Klan-Destine relationships ) peut-ĂȘtre. Ce qui est hors du commun.   

 

Et puis, il y a les fanatiques potentiels qui s’ignorent et que l’on ignore. D’une part parce qu’eux mĂȘmes ne savent pas de quoi ils sont capables dans certaines circonstances. Mais aussi parce-que le fanatisme, pour ĂȘtre « dĂ©tectĂ© Â», nĂ©cessite certaines capacitĂ©s d’écoute et d’observation. Ou certains moyens humains et logistiques. Des moyens sans doute surhumains faits aussi de psychologie, de patience, d’intuition voire, quasiment, de dons de « voyance Â».

 

 

La Peur

 

Faut-il avoir peur ? On choisit rarement ses peurs ou d’avoir peur. On a peur ou on n’a pas peur. On rĂ©ussit Ă  surmonter ses peurs ou non. Mais pour qu’un dogme s’impose et rende « servile Â», il a besoin d’instaurer la peur ne serait-ce que machinalement. Instinctivement.

Avoir peur, prendre peur, n’écouter que sa peur, vivre de sa peur et dans la peur, c’est donc, Ă  un moment ou Ă  un autre, se soumettre Ă  une institution, Ă  un ordre ou Ă  quelqu’un mĂȘme lorsque celle-ci ou celui-ci est absent, inactif ou dĂ©faillant. C’est donc perdre notre libre arbitre ou notre consentement Ă©clairĂ©.  C’est devenir la chose, le « membre Â» ou l’extension fidĂšle, loyal ou zĂ©lĂ© d’une institution, d’un ordre, d’une pensĂ©e. On croit peut-ĂȘtre ĂȘtre libre et savoir exactement ce que l’on fait. On sauve sĂ»rement sa peau- et son Ăąme- ou on a peut-ĂȘtre le sentiment de les sauver. Mais, en contrepartie, c’est quelqu’un d’autre ou quelque chose d’autre supposĂ© nous “protĂ©ger” et nous “guider” qui pense pour nous. On est comme sous hypnose. Une autohypnose consentie.

 

 

La Matrice

 

 

Et les rĂ©elles intentions de cette institution ou de cet autre qui pense pour nous nous sont inconnues. Les intentions de Google, de Facebook, d’Amazon ou D’Apple, par exemple, je ne les connais pas vraiment Ă  part d’établir et de maintenir une sorte de monopole.

Je n’ai jamais rencontrĂ© leurs dirigeants. Je ne connais pas ces personnes. Je ne vis pas avec elles. Pourtant, tous les jours, Google, Facebook, Apple, Microsoft et Amazon ( des entreprises amĂ©ricaines) influent sur ma vie directement ou indirectement. Tous les jours, d’une façon ou d’une autre, je contribue Ă  leur richesse et Ă  leur puissance. Puisque j’ai du mal Ă  m’en passer comme une majoritĂ© de personnes. Je suis incapable de savoir aujourd’hui si je suis encore suffisamment en  bonne santĂ© si je dĂ©cide de vivre sans ces entitĂ©s. Mais je sais que passer par Google, Facebook, Microsoft, Apple ou Amazon fait dĂ©sormais- et pour l’instant- partie d’une  normalitĂ©.

 

Je repense de temps à autre au film Matrix des ex-frÚres Wachowski, film transgenres. Les deux réalisateurs ont changé de genre pour devenir femmes. Comme pour essayer de mieux échapper à un certain conditionnement.

 

C’est pareil pour certaines dĂ©cisions politiques. Il s’y trouve un certain mĂ©lange des genres. Pourtant, mĂȘme si je suis hĂ©bĂ©tĂ© et distancĂ©, je ne peux me passer de continuer d’assister Ă  certaines dĂ©monstrations politiques.  

 

C’est encore pire lorsque je regarde un certain fanatisme religieux. DĂ©capiter Ă  Conflans Ste-Honorine un professeur ( Samuel Paty) qui parlait de Charlie Hebdo  Ă  ses Ă©lĂšves, ça fait trĂšs peur. J’ai travaillĂ© Ă  Conflans Ste Honorine il y a quelques annĂ©es. Je connais un peu cette ville. Une de mes Ex y a habitĂ© ou y habite encore. A Conflans Ste Honorine, j’avais aussi vu John Mc Laughlin en concert. C’était une toute autre ambiance que cette dĂ©capitation et cet attentat. Le soir de ce concert de John Mc Laughlin Ă  Conflans Ste-Honorine, comme tous les autres spectateurs aprĂšs le concert, j’Ă©tais reparti avec ma tĂȘte. Et j’espĂšre l’avoir encore bien avec moi alors que j’Ă©cris cet article. 

 

 

Harry Potter

 

J’ai appris la nouvelle par une collĂšgue vendredi soir (avant hier) au travail. Elle s’inquiĂ©tait du fait que les jeunes hospitalisĂ©s dans notre service soient effrayĂ©s par la nouvelle. Nous avons « rassurĂ© Â» cette collĂšgue :

 

Les jeunes n’en n’avaient pas entendu parler. Ils Ă©taient plutĂŽt concentrĂ©s sur le fait de  revoir un dvd de Harry Potter, un film oĂč l’on parle aussi de fanatisme. Mais oĂč des enfants, puis des adolescents, les hĂ©ros, en murissant, en se rappelant certains souvenirs, en remportant certaines Ă©preuves, en souffrant aussi, et en s’entraidant, parviennent finalement Ă  tuer le Mal absolu incarnĂ© par un adulte : « celui que l’on ne nomme pas Â».

 

Plusieurs fois, dĂ©jĂ , j’ai exprimĂ© mon Ă©tonnement devant le rĂŽle des adultes dans Harry Potter :

Ces mĂŽmes sont confiĂ©s, par leurs parents, Ă  une Ă©cole hautement rĂ©putĂ©e sans doute privĂ©e – et secrĂšte- de sorcellerie. Or,  bien que ces mĂŽmes soient sous la surveillance et la protection d’adultes formĂ©s et puissants, ils sont rĂ©guliĂšrement exposĂ©s au danger et Ă  la mort. Je trouve donc les parents de ces mĂŽmes soit trĂšs crĂ©dules soit irresponsables et suicidaires. A la limite du signalement. Quant aux professeurs, aussi charismatiques soient-ils, plus d’une fois, selon moi, ils devraient au minimum passer devant une commission de discipline pour manquement Ă  leurs devoirs de protection.

 

Mais, chaque fois que j’ai abordĂ© ce sujet, on m’a Ă©coutĂ© avec indulgence. Comme si le principal Ă©tait ailleurs. Comme si on en savait beaucoup plus que moi.  Harry Potter me laisse donc perplexe au moins pour cette raison. MĂȘme si je peux avoir plaisir Ă  regarder certains Ă©pisodes. Le Prisonnier d’Azkaban- rĂ©alisĂ© (en 2004) par Alfonso Cuaron plusieurs annĂ©es avant Gravity– est pour l’instant mon prĂ©fĂ©rĂ© parmi ceux que j’ai pu voir. Je me rappelle avoir vu le premier volet Ă  sa sortie au cinĂ©ma, Harry Potter Ă  l’école des sorciers, en 2001. Si j’avais plutĂŽt bien aimĂ© regarder le film, Ă  aucun moment, je n’avais envisagĂ© qu’il y aurait d’autres films aprĂšs celui-lĂ  et qu’ils deviendraient- comme l’Ɠuvre littĂ©raire originelle- le phĂ©nomĂšne mondial qu’ils sont devenus. Encore aujourd’hui, j’ai du mal Ă  retenir le nom de l’auteure de Harry Potter alors que je la sais mondialement connue.

 

Lors des « attentats du bataclan Â» et du « Stade de France Â» en novembre 2015, j’étais Ă©galement au travail. Et, lĂ  encore, les jeunes hospitalisĂ©s dans le service ce soir-lĂ  avaient baignĂ© dans le «fantastique Â» mais d’une autre façon :

Nous avions Ă©coutĂ© un conte avec eux, en avions discutĂ©, avant qu’ils n’aillent tranquillement se coucher. Puis, tandis qu’ils dormaient, mes deux collĂšgues et moi avions appris les Â« nouvelles Â».

