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Au salon du livre d’Argenteuil les 4 et 5 fĂ©vrier 2023

Au salon du livre d’Argenteuil, au lycĂ©e Georges Braque d’Argenteuil, les 4 et 5 fĂ©vrier 2023.

 Au Salon du livre d’Argenteuil les 4 et 5 fĂ©vrier 2023

 

 

Ailleurs, ces ilots réfléchis dans la prose et dans des bulles, ont été avalés par le goulot du passé.

 

Depuis des annĂ©es, telle une fin du monde pronostiquĂ©e et ingĂ©rĂ©e cul sec une nouvelle fois, puis une autre fois, et encore une fois, jusqu’à ne plus savoir compter, leur disparition est annoncĂ©e voire souhaitĂ©e avec une certaine ferveur.

 

« Ils Â» seraient devenus pĂ©rimĂ©s, auraient perdu pied. Ils n’auraient plus rien Ă  dire. Toute musique et toute vitalitĂ©, en eux, auraient dĂ©finitivement abdiquĂ©. Ils se seraient taris et auraient abandonnĂ© l’HumanitĂ©.

Au Salon du livre d’Argenteuil, au lycĂ©e Georges Braque d’Argenteuil, les 4 et 5 fĂ©vrier 2023.

 

Ils ne feraient plus le poids face Ă  la vitesse et aux pulsations volatiles- et versatiles- des images et des Ă©motions que celles-ci nous administrent Ă  hautes doses, face aux croyances technologiques de pointe, aux rumeurs acĂ©rĂ©es, cutanĂ©es et instantanĂ©es, aux publicitĂ©s, au pavot, au feu, Ă  la mĂ©diocritĂ©. Face  aux tombeaux, au pessimisme et Ă  la dĂ©pression. Face aux destructions de toutes sortes y compris celles des arbres.

Au Salon du livre d’Argenteuil, les 4 et 5 fĂ©vrier 2023.
Au Salon du livre d’Argenteuil, au lycĂ©e Georges Braque, les 4 et 5 fĂ©vrier 2023.

Ils seraient des ronces et des gadgets dont il faudrait  se dĂ©barrasser. ArrivĂ©s Ă  un certain Ăąge, Ils prendraient beaucoup trop de place comme des jeux d’enfants sans lendemains.  A peine solvables en bourse, ce sont des combustibles beaucoup moins performants qu’une bĂ»che de bois. Si peu savoureux en bouche, Ă  peine vecteurs de protĂ©ines, de glucides ou de lipides, et mĂȘme pas conducteurs d’électricitĂ©, ils ne produisent pas de pĂ©trole, ni de gaz ou de vent. Ils ne se rechargent pas en plein soleil. En plus, ils sont fragiles et ils ne donnent pas l’heure.

 

Au Salon du livre d’Argenteuil, au lycĂ©e Georges Braque, les 4 et 5 fĂ©vrier 2023.

A cela, il faut ajouter que fabriquer un livre, le lire, le conseiller, le proposer, le commander, le vendre, c’est du boulot.

Au Centre, Gilles, l’un des gĂ©rants de la librairie Presse Papier d’Argenteuil. Avec AgnĂšs REINMANN, PrĂ©sidente de l’association sous les couvertures et l’un des photographes de l’association et de l’Ă©vĂ©nement. Photo©Franck.Unimon
De profil, Catherine, l’une des gĂ©rantes de la librairie Presse Papier avec Pamela ( de face), une des employĂ©es du rayon librairie. Au salon du livre d’Argenteuil les 4 et 5 fĂ©vrier 2023. Photo©Franck.Unimon
Dominique Mariette, interviewĂ© au Salon du livre d’Argenteuil par de jeunes argenteuillaises. Photo©Franck.Unimon
A gauche, la main levĂ©e, Margot, une des employĂ©es de la librairie Presse Papier d’Argenteuil, avec plusieurs des bĂ©nĂ©voles, lors de la pause dĂ©jeuner au Salon du livre d’Argenteuil, les 4 et 5 fĂ©vrier 2023. Photo©Franck.Unimon

 

Parce qu’il faut prendre son temps pour bien s’occuper d’un livre et pour lui accorder autant d’importance. Par saccades. En hĂ©sitant. En se demandant oĂč l’on se rend et Ă  quoi l’on joue.

 

Au Salon du livre d’Argenteuil, au lycĂ©e Georges Braque, les 4 et 5 fĂ©vrier 2023.

Parfois, il faut mĂȘme relire ou regarder plusieurs fois les mĂȘmes passages, tourner des pages attentivement pour bien comprendre. Porter l’objet de lecture. Alors que ce que l’on voudrait, dĂ©sormais, lorsque l’on est bien dans le coup, ce serait des objets de plus en plus lĂ©gers, des contenus simplifiĂ©s, ainsi que des interactions beaucoup plus faciles d’usage, Ă  profusion. Et aussi plus de goudron pour avoir devant soi des grands boulevards qui nous emmĂšnent partout et tout de suite lĂ  oĂč on le dĂ©sire.

 

Tout le temps. Sans interruption. Sans avoir besoin de respirer. Sans digestion.

 

Sans imagination, aussi. Mais, cela, ce “n’est pas” une prioritĂ© semble-t’il.

Au Salon du livre d’Argenteuil, au lycĂ©e Georges Braque, les 4 et 5 fĂ©vrier 2023.

La prioritĂ©, ce serait de prĂ©voir l’avenir avec exactitude et le temps qu’il nous faudra pour effectuer les bonnes opĂ©rations. Pour tout planifier avant « leurre Â». Puisqu’il n’y a que cela de vrai. Et de concret. Alors que lire, c’est d’abord accepter de se faire surprendre. D’oublier le temps que l’on prend. D’accepter d’en perdre. C’est un peu, une folie.

Au Salon du livre d’Argenteuil, les 4 et 5 fĂ©vrier 2023, au lycĂ©e Georges Braque.

Le salon du livre d’Argenteuil organisĂ© par la librairie d’Argenteuil, Presse Papier,  les bĂ©nĂ©voles de l’association Sous les couvertures et d’autres partenaires, l’a pourtant rappelĂ© ces 4 et 5 fĂ©vrier dernier, dans le lycĂ©e Georges Braque d’Argenteuil, Ă©galement partenaire de l’évĂ©nement :

 

En 2023, au 21 ùme siùcle, il reste encore beaucoup d’otages volontaires qui se laissent prendre et surprendre par des livres afin de devenir plus libres.

Au Salon du livre d’Argenteuil, au lycĂ©e Georges Braque, les 4 et 5 fĂ©vrier 2023.

Tant qu’il y aura des personnes qui voudront faire des pauses et reprendre leur souffle, il y aura des livres. Et tant qu’il y aura des livres, il y aura des personnes qui viendront les ouvrir et puiser dedans divers remùdes et intermùdes.

 

Car on lit peut-ĂȘtre comme on se soigne. Chacun empoigne son remĂšde en adoptant la posologie qui lui est propre. La lecture Ă©tant cette bougie allumĂ©e avec laquelle chacune et chacun s’avance et s’éclaire dans cette pĂ©nombre qui lui est personnelle.

Xavier Leclerc, l’auteur du livre ” Un homme sans titre” au Salon du livre d’Argenteuil, au lycĂ©e Georges Braque. A ses cĂŽtĂ©s, avec la loupe, un des bĂ©nĂ©voles du Salon du livre. Photo©Franck.Unimon

Il y avait beaucoup Ă  parcourir ce  4 et 5 fĂ©vrier 2023 dans ce salon du livre d’Argenteuil dont l’un des thĂšmes Ă©tait En quĂȘte d’AlgĂ©rie.

Plusieurs heures Ă©taient nĂ©cessaires pour bien arpenter ce salon prĂ©parĂ© aussi avec le CollĂšge Paul Vaillant Couturier d’Argenteuil, Les Amis de Georges Braque et la SociĂ©tĂ© Historique et ArchĂ©ologique d’Argenteuil et du Parisis.

Un atelier peinture proposĂ© par l’association NĂ©nuphar d’Argenteuil, au Salon du livre d’Argenteuil les 4 et 5 fĂ©vrier 2023. Photo©Franck.Unimon

 

Plusieurs animations, en plus des interviews d’auteurs et de traducteurs, ont Ă©tĂ© proposĂ©es telles qu’un Escape Game et Le Grand Jeu « En QuĂȘte de Braque Â».

 

Thibaut Dumonet, de la Librairie Presse Papier, en train d’interviewer les auteurs Pierre et François Place au Salon du livre d’Argenteuil, au lycĂ©e Georges Braque. Photo©Franck.Unimon

Lors de ce salon, beaucoup de vies Ă©taient dans ces livres, autour d’eux, sur leurs couvertures, parmi les auteurs et artistes invitĂ©s (Pierre et François Place, Xavier Leclerc
) ainsi que dans ce public venu en trĂšs grand nombre (prĂšs de 3000 visiteurs) les rencontrer.

 

En quittant ce salon, beaucoup sont repartis Ă  la ligne en emportant ailleurs avec eux des parties de vies traduites dans des livres et dans des rencontres.

Franck Unimon, ce lundi 13 mars 2023

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Au Hammam de la gare

 

 

                           Au Hammam de la gare

 

Le hammam de la gare Ă  Argenteuil, rue du Dr Leray, ce vendredi 13 janvier 2023 vers 21h. Photo©Franck.Unimon

 

« La nature punit toujours ceux qui se prĂ©servent Â» nous avertit Marc Verillote, ancien membre du RAID pendant vingts ans de 1998 Ă  2018, dans son ouvrage Au CƓur du RAID Ă©crit avec Karim Ben IsmaĂŻl et publiĂ© en 2022. Ouvrage dont j’ai commencĂ© la lecture alors que je n’ai pas terminĂ© ma relecture de Frantz portrait Fanon d’Alice Cherki paru en 2000 ainsi que la bande dessinĂ©e Frantz Fanon rĂ©alisĂ©e par FrĂ©dĂ©ric Ciriez et Romain Lamy et parue, elle, en 2020.

 

AprĂšs avoir connu plus de trois semaines de grĂšve dite « dure Â» dans mon service, grĂšve « fantĂŽme Â» qui s’est terminĂ©e il y a quelques jours (en obtenant plusieurs rĂ©parations et avancĂ©es), et aprĂšs avoir beaucoup travaillĂ©, entre-autres de nuit, comme beaucoup, je me sens fatiguĂ© en ce dĂ©but d’annĂ©e.

Paris, Bd Raspail, fin 2022. Au loin, la Tour Montparnasse. On peut m’apercevoir en train de traverser, la route : ). Photo©Franck.Unimon

 

Comme beaucoup, aussi, j’ai appris cette semaine l’officialisation du recul du dĂ©part de l’ñge Ă  la retraite qui est passĂ© de 62 Ă  64 ans ainsi que la nouvelle de la grande manifestation prĂ©vue dans six jours, le 19 janvier, pour protester contre cette dĂ©cision annoncĂ©e par la PremiĂšre Ministre Elizabeth Borne soutenue en cela par le PrĂ©sident de la RĂ©publique, Emmanuel Macron, rĂ©Ă©lu l’annĂ©e derniĂšre pour son deuxiĂšme mandat.

 

La phrase de Marc Verillote, ancien membre du RAID, est bien sûr à prendre avec des pincettes dans ce contexte économique, social, culturel et historique qui est le nÎtre.

 

La sienne se rĂ©fĂšre Ă  une compĂ©tition de Judo, Ă  un trĂšs haut niveau, pour laquelle, rĂ©trospectivement, il estime s’ĂȘtre trop mĂ©nagĂ© lors de sa prĂ©paration pour se donner les moyens de gagner la finale. Marc Verillote se dit en effet qu’il aurait dĂ» la prendre, cette « douche glacĂ©e Â» Ă  laquelle il avait pensĂ© avant la finale de cette compĂ©tition de judo en Georgie alors qu’il faisait encore partie de l’équipe de France de Judo.

 

Si nous prenons souvent les sportifs de haut niveau ou des professionnels qui, comme Marc Verillote, dans leur domaine, font partie de l’élite – fĂ©minine ou masculine-, c’est parce-que ceux-ci nous inspirent ou peuvent nous inspirer pour les usages ou les dĂ©fis de notre vie quotidienne.  

 

Notre vie quotidienne peut ĂȘtre usante, contraignante, insatisfaisante ou dĂ©courageante. Alors qu’il suffit parfois de peu pour commencer Ă  se sortir du malaise dans lequel on s’est peu Ă  peu enlisĂ©. Et, cette Ă©lite ou ces modĂšles que nous regardons nous donnent l’exemple afin de nous dĂ©pĂȘtrer de cet enlisement-isolement. Car, si, nous, la majoritĂ© et la plupart d’entre nous, nous nous embourbons et piĂ©tinons, si nous, nous nous Ă©tourdissons et nous Ă©puisons dans des existences exsangues, l’élite a pour elle de savoir survoler les obstacles mais aussi de se survolter devant eux. 

 

L’élite est un exemple ou un visage qui nous ressemble ou que nous connaissons et que nous essayons de suivre Ă  notre mesure.

Paris, fin dĂ©cembre 2022, dans le 10Ăšme arrondissement, le matin. Photo©Franck.Unimon

Si le fait de beaucoup travailler ou de beaucoup donner de soi peut user, je crois aussi que l’on s’use d’autant plus rapidement et d’autant plus durablement lorsque l’on « vit Â» et « fait Â» par habitude de maniĂšre systĂ©matique les mĂȘmes erreurs. Nous avons la capacitĂ© de reproduire les mĂȘmes gestes, les mĂȘmes façons de pensĂ©e et les mĂȘmes choix pendant des annĂ©es en nous contentant du fait de les exĂ©cuter. Mais nous avons aussi une certaine capacitĂ© Ă  pouvoir les imposer autour de nous.

 

A moins de nous apercevoir de nous-mĂȘmes que quelque chose cloche mĂȘme si ça « roule Â» ou « marche Â», ou d’avoir quelqu’un dans notre entourage capable de nous prĂ©venir – quelqu’un que nous sommes disposĂ©s Ă  entendre- il nous faut souvent un symptĂŽme, une rupture, un accident ou un signal d’alarme pour percuter. Pour voir que sur notre belle chaine de montage, nous avons laissĂ© se dĂ©velopper quelques erreurs qui nous Ă©loignent plus qu’elles ne nous rapprochent de notre vĂ©ritable projet.

 

A condition que nous soyons encore capables de voir et de rĂ©agir. Et, s’il n’est pas trop tard.

Paris, fin 2022, dans le RER B, station Luxembourg.

 

Car, si «  La nature punit toujours ceux qui se prĂ©servent Â» comme l’annonce Marc Verillote, il est Ă©tonnant de voir comme nous pouvons trĂšs facilement ĂȘtre trĂšs performants et grandement dĂ©vouĂ©s en tant qu’inlassables bourrins continuant de labourer dans le mĂȘme champ de nos mines anti-personnelles.

 

A moins d’avoir des projets en rapport avec cette pĂ©riode, les soldes qui ont commencĂ© cette semaine vont assez peu nous aider Ă  lever le pied. Et, le lieu oĂč nous rĂ©sidons peut avoir une incidence sur les moyens dont nous disposons pour prendre le temps de reprendre notre souffle.

 

Mais encore faut-il avoir une certaine estime pour ces moyens.

La Gare d’Argenteuil centre ville, fin 2022. En regardant vers Paris. Photo©Franck.Unimon

La ville d’Argenteuil, oĂč j’habite, est une pĂ©ripĂ©tie. Une partie d’elle se dĂ©siste, une autre partie est une pĂ©pite et l’autre, Ă  mon avis, dĂ©cline. AprĂšs plusieurs annĂ©es dans ses murs et ses rues, ce constat est pour moi plutĂŽt dĂ©primant. A moins d’avoir bien su choisir son quartier ainsi que son lieu de travail par rapport Ă  elle.

 

Pourtant, je n’ai pas envie de tirer d’elle un portrait plus dĂ©labrĂ© qu’il ne l’est d’autant qu’un certain nombre de beaux ou de trĂšs beaux quartiers Ă  Paris ou ailleurs font selon moi rĂȘver  principalement parce qu’ils nous sont Ă©trangers ou interdits.  Mais aussi parce-que que l’on ne connaĂźt pas beaucoup celles et ceux qui s’y trouvent.

Paris, dans le 13Ăšme arrondissement, en dĂ©cembre 2022. Photo©Franck.Unimon

Et puis, on l’aura compris, ce que je dis aujourd’hui d’Argenteuil s’applique à ce que je suis, aujourd’hui. Puisque cette ville, d’une façon ou d’une autre, me ressemble.

 

 

Il suffit parfois de peu pour commencer Ă  se sortir du malaise dans lequel on s’est peu Ă  peu enlisĂ©. J’ai dĂ©jĂ  Ă©crit cette phrase. C’est aussi une situation que j’ai dĂ©jĂ  vĂ©cue oĂč il suffit, quelques fois, de sortir un peu de chez soi, de traverser deux ou trois rues pour qu’une rencontre ou une expĂ©rience nous procure un nouvel Ă©lan et nous Ă©loigne de cette perspicacitĂ© dĂ©faitiste et dĂ©pressive dont un certain nombre de nos actions semblaient devenir le moteur.

Le hammam de la gare, Ă  Argenteuil, ce vendredi 13 janvier 2023 vers 21h. Photo©Franck.Unimon

PrĂšs de chez moi, il se trouve un hammam, oĂč je suis dĂ©jĂ  allĂ© une ou deux fois, il y a deux ou trois ans. Plusieurs fois par semaine, je passe devant ce hammam. Plusieurs fois par semaine, aussi,  je passe plus d’une heure dans les transports en commun, afin de me rendre Ă  tel ou tel endroit. Il peut s’agir du travail ou d’une autre activitĂ© responsable, justifiĂ©e, incontournable. Ou d’une sortie de loisirs comme, demain soir, pour aller voir Sarah Murcia en concert Ă  la Maison de la Radio. Vous ne connaissez pas Sarah Murcia ? Je ne la connaissais pas non plus il y a quelques mois. J’ai d’abord vu une photo en noir et blanc d’elle au Triton en me rendant Ă  l’exposition des tableaux de Marie-Jo, une ancienne collĂšgue infirmiĂšre qui avait pris sa retraite quelques mois plus tĂŽt.

Pour dĂ©couvrir Sarah Murcia, je vous propose de la voir en duo avec Rodolphe Burger lorsqu’ils ont tous les deux repris le titre Billie Jean de MichaĂ«l Jackson.

Paris, fin 2022. Photo©Franck.Unimon

Billie Jean, MichaĂ«l Jackson, c’est loin.  J’ai de la « chance Â», pour aller demain soir au concert de Sarah Murcia la gare est proche de chez  nous. Moins de cinq minutes Ă  pied. Cette chance tient aussi au choix que nous avons fait de nous installer  il y a dix ans prĂšs de la gare. MĂȘme si je passerai sans doute plus de temps dans les transports en commun demain soir pour aller au concert que pour y assister Ă  la maison de la radio dans le 16Ăšmearrondissement de Paris.

 

Le hammam est plus proche de chez nous que la gare. Mais, Ă©videmment, je me rends bien plus souvent Ă  la gare qu’au hammam. Et, Ă©videmment, aussi, Sarah Murcia et tous les autres artistes, ne font pas encore leurs concerts dans un hammam.

 

MalgrĂ© cette dĂ©sillusion, ce matin, un peu aprĂšs 7h30, je suis retournĂ© au hammam. Car, nous avons la chance, Ă  Argenteuil, d’avoir un hammam qui ouvre dĂšs 7 heures du matin. Il est ouvert tous les jours sauf le mardi.

 

« C’est 15 euros, maintenant. Le prix a augmentĂ© Ă  cause le gaz
 Â» s’excuse le gĂ©rant qui me reçoit. RĂ©guliĂšrement, j’ai pu le saluer chaque fois que je l’avais croisĂ© dehors, en passant, devant le hammam. Alors que j’emmenais ma fille Ă  l’école ou au centre de loisirs.

 

Auparavant, l’entrĂ©e coĂ»tait 12 euros, thĂ© Ă  la menthe inclus.

Paris, le 15 dĂ©cembre 2022. Photo©Franck.Unimon

Le hammam de la gare est un hammam simple et propre. Peut-ĂȘtre rustique. Peut-ĂȘtre dĂ©cati. Mais il a sa clientĂšle. Il est courant de voir une caisse garĂ©e Ă  cheval quelques minutes sur le trottoir en face de son entrĂ©e. On pourrait penser au braquage de la caisse. C’est plutĂŽt de la dĂ©brouille. Car trouver une place oĂč se garer dans le centre ville d’Argenteuil est hasardeux et peut-ĂȘtre mĂȘme, miraculeux.

 

Plusieurs mois sans pratiquer le karatĂ© Ă  Bagnolet avec Maitre Jean-Pierre Vignau. Plusieurs mois sans pratiquer l’apnĂ©e dĂ©sormais Ă  Villeneuve la Garenne avec le club Subaqua club de Colombes aujourd’hui « exilĂ© Â» car la piscine de Colombes est dĂ©sormais en travaux pour les Jeux Olympiques de 2024.

 

Plusieurs annĂ©es sans faire de thĂ©Ăątre. Plusieurs annĂ©es, aussi, sans pratiquer le massage bien-ĂȘtre. Plusieurs semaines sans Ă©crire un seul article pour mon blog, lequel, a connu quelques ratĂ©s techniques durant plusieurs semaines. Jusqu’à ce qu’Eddy, l’ami photographe, l’ingĂ©nieur informatique, le crĂ©atif, n’accepte gentiment de se rendre disponible plusieurs  heures Ă  la fin de l’annĂ©e derniĂšre, dans son studio, afin de m’aider avec WordPress.

 

En ce dĂ©but d’annĂ©e 2023, et depuis plusieurs jours, j’ai l’impression de vĂ©gĂ©ter. J’ai l’impression que « mes chakras sont bouchĂ©s Â» pour employer les termes tenus par un ancien collĂšgue infirmier, formĂ© au massage bien-ĂȘtre bien avant moi et qui avait commencĂ© une formation de Shiatsu qu’il avait arrĂȘtĂ©. Une formation qui m’avait un moment attirĂ© sauf que je n’ai rien fait de concret Ă  ce sujet. C’était avant le karatĂ©. Avant l’apnĂ©e.

Le hammam de la gare, Ă  Argenteuil, ce vendredi 13 janvier 2023 vers 21h. Photo©Franck.Unimon

Hier soir, je me suis dit que le hammam de la gare Ă©tait un trĂšs bon moyen de commencer Ă  arrĂȘter de circuler dans le mauvais sens. Et que j’avais trop attendu pour y retourner. Lorsque hier soir, j’ai effectuĂ© l’effort de me rendre en voiture jusqu’à la piscine de Villeneuve la Garenne afin de pouvoir renouer avec la vie sociale du club Ă  l’occasion de  la galette des rois offerte par le club, j’ai bien vu que j’encaissais au ralenti lorsque l’on me parlait. Alors que tout le monde dĂ©bordait de tonus et trouvait cela parfaitement normal. Cela n’avait rien Ă  voir avec la fĂšve. Je n’ai rien bu et rien touchĂ© hier de liquide, gazeux ou de solide au club. J’avais dĂ©jĂ  mangĂ© suffisamment  de parts de galettes de roi au travail ces derniers jours. Et puis, depuis quelques jours, on ne voit que ça. Des galettes de roi, des couronnes, des fĂšves. BientĂŽt, ce sera autre chose.

 

Ce matin, en me levant un peu avant 6h30, j’ai fait mes Ă©tirements et des abdos, suivis de quelques galipettes avant et arriĂšre.

Photo©Franck.Unimon

AprĂšs un thĂ© en sachet bu dans une de ces tasses ramenĂ©es du Japon en 1999, ce pays, plus loin que le hammam, oĂč je ne suis pas retournĂ©, contrairement Ă  ce que je m’étais dit Ă  l’époque, je descends les escaliers de l’immeuble. AprĂšs avoir saluĂ© ma fille qui va partir Ă  l’école et ma compagne. En laissant derriĂšre moi toute cette panoplie de tentacules qui nous met aux prises avec de multiples (fausses) urgences et autres  bienveillantes addictions et soumissions :

 

Carte bancaire, internet, téléphone portable, écran en tout genre, baladeur, montre


 

Je n’existe plus pour le monde connectĂ©, moderne, efficace, virtuel, instantanĂ©, lyophilisĂ©.  Et civilisĂ©. Je n’existe plus. J’ai mĂȘme disparu des rĂ©seaux sociaux, nouvelles zones Ă©rogĂšnes dont les milliards de connexions se sont beaucoup plus vite dĂ©veloppĂ©es ces derniĂšres annĂ©es que les forĂȘts qui disparaissent aprĂšs avoir d’abord disparu de notre regard.

 

Mais Ă©tant donnĂ© que je ne suis pas tout  Ă  fait  l’homme invisible pour les autres dans la rue, je me suis tout de mĂȘme habillĂ© avant de partir de chez moi. J’ai pris mes clĂ©s d’appartement comme de quoi me changer et me laver. Et des espĂšces pour payer.

Paris, novembre 2022, prĂšs de Nation. Photo©Franck.Unimon

7h30, pour arriver au hammam, ce n’est pas si tĂŽt que ça. C’est beaucoup moins tĂŽt que 6h00 ou 6h30, moment oĂč, au Dojo Tenshin, Ă©cole Itsuo Tsuda de RĂ©gis et Manon Soavi (le pĂšre et la fille) tous les jours de la semaine, des pratiquants se retrouvent. Et le week-end, aussi, Ă  8 heures. ( Le Maitre Anarchiste Itsuo Tsuda au Dojo Tenshin avec Manon Soavi ce mardi 8 novembre 2022 )

 

7h30,  c’est aussi beaucoup moins tĂŽt sans aucun doute que l’heure Ă  laquelle Maitre LĂ©o Tamaki dĂ©bute ses journĂ©es et ses marathons de voyages et de stages ( Dojo 5Hino Akira Sensei au Cercle Tissier ce samedi 3 septembre 2022  ) . C’est sans doute aussi plus tard que l’heure Ă  laquelle Maitre Jean-Pierre Vignau (Arts Martiaux : un article inspirĂ© par Maitre Jean-Pierre Vignau) dĂ©marre ses journĂ©es ainsi que Yves ( PrĂ©paratifs pour le stage d’apnĂ©e Ă  Quiberon, Mai 2021, Quiberon, Mai 2021.  ) le responsable de la section apnĂ©e de mon club qui ne vit pas de cette activitĂ© et qui a aussi un emploi et une vie de famille.

