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Dissociation

L’artiste Rosalia en concert au festival Lollapalooza, ce samedi 22 juillet 2023. Photo©️Franck.Unimon

Dissociation

 

Les algorithmes puissants d’internet ou de youtube m’ont amenĂ© cette nuit Ă  regarder un documentaire d’une trentaine de minutes en replay sur Arte consacrĂ© au sujet des addictions Ă  la pornographie. J’y ai dĂ©couvert le tĂ©moignage de quelques jeunes  Allemands (des hommes exclusivement), plutĂ´t d’un bon milieu socio-culturel apparemment ( journaliste….) qui ont dĂ©veloppĂ© cette addiction.

Ps : Concernant notre addiction Ă  nos Ă©crans et aux vidĂ©os qui nous sont très facilement proposĂ©es sur nos ordinateurs, tablettes et smartphones via internet, et aux consĂ©quences possibles de cette addiction, je vous invite Ă  lire l’ouvrage Algocratie (vivre libre Ă  l’heure des algorithmes) d’Arthur Grimonpont, paru en 2022.

Cette nuit, après avoir studieusement regardĂ© ce documentaire sur l’addiction Ă  la pornographie, toujours sur « recommandation» des algorithmes, parmi plusieurs propositions manifestement aiguisĂ©es par mes navigations prĂ©cĂ©dentes, j’ai regardĂ© un second documentaire d’une trentaine de minutes (c’est la durĂ©e Ă  laquelle je me suis limitĂ©, que je me suis astreint cette nuit Ă  ne pas dĂ©passer) consacrĂ© Ă  ces personnes ( des “hippies”)  venant se «rĂ©fugier Â» sur l’ile des Canaries afin d’y changer de vie.

Dans ce documentaire, nous voyons quatre personnes vivant dans une grotte ou ayant vĂ©cu dans une grotte. Des personnes de 30-45 ans (mĂŞme si un homme de 62 ans, devenu riche après avoir travaillĂ© dans l’immobilier, est ensuite venu se joindre Ă  eux) sans enfants.

On pourrait se dire : après avoir prĂ©tendu s’intĂ©resser aux addictions en regardant un documentaire tout de mĂŞme consacrĂ© Ă  la pornographie, voilĂ  que maintenant il se mate un documentaire sur un mode de vie inspirĂ© des hippies. Alors que  l’on sait très bien que les hippies ne sont pas les derniers pour s’envoyer en l’air et partouzer. 

 

Comme on peut se dire, aussi, que “Changer de vie, les addictions”, ces deux sujets semblent peut-ĂŞtre ne rien avoir en commun.

Il est vrai que ce ne sont pas ces deux documentaires “nocturnes” abordant le sujet de l’addiction Ă  la pornographie et de la volontĂ© de changer de vie  qui m’ont inspirĂ© le titre de « dissociation Â» pour ce chapitre. Chapitre, qui, pour ce blog, se rĂ©sumera Ă  cet article. 

 

En revanche, il y a une forme de dissociation dans le fait, d’une part, que des algorithmes prennent le relais de multiples et incessantes incantations ou sollicitations sociales, culturelles, Ă©conomiques, publicitaires, mensongères, informationnelles, politiques ou autres pour   tenter de tirer parti -et profit- de nos failles psychologiques afin de nous faire adopter des comportements qui nous contredisent, nous nuisent et nous font ignorer nos besoins les plus Ă©vidents. Et, d’autre part, le fait qu’un mĂ©tier comme celui d’infirmier consiste plutĂ´t Ă  ĂŞtre au chevet de celles et ceux qui ont des failles psychologiques et autres sans volontĂ© voire sans espoir d’en tirer un quelconque profit Ă©conomique et/ou politique.

 

D’un cĂ´tĂ©, une sociĂ©tĂ© qui « s’enrichit Â»  Ă©conomiquement avec mĂ©thode en vampirisant les forces vives d’une majoritĂ© d’ĂŞtres humains. En lui faisant payer le prix fort en termes de santĂ© physique, mentale, Ă©conomique et autre.

