
Etre gentil
Au début de cet été, Nonrien, une ancienne collègue et amie qui a longtemps travaillé dans la finance m’a un petit peu mis au défi d’écrire sur la gentillesse. C’était sur le « réseau social » Facebook qui, désormais, s’appelle Meta quelque chose et qui est, avec les années, devenu une sorte de maison de retraite pour les vieux qui continuent de s’exprimer à propos de sujets toujours très importants pour eux sur les réseaux sociaux.
Les réseaux sociaux sont beaucoup devenus à notre existence ce qu’un pace-maker peut être au cœur. Cela nous anime. Cela nous permet de continuer de croire que nous sommes toujours jeunes, dynamiques, attractifs, originaux et dans le coup.
Ce qui, pendant ce temps, arrange bien par exemple le train de vie du PDG de Facebook, Mark Zuckerberg. Lequel a tout fait ou fait beaucoup comme d’autres pour pouvoir ronronner au plus près de Donald Trump, réélu Président des Etats-Unis il y a quelques mois.
Si Mark Zuckerberg est plus jeune que moi (il doit avoir la quarantaine), le Président Donald Trump est bien plus âgé que moi avec ses plus de soixante dix ans.
Mais quel que soit leur âge véritable, ce ne sont pas des gentils.
On peut bien sûr beaucoup les décrier moralement.

Cependant, afin d’être le plus exact ou le plus « juste » possible, il faudrait aussi accepter de les décrire comme des meneurs, des décisionnaires, des autocrates, des entrepreneurs, des combattants, des survivants, des personnes qui ont changé et changent le Monde, des modèles, des personnes qui ont réussi ou qui réussissent.
Ce sont aussi des milliardaires et, on l’a compris, des êtres de Pouvoir qui sont courtisés, admirés, haïs et craints.
Moi, si je devais me comparer à eux deux pour commencer, j’aurais plutôt l’impression de me déplacer en tuk-tuk dans la géhenne. Car je fais plutôt partie des vieux ou des plus en plus vieux, les plus nombreux, qui sont toujours restés hors des cercles où se trouvent un Donald Trump ou un Mark Zuckerberg sauf pour y être pigeonné ou siphonné.
Il est des personnalités a priori plus « sympathiques » qui ont réussi et qui ne sont pas, non, plus, des gentilles personnes. Je me rappelle de l’ancien Footballeur professionnel Olivier Dacourt, relatant que, de son point de vue, parmi tous les Footballeurs français professionnels qui avaient réussi, il voyait uniquement Robert Pires. Evoquant ensuite (avec respect et une même admiration) d’autres Footballeurs professionnels, il a ajouté ceci :
« Zidane, c’est pas un gentil. Thierry Henry, c’est pas un gentil. Makelele, c’est pas un gentil ».
La gentillesse ou le seul fait d’être gentil ou d’avoir « du mérite » est donc, en pratique, incompatible avec le fait de « réussir ».

Or, en plus d’être de plus en plus vieux, je suis un gentil. Donc, un gogo, donc une proie, donc un imbécile, donc, un crédule, donc une victime potentiel(le) ou accompli(e) chaque fois que j’ai eu à rencontrer dans ma vie des personnes qui, de près ou de loin, ont pu ou peuvent faire « leur » Mark Zuckerberg ou « leur » Donald Trump. Ou leur Zidane. Ou leur Thierry Henry. Ou leur Claude Makelele.
Et ce ne sera pas très différent si j’adjoins à ces exemples des noms de femmes qui ont « réussi ».
La « gentillesse » ou le fait d’être gentil, de manière isolée, ne semble pas garantir la réussite, quelle qu’elle soit, dans la vie.
« Elle ( ou il) va réussir dans la vie car elle ( ou il) est très gentil (le) ». Ceci est un conte de fées.
Le genre de la gentillesse
Lorsque Nonrien m’a un peu provoqué pour cet article, il s’agissait d’un jeu entre elle, une femme d’acabit féministe, et moi, un mâle, afin que je m’expose un peu concernant le sujet de la gentillesse qui fait ou ferait beaucoup défaut aux hommes dans une société et dans un monde où, de manière générale, la femme ou le genre féminin, est souvent malmené, violé ou massacré par le genre masculin, les mecs, les hommes, les gars, les machos, les virilistes, les violeurs, les Metoo, les abuseurs, les harceleurs, les pervers narcissiques, les tueurs en série mais aussi les incestueux. Ou, plus « simplement », les militaires, les extrémistes religieux et les milices dans les pays, les régions ou les guerres où ils pratiquent leurs violences et tiennent leurs laboratoires de souffrances en tout genres.
Ou pour employer le terme : par les multiples agents, représentants, enseignants, diplomates et acteurs du Patriarcat. J’ai employé et écrit le terme une fois dans l’article et je ne le répèterai pas. Car j’estime que j’ai fait mon devoir lexical étant donné que le mot « Patriarcat » ( cela fera finalement deux fois) est employé dans tout article, écrit ou discours qui a une certaine volonté ou intention féministe. Même si je ne me déclare pas particulièrement féministe. En fait, j’attends de voir qui j’ai en face de moi avant d’être plus ou moins féministe.
Il arrive que des femmes soient d’emblée ou rapidement tellement agressives socialement, verbalement, qu’elles ne me donnent pas du tout envie d’être « gentil » mais plutôt de prendre mes distances. Je pense en particulier à deux ou trois collègues, heureusement minoritaires, que j’ai pu rencontrer ou peux rencontrer. Je repense aussi à cette femme, comédienne, fille d’attachée de presse, qui m’avait plutôt prise de (très) haut après être arrivée en retard au cimetière à l’enterrement du réalisateur qui lui avait donné le premier rôle d’un de ses derniers films.
