Les algorithmes puissants d’internet ou de youtube m’ont amené cette nuit à regarder un documentaire d’une trentaine de minutes en replay sur Arte consacré au sujet des addictions à la pornographie. J’y ai découvert le témoignage de quelques jeunes Allemands (des hommes exclusivement), plutôt d’un bon milieu socio-culturel apparemment ( journaliste….) qui ont développé cette addiction.
Ps : Concernant notre addiction à nos écrans et aux vidéos qui nous sont très facilement proposées sur nos ordinateurs, tablettes et smartphones via internet, et aux conséquences possibles de cette addiction, je vous invite à lire l’ouvrage Algocratie (vivre libre à l’heure des algorithmes) d’Arthur Grimonpont, paru en 2022.
Cette nuit, après avoir studieusement regardé ce documentaire sur l’addiction à la pornographie, toujours sur « recommandation» des algorithmes, parmi plusieurs propositions manifestement aiguisées par mes navigations précédentes, j’ai regardé un second documentaire d’une trentaine de minutes (c’est la durée à laquelle je me suis limité, que je me suis astreint cette nuit à ne pas dépasser) consacré à ces personnes ( des “hippies”) venant se «réfugier » sur l’ile des Canaries afin d’y changer de vie.
Dans ce documentaire, nous voyons quatre personnes vivant dans une grotte ou ayant vécu dans une grotte. Des personnes de 30-45 ans (même si un homme de 62 ans, devenu riche après avoir travaillé dans l’immobilier, est ensuite venu se joindre à eux) sans enfants.
On pourrait se dire : après avoir prétendu s’intéresser aux addictions en regardant un documentaire tout de même consacré à la pornographie, voilà que maintenant il se mate un documentaire sur un mode de vie inspiré des hippies. Alors que l’on sait très bien que les hippies ne sont pas les derniers pour s’envoyer en l’air et partouzer.
Comme on peut se dire, aussi, que “Changer de vie, les addictions”, ces deux sujets semblent peut-être ne rien avoir en commun.
Il est vrai que ce ne sont pas ces deux documentaires “nocturnes” abordant le sujet de l’addiction à la pornographie et de la volonté de changer de vie qui m’ont inspiré le titre de « dissociation » pour ce chapitre. Chapitre, qui, pour ce blog, se résumera à cet article.
En revanche, il y a une forme de dissociation dans le fait, d’une part, que des algorithmes prennent le relais de multiples et incessantes incantations ou sollicitations sociales, culturelles, économiques, publicitaires, mensongères, informationnelles, politiques ou autres pour tenter de tirer parti -et profit- de nos failles psychologiques afin de nous faire adopter des comportements qui nous contredisent, nous nuisent et nous font ignorer nos besoins les plus évidents. Et, d’autre part, le fait qu’un métier comme celui d’infirmier consiste plutôt à être au chevet de celles et ceux qui ont des failles psychologiques et autres sans volonté voire sans espoir d’en tirer un quelconque profit économique et/ou politique.
D’un côté, une société qui « s’enrichit » économiquement avec méthode en vampirisant les forces vives d’une majorité d’êtres humains. En lui faisant payer le prix fort en termes de santé physique, mentale, économique et autre.
D’un autre côté, des infirmières et des infirmiers (pour ne parler que de ces « acteurs » de la santé sociale mais aussi mentale et physique) qui puisent ou ont constamment à puiser dans leurs ressources et leurs réserves personnelles ( qui peut encore croire que la seule application d’horaires à la minute, de protocoles, de slogans, de « trucs », de « recettes », de séances de méditation et de yoga et de cours appris à l’école suffisent pour s’appliquer à veiller sur les autres pendant une bonne quarantaine d’années ?! ) pour en soutenir d’autres, et qui, parallèlement à cela, trinquent et subissent comme la majorité les coûts et les coups de la vie sans s’enrichir matériellement à l’image de ces nouvelles grandes fortunes ou de ces milliardaires qui passent souvent pour des génies, des pionniers, des visionnaires, ou des personnes d’autant plus respectables, exemplaires et indispensables qu’elles ont :
« réussi ».
Qu’est-ce que la réussite ? Pour moi, ce serait de ne pas être pris , d’abord, pour une serpillère ou un domestique. Mais, également, de ne pas être essoré, bousillé, cancérisé et déprimé alors que je suis jeune et désireux de vivre. De parvenir à me maintenir, le plus longtemps possible, en bonne ou en très bonne santé mentale et physique. Ou que, en cas de défaillance de ma part, qu’il se trouvera suffisamment de personnes autour de moi pour intervenir rapidement afin de veiller sur moi afin de me sauver, de me protéger et de m’aider à me remettre sur pied.
Mais aussi pour me conseiller, me guider voire m’escorter hors de ce qui peut m’ atteindre ou me nuire.
Au vu de ces quelques critères, je ne suis pas sûr que la réussite soit au rendez-vous pour beaucoup de monde y compris pour moi-même.
Et, cela, malgré tous les efforts ou sacrifices consentis, jour après jour, année après année en échange d’une éventuelle, future ou hypothétique reconnaissance sociale, économique et personnelle.
Amen.
La reconnaissance faciale est peut-être plus certainement ce qui risque de m’attendre au lieu de la grande reconnaissance sociale attendue par tous après bien des années d’efforts, de responsabilités, de sacrifice et de travail.
Pourtant, constamment, nous baignons dans une sorte de liquide et d’ambiance amniotique, pour ne pas dire hypnotique, qui nous laisse croire ou entrevoir que réussite et bonheur crépitent, gisent – voire, rugissent- et se répandent à nos pieds telles des cascades auxquelles il suffirait de s’abreuver. Alors même que la réussite et le bonheur nous glissent entre les doigts ou que nous n’en apercevons que les reflets sans cesse difractés et qui, bien-sûr, s’éloignent “un peu” lorsque nous en approchons.
Ma vision, lors de ce dernier dimanche du mois de juillet, un mois de grandes vacances estivales, est sans doute trop pessimiste. Pourtant, je n’ai pas promis de me tuer cette nuit ou avant l’arrivée du mois d’aout 2023. Et encore moins de me muter en grand gourou ou en marabout.
Ni gourou, ni loup-garou, j’aimerais seulement être sûr de pouvoir et de savoir quand arrêter de m’agiter lorsque l’on me présente, comme cela arrive fréquemment, toutes sortes d’opportunités, d’affaires à ne pas manquer et des bons coups qui sont, finalement, des plans foireux ou stériles, pour ne pas dire des plans de désespoir, des pertes de temps, d’argent et d’énergie.
Dire qu’il faut apprendre à faire le tri ne suffit pas.
Je crois qu’il faut aussi être discipliné. Savoir être discipliné. Apprendre à se discipliner. Apprendre à rester lucide et concentré. Et clairvoyant. Ne pas partir dans tous les sens.
C’est à dire :
Savoir rester suffisamment attentif et perméable à ce qui nous entoure sans pour autant se laisser ou se faire embarquer n’importe où et vers n’importe quoi, n’importe qui.
Savoir rester ancré.
En se mettant dans un état finalement assez proche d’une certaine…dissociation.
Je sais que ce terme de “dissociation” fait partie des symptômes d’une maladie psychiatrique. Mais je sais aussi que ce terme est employé, selon moi à bon escient, au moins par Léo Tamaki, un expert en Aïkido qui se reconnaîtra s’il parcourt les lignes de cet article et qui en sourira certainement ( lire Les 24 heures du Samouraï au dojo d’Herblay ce 20 et ce 21 Mai 2023, 2ème édition ).
Nous ne parlons sans doute pas de la même dissociation, bien-sûr. Au sens psychiatrique, la dissociation emporte ou dévie son sujet ou sa victime. Un peu comme un sous-marin qui, par cinquante ou cent mètres de fond, prendrait l’eau par ses écoutilles et qui tenterait de rester maitre de sa trajectoire et de sa vitesse malgré la force des courants et les grands volumes d’eau qui le perturbent de plus en plus.
Le terme “dissociation” employé par cet expert en Aïkido pourrait aussi être employé par un musicien, un batteur par exemple, lorsque celui-ci est capable, avec sa main droite de réaliser de façon répétée et harmonieuse un geste différent de celui de sa main gauche. Et l’on pourrait dire ça, bien-sûr, d’une pianiste. Ou d’une personne adepte du jonglage.
Un exemple simple de cette action très difficile à maitriser- la dissociation- me suffira, je pense, pour l’illustrer.
Récemment, j’ai revu sur youtube ( dont les séduisants et puissants algorithmes savent nous retenir pendant des heures devant des vidéos qu’ils nous proposent) un extrait de ce concert du bassiste Foley McCreary avec le batteur Chris Dave. Ils étaient accompagnés du saxophoniste Zhenya Strigalev. Voici la vidéo en question. Si “sa majesté ” Youtube accepte que je la partage :
https://youtu.be/2ZaMEGnI5iQ
C’était à Londres aux alentours de 2009 dans une reprise spéciale de You are underarrest, un titre interprété par Miles Davis dans les années 80.
Au début du titre, Foley McCreary décide d’une ligne de basse qu’il répète. Une ligne de basse qu’on pourra estimer comme « simple » si l’on fait abstraction du fait que Foley est un exceptionnel joueur de basse et que, nous, nous sommes surtout les spectateurs moyens d’un concert de musique ou, plus simplement :
Nous sommes des amateurs de musique qui regardons des professionnels qui sont, généralement, aussi, des passionnés ou des “fous” de musique.
Je ne suis pas certain que je pourrais vraiment supporter de passer plusieurs jours de suite avec ces musiciennes et musiciens que j’admire. De suivre leur rythme de vie intégralement. Car celles-ci et ceux-ci, probablement, me parleraient de musique, parleraient de musique et joueraient de la musique bien au delà de ce que je serais capable de supporter. Et sans doute, cette analogie est-elle possible avec d’autres artistes ou des Maitres d’Arts martiaux comme avec toute personne passionnée par et pour….sa discipline. Peut-être aussi peut-on se dire que cette passion serait aussi envahissante et dévorante que certains délires, mal maitrisés et mal canalisés, qui amènent certaines personnes à se retrouver enfermées…dans un service de psychiatrie. Ou isolées de leurs proches.
Dans cette vidéo, neuf minutes durant, Foley ” le mutant” va tenir sa ligne de basse malgré les « attaques » rythmiques variées de Chris Dave et ses chorus avec le saxophoniste Zhenya Strigalev.
On pourrait s’amuser à imaginer que Chris Dave et Zhenya Strigalev sont des algorithmes qui font tout pour détourner Foley McCreary de ses limites et de sa ligne de basse. Pour nous, spectateurs et amateurs de musique, ces neuf minutes de musique sont une expérience hors norme. Et un très grand plaisir si l’on aime ce genre de musique. Foley McCreary réalise devant nous la dissociation parfaite.
Sauf que dans la vraie vie, nous sommes rarement des Foley McCreary. Et, en plus, il nous faut tenir bien plus que neuf minutes par vingt quatre heures pour tenir notre propre cap. Celui qui nous assure de nous rapprocher véritablement de ce qui nous convient véritablement.
Limbo de Soi-Cheang avec les flics Will Ren ( l’acteur Mason Lee) et Cham Lau ( l’acteur Ka Tung Lam).
Au cinéma : Limbo de Soi Cheang ou Mission : Impossible Dead Reckoning partie 1 de Christopher McQuarrie ?
Hier, après plusieurs semaines ou plusieurs mois d’absence, je suis retourné au cinéma. J’ai d’abord vu le film Limbo du réalisateur Hong-Kongais Soi Cheang. Un film très plébiscité par la critique. Je viens par exemple de lire sur le net, pour le qualifier, la phrase « un bijou de noirceur ». Mais, aussi : “Le polar de l’année”.
A Paris, j’avais interviewé Soi Cheang, je crois, lorsque j’étais journaliste cinéma bénévole pour le magazine Brazil. Sans doute pour le film Accident réalisé…en 2009. Il y a 14 ans, donc. Comme nous vivons avec notre temps, je vais plutôt parler d’hier.
Hier, après Limbo, au lieu de rentrer chez moi, je suis allé voir à la suite le premier volet du dernier Mission : Impossible Dead Reckoning partie 1 « avec » l’acteur Tom Cruise en Star du film.
Tom Cruise ( ou sa doublure) sur sa monture au dessus du vide dans Mission : Impossible Dead Reckoning partie 1.
Ce sont deux films sortis récemment ( ce 12 juillet 2023 pour l’un et l’autre) que j’avais très envie d’aller voir. Et ce sont deux films qui m’ont « déçu ».
J’ai tout de même une nette préférence pour Limbo.
“Limbo” de Soi Cheang avec Ka Tung Lam dans le rôle de Cham Lau.
J’ai d’abord aimé la photo, le noir et blanc. L’ambiance polar. Les nervures colorées des installations électriques de la ville où se tient l’enquête. Ou, plutôt, la tempête.
J’ai aimé le côté « confucéen » de Limbo, je dirais, où plusieurs des protagonistes portent un fardeau ou sont dans une impasse tel un destin et essaient ou de se racheter ou de l’accepter. J’ai aimé le personnage féminin de Wong To, plusieurs fois maltraitée, et qui est une description assez complète des multiples violences infligées aux femmes dans notre société masculine, urbaine, jeune, riche et moderne.
Wong To ( l’actrice Yase Liu) dans “Limbo”.
J’ai aimé la combattivité de Wong To, sa débrouillardise supérieure, bien supérieure finalement, à celle des femmes des deux flics qui sont les autres héros du film.
Cham Lau et Wong To.
Je me suis dit que ce film ne pouvait être qu’asiatique pour avoir pu s’autoriser à montrer un personnage féminin sur grand écran se faire malmener de cette façon. En France, on estimera peut-être que ces violences répétées sur le personnage de Wong To font de nous des voyeurs et des complices. Pour ma part, je considère ces parties du films plutôt comme les documents testamentaires des victimes de violences morales et physiques qui disparaissent généralement dans l’indifférence générale.
J’ai moins aimé le côté Seven du film, pour faire un rapprochement avec le film américain avec Brad Pitt et Morgan Freeman, pour l’ambiance.
J’ai moins aimé l’antagonisme, car il fallait bien en créer un, assez toc entre, d’un côté le flic expérimenté de terrain, instinctif, roublard, assez expéditif, adepte de la justice personnelle et le jeune flic intello, premier de la classe, bon élève, bien sous tous rapports, d’une intelligence très supérieure, binoclard et bien-sûr marié à une épouse toute docile, patiente, compréhensive et bien-sûr enceinte de lui.
D’un côté, le bourrin au grand cœur, de l’autre, la classe politique de celui qui a fait de très bonnes études et qui pourrait prétendre plus tard à une carrière exceptionnelle.Pourtant, au départ, cela me plaisait beaucoup que l’un des deux héros porte des lunettes. Car on voit encore très rarement des héros de films d’action ou de polars qui portent des lunettes. Mais dans Limbo, cette caractéristique est un peu trop téléphonée, un peu trop scolaire. Le réalisateur ne fait pas grand chose, je trouve, pour développer davantage le personnage de Will Ren à partir de ses lunettes. C’est juste un “truc” qui va permettre, à un moment donné du film, d’avoir son importance. Même si, bien-sûr, on peut très bien avoir une très bonne vue organique et être frappé de cécité morale ou de coeur….
On remarquera aussi que les deux femmes des flics qui sont bien-sûr des épouses « modèles » et des Pénélope n’ont pas d’autre possibilité que de vivre dans un écrin ou dans un cocon en demeurant dans l’enceinte d’une ignorance complète- ou virginale- du monde et de sa violence. Pour l’avoir peut-être ignorée, une des deux est durement exposée à la violence du monde extérieur qui éclate bien-sûr par surprise.
Comme un viol.
Comme on le voit, il y a des très bonnes choses dans Limbo. Ces deux héros, flics, ainsi que Wong To, qui vont jusqu’au bout d’eux-mêmes et au delà. Pour résoudre des mutilations et des assassinats de femmes marginales, tout en bas de l’échelle sociale (immigrées, camées, prostituées mais aussi mutilées autant socialement que physiquement…) dont, finalement, la société hong-kongaise, comme toute « bonne » société bien propre sur elle aurait plutôt tendance à se foutre. Sauf, bien-sûr, pour satisfaire en express et en liquide certains besoins honteux ou difficilement assumés.
Tom Cruise, Ving Rhames et Simon Pegg.
Ensuite, il y a Mission : Impossible – Dead Reckoning partie 1 avec Tom Cruise, Simon Pegg, Ving Rhames et sa voix caverneuse.