 

 

 

La violence, notre addiction favorite

 

 

Que l’on parle de Harry Potter ou de contes (je propose des contes du monde entier : SĂ©nĂ©gal, Mali, Tunisie, Tahiti, Nouvelle OrlĂ©ans, BrĂ©sil, Japon, Bretagne
.). Ou que l’on parle de pandĂ©mie du Covid-19; du couvre-feu dĂ©cidĂ© rĂ©cemment par le gouvernement Macron-Castex pour rĂ©pondre Ă  la reprise de la pandĂ©mie du Covid; de la montĂ©e des eaux -qui semble s’inspirer de la montĂ©e des extrĂ©mismes religieux, politiques et Ă©conomiques- du rĂ©chauffement climatique ; de la pollution atmosphĂ©rique ; des Ă©lections prĂ©sidentielles amĂ©ricaines Trump-Biden ; de l’emprise croissante des rĂ©seaux sociaux et des GAFAM ; des crimes racistes ; des guerres en sĂ©rie ou d’autres tragĂ©dies, j’ai l’impression que nous sommes beaucoup de grands enfants qui assistons Ă  un spectacle trĂšs violent qui nous dĂ©passe. Spectacle qui explose devant nos yeux en emportant parfois nos bras ou l’une de nos connaissances.

Parce que la violence, sous toutes ses formes, est devenue notre addiction favorite.

 

 

Les Adultes face Ă  leur enfance

 

 

Je ne sais pas oĂč sont les adultes. Ce qu’ils font et ce qu’ils attendent pour remettre de l’ordre et de l’autoritĂ© dans tout ça. Peut-ĂȘtre parce-que c’est encore trop tĂŽt. Peut-ĂȘtre parce-que, comme n’importe quel gamin, je reste dĂ©connectĂ© du lourd travail que rĂ©alisent quantitĂ© d’adultes. Et que ce travail, s’il se fait devant moi-  voire, mĂȘme si j’y prends aussi ma part – avec d’autres dans un champ invisible, tous les jours,  est abstrait. Lent. Et cela me donne peut-ĂȘtre l’impression de servir Ă  rien.  

Peut-ĂȘtre, aussi, que certaines personnes ignorent encore Ă  quel point elles sont et peuvent ĂȘtre adultes en certaines circonstances. Face au danger et Ă  la mort. 

Beaucoup d’adultes restent des enfants qui, lorsqu’ils ont peur, se cachent sous une couverture. Cependant, la peur peut pousser vers deux extrĂȘmes : la paralysie ou l’attaque.

Donc, tout commence souvent par la façon dont on traite l’enfance. Que ce soit la nĂŽtre, celle de notre descendance mais aussi celle des autres. Ainsi que par la façon dont, en tant qu’adultes, on se comporte et on s’exprime devant cette enfance et par rapport Ă  elle. Par la façon dont on lui apprend Ă  regarder la vie, le monde et les autres. C’est toujours la mĂȘme Histoire qui se rĂ©pĂšte et que l’ĂȘtre humain semble avoir beaucoup de mal Ă  retenir, Ă  connaĂźtre et Ă  comprendre, si pressĂ© de grandir et d’exposer ses certitudes pour se faire admirer qu’il reste petit. 

 

 

Franck Unimon, ce dimanche 18 octobre 2020.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Catégories
Cinéma

Rouge-un film de Farid Bentoumi

Rouge est sorti en salles ce 11 aout 2021. Voici ci-dessous, ce que j’Ă©crivais Ă  son propos le 16 octobre 2020 ).  

 

Croire Ă  la perfection, c’est vouloir opĂ©rer et boucler le Temps. Telle la gendarme de son Histoire, Nour (l’actrice Zita Hanrot) obĂ©it Ă  un devoir de perfection. InfirmiĂšre, elle voudrait agir sur le Temps et l’opĂ©rer. Mais le Temps se porte trĂšs bien. Il n’est pas malade. D’ailleurs, c’est lui qui nous brancarde. Le service d’urgences oĂč Nour ( « LumiĂšre Â» en Arabe) se dĂ©balle au dĂ©but de Rouge ressemble Ă  un dĂ©dale oĂč l’on s’éloigne du jour. Plus qu’à un endroit oĂč l’on soigne.

 

« Quel que soit ce Ă  quoi une personne pense et rĂ©flĂ©chit frĂ©quemment, cela devient la tendance naturelle de son esprit Â» (extrait d’un des passages de la littĂ©rature pali citĂ© par le Dr Judson Brewer dans son livre Le Craving).

 

 

A part pour reconstituer – plus tard- les faits au cours desquels la patiente qu’elle brancardait a perdu la vie, Nour ne parle pas de ses pensĂ©es. Mais peut-ĂȘtre essaie-t’elle d’y verbaliser le Temps. Cependant, elle a quittĂ© l’hĂŽpital et les urgences pour un poste d’infirmiĂšre dans l’entreprise oĂč son pĂšre Slimane ( l’acteur Sami Bouajila) travaille depuis 29 ans.

 

Nour connaĂźt cette entreprise depuis son enfance. Son beau-frĂšre (l’acteur Henri-NoĂ«l Tabary que l’on pourra aussi voir dans ADN de MaĂŻwenn qui sort ce 28 octobre 2020) y tient un poste de cadre proche du grand patron ( l’acteur Olivier Gourmet).

 

Cette entreprise est celle des retrouvailles en mĂȘme temps que celle qui accueille les Ă©volutions sociales de la famille de Nour. Seule manque la mĂšre, dĂ©cĂ©dĂ©e quelques annĂ©es plus tĂŽt, Ă  laquelle il est un peu fait allusion.

 

Nour ( Zita Hanrot) face Ă  son pĂšre Slimane ( Sami Bouajila)

Lorsqu’elle revient dans la rĂ©gion et dans l’entreprise, la petite Nour a bien grandi. Slimane, son pĂšre, aussi. Au sein de l’entreprise, Slimane est devenu un meneur et un reprĂ©sentant syndical. Cela nous change de l’imagerie de l’immigrĂ© ou du Français d’origine immigrĂ©e soumis et incapable de s’exprimer. Ou obligĂ© de faire rire pour s’intĂ©grer.

 

Mais la joie de cette famille Ă  nouveau rĂ©unie est si Ă©vidente que l’on devine qu’elle va sauter.

 

«  Si nous avons un biais subjectif, si nous voyons le monde tel que nous voudrions qu’il soit, ces simulations ne fonctionnent pas si bien. Elles s’efforcent de parvenir Ă  la « bonne solution Â» ou du moins Ă  celles qui coĂŻncident avec notre vision du Monde Â» nous explique encore le Dr Judson Brewer toujours dans son ouvrage Le Craving. Livre dans lequel il prĂŽne beaucoup la pratique de la mĂ©ditation et de la pleine conscience.

 

Dans la famille de Nour, comme ailleurs, on est assez peu portĂ© sur la mĂ©ditation et la pleine conscience. A la rigueur, on veut bien prendre un thĂ© ou un cafĂ© et discuter ou se disputer. Mais on est plutĂŽt dotĂ© pour l’action. Et l’on est aussi assez idĂ©aliste. Le film Rouge, c’est au moins la rencontre de trois idĂ©alistes :

 

Le syndicaliste (Sami Bouajila) ; L’infirmiĂšre, sa fille ( Zita Hanrot) ; La journaliste (CĂ©line Sallette).

 

La journaliste indépendante ( Céline Sallette)

 

Chacun de ces trois idĂ©alistes- comme tout idĂ©aliste- essaie de se persuader de son indĂ©pendance et de sa luciditĂ© et s’accroche Ă  son biais subjectif. Mais les « autres Â» antagonistes, aussi. La sƓur de Nour, son mari (Henri-NoĂ«l Tabary) et le patron (Olivier Gourmet) ont le cƓur plus matĂ©rialiste ou plus cynique. Et le pĂšre de l’enfant de la journaliste (CĂ©line Salette)  est de son cĂŽtĂ© plus portĂ© sur l’activisme.

 

 

Rouge raconte au moins que certaines fonctions et certaines institutions vigilantes et vitales ont perdu de leur aura ou n’ont pas la considĂ©ration qu’elles devraient avoir en matiĂšre de santĂ© publique dans notre sociĂ©tĂ©. On en a malheureusement une illustration rĂ©cente plus que concrĂšte avec la pandĂ©mie du covid-19 : les diverses manifestations des soignants depuis une trentaine d’annĂ©es en France pour protester contre la dĂ©gradation de leurs conditions de travail faisaient dĂ©ja Ă©tat d’une pĂ©nurie de moyens et de personnels. Mais prioritĂ© a Ă©tĂ© donnĂ©e Ă  la rentabilitĂ©….