Je ne crois pas que ce soit le chagrin qui lui avait inspiré une telle attitude. Mais plutôt le fait que j’étais un moins que rien. Même pas journaliste à Télérama. Même pas Mark Zuckerberg. Mais seulement un blogueur inconnu dont le nom du blog était lui-même tout autant inconnu et qui était venu la saluer avec le sourire comme il la rencontrait pour la première fois. Un homme qui, sur la demande de sa mère, avait pris le temps quelques années plus tôt de lire le scénario du projet de son premier court-métrage afin de donner son avis en tant que journaliste cinéma.
Malgré les évidents manques de savoir-vivre de ces quelques personnes féminines et peut-être féministes, par contre, je dois faire avec les chiffres, les statistiques et les informations que j’ai ou reçois :
Les agresseurs de la gente féminine, mais aussi dans le monde, sont en grande majorité des hommes tant dans la société civile que dans la société religieuse et militaire. Et, moi, je fais partie des « zomes ». Cette zone de l’humanité, qui appartient au genre masculin, la plus agressive et la plus meurtrière sur Terre.

Je ne crois pas pour autant que les femmes soient spécifiquement plus gentilles que les hommes. Ou qu’une femme est obligatoirement plus gentille ou plus indulgente qu’un homme. Renaud l’avait affirmé à une époque dans sa chanson Miss Maggie et il est peut-être devenu ( plus) alcoolique à la suite de ça.
Jusqu’à maintenant, j’ai seulement cité deux hommes, Zuckerberg et Trump et quelques footbaleurs professionnels. Mais on peut être gentil et avoir un peu d’humour. Et j’aime dire en chuchotant, pour faire un clin d’œil tant à la politique actuelle en France qu’à un ancien film du réalisateur Etienne Chatilliez :
« Je crois que Dati (Rachida) est méchante…. ».
On saura me rappeler que dans un milieu masculiniste, très conservateur, compétitif, très exclusif, très raciste ne serait-ce que socialement et très violent (comme celui de la politique) qu’être une femme revient presque à porter un bandeau sur les yeux dans un terrain miné et lardé de crevasses en se promenant en petite culottes avec un wonderbra. Et encore plus quand on est une femme d’origine arabe et de condition sociale modeste au départ alors que l’on s’appelle Rachida, un prénom impossible à confondre avec Valérie, Nathalie, Mathilde, Ségolène, Simone, Edith, Marine, Marion, Nadine, Aurore, Sandrine….
Aussi, à sa façon, Rachida Dati incarne un peu depuis plusieurs années un modèle de réussite et de survie dans cet environnement politique. Et j’en conviendrai facilement. Car, de toutes les femmes nommées Ministres par Nicolas Sarkozy lors de sa Présidence unique, Rachida Dati est la seule à s’en être aussi bien sortie. Peut-être que Rachida Dati devrait donc être la future Marianne de France. Même si je ne voterais pas pour elle tant ses excès nécessitent selon moi qu’elle soit jugée ou freinée un jour ou l’autre. Même si, à mon avis, du fait de ses hautes études, et de ses habilités personnelles hors-normes ne serait-ce qu’en matière de séduction sociale, Rachida Dati sait très bien se placer. Elle sait très bien avec qui s’allier, qui rencontrer. Et qu’elle n’a rien à voir avec moi, l’espèce de gentil, dans ces domaines. Jamais, nous n’aurions été amis ou alors je lui aurais plutôt servi.
Mais, j’aime me rappeler sa performance qui avait consisté à faire reculer François Fillon alors que celui-ci, encore Premier Ministre de Nicolas Sarkozy, avait commencé à envisager de récupérer la mairie du 7èmearrondissement dont elle était devenue la maire depuis 2008. J’avais beaucoup aimé que Rachida Dati fasse comprendre à François Fillon- qui s’était trouvé quelques affinités avec Marine Le Pen- que l’on pouvait s’appeler Rachida et rester maire du 7ème arrondissement de Paris. Je me suis régulièrement demandé, aussi, comment Dati avait pu cohabiter au moins avec un Ministre influent comme Brice Hortefeux, plutôt raciste vieille France.
D’autre part, je ne me suis jamais senti proche de Rama Yade, nommée Ministre par Nicolas Sarkozy en même temps que Rachida Dati, même lorsque celle-ci avait voulu jouer la carte de la victime du fait de sa couleur de peau (noire comme la mienne). Ou lorsqu’elle avait voulu faire croire qu’elle était proche du peuple en tentant de s’installer politiquement en banlieue parisienne dans le 92..
Si je parle autant de figures politiques, c’est peut-être parce-que le sujet de la gentillesse/le fait d’être gentil est finalement très très politique. Mais il s’agit de la politique du quotidien et de la vie de tous les jours.

Qu’est-ce que ça veut dire, être gentil ?
Dans son livre, Red Flags en amour ( Petit guide pour esquiver les relations toxiques), que j’ai lu en une heure durant mes vacances à la médiathèque Les Sources de Quéven ( dans le Morbihan), Anne Latuille raconte avoir rencontré un homme qui, au début de leur relation, lui avait affirmé avoir « une grande ( ou une très grande) intelligence émotionnelle ».
Puis, assez rapidement, le Monsieur ne s’était pas montré à la hauteur de ses déclarations.
Je ne m’exprime pas ici comme une personne douée d’une grande intelligence émotionnelle. Je ne m’exprime pas non plus comme féministe. J’ai même tendance à être très réservé voire très critique envers les hommes (célébrités ou non) qui s’affichent comme féministes comme si cela allait de soi. Comme si cela était si évident et si facile que cela d’être féministe. Comme s’il était si facile que ça d’être dépourvu de préjugés et d’être parfait et ouvert à tout en toutes circonstances en somme.
