Dojo 5
Le Dojo 5 se trouve prĂšs dâune piscine de 33 mĂštres de longueur. Celle-ci est en rĂ©novation, rue de Pontoise.
Pour beaucoup, la rue de Pontoise se trouve Ă Paris. Pour moi, Pontoise est soit une ville soit une couleur oĂč jâai vĂ©cu et travaillĂ©.
Ce samedi 17 juillet, jâarrive au dojo 5 afin dâassister au stage dâAĂŻkido dispensĂ© par Sensei LĂ©o Tamaki. Jâai appris la tenue de ce stage Ă Paris, ce 17 et ce 18 juillet un peu par hasard il y a deux ou trois jours. A la fin de son interview de Franck Ropers dans le magazine Yashima de ce mois de juillet 2021, on tombe sur plusieurs dates de ses stages cet Ă©tĂ© en France.
Jâai croisĂ© une fois LĂ©o Tamaki dans la rue. CâĂ©tait par hasard il y a quelques mois prĂšs des Galeries Lafayette. Lors des prĂ©paratifs des fĂȘtes de NoĂ«l de lâannĂ©e derniĂšre. AprĂšs ĂȘtre allĂ© rencontrer Sensei Jean-Pierre Vignau Ă son domicile. Autrement, LĂ©o Tamaki et moi avons principalement communiquĂ© par mails. CâĂ©tait en vue dâune interview pour mon blog. Cet Ă©tĂ©, ce serait plus simple avec la pandĂ©mie du Covid.
Jâarrive sans prĂ©venir au dojo 5. Jâai bien envoyĂ© un mail Ă LĂ©o Tamaki il y a quelques jours. Il ne mâa pas rĂ©pondu. Il doit ĂȘtre trĂšs occupĂ©. Je ne sais pas comment il va rĂ©agir. Afin de mâaider Ă apprĂ©hender au mieux cette inconnue, je suis assez fraĂźchement imprĂ©gnĂ© par ma lecture de lâouvrage Uchideschi ( dans les pas du Maitre) de Jacques Payet, Sensei dâAĂŻkido 8Ăšme Dan.
Lors de mon trajet en train pour Paris St Lazare, afin de me rendre Ă ce stage, je nâai pas pu mâempĂȘcher de rire lorsque Jacques Payet (page 79) raconte la mĂ©saventure de Yamada, lâun de ses partenaires lors de sa formation particuliĂšrement difficile dâUCHIDESHI dans les annĂ©es 80 :
« Mais nous nâosions pas nous effondrer au risque dâaffronter la fureur des instructeurs. Câest ce qui est arrivĂ© Ă Yamada. Il nâĂ©tait pas trĂšs fort physiquement et il avait du mal Ă rester si bas sur ses jambes pendant une si longue pĂ©riode. Lâinstructeur lui a criĂ© dessus une fois, puis deux fois, puis a commencĂ© Ă lui donner des coups de pied. Lorsquâils ont rĂ©alisĂ© quâil nâen pouvait plus, ils lâont sĂ©parĂ© du groupe et lâont mis devant un miroir pour quâil puisse voir son propre visage et savoir Ă quel point câĂ©tait humiliant dâĂȘtre un lĂącheur. Au bout dâun moment, il a rejoint la classe, mais seulement aprĂšs avoir Ă©tĂ© sĂ©vĂšrement rĂ©primandĂ© devant ses pairs ».
Mais impossible pour moi de savoir si je rirai autant lorsque je ferai face Ă LĂ©o Tamaki dans le dojo 5. Surtout que jâai quelques minutes de retard. A St Lazare, en me dirigeant vers la ligne 14, jâai reconnu une amie dont je nâavais pas eu de nouvelles depuis environ deux ans. Nous avons Ă©tĂ© contents de nous revoir.
AprĂšs avoir fait le code dâaccĂšs, la lourde porte sâouvre. Une cour intĂ©rieure et, au bout, le dojo avec la silhouette de LĂ©o Tamaki parmi ses Ă©lĂšves. Aucune possibilitĂ© de laisser mon vĂ©lo pliant. Jâai bien fait de le laisser chez moi.
Le cours a dĂ©butĂ©. Je me rapproche. Je suis Ă un ou deux mĂštres de lâentrĂ©e du dojo que LĂ©o Tamaki vient vers moi en souriant. Il semble bien se souvenir de moi. Ne paraĂźt pas plus surpris que ça.
Lorsque je lui demande si je peux assister au cours, il accepte aussitĂŽt. Et mâinvite Ă me mettre dans un coin sur le tatami.