 

Je ne suis pas sĂ»r que l’acteur Sami Bouajila ait beaucoup jouĂ© des rĂŽles de pĂšre face Ă  une femme certes jeune mais d’ñge mĂ»r. Mais ses face Ă  face avec Zita Hanrot font des Ă©tincelles. Etonnamment, cela se reproduit moins entre l’actrice CĂ©line Sallette et lui. L’acteur Olivier Gourmet, quant Ă  lui, mate son jeu avec sa prĂ©cision de montre suisse habituelle. Sans rien montrer de nouveau mais avec tout ce qu’il faut.

L’acteur Olivier Gourmet.

 

Le film a quelques ratés. Mais son sujet est ambitieux et a de quoi ouvrir les yeux.

 

Rouge sortira au cinéma le 25 novembre 2020.

 

Franck Unimon, ce vendredi 16 octobre 2020. 

Catégories
Musique

Hate This Pain un titre de Tricky

 

                                         Hate This Pain un titre de Tricky

 

 

 

Certaines personnes diront mon cƓur. Mais ça ne serait pas plutĂŽt un train ou un ascenseur ?

Une voix, c’est du sable. Tout Ă  coup, il se met Ă  pleuvoir.  Et l’on est face Ă  soi. Et l’on tient Ă  tout ce que l’on voit mĂȘme si c’est un embrun.

 

Une Ăąme ne court pas les trains. Elle est faite avec le grain de milliards de souvenirs. Aucune vie ne peut tous les retenir. Le sable est partout. Physique du deuil, il est cette douleur et cette bouche que l’on touche. Que l’on Ă©coute.

 

Tricky a perdu sa fille. Il en parle dans son album Fall To Pieces. Quand je l’ai appris, je me suis dit que je ne voulais pas entendre ça. Que j’aurais l’impression d’ĂȘtre un voyeur.

Puis, je me suis fait offrir cet album pour mon anniversaire par une femme que je connais. Les titres sont assez courts.

L’album couvre 29 minutes. Tricky  y « chante Â» Ă  peine. Il laisse deux femmes chanter la plupart de ses textes :

Marta Zlakowska et Oh Land.

 

Tricky a toujours cette voix de celui qui tente de muer et de se dĂ©terrer son corps. Je l’ai aperçu une seule fois sur scĂšne. Au 104. J’avais Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© de voir Ă  quel point  il cherchait Ă  passer incognito. Alors qu’il Ă©tait seul sur scĂšne. Et, nous, nous Ă©tions nombreux Ă  ĂȘtre venus pour lui.

 

La musique de son album Fall to Pieces est incroyablement douce. A la limite du supportable. Sans doute que la colĂšre ne lui sert plus Ă  rien. Alors, on crie pour lui.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 5 octobre 2020.

Catégories
Cinéma

ADN-un film de MaĂŻwenn au cinema le 28 octobre 2020

 

                                                           

                                                            

 

 

 

«  Je t’ai pris quantitĂ© de livres sur les Arabes
. Â».

 

 

Si la mĂ©moire est un regard, dans ADN, celui de la rĂ©alisatrice, actrice et coscĂ©nariste MaĂŻwenn ( avec Mathieu Demy) descend dans la Seine prĂšs de Notre Dame, se reprend Ă  Marseille et remonte jusqu’à l’AlgĂ©rie et au-delĂ .

 

Ce regard passe d’abord beaucoup par le regard perdu du grand-pĂšre maternel Emir Fellah (l’acteur Omar Marwan) ainsi que par celui, dĂ©senchantĂ©, d’un de ses jeunes petits fils, Kevin (l’acteur Dylan Robert, nĂ© Ă  Marseille, acteur principal du film ShĂ©hĂ©razade de Jean-Bernard Marlin qui l’a fait connaĂźtre en 2018).

 

Kevin est de cette jeunesse qui rĂȘve de Rap, de gros son, d’oseille, de joints, d’affection immĂ©diate  et qui entretient une relation passionnelle avec sa famille, sa ville ou son quartier. Et, sa ville, c’est Marseille.

 

Emir Fellah, le grand-pĂšre, est un ancien moudjahidine qui cachait des armes dans les cartables de ses enfants pendant la Guerre d’AlgĂ©rie. Ensuite, il est venu vivre en France, et est devenu un grand admirateur d’Alain Delon
et de SĂ©golĂšne Royal. Ou d’HĂ©lĂšne Melon et d’Alain Royal.

 

On dĂ©couvre Emir Fellah dans une EHPAD, immergĂ© dans la maladie d’Alzheimer, et nĂ©anmoins trĂšs entourĂ© par ses filles et ses petits enfants dont Neige (MaĂŻwenn qui s’est inspirĂ©e de son propre grand-pĂšre). Pourtant, autour de lui, bougie et salive fragile, la famille se tient dans cet EHPAD qui nous entretient dĂšs le dĂ©but du film. Ce qui tranche avec la solitude habituelle qui « irradie Â» celles et ceux qui sont porteurs d’une maladie lourde et invalidante. Somatique et/ou psychiatrique.

 

NĂ©anmoins, comme assez souvent dans le cinĂ©ma de MaĂŻwenn, la paroi entre ce que l’on voit et ce que l’on vit est viscĂ©rale, permĂ©able. Et trĂšs fine. Sa prĂ©cision de diamantaire perce son film Ă  travers  le documentaire, la vie personnelle que l’on prĂ©fĂšrerait laisser au repos et le paravent, ultime, de la fiction.

 

Alors, on se ramasse un peu au dĂ©but du film. D’autant que c’était le jour de mon anniversaire lorsque j’ai vu ADN et que je suis soignant avant d’ĂȘtre devenu parallĂšlement d’abord journaliste cinĂ©ma puis blogueur.  

 

Je n’étais pas venu pour me faire acculer.

 

Or,  je « savais Â» que partie comme elle Ă©tait partie dans son film, la « fantassine Â» MaĂŻwenn n’allait pas laisser son sujet au dĂ©pĂŽt. Et encore moins le lisser.

Je lis le moins possible sur le sujet de la plupart des films que je vais voir. Et j’ai aimĂ© jusqu’alors tous ses films que j’ai pu voir auparavant au cinĂ©ma (Pardonnez-moi (2006), Le Bal des actrices ( 2009) Polisse -2011-).  

 

Les pages de pub Ă©tant dĂ©jĂ  passĂ©es ainsi que la visite aux toilettes, il ne restait plus qu’à rester « dans Â» l’EHPAD oĂč commence le film, notre masque chirurgical anti-covid sur le visage avec, peut-ĂȘtre, un peu de buĂ©e pour compagnie sur nos lunettes de vue.  

De gauche à droite : Caroline Chaniolleau ( Françoise); Henri-Noël Tabary ( Matteo); Fanny Ardant ( Caroline); Florent Lacger ( Ali); Louis Garrel ( François); Maïwenn ( Neige)

 

Regarder un film, c’est venir de sa propre mĂ©moire pour aller vers une autre mĂ©moire, fut-elle transformĂ©e. J’ai encore du mal Ă  comprendre la raison pour laquelle, depuis quelques temps, l’Histoire de l’AlgĂ©rie, ente 1954 et 1962, me parle autant. Un jour, j’irai peut-ĂȘtre en AlgĂ©rie.

 

 

L’Emir Fellah (le grand-pĂšre maternel interprĂ©tĂ© par Omar Marwan) ne parle plus au dĂ©but d’ADN. Et ses congĂ©nĂšres de l’EHPAD vivent aussi dans un autre temps ainsi qu’avec une Ă©locution et une pensĂ©e diffĂ©rentes de la nĂŽtre pour tout bagage.

 

L’AlgĂ©rie dont on parle dans ADN, c’est le paradis perdu. Le rĂȘve qui a Ă©tĂ© quittĂ© mais aussi trahi. A la fin du film, on apercevra une image ou deux d’Abane Ramdane, un des hĂ©ros de la rĂ©sistance algĂ©rienne assassinĂ© par ses « frĂšres Â» de mĂ©moire et du FLN. Avant mais aussi aprĂšs la LibĂ©ration de l’AlgĂ©rie. Assassinat ( Ramdane Ă©tait pour une AlgĂ©rie plutĂŽt laĂŻque, dĂ©mocratique, avec une paritĂ© entre la femme et l’homme) qui symbolise Ă  lui seul plusieurs de ces dĂ©faites qui secrĂštent encore l’AlgĂ©rie d’aujourd’hui en 2020. MalgrĂ© la victoire sur l’armĂ©e française en 1962.