Quel que soit ce que l’on peut penser de Tom Cruise « le scientologue », je considère maintenant depuis des années que c’est un très bon acteur. Et qu’il aurait pu ou aurait dû, depuis longtemps, recevoir un Oscar. Je le pense d’autant plus que durant des années, Tom Cruise l’acteur-vedette m’a beaucoup exaspéré. Jusqu’à ce que je le voie dans Né un 4 juillet qui n’est pas mon film préféré. Ou dans Magnolia qui m’a davantage conquis.
Mais je ne vais pas plaindre Tom Cruise. D’autant qu’il s’en sort très bien tout seul avec ou sans cascade. Que ce soit dans des films d’action qui marchent tels que Mission : Impossible ou Jack reacher. Ou dans des films d’auteur.
Tom Cruise peut et réaliser des prouesses physiques et des cascades étonnantes. Comme il peut aussi être très drôle. Je me souviens encore de son rôle secondaire dans Tonnerre sous les Tropiques de Ben Stiller où il apparaît déguisé et se montre particulièrement drôle en producteur de cinéma et aussi très porté sur l’autodérision. Pourtant, le film date de….2008.
Si je me permettais une comparaison, je dirais que Tom Cruise est peut-être au cinéma ce que Novak Djokovic est au tennis. On peut ne pas les aimer pour leurs positions, leurs attitudes ou leurs propos. Des positions, des attitudes et des propos, d’ailleurs, que je désapprouve (concernant la scientologie, le nationalisme serbe, à propos du Covid…).
Par contre, il est impossible de leur dénier leur professionnalisme dans leur domaine ainsi que le niveau exceptionnel ou hors-norme de leurs performances mais aussi de leur longévité comme de leur carrière.
Dans Mission : Impossible – Dead Reckoning partie 1, on retrouve bien-sûr tout le côté « James Bond » de Tom Cruise. Car, pour moi, dès que Tom Cruise a commencé à mettre la main sur le personnage de Ethan Hunt dans Mission : Impossible, ça a toujours été pour se tailler sur mesure son costard de « James Bond ». Ce qui est bien sûr très loin de la série télévisée que nous avons pu voir dans les années 70-80. Mais, ça, c’est le cinéma.
Bon, dans Mission : Impossible- Dead Reckoning, il y a du spectaculaire, des grandes cascades, des courses poursuites, de l’humour.
Mais c’est très bourrin. J’ai très envie d’écrire :
“C’est très Américain-bourrin”. C’est “Nous sommes les Américains et on va tout défoncer !”. Soit version militaire, soit version parc d’attractions gigantesque à l’Américaine.
Je sais bien que l’on va voir ce film pour se distraire. Et, je suis d’ailleurs allé le voir pour cela. Autrement, je serais allé voir L’Amour des forêts de Valérie Donzelli avec l’actrice Virginie Efira qui continue de beaucoup me plaire et m’étonner et l’acteur Melvil Poupaud, qui nous raconte apparemment de façon réaliste une histoire d’emprise psychologique au sein d’un couple.
Sauf que je trouve à Mission : impossible-Dead Reckoning partie 1 des allures de fête foraine des années 70. On a des très gros moyens pour faire boum-boum alors on fait boum-boum et vroum-vroum. Je ne vois pas ce qu’il y a des très novateur dans ce film. En termes de cascades il y a néanmoins sans aucun doute du très bon travail de réalisé.
Mais en termes d’intrigue. De personnages….on est très très loin de la subtilité de Casino Royale avec Daniel Craig ( ou les Jason Bourne auquels les Mission : Impossible “de” Tom sont aussi comparés) qui cumulait action musclée et surprenante et, tout de même, un peu de mystère. Plus d’épaisseur quant aux personnages joués. Alors que là, tout est souvent caricatural. Rentre-dedans. Presque vulgaire. Beaucoup trop pop-corn pour moi.
Il faut nous le dire si ce film est plus une comédie qu’un film d’action. Les femmes dans Mission-impossible : Dead Reckoning partie 1 ? Il y en a quatre qui ont un rôle a priori conséquent et qu’il vaut mieux éviter de prendre à la légère. Ce serait donc un film féministe ?
Sans surprise, Ethan Hunt les retourne toutes ou devient d’une façon ou d’une autre leur protecteur imminent. Car il les lui faut toutes bien-sûr tandis que ses deux acolytes, Simon Pegg, Ving Rhames mais aussi tous les autres mâles de la bande ont bien d’autres préoccupations.
Et Ethan Hunt réalise cela sans coucher car ce n’est pas un proxénète. Comment fait-il ? La scientologie peut-être.
Néanmoins, j’ai bien aimé la définition de Ethan Hunt :
« Un caméléon télépathe ». C’est bien trouvé.
Tom Cruise à Venise ( ou sa doublure) dans Mission : Impossible Dead Reckoning- partie 1.
Si dans Limbo, on ressent les coups portés mais aussi de l’empathie pour les personnages, devant Mission-impossible : Dead Reckoning partie 1, tout le décor fait toc. On a beau faire défiler les endroits et flirter avec bien des références cinématographiques ou autres ( Venise…) on se rappelle tout le temps ou souvent que l’on est au cinéma. Alors que dans Limbo, le film nous enserre quand même dans sa toile.
Les 24 heures du Samouraï au dojo d’Herblay ce 20 et 21 Mai 2023, 2ème édition
Chevrotine peut-être cinglée, ce samedi 20 Mai 2023, je traçais depuis quelques minutes sur l’autoroute A15 lorsque, malgré toute l’attention préalable portée à mes préparatifs, je me dis que j’aurais peut-être dû, finalement, la veille, acheter deux nouveaux kimonos plutôt qu’un seul. J’allais tourner avec deux kimonos lors de ces 24 heures du Samouraï. ( Avant les 24 heures du Samouraï au dojo d’Herblay ce 20 et ce 21 mai 2023).
Nous étions plus de deux cents ce week-end pour cette deuxième édition des 24 heures du Samouraï au dojo d’Herblay. Soit, à bien y repenser aujourd’hui, à peine un petit peu moins de personnes qu’il n’y en aura lors du concert de Beyoncé qui se déroulera demain soir au stade de France, ce vendredi 26 Mai 2023.
Pour pratiquer dans notre couvent martial situé dans le Val d’Oise, nous avons troqué nos vêtements ordinaires et civils pour des amas de kimonos majoritairement blancs faisant de nous des volontaires pour cet événement…peu ordinaire. Mais l’état d’esprit, plus que la couleur, le « niveau » d’expérience, la discipline martiale ou de combat pratiquée, ou le grain de la tenue vestimentaire, a été, ici, ce qui importait.
Débutant(e)s comme chevronné(e)s, élèves ou Maitres, femmes ou hommes, adolescent(es) ou vétérans, marcheurs ou en fauteuil roulant, issus du Karaté, du Systema, du Penchak Silat, Ju Jitsu brésilien, de l’hapkido, de l’Aïkido, du Wing Chun, du Tae Kwondo ou de toute autre expérience martiale ou de combat ont été acceptés une fois le droit d’entrée acquitté. Pour moi, le tarif solo avait été de 85 euros en prévente.
Dans ce « couvent » resté ouvert entre ciel et terre et souhaité comme tel, c’est en passant par la porte d’entrée principale que nous avons tous empruntés, qu’un peu avant midi, ce samedi 20 Mai 2023, une représentante de l’Etat est venue nous saluer, nous encourager et aussi nous apprendre qu’elle avait vu ce dojo sortir de terre plusieurs années auparavant.
Lors de la création de ce dojo, certaines et certains des personnes qui ont participé à ces 24 heures du Samouraï ce week-end étaient déjà nées, d’autre pas. Et l’on peut souhaiter que d’autres qui naîtront après cette deuxième édition vivront un jour cette expérience. Qu’elles et qu’ils proviennent de Tours, de Toulon, de Limoges, de Normandie, de Bretagne, de Belgique, de l’Est de la France, du Mexique, de l’île de France ou d’ailleurs comme cela a été le cas ce week-end.
L’équipe organisatrice (constituée de bénévoles fédérés par Tanguy Le Vourch, Issei Tamaki et Léo Tamaki) de ces 24 heures du Samouraï avait tout prévu :
Rappelons d’abord que deux à trois jours avant le début de « l’étape » de ces 24 heures du Samouraï, un mail avait été envoyé aux participantes et participants les informant qu’il était prévu un certain retard sur la ligne J de train reliant Paris à la gare d’Herblay (environ 25 minutes dans les conditions normales). Ce mail mentionnait l’heure du début des inscriptions fixé à 10h45 pour une cérémonie d’ouverture à 11h45. Et recommandait de prévoir son sac de couchage, un oreiller, son nécessaire de toilette, mais aussi de s’hydrater régulièrement.
A son arrivée, chaque participant (e ) après s’être acquitté(e) de son droit d’entrée a reçu un sac en carton à l’effigie de l’événement contenant une bouteille d’eau minérale, une banane, une pomme et une canette de coca-cola. Une carte lui a également été remise. Celle-ci allait lui permettre de faire tamponner chacune de ses implications aux ateliers animés par dix experts. Après avoir participé à quatre ateliers, la participante ou le participant obtenait un bracelet avec une couleur correspondant à son nombre d’expériences martiales vécues.
Lors de ces 24 heures du Samouraï, 16 ateliers d’une heure quinze chacun furent proposés avec, en moyenne, quinze minutes de pause durant l’intervalle.
Dans le dojo suffisamment grand (750 mètres carrés ?), des vestiaires, des douches et des toilettes sont disponibles facilement et gratuitement. Un service de restauration propose à un tarif très abordable de la nourriture de qualité ou faite main (2 euros une part de quiche lorraine, autant pour un bol contenant quatre ou cinq portions de pastèque…). Une équipe de pratiquants de shiatsu est repérable sur une partie du tatami et opère à titre gracieux. Des ostéopathes et des infirmières sont présents sur l’événement. Une petite salle est réservée à l’aire de repos. Quelques bokken et bâtons peuvent être prêtés à celles et ceux venus les mains nues.
Trois musiciens traditionnels faisant partie d’une association parisienne font résonner leur voix et leurs tambours lors de certains moments de l’événement.
Une ambiance musicale de circonstance et humoristique est entretenue à la fin de chaque intervention au moment de la séance de photo du groupe de participants entourant l’expert (Opération Dragon, Kill Bill, la série Kung Fu, Highway to hell d’AC/DC et d’autres références….).
Une équipe de bénévoles, pratiquant aussi lorsqu’elle le peut, permet de se sentir bien accueilli, contribue à nous donner des repères, et assure, aussi, le très bon déroulement de ces diverses séquences.
L’intrigue et les « excuses » de l’année dernière concernant les 24 heures du Samouraï
L’année dernière, quand je pris connaissance de la première édition des 24 heures du Samouraï à Nantes, je fus d’abord intrigué.
Je me suis demandé comment, en passant 24 heures à pratiquer des Arts martiaux ou des disciplines de combat, on pouvait véritablement y prendre plaisir. Je percevais plus ça comme de la surconsommation et de la frénésie à l’image de ce mode de vie et de ces millions d’images par secondes dans lesquels nous sommes régulièrement immergés et reclus.
Mais il était déjà trop tard pour participer. Et puis, Nantes, c’était « trop loin » pour moi.
Par contre, pour Herblay, je n’avais aucune excuse.
Herblay est la ville où j’ai véritablement découvert le monde du travail dans un service de nuit, dans lequel je travaillais seul, douze heures durant. La personne qui m’avait recruté pour ces vacations de nuit ne m’avait pas prévenu. J’avais vingt ans. Je n’avais pas le choix. J’avais besoin de commencer à gagner ma vie. A l’époque, je n’avais pas le permis de conduire et je prenais le train depuis chez mes parents. Cela me prenait environ 45 minutes pour faire le trajet et en marchant un petit peu depuis la gare d’Herblay. En prenant des trains gris qui me faisaient penser à des trains de Blues.
Depuis, j’ai quitté mes parents. J’ai déménagé. J’ai un emploi fixe dans lequel je travaille de jour comme de nuit. Je me suis marié. Je suis devenu père. Et, j’ai même appris à conduire une voiture. La gare de Herblay est désormais à moins d’une vingtaine de minutes en train par la ligne J depuis chez moi. Et, me rendre en voiture au dojo d’Herblay depuis mon domicile me prend à peu près autant de temps.
Sans le faire exprès, en me rendant aux 24 heures du Samouraï, malgré la technologie de guidage aujourd’hui présente sur tous nos smartphones, je me suis un peu trompé d’itinéraire ce samedi à un moment donné. Et, pour retrouver ma route vers le dojo d’Herblay, pour la première fois depuis à peu près trente ans, je suis repassé devant cet établissement où, à 20 ans, j’avais commencé à découvrir le monde du travail ainsi que le travail de nuit en 19h/7h.
Je suis aussi allé à cette deuxième édition des 24 heures du Samouraï par curiosité.
Durant ces 24 heures, j’ai pratiqué avec plus d’une vingtaine de participants et participantes. J’ai d’ailleurs reconnu deux ou trois personnes que j’avais croisées quelques mois plus tôt au Centre Tissier, à Vincennes, lors du stage animé par Hino Akira Sensei et organisé par Léo Tamaki.
Certains des pratiquants que j’ai rencontrés lors des 24 heures du Samouraï (comme moi pour elles et eux) ont parfois voulu savoir ce que je pratiquais.
Je me suis étonné à chercher mes mots et à avoir un peu de mal à répondre.
Officiellement, je suis un très jeune et sporadique élève (depuis l’année dernière) de Jean-Pierre Vignau, Maitre en karaté Shotokan. J’ai aussi pratiqué le judo avec Pascal Fleury, aujourd’hui 6ème ou 7ème Dan de Judo, il y a plus de vingt ans.
Cependant, aujourd’hui, je crois être moins cloisonné qu’il y a plusieurs années.
Lors de ces 24 heures du Samouraï, j’ai dit que je faisais du karaté pour répondre quelque chose. Mais je crois que je suis moins dans cette « limite ».
« Avant », je me cantonnais à une discipline et j’étais presque fier de m’emmitoufler dedans. Dans cette croyance et cette certitude que « ma » discipline était la meilleure.
Bien-sûr, on a compris que c’était surtout moi qui, une fois que je marchais sur le tatami, me sentais meilleur que d’ordinaire. Une fois que je quittais kimono et tatami et que je retrouvais la vie courante, certaines difficultés de l’existence restaient insaisissables et résistaient terriblement à mes ippon.
Il y a plusieurs années, encouragé en cela par Pascal Fleury, mon prof de Judo, il m’était arrivé d’aller un peu au dojo d’été. Nous étions nombreux à être sur le tatami.
Un jour, un des intervenants dont j’ignore évidemment le nom – vu que, lorsque l’on estignorant, on l’est souvent à peu près jusqu’à l’infini– nous avait tenu un petit discours. Beaucoup de judokas ceinture noire étaient parmi nous.
L’ intervenant, très certainement ceinture noire de Judo et enseignant de judo, nous avait exhorté à apprendre, aussi :
« A donner des coups de poing et des coups de pieds ! ».
Ce jour-là, j’ai commencé à comprendre à quel point j’étais resté beaucoup trop collé au Judo qui était devenu pour moi l’équivalent d’un doudou.
Depuis, bien-sûr, j’ai aussi compris qu’apprendre à donner des coups de poing et des coups de pied pour simplement en donner est une application très limitée des Arts martiaux ou de toute discipline de combat.
Non sens, enfermement et perte de goût
Pour différentes raisons, aveuglement, fainéantise, facilité ou petites lâchetés, on apprend très vite à croire que nous devons ou pouvons rester recroquevillés, enchevêtrés, enfermés et cadenassés, dans un seul « style », une seule attitude et tournure d’esprit. Et que cette seule expérience suffira à nous offrir le reste de l’univers et ce dont nous rêvons ou avons besoin dans notre existence. Comme si l’Art Martial ou la discipline de combat que nous pratiquons était notre lampe d’Aladin.
Je crois donc que je suis allé à ces 24 heures du Samouraï aussi pour me « soigner » un peu en quelque sorte de cette maladie de l’enfermement qui me captive et que je cultive passivement ou très activement. Consciemment ou inconsciemment, voire, souverainement. Et, cela, dans le plus grand calme ainsi qu’avec une certaine maitrise ou une maitrise quasi-totale.
Je « connaissais » ou avais croisé deux ou trois de ces experts. Mais je savais que c’était une très bonne occasion que de les rencontrer en aussi grand nombre, de façon aussi rapprochée, dans un temps limité et concentré. Car je le « sais » aussi, maintenant :
Tous ces experts sont souvent très occupés ainsi que passionnés par leur Art comme a pu le souligner Léo Tamaki à la fin de ces 24 heures du Samouraï. C’est donc une chance et une très grande et une très belle opportunité que d’avoir pu les approcher ou leur parler.