Comme si une entente harmonieuse et équitable était toujours instantanée et facile dès lors que l’on rencontrait ou que l’on vivait avec quelqu’un d’autre, femme ou homme, quelle que soit son origine sociale, culturelle, économique, sa couleur de peau, son ou ses orientations politiques, sexuelles, religieuses ou autres.
En affirmant que je suis un gentil, je ne prétends donc pas être ouvert à tout. Je ne prétends pas tout comprendre. Je ne prétends pas tout accepter. Je ne prétends pas être « cool ». Je ne prétends pas être toujours patient. Je ne prétends pas avoir tout bon en toutes circonstances.
En disant que je suis un gentil, je raconte qu’il m’est arrivé, qu’il m’arrive et qu’il m’arrivera de rendre des services que l’on ne m’a jamais rendus ou que l’on ne me rendra jamais. Soit parce-que la personne ou les personnes- ou les institutions- à qui j’ai ou j’aurais rendu ces services n’en n’est pas/ n’en sont pas capables. Soit parce-que cette personne ou ces personnes- ou ces institutions- n’en n’a jamais ou n’en n’ont jamais eu l’intention. Soit, parce-que, pour ma part, je n’attendais rien de semblable en retour de cette personne ou de ces personnes ou de ces institutions mais aussi parce-que je n’aime pas forcément demander que l’on me rende service. Voire, je peux me sentir contraint en demandant ce service. Et je peux préférer trouver tout seul ou autrement la solution.
Je raconte qu’il m’est arrivé, qu’il m’arrive et qu’il m’arrivera de me préoccuper pour quelqu’un d’autre sans que cette personne ne me le demande. Et que je suis capable de faire savoir à cette personne que je pense à elle mais aussi lui rappeler que je peux me rendre présent si elle en a besoin dans la mesure de mes moyens.
Je raconte donc que je peux me mettre au service de quelqu’un d’autre. Et que ce n’est pas une formule pour faire joli. Ou pour faire bien. Ou pour faire « genre ».
Je raconte aussi qu’il m’est arrivé, qu’il m’arrive et qu’il m’arrivera plutôt régulièrement de prendre sur moi. D’accepter certains travers d’autres personnes qui ne sont pas vraiment acceptables et qui amèneraient rapidement des conflits voire des pugilats avec un tempérament plus impulsif ou plus explosif que le mien.
Je raconte que je fais de mon mieux afin d’être diplomate même pour « recadrer » une personne plutôt que de lui sauter à la gueule. Ce qui nous amène au chapitre suivant.

La personne gentille ne donne pas de coups :
Dans un fim dont j’ai oublié le titre, l’actrice Jeanne Balibar interprète une célébrité radiophonique, je crois, dont la personnalité est telle qu’il lui est dit :
« Vous avez pris des coups mais vous en avez donné, aussi ».
Dans ce film, au début, Jeanne Balibar enferme celle dont elle est amoureuse. Par jalousie. Mais aussi parce que celle-ci lui échappe.
Dans Dogville réalisé par Lars Von Trier en 2003, on peut dire que le personnage interprété par Nicole Kidman est une gentille au début du film. On peut dire qu’elle, elle en prend des coups, au début du film. Sa gentillesse, sa docilité, sa disponibilité, sa patience et son besoin d’être acceptée et aimée, semblent stimuler et décupler chez les habitants de Dogville des variations de violence qui ne demandaient qu’à « sortir ». Et sa gentillesse, sa disponibilité mais aussi sa nouveauté voire sa fraicheur ou sa candeur sont comme des permissions qu’’elle leur donne pour cela.
On peut trouver des similitudes avec le rôle que tient Nicole Kidman dans Babygirl réalisé en 2024 par Halina Reijn mais aussi dans son rôle avant cela dans Paper Boy réalisé par Lee Daniels en 2012. A chaque fois, le personnage joué par Nicole Kidman s’offre à la prédation de l’autre et peut même y trouver une forme de sentiment d’existence ou, voire, d’excitation et de jouissance. Mais aucun des films ne se termine de la même manière pour elle.
On peut rappeler l’âge de Nicole Kidman pour chacun de ces films car je crois que les diverses expériences personnelles acquises par Nicole Kidman peuvent aussi expliquer le choix de ces rôles.
Nicole Kidman, née en 1967, avait 36 ans pour Dogville. Elle n’était donc pas si jeune que ça. Mais le cinéma a souvent pour lui de nous faire régresser et de nous donner l’illusion « de ». Et c’est d’ailleurs pour cela que l’on s’y croit et que l’on y retourne. Comme certaines histoires d’Amour mais aussi certaines rencontres et certaines amitiés.
Nicole Kidman avait donc 45 ans pour Paper Boy et 57 ans pour Babygirl. Femme apparemment célibataire et sans enfant dans Dogville, elle interprète une femme qui en déjà a vu et a eu une vie préalable dans Paper Boy. Une sorte de Thelma sans Louise qui résiste à l’amour que lui porte le très jeune Zac Efron. Et qui reste loyalement amoureuse d’un taulard.
Dans Babygirl, Nicole Kidman est une femme et une mère mariée à l’acteur Antonio Banderas. Une femme que la journaliste Léa Salamé qualifierait sûrement de « femme puissante » puisque dans une société de New York, elle occupe un poste de direction important quoique convoité au moins par un de ses collègues masculins. A moins que ce ne soit plutôt elle, en tant que femme et objet sexuel, que ce collègue marié plutôt quinquagénaire ne convoite et ne désire tout autant.