 

Si ADN parle de filiation, d’immigration, du fait d’ĂȘtre français, la famille que le film montre Ă  travers trois gĂ©nĂ©rations est composite. Comme la famille d’acteurs sĂ©lectionnĂ©e cette fois par  MaĂŻwenn. De Fanny Ardant Ă  Dylan Robert, en passant par Louis Garrel et Henri-NoĂ«l Tabary (que l’on reverra dans Rouge de Farid Bentoumi qui sortira le 25 novembre), Alain Françon ou les autres, on croise aussi bien le cinĂ©ma de François Truffaut que celui de rĂ©alisateurs actuels ou Ă  venir.

Bien que l’AlgĂ©rie et la France se soient sĂ©parĂ©es, plutĂŽt que de continuer d’inhaler les mĂȘmes amertumes et de porter la coutume militaire, ADN se veut une Ɠuvre de deuil, d’hommage et d’espoir. On y parle donc aussi de ce que ces deux cultures ont de meilleur et ont pu s’apporter :

 

Kateb Yacine, Idir, Romain Gary ( son Ɠuvre Le CamĂ©lĂ©on). Cela fait certes plus de morts que de vivants. C’est lĂ  oĂč la distribution- oĂč la fĂ©dĂ©ration- d’acteurs qui entoure MaĂŻwenn   est aussi faite d’air et fait raĂŻ(l) dans cette ambiance qui peut rappeler Ceux qui m’aiment prendront le train de Patrice ChĂ©reau ( 1998).

 

D’ailleurs, histoire de parler un peu de l’ADN du film, lui-mĂȘme, il m’a fallu le voir pour apercevoir une gĂ©mellitĂ© entre MaĂŻwenn et Isabelle Adjani, ValĂ©ria Bruni-Tedeschi, BĂ©atrice Dalle
.Amy Winehouse ( une autre dĂ©funte). Mais aussi avec « la Â» Jean Grey qui incarne PhĂ©nix dans les comics. Ou Julie Delpy. Oserais-je Ă©crire : ainsi qu’avec Catherine Breillat ?

Et peut-ĂȘtre devrais-je ajouter une partie de l’énergie du film Incendies de Denis Villeneuve (2010).

En regardant ADN,  en musique, j’ai d’abord « entendu Â» le titre All Neons Like de BJörk . Tant les nĂ©ons des Ă©motions Ă©clairaient le film. Puis Hate This Pain du dernier album de Tricky ( Fall To Pieces) a pris le relais. ( Hate This Pain un titre de Tricky).

 

Je sais bien que chaque artiste tient Ă  sa particularitĂ© mais il faut bien que je parle Ă  un moment donnĂ© de ce qui m’a tapĂ© dans la pensĂ©e, buĂ©e ou non. Il en est ainsi de la silhouette rĂ©elle ou suggĂ©rĂ©e de Jacques Audiard dans ADN.  

 

Au centre, Fanny Ardant ( Caroline), derriÚre elle, Caroline Chaniolleau ( Françoise), à droite, Henri-Noël Tabary ( Matteo).

 

On pourrait croire que je retire Ă  MaĂŻwenn toute aptitude propre. Ce serait une grosse erreur. Lorsque l’on a un certain hĂ©ritage, il faut ensuite savoir le promouvoir. Ce que MaĂŻwenn rĂ©ussit trĂšs bien.

A mesure que l’érosion apparaĂźt au sein de cette famille unie, le Savoir-faire de MaĂŻwenn en tant que rĂ©alisatrice, actrice et coscĂ©nariste surgit. J’ai Ă©tĂ© plusieurs fois marquĂ© par ses dons de camĂ©lĂ©on : pour son aisance en tant qu’actrice qui est Ă©galement la rĂ©alisatrice.

 

Si son regard tombe un moment dans la Seine et qu’elle amorce- Ă©videmment- une descente dans la dĂ©pression, son regard dit aussi ce qu’il doit Ă  ses ascendants. Son « explication Â» avec sa mĂšre Caroline (jouĂ©e par Fanny Ardant) est mon sommet prĂ©fĂ©rĂ© dans le film. Dans les bonus du dvd du film  Haute Tension, rĂ©alisĂ© par Alexandre Aja en 2003, MaĂŻwenn expliquait qu’elle n’avait aucun problĂšme pour pleurer face Ă  une camĂ©ra.

Dans ADN, elle sait trĂšs bien manier les moments de tension. Nous faire rire par exemple lorsque l’on pourrait pleurer ou dĂ©primer. La scĂšne d’hommages au grand-pĂšre m’a ainsi beaucoup fait rire tant la rĂ©alisatrice maitrise ses trĂšs grands pouvoirs d’humour et de dĂ©rision.

MaĂŻwenn ( Neige) et Marine Vacth ( Lilah).

 

 

Elle m’a aussi fait dĂ©couvrir que l’acteur Louis Garrel pouvait ĂȘtre trĂšs drĂŽle. J’ai aussi aimĂ© le tandem de sƓurs amiantĂ©es qu’elle forme avec Marine Vacth (Lilah, dans le film). Tandem que j’aurais aimĂ© voir encore plus dĂ©veloppĂ©. Le pĂšre de Neige, Pierre, campĂ© par Alain Françon, est succulent Ă  voir jouer. Et cela nous  donne un petit raccord avec Pardonnez-moi, quatorze ans plus tard. Sauf que dans ADN, l’attention est peut-ĂȘtre plus prĂ©sente que l’agitation.

 

Dans Pardonnez-moi, il s’agissait de survivre. Dans ADN, il s’agit plutĂŽt de rĂ©ussir Ă  transmettre un sourire. Ce qui est un sacrĂ© tour de force aprĂšs ce film qui est le contraire d’une farce.

 

ADN sortira au cinéma le 28 octobre 2020.

 

Franck Unimon, ce lundi 5 octobre 2020.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Catégories
Argenteuil Corona Circus Echos Statiques

Ce n’est pas comme ça que ça marche !

 

                                       Ce n’est pas comme ça que ça marche !

« Ce n’est pas comme ça que ça marche ! Â». Sur ma droite, un homme d’une trentaine d’annĂ©es vient d’affirmer cette dĂ©cision devant un employĂ© de la poste. Celui-ci, son masque de protection anti-Covid sur le visage, porte des lunettes de correction comme moi. Il a environ la quarantaine, a le crĂąne et le visage un peu gris et dĂ©garnis. C’est la premiĂšre fois que je le vois dans cette agence de la poste. Il y a bientĂŽt un an, maintenant, cette agence de la poste a ouvert dans le centre commercial CĂŽtĂ© Seine d’Argenteuil. Auparavant, il y avait deux agences de la poste dans le centre ville d’Argenteuil. Une a fermĂ© et ses locaux peuvent ĂȘtre louĂ©s. Pour l’instant, personne ou aucune sociĂ©tĂ© ne s’est montrĂ©e intĂ©ressĂ©e. L’autre agence est dĂ©sormais dĂ©diĂ©e aux rencontres avec des conseillers et n’est accessible que sur rendez-vous.

 

 Il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© d’ouvrir une seule agence commerciale de la poste ( ou La Banque Postale, si l’on prĂ©fĂšre) Ă  CĂŽtĂ© Seine qui compte dĂ©jĂ  un certain nombre d’enseignes commerciales :

 

Cela va du supermarchĂ© GĂ©ant en passant par OkaĂŻdi, Action, Gifi ( ouvert rĂ©cemment), Courir, Du Pareil au mĂȘme ainsi qu’une pharmacie et d’autres enseignes. Il y a bien eu un H&M oĂč je ne suis jamais allĂ©. Mais il a fermĂ©. «  Trop de vols ! Â» m’a appris un Argenteuillais dont la famille habite dans la ville depuis au moins trois gĂ©nĂ©rations. Un Argenteuillais bien renseignĂ©.

 

Je n’ai jamais aimĂ© ce centre commercial, CĂŽtĂ© Seine, qui, selon le reportage d’une journaliste de TĂ©lĂ©rama serait Le lieu d’attraction pour beaucoup de jeunes d’Argenteuil. CĂŽtĂ© Seine serait selon cette journaliste un petit peu l’équivalent des Quatre Temps de la DĂ©fense pour moi, lors de leur ouverture, dans les annĂ©es 80 quand j’étais ado.

 

Je conteste cette vision de la ville d’Argenteuil, une ville oĂč je suis venu vivre il y a 13 ans.  Argenteuil  compte selon moi bien d’autres atouts que ce centre commercial.