A partir de ces quelques raisonnements, payer 85 euros, cela se justifiait facilement. Passer 24 heures à pratiquer, aussi. Pour aller au concert de Beyoncé ce week-end, le prix des places démarrait à 79,60 euros pour monter jusqu’à 200 euros.
Il ne reste désormais plus de places pour ce concert de Beyoncé sans doute depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois. A moins de pouvoir recourir au système D : acheter des billets sur place le jour même ou sur internet s’il est possible d’en trouver. Toutefois, car il faut bien savoir se changer les idées de temps en temps, si l’on tient à profiter de ce concert du Renaissance World Tour de Beyoncé, on peut aussi se rabattre sur les places au salon VIP Cocktail. Il en reste. Il semble qu’elles aient été mises en vente récemment. Le prix par personne hors taxe est de 699 euros et de 838.80 euros TTC, une “ambiance festive” et “un cocktail dinatoire” sont inclus. Il faut savoir vivre avec son temps.
J’aurais bien-sûr aimé pouvoir aller découvrir Beyoncé en concert au stade de France. Mais j’aurais eu- aussi- beaucoup de mal à lâcher l’équivalent de cent euros pour aller assister de loin à un concert en étant aussi éloigné d’un(e) artiste sur scène. Même si je suis certain que l’organisation technique du concert de Beyoncé est exemplaire voire unique. Et que son concert sera vraisemblablement un très grand spectacle.
La normalité, c’est être raisonnable, mais aussi presque tout faire pour oublier que l’on va mourir. Et, entre les deux, éviter certaines aventures car elles exposent à des risques et demandent certains efforts qui paraissent hors normes ou impossibles.
Sans doute ai-je été un tout petit déraisonnable de comparer les experts martiaux de ce Week-end à Beyoncé. Car, comparer des experts en Arts Martiaux ou d’une discipline de combat à une chanteuse américaine sensuelle et rythmée, mondialement connue et presque milliardaire, cela pourrait irriter quelques personnes. Puisque certaines et certains sont capables de consacrer une partie de leur activité à se « clasher » par écrit, sur youtube ou sur un réseau social, sans jamais se rencontrer et sans véritablement prendre le temps de discuter, seulement parce qu’un commentaire publié sous une vidéo leur a déplu.
Pourtant, si aux 24 heures du Samouraï, lors de ce week-end, il y avait eu Jackie Chan, Jet Li ou Donnie Yen (présent dans le dernier John Wick 4 sorti au cinéma il y a plusieurs semaines) il est probable que le prix du billet aurait augmenté mais aussi que l’événement aurait attiré bien plus de public y compris parmi des non-participants. Ainsi qu’un public en partie différent. Imaginons un peu ce que cela aurait donné si Bruce Lee était encore vivant et qu’il avait été présent aux 24 heures du Samouraï. Ou une des vedettes actuelles de MMA…
Avant de me rendre aux 24 heures du Samouraï, je me suis demandé qui j’allais rencontrer parmi les quelques personnes que j’ai déjà pu croiser aux cours de Jean-Pierre Vignau (qui compte parmi ses élèves des fidèles de vingt ans ou plus), ailleurs ou parmi mes collègues de travail que je sais portés sur les Arts martiaux ou les sports de combat.
Hé bien, je n’y ai rencontré personne parmi mes connaissances. J’apprendrai sans doute plus tard que telle personne n’avait pas entendu parler de l’événement.
Je crois que la donne aurait changé s’il s’était trouvé un Jackie Chan, un Jet Li ou un Donnie Yen. Parce qu’un Jackie Chan, un Jet Li, un Donnie Yen ou une « star » de la boxe ou du MMA, cela pousse très facilement dans les agendas personnels.
Mais l’événement des 24 heures du Samouraï aurait alors pris une toute autre saveur. Car, Beyoncé au stade de France, c’est déjà une industrie. Economiquement, c’est très rentable. Car rien que le nom et l’image de Beyoncé « draguent » très rapidement des milliers de personnes. Beyoncé n’a pas de problème d’anonymat. Tout le monde ou beaucoup de monde sait très vite de qui il s’agit et elle ne fait pas encore partie de celles et ceux que l’on oublie. L’anonymat et l’oubli étant les signes avant coureurs fréquents d’une mort au moins sociale.
On peut aimer se retrouver dans un très grand stade comme dans certains jeux gigantesques. Cela permet aussi très facilement d’oublier notre anonymat en vibrant avec des centaines et des milliers d’autres. Mais le vécu n’est pas le même. La foule et le spectacle l’emportent complètement sur l’individu présent à l’événement.
Les 24 heures du Samouraï ont sûrement demandé beaucoup de travail et beaucoup d’énergie à l’équipe organisatrice. De façon déraisonnable et passionnée. « Mais » cela a été mis au service d’une expérience à taille humaine. Même si au dojo d’Herblay, ce week-end, j’ai compris qu’il y avait eu deux fois plus de personnes que l’année dernière à Nantes lors de la première édition (Plus de 200 contre 100 personnes), ce qui a été vécu avait assez peu de points communs avec un spectacle ou une certaine forme de divertissement. Même si certaines démonstrations ont pu être spectaculaires et que ces heures passées ont pu être divertissantes ou très divertissantes.
Du reste, l’équipe organisatrice des 24 heures du Samouraï l’avait bien rappelé :
Le but n’est pas de rester absolument sur le pont durant 24 heures. Mais d’être dans l’ambiance de l’événement. Que ce soit en se reposant lorsque l’on en éprouve le besoin, en allant se faire masser, en partant se restaurer ou en discutant avec d’autres personnes venues vivre cet événement.
Et, à la fin des 24 heures du Samouraï, lorsque Léo Tamaki prendra la parole devant nous tous, en présence des experts présents, ce sera aussi pour nous dire qu’ils ont créé cet événement car, plus jeunes, ils auraient aimé qu’un tel événement existe pour eux.
En y repensant, ces 24 heures ont leur intérêt pour au moins deux autres raisons :
Une expérience, pour qu’elle soit marquante, doit avoir un effet suffisamment durable. Pour cela, il faut qu’elle soit suffisamment intense et qu’on l’ait vécue un certain temps.
On pourrait ajouter la nécessité de la répétition de l’expérience pour que celle-ci nous marque. Pour contrecarrer ou renouveler, un peu, notre expérience de notre vie quotidienne, il nous faut bien un événement qui nous sorte de ce que nous avons l’habitude de faire ou de vivre dans la durée, en intensité mais aussi de ce que nous faisons d’habitude.
En « restant » 24 heures dans ce bain martial, en vivant sur place de façon quasi-autonome, pour peu que l’on se soit débranché de son téléphone portable et d’internet durant ces 24 heures (ce que j’ai fait), je crois que l’on peut entrevoir un aperçu de la vie des uchideshi. Et les bénévoles de l’événement, en particulier celles et ceux qui ont pratiqué par ailleurs lors des 24 heures du Samouraï (en grande partie, j’ai l’impression, des élèves de Tanguy Le Vourch, Issei et Léo Tamaki) se sont ainsi mis dans les sillons des uchideshi.
Impressions
24 heures, cela peut sembler long ou très long. Pourtant, les 12 premières heures sont passées très vite.
Pour ma part, lors de ces 24 heures du Samouraï, il y a eu des interventions qui sont passées rapidement ou plus rapidement que d’autres. Et, deux ou trois autres, lors desquelles j’ai dû fournir plus d’efforts afin de maintenir mon attention et mon implication. Et où le temps m’est apparu plus long.
Je crois que certaines disciplines nous flattent plus facilement parce-que leurs gestes sont plus proches de nous et sont plus rapides à « obtenir » mais aussi à répéter. Mais aussi parce qu’elles nous semblent directement et visiblement plus « efficaces ».
Je crois que nous avons cette sensation parce-que ces disciplines reposent sur des actions musculaires et explosives assez simples et qu’elles nous donnent le sentiment d’être aussi puissants que des taureaux ou des machines.
Par contre, lorsque cela devient plus subtil, qu’il nous faut sentir certaines poussées ou certaines forces plus profondes, contradictoires ou plus intimes peut-être, cela nous demande des efforts auxquels nous ne sommes pas habitués ou qui nous dérangent parce-que cela nous demande plus de temps ou plus de maturité émotionnelle peut-être.
Ces disciplines présentées devant nous durant ces 24 heures reposent sur beaucoup de fondements communs. Mais leurs formes et leurs présentations sont différentes. Et c’est ce qui va nous attirer, nous barber, nous décourager ou nous repousser.
J’ai bien vu comment nous étions un certain nombre à être à la peine lors des interventions de Didier Beddar que ce soit en Kung Fu Wing Chun ou en Tai Chi.
J’étais alors l’équivalent d’un lourdaud saccadé, bruyant et poussif qui saccageait l’espace autour de lui alors que j’essayais seulement de marcher tandis que Didier Beddar et ses assistants étaient des ballerines pleines de grâce.
Lorsque j’avais débuté le judo il y a quelques années, j’avais eu la gratification assez immédiate de « réussir ». Le Kung Fu et le Tai Chi m’ont fait exactement l’effet inverse. Malgré leur intérêt évident, ils m’ont adressé un reflet de moi-même peu valorisant.
J’ai aussi eu l’impression que l’enseignement de Didier Beddar fait particulièrement appel au Yin et au Yang, au féminin et au masculin, alors que dans le Penchak Silat, le Hapkimudo, le karaté ou dans le Sistema, on peut n’être « que » bourrin.
Ou « masculin ». Ou « viril ». Ou « macho ».
Arrivera un moment où passer en force finira pas nous limiter ou nous rigidifier mais on peut arriver à « y faire des choses » tout de suite et durant un certain temps. C’est efficace. Ou c’est plus saccadé. Plus heurté. Plus frontal.
C’est un peu comme, dans la pratique de l’apnée ou de la plongée, utiliser la méthode vasalva pour descendre en profondeur. On est très volontaire. On s’impose. C’est efficace jusqu’à une certaine profondeur ainsi que pendant un certain nombre d’années. Mais c’est aussi plus traumatisant pour l’organisme même si on ne le ressent pas tout de suite.
Lors des 24 heures du Samouraï, j’ai croisé un pratiquant qui a été un moment mon partenaire qui m’a dit qu’étant donné son âge, la cinquantaine, le karaté Shotokan commençait à être dur pour lui. J’ai compris que la brutalité qu’il s’imposait au travers du karaté shotokan depuis des années commençait à avoir raison de lui.
Jusqu’à maintenant, je n’avais pas pensé aux Arts martiaux comme une possible expérience ou réflexion sur le « genre » masculin et féminin, sur la façon de l’habiter de façon « masculino-viriliste » et/ou de façon « fémino-douce ». Bien-sûr, voir la féminité comme le versant de la douceur et la masculinité comme celui de la brutalité est un cliché. Mais ce sont des repères pour dire que s’obliger à faire ou à passer en force parce-que l’on est un homme lorsque l’on pratique est une erreur très commune. Et, j’ai trouvé que parmi les différents experts, Didier Beddar était celui qui incarnait le mieux ou le plus cette synthèse du féminin et du masculin dans son expression martiale. Expression martiale que je n’ai aucune difficulté à percevoir comme très efficace dans des conditions de combat.
J’ai pris quelques notes à la volée après certaines des séances auxquelles j’ai participé lors de ces 24 heures du Samouraï. C’était une façon, pour moi, de conserver des impressions que l’on oublie souvent par la suite.
J’ai beaucoup aimé les interventions de Kang Jong Lee, expert en hapkimudo. Ses formulations et son humour, aussi. D’ailleurs, les experts, lors de ces 24 heures du Samouraï, ont souvent su faire concilier l’humour avec leurs démonstrations ce qui a pu contribuer à désacraliser un certain niveau d’exigence.
J’ai été amusé de voir Kang Jong Lee avec son pantalon tendance pattes d’éléphant. Il y a sans doute une raison à cela. Mais je n’ai pas pensé à le lui demander. Je me dis que c’est peut-être une façon de dissimuler les déplacements de ses pieds.
Chez Kang Jong Lee, j’ai aussi noté sa formulation :
« Le monde a changé ».
Pour dire que lors d’un affrontement, la situation évolue très vite et que ce qui aurait pu marcher quelques secondes ou quelques dixièmes de secondes auparavant est devenu obsolète. Et qu’il faut s’adapter, trouver autre chose pour parvenir à la résolution du conflit.
« Accepter » a aussi été employé par Kang Jong Lee. Soit, au lieu de résister ou de forcer, de se servir ou de suivre l’action de l’autre.
Kang Jong Lee enseigne à divers endroits, entre autres au gymnase le Patriarche, rue Monge mais aussi dans le 16èmearrondissement, toujours à Paris.
Jérome Kadian, pour le systema, juste après Kang Jong Lee, m’a beaucoup fait plaisir lorsqu’il nous a parlé de la respiration. Depuis ma formation au massage bien-être et ma pratique amateur de l’apnée en club, je suis devenu assez sensible à ce qui touche la respiration. Ceinture jaune de karaté shotokan avec Jean-Pierre Vignau, donc niveau débutant, lors de certains mouvements de mes katas que je répète, je me sens gêné. Car je n’ai pas encore trouvé la bonne façon, le bon moment, pour respirer, expirer ou arrêter de respirer.
La respiration est l’acte le plus important et le plus profond que nous faisons. Pourtant son apprentissage fait partie des apprentissages les plus souvent négligés. Peut-être est-ce parce qu’en plus d’être un acte, la respiration est une fonction qui nous est « donnée » dès la naissance et qu’elle est automatique. Donc acquise.
J’ai aussi noté avec Jérome Kadian :
Expirer quand on reçoit un coup. Accepter le contact. Travailler sur les appuis. Pivot du bassin. Plier les genoux.
Lionel Froidure nous a expliqué qu’aux Philippines, ils ne parlaient pas de techniques mais de principes. Il a insisté sur la nécessité de se « bâtir une mémoire » lorsque l’on pratique. De prendre le temps d’apprendre à se servir d’une arme avant d’en découvrir une autre. De garder le contact avec son adversaire lors du combat.
« La peur, ça se travaille ».
L’Arnis m’est apparu très technique ou exigeant de moi des efforts certains d’apprentissage.
De 19h30 à 20h45, Didier Beddar est intervenu en expert Wing Chun.
« En Wing Chun, on travaille sur les réflexes ». Didier Beddar a souligné qu’il s’agissait de travailler relâché. Il a présenté le Wing Chun comme un Art « tout en déviations ».
Lorsque l’on est à distance de pied, contrôle visuel du genou de son adversaire. Lorsque l’on est à distance de poignet, contrôle visuel du coude de son adversaire.
Didier Beddar nous a parlé du triangle pour créer le déséquilibre chez l’autre. Il nous a aussi parlé du centre. Garder ou protéger notre centre. L’importance du contact physique permanent pour connaître le mouvement de son adversaire. Mais aussi de notre colonne vertébrale. La garder droite.
Avec l’Arnis, le Kung Fu Wing Chun m’est apparu comme l’autre discipline la plus technique à assimiler. C’étaient pour moi deux disciplines qui ne se donnent pas facilement en prime abord. Plus tard est arrivée la séance Taï Chi, le lendemain matin, avec Didier Beddar également. Et, là, j’ai parfois eu l’impression d’être dans une expérience métaphysique lorsqu’il nous a parlé de l’importance de garder ou de protéger notre centre mais aussi de la nécessité d’entraîner son adversaire vers le triangle.
Même si j’ai retenu grâce à Didier Beddar que le gros orteil est en quelque sorte l’appendice de la motricité et le petit doigt de pied, celui de la stabilité.
De 0h15 à 1h30, Ronan Datausse est intervenu comme expert en Penchak Silat. C’était assez « drôle », de manière décalée, de nous entraîner à une heure du matin à réaliser des torsions cervicales en cas d’agression.
Ronan Datausse nous a dit que nous devions imaginer que nous étions des araignées tissant notre toile autour de notre proie, notre agresseur qui, au départ, nous avait pris « pour un agneau ».
Ronan Datausse nous a appris qu’au départ, le Penchak Silat était un art de guerre appris par les Indonésiens qui ont des petits gabarits. Le Penchak Silat, originellement, est un art de destruction.
Ronan Datausse nous a aussi fait travailler les frappes multidirectionnelles. Cela m’a beaucoup plu.
Léo Tamaki est intervenu de 1h45 à 3 heures. Je n’ai plus rien noté à partir de ce moment-là mais je vais écrire de tête.