 

A l’arriĂšre plan, on peut voir une affiche montrant Fela, beaucoup plus NigĂ©rian qu’EuropĂ©en. Photo©Franck. Unimon, Paris, fin 2022.

Au hammam, Ă  quelques mĂštres de la douche, je tombe sur un homme. En maillot de bain, torse nu, il porte des lunettes de vue. MĂȘme si j’ai laissĂ© les miennes dans mon casier, je vois que c’est un EuropĂ©en. Comme j’ai un peu oubliĂ© comment ça se passe, je l’interroge. Celui-ci me rĂ©pond cordialement. J’apprends aussi qu’il va au hammam une fois par semaine. TantĂŽt Ă  celui-ci. TantĂŽt Ă  un autre, Ă  BarbĂšs. Il habite Ă  Cormeilles en Parisis, pas trĂšs loin en train. Une ville que je connais et que j’aime bien. J’y vais quelques fois. A sa mĂ©diathĂšque trĂšs bien fournie en dvds.

 

Le hammam Ă  BarbĂšs « fait plus hammam Â» me rĂ©pond-t’il. C’est aussi un peu plus cher. 22 euros. « Ici, ça fait plutĂŽt sauna. Mais, ce qui est bien, c’est que ça  ouvre Ă  7 heures. Alors qu’ailleurs, ça ouvre souvent Ă  10h ou 11h. Habituellement, ici, je viens plutĂŽt le samedi matin. Entre 7h et 9h, c’est trĂšs bien. Il n’y a personne. Aujourd’hui, je suis en congĂ©. Lorsque je ne vais pas au hammam pendant une semaine, je ne me sens pas bien. C’est comme faire du sport Â» me dit-il.

A la Gare du Nord, en juin 2022.

 

Avec mes horaires dĂ©calĂ©s et la proximitĂ©, je n’ai pas de bonne raison pour avoir ignorĂ© aussi longtemps ce hammam de la gare. A part le fait et ma prĂ©tention d’avoir toujours eu d’autres prioritĂ©s et d’ĂȘtre pressĂ©. Car pour bien profiter du hammam, il faut bien avoir deux Ă  trois heures devant soi au minimum.

 

Une des oeuvres exposĂ©es de CĂ©cile Thonus, lors d’une journĂ©e portes ouvertes des artistes Ă  Argenteuil. Photo©Franck.Unimon

La douche est trĂšs chaude. Cela m’étonne. Celui qui m’a prĂ©cĂ©dĂ© dans le hammam me rĂ©pond que c’est lui qui l’a rĂ©glĂ©e de cette façon. Il « ramĂšne Â» l’eau froide. Mes premiĂšres expĂ©riences de sauna et de hammam datent de mon adolescence. Lorsque je faisais de l’athlĂ©tisme. L’eau trĂšs froide, le trĂšs chaud. L’alternance. Douches froides, bain froid, sauna. Courir dehors par temps froid, faire des cross, y compris dans la boue.  C’est Ă  cette Ă©poque que j’avais dĂ©couvert ça. Je n’ai jamais gagnĂ© le moindre cross mais je les avais toujours finis.

 

Plusieurs annĂ©es plus tard, je continue de suivre les mĂȘmes principes. Ceux que l’on m’avait appris dans ce club d’athlĂ©tisme, Ă  Nanterre, mais aussi chez moi. Dans ma famille.

 

Nous entrons tous les deux dans le hammam ou le sauna car il s’agit d’une chaleur sĂšche. Nous continuons encore de discuter. L’homme est devant moi en train de parler depuis Ă  peine deux minutes quand il me dit :

 

« Il fait chaud ! Â». Puis, il sort. Ou, plutĂŽt, il se dĂ©pĂȘche de sortir.

Paris, fin 2022. Photo©Franck.Unimon

Je m’installe et m’assieds sur la plaque de marbre sous ce soleil de pierre. Et, peut-ĂȘtre, de priĂšres. Je pense trĂšs vite Ă  mon travail. Puis Ă  ma compagne dans une situation dĂ©cisive. Ensuite, c’est un bombardement de pensĂ©es. Un carnage. Je me dis qu’avant un acte amoureux, il faudrait d’abord aller au hammam ou au sauna chacun de son cĂŽtĂ©. Puis, ensuite, se retrouver. Pourquoi s’enquiquiner dans un restaurant Ă  s’alourdir la panse en restant coincĂ©s dans des vĂȘtements de convenance ou Ă  rester assis dans une salle de cinĂ©ma Ă  se frotter les yeux avec de la 3D alors que ce que l’on veut, c’est le plan B ?

 

 

Avatar 2, Black Panther 2, Pacifiction, Les Rascals, Grand Marin et d’autres Ɠuvres cinĂ©matographiques attendront encore un peu malgrĂ© leur (trĂšs) grand succĂšs public et critique. Car je suis au hammam de la gare d’Argenteuil et au summum de ma pensĂ©e.

Une des oeuvres de Thibaut Dapoigny lors d’une des portes ouvertes des artistes Ă  Argenteuil. Photo©Franck.Unimon

 

Lorsque mon « guide Â» du hammam revient, il commence Ă  s’enduire le corps de savon noir. Puis, en me tournant le dos et en baissant un peu son maillot de bain, il me demande si je veux bien lui en mettre sur le dos. Je sais que cela peut se faire. Mais je me dis maintenant que savonner quelqu’un peut ĂȘtre une pratique risquĂ©e. Car je me rappelle que le hammam peut ĂȘtre un lieu de rencontres sociales mais aussi de drague.

 

Les autres risques, c’est le bruit et l’agitation. Ici, pour celles et ceux qui l’auraient imaginĂ©, je ne pense pas du tout aux coups de feu du colt du coĂŻt dans un hammam et au risque d’y ĂȘtre dĂ©couvert. Mais au fait  que je vais aussi au hammam pour ĂȘtre au calme. Certains s’isolent dans un cloĂźtre ou dans une maison de campagne. Moi, je vais au hammam. Chacun ses moyens.

 

Mon « voisin Â» ne tient pas en place. Trop forte chaleur ou Ă©rection,  il sort Ă  peu prĂšs toutes les quatre minutes ou plus rapidement. Il part se doucher. Puis revient aprĂšs quelques minutes. Cependant, il ne m’envahit pas. S’il m’a tutoyĂ© au dĂ©part, il s’est ensuite fidĂ©lisĂ© Ă  mon vouvoiement.

 

 

J’estime qu’à peu prĂšs dix minutes se sont Ă©coulĂ©es lorsque je pars prendre ma premiĂšre douche froide.

 

ça passe.

 

Je retourne dans le hammam oĂč, cette fois, je m’allonge sur cette petite plage de marbre en gardant mes jambes repliĂ©es car il n’y a pas la place pour s’étendre de tout son long. Pendant ce temps,  mon voisin poursuit ses pĂ©rĂ©grinations. J’entends le bruit de ses claquettes mais aussi de son maillot de bain qui glisse lorsqu’il se remet debout. Ses pas accĂ©lĂ©rĂ©s. La porte poussĂ©e avec hĂąte quand il sort comme s’il quittait un saloon de western.

Affiche du chanteur Renaud, dans le métro, en 2022.

A ma deuxiĂšme douche froide, je sens que je vacille un peu sous l’eau lorsque je ferme les yeux. J’ai un peu le souffle coupĂ© lorsque celle-ci me tombe sur la tĂȘte, la nuque, et recouvre mon visage.

 

Je titube un peu en allant vers ma troisiĂšme douche froide. Entre temps, alors que j’étais allongĂ©, un Arabe massif est arrivĂ©. Il doit bien faire dans les 110 ou 120 kilos. Nous nous sommes retrouvĂ©s Ă  trois dans le hammam :

 

Un Européen, un Antillais et un Arabe. Belle mixité.

 

Mais si l’Antillais est bien sĂ»r indolent, il se trouve avec, d’un cĂŽtĂ©, un agité .et un compĂ©titeur.

L’aventurier Mike Horn, en couverture du magazine Survivre, en 2022.

Je me dis qu’il doit souvent se retrouver ces trois catĂ©gories dans un hammam ou dans un sauna. Celui qui multiplie les expositions brĂšves de trois Ă  cinq minutes (les sprints) dans le trĂšs chaud. Celui qui prend son temps, l’endormi ou l’aguicheur, c’est selon. Et, celui qui veut faire le maximum et, si possible, qui tient Ă  rester plus longtemps que les autres.

 

Peut-ĂȘtre que j’en rajoute.

 

Peut-ĂȘtre que notre lutteur du hammam avait peu de temps devant lui. Mais cela m’a fait drĂŽle de l’entendre s’encourager, de boire un peu d’eau Ă  deux ou trois reprises. Comme s’il essayait de gagner une course contre l’augmentation de la tempĂ©rature. 

 

ll avait l’air de serrer les dents. Il lui fallait tenir la corde jusqu’au bout et garder la position ainsi que la tĂȘte haute. Etait-il satisfait de lui lorsque je l’ai entendu sortir en se ruant presque  hors de la piĂšce ?  Alors qu’il Ă©tait en train se faire « gommer Â» ?

 

« Gommeur Â», dans un hammam, c’est dur. Passer des heures, torse nu, dans la chaleur, Ă  passer sur les peaux des autres.

 

 

Ma quatriĂšme douche froide est rĂ©ussie. Je me sens bien sous l’eau froide. Je respire de maniĂšre apaisĂ©e.

 

AprĂšs Ă§a, en sortant, j’ai le plaisir de voir le thermos prĂšs du plateau qui contient quelques verres de thĂ©. Ils sont tous retournĂ©s sauf un. D’emblĂ©e, je sais ce qui se trouve dans le thermos. Je me sers aussitĂŽt un premier verre. C’est chaud. C’est bon. SucrĂ© comme il le faut.

A Montreuil, le 4 juin 2021. Photo©Franck.Unimon

 

 

Je me dirige vers la salle de repos. Je cherche l’heure. 9h05. A peu prĂšs 1h30. Je crois que c’est plutĂŽt une bonne sĂ©ance pour une reprise.

 

Ce temps dans la salle de repos est selon moi aussi important que celui passé dans le hammam et sous la douche froide.

 

Je prends la dĂ©cision rĂ©solue de m’en tenir Ă  trois verres de thĂ©. J’en boirai cinq.

 

TrĂšs vite, trente minutes passent. Puis, c’est le moment d’aller se rhabiller et de partir aprĂšs avoir remerciĂ© le gĂ©rant et la dame, assise dans la cuisine derriĂšre lui, prĂšs de la table. C’est elle qui a prĂ©parĂ© le thĂ© Ă  la menthe. PrĂšs du comptoir, je vois aussi plein de canettes de sodas sucrĂ©s. Je dis que j’espĂšre prendre moins de temps pour revenir la prochaine fois.

Gare St Lazare, Paris, 22 septembre 2020. Photo©Franck.Unimon

Je sors lĂ©ger en optant pour avoir une vraie journĂ©e de repos. Pour faire une vraie sieste cette aprĂšs-midi avant de retourner ce soir au karatĂ©. Un Maitre comme Jean-Pierre Vignau, 77 ans, qui prend la peine d’appeler tous ses Ă©lĂšves pour leur souhaiter la nouvelle annĂ©e est un Maitre qu’il faut aller retrouver. MĂȘme si c’est Ă  une heure de transports en commun de chez soi. MĂȘme si demain, matin, j’ai prĂ©vu de me rendre Ă  Ste Anne Ă  un sĂ©minaire animĂ© par Claude Orsel sur les addictions au jeu avec la prĂ©sence, entre autre, de Marc Valleur, l’ancien mĂ©decin chef de Marmottan.

 

J’attends une heure au minimum avant de manger.  En attendant, je me mets Ă  Ă©crire cet article, et, Ă©videmment, j’écris pendant plus d’une heure. Plus de quatre heures sont passĂ©es depuis ma sortie du hammam.

 

 

Je ne pourrai peut-ĂȘtre pas aller dans un hammam une fois par semaine comme cet homme que j’ai rencontrĂ©. Mais j’aimerais bien recommencer ici et ailleurs ce genre de sĂ©ance. En allant aussi me faire masser dans des lieux de massage.

 

 

Bonne annĂ©e 2023, et meilleurs vƓux !

 

 

 

Franck Unimon, ce vendredi 13 janvier 2023.  

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Une société bienveillante

Gare de Paris St Lazare, dĂ©but septembre 2022. Photo©Franck.Unimon

Une société bienveillante

 

 

Cette nuit, j’ai lu quelques articles dans la rubrique littĂ©raire d’un journal. On y parlait de plusieurs livres. Plusieurs de ces livres parlaient de la violence des hommes. Une phrase, dans l’un des articles, disait quelque chose comme :

 

« Comprendre ne suffit pas pour pardonner Â».

 

Je n’ai pas aimĂ© cette phrase.

 

Pour appliquer l’éducation bienveillante, la « psychologie positive Â» il faut aussi, dans une certaine mesure, pouvoir bĂ©nĂ©ficier, quand mĂȘme, d’une certaine bienveillance dans la sociĂ©tĂ©, dans le monde, dans la vie. Mon mĂ©tier principal, malgrĂ© sa noblesse, ou peut-ĂȘtre grĂące ou Ă  cause d’elle, m’expose Ă  diverses formes de violences.

 

Hier matin, mon thĂ©rapeute a d’abord tiquĂ© lorsque je  lui ai dit dĂ©libĂ©rĂ©ment :

 

«  Je ne suis qu’un infirmier. Â»

 

Face Ă  son thĂ©rapeute, tout le monde le sait, il ne suffit pas de claquer des consonnes et des voyelles pour dire quelque chose. Il doit comprendre. Et, si nous pensons droit, nous nous devons de lui en faire la dĂ©monstration. Autrement, son travail, si c’est un thĂ©rapeute valable et consciencieux, est de nous remettre dans l’axe.

 

Hier matin, j’ai expliquĂ© Ă  mon thĂ©rapeute que d’un point de vue social, ce mĂ©tier d’infirmier n’est pas considĂ©rĂ© comme un mĂ©tier trĂšs valorisĂ© ou trĂšs prestigieux.

De ce fait, maintenant que, en plus, ma compagne est suspendue de ses fonctions d’infirmiĂšre depuis dix mois, cela va ĂȘtre un handicap pour faire admettre notre fille Ă  l’école privĂ©e de notre ville. Si, comme me l’a dit la libraire rĂ©cemment, l’école privĂ©e prend principalement les enfants dont les parents ont une bonne situation professionnelle.

 

J’ai cru et crois encore Ă  la sincĂšre et spontanĂ©e dĂ©sapprobation, hier, de mon thĂ©rapeute lorsque je lui ai dĂ©peint mon mĂ©tier d’infirmier comme un mĂ©tier de bas Ă©tage. Cependant, j’ai malheureusement su et pu, je pense, lui dĂ©montrer que j’avais raison.

Paris, Gare St Lazare, Septembre 2022. Photo©Franck.Unimon

 

La plupart des parents d’enfants que notre fille a cĂŽtoyĂ©e dans son Ă©cole publique – et qui sont dĂ©sormais dans l’école privĂ©e de notre ville- ont des professions socialement et Ă©conomiquement plus « Ă©voluĂ©es Â» ou « supĂ©rieures Â» Ă  celle que ma compagne et moi pratiquons.

 

Je le sais pour avoir cĂŽtoyĂ© un temps ces parents. Comme cela se fait lors de toute rencontre sociale « cordiale Â» Ă  la sortie de l’école. Ou chez l’assistante maternelle. OĂč, si l’on se sourit entre parents et que l’on s’adresse quelques propos convenables, on se jauge aussi beaucoup socialement, personnellement et Ă©conomiquement. En toute bienveillance.

 

D’ailleurs, quel est l’un des meilleurs moyens pour s’assurer que certains parents mais aussi certains enfants sont vĂ©ritablement frĂ©quentables ?

 

Prenons un verre avec eux, soit chez eux, soit chez nous. Recevons tel enfant pour un goûter ou un anniversaire. Ensuite, on se fait notre propre idée.

 

C’est ce qui s’est passĂ© avec plusieurs parents d’enfants que notre fille a pu connaĂźtre dans son Ă©cole maternelle. Aujourd’hui, nous n’avons plus de contacts avec ces parents alors que leurs enfants sont Ă  l’école privĂ©e de notre ville. Une Ă©cole qui se trouve Ă   cinq minutes Ă  pied de l’école publique de notre fille.

 

Les parents de ces enfants ne sont ni infirmiers, ni aide soignants. Un ou deux ingĂ©nieurs. Ou Ă©quivalents. Cadres sup. Je connais personnellement un couple dont les deux enfants sont Ă©galement Ă  l’école privĂ©e de notre ville. La femme du couple Ă©tait une ancienne trĂšs bonne amie de ma sƓur. Donc, je connais vraiment plutĂŽt personnellement ce couple. Profil de cadre sup.

 

Donc, mĂȘme si j’ai pu entendre dire que pour faire admettre son enfant dans cette Ă©cole privĂ©e, qu’il convient de persĂ©vĂ©rer et de s’y reprendre Ă  plusieurs fois, oĂč est, dĂ©jĂ , la bienveillance dont nous bĂ©nĂ©ficions, ma compagne, notre fille et moi, Ă  devoir constater que la plupart des parents, dont les enfants sont aujourd’hui dans cette Ă©cole privĂ©e depuis plusieurs annĂ©es, occupent des fonctions professionnelles « supĂ©rieures Â» socialement et Ă©conomiquement aux nĂŽtres ?!

Paris, rue de Rivoli, Aout 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Hier matin, j’en ai rajoutĂ© dans les arguments devant mon thĂ©rapeute pour dĂ©montrer Ă  quel point le mĂ©tier d’infirmier est dĂ©classĂ©. Mais peut-ĂȘtre, aussi, pour bien lui faire comprendre Ă  quel point j’avais encore besoin de ses services.

 

Pendant le premier confinement dĂ» Ă  la pandĂ©mie du Covid, en 2020, on applaudissait les soignants Ă  20h. Pour les encourager et les remercier pour leur « courage Â» et leur « hĂ©roĂŻsme Â». Un an plus tard, on suspendait certains de ces hĂ©ros car ceux-ci refusaient de se faire vacciner contre le Covid. Ainsi depuis la fin de l’annĂ©e derniĂšre, ma compagne est-elle sans salaire. OĂč est la bienveillance dont ma compagne, comme d’autres dans sa situation, suspendus pour les mĂȘmes raisons, bĂ©nĂ©ficie ? Dont notre fille et moi bĂ©nĂ©ficions ?

 

NĂ©anmoins, il arrivera un jour oĂč je devrais aussi rappeler Ă  ma compagne deux points auxquels elle devra se conformer que cela lui plaise ou non :

 

Si ĂȘtre fonctionnaire assure en principe la sĂ©curitĂ© de l’emploi, cela impose aussi des Devoirs. Un fonctionnaire se doit Ă  certains actes si son employeur le lui demande ou l’exige de lui. En contrepartie, son employeur lui verse un salaire et lui assure la sĂ©curitĂ© de l’emploi. Et, cela, je crois, a Ă©tĂ© oubliĂ© par ma compagne et d’autres.

 

En refusant la vaccination obligatoire contre le Covid.

 

AprĂšs tout, mĂȘme des Ministres ou des dĂ©putĂ©s qui sont des trĂšs hauts fonctionnaires de l’Etat sont amenĂ©s Ă  dĂ©missionner lorsqu’ils ne correspondent plus Ă  certains critĂšres exigĂ©s, Ă  certaines obligations dĂ©cidĂ©es, par l’Etat. Alors, des « petits Â» infirmiers et aides soignants, qui sont des tout petits fonctionnaires en comparaison n’ont aucune possibilitĂ© de s’opposer Ă  l’Etat si celui-ci dĂ©cide de les suspendre ou de les rĂ©voquer en cas de dĂ©saccord majeur ou autre.

 

 

Il a Ă©tĂ© question quelques temps, devant la pĂ©nurie soignante, de rĂ©intĂ©grer le personnel soignant non vaccinĂ©. Hier matin, mon thĂ©rapeute m’a confirmĂ© que la Haute AutoritĂ© de SantĂ© (la HAS) l’avait finalement refusĂ©. Et, c’est facile Ă  comprendre :

 

Des personnes sont mortes du Covid car celui-ci a Ă©tĂ© transmis ou aurait Ă©tĂ© transmis par du personnel soignant non vaccinĂ© contre le Covid. Avant que la vaccination contre le Covid ne devienne obligatoire. Je connais au moins une personne, dans notre ville, que ma compagne a croisĂ©e une fois, dont le pĂšre est mort du Covid dans l’EPHAD oĂč il se trouvait. Selon cette connaissance, que je crois fiable, son pĂšre Ă©tait en bonne santĂ©. Et c’est une infirmiĂšre ou une soignante, porteuse du Covid, qui aurait transmis le Covid Ă  plusieurs pensionnaires de l’EPHAD.

 

Comment voulez-vous aprĂšs ce genre d’évĂ©nement rĂ©intĂ©grer dans des lieux de soins des soignants non vaccinĂ©s contre le Covid ?

Et comment vont le prendre celles et ceux qui se sont obligĂ©s (ou soumis) Ă  la vaccination obligatoire contre le Covid ?

 

 

Enfin, beaucoup plus cynique mais le livre Les Fossoyeurs  de Victor Castanet, qui a fait « scandale Â» concernant le mode de gestion des EPHAD, va dans ce sens :

 

Cet Ă©tĂ©, malgrĂ© la pĂ©nurie de soignants, on n’a pas entendu parler de scandale sanitaire, de surmortalitĂ© dans les hĂŽpitaux malgrĂ© la canicule. Donc, on a pu ou su se passer des soignants suspendus. Pire :

 

Ce qui est trĂšs pratique avec ces soignants suspendus, c’est qu’ils permettent de faire des Ă©conomies. Puisque l’on n’est plus tenu de leur verser de salaires depuis bientĂŽt un an. Ce qui reste raccord Ă  la fois avec la politique de l’autruche et des Ă©conomies budgĂ©taires imposĂ©es aux Ă©tablissements de soins depuis plusieurs dĂ©cennies. Donc bien avant que l’ouvrage de Victor Castanet ne paraisse dĂ©but 2022 et ne fasse « scandale Â». L’oubli est l’une des plus grandes compĂ©tences espĂ©rĂ©es chez celles et ceux qui dĂ©cident de la gestion de l’avenir des lieux de soins depuis des annĂ©es.

 

Je crois donc de plus en plus que les soignants suspendus comme ma compagne, s’ils persistent Ă  refuser le vaccin anti-Covid, vont ĂȘtre ni plus ni moins oubliĂ©s et sacrifiĂ©s par le gouvernement. Mais aussi par les Ă©tablissements qui les « emploient Â». LĂ  encore, de quelle bienveillance, ma compagne, notre fille et moi bĂ©nĂ©ficions-nous ?

 

 

Aucune.

 

 

Je vais rajouter un autre thĂšme ou deux.

 

Paris, Aout 2022. Photo©Franck.Unimon

 

D’un point de vue familial, comme beaucoup de personnes, ma compagne et moi avons vĂ©cu des Ă©vĂ©nements plutĂŽt « nĂ©vrotisants Â» en tant qu’enfants. La violence, l’alcoolisme et/ou la dĂ©pression ont aurĂ©olĂ© notre enfance. Ces hĂ©ritages laissent des traces. Des habitudes. Des automatismes. De dĂ©fense, de repli, de fuite, de combat, de recherche ou de
.rĂ©plication.

Un soignant, d’autant plus en pĂ©dopsychiatrie et en psychiatrie, ou dans tout service de santĂ© mentale, est un individu qui vient se poster qu’il s’en aperçoive ou non, prĂšs des frontiĂšres de son histoire originelle. Cela peut l’aider pour aider d’autres personnes. Mais cela peut aussi le troubler et le dĂ©semparer. Sauf s’il dĂ©cide de rester sourd, barricadĂ© et aveugle devant son histoire. C’est bien ce que les dirigeants au moins politiques- qui se rĂ©pliquent- font en matiĂšre de politique de santĂ© publique depuis des annĂ©es :

Rester sourds, barricadĂ©s et aveugles. Et budgĂ©ter. Il est plus facile de compter des chiffres et de regarder des statistiques. 

L’une des consĂ©quences est que bien des soignants ont l’impression de faire l’expĂ©rience du servage. 

Reculons encore en arriĂšre dans le temps et on tombe sur la toile d’araignĂ©e de
.l’esclavage. Soit sur l’expĂ©rience de l’esclavage. Soit sur la mĂ©moire plutĂŽt traumatisante de l’esclavage. Une mĂ©moire -enfouie ou non- qui rĂ©siste sur l’arbre du temps que l’on porte en soi. Et oĂč l’on peut s’apercevoir que, blancs ou noirs, on peut ĂȘtre nombreux Ă  avoir une certaine expĂ©rience, plus ou moins lointaine, de l’esclavage. 

 

Mais sans aller jusqu’à l’esclavage car cela ennuie d’en entendre encore parler, rappelons tout simplement le racisme. En tant qu’homme noir, je suis content de dire que je prĂ©fĂšre vivre dans la France en 2022 plutĂŽt que dans la France de 1822. NĂ©anmoins, je reste un homme noir dans un pays de blancs. Et notre fille est une mĂ©tisse dans un pays de blancs.