Puisque la sexualité est souvent associée au milieu du Pouvoir. Actuellement, le Président américain Donald Trump s’applique à se démarquer autant que possible de Jeffrey Epstein, « poursuivi pour corruption et trafic sexuel de dizaines de mineures puis retrouvé suicidé dans sa cellule, le 10 aout 2019 ». Alors qu’une vidéo « de 1992 les montre en train de danser entourés de femmes jeunes à Mar-a-Lago, dans le club privé de Trump, où Epstein a même rencontré Virginia Giuffre, embauchée pour des massages à l’âge de 17 ans, avant de devenir l’une de ses principales accusatrices. Elle s’est suicidée en avril dernier » ( extrait de l’article Trump : « Jeffrey dans le dos et chaud aux fesses » en première page du journal Le Canard Enchaîné numéro 5464 de ce mercredi 30 juillet 2025 Accord bancal entre l’Europe et les Etats-Unis. Après le golf, Trump joue au racket).
Et Rachida Dati, pour parler à nouveau d’elle, avait déclaré avant la naissance de sa fille Zohra que sa vie sentimentale (et sexuelle ?) était « un peu compliquée ». Pour expliquer la difficulté pour elle de parler du père. Par la suite, « nous » avions appris que sa fille est ou serait la fille d’un chef d’entreprise si je ne me trompe. En tout cas d’un homme qui a « réussi ».
Les dizaines de mineures abusées par Epstein et ses amis ( femmes incluses) ont sans doute rendu peu de coups à leurs agresseurs. Ou alors avec un certain délai de retard.
Ceci est une constante.
Dans le film Mystic River réalisé par Clint Eastwood également en 2003 ( comme Dogville ! ) d’après le livre de Dennis Lehane, l’enfant qui sera représenté adulte par l’acteur Tim Robbins est choisi par deux hommes pédophiles ( dont l’un porte une alliance catholique si je me rappelle bien) car ceux-ci évaluent que l’enfant qui sera ensuite interprété adulte par Sean Penn est une forte tête et va se défendre. Tandis que l’autre enfant, interprété adulte par Kevin Beacon est estimé trop malin par les deux hommes. Je précise que lors de cette rencontre, les trois gamins ont une dizaine d’années, sont copains d’enfance et sont en train de jouer dehors lorsque que ces deux hommes en voiture arrivent.
L’enfant interprété adulte par Tim Robbins sera violé et aussi assassiné deux fois. Voire trois fois si l’on prend en compte l’état de dépression du fils de Tim Robbins à la fin du film lors du carnaval.
La personne gentille ou vue comme gentille peut être rapidement identifiable comme « prenable » tel le sac à la main ou la canne de la petite vieille ou du petit vieux qui marche difficilement à quelques mètres devant nous et qui semble déjà prêt pour le dernier coup de grâce. A première vue, il n’y a qu’à se servir. Il devrait y avoir très peu d’efforts à fournir. Ce devrait être très vite terminé au bout de quelques secondes.
La dénomination, le terme « Tu es gentil » ou « tu es gentille » est donc à double tranchant pour celle ou celui à qui cela s’adresse. Et il vaut mieux, pour elle ou lui, qu’en dépit de ses apparences de « gentil » ou de « gentille », qu’elle ou qu’il dispose de certaines provisions intérieures d’agressivité et de combattivité qu’elle/qu’il pourra utiliser rapidement et massivement si cela devient nécessaire.
Afin de noircir encore un peu le tableau car je m’aperçois que tous mes exemples, même s’ils sont « bons », sont blancs et plutôt occidentaux, on n’a jamais dit de :
Malcolm X, Frantz Fanon, Martin Luther King, Miles Davis, Aimé Césaire, Nelson Mandela, Angela Davis, Bob Marley, Fela, James Brown, Aretha Franklin, Chester Himes, James Baldwin, Desmond Tutu, Toni Morrisson, Denzel Washington, Raphaël Confiant, Patrick Chamoiseau, Maryse Condé, Mohamed Ali ou Barack Obama qu’ils étaient ou sont gentils. On les a acceptés, on les accepte, on les admire ou craints tels qu’ils étaient ou sont.
La personne gentille court le risque d’être certaines fois perçue comme inoffensive. De pouvoir être domestiquée. C’est celle dont on peut penser qu’il est possible de caresser la tête comme un gentil toutou, qui s’excuse d’être là et prie d’être acceptée, tolérée.
Le contraire du mot « gentil », ce n’est peut-être pas d’être « méchant » finalement, mais, plutôt, d’être « sauvage », « d’être rock and roll », » s’affirmer », « vibrer », » être imprévisible », « violent », « déterminant », « libre », » sans limites », « être instinctif », « être dans l’instant présent »…
Dans les films où il joue, personne n’a envie de prendre le risque de caresser la tête de l’acteur noir Samuel Jackson comme s’il était un petit chien pékinois. Et ce sera pareil pour l’acteur Denzel Washington. En France, les acteurs noirs et non-blancs doivent plutôt « montrer patte blanche » et rester fréquentables. Ils doivent ou il vaut mieux qu’ils passent par la comédie, la gentillesse. Autrement, cela choquerait beaucoup trop. L’équivalent du film Cet Out de l’américain Jordan Peele serait beaucoup trop violent en France, dans le pays des « Droits de l’Homme » ou seul le Rassemblement National et les figures politiques- et certaines personnalités médiatiques- qui s’inspirent de ses idées ont « le droit » de marteler des propos agressifs, violents et racistes au moins envers les étrangers qui doivent se montrer reconnaissants d’être généreusement accueillis sur le sol français. Même s’ils ont beaucoup souffert pour arriver là et qu’ils continuent de trimer pour s’en sortir.