Ce créneau horaire est un horaire tranchant. Peut-être le plus charnière. Nous entrons alors dans la deuxième partie de ces 24 heures. En plus, le Penchak Silat “de” Ronan Datausse a été dynamique et aussi “ludique”. L’ Aïkido, c’est une autre allure. C’est donc quitte. Ou double. Soit on s’ennuie, soit on se laisse entraîner.
Léo Tamaki a été permanent et pédagogique dès le coup de gong. Chaque séance débutait par un coup de gong. J’ai même eu l’impression que Léo Tamaki avait fait retentir le gong une à deux minutes plus tôt. Ensuite, Léo a pris le train en main.
Il y avait du rythme. Des séquences d’entraînement de 2 à 4 minutes. De la martialité et de l’humour. La nuit et le sommeil ont semblé sans prise sur lui. J’ai réentendu parler de
« dissociation ». Mais aussi :
« Recommencez, s’il vous plait ». Ce qui fait partie de ses signatures.
Je tenais comme je pouvais le long bâton qui m’avait été prêté face à G, plus avancé que moi en Aïkido lorsque Léo Tamaki est passé pour me montrer. Il s’agissait de laisser la gravité agir sur le bâton sans mettre de force. Je n’ai rien vu venir. Mon bâton a volé hors de mes mains trois ou quatre mètres plus loin comme si je ne l’avais pas tenu.
Un peu plus tard, il convenait de « couper » son partenaire avec le tranchant de la main au niveau de ses deux poignets qu’il tenait joints devant nous. Léo Tamaki est repassé. Il m’a montré sur mes poignets. Il n’a pas mis (beaucoup) de force. J’ai senti la coupe. Le temps de me relever, il était déjà à nouveau parti.
L’intervention était variée, attractive. Même si, pour moi, l’Aïkido a fait partie des disciplines les plus délicates techniquement de ces 24 heures du Samouraï avec le Wing Chun, l’Arnis….et le Tai Chi dispensé par Didier Beddar.
C’était bien pensé de clôturer ces 24 heures par le Tai Chi Quan et l’Aïkido.
Sortie de Dojo :
A l’issue des 24 heures, 80 personnes avaient participé aux 16 séances proposées, glanant les quatre bracelets. L’année dernière, à Nantes, seules 10 personnes y étaient parvenues. Les 80 personnes ont été applaudies.
Quant à moi, arrivé aux 24 heures du Samouraï avec un point de contracture à la cuisse et désobéissant aux recommandations de mon kiné (« Cela revient à jeter une pièce en l’air »), j’ai participé à 11 séances ratant d’une séance le troisième bracelet que j’aurais bien aimé obtenir. Je n’avais pas l’ambition de faire toutes les séances ( 16).
“Tous les voyants sont au vert” m’a dit mon kiné il y a quelques heures à propos de ma cuisse. Je n’ai pas- encore- osé lui dire que j’avais participé ce week-end aux 24 heures du Samouraï.
Au début des 24 heures du Samouraï, j’ai cru que je n’obtiendrais même pas le bracelet vert, ce qui correspond à quatre séances. Mais, finalement, cela tend à démontrer que les soins apportés par mon kiné sont bons et qu’une pratique raisonnable des Arts martiaux est possible sans se blesser. Je me suis par exemple abstenu d’essayer de faire les déplacements toniques, presque sautés, proposés par Bertrand Jaillet en karaté shotokan. J’ai aussi laissé passer la première séance de Ju-Jitsu brésilien avec David Pierre-Louis en pensant, à tort, aux randoris.
Et, je dormais lors de sa seconde séance. Car entre 4h40 et 7h50, après une douche et une seconde séance de shiatsu (séances de shiatsu qui ont aussi très certainement aidé à la prévention de blessures supplémentaires), j’ai dormi dans mon sac de couchage sur un coin du tatami comme deux ou trois autres, la petite salle de repos étant pleine lorsque je m’y suis présenté.
En sortant du dojo plus de 24 heures après y être entré, j’ai été moins décalé que ce à quoi je m’attendais.
Depuis, je me demande ce que cela a changé ou contribué à changer en moi.
Même si je suis loin d’avoir assimilé tout ce que j’ai vu, vécu, entendu ou essayé de pratiquer, commençons d’abord par dire que je suis content d’avoir vécu l’expérience.
J’avais envisagé d’écrire sur cet événement bien plus tard. A la lecture de cet article, rédigé finalement beaucoup plus rapidement que prévu, on pourra mesurer comme les 24 heures du Samouraï m’ont inspiré.
Concernant la « performance » des 24 heures, si je n’avais pas de doute quant au fait que trois heures de sommeil me conviendraient pour me remettre à un moment donné (comme d’autres, j’ai dormi de manière immédiate et compacte une fois couché sur le tatami malgré l’animation et les stimulations environnantes), je n’avais pas d’idée précise quant à ma capacité de résistance physique et mentale à la fatigue. C’était bien de pouvoir pratiquer malgré ou avec la fatigue tant mentale que physique. C’était évidemment la première fois que je pratiquais autant en si peu de temps.
Je pourrais faire un trait d’humour et écrire que, depuis les 24 heures du Samouraï, j’ai surtout l’impression de mieux comprendre le créole haïtien. Mais le fait est qu’après avoir pris part à autant de « séances » (sans combats) martiales sans me faire mal, je me dis que je pourrais quand même prendre le temps de faire le nécessaire pour obtenir et « donner » à Pascal, mon prof de judo, cette ceinture noire qu’il attend de moi depuis une vingtaine d’années. La ceinture noire n’étant qu’un début, comme il l’a rappelé, et non une fin en soi.
Il me reste d’autres photos ( sur lesquelles, notamment, figurent Kang Jong Lee et David Pierre-Louis ) que j’aurais bien voulu insérer dans cet article. Mais, pour l’instant, je n’ai pas réussi à le faire malgré diverses tentatives pour des raisons techniques qui me dépassent. Des histoires de codes et de téléchargement de fichier. J’ai opté pour rédiger cet article et le publier maintenant tel quel quitte à le compléter plus tard. Car, ce jeudi, c’est à dire dans quelques heures, je pars quelques jours à Camaret, en Bretagne, avec mon club d’apnée, afin de continuer à m’initier à la chasse sous-marine.
Il est probable que le concert de Beyoncé sera passé lorsque je parviendrai, enfin, à rajouter ces autres photos des 24 heures du Samouraï.
Avec Léo Tamaki, ce dimanche 21 Mai 2023, à la fin des 24 heures du Samouraï.
Avant les 24 heures du Samouraï au dojo d’Herblay ce 20 et 21 Mai 2023.
Demain, à midi, débutent les 24 heures du Samouraï. Il y a environ quarante huit heures, nous avons reçu un mail de l’équipe des 24 heures du Samouraï pour nous donner quelques informations et nous faire quelques recommandations. Cela donne peut-être un côté secret à l’événement, unique en France. Pourtant, il n’y a rien de secret pour quiconque s’attarde un peu sur ce qu’il y a de relatif aux Arts Martiaux. L’année dernière, les 24 heures du Samouraï s’étaient déroulées à Nantes. Dans le magazine Yashima de ce mois de mars 2023, Tanguy Le Vourch’ en raconte la genèse, au sein de l’école Kishinkai Aïkido d’après une idée de Léo Tamaki.
Pour cette deuxième édition des 24 heures du Samouraï qui se dérouleront dans le dojo d’Herblay où enseigne Issei Tamaki, dans le Val d’Oise, seront présents les experts suivants :
Didier Beddar pour le Wing Chun et le Tai Chi.
Kang Jong Lee pour le Hapkimudo.
Lionel Froidure pour le karaté et l’Eskrima.
David Pierre-Louis pour le Jiujitsu brésilien.
Jérôme Kadian pour le Systema.
Didier Lorho pour le Uechi-Ryû.
Ronan Datausse pour le Penchak Silat.
Léo Tamaki pour l’Aikido.
Bertrand Jaillet pour le Shotokan.
Un stand de pratiquants de Shiatsu sera également présent.
J’ai déjà croisé ou rencontré deux ou trois de ces experts ( Léo Tamaki (Dojo 5) , David Pierre-Louis, Didier Beddar ( Marcher jusqu’à un Maitre de Kung Fu Wing Chun traditionnel ). Je vais découvrir les autres. Le judo est la discipline que je « connais » le mieux. Mais je n’ai pas pratiqué depuis très longtemps. Lorsque j’ai appelé mon professeur, Pascal Fleury, cette semaine, celui-ci m’a à nouveau « reproché » de ne toujours pas avoir passé ma ceinture noire. Pascal m’a aussi rappelé ce temps où, il y a plusieurs années, Léo Tamaki venait enseigner l’Aïkido, rue Michel Lecomte, là où j’ai passé mes ceintures de judo dans les années 90.
Ces dernières semaines, je suis aussi devenu un pratiquant irrégulier de mon blog. Mais je ne pouvais pas laisser passer cet article la veille des 24 heures du Samouraï.
Demain matin, les inscriptions commenceront à 10h45. J’ai déjà mon billet d’entrée. La cérémonie d’ouverture aura lieu à 11h45. Il faudra être prêt et en kimono. Prévoir plusieurs kimonos pour des raisons d’hygiène. Je suis allé en acheter un second ce matin. Bien s’hydrater durant ces 24 heures. J’ai prévu ce qu’il faut et un stand de restauration est prévu sur place. Amener son nécessaire de toilette pour se rafraîchir. Mais aussi son sac de couchage et un oreiller. Une aire de repos est prévue dans le dojo.
Les 24 heures du Samouraï sont ouvertes à toute personne curieuse, de bonne volonté et en suffisamment bonne condition physique quelle que soit son niveau ou sa discipline de pratique.
Je me demande si je suis « prêt ». Des séances d’1h15 environ pendant 24 heures. Avec dix à quinze minutes de pause entre chaque intervention.
Je n’avais pas prévu de tout « faire » de toute façon. Mais, cette semaine, mon kiné m’a répondu que participer à cet événement revenait pour moi à « lancer une pièce en l’air ». J’ai une contracture à la cuisse. Le vélotaf, je peux, l’apnée ( hors compétition), je peux. Mais pas les Arts Martiaux ou les sports de combat qui exigent ou peuvent exiger une disponibilité soudaine et totale en termes d’engagement physique et mental.
J’ai encore le choix. Renoncer. Forcer. Regarder. Ou me faufiler.
Tout à l’heure, j’ai changé de sac. Après ma sieste, je me suis avisé que je pouvais mieux faire en matière de rangement.
J’en ai pris un autre pour disposer mes kimonos. S’économiser autant que possible. Disposer ses affaires de la façon la plus pratique. Prévoir ce qu’il faut mais sans pour autant trop s’encombrer. Un vrai voyage ! Mes appareils photos, deux sacs. Je vais sans doute emmener une petite glacière rigide afin d’y mettre bouteille d’eau, thermos et un peu de nourriture. Cela ne m’empêchera pas d’aller faire un tour au stand de restauration pour avaler ou manger quelque chose de chaud. Et pour discuter.
L’équipe des 24 heures du Samouraï nous a appris par mail qu’il était prévu des retards sur la ligne de train de banlieue qui dessert Herblay depuis Paris. Pour une fois, en qualité de banlieusard, je suis favorisé :
J’habite à Argenteuil, pas très loin. Et je viendrai avec ma voiture. J’ai repéré l’endroit il y a plus d’un mois.
Je m’attends à ce qu’il y ait beaucoup de monde. Plus d’une centaine de personnes puisque le dojo est grand ( 750 mètres carrés ?). De Paris, de banlieue et de province.
Dans cet univers généralement très masculin, je me demande, sans arrière pensée particulière, dans quelle proportion il y aura des femmes. Je dirais : 20 pour cent. Et, je me hasarde à croire que l’avenir des Arts martiaux serait peut-être davantage assuré s’il y avait plus de pratiquantes et d’expertes féminines dans ces domaines. Pour aller acheter mon second kimono, ce matin, j’ai proposé à ma fille de venir avec moi à Paris. Elle a spontanément accepté. J’en suis très content. Pour la première fois, j’ai rompu avec la tradition en achetant un kimono bleu. 85 euros.
Demain, le dojo d’Herblay deviendra un couvent martial où nous essaierons de nous extraire du cratère de nos enchevêtrements. Nous chercherons le merveilleux voire un monde qui a disparu et nous tenterons de lui réattribuer un espace dans nos corps et dans nos rêves.
Maitre Jean-Pierre Vignau à la SACD, rue Ballu, Paris, ce mardi 25 avril 2023.
On trouve chez un Maitre ce que l’on croit et ce que l’on craint.
On trouve chez un Maitre ce que l’on cherche, ce que l’on a perdu ou égaré.
Jean-Pierre Vignau, président de l’I.B.A France, 9ème dan I.B.A de Karaté Shotokan, 6ème dan I.B.A d’Atemi-jitsu (Self-défense), 3ème dan I.B.A de Kobudo, 2ème dan I.B.A de judo et d’Aïkido, pour moi, fait partie de ces Maitres.
Peut-être que les apparences ou la forme de cet article sont contre lui et contre moi, son auteur. Et qu’en commençant la lecture de cet article, on se dit qu’il s’agit d’un exercice de philo ou d’une révision avant les épreuves du Bac dans quelques mois.
Peut-être aussi que l’on peut se dire que c’est un article de plus à ranger dans la catégorie de la branlette intellectuelle. Alors que ce l’on que l’on veut, c’est surtout, et rapidement, et toujours, plus d’efficacité, du concret et des techniques qui marchent tout de suite, tout le temps et à volonté.
Pas du bla-bla.
Mais je crois qu’il faut quand même commencer cet article comme ça. Et que c’est surtout de la vie, de notre vie, de nos choix, de notre santé mentale et physique, de nos décisions et de nos libertés dont je parle.
Et dont les Arts Martiaux, toujours, nous parlent.
Jean-Pierre Vignau ne dira rien à beaucoup de personnes aujourd’hui, en 2023. Moi-même, il y a encore trois ans, je ne connaissais pas Jean-Pierre Vignau, Maitre d’Arts Martiaux, 78 ou 79 ans cette année.
Il y a encore trois ans, je ne connaissais pas Jean-Pierre Vignau malgré le fait que depuis plus d’une trentaine d’années, j’ai souvent été attiré par les Arts Martiaux sous plusieurs de leurs représentations ou expériences. Sur un tatamis, au cinéma, dans mes lectures ou même dans certains de mes voyages (le Japon en 1999).
Enfant, comme beaucoup, j’avais été fasciné par Bruce Lee. Evidemment. Et, j’avais « fait » un peu de karaté jusqu’à la ceinture verte. J’avais 12 ou 13 ans. J’étais assez appliqué, je connaissais mes katas. Puis, j’ai arrêté. Sans doute parce-que, pour moi, alors, faire du karaté ou de la boxe anglaise, c’était avant tout apprendre à se défendre, à donner des coups de pied et des coups de poing. Apprendre à devenir « fort » et viril. A devenir un Homme.
A ne pas avoir peur. A n’avoir-jamais- peur de rien.
Peu m’importait la différence qu’il pouvait y avoir entre du Kung Fu et du karaté. Le karaté était ce qui me parlait le plus ou ce qui était connu de moi, là où je vivais alors, avec mes parents, dans une cité à Nanterre. Dans un immeuble HLM de 18 étages. Si nous avions vécu à l’époque dans le 13ème arrondissement de Paris, peut-être aurais-je pu mieux commencer à faire la différence entre le Kung Fu et du Karaté.
Puis, grâce à un concours de circonstances, après le karaté, plus tard, il y a eu la pratique du Judo pendant une dizaine d’années. Un sport de combat découvert à l’université de Nanterre. Un peu par hasard. Une histoire d’horaires de cours qui m’a empêché d’aller plutôt découvrir la boxe anglaise comme je le souhaitais.
Le judo m’avait rapidement flatté. Parce-que la nouveauté et mes aptitudes athlétiques, toniques, explosives et instinctives, enfin, me permettaient d’être « bon ». De « battre » des pratiquants plus expérimentés que moi. Ou de leur donner du mal. Et puis, je pouvais, à nouveau, m’entraîner régulièrement sans me blesser. Sans me donner ces contractures aux ischio-jambiers que le sprint, en athlétisme, m’avait « laissées ».
Beaucoup de pratiquants d’un sport ou d’une activité physique ou martiale ont dans leur pratique ou leurs « bagages » des cicatrices liées à l’engagement de leur corps et de leur volonté dans leur activité sportive ou physique préférée. Une activité ou, souvent, ils se sont constitués des amitiés, des amours ou des inimitiés passionnelles, profondes ou définitives.