 

Mais aussi dans un pays oĂč les prĂ©noms ont aussi leur importance. Lorsque j’ai eu trouvĂ© le prĂ©nom de notre fille ( ce prĂ©nom est le rĂ©sultat Ă  la fois des exigences de sa mĂšre mais aussi de ma petite crĂ©ativitĂ©), j’étais content. Cependant, Ă  aucun moment je n’ai pensĂ© au fait que certains prĂ©noms passent « mieux Â» que d’autres les filtres des sĂ©lections lorsque l’on prĂ©sente un dossier pour une candidature. Il n’en demeure pas moins que, noir en France, portant un prĂ©nom plutĂŽt qu’un autre, cela expose ou peut exposer Ă  certaines violences. Des violences directes et indirectes, immĂ©diates ou diffĂ©rĂ©es, visibles ou invisibles. A moins de rester Ă  la place qui nous a Ă©tĂ© allouĂ©e. Si notre place consiste Ă  faire dame pipi ou silhouette d homme de mĂ©nage sur un plateau de tournage aucun problĂšme. On peut porter le nom que l’on veut. Et ĂȘtre noir ou arabe peut alors se rĂ©vĂ©ler un avantage.

 

Est-ce-que notre fille aurait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© admise Ă  l’école privĂ©e si elle s’était prĂ©nommĂ©e Marie, Elizabeth, ThĂ©resa, GeneviĂšve ou Victorine ?

 

Aucune idĂ©e. D’autant que je sais qu’il y a des petites Arabes et musulmanes admises Ă  l’école privĂ©e.

 

Donc, on peut et on sait applaudir des soignants par temps de pandĂ©mie tandis que l’on reste bien Ă  l’abri chez soi. Par contre, lorsqu’il s’agit d’admettre leur enfant dans une Ă©cole privĂ©e ou dans une bonne Ă©cole, on fait les difficiles.

 

L’école publique de ma fille a perdu un tiers de son budget par rapport Ă  l’annĂ©e derniĂšre. Comme d’autres parents, je l’ai appris la semaine derniĂšre par son nouveau Maitre d’école lors de la rĂ©union de rentrĂ©e. Un maitre d’école en qui je crois et qui a pu dire Ă  la fin de la rĂ©union, durant laquelle il aura gardĂ© son sourire :

 

« J’aime la difficultĂ© Â».

Ce maitre d’école nous a appris faire trois heures de trajet pour venir Ă  l’école puis trois autres heures pour rentrer chez lui Ă  chaque fois.

 

Hier aprĂšs-midi, le papa d’une ancienne copine de ma fille m’a appris que dans son Ă©cole (une autre Ă©cole publique de notre ville), il y ‘avait une pĂ©nurie de rames de papier.

 

 

OĂč est la bienveillance dans tout ça ?

 

 

Lorsque ces quelques expĂ©riences de violences de rejet, d’indiffĂ©rence ou de maltraitances finissent par croiser, ce qui est inĂ©vitable, l’anxiĂ©tĂ© mais aussi l’épuisement ou le dĂ©couragement d’un parent concernant l’avenir de son enfant, mais aussi son propre avenir en tant qu’individu, il ne faut pas s’étonner si celui-ci en arrive, par moments, par secrĂ©ter de la violence et l’infliger Ă  sa descendance ou Ă  son entourage. Ou Ă  lui-mĂȘme.

 

Mais on parle trĂšs peu de ça dans notre sociĂ©tĂ© « bienveillante Â». Dans notre sociĂ©tĂ© « bienveillante Â», il y a d’un cĂŽtĂ© les travailleurs qui en veulent, qui s’en sortent, parce-qu’ils le voulaient vraiment. Et puis, d’un autre cĂŽtĂ©, il y a tous les suspendus, les contaminĂ©s, les pauvres types, celles et ceux qui passent leur temps Ă  se plaindre au lieu de se sortir les doigts du cul et que l’on condamne.

 

Car, dans notre sociĂ©tĂ© « bienveillante Â», tout le monde sait que celles et ceux qui restent sur le cĂŽtĂ©, qui Ă©chouent et qui n’arrivent Ă  rien, sont toujours celles et ceux qui l’ont bien cherchĂ© et qui l’ont mĂ©ritĂ©. Et qu’il faut Ă©viter. Sauf si l’on est soignant ou travailleur social. Dans ce cas, on nous parle de vocation. Alors mĂȘme qu’il faudrait plutĂŽt, un certain nombre de fois, parler plutĂŽt de sacrifice compte tenu des conditions qui sont faites Ă  ces soignants et Ă  ces travailleurs sociaux non seulement pour travailler mais, aussi, pour vivre. 

 

 

Une Ă©cole privĂ©e est-elle vĂ©ritablement l’assurance d’une vie rĂ©ussie ? Disons que dans un monde et un pays oĂč il est devenu rĂ©siduel et mĂȘme normal d’avoir peur de tout que l’on s’en convainc plus facilement. Sauf que je suis incapable d’affirmer si ce dernier point de vue est le rĂ©sultat de mon esprit rĂ©signĂ© ou de la vitalitĂ© encore conservĂ©e de ma luciditĂ©.

 

 

Paris, Aout-Septembre 2022. Photo©Franck.Unimon

Franck Unimon, mardi 20 septembre 2022.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Argenteuil

Argenteuil, une ville de banlieue parisienne qui reste Ă  affranchir

Vue sur Paris et la DĂ©fense depuis la butte d’Orgemont, Ă  Argenteuil. Photo©Franck.Unimon

 

Argenteuil, une ville de banlieue parisienne sur laquelle il reste encore beaucoup Ă  Ă©crire

 

 

Il est dit qu’il faut d’abord beaucoup lire avant de commencer Ă  devenir Ă©crivain.

 

Je n’ai sans doute pas encore lu suffisamment de conneries Ă  propos de la ville d’Argenteuil, oĂč j’habite, pour le devenir. Ou Ă  moins, plus simplement, que comme beaucoup de devins je ne sois principalement douĂ© que pour, vĂ©ritablement, devenir vain.  

 

Cela arrive Ă  beaucoup de monde de se croire capable.

 

Bien des journalistes, lorsqu’ils parlent d’Argenteuil, le croient trĂšs fort : comme des beaux vidĂ©s (peu importe que ce soient des femmes ou des hommes) de crĂ©ativitĂ© et de curiositĂ©, dĂšs qu’ils cochent « article ou reportage sur la ville d’Argenteuil Â» elles et ils se contentent de continuer de suivre le mĂȘme filon ou de relater le mĂȘme type de fait divers. En Ă©crivant sur Argenteuil, elles et ils pensent comme on retrouve, chaque annĂ©e, le mĂȘme lieu de vacances, la mĂȘme location. Un endroit oĂč l’on a ses habitudes et ses connaissances. Parce-que c’est “bien”, pas ” trop cher” et qu’il y a un ” trĂšs bon rapport qualitĂ©/prix”. Comme Ă  Lidl ou dans tout autre supermarchĂ©.

 

Gare du Val d’Argenteuil, en 2020 ou en 2021, une des deux gares d’Argenteuil permettant de se rendre Ă  Paris ou Ă  ….Mantes la Jolie, Pontoise, Boissy L’Aillerie, Conflans Ste Honorine, Herblay, Cormeilles en Parisis…. C’est Ă  une dizaine de minutes Ă  pied de cette gare que le Ministre de l’IntĂ©rieur Nicolas Sarkozy avait parlĂ© de karcher sur la dalle d’Argenteuil. Photo©Franck.Unimon

 

Selon ces journalistes, il serait temps que je me rende compte qu’à Argenteuil, les plus de 100 000 habitants qui s’y trouvent sont tous des forcenĂ©s menaçant de se suicider et que le Raid vient dĂ©loger ; tous, des vendeurs de cigarettes Ă  la sauvette prĂšs de la gare d’Argenteuil criant « Marlboro ! Marlboro ! Â» dĂšs qu’on s’en approche ; tous des dealers de shit ; tous, des jeunes qui font des roues arriĂšres en sens interdit dans la rue ; tous, des islamistes et des terroristes voilĂ©s ;  tous, des Ă©trangers en situation irrĂ©guliĂšre pataugeant dans des trafics ou des activitĂ©s nĂ©gociables ;  tous, des jeunes dĂ©scolarisĂ©s et dĂ©linquants ; toutes, des jeunes adolescentes qui se font piĂ©ger sous le viaduc de l’autoroute A86 par deux de leurs camarades de lycĂ©e, puis tabassĂ©es et jetĂ©es dans la Seine oĂč elles finissent par mourir, noyĂ©es, mais d’abord d’hypothermie et de dĂ©sespoir. Le pire  y prospĂšre Ă  ciel et Ă  ventre ouvert en permanence.

 

PrĂšs de la gare du Val d’Argenteuil, 2020 ou 2021. Photo©Franck.Unimon

 

Heureusement que la Seine, d’une certaine maniĂšre, retient et freine, et filtre, encore- un peu- l’arrivĂ©e de toutes ces lĂ©gions dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©es vers la capitale.

 

Paris, aout 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Et, il serait temps, aussi, que je m’aperçoive que tout le monde Ă  Argenteuil, plus de 100 000 habitants, part faire ses courses uniquement au centre commercial CĂŽtĂ© Seine situĂ© Ă  moins de cinq minutes Ă  pied de la gare d’Argenteuil centre ville. Paris ou d’autres villes ne sont jamais qu’à quelques minutes en train, en bus, Ă  vĂ©lo ou en voiture, mais pourquoi les Argenteuillais se dispenseraient-ils d’aller faire toutes leurs courses au centre commercial CĂŽtĂ© Seine ?

 

ConsidĂ©rĂ©e comme « une belle endormie Â» par l’un de ses anciens maires, Philippe Doucet, rival atavique du maire actuel, Georges Mothron, Argenteuillais depuis plusieurs gĂ©nĂ©rations et maire d’Argenteuil pour la troisiĂšme ou quatriĂšme fois, Argenteuil aurait peut-ĂȘtre besoin, pour une meilleure reprĂ©sentativitĂ© politique, d’une Rachida Dati.

Paris, aout 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Non parce-que cette femme – extrĂȘmement politique- m’est sympathique. Mais parce-que je la trouve impitoyable – en politique- et admirable pour cela.

 

Mais Rachida Dati, ancienne Ministre de la Justice, ne traversera pas la Seine pour devenir maire Ă  Argenteuil. Non seulement parce-que je crois que Dati est mĂ©chante. Mais aussi  parce qu’elle est dĂ©jĂ  trĂšs bien placĂ©e en tant que maire du trĂšs friquĂ© VII arrondissement de Paris depuis 2008 et qu’elle vise plutĂŽt Ă  devenir la prochaine maire de Paris. Anne Hidalgo, l’actuelle maire de Paris depuis 2014, n’a pas fini de l’apprendre.

 

Lorsque, depuis la gare St Lazare, je circule Ă  vĂ©lo jusqu’à mon travail dans le 14 Ăšme arrondissement de Paris, je n’en finis pas d’apprendre que les rues de Paris mais aussi celles du VIIĂšme arrondissement sont souvent propres.

 

Une ville de paradoxes

 

Les rues d’Argenteuil peuvent ĂȘtre sales. Argenteuil est Ă  la fois une ville de pauvres et de personnes plus aisĂ©es. Certains de ses bĂątiments sont mal entretenus tandis que d’autres quartiers d’Argenteuil, pavillonnaires ou non, sont autrement plus prĂ©sentables. C’est une ville de paradoxes. Elle a de trĂšs grands atouts. Elle a aussi ses grands travers.

 

 2007, l’annĂ©e oĂč j’y suis arrivĂ©, est une annĂ©e oĂč, dans l’immobilier, il y avait souvent plus d’acheteurs que de vendeurs. Argenteuil a aussi profitĂ© de ça tout en restant assez abordable. Proche des autoroutes A15, 115 et A86, mais aussi des villes d’Enghien Les Bains, d’Epinay sur Seine, de Sartrouville, Bezons, Colombes, d’AsniĂšres mais aussi de Sannois et de Cormeilles en Parisis, en voiture, par le bus ou par le train. A mi-chemin, au moins par le train, entre Paris (Ă  11 minutes par le train direct) et la banlieue plus Ă©loignĂ©e.

La ligne J qui dessert Argenteuil depuis la gare de Paris St Lazare ( en 11 ou 17 minutes par un train direct ou omnibus ) peut aussi transporter les voyageurs jusqu’Ă  des villes telles que Gisors, Pontoise, Boissy L’Aillerie, Mantes la Jolie, Eragny, Herblay, Cormeilles en Parisis, Conflans Ste Honorine, Chanteloup les Vignes. Ces villes de banlieue voire de proche province peuvent ĂȘtre inconnues des millions de personnes habitant Paris ou les autres villes de la rĂ©gion d’Ăźle de France, Argenteuillaises et Argenteuillais inclus. Le nom de certains de ces villes peut mĂȘme horrifier.

Chanteloup les Vignes ou Mantes la Jolie, par exemple, des villes de banlieue situĂ©es dans les Yvelines, connaissent aussi leurs moments de gloire mĂ©diatique sur la table de la loi des faits divers. Toutes deux sont sans doute relĂ©guĂ©es et maintenues, comme Argenteuil, dans le “camp” ou dans la division des villes Ă  redouter ou Ă  Ă©viter. Il est nĂ©anmoins possible de s’y rendre sans s’y faire trucider. Mais pour cela, encore faut-il dĂ©ja ĂȘtre capable de sortir de son environnement rĂ©siduel et quotidien, et, si l’on prend le train, de percevoir la ligne J aussi comme une ligne de vie et non comme une ligne de dĂ©clin et de dĂ©cĂšs annoncĂ© pour celle ou celui qui la prend ou la suit.  

Mais, le plus souvent, on emprunte une ligne de train de banlieue, de mĂ©tro ou de RER, parce-que l’on y est obligĂ© ou que l’on a un projet vers certaines destinations. Il est encore assez rare, malheureusement et tristement, que l’on emprunte une ligne de train de banlieue, de mĂ©tro, de RER ou de tramway pour le plaisir de voyager et de dĂ©couvrir. Les principales raisons qui nous font prendre les transports en commun sont le travail, les amis et les rencontres amoureuses, les rendez-vous mĂ©dicaux ou autres, les trajets pour nous rendre Ă  un aĂ©roport ou dans une gare d’oĂč nous partons en voyage, les Ă©vĂ©nements culturels et…les magasins. Et Paris est une ville pleine d’Ă©vĂ©nements culturels et de magasins. Beaucoup plus que dans une ville comme Argenteuil. Quoi de plus normal, Paris Ă©tant la capitale de la France, une ville bien plus grande et bien plus peuplĂ©e qu’Argenteuil ( 10 millions d’habitants versus un peu plus de 100 000). Et Paris est aussi une capitale culturelle mondialement reconnue et recherchĂ©e. 

En 2007,  Ă  Argenteuil, l’arrivĂ©e proche du tramway Ă©tait annoncĂ©e comme une raison supplĂ©mentaire pour venir s’y installer. On peut sourire Ă  se dire, que pour une ville si “proche” de Paris, un tel argument soit nĂ©cessaire afin de la rendre attractive. Mais Argenteuil Ă©tait une ville dont on pouvait penser, malgrĂ© sa rĂ©putation, qu’elle Ă©tait un bon choix stratĂ©gique pour l’avenir. C’était ce que je m’étais dit.

 

Et, je l’avais vĂ©rifiĂ©. Et le vĂ©rifie encore.

 

Sur la butte d’Orgemont, Ă  Argenteuil. Photo©Franck.Unimon

 

Lors de mes premiĂšres visites, Ă  pied, en 2007, j’avais vu un jeune couple lesbien se diriger main dans la main jusqu’à la gare d’Argenteuil qui Ă©tait alors inconnue des  permanentes portes ( ou fosses) de validation.

 

En 2007, devant la gare d’Argenteuil alors encore libre, les mains des deux femmes s’étaient sĂ©parĂ©es. Elles s’étaient embrassĂ©es. Puis, l’une des deux s’était dirigĂ©e vers le quai pour Paris. C’était simple. Facile. Il n’y avait pas grand monde. Personne n’avait Ă©tĂ© choquĂ©. Il n’y avait pas de vendeurs de cigarettes Ă  la sauvette. Pas d’obstacle. Paris m’avait semblĂ© bien plus proche.

 

Dans une des rues d’Argenteuil, toujours avant de me dĂ©cider Ă  venir y emmĂ©nager, j’avais discutĂ© avec un passant que j’avais croisĂ©. Celui-ci m’avait rĂ©pondu avec un sourire qu’il ne s’était rien passĂ© Ă  Argenteuil durant les Ă©meutes de banlieue. Que c’était mĂȘme « trĂšs calme Â».

AprĂšs mon emmĂ©nagement en avril 2007, j’avais ensuite dĂ©couvert, prĂšs de chez moi, un centre ville avec une trĂšs bonne poissonnerie. Un trĂšs bon marchand de primeurs quoiqu’assez cher. Ainsi que le cĂ©lĂšbre grand marchĂ© d’Argenteuil qui recrutait sa clientĂšle y compris parmi des personnes venant d’autres villes. MĂȘme s’il Ă©tait plus petit et moins bien « qu’avant Â».

Le personnel de la médiathÚque, prÚs de la mairie, était accueillant mais aussi trÚs impliqué socialement.

 

La gare permettait d’ĂȘtre Ă  Paris bien plus rapidement et plus agrĂ©ablement que lorsque j’habitais Ă  Cergy le Haut. Je n’avais plus Ă  m’enfourner dans les tunnels du RER A Ă  partir de Nanterre PrĂ©fecture comme je l’avais fait pendant plus de vingt ans. Enfin, de l’air !

 

Travaillant alors Ă  Conflans Ste Honorine, en pleine heure de pointe, j’avais plusieurs fois Ă©tĂ© satisfait Ă  la fois de pouvoir disposer d’un rĂ©seau de trains adĂ©quat mais, aussi, d’ĂȘtre souvent Ă  contre-courant de la foule. Et, lorsque j’avais besoin d’aller Ă  Paris, sa proximitĂ© faisait le reste.

 

A partir de 2009, j’ai commencĂ© Ă  travailler Ă  Paris. Et, depuis mon arrivĂ©e en 2007, j’ai peut-ĂȘtre assistĂ© au fait qu’Argenteuil est Ă  la fois une ville qui vieillit et qui meurt et aussi une ville qui se transforme.

 

 

Peu aprĂšs mon arrivĂ©e, la trĂšs bonne poissonnerie a changĂ© de propriĂ©taire. Les produits ont trĂšs vite perdu de leur attrait pour moi. Cette poissonnerie a plus tard Ă©tĂ© l’objet d’un article tant ses produits Ă©taient mauvais. Je l’ai appris par un des commerçants. Mais j’ai aussi appris par un autre commerçant que les huitres vendues par cette « nouvelle Â» poissonnerie Ă©taient bonnes.

Le trĂšs bon – et cher- marchand de primeurs a pris sa retraite. Je le croise de temps Ă  autre lors des Ă©lections. Il fait souvent partie du bureau Ă©lectoral qui assure le bon dĂ©roulement des votes. De l’autre cĂŽtĂ© de l’avenue Gabriel PĂ©ri qui mĂšne aussi Ă  la mairie depuis le pont d’Argenteuil, un autre marchand de primeurs, oĂč j’ai mes habitudes, a ouvert.

Plusieurs des sympathiques et engagĂ©s bibliothĂ©caires du Val d’Argenteuil mais aussi d’Argenteuil sont partis ailleurs voire Ă  la retraite.

Le tramway est arrivĂ© Ă  Bezons, Ă  AsniĂšres, Ă  Epinay sur Seine. Il est prĂ©vu Ă  Colombes. Mais pas Ă  Argenteuil. Pour les jeux Olympiques de 2024, Colombes, une des villes trĂšs proches, a rĂ©ussi Ă  obtenir d’organiser deux Ă©vĂ©nements. Les Ă©preuves de compĂ©tition de hockey sur Gazon. Les entraĂźnements des Ă©quipes de natation synchronisĂ©e. Lorsque l’on quitte Argenteuil par son pont et que l’on se dirige vers Nanterre par l’autoroute A86, on peut voir les nouveaux programmes immobiliers en cours dans la ville de Colombes. Ça bĂ©tonne dur.

 

L’immobilier à Argenteuil

 

Dans le centre ville d’Argenteuil. En 2021, vraisemblablement. Photo©Franck.Unimon

 

 

Argenteuil aussi a concrĂ©tisĂ© des programmes immobiliers. D’autres sont prĂ©vus. Mais le prix de l’immobilier, Ă  Argenteuil, reste une Ă©nigme. Le marchĂ© locatif serait une aubaine. Pour qui a de quoi proposer un appartement Ă  la location, Argenteuil serait une ville avantageuse.

 

Par contre, pour ce qui est de vendre un appartement Ă  Argenteuil, on trouve un peu diffĂ©rentes sortes de cas de figure. Je connais des personnes qui ont Ă©tĂ© trĂšs contentes de la vente de leur appartement Ă  Argenteuil. Je reste, pour ma part, plus rĂ©servĂ©. Un agent immobilier que j’ai contactĂ© dĂ©but aout m’a peut-ĂȘtre permis de comprendre la raison pour laquelle le marchĂ© de l’immobilier, « sur Â» Argenteuil, est si particulier et peut ĂȘtre si dĂ©concertant.

 

Argenteuil est une ville qui connaĂźt de trĂšs forts contrastes. L’agent immobilier m’a parlĂ© d’Argenteuil comme de la ville ayant le « plus grand Ă©cart type du Val d’Oise Â» concernant le prix du mĂštre carrĂ©. Ce qui donne un prix moyen au mĂštre carrĂ© globalement peu favorable, a priori, au vendeur chaque fois que des potentiels acquĂ©reurs tapent sur internet « prix du mĂštre carrĂ© Ă  Argenteuil Â». A partir de lĂ  s’ensuit une certaine logique de prix et de nĂ©gociation dans la tĂȘte des potentiels acquĂ©reurs :

 

« Argenteuil, c’est pas cher ou on peut facilement marchander le prix Â».

 

Photo©Franck.Unimon

 

Et, cela reste possible jusqu’à un certain point dans la mesure oĂč la rĂ©putation d’Argenteuil fait que l’on prĂ©fĂšre encore habiter Ă  AsniĂšres ou Ă  Colombes, deux villes du 92, proches, mais aussi plus chĂšres, et qu’Argenteuil est sans doute encore un choix de raison plus qu’un choix de rĂȘve ou de « passion Â» lorsque l’on se dĂ©cide Ă  acheter dans l’immobilier :

 

« Sois raisonnable, achĂšte Ă  Argenteuil Â» est sans doute plus frĂ©quent que penser «  Je kiffe cette ville d’Argenteuil.  Je tiens absolument Ă  venir m’y installer Â».

 

Pour autant, Ă  ce que je vois, depuis 2007, les agences immobiliĂšres d’Argenteuil ne ferment pas. Elles semblent plutĂŽt avoir un peu augmentĂ© en nombre. J’en connais mĂȘme une qui s’est agrandie. J’avais eu affaire, d’ailleurs, Ă  une de ses reprĂ©sentantes, la   sous-dirigeante ou la femme du « patron Â» de cette agence, en 2013 ou 2014. Elle Ă©tait venue Ă©valuer mon F2 achetĂ© au prix fort en 2007.

AprĂšs avoir tenu les murs de mon appartement pendant une heure, cette « professionnelle Â» de l’immobilier m’avait donnĂ© rendez-vous Ă  son agence quelques jours plus tard. Tout ce cĂ©rĂ©monial pour m’annoncer qu’elle me demandait de baisser le prix de vente de mon appartement assez drastiquement. En m’affirmant qu’autrement, je ne trouverais jamais preneur. Je m’étais fĂąchĂ© avec cette biomasse de suffisance qui m’avait pris pour un con. Je l’avais recroisĂ©e ensuite quelques fois dans Argenteuil. Elle avait fait attention de m’ignorer.

 

Pratiquement en face de l’agence de cette connasse, en traversant l’avenue Gabriel PĂ©ri, une autre agence immobiliĂšre m’avait ensuite trouvĂ© une acheteuse intĂ©ressĂ©e me faisant une proposition supĂ©rieure de 15 000 euros Ă  celle estimĂ©e trĂšs fiable par la connasse.

Proposition malheureusement encore infĂ©rieure de 6000 euros au prix de vente que j’attendais. Un prix de vente « raisonnable Â» fixĂ© Ă  la fois aprĂšs plusieurs estimations mais aussi en tenant compte du prix d’achat (supĂ©rieur !) de mon appartement six ans plus tĂŽt. Ce qui signifie que six ans aprĂšs l’avoir achetĂ© dans un immeuble ancien, mon appartement, un F2 pourtant bien situĂ© en plein centre ville d’Argenteuil, avait perdu de sa valeur. MĂȘme si les agents immobiliers sollicitĂ©s, chacun leur tour, avaient tenu Ă  m’expliquer que ce n’était pas que mon appartement avait perdu de sa valeur mais
..

 

 

Les Ă©coles Ă  Argenteuil

 

Les Ă©coles d’Argenteuil sont aussi, pour moi, un tracas. J’ai fini par dĂ©couvrir qu’on habite diffĂ©remment une ville selon que l’on s’y Ă©tablit seul ou que l’on y Ă©lĂšve ses enfants. ArrivĂ© cĂ©libataire et sans enfant en 2007, mais aussi sans la moindre conscience de tout ça, je n’y avais jamais pensĂ© en venant habiter Ă  Argenteuil. J’étais aussi, sans doute, trĂšs confiant dans l’avenir. A la fois trĂšs optimiste mais aussi trĂšs naĂŻf.

 

 Au contraire, sans doute, de certains de mes proches et  connaissances ayant fait le choix d’aller habiter dans d’autres villes mieux rĂ©putĂ©es ou plus frĂ©quentables.

Paris, rue de Rivoli, Aout 2022. Photo©Franck.Unimon

 

Il y a une vingtaine d’annĂ©es encore, pourtant, Ă  ce que j’ai pu entendre dire, les collĂšges publics d’Argenteuil, Ă©taient bien voire trĂšs bien. DĂ©sormais, ces collĂšges sont ou seraient Ă  Ă©viter. Alors de plus en plus de parents, trĂšs tĂŽt, dĂšs la maternelle, se rabattent sur l’école privĂ©e Ste GeneviĂšve qui s’est un peu agrandie ces cinq derniĂšres annĂ©es. J’ai connu des voisins qui avaient mis leur fille Ă  l’école Ste GeneviĂšve. Elle est aujourd’hui ingĂ©nieure et aurait un CV trĂšs recherchĂ©. Mais elle Ă©tait allĂ©e Ă  Ste GeneviĂšve sans doute Ă  peu prĂšs Ă  l’époque oĂč j’arrivais Ă  Argenteuil. En 2007. Il Ă©tait alors plus facile d’entrer Ă  l’école Ste GeneviĂšve. Ce que je connais de plus courant pour faire admettre son enfant Ă  l’école Ste GeneviĂšve tourne autour de : Il faut ĂȘtre l’enfant ou la sƓur ou le frĂšre de quelqu’un qui y a Ă©tĂ© scolarisĂ©. Ou renouveler ses demandes plusieurs annĂ©es de suite. Et relancer rĂ©guliĂšrement l’école.