Je vois aussi des jeunes studieux dans la mĂ©diathĂšque d’Argenteuil. Ainsi qu’au conservatoire. Un conservatoire dĂ©partemental qui attire des jeunes d’autres villes plus « favorisĂ©es Â». Encore rĂ©cemment, il y a trois jours, je suis allĂ© saluer mon ancienne prof de thĂ©Ăątre du conservatoire. Elle faisait passer des auditions. Et un comĂ©dien avait commencĂ© Ă  interprĂ©ter un passage de Richard III. En repartant, aprĂšs avoir, comme le veut la tradition entre comĂ©diens, dit « merde Â» et prĂ©sentĂ© mes excuses Ă  l’interprĂšte de Richard III, j’ai aussi croisĂ© deux personnes qui venaient de St Denis. Assises, ces deux personnes ( une fille et un garçon qui semblaient se connaĂźtre) avaient dĂ©jĂ  passĂ© leur audition. 

Je sais aussi que des personnes rĂ©sidant Ă  Paris, Enghien ou Courbevoie, de quartiers et des villes mieux rĂ©putĂ©es qu’Argenteuil, ont pu venir prendre des cours au conservatoire d’Argenteuil.

 

Ce mardi, l’humoriste Haroun, est aussi venu donner un spectacle au centre culturel Le Figuier Blanc. J’y Ă©tais. Et, il y a quelques jours, mon ancienne de prof de cours de thĂ©Ăątre du conservatoire, Michelle BrĂ»lĂ© et le musicien Claude BarthĂ©lĂ©my, avec lequel j’ai eu l’occasion de travailler en tant que comĂ©dien il y a quelques annĂ©es, ont rendu un hommage Ă  Janis Joplin et Ă  Jimi Hendrix Ă  la Cave DimiĂšre d’Argenteuil. Je n’ai malheureusement pas pu y aller.

 

 

C’est donc dire que CĂŽtĂ© Seine est loin, trĂšs trĂšs loin, d’ĂȘtre un des seuls attraits d’Argenteuil.

 

Mais il est vrai que ce centre commercial a un certain succĂšs mĂȘme si on y croise beaucoup moins de monde qu’aux Quatre Temps de la DĂ©fense. Il est aussi plus petit et situĂ© dans une ville moins attractive que la DĂ©fense. Et, lorsque j’ai appris que l’antenne commerciale de la Poste allait ĂȘtre ouverte Ă  CĂŽtĂ© Seine, j’ai trouvĂ© ça « malin Â» pour l’attractivitĂ© de cet espace comme pour l’accessibilitĂ©. Car CĂŽtĂ© Seine dispose de parking sous-terrain pour sa clientĂšle. Ce centre commercial est aussi placĂ© Ă  cinq minutes Ă  pied de la gare d’Argenteuil. Laquelle, je le rappelle (car c’est aussi un des autres trĂšs gros atouts de la ville) se trouve Ă  11 minutes de la gare St Lazare par train direct. Et Ă  17 minutes par un train omnibus. Lors des grĂšves de transport ou lors de la diminution du trafic pendant le confinement dĂ» au Covid du mois de mars au mois de Mai, pour moi, vivre en banlieue dans la ville d’Argenteuil a plutĂŽt aidĂ©. J’ai des Ă©lĂ©ments de comparaison :

J’ai vĂ©cu une vingtaine d’annĂ©es auparavant Ă  Cergy-Pontoise. Et cela m’aurait Ă©tĂ© beaucoup plus difficile de me rendre au travail Ă   Paris, comme je l’ai  fait, durant la pandĂ©mie, par les transports en commun, bus inclus. D’ailleurs, lorsque je vivais Ă  Cergy-Pontoise, je travaillais dans les environs. Je me rendais Ă  Paris uniquement pour mes loisirs.

 

J’ai une certaine expĂ©rience de la vie en banlieue parisienne. Je n’ai mĂȘme que cette expĂ©rience de vie depuis ma naissance. Je parle d’une certaine partie de la banlieue. Je suis trĂšs loin de connaĂźtre toute la banlieue parisienne. Et puis, la vie dans certaines villes de banlieue a plus changĂ© que dans d’autres villes de banlieue depuis mon enfance.

 

Mais, ce matin, Ă  la poste du centre commercial CĂŽtĂ© Seine, cet homme trentenaire sur ma droite, lui,  semble avoir une trĂšs grande expĂ©rience des courriers en recommandĂ©. Alors, lorsque l’employĂ© de la poste qui me fait face et s’occupe de moi lui rĂ©pond qu’il doit d’abord faire la queue comme tout le monde, l’homme « recommandĂ© Â» riposte :

 

«  Ce n’est pas comme ça que ça marche ! Â».  Et, il explique que pour envoyer un courrier en recommandĂ©, on n’est pas obligĂ© de faire la queue ! Alors, l’employĂ© de la poste lui rĂ©pond qu’en pĂ©riode de Covid, si ! C’est Ă  lui qu’il revient de faire entrer les gens dans la poste. Et, pour l’exemple, il montre les personnes qui, derriĂšre moi, et comme moi, ont fait et font la queue.

 

Je peux comprendre cet homme pressĂ©. Pour avoir attendu l’ouverture de cette agence de la poste une ou deux fois, Ă  9 heures du matin, il peut y avoir beaucoup de monde prĂ©sent. C’était dĂ©jĂ  comme ça avec les deux bureaux de poste prĂ©cĂ©dents. LĂ , Ă  CĂŽtĂ© Seine, c’est sĂ»rement pire. Vingt  Ă  trente minutes avant l’horaire d’ouverture, il est courant qu’il y ait foule. Alors, lorsqu’il y a moins de monde, comme c’est le cas ce matin  (vers 11 heures du matin), on n’a qu’une envie : faire ce que l’on a Ă  faire. Sans traĂźner. Surtout que l’on a su nous « Ă©duquer Â» pour rĂ©aliser un certain nombre de nos formalitĂ©s, ou opĂ©rations, en nous adressant Ă  des automates.  FormalitĂ©s et opĂ©rations, qui, il y a dix ou vingt ans, nĂ©cessitaient le passage obligatoire par un guichet et par un ĂȘtre humain. Or, ce matin, un ĂȘtre humain, l’employĂ© de la poste face Ă  moi, est lĂ  pour faire barrage Ă  un autre ĂȘtre humain. Et lui rappeler qu’il doit faire la queue comme tout le monde. Et attendre comme tout le monde. MĂȘme si la voie lui semble libre. MĂȘme s’il a toutes les compĂ©tences requises pour se servir tout seul de l’automate lui permettant d’affranchir son courrier pour un recommandĂ©. Et, tout ça, Ă  cause d’un virus:

 

Le Covid-19. Ou « la Â» Covid. Selon les sensibilitĂ©s et les avis.

 

Mon attitude vis Ă  vis de la pandĂ©mie a changĂ©. Pendant quatre mois, grosso modo, j’ai Ă©tĂ© raisonnablement obsĂ©dĂ© par le Covid. Du mois de mars jusqu’à la mi-juillet.

Parce-que, comme tout le monde, j’ai d’abord Ă©tĂ© matraquĂ© moralement par la forte probabilitĂ© de la maladie et de la mort. Du fait des mĂ©dias et de la forte « contagion Ă©motionnelle Â» dont parle le Dr Judson Brewer dans son livre sur les addictions ( Le Craving). Lorsqu’il dit, par exemple, page 256 :

 

« Selon les spĂ©cialistes de sciences sociales, les Ă©motions positives et nĂ©gatives peuvent se transfĂ©rer d’une personne vers les personnes voisines (c’est ce qu’on appelle la contagion Ă©motionnelle). Si un individu manifestement de bonne humeur entre dans une piĂšce, les autres ont plus de chances de se sentir heureux, comme si cette Ă©motion Ă©tait contagieuse Â».

 

Un peu plus tĂŽt, toujours dans ce mĂȘme livre, Judson Brewer, citant l’ouvrage de Skinner ( Walden 2), affirme, page 252 :

 

«  Il (Skinner dans son ouvrage Walden 2) souligne l’usage omniprĂ©sent de la propagande et d’autres tactiques pour canaliser les masses par la peur et l’excitation. Bien-sĂ»r, ce sont lĂ  des exemples de renforcement positif et nĂ©gatif. Quand une tactique fonctionne, elle a plus de chances d’ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ©e. Par exemple, pas la peine d’aller chercher plus loin que la derniĂšre Ă©lection prĂ©sidentielle aux Etats-Unis pour voir comment un politicien exploite la peur (comportement) :

 

« Le pays est en danger ! Je rĂ©tablirai la sĂ©curitĂ© ! Â».