Ces cicatrices, liées à une pratique répétée ou intensive, sont souvent vécues comme des injustices ou, au contraire, regardées avec fierté comme des blessures de guerrier. Des blessures de combattant. Des blessures de samouraï.
Il faut du temps pour comprendre qu’un certain nombre de ces blessures physiques, mais aussi morales, prédatrices de notre temps et de notre organisme ou de nos relations, ne sont pas aussi nécessaires que l’on a besoin de le croire afin de devenir « bon » ou le « meilleur » ou le « champion » que l’on aspire à être à nos yeux ou dans le regard des autres.
Comme je ne l’avais pas encore compris en pratiquant le judo, j’ai continué de me blesser. Ou j’ai recommencé à me blesser en «faisant » du judo.
Et puis, j’en ai eu assez du Judo. J’ai fait un petit peu de Ju-Jitsu brésilien. A l’époque, les frères Gracie étaient la référence ultime du Ju-Jitsu brésilien.
Puis, quelques années plus tard, j’ai « fait » un petit peu de boxe française où, là, je me suis cette fois rompu le tendon d’achille lors d’un exercice tout simple. Après ça, pendant quelques années, j’ai arrêté tout ce qui pouvait ressembler à la pratique du combat ou d’un Art martial. Tout en continuant bien-sûr, de temps à autre, à lire ou à regarder ici ou là, ce qui pouvait avoir trait aux Arts Martiaux, au combat etc…
Puis sont arrivés la pandémie du Covid en 2020 et les confinements. Le passe sanitaire, la restriction de nos sorties, de nos déplacements géographiques ou kilométriques. L’angoisse et la peur massive de notre anéantissement proche ou quasi-immédiat.
J’ai fait partie des personnes dont la profession a été jugée comme « essentielle ». Je suis infirmier en pédopsychiatrie et en psychiatrie depuis des années. J’ai donc continué à travailler durant la pandémie. D’abord sans masque et sans protection matérielle réelle. Mais aussi, au début, sans vaccin anti-Covid.
Et pour limiter ce refuge dans l’angoisse dans laquelle nous étions nombreux à être tombés et séquestrés, j’ai un moment décidé de trouver des échappatoires aussi dans la lecture de journaux.
Par chance, il y avait près de mon lieu de travail, dans le 13 ème arrondissement de Paris, à métro Gobelins, un des rares centres de presse restés ouverts durant la pandémie et les confinements successifs : Le Canon de la Presse.
Le Yashima d’octobre 2020, acheté au Canon de la Presse, métro Gobelins, Paris 13ème.
C’est là que j’ai commencé à me fournir, aussi, en Yashima, Aïkido, Self & Dragon…..et à découvrir, donc, Maitre Jean-Pierre Vignau, lors de son interview par Maitre Léo Tamaki dont j’avais découvert l’existence à peine quelques jours ou quelques semaines auparavant.
« Les Arts Martiaux, ça ne se résume pas à seulement apprendre à donner des coups de pied et des coups de poing… ».
C’est ce que j’ai affirmé il y a encore quelques jours à ma propre compagne qui avait voulu voir dans mon souhait de participer au Masters Tour proposé et organisé annuellement au Japon par Léo Tamaki, Maitre d’Aïkido, un temps élève de Maitre Jean-Pierre Vignau, une simple démarche touristique.
La quête d’une certaine spiritualité et d’un certain sens à notre vie se trouve aussi dans la pratique des Arts Martiaux. Les religions ne sont pas les seuls domaines ou les seules disciplines grâce auxquelles on peut s’aider à s’élever spirituellement mais aussi en tant qu’être humain. Et, il me semble que beaucoup de personnes l’ignorent ou l’ont oublié lorsqu’elles (vous) parlent des Arts Martiaux. Pour ces personnes, les Arts Martiaux mais aussi les sports de combat, c’est surtout du spectacle, une mise en scène proche du cirque. Ou ça revient à se rendre à un concert ou à une séance de cinéma afin de se distraire ou de se défouler pour se vider la tête avant de rentrer chez soi ou repartir au travail le soir ou le lendemain. Ou ça revient à apprendre à se « défendre » et à pouvoir se sentir fort lorsque l’on sort ou afin de protéger une personne à laquelle on tient.
Je me suis plusieurs fois senti très fort il y a plusieurs années alors que je revenais d’une bonne séance de Judo dans mon club. Je marchais très sûr de moi en rentrant. C’était une sensation très agréable et, pourtant, trompeuse. Surtout dans des rues désertes, la nuit, où personne ne nous veut du mal. Alors qu’en plein jour, lors de certaines situations émotionnellement et affectivement difficiles pour moi, je pouvais perdre mes moyens comme si je n’avais rien appris ou étais un incapable majeur.
Ce mardi soir, à la SACD, un des élèves de Maitre Jean-Pierre Vignau depuis plus de quarante ans, l’a d’abord remercié pour tout ce qu’il lui avait apporté dans sa vie. Puis, il lui a demandé :
« Pourquoi tu contiens toujours autant tes émotions, Jean-Pierre?».
Debout face à nous tous dans la salle, après la projection du premier documentaire (de Jean de Loriol) qui faisait son portrait dans Le Maitre et le batard, et avant la projection du documentaire Dans la tête du videur ( toujours réalisé par Jean de Loriol) Jean-Pierre a répondu :
« Je n’ai pas le temps ! ».
Nous avons sans doute tous rigolé dans la salle. Beaucoup de Jean-Pierre est contenu dans cette phrase. Simple. Concret. Direct. Pratique. Tranchant. Efficace. Impliqué.
Un Maitre d’Arts martiaux, c’est quelqu’un, qui, incessamment, se remet à son ouvrage et donne le meilleur de lui.
Sans se décourager.
Après plus d’une vingtaine d’années d’existence, son dojo le Fair-Play Sport a dû fermer, pour raisons économiques, à cause de la pandémie et du Covid ( lire Le Dojo de Jean-Pierre Vignau ?) Désormais, Jean-Pierre dispense ses enseignements à la Maison du Taiji au 57, rue Jules Ferry à Bagnolet, métro Robespierre, ligne 9.
Dans son interview par Léo Tamaki, par lequel je l’avais découvert en plein confinement sanitaire, Jean-Pierre disait à un moment donné :
« Mais, moi, pour certains, je suis un malade mental ! ». Cela m’avait beaucoup plu.
Mais ce qui m’avait aussi beaucoup plu, c’était ce qu’il disait de son Dojo, le Fair-Play Sport. Un endroit où il demandait à chaque pratiquant de laisser ses soucis à l’extérieur et où il acceptait tout le monde dès lors que celui-ci respectait les règles du Dojo.
Et ce qui continue de me plaire chez lui, c’est sa longévité, sa liberté.
J’ai appris seulement cette semaine que le boxeur Marvin Hagler, surnommé « The Marvelous », très grand champion de boxe, était décédé seulement à l’âge de 66 ans en 2021.
Pour moi, un Maitre, c’est aussi sa longévité. Car sa longévité démontre aussi que ce qu’il pratique et enseigne est favorable à la vie. Et au meilleur de la vie. Entre-autres, à une vie active où, au delà de soixante dix ans au minimum, on continue de pouvoir pratiquer, de transmettre et d’être un exemple pour d’autres.
Cette remarque est sans doute lapidaire ou peut-être injuste. Mais lorsque l’on prend le temps de regarder de près l’âge de décès de bien des Maitres d’Arts Martiaux, étrangers ou français, ou encore en activité, on s’aperçoit qu’ils dépassent souvent ou régulièrement les 70 années d’existence.
Lorsque l’on sait que Jean-Pierre a eu le contraire d’une vie pépère et casanière, cela nous convainc encore plus facilement des bienfaits de la pratique martiale.
Cette longévité nous assure aussi que les choix de vie, les décisions mais aussi les libertés que ces Maitres ont pris ou su prendre, avec les risques qu’ont comporté et que comportent ces choix de vie et ces décisions, étaient les bons ou les meilleurs pour eux mais aussi pour celles et ceux qui les entourent et viennent chercher auprès d’eux Savoir et Expérience.
Le terme de « Maitre » peut aussi beaucoup déranger dans un pays démocratique et libre où l’on confond facilement les libertés dont on croit disposer avec nos libertés réelles et véritables. Pourtant, il est tout un ensemble de Maitres que nous préférons suivre ou croire par facilité, conformité, fainéantise, ignorance ou volonté de « réussite » ou…de maitrise :
Le smartphone dernier cri, tous nos écrans dans lesquels nous sommes plongés et ancrés en permanence, gagner plus d’argent, certaines influenceuses ou influenceurs, certaines tendances, certains types d’informations, certains types de rencontres ou de relations. L’anxiété. La peur. L’envie. Certains désirs.
Donc, pour moi, le terme de « Maitre d’Arts martiaux » ne doit pas faire peur pour peu que l’on a bien-sûr pris le temps de bien choisir ce qui nous correspond et ce que l’on recherche chez un Maitre.
Enfin, la reconnaissance par certains de leurs pairs, Maitres d’Arts martiaux également, nous confirme aussi la légitimité de ces Maitres d’Arts martiaux.
Ce mardi 25 avril 2023, à la SACD, rue Ballu, à Paris, lors de cette soirée consacrée à Maitre Jean-Pierre Vignau, j’ai ainsi pu reconnaître en personne Maitre PierrePortocarrero ainsi que Maitre Remi Mollet. Malheureusement, je n’ai pas eu la présence d’esprit de les prendre en photo.
Cependant, je crois que leur présence comme celle de différents élèves de Jean-Pierre Vignau, comme celle de certains de ses proches et amis de plusieurs années ( dont sa femme Tina et Jean-Pierre Leloup) continuait d’attester de sa totale légitimité en tant que Maitre.
Il est bien sûr préférable d’être déprimé plutôt que dépressif.
Mais on ne choisit pas.
En surface, et en société, lorsque l’on nous demande:
« Tu vas bien ? », il « vaut » mieux bien sûr répondre – et dans un grand et magnifique sourire- (un peu comme si on venait de se désaltérer en buvant un grand verre d’eau bien fraîche ou de sortir d’une très bonne séance de massage non érotique ) :
« Oui, ça va ! ».
Notre sourire doit être un tourbillon de bien-être. Une mini-réplique de Autant en emporte le bonheur.
Peu importe que l’on ait surtout envie d’immoler par le feu ou de démolir à peu près tout ce que l’on approche à commencer par soi-même.
Et, il vaut mieux y croire soi-même un petit peu lorsque l’on affirme que tout va bien.
Tout va hyper-bien. Nous ne nous sommes jamais sentis aussi bien. C’était ce que nous avions déja affirmé toutes les autres fois. Mais, cette fois-ci, c’est encore plus vrai que d’habitude.
Il s’agit d’être crédible dans son rôle. Et tout de suite.
Si on peut, on peut même en rajouter en disant :
« Bien-sur que ça va ?! Toujours ! Pourquoi ?! Y a un problème ?! Quel problème ?! Et toi, ça va ?! ».
Il faut bien montrer qu’il faudra s’y mettre au moins à quatre pour essayer de nous abattre.
Cette réponse, c’est un peu notre carte de visite.
Notre coefficient de fréquentabilité voire de respectabilité.
Cette réponse nous rend « bankable », désirable ou non. Allez voir votre conseillère bancaire pour obtenir un prêt en lui laissant imaginer que votre véritable projet est surtout de vous suicider sitôt que vous l’aurez quittée….
Personne ne désire un bout de bois tout vermoulu plein de champignons dont même les vers se séparent.
Personne.
Si l’on répond ou décide de répondre :
« ça ne va pas… », les réactions et les divers algorithmes autour de soi se mettent à varier selon les interlocuteurs.
Cela peut aller de la fuite à la curiosité voyeuriste et quasi-extatique ( « Enfin… »).
En passant par la pitié ou le dédain.
Et, tout de même, aussi, on peut rencontrer de l’attention bienveillante proche du partage. C’est le côté jardinier chez certains. Ou le côté mitoyen. Car quelqu’un peut ainsi vous souffler dans l’oreille : « Moi, aussi…tu sais ».
Etre déprimé, c’est la honte. C’est comme ne pas savoir danser lors d’une soirée zouk ou salsa alors que tout le monde danse et a l’air de très bien s’amuser. Il n’y a plus qu’à attendre qu’un peu plus de monde soit alcoolisé ou défoncé pour que cela perde de son importance. Ou, peut-être vaut-il mieux envisager de partir pendant que personne ne semble nous remarquer. Même si l’on sait qu’une fois que l’on sera parti (e) que tout le monde parlera de nous ensuite comme de la personne pathétique et seule dans son coin qui ne parlait à personne. Et à qui personne n’avait envie d’aller parler.
Etre déprimé est plutôt l’exemple à ne pas suivre. L’image à ne pas donner de soi. La déprime est au moral ce que la vergeture ou l’embonpoint est au corps. Ça dispose d’une volonté propre aspirée par la pesanteur et le fond de l’abysse. Non seulement ça vous entraîne mais, en plus, ça vous suit partout à un moment donné. ça vous attire même de nouveaux amis tout autant déprimés.
A moins d’être habile pour savoir à qui s’adresser en de pareilles circonstances sans que cela n’ait de graves conséquences.
Car, le déprimé ou la déprimée, c’est « le » loser. Celle ou celui que l’on va épier dans Closer.
C’est celle ou celui qui attire la malchance ou le mauvais sort sur elle ou sur lui et qui pourrait le transmettre à toute personne proche de son corps.
Cette personne est rarement photogénique ou ciné-génique. On n’a pas très envie de se faire prendre en selfie avec. A moins de s’appeler Tiger Woods, Serge Gainsbourg, Amy Winehouse, Céline Dion ou Stromae.
Bien des productions du spectacle « vivant » l’ont bien compris.
Il y a quelques jours, je suis allé voir le film Les Trois Mousquetaires. D’Artagnan de Martin Bourbolon. Un film français sorti ce 5 avril 2023 et qui marche très bien.
Je n’ai pas écrit : « Un film français qui déprime ». Mais un film français qui « marche très bien ». Afin, aussi, de faire savoir que les réalisateurs français savent ou ont appris à faire des films qui marchent plutôt que des réclames publicitaires pour le prozac et le lexomil.
Hé bien, dans Les Trois Mousquetaires. D’Artagnan, aucun des protagonistes principaux ne déprime.
Sauf Athos, très bien joué par Vincent Cassel. On peut même déclarer que Athos/ Vincent Cassel est dépressif.
Athos joué par Vincent Cassel.
Mais « sans pathos ».
Dans le film, Athos le dépressif dont les « remords » ou les « tourments » ont appris à nager reste un modèle auquel on aimerait beaucoup ressembler. Et ça, c’est un grand tour de force.
La force, qu’elle soit mentale, morale, intellectuelle, affective, viscérale ou physique, c’est ce qui manque au déprimé et encore plus au dépressif. Et, c’est, aussi, ce qu’on lui reproche.
Ou, ce dont on peut abuser.
Athos/ Vincent Cassel entre Aramis/ Romain Duris et D’Artagnan/ François Civil.
Cependant, Athos, lui, ne manque pas de force. Son caractère subversif ou « disruptif », sa liberté, son sens de l’honneur, son humour, son courage, sa vitalité érectile et, bien-sûr, son expertise dans les armes et l’art du combat font d’Athos un homme fort. Sa dépression est un peu son auréole d’être humain. Sans elle, Athos serait un demi Dieu ou un Dieu.
Un surhomme.
On ne le dirait pas comme ça parce-que nous sommes beaucoup influencés par la « modernité » de ce que nous voyons, mais les trois Mousquetaires sont bien l’équivalent des ninjas ou des super-héros que nous pouvons voir dans des productions asiatiques et américaines :
La scène de combat, nocturne, en pleine forêt, et à l’épée, entre D’Artagnan (joué par François Civil) et Athos/ Vincent Cassel « le dépressif » vaut bien une scène de combat de « type » ninja. Ou une tentative de sodomie dans une back room.
Mais cette scène d’escrime peut nous séduire au point de nous faire oublier le sujet de la déprime. Alors, redevenons terre à terre. Retournons aux « bouseux ».
Cait/ l’actrice Catherine Clinch dans The Quiet Girl
Dans le film The Quiet girl (« film en langue irlandaise le plus rentable de tous les temps ») on retrouve aussi la même idée vis à vis de la déprime.
The Quiet Girl est un film réalisé par Colm Bairéad et sorti en salles ce 12 avril 2023.
