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Vélo Taffes : photos de février-mars 2021

 

VĂ©lo taffes : Photos de fĂ©vrier-mars 2021. 

 

” Tu m’as abandonnĂ© ! Je suis devant la BNP… “. 

Une cousine africaine parlait au tĂ©lĂ©phone, de l’autre cĂ´tĂ© de la rue, il y a quelques heures, Ă  Argenteuil. Avant le couvre-feu. Elle portait un tailleur, des talons aiguilles, et malgrĂ© son masque anti-covid, personne, pas mĂŞme un reprĂ©sentant de la BNP, n’aurait pu hypothĂ©quer le bel arrangement de son apparence. 

Quelques mètres plus haut, j’ai croisĂ© une autre cousine. Alors qu’elle s’Ă©loignait, et distançait peu Ă  peu un cousin de l’âge de son père, celui-ci a regardĂ© son postĂ©rieur. Il Ă©tait aussi large qu’un avenir limitrophe mais encore trop proche des frontières d’un pays qu’il ne pourrait jamais atteindre. Et, il le savait. 

 

Ces remarques n’ont rien Ă  voir avec la rubrique VĂ©lo Taffe puisque je revenais Ă  pied – et bredouille- du magasin Babou lorsque j’ai assistĂ© Ă  ces deux micro-scènes de la vie courante. Mais je les trouve amusantes. Beaucoup plus que ce qui concerne les campagnes de vaccination et les vaccins anti-covid      ( Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Sputnik V, Johnson&Johnson) ou la manière dont il aurait fallu ou dont il faudrait s’occuper de l’Ă©pidĂ©mie du Covid. Peut-ĂŞtre que de mĂŞme qu’il y a trois ou quatre opĂ©rateurs de tĂ©lĂ©phonie mobile qui se rĂ©partissent le marchĂ© des tĂ©lĂ©phones portables en France, qu’il y aura bientĂ´t trois ou quatre labos qui se rĂ©partiront le marchĂ© de notre santĂ© en France ou dans le monde. Mais nous sommes encore un petit peu loin de tout ça.

 

Il y a deux ou trois jours, maintenant, je suis tombĂ© devant chez moi sur un couple d’amis. Nous nous sommes reconnus malgrĂ© nos masques.

Ils dĂ©couvraient le magasin de produits exotiques africains qui a ouvert il y a bientĂ´t six mois maintenant. Ils Ă©taient lĂ  Ă  regarder la vitrine sans trop oser y entrer quand j’y repense maintenant. Ils m’ont demandĂ© si les articles alimentaires Ă©taient bons. Oui. Ce magasin marche plutĂ´t bien. Nous saluons rĂ©gulièrement la commerçante.

Je n’avais pas croisĂ© ces amis depuis un moment. Ils habitent Ă  une dizaine de minutes de chez nous.

En discutant avec eux, j’ai compris qu’ils n’Ă©taient plus sortis de chez eux depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois. Lui, m’a dit : ” On respecte les consignes”. Ils m’ont expliquĂ© qu’ils pouvaient travailler depuis chez eux. Moi, j’avais un peu l’impression qu’ils sortaient de leur caisson de cryogĂ©nisation. MĂŞme s’ils Ă©taient parfaitement prĂ©sentables et que nous avons eu une conversation tout Ă  fait convenable, comme “auparavant”. Ils avaient toujours la mĂŞme syntaxe. Au moins en apparence.  Car j’ai compris avec eux qu’il existait des comportements radicalement opposĂ©s par rapport Ă  cet Ă©vĂ©nement qu’est le Covid. Ou la Covid. Y compris au sein des couples.

Le Covid nous met devant nos rapports personnels avec la mort. Il y a très peu de mise en scène possible avec nos angoisses. Ce couple d’amis Ă©tait apparemment encore uni et raccord par rapport Ă  ce sujet. Lui, avait attrapĂ© des cheveux blancs depuis la dernière fois que je l’avais rencontrĂ©. Cela n’a peut-ĂŞtre aucun rapport avec l’Ă©pidĂ©mie mais ça m’a fait un drĂ´le d’effet. 

Je ne leur ai pas dit que le matin, dans une pharmacie Ă  OdĂ©on, j’avais passĂ© mon premier test antigĂ©nique. Car un de mes collègues Ă©tait prĂ©sumĂ© positif au Covid. Et que, comme mes autres collègues, j’avais Ă©tĂ© considĂ©rĂ© ” cas contact”. J’ai eu le rĂ©sultat au bout de quinze minutes comme deux employĂ©s sympathiques des impĂ´ts dont l’un des collègues avait attrapĂ© le Covid :

Nous Ă©tions tous les trois nĂ©gatifs. 

Pour moi, le pire de l’angoisse, comme je l’ai rĂ©pĂ©tĂ© Ă  ce couple d’amis, mĂŞme si depuis les variants du Covid se multiplient et que de plus en plus d’enfants l’attrapent apparemment( six classes ont Ă©tĂ© fermĂ©es dans l’Ă©cole de ma fille après qu’un enfant ou une personne ait Ă©tĂ© positive au Covid dans chacune de ces classes), ça a Ă©tĂ© au mois de mars de l’annĂ©e dernière.  

Les premières semaines du premier confinement de l’annĂ©e dernière avaient Ă©tĂ© les plus angoissantes. Je continuais comme aujourd’hui d’aller au travail. Et, au dĂ©part, il y avait une pĂ©nurie de masques. Jusqu’au dĂ©but du mois de Mai oĂą les masques avaient commencĂ© Ă  ĂŞtre “parachutĂ©s” dans les supermarchĂ©s et les pharmacies.

Puis, Ă  partir de mi-juillet de l’annĂ©e dernière, en partant quelques jours en vacances, je m’Ă©tais un peu plus “sĂ©parĂ©” de l’angoisse. MĂŞme si je continue de vivre masquĂ© lorsque je sors de chez moi. 

Mais lorsque je suis Ă  vĂ©lo pour partir au travail, je retire mon masque pour pĂ©daler. Pour Ă©crire aussi, sans doute. 

 

Quelques remarques complĂ©mentaires Ă  propos de l’expĂ©rience vĂ©lo pliant 

Pour ce deuxième article de la rubrique VĂ©lo Taffe après ( VĂ©lo Taffe : une histoire de goudron), je joins des photos prises pendant mon trajet de travail lors de ces mois de fĂ©vrier-mars 2021.

Si ma lampe avant- fixĂ©e Ă  mon vĂ©lo lors de la vente- ne marche dĂ©ja plus sans doute du fait des piles, je continue mes parcours Ă  vĂ©lo pour aller au travail. Je viens de commander une lampe avant et une lampe arrière de la marque Lezyne que je ne connaissais pas. Je me suis fiĂ© au site d’un magasin de vĂ©lo devant lequel je passe, boulevard Raspail, en allant au travail. Magasin, ou plutĂ´t chaine de magasins, que je ne connaissais pas non plus avant ces itinĂ©raires Ă  vĂ©lo : En selle Marcel

Sur la route, je croise diffĂ©rentes sortes de vĂ©los. Pliants, non pliants, course, non-course, vĂ©lib. Je me demande si, un jour, un type ou deux ou trois types de vĂ©los s’imposeront. En espĂ©rant que ce ne soit pas le VĂ©lib actuel. “Le” Brompton, dans les vĂ©los pliants, continue d’avoir une aura particulière Ă  mes yeux. Depuis mon premier article, j’ai appris en discutant un peu Ă  un feu rouge avec un “bromptonien” que si le vĂ©lo est très bien, ses accessoires coĂ»tent cher : 35 euros pour changer une plaquette de freins ? Mais ses pièces durent peut-ĂŞtre plus longtemps.

Le Brompton a aussi pour particularitĂ© d’avoir des roues de 16 pouces. Contre 20 pour mon vĂ©lo pliant (je m’Ă©tais trompĂ© en disant que c’Ă©tait des roues de 26 pouces). Concernant son prix, j’ai vu sur le site de En Selle Marcel qu’il est possible de payer son Brompton en quatre fois sans frais. Mais il faut quand mĂŞme pouvoir donner 300 Ă  400 euros quatre mois de suite. Une seule mensualitĂ© de 400 euros, pour un Brompton, Ă©quivaut presque au prix de mon vĂ©lo B’Twin. 

Je reste tout autant perplexe devant le nombre de tĂŞtes recouvertes par le casque de la marque Kask. Plus de cent cinquante euros, près de deux cents euros ou plus, le casque. On le leur aura peut-ĂŞtre offert. 

 

Je croise aussi assez frĂ©quemment des livreurs Deliveroo ou Uber Eats Ă  vĂ©lo. Je m’applique gĂ©nĂ©ralement Ă  les laisser passer. Leurs conditions de travail sont si difficiles. 

Pour mes premiers trajets “vĂ©lo taffe”, je passais par le carrefour de l’OdĂ©on, un endroit très sensible pour la circulation. Que ce soit Ă  vĂ©lo ou Ă  pied. J’ai changĂ© de parcours et je m’en trouve mieux. MĂŞme si le Boulevard Raspail m’apparait encore un peu long Ă  monter. 

 

Les photos seront sĂ»rement un peu dans le dĂ©sordre. 

Franck Unimon, ce mercredi 31 mars 2021. 

 

 

Cette photo a Ă©tĂ© prise il y a plusieurs semaines, maintenant. Il s’agit du théâtre de l’OdĂ©on oĂą des banderoles sont toujours prĂ©sentes comme on le verra sur deux photos plus rĂ©centes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Théâtre de l’OdĂ©on, ce vendredi 26 mars 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Cinéma

Barnay-Bambuck, athlètes engagĂ©s-un documentaire d’AurĂ©lie Bambuck

Ghislaine Barnay.

         Barnay-Bambuck, athlètes engagĂ©s / un documentaire d’AurĂ©lie Bambuck

 

 

C’était il y a un demi-siècle. Mais cela aurait pu être une demi-seconde.

 

Quand il s’agit de jeter nos forces dans une action, une demi seconde, en trop ou en moins, ça peut ĂŞtre pareil qu’un demi siècle.  

 

Le temps, la pesanteur, que l’on soit danseur ou d’ailleurs, nous leur devons toujours des comptes.

 

La France, ex grande puissance coloniale, ne compte plus les victoires et les chronos qu’elle doit sur une piste d’athlétisme aux descendants de ses esclaves et de ses indigènes. Ghislaine Barnay et Roger Bambuck ont fait partie de ceux-là en saut en hauteur et en sprint.

 

 

 

Bambuck participait aux Jeux olympiques de Tokyo en 1964 et Ă  ceux de Mexico en 1968. Barnay, Ă  ceux de Mexico et de Munich en 1972. On ne parle pas d’Usain Bolt, lĂ . Pas mĂŞme de Carl Lewis pour celles et ceux qui s’en rappellent. Mais gagner des championnats de France et d’Europe, sauter jusqu’à 1m80 en ventral, courir le 100 mètres en 10 secondes 11 ne se fait pas en  vapotant. Pour cela, il faut dĂ©taler. Pousser. Ouvrir en grand les fenĂŞtres de son souffle.

 

Pour cela, il a aussi fallu quitter sa Martinique et sa Guadeloupe natale.

 

 

 

Des jeux de Tokyo, de Mexico et de Munich, j’ai le souvenir de l’Américain Bob Hayes sur 100 mètres. De Bambuck qui finit cinquième sur 100 mètres derrière Jim Hines, le vainqueur. Du poing noir ganté et levé de Tommie Smith, de Lee Evans et John Carlos. Des terroristes palestiniens.

 

Parce-que j’ai lu. Barnay et Bambuck l’ont vécu.

 

Je ne connaissais pas Ghislaine Barnay.

 

Elle et Bambuck, d’abord athlètes individuels, puis couple,  ont concouru sur les pistes dans un monde en pleine dĂ©colonisation mais aussi en pleine mutation civique et politique.

 

Il y a l’engagement mĂ©diatique façon « poing levĂ© Â» ou arme Ă  la main. Et l’autre, qui consiste Ă  rester prĂ©sent lĂ  oĂą l’on ne nous attend pas. C’est cet engagement-lĂ , le second, que choisira le couple Barnay-Bambuck et que raconte leur fille, AurĂ©lie, rĂ©alisatrice du documentaire.

 

Pour Barnay, ce sera, après sa retraite sportive, son travail d’éducatrice sportive. Pour Bambuck, après plusieurs tâtonnements, cela passera par un engagement en politique dans les années 80.

 

D’après le portrait qui est fait du couple, l’opportunisme ne fait pas partie de sa culture. Ni l’adoration du prestige passé.

 

Cela fait drĂ´le de voir la famille Bambuck assister Ă  la finale du cent mètres masculin aux jeux de SĂ©oul en 1988. Lorsque Ben Johnson, l’astĂ©roĂŻde propulsĂ© sous stĂ©roĂŻdes, sort d’abord le majestueux Carl Lewis de l’Ă©crin de la première place. Je me rappelle de cette finale pour l’avoir regardĂ©e Ă  la tĂ©lĂ©. C’était aussi l’annĂ©e de « Flo-Jo Griffith Â», toujours dĂ©tentrice du record du monde fĂ©minin sur 100 mètres, dĂ©cĂ©dĂ©e avant que n’ait pu ĂŞtre prouvĂ© son plus que probable dopage. 

 

Le dopage ne se trouve pas non plus sur la planète Barnay-Bambuck. Discrétion, conscience morale et professionnelle ressortent comme les pointes- homologuées- avec lesquelles le couple s’est déplacé sur le tartan de la vie. On ne peut pas dire qu’ils aient toujours été suivis.

