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Embolie pulmonaire : balle de vie ?

 

Photo©Franck.Unimon

Embolie pulmonaire : balle de vie ?

Hier soir, pour la première fois depuis un an et demi, après une concertation avec le pneumologue qui me suit dans le service de consultation d’un hôpital parisien, je n’ai pas pris de comprimé d’Eliquis :

Un traitement que je continuais de prendre de manière préventive contre la récidive d’une embolie pulmonaire.

Fin novembre 2023, j’ai fait une embolie pulmonaire.

«  Vous avez fait un infarctus pulmonaire » avait tenu à me dire le jeune pneumologue (il est plus jeune que moi d’environ une dizaine d’années) qui me suit.

Photo©Franck.Unimon

Une embolie caractéristique

Une embolie pulmonaire « caractéristique » avait-il insisté. Il avait affuté son vocabulaire. Pour à la fois me faire comprendre et bien me faire entrer dans la tête que cette embolie pulmonaire qui avait créé sa boite dans mon corps afin d’y développer son chiffre d’affaires jusqu’à ma mort était grave :

J’avais alors 55 ans, j’étais plutôt sportif et non -fumeur. Jusque- là, j’avais plutôt été une personne en bonne voire en très bonne santé sans facteurs de risque me prédisposant à faire une embolie pulmonaire aussi jeune. Je n’avais pas le profil des patients qu’il suivait après une embolie pulmonaire. Car les patients dont il s’occupait suite à une embolie pulmonaire avaient généralement entre 70 et 80 ans et disposaient d’une santé moins bonne ou plus précaire que la mienne.

Hier, comme il y a un an et demi, il n’a pas su me dire ce qui avait pu causer mon embolie pulmonaire «caractéristique». Selon lui- nous en avions parlé- le fait d’avoir attrapé le Covid deux mois avant mon embolie pulmonaire n’était pas une raison suffisante.

L’ examen sanguin poussé réalisé dernièrement confirme que je n’ai aucune modification génétique de mes facteurs de coagulation. Une modification génétique de mes facteurs de coagulation aurait pu expliquer mon embolie pulmonaire. Mais j’aurais été très étonné d’apprendre que j’étais porteur de cette modification génétique. J’ai plutôt toujours été en bonne santé. Et, dans ma famille, où l’on vit vieux ( ma mère a 77 ans, mon père 81 ans, et ils vivent tous les deux dans leur maison en Guadeloupe depuis des années), je ne connais personne qui ait une modification génétique des facteurs de coagulation.

Avec Maman, fin décembre 2023, en Guadeloupe, à la Pointe des Châteaux. Photo©Franck.Unimon

Je ne vois pas qui, non plus, aurait fait une embolie pulmonaire dans ma famille même du côté de mes grands-parents ou alors ils avaient déja 80 ans ou davantage.

Et je n’ai pas fait de phlébite.

Les premiers symptômes de l’embolie début novembre 2023

Je me rappelle encore des premiers symptômes ressentis au début de mon embolie pulmonaire :

Exposition Chiharu Shiota au Grand Palais, Paris, 2025. Photo©Franck.Unimon

Un essoufflement en montant quelques marches dans le métro alors que je me rendais au pot de départ de Zara, une amie et ancienne collègue de nuit. 

Un essoufflement anormal en effectuant des efforts de la vie quotidienne. Pour monter les marches des escaliers pour rentrer à mon domicile au quatrième étage sans ascenseur ; monter les marches en prenant le métro ; une douleur persistante, un peu comme un coup de poignard, à droite de mes côtes.

Il m’est arrivé de remonter l’équivalent de quarante à cinquante kilos de courses ou plus chez moi et je n’avais jamais ressenti ça.

Ni cette sensation d’avoir perdu- d’être privé- d’à peu près la moitié de mon amplitude et de mon aisance respiratoire habituelle.

Du côté de Loctudy, Mai 2025, avec le Subaquaclub de Colombes.

Je pratique l’apnée depuis quelques années et je suis assez sportif depuis l’adolescence. Un sportif sait être un minimum attentif à son souffle ainsi qu’à « l’état » de certaines de ses capacités physiologiques.

 

Chez le médecin

 

Si je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, je n’avais pas été particulièrement angoissé malgré mon progressif affaiblissement physique. Les trois ou quatre médecins consultés en deux semaines avaient été encore moins angoissés que moi :

La première, consultée à la maison médicale hospitalière de ma ville deux à trois jours après le début des symptômes, avait suggéré que j’étais peut-être stressé ou angoissé.

Exposition Chiharu Shiota au Grand Palais, Paris. Photo©Franck.Unimon

Le deuxième médecin, consulté dans un centre médical Cosem à Paris, que j’avais rencontré deux fois à quelques jours d’intervalle m’avait déclaré- après avoir regardé la radio pulmonaire qu’il m’avait demandé de faire- que j’avais sûrement une bronchiolite:

« Il n’y a que ça en ce moment ! ».

Je n’avais pas d’antécédents de bronchiolite ou de crise d’asthme mais j’avais néanmoins commencé à prendre le bronchodilatateur qu’il m’avait prescrit. En étant quelque peu dubitatif.

Faire des recherches sur internet :

Faire des recherches sur internet n’avait servi à rien. A part pour trouver des réponses différentes et contradictoires et, bien-sûr, des métastases de réponses de plus en plus repoussantes.

Ce que j’écris ici est un témoignage. Je peux avoir oublié des détails ou certaines informations mais j’ai un dossier médical.

Et quelques personnes ( des proches voire des anciens collègues)  pourront attester un minimum de ce que je raconte. Internet n’atteste de rien. Il est même courant, sur internet, que les auteurs d’un article à contenu médical préviennent que ce qu’ils écrivent ne dispense pas de prendre avis auprès d’un professionnel de la santé agréé et que leur article ne remplace pas l’avis d’un professionnel de la santé que l’on part consulter. 

Une des réponses que j’avais dénichée sur internet me suggérait que j’avais peut-être un cancer.  Les recherches sur internet peuvent peut-être aiguiller lorsque l’on sait précisément ce que l’on cherche. Voire, elles peuvent confirmer ce que l’on a déjà trouvé ou compris ou conclu. (Les examens médicaux faits depuis le diagnostic et le traitement de mon embolie pulmonaire n’ont retrouvé à ce jour  aucun cancer dans mon organisme).

Gare de Paris St Lazare, Paris. Mai ou juin 2025. Photo©Franck.Unimon

Epanchement pleural

Fin novembre 2023, deux bonnes semaines après le début de l’histoire de mon embolie pulmonaire, et après être déjà allé consulter des médecins à trois reprises,  sur la suggestion de Florence-Jennifer, une de mes collègues de nuit d’alors, je m’étais fait ausculter par la médecin de garde pendant ma nuit de travail à l’IPPP. Quelques heures plus tôt, avant de revenir travailler de nuit avec elle et d’autres collègues, j’avais appelé Florence-Jennifer, cette collègue infirmière de l’IPPP, pour la prévenir de mon état de méforme. Un état de méforme qui durait depuis deux bonnes semaines donc et qui s’accentuait. Je ne venais plus au travail à vélo depuis plusieurs jours. Je marchais au ralenti dans le métro. J’étais fatigué. J’étais rapidement et constamment essoufflé.

A l’IPPP, La médecin de garde m’avait ausculté et avait entendu « un épanchement pleural » au stéthoscope. Puis, en souriant, elle avait ajouté :

« Je pense que, ce soir, on ne te demandera pas de travailler ».

«Un épanchement pleural », cela ne m’évoquait rien de particulier à part le fait que c’était un « épanchement pleural ». Mais c’était déjà quelque chose. C’était donc ça qui m’épuisait et me faisait mal comme ça ?!

Ligne 14 du métro, Paris, Juin 2025. Photo©Franck.Unimon

Florence-Jennifer, ma collègue infirmière de nuit donc, avait demandé à notre collègue ADS (adjoint de sécurité) de m’emmener aux urgences de l’hôpital le plus proche. Des urgences qu’elle avait prévenues au préalable par téléphone de mon arrivée. Florence-Jennifer, toujours, m’avait dit de demander à notre médecin de garde de me faire un courrier à destination du médecin des urgences. Merci, Florence-Jennifer. Quand tu veux, tu peux. 

Aux urgences

Le jeune collègue ADS m’avait déposé à environ une vingtaine de mètres de l’entrée des urgences. Puis, il était reparti :

Pour nous rendre en voiture jusqu’au parking réservé aux véhicules d’urgences, il lui aurait fallu faire des détours. Car cette nuit-là, la route était barrée. Et, lui, il avait sans doute eu une grosse journée de travail. Il devait être près de 23 heures. Il aurait dû terminer sa journée de travail à 19h ou 20 heures.  

J’avais parcouru les quelques mètres  à pied, seul dans la rue, jusqu’à l’accueil des urgences. Tout était tranquille. Pas de panique. 

Puis, après m’être présenté à l’accueil, je m’étais assis sur une chaise et m’étais adossé à une colonne. Et je m’étais rapidement endormi dans la salle d’attente plutôt calme pour un samedi soir. Je dormais très très bien. 

La Pointe des Châteaux, Guadeloupe, fin décembre 2023. Photo©Franck.Unimon

A peu près une demi-heure plus tard, j’avais été reçu dans un box. J’avais réexpliqué à la femme médecin des urgences :

« Un essoufflement anormal pour des efforts de la vie quotidienne, une douleur, là…. ».

Une médecin que je voyais impliquée, travailleuse.

On m’avait écouté. On m’avait pris mes constantes, fait un bilan sanguin, fait un ECG. J’étais resté allongé sur le brancard dans le box quelques heures. Puis, en fin de nuit, on m’avait orienté vers une autre partie des urgences où j’avais attendu un peu dans une autre salle d’attente. Puis, nouveau box, nouveau brancard.

Vers 7 ou 8 heures du matin, petit-déjeuner.  Une soignante qui commençait sa journée m’avait appris que je restais afin que l’on puisse ponctionner mon épanchement pleural. Elle avait été étonnée d’être celle qui me l’apprenait. 

Ensuite, direction un service d’hospitalisation dans ce même hôpital où j’avais été accompagné aux urgences.

Je n’étais pas emballé par une ponction pleurale. Je n’en n’avais jamais eue. Mais, pour moi, cela faisait plutôt mal.

Photo©Franck.Unimon

A la recherche de l’épanchement pleural

Une jeune médecin, sans doute interne, était arrivée pour me faire une échographie pleurale. Pour savoir où ponctionner. Mais elle ne parvenait pas à bien voir l’épanchement pleural. Alors, elle m’avait envoyé passer un scanner ou une IRM.

Lorsque l’interne était venue m’annoncer le résultat de l’examen dans la chambre d’hôpital où j’étais retourné entre-temps, dans son regard, j’avais changé de catégorie.

Depuis l’Arc de Triomphe, Paris, fin 2024. Photo©Franck.Unimon

Ce fut peut-être l’une des seules fois de ma vie où je devins une espèce de VIP. Et cela était dû au degré d’inquiétude que suscitait désormais mon état de santé.

Elle était restée calme en m’apprenant que je faisais « une embolie pulmonaire » et en m’informant des précautions d’usage. Mais c’était parce qu’elle se maitrisait. Mon sentiment de surprise contrastait avec, sûrement, le scénario catastrophe qui était en train de s’ériger dans sa tête. Je me souviens lui avoir dit, assis sur le rebord du lit face à elle :

«Une embolie pulmonaire ? Vraiment, je suis épaté ! ».

Je n’ai jamais envisagé qu’un jour, je puisse faire une embolie pulmonaire. Et je n’ai pas davantage entrevu que je pourrais y passer malgré mon épuisement physique de plus en plus affirmé.

Sauf que, jusque là, je ne trouvais pas la porte d’entrée ou de sortie du bon diagnostic. Et en entendant parler « d’embolie pulmonaire », j’avais compris que, cette fois, on tenait la véritable identité de mes ennuis de santé.

La Pointe des Châteaux, Guadeloupe, fin décembre 2023. Photo©Franck.Unimon

Transporté comme une bombe à neutrons

On m’avait transporté en lit roulant jusqu’à un autre service. Avec autant de précautions que possible.  Et une certaine fébrilité. Comme si j’étais une bombe à neutrons pouvant exploser à n’importe quel moment.

On m’avait injecté un anticoagulant à dose curative en m’informant que j’aurais d’autres injections. Deux par jour. On m’avait posé une perfusion. Je devais rester allongé, en position demi-allongée. Désormais, j’urinerais dans un « pistolet » sans quitter mon lit.

Je resterais à l’hôpital.

La vue, la nuit, depuis ma chambre, à l’hôpital, fin novembre 2023. Un endroit qui fait rêver. Photo©Franck.Unimon

Une hospitalisation courte et un état d’ahurissement

L’hospitalisation fut courte. Et cela me surprit beaucoup. Durant ces trois jours, j’eus de la visite de plusieurs de mes proches, particulièrement inquiets. Et de Florence-Jennifer, ma collègue infirmière de l’IPPP.

Ma fille, à peine dix ans, fut peut- être l’une des personnes les plus touchées surtout qu’elle était en train d’arriver dans le service avec sa mère, ma compagne, alors que du personnel exclusivement féminin était en train de me changer de service en déplaçant mon lit comme si j’étais  la bombe à neutrons. 

Mon état d’épuisement avancé explique peut-être cette espèce d’état de somnolence lors des visites que je reçus. Je me souviens des personnes. De leur visage. Du fait que l’on s’est parlé. De mon ahurissement devant ce qui m’était arrivé. Mais je dois aussi faire un certain effort pour bien me rappeler d’elles. Ma mémoire de ces trois jours me revient moins spontanément que pour d’autres circonstances.

Fin novembre 2023, à l’hôpital. On m’avait autorisé à me lever de nouveau.

Sortie d’hôpital

Je sortis après trois jours d’anticoagulants par injection à des doses curatives et une prescription d’anticoagulant oral, l’Eliquis, à prendre deux fois par jour. Je fus en arrêt de travail jusqu’à mon départ de l’IPPP car, deux ou trois mois avant de faire cette embolie pulmonaire, j’avais demandé et obtenu ma mutation pour partir travailler dans un nouvel établissement où j’exerce maintenant depuis un an et demi sans avoir connu de problème de santé. Bien-sûr, la médecine du travail de mon nouvel employeur avait été informée avant mon embauche. 