Je suis allé le voir cette semaine, ce lundi 17 avril 2023 très précisément. Puisque les critiques étaient très élogieuses :
« La pépite irlandaise » ; « un film irlandais tout en sensibilité » ; « la belle histoire d’un petit film qui devient grand…. ».
Le film a été retenu pour les Oscars. C’est un grand succès en devenir tant commercial que critique.
Dès le générique du film, j’ai appris que The Quiet Girl était inspiré de la nouvelle, Les Trois lumières, écrite par Claire Keegan. Il se trouve que j’avais lu et beaucoup aimé cette nouvelle de Claire Keegan il y a environ cinq ans. Grâce à l’action de la médiathèque de ma ville, à Argenteuil, qui nous sollicitait pour lire plusieurs ouvrages venant de paraître afin d’en discuter entre nous mais, aussi, pour élire celui que nous avions préférés.
Mais dans The Quiet Girl, nous ne sommes pas à Argenteuil, ville de banlieue parisienne, très bétonnée, mal réputée. Et beaucoup moins exotique que l’Irlande.
Car cela se passe en Irlande. La jeune héroïne, Cait, peut faire penser à Cosette ou à une héroïne de Rue, cases nègres.
Je croyais au départ qu’il s’agissait d’une histoire d’inceste. J’ai dû confondre avec un autre film, également plébiscité par la critique, et sorti récemment, où une jeune fille subit un inceste.
Non. Pas de ça dans The Quiet girl.
Cependant, la petite Cait en prend néanmoins plein la tête dans sa famille.
Sa mère est une femme volontaire, travailleuse, croyante mais ignorante- ou rejetante- de tout moyen de contraception comme d’avortement. Nous sommes en Irlande.
ET dans les années 1970-1980.
Question mariage, la « pauvre » mère de Cait, comme beaucoup de femmes dirons-nous, a tiré le mauvais numéro à la loterie. Pour effectuer ce portrait du père, Picasso aurait sans doute accompli un nouveau chef d’œuvre.
Le père de Cait est en effet fumeur, fumiste, buveur de bière, joueur, queutard, reproducteur de viande – ou d’enfants- à la chaine mais aussi débiteur de défaites en tout genre.
Et c’est un violent moral.
Le père de Cait est le portrait du bon beauf ou du mec « normal » diraient certaines personnes. Ce qui n’empêchera pas certaines de ces mêmes personnes de finir leur nuit ou leur vie avec ce même genre de mec par ailleurs. Car chacun sa vie, chacun ses choix et tout le monde est libre de faire à peu près ce qu’il ou elle veut comme tout le monde le sait.
Etant donné les dispositions de ses parents, on se dit que la jeune Cait pourrait peut-être trouver refuge dans cette solidarité qui se trouve parfois entre frères et sœurs ou chez quelque enfant de son âge.
Mais c’est chacun pour soi. La jeune Cait passe plutôt pour être « weird » ( « bizarre ») auprès des autres. Et le Professeur Xavier, mentor des X-Men, ne lui trouve pas de super-pouvoir de mutante pour avoir envie de venir la sauver en Irlande ou lui parler dans sa tête afin de lui recommander de continuer de croire en elle. Quant à Dieu, ou un autre, il ne se manifeste pas particulièrement sous la forme de visions pouvant au moins faire d’elle l’équivalent d’une Jeanne d’Arc ou d’une quelconque aventurière.
Moralité : Cait n’est pas du tout faite pour cette guerre totale qu’est sa vie sur terre depuis son plus jeune âge. Et, elle est vraiment très seule sur terre. Il n’y a même pas un réseau social de disponible sur lequel elle pourrait se trouver deux-trois amis. Et même si ça avait déja existé à cette époque, il est certain que dans son coin, il n’y aurait pas eu de réseau ou que son père aurait gardé en permanence la main dessus afin de se trouver ses plans cul comme on peut se trouver des plans came.
Aujourd’hui, en 2023, où l’on a « beaucoup » de recul et accompli diverses études sociologiques, psychologiques et bien-sûr scientifiques sur ce type de conditions de vie précoces ou « inaugurales », mais aussi beaucoup lu, on dirait que Cait a le profil type, voire le morphotype, de la jeune souffre-douleur destinée à être sacrifiée sur l’autel de la collectivité.
En se faisant harceler, tabasser ou, pourquoi pas, violer, engrosser, psychiatriser, clochardiser ou prostituer avant même sa majorité. En passant, bien sûr, par la consommation concentrée et répétée de diverses substances telles que tabac, stupéfiants ou autres.
Qu’est-ce que l’on croit ? Fille-mère toxicomane ou prostituée, c’est un projet de vie parfaitement normal pour une fille comme Cait vue de là d’où elle vient.
Chacun son karma.
En plus, Cait, contrairement à Billy Elliot ne sait même pas danser et ne montre même pas de disposition particulière pour cela. Elle pourrait au moins essayer d’esquisser quelques petits pas de danse.
Même pas.
Alors que contrairement à Billy Elliot mais aussi à l’adolescent du film Girl de Luke Dhont, Cait a pour elle d’appartenir dès sa naissance au genre sexué consacré pour la danse, la petite « idiote » délaisse complètement cet avantage et n’offre aucune volonté pour s’en sortir.
Sans prendre trop de risques, on peut se hasarder à conclure que Cait n’a aucune –bonne- carte en main. Et, alors qu’elle touche à peine ses dix ans, qu’elle a largement de quoi être dépressive, suicidaire ou très agressive.
Hé bien, pas de ça entre nous dans The Quiet Girl …
Tout le film durant, la petite Cait reste aussi douce, mignonne, gentille, sensible et jolie que le bon lait.
Cait sait se tenir.
Jamais, Cait ne se montre en colère. Une véritable petite sainte sur terre.
Une future femme soumise, peut-être. Ou une âme « pure » et sans défauts comme on dit. Et qui a pour elle, non seulement, d’avoir gardé, malgré elle, sa virginité mais aussi… son insouciance. Les deux vont peut-être ensemble. Cela n’est pas tout à fait souligné dans le film. J’ai pourtant fait attention de bien lire les sous-titres en Français.
Cait est l’enfant parfaite qui peut donner très facilement bonne conscience- et gratification- aux adultes qui savent prendre soin d’elle.
Ce qui n’est pas très difficile pour les adultes « éclairés » que nous sommes devant ce film.
Alors que dans la vraie vie, c’est étonnant comme notre aveuglement nous guide très facilement.
Résilience et rebondissements
Il y a à peine deux mois maintenant, au salon du livre d’Argenteuil, lors d’une discussion avec une adulte, peut-être grand-mère aujourd’hui, celle-ci a loué, voire presque revendiqué, la très forte capacité de « résilience » des enfants.
A écouter cette personne sincère et convaincue, on aurait presque pu conclure que tout enfant qui rencontre et vit des expériences difficiles ou très difficiles se « doit » d’être « résilient ». En caricaturant un peu sa logique, cela aurait pu donner à peu près ceci :
« Les enfants qui vivent la guerre en Ukraine ? Résilients ! Les enfants des gilets jaunes ? Résilients ! Les enfants de celles et ceux dont la récente réforme des retraites imposée à coup de 49.3 a un peu plus détruit celles et ceux, pour qui, deux années de travail supplémentaire, en raison de leurs conditions pénibles de travail, c’est beaucoup ? Résilients !
Les enfants des migrants morts en pleine mer après s’être faits arnaquer par des passeurs ? Résilients ! ».
J’en arrive à me dire que ce genre de raisonnement émis par des adultes, qu’ils soient des « spécialistes » de la petite enfance, de l’éducation ou d’anciens parents a pour but principal de rassurer ces adultes.
Et de leur donner bonne conscience en toute circonstance.
Il doit bien se trouver quelques unes et quelques uns de ces adultes parmi ces critiques et journalistes qui ont encensé The Quiet girl. Toujours prompts pour applaudir. Souvent absents lorsqu’il s’agit de véritablement tendre la main.
Pour ces quelques raisons, j’ai beaucoup de mal avec certains de ces termes avec lesquels nous sommes régulièrement badigeonnés comme on peut le faire sur la plage avec de la crème de bronzage avant une exposition prolongée au soleil :
« Résilience », « rebondir »…
Pour moi, la petite Cait attendrit parce qu’il est possible, sans trop de difficultés, de s’identifier à elle ou aux parents de substitution qui, dans le film, peuvent la sauver.
La « petite » est touchante. Les adultes qui la recueillent le sont tout autant. Et, entre les deux, il y a des méchants et des ignorants qui n’en valent vraiment pas la peine ainsi qu’une petite musique qui fait le service comme il se doit.
Tout ça, dans une période post-covid et de pénurie où l’on est devenu d’autant plus sensible au fait d’avoir une maison, son espace de liberté et d’autonomie à soi. Ce qui est le cas des parents de substitution qui ont également une souffrance intime et secrète. Ainsi qu’une grande maison bien chauffée à la campagne où l’on ne manque pas d’amour et de confort matériel.
Dans le film As Bestas de Rodrigo Sorogoyen, sorti en juillet 2022, les héros (adultes) paient par la mort et le harcèlement leur droit de passage définitif dans ce paradis étranger pour lequel ils avaient quitté un monde parisien et urbain fait d’artificialité.
Dans The Quiet Girl, nous sommes de plain pied dans la ruralité sauf que nous débutons par le plus mauvais et le plus misérable de ses extrêmes. Et, il s’agit de nous montrer que, malgré cela, il reste possible de sauver la petite Cait, et, à travers, elle, de sauver notre âme. Même si ses sœurs et son petit frère sont aussi mal partis qu’elle mais de cela on s’en contrefiche puisque l’on se focalise sur Cait.
Et puis, ce sera bientôt les vacances d’été et l’Irlande, c’est vraiment une très chouette destination pour le tourisme.
A la fin du film, à Paris, dans cette salle de cinéma près d’Odéon, j’ai aperçu deux personnes dont l’émotion était très visible. L’une d’elle essuyait ses larmes délicatement.
Je me suis quand même laissé prendre par l’émotion. Mais quelque chose m’a gêné dans le film :
On nous montre la petite Cait aux « meilleurs » moments de sa vie. Là où il est encore, de manière visible, possible de la sauver. Et lorsqu’elle est encore très « présentable ». Mignonne, polie, naïve, sans rancœur, vulnérable….
Cait est à peu près tout ce que l’on veut pouvoir attribuer à l’enfance et que nous avons plus ou moins perdu en devenant adultes ou que, une fois devenus adultes, nous avons pour devoir, en principe, de préserver chez les autres.
Chez celles et ceux qui nous entourent, petits ou grands, ou que nous aimons.
Ou sur ceux envers lesquels nous avons certaines responsabilités et sur qui nous pouvons exercer une certaine autorité.
Sauf que, sauvée ou non, pour moi, il est impossible que la jeune Cait reste aussi douce et aussi parfaite qu’on nous la montre.
Et, c’est pareil pour ses parents de substitution.
Pour moi, l’avenir de Cait pourrait ressembler à quelque héroïne du film Moi, Christiane F, 13 ans, droguée, prostituée ( 1981) ou du film Requiem for a dream ( 2000).
Mais cela, je l’écris seulement parce-que je suis déprimé, aigri, ou démesurément pessimiste et défaitiste. Parce-que j’ai des idées trop noires.
Ou parce-que je n’ai absolument rien compris au film.
Ce qui est le propre de la mentalité de tout cynique et de tout perdant.
Seuls celles et ceux qui sont combattifs, méritants – et résilients– peuvent véritablement apprécier le film à sa juste valeur.
The Quiet Girl est le film-filtre qui départagera les résilients de tous les autres. Après la séance, les « autres » seront priés de retourner au néant préalable de leur existence sans déranger. Puisqu’ils ne sont même pas capables de saisir la chance qui leur a été proposée, au travers de ce film, de croire en leur avenir et de se battre pour lui.
Parce-que, dans la vraie vie, on aime celles et ceux qui en prennent plein la gueule et qui résistent avec le sourire. Parce-que c’est cela, être sain d’esprit.
Pourtant, quoi de plus « normal » que la déprime ?
Il y a du faux et du suspect, voire de l’inquiétant, chez celle ou celui qui, en toutes circonstances, en dépit de ses ratés, de ses doutes, de ses inquiétudes ou de ses deuils affirme que tout va très bien ou que tout se déroule « absolument comme prévu ».
Le dirigeant actuel de la Chine, future Première Puissance Mondiale hypothétique, a raté neuf fois son admission au parti communiste chinois. On peut louer sa persévérance ou parler de « résilience » à son sujet et chercher à s’inspirer de son exemple. Pourtant, on peut aussi se dire que les refus qu’il avait rencontrés ou sa persévérance, finalement couronnée de succès, avaient leurs raisons d’être. Pour notre avenir.
Si déprimer est un état désagréable dont on aimerait souvent se dispenser, on peut aussi se dire que cela aurait été mieux si certaines personnes pouvaient simplement accepter de déprimer.
Mais nous sortons de l’hiver. Et même si je ne parle pas de celui évoqué dans la série Game of thrones, succès déjà daté, quoi de plus normal que de déprimer un peu ou beaucoup en ce moment?
Alors que nous avons changé d’année et sommes repassés à l’heure d’été. Alors que nous avons été plus ou moins éprouvés par le changement des saisons comme par certains événements divers personnels ou autres : guerre en Ukraine, pénuries diverses, augmentation du prix des denrées alimentaires, du prix de l’essence, réforme des retraites, conflits sociaux qui en découlent, réchauffement climatique, crise des migrants…
Quoi de plus normal que de déprimer devant certains de ces événements extérieurs mais aussi intimes et personnels ? Et d’avoir besoin de rester quelque peu en jachère, ou en retrait, durant quelques temps ?
Le temps de récupérer. Un temps parfois ou souvent difficile à évaluer.
Il faudrait ou nous devrions être capables de prédire combien de temps nous sera nécessaire afin de pouvoir véritablement récupérer des efforts et des événements passés. Et, autant que possible, nous devrions raccourcir au plus vite cette période de récupération, pouvoir annoncer son terme afin de pouvoir être à nouveau opérationnels et disponibles et en première ligne sur tous les fronts du monde pour le confort et la satisfaction de quelques autres.
Comme s’il ne s’était jamais rien passé de marquant dans notre vie. Comme si le deuil et sa nécessité n’existaient pas dans notre vie. Comme si nous étions des êtres éternels et inchangés malgré le temps qui passe. Comme si nous étions indifférents à notre usure ou à notre sentiment d’usure ou de blessure intérieur et personnel.
Comme si nous étions, aussi, des pièces mais aussi des expériences interchangeables.
Chaque fois que l’on refuse l’idée d’être déprimé, on refuse aussi l’idée de faire partie de l’humanité et de notre particularité. Et, on devient, alors, autre chose ou quelqu’un d’autre. Un personnage de film ou de bande dessinée. Un dictateur ou une petite sainte.
Malgré nos « victoires » et nos « succès » publics ou d’estime.
Notre sourire intérieur importe plus que celui qui se voit, se récompense et s’entend. Lui seul peut véritablement nous tenir à distance de la déprime et de la dépression. Et, il est plus difficile à obtenir et à préserver.
Ce jeudi 16 mars 2023, vers 20H30, après le travail, pour rentrer chez moi, j’ai pris le même chemin que d’habitude.
Banlieusard de naissance, je travaille à Paris depuis l’été 2009. Depuis février 2021, j’ai découvert l’usage et le plaisir du vélo pliant pour parcourir la seconde partie de mon trajet lorsque je vais au travail. La première partie se déroule en prenant le train avec mon vélo depuis Argenteuil, une ville de banlieue, où j’habite.
Faire le trajet en utilisant uniquement les transports en commun jusqu’à mon lieu de travail m’avait vite rebuté lorsque j’avais commencé dans mon nouveau service en janvier 2021, du côté de Denfert Rochereau, dans le 14 ème arrondissement de Paris. A cause des correspondances, des « problèmes » de train et de la foule aux heures de pointe.
Je n’invente rien. Et je ne me plains pas. Il me faut entre trois quarts d’heure et une heure pour me rendre à mon travail. Certains de mes collègues ont besoin d’une heure et demi ou de deux heures pour le faire que ce soit en voiture ou par le train. Ils n’ont pas eu d’autre choix que de s’éloigner pour pouvoir s’acheter une maison ou un appartement à crédit. Où ils n’ont pas pu trouver d’emploi plus près de chez eux.
Comme moi, et comme d’autres, je crois, mes collègues prennent de l’âge. Lorsque l’on prend de l’âge, même si l’on vit de plus en plus vieux, certaines contraintes nous pèsent davantage. Et encore plus si l’on s’efforce depuis des années de remplir nos obligations malgré tout. Malgré les difficultés inhérentes à notre métier, malgré les problèmes de santé, les inquiétudes et les contraintes diverses et personnelles, malgré l’augmentation du coût de la vie.