 

L’école publique, mais aussi le centre de loisirs, oĂč se trouve encore ma fille m’a pourtant permis de rencontrer plusieurs enseignantes et enseignants, ainsi que des animateurs, dĂšs la maternelle, trĂšs compĂ©tents et trĂšs impliquĂ©s. Des enseignants pour lesquels je continue de ressentir un mĂ©lange d’admiration, de reconnaissance et de sympathie. Mais dĂšs le CE1, ma fille a dĂ» apprendre Ă  composer avec les absences, dĂ©butant l’annĂ©e scolaire avec une enseignante, la terminant avec une autre Ă  compter du mois de janvier. Sans compter que je ne peux m’empĂȘcher de penser que ma fille a captĂ© certains tics de langage et aussi certains comportements- contraires Ă  mes limites comme Ă  mes enseignements- dans son Ă©cole et dans le centre de loisirs. Si chaque parent a Ă  vivre ce genre d’expĂ©rience contraire Ă  ses jugements et Ă  ses prĂ©fĂ©rences Ă©ducatives, ma dĂ©formation professionnelle (en pĂ©dopsychiatrie) me pousse nĂ©anmoins Ă  croire que ma fille, dans son Ă©cole et dans son centre de loisirs, a devant elle certains modĂšles rĂ©pĂ©tĂ©s qui pĂątissent de certaines carences Ă©ducatives. Ce qui nous oblige ensuite, sa mĂšre et moi, Ă  redoubler d’efforts Ă  la maison pour rappeler Ă  notre fille certaines rĂšgles. Pourtant, je suis pour la mixitĂ©. J’en suis d’ailleurs une des rĂ©sultantes. Mais je suis pour la mixitĂ© lorsqu’elle ouvre et transcende. Pas lorsqu’elle fait rĂ©gresser et se dĂ©tourne de l’avenir. Parce-que l’avenir, c’est aussi aujourd’hui. Rester uniquement entre soi, ce n’est pas pour moi. Ce n’est pas mon projet.

Spectacle au centre culturel Le Figuier blanc, d’Argenteuil, septembre 2020 ou 2021. Photo©Franck.Unimon

 

Argenteuil, une ville plus vivante que d’autres

 

 

Argenteuil est-elle une ville plus communautaire que d’autres ? Si je m’en tiens au peu que j’entrevois de certains codes sociaux dans certains milieux, y compris Ă  Argenteuil, je dirais qu’Argenteuil est une ville aussi communautaire que d’autres. Mais plus vivante que d’autres. Argenteuil est une mappemonde. Comme Cergy-Pontoise. Ce sont deux villes oĂč il y a beaucoup d’origines, beaucoup d’histoires diverses, mais dont trĂšs peu d’élites mĂ©diatiques rendent suffisamment  compte. Sans doute parce-que, comme d’autres villes, de banlieue mais aussi de province, Argenteuil souffre beaucoup d’un certain parisianisme chevronnĂ© mais aussi exacerbĂ© et fanatique. Et, ça, ce n’est pas prĂšs de changer. Car il faut, bien-sĂ»r, que Paris reste la ville la plus belle de France.

 

Paris, dans le jardin des Tuileries. Aout 2022. Photo©Franck.Unimon

 

 

Franck Unimon, ce samedi 3 septembre 2022.

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Argenteuil Cinéma Corona Circus

Argenteuil sur scĂšne avec l’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce samedi 7 Mai 2022

Photo prise depuis la cour du groupe scolaire Paul Vaillant Couturier Ă  Argenteuil, ce samedi 7 Mai 2022. En attendant devant l’atelier de maquillage des ” CinglĂ©s du cinĂ©ma”.

Argenteuil sur scĂšne avec l’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce  samedi 7 Mai 2022

 

Cela fait maintenant 15 ans que j’habite Ă  Argenteuil. Et je continue de passer Ă  cĂŽtĂ© de cette ville. MĂȘme si je crois y circuler librement et l’avoir traversĂ©e Ă  diffĂ©rents endroits.

 

Argenteuil, une ville stratégique

 

 

Argenteuil, pour moi, c’est une ville trĂšs Ă©tendue, en bĂ©ton, de plus de cent mille habitants. Une excroissance de bĂ©ton, polluĂ©e comme toutes les villes bĂ©tonnĂ©es et trĂšs automobiles, plutĂŽt bruyante et sale, qui touche d’autres villes :

 

Bezons et son tramway qui la rapproche maintenant de Nanterre et du quartier de la DĂ©fense. Epinay sur Seine , qui dispose aussi de sa ligne de Tramway menant Ă  la fĂȘte de l’HumanitĂ©, jouxte la ville cossue d’Enghien les Bains, son lac et son casino, et, plus loin, la ville de Saint Denis.

Sannois et sa salle de concerts l’EMB Sannois avant de rejoindre Eaubonne. Sartrouville et un peu plus loin Maisons-Laffite, son chĂąteau, sa forĂȘt et son champ de courses.

Colombes et AsniĂšres, des villes du dĂ©partement du 92, le dĂ©partement le plus riche de France, qui ont l’avantage sur Nanterre, Ă©galement ville du 92, de mieux desservir Paris en transports en commun.

 

 

Argenteuil est aussi une ville proche de la Seine. Et la mairie d’Argenteuil, depuis des annĂ©es, a l’ambition que la ville puisse retrouver ou reconquĂ©rir ses berges de seine comme auparavant, au dĂ©but du vingtiĂšme siĂšcle. Avant qu’une voie rapide automobile ne coupe les Argenteuillais de cet accĂšs Ă  la Seine. Un accĂšs Ă  la Seine que l’on peut atteindre et longer jusqu’à au moins Epinay sur Seine voire au delĂ , en passant sous le viaduc de l’autoroute A15, un viaduc que j’ai malheureusement dĂ©couvert aprĂšs la mort de la jeune Alisha Khalid, 14 ans, le 8 mars 2021. ( Marche jusqu’au viaduc ).

Cette photo a été prise en 2021, avant la marche blanche pour Alisha Khalid.
L’endroit en question. Photo prise en 2021.
Devant la gare d’Argenteuil centre ville. Photo prise en 2021.

 

 

Argenteuil, proche de l’autoroute A15, permet donc, en surpassant la Seine, de se diriger à Paris, à Lille, vers la Picardie, la Normandie, la Bretagne et d’autres endroits.

Vue sur Paris et le quartier de la DĂ©fense depuis la butte d’Orgemont, Ă  Argenteuil.

 

Argenteuil est donc, gĂ©ographiquement, une ville trĂšs importante d’un point de vue stratĂ©gique.  D’autant que par le train direct, elle peut relier la gare de Paris St Lazare en 11 minutes. Et que Paris peut ĂȘtre atteint Ă   vĂ©lo depuis le pont d’Argenteuil en une vingtaine de minutes. Ce que beaucoup de personnes ignorent ou sous-estiment encore car, pour stratĂ©gique qu’elle soit, Argenteuil, est une ville paradoxale et hĂ©tĂ©rogĂšne oĂč il existe, ou fourmille, aussi, bien des frontiĂšres gĂ©ographiques et au moins psychologiques.

 

Argenteuil et ses frontiÚres géographiques et au moins psychologiques

 

 

Argenteuil a longtemps Ă©tĂ© une ville communiste. Pendant Ă  peu prĂšs un demi-siĂšcle. Les mairies communistes au pouvoir, et la maniĂšre dont elles ont gĂ©rĂ© ce pouvoir, ont  eu une incidence sur le dĂ©veloppement d’Argenteuil. On retrouve une partie de cet hĂ©ritage communiste dans le nom des lieux, des rues ( Aragon, Desnos, Gabriel PĂ©ri….). Argenteuil est un peu la “photo” ou le souvenir d’un certain communisme encore glorieux de l’Ă©poque de Georges Marchais, d’un monde d’il y a trente ou quarante ans. 

 

De ce fait, il n’y a rien d’Ă©tonnant Ă  ce que ce soit une ville, oĂč il existe des frontiĂšres psychologiques et gĂ©ographiques particuliĂšres et qui lui sont propres. 

 

Je crois avoir passĂ© quelques unes de ces frontiĂšres plus d’une fois. Comme on enjambe une voie ferrĂ©e ou que l’on sort d’un quartier ou d’un bar sans bien savoir ce qui a pu y arriver. Car  je ne fais pas partie des « historiques Â» d’Argenteuil. De celles et ceux qui y habitent depuis plusieurs gĂ©nĂ©rations ou qui y travaillent, et y militent, depuis des annĂ©es, au contact de celles et de ceux qui « font Â» cette ville.

 

Je m’exprime donc d’aprĂšs mes expĂ©riences qui ont Ă©galement leurs frontiĂšres et leurs limites.

 

Ces frontiĂšres gĂ©ographiques et au moins psychologiques d’Argenteuil font que certaines parties de la ville sont probablement peu frĂ©quentĂ©es par certains des habitants d’Argenteuil.  En cela, Argenteuil peut faire penser quelques fois Ă  un village ou mĂȘme Ă  une ville retirĂ©e de province, oĂč l’on prĂ©fĂšre rester plutĂŽt dans son quartier mais aussi dans un passĂ© assez dĂ©suet. Je ne serais pas Ă©tonnĂ© d’apprendre que certains enfants et habitants d’Argenteuil connaissent assez peu Paris.

Photo prise en 2020 ou en 2021.

 

Mais parallĂšlement Ă  cela, si j’ai pu croiser, il y a quelques mois, une connaissance qui habite Ă  Neuilly sur Seine sur le parking de la Ferme du Spahi, et venant y faire ses courses, ou apprendre que des personnes venant d’autres villes se rendaient au grand marchĂ© d’Argenteuil (le marchĂ© situĂ© Boulevard HĂ©loĂŻse), je ne suis pas sĂ»r que les personnes habituĂ©es Ă  faire leurs courses sur le marchĂ© de la colonie ou sur le marchĂ© des Coteaux s’y rendent rĂ©guliĂšrement.

 

La « dĂ©sertion Â» ou la dĂ©saffection de certains lieux culturels, mais aussi de certains Ă©vĂ©nements culturels, que ce soit au cinĂ©ma Jean Gabin qui se trouve Ă  cĂŽtĂ© de la mĂ©diathĂšque Aragon& Elsa Triolet  mais aussi Ă  cĂŽtĂ© de la mairie d’Argenteuil ou au Figuier blanc, lors de certaines sĂ©ances de cinĂ©ma ou pour toute autre manifestation culturelle, par exemple, m’a dĂ©jĂ  interpellĂ©.

 

Ce vendredi 6 Mai, me prĂ©sentant par hasard Ă  la mĂ©diathĂšque Aragon& Elsa Triolet pour y rendre des documents, je dĂ©couvrais qu’il se dĂ©roulait le soir mĂȘme au cinĂ©ma Jean Gabin, un concert Ă  20H30 en rapport avec Les CinglĂ©s du cinĂ©ma. Il semblait y avoir trĂšs peu de public. Et, j’avais dĂ©jĂ , plusieurs annĂ©es auparavant, bien avant la pandĂ©mie du Covid fait cette expĂ©rience d’un public trĂšs clairsemĂ© lors d’évĂ©nements culturels, de qualitĂ©, proposĂ©s par la ville dans la salle de cinĂ©ma Jean Gabin. La premiĂšre fois, le musicologue Guillaume Kosmicki nous avait fait une trĂšs bonne confĂ©rence sociologique sur la musique techno. La seconde fois, un batteur Ă©tait venu nous parler de son instrument et nous avait, entre-autres, fait une dĂ©monstration de biguine.

 

D’autres dĂ©cisions, Ă  mon sens municipales, me surprennent trĂšs dĂ©sagrĂ©ablement : Les vacances de PĂąques vont se terminer ce soir. Et, le mercredi de cette semaine, je me suis Ă  nouveau fait confirmer que la mĂ©diathĂšque Aragon & Elsa Triolet n’ouvrait que le mercredi aprĂšs-midi, durant ces vacances de PĂąques,  de 14h Ă  18h. Le mĂȘme jour, la mĂ©diathĂšque de Cormeilles en Parisis, une ville Ă  cinq minutes d’Argenteuil par le train, Ă©tait, elle, ouverte de 10h Ă  19h !

Certes, pour moi qui n’habite pas Ă  Cormeilles en Parisis, l’inscription Ă  cette mĂ©diathĂšque est chĂšre (50 euros, l’inscription Ă  l’annĂ©e). Mais, en contrepartie, cette inscription me donne accĂšs aux documents des autres mĂ©diathĂšques du Val de Parisis. Dont fait partie la ville d’Eaubonne, oĂč, depuis peu, la mĂ©diathĂšque est ouverte les dimanches.

 

« Gratuite Â», la mĂ©diathĂšque d’Argenteuil Aragon & Elsa Triolet Ă©tait ouverte les mercredis dĂšs le matin pendant les vacances scolaires il y a encore deux ou trois ans si je me rappelle bien.

 

Car, souvent perçue et montrĂ©e comme un mauvais exemple, la ville d’Argenteuil a disposĂ© ou dispose d’atouts nombreux que mĂȘme des personnes rĂ©sidant dans d’autres villes mieux renommĂ©es et plus prestigieuses viennent chercher. Cela peut, par exemple, ĂȘtre son conservatoire Ă  rayonnement dĂ©partemental. Lorsque j’y ai avais suivi une formation en cours d’interprĂ©tation thĂ©Ăątrale, achevĂ©e en 2016, j’avais pu compter parmi mes jeunes camarades, des personnes venant d’Enghien, de Courbevoie ou de Paris.

 

Ou son offre immobiliĂšre. Le mĂštre carrĂ© y Ă©tant moins cher qu’ailleurs, certains acquĂ©reurs viennent s’y installer plutĂŽt qu’à Paris, Ă  AsniĂšres ou Ă  Colombes. Le prix du mĂštre carrĂ© dans l’immobilier flambe-t’il Ă  Argenteuil ? J’ai l’impression que la rĂ©ponse est bigarrĂ©e. C’est peut-ĂȘtre assez vrai dans certains quartiers d’Argenteuil, pavillonnaires, aux Coteaux, du cĂŽtĂ© du quartier de la Colonie mais que l’acheteur semble souvent jouer d’égal Ă  Ă©gal avec le vendeur. Ce qui tranche avec d’autres villes oĂč l’on nous rappelle des montants Ă©levĂ©s en matiĂšre de transaction immobiliĂšre. MĂȘme lorsque les prix « baissent Â».

 

Il est une frontiĂšre gĂ©ographique et pas seulement psychologique trĂšs sensible Ă  Argenteuil. C’est celle des Ă©coles publiques.

Photo prise prĂšs de la gare du Val d’Argenteuil, en 2020 ou en 2021.

« Dans le passĂ© Â», Argenteuil a eu de trĂšs bonnes Ă©coles publiques. Aujourd’hui, ces trĂšs bonnes Ă©coles publiques, collĂšges et lycĂ©es, sont considĂ©rĂ©es comme ne l’étant plus.

Cela fait des annĂ©es, en France, que les services publics se font massacrer et perdent de leurs capacitĂ©s Ă  remplir Ă  leurs missions de soins ou d’enseignements.

 

Il subsiste des Ă©tablissements scolaires publics aux moyens, aux rĂ©sultats et aux climats rassurants dans certaines villes. Mais pas Ă  Argenteuil, oĂč, visiblement, au mieux, il faut Ă©viter les collĂšges et les lycĂ©es publics. Voire l’école primaire. En septembre 2020, Ă  l’école primaire, l’enseignante de ma fille avait Ă©tĂ© en arrĂȘt maladie trois fois dĂšs le mois de septembre. Pour ĂȘtre finalement remplacĂ©e au mois de janvier suite Ă  sa maternitĂ©.

Pour cette année 2021-2022, à nouveau, ma fille terminera son année scolaire avec un autre enseignant que celle qui avait débuté en septembre. Pour des raisons de santé.

 

 

D’autres parents avaient anticipĂ© dĂšs la maternelle. En trouvant la parade en faisant en sorte de faire admettre leur enfant dans l’école privĂ©e d’Argenteuil centre ville : l’école Ste GeneviĂšve qui comprend un collĂšge et qui a agrandi, en partie, ses capacitĂ©s d’accueil ces derniĂšres annĂ©es. Mais il est difficile d’y faire admettre son enfant.

Soit il faut s’y reprendre trois Ă  quatre annĂ©es de suite. Ou avoir la chance ou le privilĂšge d’avoir soi-mĂȘme Ă©tĂ© un ancien ou une ancienne de l’école, ou d’y avoir dĂ©jĂ  une sƓur ou un frĂšre scolarisĂ©, ce qui assure, assez facilement l’admission dans l’école.

 

J’avais sous-estimĂ© cette importance de l’école lorsqu’avec ma compagne, nous avions optĂ© pour venir nous installer Ă  Argenteuil. Aujourd’hui, je regrette ma « lĂ©gĂšretĂ© Â». Et je supporte assez mal ce suspense Ă  deux balles concernant l’avenir scolaire de ma fille. Mais aussi son environnement relationnel immĂ©diat. MĂȘme si je sais que les apprentissages scolaires ne dĂ©cident pas de tout, ils influencent tout de mĂȘme beaucoup certaines consciences ainsi que certains parcours.

 

La France de 2022 compte pour l’instant, politiquement, officiellement quatre camps.

 

Les abstentionnistes. La Droite libĂ©rale. L’extrĂȘme droite. L’extrĂȘme gauche. Et sans doute devrais-je rajouter les dĂ©sespĂ©rĂ©s et celles et ceux qui sont gravement malades.

 

Nous avons beaucoup entendu parler de la pleine croissance et de l’insouciance de l’aprĂšs-guerre. Mais nous Ă©voluons dans un monde de radicalisations Ă©conomiques, sanitaires, idĂ©ologiques et politiques. Mais, aussi, climatiques et Ă©cologiques. Tout cela semble tourner ensemble. Les radicalisations climatiques et Ă©cologiques que nous nous permettons encore d’ignorer semblent se conjuguer avec les radicalisations Ă©conomiques, sanitaires, idĂ©ologiques et politiques.

 

Face aux inquiĂ©tudes que nous avons, nos rĂ©ponses et nos rĂ©actions se radicalisent de plus en plus d’un point de vue Ă©conomique, sanitaire, idĂ©ologique et politique.

 

Argenteuil est sans doute une ville oĂč il existe des personnes radicalisĂ©es ou en voie de radicalisation. Aujourd’hui, lorsque l’on parle de radicalisation, en France, on pense d’abord Ă  la radicalisation islamiste. Parce-que plusieurs attentats terroristes traumatisants ont eu lieu en France ces dix derniĂšres annĂ©es et qu’ils ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par des islamistes. Alors on rĂ©sume grossiĂšrement et vite fait la radicalisation Ă  cela.

 

Mais la radicalisation de notre monde, et donc d’Argenteuil, n’est pas uniquement islamiste, s’il y a radicalisation.

 

 La radicalisation la plus gĂ©nĂ©rale et la plus partagĂ©e en France est sans doute notre façon de percevoir le monde.

Gare du Val d’Argenteuil, photo prise en 2020 ou en 2021.

 

 Par ailleurs, Ă  Argenteuil, des jeunes filles et des femmes de « familles Â» musulmanes prennent des cours (de danse ou d’instrument de musique) au conservatoire d’Argenteuil ou participent Ă  des cours de boxe française avec des garçons et des hommes. Et lorsque je me suis rendu au hammam de la gare, et oĂč je compte retourner,  je ne me suis pas encore senti regardĂ© de travers parce-que noir et non musulman.

 

 

Il n’en demeure pas moins qu’Argenteuil a ses problĂšmes. Depuis trois bons mois, maintenant, des vendeurs de cigarettes Ă  la sauvette se sont implantĂ©s prĂšs de la gare d’Argenteuil et lancent « Marlboro ! Marlboro ! Â». Ils disparaissent lorsque la police arrive pour mieux revenir. Je me dis que ces vendeurs devaient ĂȘtre ailleurs auparavant, peut-ĂȘtre dans Paris ou dans une ville de banlieue plus proche de Paris, et qu’ils se sont dĂ©placĂ©s.

 

J’ai entendu parler de points de vente de cannabis dans Argenteuil. Un de ces points de vente se trouverait non loin du trajet que ma fille prend pour aller Ă  son Ă©cole.

 

Sans doute se trouve-il aussi Ă  Argenteuil ou s’est-il trouvĂ© quelque endroit oĂč l’on peut y acheter des armes au noir. Et oĂč y existe ou y a existĂ© de la prostitution clandestine. Je ne suis pas inspecteur de police ni enquĂȘteur social. Mais je lis des fois la presse. Ou parfois, comme hier soir, pour la premiĂšre fois, j’ai entendu une femme crier dans la rue en bas de chez moi. En regardant par la fenĂȘtre, j’ai ensuite pu voir un homme sortir d’un immeuble, les mains menottĂ©es derriĂšre le dos. Il est sorti dans la rue devant plusieurs personnes restĂ©es en bas de l’immeuble.

L’homme menottĂ© dans le dos Ă©tait accompagnĂ© de policiers en tenue, portant leur gilet pare-balles et d’un Ă©quipage de police en civil venu en renfort. Chacun des deux Ă©quipages comportait une femme-flic.

Je me suis dit que cela serait bientÎt dans la Presse. Sûrement dans le journal Le Parisien.

 

 

Argenteuil est peut-ĂȘtre une ville qui « craint Â». Mais je connais bien des personnes qui s’y plaisent et y ont trouvĂ© leur coin :

 

Si l’on n’est pas client de certains produits comme de certaines heures, ou de certaines ouvertures, on peut trĂšs bien passer pendant des annĂ©es prĂšs  de certains endroits sensibles sans s’y retrouver cramponnĂ©. C’est un peu comme passer tous les jours au dessus du vide ou de la Seine dans un train en revenant de Paris. En prenant un pont sans  tomber dans la Seine ou dans le vide. Et, je repense de temps en temps au quartier de la Bastille, Ă  Paris, qui, aujourd’hui, est devenu un endroit trĂšs recherchĂ© alors qu’il a pu, dans le passĂ©, ĂȘtre un quartier de Paris oĂč l’on pouvait croiser des toxicomanes avec leurs seringues.

 

 

En matiĂšre de soins publics, je dirais qu’Argenteuil tient plus ou moins le coup. Notre fille est nĂ©e dans son hĂŽpital. OĂč il manque, comme ailleurs, du personnel.

Il manque aussi, de plus en plus, certaines professions libĂ©rales. Mais il s’y trouve aussi le centre de santĂ© Fernand GoulĂšne.

Des centres dentaires ouvrent aussi Ă  Argenteuil comme partout ailleurs. On dirait que la chirurgie dentaire est le nouveau filon commercial. A cĂŽtĂ© des filons dĂ©jĂ  Ă©tablis  des pharmacies, assez nombreuses dans le centre ville d’Argenteuil, des agences immobiliĂšres, des supermarchĂ©s, assez nombreux aussi Ă  Argenteuil, des kebabs, des traiteurs asiatiques et des magasins alimentaires exotiques.

 

A Argenteuil, le haut de gamme peut voisiner ce qui est trĂšs bon marchĂ©. Et on y vit peut-ĂȘtre « plus ensemble Â» ou « malgrĂ© d’autres Â» que dans d’autres villes dont on parle moins, en mal comme en bien.

 

La promotion d’Argenteuil

Au Centre culturel “Le Figuier Blanc” en septembre ou octobre 2020, quelques mois aprĂšs le premier confinement dĂ» Ă  la pandĂ©mie du Covid. A Gauche, le Maire d’Argenteuil, Georges Mothron. Devant le micro, Chantal Juglard, 8Ăšme adjointe du Maire, chargĂ©e de la culture et du patrimoine.

 

Argenteuil, comme d’autres villes, tient Ă  faire sa promotion et son cinĂ©ma. Avec le centre culturel Le Figuier blanc, la salle de concerts La Cave DimiĂšre,  Les CinglĂ©s du cinĂ©ma ( qui se dĂ©roule Ă  Argenteuil depuis des annĂ©es) fait un des moyens de cette promotion. J’ai de bons souvenirs de cette manifestation. Comme du salon du livre dont la librairie Presse Papier est l’une des grandes organisatrices.

 

 

Pendant des annĂ©es, Les CinglĂ©s du cinĂ©ma ont eu lieu Ă  la salle des fĂȘtes Jean Vilar dont le parking extĂ©rieur marque encore l’entrĂ©e dans la ville d’Argenteuil, lorsque l’on y arrive par son pont routier, d’un cĂŽtĂ©. Alors que de l’autre cĂŽtĂ©, se trouve le club d’aviron d’Argenteuil, de trĂšs bon niveau.

 

Depuis plusieurs annĂ©es, Georges Mothron, proche de Macron ,et avant, de Sarkozy, maire pour la troisiĂšme ou quatriĂšme fois d’Argenteuil (aprĂšs avoir dĂ» cĂ©der sa place quelques annĂ©es au maire et ex-dĂ©putĂ© socialiste Philippe Doucet) et son Ă©quipe ont le projet de dĂ©truire la salle des fĂȘtes Jean Vilar.  Pour y permettre Ă  la place la construction d’un centre commercial, d’un multiplexe de cinĂ©ma et d’un programme hĂŽtelier de luxe d’aprĂšs ce que j’avais retenu. Le but serait de donner d’Argenteuil une image plus attractive. De l’autre « cĂŽtĂ© Â», Ă  Colombes, il est vrai qu’un certain nombre de projets immobiliers ont Ă©tĂ© construits. La mairie de Colombes anticipe sĂ»rement l’arrivĂ©e du tramway, les Jeux olympiques de 2024 ainsi que le Grand Paris.