La colère

Tu piges ?!, une de mes amies et ancienne collègue infirmière, m’a fait comprendre par la suite qu’à ma place, elle aurait été en colère. Et qu’elle serait par exemple retournée voir au centre Cosem, ce deuxième médecin qui m’avait vu à deux reprises en moins de cinq minutes, sans jamais m’ausculter, et qui m’avait diagnostiqué une bronchiolite.

Je ne peux pas donner tort à Tu Piges ?!. Et, je comprendrais que quelqu’un d’autre à ma place fasse ce genre de démarche. Mais j’avais d’autres priorités. D’abord, celle de bien me faire soigner et de faire le nécessaire pour cela. Donc, de m’économiser d’autant que, par ailleurs, ma vie continuait et elle ne se résumait pas à aller mieux et à repartir travailler. 

Pratiquer la médecine

Et, puis, ce qui m’a beaucoup marqué dans cet itinéraire médical, c’est principalement l’absence de réflexion intellectuelle, d’ouverture d’esprit et de curiosité des médecins consultés malgré leur nombre d’années d’études supérieures.

Le nombre d’années d’études, véritablement, n’est pas un gage absolu.

Je n’ai jamais aspiré à devenir médecin. Mais j’ai été amené et je suis amené à en rencontrer un certain nombre soit comme patient soit comme professionnel de la santé.

Lorsque j’avais discuté plus tard avec le médecin du sport qu’il m’arrive de consulter ou avec celui qui était encore mon médecin traitant avant son départ à la retraite, tous deux s’étaient montrés plutôt ironiques envers leurs confrères médecins consultés qui n’avaient pas fait le bon diagnostic. Sauf que lorsque je leur avais parlé de cette mésaventure, le diagnostic avait déjà été trouvé. J’étais sorti de l’hôpital et j’étais « sous » Eliquis. 

Je sais que des médecins auraient rapidement fait le bon diagnostic ou « suspecté » une embolie pulmonaire et donc orienté leurs recherches dans ce sens. Mais je sais aussi que les médecins peuvent aussi avoir des relations très conflictuelles entre eux et se dénigrer les uns, les autres, avec une violence ou une détestation dont le public n’a pas idée. En cela, les médecins sont très semblables aux femmes et aux hommes politiques ou à certains sportifs de haut niveau qui sont en compétition. Le thrash talk, les coups de pute, les délations mutilaloires ou les phrases gorgées de poison à la Game of Thrones sont des prescriptions que certains médecins savent parfaitement délivrer à destination de leurs confrères et consoeurs.

Et la médecine, en tant que telle, est une très vaste discipline. Je crois que c’est le médecin du sport- ou mon thérapeute- qui me l’a rappelé. Il y a tellement de maladies, de symptômes, de façons de décliner ou « d’exprimer » un même symptôme selon l’âge, le sexe, la culture et le contexte ou l’environnement du patient. Il  peut exister tellement de variantes personnelles entre deux patients.

Certains diagnostics sont évidents aussi parce-que l’on se spécialise dans une discipline donnée et que l’on s’y « connait » un peu ou beaucoup dans cette discipline ou que l’on a entendu parler de tel cas. Ou parce-que que l’on peut demander conseil à une collègue ou un collègue plus expérimenté ou suffisamment expérimenté qui peut nous faire des suggestions.

Loctudy, Mai 2025, avec le Subaquaclub de Colombes. Photo©Franck.Unimon

Mais lorsque l’on est « seul » face à un patient, et, surtout, face à ses symptômes et, peut-être aussi face à son comportement et à son « profil », il peut nous arriver de passer à côté du bon diagnostic :

Parce-que l’on a rencontré peu de fois ce genre de situations. Parce-que cette situation ou ce profil de patient est dit « atypique». Parce-que l’on voit beaucoup de patients différents, et que l’on reçoit beaucoup d’informations à chaque fois. Et, aussi, parce-que, par moments ou souvent, on fait de l’abattage ou on est à côté de la plaque pour diverses raisons.

On travaille peut-être mécaniquement. Par habitude. Sans trop s’interroger. Ou en pensant à autre chose. Surtout si le patient ou la patiente est calme, coopérante voire se fait oublier. Ou se plaint trop ou souvent. 

Exposition Chiharu Shiota, au Grand Palais, Paris. Photo©Franck.Unimon

Des Médecins devant un tableau

Dans ma situation, ce qui me marque, d’abord, c’est que, plusieurs médecins sont passés devant le tableau. Le tableau, c’est moi. Et devant le tableau, tous ne peuvent pas avoir pour explication ou excuse le fait d’avoir été dans l’urgence ou d’avoir eu beaucoup de difficultés pour m’examiner car j’aurais été très agité, non-coopérant ou mutique.

A chaque consultation médicale, j’avais été calme, j’avais parlé, j’avais coopéré et j’avais décrit. Sans déverser des litres de voyelles et de consonnes comme je peux le faire dans cet article. 

Ensuite, même lorsque la piste de l’épanchement pleural a été trouvée par une femme médecin qui se destine à travailler en psychiatrie, il n’y a pas eu d’interrogation derrière. On s’est contenté de regarder « épanchement pleural » sur le tableau et de suivre.

La femme médecin des urgences, aussi professionnelle, travailleuse et compétente soit-elle par exemple, ne s’est pas demandée suffisamment ce qui avait pu provoquer cet épanchement pleural. Si elle m’a écouté, et je crois vraiment qu’elle a pris le temps de m’écouter, mon « profil » cadrait si peu avec le profil des personnes qui font une embolie pulmonaire qu’elle n’y a pas pensé. Et l’interne de médecine derrière, le lendemain matin, a continué de suivre la même logique sans trop s’interroger non plus. Peut-être parce-qu’elle n’était « que » interne et que ce n’était pas à  » une petite interne » de remettre en question les conclusions émises par la collègue médecin des urgences vraisemblablement plus expérimentée qu’elle ne l’était. 

Il a néanmoins fallu que cette même interne se trouve devant son incapacité technique et/ou personnelle à localiser mon épanchement pleural et que l’hôpital où nous nous trouvions dispose d’un scanner ou d’une IRM pour que, enfin, on découvre que je faisais une embolie pulmonaire et que celle-ci était déjà magnifique ou «très caractérisée ».

Deux tasses Hagi Ware, du Sencha, un shiboridashi, un plateau. Photo©Franck.Unimon

L’impossibilité de l’action oblige à chercher

Sans scanner ou IRM et sans cette impossibilité pour cette interne de faire son travail, c’est à dire réaliser son geste technique, la ponction pleurale, je serais peut-être reparti ensuite chez moi ponctionné de mon épanchement pleural mais en ayant toujours mon embolie pulmonaire suspendue à mes crochets.

Je suis marqué par cette absence de pensée ou de réflexion personnelle qui peut sévir à hautes doses chez des gens mais aussi chez des soignants :

Dans toutes ces disciplines médicales ou autres ou des divisions de soignants ( de l’aide-soignant au médecin) se donnent et sauvent des gens, sauvent des vies et en soignent par millions depuis des générations.

Photo©Franck.Unimon

Déserter le monde des non-êtres et des non-dits

C’est parce-que l’on attendait trop de nous d’être des non-êtres, d’être des agents aussi dociles et disponibles que des ustensiles, des êtres humains stériles, que j’ai bifurqué vers la psychiatrie trois ans après l’obtention de mon diplôme d’Etat d’infirmier. C’était il y a plus de trente ans.

Il y a des professionnels qui pensent dans les soins généraux, dans les services de médecine et autres. Malheureusement, durant mes études d’infirmier et lors de mes premières années de pratique dans les hôpitaux et les cliniques, j’ai peu eu accès à eux. J’ai plutôt fait l’expérience d’un univers clos. 

Et, vu ma petite histoire vécue avec mon embolie pulmonaire, il va être difficile de me convaincre que les médecins que j’ai rencontrés ont une capacité de réflexion personnelle très poussée en dehors de cet univers clos. 

De son côté, la psychiatrie n’est pas si belle. Elle a mauvaise presse. C’est à la fois là où partent travailler les personnels infirmiers fainéants et ratés, les charlatans, celles et ceux qui ne savent pas réaliser des gestes techniques et qui passent leur temps à discuter ou à boire du café.

Il est vrai que cela fait des années que je n’ai pas fait de prise de sang ou eu à poser une perfusion.

Mais la psychiatrie est aussi l’endroit où se trouvent des patients dangereux ou très bizarres qu’il faudrait débarrasser de leurs perversions; qu’il faudrait décapiter, fusiller, castrer ou incarcérer à vie. C’est aussi en psychiatrie que se trouvent des soignants sadiques et maltraitants qui privent des êtres humains de leurs libertés les plus simples et les plus fondamentales. Je relate ici ce que certains comprennent ou préfèrent croire à propos de la psychiatrie qui ne servirait à rien. A part être une sorte d’ambassade qui accorderait une immunité diplomatique à toutes sortes de déviants, patients comme professionnels, tandis que, bien sûr, tous les gens modèles, fréquentables, respectueux et irréprochables se trouveraient eux hors des murs et des services de consultation de psychiatrie.

Se faire domestiquer et museler

Et puis, la psychiatrie, dans son ensemble, comme la médecine et toutes ses spécialités, s’est aussi faite domestiquer par la semence  de l’abattage, de la déforestation intellectuelle et de la maitrise technologique, comptable et administrative.

Pour ne pas parler de maitrise décorative ou maitrise bling-bling.

En psychiatrie, aujourd’hui, un bon infirmier, c’est d’abord un infirmier qui sait allumer l’ordinateur du service, y entrer ses codes d’accès personnels afin d’y trouver le dossier du patient et les informations confidentielles qu’il comporte et qui sait faire de la bonne saisie informatique pour y entrer des paramètres de surveillance. Pour bien montrer qu’il a bien pris les constantes, bien distribué les médicaments, qu’il était bien présent à l’entretien, qu’il a fait telle activité avec tel patient.

Il faut faire. Et il faut montrer que l’on fait ou que l’on a fait. Cela ressemble un peu à une comédie ou à du fayotage. Même si je sais que beaucoup d’infirmiers sont sincères et véritablement impliqués dans leur travail. 

La grosse boule blanche

La psychiatrie, comme dans la série Le Prisonnier, s’est aussi faite rattraper par la grosse boule blanche. Et, il faut désormais se contorsionner et bien choisir les services de psychiatrie où l’on part travailler, ainsi que nos collègues, si l’on veut pouvoir préserver un peu de notre horizon mental, intellectuel et personnel sans que celui-ci soit constamment zappé par des injonctions institutionnelles diverses qui pratiquent la destruction de pensée et estiment faire leur travail.

Je me dis aujourd’hui que la destruction de la pensée a quelque chose à voir aussi avec la destruction totalitaire du passé un peu comme en Chine sous Mao ou dans n’importe quel pays où l’intégrisme s’est installé et où tout ce qui a existé au préalable est soit pourchassé soit idéalisé. Il n’y a pas de nuance. Il n’existe pas d’entre deux. Pas ou peu de mise en perspective en fonction du contexte. Soit c’était parfait avant, soit tout le passé est désuet. 

Le pneumologue et la boule blanche

Le pneumologue qui me suit peut-être un peu telle la boule blanche dans la série Le Prisonnier n’aborde pas ce genre de sujet avec moi. Mais sans doute que, moi, en tant que patient et « professionnel » de la santé, je pense aussi à ça lorsque je le regarde, l’écoute.  Et lorsque je croise d’autres « confrères » qu’ils soient médecins ou autres. Ils pensent symptôme, diagnostic et traitement. Je pense aussi à ce qu’il y a autour. Mais peut-être aussi que nos doutes passent par des routes différentes.

Depuis l’Arc de Triomphe, fin 2024. Photo©Franck.Unimon

C’est « bien » de me dire que j’ai fait une (grave) embolie pulmonaire. Et d’ajouter, comme il l’a fait hier, que les médecins que j’ai consultés ne sont pas responsables du  fait que j’ai développé une embolie pulmonaire.  Mais c’est bien, aussi, de (lui) rappeler que durant deux semaines, nos confrères médecins consultés sont passés à côté du diagnostic. Et si je me permets devant lui qui est médecin, alors que je ne suis qu’infirmier, de dire « nos confrères médecins », c’est par volonté de rester diplomate. Mais aussi parce-que mon expérience dans le milieu de la santé me fait relativiser cette aura de toute puissance et d’omniscience à laquelle un certain nombre de médecins, femmes comme hommes, est abonnée. Ce qui leur permet aussi de passer rapidement sur certains de leurs ratés professionnels ou personnels.

Je l’ai dit encore récemment à Hagi Ware, une de mes collègues médecins que j’aime bien et celle-ci en a plutôt convenu :

Un certain nombre de personnes deviennent médecins ou « font médecine » plutôt pour accéder à un certain prestige. Leurs motivations humanistes sont secondaires ou dérisoires. Ils peuvent être (très) compétents en tant que médecins et, par ailleurs, être humainement délétères. Peut-être que les médecins que j’ai consultés étaient-ils tous plutôt humanistes. Hormis peut-être celui qui m’a vu moins de cinq minutes à chaque fois sans jamais m’ausculter. 

J’ai du mal à savoir si le pneumologue que je vois est humaniste. Il s’y essaie en tout cas.  

J’aurais dû le revoir un mois plus tôt.  Au début du mois de juin.

Mais la secrétaire m’avait contacté pour décaler notre rendez-vous à hier. Dans son message par téléphone et par mail, la secrétaire m’informait de la nouvelle date de rendez-vous et du nouvel horaire. A moi de m’y faire ou de rappeler pour demander une autre date et un autre horaire. J’ai eu de la chance.

Paris, 13ème arrondissement. Photo©Franck.Unimon

Mon planning, qui n’est pas fixe, et que je découvre entre le milieu et la fin de chaque mois pour le mois suivant, s’accordait bien avec cette nouvelle date de rendez-vous avec le pneumologue.