 

Avec ce documentaire, AurĂ©lie Bambuck effectue un double tour d’histoire : Celui d’une partie de l’histoire de l’athlĂ©tisme français. Celui de l’histoire de ses parents. On peut les voir Ă  l’image s’exprimant de nos jours. Ou entendre Laura Flessel, ancienne championne d’escrime mais aussi ancienne Ministre, expliquer que les Barnay-Bambuck ont pu l’inspirer.

 

 

Peu d’athlètes, même champions et recordmen du monde, bénéficieront d’un tel traitement un demi-siècle après la fin de leur carrière sportive.

 

Ps : Pour toute demande concernant un dvd ou un éventuel support visuel se rapportant au documentaire, contacter camille@enfantsauvage.eu

 

Franck Unimon, ce samedi 27 mars 2021.

 

 

 

 

 

 

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Cinéma

La Nuit Des Rois-un film de Philippe LacĂ´te

“Roman” ( l’acteur KonĂ© Bakary)

 

                                          La Nuit des Rois/ un film de Philippe LacĂ´te

 

 

Une fois que l’on aura dit – ou citĂ©- que ce film a Ă  voir avec Shakespeare et un pays d’Afrique noire (ici, la CĂ´te d’Ivoire), il faudra pouvoir ensuite accepter, mĂŞme sans bien les connaĂ®tre, que la folie serve ici – comme ailleurs- de filtre et d’intermĂ©diaire entre les deux.

 

Au dĂ©but du film La Nuit des Rois de Philippe LacĂ´te, on survole d’abord le poumon vert d’une forĂŞt en Afrique. Après un an de pandĂ©mie du Covid, et alors que nous sommes en France dans une pĂ©riode de « reconfinement Â» et d’impossibilitĂ© – sauf pour raisons impĂ©rieuses-  de voyage Ă  l’étranger, ces images sont d’abord agrĂ©ables et dĂ©paysent.

 

Sauf que près de cette forĂŞt, se trouve une prison, la MACA d’Abidjan ( Maison d’ArrĂŞt et de Correction d’Abidjan). La prison , surpeuplĂ©e, du pays.  C’est lĂ  que nous « allons Â».  

 

Rappelons que malgrĂ© sa croissance Ă©conomique – qui peut faire penser Ă  un Â« miracle» avec le dĂ©veloppement d’une certaine classe moyenne- quarante pour cent de la population de la  CĂ´te d’Ivoire, aujourd’hui, est pauvre.

 

 “Roman” ( l’acteur KonĂ© Bakary) le hĂ©ros, Ă  peine adulte, est menottĂ© et transbahutĂ© Ă  l’arrière d’un quatre-quatre. Face au garde armĂ© qui le fixe, il est difficile de s’en remettre Ă  l’espoir en cas de tentative de fuite.

 

Si ce jeune homme faisait partie d’un groupe armĂ© ou de rĂ©sistance bien entraĂ®nĂ©, on pourrait s’attendre Ă  ce qu’une attaque surprise change son trajet. Mais Ă  son air apeurĂ©, on comprend qu’il est vraiment seul et dĂ©sarmĂ©. Et qu’il n’a rien Ă  voir avec les membres de  L’ArmĂ©e des ombres  de Melville.  Un destin Ă  la Tahar Rahim dans Un Prophète, alors ?

 

Autant demander à un grillon s’il peut terrasser le vent.

 

A la MACA d’Abidjan, il y a d’abord et surtout….  Barbe Noire, l’acteur Steve Tientcheu (Les MisĂ©rables, La Mort de Danton, Qu’un sang impur, Qui Vive….).

 

Barbe Noire ( l’acteur Steve Tientcheu)

 

Barbe Noire, incarcĂ©rĂ© parmi les autres, est au dessus d’eux. Mais son règne expire. MalgrĂ© toute la chlorophylle environnante, il a du mal Ă  respirer et il lui faut une bouteille d’oxygène Ă  proximitĂ© en permanence. Son ĂŞtre peut se situer entre le CaĂŻd de Daredevil et des traits de Marlon Brando dans Apocalypse Now. Mais s’il  compose un danger  repĂ©rable, ses mots, eux, en effritent le couperet. Car l’acteur Tientcheu a un peu trop la vulnĂ©rabilitĂ© du Lennie de Steinbeck.  C’est donc dans une adaptation des Souris et des hommes que je crois qu’il pourrait davantage dĂ©coller.

 

Cependant, des souris et des hommes, il y en a dans La nuit des rois de Philippe LacĂ´te.  Ainsi que des corps et des regards menaçants- plutĂ´t hypnotiques- dont il est difficile de s’extraire :

 

« C’est pas en dansant qu’on a atterri ici ! Â».

 

Pourtant, Roman est bien sous l’emprise d’une danse collective. Cette danse sourde, qui soude tous les autres, il ne l’a pas apprise. Car c’est celle de sa mort que tous ont dĂ©cidĂ©e dès qu’il a reçu le titre de…Roman. Celui qui, lors d’une nuit de lune rouge, doit leur raconter une histoire et les Ă©treindre avec.

 

Sa seule chance de survie lui est soufflĂ©e discrètement par le personnage… de Silence, le seul blanc du film – interprĂ©tĂ© par l’acteur Denis Lavant– dont on se demande ce qu’il fait, lĂ .

 

Si tout est possible dans cet univers oĂą les règles peuvent s’inverser ( « La seule prison au monde gouvernĂ©e par les dĂ©tenus Â»), le blanc reste un souvenir colonial. Or, ici, il devient l’équivalent de l’ange gardien. Et son personnage est trop peu dĂ©veloppĂ© pour que l’on comprenne pourquoi il reste Ă  part dans cette prison avec son coq ou son poulet sur son Ă©paule oĂą il va et vient tranquillement sans ĂŞtre inquiĂ©tĂ©. A moins que son personnage ne soit en fait “rĂŞvĂ©” par Roman ou le rĂ©sultat d’une vision….

 

Il faut du souffle et du courage Ă  Roman pour trouver quoi dire Ă  tous ces hommes plus âpres et plus âgĂ©s que lui. Mais il n’a pas l’érudition ou le lyrisme du Ray-Joshua du film Slam de Sam Levin.

 

Si son histoire est la mĂŞme que tous ses « guetteurs Â»,  qui connaissent aussi bien que lui le « quartier sans loi Â»,  il est par contre encore innocent. C’est d’ailleurs aussi pour ça que Barbe Noire, le premier, le condamne dès son arrivĂ©e :

 

« On ne change pas les sentiments. C’est ce qu’on ressent qui est rĂ©el…mĂŞme si c’est injuste Â».

 

RĂ©plique de la vie politique rĂ©cente du pays avec l’évocation de l’arrestation de l’ancien PrĂ©sident Laurent Gbagbo, cette Nuit des rois a aussi son cortège de prĂ©noms distributeurs d’indices mais aussi de sortilèges :

 

Nivaquine ( L’acteur Issaka Sawadogo)

 

Nivaquine (l’acteur Issaka Sawadogo) fait penser à la nécessité d’un traitement pour contrer les convulsions d’un pays en perdition. On découvrira que le traitement est limité et sanglant.

 

Demi Fou (l’acteur Digbeu Jean Cyrille) et Lass (Abdoul Karim Konaté) en opposants politiques cherchant à succéder à Barbe Noire font bien penser à des dirigeants politiques qui préfèrent l’usage des forces ( tant mystiques que physiques) à celui de la raison.

 

 

La nuit des Rois de Philippe Lacôte est un monde à suivre et à voir. Il sortira au cinéma dès que ce sera possible au printemps ou en été 2021.

 

Franck Unimon, ce jeudi 25 mars 2021.

 

 

 

 

 

 

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Un déménagement de 22 ans

 

Un dĂ©mĂ©nagement de 22 ans :

En 1999, il y a 22 ans, j’aidais Vassili, un ancien collègue, Ă  emmĂ©nager dans son nouvel appartement Ă  Asnières.  Nous devions ĂŞtre quatre ou cinq.

 

Nous nous étions finalement retrouvés tous les deux, lui et moi, à transporter ses meubles depuis son appartement d’Auvers sur Oise jusqu’à son nouvel appartement à Asnières sur Seine. Près de la gare de Bécon les Bruyères. Un appartement de 60 mètres carrés ou un peu plus dans un immeuble ancien des années 30.

 

A cette Ă©poque, j’étais encore locataire. Et je n’avais encore jamais Ă©tĂ© « propriĂ©taire Â» moi-mĂŞme de mon propre appartement…moyennant un crĂ©dit immobilier de plusieurs annĂ©es. Il m’avait fallu du temps pour accepter de changer de mentalitĂ© :

 

Pour passer de locataire oĂą je payais un loyer mensuel. A l’idĂ©e d’un crĂ©dit immobilier que j’allais m’engager  Ă  rembourser tous les mois pendant plus de quinze ans. Car j’avais bĂ©nĂ©ficiĂ©, pour partie, d’un prĂŞt Ă  taux zĂ©ro. Ce qui Ă©tait une nouveautĂ© Ă  l’époque, pour inciter Ă  acheter.

 

 

Je connaissais des collègues, souvent en couple avec enfants, qui avaient « achetĂ© Â» leur maison depuis plusieurs annĂ©es. Leur exemple et les encouragements de certains d’entre eux avaient fini par me convaincre que c’était une bonne dĂ©cision, pour moi, Ă  mon tour, bien qu’encore cĂ©libataire, « d’acheter Â» et de devenir propriĂ©taire, mĂŞme d’une petite surface.

 

En 1999, j’aurais Ă©tĂ© incapable d’acheter cet appartement que  venait d’acquĂ©rir Vassili. Plus âgĂ© que moi d’environ dix annĂ©es, Vassili avait aussi Ă©conomisĂ©. Vassili n’est pas du genre « coquet Â». Il fait peu de dĂ©penses. Moins que moi. Je crois aussi qu’il avait perçu un peu d’hĂ©ritage. Son appartement me faisait envie pour sa surface, sa localisation et sa proximitĂ© avec Paris. Mais je crois n’avoir jamais eu les moyens de m’en acheter un pareil. A l’époque, je crois qu’il l’avait achetĂ© – moyennant un apport financier et un crĂ©dit immobilier-  550 000 francs. A l’époque, ma capacitĂ© d’emprunt maximale Ă©tait de 430 000 francs sur vingt ans. Je m’en Ă©tais tenu Ă  un prĂŞt de 350 000 francs pour l’appartement que j’allais acheter ensuite sur plan. Un 23 mètres carrĂ©s.  

 

J’aurais sĂ»rement « dĂ» Â» prendre une surface plus petite que son appartement en cherchant dans l’ancien comme lui. Mais, Ă  l’époque, j’avais besoin d’acheter dans du neuf. Cela me rassurait. J’avais sĂ»rement besoin, aussi, de rester près de ma famille Ă  Cergy-Pontoise :

 

De ma mère, de ma sœur et de mon frère au moins. Ma sœur avait alors 22 ans et commençait à peine à travailler pour gagner sa vie. Notre frère, lycéen, avait 17 ans. Bientôt, à la demande de notre mère, j’allais finalement accepter de renoncer à ma vie de célibataire et de locataire. Afin de permettre à ma sœur et à mon frère de vivre avec moi dans un F3 que nous allions louer et obtenir de la mairie de Cergy-StChristophe en moins de trois mois. Ce qui serait impossible aujourd’hui en 2021 où toute demande de location prend facilement deux à trois ans voire plus, je crois, avant d’obtenir une réponse ou d’être satisfaite.

 

 

Enfin. En 1999, Vassili et moi en avions chiĂ© pour son dĂ©mĂ©nagement. Sortir ses meubles de son appartement d’Auvers sur Oise avait Ă©tĂ© simple :

 

C’était au rez de chaussée.

 

Les monter dans son nouvel appartement avait Ă©tĂ© plus Ă©puisant :

 

C’était au quatrième étage sans ascenseur.

 

Vers la fin,  alors que nous avions montĂ© une bonne partie des meubles, cela en devenait comique, Vassili dĂ©crĂ©tait que tout nouveau meuble qui restait allait finir sa marche :

 

«  A la cave ! Â».

 

 

J’étais sous le coup d’une rupture amoureuse. Cette rupture amoureuse m’avait donnĂ© suffisamment de motivation pour ces travaux de « force Â». Mais, malgrĂ© elle, Ă  la fin, j’avais approuvĂ© ces dĂ©cisions de fourguer ce qui restait des meubles…à la cave !

 

Après que nous ayons eus terminĂ©s, Vassili m’avait dit :

 

« Je te remercie infiniment Â». Il avait aussi parlĂ© d’une « reconnaissance Ă©ternelle Â». Ces propos m’avaient un peu Ă©tonnĂ©.

 

Mais il est vrai que, même si par la suite, lui et moi nous sommes modérément revus ou appelés, notre relation est restée. Et, chaque fois que je l’ai sollicité par la suite pour un de mes déménagements, il a toujours été présent.

 

Depuis 1999, notre monde et nos vies ont plus que changé.

 

Prince et MichaĂ«l Jackson sont morts. Le Rap et internet ont essaimĂ©.  Les rĂ©seaux sociaux, les sites de rencontres type Tinder, Tok Tok ( Tik Tok ? ), Twitter, Snapchat, Instagram et autres aussi.

 

Le Ghosting s’est normalisé au même titre que la marchandisation des rapports humains.

 

On parle des mouvements Me#too et de Balance ton porc.