 

 En France, cela peut nous faire penser au titre du dernier livre de Nicolas Sarkozy, ex-PrĂ©sident de la RĂ©publique qui, visiblement, ne digĂšre toujours pas, d’avoir ratĂ© sa rĂ©Ă©lection :

 

Le Temps des tempĂȘtes.

 

PrĂ©sident de la RĂ©publique de 2007 Ă  2012, Nicolas Sarkozy ne m’a pas du tout marquĂ© comme Ă©tant un PrĂ©sident de l’apaisement. Et, en 2020, il (nous) sort nĂ©anmoins un livre qui annonce le pire. Comme s’il regrettait presque de ne pas avoir assez accentuĂ© le dĂ©jĂ  pire. Il y a presque chez lui comme une sorte de refuge mĂ©lancolique dans sa façon de refuser l’échec de sa rĂ©Ă©lection. C’est une sĂ©paration d’avec le Pouvoir dont il ne se remet pas. Alors, Ă  dĂ©faut, il reste dans les parages car sa capacitĂ© de nuisance et son poste d’observation restent meilleurs que celui d’autres acteurs de la vie politique.

Si certains auraient voulu ĂȘtre un artiste, lui, aurait peut-ĂȘtre voulu ĂȘtre Poutine.

 

 

L’humoriste Haroun au centre culturel Le Figuier Blanc

 

 

 

Dans son spectacle donnĂ© ce mardi au Figuier Blanc, l’humoriste Haroun a dit Ă  peu prĂšs :

 

« Ce n’est pas qu’aujourd’hui, l’extrĂȘme droite (et ses idĂ©es racistes) soit pire qu’avant. C’est surtout que les autres partis se sont mis Ă  son niveau Â».

 

Le titre du livre d’un Nicolas Sarkozy ou les saillies livresques ou mĂ©diatiques d’autres PersonnalitĂ©s donnent malheureusement raison Ă  Haroun. Lequel, toujours ce mardi, a pu dire, je le cite, car, cette fois-ci, j’ai pu noter :

«  Ce n’est pas le monde qui va mal. C’est qu’il y a trop de cons qui vont bien ! Â».

 

Notre part de connerie et de folie

 

Tout le monde sera d’accord avec cette phrase. MĂȘme les plus cons. Car  le plus difficile, aprĂšs avoir admis Ă  l’unanimitĂ© cette thĂ©orie d’Haroun, reste Ă  faire :

 

 Savoir dĂ©finir Ă  partir de quel dosage, notre part de connerie ou notre part de folie, souvent indĂ©tectable et imprĂ©visible, mais Ă©galement infinie, peut avoir – lorsqu’elle entre en jeu – des consĂ©quences. Notre part de connerie et de folie est rĂ©tractile. Elle peut n’ĂȘtre que transitoire, elle peut passer sous tous les radars (policiers mais aussi sociaux). Et aussi nous Ă©chapper.

 

Le personnage de comics, Serval (dont Black Panther est finalement la version assouplie, consciente– Black Power- et Ă©duquĂ©e) peut contrĂŽler jusqu’à un certain point ses griffes d’Adamantium et son agressivitĂ©. Mais, au moins pour lui, les vrais mĂ©chants sont assez facilement identifiĂ©s et identifiables.

Pour nous, simples lecteurs et simples spectateurs de comics, de films pornos ou de romances tĂ©lĂ©visĂ©es,  dans notre vie de tous les jours, c’est plus difficile de faire le tri entre les fientes que nous avalons quotidiennement. Car elles nous sont toujours prĂ©sentĂ©es de façon affriolante.

 

Pour notre amateur de recommandĂ©s, peut-ĂȘtre que cet employĂ© de la poste a Ă©tĂ© un « con Â» ou un «  mĂ©chant Â». Pour moi, qui ai dĂ» revenir Ă  la Poste, toujours pour mon histoire de tĂ©lĂ©phone portable commandĂ© et payĂ© – fin aoĂ»t- sur le site de Darty Ă  un de ses « vendeurs partenaires Â», et jamais reçu (alors que la Poste et le vendeur « partenaire Â» m’affirment que je l’ai reçu il y a plus de trois semaines !) cet employĂ© de la Poste m’a donnĂ© l’impression d’ĂȘtre un homme Ă  qui l’on a dĂ» dire :

 

«  Tu seras au cƓur de l’action de notre entreprise. En premiĂšre ligne. C’est un rĂŽle trĂšs important. La qualitĂ© de ton contact relationnel avec notre clientĂšle est dĂ©terminante. Elle sera le gage de l’image de professionnalisme et d’efficacitĂ© de la Poste. C’est donc une fonction Ă  forte valeur ajoutĂ©e que tu occuperas Â».

 

Et, Ă  la maniĂšre d’un gardien de Foot couvrant ses cages, on peut dire que notre employĂ© de la Poste s’est impliquĂ© ce matin pour ĂȘtre Ă  la hauteur de sa fonction.

 

Me rĂ©pĂ©tant, avec conviction, que la Poste ne met pas- « C’est illĂ©gal ! Â»- le tampon sur le formulaire de rĂ©clamation que me demande- en Anglais- maintenant le « vendeur partenaire Â», photo Ă  l’appui. Afin d’ĂȘtre remboursĂ©.

 

M’affirmant que je peux faire les dĂ©marches sur internet car cela sera plus rapide. Ou me parlant (Ă  nouveau, comme sa collĂšgue la semaine derniĂšre) du 36 31. Un numĂ©ro que j’ai dĂ©jĂ  fait et oĂč tu passes un certain temps Ă  attendre que l’on te rĂ©ponde. MĂȘme lorsque tu rĂ©ussis Ă  avoir quelqu’un en ligne, cette personne a souvent besoin d’aller se renseigner et te mets Ă  nouveau en attente. Tout ça pour te rĂ©pondre que tu as d’autres dĂ©marches supplĂ©mentaires Ă  effectuer. Et, si tu as un mauvais karma, il arrive aussi que tu appelles- bien sĂ»r- lorsque tous les agents sont dĂ©jĂ  en ligne ou occupĂ©s. Ou en pause dĂ©jeuner. Voire, peut-ĂȘtre, ce n’est pas indiquĂ© :

En plein Burn-out,  en train de se suicider ou en entretien oĂč on leur apprend qu’ils vont ĂȘtre licenciĂ©s car ils ont de mauvais rĂ©sultats ou la boite, trop peu de bĂ©nĂ©fices.

 

Autrement, il y a les dĂ©marches par courrier me dit aussi l’employĂ© de la Poste avant de presque me menacer :

 

 Â«  Mais ça prend trois mois ! Â».

 

DerriĂšre moi, quelques personnes attendent. Le jeune homme du recommandĂ©, pas content, est restĂ© sur ma droite. Un autre agent de la poste, essaie maintenant de le convaincre, mais cette fois, en Arabe, d’aller faire la queue. Ce qui n’a pas l’air de beaucoup marcher.

 

 

Nos plus grands accomplissements

 

Quant Ă  moi, je comprends que mes dĂ©marches sont loin d’ĂȘtre terminĂ©es. Je n’ai pas vraiment compris quelle formule magique, ou plutĂŽt quelle dĂ©marche, je dois suivre pour obtenir le remboursement et ainsi ĂȘtre dĂ©livrĂ© de cette entreprise, qui, parmi tant d’autres, nous prend beaucoup plus de temps et d’énergie que cela ne le devrait. Par contre, compensation, en insistant, je rĂ©ussis Ă  obtenir un nouveau formulaire de rĂ©clamation, en expliquant que j’ai « mal rempli Â» le prĂ©cĂ©dent. Voici ce qui fait partie de nos plus grands accomplissements :

 

Réussir à boucler une démarche administrative. Obtenir un formulaire.

 

 

Je repars donc avec un nouveau formulaire. D’ailleurs, une fois que j’ai eu ce formulaire dans la main, je me suis senti mieux. Un formulaire, dans la main, c’est aussi bien que de prendre un bon anxiolytique. AprĂšs ça, j’ai Ă©tĂ© vĂ©ritablement disposĂ© pour Ă©couter ce que l’employĂ© me prĂ©conisait pour mes dĂ©marches. Puis, pour accepter ce qui Ă©tait sa rĂ©ponse depuis le dĂ©but :  

 

« Ce n’est pas nous ! Allez voir ailleurs ! Â».

 

Ce n’est pas nous ! Allez voir ailleurs !