Pourtant, hier, j’ai failli rater mon rendez-vous avec le pneumologue. Car je m’étais d’abord trompé d’horaire. J’ai failli arriver avec une heure et demie de retard. Si je l’avais raté, j’aurais peut-être dû prendre un autre rendez-vous. Et continuer de prendre de l’Eliquis.

Humaniste ou alambiqué ?

Depuis le début, je trouve que le pneumologue fait des phrases alambiquées pour me dire les choses. Je le crois compétent et désireux de bien faire comme de bien formuler les choses. Mais c’est alambiqué :

« Je ne peux pas vous dire si vous faites partie des 20% qui peuvent refaire une embolie pulmonaire ou des 80% qui n’en referont pas ». « Aujourd’hui, tous les résultats de vos examens m’indiquent que nous pourrions arrêter l’Eliquis. Les résultats de votre dernière épreuve d’effort sont même meilleurs que ceux de l’année dernière et sont très bons. Il n’y a plus, aujourd’hui, de séquelles de votre embolie pulmonaire. Mais c’est une discussion que nous avons à deux. Si vous me dites que vous préférez continuer l’Eliquis pour éviter de refaire une embolie pulmonaire, je le comprendrais. Si vous continuez, je n’aurais pas de raison ensuite pour arrêter de vous en prescrire. Donc, vous aurez de l’Eliquis pour un moment…(note de la rédaction moment = à vie) ».

Ce que je vis avec ce pneumologue me semble très typique :

Pendant des semaines, j’ai consulté des médecins qui ne se sont pas beaucoup inquiétés de mon état de santé. Et, désormais, parce-que, dans mon fichier médical, il est spécifié que, un jour, j’ai fait une embolie pulmonaire tout ou beaucoup de ma santé médicale mais aussi de mon avenir personnel semblent désormais être conditionné par cet événement. Il faudrait presque que je pense en permanence à cette embolie pulmonaire. Voire peut-être que j’expie jusqu’à ma mort pour ma faute qui consiste à avoir fait une embolie pulmonaire.

D’un côté, lorsque je l’ai faite et qu’elle a été diagnostiquée, le discours médical a consisté à chercher à me convaincre que ce qui m’arrivait était bien connu et donc que l’on savait comment s’y prendre avec. Maintenant que mon embolie pulmonaire a disparu et que j’ai bien ou très bien récupéré, ce qui a été attesté par divers instruments de mesure médicaux auxquels je me suis appliqué à me conformer, il faudrait presque que je m’inquiète davantage.

La médecine n’aime pas qu’on lui échappe ou que l’on puisse se passer d’elle. Mais c’est aussi vrai de la psychiatrie.

Mai ou Juin 2025. Photo©Franck.Unimon

La science et l’ignorance des avions de chasse

Peut-être parce-que le pneumologue ignore la cause de mon embolie pulmonaire. Celle-ci reste un mystère. S’il avait rapidement éliminé comme cause possible, le fait que j’aie attrapé le Covid deux mois avant de la faire, à aucun moment, il n’a mentionné le fait que la vaccination anti-Covid pourrait ou pouvait, chez certaines personnes, provoquer, peut-être, dans certaines circonstances, une embolie pulmonaire. Hier, je n’ai même pas pensé à lui en parler. Il existe un tel interdit de la pensée à ce sujet. Aller dans cette direction, c’est comme être le diable qui tenterait un homme de foi scientifique. C’est comme être un homo qui essaierait de détourner un hétéro du droit chemin. Et ce n’est sûrement pas lui, médecin de formation et de profession, qui peut prendre l’initiative de ce genre de doute ou de réflexion personnelle. On frôlerait l’hérésie. La déchéance éthique. 

Lors de la pandémie du Covid, il y a eu une différence très nette entre l’adhésion des médecins, quasiment unanime en faveur des vaccins anti-Covid, et la défiance des personnels infirmiers par exemple envers les vaccins anti-Covid. J’ai maintenant oublié les pourcentages et mes sources, mais autant on avait plus de 90 pour cent des médecins qui étaient favorables aux vaccins anti-Covid, autant, du côté des infirmiers, on était, je crois, plutôt dans les 50 pour cent d’adhésion à la légitimité de ces vaccins anti-Covid. 

Pour certains collègues médecins avec lesquels il m’est arrivé d’en parler un peu « après » la pandémie du Covid, seuls l’obscurantisme, l’ignorance et l’imbécilité peuvent expliquer la défiance qui a pu exister à l’encontre des vaccins anti-Covid.

Lors de la pandémie du Covid, j’avais croisé deux médecins, qui ne se sont pas faits vacciner contre le Covid. Ils exercent en libéral et j’avais commencé à les consulter avant l’obligation vaccinale.

J’en avais un peu discuté avec eux. Une femme, un homme.

L’ une et l’autre m’avait donné leurs arguments. Ce sont des médecins qui exercent toujours dans des quartiers de Paris plutôt bien référencés et qui, lorsque je les avais consultés, m’ont toujours donné le sentiment de s’y connaître en médecine. J’évite évidemment de donner plus d’indices pour préserver autant que possible leur anonymat. Ils passeront et sont sûrement passés pour de dangereux irresponsables et pour des professionnels indignes de la profession médicale.  

Car il y a, je trouve, chez un bon nombre de nos collègues médecins vis-à-vis de la question des vaccins anti-Covid, un mélange de conviction sincère et inébranlable dans les bienfaits de la science, et, ici, des bienfaits des vaccins anti-Covid. Mais il y a aussi, chez un certain nombre d’entre eux, ce sentiment féroce, voire impitoyable, d’appartenir à une élite qui pense toujours ou souvent beaucoup mieux, beaucoup plus vite et beaucoup plus haut que la masse de péquenauds ou de dégénérés qui se cramponne frénétiquement ou désespérément, pour ne pas dire avidement, et toujours de manière réflexe, à des superstitions et à des conneries aussi manifestes que supersoniques.

Il peut y avoir chez les médecins la même certitude que pouvait avoir le colon, religieux ou non,  lorsqu’il apportait la civilisation aux peuples et aux populations regardées comme attardées et reculées et qui résistaient. Et qui s’accrochaient à leurs gris-gris malgré leur faible bénéfice thérapeutique.  

Les médecins sont à la pensée et au Savoir ce que les avions de chasse et les fusées sont à l’aviation et aux programmes spatiaux. Ce sont des explorateurs de l’univers et des couches supérieures de l’intelligence hors des frontières de la terre et du cadastre  commun. Et tous les autres, les presque cadavres , sont tolérés selon nos humeurs tant qu’ils restent sympas, nous font le café, nous obéissent et nous admirent. 

Tout scientifique qu’est le pneumologue qui me suit, à ce jour, il n’a aucune explication rationnelle pour « justifier » mon embolie pulmonaire. Et cela fait maintenant un an et demi qu’il me suit et m’étudie. Il a donc eu toute latitude, au gré de divers examens et de plusieurs observations pour trouver la cause de cette embolie pulmonaire.

Photo©Franck.Unimon

Sortir de certains standards de pensée

Je ne crois pas qu’à sa place une ou un autre pneumologue puisse faire « mieux » ou plus que lui en termes de recherche scientifique ou d’examens. Sauf si cette professionnelle ou ce professionnel est capable de penser par elle-même ou par lui-même et se permet de sortir de certains standards de la pensée comme on peut se sortir de certains guêpiers.

A mon avis, d’autres hommes aussi jeunes que moi, et en aussi bonne santé que moi, ont fait ou feront des embolies pulmonaires dans des conditions similaires à la mienne. Ils n’auront pas le profil type. On n’aura ou on a eu aucune explication rationnelle concernant la survenue de leur embolie pulmonaire.

A aucun moment, le pneumologue n’a suggéré ou envisagé que, peut-être, dans certaines circonstances, on pouvait penser ou qu’il avait été écrit dans «  la littérature scientifique » (médicale) que certaines personnes qui avaient été vaccinées contre le Covid avaient pu faire une embolie pulmonaire. Ou que certains lots de vaccins anti-Covid avaient pu avoir cet effet-là pour des raisons que l’on ne savait pas trop expliquer dès lors qu’une personne attrapait le Covid. Mais que, à choisir entre une assez forte probabilité que des vaccins anti-Covid favorisent la survenue d’embolies pulmonaires et le fait de décéder du Covid, qu’il avait été « décidé» (par qui ?) de « prendre le risque ».

J’ai reçu trois injections de Moderna contre le Covid. J’ai attrapé le Covid en été 2023, alors qu’il faisait particulièrement chaud. Plusieurs mois après mes injections de vaccin Moderna contre le Covid qui m’avaient permis d’éviter ma suspension professionnelle. Ce sont les seuls événements notables et objectifs dont je me souvienne qui auraient pu perturber la routine de ma santé avant de faire cette embolie pulmonaire. Avant d’attraper le covid en été 2023 et de faire cette embolie pulmonaire deux à trois mois plus tard, j’avais traversé la pandémie du Covid sans affection médicale particulière.

Cependant, le mois dernier, en se fiant à certains éléments de ma vie d’avant mon embolie pulmonaire mais aussi à mon exposition à la psychose, à la souffrance et à la violence, de par mon travail d’infirmier en psychiatrie, un psychologue m’a suggéré que j’avais peut-être somatisé mon embolie pulmonaire.

Il n’y a, ici, aucune démonstration scientifique et rien qui puisse se mesurer objectivement au travers d’une prise de sang, une IRM, un ECG ou un autre type d’exploration fonctionnelle. C’est donc évidemment une piste vers laquelle le pneumologue ne s’est à aucun moment dirigé. Et qu’il n’a jamais formulé. Puisque la psychologie n’est pas son domaine. Et qu’il y accorde sans doute peu d’importance en tant que facteur qui pourrait influer sur la santé physique d’une personne. Sait-il en quoi consiste la somatisation ? Y croit-il  ? En est-il convaincu ?

Il y a des médecins qui sont très sceptiques quant aux bénéfices thérapeutiques de l’hypnose. Ce ne sont pas ces médecins qui vont prêter une attention particulière à ces histoires de somatisation. Vous rigolez.  

Pourtant, la somatisation est plutôt courante.

Il nous arrive de supporter certaines charges personnelles, émotionnelles, psychologiques, sans nous plaindre, jusqu’à ce jour où l’on se rompt. Aujourd’hui, on parle assez souvent du burn-out voire de la dépression qui peuvent survenir après que l’on se soit « brûlé intérieurement » et émotionnellement. Mais le burn-out et la dépression sont la conséquence de cette « brûlure intérieure et émotionnelle » lente et profonde.

Et, excepté le fait, peut-être, que l’on voit (lorsqu’on peut le voir)  chez la personne des signes de fatigue, d’irritabilité, de perte de poids, l’apparition de comportements, de propos ou d’idées plutôt inquiétantes ou inhabituelles qui ne lui ressemblent pas trop, il n’existe pas de dosage sanguin, de signe sur un ECG ou à l’IRM qui permettent de dépister un burn-out ou une dépression en cours de constitution. 

Il existe d’autres équivalents physiques de la dépression ou du burn-out. 

Il y a quelques années, je me suis rompu un tendon d’Achille en pratiquant de la boxe française que j’avais débutée depuis quelques semaines. Il y a l’explication mécanique de la rupture du tendon d’Achille : il est des sports qui prédisposent ( souvent les hommes) à une rupture du tendon d’Achille à partir d’un certain âge lorsqu’ils s’approchent de la quarantaine. Tennis, boxe, football, basket, sports de combat, athlétisme…. tous les sports qui nécessitent beaucoup d’appuis toniques au sol avec des impacts et des changements brutaux de déplacement.

J’avais l’âge et j’avais pratiqué un de ces sports. Classique.

Mais cela m’était aussi arrivé à une époque de ma vie où, célibataire, je me trouvais à un moment de rupture personnelle entre mon passé, et mon présent, et où je voulais être partout. 

Il y a encore quelques années, après l’accouchement difficile de ma compagne et la naissance prématurée et difficile de notre fille, j’ai fait une infection urinaire et j’ai aussi traîné une hypotension pendant plusieurs mois. Je n’avais jamais fait d’infection urinaire auparavant, une affection plutôt réservée à la gente féminine. Et c’est la première hypotension aussi persistante dont je me rappelle.

J’avais aussi perdu du poids.

Le médecin que j’avais consulté et qui m’avait diagnostiqué mon infection urinaire ne m’a jamais dit que j’avais probablement somatisé. A mon avis, il l’ignorait ou ne s’était même pas posé la question. Il avait fait une règle de quatre:

symptôme, diagnostic, traitement,  addition.

J’ai compris tout seul, rétrospectivement, que j’avais probablement somatisé après la naissance de notre fille. Je n’ai pas besoin que cela me soit « objectivé » et confirmé par des examens médicaux. Et cela n’a rien à voir avec de la superstition. Certains événements affectent ou ébranlent notre psyché plus que d’autres. Même si voire surtout peut-être si nous avons souhaité ces événements. Et cela peut ensuite se répercuter sur notre corps. 

Parce-que ces événements sont une rupture décisive avec notre vie d’avant. Parce-qu’ils nous inquiètent particulièrement. Parce-que l’inquiétude et l’anxiété, ça peut nous galvaniser pour nous mettre en état d’alerte afin que beaucoup de nos forces mentales et physiques soient rapidement disponibles pour affronter l’épreuve ou l’événement. Mais cela peut aussi nous user ou nous défigurer.   

Lorsqu’une personne connue pour être solide ou inébranlable, un beau jour, se suicide, c’est souvent un choc pour son « entourage ». Mais que croit-on ?! Qu’on peut toujours tout encaisser sans jamais, à un moment ou à un autre, s’abîmer ? Que celle ou celui qui ne se plaint et qui ne pleure jamais ne déguste jamais ?! 

Parce-que seuls les coups physiques et les maladies peuvent nous faire flancher ?!

La somatisation, pour mon embolie pulmonaire, me paraît être une bonne piste. Et, je me suis aussi déjà demandé ce que devenait toute cette souffrance et toute cette violence que je recevais en tant qu’infirmier psychiatrique sans avoir trouvé de  réponse complète. 