Comme n’importe qui pourrait l’être après une deuxième journée de travail de 13 heures qui a commencé par un réveil vers 5h30 du matin, j’étais fatigué tout à l’heure en montant sur mon vélo après être sorti de mon service. Mon but était en priorité de rentrer sans accident puisque j’étais fatigué et à vélo.
Je n’avais pas prévu de m’asseoir en rentrant pour écrire un article sur la réforme des retraites, le 49.3, les gilets jaunes, la pandémie du Covid et le confinement. Et en montrant des photos que j’ai pu prendre tout à l’heure sur ce trajet que je prends d’habitude lorsque je me rends à mon travail et que j’en reviens. Mais certaines des réactions suscitées ce soir par cette réforme des retraites font partie de notre histoire. Ces photos et cet article auront donc sans doute une certaine importance plus tard.
C’est la deuxième fois, maintenant, qu’en sortant de mon travail, je me retrouve un peu dans la même situation que le personnage de David Vincent, lorsque celui-ci, en rentrant chez lui en pleine nuit en voiture, aperçoit une soucoupe volante d’extra-terrestres malveillants en train d’atterrir discrètement sur « terre ».
La première fois que je m’étais senti un peu comme le personnage David Vincent, c’était en tombant sur ce qui allait devenir la dernière manifestation officielle des gilets jaunes quelques jours avant le premier confinement en mars 2020. ( Gilets jaunes, samedi 14 mars 2020)
Ce soir, la même situation s’est répétée avec ces manifestations suite à l’utilisation du 49.3.
Pourtant, on ne peut pas dire que la réforme des retraites ait été un sujet « discret ». On en entend parler depuis des années. Avant la première élection du Président Macron, je crois. Et depuis des années, c’est un sujet de tension et d’inquiétude sociale. En France, l’image idéale du départ à la retraite rime avec celle d’un repos bien mérité après des années de travail. Si l’on peut au départ aimer exercer son travail, ses conditions d’exercice et sa pénibilité peuvent, avec les années, nous le rendre de plus en plus difficile à vivre ou à supporter. Surtout si ses conditions d’exercice se détériorent comme on le voit dans bien des institutions publiques.
Dans mon métier d’infirmier en psychiatrie et en pédopsychiatrie, par exemple, un milieu touché par la pénurie depuis des années et encore plus depuis la pandémie du Covid, à mesure que l’on prend de l’âge, le travail de nuit, reconnu comme un travail pénible, peut avoir des répercussions sur la santé. Certains horaires matinaux, aussi. Car pour débuter une journée de travail à 6h45, selon le temps de trajet à effectuer, un réveil plus précoce peut nécessiter, avec le temps, des efforts de plus en plus contraignants. Ensuite, chaque profession a ses difficultés. Et, certaines de ces difficultés, selon moi, restent impraticables pour d’autres.
Mais si Paris brûle ou a brûlé par endroits, ce jeudi 16 mars au soir, c’est ,selon moi, parce-que depuis trois ans, se sont accumulées des contraintes et des contrariétés diverses. J’en discutais quelques heures plus tôt avec deux collègues dans mon service avant de découvrir le résultat dans certaines rues de Paris en rentrant :
Le mouvement des gilets jaunes avait pour origine une usure sociale et économique profonde. Le mouvement a fini par être étouffé à la fois, par certaines de ses dissensions ou ses excès mais aussi parce-que le gouvernement Macron a profité de la pandémie du Covid pour décider d’un confinement strict et interdire les rassemblements publics. Pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois, nous avons dû accepter une suppression de nos libertés, limiter nos déplacements, les justifier. Puis, nous avons dû fournir des passe sanitaires et donc nous faire vacciner pour les obtenir. Si bien des personnes ont rapidement été consentantes et rassurées par les vaccins anti-Covid fabriqués en express, il y a un nombre assez important de personnes- dont je fais partie- qui a accepté de se faire vacciner sous la contrainte. Afin de pouvoir recouvrer une partie de ses libertés mais aussi pour conserver son emploi.
Après toute cette période de pandémie du Covid, du confinement et de ses excès, dont nous semblons nous éloigner depuis à peu près un an ou plus maintenant, la guerre en Ukraine est « arrivée » en février de l’année dernière. Le prix de l’essence a alors enflé. Jusqu’à deux euros le litre d’essence 95. Peut-être plus. Aujourd’hui, on peut trouver des stations service où le litre d’essence est redescendu à 1,89 euro le litre. C’est à dire qu’il coûte plus de 40 centimes qu’avant la guerre en Ukraine. Et, à mon avis, son prix ne retrouvera pas le niveau qui était le sien avant la guerre en Ukraine.
En plus du coût l’essence, celui des produits alimentaires a aussi augmenté de quinze pour cent depuis le début de la guerre en Ukraine. Dix pour cent d’augmentation supplémentaires sont prévus d’ici le mois de juin de cette année.
Ensuite, se rajoute le fait que depuis cette année, les taux bancaires remontent et que les banques sont plus réticentes pour prêter de l’argent aux personnes qui souhaitent obtenir un prêt immobilier. Donc, même dans l’immobilier, l’horizon se bouche.
Et, maintenant, la réforme des retraites avec le recul de l’âge du départ à la retraite qui passe de 62 ans à 64 ans est imposée à coup de 49.3. Et, par qui ?
Par le gouvernement Macron. Le gouvernement du Président Macron, un homme qui n’a pas 50 ans, dont la retraite est déjà largement plus que bien assurée- et bien entourée- et qui donne le sentiment d’avoir toujours été privilégié.
Si le sentiment d’appartenance et le sentiment de sécurité ou d’insécurité font partie des sentiments qui nous inspirent ou qui permettent de nous dominer, le sentiment de justice ou d’injustice, aussi, peut pousser à agir lorsqu’il est conséquent.
Ce jeudi soir, lors de ces quelques minutes où j’ai « échoué » au milieu de ces manifestations, et où je suis descendu de mon vélo pour marcher tout en prenant des photos sur mon trajet habituel, j’ai croisé des personnes assez jeunes (dans la vingtaine et trentaine) plutôt souriantes qui se sentaient aussi sans aucun doute victimes d’une grande injustice. Comme les gilets jaunes trois ans plus tôt. Sauf que, là, cette réforme des retraites concerne une plus grande partie de la population et donc, aussi, des classes sociales plus favorisées, ou des personnes plus destinées à occuper des fonctions « supérieures » que les gilets jaunes.
Même si l’on vit désormais plus vieux qu’il y a vingt, trente ou quarante ans, nous savons aussi que nous pouvons mourir à n’importe quel âge. Et que notre mort n’est pas automatiquement corrélée avec les mauvais choix de vie que nous aurions pu faire. Dans ma famille, on vit vieux. Cela devrait me suffire pour me convaincre que tout ira bien pour moi. Car des personnes retraitées, que j’ai connues actives, j’en connais désormais quelques unes. Et, elles vivent plutôt bien leur retraite alors qu’elles l’ont prise entre 55 et 64 ans. Sans compter quelques personnes de 70 ans ou plus que je peux côtoyer qui me donnent le sentiment de bien profiter de la vie et de conserver un entrain pour celle-ci. Sauf que deux ans de plus, lorsque ça ne va pas, c’est beaucoup.
Si cette réforme des retraites ne passe pas, c’est parce-que l’avenir continue d’inquiéter et de se refermer. Après les jeunes « de » banlieue populaire ou défavorisée dans les années 90-2000, après le terrorisme islamiste et l’intégrisme religieux, après les gilets jaunes, c’est au tour des jeunes mais aussi des moins jeunes de classes sociales diverses de refuser de se faire enfermer dans un monde et une vie dont ils ne veulent pas.
Etonnamment, à la gare St Lazare, tout est calme. Et, quelques minutes plus tard, lorsque je retrouve Argenteuil, ville de banlieue proche de Paris, dont la réputation est plutôt mauvaise, tout est calme. Devant ce calme, on pourrait penser que ce je viens d’apercevoir dans la capitale n’a jamais existé.
Franck Unimon pour balistiqueduquotidien.com, ce vendredi 17 mars 2023.
Au salon du livre d’Argenteuil, au lycée Georges Braque d’Argenteuil, les 4 et 5 février 2023.
Au Salon du livre d’Argenteuil les 4 et 5 février 2023
Ailleurs, ces ilots réfléchis dans la prose et dans des bulles, ont été avalés par le goulot du passé.
Depuis des années, telle une fin du monde pronostiquée et ingérée cul sec une nouvelle fois, puis une autre fois, et encore une fois, jusqu’à ne plus savoir compter, leur disparition est annoncée voire souhaitée avec une certaine ferveur.
« Ils » seraient devenus périmés, auraient perdu pied. Ils n’auraient plus rien à dire. Toute musique et toute vitalité, en eux, auraient définitivement abdiqué. Ils se seraient taris et auraient abandonné l’Humanité.
Au Salon du livre d’Argenteuil, au lycée Georges Braque d’Argenteuil, les 4 et 5 février 2023.
Ils ne feraient plus le poids face à la vitesse et aux pulsations volatiles- et versatiles- des images et des émotions que celles-ci nous administrent à hautes doses, face aux croyances technologiques de pointe, aux rumeurs acérées, cutanées et instantanées, aux publicités, au pavot, au feu, à la médiocrité. Face aux tombeaux, au pessimisme et à la dépression. Face aux destructions de toutes sortes y compris celles des arbres.
Au Salon du livre d’Argenteuil, les 4 et 5 février 2023.Au Salon du livre d’Argenteuil, au lycée Georges Braque, les 4 et 5 février 2023.
Ils seraient des ronces et des gadgets dont il faudrait se débarrasser. Arrivés à un certain âge, Ils prendraient beaucoup trop de place comme des jeux d’enfants sans lendemains. A peine solvables en bourse, ce sont des combustibles beaucoup moins performants qu’une bûche de bois. Si peu savoureux en bouche, à peine vecteurs de protéines, de glucides ou de lipides, et même pas conducteurs d’électricité, ils ne produisent pas de pétrole, ni de gaz ou de vent. Ils ne se rechargent pas en plein soleil. En plus, ils sont fragiles et ils ne donnent pas l’heure.
Au Salon du livre d’Argenteuil, au lycée Georges Braque, les 4 et 5 février 2023.
A cela, il faut ajouter que fabriquer un livre, le lire, le conseiller, le proposer, le commander, le vendre, c’est du boulot.
Parce qu’il faut prendre son temps pour bien s’occuper d’un livre et pour lui accorder autant d’importance. Par saccades. En hésitant. En se demandant où l’on se rend et à quoi l’on joue.
Au Salon du livre d’Argenteuil, au lycée Georges Braque, les 4 et 5 février 2023.
Parfois, il faut même relire ou regarder plusieurs fois les mêmes passages, tourner des pages attentivement pour bien comprendre. Porter l’objet de lecture. Alors que ce que l’on voudrait, désormais, lorsque l’on est bien dans le coup, ce serait des objets de plus en plus légers, des contenus simplifiés, ainsi que des interactions beaucoup plus faciles d’usage, à profusion. Et aussi plus de goudron pour avoir devant soi des grands boulevards qui nous emmènent partout et tout de suite là où on le désire.
Tout le temps. Sans interruption. Sans avoir besoin de respirer. Sans digestion.
Sans imagination, aussi. Mais, cela, ce “n’est pas” une priorité semble-t’il.
Au Salon du livre d’Argenteuil, au lycée Georges Braque, les 4 et 5 février 2023.
La priorité, ce serait de prévoir l’avenir avec exactitude et le temps qu’il nous faudra pour effectuer les bonnes opérations. Pour tout planifier avant « leurre ». Puisqu’il n’y a que cela de vrai. Et de concret. Alors que lire, c’est d’abord accepter de se faire surprendre. D’oublier le temps que l’on prend. D’accepter d’en perdre. C’est un peu, une folie.
Au Salon du livre d’Argenteuil, les 4 et 5 février 2023, au lycée Georges Braque.
Le salon du livre d’Argenteuil organisé par la librairie d’Argenteuil, Presse Papier, les bénévoles de l’association Sous les couvertureset d’autres partenaires, l’a pourtant rappelé ces 4 et 5 février dernier, dans le lycée Georges Braque d’Argenteuil, également partenaire de l’événement :
En 2023, au 21 ème siècle, il reste encore beaucoup d’otages volontaires qui se laissent prendre et surprendre par des livres afin de devenir plus libres.
Au Salon du livre d’Argenteuil, au lycée Georges Braque, les 4 et 5 février 2023.
Tant qu’il y aura des personnes qui voudront faire des pauses et reprendre leur souffle, il y aura des livres. Et tant qu’il y aura des livres, il y aura des personnes qui viendront les ouvrir et puiser dedans divers remèdes et intermèdes.
Car on lit peut-être comme on se soigne. Chacun empoigne son remède en adoptant la posologie qui lui est propre. La lecture étant cette bougie allumée avec laquelle chacune et chacun s’avance et s’éclaire dans cette pénombre qui lui est personnelle.
Il y avait beaucoup à parcourir ce 4 et 5 février 2023 dans ce salon du livre d’Argenteuil dont l’un des thèmes était En quête d’Algérie.
Plusieurs heures étaient nécessaires pour bien arpenter ce salon préparé aussi avec le Collège Paul Vaillant Couturier d’Argenteuil, Les Amis de Georges Braque et la Société Historique et Archéologique d’Argenteuil et du Parisis.
Plusieurs animations, en plus des interviews d’auteurs et de traducteurs, ont été proposées telles qu’un Escape Game et Le Grand Jeu « En Quête de Braque ».
Lors de ce salon, beaucoup de vies étaient dans ces livres, autour d’eux, sur leurs couvertures, parmi les auteurs et artistes invités (Pierre et François Place, Xavier Leclerc…) ainsi que dans ce public venu en très grand nombre (près de 3000 visiteurs) les rencontrer.
En quittant ce salon, beaucoup sont repartis à la ligne en emportant ailleurs avec eux des parties de vies traduites dans des livres et dans des rencontres.
Quelques uns des bénévoles de l’association Sous les Couvertures
Quelques bénévoles de l’association sous les Couvertures
Sorti en janvier 2023, auréolé d’assez bonnes critiques, Les Rascals est passé assez inaperçu devant le public derrière les « colosses » Black Panther 2 et Avatar 2 présents également en salles en ce début d’année. Cependant, comme dans certaines oeuvres cinématographiques où l’on a pu voir “débuter”, certaines actrices et acteurs, amusons-nous à mémoriser aujourd’hui le visage et les noms des acteurs principaux de cette pièce visuelle. Nous aurons plaisir à nous en rappeler plus tard lorsque certains membres du casting deviendront des artistes “reconnus”.
En effet, parmi les assez innombrables sorties de films, de séries, et leurs copies, peut-on dire que Les Rascals est un petit film d’auteur de plus ?
Côté filiation, l’œuvre de Jimmy Laporal-Trésor, dont l’histoire se déroule à Paris ainsi qu’en banlieue parisienne dans les années 70-80 d’avant l’explosion de l’épidémie du Sida, m’a tout de suite fait penser à Un Français réalisé par Diasteme en 2014 et à The Club (Neil Thompson, 2008). Mais, bien-sûr, il peut être relié à d’autres oeuvres antérieures en particulier anglo-saxonnes.
Adam ( l’acteur Victor Meutelet) convaincant dans son rôle.
Croquis social, Les Rascals se situe à l’époque où le groupe de rockabilly les Stray Cats avait la côte tandis que refluait en France hors des cendres du temps un racisme anti arabe et anti noir de plus en plus pressé sur la scène politique française par le Front National du papa de Marine Le Pen. Laquelle était alors étrangère à toute ambition politique comme à toute exposition médiatique. Sa nièce était alors à peine issue de la conception. Et Eric Zemmour était peut-être encore étudiant, jeune journaliste ou devait faire du porte à porte quelque part en essayant de vendre des tapis de sol pour la pratique du yoga.
Comme dans Un Français de Diasteme, le film réussit bien le portrait féminin fascisant de la jeune Frédérique (l’actrice Angelina Woreth). Il m’est difficile de savoir si cela a été voulu par Jimmy Laporal-Trésor mais le personnage de la jeune Frédérique peut, à un moment donné, évoquer celui de la jeune femme qui avait appâté Ilan Halimi en 2006.
Néanmoins, il est peut-être encore un peu tôt pour que le cinéma français s’empare d’un rôle féminin comme celui de la jeune Frédérique et le regarde dans les yeux de bout en bout. A l’image de ce que Diasteme avait pu faire avec le personnage interprété par Alban Lenoir dans Un Français.
