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Japon Juillet 2024 : Le Retour – Balistique du quotidien
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Japon Juillet 2024 : Le Retour

 

A Shinjuku, Tokyo, fin juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Japon Juillet 2024 : Le Retour

« BientĂŽt, ce qui s’est passĂ© trois semaines durant au Japon se diluera :

Les effets de l’ensorcĂšlement de ces petits abrutissements quotidiens rĂ©pĂ©tĂ©s.

 Ma compagne et ma fille dorment encore. C’est un moment fait pour commencer Ă  Ă©crire.

 J’ai passĂ© rĂ©cemment trois semaines au Japon. Mon prĂ©cĂ©dent voyage au Japon en 1999 avait Ă©tĂ© principalement touristique. Celui-ci, le second, 25 ans plus tard, a Ă©tĂ© opĂ©rĂ© lors du Masters Tour 2024 Â».

Ces lignes datent de ce 30 juillet 2024. Depuis, ma compagne et notre fille sont parties pour trois semaines Ă  la RĂ©union.

Certains des participants de ce Masters Tour de Juillet 2024 Ă©taient Ă©galement originaires de la RĂ©union. D’autres venaient de Suisse,  de Belgique, du Vietnam, et de diverses rĂ©gions de France ( Bretagne, Limousin, L’Est de la France, Champagne-Ardenne, Sud-Ouest, Ăźle de France….).

 

Bien-sĂ»r, depuis mon retour du Japon le 29 juillet, j’ai repris le «travail ».

Le temps de faire un certain tri dans les photos et les vidĂ©os que j’ai « faites » et de me mixer les neurones afin de dĂ©cider quelle photo choisir pour dĂ©buter et comment m’y prendre au mieux pour constituer ce premier article, onze jours supplĂ©mentaires sont passĂ©s. Nous sommes dĂ©sormais le samedi 10 aout 2024 et mon article n’est pas terminĂ©. Il faut relire, rectifier, rajouter des photos et des vidĂ©os. Se demander si tel passage est justifiĂ©. Si on a envie de le lire. Et, finalement, douter que cet article ait une raison d’exister, entre mĂ©galomanie et folie.

J’avais 31 ans et Ă©tais cĂ©libataire sans enfant lors de mon premier voyage au Japon en 1999. L’annĂ©e de la sortie du premier film Matrix que j’avais vu trois ou quatre fois dont une fois lors de ce voyage au Japon.

Je dois ce premier voyage Ă  une amie qui rĂ©sidait alors Ă  Tsukuba, dans la banlieue de Tokyo, Ă  une heure en train du centre de Tokyo. GrĂące Ă  elle et Ă  son frĂšre qui m’avait donnĂ© des conseils et m’avait appris ces quelques mots japonais qui m’ont Ă  nouveau servi en 2024, j’avais vĂ©cu ce voyage extraordinaire.

Et cette semaine oĂč je m’étais rendu seul Ă  Kyoto – en prenant le shinkansen- ainsi qu’à Hiroshima et sur l’üle de Miyajima.

A Hiroshima, juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Le numĂ©rique et internet, les rĂ©seaux sociaux, n’en n’étaient pas au stade oĂč ils en sont aujourd’hui pour le pire et le meilleur. Et, je n’avais pas de blog. En plus de divers souvenirs, j’ai conservĂ© les photos papier et peut-ĂȘtre leurs nĂ©gatifs de ce sĂ©jour.

 

Je confirme que pour moi, comme pour d’autres, il y eut un « avant » et un « aprĂšs » ce premier voyage au Japon. A mon retour du Japon, je dirais que j’avais gagnĂ© en luciditĂ© sur moi-mĂȘme. Et sur ce que je pouvais accepter ou refuser.  

Photo©Franck.Unimon il s’agit du Maccha-Ohagi. En Anglais, cela donne ( Powdered Green Tea & Rice Ball Coated With Sweetened Red Beans). Prix : 800 Yens. Un peu moins de cinq euros. Pourquoi se priver ? J’espĂšre, un jour, pouvoir goĂ»ter le Maccha-Zenzai ( Sweet Red Bean Porridge & Green Tea) servi uniquement en hiver pour 1050 yens.

Cependant, mĂȘme si je pratiquais encore le judo lors de ce premier voyage au Japon, j’y Ă©tais allĂ© en touriste. Et en idĂ©aliste du Japon, de l’Asie en gĂ©nĂ©ral ou des Arts Martiaux. C’est peut-ĂȘtre en raison de cette attitude de touriste que j’ai pris autant d’annĂ©es pour retourner au Japon alors que j’avais prĂ©vu d’y revenir.

Entre-temps, le Japon Ă©tait devenu un peu plus touristique.

Au cinĂ©ma, le film L’étĂ© de Kikujiro (1999), puis Dolls ( 2002) et Zatoichi ( 2003) avaient renouvelĂ© voire fĂ©minisĂ© le public de Takeshi Kitano dont le film Sonatine ( 1993) avait Ă©tĂ© pour moi une marque cinĂ©matographique et personnelle lorsque je l’avais vu vers 1997 Ă  Paris lors d’un festival consacrĂ© Ă  un certain cinĂ©ma asiatique en direct de Hong Kong. J’y avais alors vu des films de « genre » de rĂ©alisateurs tels que Johnnie To, Kirk Wong et  John Woo…

Kitano, de par ses « polars » faits de violence, d’humour noir et de poĂ©sie avait Ă©tĂ© le Japonais « infiltrĂ© » du groupe de rĂ©alisateurs prĂ©sentĂ©s.

Vraisemblablement à Kyoto. Photo©Franck.Unimon

La France était devenue un pays de lecteurs de mangas. La Japan Expo ( à laquelle je ne suis jamais allé) avait été crééé ( en 1999-2000) et avait rapidement connu beaucoup de succÚs.

Le succĂšs connu par le Japon s’étend peu Ă  peu, depuis Ă  peu prĂšs une dizaine d’annĂ©es, Ă  la CorĂ©e du Sud.

Japon, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

En 1999, le Japon Ă©tait peut-ĂȘtre encore la Seconde ou la TroisiĂšme Puissance Mondiale. Peu avant notre sĂ©jour , en juillet 2024, le Japon est devenu la QuatriĂšme Puissance Mondiale Ă©conomique, dĂ©passĂ© par l’Allemagne et devancĂ© par les Etats-Unis et la Chine. Le Yen avait perdu de la valeur et cela nous Ă©tait favorable. 1 euro valait environ 171 yens en juillet 2024 durant ce Masters Tour.

 

Photo©Franck.Unimon Japon, Juillet 2024.

Le voyageur que je suis

Je voyage souvent sans schéma. La plus grande partie de mon organisation consiste généralement à me décider pour une destination et à composer comme je peux le budget qui lui correspond.

D’emblĂ©e, dans un pays ou une rĂ©gion oĂč je voyage, je pense assez peu Ă  des endroits que je tiens particuliĂšrement Ă  « voir » ou Ă  « visiter ». Ou alors trĂšs grossiĂšrement. Ainsi, j’aimerais aller visiter l’AlgĂ©rie ou un pays d’Afrique noire. Mais l’AlgĂ©rie est un grand pays et l’Afrique noire est vaste.

C’est dĂ©jĂ  bien que je puisse me dire que, en AlgĂ©rie, j’aimerais bien voir « Alger la blanche Â», Tlemcen et d’autres villes. Car, ordinairement, j’en suis incapable.

A Harajuku, Tokyo, fin juillet 2024.

Il m’est arrivĂ© d’acheter des guides touristiques (sur le Japon ou ailleurs) ou d’en emprunter avant un voyage mais je ne les lis pas. Je le regrette car je me dis qu’ils sont trĂšs bien Ă©crits et qu’ils fournissent des informations culturelles trĂšs importantes et trĂšs divertissantes. Mais je ne parviens pas Ă  les ouvrir suffisamment.

Japon, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Je suis plus rĂ©ceptif Ă  des suggestions que l’on peut me faire. J’écoute aussi et je marche facilement et beaucoup.

Comme un fou. Sans nĂ©cessairement savoir oĂč je me rends.

En Yougoslavie, en 1989, alors que nous nous dĂ©placions Ă  pied et sans but, mon meilleur ami, qui me suivait, m’avait un moment dit :

« J’ai l’impression d’ĂȘtre avec un fou ! Â».

Pas de plan, pas de boussole. Je suis en fait un peu comme un enfant qui apprendrait Ă  marcher et qui dĂ©couvrirait son environnement. Et qui croit Ă  l’intemporalitĂ©.

Le Masters Tour crĂ©Ă© et proposĂ© par LĂ©o Tamaki, Ă  premiĂšre vue, c’était plutĂŽt l’opposĂ© de tout cela. Mais avant de prĂ©senter un peu LĂ©o Tamaki, je crois important de rappeler comment j’en suis arrivĂ© Ă  le « connaĂźtre Â».

A Hiroshima, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Une atmosphÚre de pandémie

J’ai eu tendance Ă  raconter que j’avais dĂ©couvert LĂ©o Tamaki la premiĂšre fois en regardant sa rencontre avec Greg MMA sur Youtube.