Cette embolie pulmonaire est peut-être un signe de fragilité et de vieillesse intérieure. Si extérieurement, je fais plus jeune que mon âge, peut-être que mon organisme, ou mon moral, surtout, lui, s’est détérioré ou brûlé plus vite.

Sortir de l’angoisse

Hier, j’ai répondu au pneumologue que je préférais arrêter l’Eliquis car je refusais de vivre dans l’angoisse. Le pneumologue m’a répondu qu’il comprenait ma décision. Je ne suis pas sûr qu’il ait compris que je refusais aussi de continuer de vivre (dans) son angoisse.

Je n’ai pas eu besoin, moi, de lui faire passer un scanner, d’épreuves d’efforts, d’examens sanguins, de lui faire prendre un traitement, pour le trouver, assez rapidement, quelque peu anxieux voire angoissé même si, devant moi, il a toujours tenu un discours très cohérent et a toujours suivi une logique protocolaire.  Mathématique.

Celle de la prudence, officiellement.

Et moi, de mon côté, je ne suis ni un irresponsable ni un optimiste béat. Puisque, j’ai ajouté que, bien-sûr, j’étais d’accord pour continuer de venir le consulter mais aussi pour effectuer les examens nécessaires.

Depuis hier soir, je suis donc redevenu libre de l’Eliquis.

Ou en sursis. Je reverrai le pneumologue dans six mois puis, si tout va bien, une fois par an.

Prendre de l’Eliquis deux fois par jour pendant un an et demi n’a pas été très contraignant. Deux petits comprimés par jour. C’est rien du tout comparativement à des médicaments qui ont certains effets secondaires désagréables.

Mais je pense aussi aux personnes diabétiques insulino-dépendantes. Récemment, dans un service de pédopsychiatrie où j’ai fait une nuit en heures sup, j’ai croisé une jeune fille de 14 ans, diabétique, obligée de contrôler sa glycémie plusieurs fois par jour, de se faire au minimum quatre injections d’insuline par jour, deux injections d’insuline rapide, deux injections d’insuline lente. A quatre heures du matin, elle a fait une une hypoglycémie qui l’a réveillée alors que deux heures plus tôt, sa glycémie était un peu au dessus de la normale. Près d’une demie-heure a été nécessaire pour qu’elle retrouve une glycémie « normale » en reprenant du sucre à deux reprises ( c’était la prescription médicale). 

Ces ennuis médicaux se rajoutaient à une situation sociale et personnelle délicate.

J’ai eu de la peine pour cette jeune fille. 

Blade Runner

Le pneumologue n’a pas menti. Dans la salle d’attente, hier, avant qu’il ne me reçoive en consultation, j’ai regardé les patients présents. Deux couples en particulier âgés de 70 à 80 ans en moyenne.

J’ai vu une femme anxieuse s’adressant pratiquement toutes les 60 secondes à son mari. Pour avoir la bouteille d’eau. Pour lui demander combien il avait acheté les cadres de tableau au magasin Action. Pour connaître le trajet pour se rendre à tel endroit. Au départ, l’homme expédiait ses réponses et les répétait plusieurs fois tout en regardant son téléphone portable. Elle aussi avait son téléphone portable à la main mais elle n’en faisait rien. C’était à lui qu’elle parlait.

Par la suite, l’homme s’est vraiment mis à lui parler. Il a même fait un peu d’humour. Ils ont rigolé ensemble tous les deux.

L’ autre couple était plus discret. Le monsieur se déplaçait avec un appareil roulant qui lui fournissait manifestement de l’oxygène. La jeune femme médecin s’est avancée vers eux en souriant en leur disant « A nous ! ». La femme médecin leur a demandé si ça allait. Le couple lui a répondu par l’affirmative. L’ homme s’est levé. Tandis que sa femme commençait à soulever son sac, lui s’est aperçu qu’une partie du tuyau de sa sonde s’était quelque peu entortillée autour d’une des deux roues de l’appareil. La jeune femme médecin et son sourire étaient déja hors de vue.

J’ai un moment envisagé de me lever pour aller aider le monsieur mais il est finalement parvenu plutôt facilement à résoudre son problème. Puis, le couple assez âgé est parti à la suite de la jeune femme médecin.

Je suis plus jeune et a priori en meilleure condition physique que ces personnes. Et mon premier réflexe serait de penser que je suis de passage et que je n’ai rien à voir avec ces personnages âgées. De refuser de vieillir.

De refuser de me voir vieillir.

Cependant, un jour, je serai comme eux. Et comme d’autres. Car être jeune, se sentir jeune, c’est peut-être d’abord se sentir différent des autres même si l’on est souvent comme beaucoup d’autres.

J’ai un peu essayé d’imaginer comment ces couples étaient lorsqu’ils étaient plus jeunes sans pouvoir vraiment le deviner.

Je ne suis pas parvenu à m’imaginer plus vieux, plus affaibli.  Mais hier, avant de rentrer chez moi, j’ai tenu à partir acheter le polar Balanegra de Marto Pariente et je me suis mis à la recherche de 1275 âmes de Jim Thompson. Pour cela, je suis allé à la librairie Delamain, près de la Comédie Française. J’aime bien y aller de temps en temps ou passer par là lorsque je sors du cinéma UGC des Halles.

L’idée d’aller voir Burning Spear en concert au Kilowatt m’était passée.

Hier soir, j’ai commencé à lire Balanegra. Et ce matin en me levant, j’ai commencé à écrire cet article. Un article qui sera peut-être lu à 20 % ou par 20 % de personnes. Je n’ai pas encore 1275 âmes de Jim Thompson parce qu’il est en rupture de stock. La libraire m’a répondu hier qu’il me fallait le chercher en seconde main. Je vais le trouver. 

Franck Unimon, samedi 5 juillet 2025.

 

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Pour les Poissons Rouges

L’Amour vu par un homme

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L’ Amour vu par un homme

C’est une connaissance. Nous n’avons jamais été proches. Mais un jour, je serai comme lui.

Il semble descendre vers la gare. Au volant de ma voiture, arrêté au stop, je le regarde marcher. Lui ne peut que marcher. Une voiture, ça pollue et c’est un objet de luxe et de consommation.

Il porte des sandales de merde. Il a désormais une petite bedaine qui enfle sous sa chemise à carreaux à manches courtes. Il a toujours son catogan. Sauf qu’il a un début de calvitie. La dernière fois que je l’avais vu sourire, c’était au festival d’Avignon, il y a plus de dix ans. C’était l’ami d’une amie comédienne et metteure en scène. Il était sur scène. Je l’avais trouvé bon comédien.

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Lui et sa femme forment un couple socialement et culturellement engagé depuis une bonne vingtaine d’années. Il m’est sûrement impossible d’avoir une idée exacte du nombre d’heures et de jours qu’ils ont données et continuent de donner ensemble ou séparément en tant que femme et homme de théâtre et de culture.

 Je les ai aperçus quelques mois plus tôt dans le train. Assis face à face ou côte à côte, ils ne souriaient pas voire ne se parlaient pas.

Ils ne m’ont pas vu. Ils ne m’ont pas reconnu. J’en ai profité pour aller plus loin. Je ne voulais pas les déranger et, aussi, avoir à leur rappeler qui j’étais ou pire :

 Je ne voulais pas être pour eux une sorte de divertissement.

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C’est un couple qui dure. Ils ont au moins deux enfants. Je l’ai aperçu lui, une fois, dans le bus, avec un de leurs fils. Mal fringué, les cheveux longs, longiligne, presque sale. Mais sans aucun doute très brillant à l’école et très cultivé. Du moins, je l’espère.

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Cet homme que j’aperçois à quelques mètres de moi (et sa femme) se contrefiche des apparences. C’est un homme libre. Et moi qui fais le malin en le décrivant, je suis beaucoup moins libre que lui. Parce-que je m’accroche encore aux apparences comme je m’accroche à mon volant. Alors que les apparences, c’est surtout dans les débuts d’une relation qu’elles comptent. Ensuite, on peut s’en débarrasser une fois que l’on est bien installés et que l’autre est en quelque sorte devenu notre propriété. Lorsque l’on est à peu près convaincu qu’elle ou qu’il restera autant qu’on le pensera.

Je repense à cet homme. A son allure. A l ’espèce de poids mais aussi de combat éternel auxquels il a semblé se consacrer entièrement au point de ne rien voir d’autre que ce point qui le menait vers la gare. Car c’est un homme entier.

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Puis, je démarre et je me rends jusqu’à aujourd’hui, ce lundi 30 juin 2025. Depuis quelques jours, c’est la canicule. 34 ou 35 degrés aujourd’hui en région parisienne, je crois. Je m’attarde peu sur les chiffres comme sur les titres que j’ai pu voir sur un des téléviseurs de mon lieu de travail où l’on se demandait s’il fallait fermer les écoles plus tôt. Rachida Dati, 60 ans cette année, Ministre de la Culture, et Maire du 7ème arrondissement de Paris depuis le 29 mars 2008, veut devenir Maire de Paris. Bruno Retailleau, 65 ans cette année, Ministre de l’Intérieur, Président du parti des Républicains, marche « bien » depuis quelques mois. 

J’ai aperçu à la télé le Président de la République, Emmanuel Macron, 48 ans cette année, avant un match de Rugby récemment. Il saluait les joueurs qui le dépassaient tous de plusieurs têtes ainsi qu’en envergure. Il était enthousiaste, assez excité. Je ne l’ai pas reconnu tout de suite. Il avait pris un coup de vieux. Son double mandat de Président de la République et certains de ses mauvais choix l’auront usé.

On nous parle aussi régulièrement du conflit en cours entre les Etats-Unis et l’Iran à la suite de l’attaque militaire d’Israël sur des sites stratégiques militaires afin d’empêcher l’Iran islamiste de fabriquer la bombe nucléaire.

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En France, c’est l’été. C’est le début des grandes vacances scolaires. Les gens partent se changer les idées. On les voit avec leur valise. C’est le début des soldes. Le marché immobilier a repris de la vigueur. Les gens ont recommencé à acheter.  Il y a aussi plein de festivals de musique. Et comme il fait beau (ou trop chaud), il convient d’être léger ; de se distraire ; d’entreprendre ;  de voir la vie du bon côté ; de « chiller » ; «  d’être fun » ;  de-trouver- sa- moitié- ou- de partir- quelque- part- avec- elle- dans- l’harmonie- puisque- c’est- la- saison- et- aussi- parce- qu’une- existence- accomplie- se- doit- de- toutes- façons- de- se- dérouler- de- cette- manière.

Si nous sommes plus de soixante millions d’habitants en France, il y a sur terre à peu près 7 ou 8 milliards d’êtres humains. Et parmi ces 7 à 8 milliards de personnes, il s’en trouve un certain nombre pour lesquels la France est le pays ou l’un des pays de l’Amour et du « romantisme ».

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« Est-ce que tu l’aimes ? » C’est souvent une femme qui continue de poser ce genre de question à une autre personne. Je peux me rappeler d’une amie me posant cette question. Je ne me rappelle pas qu’un homme, ami, copain ou connaissance, me l’ait posé.

C’est aussi plutôt une femme qui va décider de rester parce qu’elle aime son prochain ou sa prochaine. Quel que soit ce qu’elle peut endurer au sein du couple.

L’Amour semble donner des forces voire certaines certitudes aux femmes. Il semble davantage opprimer les hommes. Je parle ici de relations hétérosexuelles.  Et je ne compte pas beaucoup sur les hommes pour s’exprimer librement et en toute décontraction sur le sujet car ils ont plutôt tendance à le fuir. Et ça, c’était bien avant d’entendre parler de :

« charge mentale », « travail invisible », « déconstruire », « féminisme », « féministe », « patriarcat », « être assigné à son genre », « conditionnement social »  » viols systémiques », « viols », « pervers narcissique », «procès de Mazan », « porc », « culture du viol », « la drogue du viol », « GHB », « grossophobie », « féminicides », « plafond de verre pour les femmes », « haine des femmes », « précarité des femmes », « injonctions patriarcales », « L’ Amour dure trois ans », « L’ Amour peut tout ».

J’ai répété certains termes pour donner un peu une idée de la façon dont ils peuvent nous être rappelés ou dictés.

 Je ne conteste pas la légitimité de ces termes. Je ne conteste pas non plus leurs contradictions.

 Je les ai restitués ici (j’en ai sûrement oublié) pour donner un aperçu des paradoxes qui peuvent s’imbriquer dans les relations amoureuses en France, pays de « l’Amour » voire du « romantisme». Car toutes les personnes qui se quittent ou qui se trompent ou qui sont maltraitées se sont souvent aimées au départ. Au moins en apparence.

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Ma perception de l’Amour a bien sûr changé depuis mon adolescence. Même si mon adolescence a duré longtemps. Ma vision de la masculinité a aussi changé depuis mon adolescence.

Plutôt socialement et extérieurement.

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Adolescent et jeune adulte, j’étais sans aucun doute plus attaché aux regards des autres. Je le redoutais aussi sans doute davantage. Car, adolescent, et même plus tard, il peut être très difficile de se séparer du regard et du jugement du groupe auquel on appartient ou auquel on tient à appartenir. Qu’il s’agisse de la famille, d’un groupe de copains, de camarades de classe sociale, de collègues, des gens du quartier ou du village, d’une culture, d’une religion ou, aujourd’hui, d’un réseau social sur internet ou ailleurs.

Et cette « règle » vaut aussi pour les jeunes femmes. La crainte de décevoir, d’être rejetée par un certain groupe d’appartenance, d’être déconsidérée si l’on adopte un certain type de comportements. Ou, plus simplement, le fait d’être attaché (e), cramponné (e ) – comme j’ai pu l’être au volant de ma voiture au début de ce texte- par loyauté, par facilité et/ou par conditionnement aux rites, croyances, habitudes et certitudes d’un certain groupe qui semble correspondre le mieux à ce que l’on est, à notre identité en tant qu’individu.

Adolescent et jeune adulte, j’étais assez étranger à mon intériorité. Je pouvais même me méfier ou douter d’elle puisqu’autour de moi s’affichaient, se perpétuaient et s’imposaient certains modèles, certaines supposées réussites mais aussi certains stéréotypes. Des modèles qui avaient pour eux l’avantage de l’assurance, de la certitude, de l’expérience…et du nombre. 