Instinctivement, je mâinstalle en seiza. PrĂ©venant, il mâinforme que je peux me mettre Ă lâaise. Puis, il repart.
Il y a une vingtaine de stagiaires. Dont une majoritĂ© dâhommes. Deux ou trois pratiquants peut-ĂȘtre ont la cinquantaine. Autrement, la fourchette dâĂąge est entre 25-28 ans et 45 ans, je dirais. Il y a des pratiquants expĂ©rimentĂ©s. Et des dĂ©butants.
Le stage a dĂ©butĂ© ce matin mais je nâai pas pu venir. Le travail sâeffectue alors avec le bokken. LĂ©o Tamaki passe rĂ©guliĂšrement parmi les Ă©lĂšves. Corrige en montrant Ă nouveau. Fait parfois de lâhumour. Laisse travailler quelques minutes. Puis interpelle le groupe et refait sa dĂ©monstration ou insiste sur telle particularitĂ© avant de demander :
« Recommencez sâil vous plait ».
Nous sommes trĂšs loin de lâambiance japonaise dĂ©crite par Jacques Payet.
LĂ©o Tamaki parle de « dissocier ». Et de « structure ». Ce sont des mots qui lui sont assez familiers, je crois. Un autre moment, il souligne : « Par dĂ©faut, considĂ©rez toujours que votre adversaire peut sortir une arme ». Il a Ă cĆur de rendre la pratique aussi rĂ©aliste que possible, fait des parallĂšles avec dâautres pratiques martiales. Je regarde celles et ceux qui sâentraĂźnent. Les dĂ©placements. Je me dis que cela doit ĂȘtre difficile de rester concentrĂ© sur une si longue durĂ©e pour porter des atemis. Mais « jâaime » que la main remplace le sabre lors de certaines attaques.
Certaines techniques me semblent plutĂŽt hors de ma portĂ©e. Je rĂ©flĂ©chis Ă la solution Ă trouver face Ă un adversaire plus grand. Je me dis que cela doit ĂȘtre un bon apprentissage que de sâentrainer Ă voir un bokken sâabattre sur soi ou sur sa tĂȘte. Mais LĂ©o Tamaki insiste :
« Câest lui que tu dois regarder. Pas le sabre ».
Lorsque jâai pratiquĂ© un peu le judo, je venais seulement pour « faire » et pour « jaillir ». Trop peu pour regarder. Câest une erreur que jâai beaucoup rĂ©pĂ©tĂ©e. Peut-ĂȘtre que quelques participants ont Ă©tĂ© intriguĂ©s par ma prĂ©sence.
Les deux heures sont passĂ©es. A la fin du cours, jâattends que LĂ©o Tamaki soit disponible pour lui parler un peu. Il me dit alors « Tu ». MĂȘme si je nâai fait « que » regarder, je comprends quâil mâa vu durant son cours. Et, il mâa vu sans dĂ©tour. Mon ego et mes ruminations Ă©taient au repos sur le tatami.
Je croyais que ce dojo Ă©tait un dojo de circonstance pour le stage. Il mâa appris que le lieu oĂč il enseignait auparavant a « fait faillite ». Une de ces nombreuses consĂ©quences, pour lâinstant invisibles, dues Ă la pandĂ©mie du covid.
Il est convenu que je reviendrai fin aout pour lâinterview. Jâai prĂ©vu de venir avec un camĂ©raman et une photographe. Le premier mâa Ă©tĂ© recommandĂ© par une amie, journaliste et productrice, spĂ©cialiste du cinĂ©ma africain. Jâai connu et jouĂ© avec la seconde lorsque jâavais repris des cours dâinterprĂ©tation thĂ©Ăątrale au conservatoire dâArgenteuil.
En aout, si je peux, je participerai aussi Ă un cours ou deux dâAĂŻkido.
Je me sens bien en quittant le dojo 5.
Franck Unimon, ce lundi 19 juillet 2021.
2 réponses sur « Dojo 5 »
Merci pour ce billet, je dĂ©couvre votre blog grĂące au partage de LĂ©o. Je pense que l’interview devrait vous plaire, on a eu la chance de faire 7 interviews de presque 1 heure chacune avec lui, et on a adorĂ© (n’hĂ©sitez pas Ă les Ă©couter pour enrichir vos idĂ©es de questions).
Je vous rejoins sur le super livre de Jacques Payet, il est excellent !
Au plaisir de vous lire,
Marvin
Bonjour Marvin, merci pour votre commentaire. Et merci au partage de LĂ©o. Je regarderai les interviews que vous avez faites de lui.
A bientĂŽt
Franck