 

 

Pour l’instant, Ă  Argenteuil, depuis Ă  peu prĂšs deux ans, la salle des fĂȘtes Jean Vilar a surtout servi de centre de vaccination contre le Covid. Mais il subsiste des opposants au projet de dĂ©molition de la salle des fĂȘtes Jean Vilar. Au centre de leurs arguments, le fait que ce projet, s’il se faisait, entraĂźnerait des consĂ©quences que l’on peut apprĂ©hender concernant la frĂ©quentation de la librairie Presse Papier mais aussi du centre culturel le Figuier Blanc qui contient des salles de cinĂ©ma, plutĂŽt proche, Ă  quelques minutes Ă  pied.

L’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce samedi 7 Mai 2022 aux CinglĂ©s du cinĂ©ma d’Argenteuil.

Cette annĂ©e, Les CinglĂ©s du cinĂ©ma se seront tenus au mois de Mai dans le groupe scolaire Paul Vaillant Couturier. Habituellement, la manifestation se dĂ©roule au dĂ©but de l’annĂ©e, en janvier ou fĂ©vrier. Mais pour cause de pandĂ©mie du Covid, l’évĂ©nement a Ă©tĂ© dĂ©calĂ©.

Au centre, l’acteur Jean-Claude Dreyfus dans la cour du groupe scolaire Paul Vaillant Couturier, Ă  Argenteuil. A droite, le Maire d’Argenteuil, Georges Mothron. A gauche, Chantal Juglard, 8Ăšme adjointe du maire, attachĂ©e Ă  la culture et au patrimoine. Dans l’arriĂšre plan, on aperçoit une grue Ă  l’emplacement du projet immobilier Kauffmann & Broad. Photo prise ce samedi 7 Mai 2022, Ă  Argenteuil.

 

L’acteur Jean-Claude Dreyfus a Ă©tĂ© choisi pour ĂȘtre l’invitĂ© d’honneur de cette Ă©dition des CinglĂ©s du cinĂ©ma. Pour moi, Jean-Claude Dreyfus, cela est surtout restĂ© le boucher du film DĂ©licatessen, un film rĂ©alisĂ© en 1991 par  Jeunet et Caro. Alors que, depuis, Dreyfus a tournĂ© dans d’autres films et aussi jouĂ© au thĂ©Ăątre. Je l’avais aussi vu ensuite dans Le Duc et l’Anglaise de Rohmer mais j’ai toujours eu du mal avec les films de Rohmer.

L’acteur Jean-Claude Dreyfus, au centre. A sa gauche, le Premier adjoint du Maire, Xavier PĂ©ricat. A sa droite, La 8 adjointe du maire, Chantal Juglard. A droite de Chantal Juglard, probablement Gilles Savry, 3Ăšme adjoint du maire. Photo prise ce samedi 7 Mai 2022.

 

Ma fille et moi sommes arrivĂ©s aux CinglĂ©s pratiquement au mĂȘme moment oĂč Dreyfus, accompagnĂ© du maire Georges Mothron et de ses adjoints, est arrivĂ©. Et nous avons aussi quittĂ© Les CinglĂ©s du cinĂ©ma  pratiquement, aussi, au mĂȘme moment oĂč Dreyfus en repartait, toujours accompagnĂ© du maire Georges Mothron et de ses adjoints. Lesquels ont fait en sorte d’ĂȘtre au plus prĂšs de lui afin, aussi, de se trouver, autant que possible, sur les photos qui seraient prises.

 

L’acteur Jean-Claude Dreyfus, entourĂ©, Ă  gauche de Chantal Juglard, 8Ăšme adjointe du maire Georges Mothron, le maire d’Argenteuil Georges Mothron et Xavier PĂ©ricat, 1er adjoint du maire. Photo prise ce samedi 7 Mai 2022.

 

 J’ai entendu Dreyfus deviser, cabotiner un peu, aussi. Et l’équipe municipale « sympathiser Â» avec lui. Le premier adjoint du maire, Xavier PĂ©ricat, a racontĂ© Ă  Jean-Claude Dreyfus qu’il avait Ă©tĂ© en CM1 et en CM2 prĂ©cisĂ©ment dans cette Ă©cole. Et que cela lui faisait donc quelque chose  de particulier que d’y retourner lors de cette manifestation des CinglĂ©s du cinĂ©ma.

L’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce samedi 7 Mai 2022, aux CinglĂ©s du cinĂ©ma.

En effet, du CM1 au poste de premier adjoint de la mairie d’Argenteuil, j’imagine Ă  peine tout ce qu’il a fallu de charge, de choix et de contrariĂ©tĂ©s prĂ©alables. Charge, choix et contrariĂ©tĂ©s que chacune et chacun connaĂźt un jour Ă  Argenteuil ou ailleurs, Ă  des degrĂ©s divers.

 

 

Franck Unimon, ce dimanche 8 Mai 2022.

 

 

 

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Garde Ă  vue Ă  Argenteuil

Argenteuil, dimanche 7 novembre 2021.

Garde Ă  Vue Ă  Argenteuil

 

 Une garde Ă  vue dans un temple protestant. Cela s’est passĂ© hier aprĂšs-midi, dimanche, Ă  Argenteuil.

Et, j’ai Ă©tĂ© consentant.

 

Le dimanche aprĂšs-midi a longtemps pu ĂȘtre un enfermement chez soi. Mais on peut ĂȘtre enfermĂ© de tellement de façons diffĂ©rentes. On sort Ă  peine d’une cellule ou d’un ennui que l’on entre dans un autre ou dans une autre.

Argenteuil, dimanche 7 novembre 2021.

 

Hier aprĂšs-midi, je suis allĂ© voir l’adaptation thĂ©Ăątrale du film Garde Ă  vue de Claude Miller. Parce-que je connais Daniel Muret, qui s’est occupĂ© de la mise en scĂšne, ainsi qu’Evelyne Fort. Ils reprĂ©sentent tous deux la compagnie Willy Danse ThĂ©Ăątre, Ă  Argenteuil.  

 

J’avais fait leur connaissance aprĂšs mon arrivĂ©e Ă  Argenteuil, Ă  la mĂ©diathĂšque, il y a plus de dix ans. Daniel y animait un atelier d’écriture auquel j’avais participĂ©. Et Evelyne faisait partie des participants.

 

Il y a presque deux mois, j’avais croisĂ© Daniel par hasard dans Argenteuil. Daniel est Argenteuillais depuis sans doute un demi siĂšcle ou davantage. A Argenteuil, il y a encore des personnes qui y vivent depuis plusieurs gĂ©nĂ©rations.

Le jour de notre rencontre, Daniel m’avait dit qu’il en avait « assez Â» de toujours voir adaptĂ© des classiques et des auteurs dĂ©jĂ  reconnus. Son propos m’avait plu.

 

Je n’ai pas- encore- vu le film de Claude Miller avec Michel Serrault. Si je « connais Â» bien sĂ»r l’acteur Michel Serrault, je suis un peu jeune pour avoir vu ce film lorsqu’il Ă©tait sorti au cinĂ©ma en 1981. Et, c’est seulement en Ă©crivant cet article que je dĂ©couvre que Lino Ventura (dont j’aime modĂ©rĂ©ment le jeu mais que je sais considĂ©rĂ© comme un grand acteur Ă  la « Française Â» presqu’équivalent Ă  un Jean Gabin que je prĂ©fĂšrerais) et Romy Schneider (une actrice, pour moi, au delĂ  de beaucoup d’autres, un peu Ă  l’image d’un Patrick Dewaere) figurent aussi dans le film de Miller. Et, je crois que c’était mieux pour moi, hier, de ne pas avoir vu le film au prĂ©alable.

 

Hier aprĂšs-midi, je suis allĂ© voir cette adaptation thĂ©Ăątrale sans comparaison en tĂȘte. Mais aussi pour rompre un peu avec cette coutume selon laquelle la culture se trouve principalement Ă  Paris. Mais aussi parce-que j’en avais assez de cette ville.

 

Par moments, j’en ai assez d’Argenteuil, cette ville paradoxale, bĂ©tonnĂ©e, dont sont parties plusieurs personnes que j’y avais rencontrĂ©es. Ou que j’aimais bien.  Une ville trĂšs Ă©tendue, « La troisiĂšme du Val d’Oise Â», faite d’une multitude de quartiers.

 

Argenteuil, pour moi, est une ville de deuils. C’est aussi une ville qui vit sans qu’on la regarde mais Ă  laquelle beaucoup sont attachĂ©s. Au point que, parfois, je me demande, Ă  voir leur enthousiasme, ce qu’ils lui trouvent.

Pourtant, cette ville, je la dĂ©fends aussi tandis que d’autres lui dĂ©cernent tous les torts et tous les travers. La saletĂ©, les incivilitĂ©s, la dĂ©linquance, les impĂŽts locaux Ă©levĂ©s, les Ă©coles publiques dont le niveau a chutĂ© Ă  partir du collĂšge.

Au travail, j’ai pour habitude de dire que, pour moi, les gens sont plus importants que les murs ou le dĂ©cor. Mais il y a des limites. Et, Ă  Argenteuil, par moments, je me demande oĂč est la diffĂ©rence entre les limbes et les limites. Et, tout ça, Ă  quelques kilomĂštres de Paris, la « ville lumiĂšre Â».

 

Argenteuil serait donc rĂ©voquĂ©e. Argenteuil compterait donc parmi les villes qui donnent difficilement le change. Et, je me suis rappelĂ© qu’une partenaire de thĂ©Ăątre au conservatoire- d’Argenteuil- m’avait appris qu’un acteur ( «  qui peut tout jouer Â») s’était abstenu de dire lors d’une de ses tournĂ©es qu’il jouerait aussi Ă  Argenteuil. C’était peut-ĂȘtre un oubli aprĂšs tout. Pourquoi toujours imputer aux gens des mauvaises intentions de vote ? C’est bien un truc de perdant, ça, penser que si on nous oublie, c’est parce-que l’on nous snobe.

 

A Argenteuil, j’ai vu passer sur scĂšne Kassav’, KĂ©ry James, Arno, Marc Ribot, Magma, Danyel Waro, Denis Lavant, Disiz La Peste et j’en aurais vu et entendu bien d’autres si je m’étais rendu disponible. Alors, je pouvais me rendre disponible pour la piĂšce Garde Ă  vue.

A Argenteuil, Au thĂ©Ăątre de l’Abri, ce dimanche 7 novembre 2021.

Hier aprĂšs-midi, le public m’a semblĂ© principalement familial et amical. Et pourquoi pas ?

 

Argenteuil, au thĂ©Ăątre de l’Abri, dimanche 7 novembre 2021.

 

Si, quelques fois, la langue d’un ou deux comĂ©diens a fourchĂ©, pendant plus d’une heure, j’ai oubliĂ© oĂč j’étais. Les « gens Â», encore. Les gens sur scĂšne mais aussi les dĂ©cors avaient fait le nĂ©cessaire. Ils m’ont fait entrer dans une parenthĂšse qui s’est dĂ©roulĂ©e Ă  l’époque oĂč ValĂ©ry Giscard D’Estaing Ă©tait PrĂ©sident de la RĂ©publique et encore vivant. Et  François Mitterrand et Jacques Chirac – qui allaient ĂȘtre les PrĂ©sidents suivants- aussi. Dans une ville de province qui aurait pu ĂȘtre un des quartiers de la ville d’Argenteuil oĂč Ă  peu prĂšs tout le monde se connaĂźt. Sauf que la mer aurait remplacĂ© la Seine, et que le phare aurait pris la place de la salle des fĂȘtes Jean Vilar, de la Cave DimiĂšre ou du centre culturel le Figuier Blanc.

 

A l’époque oĂč ValĂ©ry Giscard d’Estaing Ă©tait PrĂ©sident de la RĂ©publique (on voit sa photo de PrĂ©sident sur scĂšne) Argenteuil Ă©tait ouvertement, encore, une ville communiste. Mais dans Garde Ă  vue, on comprend que l’on est dans une ville de droite :

Un notaire, sujet de la grande bourgeoisie, est le suspect numĂ©ro un dans le meurtre de deux jeunes filles qui ont aussi Ă©tĂ© violĂ©es. Et deux policiers s’acharnent Ă  le voir coupable. Il est en fait plus suspect d’ĂȘtre riche que meurtrier et, jamais, sans doute, ces deux policiers n’ont eu la possibilitĂ© d’approcher aussi longtemps et d’aussi prĂšs un homme riche. Alors, ils comptent bien en profiter. Quitte Ă  le dĂ©pecer s’il le faut. D’autant que celui-ci a des secrets et des mensonges, comme tout un chacun, ce qui dĂ©cuple la dĂ©termination des deux reprĂ©sentants de police qui ne supportent pas ce riche qui leur rĂ©siste.

A Argenteuil, au ThĂ©Ăątre de l’Abri, ce dimanche 7 novembre 2021.

 

Les comĂ©diens m’ont plu. Je me suis aussi un peu demandĂ© ce que j’aurais donnĂ© dans l’un des rĂŽles. J’ai particuliĂšrement aimĂ© ces sous-entendus dans les propos. Mais aussi l’entrĂ©e de la femme (jouĂ©e par Marie Grandin) du suspect, grande bourgeoise d’entre tous mais aussi grande jalouse, jusqu’à la pathologie. Garde Ă  vue, pour moi, est autant une Ɠuvre sur une certaine haine sociale que sur l’inadaptation conjugale et relationnelle. Dans un cas comme dans l’autre, les ĂȘtres ne peuvent pas s’ajuster ou s’insĂ©rer puisque des illusions leur servent de repĂšres et de refuges.

Argenteuil, au thĂ©Ăątre de l’Abri, ce dimanche 7 novembre 2021. A droite, Daniel Muret.

 

Franck Unimon, lundi 8 novembre 2021.

 

 

 

 

 

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Argenteuil VĂ©lo Taffe

VĂ©lo Taffe Samedi 30 octobre 2021 : Paris/ Argenteuil

Paris, samedi 30 octobre 2021, Saint-Michel, Notre Dame.

                    VĂ©lo Taffe Samedi 30 octobre 2021 : Paris / Argenteuil

A vĂ©lo, depuis le 14Ăšme arrondissement de Paris, Argenteuil n’est pas si loin. MĂȘme aprĂšs une nuit de travail. 

Habituellement, je couple l’usage du train avec celui de mon vĂ©lo pour me rendre Ă  mon travail et pour rentrer chez moi. Depuis chez moi, Ă  vĂ©lo, le 14Ăšme arrondissement n’est pas si loin… mais cela me demanderait plus que les 35-40 minutes que je prenais pour me rendre directement  dans le 18Ăšme arrondissement du cĂŽtĂ© de la Porte de Clignancourt en passant par St-Ouen. Entre 1h10 et 1h20.

Ce 30 octobre, vers 8h30, je ne sais pas encore que je ferai tout le trajet Ă  vĂ©lo. En sortant du travail, je dĂ©cide de changer d’itinĂ©raire. Pour varier.

 

Je passe “devant” Notre Dame en reconstruction. Je m’arrĂȘte Ă  l’entrĂ©e du tribunal de la citĂ©. Il n’y a pas les barriĂšres ni les forces de l’ordre que je vois chaque fois qu’a lieu le procĂšs des attentats du 13 novembre 2015.

Un gendarme sort de la loge. Sa collĂšgue, une jeune femme blonde, nous regarde.

Avec son accent du sud, le gendarme, la trentaine, m’explique comment faire pour assister, Ă  partir du lundi, dans une salle devant un Ă©cran, Ă  ce procĂšs. Puis, je repars.

 

Paris, Le Chatelet, samedi 30 octobre 2021.

Je constate que BeyoncĂ©, Basquiat, Jay-Z et la pub pour les bijoux Tiffanys sont partis ( Jay-Z, Basquiat et BeyoncĂ© Ă  Paris, au ChĂątelet ) et ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par une pub pour les vĂȘtements Moncler. Je ne reconnais pas l’actrice de gauche mais je sais l’avoir dĂ©ja vue. Je sais aussi qu’un blouson de la marque Moncler coĂ»te plus cher que le vĂ©lo sur lequel je suis. Ces publicitĂ©s pour ces marques onĂ©reuses ( Tiffanys, Moncler…..) sont peut-ĂȘtre surtout lĂ  pour toutes celles et tous ceux, qui, comme moi, spontanĂ©ment, ne peuvent pas se les acheter Ă  moins de fournir certains efforts. Entre les impĂŽts et ces articles de luxe qui nous regardent, nos vies sont faites d’efforts. Et, il nous faut apprendre Ă  trier entre un vĂ©lo qui peut nous transporter ; le plaisir de prendre son enfant en photo devant une fontaine; ou tout faire pour s’acheter un blouson Moncler ou un bijou Tiffanys. 

 

Paris, 30 octobre 2021.

Avant de dĂ©marrer leur footing, et leurs efforts, au moins un de ces deux hommes fait comme moi : il regarde la jeune femme blonde. Je l’ai ratĂ©e quelques secondes plus tĂŽt alors qu’elle Ă©tait derriĂšre sa copine sur leur trottinette. Pas de bijoux Tiffanys, pas de blouson Moncler, je me console comme je peux avec cette photo. 

 

Paris, 30 octobre 2021.

 

Je suis presqu’arrivĂ© Ă  la gare St Lazare. Au feu, je vois ces affiches. Je trouve Sarkozy et Royal tellement ringards.  Que font-ils encore lĂ  ? C’est fini ! Ils appartiennent au passĂ©. L’un et l’autre ont eu leurs chances. Le premier a Ă©tĂ© Maire de Neuilly, Ministre de l’IntĂ©rieur, PrĂ©sident de la RĂ©publique, justiciable…

La seconde a Ă©tĂ© Ministre, et, au second tour des Ă©lections prĂ©sidentielles ( en 2007 !) avait perdu face Ă  Sarkozy. DĂ©sir d’avenir. 

 

Je trouve ces affiches historiques et comiques. Je me dĂ©pĂȘche de les prendre en photo avant leur disparition. Peut-ĂȘtre qu’un jour, regrettera-t’on un Nicolas Sarkozy et une SĂ©golĂšne Royal…. 

 

Paris, prĂšs de la Gare St Lazare, ce 30 octobre 2021.

 

Voici notre Ă©poque. Une attente concentrĂ©e devant l’ouverture d’un magasin de l’enseigne Fnac. Une pub pour du Whisky. Une autre pour l’artiste Rashid Jones que je ne connaissais pas. Une, pour une machine Ă  laver. Et, tout en haut, la promotion du nouvel album d’Ed Sheeran que je n’ai toujours pas pris le temps d’Ă©couter mais dont je “connais” le succĂšs depuis au moins deux ans. Comment ne pas finir essorĂ© ? Ou esseulĂ© ? 

 

Paris, prĂšs de la gare St Lazare, le 30 octobre 2021.

 

L’enseigne de la Fnac a ouvert. Mais je ne pouvais pas ne pas prendre cet homme de dos, en photo. Un homme dont le mĂ©tier de livreur rime pour moi avec pĂ©nible labeur. GĂ©nĂ©ralement, lorsque je croise l’un d’entre eux ou qu’il me dĂ©passe sur son vĂ©lo, Ă©lectrique ou mĂ©canique, je le laisse passer. Peut-ĂȘtre que cette vie-lĂ  me fait-elle peur. MĂȘme si, si je n’avais pas le choix, je ferais sans aucun doute comme eux. Et, je ferais alors peur Ă  quelqu’un d’autre sans doute.

 

Gare de Paris St Lazare, le 30 octobre 2021.

 

Une gare parisienne, pendant les vacances de la Toussaint. Un peu moins de monde que la veille mais c’est seulement le matin. Il n’y a rien de particulier. Tout le monde porte son masque. Et, moi, je vais prendre mon train pour Argenteuil…

 

Gare St Lazare, 30 octobre 2021.

 

Je me dis qu’il y a encore pas mal de monde qui part en vacances. Je ne comprends pas vraiment ce que fait lĂ , cette ligne de dĂ©marcation. 

 

 

” Cette femme, avec son bouquet de fleurs, ça apporte quelque chose. Prends-lĂ  en photo !”. Alors, je la prends en photo, parmi ces voyageurs avec leurs bagages. Ensuite, je la vois retrouver son compagnon. Je me dis que c’est vraiment la Toussaint.

 

Gare St Lazare, 30 octobre 2021.

 

Je n’avais pas remarquĂ© tout de suite que la police ferroviaire Ă©tait prĂ©sente. Je me dis alors que la police recherche peut-ĂȘtre des trafiquants.

 

Gare St Lazare, 30 octobre 2021.

 

Certaines voies ne sont pas disponibles. La mienne, l’est. La voie 11 ou 12. Ou 10. 

 

Gare St Lazare, 30 octobre 2021.

 

Un chien dans la gare, cela se prend en photo. Plus tard, ce sera peut-ĂȘtre plus rare. MĂȘme si j’aime bien l’attitude de la dame, de profil, sa main posĂ©e sur son bagage. Et ce que l’on aperçoit en contrebas. Avec les palmiers au milieu….

 

Gare St Lazare, 30 octobre 2021.

 

ArrivĂ© prĂšs de ma voie, on me fait bien comprendre qu’il faut sortir de la gare ! Un bagage a Ă©tĂ© abandonnĂ©.

 

Gare de Paris St Lazare, 30 octobre 2021.

 

J’ai ratĂ© la photo du camion de dĂ©minage lorsqu’il est passĂ© derriĂšre nous. J’ai ratĂ© la photo de cette jeune femme aux jambes de girafe qui me tournait le dos. Apparemment, elle avait l’habitude de poser. Lorsque j’ai Ă©tĂ© prĂȘt, elle avait bougĂ©. Elle s’est Ă©loignĂ©e, Ă  l’Ă©cart. Comme si elle me fuyait. Puis, aprĂšs avoir consultĂ© son tĂ©lĂ©phone portable, elle a dĂ©campĂ© en repassant Ă  plusieurs mĂštres devant moi.

Par contre, je ne manque pas ce dĂ©fenseur du Barça, moins vif, beaucoup plus tranquille. 

 

Gare de Paris St Lazare, 30 octobre 2021.

 

Lorsque c’est comme ça, il est impossible de savoir quand la circulation des trains va reprendre. Je dĂ©cide trĂšs facilement de faire la suite du trajet Ă  vĂ©lo. J’ai de l’eau. Une compote. Un vĂ©lo. Je suis bien habillĂ© mĂȘme en cas de pluie. Et, je ne suis pas pressĂ©. Il se trouve que c’est ce jour-lĂ , que, dans une brocante, je suis tombĂ© sur cette canne-siĂšge qui date d’un siĂšcle. Elle vient de Manufrance m’a dit le vendeur. La premiĂšre fois que j’ai vue une canne-siĂšge, c’Ă©tait sur une scĂšne de thĂ©Ăątre au Figuier Blanc. Le comĂ©dien Denis Lavant en avait une. AprĂšs la reprĂ©sentation, il m’avait appris l’avoir trouvĂ©e par hasard dans une brocante, en province. Pour 5 euros. J’ai payĂ© la mienne un peu plus chĂšre. Mais c’est une piĂšce unique. Je ne la trouverai ni chez Tiffanys, ni dans les magasins Moncler. 

Ce matin encore, parmi d’autres pensĂ©es, je me demandais Ă  nouveau ce qui faisait que je ne faisais plus de thĂ©Ăątre. Avant, j’avais “faim”. J’avais envie de jouer. LĂ , je n’ai mĂȘme pas envie de jouer. Et, c’est comme ça depuis trois ou quatre ans. Et puis, dans cette petite brocante sur laquelle je suis tombĂ©, en sortant du travail, je vois cette canne-siĂšge.  J’ai rĂ©ussi Ă  la coincer contre mon sac Ă  dos. Jusque-lĂ , depuis que je suis parti, elle n’est pas tombĂ©e. Rouler jusqu’Ă  Argenteuil avec cette canne-siĂšge est un bon test pour vĂ©rifier Ă  nouveau Ă  quel point mon sac Ă  dos, celui que j’avais achetĂ© pour aller au travail, Ă©tait le bon choix. 

 

Levallois, 30 octobre 2021.

A Levallois, j’aperçois cet homme, seul, dans la rue. La photo ne rend pas ce que je vois. Je prends deux autres photos, encore moins bonnes. Puis, l’homme part d’un pas dĂ©cidĂ©. Peut-ĂȘtre gĂȘnĂ© d’avoir Ă©tĂ© photographiĂ©. Ou peut-ĂȘtre tout simplement pressĂ©. 

 

Colombes, 30 octobre 2021.

 

C’est Colombes, ou AsniĂšres, mais Gennevilliers n’est pas loin. Cet immeuble au fond a attirĂ© mon regard. C’est un  projet architectural diffĂ©rent de celui de l’immeuble Ă  droite, sur  la photo. 

 

Colombes, 30 octobre 2021.

 

Colombes, en sortant de la A86, avant le pont d’Argenteuil. 30 octobre 2021.

 

ça construit, ça construit. A la fois pour rĂ©pondre Ă  la demande de logements. Pour accroĂźtre l’attractivitĂ© de l’endroit avec le tramway qui ne devrait pas passer bien loin. Mais aussi en prĂ©vision des jeux olympiques de 2024. La piscine de Colombes, qui se trouve Ă  dix minutes en voiture de lĂ , et Ă  peine plus Ă  vĂ©lo, a Ă©tĂ© retenue pour ĂȘtre exclusivement rĂ©servĂ©e Ă  l’entraĂźnement des Ă©quipes de natation synchronisĂ©e. 

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

 

Nous sommes sur le pont d’Argenteuil. On aperçoit le club d’aviron, le Coma Argenteuil. Un trĂšs bon club d’aviron Ă  ce que j’ai cru comprendre. Je suis dĂ©ja allĂ© me renseigner plusieurs fois. Mais je n’ai toujours pas pu faire une balade d’initiation. L’aviron est un sport “complet” et souvent prĂ©sentĂ© comme tel. Depuis des annĂ©es, j’aimerais bien le pratiquer mais je n’ai pas la disponibilitĂ© nĂ©cessaire.