 

La numĂ©ro 2 de Facebook, une AmĂ©ricaine, Sheryl Sandberg,  proclame :

 

« Le monde irait mieux avec les femmes aux commandes Â». Mais aussi :

« Les pays gouvernĂ©s par des femmes ont eu les taux de mortalitĂ© dus au coronavirus les plus bas Â» (page 11 du journal « gratuit Â» Vingt minutes du lundi 22 mars 2021). « (….) Lorsque les hommes rĂ©ussissent, les gens attribuent cela Ă  leurs compĂ©tences. Lorsqu’une femme rĂ©ussit, on attribue cela Ă  la chance et au travail (….) Â».

 

 

Toute personne qui a du succès ou une certaine réussite sociale, femme ou homme, blanche ou noire, le doit souvent, à mon avis, en plus de ses compétences, à la chance et au travail.

 

Chance d’être « arrivĂ© Â» au bon moment, au bon endroit. « Chance Â» d’avoir rencontrĂ© les bonnes personnes au bon moment. A la place, d’autres, tout autant « compĂ©tentes Â» et « travailleuses Â» ont plutĂ´t la malchance de rencontrer leur « fossoyeur Â», leur futur proxĂ©nète, leur exploiteur ou la mauvaise substance qui va les liquider.

 

Mais peu importe que ce que raconte Sheryl Sandberg puisse manquer de nuance ou occulter les travers de la firme puissante (Facebook) qu’elle reprĂ©sente. Comme toute personne qui a rĂ©ussi (femme ou homme, de couleur blanche ou autre) ses paroles, du fait, de son « succès Â» auront toujours plus d’éclat et plus de lĂ©gitimitĂ© que ceux de la personne lambda.

 

Même si Sheryl Sandberg – comme toute personne publique ayant réussi- raconte n’importe quoi. Cela me rappelle ces propos d’un joueur de Foot qui, après avoir rencontré Lilian Thuram, avait dit un jour à son propos :

 

« C’est un Monsieur ! Â». 

 

LĂ  encore, peu importe d’être d’accord avec les positions de Lilian Thuram Ă  propos du racisme, ou d’autre sujets. Puisque son très bon palmarès- rĂ©cent et encore dans les mĂ©moires– de Footballeur professionnel lui attribuait une aura immĂ©diate. Sauf que si  Lilian Thuram avait eu les mĂŞmes idĂ©es en n’ayant qu’un CV de Footballeur de quatorzième division, le mĂŞme footballeur professionnel, en le rencontrant, l’aurait sans doute Ă  peine considĂ©rĂ©.

 

 

Nous sommes nombreux Ă  avoir ce genre d’attitude. Nous sommes souvent Ă©bahis devant telle personne parce qu’elle a accompli ce que nous aimerions accomplir ou que peu ont accompli. Ce faisant, nous oublions qu’à notre niveau, nous rĂ©alisons l’impossible bien plus souvent que nous ne le croyons. Sauf que ce n’est pas mĂ©diatisĂ©. Et que nous avons le tort, aussi, de l’oublier ou d’estimer que cela a bien moins de valeur que les actions de toutes ces « grandes personnes Â» surmĂ©diatisĂ©es – souvent très bien entourĂ©es– que nous regardons. Parce-que, contrairement Ă  elles, nous ne sommes pas le numĂ©ro un ou le numĂ©ro deux d’une Ă©mission de tĂ©lĂ©, d’une grande entreprise, d’un mĂ©dia rĂ©putĂ© ou d’une Ă©quipe de Foot prestigieuse.

 

 

 

Lorsque hier matin, je me suis préparé pour aller donner un coup de main à Vassili pour ce déménagement, j’ai eu un moment de doute. Je me suis demandé pourquoi, à nouveau, j’allais me retrouver dans une situation où nous allions être si peu pour ce déménagement : Même la chaine TF1 serait absente.

En plus, la veille, j’avais commencé à avoir mal au genou au point de me demander si j’allais pouvoir être en capacité d’y participer. J’aime participer à des déménagements. Mais vingt deux ans étaient passés.

 

Pendant le dĂ©mĂ©nagement, j’ai aussi connu quelques moments de flottement devant l’organisation un peu « empirique Â» de mon ami Vassili. Lorsqu’arrivĂ©s devant la porte du garage donnant accès au double box oĂą nous allions entreposer ses meubles, lui-mĂŞme ignorait si le camion allait « passer Â». Il a aussi exposĂ© quelques limites lorsqu’il s’agissait de piloter le dit-camion. 

 

Le camion ne pouvait pas passer. Et entrer dans le garage. Heureusement que nous avons pris le temps de vérifier tous ensemble au préalable.

 

J’ai un peu entrevu le moment oĂą ce dĂ©mĂ©nagement supposĂ© ĂŞtre « light Â» pouvait se transformer en Ă©popĂ©e ou en sinistre. Ou en supplice de longue durĂ©e.

 

Finalement, cela s’est bien passé. Il a fallu un peu guider notre ami de temps à autre pour bien diriger le camion. Ainsi que dans les escaliers de l’immeuble en descendant un ou deux meubles volumineux assez lourds. Ou lui rappeler, en pleine pandémie du Covid, la nécessité de porter un masque voire lui en donner un alors que nous nous retrouvions à trois, côte à côte, dans le même camion.

 

Cependant, vingt deux ans plus tard,  Ă  nouveau, tout s’est bien dĂ©roulĂ©.

 

Ce déménagement m’a permis de rencontrer une personne qui s’avère être scénariste de documentaires, être allé plusieurs fois en Afrique et dont la compagne est monteuse. Soit une personne que je suis en principe appelé à revoir.

 

 

Et, Ă  la fin, notre ami Vassili, nous a  pleinement exprimĂ© sa reconnaissance. Alors que nous n’attendions rien de particulier de lui Ă  ce moment-lĂ , je crois, l’autre ami et moi.

 

Il m’a semblĂ© que tous les vaccins contre le Covid, et tout ce fatras de certitudes que nous pouvons avoir sur bien des sujets ne valaient alors pas grand chose en comparaison avec ces remerciements de Vassili, cet engagement commun de nos corps pour rĂ©aliser ce dĂ©mĂ©nagement, et la concrĂ©tisation ou la confirmation de cette amitiĂ©. 

 

Sans doute parce-que je suis vieux jeu, has been mais aussi un loser. Car ce n’est certainement pas en m’y prenant comme ça que je passerai Ă  la tĂ©lĂ© ou deviendrai numĂ©ro deux d’un grand mĂ©dia ou d’une grande entreprise.

 

 

Franck Unimon, ce mardi 23 mars 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Moon France Musique self-défense/ Arts Martiaux

Rété Simp

 

                                                                RĂ©tĂ© Simp

Ce fut le titre que je n’ai pas citĂ© le 16 mars. Lorsque j’ai marchĂ© jusqu’au viaduc oĂą, ce 8 mars 2021, la jeune Alisha Khalid a Ă©tĂ© battue par deux de ses camarades puis « dĂ©chargĂ©e Â» dans la Seine. OĂą son affaiblissement – du Ă  ses blessures-  ajoutĂ© Ă  l’hypothermie, l’impuissance et le dĂ©sespoir sans doute lui ont enlevĂ© sa vie par noyade.

 

RĂ©tĂ© Simp ( « Reste simple Â»/ “Reste modeste”/ “arrĂŞte de te la pĂ©ter” en crĂ©ole guadeloupĂ©en mais aussi martiniquais) est un titre de zouk de l’artiste Jean-Michel Rotin qui date des annĂ©es 90 ou peut-ĂŞtre du dĂ©but des annĂ©es 2000. Il faisait alors partie du groupe Energy. Il est le deuxième en partant de la gauche sur la photo. 

 

Je n’avais pas envie de zouker quand j’ai Ă©critMarche jusqu’au viaduc . C’est sĂ»rement pour cela que j’ai alors « oubliĂ© Â» de citer RĂ©tĂ© Simp.

 

Pourtant, ce titre, je l’avais aussi « entendu Â» alors que je me rapprochais du viaduc sous la A 15. Mais d’autres Ă©motions avaient enserrĂ© le dessus de mes pensĂ©es. Des Ă©motions que plusieurs personnes – qui ont lu l’article- m’ont aussi exprimĂ© que ce soit par un mot sur ma page Facebook, un « signe Â» ou un sms.

 

Avant hier, particulièrement, j’ai passĂ© quelques moments difficiles Ă©motionnellement Ă  « repenser Â» de près ou de loin, au meurtre d’Alisha. Il arrive aussi que depuis le train que je prends pour aller au travail, j’aperçoive au loin, furtivement, le viaduc sous lequel cela s’est passĂ©.

 

Au vu de ma sensibilitĂ© « augmentĂ©e Â», je me suis demandĂ© si j’étais proche d’un « ressenti traumatique». Mais je crois ĂŞtre  Â« simplement Â» nĂ©vrosĂ©. Et touchĂ© par ce qui est arrivĂ©.

 

Les images que « j’ai Â»

 

 

Moi, le cinéphile, je n’ai pas revu beaucoup de films depuis quelques mois. Mais cela a plus à voir avec le contexte Covid qui a remixé nos existences- et en partie nos consciences- depuis un an, maintenant.

 

Le « nouveau Â» reconfinement depuis un ou deux jours, Ă  mon avis, m’affecte nettement moins que le tout premier de l’annĂ©e dernière Ă©galement au mois de mars. L’annĂ©e dernière, Ă  la mĂŞme date, comme la plupart, je me faisais tabasser par l’atmosphère de fin du monde qui menaçait de m’encorner pratiquement Ă  n’importe quel moment avec la puissance du phacochère. Une Ă©poque oĂą les masques anti-Covid Ă©taient une denrĂ©e rare ou vite Ă©puisĂ©e. Et oĂą on se rendait au travail en franchissant les « tranchĂ©es Â» de rues vides la gueule offerte faute de masques. Lesquels ont commencĂ© par ĂŞtre parachutĂ©s par milliers dans les supermarchĂ©s Ă  partir du dĂ©but du mois de Mai. J’avais rĂ©alisĂ© quelques diaporamas ( Panorama 18 mars-19 avril 2020 )de cette « pĂ©riode Â» alors Ă©trange et hors norme, aujourd’hui, assez banalisĂ©e : aujourd’hui tout le monde a un masque anti-Covid sur lui voire plusieurs de rechange. Et ne pas en porter est un dĂ©lit. Sauf si l’on fait son footing ou que l’on se dĂ©place Ă  vĂ©lo. Ou que l’on est seul en voiture. Ou en famille.

 

Paris, Place de la Concorde, en allant au travail, ce vendredi ou ce samedi matin.

 

 

Ce Mercredi, avant ce nouveau « reconfinement Â» dĂ©clarĂ©,  je suis donc allĂ© faire provision de nouveaux blu-ray dans un des magasins oĂą je « m’alimente Â» près du centre Georges Pompidou. Ce ravitaillement n’a rien Ă  voir avec le nouveau confinement alors encore hypothĂ©tique. J’étais alors dans le coin et cela faisait plusieurs mois que je n’étais pas allĂ© dans ce magasin oĂą l’on peut trouver des Blu-Ray et des dvds neufs en promotion.

 

Les images que j’ai, ces derniers jours, sont principalement faites de ces moments que je vis au quotidien avec mes proches ou d’autres, au travail ou ailleurs. Mais aussi de ces photos que je prends et dont j’ai commencé à parler dans la nouvelle rubrique Vélo Taffe Vélo Taffe : une histoire de goudron). C’est peut-être le monde tel que j’aspire encore à le voir.

 

Il y a peu de livres, aussi, qui m’apportent des images en ce moment. Ainsi, je n’ai pas rĂ©ussi Ă  terminer Verre cassĂ© d’Alain Mabanckou, livre que j’avais pourtant commencĂ© Ă  lire il y a bientĂ´t deux mois. Alors qu’il me reste seulement trente pages Ă  lire et que je l’ai aimĂ© par endroits. Mais je reste un assidu du Canard EnchaĂ®nĂ©  et du TĂ©lĂ©rama que je parcours par « strates Â». Et du journal gratuit quand je tombe dessus.

 

Plusieurs fois par semaine, aussi, depuis plusieurs semaines, j’écoute des podcasts. Pour cela, je peux remercier la technique de plus en plus performante en matière de stockage et de tĂ©lĂ©chargement de nos smartphones que nous payons si chers. MĂŞme si les conditions d’extractions des minerais nĂ©cessaires Ă  la construction de nos « doudous-portables Â» en font aussi l’équivalent de doudous de sang. Surtout en en changeant au bout de quelques mois ou chaque annĂ©e.  

 

Enfin, grâce Ă  un podcast consacrĂ© au photographe «  de guerre Â» Patrick Chauvel -que je ne connaissais pas- je vais peut-ĂŞtre recommencer Ă  lire. Car il a Ă©crit :

 

Rapporteur de guerre, Sky et un autre livre que j’ai réussi à trouver d’occasion sur le net.

 

 

« Tu veux ĂŞtre bon,  va oĂą est le carnage Â» :

 

Le Maitre d’Arts martiaux Kacem Zoughari a cité cette phrase – en Japonais- d’un de ses anciens Maitres japonais.

 

J’avais citĂ© cette phrase lors de mon pot de dĂ©part pendant mon discours il y a un peu plus de deux mois maintenant dans mon prĂ©cĂ©dent service :

 

«  Tu veux ĂŞtre bon, va oĂą est le carnage Â».

 

 

 Après l’article Marche jusqu’au viaduc, je peux maintenant m’apercevoir un peu plus Ă  quel point j’étais raccord avec cette phrase. Et ce n’est peut-ĂŞtre que le dĂ©but.

 

Je n’ai jamais aimĂ© le mois de  Mars. Pourtant, le mois de Mars, si je rĂ©flĂ©chis maintenant, c’est bien le mois ou le Dieu de la guerre.