Pour ma part, il est vrai qu’en tant que gentil, je peux retenir certains de mes coups ou de mes remarques. Et ce que je viens d’écrire depuis « Afin de noircir encore un peu le tableau car je m’aperçois que … » le confirme. Toute cette partie vient de sortir alors que je cela fait déjà plusieurs heures que je suis sur cet article.
C’est l’oeuvre du refoulé chez le gentil. Et, dans certaines situations, cela m’a désavantagé. Certains de ces désavantages ont pu être rattrapés ou contournés. D’autres fois, ce refoulé a guidé mes pas et m’a en quelque sorte fait prendre le départ d’un cent mètres à l’envers. Pendant que d’autres se rapprochaient de la ligne d’arrivée, moi, je m’en éloignais. J’ai été jeune. Cela peut être violent de se prendre ce genre de constat dans la tête. Et, pourtant, je suis beaucoup moins à plaindre que d’autres d’autant que ma vie, en principe, n’est pas encore terminée.

Essai d’introspection d’une personne gentille
Je crois que la personne gentille se trouve à un moment donné dans une course, une compétition ou dans un combat dont elle prend conscience après les autres. Ou bien après les autres.
La personne gentille n’est pas nécessairement une personne faible, peureuse, idiote ou tout le temps faible et peureuse. Ce peut être une personne optimiste, naïve, pleine de bonnes intentions, un peu ou assez idéaliste, qui croit que les choses peuvent se faire et s’ajuster tranquillement sans qu’il soit toujours nécessaire de se confronter ou de combattre alors qu’en face, ses interlocuteurs et interlocutrices sont dans d’autres dispositions et font acte d’une moindre bienveillance à son égard. Ce peut être une personne qui a une mauvaise connaissance de l’environnement où elle se trouve ou une mauvaise perception des personnes ( et de leurs réelles intentions) qu’elle rencontre ou fréquente. Elle se croit ou se persuade d’être sur la terre ferme alors qu’elle évolue sur des sables mouvants.
Mais il existe d’autres paramètres pour expliquer ce décalage entre la personne gentille et la situation qu’il rencontre.
« Tu es trop bienveillant… ».
Je me rappelle encore ( je l’ai déjà évoqué dans un autre article) de cette remarque que m’a faite plutôt gentiment, de manière éducative, Léo Tamaki, Maitre en Aïkido, alors qu’au Japon, l’année dernière, en juillet, lors du Masters Tour qu’il organise chaque année, lui et moi venions de faire ensemble un exercice d’opposition.
Pourquoi ai-je été aussi bienveillant ? Parce-que je n’étais pas sûr d’avoir bien compris l’exercice. Parce-que je me trouvais « avec » ou « face » à Léo Tamaki, un expert dans son domaine et organisateur qui plus est de ce Masters Tour.
J’ai très certainement fait montre à son égard de trop de politesse, de trop d’attentions. Et, en cela, j’ai faussé et dilué l’exercice qui n’a rien apporté d’autre que l’observation que je pouvais et peux être trop bienveillant mais aussi trop poli ou trop soumis dès lors que je voue à une personne une certaine admiration ou que j’ai pour elle un respect démesuré.
C’est une attitude que l’on peut retrouver, aussi, lorsque l’on est amoureux d’une personne que l’on idéalise ou que l’on met sur un piédestal. Et avec laquelle on se refuse à être en conflit parce-que l’on croit que notre relation sera meilleure sans conflit. Ou que l’on va la gâcher, voire la perdre, si l’on contredit l’autre. Alors que certains conflits, certaines contradictions, certaines remarques et débats mesurés bien-sûr sont nécessaires afin de mieux s’ajuster.
Mais lorsque l’on est dans sa spirale de gentil, on l’est vraiment, comme pris dans un tourbillon. Et comme me l’a dit ma mère, un jour : » Lorsque l’on est gentil, on reste un gentil ».
Quelques minutes plus tard, avec Issei Tamaki cette fois, frère de Léo, j’ai eu grosso modo la même attitude. Mais cette fois, celui-ci, m’a demandé :
« Tu réfléchis ? ».
Extrême bienveillance ou excès de prudence, docilité, manque de confiance en soi ou doutes quant à ses capacités, peur ou crainte de faire ( du) mal ou de mal faire semblent faire partie des inhibiteurs personnels de la personne gentille qui s’imagine tellement brutale et les autres en face si vulnérables qu’elle peine ou résiste pour allonger le bras ou dire ce qu’elle a à dire.
Il m’est arrivé de pratiquer un peu de boxe française. Un sport de combat que j’aime plutôt bien. Et lorsqu’en boxe anglaise ( ce qui nous arrivait lors du cours de boxe française), j’ai pu toucher à la tête un partenaire, je me suis souvent senti mal à l’aise. Ce malaise avait été accentué lorsque ce partenaire était une partenaire même si celle-ci était volontaire et particulièrement combattive. Je savais que dans la tête se logeait un organe vital. Et porter un coup à cet endroit avec la possibilité de détruire ou blesser l’autre m’était difficile à supporter.
Cette attitude constitue ou peut constituer un certain handicap pour la personne gentille, car ,pendant ce temps, ses agresseurs ou ses prédateurs (femmes comme hommes, dans la rue comme au travail ou dans la vie sociale ou conjugale) eux, peuvent en profiter.
C’est dans ces moments-là que la personne offensive peut prendre un avantage ou un certain ascendant sur la personne gentille. La personne offensive « prend la confiance » ou s’habitue à penser et à croire qu’elle peut se permettre d’agir ou de parler comme elle le fait avec une personne « gentille ». Car la personne gentille ne dit rien ou ne montre pas de réaction particulière. Et, comme on le dit :
«Qui ne dit mot, consent ».