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

L’affiche se veut verte. Mais, pour moi, Argenteuil, est surtout une ville de bĂ©ton. MĂȘme s’il y a le projet de rĂ©cupĂ©rer les berges de Seine. Au bout, on aperçoit la salle des fĂȘtes Jean Vilar. Salle “historique” que la mairie voudrait raser afin d’autoriser la construction d’un hĂŽtel de luxe, d’un centre commercial, avec complexe de cinĂ©ma. Peut-ĂȘtre mĂȘme une Fnac. Afin de rendre la ville plus attirante. Un certain nombre d’opposants Ă  ce projet se sont exprimĂ©s. Il faut savoir qu’Ă  moins de dix minutes Ă  pied de lĂ , se trouvent une librairie, la librairie Presse Papier trĂšs engagĂ©e, le centre culturel le Figuier Blanc ( soutenu par la mairie) qui comporte salle de spectacles et salles de cinĂ©ma ainsi que la cave DimiĂšre oĂč se dĂ©roulent aussi des concerts. Ainsi que des cours de musique qui dĂ©pendent du conservatoire d’Argenteuil. Le marchĂ© d’HĂ©loĂŻse, connu comme le marchĂ© ” d’Argenteuil”, se trouve aprĂšs la salle des fĂȘtes Jean Vilar. Raser la salle des fĂȘtes Jean Vilar signifierait aussi sans doute perdre un certain nombre de places de parking lors des jours du marchĂ© ” d’Argenteuil” ( le vendredi et le dimanche).

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

Cette station essence Ă  l’entrĂ©e de la ville est supposĂ©e disparaitre un jour. DerriĂšre les arbres, au fond, il y a le conservatoire d’Argenteuil. Originellement, ce bĂątiment Ă©tait celui de la mairie d’Argenteuil, dĂ©placĂ©e depuis au bout de l’avenue Gabriel PĂ©ri. Ces fresques que l’on aperçoit sont sur un bĂątiment qui fait Ă©galement partie du conservatoire d’Argenteuil. Ces voitures que l’on voit, si elles tournent sur la gauche, vont prendre le pont d’Argenteuil qui peut les emmener vers Colombes ou vers la A 86. Vers St Denis ou vers la DĂ©fense et au delĂ . 

 

 

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

Je ne connais pas ces journalistes. Je me suis demandĂ© quel journal pouvait bien tenir cette journaliste. Mais je n’ai pas rĂ©ussi Ă  dĂ©chiffrer. C’est cette injonction ” Soyons complices” avec cette image de pub qui m’a enjoint Ă  prendre cette photo. Comment peut-on donner l’air ou l’intention d’ĂȘtre proche des gens alors qu’on ne les voit pas et qu’on ne les rencontre jamais ? 

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

 

Notre Dame, les bijoux Tiffanys et les blousons Moncler, c’est loin. 

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

 

La circulation des trains avait repris lorsque je suis arrivĂ© Ă  Argenteuil. Il semblerait qu’elle ait repris assez vite.

 

Le marché de la colonie, ce samedi 30 octobre 2021 à Argenteuil.

 

Le marchĂ© de la colonie est un petit marchĂ© de l’autre cĂŽtĂ© de la gare d’Argenteuil centre-ville. C’est un marchĂ© plutĂŽt familial et intimiste, ouvert le samedi. Il est sĂ»rement aussi un peu plus cher que le grand marchĂ© d’Argenteuil. Il y a deux ou trois ans maintenant, un marchĂ© bio avait Ă©galement ouvert le vendredi soir. Un an plus tard, ou mĂȘme avant, seul le marchand de fruits et de lĂ©gumes continuait de revenir. 

 

CachĂ© par l’homme au chapeau, Dominique M…, membre et militant de l’association Sous les Couvertures. Samedi 30 octobre, marchĂ© de la colonie, Argenteuil.

 

Ce samedi 30 octobre, l’ESAT la Montagne vendait des fleurs. A gauche, en entrant dans le marchĂ©, un stand de produits antillais oĂč j’ai mes habitudes. 

 

J’ai mis plus d’une heure vingt depuis mon dĂ©part du travail pour rentrer chez moi. La canne-siĂšge a tenu. J’ai roulĂ© tranquillement. Je me suis arrĂȘtĂ© plusieurs fois pour prendre des photos. Cependant, je n’ai croisĂ© aucun embouteillage. 

 

Franck Unimon, samedi 6 novembre 2021. 

 

 

 

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Marcher pour ne pas mourir

Le journal ” Le monde” de ce lundi 13 septembre 2021.

      Marcher pour ne pas mourir

 

  • ça va ?
  • Non, ça ne va pas.

 

Elles étaient trois jeunes. Je dirais au plus, 25 ans. Accueillantes, volontaires, plutÎt mignonnes. Néanmoins, on peut avoir ces particularités et insuffler la mort dans les corps sans le vouloir.

 

Deux d’entre elles Ă©taient Ă©tudiantes en mĂ©decine. La troisiĂšme, Ă©tudiante en quoi ?

Elles Ă©taient probablement plutĂŽt bonnes Ă©lĂšves et, bien que rĂŽdĂ©es, assez faciles, sĂ»rement, Ă  dĂ©stabiliser. Je n’en n’ai pas profitĂ©.

 

Lorsque celle qui m’a fait m’asseoir m’a appris la « bonne nouvelle Â», Ă  savoir, qu’avant l’injection, elle allait me faire un test antigĂ©nique, j’ai dĂ©ballĂ© mes arguments contre cette mĂ©thode « barbare Â». J’avais dĂ©jĂ  fait deux tests antigĂ©niques en tant que cas contact cette annĂ©e. NĂ©gatif Ă  chaque fois. Une seconde sĂ©rologie Covid- effectuĂ©e il y a environ deux semaines- m’avait redit que si certaines personnes, aprĂšs avoir contractĂ© le Covid, avaient dĂ©veloppĂ© des dĂ©fenses immunitaires aussi fortes qu’une paire de poitrines nĂ©cessitant du 95 D, que les miennes Ă©taient aussi plates qu’une flaque d’eau.

 

Mais elle n’a eu aucune difficultĂ© Ă  me convaincre. Je savais que ces rĂ©sultats Ă©taient trop anciens et inappropriĂ©s. Et, aussi, qu’elle appliquait un protocole qu’elle se devait de suivre d’aprĂšs son instruction. Partir pour refuser un test antigĂ©nique ? Je m’étais fait une raison pour cette premiĂšre injection de Moderna. Alors, je suis restĂ© et elle m’a enfoncĂ© la tige.

 

  • ça va ?
  • Non, ça ne va pas.

 

A quelques mĂštres, ses deux « collĂšgues Â» sont restĂ©es silencieuses. Le rĂ©sultat est arrivĂ© trĂšs vite. Moins de deux minutes. A nouveau nĂ©gatif. Je peux l’écrire : ces derniers temps, il m’est arrivĂ© d’envier celles et ceux qui avaient attrapĂ© le Covid et qui avaient bien rĂ©cupĂ©rĂ© depuis. Car leurs dĂ©fenses immunitaires, si elles ne sont pas Ă©ternelles, sont « naturelles Â».

 

Cependant, on ne sait pas quelle tĂȘte on va faire en attrapant le Covid. Si nous allons connaĂźtre les neiges Ă©ternelles, garder des sĂ©quelles de cette embuscade ou, au contraire, bien nous en remettre.

 

Celle qui m’a fait l’injection avait des jolis yeux bleus AllĂ©luia Ă  la LĂ©onard Cohen. Cependant, aujourd’hui, on est habile pour s’inventer un profil avantageux.  Donc, je ne suis pas sĂ»r qu’elle Ă©tait vraiment ce qu’elle m’a dit ĂȘtre. Etudiante en quatriĂšme annĂ©e de mĂ©decine. AprĂšs m’avoir piquĂ©, elle m’a recommandĂ© de prendre du doliprane en cas de douleur. Je l’ai Ă©coutĂ©e tout en sachant que je n’en prendrais pas. J’ai du doliprane chez moi et j’en donne Ă  ma fille lorsqu’elle a de la fiĂšvre. Mais je prends le moins de mĂ©dicaments possible. C’est peut-ĂȘtre paradoxal pour un infirmier mais je crois que le repos, le calme, les Ă©tirements ou une activitĂ© plaisante et l’alimentation, ça aide vraiment. Et qu’il faut d’abord essayer ça avant de se prĂ©cipiter vers des mĂ©dicaments. Ou essayer d’en prendre le moins possible. Ne pas s’assommer d’avance. Ce soir, j’ai un peu mal au deltoĂŻde, peut-ĂȘtre un petit mal de la tĂȘte. Mais je suis fatiguĂ©. Je me suis couchĂ© un peu tard hier soir et je me suis levĂ© un peu tĂŽt ce matin.

 

AprĂšs l’injection, je suis restĂ© quelques minutes dans la salle d’attente Ă  envoyer des sms pour apprendre Ă  quelques personnes que j’avais reçu ma premiĂšre injection. Pendant que les jeunes femmes s’occupaient des personnes suivantes. J’ai entendu une femme d’une vingtaine d’annĂ©es, assez grande, s’avancer en disant :

 

« J’ai trĂšs trĂšs peur Â». Puis « Je suis en PremiĂšre annĂ©e de mĂ©decine Â». Il semble qu’en face, on se soit montrĂ© attentif et rassurant.

 

MĂȘme si comme l’a trĂšs bien compris une ancienne collĂšgue, et prĂ©sente amie, j’ai lancĂ©  « une bouteille Ă  l’amer Â» en adressant mon article Etre un mauvais exemple Ă  plusieurs personnes, je ne dirais pas avoir eu peur de me faire vacciner. C’est plutĂŽt du doute et de la mĂ©fiance. De la prudence, aussi.

 

Pourquoi cet endroit ?

 

 

J’ai choisi cet endroit Ă  Paris, un espace de santĂ© oĂč l’on trouve entre-autres une consultation en gynĂ©cologie, pour le vaccin Moderna.  Ou vaccin covid-19 ARNm- 1273 ( Spikevax ° de la firme Moderna).

 

 J’en avais assez d’entendre parler du Pfizer qui est le vaccin utilisĂ© par IsraĂ«l que la France copie pour sa politique sanitaire. Copier, cela veut aussi dire que l’on pense et anticipe moins. IsraĂ«l en est, je crois, Ă  une troisiĂšme dose de vaccin Ă  partir de 30 ans car le Pfizer a perdu de ses pouvoirs face au variant Delta.

Le Moderna, beaucoup moins utilisĂ© que le Pfizer, aurait des particularitĂ©s immunogĂšnes un petit peu supĂ©rieures. Je ne m’attends pas Ă  des miracles. Mais j’ai essayĂ© quelque chose.

 

Le Moderna est aussi le vaccin choisi par une de nos voisines, vaccinĂ©e dĂšs qu’elle l’a pu et qui s’en porte bien. Nous nous entendons bien avec cette voisine. Et je n’ai pas oubliĂ© qu’elle Ă©tait partante pour emmener Ă  notre fille Ă  une sortie culturelle nĂ©cessitant le passe sanitaire. Qu’elle avait Ă©tĂ© touchĂ©e qu’on le lui demande car c’était pour elle une grande marque de confiance. Sauf que, finalement, elle n’avait pas pu ĂȘtre disponible.

 

 

J’ai aussi choisi cet endroit parce qu’il ne ressemble pas aux vaccinodromes impersonnels que j’ai vu. Parce qu’il est dans un quartier oĂč j’ai de bons souvenirs. En tant que comĂ©dien sur scĂšne. En tant que spectateur. En tant que client dans un restaurant.

Dans le journal ” Le Figaro” de ce lundi 13 septembre 2021.

 

Pour y arriver, aprĂšs avoir pris le train et le mĂ©tro, j’ai tenu Ă  marcher. Dix Ă  quinze minutes de marche. Alors que j’aurais pu descendre Ă  une station de mĂ©tro plus proche. Avant de prendre le train pour Paris, j’avais achetĂ© trois journaux du jour, Le Figaro, Les Echos, Le Monde. J’avais aussi pris le journal gratuit qui est rĂ©apparu avec la rentrĂ©e. Dedans, j’ai lu ce que je pouvais qui se rapportait Ă  la pandĂ©mie, Ă  la vaccination anti-Covid. Je n’ai rien trouvĂ© qui m’aurait permis de me dĂ©sister. J’avais assez cherchĂ© et assez sollicitĂ© autour de moi pour renoncer une seconde fois Ă  cette vaccination. Pourtant, ce soir, mĂȘme si plusieurs personnes m’ont encouragĂ© vers cette action et m’ont fĂ©licitĂ© depuis, si cela m’a fait du bien, beaucoup de bien, je ne suis pas soulagĂ©.

 

Le sentiment d’avoir trahi

 

J’ai d’abord le sentiment d’avoir trahi. Ma compagne pour commencer, rĂ©solument contre. Pour elle, les vaccins anti-Covid actuels sont des « choses Â» Ă  bannir.

 

Mon meilleur ami, qui a contractĂ© le Covid il y a plusieurs mois et dont les dĂ©fenses immunitaires « poussent Â» le plafond,  qui m’avait conseillĂ© rĂ©cemment d’attendre quelques mois si je le pouvais.

 

Cette personne perdue de vue qui, en lisant mon article Etre un mauvais exemple, l’avait spontanĂ©ment partagĂ© et m’avait Ă©crit : « Je suis aussi un mauvais exemple Â». Son soutien m’a fait dĂ©couvrir le sentiment d’avoir dĂ©sormais une responsabilitĂ©, de par mon article, envers celles et ceux qui pourraient se reconnaĂźtre Ă  travers lui, Ă  travers moi. Et, moi, en partant me vacciner, je leur retirais en quelque sorte un « alliĂ© Â».

 

Et, dans une bien moindre mesure, j’ai un peu l’impression de ne pas avoir tenu compte de l’avis du mĂ©decin que j’avais sollicitĂ©  au sujet de ces vaccins actuels contre le Covid et qui m’avait rĂ©pondu :

 

« Peut-ĂȘtre que, finalement, on ne court pas de risque avec ces vaccins mais on manque de recul. Donc, si vous pouvez, attendez encore quelques mois qu’un vaccin dont on sera plus sĂ»r, arrive Â».

Il m’avait aussi appris avoir attrapĂ© le Covid en avril et m’apparaissait en pleine forme, dĂ©but septembre.

 

Pourquoi, moi « l’anarchiste Â» et le « rĂ©volutionnaire Â», ai-je changĂ© d’avis ?

 

Changer d’avis :

 

Autour de moi, aujourd’hui, je dĂ©nombre Ă©videmment bien plus de personnes  vaccinĂ©es contre le Covid qui se portent bien que de personnes non vaccinĂ©es. Le nombre ne fait pas tout. Et ce n’est pas la peur du mĂ©pris ou de la honte sociale qui m’a dirigĂ©.

 

Ces personnes vaccinĂ©es, que je connais, peuvent avoir des profils opposĂ©s. Mais aussi des personnalitĂ©s tranchĂ©es. Si l’on peut ĂȘtre une personne affirmĂ©e et affutĂ©e en refusant de se faire vacciner et en refusant le passe sanitaire, je peux aussi dire que parmi les personnes vaccinĂ©es contre le Covid que je connais, se trouvent des personnes toutes autant affirmĂ©es et affutĂ©es. Dans une fourchette d’ñge allant de 35-40 ans Ă  70 ans et plus. Je pourrais donc me satisfaire du fait que ces personnes se soient faites vacciner contre le Covid.

 

Sauf qu’il me reste des gros rĂ©sidus de doute. Tomber par hasard tout Ă  l’heure sur le post, sur Facebook, d’un ami qui affirme que la vaccination anti-Covid « aurait Â» causĂ© 40 000 morts en neuf mois d’aprĂšs telle ou telle source m’a bien-sĂ»r contrariĂ©. Et s’il avait raison ?

 

Relire aujourd’hui sur le site Prescrire.org dans l’article (datĂ© de ce 1er septembre 2021) intitulĂ© Effets indĂ©sirables connus mi-2021 des vaccins covid-19 Ă  ARN messager ( Covid-19 Des signaux confirmĂ©s et quelques signaux d’effets indĂ©sirables trĂšs rares ont Ă©mergĂ©, notamment des pĂ©ricardites et des myocardites. La RĂ©daction de Prescrire publie son analyse dĂ©taillĂ©e dans le numĂ©ro de septembre) m’a aussi contrariĂ©.

 

 

Je n’ai pas changĂ© d’avis pour pouvoir bientĂŽt retourner au restaurant, au cinĂ©ma, dans une salle de thĂ©Ăątre, dans la mĂ©diathĂšque de ma ville ou pour voyager. MĂȘme si je le ferai sans doute aprĂšs m’ĂȘtre fait vacciner.

MĂȘme si avec le rĂ©sultat de mon test antigĂ©nique d’aujourd’hui, je compte bien faire le « plein Â» de sorties qui me sont dĂ©sormais interdites sans passe sanitaire et sans test antigĂ©nique et PCR nĂ©gatif rĂ©cent. Je pense en particulier Ă  retourner au cinĂ©ma et dans « ma Â» mĂ©diathĂšque.

 

Le centre commercial CĂŽtĂ© Seine Ă  Argenteuil, grand ouvert ce lundi 13 septembre 2021. Alors qu’il faut continuer de fournir un passe sanitaire ou un test antigĂ©nique et PCR nĂ©gatif pour pouvoir entrer dans la mĂ©diathĂšque de la ville situĂ©e Ă  dix minutes Ă  pied de lĂ .

 

Je reste aussi critique envers le passe sanitaire et le projet de sociĂ©tĂ© qu’il dessine. Je crois qu’au pire, l’ancienne Ministre de la santĂ© AgnĂšs Buzyn, mise en examen pour « mise en danger de la vie d’autrui Â» et une mauvaise gestion de la pandĂ©mie du Covid l’annĂ©e derniĂšre, sera condamnĂ©e Ă  du sursis. Et qu’elle sera la principale part visible et condamnĂ©e des responsables de cette mauvaise gestion parmi les grosses « tĂȘtes de gondoles Â». Et que les autres se feront discrĂštes ou sauront si bien se faire dĂ©fendre que leur condamnation sera  faible ou inoffensive. Contrairement Ă  ce qui va  se produire Ă  partir de ce 15 septembre, dans deux jours, pour celles et ceux, employĂ©s, qui ne seront toujours pas vaccinĂ©s, ne serait-ce qu’une fois, contre le Covid.

 

Pour ces personnes, je m’attends Ă  ce qu’on les brutalise un peu plus que nous ne l’avons dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dans notre grande majoritĂ© depuis le dĂ©but de cette pandĂ©mie. En se cachant derriĂšre la loi :

 

« On vous avait prĂ©venu. Vous avez Ă©tĂ© informĂ©(e). Vous avez eu le temps de la rĂ©flexion. Maintenant, je suis obligĂ©(e )  d’appliquer la Loi. Ce n’est pas moi, c’est la Loi qui m’oblige Ă  vous dire de dĂ©gager et Ă  vous sanctionner !  Â».

 

Je crois qu’il va se produire beaucoup trop de « sale Â» Ă  partir du 15 septembre au prĂ©texte de la Loi. Car sitĂŽt que l’on octroie Ă  plus de personnes  un certain pouvoir rĂ©pressif, le pire, camouflĂ© ou un peu tenu en laisse d’ordinaire, s’exprime davantage. Je ne m’attends pas Ă  des ratonnades. Mais Ă  des dĂ©gradations morales, sociales et Ă©conomiques. A un accroissement de contrariĂ©tĂ©s et d’humiliations quotidiennes les plus diverses au motif que certaines personnes ne fourniront pas, en cas de contrĂŽle- et il y en aura de plus en plus Ă  partir du 15 septembre- le papier qu’il faut ; le QR Code attendu pour effectuer des dĂ©placements ou des actions qui, « autrefois Â», il y a encore deux mois, ne le nĂ©cessitaient pas.

 

C’est plutĂŽt ça qui m’a fait changer d’avis. Je n’ai pas envie de me mettre dans un Ă©tat d’hyper-vigilance pour des gestes quotidiens qui, jusqu’à il y a peu, allaient de soi comme le simple fait d’ouvrir un robinet pour avoir de l’eau.

Paris, lundi 13 septembre 2021.

La possibilitĂ© d’attraper le Covid m’a aussi fait changer d’avis. Car, Ă  partir du 15 septembre, j’ai l’impression que chaque fois qu’une nouvelle personne non vaccinĂ©e attrapera le Covid et sera hospitalisĂ©e que cela permettra de marteler que si elle avait Ă©tĂ© vaccinĂ©e, elle ne l’aurait pas attrapĂ©. Ou alors une forme bĂ©nigne. Il va se passer un peu de temps avant de devoir admettre que le « Tout vaccin Â» ne rĂ©soud pas tout contre le Covid. Au moins jusqu’à ce que les « nouveaux Â» traitements anti-Covid ne soient disponibles pour le plus grand nombre sur le marchĂ©. D’ici un mois ? Deux mois ? Trois mois ?

 

Gagner du temps

 

J’ai donc aussi changĂ© d’avis pour continuer de gagner du temps.  D’accord, pendant que je prends le temps de rĂ©flĂ©chir d’autres ont le temps de faire trois enfants et de les voir commencer Ă  faire des Ă©tudes supĂ©rieures puis de devenir grands-parents. Mais j’ai besoin de temps. Cet article, pour ĂȘtre Ă©crit, a besoin de temps. J’avais Ă©crit une premiĂšre version en rentrant de l’espace de santĂ© en m’abstenant de dĂ©jeuner. Puis, je suis parti chercher ma fille Ă  l’école. J’ai tout rĂ©Ă©crit ce soir depuis le dĂ©but. AprĂšs avoir fait faire ses devoirs Ă  ma fille. AprĂšs avoir dĂźnĂ©. AprĂšs lui avoir lu une histoire, ce qui n’était pas prĂ©vu, au moment du coucher. Yekrik ! Yekrak !

Paris, ce lundi 13 septembre 2021.

 

« Le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui Â». J’aime cette phrase. J’ai oubliĂ© qui en est l’autrice ou l’auteur.

 

Ma seconde injection aura lieu dĂ©but octobre si elle se fait. D’ici lĂ , nous devrions avoir d’autres informations concernant l’évolution de la pandĂ©mie mais aussi Ă  propos des effets des vaccins anti-Covid actuels. A cela s’ajoutent tous ces nouveaux traitements contre le Covid, par voie orale ou intraveineuse, mais aussi par voie intramusculaire, prĂ©vus pour cet « automne Â». Et, pour l’instant, je prĂ©fĂšre le traitement intramusculaire que j’ai reçu Ă  un traitement oral ou par voie intraveineuse.

 

Si je « fais Â» ma deuxiĂšme injection, je n’aurai en principe pas de rappel avant six mois. Ce qui nous amĂšne au mois d’avril 2022 oĂč je veux bien croire que l’on en saura plus sur la « sortie Â» Ă©ventuelle de la pandĂ©mie. Comme sur les traitements contre le Covid.

Argenteuil, ce lundi 13 septembre 2021. J’ai l’impression qu’il y a moins de tests antigĂ©niques et PCR pratiquĂ©s dans ce genre de tente qui fait dĂ©sormais partie du paysage. Ce sera bien lorsque ces tentes disparaitront.

 

Selon certains témoignages et affirmations

 

Bien-sĂ»r, si je suis mort d’ici lĂ  ou complĂštement bousillĂ© par la vaccination anti-Covid, tout cela n’aura plus d’importance pour moi. Je suis bien obligĂ© d’y penser puisque selon certains tĂ©moignages ou affirmations, ou explications, ces vaccins anti-Covid sont toxiques. Et, moi, j’en suis Ă  J+1 en terme d’expĂ©rience avec ce vaccin. Je ne sais pas ce qui va se passer ensuite. Or, selon certaines affirmations, une personne vaccinĂ©e contre le Covid aurait une espĂ©rance de vie de deux Ă  trois ans ensuite. En repartant du centre de santĂ©, je me suis donc imaginĂ© que la plus grande partie de ces personnes que je croisais dans la rue, se dĂ©plaçant, discutant entre elles ou assises Ă  une terrasse d’un cafĂ©, tomberaient toutes d’un seul coup, un beau jour, mortes. Et que ce serait pareil pour moi.

Paris, ce lundi 13 septembre 2021.

 

Je me suis aussi imaginĂ© qu’un jour, alors que j’aurais l’intention de me rendre dans une Ă©picerie, que je me retrouverais finalement dans un pressing puisque la vaccination, avec les nanotechnologies qu’elle comporterait, permettraient de me tĂ©lĂ©guider Ă  distance. Je voudrais voir tel film. HĂ© bien, non, « on Â» me forcerait Ă  aller voir tel film Ă  la place. Je voudrais faire la vaisselle, hĂ© bien non, « on Â» m’obligerait Ă  me rendre sur internet pour faire des achats. Je voudrais m’habiller de telle maniĂšre pour sortir, et, finalement, non, Ă  la place “on” m’imposerait de descendre dans les Ă©gouts.

Paris, lundi 13 septembre 2021.

 

 

Il y a bien-sĂ»r d’autres croyances et d’autres affirmations Ă  propos des vaccins anti-Covid. Je prĂ©fĂšre en rire un peu. Comme le fait que notre tĂ©lĂ©phone puisse ĂȘtre aimantĂ© Ă  l’endroit oĂč le vaccin nous a Ă©tĂ© injectĂ©. Je n’ai mĂȘme pas eu envie de faire le test. C’est plutĂŽt ma compagne qui m’a incitĂ©. Alors, devant elle, j’ai pris mon tĂ©lĂ©phone et l’ai posĂ© contre ma peau. Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois. Il est retombĂ© Ă  chaque fois. J’allais continuer lorsqu’elle m’a dit que ce n’était pas la peine. Puis, ma compagne en a dĂ©duit que mon vaccin Ă©tait peut-ĂȘtre « un placebo Â». Je lui ai rĂ©pondu :

 

« Quelle que soit la situation, de toute façon, il y aura toujours une explication Â».

 

Ma compagne m’a “prĂ©dit” une troisiĂšme puis une quatriĂšme injection. Autant prĂ©dire une troisiĂšme et une quatriĂšme guerre mondiale. Je ne peux pas lui donner tort. Le monde va mal.  Je pense aussi que le nombre d’injections de vaccins contre le Covid va augmenter. Et cela ne m’emballe pas du tout.