 

Lorsque ce mois de mars a commencé cette année, je me suis dit qu’il allait passer vite compte-tenu de mes divers projets. Et c’est vrai. Même si je ne m’attendais pas à certains événements dans ma ville et dans ma vie comme la mort de la jeune Alisha que je ne connaissais pas.

 

 Aujourd’hui, nous sommes dĂ©ja le premier jour du printemps, le 21 mars 2021.

 

Reste simple :

 

Jean-Michel Rotin, un temps surnommĂ© «  le MichaĂ«l Jackson Â» du Zouk, est beaucoup moins connu que le groupe Kassav’ ou le « fameux Â»â€¦..Francky Vincent. Mais il a apportĂ© une nouveautĂ© en mĂ©langeant la « r’n’b Â» et le « Rap Â» avec le zouk dans les annĂ©es 90. Kassav’ avait frappĂ© plusieurs fois Ă  coups de maillet Ă  partir du milieu des annĂ©es 80 sur la production musicale antillaise mais aussi mondiale. Scellant l’envolĂ©e du Zouk. En Afrique, en AmĂ©rique du sud et jusqu’au aux Etats-Unis oĂą un Miles Davis, « un peu Â» condescendant, avait pu faire la « leçon Â» Ă  un journaliste :

«  Cette musique, ça s’appelle le Zouk. Kassav’, vous connaissez ? Â».

 

Dans les annĂ©es 90, sans atteindre l’envergure internationale de Kassav’, Rotin Ă©tait apparu avec son style qui le dĂ©marquait d’autres artistes de zouk qui rejouaient la « formule Â» Zouk sans trop de particularitĂ©s.

 

Aujourd’hui, Jean-Michel Rotin fait partie des « vieux Â» artistes ( les annĂ©es 90-2000, c’est « loin Â») et je ne sais pas si on peut encore le trouver novateur. Mais, Ă  une Ă©poque, certains artistes de zouk bonifiaient leur musique lorsque Rotin se retrouvait impliquĂ© Ă   la partition ou dans la production.

 

Il y a quelques mois, j’ai trouvĂ© une interview  de lui. Elle date de plusieurs annĂ©es, avant la pandĂ©mie du Covid. Dans cette interview, il exprimait une certaine amertume envers l’industrie du disque. Il estimait s’être fait arnaquer au moins Ă©conomiquement du fait de sa « naĂŻvetĂ© Â» et de son « ignorance Â» lors de sa pĂ©riode fastueuse. Il faisait aussi part de cette pĂ©riode oĂą sa principale activitĂ©, comme l’artiste Prince (qu’il cite) Ă©tait de crĂ©er un titre par jour. Mais aussi qu’on lui aurait « dit Â» qu’il allait « trop loin Â» dans sa recherche musicale. Cela aurait eu pour effet de brider sa production musicale. D’autant qu’il avait pu lui ĂŞtre reprochĂ© d’avoir « dĂ©naturĂ© Â» le Zouk. Je suis sĂ»r que d’autres personnes –artistes ou non- ailleurs dans le monde pourraient retrouver une partie de leur vie dans ce tĂ©moignage. L’artiste CĂ©dric Myton de l’ancien groupe de Reggae Congo ne raconte pas autre chose que Jean-Michel Rotin dans le documentaire Inna De Yard : The Soul of Jamaica rĂ©alisĂ© en 2018-2019 par Peter Webber

 

Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, Rotin a son public. Et ce public comporte plusieurs générations.

 

Jean-Michel Rotin a d’autres titres bien plus connus que RĂ©tĂ© Simp : LĂ© Ou Lov’ , par exemple, a Ă©tĂ© un de ses premiers gros tubes. Ou AdiĂ© An Nou.  Il y a pu aussi y avoir le titre Stop qui, dans sa version studio, m’avait moyennement plu, mais qui sur scène prenait toute sa force. Plus rĂ©cemment, mĂŞme si ça date de plusieurs annĂ©es maintenant, sa reprise du titre Begui Begui Bang avait bien marchĂ© Ă  ce que j’avais compris. Et il a fait d’autres tubes.

 

 

 

Un ou une compatriote « opiniâtro- Rotinophile Â» me reprochera sĂ»rement d’avoir omis une quantitĂ© astronomique des tubes produits par Jean-Michel Rotin. Et me fera sĂ»rement remarquer qu’une sĂ©rieuse formation de remise Ă  niveau s’impose de manière urgente- et critique- pour moi.

 

Mais ma priorité, ici, est de parler de Jean-Michel Rotin et de contribuer, selon mes moyens, à le faire connaître un petit peu plus. Je rappelle qu’en France, comme d’autres artistes antillais, Rotin reste bien moins connu que Francky Vincent.

 

Francky Vincent a aussi Ĺ“uvrĂ© pour la musique antillaise et est loin d’être le grand « niais Â» ou l’animateur « pour virĂ©es tropicales Â» façon Club Med qu’il a l’air d’être pour certains amies  et amis « mĂ©tros Â». Francky Vincent a aussi pu composer des titres engagĂ©s sur la sociĂ©tĂ© antillaise. Mais, mĂŞme si je suis très loin d’être Ă  jour, il  y a d’autres artistes qui « comptent Â» en dehors de Francky Vincent et de Kassav’ lorsque l’on parle de Zouk aux Antilles. Jeunes et moins jeunes. Comme le groupe Akiyo dont Kassav’ a utilisĂ© un des titres pour l’ouverture de ses concerts il y a deux ou trois ans. A la fĂŞte de l’HumanitĂ© par exemple : 

Kassav’  et Quelques photos de la fĂŞte de l’Huma 2019 

 

Cependant, pour reparler de Jean-Michel Rotin, je trouve que le titre Mwen Ni To reste sous-estimĂ©. Mais je n’étais pas « au pays Â» Ă  sa sortie pour pouvoir ĂŞtre pĂ©remptoire.

 

Les clips des chanteurs et chanteuses de Zouk peuvent apparaître très kitsch, clichés ou ridicules. Plusieurs révolutions de la pellicule sont sans doute nécessaires.

 

Toutefois, il faut alors se rappeler que le but du Zouk n’est pas de rivaliser avec le cinĂ©ma d’un Wong-Kar-Wai ou d’un Lars Von Trier. Ni de se prĂ©parer Ă  effectuer des Ă©tudes de philo ou de sociologie Ă  la fac en rĂ©flĂ©chissant Ă  la pensĂ©e d’un Cioran ou d’un Durkheim. Mais d’abord de trouver et de donner de la force et du plaisir pour vivre et ĂŞtre ensemble malgrĂ© la duretĂ© de la vie.  Et, cela part du corps et du bassin. Ce que le groupe Kassav’énonce dans son titre Zouk La SĂ© Sel MĂ©dikaman Nou Ni, un de ses nombreux tubes. Mais aussi au moins…. le rĂ©alisateur Quentin Dupieux alias Mr Oizo Ă  travers Duke le flic ripoux- et mĂ©lomane- de son film Wrong Cops que l’on put d’abord voir dans une version court-mĂ©trage ( 2012-2013). Film dans lequel on peut voir le chanteur Marilyn Manson hilarant dans son rĂ´le de David Dolores Frank.

 

Le titre Zouk La SĂ© Sel MĂ©dikaman Nou Ni est peut-ĂŞtre moins connu – pour certains « jeunes Â» et moins jeunes- que le Djadja d’Aya Nakamura. Mais c’est nĂ©anmoins un tube mondial. Et presque aussi intergĂ©nĂ©rationnel que le Sex Machine de James Brown lâchĂ© dans les oreilles….en 1966. Si je ne me trompe pas.  

https://youtu.be/1UzZUfFUnxY

 

Enfin, rappelons que Jocelyn Béroard, une des meneuses du groupe Kassav’, faisait partie des chœurs lors de l’enregistrement du titre Rété Simp de Jean-Michel Rotin.

Un Art suprĂŞme :

 

 

John Coltrane a composĂ© entre autres le titre A Love Supreme.

 

 

Pour moi, la musique fait partie des Arts suprêmes. Avant et devant le cinéma. Si les images nous parlent, la musique, elle, est l’étincelle qui peut nous déclencher avec très peu. Qu’un titre ait deux jours, cinq mois ou cinquante ans, si le cuivre dont est fait son rythme, son horizon ou son poids, sont calibrés pour nous, ils peuvent nous suivre jusqu’à la mort. Ou semblent nous avoir toujours attendus.

 

Parfois, ce même titre parlera aussi à d’autres. Parfois, pas. Mais ça ne changera rien pour nous. Il fera toujours partie de notre appareil vestibulaire et de notre vestiaire. Il sera toujours à notre adresse.

 

Bien-sûr, tous les arts comptent. Mais un monde sans musiques….

 

La musique que l’on aime Ă©couter brĂ»le l’horreur. Elle nous aide Ă  la soutenir, Ă  la convertir et Ă  la contourner. Bob Marley a pu chanter :

 

« Hit me with Music ! Â». Il n’a pas chantĂ© : « Frappez-moi avec des mathĂ©matiques ! Â». Ou « Frappez-moi avec les concepts spĂ©cifiques Ă  la PhĂ©nomĂ©nologie ! Â». MĂŞme si ces disciplines ont bien-sĂ»r leur rĂ´le Ă  jouer.

 

La musique peut nous aider à nous redresser. Elle nous entraîne afin de continuer- à vivre- même lorsque l’horreur et la tristesse nous passent et nous repassent dessus.

 

 

Pour moi, le rire est pareil. C’est aussi notre rĂ©volution : on ne passe pas notre temps qu’à subir et Ă  se rĂ©duire. On rĂ©agit, aussi. On crĂ©e son Big Bang. On anticipe.

 

Cela ne fait pas de nous des Dieux, des super-héros ou des super puissances. Mais on existe. On apprend à supporter notre matière et les tourments qui peuvent aller avec.

 

Le rire et la musique nous donnent le droit d’exister. Ce droit n’est pas donné à tout le monde. Il y a des personnes qui en sont privées. Et d’autres qui s’en détournent.

 

Ce dimanche 21 mars 2021, je ne vais pas me priver.

 

Depuis quelques jours, je « dĂ©couvre Â» Georges Brassens. Jusqu’à maintenant, je n’aimais ni sa voix ni son rythme. Mais, il y a quelques jours, par le titre Je me suis fait tout petit, je crois avoir trouvĂ© une entrĂ©e, mon entrĂ©e, dans son Ĺ“uvre. LĂ  oĂą des alpinistes vont trouver une-nouvelle- voie pour escalader une montagne.

 

 

 

Il faut quelques fois un titre pour trouver son propre passage vers un artiste. Comme il faut quelques fois son moment particulier pour trouver son passage vers quelqu’un ou vers une nouvelle discipline.

 

Ensuite, chef d’œuvre, raté, meurtre, ou massacre, le résultat dépend de la co-composition – ou co-création- des uns et des autres.

 

De ce que l’on est capable de détecter et de fabriquer. Des ressources que l’on peut –accepter- trouver chez d’autres. Ou leur apporter.

 

Après  Brassens, il y aura le titre Hear my Train A Comin’ de Jimi Hendrix car, pour moi, c’est l’un des meilleurs alliĂ©s du titre de John Lee Hooker Oh, Come back, Baby, Please Don’t Go… One More Time.

 

( il existe diffĂ©rentes versions souvent plus Ă©tendues du titre ” Hear My Train A Coming”).

 

 

 

Une autre fois, je parlerai peut-ĂŞtre de Dub,  de Maloya ou de Miles (Davis).

Paris, ce vendredi 19 mars ou samedi 20 mars 2021, le matin.

 

 

Franck Unimon, dimanche 21 mars 2021.

 

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Corona Circus Vélo Taffe

Vélo Taffe : une histoire de goudron

Place de la Concorde, Paris, Février 2021.

 

                                            VĂ©lo Taffe : une histoire de goudron

A chaque coup de pĂ©dale, je prends le pouls du macadam. Je m’écarte de l’écrou des tumeurs que sont les correspondances du mĂ©tro.  Des cycles de « Veuillez nous excuser pour la gĂŞne occasionnĂ©e Â». (cf.  Une ligne 14 Ă  bloc ! )

 

Pour fuir cette mauvaise fumée et ces rimes qui puent des pieds, cela fait un peu plus d’un mois maintenant que je me rends à vélo au travail.

 

 

 Quelques uns de mes critères pour le choix d’un vĂ©lo :

 

Depuis des annĂ©es – bien avant la pandĂ©mie du Covid et premier confinement de l’annĂ©e dernière qui a stimulĂ© l’usage du vĂ©lo – je lorgnais sur le vĂ©lo pliant.

 

Je possède le même VTT plutôt léger depuis plus de vingt ans. Je suis déjà allé au travail avec lui depuis chez moi. Mais son inconvénient est que je dois le laisser dans un local fermé à dix minutes à pied de chez moi. Par manque de place à la maison.

Même s’il a vieilli et qu’il ne s’agit ni d’un vélo de luxe ou de compétition, je refuse de l’attacher dehors et de prendre le risque de me le faire voler.

 

L’avantage du vĂ©lo pliant est de pouvoir se ranger facilement chez soi. Mais aussi de pouvoir ĂŞtre amenĂ© Ă  peu près partout avec autant d’aisance. En plus, en se renseignant un peu, on apprend qu’un vĂ©lo pliant peut ĂŞtre aussi rapide qu’un « vrai Â» vĂ©lo :

 

Un vélo de plus grande taille, avec braquets et plusieurs vitesses.