D’un autre cĂ´tĂ©, des infirmières et des infirmiers (pour ne parler que de ces « acteurs Â» de la santĂ© sociale mais aussi mentale et physique) qui puisent ou ont constamment Ă  puiser dans leurs ressources et leurs rĂ©serves personnelles ( qui peut encore croire que la seule application d’horaires Ă  la minute, de protocoles, de slogans, de « trucs Â», de « recettes Â», de sĂ©ances de mĂ©ditation et de yoga et de cours appris Ă  l’école suffisent pour s’appliquer Ă  veiller sur les autres pendant une bonne quarantaine d’annĂ©es ?! ) pour en soutenir d’autres, et qui, parallèlement Ă  cela, trinquent et subissent comme la majoritĂ© les coĂ»ts et les coups de la vie sans s’enrichir matĂ©riellement Ă  l’image de ces nouvelles grandes fortunes ou de ces milliardaires qui passent souvent pour des gĂ©nies, des pionniers, des visionnaires, ou des personnes d’autant plus respectables, exemplaires et indispensables qu’elles ont :

« rĂ©ussi Â».

 

Qu’est-ce que la rĂ©ussite ? Pour moi, ce serait de ne pas ĂŞtre pris , d’abord,  pour une serpillère ou un domestique. Mais, Ă©galement, de ne pas ĂŞtre essorĂ©, bousillĂ©, cancĂ©risĂ© et dĂ©primĂ© alors que je suis  jeune et dĂ©sireux de vivre. De parvenir Ă  me maintenir, le plus longtemps possible, en bonne ou en très bonne santĂ© mentale et physique. Ou que, en cas de dĂ©faillance de ma part, qu’il se trouvera suffisamment de personnes autour de moi pour intervenir rapidement afin de veiller sur moi afin de me sauver, de me protĂ©ger et de m’aider Ă  me remettre sur pied.

 

Mais aussi pour me conseiller, me guider voire m’escorter hors de ce qui peut m’ atteindre ou me nuire.

 

Au vu de ces quelques critères, je ne suis pas sûr que la réussite soit au rendez-vous pour beaucoup de monde y compris pour moi-même.

Et, cela, malgrĂ© tous les efforts ou sacrifices consentis, jour après jour, annĂ©e après annĂ©e en Ă©change d’une Ă©ventuelle, future ou hypothĂ©tique reconnaissance sociale, Ă©conomique et personnelle.

Amen. 

 

La reconnaissance faciale est peut-ĂŞtre plus certainement ce qui risque de m’attendre au lieu de la grande reconnaissance sociale attendue par tous après bien des annĂ©es d’efforts, de responsabilitĂ©s, de sacrifice et de travail. 

Pourtant, constamment, nous baignons dans une sorte de liquide et d’ambiance amniotique, pour ne pas dire hypnotique, qui nous laisse croire ou entrevoir que  rĂ©ussite et bonheur crĂ©pitent, gisent – voire, rugissent- et se rĂ©pandent Ă  nos pieds telles des cascades auxquelles il suffirait de s’abreuver.  Alors mĂŞme que la rĂ©ussite et le bonheur nous glissent entre les doigts ou que nous n’en apercevons que les reflets sans cesse difractĂ©s et qui, bien-sĂ»r, s’éloignent “un peu” lorsque nous en approchons. 

 

Ma vision, lors de ce dernier dimanche du mois de juillet, un mois de grandes vacances estivales, est sans doute trop pessimiste. Pourtant, je n’ai pas promis de me tuer cette nuit ou avant l’arrivée du mois d’aout 2023. Et encore moins de me muter en grand gourou ou en marabout.

Ni gourou, ni loup-garou, j’aimerais seulement être sûr de pouvoir et de savoir quand arrêter de m’agiter lorsque l’on me présente, comme cela arrive fréquemment, toutes sortes d’opportunités, d’affaires à ne pas manquer et des bons coups qui sont, finalement, des plans foireux ou stériles, pour ne pas dire des plans de désespoir, des pertes de temps, d’argent et d’énergie.

Dire qu’il faut apprendre à faire le tri ne suffit pas.

Je crois qu’il faut aussi être discipliné. Savoir être discipliné. Apprendre à se discipliner. Apprendre à rester lucide et concentré. Et clairvoyant. Ne pas partir dans tous les sens.

C’est Ă  dire :  

Savoir rester suffisamment attentif et permĂ©able Ă  ce qui nous entoure sans pour autant se laisser ou se faire embarquer n’importe oĂą et vers n’importe quoi, n’importe qui.

Savoir rester ancré.

En se mettant dans un état finalement assez proche d’une certaine…dissociation.