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En tant qu’homme d’origine antillaise, j’aurais par exemple peut-être « dû » avoir au minimum trois ou quatre enfants aujourd’hui et « avoir » deux ou trois maitresses qui se battent en duel pour être un « vrai » homme antillais. Cela aurait peut-être contribué à me rendre encore plus attirant auprès de certaines femmes ( antillaises ou non)  car elles auraient ainsi eu la certitude que je suis bien fertile mais aussi fait d’une matière hétérosexuelle. En étant célibataire quelques années et en devenant père plutôt tardivement, j’ai peut-être brouillé les cartes pour certaines femmes. Etais-je homosexuel ? Avais-je un problème sexuel ou une tare quelconque ? J’étais bien difficile à déchiffrer.

L’ humour noir ne convient pas à tout le monde.

Je pense que des hommes se sont aussi posés la question voire se la posent encore à mon sujet. Suis-je homo ? Est-ce que j’aime – sexuellement- les femmes ? Puisque l’on ne me voit pas et l’on ne m’entend pas vraiment « m’exprimer » :

Employer le vocabulaire et le comportement du mec qui drague ou qui joue au moins ce rôle-là en tenant certains propos  « rassurants » ( pour certains hommes) à propos des femmes.

« J’ai envie de lui monter dessus » m’a ainsi dit un de mes collègues à propos d’une de mes collègues ». A mon travail, personne ne m’a entendu parler comme ça.

J’ai aussi pris trop de plaisir à lire Les couilles sur la table de Victoire Tuaillon dans mon précédent service, un service de «mecs ». Et à le redire et à le réécrire.

 Je suis suspect. Mais je me souviens encore de l’identité du collègue à côté duquel je venais de m’asseoir et , qui, après avoir aperçu le titre, s’était levé en silence pour s’éloigner.

Je commence à parler ici de sexualité alors que le titre de départ est celui de l’Amour. Mais finalement, aujourd’hui, je me suis dit que beaucoup de monde se fourvoyait en parlant d’Amour ou même de sexualité. Je crois aujourd’hui que le mot principal dans une relation, son fondement, c’est plutôt :

L’intimité.

Photo©Franck.Unimon

Un couple sans intimité, à mon avis, ne peut pas ou ne peut plus exister. L’ intimité, pour moi, c’est ce que l’on vit avec l’autre parce-que l’on se sent bien avec elle ou lui. En toute confiance. Cela peut être un voyage, le fait d’éduquer un enfant, de faire une promenade, de regarder un film. C’est un moment privilégié où l’on se sent bien et en sécurité avec quelqu’un d’autre. Sans nécessairement être l’un sur l’autre ou avec l’autre à perpétuité. Cela peut durer dix minutes, une heure, trois quarts d’heure. Davantage.

Mais ce n’est pas une permanence. C’est une aptitude.

L’ aptitude à se retrouver avec quelqu’un que l’on a choisi et qui nous a choisi ou accepté. Parce-que, de part et d’autre, il y a la volonté que cela ait lieu et existe à un moment donné. Et ce moment répété d’intimité satisfait véritablement les deux personnes qui sont alors ensemble.

Je crois que si l’on est capable de veiller sur l’intimité – et de la défendre si besoin – que l’on vit avec une personne, que l’Amour entre deux personnes peut plus facilement subsister.

Car l’Amour, tout seul, ne tient pas. Et la sexualité, même lorsqu’elle se passe très bien et donne beaucoup de plaisir ne suffit pas pour faire vivre un couple.

L’ écrire ici ne m’empêchera pas pour autant d’avoir une bedaine comme de marcher vers une gare un jour de canicule.

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Franck Unimon, ce lundi 30 juin 2025.

 

 

 

 

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En Concert

Marc Crofts Klezmer Ensemble au MAJH ( Musée d’art et d’histoire du judaïsme) 15 Mai 2025

 

 

Marc Crofts Klezmer Ensemble au MAJH ce 15 Mai 2025. Photo©Franck.Unimon

Marc Crofts Klezmer Ensemble au MAJH ( Musée d’art et d’histoire du Judaïsme) 15 Mai 2025

Je ne connaissais pas le MAJH pourtant situé dans le quartier du Marais à Paris. Ce 15 Mai 2025, une statue vous interpelle dans la cour, l’épée brisée.

Dans la cour intérieure du MAJH ce 15 Mai 2025. Photo©Franck.Unimon

C’est la loyauté du Capitaine Dreyfus ( 1859-1935) dont la mémoire est ici statufiée.

En venant ici ce jeudi 15 Mai, je « sais » ce qui se passe depuis le 7 octobre 2023 en Israël et en Palestine. En Palestine et en Israël.

Il m’arrive aussi de penser à la série Hatufim de Gideon Raff diffusée entre 2010 et 2012..

Je ne suis pas juif et je ne vois pas pour quelle raison j’aurais dû l’être spécifiquement ce soir-là.

Le Klezmer ne fait pas plus partie de mes terres. Même s’il me reste peut-être encore un peu du film Gadjo Dilo réalisé en 1997 par Tony Gatlif. Ou du titre Pagamenska du groupe Oi Va Voi écouté il y a plus d’une quinzaine d’années.

Ce 15 Mai 2025, à peu près libre de toutes mes guerres intérieures et postérieures, je viens  écouter de la musique et voir des artistes dont je n’avais jamais entendu parler deux mois plus tôt.

C’est le label Zamora Productions qui m’a mis sur la piste du Marc Crofts Klezmer Ensemble en m’envoyant leur album Urban Myths. Un album dont j’ai croisé un peu les timbres avant de venir les écouter sur scène.

Le label Zamora Productions est également engagé derrière les artistes Lagon Nwar, Okali mais aussi sur le dernier album de Rocio Marquez. Des artistes dont j’ai parlé dans d’autres articles. ( Voir Lagon Nwar au café de la danse ce 31 mars 2025, et Rocio Marquez au Théâtre Zingaro ) .

A une époque ou des vedettes musicales comme Billie Eilish, Charli XcX, Rosalia, Theodora, Ronisia ou Little Simz suscitent ferveur populaire au sein des jeunesses ( de 14 à 25 ans) en ayant très peu de musiciens sur scène et toujours des paroles dans leurs compositions, je fais peut-être partie d’un public qui surfe sur un passé de plus en plus éloigné et qui peut encore, les problèmes de mémoire aidant, feindre de l’ignorer.

Mais l’amateur de musique que je suis se rappelle que celles et ceux qui savent jouer écoutent et apprécient souvent des artistes a priori plutôt séparés de leur univers. Miles Davis avait écouté aussi bien du Chopin que le Zouk de Kassav’. Bob Marley avait écouté James Brown. Nina Simone aurait voulu être une pianiste classique. Johnny Halliday et Jacques Brel étaient très proches. Gainsbourg était connu pour son bagage musical.

Pour ma part, je n’ai pas peur d’écouter des titres sans paroles comme des artistes que je connais à peine.  

Les musiciens du Marc Crofts Klezmer Ensemble sont bien plus jeunes que moi qui suis né en 1968. Pourtant, Seraphim Von Werra, l’un des musiciens du Marc Crofts Klezmer Ensemble, a un air de Jacques Brel. Mais il ne chantera pas. C’est Marc Crofts qui s’en chargera sur deux ou trois titres en interprétant non du Jacques Brel mais de la musique Klezmer. C’est aussi lui qui présentera les titres avec humour et érudition, rappelant en cela que la musique est un moteur culturel et de transmission. On en apprendra ainsi un peu sur les titres sans doute bien plus âgés que je ne le suis mais aussi sur les membres de l’ensemble qui, en dehors de ces mythes urbains, ont intégré des projets musicaux bien différents de celui de ce soir-là.

Sans doute le lieu, sans doute l’acoustique, sans doute l’intimisme de la salle, sans doute les thèmes et l’époque évoqués ou invoqués ont-ils contribué à faire de ce concert une page d’évasion et de répit. Mais il y a aussi ce plaisir et cette écoute qu’ont eus les musiciens entre eux et qu’il était impossible d’égarer. On ne peut que leur souhaiter de continuer de jouer le plus longtemps possible avec une telle belle volonté.

Mon diaporama de ce concert avec un des titres (Rozmarin Nign) du Marc Crofts Klezmer Ensemble sera ma conclusion.

Article et photos©Franck.Unimon.

 

Balistique du quotidien, ce jeudi 26 juin 2025. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Fantôme de Goût

Paris Tea Festival 15 Juin 2025

Au Paris Tea Festival, Cité Universitaire, ce 15 Juin 2025. Photo©Franck.Unimon

Paris Festival Tea 15 Juin 2025

Fantôme de nos goûts, le thé est une apparition.

A moins qu’il ne soit un peu tout ce que l’on croit, une forme de superstition, une force en apesanteur, selon les températures où il nous libère.

Quelques heures avant de me rendre au Paris Festival Tea à la Cité Universitaire, j’étais pourtant bien plus terre à terre :

Je n’avais plus envie d’y aller.

Ma journée fournie en déplacements de la veille. Le trajet depuis Argenteuil, ma ville de banlieue.

Un lieu de plus où j’irais gesticuler. Et où j’allais bien-sûr dépenser de l’argent après m’être acquitté du droit d’entrée. Vingt euros pour moi, quinze pour les étudiants.

Je prévoyais une arnaque. Une manifestation faite pour attirer les gogos.

Au Paris Tea Festival, Cité Universitaire, 15 Juin 2025. Photo©Franck.Unimon

Le thé fait vendre de plus en plus. J’ai lu quelque part sur un site qui lui est consacré qu’il serait la deuxième boisson la plus bue dans le Monde après l’eau. Cela était déclaré fièrement sans rappeler que sans eau le thé perd beaucoup et aussi que les ressources mondiales en eau s’amenuisent avec la pollution due à la croissance industrielle de nombreux pays, la déforestation, le gaspillage, le réchauffement climatique. Et qu’il existe déjà certaines tensions entre certains pays pour s’accaparer certaines réserves d’eau telles celles entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie.

Mais ce festival, le premier festival de thé auquel je me rendais, était d’abord une fenêtre. Et pour puiser mes conclusions, il me fallait aller sur place, passer de l’autre côté de mes filtres.

Le thé a commencé pour moi en sachets Lipton à l’adolescence. Pour le petit déjeuner avec plusieurs morceaux de sucre blanc. Mais aussi avec du miel. Comme alternative aux boissons chocolatées de mon enfance dont je m’étais lassé.

C’était le chocolat en poudre ou en granulés avec du lait de vache, déja avec des morceaux (jusqu’à quatre) de sucre blanc. Il y a eu l’Ovomaltine, le Nesquik, le Banania, le Benco, le Poulain, rarement le Van Houten. Il y a eu le morceau de beurre qui se foudroie dans le coin du bol de chocolat chaud et que l’on boit. Il y a eu le lait sucré concentré auquel on ajoutait  du chocolat en poudre et de l’eau chaude.

Il y a aussi eu un peu de chicorée, un peu de café au lait bien sucré. Et lors de séjours en Grande-Bretagne, le thé au lait qui me donnait un peu l’impression de devenir un aristocrate.

Puis, un jour, il y a à  peu près quinze ans, est arrivé le thé en vrac.

Comment ? Pourquoi ?  Où ? Qui ? 

Je ne m’en souviens pas. Je ne me souviens pas non plus quand j’ai arrêté de plonger du sucre dans mon thé.

 Mais je me rappelle du premier magasin où je suis devenu assidu afin d’y acheter du thé en vrac :

La Route du Thé au 5, rue de la Montagne Sainte Genevieve dans le 5ème arrondissement. J’ai dû y entrer par curiosité un jour où j’étais seul dans les environs. J’y retourne encore même si, depuis, en parallèle, je vais aussi voir ailleurs :

L’ Autre Thé, Le Palais des Thés ,  Le Conservatoire des Hémisphères, Lupicia ainsi que quelques sites. Cette polygamie du thé ne suscite aucun conflit particulier dans ma vie personnelle tant que le thé m’améliore.  

Je suis aussi passé à Mariage Frères et chez Damman Frères  puisque l’on en parlait beaucoup. J’ai trouvé Mariage Frères cher voire très cher, plutôt prétentieux. Une sorte de yacht statique de l’aisance sociale et matérielle qui ne garantit pas pour autant l’excellence annoncée. A moins d’être prêt à payer le prix fort pour certains de leurs thés. Il y a finalement tellement d’histoires comme celle-là où la suffisance convainc bien des privilégiés qu’ils ont toujours le meilleur à portée de main. 

Après plusieurs années de fréquentation de La Route du Thé, j’ai connu chez Mariage Frères pourtant si réputé une désillusion en matière de Sencha. Il y avait mieux mais il fallait vraiment mettre le prix. Je crois que l’on était dans les 90 ou 100 euros ou plus pour cent grammes de thé.

Je n’ai pas peur de payer entre 25 et 40 euros les 50 ou les 100 grammes de thé. Je peux même payer encore un peu plus si je suis sûr de l’endroit et de ce que j’ y achète.

Je reste pour l’instant réservé concernant Damman Frères car j’y suis allé une seule fois de mémoire.

Pour choisir notre thé en vrac, notre nez et notre mémoire gustative comptent autant voire plus que les commentaires et l’assurance de certains vendeurs qui sont à mon avis beaucoup plus des agents commerciaux que de réels conseillers. Pour peu que l’endroit soit assez luxueux et présente bien, on peut avoir l’impression d’entrer dans une bijouterie où l’on est reçu par des orfèvres du goût et d’un vocabulaire millésimé alors qu’il peut s’agir de simples éléments de langage et du protocole.

Le vendeur et le gérant de La Route du Thé où je retourne est originaire d’Afghanistan. Il m’a raconté un peu son histoire et son arrivée en France à la suite de son frère il y a quelques semaines lorsque je suis allé le rejoindre dans le restaurant vietnamien où il avait l’habitude de déjeuner. Il m’a offert le repas. J’étais un peu fatigué et j’avais déjà un peu déjeuné mais je n’ai pas refusé. A ce jour, je n’ai pas connu d’expérience similaire dans les autres maisons de thé que j’ai connues plus récemment.