 

A condition de bien choisir son vĂ©lo pliant. Bien-sĂ»r, il existe des premiers prix Ă  150 ou 200 euros mais j’ai facilement acceptĂ© le conseil d’éviter ces premiers prix. Il y a ce que j’appelle les « fausses Ă©conomies» :

 

On prend un article le moins cher possible en pensant que cela ne vaut pas le coĂ»t. Et, finalement, en pratique, on le paie plus cher Ă  mesure des ennuis  mĂ©caniques ou autres. Sauf que, lĂ , personne ne vous dira  « Veuillez nous excuser pour la gĂŞne occasionnĂ©e Â» pendant que vous regarderez passer les autres cyclistes bien heureux de continuer de rouler tout en vous ignorant ou, au mieux, en vous offrant un air dĂ©solĂ©.

 

 

Il y a donc un minimum à mettre dans un vélo, pliant ou non, afin de se garantir une bonne durée de vie. Il y a plus de vingt ans, j’avais décidé de mettre 3000 francs dans mon VTT. Je m’étais renseigné auparavant sur la qualité des pièces de la marque Shimano qui constituaient le vélo. C’était une somme assez importante même pour l’époque. Mais je pouvais alors me le permettre. Et, aujourd’hui, plus de vingt ans plus tard, je peux témoigner du fait que je n’ai pas eu de mauvaise surprise ou de regret concernant cet effort financier.

 

Je me suis surtout servi de mon VTT pour des parcours que l’on rĂ©serve aux VTC  ou aux vĂ©los de course. Je suis un vĂ©tĂ©tiste du dimanche. Mais je voulais un vĂ©lo solide qui puisse aller partout si j’en avais le besoin. Et puis, je considère le vĂ©lo comme l’une des meilleures inventions mĂ©caniques de l’être humain. Aussi, je crois qu’il faut savoir mettre le prix lorsque l’on s’achète un vĂ©lo.

 

Il y a encore des gens qui gardent leur vĂ©lo toute leur vie et qui le transmettent Ă  leurs enfants. Pour moi, ce genre de bien a une valeur particulière en plus d’avoir un usage pratique Ă©vident. Je m’en rends bien compte lorsque je croise de temps en temps, celles et ceux qui partent fourailler dans les poubelles rĂ©cupĂ©rant ce dont d’autres se dĂ©barrassent. Ces « fourailleurs Â» sont souvent Ă  vĂ©lo. Car c’est plus pratique pour se dĂ©placer sur des kilomètres et pour transporter des objets en faisant le moins d’efforts possibles.

 

 

 

La marque Brompton :

 

 

 La marque Brompton est actuellement, et depuis des annĂ©es, la Rolls du vĂ©lo pliant. La première fois que j’avais croisĂ© un Brompton, c’était au quartier de la DĂ©fense, au centre commercial Les Quatre Temps il  y a plusieurs annĂ©es. C’était dans un magasin de bricolage. Le vĂ©lo se trouvait avec son propriĂ©taire. Celui-ci m’avait rĂ©pondu en ĂŞtre content.

 

Le vélo m’était apparu beau. Il m’avait donné envie. Mais, à l’époque, je n’avais pas de besoin particulier de vélo pliant. Je n’ai aucune idée ou aucun souvenir de son prix. Par contre, aujourd’hui, le prix d’un Brompton est exorbitant. Je veux bien mettre de l’argent dans un vélo mais, psychologiquement, et financièrement, j’ai des limites.

Le premier prix pour un Brompton dĂ©passe les 1200 euros. Ensuite, il y a tout un tas d’autres critères Ă  prendre en compte :

 

Le nombre de vitesses, le poids etc….

 

Il m’a été conseillé de prendre un vélo pliant qui dispose au moins de six vitesses. Quant à la taille des roues, je crois que l’on m’avait recommandé un diamètre de 26 pouces.

Mais lorsque l’on se trouve sur un site qui vous présente les vélos Brompton, vous avez un certain nombre de modèles sauf que le prix, lui, reste de plus en plus agressif pour votre compte en banque.

 

J’achèterai peut-être un Brompton, un jour, pour me faire plaisir d’autant que pour en avoir croisé quelques uns sur la route, les Brompton me semblent pourvus de spécificités qui les rendent particulièrement aérodynamiques et performants. Sans forcer. Mais, pour l’instant, c’est trop cher pour moi.

 

La marque Tern :

Moins connue que Brompton, assez confidentielle, cette marque semble offrir des gages de fiabilitĂ© mais aussi d’accessibilitĂ© financière plus facile par rapport Ă  la marque Brompton. Mais son premier prix se situe aux alentours de 800 euros si j’ai bien retenu. A nouveau, je veux bien mettre de l’argent dans cette technique de pointe qu’est le vĂ©lo pliant, mais j’ai pour l’instant du mal Ă  allonger 800 euros dans un vĂ©lo pliant qui, pour moi, reste un vĂ©lo miniature. MĂŞme si j’ai pu apprendre qu’un « vĂ©lo pliant peut ĂŞtre aussi rapide qu’un vĂ©lo normal…. Â».

 

Pour choisir son vélo, on peut aussi le faire selon des canons esthétiques. Pour ma part, je trouve qu’esthétiquement, il y a aussi des beaux vélos dans la marque Tern. Pour faire un jeu de mot très facile: les vélos Tern sont loin d’être ternes.

 

Mais le premier prix est à 800 euros ensuite ça grimpe assez haut, aussi.

 

La Marque Moma :

Je n’ai rien lu de particulier sur cette marque. Mais d’après ses prix, je trouve cette marque sur la ligne des prix pratiqués par la chaine Décathlon. Je parle de cette marque parce-que j’en ai croisé quelques uns et que leurs propriétaires en semblaient satisfaits. Le vélo était assez passe-partout et jouait son rôle de vélo pliant.

 

 

Mon attirail :

 

J’ai optĂ© pour ce qui est actuellement le vĂ©lo pliant le plus haut de gamme chez DĂ©cathlon : Le B’Twin Tilt 900 qui coĂ»te 499 euros et un petit peu plus si l’on prend la formule crĂ©dit pour l’acheter. En trois ou quatre fois. Ce que j’ai fait.

 

Pourquoi ce modèle ?

 

Tout d’abord, j’avais et ai un a priori dĂ©favorable sur la marque B’Twin de DĂ©cathlon. MĂŞme si je veux bien croire que la chaine DĂ©cathlon fasse des recherches pour amĂ©liorer ses produits et les amener au prix le plus accessible en fonction des possibilitĂ©s de sa clientèle, pour moi, DĂ©cathlon  reste connotĂ© comme une sorte de TATI  des articles de sport. MĂŞme si j’ai pu acheter bien des articles de sport Ă  DĂ©cathlon et en ai Ă©tĂ© plutĂ´t satisfait.

 

Mais il y a un dĂ©ficit d’image ou d’éducation  de ma part envers la marque DĂ©cathlon:

 

Pour moi, un vĂ©lo DĂ©cathlon est de qualitĂ© moyenne. Peut-ĂŞtre parce-que DĂ©cathlon reste une chaine de grande surface et, qu’en tant que telle, je crois qu’elle ne peut offrir qu’un conseil bas de gamme puisqu’elle privilĂ©gie les gros volumes lorsqu’elle vend des produits. Et vu qu’ils sont Ă  un prix courant ou « facile Â», ce n’est pas grave, si, Ă  un moment ou Ă  un autre, l’article que l’on a achetĂ© « chez Â» DĂ©cathlon nous lâche. Il suffit d’aller en racheter un autre Ă  un prix tout autant abordable que le premier.

 

Par ailleurs, des avis que j’ai pu lire sur le B’Twin Tilt 900 sur le net étaient très critiques. Même si, ensuite, des avis relativisaient expliquant que, depuis, Décathlon avait rectifié ce qui n’allait pas. Mais sans communiquer à ce sujet.

 

 

C’est après avoir vu le film  Maudit !- un film d’Emmanuel Parraud d’Emmanuel Parraud en projection de presse que je me suis dĂ©cidĂ© Ă  aller commander mon vĂ©lo pliant. C’était pendant les vacances scolaires du mois de fĂ©vrier.

 

Dix jours plus tard, je recevais un mail ou un sms m’informant de son arrivée dans le magasin où je l’avais commandé.

 

J’ai opté pour le B’Twin Tilt 900 car 500 euros était le maximum que je pouvais accepter de mettre, psychologiquement, dans l’acquisition d’un vélo pliant. Et je me suis dit qu’en prenant le haut de gamme actuel de Décathlon, je pourrais me faire une idée assez juste de ce que peut offrir un vélo pliant à peu près convenable.

 

 

Qu’a mon vĂ©lo pliant de convenable ?

 

 

Son poids, par exemple : 12, 2 kgs. Certains vĂ©los pliants font 14 kgs. D’autres peuvent ne faire que 8 kgs mais ils sont nettement plus chers que le mien. J’ai oubliĂ© le poids de mon VTT. Mais 12,2 kgs, c’est assez facile Ă  soulever. 

 

Son nombre de vitesses : Il en a neuf. Certains vĂ©los pliants n’ont pas de vitesse ou en ont six. D’autres en ont peut-ĂŞtre plus.

 

Concernant la façon de le plier, j’ai compris que la façon de plier son vĂ©lo varie selon la marque. Vu qu’il s’agit de mon premier vĂ©lo pliant, je n’ai aucun Ă©lĂ©ment de comparaison. Mais je peux nĂ©anmoins dire que s’il est affirmĂ© qu’il suffit de quinze secondes pour le plier et le dĂ©plier, que je continue plutĂ´t de mettre une bonne minute pour le faire. Je ne suis peut-ĂŞtre pas très douĂ© alors que le personnel de DĂ©cathlon, lui, subit peut-ĂŞtre des entraĂ®nements intensifs de pliage et de dĂ©pliage de vĂ©lo. Mais ça n’est pas grave. Car mĂŞme en prenant une minute ou deux pour le plier ou le dĂ©plier, c’est assez simple. Ensuite, c’est agrĂ©able de pouvoir s’en aller sur son vĂ©lo et de voir comme on se dĂ©place aisĂ©ment plus rapidement que les piĂ©tons.

De toute façon, même déplié, le vélo prend en effet une place raisonnable dans le train. En effet, si je me passe du métro dans Paris pour aller au travail et en repartir, je continue de prendre le train pour aller jusqu’à Paris et en repartir.

Gare d’Argenteuil, fĂ©vrier 2021.

 

 

La maniabilité de mon vélo me paraît bonne.

 

 

Question vitesse, je peux confirmer qu’il m’est arrivĂ©, Ă  mes dĂ©buts, de surprendre quelques cyclistes, sur leur vĂ©lo « montĂ© Â» en les rattrapant sans trop forcer puis en les dĂ©passant y compris dans une montĂ©e. En remontant le boulevard St Michel par exemple vers le jardin du Luxembourg. Ce fut assez amusant de facilitĂ©.

 

 

Ses limites :

A la fin de ma première journĂ©e de vĂ©lo pliant, j’ai quittĂ© le travail tout content. Et puis, sur les pavĂ©s de la place de la Concorde, alors que j’étais Ă  quelques minutes de « l’arrivĂ©e Â» ( la gare St Lazare, pour moi), ma roue avant a dĂ©chaussĂ© sans que je ne comprenne pourquoi.

 

Quelques secondes plus tard, j’étais en train d’essayer de me rattraper sur mes deux pieds alors que je me dirigeais dans un sprint survoltĂ© vers le haut trottoir qui borde les pavĂ©s. PrĂŞt Ă  tenter les qualifs pour le championnat de France des dix mètres.  J’ai rĂ©ussi Ă  Ă©viter de heurter la “haie” du trottoir. Mais, malgrĂ© toute ma volontĂ© pour m’arrĂŞter, mon avant-bras gauche a butĂ© contre un feu de signalisation. L’arrière gauche de mon casque, dans un Ă©lan de solidaritĂ©, a suivi. Je me suis aussi fait mal au majeur de ma main droite. Depuis, Ă  cette main-lĂ , j’ai encore le doigt d’honneur un peu douloureux. Mais ça va de  mieux en mieux mĂŞme si je m’en sers peu. 

 

Je ne roulais pas particulièrement vite lors de ma chute. Le sol était plutôt sec. Il faisait plutôt jour. Je n’avais de problème de visibilité particulier. Je n’étais pas fatigué plus que de raison ou distrait.

 

Très vite, deux cyclistes se sont arrĂŞtĂ©s Ă  ma hauteur sur le haut trottoir. Ils allaient dans le sens inverse. Ils m’ont demandĂ© si ça allait bien. Mais, oui ! MĂŞme si je ne voyais pas ce qui avait bien pu se passer.

 

Le cycliste le plus proche m’a dit :

« Ă§a a Ă©tĂ© impressionnant Ă  voir ! Â». Je les ai remerciĂ©s. Puis, ils sont partis.

 

Je n’ai pas eu le temps d’avoir peur. J’ai plutôt été en colère. Une chute aussi idiote dès le premier jour. Alors que tout allait bien.

 

 

Par prĂ©caution, avant de prendre le train, je suis allĂ© voir les pompiers de la gare St Lazare afin qu’ils m’examinent. J’ai ainsi appris qu’était  est frĂ©quent que des personnes glissent sur les pavĂ©s de la place de la Concorde. Depuis, mĂŞme si j’ai vu et continue de voir des cyclistes prendre ce passage avec leur vĂ©lo pliant, je l’évite en passant sur le trottoir. A ce jour, je n’ai pas fait d’autre chute. Et, Boulevard Raspail, Ă  quelques mètres derrière moi, rĂ©cemment, un jour de pluie, c’est un conducteur de Vespa qui a chutĂ©. Sans gravitĂ©. J’avais entendu parler du fait que les Vespa ont une très mauvaise stabilitĂ©. Pourtant, les pneus de la Vespa sont plus larges que ceux de mon vĂ©lo pliant qui sont d’ailleurs supposĂ©s bĂ©nĂ©ficier d’une bonne adhĂ©rence.