Mais Ă  la rĂ©flexion, tout est parti, je crois, de la pandĂ©mie du Covid et de son atmosphĂšre exceptionnellement anxiogĂšne il y a quatre ans. En plein confinement. Aujourd’hui, nous sommes en plein dans l’ambiance estivale et festive des Jeux Olympiques en France. Et la France a remportĂ© un certain nombre de mĂ©dailles. Officiellement, tout le monde est content. C’est une ambiance dĂ©tendue ou trĂšs dĂ©tendue qui contraste avec celle des Ă©lections lĂ©gislatives anticipĂ©es qui se sont terminĂ©es la veille de notre dĂ©part le 8 juillet pour ce Masters Tour au Japon ainsi qu’avec celle connue dĂšs le premier confinement lors de la pandĂ©mie du Covid en mars 2020. MĂȘme si elle camoufle bien des aspects prĂ©occupants de l’actualitĂ©, je prĂ©fĂšre Ă©videmment l’ambiance de ces olympiades sportives Ă  nos olympiades sanitaires durant la pandĂ©mie du Covid.

Durant la pandémie du Covid, à la télé, et sur les réseaux sociaux, au moins, nous nous faisions quotidiennement matraquer par les informations et les chiffres relatifs au Covid.

Tant de personnes hospitalisées aprÚs avoir attrapé le Covid, tant de personnes décédées.

C’étaient en permanence des auberges de Babel qui s’accordaient suffisamment afin de nous hĂ©berger dans une atmosphĂšre de fin du Monde au travers de cet acharnement mĂ©diatique. Nous vivions sans la perspective annoncĂ©e de pouvoir reprendre un jour pied dans un horizon sanitaire et mental normal.

Photo prise lors du Survival Expo en juin 2023, au parc floral de Vincennes. Photo©Franck.Unimon

Alors infirmier dans un service de pĂ©dopsychiatrie, j’avais fait partie des professionnels et des personnes qui avaient continuĂ© de circuler, d’avoir donc le droit de prendre l’air lors de certains horaires et dans un certain pĂ©rimĂštre. Et d’exercer.

Si le Covid m’avait physiquement Ă©pargnĂ©, j’étais nĂ©anmoins plus ou moins atteint psychologiquement et moralement, comme beaucoup, par cette angoisse collective, morbide. Et persistante.

Je n’ai pas de tĂ©lĂ©. Mais j’aime lire. Et prĂšs de mon service d’alors, dans le 13Ăšme arrondissement, mĂ©tro Gobelins, il y avait une centrale de presse demeurĂ©e ouverte.

Une oasis.

 Je m’étais dit que lire et pouvoir choisir de lire Ă©tait plus bĂ©nĂ©fique que subir en continu les mĂȘmes images.

Dans cette centrale de presse, j’avais commencĂ© Ă  regarder (et Ă  acheter) des magazines consacrĂ©s aux Arts Martiaux. Sans doute AĂŻkido et Self & Dragon pour commencer.

Cette anecdote a son importance pour rappeler que les Arts Martiaux proposent des issues  mentales, psychologiques,  Ă©motionnelles, intellectuelles et culturelles. Et qu’ils peuvent ĂȘtre des alliĂ©s dans une pĂ©riode de trouble Ă  condition qu’ils permettent ou entretiennent une certaine capacitĂ© d’introspection, d’empathie et de rĂ©flexion. Ainsi qu’un certain optimisme.

En Psychiatrie adulte, je me rappelle encore d’un patient rencontrĂ© dans le service oĂč je travaillais alors, dans les annĂ©es 90. Ce patient, ancien champion de France de Taekwondo, avait une certaine capacitĂ© Ă  reprendre le contrĂŽle de lui-mĂȘme lorsqu’il sentait qu’il commençait Ă  s’agiter psychiquement. Et, il n’avait jamais fait partie de ces patients violents, irrespectueux, dangereux ou menaçants- malgrĂ© le dĂ©clin de son destin Ă  son jeune Ăąge ( moins de 30 ans)- que, de temps Ă  autre, certains Ă©vĂ©nements douloureux et tragiques poussent certains Ă  associer Ă  la psychiatrie.

Je sais aussi que, durant la pandĂ©mie du Covid, un Maitre de Kung Fu que j’avais rencontrĂ© Ă  Paris une ou deux fois auparavant a gardĂ© rĂ©guliĂšrement le contact avec ses Ă©lĂšves via Facebook.

Et, je sais aussi que durant la pandĂ©mie du Covid, dĂšs que cela avait Ă©tĂ© possible, un entraĂźneur de boxe française, dans ma ville de banlieue, Ă  Argenteuil, a proposĂ© rĂ©guliĂšrement des sĂ©ances d’entraĂźnement en plein air sur un terrain de basket disponible voire sur un parking.  Aux enfants comme aux adultes.

Ce sont des initiatives qui dĂ©montrent Ă  la fois l’engagement de ces personnes mais aussi que la combattivitĂ© consiste aussi Ă  savoir se maitriser comme Ă  continuer de proposer autre chose que du pessimisme.

Je crois que beaucoup de personnes mĂ©connaissent le fait que les Arts Martiaux mais aussi les sports de combat peuvent ĂȘtre des mĂ©dia d’optimisme voire d’une certaine libertĂ© individuelle.

Du cĂŽtĂ© d’Asakusa, juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

 Au point que, de plus en plus, maintenant, je me sens embarrassĂ© Ă  dire que je suis parti au Japon « avec Â» un expert en AĂŻkido ou que je pratique un peu le karatĂ©.

Parce-que je perçois plus rapidement le malentendu. 

Parce-que, pour beaucoup de personnes, les Arts Martiaux se rĂ©sument Ă  du spectacle et Ă  du combat. Cela revient Ă  faire le grand Ă©cart et/ou le moonwalk comme MichaĂ«l Jackson  ou Ă  possĂ©der des pouvoirs ou des « trucs Â» magiques et acrobatiques devant un public Ă©baubi. Ou Ă  faire de l’EPS comme au collĂšge lorsque certaines et certains dĂ©ployaient tout leur gĂ©nie afin d’en ĂȘtre dispensĂ©s.

Enfin, certaines personnes, pour des raisons, des croyances et des interdits qui leur sont propres, rĂ©pugnent Ă  passer par leur corps pour apprendre Ă  s’extraire de leur condition. Cela demanderait trop d’efforts. Cela ferait mal ou l’on pourrait se faire mal. Et puis, cela stimule les glandes sudoripares et ça fait transpirer.

Pour ces personnes, les Arts Martiaux mais aussi les sports de combat doivent rester Ă  distance Ă  l’état de vitrine ou d’éclats ultimes sur un Ă©cran. Comme si les Arts Martiaux mais aussi les sports de combat, ou n’importe quelle activitĂ© physique et sportive, pour ces personnes, Ă©taient le danger ou un dĂ©chet radioactif mortel implacable et irrĂ©versible qui pouvait les dĂ©figurer ou les anĂ©antir.

A l’inverse, d’autres se saisissent des Arts Martiaux et sports de combat comme d’un Ă©lixir censĂ© leur procurer tout ce qui a pu leur manquer Ă  un moment de leur vie. C’est leur Durandal ou leur Excalibur.

Japon, Juillet 2024. Vers l’aĂ©roport Narita pour notre retour en France. Photo©Franck.Unimon

La Pandémie du Covid a été un terrible révélateur.

Elle a d’abord eu pour effet de beaucoup nous contraindre physiquement, affectivement et mentalement (mais aussi Ă©conomiquement) que l’on soit porteur ou non du virus. Mais aussi de nous rĂ©vĂ©ler Ă  quel point il Ă©tait facile de nous Ă©carteler (diviser) et de nous affoler.

A Harajuku, fin juillet 2024, Oeuvres de l’artiste Hyakkimaru  » maitre incontestable du Kiri-Ă© au Japon, l’art du papier dĂ©coupé » ( blog Sakura Bento). Photo©Franck.Unimon

Et, ces magazines consacrĂ©s aux Arts Martiaux que j’ai trouvĂ©s ont fait partie de ma petite panoplie de self dĂ©fense mentale afin d’essayer de continuer Ă  vivre au mieux. 

Je crois que c’est de cette façon et dans ce contexte que j’ai entendu parler pour la premiĂšre fois de LĂ©o Tamaki. Et, je crois que ce contexte et ces raisons m’ont guidĂ© vers lui et d’autres avant lui mais aussi aprĂšs lui.

LĂ©o l’a peut-ĂȘtre oubliĂ© aujourd’hui mais un ou deux ans aprĂšs le dĂ©but de la pandĂ©mie du Covid, un jour, je lui avais exprimĂ© mes doutes quant au fait que celle-ci allait s’arrĂȘter et qu’il serait possible de pratiquer Ă  nouveau. C’était peut-ĂȘtre avant mon passage au Dojo 5 en Ă©tĂ© 2021 ( Dojo 5).  

Trùs simplement, il m’avait alors fait part de sa certitude et de son optimisme. Je n’avais pas eu besoin de plus.

Masters Tour et LĂ©o Tamaki

A notre arrivée à la gare de Kyoto, juillet 2024. La silhouette représente bien sûr Léo Tamaki. Photo©Franck.Unimon

Le Masters Tour est un événement martial, touristique, culturel et personnel proposé depuis plusieurs années par Léo Tamaki, son frÚre Issei et celles et ceux qui les entourent et qui partagent avec eux un certain nombre de moments et de valeurs depuis des années (prÚs de vingt années ou davantage). Parmi eux, on peut citer Tanguy Le Vourch et Julien Coup.

Il faut aussi citer Shizuka, la femme de Léo, trÚs impliquée.

Et d’autres.

LĂ©o Tamaki -qui est Ă  l’initiative du projet et qui est en le chef d’orchestre- est un expert en AĂŻkido. Son CV martial est Ă©loquent. Sa pratique martiale l’est tout autant. Quelques quarante annĂ©es d’expĂ©riences ou davantage.