Certaines personnes s’en convainquent très rapidement. Ou très facilement.
« S’il ne dit rien, si elle ne dit rien, c’est qu’il ou qu’elle accepte ». Ou, pire :
« Oui, elle/il a bien dit que mais même s’il/si elle râle un peu, ensuite, il/le fait quand même…. ».
C’est de cette façon que certaines situations peuvent perdurer parce-que, d’un côté, il y a une personne qui accepte et endure, et, de l’autre côté, une personne (ou plusieurs) qui se servent ou s’imposent ou sont tout simplement dans leur confort personnel jusqu’à un certain égoïsme voire dans la complaisance.
Le jeune d’environ 18 ans que j’avais croisé un jour alors que j’emmenais ma fille à l’école maternelle ou à l’école primaire avait sans doute une tête de gentil lorsque, quelques minutes plus tôt, il s’était fait agresser par plusieurs jeunes pour lui voler son téléphone portable. Sa mère m’avait été reconnaissante pour avoir permis à son fils de l’appeler depuis mon téléphone portable pour la prévenir.
Dans ce que ce jeune m’avait répondu, j’avais compris que ces autres jeunes ( un peu plus âgés que lui) l’avaient repéré dans le train. Il était certes seul et eux, plusieurs, mais plutôt que « gentil », j’en avais aussi déduit que la peur l’avait sûrement empêché d’échapper à ses agresseurs. Un homme ou une femme qui court vite ou qui se réfugie au bon endroit ou auprès des « bonnes personnes » au bon moment a plus de chances d’échapper à ses éventuels agresseurs, même si cet homme ou cette femme est une personne gentille par ailleurs.

Mais pour cela, il faut d’abord que la victime potentielle perçoive rapidement le traquenard ainsi que les issues qui sont à sa portée lorsque cela est encore possible. Il y a peut-être aussi certaines précautions à prendre afin d’augmenter ses chances pour éviter le traquenard.
Une de mes amies m’a appris qu’elle avait enseigné à ses filles de toujours se mettre dans le métro ou dans le train, dans la voiture la plus proche du conducteur. Avec l’automatisation des lignes de métro, on peut se dire que cette recommandation deviendra plus difficile à suivre dans le temps mais les conseils pratiques de ce genre sont à mon avis très utiles.
Maitre Jean-Pierre Vignau ( plus de 75 ans) m’a dit un jour à l’issue d’un de ses cours :
« Je ne peux pas courir ». Il se déplace en effet en boitant un peu du fait des séquelles d’une cascade en voiture qu’il a faite il y a plusieurs années et qui s’est mal terminée. Il avait entre-autres fait plusieurs infarctus.
En dépit de son caractère, je trouve en Jean-Pierre Vignau ( voir ( Arts Martiaux) A Toute épreuve : une interview de Maitre Jean-Pierre Vignau mais aussi les autres articles que j’ai pu écrire inspirés par lui dans mon blog) une grande gentillesse. Il est le seul Maitre d’Arts martiaux que j’ai rencontré à ce jour capable d’appeler tous ses élèves au téléphone soit pour les informer ou leur rappeler que les cours vont reprendre. Ou pour leur laisser un message téléphonique afin de leur dire qu’il espère qu’ils vont bien et que le principal, c’est d’avoir la santé.
Pourtant, en dépit de sa gentillesse, je sais que le ou les agresseurs qui se risquera/se risqueront un jour à seulement voir en lui un vieux papy qui claudique se rappelleront très douloureusement de leur erreur. S’il reste ou restent suffisamment en bon état.
Je ne dirais pas que Jean-Pierre Vignau est un méchant. Puisque j’ai donné un exemple de sa grande gentillesse. Mais en cas d’agression physique, ou même d’intention d’agression physique, je sais qu’il aura le bagage comportemental mais aussi l’état d’esprit adéquat pour porter les coups là où il faut et quand il le faut. Tandis que la personne gentille, elle, va peut-être hésiter ou trop hésiter ou s’imaginer que, par la parole ou la diplomatie, on peut peut-être essayer de désamorcer la situation.
Par gentillesse ou par pragmatisme, Je ne peux toutefois pas donner raison à cent pour cent à une réaction de défense immédiate ou instinctive. Qu’elle soit physique ou verbale. Certaines personnes réagissent quand même au quart de tour y compris lorsque ce n’est pas justifié. Le personnage de Joe Dalton dans la bande dessinée Lucky Luke en est une très bonne illustration.
Mais je ne peux pas non plus occulter ou oublier qu’il est des circonstances où j’aurais mieux fait de réagir tout de suite ou plus vite que je ne l’ai fait ou ne le fais.
Mais tout le monde n’a pas le tempérament, la volonté ou la faculté de démarrer au quart de tour. Cela signifie-t’il donc que la personne gentille est là pour servir de serpillère ou de défouloir ?

Etre une personne gentille = être une personne non-violente et soumise ?
Même si je suis un gentil, je ne me vois pas comme une personne non violente ou non agressive.
Je suis capable de violence et d’agressivité. Et je sais en être capable. Je vais donner quelques exemples.
Je suis infirmier en psychiatrie et en pédopsychiatrie depuis plus de trente ans. Donc, je fais partie des soignants.
Qu’est-ce qu’un soignant, si ce n’est une personne qui aspire à sauver partiellement ou totalement les autres ? Et, à travers, eux, à se sauver toute ou partie lui-même ?