 

J’ai oublié de dire qu’après ma chute, je me suis racheté un nouveau casque de vélo. Alors, je vois assez régulièrement des personnes porter le très beau casque de la marque Kask. Je me demande souvent comment elles font. Ce casque coûte plus de 150 euros. Je trouve ça très cher. Même si je tiens à ma vie et à ma tête. Le nouveau casque, de la marque Abus, que j’ai acheté (chez Décathlon) m’a coûté 50 euros.

 

L’autre limite que je vois concernant mon vĂ©lo, c’est sa « sujĂ©tion Â» au vent. Lorsque je pĂ©dale et que je reçois un vent de travers, j’ai un peu l’impression d’être sur la mer, emportĂ© par le courant. Mais ce n’est peut-ĂŞtre qu’une impression.

 

 

Les pièges du vĂ©lo d’une manière gĂ©nĂ©rale :

Libéré du carcan des correspondances de métro comme de l’attente de son moyen de transport pour se rendre d’un point A à un point B, la tentation est grande de vouloir décider de fractionner l’espace-temps. Et de foncer. Peu importe la signalisation- ou les autres- et peu importe quelques mesures de précaution.

 

Je peux ainsi tĂ©moigner du fait que Batman fait du vĂ©lo. Il a la trentaine, pĂ©dale sans casque, sur un vĂ©lo de course de taille normale, mesure environ 1m65 pour une cinquantaine de kilos. Et sprinte, avec son manteau de Columbo grand ouvert, au point de laisser sur place le  cycliste sportswear qui porte un sac de la marque WANDRD PRVKE  , qui, au feu rouge, ne peut que le voir disparaĂ®tre, une fois son excès de vitesse accompli.

 

Mais ne me faites pas dire que Batman est seulement un homme. Avec ou sans Brompton – qui semble optimiser les effets de la poussĂ©e rectale de celles ou ceux qui avancent sur ce genre de vĂ©lo- Batman peut aussi ĂŞtre une femme.

 

Des livreurs de Mc Do, après l’heure du couvre-feu durant la pandĂ©mie du Covid, près du PanthĂ©on, fĂ©vrier ou mars 2021.

 

Batman  peut aussi ĂŞtre un livreur (je vois beaucoup moins de livreuses de repas). Un livreur qui, près du carrefour de l’OdĂ©on, s’engueule avec un chauffeur de bus alors que celui-ci a la prioritĂ© ( Ă  droite) lorsqu’il dĂ©bouche assez subitement. Le livreur voit alors le chauffeur de bus comme celui qui l’empĂŞche de faire son travail et de gagner sa vie ! Tout ça, pour s’arrĂŞter Ă  peine cinquante mètres plus loin oĂą se trouve sa « base Â» en quelque sorte.

 

 

La vitesse est l’un des ennemis des cyclistes. Prendre son vélo pour aller plus vite est selon moi un des grands pièges. En ce moment, après plusieurs essais d’itinéraires, je mets entre 27 et 32 minutes pour aller au travail et en revenir. Un de mes collègues, pour le même trajet, met….18 minutes. Tranquillement. Il m’a précisé qu’au début, il mettait 30 minutes, tout transpirant. Mais je ne me lancerai pas dans une compétition du chrono à vélo pour aller au travail.

 

Les avantages et les bĂ©nĂ©fices du vĂ©lo pour aller au travail :

 

Outre l’aspect pratique, se rendre lĂ  oĂą l’on a besoin ou envie d’aller, il y a le fait, de concilier comme on le dit « l’utile et l’agrĂ©able Â». On ne dĂ©pend pas d’un mĂ©tro ou d’un bus. On a donc une certaine libertĂ© ou une certaine autonomie. Et, en plus, on fait du sport sans se dire forcĂ©ment que l’on fait du sport. Ce qui reste l’une des meilleures manières de faire du sport : en rĂ©alisant un acte concret et utile. Et, mieux, de manière ludique.

 

Si je mets entre 27 et 32 minutes pour réaliser mon trajet, c’est parce-que je ne force pas trop pour aller vite. Parfois oui, parfois non. Et, dès qu’à un endroit, je trouve que ce serait bien de prendre une ou deux photos, je m’arrête pour prendre ma photo. Je peux même faire un petit détour s’il le faut. Puisque, de toute façon, j’ai prévu large en partant de chez moi. Et, quand je rentre du travail, je ne fais pas la course.

 

 

Mais l’avantage et le bĂ©nĂ©fice les plus Ă©tonnants Ă  aller au travail Ă  vĂ©lo Ă  chaque fois comme je le fais depuis que j’ai mon vĂ©lo pliant, c’est qu’en quelques semaines, j’ai dĂ©jĂ  pratiquement oubliĂ© ce que ça fait de sortir de son train, descendre les escalators, rejoindre sa correspondance, poireauter sur un quai de mĂ©tro (ou de RER) en attendant que le vĂ©hicule ferroviaire arrive. Monter, descendre des escalators, des escaliers. C’est vraiment une vie de con ! Et, le pire, c’est qu’on l’accepte rapidement, cette vie de con.

 

 

Rouler sous la pluie m’invite à la prudence pour la glisse. Mais, à part ça, avec des vêtements adéquats, ça se passe très bien. En arrivant au travail, comme je suis en avance, je me douche, je me change puisque j’ai cette possibilité-là. Et puis, c’est parti pour la journée ou la nuit de travail.

 

S’il fait froid, faire du vélo, avec, là aussi, les vêtements adéquats, ça réchauffe et ça stimule. Le point sensible reste les mains. Trouver des bons gants lorsqu’il fait froid selon la thermorégulation qui est la nôtre peut être un exercice assez difficile. Mais la solution est sûrement à portée de main dans un article ou une astuce que l’on n’a pas encore dénichée.

 

C’est plutôt s’il fait très chaud que cela m’incommoderait un peu de faire du vélo.

 

Mais le risque maximal,  pour moi, c’est en cas de verglas voire de neige. Ce serait, pour moi, les seules raisons qui pourraient, pendant deux ou trois jours, me dĂ©cider Ă  recommencer Ă  venir au travail en prenant le mĂ©tro etc….Ă  ceci près que, je peux aussi marcher. Si je m’y prends suffisamment Ă  l’avance. Si ce n’est pas trop loin. ça me fait sourire lorsque, dans la rue, on me dit que «  c’est loin Â», alors qu’il s’agit de marcher quinze minutes.

 

 

VĂ©lo Taffe : pourquoi ce titre ?

 

J’ai dĂ©couvert l’expression « vĂ©lo-taf Â» il y a seulement quelques mois. Mais au moment d’écrire cet article, il m’a amusĂ© de faire un jeu de mot.

 

Si je suis non-fumeur depuis toujours, j’aime ces moments, oĂą, l’on prend le temps de s’apesantir comme lorsque l’on prend une taffe. C’est un petit peu mon Ă©quivalent du Birth of the Cool de Miles Davis, lorsqu’il avait dĂ©cidĂ© de ralentir le tempo du Jazz qui se jouait alors. 

 

Donc, VĂ©lo Taffe, non pour se remplir les poumons et le cerveau- ou les autres organes- de tumeur et de nicotine. Mais pour prendre le temps de respirer. Pour retrouver son souffle et son inspiration. En regardant Ă  nouveau autour de soi. 

Si l’article de cette nouvelle rubrique a Ă©tĂ© long, c’est parce-que cela faisait plusieurs semaines que je pensais Ă  m’y atteler. Mais je ne disposais pas du temps nĂ©cessaire. Les articles suivants devraient ĂŞtre plus courts.

Article Ă©crit avec le concours de l’album Myopia d’Agnes Obel, et, avant cela, de l’album The Good, The Bad & The Queen du groupe du mĂŞme nom ( avec Feu Tony Allen) et de l’album Meat is Murder de The Smiths que je dĂ©couvrais. 

Franck Unimon, ce jeudi 18 mars 2021.

 

 

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self-défense/ Arts Martiaux

Marche jusqu’au viaduc

 

                                           Marche jusqu’au viaduc

Elles ont probablement pris le bus 361. On peut le trouver à la gare d’Argenteuil d’où il part. C’est à une dizaine de minutes, en marchant bien, depuis le lycée Cognac-Jay.

 

Si elles sont parties du lycée, elles ont peut-être même pris le bus depuis le centre-ville d’Argenteuil, avenue Gabriel Péri, pour aller jusqu’à la gare. Et puis, attendre et prendre le bus 361 ensuite jusqu’à l’arrêt Belvédère. Là où Argenteuil se rapproche de la ville d’Epinay sur Seine.

L’arrĂŞt ” BelvĂ©dère” du bus 361 oĂą Alisha est peut-ĂŞtre descendue avec sa camarade, le 8 mars.

 

 

En partant depuis la gare d’Argenteuil jusqu’à l’arrĂŞt BelvĂ©dère, près du viaduc qui passe sous l’autoroute A15,  en bus, cela doit prendre une dizaine de minutes.

 

Ce trajet peut même se faire à pied. C’est ce que je viens de faire, ce matin, après avoir emmené ma fille à l’école. Même si le bus 361 a un arrêt près de chez nous.

 

Intérieur-Extérieur

 

Il y a quelques nuits, au travail, j’ai eu un moment de dĂ©prime, en sourdine, venu sans prĂ©venir. C’est passĂ©. Personne n’a rien vu. Ni au travail. Ni chez moi. Je suis comme beaucoup de monde : j’ai un extĂ©rieur. Et un intĂ©rieur. Entre les deux, je filtre. Je fais le tri entre ce que je choisis de montrer et d’exprimer selon le moment, selon l’interlocuteur que j’ai en face de moi, selon la situation, et, bien-sĂ»r, selon la gravitĂ© que j’attribue Ă  ce que je ressens ou pense.

 

Une histoire de confiance

 

Bien-sĂ»r, il y a aussi une histoire de confiance. Certaines personnes se racontent facilement voire Ă  n’importe qui par la voire orale. Je dirais que je sĂ©lectionne assez strictement celles et ceux Ă  qui je me confie.  Mais, aussi, que je n’aime pas inquiĂ©ter mon entourage d’une manière gĂ©nĂ©rale. Des coups durs et des contrariĂ©tĂ©s, on peut en vivre Ă  peu près tous les jours.

 

Apprendre Ă  encaisser et Ă  esquiver

 

Pour vivre, Il faut donc, aussi, apprendre Ă  encaisser et Ă  esquiver. Mais, aussi, Ă   alerter des personnes ad hoc, ou qui l’on peut, lorsque cela devient vraiment nĂ©cessaire.

 

S’il est certaines menaces et certains dangers que l’on ignore ou que l’on nĂ©glige, il est, aussi, trop de fausses urgences ou trop de fois oĂą l’on va brasser beaucoup de forces pour presque rien. On me dira : mieux vaut prĂ©venir que guĂ©rir. Bien-sĂ»r. Mais ça peut-ĂŞtre utile, aussi, pour d’autres qui peuvent vĂ©ritablement en avoir besoin, d’apprendre soi-mĂŞme la diffĂ©rence entre une vraie urgence et ce qui l’est moins.

 

Le même père

 

A mon travail, donc, il y a quelques jours, personne n’a su, je crois, que j’ai eu un petit passage Ă  vide. A la maison, non plus, pour les mĂŞmes raisons. Ce matin, je suis restĂ© le mĂŞme père qui engueule sa fille avant de l’emmener Ă  l’école parce qu’elle traĂ®nait. Alors que j’avais tout prĂ©parĂ© avec elle une bonne vingtaine de minutes plus tĂ´t pour Ă©viter ce genre de situation. Lors du trajet vers l’Ă©cole, après quelques minutes de marche, ma fille a mis sa main dans la mienne. Bien-sĂ»r, je l’ai prise. Il arrivera un jour oĂą nous ne nous donnerons plus la main, elle et moi. D’ici lĂ , j’espère ĂŞtre parvenu Ă  lui apprendre ce qu’est une vraie urgence, mais aussi Ă  se dĂ©fendre et Ă  avoir confiance en elle.

 

Si Alisha, ce 8 mars 2021….

 

 

Si Alisha Khalid, ce 8 mars 2021, avait effectuĂ© le trajet jusqu’au viaduc en marchant, j’ai envie de croire que sa mort aurait pu ĂŞtre esquivĂ©e. 

Ce trajet jusqu’au viaduc oĂą elle a Ă©tĂ© tabassĂ©e puis d’oĂą elle a Ă©tĂ© jetĂ©e dans la Seine, je viens de le faire Ă  pied Ă  l’aller comme au retour. Bien-sĂ»r, lĂ -bas, personne ne m’attendait pour me faire la peau ou me foutre le feu.

 

A l’aller, comme j’avais du mal à situer où ça se trouvait, j’ai dû demander mon chemin à plusieurs personnes.

 

 

14 ans

 

En Mai, cela fera 14 ans que j’habite dans cette ville. Pourtant, je ne m’étais jamais rendu à cet endroit.

 

Il y a 14 ans, Alisha venait Ă  peine de naĂ®tre. Ses deux meurtriers avaient un an tout au plus. Cela nous rappelle qu’il s’en passe du temps, avant de devenir meurtrier. Dans mon premier article ( Alisha, 14 ans, morte dans la Seine ce 8 mars 2021), j’ai Ă©crit que « trois Â» personnes avaient tuĂ© Alisha. Deux garçons et une fille. J’ai dĂ» mal comprendre ou peut-ĂŞtre que c’est une information qui a au dĂ©but circulĂ©. 