Bien avant l’AĂŻkido qu’il pratique et enseigne depuis plusieurs annĂ©es maintenant, comme beaucoup de Maitres, LĂ©o Tamaki s’était auparavant « configurĂ© Â» dans d’autres disciplines martiales ou de combat. Je ne les ai pas toutes retenues. Mais je crois qu’il y a eu du judo, de la boxe thaĂŻ, du karaté 

LĂ©o a du charisme et une autoritĂ© que peu de personnes, parmi celles et ceux qui ont pu l’approcher et le voir enseigner ou pratiquer, pourront contester.

On pourra juger que je fais ici dans la flatterie en vue de pouvoir gratter une rĂ©duction sur les tarifs du prochain Masters Tour ou en vue d’obtenir un abonnement gratuit Ă  vie Ă  la revue Yashima.

Pourtant, chaque fois que l’on parle d’un Maitre, d’un expert, d’un prof, d’un collĂšgue, d’une histoire d’Amour ou d’une personne qui nous a laissĂ© une impulsion salvatrice ou libĂ©ratrice, celle-ci a toujours eue, de notre point de vue, un charisme, une connaissance et un savoir-faire qui Ă©taient absents chez d’autres.  

Et cela y compris sous d’autres latitudes que celles de la pratique martiale.

Himeji, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Je peux donc trĂšs facilement citer d’autres personnes qui, pour moi, ont ou ont eu un certain charisme bien qu’inconnus au plus grand nombre :

Stephan, Le prof de plongĂ©e qui, en Guadeloupe, m’avait fait passer mon baptĂȘme puis mes deux premiers niveaux de plongĂ©e ; Yves, le responsable de la section apnĂ©e du club dont je fais partie;  Jean-Pierre Vignau, mon « prof de karatĂ© prĂ©fĂ©rĂ© » comme celui-ci aime le dire en plaisantant dans les messages tĂ©lĂ©phoniques qu’il a pu me laisser. Mais aussi certains collĂšgues dans mon travail Ă  mes dĂ©buts ( ou Ă  leurs dĂ©buts) et plus tard, en psychiatrie, et en pĂ©dopsychiatrie, dans les services oĂč j’ai travaillĂ©, lors de certaines situations. Des infirmiers psychiatriques, Bertrand, Bernard, Patrice, Daniel, Hugues, un interne en psychiatrie, MichaĂ«l, une infirmiĂšre, Katia, le premier pĂ©dopsychiatre avec lequel j’ai travaillĂ©, le Dr Bruno Rist


Du cĂŽtĂ© artistique et musical, je pourrais citer beaucoup d’artistes, de Miles Davis, Ă  Cheikha Rimitti, en passant par Jacob Desvarieux. Albert Griffiths, Burning Spear jusqu’à Lana Del Rey bientĂŽt au festival Rock en Seine


Au mieux, l’émulation voire la compĂ©tition qui dĂ©coulent de notre attirance pour le charisme d’une personnalitĂ© nous inspirent et amĂšnent des grandes Ɠuvres et des beaux projets. 

Au pire, on se contente de singer le modĂšle, de quiproquos, de rapports de domination ou d’une admiration trop grande qui inhibe ou rend stupide.  

A cĂŽtĂ© de ce charisme et de cette autoritĂ©, LĂ©o  a quelques particularitĂ©s.

Japon, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Il est par exemple trĂšs Ă  l’aise avec les rĂ©seaux sociaux. Il tient un blog, poste rĂ©guliĂšrement des vidĂ©os ou des informations sur sa page Facebook. Il est plutĂŽt Ă  l’aise avec les interactions sociales ainsi qu’en interview : il ne passe pas son temps Ă  regarder ses pieds ou Ă  tchiper lorsqu’on lui adresse la parole.

En bon manager, il sait aussi trĂšs bien choisir ses associĂ©es, associĂ©s et partenaires directs. Et, rĂ©guliĂšrement, il crĂ©e et propose des Ă©vĂ©nements au grand public qui sont des projets stimulants sans aucun doute pour « ses Â» troupes mais aussi trĂšs exigeants en implication personnelle et en travail d’organisation
 et d’improvisation.

Pour ma part, je ne sais pas faire « tout » ça ou je ne le souhaite pas. 

Megumi, une de nos guides, avant de monter dans le Shinkansen, quelque part au Japon, juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Ce Masters Tour au Japon, comme les prĂ©cĂ©dents et comme ces stages d’AĂŻkido KishinTaĂŻkaĂŻ proposĂ©s par LĂ©o et par les enseignants de son Ă©cole, est ouvert aux pratiquants d’autres disciplines, qu’ils soient experts ou dĂ©butants.

Il est d’autres Ă©vĂ©nements proposĂ©s ailleurs, par d’autres experts ou Maitres d’Arts Martiaux, mais ce sĂ©jour au Japon a fait partie des bonus pour moi.

J’ai oubliĂ© le prĂ©nom de celui qui m’avait « promené » le lendemain de notre arrivĂ©e au Japon. Mais il Ă©tait Ă©tudiant en Japonais et se destinait Ă  l’enseignement. En temps ordinaire, je ne l’aurais pas sollicitĂ© pour dĂ©couvrir le coin. D’autant que si, sportivement, son travail peut ĂȘtre un trĂšs bon entraĂźnement en tant qu’athlĂšte, cela reste tout de mĂȘme trĂšs Ă©prouvant. Mais ce jour-lĂ , j’avais la nausĂ©e, j’Ă©tais fatiguĂ©, j’avais mal Ă  la tĂȘte et la tempĂ©rature dĂ©passait trente degrĂ©s comme durant le reste de notre sĂ©jour. Alors, j’ai rusĂ© afin de pouvoir visiter le « quartier » en essayant de rĂ©cupĂ©rer pendant nos prĂšs de deux heures de temps libre. Cela a Ă©tĂ© une bonne stratĂ©gie. Photo©Franck.Unimon

Motivations et conditions pour participer au Masters Tour : 

 Â« Surtout, ne regarde pas Ă  la dĂ©pense ! Â»

C’est ce que m’a recommandĂ© avant ce Masters Tour, cette mĂȘme amie qui, vingt cinq ans plus tĂŽt, m’avait encouragĂ© Ă  faire un prĂȘt avant mon premier voyage au Japon.

Lorsque j’ai revu cette amie Ă  Paris deux ou trois semaines avant mon dĂ©part, je me souviens avoir Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© par son regard au moment de nous dire au revoir prĂšs de la gare de l’Est.

J’étais dans la mesure pratique de mon quotidien. J’allais retourner au Japon et je me focalisais sur des dĂ©marches Ă  faire dans tel ou tel domaine comme, par exemple, bien m’assurer de l’inscription administrative de ma fille au collĂšge ou, simplement, recevoir l’officialisation de son passage en sixiĂšme. Le regard de mon amie, lui, dardait de joie pour moi. Elle, elle Ă©tait dĂ©jĂ  dans l’avion pour moi.

Je suis venu en amateur Ă  ce Masters Tour. En amateur du Japon. En amateur des Arts martiaux. En Amateur de la vie.

En curieux.

Shinjuku, Tokyo, fin juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Sans trop d’attentes dĂ©mesurĂ©es, je crois.

Si je peux donner beaucoup de ma personne dans divers domaines, j’ai du mal Ă  me percevoir comme un passionnĂ© des Arts Martiaux ou de quoique ce soit. MĂȘme si cela peut me flatter- et m’étonner- que l’on me puisse me dĂ©crire de cette maniĂšre.

Budget pour le Japon

Les premiĂšres fois que j’ai vu les tarifs du Masters Tour, le prix de ce voyage m’est apparu exorbitant voire mĂ©galo :

5000 euros pour trois semaines.

C’était Ă  peu prĂšs il y a deux ans. Avant de participer pour la premiĂšre fois aux 24 heures du SamouraĂŻ au dojo d’Herblay en 2023, un Ă©vĂ©nement Ă©galement proposĂ© par LĂ©o et les enseignants et pratiquants de l’école d’AĂŻkido Kishin TaĂŻkaĂŻ. ( voir Les 24 heures du SamouraĂŻ 2024 ). 

Puis, je me suis rappelĂ© que le Japon est une destination chĂšre. Je vois le sĂ©jour au Japon comme un sĂ©jour rĂ©servĂ© Ă  des privilĂ©giĂ©s ne serait-ce que d’un point de vue Ă©conomique.

En 1999, j’avais d’abord payĂ© environ 7800 francs mon billet d’avion puis 1200 francs un pass hebdomadaire pour prendre le shinkansen. J’avais alors cru avoir fait le principal en termes d’effort financier.

Puis, quelques jours avant mon dĂ©part, j’avais lu qu’il fallait un budget compris entre 500 et 1000 francs par jour pour passer des vacances au Japon. J’allais y passer trente jours contre 21 lors de ce Masters Tour.

Japon, juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

En 1999, peu avant mon dĂ©part pour le Japon, je ne disposais pas de ces 500 Ă  1000 francs par jour.  

Sur les conseils d’une amie, j’avais alors demandĂ© et obtenu un prĂȘt revolving de 20 000 francs que j’avais ensuite remboursĂ© en deux ans.

Un prĂȘt que je n’ai jamais regrettĂ© d’avoir demandĂ© et obtenu. J’avais alors Ă©tĂ© trĂšs Ă  l’aise financiĂšrement durant mon sĂ©jour  d’un mois au Japon.