Je sais que ce terme de “dissociation” fait partie des symptĂ´mes d’une maladie psychiatrique. Mais je sais aussi que ce terme est employĂ©, selon moi Ă  bon escient, au moins par LĂ©o Tamaki, un expert en AĂŻkido qui se reconnaĂ®tra s’il parcourt les lignes de cet article et qui en sourira certainement ( lire Les 24 heures du SamouraĂŻ au dojo d’Herblay ce 20 et ce 21 Mai 2023, 2ème Ă©dition ).

Nous ne parlons sans doute pas de la mĂŞme dissociation, bien-sĂ»r.  Au sens psychiatrique, la dissociation emporte ou dĂ©vie son sujet ou sa victime. Un peu comme un sous-marin qui, par cinquante ou cent mètres de fond, prendrait l’eau par ses Ă©coutilles et qui tenterait de rester maitre de sa trajectoire et de sa vitesse malgrĂ© la force des courants et les grands volumes d’eau qui le perturbent de plus en plus.

Le terme “dissociation” employĂ© par cet expert en AĂŻkido pourrait aussi ĂŞtre employĂ© par un musicien, un batteur par exemple, lorsque celui-ci est capable, avec sa main droite de rĂ©aliser de façon  rĂ©pĂ©tĂ©e et harmonieuse un geste diffĂ©rent de celui de sa main gauche. Et l’on pourrait dire ça, bien-sĂ»r, d’une pianiste. Ou d’une personne adepte du jonglage. 

 

Un exemple simple de cette action très difficile Ă  maitriser- la dissociation-  me suffira, je pense, pour l’illustrer. 

 

RĂ©cemment, j’ai revu sur youtube ( dont les sĂ©duisants et puissants algorithmes savent nous retenir pendant des heures devant des vidĂ©os qu’ils nous proposent) un extrait de ce concert du bassiste Foley McCreary avec le batteur Chris Dave. Ils Ă©taient accompagnĂ©s du saxophoniste Zhenya Strigalev. Voici la vidĂ©o en question. Si “sa majestĂ© ” Youtube accepte que je la partage : 

https://youtu.be/2ZaMEGnI5iQ

C’était à Londres aux alentours de 2009 dans une reprise spéciale de You are under arrest, un titre interprété par Miles Davis dans les années 80.

 

Au dĂ©but du titre, Foley McCreary dĂ©cide d’une ligne de basse qu’il rĂ©pète. Une ligne de basse qu’on pourra estimer comme « simple Â» si l’on fait abstraction du fait que Foley est un exceptionnel joueur de basse et que, nous, nous sommes surtout les spectateurs moyens d’un concert de musique ou, plus simplement :

 

Nous sommes des amateurs de musique qui regardons des professionnels qui sont, gĂ©nĂ©ralement, aussi, des passionnĂ©s ou des “fous” de musique.

Je ne suis pas certain que je pourrais vraiment supporter de passer plusieurs jours de suite avec ces musiciennes et musiciens que j’admire. De suivre leur rythme de vie intĂ©gralement. Car celles-ci et ceux-ci, probablement, me parleraient de musique, parleraient de musique et joueraient de la musique bien au delĂ  de ce que je serais capable de supporter. Et sans doute, cette analogie est-elle possible avec d’autres artistes ou des Maitres d’Arts martiaux comme avec toute personne passionnĂ©e par et pour….sa discipline. Peut-ĂŞtre aussi peut-on se dire que cette passion serait aussi envahissante et dĂ©vorante que certains dĂ©lires, mal maitrisĂ©s et mal canalisĂ©s, qui amènent certaines personnes Ă  se retrouver enfermĂ©es…dans un service de psychiatrie. Ou isolĂ©es de leurs proches.

 

Dans cette vidĂ©o, neuf minutes durant, Foley ” le mutant” va tenir sa ligne de basse malgrĂ© les « attaques Â» rythmiques variĂ©es de Chris Dave et ses chorus avec le saxophoniste Zhenya Strigalev.

 

On pourrait s’amuser à imaginer que Chris Dave et Zhenya Strigalev sont des algorithmes qui font tout pour détourner Foley McCreary de ses limites et de sa ligne de basse. Pour nous, spectateurs et amateurs de musique, ces neuf minutes de musique sont une expérience hors norme. Et un très grand plaisir si l’on aime ce genre de musique. Foley McCreary réalise devant nous la dissociation parfaite.