 

Nous vivons beaucoup dans une Ă©poque de «  Ce n’est pas nous ! Allez voir ailleurs ! Â».

Sur la chaine Cnews, ce matin, lors de ma sĂ©ance kinĂ©, j’ai de nouveau reçu la « bonne Â» parole du journaliste Pascal Praud. Il y a quelques jours, j’avais Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© de voir apparaĂźtre la DRH de Charlie Hebdo Ă  l’écran. C’était pour expliquer qu’elle avait Ă©tĂ© exfiltrĂ©e de son domicile par ses agents de protection en raison de menaces. A la suite, sans doute, de l’attentat rĂ©cent prĂšs des anciens locaux de Charlie Hebdo.

Cela faisait drĂŽle d’entendre Pascal Praud assurer la DRH de Charlie Hebdo de sa solidaritĂ©. Comme de l’entendre rĂ©pĂ©ter aprĂšs elle, un peu comme un Ă©colier :

 

« Les musulmans sont les premiĂšres victimes
. Â» (de l’intĂ©grisme islamiste).

 

Pascal Praud peut donc chĂ©rir les pensĂ©es d’un Eric Zemmour et penser tout Ă  la fois que «  les musulmans sont les premiĂšres victimes Â» (de l’intĂ©grisme islamiste). C’était assez irrĂ©el. Et d’assister Ă  ça comme de voir et d’entendre la DRH de Charlie Hebdo Â« parler Â» avec Pascal Praud.

 

Ce matin, Pascal Praud, sur Cnews, a citĂ© De Gaulle :

 

«  Des chercheurs qui cherchent, on en trouve. Des chercheurs qui trouvent, on en cherche ! Â».

 

Je me suis dit que le modĂšle idĂ©alisĂ© de la France de Pascal Praud, c’est vraiment la France du passĂ©. D’une France qu’on lui a racontĂ©. Et avec laquelle, en 2020, il essaie de nous capter. J’aime l’Histoire et je crois beaucoup que nous avons Ă  en apprendre. Mais, pour cela, cela commence par apprendre Ă  Ă©couter les autres. Je ne suis pas sĂ»r que Pascal Praud sache tant que ça Ă©couter les autres. Il prend peut-ĂȘtre un certain plaisir dans son attitude de malentendant. Car c’est un luxe de trĂšs grand privilĂ©giĂ© que de pouvoir se dispenser d’écouter les autres. Tous les autres. Et, Pascal Praud, pour moi, fait Ă©videmment partie des trĂšs grands privilĂ©giĂ©s.

 

 

Ce matin, l’un des sujets abordĂ©s par Pascal Praud concerne l’allongement de la durĂ©e de rĂ©flexion, pour une femme, pour avoir droit Ă  l’avortement. Jusque lĂ , les femmes disposaient de 12 semaines. Cela va passer Ă  14 semaines. Auparavant, c’était 10 semaines.

Pour conclure le « dĂ©bat Â», Pascal Praud a donnĂ© la parole Ă  une journaliste du journal Le Figaro qui a rĂ©cemment
.accouchĂ©. Si j’ai bien compris, cette journaliste Ă©tait encore en congĂ© maternitĂ© lorsqu’elle s’est exprimĂ©e depuis chez elle. Cette façon de conclure le dĂ©bat est sĂ»rement, pour Pascal Praud, sa conception de l’élĂ©gance et du respect des femmes. De certaines femmes tout au moins. Celles qui ont le choix. Ou plus de choix que d’autres. Des femmes privilĂ©giĂ©es ou assez privilĂ©giĂ©es. Mais j’extrapole sĂ»rement.

 

Car, Pascal Praud ou pas, reste cette part de connerie et de folie en nous, Ă  laquelle, nous nous accrochons et oĂč nous savons ĂȘtre trĂšs performants.

 

Nous avons cette faculté de nous en tenir à une certaine gestuelle, certaines habitudes et certaines pensées dÚs lors que nous les avons adoptées.

 

 

PrĂšs de la gare de Conflans Ste Honorine

 

 

Ça me rappelle un ancien patient, psychotique, que j’avais croisĂ© il y a plusieurs annĂ©es, par hasard, dans la rue, prĂšs de la gare de Conflans Ste Honorine. J’avais fait sa « connaissance Â» quelques jours ou quelques semaines plus tĂŽt dans un service d’hospitalisation en psychiatrie adulte oĂč j’avais fait un remplacement. C’était un patient dans la force de l’ñge, peut-ĂȘtre plus grand que moi,  assez corpulent, moyennement commode. Potentiellement violent physiquement.

Lorsque je l’ai rencontrĂ© ce jour-lĂ , prĂšs de la gare de Conflans Ste-Honorine, il allait vers la gare alors que je m’en Ă©loignais. Mais nous Ă©tions sur le mĂȘme trottoir dans cette longue ligne droite qui doit faire Ă  peu prĂšs dans les deux cents mĂštres.

Manifestement lestĂ© par un traitement antipsychotique de poids, l’homme continuait d’avancer, fixĂ© vers un but ou une planĂšte qu’il Ă©tait seul Ă  habiter, notre monde n’étant pour lui qu’un dĂ©corum. Je ne sais toujours pas s’il m’a vu ou reconnu lorsqu’il est passĂ© en silence Ă  cĂŽtĂ© de moi. C’était il y a plus de dix ans.

Je parle de cet homme car, chacun et chacune, Ă  notre façon, nous sommes pareils que lui. Hier, en fin d’aprĂšs-midi, Ă  la gare St-Lazare, j’ai voulu prendre le train pour rentrer chez moi, Ă  Argenteuil. Il Ă©tait un peu plus de dix huit heures. En pleine heure de pointe. Un horaire oĂč beaucoup de personnes- la majoritĂ© des personnes exerçant un emploi- ont terminĂ© leur journĂ©e de travail et aspirent Ă  rentrer  chez elles. Mais, comme cela a pu se passer et peut continuer de se passer dans une certaine mesure avec le Covid-19, il y avait un grain de sable.

 

 

Le train de la voie 22

 

 

Cette fois, le grain de sable Ă©tait un incident technique du cĂŽtĂ© de la ville de Bois-Colombes. Plusieurs trains ne partaient pas ou ne partaient plus. D’autres ont Ă©tĂ© supprimĂ©s. A mesure que plus de personnes arrivaient Ă  la gare St Lazare, aspirant Ă  retourner chez elles, il y avait comme une sorte de vapeur de panique ou d’agitation qui prenait le dessus. Et j’ai vu plus de personnes affluer, voire se presser, vers un train de banlieue  en particulier. Je me suis concentrĂ© sur celui de la  voie 22 car j’ai un moment envisagĂ© de le prendre. D’autres personnes se sont sĂ»rement focalisĂ©es sur le train d’une autre voie et n’ont plus vu que ce train-lĂ , « leur Â» train,  les autres trains alentour n’existant pas ou plus pour eux.

 

Le train de la voie 22 n’était pas encore parti.  Mais d’autres passagers continuaient de se diriger vers lui. Comme si la nĂ©cessitĂ©, pour plusieurs de ces personnes, Ă©tait d’ĂȘtre dans ce train-lĂ  coĂ»te que coĂ»te. Que leur vie en dĂ©pendait ! Et que si elles Ă©chouaient Ă  prendre ce train-lĂ  en particulier, qu’elles resteraient indĂ©finiment Ă  quai dans la gare St Lazare. Et qu’il leur serait impossible de retrouver leur domicile ou de se raccrocher Ă  leur vie d’avant l’incident technique.

 

 

A la poste ce matin, cet homme qui a affirmĂ© «  Ce n’est pas comme ça que ça marche ! Â», s’est retrouvĂ© devant un incident qui a eu la mĂȘme portĂ©e pour lui que pour ces gens, qui, hier soir, ne savaient presque plus oĂč donner de la tĂȘte Ă  la gare St Lazare parce-que quelques trains ont Ă©tĂ© annulĂ©s ou retardĂ©s.

Hier soir, Ă  la gare St Lazare, pourtant, il  y a bien eu les annonces rĂ©pĂ©tĂ©es d’un agent ou d’une agent de la SNCF. Ces annonces ont pour but d’informer voire de rassurer les voyageurs Â»â€Š. Il y a encore des amĂ©liorations Ă  faire pour que les annonces de la SNCF soient plus rassurantes. Les informations Ă©taient rĂ©pĂ©tĂ©es en accĂ©lĂ©rĂ©. Elles n’étaient pas toujours audibles de façon confortable d’un point de vue acoustique. Elles n’étaient pas toujours intelligibles.