J’ai dĂ©cidĂ© de laisser cette erreur dans cet article.

 

Deux visages

 

Cette erreur de « rĂ©cit Â» ne change rien : Alisha est morte après s’être faite piĂ©gĂ©e. On peut aussi se dire que le garçon qui l’a frappĂ© avait, comme nous tous (femmes ou hommes), au moins deux visages. Celui, le plus connu, du garçon tranquille et “sans histoire” ( qu’est-ce que ça veut dire, “ĂŞtre sans histoire” ? Nous avons tous une histoire). Et,  ce 8 mars 2021, celui de l’agresseur qui a attendu sa victime qui lui a Ă©tĂ© apportĂ©e en sacrifice sur un plateau. 

 

On peut bien-sûr avoir deux visages, un visage public et un visage plus intime ou plus secret, sans être pour autant un meurtrier ou un criminel.

 

Mais il se trouve que pour Alisha, le deuxième visage de ce  jeune garçon et de sa complice, a Ă©tĂ© celui, le 8 mars 2021, de deux meurtriers.

 

 

Erreur de récit et nombre d’agresseurs

 

 

Cette erreur de rĂ©cit concernant le nombre d’agresseurs d’Alisha ne change rien :

 

Lorsque des événements subits nous arrivent, nous recomposons et interprétons partiellement, difficilement, et souvent avec des erreurs, les informations que nous recevons.

Parce qu’émotionnellement et intellectuellement, nous sommes limitĂ©s et qu’il nous faut un temps plus ou moins long pour nous ajuster Ă  l’évĂ©nement. Pour bien et mieux comprendre. Lorsque nous sommes capables de bien reconstituer le puzzle :

Le trauma et la perte d’un ĂŞtre proche – ou non- peuvent nous empĂŞcher de « comprendre Â» et de reconstituer le puzzle des Ă©vĂ©nements.

 

 

Contributions Ă  la rĂ©ussite du/d’un crime :

 

Le 8 mars,  le trajet en bus- s’il a eu lieu– a contribuĂ© Ă  la rĂ©ussite du crime. Pour la rapiditĂ© du trajet. Car il aurait fallu environ trente minutes, Ă  pied, pour aller jusqu’au viaduc depuis la gare d’Argenteuil. Et un peu plus depuis le lycĂ©e. Tout dĂ©pend bien-sĂ»r de lĂ  oĂą elles sont parties et de lĂ  oĂą elles se sont rencontrĂ©es pour aller “ensemble” jusqu’au viaduc. 

 

En trente minutes, il faut pouvoir tenir son rĂ´le afin d’endormir la vigilance de la future victime. La complice du jeune agresseur et co-meurtrier avait peut-ĂŞtre la capacitĂ© Ă  faire bonne figure. Mais, en trente minutes, on peut, un peu plus facilement Ă  un moment ou Ă  un autre, instinctivement sentir que quelque chose « cloche Â» dans l’attitude de la personne qui nous accompagne.

 

A ce moment-là, ce qui permet, ou non, la suite du scénario jusqu’à la mort, c’est peut-être l’optimisme,l’incrédulité ou la naïveté de la victime. Mais, sûrement, d’abord, le sentiment de confiance que la victime ressentait vis-à-vis de celle qui l’accompagnait. Ce sentiment de confiance a suffisamment pris le dessus sur les éventuels doutes que la victime ( Alisha, ici) a pu avoir à un moment donné, lors du trajet.

Car elle « connaissait Â» celle qui l’accompagnait. Et, Ă  ce que j’ai appris, les lieux oĂą elles se sont rendues toutes les deux Ă©taient pour elle des lieux familiers qui entretiennent aussi la confiance.

 

Le sentiment de confiance :

 

 

Je pourrais ĂŞtre le père ou l’éducateur de ces trois jeunes, d’Alisha, et des deux meurtriers. Je suis un homme plutĂ´t en bonne santĂ© et que l’on dĂ©crit plutĂ´t comme une personne que, spontanĂ©ment, on ne va pas aller provoquer ou menacer dans la rue. Mais je suis aussi un trouillard. J’ai aussi Ă©tĂ© un ado. Et, je sais qu’ado, on aime bien avoir ses coins Ă  soi, avec des personnes de notre âge, Ă  l’écart des adultes oĂą l’on fait notre vie : on y a notre intimitĂ© avec des gens de notre âge ou Ă  peu près. 

 

Je suis incapable de dire, si, ado, j’aurais pu me rendre là où Alisha et l’autre jeune fille se sont rendues ensemble ce 8 mars. Par contre, en m’y rendant tout à l’heure pour la première fois là, je me suis dit qu’il fallait vraiment se sentir en confiance pour y aller. Même en plein jour.

 

Il faut passer Ă  droite pour rejoindre les berges de Seine. C’est par lĂ  que j’ai vu descendre un cycliste alors que j’arrivais.

 

 

 

 

Même si, avant de m’engager dans cet endroit, j’ai vu passer un cycliste qui semblait un habitué de ce trajet.

 

Vers les berges de Seine en descendant.

 

 

Ce que l’on voit derrière soi, quand on se retourne, quand on descend vers les berges de Seine.

 

 

 

 

On peut sĂ»rement passer de très bons moments et avoir de bons souvenirs ici. Mais ça fait aussi un peu “coupe-gorge”, non ? Et lorsque ces photos ont Ă©tĂ© prises, nous Ă©tions en plein jour ce mardi matin entre 9h et 9h30.

 

En sortant du petit tunnel.

 

 

Je n’ai pas compris tout de suite, en apercevant ce graf’ sur le viaduc qu’il concernait Alisha.

 

LĂ , non plus, je n’avais pas encore dĂ©chiffrĂ© le prĂ©nom d’Alisha. On peut me trouver Te-bĂŞ, mais il faut bien comprendre que je dĂ©couvrais l’endroit dans des circonstances Ă©motionnelles particulières. Le lieu est loin d’ĂŞtre paradisiaque et a plus eu tendance Ă  mobiliser ma vigilance que mes facultĂ©s pour le dĂ©cryptage et la mĂ©ditation.

 

Les bouquets de fleurs m’ont aidĂ© Ă  voir.

 

 En bas du viaduc, devant les fleurs posĂ©es en mĂ©moire d’Alisha, j’ai ensuite croisĂ© un jogger, qui, en s’approchant, avec ses baskets de la marque Hoka, et en apercevant ces fleurs, a d’abord secouĂ© la tĂŞte en signe de dĂ©sapprobation puis s’est dĂ©tendu pour me rĂ©pondre :

 

La direction prise par le cycliste vers St-Denis. Le jogger a pris la direction inverse. Vers moi. Le viaduc est alors pratiquement derrière moi.

 

De lĂ  d’oĂą il venait, le long de la Seine, on pouvait aller loin. Jusqu’à la ville de Saint-Denis ! Et, selon lui, le chemin dans cette direction Ă©tait meilleur pour faire des footing. Puis, il est reparti sans peine.

 

Meurtres glaçants :

Ce matin, avant d’emmener ma fille Ă  l’école, j’ai essayĂ© de trouver de nouvelles informations. Car j’avais vraiment du mal Ă  « voir Â» oĂą pouvait bien se trouver ce viaduc !

 

Tout ce que j’ai pu trouver comme article remontait à dimanche. Le 14 mars. Il y a deux jours. J’ai compris que pour les média, l’essentiel avait été fait. Couvrir l’événement jusqu’à la marche blanche. Figer les informations. Puis, passer à d’autres sujets. Comme d’autres fois. Comme images ou photos du Viaduc, je trouvais toujours les mêmes. Mais rien pour m’indiquer précisément où cela se trouvait.

 

Du meurtre, on l’a dĂ©crit comme « glaçant Â». MĂŞme le journaliste Harry Roselmack a employĂ© ce terme. C’était il y a quelques jours. Oui, ce meurtre est « glaçant Â». Parce qu’il a fini dans la Seine, dans la noyade et dans le sang.

 

Mais on parle beaucoup moins de tous ces meurtres, sans traces de sang,  sans scène de crime, bien mieux prĂ©mĂ©ditĂ©s, oĂą l’on licencie des personnes par centaines et par milliers pour assurer Ă  des actionnaires et Ă  des privilĂ©giĂ©s leur marge de profit annuelle.

 

 

Cela n’a rien Ă  voir avec le meurtre d’Alisha, vraiment ?!

 

Il s’agit pourtant de meurtres d’autant plus « glaçants Â» qu’ils sont routiniers et invisibles. Parlez-en aux proches de celles et ceux qui se font licencier. Ou aux personnes licenciĂ©es. Expliquez-leur que tout va bien pour elles et eux. Qu’ils n’ont pas Ă©tĂ© piĂ©gĂ©s. Que, personne, n’a endormi leur vigilance. Que, eux, au moins, ils sont vivants. Et qu’ils peuvent rebondir.

Pendant qu’on nous montre, et c’est normal, ce meurtre d’Alisha, on passe sous silence, tous ces meurtres de notre vie quotidienne, que nous subissons et acceptons en bons citoyens éduqués, civilisés, apeurés et désarmés.

 

Photo prise “derrière” le graf. Depuis lĂ , oĂą, vraisemblablement, Alisha a Ă©tĂ© frappĂ©e puis jetĂ©e dans la Seine. J’ai dĂ» rester lĂ  deux Ă  trois minutes. Pas plus. C’est de lĂ  que j’ai aperçu le “foyer” du SDF, sur la droite. Mais je ne l’ai pas vu. Le sentiment dominant que j’ai alors ressenti a Ă©tĂ© la peur. La peur du vide.

 

 

Rebondir

 

 Je ne supporte pas ce terme prĂ©mâchĂ© et formolĂ©.” Rebondir”….telle une balle de tennis Ă  Roland-Garros.

 

Mais, Alisha, c’est certain, n’a pas pu rebondir le 8 mars. Une fois sur place, tout Ă  l’heure, lĂ  oĂą sa vie s’est terminĂ©e, je me suis d’abord senti subitement seul ( avant de passer “derrière” le graf et le bĂ©ton).  On ne rĂ©agit pas tous avec la mĂŞme luciditĂ© ni avec la mĂŞme combattivitĂ© lorsque l’on se sent subitement seul. Quel que soit l’endroit, le moment ou les personnes avec lesquelles on se trouve.

 

Sur le papier, en thĂ©orie, ou lorsque l’on se sait entourĂ© de personnes de confiance solides et fortes, on peut peut-ĂŞtre se reposer sur elles ou s’inspirer de leur exemple. Mais, lorsque c’est tout le contraire. Et que l’on est vĂ©ritablement, et soudainement seul, face Ă  soi-mĂŞme. Et que toutes les apparences, tous les maquillages et tous les mensonges- les nĂ´tres et ceux de nos agresseurs- qui nous prĂ©servent et nous dissimulent disparaissent d’un seul coup, comment fait-on ?

 

Il fallait vraiment se sentir en confiance, ĂŞtre un(e)  habituĂ©(e) de l’endroit ou avoir des intentions pacifiques pour ne pas se sentir menacĂ© sous cette autoroute.

 

J’ai vu ce qui Ă©tait sans doute le « domicile Â» du SDF qui se trouve près de lĂ  oĂą Alisha a Ă©tĂ© passĂ©e Ă  tabac. J’ai vu, je crois, les traces de sang que le SDF a dĂ©signĂ©es quand il a tĂ©moignĂ©. J’avais vu la vidĂ©o de son tĂ©moignage sur le net.

 

Je ne l’ai pas rencontrĂ©. Mais j’ai vu ses paires de chaussures, l’amĂ©nagement de son lieu de vie. J’ai mĂŞme vu sa paire de gants de boxes accrochĂ©e. J’aurais voulu discuter un peu avec lui. Savoir comment on fait pour continuer de vivre après « Ă§a Â». Mais aussi, le connaĂ®tre un peu. ConnaĂ®tre sa vie. Ce qui l’a amenĂ© jusqu’à venir vivre ici. Cependant, je n’insisterai pas car je n’ai pas envie de l’enquiquiner ou de faire le voyeur. Et, c’est pour ces raisons que je ne montre pas de photos de son « foyer Â» ou des traces de sang supposĂ©es d’Alisha sur le sol.

 

Biographie brève des deux jeunes meurtriers :

 

 

A ce que j’ai compris un peu de la biographie des deux jeunes meurtriers, ceux-ci ont en commun de ne pas avoir connu leur père. Ou de l’avoir perdu. Alisha Ă©tait tout le contraire : c’était, Ă  entendre une partie du discours de sa mère, une adolescente heureuse dans une famille plutĂ´t unie, avec un père, et une bonne Ă©lève. Elle Ă©tait aussi jolie.

 

« Le Â» meurtrier, lui, n’a pas connu son père et avait beaucoup d’absentĂ©isme scolaire. MĂŞme si, une fois Ă  l’école, il semblait plutĂ´t content et dans le coup d’un point de vue scolaire d’après le tĂ©moignage de sa mère. Ses absences scolaires semblaient principalement dues au fait qu’il jouait beaucoup aux jeux vidĂ©os. Mais bien d’autres jeunes qui prĂ©fèrent passer leur temps devant des jeux vidĂ©os, au lieu d’aller Ă  l’école, ne deviennent pas des meurtriers.

 

« L’autre Â» meurtrière, j’ai oubliĂ©, si elle Ă©tait bonne Ă©lève. Mais elle Ă©tait aussi sans père. C’est aussi une jolie fille, apparemment, et celle qui est devenue la petite amie du « meurtrier Â». Après qu’Alisha ait eu une histoire amoureuse « d’une semaine Â» avec lui.