 

Sauf que dans la vraie vie, nous sommes rarement des Foley McCreary. Et, en plus, il nous faut tenir bien plus que neuf minutes par vingt quatre heures pour tenir notre propre cap. Celui qui nous assure de nous rapprocher véritablement de ce qui nous convient véritablement.

 

Franck Unimon, ce dimanche 30 juillet 2023. 

 

 

 

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Cinéma

Au cinéma : Limbo ou Mission : Impossible Dead Reckoning partie 1 ?

 

Limbo de Soi-Cheang avec les flics Will Ren ( l’acteur Mason Lee) et Cham Lau ( l’acteur Ka Tung Lam).

Au cinĂ©ma : Limbo de Soi Cheang ou Mission : Impossible Dead Reckoning partie 1 de Christopher McQuarrie ?

Hier, après plusieurs semaines ou plusieurs mois d’absence, je suis retournĂ© au cinĂ©ma. J’ai d’abord vu le film Limbo du rĂ©alisateur Hong-Kongais Soi Cheang. Un film très plĂ©biscitĂ© par la critique. Je viens par exemple de lire sur le net, pour le qualifier, la phrase « un bijou de noirceur Â». Mais, aussi : “Le polar de l’annĂ©e”.

A Paris, j’avais interviewĂ© Soi Cheang, je crois, lorsque j’étais journaliste cinĂ©ma bĂ©nĂ©vole pour le magazine Brazil. Sans doute pour le film Accident  rĂ©alisé…en 2009. Il y a 14 ans, donc. Comme nous vivons avec notre temps, je vais plutĂ´t parler d’hier.

 

Hier, après Limbo, au lieu de rentrer chez moi, je suis allĂ© voir Ă  la suite le premier volet du dernier Mission : Impossible Dead Reckoning partie 1  Â« avec Â» l’acteur Tom Cruise en Star du film.

Tom Cruise ( ou sa doublure) sur sa monture au dessus du vide dans Mission : Impossible Dead Reckoning partie 1.

Ce sont deux films sortis rĂ©cemment ( ce 12 juillet 2023 pour l’un et l’autre) que j’avais très envie d’aller voir. Et ce sont deux films qui m’ont « déçu Â».

 

J’ai tout de même une nette préférence pour Limbo.

“Limbo” de Soi Cheang avec Ka Tung Lam dans le rĂ´le de Cham Lau.

J’ai d’abord aimé la photo, le noir et blanc. L’ambiance polar. Les nervures colorées des installations électriques de la ville où se tient l’enquête. Ou, plutôt, la tempête.

 

 J’ai aimĂ© le cĂ´tĂ© « confucĂ©en Â» de Limbo, je dirais, oĂą plusieurs des protagonistes portent un fardeau ou sont dans une impasse tel un destin et essaient ou de se racheter ou de l’accepter. J’ai aimĂ© le personnage fĂ©minin de Wong To, plusieurs fois maltraitĂ©e, et qui est une description assez complète des multiples violences infligĂ©es aux femmes dans notre sociĂ©tĂ© masculine, urbaine, jeune, riche et moderne.

Wong To ( l’actrice Yase Liu) dans “Limbo”.

J’ai aimé la combattivité de Wong To, sa débrouillardise supérieure, bien supérieure finalement, à celle des femmes des deux flics qui sont les autres héros du film.

Cham Lau et Wong To.

Je me suis dit que ce film ne pouvait ĂŞtre qu’asiatique pour avoir pu s’autoriser Ă  montrer un personnage fĂ©minin sur grand Ă©cran se faire malmener de cette façon. En France, on estimera peut-ĂŞtre que ces violences rĂ©pĂ©tĂ©es sur le personnage de Wong To font de nous des voyeurs et des complices. Pour ma part, je considère ces parties du films  plutĂ´t comme les documents testamentaires des victimes de violences morales et physiques qui disparaissent gĂ©nĂ©ralement dans l’indiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale.

 

J’ai moins aimé le côté Seven du film, pour faire un rapprochement avec le film américain avec Brad Pitt et Morgan Freeman, pour l’ambiance.

 

J’ai moins aimé l’antagonisme, car il fallait bien en créer un, assez toc entre, d’un côté le flic expérimenté de terrain, instinctif, roublard, assez expéditif, adepte de la justice personnelle et le jeune flic intello, premier de la classe, bon élève, bien sous tous rapports, d’une intelligence très supérieure, binoclard et bien-sûr marié à une épouse toute docile, patiente, compréhensive et bien-sûr enceinte de lui.