Lorsque je lui ai dit que j’avais toujours des doutes, elle m’a objectĂ©, presqu’assassine :

 

« En gĂ©nĂ©ral, quand on a des doutes, on s’abstient ! Â».

« C’est ce que je fais, en gĂ©nĂ©ral, oui. Mais j’ai fait ce que j’avais Ă  faire Â». Puis, j’ai ajoutĂ© :

« Vu qu’il me reste maintenant deux Ă  trois ans Ă  vivre, regarde moi bien. Parce-que bientĂŽt, je ne serai plus lĂ  Â». Cela l’a fait un peu rire.

 

S’il me reste effectivement deux Ă  trois ans, au mieux, Ă  vivre avec ce vaccin, je me demande ce que je pourrais bien faire durant ces deux Ă  trois ans. Me faire plaisir sĂ»rement. En attendant, lorsque ma mĂšre a appris que j’avais reçu ma premiĂšre injection, elle m’a Ă©crit par sms qu’elle allait aussi se faire vacciner. Et que mon pĂšre suivrait sĂ»rement ensuite. Sa rĂ©action m’est alors apparue Ă©vidente. Pourtant, je ne l’avais pas du tout prĂ©vue.

 

 

Lorsque j’ai eu quittĂ© le centre de santĂ© ce matin, ça klaxonnait dans la rue. Un camion arrĂȘtĂ© bloquait la rue. A pied, j’ai facilement pu passer. J’ai tenu Ă  retourner Ă  la gare St Lazare en marchant.  J’ai pris quelques photos sur le trajet. Regarder pour vivre. Marcher pour ne pas mourir.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 13 septembre 2021.

 

 

 

 

 

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Etre un mauvais exemple

Samedi 11 septembre 2021, le matin, Paris.
HĂŽtel de Ville, Paris, depuis la rue de Rivoli, ce samedi 11 septembre 2021, vers 9 heures du matin. On peut apercevoir sur la gauche un vaccinodrome. Et, au fond, Notre Dame.

Etre un mauvais exemple

 

Ce samedi 11 septembre 2021, je suis un mauvais exemple. Je dois donc me prĂ©parer Ă  vivre dans le mĂ©pris, la peur et la honte. Si j’étais clairvoyant, Je ferais tout afin me faire subventionner au plus vite par une marque de mouchoirs jetables. Mais aussi pour devenir VRP pour des anxiolytiques et des antidĂ©presseurs. Pour fuir, raser les murs et me faire le plus discret possible. Tout cela est compatible. Dans ces domaines, je suis un homme d’avenir.

 

En dehors de ça, je passe mon temps Ă  me terrer dans le passĂ©. Je refuse la nouveautĂ© et le changement. Je suis irrationnel, illogique, Ă©goĂŻste, irresponsable, immoral. Certaines personnes ont rĂ©ussi et vont rĂ©ussir prĂ©cisĂ©ment « grĂące Â» Ă  ces caractĂ©ristiques. Mais pas moi. Car, je suis has been. Je vois bien que tout le monde est passĂ© Ă  autre chose. Or, je persiste dans mon erreur. C’est plus fort que moi. C’est en cela que l’on reconnaĂźt un mauvais exemple.

 

Je fais partie de cette minoritĂ© dont la seule vĂ©ritable expertise, reconnue et encouragĂ©e, consiste, a toujours consistĂ©, Ă  obĂ©ir, Ă  donner de sa personne et Ă  subir. Par exemple, je peux me prĂ©senter dans un centre de transfusion sanguine afin d’aller donner mon sang librement. On acceptera de me le prendre sans difficultĂ©s. Je suis donc bien obligĂ© d’admettre qu’il est encore des endroits oĂč, malgrĂ© mes tares,  on accepte encore de me recevoir.

 

Faire partie d’une minoritĂ© peut ĂȘtre un avantage. Il existe des minoritĂ©s expĂ©rimentĂ©es,  puissantes, organisĂ©es, protĂ©gĂ©es, dĂ©terminĂ©es et qui comptent. Ces minoritĂ©s prennent des dĂ©cisions pour le plus grand nombre et peuvent souvent s’exprimer et ĂȘtre Ă©coutĂ©es. Que l’on soit d’accord avec elles ou non, elles prĂ©serveront leurs fonctions. Et, lorsque certaines ou certains de leurs membres se trompent ou commettent des infractions, on trouvera bien un arrangement.

 

La minoritĂ© dont je fais partie peut ĂȘtre nĂ©gligĂ©e et balayĂ©e. C’est aussi en cela que je suis un mauvais exemple.  J’ai une attirance inextinguible pour la dĂ©faite. Durant quelques mois, j’ai fait partie de la minoritĂ© des « hĂ©ros Â».  Beaucoup de gens ont applaudi, celles et ceux, qui, comme moi, continuaient d’aller travailler, sans protection, tandis que la majoritĂ© restait Ă  l’abri du « flĂ©au Â». Mais cela fait partie du passĂ©. Alors que la lĂ©gion d’honneur et le PanthĂ©on n’attendaient plus que moi, j’ai tout gĂąchĂ©.

 

Etonnamment, depuis ce 12 juillet 2021, mon statut a basculĂ© : de « hĂ©ros Â», je suis devenu de maniĂšre de plus en plus avancĂ©e, un mauvais exemple. Mais qu’est-ce que je croyais ?! Que l’on pouvait rester un hĂ©ros toute sa vie ?! Mon statut de “hĂ©ros” ressemble aux sapins de NoĂ«l que l’on range aprĂšs les fĂȘtes ou que l’on retrouve sur les trottoirs, dans la rue, prĂšs des poubelles.

 

NĂ©anmoins, je n’ai pas envie de ressembler Ă  ces mendiants, qui, aprĂšs avoir rĂ©pĂ©tĂ© les mĂȘmes phrases, dans chaque wagon, passent ensuite dans les rangs mĂ©caniquement. Je fais encore partie des murs de l’illusion sociale. Mais je dois faire bref avant que n’arrive la prochaine station et les prochaines Ă©lections de pensĂ©e.

 

Ce samedi 11 septembre 2021, je ne suis toujours pas vaccinĂ© contre le Covid. Je n’ai donc pas de passe sanitaire. Une premiĂšre fois, j’ai pris rendez-vous. C’était le 4 aout 2021. Je me suis finalement dĂ©sistĂ©. LĂ , j’ai Ă  nouveau pris rendez-vous pour ce 13 septembre pour une premiĂšre injection. Et, je me demande si je vais Ă  nouveau me dĂ©sister.

 

Incapable

 

 

RĂ©pĂ©ter qu’il nous manque du recul pour ces vaccins anti-Covid (Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson&Johnson) proposĂ©s Ă  partir de fin dĂ©cembre 2020 puis, dĂ©sormais, imposĂ©s, revient Ă  tenir des discours comme ces mendiants ou ces dragueurs « bof Â» qui, dans les transports en commun, nous interpellent. DĂšs leurs premiĂšres intonations, on sait que l’on va connaitre un moment embarrassant. A la virgule prĂšs, on sait quelles sont leurs intentions et leurs demandes. On n’a pas envie d’entendre ça.  On n’y croit plus.  Certaines fois, on veut bien donner une petite piĂšce, un ticket restaurant ou un peu de nourriture. Mais ce serait plutĂŽt pour qu’ensuite, ils nous laissent tranquilles.

 

Or, je ne suis pas encore un mendiant. Et, je crois, aussi, qu’il faut en dire plus. Donner de soi, Ă  nouveau. Rester humain et personnaliser ce que l’on exprime. MĂȘme si cela sera peut ĂȘtre embarrassant tandis que je passerai ensuite dans les rangs. Avant de passer Ă  un autre wagon.

 

Ce samedi 11 septembre 2021, je suis incapable de savoir quoi rĂ©pondre Ă  ma mĂšre Ă  propos de la vaccination anti-Covid. Moi, l’aĂźnĂ©, le fils Ă  maman, l’enfant qui a longtemps tenu Ă  protĂ©ger sa mĂšre et qui continue dans une certaine mesure. Moi, le seul infirmier parmi ses enfants, je suis aussi le seul non vaccinĂ© contre le Covid. Tous mes vaccins sont suivis et Ă  jour. Exception faite avec cette vaccination contre le Covid.

 

Il y a quelques mois, vers Mai ou Juin, avant que ne tombe cette obligation vaccinale contre le Covid pour les soignants, ma mĂšre m’avait demandĂ© conseil. J’entendais alors de trĂšs bons Ă©chos « du Â» Pfizer Â», le vaccin largement le plus utilisĂ© dĂ©sormais en France contre le Covid. RĂ©cemment, j’ai lu que 76 millions de doses du vaccin Pfizer, en France, avaient Ă©tĂ© administrĂ©es. Largement plus que pour les trois autres vaccins rĂ©unis (Astrazeneca, Moderna, Johnson & Johnson).  Pour continuer d’appeler ces vaccins par le nom des laboratoires qui les fabriquent. Un nom un peu plus facile Ă  retenir que leur vĂ©ritable nom scientifique.

 

Aussi, il  y a quelques mois, vers Mai ou Juin, j’avais rĂ©pondu Ă  ma mĂšre :

« J’entends dire beaucoup de bien du Pfizer Â».

 

Le Johnson & Johnson et son injection unique m’avait pourtant donnĂ© envie pendant un certain temps. Ce qui m’avait aussi plu avec lui, c’était qu’il arrivait aprĂšs les trois autres (Pfizer, Astrazeneca, Moderna). Je le considĂ©rais donc comme porteur de plus de garanties en matiĂšre de recul et d’expĂ©rience.  MĂȘme son Â« nom Â», Johnson & Johnson, je trouvais que ça sonnait bien. Mais, trĂšs vite, le dĂ©collage du vaccin Johnson & Johnson s’était mal passĂ© en raison d’effets secondaires redoutĂ©s. Et, aprĂšs le vaccin Astrazeneca, il s’était rapidement retrouvĂ© entachĂ© avec la rĂ©putation d’ĂȘtre un vaccin Ă  Ă©viter. Ce qui faisait deux vaccins contre le Covid sur quatre Ă  « Ă©viter Â».

 

 

Mais j’avais fait mon devoir. J’avais conseillĂ© le Pfizer Ă  ma mĂšre dont j’ai eu des « bons retours Â» d’expĂ©rience autour de moi. Par « bons retours d’expĂ©rience Â», je pense Ă©videmment au fait que toutes celles et tous ceux qui l’ont reçu, et avec lesquels j’en ai parlĂ©, vont bien aujourd’hui. Ni dĂ©cĂšs. Ni maladie grave causĂ©e par la vaccination. Ni Covid.

 

Je croyais ma mĂšre vaccinĂ©e depuis longtemps quand cette obligation vaccinale pour les soignants, mais aussi, indirectement, pour tous les Français, est arrivĂ©e le 12 juillet. Et puis, j’ai appris que ni elle ni mon pĂšre ne l’étaient. VaccinĂ©s.

D’abord, parce qu’en raison de ses problĂšmes-traitĂ©s et stabilisĂ©s- de santĂ©, l’Astrazeneca lui avait Ă©tĂ© dĂ©conseillĂ© par son mĂ©decin. Mes parents rĂ©sident en Guadeloupe oĂč ils sont retournĂ©s vivre pour leur retraite. Ensuite, parce-que ce jour oĂč tous deux s’étaient rendus Ă  l’aĂ©roport pour se faire vacciner, ils avaient trouvĂ© une sorte de barrage tenu par des opposants Ă  la vaccination contre le Covid. Ecoutant leurs arguments, mon pĂšre avait alors signalĂ© Ă  ma mĂšre :

« Leur vaccin n’est pas encore tout Ă  fait au point. On va attendre encore un peu Â». Et, mes parents avaient rebroussĂ© chemin. Ça, c’était avant que les Antilles et l’üle de la RĂ©union ne fassent la Une des journaux concernant l’essor de la pandĂ©mie. Et que l’on nous apprenne les chiffres d’une population sous-vaccinĂ©e contre le Covid, de l’ordre, Ă  peu prĂšs de 25 Ă  30 pour cent. Contre prĂšs de 70% de personnes vaccinĂ©es contre le Covid dans l’Hexagone, aujourd’hui.

 

Une situation pas normale

 

Nous devions ĂȘtre en aout lorsque ma mĂšre m’a Ă  nouveau demandĂ© conseil Ă  propos de la vaccination anti-Covid. Elle ne savait plus quoi faire au vu de toutes les informations contradictoires. Au point de m’adresser elle-mĂȘme le 4 aout, par exemple, une vidĂ©o mettant en garde contre la vaccination. Etait-ce l’intervention en CrĂ©ole du syndicaliste Elie Domota ? C’est possible.

Le 4 aout devait ĂȘtre la date de ma premiĂšre injection, avec le Pfizer, dans ma ville, Ă  une dizaine de minutes Ă  pied de chez moi.

 

Mes rĂ©serves initiales et mes doutes- dĂ©jĂ  bien constituĂ©s- envers la vaccination anti-Covid proposĂ©e, ajoutĂ©s Ă  cette vidĂ©o et certainement d’autres propos m’ont poussĂ© Ă  annuler ce rendez-vous du 4 aout.

 

J’ai fini par rĂ©pondre Ă  ma mĂšre que je devrais savoir lui rĂ©pondre. Mais que j’en Ă©tais incapable car la situation que nous vivons est « anormale Â». Et, particuliĂšrement, « notre Â» façon de rĂ©pondre et de rĂ©agir par rapport Ă  cette pandĂ©mie du Covid.

 

RĂ©agir ou agir « normalement Â», c’est Ă  la fois adopter une attitude raisonnable. Mais, aussi, celle appliquĂ©e ou suivie par la majoritĂ©. Cette association du raisonnable avec la majoritĂ© garantit en principe l’équilibre et la pĂ©rennitĂ© du plus grand nombre. Les mĂȘmes rĂšgles et les mĂȘmes lois, connues de tous, facilement identifiables, graduĂ©es selon l’ñge et les capacitĂ©s, acceptĂ©es et supportĂ©es par le plus grand nombre, donc par la majoritĂ©, permettent de vivre dans un certain confort et une certaine entente gĂ©nĂ©rale et durable. Soit ce qui dĂ©finit une civilisation, une  sociĂ©tĂ©, une culture, une nation. L’envers du chaos, des guerres et des conflits.

 

Ce projet de civilisation, de sociĂ©tĂ©, de culture et de nation, je me suis gĂ©nĂ©ralement Ă©vertuĂ© Ă  le rejoindre comme Ă  m’y faire intĂ©grer. Sauf que mes « retours Â» d’expĂ©rience depuis le dĂ©but officiel de la pandĂ©mie en mars 2020 me font particuliĂšrement douter, voire tituber Ă  devoir ingurgiter certaines « nouvelles Â» lois.  

 

Mes « retours Â» d’expĂ©rience :

 

La principale continuitĂ© dans laquelle je me retrouve avec certitude depuis mars 2020, c’est de toujours faire partie des personnes dominĂ©es. Que ce soit au sein de certaines minoritĂ©s ou au sein de la majoritĂ©.

 

En Mars 2020, je faisais partie des minorités qui continuaient de se rendre à leur travail.

Les Ă©boueurs, les caissiĂšres et les caissiers, les commerçants “alimentaires”, les policiĂšres et les policiers, les pompiers, les livreurs, les personnels soignants, mĂ©dicaux et de mĂ©nage hospitaliers, les ambulanciers.

 

Il est possible que j’aie oubliĂ© d’autres professions comptant parmi ces minoritĂ©s. D’une part parce-que je fais en fonction de ce que mon expĂ©rience et mon entendement me permettent de comprendre de notre sociĂ©tĂ©. D’autre part, parce-que, depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie en mars 2020, ces minoritĂ©s que je viens de citer et celles que j’ai oubliĂ©es de mentionner, sont rarement celles que l’on entend s’exprimer en permanence et que l’on prend le temps d’écouter Ă  propos de cette pandĂ©mie. Alors qu’elles ont Ă©tĂ© en premiĂšre ligne et se sont constituĂ©es, aussi, une certaine expĂ©rience sanitaire directe qui pourraient ou devraient servir Ă  la majoritĂ©. Or, j’ai l’impression que seulement une partie de cette expĂ©rience pratique sert. Principalement, tout ce qui peut faire peur.

 

 

L’annĂ©e derniĂšre, je faisais partie des minoritĂ©s hĂ©roĂŻques, aujourd’hui, je fais partie des minoritĂ©s non-vaccinĂ©es :

Les sceptiques, complotistes, irresponsables, Ă©goĂŻstes, immorales, irrationnelles, illogiques, inexcusables, les bientĂŽt squelettiques….

Si je devais me fier Ă  tout ce qui nous a Ă©tĂ© dit et rĂ©pĂ©tĂ© depuis le dĂ©but concernant la pandĂ©mie du Covid (officiellement en mars 2020 en France), aujourd’hui, le pays devrait ĂȘtre orphelin par milliers en Ă©boueurs, caissiĂšres et caissiers, commerçants “alimentaires”, policiĂšres et policiers, pompiers, livreurs, personnels soignants, mĂ©dicaux, de mĂ©nage, hospitaliers et aussi ambulanciers.

 

Parce-que ces minoritĂ©s ont d’abord Ă©tĂ© exposĂ©es Ă  la pandĂ©mie du Covid pendant plusieurs semaines mais aussi Ă  une pĂ©nurie de masques, durant les six premiĂšres semaines Ă  compter de mars 2020.  

 

Parce qu’un certain nombre de professionnels faisant partie ces minoritĂ©s ont contractĂ© le Covid.

 

 

Dix huit mois plus tard, par exemple, la pĂ©nurie en personnel soignant dans les hĂŽpitaux publics s’est aggravĂ©e Ă  ce que j’ai pu lire dans la presse. Parce-que tous ces personnels soignants sont allĂ©s s’implanter dans des cimetiĂšres ? Je ne crois pas.

 

La charge anxiogĂšne qui nous a Ă©tĂ© administrĂ©e depuis l’annĂ©e derniĂšre dans le traitement mĂ©diatique de la pandĂ©mie du Covid a Ă©tĂ© maximale. MĂȘme le site indĂ©pendant Prescrire l’a soulignĂ© dans un de ses articles. J’ai eu la surprise hier soir ou avant hier soir de dĂ©couvrir un article sur ce thĂšme alors que je cherchais Ă  grappiller des informations sur les vaccins anti-Covid. Pour conserver ma dĂ©cision de me faire vacciner.

Le site Prescrire, dans cet article, va jusqu’Ă  prĂ©coniser de limiter Ă  une heure par jour, je crois, le moment oĂč l’on reçoit des informations relatives Ă  la pandĂ©mie du Covid.

Le site Prescrire dit plutĂŽt du bien des vaccins Ă  ARN messager, Pfizer et Moderna, qu’il recommande en premiĂšre intention avant les vaccins Astrazeneca et Johnson & Johnson. Le site nomme ces vaccins par leur appellation scientifique.

Si cette charge anxiogĂšne qui nous a tabassĂ© Ă  propos de la pandĂ©mie du Covid, via les media, et aussi le gouvernement avec ses revirements successifs, a Ă©tĂ© “maximale”, j’ai commencĂ© Ă  m’apercevoir qu’elle a aussi Ă©tĂ© rapidement “oubliĂ©e” voire niĂ©e. La premiĂšre personne Ă  me rendre tĂ©moin de cela avait Ă©tĂ© une collĂšgue infirmiĂšre- aujourd’hui Ă  la retraite- en arrĂȘt de travail dĂšs le dĂ©but du premier confinement. En revenant dans le service plusieurs semaines plus tard, cette collĂšgue avait Ă©tĂ© Ă©tonnĂ©e lorsque je lui avais dit que nous nous Ă©tions fait “tabasser” psychologiquement par toute la charge anxiogĂšne relative aux informations balancĂ©es Ă  propos de la pandĂ©mie du Covid. Cette collĂšgue- qui avait sĂ»rement prĂ©fĂ©rĂ© se protĂ©ger en restant chez elle dĂšs le dĂ©but du premier confinement en mars 2020- avait rĂ©agi devant moi comme s’il n’y avait jamais eu la moindre inquiĂ©tude Ă©pandue en France Ă  propos de la pandĂ©mie du Covid. Et que je lui racontais des histoires. 

Je croyais alors que cette amnĂ©sie ou ce dĂ©ni Ă©tait spĂ©cifique Ă  cette collĂšgue. Je crois aujourd’hui de plus en plus que cette amnĂ©sie et ce dĂ©ni sont partagĂ©s par d’autres personnes depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie du Covid l’annĂ©e derniĂšre. Et, c’est facile Ă  comprendre : cette amnĂ©sie et ce dĂ©ni aident Ă  se relever et Ă  poursuivre. A continuer de vivre. A aller de l’avant. A ne pas regarder en arriĂšre et y retrouver ce qui a pu effrayer ou faire souffrir. Ils sont ce que l’on appelle des mĂ©canismes de dĂ©fense psychique devant certaines situations stressantes et Ă©motionnellement difficiles voire traumatisantes. Peu importe l’Ăąge, le sexe, la constitution ou l’expĂ©rience que l’on a. Chaque personne a ses limites. 

Argenteuil, butte d’Orgemont, samedi 4 septembre 2021.

 

Des personnes sont mortes du Covid. Je ne conteste pas la pandĂ©mie non plus. Mais, dix huit mois plus tard, avec d’autres, je suis encore vivant. Je ne suis pas une exception. Et, au lieu d’en ĂȘtre content et de chercher Ă  savoir ce qui a pu permettre ça, la tendance est plutĂŽt de continuer Ă  nous faire entrer dans la tĂȘte des pensĂ©es telles que :

 

« Vous avez eu beaucoup de chance jusqu’Ă  maintenant ! Â» ; « Ă§a ne va pas durer ! Â». « Vaccinez-vous au plus vite ! C’est le mieux Ă  faire ! Â». « Regardez, dans les services de rĂ©animation, dĂ©sormais, on retrouve principalement des patients atteints du Covid non vaccinĂ©s ! MĂȘme BFM TV le dit ! Â».

« Puisqu’on vous le rĂ©pĂšte ! Â».

Une infectiologue, plutĂŽt Ă  l’aise dans les mĂ©dia, a avancĂ© qu’avec le variant Delta, tout le monde allait se faire contaminer cette fois-ci par le Covid. 

 

Néanmoins, malgré toutes ces annonces répétées, les vaccinodromes à portée de main et de clic, les tentes de test PCR et antigénique bien visibles, je continue de slalomer entre le oui et le non pour me faire vacciner.

Ces derniers jours, je me suis demandĂ© la raison pour laquelle je rĂ©agissais comme ça Ă©tant donnĂ© que tout est si « clair Â» pour la majoritĂ©.

 

RĂ©volutionnaire et anarchiste ?

 

« Je ne te savais pas aussi rĂ©volutionnaire Â» a rigolĂ© au tĂ©lĂ©phone un de mes cousins il y a quelques jours. Je venais de le surprendre en lui apprenant que je n’étais pas vaccinĂ© contre le Covid. Mon cousin ne me l’a pas dit, mais il a sĂ»rement aussi pensĂ© : “SacrĂ© Franck ! C’est vraiment un original !”.

 

Un de mes amis, infirmier Ă  la retraite depuis un an, m’a traitĂ© « d’anarchiste Â» avec le sourire alors que je dĂ©jeunais avec lui et sa compagne, Ă©galement Ă  la retraite. Tous les deux vaccinĂ©s, ils m’ont reçu Ă  leur table comme si ma non-vaccination Ă©tait davantage une particularitĂ© qui pouvait me causer des ennuis Ă©conomiques que constituer un risque pour leur santĂ©.

 

Sauf que je ne suis ni « rĂ©volutionnaire Â», ni « anarchiste Â». Par contre certaines situations vĂ©cues depuis l’annĂ©e derniĂšre m’incitent beaucoup Ă  croire ou Ă  comprendre que la rĂ©ponse officielle et lĂ©gifĂ©rĂ©e Ă  la pandĂ©mie donne beaucoup plus la prioritĂ© Ă  l’économie qu’à la santĂ©. Pour rĂ©sumer :

 

Tout ce qui rapporte beaucoup de fric ou peut en ramener trĂšs vite est d’abord privilĂ©giĂ©. C’était dĂ©jĂ  comme ça avant la pandĂ©mie du Covid. Cela s’est accentuĂ© depuis la pandĂ©mie.

La Gazette du Val d’Oise, mercredi 8 septembre 2021.

 

Ce samedi 11 septembre 2021, je peux Ă  nouveau retourner librement, et sans passe sanitaire, dans un centre commercial prĂšs de chez moi. ( Test PCR). 

Par contre, je ne peux toujours pas retourner librement dans la petite médiathÚque de ma ville. Il me faut encore fournir un passe sanitaire ou un Test antigénique ou PCR de moins de 72 heures.

 

Devant la mĂ©diathĂšque de ma ville, ce samedi 11 septembre 2021. Sur la barriĂšre, on peut apercevoir les consignes concernant les conditions d’accĂšs. Passe sanitaire, test PCR et antigĂ©nique de moins de 72 heures…. Bien-sĂ»r, le port du masque y est obligatoire.

 

 

 

On pourrait me rĂ©pondre qu’il y a un public mineur, enfant ou adolescent, qu’il convient de prĂ©server de la pandĂ©mie du Covid dans la mĂ©diathĂšque ?

Mais ce public mineur, enfant et adolescent, peut trĂšs bien se retrouver dans le centre commercial Ă  nouveau « disponible Â» sans passe sanitaire prĂšs de chez moi. Et, dans ce centre commercial, bien plus frĂ©quentĂ© que la mĂ©diathĂšque, le port du masque suffit et est obligatoire. Comme dans la mĂ©diathĂšque.

L’une des entrĂ©es du centre commercial CĂŽtĂ© Seine, ce samedi 11 septembre 2021. Il y a encore quelques jours, il fallait prĂ©senter son passe sanitaire ou le rĂ©sultat d’un test PCR ou antigĂ©nique de moins de 72 heures pour y entrer.

 

Un centre commercial, ça rapporte du fric. Une mĂ©diathĂšque, non. C’est ĂȘtre « rĂ©volutionnaire Â» et « anarchiste Â» d’écrire ça ?!