Les patients et les familles de patients qu’il rencontre sont des reflets ou peuvent être des reflets ou des bouts de lui-même. Des bouts de questions, des bouts de réponses. Des bouts d’échappatoires. Des bouts d’histoires. Des bouts de solutions. Des bouts de vacarmes, aussi.
Un soignant est donc a priori une personne « gentille », « douce », « patiente », « pacifique », « tolérante » voire sacrificielle.
D’autres personnes essaient, elles, de se sauver mais aussi de se pacifier au travers des Arts Martiaux. D’autres, en faisant carrière. En faisant beaucoup de fric. D’autres, en obtenant plus de Pouvoir et plus de fric. D’autres, en collectionnant les conquêtes féminines et/ou masculines. D’autres, en accumulant les expériences et les aventures en changeant d’emploi, de pays régulièrement.
D’autres, en faisant des enfants.
Certaines personnes cumulent tout cela dans le désordre.
L’intention est d’essayer d’arriver quelque part. De faire quelque chose de soi, de son existence, d’obtenir une certaine valeur pour soi ou pour les autres et de vivre certains plaisirs, de faire des expériences que l’on espère extraordinaires ou qui en valent la peine. Et qui valent la peine d’être transmises.
J’ignorais évidemment cela lorsque, à la fin de ma première année d’études d’infirmier (j’allais avoir 19 ans), j’ai « fait » mon premier stage dans un hôpital de jour en psychiatrie adultes à Colombes. Je me suis donc retrouvé en même temps qu’une de mes camarades de promotion avec beaucoup d’adultes. Des personnes plus âgées que moi. Des soignants ainsi que des patients. Je commençais à découvrir la psychose. Pas celle dont on parle dans les médias pour parler d’un tueur ou d’un violeur en série qui sème la terreur dans une ville ou dans un village ou celle que l’on a peut-être évoquée au moment de la pandémie du Covid et des confinements.
Je parle de la psychose au sens psychiatrique. Tous les patients présents étaient psychotiques. Parmi eux, un homme d’à peu près une trentaine d’années qui, régulièrement, alors que je faisais une partie de dames commentait. Il était très fort. Il était tellement fort que, lui, il ne bougeait jamais telle rangée de pions.
Cet homme avait besoin de dire et de répéter. Même s’il était un patient psychotique, limité, immature, et que son avenir dans la vie était plutôt triste, Il avait fini par m’ulcérer.
Mais je n’avais rien dit. Je ne savais rien faire d’autre. J’avais pris sur moi. Je n’avais même pas pensé à en parler au personnel soignant.
Je n’avais pas prévu au départ de jouer avec lui. Et, je n’avais rien contre le fait de perdre une partie de dames ou plusieurs. J’avais d’ailleurs perdu contre un autre patient plus âgé deux fois de suite sans pouvoir rien faire. Et, la seule fois où j’avais réussi à « battre » aux dames ce patient plus âgé ( environ la cinquantaine) c’était parce-que cet homme s’était mis à penser à ses enfants comme il me l’avait dit au point de ne plus être dans la partie.
Puis, j’ai oublié comment mais j’ai joué aux dames avec ce patient qui m’avait vraiment bien « chauffé ».
Je ne me suis jamais, je crois, montré sarcastique ou agressif avec ce patient. Mais je me rappelle que ma concentration était, dès le premier coup, à un sommet que je n’avais jamais connu. Et que lorsque je « mangeais » ses pions, j’éprouvais une sorte de jouissance intérieure que je n’avais jamais ressentie auparavant- et que je n’ai jamais ressentie depuis- lors d’une partie de dames tandis que, en face, le patient constatait, quelque peu étonné, sa déconfiture.
Même si j’ai « battu » ce patient dans les règles en restant calme et respectueux, je sais qu’il y avait alors une quantité de violence et/ou d’agressivité importante qui s’était amassée en moi lors de cette partie de dames.
C’est la même violence et/ou agressivité que j’ai ressentie quelques années plus tard, durant mon service militaire dans le service de psychiatrie adulte à l’hôpital Bégin. J’avais alors obtenu mon diplôme d’Etat d’infirmier et avais décidé de travailler en psychiatrie. Mais pour une des aides-soignantes du service, je n’étais qu’un jeune appelé de plus qui venait effectuer son service militaire dans le service.
Certains des appelés qui faisaient leur service comme moi dans cette unité en psychiatrie disaient quelques fois qu’ils mettraient bien un petit coup ou plusieurs à cette aide-soignante en plaçant sa tête sous un oreiller.
Je n’éprouvais aucun désir pour cette collègue.
Cette femme était d’une prétention ! Mon mari, ceci, mon mari cela. Son mari qui était infirmier en réanimation et qui faisait ceci, et qui faisait cela. Et qui savait ceci et qui savait cela.
Elle m’était insupportable. A nouveau, j’avais pris sur moi.
Un jour, cette « collègue, vient me voir. Elle avait compris ou appris que j’aimais écrire et que j’étais plutôt littéraire. Elle avait écrit un courrier, je crois ( j’ai oublié) et elle me demandait de bien vouloir « corriger » les fautes qu’elle avait faites.
Le gentil, comme je l’ai déjà écrit est un optimiste et un naïf. Donc, au début, lorsque cette collègue est venue me présenter son papier, j’ai véritablement voulu lui rendre service. Ma mère fait des fautes lorsqu’elle m’écrit et je ne lui en veux pas. Mais dès que j’ai commencé à voir la feuille de cette collègue gorgée de fautes, cela a été plus fort que moi, j’ai ressenti une bouffée d’agressivité, l’ivresse de la violence, qui s’est mise rapidement à me prendre.
J’avais de quoi humilier ou maltraiter cette collègue.