La première fois que je suis entré à La Route du thé, je commençais sans doute déja à m’éloigner de plus en plus des grandes surfaces et des magasins bondés et bruyants où nous sommes des prisonniers en liberté conditionnelle. Nos cellules et nos matricules sont nos cartes bancaires ainsi que nos téléphones portables. Nous sommes supposés choisir et nous faire plaisir alors que nous ne faisons que nous assujettir et nous enfermer un peu plus.

A La Route du thé, il n’y avait pas de queue à la caisse. Pas de foule. Je pouvais prendre le temps de sentir le thé que j’allais acheter. Discuter, me faire conseiller.

J’ai commencé par des thés aromatisés. Des thés noirs. Dont certains ont beaucoup plu à mes collègues tels Les fleurs de feu, Les Cavaliers afghans, Ispahan….

Et puis, un beau jour, ces thés se sont tus dans ma bouche. J’ai d’abord cru que c’était une mauvaise production. Le vendeur m’a détrompé. Quelqu’un m’avait recommandé de boire du thé vert. A moi qui buvais encore du thé noir aromatisé avec du sucre.

Je me suis rappelé d’un collègue qui avait loué le Gemmaïcha.

J’ai essayé le Gemmaïcha alors que je buvais très peu de thé vert japonais lors de mon premier séjour au Japon en 1999 même si j’en étais revenu avec de la céramique- que j’ai toujours- mais sans thé….

Aujourd’hui, cela doit faire une dizaine d’années que je bois du thé vert japonais. Du Sencha ou du Gyokuro. Je n’arrive pas à me déloger de ces thés-là. Je me vois comme un intégriste voire un raciste gustatif en matière de thé. Car souvent lorsque  j’essaie un autre genre de thé affirmé, je le quitte.

Au Paris Tea Festival ce 15 Juin 2025. Photo©Franck.Unimon

Au Paris Tea Festival, on nous a remis à l’entrée une petite tasse nous permettant de goûter à peu près tous les thés présentés. J’ai dû approcher entre vingt à quarante thés. Des thés noirs, des thés verts, des thés d’Afrique, des thés de Chine, de Corée du Sud, du Japon, d’Iran.

J’ai croisé un vendeur espagnol qui vivait en Chine depuis une dizaine d’années. Un autre d’origine polonaise qui avait vécu à Taïwan et qui vendait sa céramique. Un autre vendeur de céramique était d’origine tchèque. J’ai croisé un Instagrammeur qui publiait régulièrement à propos des événements liés au thé. Un spécialiste du Japon et du thé qui m’a appris que je pouvais le solliciter si je cherchais un article à me faire ramener du Japon.

J’ai discuté pendant un moment avec une des vendeuses, également formatrice en thé, des Jardins de Gaïa qui a pris le temps de me servir plusieurs thés ainsi qu’à un autre visiteur comme moi qui « travaille dans la mode ». C’est avec elle que j’ai découvert le shiboridashi.

Au Paris Tea Festival ce 15 Juin 2025. Photo©Franck.Unimon

Plus loin, un revendeur m’a appris que la Bretagne se prêtait bien à la culture du thé vert japonais en raison de son climat et de ses terres acides. Il m’a aussi parlé du décalage entre la maison de thé qu’il représentait au Paris Festival Tea et certains de leurs agriculteurs partenaires qui privilégiaient la quantité au lieu de la qualité. D’autres personnes étaient là pour prospecter et nouer des contacts en vue de développer leur business. J’ai aussi relevé la place stratégique occupée par la marque Brita connue depuis des années pour ses carafes filtrantes.

Au Paris Tea Festival ce 15 Juin 2025. Le stand Brita était bien-sûr mieux rangé. Photo©Franck.Unimon

Le Paris Festival Tea a été une opportunité pour présenter la dernière nouveauté de la marque Brita.

Venu principalement pour le thé, je n’avais pas envisagé la présence de céramique. Si j’ai été étonné de trouver des artisans ou des revendeurs européens qui « proposaient » des pièces de céramique plutôt séduisantes et réussies, deux stands m’ont particulièrement plu dont celui représentant les poteries Hagi Ware d’un Japonais résidant aux Pays-Bas depuis 2024 :

Shujiro Tanaka pour le site Tanaka-NL. J’ai appris que la technique Hagi Ware découlait du savoir faire de potiers coréens.

J’ai aussi aimé le travail de Inge Nielsen qui s’inspire de la poterie chinoise et de Jérémy Kéala qui s’inspire, lui, de la poterie japonaise.

Même si l’univers du thé est un marché économique ( on m’a rappelé la spéculation actuelle à propos du matcha)  qui repose sur la concurrence et des conditions de travail éprouvantes, je trouve réconfortant que dans notre monde de console Nintendo Switch seconde génération, de jeux en ligne, de vidéos snapchat, de réseaux sociaux et de téléphones portables toujours disponibles et toujours en activité qu’il y ait des personnes qui prennent le temps de se faire du thé et de se rencontrer à travers lui.

Initialement disposé à rester deux heures au Paris Tea Festival, j’y suis finalement resté plus de quatre heures ! Sans assister à une seule des conférences ainsi qu’à aucun des ateliers.

Le reste, c’est mon diaporama qui le racontera.

 

Franck Unimon/ Balistique du quotidien, ce mercredi 18 juin 2025.

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self-défense/ Arts Martiaux

Ellis Amdur à Asnières sur Seine ce 24 avril 2025

Ellis Amdur à Asnières sur Seine ce 24 avril 2025. Tout au fond, Jean-Marc Chamot. Photo©Franck.Unimon

 

A l’initiative de Jean-Marc Chamot, Ellis Amdur était à Asnières sur Seine ce 24 avril 2025. J’ai un ou deux de ses livres chez moi que je n’ai toujours pas pris le temps de lire. Je suis parti avec ma fille assister à ce stage qu’il animait dans le dojo de Jean-Marc Chamot avec celui-ci. Ce qui m’a aussi permis de rencontrer ce dernier pour la première fois.

 

J’ai été étonné par la stature imposante de Ellis Amdur. Cette particularité physique mise à part, j’ai vu un homme impliqué dans ce qu’il faisait, rigoureux, au fait de ce qu’il enseignait et néanmoins accessible.

 

En regardant ces photos et en les choisissant plusieurs semaines plus tard pour cet article, je remarque son regard, sa présence et son aisance pour manier son arme avec ses deux mains. Le bokken a beau être une arme factice en bois, on se convainc facilement que dans ses mains celle-ci pourrait tuer ou au moins mutiler.

 

Je crois que le diaporama parlera suffisamment de lui-même pour en dire davantage à propos de cette intervention d’Ellis Amdur. C’est en réécoutant tout à l’heure le titre Brothers in Arms du groupe Dire Straits que je me suis senti suffisamment inspiré pour écrire cet article et le publier.

Brothers in Arms date de 1995.  Même si elle peut parler à tous les âges comme d’autres titres, c’est une chanson de vieillots comme moi , ne nous illusionnons pas. Aujourd’hui, seul Captain America, en sortant de la banquise de son coma, pourrait trouver cette chanson futuriste ou révolutionnaire. Elle appartient à un autre régime musical que celui de l’électro, du Rap et de la Pop qui font désormais les tendances musicales les plus courantes. Et on la trouvera très peu utilisée sur Tik Tok ou Instagram comme bande son.

Cependant, j’ai estimé que « poser » un titre de Charli XCX ou de Lala & Ce avec ce diaporama aurait moins bien collé même si j’ai été un moment tenté de le faire.

Franck Unimon, ce vendredi 6 juin 2025.

 

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En Concert

Rocio Marquez au Théâtre Zingaro

Rocio Marquez au Théâtre Zingaro, 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

Rocio Marquez au Théâtre Zingaro

Sourds, nous le sommes devenus. A partir de quand ?

Dans les tumultes devenus nos chambres et nos pensées, nous l’avons oublié.

Je ne fais pas exception. Cependant, quelques fois, pour des raisons particulières, nos cellules s’ouvrent. Nous parvenons à prendre des issues où les limites permutent et où nous échappons à nos (ab)surdités derrière lesquelles nous vivons camouflés la plupart du temps.

Rocio Marquez au Théâtre Zingaro ce 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

La musique fait partie des substituts de notre mémoire.  Le film Sinners de Ryan Coogler sorti récemment nous apprend que la musique est capable de déchirer le voile qui sépare les morts des vivants, qu’elle peut guérir mais qu’elle peut aussi attirer le diable.

Dans Sinners, le Blues est à l’honneur. Cette musique, comme d’autres, sort du ventre. Il s’agit d’un chant braqué au garrot comme le flamenco entendu à travers Rocio Marquez ce 8 avril dernier.

Rocio Marquez au Théâtre Zingaro ce 8 avril 2025. Photo©FrancK.Unimon

Ce 8 avril dernier, plutôt que damné, j’ai eu l’impression de faire partie des privilégiés à assister à ce concert sous le chapiteau du théâtre Zingaro lors du festival Fragile. J’avais raté Rocio Marquez l’année dernière lors de ses prestations avec Bronquio pour leur album Tercer Cielo. Je ne voulais pas recommencer pour la sortie de son nouvel album Himno Vertical.

Rocio Marquez au Théâtre Zingaro ce 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

Franck Unimon, ce 6 Mai 2025.

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Sur scène

Le théâtre Zingaro ce 8 avril 2025

Le théâtre Zingaro, ce 8 avri 2025l après le concert de Rocio Marquez. Photo©Franck.Unimon

Le théâtre Zingaro ce 8 avril 2025

 

Ils sont là, tout en bois, immobiles. Ils flottent à plusieurs mètres au dessus de nous, esprits ou vaisseaux prêts à charger pour ces voyages que nous avions imaginés. Mais nous les avons abandonnés ou oubliés. Par le corps et la peur. Par facilité, aussi.

Au Théâtre Zingaro, ce 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

 

Ils ne descendront pas. C’est à nous de percevoir l’éclat qui leur reste et, pour eux et par eux, de faire le nécessaire avant de renaître en poussière.

Sous le chapiteau du théâtre Zingaro, ce 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

Je ne devrais pas avoir à le dire mais le théâtre Zingaro est un endroit étrange. C’est le contraire d’un supermarché du divertissement. Même s’il s’est adapté à l’économie et à notre environnement commerçant. Mappemonde du Temps, il nous promet ou nous propose encore notre possible affranchissement. Pourvu que l’on soit aussi proche de notre état de conscience que l’on peut l’être de la sortie d’une bouche de métro.

 Autrement, nous repartirons titubant en continuant à nous éclabousser de nos défaites et de nos blessures comme nous sommes venus. Mais au moins, nous aurons essayé, ici aussi, de nous libérer en mettant un pas devant l’autre. Ce sera déjà mieux que rien.

Pour quelques jours ou quelques heures encore, le festival Fragile se déroute au théâtre Zingaro. Plusieurs artistes y sont déjà passés.

J’ai raté Mayra Andrade ainsi que Molécule. Rodolphe Burger, Mehdi Haddab et Sofiane Saïdi, que j’ai déjà « vus », ont fait partie de la liste. Aucune de ces têtes d’affiche, à ce que je sache, ne fait de publicité pour une marque de voiture électrique ou de slip hybride.

Aucune d’entre elle n’occupe une activité rémunérée d’influenceur ou d’influenceuse sur les réseaux sociaux. Ces musiciennes, musiciens, chanteuses et chanteurs existent et se produisent sans bling-bling, sans rattrapage visuel, et, pour l’instant, sans intelligence artificielle.

Celles et ceux qui tendent encore l’oreille ou cherchent un peu ont entendu parler d’elles ou d’eux. Pour les autres, c’est l’ignorance. Car ce n’est pas du Rap et c’est peut-être, tout simplement, aussi, une musique « de » vieux et « pour » les vieux.

Car je suis vieux, c’est évident. Et, comme beaucoup de vieux, je fais mon maximum pour l’ignorer et pour ne pas me faire repérer. J’ai un très bon maquillage. Cependant, comme tous les vieux, je laisse derrière moi un faisceau d’indices qui me ressemblent et me signalent : « Tu vois là-bas, c’est un vieux ».

Je dois me faire une raison et continuer d’apprendre à me raccorder aux autres tant que cela est possible.

Ce n’est pas facile.

C’est beaucoup plus facile de se faire livrer à domicile d’un simple clic, de suivre la file devant soi mais aussi de s’énivrer d’algorithmes sans file d’attente. Cela m’est encore arrivé récemment. J’ai à nouveau pris une bonne cuite d’algorithmes jusqu’à trois heures du matin. Ensuite, je me suis vomi. Je me suis senti minable de m’être laissé aller une nouvelle fois malgré tout ce que je savais et connaissais déjà de l’expérience.

On se dit que l’on va passer juste quelques minutes à regarder pour se distraire un peu. On se convainc que l’on a la maitrise du Temps et qu’on l’a bien mérité : Le Temps.

On a encore la capacité de regarder l’heure qu’il est. Puis, on voit que l’heure passe mais on se rassure. On n’a toujours pas compris que le Temps n’appartenait à personne. Mais ce n’est pas très grave. On « a » du Temps. On se sent bien comme on est. Devant nous passent les images et les « contenus » sans dérangement désagréable ni rupture dans une parfaite, propre – et artificielle- continuité. Ce qui est tellement différent de ce que l’on vit d’ordinaire ou survient toujours une moisissure et une contrariété quelconque mais toujours viscérale.

Bien-sûr, si l’on faisait le ratio entre le nombre d’heures passées à regarder ces images et ce que l’on en a retenu, on s’apercevrait que l’on a perdu « notre » Temps. Mais dans ces moments-là, on est très loin d’être fort en calcul mental. Car on est alors beaucoup plus proche d’être d’un « bon » cul mental relié à nos besoins d’état régressif et végétatif. Et tout cela grâce à notre petit écran que nous pouvons transporter partout où nous allons et où nous le décidons.

Mais pour aller au théâtre Zingaro, cela ne marcherait pas.  Car pour s’y rendre, il faut rester sobre, être encore capable de regarder autre chose que son écran. Etre volontaire pour employer « son » temps autrement. Et se déplacer.