Aujourd’hui, toujours, dans la ville oĂč j’habite, Ă  Argenteuil, c’était la journĂ©e des associations. Il fait beau et chaud depuis plusieurs jours. On se croirait en Ă©tĂ©. Sauf lorsqu’il pleut brutalement. Mais, aujourd’hui, il a fait beau. Les stands des associations, cette annĂ©e, ont tous Ă©tĂ© mis dehors. Dont, une partie prĂšs des berges de Seine. Une trĂšs bonne et trĂšs audacieuse initiative et aussi un trĂšs vieux projet de la mairie d’Argenteuil. RĂ©cupĂ©rer les berges de Seine pour les piĂ©tons. Il est certain que la mairie saura tirer avantage de la rĂ©ussite de cette manifestation pour son bilan. Mais pour accĂ©der Ă  cette journĂ©e des associations qui s’est donc dĂ©roulĂ©e essentiellement Ă  l’extĂ©rieur, la prĂ©sentation d’un passe sanitaire Ă©tait obligatoire.

Entrée de la journée ou forum des associations à Argenteuil, ce samedi 11 septembre 2021.

 

Bien-sĂ»r, on me rappellera que tout Ă©vĂ©nement public, Ă  l’extĂ©rieur, Ă  partir d’une certaine envergure et affluence, nĂ©cessite dĂ©sormais la prĂ©sentation d’un passe sanitaire. Mais Ă  quoi servent donc les masques anti-Covid ? Et le fait d’ĂȘtre Ă  l’extĂ©rieur ? Et dans le centre commercial, alors ? Il passera moins de personnes, enfermĂ©es dans le centre commercial, qu’à ce forum des associations en effet trĂšs suivi comme chaque annĂ©e ?

 

Pour la deuxiĂšme fois, depuis l’instauration de ces nouvelles lois en faveur du passe sanitaire, j’ai fraudĂ©. La premiĂšre fois, c’était pour m’asseoir sur un banc, dehors, Ă  quelques mĂštres de l’entrĂ©e d’un lieu de restauration. Afin de manger un sandwich, Ă  l’écart, avec une amie vaccinĂ©e contre le Covid. LĂ , j’ai fraudĂ© par opportunisme. Je n’étais pas venu pour frauder. J’avais mĂȘme oubliĂ© que c’était la journĂ©e des associations Ă  Argenteuil. Et, j’ai fraudĂ© pour quelle raison ?! Pour me rendre Ă  une journĂ©e des associations dans ma ville. J’ai fraudĂ© avec un masque. Nous sommes dehors. J’ai croisĂ© diffĂ©rentes personnes sans masque lors du forum. Normal, nous sommes dehors. Et puis, la plupart de ces personnes sont supposĂ©es ĂȘtre vaccinĂ©es. Ce n’est pas grave. MĂȘme si l’on sait aussi que, mĂȘme vaccinĂ©, on peut ĂȘtre porteur du virus et contagieux.

Journée ou forum des associations à Argenteuil, ce samedi 11 septembre 2021.

 

 

Chaque samedi, depuis au moins le mois d’aout, des personnes opposĂ©es au passe sanitaire et anti-vaccins manifestent dans Paris et en France. Il y ‘en aurait de moins en moins. Moins de deux cent mille, officiellement. Par contre, ces personnes seraient de plus en plus « radicalisĂ©es Â». Je vais prendre mon exemple : j’ai fraudĂ© deux fois depuis l’instauration du passe sanitaire. Je suis donc en phase de « radicalisation Â» ?

Pour m’ĂȘtre assis sur un banc pour manger un sandwich et pour pouvoir me rendre Ă  une journĂ©e des associations Ă  l’extĂ©rieur en portant un masque ?!

 

Je ne rapporte pas d’argent. J’en perds plutĂŽt. Je fais partie de la minoritĂ© qui n’est pas  du tout un exemple Ă  suivre. Au contraire d’une certaine minoritĂ© qui a su investir ou faire fructifier une entreprise porteuse en cette pĂ©riode de pandĂ©mie :

 Vaccins, masques anti-covid, gel hydro-alcoolique, sites de vente sur internet, autres….

 

J’allais oublier de dire qu’hier, le vendredi 10 septembre, c’était la journĂ©e du suicide. Une journĂ©e oĂč l’on sensibilise les gens au suicide. Aux signes avant coureurs. Comment aider. J’ai appris hier soir que  c’était la « journĂ©e du suicide Â». En France, chaque annĂ©e, il y aurait 9000 suicides par an. L’un des chiffres les plus Ă©levĂ©s d’Europe. Mon attitude envers la vaccination anti-Covid a quelque chose de suicidaire. Si je m’en tiens, Ă  la fois aux risques d’attraper le Covid mais aussi aux sanctions Ă©conomiques qui vont bientĂŽt me tomber dessus, il y a quelque chose de suicidaire dans ma posture. Je me dois de l’admettre ou de l’envisager. MĂȘme si je fais de mon mieux pour prĂ©venir le suicide chez les autres.

 

Cependant, un commerçant, apprenant mes doutes, m’a surpris. Je le croyais entiĂšrement convaincu. Il m’a rĂ©vĂ©lĂ© son scepticisme envers la vaccination anti-Covid en « raison du manque de recul Â» des vaccins actuels. Heureusement, sa direction a su le soutenir :

 

« C’est soit tu te vaccines, soit tu fermes ta boutique ! Â».  Ce qui fait penser Ă  une nouvelle version de «  Soit tu te vaccines, tu fermes ta gueule et tu restes ouvert. Soit tu l’ouvres et tu fermes ta boutique pour toujours ! Â».

 

Mais Ă  propos des arguments que l’on pourrait servir aux personnes qui doutent de ces vaccins, je crois aussi entendre celui-ci :

 

« Prends le vaccin, et jette-toi dans le vide ! Tu ne crains rien. On ne peut pas trop te dire oĂč tu vas atterrir. Qui vivra, verra. Tu verras bien ! Â».

 

Tu verras bien

 

Ce que je « vois Â», c’est que j’ai eu l’audace ou la naĂŻvetĂ© de croire que je pourrais me passer de ce vaccin anti-Covid. Ou que je pourrais prendre mon temps avant de me dĂ©cider pour un vaccin dans lequel j’aurais eu le temps de croire. Dans lequel j’aurais pu prendre le temps de mettre ma confiance.

 

Pour ces raisons, lorsqu’il y avait eu tous ces Ă©clats Ă  propos du professeur Raoult il y a quelques mois, j’avais Ă©coutĂ© tout ça de trĂšs trĂšs loin. Je n’avais aucun avis sur l’Hydro
. Je me sentais trĂšs bien dans mon ignorance sur ces sujets avec mes masques anti-Covid, mon lavage de mains et mes gestes barriĂšres.

 

Aujourd’hui encore, j’ai du mal Ă  retenir les noms des mĂ©dicaments Ă©voquĂ©s lors du « dĂ©bat Â» Raoult. MĂȘme si je me rappelle plus facilement de l’Ivermectine. Parce-que je me suis retrouvĂ© devant deux ou trois fois dans la pharmacie de mon service.

 

Quant au professeur Raoult, alors que son pic de popularitĂ© et de mĂ©diatisation est aujourd’hui moindre qu’il y a quelques mois, chaque fois que je l’écoute dans une vidĂ©o, j’ai du mal Ă  comprendre ce qu’il explique. Il est sĂ»rement trĂšs intelligent et bien plus compĂ©tent que moi, de toutes façons, concernant la pandĂ©mie du Covid. Mais je trouve qu’il manque souvent des rĂ©ponses simples et courtes aux questions qu’on lui pose.

Si la prudence est de mise pour parler de science, de constatations et de rĂ©sultats, j’ai l’impression qu’il « rajoute Â» beaucoup de prudence par dessus la prudence pour rĂ©pondre Ă  certaines questions. Peut-ĂȘtre parce qu’il a subi beaucoup d’attaques et de pressions dont je n’ai pas idĂ©e. Ces polĂ©miques qui piquent rapidement et abondamment rendent aussi « anormale Â» l’expĂ©rience de cette pandĂ©mie.

 

Cependant, si j’ai pu croire que je pourrais soit me passer d’une vaccination anti-Covid, soit prendre mon temps avant de me dĂ©cider, c’est parce-que, Ă  ce jour, comme d’autres personnes faisant partie des minoritĂ©s directement exposĂ©es, je n’ai pas attrapĂ© le Covid. A une « Ă©poque Â», l’annĂ©e derniĂšre, oĂč durant plusieurs mois, il n’existait pas de vaccin anti-Covid. Je crois donc beaucoup aux bienfaits des gestes barriĂšres tels que le port du masque, le lavage des mains avant tout, le fait d’aĂ©rer autant que possible. Puis, vient la distanciation sociale. Je devrais placer la distanciation sociale dans le trio de tĂȘte immĂ©diat des gestes barriĂšres. La distanciation sociale est un geste barriĂšre qui compte. Sauf que la distanciation sociale, nous savons trĂšs bien depuis des mois qu’il est des circonstances oĂč il n’y en n’a pas :

 

Dans les transports en commun et dans les gares aux heures de pointe. Il faudrait donc arrĂȘter les transports en commun et fermer toutes les gares ? Ce serait immobiliser l’économie. Laisser s’accumuler des tensions sociales qui finiraient par s’étendre dans toute la sociĂ©tĂ© jusqu’à l’éclatement. Mieux vaut donc permettre la circulation des gens tout en les contrĂŽlant de plus en plus, progressivement, de façon Ă  leur laisser le temps de s’y habituer. Et de croire que c’est leur choix.

 

 L’autre particularitĂ© de la distanciation sociale, c’est qu’elle isole. Et s’oppose aussi, d’une certaine façon, Ă  une certaine solidaritĂ©. Puisque l’on se voit moins, que l’on se rassemble moins et que l’on Ă©change donc moins nos informations et nos expĂ©riences. Au contraire des minoritĂ©s dirigeantes, qui, elles, continuent de se refiler les bons tuyaux et les bons filons.

 

La vaccination anti-Covid, en France, est devenu un sujet aussi sensible que la religion, la sexualitĂ©, l’appartenance politique ou le salaire que l’on gagne.

 

J’ai envoyĂ© un nouveau mail, le second,  Ă  la mairie de ma ville. Comment justifier que l’on puisse dĂ©sormais, Ă  nouveau, librement accĂ©der Ă  un centre commercial. En portant un masque anti-Covid. Et qu’il faille toujours, ce samedi 11 septembre, fournir un passe sanitaire ou un test PCR ou antigĂ©nique de moins de 72 heures pour entrer dans une mĂ©diathĂšque ? Tout en portant un masque anti-Covid.

 

Que le maire applique la loi, c’est un fait. Mais au travers de cette expĂ©rience, je comprends qu’un maire se doit aussi de savoir interroger la loi. Et, pas seulement agir pour bien se faire voir de celles et ceux qui sont au dessus de lui. Car si l’on suit ce raisonnement qui consiste Ă  strictement appliquer la loi sans l’interroger, dans d’autres circonstances, on pourrait aussi laisser des gens mourir au prĂ©texte qu’ils ne relĂšvent pas de notre juridiction ou de notre champ de compĂ©tences. Ou parce-que la loi n’a rien prĂ©vu dans ce genre de cas de figure. Une loi n’empĂȘche pas encore d’observer et de penser. Mais ça va peut-ĂȘtre bientĂŽt arriver.

 

Me voici donc dĂ©finitivement, ou Ă  peu prĂšs, paranoĂŻaque. Ou, plus simplement, je n’ai toujours rien compris aux mesures et aux dĂ©cisions simples et bienveillantes prises pour nous face Ă  cette pandĂ©mie du Covid. Je suis un mauvais exemple. Il est Ă©vident que je fais preuve de mauvaise volontĂ©.

 

Franck Unimon, ce samedi 11 septembre 2021.

 

 

 

 

 

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Test PCR

 

                                                       Test PCR

Le Test PCR et le test antigĂ©nique sont les alternatives Ă  la vaccination anti-Covid. Chaque fois que l’on souhaite se rendre dans certains lieux publics ( cinĂ©mas, thĂ©Ăątres, salles de concert..). Avant la pandĂ©mie du Covid, on ne parlait pas ou alors seulement de façon trĂšs confidentielle du test PCR et antigĂ©nique.

 

J’ai l’impression d’ĂȘtre un homme du passĂ© Ă  parler de test PCR et de test antigĂ©nique alors que dĂ©sormais la grande majoritĂ© des Français est vaccinĂ©e contre le Covid et est passĂ©e Ă  d’autres sujets. Comme, par exemple, les attentats du 13 novembre 2015 dont le procĂšs a dĂ©butĂ© ce 8 septembre 2021. Un Ă©vĂ©nement que j’essaierai de “suivre” en regardant des documentaires ou, si c’est possible, en assistant au procĂšs. J’Ă©tais allĂ© Ă  une audience du procĂšs des attentats “de” Charlie Hebdo. Alors que j’avais pris quelques notes, je n’avais pourtant pas publiĂ© d’article car entraĂźnĂ© ensuite par d’autres sujets. Et, aujourd’hui, je me demande quel est l’intĂ©rĂȘt d’Ă©crire un article a posteriori sur cette expĂ©rience alors que le jugement a Ă©tĂ© rendu. Et que des comptes-rendus de ce procĂšs plus exhaustifs en ont Ă©tĂ© faits, que ce soit dans et par Charlie Hebdo ou par d’autres mĂ©dia et ouvrages.

Le journal ” Charlie Hebdo” de ce mercredi 8 septembre 2021.

 

Pourtant, j’écris aussi pour tĂ©moigner. Cet article-ci, Test PCR, j’aurais dĂ©ja dĂ» l’avoir Ă©crit il y a plusieurs jours. Et, j’en ai dĂ©ja d’autres en tĂȘte. J’ai Ă©crit quelques notes de dĂ©part. Mais, plus tard, cet article devrait aussi avoir son importance. Et, pour lui, j’estime qu’il est encore dans notre temps prĂ©sent. C’est la raison pour laquelle je m’arrĂȘte “sur” lui aujourd’hui. MĂȘme si, pour cela, il faut retourner au mois de mars.

 

En mars de cette annĂ©e, j’avais Ă©tĂ© considĂ©rĂ© cas contact deux fois Ă  une semaine d’intervalle, au travail. Les seules fois, pour l’instant, oĂč cela m’est arrivĂ© d’ĂȘtre classĂ© « cas contact Â». Mars, c’était il y a six mois. Il y a dĂ©jĂ  trĂšs longtemps.

 

Il y a “trĂšs longtemps”, j’étais donc allĂ© faire un test antigĂ©nique dans une pharmacie du sixiĂšme arrondissement. J’étais curieux de l’expĂ©rience.

 

Sous la tente montĂ©e devant la pharmacie, la jeune testeuse avait un livre posĂ© prĂšs d’elle. Un ouvrage de Romain Gary. Peut-ĂȘtre La Vie devant soi.  Cela m’avait rappelĂ© des bons souvenirs. La jeune professionnelle m’avait Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e comme douce par sa collĂšgue qui m’avait reçu.

La douceur et les bons souvenirs s’étaient brutalement perdus aprĂšs l’entrĂ©e de la tige du test antigĂ©nique dans ma premiĂšre narine. Puis dans la seconde.

 

Je n’avais pas du tout aimĂ© l’expĂ©rience. Mais j’avais passĂ© le test. Et le rĂ©sultat Ă©tait nĂ©gatif.  J’étais donc dĂ©barrassĂ© et satisfait.

 

Une semaine plus tard alors que j’allais partir au travail, je recevais un appel de ma  cadre supĂ©rieure.  Pour me demander de faire un test antigĂ©nique. Je ne voyais pas pourquoi
j’ai exprimĂ© mon Ă©tonnement.

Jusqu’à ce que j’apprenne qu’un autre de mes collĂšgues avait eu « une trace Â» de positivitĂ© au Covid. Et qu’il fallait refaire le test.

A la pharmacie, on m’avait expliquĂ© que le dĂ©lai Ă©tait trop court entre le moment oĂč ce collĂšgue s’était dĂ©clarĂ© positif « avec une trace Â». Et celui oĂč il m’était demandĂ© de faire ce test antigĂ©nique. L’assistante en pharmacie avait bien voulu l’expliquer directement Ă  ma cadre supĂ©rieure. Mais celle-ci avait prĂ©fĂ©rĂ© que je refasse un test antigĂ©nique « car c’était la procĂ©dure Â».

 

LĂ  aussi, le rĂ©sultat avait Ă©tĂ© nĂ©gatif. Et, aprĂšs avoir Ă©tĂ© positif « avec une trace Â», lors d’un second PCR, le collĂšgue s’était finalement rĂ©vĂ©lĂ© ĂȘtre vraiment nĂ©gatif.

 

Depuis ces deux expĂ©riences, je tiens le test PCR et le test antigĂ©nique pour des procĂ©dĂ©s barbares. Je ne comprends pas qu’en 2021, ces deux tests aient Ă©tĂ© en particulier ceux qui ont Ă©tĂ© privilĂ©giĂ©s pour des rĂ©sultats rapides. Il suffit de 15 minutes pour connaĂźtre le rĂ©sultat avec le test antigĂ©nique. Il faut attendre 24 Ă  48 heures « selon les laboratoires Â» aprĂšs un test PCR.

 

Je n’ai pas passĂ© de test PCR mais j’ai cru comprendre qu’il Ă©tait « plus profond Â» que le test antigĂ©nique que j’ai trouvĂ© particuliĂšrement dĂ©sagrĂ©able. Peut-ĂȘtre que cela changera dans environ un an.

Le journal ” Le Figaro” de ce mercredi 8 septembre 2021.

J’ai lu aujourd’hui que l’entreprise Valeo « l’équipementier automobile français Â» a inventĂ© un dĂ©tecteur de Covid Ă©quipĂ© de capteurs qui peut donner un rĂ©sultat en deux minutes. Mais j’ai aussi lu que ce dĂ©tecteur serait vendu 2500 euros, ce qui en fera peut-ĂȘtre un objet rĂ©servĂ© Ă  certains endroits. Cependant, nous sommes dĂ©jĂ  lĂ  dans le futur et les supputations. Retournons dans le passĂ© de ce mois d’aout.

 

Au mois d’aout dernier, j’Ă©tais retournĂ© accompagner ma fille jusqu’à la mĂ©diathĂšque pour la troisiĂšme fois. J’Ă©tais revenu la chercher Ă  la sortie Ă  une heure indiquĂ©e puisque je ne pouvais pas entrer.

 

Alors que je l’attendais, un Ă©tudiant d’une vingtaine d’annĂ©es s’est prĂ©sentĂ© devant le bibliothĂ©caire, qui, dehors, vĂ©rifiait les QR Code des passes sanitaires. Ou les rĂ©sultats de test PCR et de test antigĂ©nique.

 

Le rĂ©sultat d’un test PCR est valable 72 heures. Le jeune a tendu son papier. Le dĂ©lai Ă©tait dĂ©passĂ© d’un peu plus d’une heure. C’était un samedi entre midi et quatorze heures en plein mois d’aout.

 

DĂ©solĂ©, le bibliothĂ©caire a dĂ» refuser l’accĂšs de la mĂ©diathĂšque. Le jeune est reparti sans broncher.

Je « connais Â» ce bibliothĂ©caire. C’est quelqu’un d’arrangeant. Peut-ĂȘtre que moi prĂ©sent, moi, un habituĂ© interdit de sĂ©jour dans la mĂ©diathĂšque pour dĂ©faut de passe sanitaire, il lui Ă©tait impossible de laisser passer ce jeune. Mais j’ai Ă©tĂ© encore plus dĂ©solĂ© pour ce jeune. Se farcir un test PCR pour, pour un peu plus d’une heure de dĂ©passement, se retrouver devant une mĂ©diathĂšque comme devant une boite privĂ©e pratiquant le dĂ©lit de faciĂšs, j’ai trouvĂ© ça dur. Je prĂ©fĂ©rais encore ĂȘtre Ă  ma place.

 

C’est sans doute aprĂšs ce jour-lĂ  que je me suis rendu compte qu’en tant que citoyen qui paie ses impĂŽts, l’Etat et donc la mairie de ma ville qui « dirige Â» cette mĂ©diathĂšque, me doit certains services. Comme l’accĂšs Ă  cette mĂ©diathĂšque. J’ai donc envoyĂ© un mail ce 18 aout Ă  ma mairie en pensant que personne ne me rĂ©pondrait avant longtemps.

 

Finalement, il y a quelques jours, le 2 septembre, j’ai reçu un premier mail de la nouvelle directrice de la mĂ©diathĂšque. Et nous avons un peu correspondu. Celle-ci m’a entre-autres rĂ©pondu :

 

« Selon le dĂ©cret d’application du 7 aoĂ»t 2021, les collectivitĂ©s territoriales sont dans l’obligation lĂ©gale de mettre en place le passe sanitaire dans l’ensemble des lieux culturels recevant du public. Le rĂ©seau des mĂ©diathĂšques d’Argenteuil rĂ©pond Ă  cette obligation :https://www.legifrance.gouv.fr

L’ensemble des lieux culturels de France sont dans l’obligation lĂ©gale d’assurer ce dĂ©cret.

 

Toutefois, afin de maintenir notre lien avec l’ensemble de nos publics, nous avons mis en place dĂšs le dĂ©but de la crise sanitaire l’offre en ligne « Tout apprendre Â» sur le portail des mĂ©diathĂšques qui comprend notamment une offre de livres, BD, films, formations, aide aux devoirs et musique : https://argenteuil.bibenligne.fr/biblio-num

 

Vous avez Ă©galement la possibilitĂ©, via ce mĂȘme portail, d’effectuer des rĂ©servations sur les documents que vous souhaiteriez emprunter, votre fille pouvant les retirer Ă  la banque de prĂȘt.

 

Restant Ă  votre disposition et au plaisir de vous recroiser prochainement dans l’une de nos mĂ©diathĂšques. Â»

 

Son rappel de l’obligation lĂ©gale du passe sanitaire pour les mĂ©diathĂšques n’était pas nĂ©cessaire. Puisque j’ai compris qu’elle ne fait « qu’appliquer Â» la Loi. Et, avant ça, elle ne fait qu’appliquer ce que la mairie de ma ville lui dit de faire. Mairie qui se dĂ©charge sur elle de ses propres responsabilitĂ©s. Car ce n’était pas Ă  cette responsable de la mĂ©diathĂšque de se justifier et de me rĂ©pondre. Cette directrice de mĂ©diathĂšque n’est ni l’autrice et ni la dĂ©cisionnaire de la politique culturelle de la ville. Elle fait avec les autorisations que lui donne la mairie. Mais ce n’était pas Ă  moi de dĂ©battre de ça avec elle. D’autant qu’elle m’a paru sincĂšre et de bonne volontĂ© dans ses mails.

 

Quant Ă  moi, mon mail avait surtout pour but de questionner la Loi. La lĂ©gitimitĂ© de cette Loi qui interdit Ă  un citoyen d’entrer dans une mĂ©diathĂšque, mĂȘme avec un masque anti-Covid, pour des raisons sanitaires.

 

Une Loi selon moi assez arbitraire. Un arbitraire devenu encore plus flagrant aujourd’hui, ce 8 septembre 2021. Puisque le passe sanitaire qui Ă©tait obligatoire dans certains centres commerciaux, selon leur envergure, a cessĂ© de l’ĂȘtre dans le Val d’Oise. AprĂšs une plainte dĂ©posĂ©e ( les propos exacts sont : ” Me Yoann Sibille avait ainsi dĂ©posĂ© un recours devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise” La Gazette du Val D’Oise de ce mercredi 8 septembre 2021, page 8. Un article rĂ©digĂ© par Thomas Hoffmann). Le Ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a « assoupli Â» les conditions d’accĂšs Ă  certains centres commerciaux.

Le journal ” Les Echos” de ce mercredi 8 septembre 2021.

 

 La disparition de cette obligation du passe sanitaire pour aller dans certains centres commerciaux pourrait ĂȘtre une « bonne Â» nouvelle. Sauf que le prĂ©judice Ă©voquĂ©, et qui a portĂ©, est spĂ©cifiquement Ă©conomique. L’obligation du passe sanitaire a fait perdre ou aurait fait perdre 20 Ă  30 pour cent du chiffre d’affaire de certains centres commerciaux.

 

Le journal ” Les Echos” de ce mercredi 8 septembre 2021.

 

Quel est le prĂ©judice Ă©conomique d’une mĂ©diathĂšque moins frĂ©quentĂ©e Ă  cause de l’obligation du passe sanitaire ? Je ne suis pas reparu devant la mĂ©diathĂšque depuis mon mail du 18 aout, je crois. Et, je suis curieux de voir si les conditions d’accĂšs Ă  la mĂ©diathĂšque ont changĂ©. Mais je ne crois pas. Je crois qu’aujourd’hui encore, il faudra fournir un QR Code ou le rĂ©sultat d’un test PCR ou antigĂ©nique valable pour y entrer. Pendant ce temps, je pourrai de nouveau aller me balader autant que je le voudrai dans le centre commercial CĂŽtĂ© Seine de ma ville. Centre commercial oĂč, bien-sĂ»r, il ne se trouve aucune mĂ©diathĂšque et oĂč circule bien plus de monde, en pĂ©riode de pandĂ©mie du Covid, que dans la mĂ©diathĂšque oĂč j’ai mes habitudes.

Journal “La Gazette du Val d’Oise” de ce mercredi 8 septembre 2021. L’article rĂ©digĂ© par Thomas Hoffman citĂ© plus haut.

 

 

Il faudrait que je vĂ©rifie comment ça se passe maintenant, pour entrer dans la mĂ©diathĂšque de ma ville. Que je me rende au centre commercial CĂŽtĂ© Seine puis que je me dĂ©place jusqu’à la mĂ©diathĂšque. Dix minutes Ă  pied les sĂ©parent.

Vu que je n’aime pas beaucoup aller dans le centre commercial CĂŽtĂ© Seine, et que je m’y rends le moins possible, cela va me demander un effort supplĂ©mentaire de plus.

Pour lire mon avis sur le film La Nuit Des Rois-un film de Philippe LacĂŽte sorti ce mercredi 8 septembre 2021. 

Franck Unimon, ce mercredi 8 septembre 2021 ( et ce jeudi 9 septembre 2021).