Les 30 000 francs de l’époque Ă©quivalent sans aucun doute Ă  peu prĂšs aux 5000 euros nĂ©cessaires cette annĂ©e afin de pouvoir participer Ă  ce Masters Tour et ĂȘtre logĂ©s. Et, en plus, lors de ce Masters Tour, nous allions rencontrer des Maitres d’Arts martiaux, pratiquer, visiter diffĂ©rents endroits auxquels spontanĂ©ment, je n’aurais pas pensĂ©, avec quelqu’un qui connaissait le pays bien mieux que moi et qui en parlait la langue.

Bien-sûr, il fallait prévoir aussi les frais annexes :

repas, restaurants, dĂ©penses diverses et personnelles ( vĂȘtements, Ă©lectronique, mantras, baleines, autres…).

Mon voyage de 1999 avait été extraordinaire. Celui de ce Masters Tour le serait vraisemblablement aussi.

J’ai Ă  nouveau fait le nĂ©cessaire afin d’ĂȘtre dĂ©tachĂ© le plus possible des Ă©ventuelles contraintes financiĂšres de l’expĂ©rience. En partant pour ce Masters Tour, j’avais prĂ©vu un budget dĂ©penses situĂ© entre 4000 et 5000 euros.

J’avais aussi payĂ© deux cartes e-sim ( Holafly et Provider. Ma prĂ©fĂ©rence va Ă  Holafly) avec un forfait illimitĂ© durant trente jours. J’avais aussi pris chez mon opĂ©rateur, Orange, un forfait pour une heure d’appels depuis le Japon.

Et, je m’Ă©tais achetĂ© auparavant deux smartphones reconditionnĂ©s, donc Ă  prix rĂ©duit, qui acceptaient la carte e-sim. Un smartphone pour la messagerie WhatsApp, internet, les rĂ©seaux sociaux, les Ă©ventuels appels, les photos et les vidĂ©os.

Et un autre smartphone, plus performant, pour les photos et les vidĂ©os. 

LĂ©o nous avait recommandĂ© de nous encombrer le moins possible pour faciliter nos dĂ©placements et, donc, d’opter pour une valise d’une certaine contenance. Ni trop grande, ni petite. Je n’en n’avais pas. J’Ă©tais donc parti en acheter une et elle m’a donnĂ© satisfaction durant le sĂ©jour. C’est dĂ©sormais ma compagne et ma fille qui en profitent Ă  la RĂ©union.

On peut me trouver trĂšs Ă  l’aise financiĂšrement. Alors, je rappelle mon Ăąge :

56 ans, cette annĂ©e. Cela fait plus de trente ans que je travaille et mon prĂ©cĂ©dent  voyage au Japon datait de 1999.  J’ai donc particuliĂšrement tenu Ă  refuser que l’aspect financier vienne me gĂącher ce voyage peu ordinaire. 

Le prix des billets pour certaines Ă©preuves olympiques ( j’ai entendu parler de 7000 euros pour une place de spectateur en finale d’athlĂ©tisme du 100 mĂštres aux JO de cette annĂ©e en France) m’a d’autant plus confortĂ© dans l’idĂ©e que mon argent Ă©tait « mieux Â» employĂ© en partant pour le Japon. MĂȘme si, plus tard, j’ai profitĂ© d’une opportunitĂ© pour racheter deux places afin d’emmener ma fille assister Ă  des Ă©preuves de Judo aux Jeux Olympiques.

Et, aujourd’hui, en voyant ce que nous avons  » connu » durant ces trois semaines, je considĂšre que notre argent a Ă©tĂ© trĂšs bien utilisĂ©. A mon avis, nous avons plus fait en trois semaines que d’autres vacanciers en un mois ou davantage :

Jusqu’Ă  trois Ă  quatre visites de temples, parcs ou de musĂ©es  ( ou plus) certains jours. Les entraĂźnements. Les Maitres. Nous avons pris le Shinkansen quatre ou cinq fois ( ou plus). Nous avons changĂ© d’hĂŽtel cinq ou six fois ( ou plus). Dans des hĂŽtels plutĂŽt haut de gamme, trĂšs Ă©loignĂ©s des standards du formule 1, et proches des gares.

Tokyo, Kyoto, Inosaki, Kurashiki, Hiroshima, Himeji, sont les villes oĂč nous avons sĂ©journĂ©. Et, j’en oublie peut-ĂȘtre une ou deux. 

Nous avons rĂ©guliĂšrement reçu des suggestions de lieux Ă  visiter lĂ  oĂč nous nous trouvions. 

Nous avons aussi eu deux repas au restaurant tous ensemble.

A notre arrivée au Japon, le 9 juillet 2024. Nous faisions partie du second groupe. Le premier était arrivé la veille. Ma valise est au premier plan. Orange. Photo©Franck.Unimon

Les 140 du Masters Tour :

Je n’ai rien d’original.

Sans doute que beaucoup d’autres sont venus Ă  ce Masters Tour en ayant Ă  peu prĂšs les mĂȘmes prĂ©occupations tant financiĂšres que personnelles.

Cette annĂ©e, nous Ă©tions un peu plus de 140 Ă  venir probablement pour des raisons identiques au dĂ©part ( 142 exactement). Et aussi pour avoir « suivi » LĂ©o Tamaki sur les rĂ©seaux sociaux ou pour l’avoir rencontrĂ© lors d’un stage d’AĂŻkido KishinTaĂŻkaĂŻ ou aux 24 heures du SamouraĂŻ.

Puisque LĂ©o Tamaki passe environ 200 jours par an Ă  animer des stages d’AĂŻkido un peu partout dans le monde. Et qu’il publie rĂ©guliĂšrement au moins sur Facebook.

142, c’était plus que les autres fois oĂč, au plus haut, il y avait eu jusqu’à 90 participants. Ce qui Ă©tait dĂ©jĂ  beaucoup comparativement Ă  la trentaine de participants prĂ©sents lors d’éditions prĂ©cĂ©dentes. J’ai eu connaissance de ce chiffre de 142 participants vraisemblablement quelques jours avant notre dĂ©part.

Certains participants sont restĂ©s deux semaines au Masters Tour. D’autres, trois. Certains participants Ă©taient dĂ©jĂ  venus au Japon lors d’un Masters Tour. Un des Ă©lĂšves de LĂ©o revenait pour la quatriĂšme ou cinquiĂšme fois au Japon dans ces circonstances. Je lui envie cette expĂ©rience.

De par ma participation aux 24 heures du SamouraĂŻ de 2023 et de 2024 au dojo d’Herblay, je connaissais de vue plusieurs participantes et participants. Le fait aussi de prendre des photos et de filmer lors de ces deux Ă©ditions des 24 heures du SamouraĂŻ m’avait permis de mĂ©moriser certains visages. Autrement, j’ai dĂ©couvert sur place tous les autres lors du sĂ©jour.

Ainsi que « mes » co-locataires.

Puisque j’ai partagĂ© ma chambre d’hĂŽtel avec un inconnu. D’abord L…, pratiquant de karatĂ© shotokan. Puis, G, pratiquant d’AĂŻkido aprĂšs que sa femme et leurs deux enfants soient retournĂ©s en France aprĂšs la deuxiĂšme semaine. 

J’ai aussi appris sur place que cette annĂ©e correspondait Ă  la dixiĂšme annĂ©e de la crĂ©ation de l’Ă©cole d’AĂŻkido Kishin TaĂŻkaĂŻ crĂ©Ă©Ă© par LĂ©o, Issei, Tanguy et Julien. 

J’avais bien sĂ»r imaginĂ© que nous serions nettement moins nombreux que 142. Mais ce chiffre ne m’a pas rebutĂ©.

Ce « succÚs » vient sûrement de la médiatisation de Léo via ses stages, les événements tels que Les 24 heures du Samouraï et sa présence sur les réseaux sociaux.

J’insiste sur ce point de la mĂ©diatisation et des rĂ©seaux sociaux car bien des experts et Maitres d’Arts Martiaux toujours en activitĂ© passent inaperçus ou sont oubliĂ©s en raison d’une certaine invisibilitĂ© mĂ©diatique, voulue ou subie, faisant d’eux peut-ĂȘtre ce que l’on appelle des Kage Shihan. Si je ne me trompe pas, ce terme qui signifie « Maitre de l’ombre Â» m’a trĂšs vite intriguĂ© lorsque je l’ai dĂ©couvert et me rappelle aujourd’hui, aussi, ces thĂ©s d’ombre qui peuvent ĂȘtre produits au Japon Ă©galement.

 

Si la mĂ©diatisation peut apporter son cortĂšge d’embarras et nĂ©cessiter un investissement personnel particulier, elle peut aussi, si elle est bien maitrisĂ©e et bien tolĂ©rĂ©e, avoir un certain nombre d’avantages pratiques. Mais nous ne sommes pas tous Ă  l’aise de la mĂȘme façon avec la mĂ©diatisation ou avec le fait d’ĂȘtre en interaction constante ou rĂ©pĂ©tĂ©e avec nos semblables.

DĂ©sillusions

 

Japon, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Ce sont des dĂ©sillusions que j’ai dĂ©jĂ  pu connaĂźtre ailleurs et que je pourrais Ă  nouveau vivre comme chaque fois que je me fais une certaine idĂ©e prĂ©conçue de ce que je veux trouver ou des personnes que je veux rencontrer. Et que j’anticipe trop le dĂ©roulement d’un Ă©vĂ©nement car je suis plus dans l’attente d’un signe, d’un geste, d’un Ă©vĂ©nement ou d’une ouverture que je souhaite.