Mais l’un des autres personnages très importants du film, c’est la musique.
Musicalement, à l’époque que nous raconte Les Rascals, le Rap démarrait pour de bon mais on ne le savait pas encore. Ses danses attiraient davantage l’attention en particulier au Trocadéro. Dans Les Rascals, on aperçoit Sidney, l’ancien animateur radio, « héros » d’une époque avec son émission télévisée consacrée au Hip Hop.
Bob Marley, lui, était mort depuis peu. Serge Gainsbourg était encore vivant. La New Wave avait déjà ses standards. Le Hard Rock était entré par effraction dans les collèges avec AC/DC et était à certains ados ce que le Rap allait devenir ensuite d’abord pour des ados de cités et de banlieue. Le Zouk arrivait mais le monde ne connaissait pas encore le groupe Kassav’. Le Rock semblait encore être le plus grand armateur musical du monde.
Les Rascals, film sonorisé par le groupe Delgrès, prend particulièrement soin d’ancrer son histoire aussi avec quelques pochettes de disques telles celle de l’album vinyle Thriller de Michaël Jackson ou celle du groupe antillais Lazair.
Culturellement, Jimmy Laporal-Trésor a d’ailleurs axé son film selon un point de vue antillais. Et, j’ai beaucoup aimé sa description de certains des codes de la culture antillaise. Qu’il s’agisse du recours au Créole lors de certains passages ou des relations du héros Rudy (l’acteur Jonathan Feltre) avec sa mère. Depuis au moins Rue Cases-Nègres adapté par Euzhan Palcy en 1983, en passant par les films de Jean-Claude Flamand-Barny plus tard, Les Rascals contribue à l’édification d’une mémoire cinématographique qui inclut les Antilles françaises…dans l’Histoire de France. Car le film montre au grand jour que les Antillaises et Antillais, en France, à l’image de bien des immigrés, ont pu être considérés comme les restes d’un univers souterrain, ignoré, vitrifié, sacrifié.
De gauche à droite, Mandal ( l’acteur Marvin Dubart), Boboche ( l’acteur Taddeus Kufus), Rudy ( l’acteur Jonathan Feltre) Rico ( l’acteur Missoum Slimani) Sovann ( l’acteur Jonathan Eap).
Mais Les Rascals est aussi de ces films à classer dans la catégorie des Stand By me : des copains qui se connaissent depuis l’enfance et meurtris par un environnement et un trauma communs se soudent jusqu’à espérer franchir ensemble le mur du son du monde adulte.
Auparavant, je n’avais jamais envisagé qu’une table de massage puisse être une table d’opération. Et que la plus grande partie de mon corps recevrait cette opération.
Nous nous plaignons de relations superficielles. Ce que j’ai vécu hier avait un peu un caractère sacrificiel. Mais je ne le savais pas en choisissant d’entrer dans ce salon de massage au 99, rue Glacière, dans le 14 ème arrondissement de Paris, plutôt que dans le salon de thé un peu plus loin.
Tout ce que je voulais, tout ce que je voyais, c’était que j’avais besoin de me réchauffer.
A la fin de ce mois de janvier, je me sentais fatigué. Il faisait froid et humide depuis plusieurs jours. Et cela faisait plusieurs années que je m’étais dit que ce serait bien d’aller me faire me masser de temps en temps.
Mais par où commencer ? Dans quel lieu de massage ? Il y avait les instituts de beauté, les forfaits massages sans âme, les endroits où l’on vous fait payer le cadre plus que la réelle habilité à vous relaxer, les débarras de sperme camouflés….
J’en ai fait un peu l’expérience : en France, lorsque vous parlez massage, on pense tout de suite aux préliminaires sexuels. On est encore assez peu sportif en France question massage.
Même si l’on parle de yoga, de zen, d’Arts martiaux, d’application de méditation, de l’importance de prendre son temps, de se reconnecter avec soi-même, dès que l’on parle de massage, un trouble se déclare. J’ai l’impression que celui qui se montre sympathique ou inoffensif et en profite pour verser en douce du GHB dans un verre est presque plus fréquentable que celui qui va parler de « massage ».
« Je n’aime pas que l’on me touche » m’a dit hier soir une collègue plutôt sympathique alors que nous marchions tous les deux côte à côte en discutant vers le métro. Pour plaisanter, je lui ai alors demandé :
« J’espère que je ne suis pas trop près de toi pendant qu’on parle…». Elle a souri voire elle a rigolé. Un peu.
J’ai un rapport différent au massage. Un jour, un de mes collègues formé à la psychanalyse qui doit à mon avis peu se faire masser m’a dit :
« Le corps, c’est l’inconscient ». ça m’a marqué. Notre corps nous marque et nous attache. Et un massage marche sur toutes ces marques et toutes ces attaches que notre histoire nous a laissée. Cela n’a pas grand chose de sexuel même si un massage peut aussi être d’inspiration sexuelle.
J’ai été sportif et le suis encore un peu. Et, pour moi, un massage, cela a d’abord été d’ordre sportif. Lorsqu’un joueur de tennis se fait masser sur un court de tennis, le but recherché n’est pas l’obtention d’une plus grande érection même si son but, ensuite, consistera à faire tout son possible pour envoyer profond sa balle de tennis (ne changez pas le mot en chemin dans votre tête, s’il vous plait) dans les limites du terrain adverse.
Mais avant le sport, j’avais appris dès l’enfance à approcher un autre corps par la danse et la musique. C’était une règle et même une obligation culturelle et sociale. Ne pas savoir danser avec quelqu’un d’autre, c’était la honte. Et, je parle d’une danse rapprochée. Avec des titres aussi longs voire plus longs que les slows célèbres.
Enfin, le châtiment corporel, y compris en public, ça peut aussi décomplexer question rapport à son propre corps. Cette semaine, ma fille m’a demandé si, enfant, j’avais connu des maitres à l’école qui tiraient les oreilles. Oui, ma fille. Et même des maitres qui giflaient. J’ai même reçu un coup de pied dans le derrière. Tiens, je vais te raconter une histoire. Figure-toi qu’un jour, ton grand-père est allé voir mon maitre avec moi à l’école. J’étais en CE2. Il a dit à mon maitre : « Vous savez, Franck, s’il fait des bêtises, vous pouvez le frapper…. ».
Sourire.
Ça peut vous décomplexer avec le fait que l’on touche votre corps. Ça et toutes ces expériences sensorielles où notre corps est sollicité. A travers une pratique sportive, pour peu que l’on se soit appliqué à être aussi performant que possible dans la durée, on fait l’apprentissage de certaines réactions de notre corps. Voire, on les accepte. Peut-être trop, aussi.
Quelqu’un m’a dit un jour : « Je n’aime pas transpirer ». ça m’a marqué.
Mais si le massage donne souvent l’impression à certains d’être seulement l’antichambre d’Eros, la suite de cette anecdote a plutôt à voir avec le seuil de douleur que l’on accepte d’approcher. Car si ma collègue –celle qui n’aime pas se faire masser- a d’ores et déjà de l’arthrose dans les genoux au point de préférer l’escalator aux escaliers, le massage d’hier m’a catapulté dans une expérience très engagée du massage. Il n’y avait absolument rien de superficiel dans ce que j’ai vécu hier.
Je l’ai déjà fait comprendre, je n’avais pas d’appréhension en entrant dans ce salon de massage hier. J’avais à peu près deux heures devant moi avant de retourner au travail pour une réunion. Un peu plus tôt dans l’après-midi, déjà, je m’étais arrêté, rue du Cherche-Midi, dans un salon de massage chinois bien recommandé par certains avis lus sur internet. C’était sur mon trajet avant de me rendre à une conférence à mon travail sur les UMJ (les unités médico-judiciaires). Je me suis contenté d’un massage des pieds de quinze minutes. Bain de pieds chaud au préalable. Puis, massage des pieds en commençant par les chevilles. Je m’attendais à un massage plus poussé des pieds mais cela fut agréable. En plus, comme c’était une période creuse, j’ai eu le droit à un (petit) massage de la nuque. Avant de partir, on m’a aussi servi un thé. 15 euros pour 15 minutes au lieu de 20 euros. Je me suis ensuite dirigé vers la gare Montparnasse.
Après le séminaire, j’avais à peu près deux heures de libres. J’en ai profité pour découvrir un peu plus les environs. Je suis passé devant ce salon de massage thaïlandais, le Ban Maï Thaï. Extérieurement, il m’a fait une plutôt bonne impression. Et ses tarifs pour une heure de massage, bien qu’un peu élevés par rapport à mes enseignements (un euro par minute de massage) restaient observables. Je ne suis pas entré tout de suite. J’ai continué de me balader.
Puis, je suis revenu environ trente minutes plus tard.
J’ai été formé au massage bien-être. J’ai déjà été massé un certain nombre de fois. C’était un des principes de la formation. Masser des personnes différentes et se faire masser par des personnes différentes. Je suis donc entré hier en demandeur et en « connaisseur ». Du moins, en connaisseur de ce que je connaissais déjà.
Massage (complet) aux huiles ou massage thaïlandais ? Telle était la question. On partait pour une heure, de toute façon, pour 70 euros. Je pouvais accepter ce tarif. C’était la fin du mois. Plus cher, j’aurais tiqué pour une première fois.
La femme qui m’accueillait, très certainement d’origine thaïlandaise, était tout sourire. Et, dans son Français, elle faisait de son mieux pour me renseigner. Elle m’a assez vite dirigé vers le massage aux huiles. Mais je trouvais que ça faisait trop cliché, le client qui demande un massage aux huiles. J’avais encore en tête le massage californien et peut-être aussi le titre Hôtel California des Eagles.
Malgré toutes les informations devant moi, je n’avais toujours pas traversé l’océan pacifique jusqu’à l’Asie.
J’ai vraiment eu envie du massage thaïlandais. Je pensais à des étirements tout en douceur…
Lorsque je lui ai demandé si ce massage faisait du bien ensuite, mon hôtesse m’a répondu en gardant son sourire qu’après je prendrais peut-être du doliprane. Mais que le lendemain, je me sentirais bien. Puis, presqu’en forçant sa nature, elle s’est montrée un peu directive en me disant « Je pense que le massage aux huiles, ce serait bien pour la première fois ».
Je l’ai écoutée. J’ai bien fait.
J’ai d’abord payé. Puis, elle m’a apporté une paire de sandales. Je me suis déchaussé. J’ai voulu me lever pour amener mes chaussures. Elle m’a fait comprendre que c’était son travail et elle les a déposées près d’autres chaussures rangées à l’entrée. Il y avait une paire de baskets Nike blanches.
Vous voulez aller aux toilettes ? J’ai acquiescé.
Ensuite, toujours souriante, elle m’a demandé si j’avais mal quelque part. J’ai donné quelques indications. Puis, elle s’est volatilisée. Peu après, elle est revenue avec une jeune femme, d’une trentaine d’années à peine, aussi petite qu’elle, à peu près un mètre soixante, peut-être moins. Toute aussi souriante, celle-ci m’a accompagné vers un escalier qui nous a fait descendre jusqu’à une petite pièce où attendait une salle de massage. Je dirais que la salle devait faire dans les 6 mètres carrés. Tout était optimisé. La table, deux cintres, de quoi poser ses vêtements. La lumière était apaisante. Une musique mélodique et sans doute très uniforme aussi n’a cessé de couler pendant la séance.
Ma future masseuse m’a remis un sachet fermé contenant un slip jetable bleu qui avait l’allure d’un string et s’est éclipsée. Lorsqu’elle est revenue et que je l’attendais, allongée sur le dos, celle-ci s’est aperçue que j’avais mis le slip à l’envers. Petit rire. Nouvelle éclipse. Nouveau retour.
Je me suis allongé sur le ventre comme elle me l’a demandé. J’ai fermé les yeux. J’ai été recouvert de serviettes chaudes. Puis, sans beaucoup attendre, ma masseuse souriante a encastré son “savoir- fer” dans mon corps. Elle a bien dû monter sur la table afin de mettre tout son poids. En tout cas, elle m’est montée dessus ou a roulé sur mon corps. Alors, je me suis rappelé ce que j’avais entendu dire, dans le passé, à propos de ces massages en Thaïlande qui pouvaient être difficiles à supporter physiquement.
Cinq à dix minutes à peine s’étaient passées que je louais mes capacités expiratoires afin d’accepter le programme essorage de ma jeune praticienne. Je n’ai pas perçu d’agressivité particulière de sa part mais je me suis bien demandé où était la frontière consciente entre un massage et un acte de guerre.
Bien-sûr, j’ai pensé à la torture. Cet ensemble d’actions par lequel on refuse que l’autre nous échappe.
Mais quand je pense à la guerre, c’est pour cette grande connaissance du corps humain. Tant pour la connaissance de ses points faibles que de ses zones de résistance.
« You, Ok ? » m’a demandé gentiment ma masseuse par intervalles de dix minutes. Elle semblait bien renseignée quant au fait que je pouvais connaître des moments difficiles.
J’ai répondu, oui.
Je me suis dit que le peuple thaïlandais devait être un peuple particulièrement souple pour avoir ce type de massage-repassage.
Cependant, étant allongé sur le ventre, et stimulé en profondeur comme je l’étais, j’ai commencé à redouter la venue d’une érection. J’ai pensé à Desproges qui, dans un de ses sketches, racontait ce malaise qu’il avait pu ressentir en étant collé à un de ses voisins dans l’ascenseur exigu de son immeuble mais aussi sa crainte de voir survenir en lui une érection.
Mon inquiétude a été facilement éconduite. La tonicité du massage et les étirements assez poussés ne s’accouplaient pas avec une érection. Et l’intention de ma masseuse aussi, sans aucun doute.
Tout cela, c’était la prise en main, à sec, des jambes et des pieds. Nous n’en n’étions qu’au commencement.
De l’huile chaude est arrivée sur ma peau. Juste comme il faut. Ma masseuse a poursuivi son travail de conquête cutanée. Parvenue en haut de mon dos, mes jambes recouvertes à nouveau par une serviette, il y a eu un premier craquement. Puis un second. Puis un troisième. Elle n’allait pas laisser passer ça.
« You, ok ? ».
Dans cette séance de massage particulièrement satisfaisante, le summum a été atteint lorsqu’elle s’est occupée de mes omoplates. En particulier, peut-être du muscle trapèze. Elle m’a donné l’impression de le tasser avec son coude.
Coudes, poids du corps sur la table et poing étaient en libre service lors de cette séance.
Le massage du ventre et des pectoraux était moins accompli mais j’avais eu mon compte. Une fois installé sur la table de massage, l’heure est passée rapidement.
Après m’être rhabillé, je suis remonté. Un thé chaud m’attendait avec une coupelle contenant quelques fruits. Ainsi que mes chaussures.
J’ai revu celle qui m’avait massé et lui ai demandé son prénom. J’avais un peu de mal à la reconnaître. Je n’avais fait que l’apercevoir. Il m’a semblé qu’elle estimait n’avoir fait que son travail. Ce qui était vrai. Mais c’était un travail plutôt bien fait et il fallait le remarquer. La jeune masseuse, après m’avoir prononcé son prénom à la Thaïlandaise m’a amené une carte du salon en souriant. Je l’ai prise même si j’en avais déjà une. Puis, elle a disparu pour rejoindre d’autres masseuses dans une pièce où j’avais l’impression qu’elles s’y mettaient à plusieurs pour s’occuper d’une personne.
« L’ hôtesse » s’est aussi assurée que tout s’était bien passé. Dans ce genre de commerce souvent tenu par des femmes, j’ai l’impression, un homme est venu discrètement prendre la suite à l’accueil. Le salon allait fermer dans moins d’une heure.
Entre 11h et 14h, l’heure de massage descend à 57 ou 56 euros. Je reviendrai sûrement en profiter un jour.
Mon corps était réchauffé lorsque je suis parti. La prochaine fois, j’irai aussi au salon de thé qui se trouve un peu plus loin.
Je suis arrivé avec environ vingt minutes de retard à ma réunion au travail. J’étais un petit peu ailleurs. Mais il n’y avait pas de nécessité de s’agiter. Et puis, je faisais partie des présents dans la salle. Quelques autres collègues étaient sur Skype.
La réunion a duré moins longtemps que je ne l’avais prévue. En partant, je n’ai pas eu l’impression d’avoir perdu mon temps. J’ai même fait une partie du trajet avec une de mes collègues qui n’aime pas qu’on la touche. Nous avons discuté. C’était un moment assez privilégié, personnel et détendu. C’était la première fois que nous le faisions en dehors du service.