Le théâtre Zingaro, ce 8 avril 2025 après le concert de Rocio Marquez. Photo©Franck.Unimon

Afin d’y voir Rocio Marquez ce 8 avril, je me suis déplacé. Environ trois quarts d’heure de trajet par les transports en commun. De banlieue à banlieue en passant par Paris. Du Val d’Oise à la Seine Saint Denis.

En convenant au préalable avec ma fille qu’elle resterait à la maison faire ses devoirs le temps que sa mère rentre du travail une à deux heures plus tard. J’aurais vraiment voulu emmener ma fille mais elle avait ses « devoirs » pour l’école le lendemain. Pour elle, cette soirée aurait fini tardivement.

J’ai vraiment bien fait de partir plus tôt. Au théâtre Zingaro, on commence à l’heure. J’ai eu le temps de m’installer, de retrouver cette disposition des tables et des places faite de telle manière à ce que l’on se sente à l’aise ici mais, aussi, à ce que l’on puisse saluer et converser avec les autres personnes venues comme nous assister au même spectacle.

C’est seulement la deuxième fois que je viens au théâtre Zingaro malgré ce que j’en avais entendu pendant des années. C’est sans doute mieux que rien.

L’ article sur le concert de Rocio Marquez ce 8 avril au théâtre Zingaro est pour bientôt.

Rocio Marquez au théâtre Zingaro, ce 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

Franck Unimon, ce samedi 12 avril 2025.

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En Concert

Lagon Nwar au café de la danse ce 31 mars 2025

Le Groupe Lagon Nwar au Café de la danse ce lundi 31 mars 2025, Paris. Photo©Franck.Unimon

Lagon Nwar au Café de la danse ce 31 mars 2025

Un texte est une peau dont on se débarrasse. Et certaines sont plus tenaces que d’autres.

Le 31 mars 2025 aura été cette journée où a eu lieu à l’hôpital Georges Pompidou, à Paris, la quatrième journée scientifique de la CUMP (cellule d’urgence médico psychologique destinée à s’occuper des victimes de situation sanitaire exceptionnelle et potentiellement psycho-traumatisante) à laquelle je suis allé assister. J’y ai aussi pris des photos. Un peu plus de cent cinquante professionnels de la Santé ( psychologues, infirmières et infirmiers, psychiatres, autres…) étaient présents.

C’est aussi lors de cette journée que nous avons appris que la meneuse du Rassemblement National (ex Front National), Marine Le Pen, a été condamnée, elle et certains des membres de son parti politique, pour détournements répétés, pendant  plusieurs années ( douze), de fonds publics à hauteur de quatre millions d’euros.

Cet argent a été employé pour des emplois fictifs.

Marine Le Pen a décidé de faire appel car cette condamnation, si elle s’appliquait, la rendrait inéligible lors des prochaines élections Présidentielles de 2027.

Elle et ses partisans « menacent » de son innocence. Ils affirment aussi que le résultat de ce jugement est « politique » et mensonger et qu’il signifie que la démocratie en France est en danger car  elle et ils estiment que c’est elle, la victime du « système ».

Marine Le Pen a entre autres déclaré qu’elle ne se laisserait pas faire et a précisé :  » Je suis combattive ». 

Les juges qui, eux, ont démontré sa culpabilité sont désormais -pour certains d’entre eux dont une femme- sous protection policière. Car ils sont « coupables » de l’avoir déclarée  » coupable », elle, Marine Le Pen, et plusieurs membres et proches de son parti politique. 

Cette « pression » ou cette façon qu’ont Marine Le Pen et ses partisans – sincères ou intéressés- de vouloir faire plier et diriger, de façon brutale et autoritaire, le monde et les autres à leur volonté, en cherchant à intimider ou à détruire, font un peu penser au moins au style du Président américain Donald Trump lorsqu’il avait perdu- et contesté- le résultat des précédentes élections américaines et alors que réélu récemment, il veut aujourd’hui régenter, distribuer et imposer des taxes au monde entier. Comme si le monde était une pièce montée dont il serait le pâtissier et le commerçant et qu’il entendrait la découper- et la vendre- comme il l’entendrait en fonction des personnes qu’il aurait décidé d’inviter (en leur faisant payer l’accès à son salon ou à son jardin) à son anniversaire.

Mais ce 31 mars 2025, il y a aussi eu heureusement des événements plus réconfortants et plus démocratiques :

il y a aussi eu le concert du groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, du côté de Bastille, dans un des arrondissements très prisés et festifs de Paris.

Le groupe Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025, au Café de la Danse. Photo©Franck.Unimon

Le Café de la danse est une belle salle de concert intimiste, très agréable, de cinq cents places assises, où la scène est proche et la musique est réelle, ouverte et sans menaces. C’est en y retournant que je me suis rappelé y être allé une première fois une vingtaine d’années plus tôt afin d’aller y voir Susheela Raman dont on entend moins parler aujourd’hui. Et le groupe Lagon Nwar est sans doute inconnu pour beaucoup de personnes.

Le groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 

Je l’ai connu ou en ai entendu parler parce-que la chanteuse et musicienne réunionnaise Ann’ O’Aro en fait partie.

 

 

Ann’OAro du groupe Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025 au Café de la Danse. Photo©Franck.Unimon

J’ai commencé à écouter Ann’ O’Aro à partir de son premier album ( voir l’article Ann O’Aro  ). Et l’année dernière, pour la première fois, je l’avais vue en concert. J’étais arrivé en retard. Le concert m’avait beaucoup plu. Mais je n’avais pu prendre de photos dans les meilleures conditions.

Je suis allé au concert de Lagon Nwar sans avoir écouté leur album. Les critiques à son sujet étaient bonnes mais de toute façon, j’étais confiant. Et curieux.

Le groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Le groupe Lagon Nwar est le rassemblement de plusieurs artistes déjà rodés par d’autres projets. La jeune spectatrice d’à peine vingt ans apparemment venue seule de province, groupie du saxophoniste, qui était assise à ma droite, m’a ainsi appris que celui-ci jouait avec Clara Ysé que je connais pour l’instant uniquement de nom.

Elle m’a d’ailleurs fortement recommandé d’aller voir Clara Ysé à l’Olympia en m’informant qu’il ne restait plus beaucoup de places pour son concert.

Le saxophoniste de Lagon Nwar s’appelle Quentin Biardeau et durant la prestation, il s’est aussi occupé des synthétiseurs. Il est aussi celui qui, dès le début, nous a amusé avec son humour :

« On va vous jouer tous les morceaux de l’album et ensuite vous allez l’acheter ».

Le groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

A la batterie, au chant et au Koundé, il y avait Marcel Balboné du Burkina Faso dont l’allure avec ses lunettes noires au début du concert faisait penser à une sorte de Stevie Wonder.

 

Le groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Puis, il y avait Valentin Ceccaldi comme bassiste. Aucun(e) guitariste n’était prévu et ce « fantôme » ne nous a pas manqué durant le concert puisque dès le début, le groupe Lagon Nwar nous a possédé. Si les critiques de leur album, que j’ai donc acheté après leur concert et me suis fait dédicacé par Ann’ O’Aro, sont très bonnes, leur concert a été, selon moi, bien meilleur.

 

Le groupe Lagon Nwar au Café de la danse, lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Car ces musiciens font partie de ces artistes qui déploient leurs sortilèges sur scène.

Le groupe Okali qui avait assuré leur première partie était très bon.

Le groupe Okali au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Okali, fait de la chanteuse Gaëlle Minali d’origine camerounaise et de Florent Sorin pour les instruments, nous ayant donné une performance simple et toute autant mémorable.

Gaëlle Minali du groupe Okali, Café de la Danse, lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 Si la voix et la présence de Gaëlle Minali ont pu toucher aussi par sa puissance et son élégance, l’accompagnement musical de Florent Sorin a aussi su faire mouche. Alors qu’il est très difficile d’assurer une première partie et que, pour ma part, je ne m’attendais pas à être aussi agréablement surpris par Okali. Et, comme je l’ai ensuite dit à Florent Sorin passé près de nous, j’aurais facilement « pris » pour quinze à trente minutes de musique supplémentaire du groupe Okali. Lequel est ensuite resté pour assister comme nous au concert de Lagon Nwar.

Concernant Ann’O’Aro dont la présence s’impose même lorsqu’elle sort du « chant », je me suis demandé comment une telle captation sonore pouvait par moments sortir d’un si petit corps.

Le groupe Lagon Nwar, lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

25 euros la place pour voir Okali puis Lagon Nwar en me trouvant au premier rang, place non numérotée, à moins de dix mètres de la scène, en plein Paris ce 31 mars.

J’aime me rappeler ce genre de chiffres et d’heur-eux-montant. Cela a pour moi une fonction et une affection incantatoire. Et me rappelle qu’il n’est pas nécessaire d’aller se tire-bouchonner pendant des heures à l’entrée d’une grande salle de concert. Tout cela afin de venir scruter et ausculter sur grand écran, au milieu des aéropages multipliés d’autres buffles comme moi, une artiste ou un artiste dont la place de concert aura coûté le triple ou le quadruple ou davantage. Même si l’on sera content, malgré tout, d’être allé « voir » cet/cette artiste ( voir l’article  Rosalia au festival LOLLAPALOOZA 2023).

Certaines fois, la surpopulation présente à certains concerts et festivals peut nous exposer au triple pontage. Surtout si l’on rajoute que ces festivités peuvent nous priver d’apporter un peu d’eau pour de prétendues raisons de sécurité mais aussi exiger une assez bonne condition physique voire peut-être un peu de matériel d’alpinisme ou de randonnée- mais toujours un moyen de paiement infaillible- car elles peuvent aller se nicher à des endroits modérément pratiques d’accès où la pluie et la boue parfois nous apportent en plus leur souffle et leurs secondes peaux.

Rien de cela ce 31 mars dans la salle de concert couverte du Café de la Danse. Une ambiance détendue. Un public qui aurait pu être familial (j’ai aperçu un petit au début du concert qui n’avait pas plus de dix ans) et Ann’ O’Aro, comme lors du précédent concert l’année dernière, a invité à la danse. Que ce soit lorsque Ann’ O’Aro ou Marcel Balboné qui chantent – ensemble ou séparément-dans leur langue natale ou en Français, le public a suivi.

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Il y a même eu un spectateur, qui, le temps d’un morceau, s’est fait le premier danseur de tous, parmi nous qui étions assis, au point que l’on a pu croire que cela avait été prévu par le groupe.

 

 

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 

 

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

D’autres spectateurs sont arrivés plus tard pour danser. Certains avec Ann’ O’Aro, artère et vigile mobile du groupe.

Cette fois, j’ai réussi à desserrer le frein à main car j’ai plus de mal qu’avant à me laisser faire. Je suis parvenu à déposer mon appareil photo et à quitter mon siège. Je m’en serais voulu d’avoir manqué une fois de plus cette occasion. De seulement continuer d’endurer et d’entretenir cette expérience quotidienne et exclusive du spectateur.

Un concert où les artistes sont proches, jouent (très) bien, mieux que sur leur album, et où de l’imprévu, en plus, reste possible, est un très bon concert. Un concert que l’on pourrait regretter d’avoir raté.

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Mais bientôt, je vous parlerai un peu du concert de Rocio Marquèz- autre voix tenace et persistante- que je suis depuis allé voir et écouter, enfin, au théâtre Zingaro, alors que je l’avais ratée l’année dernière lorsqu’elle était passée en concert ailleurs avec Bronquio.

 

Franck Unimon, ce jeudi 10 avril 2025.

 

 

 

 

 

 

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Pour les Poissons Rouges

Jorja smith en concert cet été et les détournements de fonds publics de Marine Le Pen

 Jorja Smith en concert cet été et les détournements de fonds publics de Marine Le Pen

Tout à l’heure, à la Fnac, j’ai eu de la chance. Il y avait peu de monde à faire la queue à la billetterie. Il était environ 15h. Un jeudi.

Mais il n’y avait plus de place pour Jorja Smith avec la billetterie de la Fnac. Epuisé. Sold out.

Dans le train pour Argenteuil, sur mon téléphone portable, j’ai quand même regardé sur la billetterie du festival. Apparemment, il était encore possible d’acheter des places.

J’ai voulu me mettre dans les meilleures conditions pour aller voir ce concert. J’ai commencé à regarder la place la plus chère qui nous permet de « chiller », d’avoir un espace réservé, aéré, et d’être bien placé sur « le côté droit de la scène » sans avoir besoin de venir très longtemps à l’avance. 149 euros la place. Ou, plutôt, 149 euros pour le billet de ce samedi 23 aout dans ces conditions.

J’ai hésité.

Ce qui m’a fait hésiter, c’est la ribambelle de questionnaires qu’il faut désormais remplir chaque fois que l’on veut acheter certains billets pour des spectacles sur internet. Notre nom, notre adresse, notre date de naissance, notre genre sexuel, notre position préférée, la taille de nos pieds, la date de nos dernières règles, notre couleur détestée, si l’on veut une assurance annulation/remboursement (15 euros, ici).

Au moment de payer, il y avait toujours quelque chose qui coinçait. Ça devait se sentir que je ne me livrais pas sincèrement.

Puis, j’ai réussi à passer à l’étape suivante. Là où l’on commençait à me demander les coordonnées de ma carte bancaire. A ce moment-là, j’étais dans le train. Je me suis dit que je n’allais pas faire ça dans le train. Si j’avais pu payer par paypal, j’aurais peut-être pris la place. 149 euros.

Lorsque je suis arrivé à Argenteuil, quelques minutes plus tard, je me suis dit que l’année dernière, j’avais très bien pu tolérer de « rater » le concert de Lana Del Rey à l’ouverture du festival Rock en Seine. Je pouvais très bien recommencer pour Jorja Smith cette année. 149 euros.