J’ai sĂ»rement trop idĂ©alisĂ© les interactions sociales et humaines que j’attendais lors de ce Masters Tour 2024.

Je les voulais selon mes souhaits. 

Je m’imaginais que des pratiquants d’Arts martiaux auraient les mĂȘmes perceptions que moi.  Qu’ils seraient « ouverts Â» et plutĂŽt zen.

J’ai dĂ©chantĂ©. Et c’est normal.

Japon, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Je me croyais sans doute parti en colonie de vacances oĂč je me ferais beaucoup -et facilement- des nouveaux amis. Mais du temps est passĂ© depuis l’enfance et l’adolescence. Et, la vie, voire le combat, c’est assez souvent le contraire de ce que l’on prĂ©voit :

Les gens rĂ©agissent diffĂ©remment de ce Ă  quoi l’on s’attend.

Je me ferai peut-ĂȘtre des amis Ă  la suite de ce Masters Tour 2024 -ou mĂȘme des ennemis Ă  la suite de la lecture de ce passage dans cet article- mais cela prendra un peu plus de temps que prĂ©vu.

Japon, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Je me rappelle que les premiĂšres fois que j’avais rencontrĂ© mon meilleur ami au collĂšge, il m’était insupportable. Et, il avait fallu plusieurs annĂ©es pour que nous devenions amis.

Toutefois, il importe rapidement d’apporter de la nuance et des prĂ©cautions Ă  mes propos :

J’ai  bien sĂ»r connu des moments rĂ©pĂ©tĂ©s de dĂ©tente et de visites, improvisĂ©s et dĂ©cidĂ©s avec d’autres participants du Masters Tour 2024.

 

J’ai mĂȘme pris la libertĂ© certaines fois de rester dans mon coin.

Mais, visiblement, en d’autres circonstances, mes prioritĂ©s sociales diffĂ©raient de celles d’autres participantes et participants.

Japon, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Contrairement à la majorité des pratiquantes et des pratiquants du Masters Tour, En Aïkido, je ne connais pas grand-chose. En karaté shotokan, à peine beaucoup plus.

Mais, Ă  mon avis, le Masters Tour concerne autant le comportement sur le tatami et en tenue que seul, face Ă  soi-mĂȘme, et en dehors du tatami.

Et, dans certains compartiments de la vie sociale, lĂ , j’ai Ă©tĂ© trĂšs Ă©tonnĂ©.

Pendant ces trois semaines, j’ai pris soin, un certain nombre de fois, d’essayer d’aller vers les autres. De discuter avec eux. D’apprendre leurs prĂ©noms.

Japon, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Vers autant de personnes que je le pouvais. Je n’y suis pas toujours parvenu. Mais je sais avoir essayĂ©. Et je crois avoir retenu plus de prĂ©noms que de participants n’ont retenu le mien. J’ai aussi bien vu que d’autres participants Ă©taient assez isolĂ©s par intermittences en dehors du tatami.

Japon, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

ParallĂšlement Ă  cela, un certain nombre de participantes et de participants ne s’embarrassaient pas avec ce genre d’applications sociales superflues. Elles et Ils ont nĂ©anmoins peut-ĂȘtre essayĂ© au dĂ©but du Masters Tour d’aller vers les autres.

Ce sont peut-ĂȘtre aussi des rĂ©actions dues au fait de se retrouver soudainement dans un grand groupe avec des personnes (ou un voisin de chambre) que l’on n’a pas choisies. Et de se voir et de se revoir frĂ©quemment en grand nombre plusieurs jours durant. Alors que cela n’est pas dans nos habitudes.

Kyoto, Juillet 2024, lors du festival Matsuri Gion. Photo©Franck.Unimon

On reste entre soi. Avec des personnes que l’on connaĂźt dĂ©jĂ  (souvent depuis des annĂ©es) ou avec lesquelles on est (dĂ©jĂ ) venu Ă  des Masters Tour prĂ©cĂ©dents. On passe sans dire bonjour.  Celle ou celui que je ne connais pas ou qui n’est pas de ma discipline martiale ou de mon niveau n’existe pas. Ou trĂšs peu.

On se prĂ©cipite pour rester avec celles et ceux que l’on connaĂźt dĂ©jĂ  et avec lesquels on rigole devant les autres qui sont lĂ  mais qui n’existent pas. A l’hĂŽtel, on sort de l’ascenseur que l’on a pris avec un des participants du Masters Tour sans lui dire au revoir une fois arrivĂ© Ă  notre Ă©tage. Voire, on lui passe devant pour rentrer dans l’ascenseur alors qu’il attendait avant nous.

Il m’est arrivĂ© de penser que cela faisait partie des Ă©preuves informelles et implicites du Masters Tour. Qu’il s’agissait que le nouveau ou l’inconnu se fasse connaĂźtre et accepter ou endure l’épreuve de l’anonymat. AprĂšs tout, dans certaines traditions d’apprentissage, le petit nouveau ou la petite nouvelle n’a pas de visage, de nom ou mĂȘme de matiĂšre. Elle ou il est lĂ  pour apprendre, pour servir, pour se taire. Et, avec du travail et de la patience, petit Ă  petit, son statut Ă©voluera. Si elle ou il persĂ©vĂšre.

Japon, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

On Ă©tait bien entre guerriĂšres et guerriers ?! Donc, pourquoi se prĂ©occuper des autres et de ces facilitĂ©s- des hypocrisies ! – sociales qui nous font croire que tout nous arrive toujours tout cuit dans la bouche, sans se battre et sans persĂ©vĂ©rer et que tout le monde nous aime toujours ?

Himeji, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Cependant, ces attitudes d’évitement Ă©taient par moments tellement caricaturales – voire comiques- qu’elles relevaient davantage, de mon point de vue, d’une difficultĂ© Ă  entrer simplement en relation avec celle ou celui que l’on ne connait pas. Qui est peut-ĂȘtre un ennemi dĂ©guisĂ© sous les traits d’un participant ou d’une participante au Masters Tour…

Dire bonjour Ă  quelqu’un Ă©tait peut-ĂȘtre plus difficile Ă  prononcer pour certaines et certains que d’avaler du cyanure. Pareil pour le simple fait de dire au revoir. 

Il a pu arriver qu’à la fin d’une sĂ©ance d’entraĂźnements avec un Maitre, comme je prends beaucoup de photos, que certains se rappellent subitement de mon prĂ©nom et de mon existence afin de me demander si je les avais pris en photo. J’ai alors toujours donnĂ© la mĂȘme rĂ©ponse :

Non.

Japon, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Mais je suis sĂ»rement beaucoup trop photosensible. Et j’exagĂšre sans doute. Je me la pĂšte aussi trĂšs certainement beaucoup.

 

Il y a eu nĂ©anmoins des Ă©claircies, je le rĂ©pĂšte. Des pĂ©riodes oĂč j’ai connu des moments agrĂ©ables avec d’autres. Il y a aussi eu ces moments ou ces rencontres et discussions imprĂ©vues devant la laverie automatique.

Et, je le prĂ©cise : j’ai vu d’autres participants ĂȘtre par moments isolĂ©s, sans doute par choix, mais aussi, Ă  mon avis, parce qu’ils avaient commis l’erreur ou la faute de venir seuls au Masters Tour ou de ne pas faire partie d’un groupe, duo ou trio.

Kyoto, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Une certaine logique aurait aussi voulu que je rejoigne et que je me « colle » Ă  d’autres adeptes du karatĂ© shotokan parce-que je pratique un peu le karatĂ© shotokan. Sauf que mon identitĂ© et ma valeur, c’est d’abord mon prĂ©nom, mon nom de famille ainsi que mon histoire personnelle. Et non le fait de porter une ceinture de telle ou telle couleur dans une discipline donnĂ©e qu’elle soit martiale ou autre :

Je suis une personne avant d’ĂȘtre un pratiquant que ce soit de karatĂ© ou d’une autre pratique. Et, mĂȘme si la pratique martiale- ou une autre pratique- rĂ©vĂšle toute ou partie de la personne que l’on est, on dira que je mets ma personne- donc sans doute mon ego- avant le pratiquant que je suis ou peux ĂȘtre.

Et, pour moi, ça commence souvent par « Bonjour Â» voire, plus difficile, de connaĂźtre mon prĂ©nom. ça donne peut-ĂȘtre une idĂ©e de la trĂšs haute opinion que j’ai de moi-mĂȘme et aussi de mon ego surdimensionnĂ©.

Japon, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Mais, visiblement, d’autres participantes et participants ont eu le rĂ©flexe inverse.  Et, j’aurais eu plus « d’attraits Â» y compris d’un point de vue sociĂ©tal si j’avais eu tel niveau et tel parcours plus ou moins accompli et reconnu dans telle pratique martiale.  

Je crois que c’est une erreur de la part de ces pratiquantes et pratiquants d’avoir eu ce comportement quel que soit leur niveau avancĂ© dans leur pratique martiale qu’il s’agisse d’AĂŻkido ou de karatĂ©.

Japon, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Je rĂ©pĂšte aussi que j’ai dĂ©jĂ  assistĂ© peu ou prou Ă  ce type de comportement dans d’autres domaines :

Lorsqu’il m’est arrivĂ© de faire du journalisme cinĂ©ma en tant que bĂ©nĂ©vole, j’ai pu croiser des journalistes cinĂ©ma professionnels, certes rĂ©putĂ©s et rĂ©munĂ©rĂ©s, mais que j’ai perçus comme des handicapĂ©s de la relation sociale.  Je me rappelle de mon enthousiasme Ă  m’adresser pour la premiĂšre fois, lors d’une projection de presse, Ă  un journaliste cinĂ©ma de TĂ©lĂ©rama dont j’avais lu des critiques. Le ton sur lequel celui-ci m’avait rĂ©pondu ne disait rien de ses jours de fĂȘte. J’avais rencontrĂ© des personnes beaucoup plus joyeuses Ă  un enterrement.