 

D’un cĂ´tĂ©, le bourrin au grand cĹ“ur, de l’autre, la classe politique de celui qui a fait de très bonnes Ă©tudes et qui pourrait prĂ©tendre plus tard Ă  une carrière exceptionnelle.Pourtant, au dĂ©part, cela me plaisait beaucoup que l’un des deux hĂ©ros porte des lunettes. Car on voit encore très rarement des hĂ©ros de films d’action ou de polars qui portent des lunettes. Mais dans Limbo, cette caractĂ©ristique est un peu trop tĂ©lĂ©phonĂ©e, un peu trop scolaire. Le rĂ©alisateur ne fait pas grand chose, je trouve, pour dĂ©velopper davantage le personnage de Will Ren Ă  partir de ses lunettes. C’est juste un “truc” qui va permettre, Ă  un moment donnĂ© du film, d’avoir son importance. MĂŞme si, bien-sĂ»r, on peut très bien avoir une très bonne vue organique et ĂŞtre frappĂ© de cĂ©citĂ© morale ou de coeur….

 

On remarquera aussi que les deux femmes des flics qui sont bien-sĂ»r des Ă©pouses « modèles Â» et des PĂ©nĂ©lope n’ont pas d’autre possibilitĂ© que de vivre dans un Ă©crin ou dans un cocon en demeurant dans l’enceinte d’une ignorance complète- ou virginale- du monde et de sa violence. Pour l’avoir peut-ĂŞtre ignorĂ©e, une des deux est  durement exposĂ©e Ă  la violence du monde extĂ©rieur qui Ă©clate bien-sĂ»r par surprise.

 

Comme un viol.

 

Comme on le voit, il  y a des très bonnes choses dans Limbo. Ces deux hĂ©ros, flics, ainsi que Wong To, qui vont jusqu’au bout d’eux-mĂŞmes et au delĂ . Pour rĂ©soudre des mutilations et des assassinats de femmes marginales, tout en bas de l’échelle sociale (immigrĂ©es, camĂ©es, prostituĂ©es mais aussi mutilĂ©es autant socialement que physiquement…) dont, finalement, la sociĂ©tĂ© hong-kongaise, comme toute « bonne Â» sociĂ©tĂ© bien propre sur elle aurait plutĂ´t tendance Ă  se foutre. Sauf, bien-sĂ»r, pour satisfaire en express et en liquide certains besoins honteux ou difficilement assumĂ©s.

 

Tom Cruise, Ving Rhames et Simon Pegg.

 

Ensuite, il y a Mission : ImpossibleDead Reckoning  partie 1 avec Tom Cruise, Simon Pegg, Ving Rhames et sa voix caverneuse.

 

Quel que soit ce que l’on peut penser de Tom Cruise « le scientologue Â», je considère maintenant depuis des annĂ©es que c’est un très bon acteur. Et qu’il aurait pu ou aurait dĂ», depuis longtemps, recevoir un Oscar. Je le pense d’autant plus que durant des annĂ©es, Tom Cruise l’acteur-vedette m’a beaucoup exaspĂ©rĂ©. Jusqu’à ce que je le voie dans NĂ© un 4 juillet qui n’est pas mon film prĂ©fĂ©rĂ©. Ou dans Magnolia qui m’a davantage conquis.

 

 Mais je ne vais pas plaindre  Tom Cruise. D’autant qu’il s’en sort très bien tout seul avec ou sans cascade. Que ce soit dans des films d’action qui marchent tels que Mission : Impossible ou Jack reacher. Ou dans des films d’auteur.

 

Tom Cruise peut et réaliser des prouesses physiques et des cascades étonnantes. Comme il peut aussi être très drôle. Je me souviens encore de son rôle secondaire dans Tonnerre sous les Tropiques de Ben Stiller où il apparaît déguisé et se montre particulièrement drôle en producteur de cinéma et aussi très porté sur l’autodérision. Pourtant, le film date de….2008.

 

Si je me permettais une comparaison, je dirais que Tom Cruise est peut-être au cinéma ce que Novak Djokovic est au tennis. On peut ne pas les aimer pour leurs positions, leurs attitudes ou leurs propos. Des positions, des attitudes et des propos, d’ailleurs, que je désapprouve (concernant la scientologie, le nationalisme serbe, à propos du Covid…).