Pour l’instant, je les ai, ces 149 euros. Sauf que je suis déjà juste dans mes comptes ce mois-ci. Et nous sommes le 3. Je suis encore créditeur. Mais il va me falloir faire attention. Ma superbe voiture électronique actuellement clouée sur place – des paramètres électroniques de sécurité plus sophistiqués que moi et que je ne sais pas désactiver estiment que je n’ai pas le droit de m’en servir et elle reste stationnée dans le noir sur la place de parking que je loue–  me coûte 272 euros de crédit tous les mois. Et, en plus, je paie une assurance spéciale  de 55 euros mensuels dessus.

Je me suis dit que je pouvais utiliser ces 149 euros mieux. Et autrement.

Si j’avais le fric, si je n’avais pas besoin de faire des acrobaties comptables pour donner ces 149 euros, j’aurais pris ce billet pour voir Jorja Smith entre-autres dans les meilleures conditions possibles. Mais je me suis dit qu’il fallait soit être aisé financièrement, soit renoncer à ses vacances, être nourri, logé, donc vivre encore chez ses parents ou être désespéré pour accepter de donner 149 euros «pour » Jorja Smith.

Mais mes parents sont repartis vivre en Guadeloupe pour leur retraite il y a plusieurs années. Et je suis marié et père de famille. Il est donc nécessaire que je m’assume financièrement ne serait-ce que pour donner- un peu- le change. 

Et j’ose encore croire que ma vie vaudra encore quelque chose même si je ne « vois » pas Jorja Smith sur scène ce 23 aout 2025. D’ailleurs, c’est elle qui fera tout son possible pour venir me voir. Elle se déplacera sans aucun doute jusqu’à mon domicile après sa prestation. Elle prendra un train de la ligne J depuis la gare St Lazare. Elle se sera renseignée auparavant ou je la guiderai par sms. Et si elle a un empêchement, elle se sentira tenue de me passer un coup de fil. Impossible pour elle de repartir comme ça. Trop douloureux. Car je suis irrésistible.

 

Le groupe Okali au Café de la danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Et puis, un peu de « logique » : ce lundi 31 mars, il y a trois jours, pour voir deux très bons concerts au Café de la Danse, près de Bastille, d’abord  celui du groupe Okali puis du groupe Lagon Nwar avec  entre-autres la chanteuse, musicienne et poétesse Ann’ O’Aro, il m’a suffi de payer 25 euros. J’étais dans une très bonne salle de concert, intimiste, assis au premier rang à moins de dix mètres de la scène. Et, j’ai pu prendre toutes les photos que je voulais sans être bousculé. 500 personnes maximum, assises et bien disciplinées au Café de la danse, contre les milliers de spectatrices et spectateurs debout au festival Rock en Seine en Aout dans quelques mois.

Trois membres du groupe Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025 au café de la danse. Photo©Franck.Unimon

 

Et, ce 8 avril, dans quelques jours, cette fois ce sera sous le chapiteau du Théâtre Zingaro, que j’irai enfin voir la chanteuse Rocio Marquez en concert. Je l’avais ratée l’année dernière en concert lorsqu’elle était passée avec Bronquio.

Je « sais » que le concert de Rocio Marquez sera exceptionnel. Pour ce concert, j’ai pris le tarif le plus cher, me mettant au plus près de la « scène, avec personne devant moi. Une place assise et numérotée. Pour cela, j’ai payé…39 euros.

Rien qu’avec ces deux concerts, je n’atteins toujours pas la barre des 149 euros minimum que me coûterait celui de Jorja Smith et des autres artistes présents ce jour-là à Rock en Seine. Et je sais que j’ai des courses alimentaires à faire, peut-être demain, sur le marché d’Argenteuil.

Malgré mes plus de trente années- la retraite se rapproche- d’expérience en tant qu’infirmier psychiatrique qui me valent un salaire supérieur à celui de mes collègues plus jeunes  (infirmiers mais aussi psychologues) et malgré le fait que mon pouvoir d’achat reste « dopé » par le fait que ma compagne et moi mettons en commun nos salaires pour nos dépenses, je n’ai pas le droit à l’erreur en matière de gestion. Mais, comme beaucoup de personnes, j’en fais un certain nombre. Jusqu’à ce que cela ne soit plus possible.

Marine Le Pen, elle, mais aussi un certain nombre de ses électrices et électeurs- dont désormais un certain nombre de soignants- voient ça autrement. Pour eux, les détournements de fonds publics répétés pendant plusieurs années par Marine Le Pen et plusieurs de ses relations et proches de son parti sont inventés par « le système » ou sont des informations dérisoires. Des manoeuvres destinées à éviter les « vrais » sujets.

Plus de 4 millions d’euros de fonds publics ont été détournés. C’est une des conclusions apportées par le tribunal correctionnel récemment.

Mais selon Marine Le Pen et ses « partisans », cela serait des mensonges ou une Kabbale contre elle car elle est si proche du but : devenir Présidente de la République. 

Pour elle et son camp, « le système a sorti ( ou employé) la bombe nucléaire » contre eux. 

Pourtant, je pense que jusqu’à maintenant, Marine Le Pen avait beaucoup flirté avec la justice et s’en était toujours très bien tirée jusque là. Elle a dû se croire définitivement immunisée contre ses lois.

Je pense aussi que Marine Le Pen aime le fric. Et qu’elle en a déjà pas mal. Or, les électrices et les électeurs qui votent pour elle ont tendance à le minimiser.  Entre- autres parce qu’ils sont en colère et ont reporté sur elle beaucoup de leurs espoirs.

Je pense que bien des électrices et des électeurs en manque de pouvoir d’achat et de reconnaissance sociale ou autre croient que Marine Le Pen est comme eux et vit comme eux. Ou pour eux.

Non, elle n’est pas comme eux. Tout à l’heure, j’ai repensé à ces images que j’avais pu voir de Marine Le Pen il y a quelques années alors qu’elle passait ses vacances en Thaïlande. J’avais trouvé paradoxal que cette personne et cette figure politique frontale qui ne voit que par la France pour les Français parte passer des vacances en Thaïlande, dans un pays étranger et d’étrangers. Au lieu de les passer en France. 

Aujourd’hui, j’aurais tendance à croire qu’elle y était sûrement en vacances comme le colon peut être en vacances dans un pays étranger. En infantilisant les autochtones, en les résumant à leurs apparences, en feignant de les trouver sympathiques dès l’instant où ils restent à leur place contrairement à ce qui se passe dans le film Parasites. 

 Je crois qu’elle était venue chercher en Thaïlande du tourisme récréatif  et superficiel  ambiance club med et lambada. Même si la lambada est sûrement peu prisée en Thaïlande.

J’ai beaucoup de mal à l’imaginer allant véritablement à la rencontre des autres. Je la vois plutôt comme la vacancière  restant dans sa bulle de champagne avec des gens comme elle et pensant comme elle, se faisant bronzer dans un transat ou participant à des safaris et à des sauteries pour touristes préservés.

 Je ne la vois pas partant faire du trek à pied, faisant du stop, lavant ses chaussettes et ses culottes à la main ou allant se recueillir dans un quelconque monastère qu’elle aurait atteint à la sueur de son front après avoir gravi 10 000 marches  afin d’y pratiquer l’introspection. A moins d’y avoir été menée et éventée par des porteurs- étrangers- tout le trajet durant.

Enfin, je doute que ses vacances en Thaïlande aient été les mêmes que celles que puissent s’offrir un bon nombre de ses électrices et ses électeurs.

Je ne peux imaginer Marine Le Pen que dans des hôtels de luxe ou du personnel se plie au doigt et à l’œil  devant toutes ses volontés pendant qu’elle maintient ses doigts de pied en éventail et qu’une ou deux manucures étrangères s’en occupent avec application.

Cependant, je ne crois pas particulièrement que les jeunes et moins jeunes qui iront piétiner à Rock en Seine cette année votent plus que d’autres pour Marine Le Pen ou Eric Zemmour ou Marion Maréchal ou Bruno Retailleau ou Eric Ciotti. Par contre, je crois qu’à ma place ( elle et moi avons un ou deux ans d’écart), Marine Le Pen aurait payé cette place de 149 euros pour aller voir Jorja Smith ou se la serait faite offrir. D’ailleurs, le festival se déroule dans la ville de St Cloud. Ce n’est pas très loin de sa maison et de sa cellule familiale. Elle s’y rendra peut-être tandis que moi, soit je resterai à Argenteuil ce jour-là, soit je serai au travail finalement afin de pouvoir continuer de payer mes charges et mes crédits. Et je ne crois pas un moment, et ne le souhaite pas, qu’elle viendra me voir ou me passera le moindre coup de fil. 

Franck Unimon, ce jeudi 3 avril 2025. 

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Parent’s Praise

 

Photography©Franck.Unimon

Parent’s Praise

I readily accept that other parents may be “ better” than I am with their children.

My work day ended at midnight yesterday. I was back home and became a father again this morning. I did my best.

This morning, when my daughter saw me standing up, she walked towards me, smiling, and said:

“ I Just wanted to give you a kiss” or “ I wanted to hold you in my arms”.

My daughter came to hug me and fell on me. When this kind of moment comes, many parents like me are pleased. They tell themselves that they have been good parents since the birth of their children. They think everything is fine. They may also consider that it is really worth being parents. Despite the work and all the commitments that this may involve.

How many true joys do we live in one existence ?  How many joys, at first superb, turn out to be false, derisory, disappointing, deleterious or funereal ?

The attachment of a child is hardly questionable. It is always or often “right”, massive, without calculation, immediate and at the same time very surprising. But also temporary.

Because we are not always available. We are not always well-inspired and well-disposed as parents. As parents and individuals officially “responsible”, “mature” and “ conscious”, we have a number of injunctions and dead ends in our heads. Injunctions and dead ends that we as parents must “ inculcate”.

Injunctions and dead ends that we as parents must also know how to preserve them from.

Preserving them.

To “ make” children, we stop using condoms and any other contraceptive means. And once our children are sown, taken from the “void”, born, present and exposed, we as parents must also know how to preserve them.

We must know how to prevent them.

This morning, I did everything to be as receptive as possible when my daughter was telling me of her good mood and her very good disposition towards me. We were the first day of the weekend, on Saturday. The time of week when she is not at school and even though she has her homework, she will be able to relax and spend time with her parents. Since this weekend, I do not work.

So I listened and looked at my daughter. I also had to do some storage reminders. The two packets of paper tissues and the two sheets I had seen near her school bag were not to remain on the floor.

But it all went well. My daughter went to her swimming class with her mother. And I, “ the match by the fire”, I didn’t get angry. I started my breakfast trying to estimate the time at my fingertips so that I could take some time to write or perhaps go to the market next door.

I did not tell my daughter and my partner about my work day the day before. I tell them little about my work. I usually choose to distinguish between the two worlds. Professional and personal. The mental and emotional. Even if the two atmospheres certainly permeate me. I separate them or do my best to separate them when I am in either. It’s about finding ways out.

But this morning, I was thinking about this almost 15-year old who came out of football training last night and got stabbed in the shoulder to have his mobile phone stolen.

Aorta ruptured. Three cardiac arrests. I heard the news last night while at work. It happened between 8 p.m and 9 p.m.

Despite the mysterious pulmonary embolism I had in late 2023, cardiac arrest is not my field. But I work in a kind of open space where you can see and hear almost in real time the situations announced and the means deployed to deal with them. And then, before I went into psychiatry in 1992, I had first been a trained nurse for somatic care.

The young man was attacked in a good or very good district of Paris. This information was publicized a few hours later.

Almost 15 years old, stabbed for a mobile phone. Both attackers were reportedly arrested.

I imagine two boys slightly older than the victim. I would say:

No more than 20 years old and having already assaulted other people or having a criminal record.

I thought that you really had to live day by day, and again, to hope to get through life by stealing mobile phones until you were ready to kill, pardon, to attack with a knife, for that.

We are really in the immediate result by breaking into, at all costs. For a mobile phone, one is ready to put in shreds younger by stabbing.

The victim’s life is ruined. That of the parents ( who were present at the hospital where their son was) is ruined. The lives of relatives and witnesses may also be ruined. For a mobile phone that will now remain unconnected, offline and in evidence.

Perhaps some people – now rather old at least- still remember the Nokia advertising when the mobile phone was first marketed to the general public in the 1990s. It said :

Connecting People…”.

The anger of parents and relatives will prevent them from seeing that the life of the aggressors is probably as messed up or was already.

Last night, I tried to imagine what my father’s attitude would be in front of these two attackers. I thought maybe I’d go visit one of the two men regularly in the parlor, in prison, after the conviction. Let’s say once a month. To look at him, to listen to him. To inflict the true sentence on him. To humanize or re-humanize him. To talk about my daughter. Show him two or three pictures of her. One of her, small, against me, and a recent before her death after being stabbed for a mobile phone.

On the street, unless you’re in a settling of scores where you see the other as an enemy or an official rival who takes that status, I think the aggressors most often go after strangers. People they have never seen and will never see again in principle because they live in very different areas and rhythms even opposed and they cross each other by “ opportunism” of for predatory purposes ( here for aggression). Which is very practical to “forget” or trivialize the event since we do not see again or more, “ in principle”, the victim. So we have less to confront with the violence of what we did. We can be all the more convinced that this is part of the past or that the victim has not suffered too much or that she/he will recover from it since we do not have to witness her/his agony.

But I’m probably going too far. The parents and relatives of the young person will be angry and will stay there, for some, for years, so as not to get depressed.

How do you get over that as a parent ? While everything was going well or better where it was going as usual, in an instant, because he was on this street rather than another one, their son got stabbed in the middle of Paris.

No parent can prepare for that. Nor can you keep your child in the same place all the time. So being a parent is a gamble. Nothing is definitively assured despite encouraging promises and all the parental work committed from the beginning. After several years, all this suddenly explodes in your face and throughout your body like a pressure cooker. And, in front of you, there are the aggressors or perpetrators ( people you had never seen, never met before) when they are arrested and tried, who force you to brutally take knowledge of this :

You must trade the oppressive disappearance of a loved one, educated and chosen ( your child) for the imposed and incongruous presence of these strangers. Individuals you have never invoked nor chosen and on whom you will have to rely through their story. A story that you will have to endure and discover during their trial when there is one.

Photography©Franck.Unimon

Franck Unimon, Monday 27  of January 2025 for the English version based on the French version of Saturday 25 January 2025.