J’ai aussi pu trouver excessif et ridicule de voir certaines attachĂ©es de presse mettre sur un piĂ©destal certains journalistes employĂ©s par des mĂ©dia renommĂ©s tel TĂ©lĂ©rama. Qu’est-ce qui m’avait fondamentalement sĂ©parĂ© de ces journalistes cinĂ©ma mis sur un piĂ©destal ?

Le fait que j’écrivais pour un mĂ©dia moins diffusĂ© en tant que bĂ©nĂ©vole. Il aurait suffi oĂč il suffirait que demain, j’écrive ou travaille pour un mĂ©dia reconnu et important et, lĂ , on me donnerait du « Monsieur » mĂȘme si mes articles sont Ă©crits par une banane en dĂ©composition.

Dans « mon » club de karatĂ©, il a pu arriver qu’un pratiquant nĂ©cessairement bien plus ancien que moi et plus gradĂ© se contente de m’appeler « Ceinture jaune ! ». J’ai alors expliquĂ© calmement que mon prĂ©nom Ă©tait trĂšs diffĂ©rent. Et, intĂ©rieurement, il m’est arrivĂ© de m’amuser en considĂ©rant que ces anciens (qui peuvent ĂȘtre nettement plus jeunes que moi) ont connu principalement un seul club de karatĂ© ou deux, situĂ© Ă  quelques minutes de leur domicile alors qu’il me faut une heure de transport, et que je n’ai jamais vu aucun d’eux aux 24 heures du SamouraĂŻ.

Dans un service de psychiatrie adulte oĂč il m’arrivait de faire des remplacements, une infirmiĂšre du service dont je connaissais le prĂ©nom m’avait interpellĂ© un jour, comme je revenais, de la maniĂšre suivante :

« PĂ©dopsy ? Â». Elle avait eu une soudaine rĂ©miniscence. Je lui avais confirmĂ© puis rĂ©pondu :

« Mais, tu sais, mon prĂ©nom, ce n’est pas pĂ©dopsy
 Â».

Ces exemples pour montrer que ce qui s’est passĂ© avec certaines participantes et certains participants du Masters Tour est assez courant ailleurs. Ces personnes ne sont pas forcĂ©ment des mauvaises personnes y compris celles qui se sont estimĂ©es supĂ©rieures en raison de leur niveau de pratique martiale nettement plus avancĂ© que le mien. Parmi elles, des rencontres humaines et des interactions sociales viables, prospĂšres et profondes sont possibles. Mais cela passe par diffĂ©rentes Ă©tapes proches de l’orpaillage. Il faut prendre le temps de se trouver et de se connaĂźtre. Et, Ă  la fin de ce Masters Tour, j’ai aussi remarquĂ© que certains, plus distants ou indiffĂ©rents en apparence Ă  premiĂšre vue m’avaient identifiĂ© et commençaient Ă  s’autoriser Ă  me parler un peu.

Himeji, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

J’avais simplement idĂ©alisĂ©- et cru- de maniĂšre enfantine qu’au travers des Arts Martiaux, il Ă©tait plus simple de rencontrer d’autres ĂȘtres humains.

Si les Arts Martiaux peuvent ĂȘtre des mĂ©dia, ils peuvent aussi servir de masques ou d’armures. C’est peut-ĂȘtre d’ailleurs l’un des messages du dernier film de Bruce Lee, de son vivant, OpĂ©ration Dragon.

Lors du Masters Tour, Ă  notre arrivĂ©e Ă  la gare de Kurashiki, nous avons eu la surprise de devoir porter nos bagages dans les escaliers pour nous rendre jusqu’à l’hĂŽtel situĂ© Ă  Ă  peine dix minutes Ă  pied.  Je n’en veux pas Ă  LĂ©o et Ă  Issei malgrĂ© la cadence imprimĂ©e au groupe afin d’arriver Ă  une certaine heure Ă  l’hĂŽtel. Par contre, embarrassĂ© par mes bagages, je ne pouvais pas aller aussi vite que le reste du groupe. Quelques minutes plus tĂŽt, en descendant les marches d’escaliers, quelques participants avaient failli ĂȘtre les tĂ©moins d’une superbe cascade que j’avais failli rĂ©aliser malgrĂ© moi avec ma valise. Je dois Ă  des rĂ©flexes et au fait d’avoir portĂ© mes Doc Martens d’avoir pu rĂ©tablir la situation. Autrement, je me serais quelque peu fait mal en tombant avec ma valise de vingt kilos. Ce petit incident m’a stupidement incitĂ© Ă  la prudence par la suite.

Or, l’état d’esprit « Sauve qui peut ! Â» et « Chacun pour soi ! Â» l’a emportĂ© chez beaucoup. Et, arrivĂ©s Ă  la gare de Kurashiki, seul comptait le fait de suivre le rythme pour arriver Ă  l’hĂŽtel.

Un seul participant du groupe a eu la prĂ©sence d’esprit de se retourner et de voir que j’étais Ă  la traĂźne. Et de m’attendre. ChargĂ© comme je l’étais, je ne pouvais pas faire plus et plus rapidement que je ne le faisais.

Sans ce participant, j’aurais trouvĂ© l’hĂŽtel puisqu’il n’était pas loin de la gare et que nous avions reçu les informations le concernant sur la messagerie whatsApp.

Par ailleurs, au Japon, on se sent en sécurité et, à aucun moment, je ne me serais senti sur un champ de bataille ou en pleine guerre de gangs.

Mais j’ai Ă©tĂ© trĂšs Ă©tonnĂ© par cette absence d’attention du groupe pour quelqu’un d’autre. Et cette façon de foncer tĂȘte la premiĂšre vers la destination qui Ă©tait l’hĂŽtel dans cette ville que nous dĂ©couvrions tous, pour la plupart. Et, je suis persuadĂ© que j’aurais eu cette attention pour quelqu’un d’autre Ă  l’image de celle qu’a pu avoir ce participant et pratiquant expĂ©rimentĂ© pour moi.

Une attention qui, mĂȘme si elle lui a semblĂ© tout Ă  fait normale, et qu’il a sans doute aujourd’hui oubliĂ©e, est pour moi devenue quasiment indĂ©lĂ©bile dans ma mĂ©moire.

J’exprime ici quelles ont pu ĂȘtre mes dĂ©sillusions, et mes incomprĂ©hensions, par moments, lors de ce Masters Tour.

Mais il Ă©tait sĂ»rement impossible pour quiconque d’échapper Ă  une quelconque dĂ©sillusion ou incomprĂ©hension, Ă  un moment ou Ă  un autre, lors de ce Masters Tour. Un Masters Tour dont la plus grande partie du tracĂ© Ă©tait dirigĂ©e.  Et oĂč il a Ă©tĂ© nĂ©cessaire, rĂ©guliĂšrement, de toutes façons, de s’adapter Ă  diverses Ă©chĂ©ances et circonstances. Au point, qu’il m’est arrivĂ© de me dire qu’en participant Ă  ce Masters Tour, on faisait partie intĂ©grante- jusqu’à un certain point- du systĂšme Tamaki.

Mais il y a le « systĂšme Â» Tamaki et la façon dont on reste soi-mĂȘme. Etre perçu Ă  ce point par moments comme un corps Ă©tranger, par certaines et certains, m’a dĂ©rangĂ©.

 

Corps Ă©tranger

J’estime avoir autant voire plus appris durant ce sĂ©jour de mes interactions avec les autres participants et de mes quelques dĂ©ambulations et observations au Japon que de mes pratiques sur les tatamis ou lors des sĂ©ances d’entraĂźnement :

Quand, lors de la deuxiĂšme semaine de ce Masters Tour, j’ai « oubliĂ© Â» mes armes dans le bus Ă  Kyoto, j’étais certes fatiguĂ© et distrait, mais j’avais aussi manquĂ© de prĂ©sence et ne faisais pas suffisamment corps avec elles :

MĂȘme fatiguĂ© et distrait, je n’aurais pas oubliĂ© ma fille dans un bus que ce soit Ă  Kyoto ou ailleurs. J’ai oubliĂ© ces armes dans le bus (finalement retrouvĂ©es grĂące au concours de Megumi et Maki, deux de nos guides japonaises) car elles Ă©taient alors pour moi des corps Ă©trangers.

AprĂšs avoir oubliĂ© ces armes, et en avoir Ă©tĂ© privĂ© durant deux jours, j’ai perçu leur importance et leur singularitĂ© lorsque j’ai compris qu’il Ă©tait difficile d’en retrouver des semblables vu qu’elles avaient Ă©tĂ© constituĂ©es dans ce bois rare et lĂ©ger dont LĂ©o nous avait parlĂ© avant notre dĂ©part.

Deux leçons fondamentales

Japon, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Les deux leçons martiales fondamentales (ou autres) que je retiens, pour l’instant, sont  d’abord ces deux commentaires que m’ont faits tour Ă  tour LĂ©o puis Issei en pleine sĂ©ance :

 

« Tu es trop bienveillant Â». « Tu rĂ©flĂ©chis ? Â» (synonyme de « Tu rĂ©flĂ©chis trop Â»).