 

 

Parce-que c’est comme ça que nous marchons !

 

 

 A la tĂ©lĂ©, sur les rĂ©seaux sociaux, dans les mĂ©dia, dans nos relations personnelles et professionnelles, il est aussi des gens qui nous « informent Â» et tentent de nous « rassurer Â». Parmi ces gens, il y a des Pascal Praud et d’autres dĂ©clinaisons, d’autres visions et d’autres façons de raisonner comme de se comporter dans la vie de tous les jours. Il faut pouvoir s’y retrouver. Certaines personnes sont capables d’humour comme Haroun. D’autres n’ont pas cette aptitude Ă  l’humour ou ont un humour tout Ă  fait diffĂ©rent. Mais ce qui est commun Ă  beaucoup d’entre nous, c’est qu’il suffit de nous priver- temporairement- de quelques uns de nos repĂšres pour trĂšs vite nous agiter voire nous faire paniquer. Il suffit d’un virus et d’une pandĂ©mie. De devoir attendre quinze minutes au lieu de dix. D’un train supprimĂ© ou retardĂ©. Et nous, Ă  un moment ou Ă  un autre, nous pouvons faire une connerie. Ou  devenir fous. Parce-que c’est comme Ă§a que nous marchons.

Qui sait ?! Cet article que j’écris est peut-ĂȘtre une connerie Et une folie !

 

 

Concenant le Covid-19 :

 

 

Concernant le Covid-19, j’ai arrĂȘtĂ© de m’obsĂ©der avec lui en partant en vacances et en allant prendre l’air cet Ă©tĂ© pendant quelques jours. Bien-sĂ»r, je porte un masque dĂšs que je sors de chez moi. Masque avec lequel je recouvre mon nez et ma bouche. Masque que je change toutes les trois heures environ. Et je me lave les mains rĂ©guliĂšrement.

Si je monte dans un métro, dans un bus ou dans un train bondé, hé bien, je monte dans un métro, dans un bus ou dans un train bondé.

 

Lorsque je parle de mes sĂ©ances kinĂ©, je parle de sĂ©ances qui sont effectuĂ©es dans une piĂšce oĂč, certes, nous sommes plusieurs patients, mais la piĂšce a une surface assez grande et tout le monde porte un masque. MĂȘme si, quelques uns, choisissent pour une raison ou pour une autre, de le faire glisser sous leur nez.

 

 

 Cependant, continuer de prendre les transports en commun pour aller au travail pendant le confinement pendant presque deux mois du mois de mars Ă  dĂ©but Mai m’a aussi bien aidĂ©. D’abord sans masque puisqu’il n’y avait pas de masque disponibles jusqu’au dĂ©but du mois de Mai. Pour moi, il a trĂšs vite Ă©tĂ© Ă©vident que c’était parce-que les masques Ă©taient rares que l’on nous racontait qu’ils Ă©taient inutiles lors de nos dĂ©placements. 

 

S’il est vrai que le fait, aussi, de croiser trĂšs peu de monde dans les rues en pleine pĂ©riode de confinement (entre Mars et Mai) m’a sĂ»rement prĂ©servĂ© d’une contamination, cela m’a nĂ©anmoins fait beaucoup de bien de sortir et de voir qu’il Ă©tait possible de sortir de chez soi et de rester vivant et en bonne santĂ©. MalgrĂ© l’absence de masques. D’ailleurs, depuis que les masques sont devenus «abondants Â» et faciles Ă  trouver, j’ai du mal Ă  me rappeler m’ĂȘtre dĂ©placĂ© sans masque- du fait de la pĂ©nurie de masques- dans Paris pendant le confinement. Tant, aujourd’hui, « la norme Â» est de porter un masque. Hier soir, Ă  la gare St Lazare, la majoritĂ© des voyageurs que j’ai vus, comme souvent, depuis que les masques sont disponibles, et depuis que le port du masque peut ĂȘtre contrĂŽlĂ©, portaient des masques.

 

 

Porter un masque en toutes circonstances est-il une arnaque ? Des personnes le pensent.

 

A titre prĂ©ventif, si porter un masque me garantit d’ĂȘtre en santĂ© et de protĂ©ger d’autres personnes (comme l’usage du prĂ©servatif lors d’un rapport sexuel), je considĂšre que cela vaut le coup et le coĂ»t de porter un masque anti-Covid. Et que c’est une contrainte assez supportable mĂȘme s’il est vrai que cette contrainte temporaire dure depuis maintenant un certain temps. MĂȘme s’il est assez peu «naturel Â» et moyennement agrĂ©able de vivre en permanence avec un masque sur le visage.  On peut et on a le droit de me voir comme un mouton et un con. Je le suis peut-ĂȘtre et bien davantage.

 

Mais je suis aussi soignant. Porter un masque, ne serait-ce que chirurgical, lorsque l’on est soignant (mĂȘme sans travailler au bloc opĂ©ratoire ou dans un service de rĂ©animation), cela fait partie de la culture du soignant. Au mĂȘme titre que d’utiliser des gants stĂ©riles ou non stĂ©riles, de porter des vĂȘtements ou des chaussures pour des raisons sanitaires. Comme de se laver les mains rĂ©guliĂšrement.

 

Ensuite, en parlant de culture du masque, en Asie, la culture du masque existe pour parer Ă  la pollution ou pour raisons sanitaires. Et cette « culture du masque Â» me paraĂźt justifiĂ©e.

 

 

Par ailleurs, je trouve que le port du masque nous oblige Ă  mieux voir le regard de l’autre. A plus nous y attacher. A visage dĂ©couvert, nous sommes plus facilement distraits lorsque nous avons une personne en face de nous. Nous voyons moins son regard et ce qu’il exprime. D’un point de vue sentimental, relationnel ou affectif, j’ai l’impression que si le port du masque nous retire effectivement quelque chose ( c’est quand mĂȘme plus agrĂ©able de vivre Ă  visage dĂ©couvert comme de faire l’amour sans prĂ©servatif)  qu’il nous donne aussi quelque chose. Et puis, nous pouvons encore varier les attitudes. En prĂ©sence de certains intimes, ou de certaines rencontres, tomber le masque a une importance particuliĂšre. Par exemple, aujourd’hui, lorsque l’on dĂ©cide de se rendre au restaurant avec une personne et que l’on accepte, face Ă  cette personne ou Ă  ces personnes, de retirer son masque de protection anti-Covid, cela est aussi une façon de dire que l’on tient Ă  cette ou Ă  ces personnes comme au fait que l’on tient Ă  vivre ce genre de moment avec cette ou ces personnes. MalgrĂ© le risque. On n’avait pas ça avant le Covid et les masques de protection. Donc, pour moi, c’est un plus.

 

 

Concernant le vaccin anti-Covid, il arrivera peut-ĂȘtre. Mais je n’ai pas comptĂ© sur lui. DĂšs le dĂ©but. Et c’est encore plus vrai lorsque l’on « sait Â» que, malheureusement, l’industrie pharmaceutique est aussi un business. Et que, dĂšs qu’elles le peuvent, les entreprises qui commercialisent mĂ©dicaments et vaccins,  ceux qui marchent et offrent un vrai plus par rapport Ă  ceux qui existent dĂ©jĂ , ne se gĂȘnent pas pour faire raquer les gens au prix fort.

 

 

La pandĂ©mie du Covid nous impose de vivre dans un monde de masques. Pourtant, j’ai l’impression, que nous vivons et nous montrons davantage Ă  visage dĂ©couvert. Avant la pandĂ©mie du Covid, nous portions bien plus de masques qu’aujourd’hui sauf qu’ils Ă©taient invisibles ou pouvaient passer inaperçus. En quelque sorte, nous faisons Ă  une grande Ă©chelle et en accĂ©lĂ©rĂ© une certaine expĂ©rience de la Commedia dell’Arte.

 

 

Avec tout ça, je n’ai toujours pas Ă©crit Ă  propos du film de Farid Bentoumi, Rouge, qui va sortir fin novembre. Comme je n’ai pas encore pu Ă©crire sur le dernier film de Gaspar NoĂ©,  Lux Aeterna. Ce serait bien que je lise le livre Que Dalle consacrĂ© Ă  BĂ©atrice Dalle, livre que j’ai achetĂ© Ă  sa sortie et que je n’ai toujours par lu. Comme plein d’autres livres.

 

 

 

Franck Unimon, jeudi 1er octobre 2020.