J’ai décidé de corriger deux fautes. Je me suis arrêté là puis, en restant calme et poli, j’ai rendu sa feuille à cette collègue en lui disant que, pour moi, le reste était bon. Que pour moi, il n’y avait plus de fautes.
Elle a manifesté son étonnement, a insisté un peu et m’a encouragé en me disant que je pouvais vraiment corriger ses fautes.
J’ai décliné poliment. Nous n’en n’avons plus reparlé ensuite. J’ai aussi oublié si, par la suite, cette collègue avait continué de se vanter devant moi.
Il est d’autres circonstances où je sais qu’après une certaine répétition d’une situation qui devient pour moi insupportable ou inacceptable, mon cerveau et mes inhibitions « lâchent ». Certaines fois, cela prend un certain temps. D’autres fois, moins de temps. Mais je sais que, souvent, ou généralement, j’essaie ou ai essayé auparavant de « dialoguer », de « communiquer », de « prévenir ».
J’ai par exemple appelé une de mes anciennes cadres infirmières pour lui demander de ne pas venir à mon pot de départ. Et, lorsque j’ai appris par la suite qu’elle s’était mise à pleurer dans le service, en se donnant à voir en train de pleurer comme une victime, cela m’avait conforté dans le fait que j’avais pris – assez difficilement au départ- la bonne décision.
Ce n’est pas parce qu’une personne pleure en public qu’elle est gentille ou à toujours la plus à plaindre. J’avais supporté de cette cadre infirmière un certain nombre d’abus de langage et d’autorité voire de mépris pendant plusieurs années avant de devoir prendre cette décision de l’exclure de mon pot de départ. Et je ne l’ai jamais regretté même si, par la suite, elle et « mon » ancien médecin chef se sont arrangés pour me faire un coup de pute.
Donc, je ne suis pas un gentil tout doux. Même s’il m’arrive d’avoir peur, de me soumettre ou d’accepter ou d’avoir accepté certains comportements ou certains propos déplacés ou agressifs et de m’être « laissé faire » comme on dit.

Les avantages d’être gentil :
Je crois que c’est peut-être dans le fait de rechercher (et de trouver) d’autres personnes gentilles et, donc, de savoir peut-être s’entourer de personnes gentilles ou à peu près gentilles.
Il est sûrement plus agréable et plus facile d’être optimiste, léger, fantaisiste et confiant dans l’avenir et dans notre entourage si l’on est une personne « gentille ». Etre un « tueur » ou une « tueuse » nous donne sans aucun doute bien des avantages en termes de prestige, de Pouvoir ou de réussite mais cela signifie aussi que notre tête est souvent mise à prix et qu’il peut être difficile de trouver des personnes de confiance et, surtout, sincères.
Je ne pourrais sans doute pas me sentir très à l’aise avec les personnes que fréquentent Trump, Zuckerberg ou Dati et celles et ceux qui leur ressemblent ou font tout pour leur ressembler ou leur succéder. Je crois aussi que ces personnalités ont besoin de conflits pour exister, pour s’affirmer, pour se prouver quelque chose. Et que leur quête est sans fin. Je ne crois pas que Trump soit capable de se contenter de la paix. Il lui faut détruire, s’imposer, manoeuvrer, ou essayer de le faire dès lors que cela lui est possible. Et il sait choisir ses victimes. Les pays européens, par exemple, qui n’osent pas trop se confronter à lui. Trump se contrefiche des conséquences sur le long terme. Il se dit peut-être même qu’il ne sera plus là pour les voir ou pour répondre de ces conséquences car il sera déjà mort. En attendant, Trump expose au moins les faiblesses de l’Europe au monde entier, un continent qui, face à lui, au lieu de montrer la mâchoire puissante et intimidante de pays soudés lui montre plutôt des dentiers de personnes âgées. Cela va donner de la confiance aux futures puissances qui dirigeront le Monde.
Mais on ne peut pas s’improviser dirigeant. Et que l’on soit gentil ou pas, le principal, est sûrement d’abord d’être véritablement soi-même. Donc la gentillesse peut être difficile à porter si l’on en supporte régulièrement et uniquement les inconvénients ou si l’on passe son temps à se l’imposer constamment alors que d’autres ont beaucoup moins de scrupules soit pour exploiter notre gentillesse soit pour s’abstenir d’être gentilles ou gentils.
Cela a été un article long. Mais il pourrait être beaucoup plus long.
J’espère surtout qu’il n’aura pas été trop redondant ni trop hors-sujet. Je ne sais pas encore si je dois remercier Nonrien de m’avoir lancé sur le sujet de la gentillesse. Mais je suis plutôt satisfait de ma « copie ». Et j’invite évidemment toute personne qui me lira à écrire aussi sur la gentillesse/le fait d’être gentil ou à me faire part de ses commentaires. Je sais que certaines personnes sincères considèrent que l’on n’est « jamais trop gentil( le) ». J’ai exprimé dans cet article la raison de mes quelques doutes à ce propos. Mais je veux bien croire que la gentillesse de certaines personnes soit en quelque sorte confondante même si elle les expose à mon avis. Je n’aimerais pas par exemple que ma fille ne soit « que » gentille.
Ps : Nonrien n’a jamais travaillé dans la finance. C’est une ancienne collègue infirmière rencontrée dans un service de pédopsychiatrie où j’ai travaillé pendant une dizaine d’années. Elle est aujourd’hui à la retraite et donne entre-autres des cours.
On peut être gentil et être aussi un peu farceur.
Ps numéro 2 : on peut voir cet article comme la suite de mon article L’Amour vu par un homme ( L’Amour vu par un homme ).

Franck Unimon, ce jeudi 31 juillet 2025.