Je trouve que cela me concerne beaucoup tant dans la vie que sur un tatami.

Pas tout le temps.

Mais suffisamment pour m’empĂȘcher d’évoluer certaines fois. Depuis plusieurs annĂ©es, j’ai plus (tenu) Ă  dĂ©velopper mon cĂŽtĂ© bienveillant qu’à dĂ©velopper mon cĂŽtĂ© tranchant. Mon cĂŽtĂ© tranchant me fait peur. Alors, je le retiens comme je le peux par un excĂšs de bienveillance.

Il arrive que de temps Ă  autre, on me dise :

 Â« C’est parce-que tu es infirmier en pĂ©dopsychiatrie et en psychiatrie..tu as la vocation etc
. Â».

De la mĂȘme maniĂšre que j’ai dĂ©menti ĂȘtre une personne passionnĂ©e, je vais ici dĂ©mentir le fait d’avoir une quelconque vocation pour le mĂ©tier d’infirmier comme le fait d’ĂȘtre « bienveillant » par effet de ruissĂšlement parce-que je suis infirmier en pĂ©dopsychiatrie et en psychiatrie.

Certains tortionnaires ont pu ĂȘtre et sont des mĂ©decins ou des soignants. Je pourrais trĂšs bien faire partie de ces tortionnaires. 

Pour simplifier, « L’ùre » nazie a donnĂ© de « bons » exemples de mĂ©decins tortionnaires. Et, malheureusement, je n’ai aucune difficultĂ© Ă  concevoir que lors du gĂ©nocide des Tutsi au Rwanda, en 1994, des soignants hutus aient participĂ© au massacre. DĂšs lors qu’une forme de folie meurtriĂšre devient « normale », « fĂ©conde » et « collective », toutes les catĂ©gories sociales et professionnelles peuvent se rĂ©vĂ©ler zĂ©lĂ©es et entreprenantes pour participer au « grand projet » qu’est un gĂ©nocide. C’est un vĂ©ritable film d’horreur mais pour de vrai.

Il ne suffit pas de porter une blouse blanche pour devenir bienveillant. On a une certaine bienveillance et attention en soi, de maniĂšre spontanĂ©e et stimulĂ©e, qui, ensuite, selon le domaine professionnel et Ă©conomique oĂč l’on exerce, et selon la conscience que l’on a de soi et des autres,  va et peut se dĂ©velopper ou non en fonction des conditions de travail qui sont les nĂŽtres que l’on accepte ou que l’on refuse.

J’aurais pu ĂȘtre tout autant quelqu’un de bienveillant et exercer en tant que journaliste ou avocat.

Une journaliste comme Laurence Lacour ( autrice de Le bĂ»cher des innocents)  un journaliste comme Ted Conover ( auteur de LĂ  oĂč la terre ne vaut rien)  ou Joseph Kessel lorsqu’il a Ă©critAvec les Alcooliques anonymes  ont Ă  mon avis une bienveillance supĂ©rieure Ă  bien des personnes.

La bienveillance part d’eux. Ensuite, ils sont parvenus Ă  la monnayer ou Ă  en faire un mĂ©tier mais aussi un moteur de leur carriĂšre.

Moi, j’en suis au stade oĂč je pense que ma bienveillance voire ma « sur Â» bienveillance est un moyen, aussi, pour moi, de distraire ma violence. Ou de l’utiliser Ă  des fins que j’estime plus utiles et rĂ©paratrices. C’est une façon de la maintenir Ă  distance. Par devoir et aussi par choix. Parce-que savoir ordonner sa propre violence au point de savoir l’utiliser afin d’en faire une Ɠuvre d’art ou une Ɠuvre socialement responsable et collective, c’est donnĂ© Ă  peu de personnes :

Le plus souvent, lorsque l’on est coutumier de l’usage de la violence, soit on dĂ©truit son entourage, ses relations et son environnement et/ou soit on se dĂ©truit soi-mĂȘme.

Picasso et Miles Davis Ă©taient des personnes violentes et destructrices. Mais malgrĂ© tout, ils ont pu crĂ©er et c’est ce que beaucoup prĂ©fĂšrent retenir et admirer. A mon sens, Amy Winehouse s’est autodĂ©truite quasiment en direct live et c’est la raison pour laquelle j’ai beaucoup de mal Ă  comprendre comment des gens ont pu avoir du plaisir Ă  assister Ă  certains de ses concerts. Et, j’ai du mal Ă  aimer sa musique pour les mĂȘmes raisons. Une musique que je trouve en plus excessivement rĂ©tro comme corsetĂ©e dans une Ă©poque qui ne pouvait pas la retenir.

Par extension, je ne crois donc pas que les soignants en blouse blanche soient des ĂȘtres totalement pacifiĂ©s et expurgĂ©s de tout conflit intĂ©rieur et intrapsychique. Leur blouse blanche leur sert de digue ou de barrage, comme le kimono ou le hakama pour d’autres, et la profession que servent ces blouses blanches a des codes, des interdits, dont on peut retrouver des Ă©quivalents dans la Loi ou dans une religion qui donnent un cadre, des repĂšres et des guides.

Le but de ce cadre, de ces repĂšres et de ces guides, c’est d’éviter que la sauvagerie ne prenne le dessus sur l’HumanitĂ© et de permettre Ă  cette derniĂšre de subsister, de s’exprimer et de se consolider le plus possible. 

Mais tout excĂšs, mĂȘme lorsqu’il s’agit de bienveillance, est Ă  attĂ©nuer.

C’est peut-ĂȘtre pour cela que, instinctivement, de plus en plus, je me rapproche des Arts Martiaux bien-sĂ»r mais aussi
.des armes blanches.

 

Acheter un iaitƍ :

Devant la boutique de Sakuraya, Tokyo, aprĂšs mon achat d’un iaitƍ. Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

Je n’étais pas du tout venu au Japon avec l’intention d’acheter un iaitƍ.

Lorsque LĂ©o en parlait dans ses mails plusieurs mois avant ce Masters Tour 2024, je ne me sentais pas du tout concernĂ©. Je voyais cela comme une espĂšce d’excentricitĂ© coĂ»teuse et dĂ©corative.  Ou comme une recherche du spectaculaire. Je pensais aussi au katana posĂ© sur un mur pour faire joli ou pour intimer :

«Mon secret, c’est que  je suis un samouraĂŻ, une personne trĂšs redoutable, car j’ai un katana commandĂ© sur internet accrochĂ© au mur dans mon salon Â».

J’ai quelques fois la naĂŻvetĂ© de croire que les personnes les plus redoutables sont aussi celles qui savent se rendre parfaitement indĂ©tectables et se fondre dans la masse. On l’a trĂšs bien « vu Â»  (malheureusement) avec les terroristes islamistes ces derniĂšres annĂ©es.

 

Et puis, un des participants du Masters Tour a choisi un iaitƍ devant moi dans la boutique Sakuraya.

 

Curieux, je l’ai regardĂ© faire. Il a Ă©tĂ© conseillĂ© par Issei.

Ensuite, puisque j’étais lĂ , autant en profiter pour toucher. J’en ai sorti un ou deux de leur fourreau avec autant de prĂ©caution que mes mains mal habitĂ©es le pouvaient.

J’ai ressenti quelque chose. J’ai ressenti de la vie. Ce n’était pas un objet ni un geste inerte. C’était une action qui, le fait de sortir et de manier cette arme, de maniĂšre rĂ©pĂ©tĂ©e, apprise, maitrisĂ©e, pouvait faire grandir en moi un certain apaisement.

Je peux vraiment dire que c’est ce que j’ai ressenti plus que ce que j’ai vu ou l’envie de possĂ©der une « arme Â» qui m’a incitĂ© Ă  faire cette acquisition mais aussi Ă  m’embarrasser ensuite Ă  la porter d’hĂŽtel en hĂŽtel, de shinkansen en shinkansen jusqu’à l’aĂ©roport.

Alors que voyager lĂ©ger et le moins encombrĂ© possible facilitait beaucoup nos dĂ©placements avec nos bagages. 

Lorsque je suis reparti de la boutique Sakuraya, tout, dans l’attitude solennelle du vendeur expĂ©rimentĂ© m’indiquait que j’avais achetĂ© un objet important. Ou qu’il me confiait un objet important. 

Avec le vendeur de la boutique Sakuraya, aprĂšs l’acquisition de « mon » iaitƍ. Juillet 2024.

A mon retour en France, j’ai commencĂ© Ă  chercher des cours de iaido. Et, quotidiennement, je sors mon iaitƍ. Miles Davis disait qu’un musicien a besoin de toucher son instrument tous les jours. Je me dis que ce iaitƍ n’est pas un objet de dĂ©coration et doit (me) devenir un corps familier. Je fais sĂ»rement des erreurs grossiĂšres et ridicules lorsque je l’emploie en attendant de prendre des cours. Mais je le prĂ©serve de la poussiĂšre.

Quelques jours aprĂšs avoir achetĂ© « ce » iaitƍ, j’aurais aimĂ© m’ĂȘtre aussi fiĂ© Ă  ce que je ressentais en touchant un Jeans Ă  Kurashiki.  J’ y ai dĂ©laissĂ© un Jeans auquel je continue de penser depuis.  

Car j’ai voulu me raisonner.  Je porte trĂšs occasionnellement des  Jeans. Et je n’avais aucune intention d’acheter une paire de Jeans en venant au Japon. Or, j’en avais dĂ©jĂ  achetĂ© deux. 