 

Par contre, il est impossible de leur dénier leur professionnalisme dans leur domaine ainsi que le niveau exceptionnel ou hors-norme de leurs performances mais aussi de leur longévité comme de leur carrière.

 

Dans Mission : Impossible – Dead Reckoning partie 1, on retrouve bien-sĂ»r tout le cĂ´tĂ© « James Bond Â» de Tom Cruise. Car, pour moi, dès que Tom Cruise a commencĂ© Ă  mettre la main sur le personnage de Ethan Hunt dans Mission : Impossible, ça a toujours Ă©tĂ© pour se tailler sur mesure son costard de « James Bond Â».  Ce qui est bien sĂ»r très loin de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e que nous avons pu voir dans les annĂ©es 70-80. Mais, ça, c’est le cinĂ©ma.

 

Bon, dans Mission : Impossible- Dead Reckoning, il y a du spectaculaire, des grandes cascades, des courses poursuites, de l’humour.

Mais c’est très bourrin. J’ai très envie d’Ă©crire :

“C’est très AmĂ©ricain-bourrin”. C’est “Nous sommes les AmĂ©ricains et on va tout dĂ©foncer !”. Soit version militaire, soit version parc d’attractions gigantesque Ă  l’AmĂ©ricaine.

 Je sais bien que l’on va voir ce film pour se distraire. Et, je suis d’ailleurs allĂ© le voir pour cela. Autrement, je serais allĂ© voir L’Amour des forĂŞts de ValĂ©rie Donzelli avec l’actrice Virginie Efira qui continue de beaucoup me plaire et m’étonner et l’acteur Melvil Poupaud, qui nous raconte apparemment de façon rĂ©aliste une histoire d’emprise psychologique au sein d’un couple.

Sauf que je trouve Ă  Mission : impossible-Dead Reckoning partie 1 des allures de fĂŞte foraine des annĂ©es 70. On a des très gros moyens pour faire boum-boum alors on fait boum-boum et vroum-vroum. Je ne vois pas ce qu’il y a des très novateur dans ce film. En termes de cascades il y a nĂ©anmoins sans aucun doute du très bon travail de rĂ©alisĂ©.

 

Mais en termes d’intrigue. De personnages….on est très très loin de la subtilitĂ© de Casino Royale avec Daniel Craig ( ou les Jason Bourne auquels les Mission : Impossible “de” Tom sont aussi comparĂ©s) qui cumulait action musclĂ©e et surprenante et, tout de mĂŞme, un peu de mystère. Plus d’épaisseur quant aux personnages jouĂ©s. Alors que lĂ , tout est souvent caricatural. Rentre-dedans. Presque vulgaire. Beaucoup trop pop-corn pour moi.

 

Il faut nous le dire si ce film est plus une comĂ©die qu’un film d’action. Les femmes dans Mission-impossible : Dead Reckoning partie 1 ? Il y en a quatre qui ont un rĂ´le a priori consĂ©quent et qu’il vaut mieux Ă©viter de prendre Ă  la lĂ©gère. Ce serait donc un film fĂ©ministe ?

Sans surprise, Ethan Hunt les retourne toutes ou devient d’une façon ou d’une autre leur protecteur imminent. Car il les lui faut toutes bien-sĂ»r tandis que ses deux acolytes, Simon Pegg, Ving Rhames mais aussi tous les autres mâles de la bande ont bien d’autres prĂ©occupations.

 

Et Ethan Hunt rĂ©alise cela sans coucher car ce n’est pas un proxĂ©nète. Comment fait-il ? La scientologie peut-ĂŞtre.

 

Néanmoins, j’ai bien aimé la définition de Ethan Hunt :

«  Un camĂ©lĂ©on tĂ©lĂ©pathe Â». C’est bien trouvĂ©.

Tom Cruise Ă  Venise ( ou sa doublure) dans Mission : Impossible Dead Reckoning- partie 1.

Si dans Limbo, on ressent les coups portĂ©s mais aussi de l’empathie pour les personnages, devant Mission-impossible : Dead Reckoning partie 1, tout le dĂ©cor fait toc. On a beau faire dĂ©filer les endroits et flirter avec bien des rĂ©fĂ©rences cinĂ©matographiques ou autres ( Venise…) on se rappelle tout le temps ou souvent que l’on est au cinĂ©ma. Alors que dans Limbo, le film nous enserre quand mĂŞme dans sa toile.

 

Franck Unimon, ce mardi 18 juillet 2023.