 J’ai un moment envisagĂ© de faire le trajet Tokyo-Kurashiki pour aller le chercher. Ce qui aurait ramenĂ© ce Jeans quasiment au prix d’un diamant !

J’ai quand mĂȘme vĂ©cu beaucoup de bons moments lĂ -bas.  Alors, pourquoi, Ă  certains moments ai-je disparu du groupe ?

 

Mon deuxiĂšme voisin de chambre, G, Ă  Kurashiki, en train de m’attendre. Japon, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

La vie en groupe, premiĂšre semaine :

J’ai Ă©crit qu’un certain nombre de participantes et participants sont restĂ©s entre eux. J’ai nĂ©anmoins bĂ©nĂ©ficiĂ© aussi des avantages du groupe ou des petits groupes en diverses circonstances.

Durant la premiĂšre semaine, je me suis abreuvĂ© principalement aux groupes. Je suivais le groupe dans lequel je me trouvais. Que ce soit pour prendre le shinkansen, le train, le bus, les visites. Prendre un verre. 

 

C’était trĂšs agrĂ©able. Je faisais le touriste. Cela me permettait de socialiser. Cela Ă©tait trĂšs confortable et je n’avais pas beaucoup Ă  rĂ©flĂ©chir sur ce qui m’environnait. Tout ce que j’avais Ă  faire, c’était ĂȘtre Ă  l’heure et faire avec les autres ou comme tous les autres.

 

Au prĂ©alable, j’avais toutefois effectuĂ© le minimum. J’avais pensĂ© Ă  retirer des yens en espĂšces dĂšs le dĂ©but de mon sĂ©jour par 50 000 yens (environ 260 euros au cours actuel de 1 euro = 171 yens, un taux trĂšs avantageux pour l’euro). J’avais achetĂ© un tĂ©lĂ©phone portable reconditionnĂ© qui acceptait la carte e-sim et j’étais reliĂ© en permanence (et trĂšs facilement) aux divers groupes whatsApp du Masters Tour 2024.

 

Nos journĂ©es Ă©taient quotidiennement rythmĂ©es par l’engrais des informations qui venaient rĂ©guliĂšrement fertiliser nos messageries whatsApp.

 

 

La vie en groupe, deuxiÚme semaine : Ne Pas déranger

 

En dĂ©but de deuxiĂšme semaine, j’avais digĂ©rĂ© le dĂ©calage horaire et avais commencĂ© Ă  comprendre dans quel pays je me trouvais. Dont certaines de ses rĂšgles liĂ©es Ă  la ponctualitĂ© qui consiste Ă  ĂȘtre en avance de dix Ă  quinze bonnes minutes. Ainsi que le principe « Ne pas dĂ©ranger Â» rappelĂ© rĂ©guliĂšrement par LĂ©o et Issei.

Mais, surtout, j’ai alors fait une grande dĂ©couverte :

J’étais devenu un bovidĂ©.

Je me contentais de suivre et de boire Ă  grands traits quand on me le disait et lĂ  oĂč l’on me disait quand le faire. Moi, qui, en 1999, sans internet et la tĂ©lĂ©phonie mobile actuelle, avais pu circuler seul, une semaine durant au Japon, prendre le shinkansen, aller Ă  Kyoto, Hiroshima. Dans le Japon de 1999 qui Ă©tait bien moins touristique que celui  « retrouvĂ© Â» cette annĂ©e oĂč on a pu facilement entendre parler Français, Anglais ou AmĂ©ricain. Mais oĂč j’ai aussi pu croiser un Ukrainien qui y vit depuis une dizaine d’annĂ©es ainsi que des NigĂ©rians.

C’est probablement au dĂ©but de cette deuxiĂšme semaine que j’ai vraiment vu que certaines et certains prĂ©fĂ©raient rester entre eux pratiquant d’une certaine façon le « chacun pour soi Â».

 A cela s’est additionnĂ© un certain Ă©tat d’esprit « sauve qui peut Â». L’esprit « sauve qui peut Â», c’est cette tension ou cette anxiĂ©tĂ©, voire cette quasi-Ă©pouvante perçue dans le regard de certains au moment de prendre le shinkansen ou lorsqu’il s’agissait de se dĂ©placer avec nos bagages dans les correspondances des gares. La peur ou l’inquiĂ©tude de se perdre. De rester Ă  quai. Ou dans le shinkansen.

Sans le groupe.

Ces observations m’ont amenĂ© Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  celui que j’Ă©tais et que j’avais oubliĂ© : j’aime ĂȘtre en relation avec les gens mais pas Ă  n’importe quelle condition. Et je n’aime pas me sentir enfermĂ© dans  un groupe. 

Japon, Juillet 2024. Photo©Franck.Unimon

La vie en groupe, troisiĂšme semaine : «  On dirait qu’il fait tout le temps, la gueule ! Â».

 Lors de la premiĂšre semaine du Masters Tour environ, j’avais Ă©tĂ© surpris d’apprendre par un participant que certaines personnes avaient l’impression que je faisais « tout le temps, la gueule ! Â».

J’avais rĂ©pondu Ă  ce participant qu’en une semaine de Masters Tour, j’avais appris ça :

« Si les gens Ă©taient (plus) sereins, ils ne pratiqueraient pas des Arts Martiaux Â».

Une remarque que j’avais Ă©tendue aussi aux pratiquantes et pratiquants d’apnĂ©e.

J’avais ensuite ajoutĂ© que ces personnes qui s’étaient formalisĂ©es Ă  mon sujet Ă©taient trĂšs peu venues me parler.

Mais, rĂ©trospectivement, ces personnes avaient peut-ĂȘtre un peu raison en ce sens que je ne me suis pas forcĂ© Ă  sourire. Et qu’il est d’autres moments oĂč j’ai pu rester trĂšs sĂ©rieux ou concentrĂ©.

D’un autre cĂŽtĂ©, je comprends que des participants et des participantes soient venus en couple, en famille, entre potes ou partenaires du mĂȘme club ou aient optĂ© pour se rĂ©unir en personnes de la mĂȘme discipline. Ce voyage sera pour eux mĂ©morable et leur a sans aucun doute- je le crois et je l’espĂšre- rĂ©servĂ© des moments trĂšs privilĂ©giĂ©s.

Pour ma part, mĂȘme si, dans l’idĂ©al, j’aurais aimĂ© faire autrement, je continue de croire que j’ai pris la meilleure dĂ©cision en venant seul au Japon pour ce Masters Tour 2024. Au vu du rythme et du nombre de nos visites, de nos marches, de nos changements d’hĂŽtel, de la chaleur humide (plus de trente degrĂ©s tous les jours en moyenne), de la variabilitĂ© de nos horaires selon les circonstances, de la nĂ©cessitĂ© de s’adapter, de suivre les messages sur les boucles WhatsApp, des entraĂźnements, je trouve qu’il est difficile de pouvoir s’y ajuster au mieux tout en conservant, par ailleurs, une vie de famille ou de couple harmonieuse, douillette et paisible.

On pourra me dire qu’une vie de couple et de famille est rarement harmonieuse, douillette et paisible et que le Masters Tour peut aussi permettre d’apprendre à se concentrer sur l’essentiel.

Je rĂ©pondrais qu’il m’a manquĂ© le courage, l’optimisme, la force, la folie mais aussi la gĂ©nĂ©rositĂ© pour venir avec ma compagne et ma fille Ă  ce Masters Tour 2024.

Je me souviens aussi m’ĂȘtre senti devenir assez irritable ou susceptible en dĂ©but de troisiĂšme semaine. Et de moins bien supporter d’éventuelles contraintes relatives au groupe. Qu’il s’agisse de faire en groupe ou de « tĂ©ter Â» l’anxiĂ©tĂ© ou la fĂ©brilitĂ© de quelqu’un dans le groupe.

Donc, tout ce qui, en troisiĂšme semaine, m’a semblĂ© facultatif concernant le groupe est assez facilement passĂ© davantage au second plan. J’en aussi eu assez d’ĂȘtre celui qui va vers les autres participantes et participants du Masters Tour.

Je suis sĂ»rement devenu nettement plus solo, plus Ă©gocentrique, donc peut-ĂȘtre encore plus bizarre et plus incomprĂ©hensible pour quelques unes ou quelques uns lors de cette troisiĂšme et derniĂšre semaine. 

ParallĂšlement Ă  cela, je me suis davantage ouvert au pays, Ă  mon rythme ainsi qu’à mes inspirations pour continuer Ă  le dĂ©couvrir.

J’ai un temps voulu aller Ă  Yokohama. Mais durant les deux derniers jours de notre pĂ©riple, je me suis avisĂ© que j’avais Ă  peine vu Shinjuku. Et en me rendant Ă  Harajuku (oĂč j’étais aussi passĂ© en principe en 1999), je me suis aperçu que j’avais tout Ă  dĂ©couvrir.

Du Japon que j’avais aperçu en 1999, exceptĂ© Hiroshima et l’Ăźle de Miyajima, je n’ai rien reconnu. 

Cette premiĂšre partie s’arrĂȘte lĂ . La seconde partie parlera des Maitres que nous avons rencontrĂ©s. Des impressions qu’il me reste ou que je me suis fait d’eux.

Il me semble que cette premiĂšre partie est la plus difficile Ă  lire et Ă  avaler. Mais je crois que sans cette premiĂšre partie, mon « rĂ©cit Â» aurait Ă©tĂ© incomplet et artificiel.

Franck Unimon, dimanche 11 aout 2024.

 

 

 

 

 

 

 

 

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