 

D’après ce que j’ai « lu Â» ou « entendu Â» en glanant sur le net, j’en dĂ©duis que le tandem qui a tuĂ© Alisha Ă©tait fusionnel.

 

 

Devant l’obstacle : prĂ©mĂ©ditation et acharnement

 

 

A un moment donné, Alisha, pour eux, a sans doute pris l’apparence de celle qui pouvait devenir un obstacle à leur fusion. Un obstacle, ça s’évite, ou ça se détruit. Ou ça se jette dans la Seine ou dans le vide.

 

On parle de « prĂ©mĂ©ditation Â». On apprendra plus tard peut-ĂŞtre jusqu’à quel point. Pour l’instant, je crois que ce qui a Ă©tĂ© prĂ©mĂ©ditĂ©, c’est surtout l’embuscade, le passage Ă  tabac ou le règlement de comptes. Ensuite, je veux bien croire que, pour se « dĂ©barrasser Â» du problème, ou sous l’effet de la colère, et parce-que l’endroit s’y « prĂŞtait, qu’Alisha a « fini Â» dans la Seine. Dans un autre endroit, dans un parc, par exemple, loin d’un fleuve, Alisha ne serait peut-ĂŞtre pas morte de noyade. Mais peut-ĂŞtre d’une autre forme d’acharnement.

 

 

Une colère et une tristesse aveugles qui viennent de loin :

 

J’explique cet acharnement des deux jeunes par une colère et une tristesse – aveugles- qui viennent de loin. De plusieurs années. D’avant leur rencontre avec Alisha au lycée Cognac-Jay. Une colère et une tristesse invisibles, indicibles, qu’ils portaient en eux depuis leur histoire personnelle.

 

Une colère qu’ils ont « mutualisĂ©e Â» en fusionnant et, dont, la personne et le corps d’Alisha, sont devenus la cible. Je raisonne bien-sĂ»r en « psy Babou Â»  ou en “psy de supermarchĂ© Â».  Je n’ai pas de certitudes sur la façon dont ça s’est passĂ©. Je compose avec ce que j’ai attrapĂ© comme informations Ă  droite, Ă  gauche. Mais je sais que lorsque les mots Ă©chouent, les coups peuvent tuer.

 

 

Etre puissants :

Je crois, que, lorsqu’ils ont frappĂ©, les deux jeunes meurtriers, ont estimĂ© qu’ils leur fallait frapper fort et ĂŞtre « puissants Â» pour se guĂ©rir ou se libĂ©rer d’une offense ou d’une menace qui avait les traits d’Alisha.

 

Ensuite, après le dĂ©ferlement ou la bouffĂ©e d’adrĂ©naline, est arrivĂ©e la redescente sur terre et la prise de conscience. Le : «  J’ai fait une bĂŞtise Â». Sauf que ce n’était plus une bĂŞtise d’un enfant de cinq ans qui a cassĂ© la jolie tasse de maman ou de papa sous l’effet de la colère. Une tasse que l’on peut rĂ©parer, racheter ou oublier.

 

Non. C’était une personne, cette fois, qui avait pris ou bu la tasse. Après avoir Ă©tĂ© tabassĂ©e. C’était plus grave. Une bĂŞtise de « grand Â» : de quelqu’un qui a grandi, qui a dĂ©sormais plutĂ´t une apparence et une force d’adulte mais qui, dans le fond, doit encore apprendre Ă  devenir adulte et Ă  se maitriser. A savoir faire la part des choses entre son intĂ©rieur et son extĂ©rieur. On a toute une vie pour apprendre ça. Sans prendre pour autant la vie des autres. C’est un travail difficile. Plein de personnes ne rĂ©ussissent pas Ă  rĂ©aliser ce travail. Et, on ne touche pas de salaire pour l’effectuer.

 

Une heure et quinze minutes :

 

 

Sous ce viaduc, après avoir pris des photos et filmĂ©, après avoir fait « le tour Â», d’un seul coup, je ne savais plus quoi faire de mes mains. C’était le moment pour moi de partir. Je n’avais plus rien Ă  faire lĂ .

 

Un peu plus tĂ´t, en arrivant et en m’approchant des bouquets de fleurs, comme je l’ai Ă©crit, je me suis senti seul. Et, j’ai entendu un peu un titre de John Lee Hooker oĂą celui-ci confirme Ă  quelqu’un qu’il est seul. Peut-ĂŞtre ce titre oĂą il chante Oh, Come back, Baby, Let’s Talk it Over… One More Time.

 

On trouvera peut-ĂŞtre que j’en ai trop fait avec ce « fait divers Â» ( Alisha, 14 ans, morte dans la Seine ce 8 mars 2021Harcèlement et rĂ©seaux sociaux : la dĂ©mocratisation et la sophistication des guillotines). Qu’il m’obsède par rapport Ă  ma fille  ou que je suis excessif. Ou, limite timbrĂ© et paranoĂŻaque. Mais, ce n’est pas grave. En tout et pour tout, cela m’a pris 1h15 pour faire l’aller et retour Ă  pied jusqu’à cet endroit.

 

Je ne vois pas en quoi donner 1h15 de mon temps pour cette marche m’a privĂ© de quoique ce soit. Je ne vois pas pourquoi passer 1H15 dans les rayons d’un supermarchĂ© ou pour regarder un Ă©nième dvd ou pour zoner sur internet Ă  la place aurait eu plus de valeur.   

 

Je suis dĂ©solĂ© si je donne l’impression d’être morbide :

 

Mais si l’agonie d’Alisha jusqu’à sa mort a sûrement été longue, son passage à tabac puis son rejet dans la Seine a sûrement pris beaucoup moins de temps qu’une heure et quinze minutes.

 

 

 

En m’éloignant du viaduc

En commençant Ă  m’éloigner du viaduc, ce qui devait arriver est arrivĂ© :

 

Je me suis mis Ă  pleurer.

 

 

Mais je n’étais pas dĂ©truit. J’ai pensĂ© au navigateur Jean Le Cam lors du dernier VendĂ©e Globe. Lorsqu’il avait compris, vers la fin de la course que son navire, endommagĂ©, aurait pu couler et, lui, mourir avec. Une fois arrivĂ© sain et sauf, Ă  terre, il avait expliquĂ© sur le plateau tĂ©lĂ© que l’être humain Ă©tait « bien fait Â». Car, pleurer lui avait d’abord fait du bien. Ensuite, il s’était repris.

 

Je me suis rapidement arrêté de pleurer en m’éloignant du viaduc.

 

Alors que je marchais dans la rue d’Epinay pour rentrer, la colère que j’ai ressentie, il m’a semblé que rien ne pourrait l’arrêter. Lorsque je suis comme ça, personne, jamais, à ce jour, n’est venu m’enquiquiner.

 

Une fois, chez moi, j’ai jeté mon masque anti-Covid, j’ai changé de chaussures et je me suis mis à écrire.

 

Depuis, j’essaie aussi d’Ă©couter  un album d’Agnès Obel en me disant que cela ne peut que me faire du bien. 

 

Franck Unimon, ce mardi 16 mars 2021.

 

 

 

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Harcèlement et réseaux sociaux : la démocratisation et la sophistication des guillotines

Avenue Gabriel PĂ©ri, Ă  Argenteuil, ce dimanche 14 mars 2021. L’Avenue Gabriel PĂ©ri est un des moyens d’accès et de sortie de la ville d’Argenteuil en prenant le pont d’Argenteuil, au bout, qui surplombe la Seine. C’est aussi une avenue qui traverse le centre-ville et qui mène, au bout ( derrière nous) vers la mairie actuelle d’Argenteuil. A gauche, sur la photo, on peut lire ” Alisha. Non, au harcèlement”. Sur la droite de la photo, la fresque que l’on voit orne un des bâtiments du conservatoire dĂ©partemental d’Argenteuil. Ordinairement, l’Avenue Gabriel PĂ©ri est Ă©videmment très passante d’autant que le dimanche est un jour de marchĂ©, le marchĂ© d’HĂ©loĂŻse, “derrière” le conservatoire. Enfin, en face de nous, au loin, on peut apercevoir sur le pont d’Argenteuil, le barrage policier rĂ©alisĂ© pour la circonstance de la marche blanche d’Alisha. Rappelons qu’Argenteuil compte plus de 100 000 habitants.

 

 

 

 

Harcèlement et rĂ©seaux sociaux : la dĂ©mocratisation et la sophistication des guillotines

 

 

« Harcèlement Â» Ă©tait l’un des chaĂ®nons manquants dans mon article ( Alisha, 14 ans, morte dans la Seine ce 8 mars 2021). C’est en dĂ©cidant finalement de me rendre hier Ă  la marche blanche (ce dimanche 14 mars 2021)  que je l’ai « dĂ©couvert Â». ArrivĂ© un peu après 14h, je suis reparti vers 14h40 avant le discours de la mère d’Alisha que j’ai partiellement entendu tout Ă  l’heure.

 

Dans la ville d’Argenteuil, dont l’entrĂ©e par le pont vers l’avenue Gabriel PĂ©ri et quelques rues près du lycĂ©e Ă©taient bouclĂ©es, le mot «  harcèlement Â» Ă©tait affichĂ© sur quelques murs. Mais aussi sur quelques tee-shirts comportant une photo d’Alisha. On pouvait aussi lire, inspirĂ© de la phrase reprise après les attentats « de Â» Charlie Hebdo, ce qui suit :

 

« Je suis Alisha Â».

 

Devant le lycĂ©e Cognac-Jay, ce dimanche 14 mars 2021. L’avenue Gabriel-PĂ©ri, qui traverse le centre-ville et mène Ă  la mairie, passe derrière le lycĂ©e.

 

 

Des personnes des deux sexes, masculin et féminin, portaient ce tee-shirt. Il faut le souligner et l’encadrer dans une ville, ou, comme ailleurs, certains apparats religieux entendent marquer les frontières, les corps – et les esprits- entre les hommes et les femmes.

 

Il y avait foule hier devant le lycĂ©e Cognac-Jay  pour Alisha et ses parents. La foule Ă©tait masculine et fĂ©minine. Adolescente et adulte. Il y avait mĂŞme des enfants et quelques voisins qui regardaient depuis leur fenĂŞtre ou leur balcon l’attroupement en « bas de chez eux Â».

 

 

Dans la rue, j’ai entendu le chiffre de « 2000 personnes Â» concernant la foule. Il y avait des journalistes, des camĂ©ramen et aussi plein de smartphones qui prenaient des photos ou filmaient. Je n’ai pas aperçu de drones. Mais, peut-ĂŞtre Ă©taient-ils cachĂ©s ?

 

Devant le lycée Cognac-Jay, toujours à Argenteuil, ce dimanche 14 mars 2021.

 

 

C’est une des curiosités de notre époque et aussi de notre espèce humaine que d’avoir la capacité de filmer et de prendre des photos de notre espace, comme à peu près de tout ce que l’on veut quand on le veut avec précision. Sans pour autant toujours nous sentir obligés de faire attention à celles et ceux que l’on filme.

 

Si une image peut aider à faire rêver, à libérer et à éduquer, il arrive aussi qu’elle opprime. Tout dépend du projet et de l’intention de celle ou de celui qui s’en sert et du public et de l’époque auxquels elle ou il s’adresse.

 

Au cinéma, il y a déja eu des débats concernant la responsabilité morale de celle ou de celui qui filme. Comme de ce que l’on a le droit de montrer. Quand et à qui.

Dans le monde de la photographie, aussi, cette question existe. En littérature, aussi. Chaque fois que l’on témoigne ou que l’on va rendre public une histoire ou une image sur un sujet sensible ou considéré comme sensible.

 

Il y a celles et ceux qui estiment que l’on peut pratiquement tout dire et tout montrer. Ou que seule «  la fin justifie les moyens Â». Tant qu’une image peut faire vendre et donner de la renommĂ©e Ă  son autrice ou Ă  son auteur. D’autres qui sont lĂ  pour secouer les esprits. Ou pour les enterrer.

 

On pourrait reparler des caricatures puisque je fais le parallèle avec le journal Charlie Hebdo dans cet article. Sauf qu’une caricature, malgré ses défauts, ne lapide pas, ne jette personne au dessus d’un pont ou sous un train. Elle ne fait sauter aucun immeuble ni aucun squelette. Une caricature ne poursuit pas une personne nuit et jour jusqu’à chez elle. Elle ne commet pas non plus d’attentat suicide.

 

 

Notre caricature

 

 

Chaque fois que nous les employons, les réseaux sociaux peuvent devenir une caricature de certains de nos travers.

 

Ils ont aussi du bon. Ils permettent de rester en contact, de rencontrer ou de retrouver des personnes qui comptent. Ils sont le pivot ou la lance de rampement de certaines carrières artistiques et professionnelles.

 

Mais les réseaux sociaux peuvent aussi être le lance-flammes qui, à l’image du chien de combat, peut causer énormément de torts si son propriétaire ou son usager le jette sur une proie ou une cible qui ne peut faire le poids. Et qu’il ne lâche pas.

 

Ils peuvent aussi devenir la bĂ©quille sans laquelle nous nous effondrons si nous leur donnons toute notre vie.  

 

Si l’on parle de « harcèlement Â», alors il faut parler de « l’emprise Â». Car les deux vont ensemble. Sauf que des situations « d’emprise Â», nous en connaissons tous. Certaines sont volontaires, d’autres moins. Certaines plus nocives que d’autres. Etre sous l’emprise de l’alcool ou de la peur n’a pas les mĂŞmes effets que d’être sous l’emprise de la lecture.

 

Près de l’avenue Gabriel PĂ©ri, ce dimanche 14 mars 2021.

 

 

Edward Snowden, dans son livre MĂ©moires vives ( 2019) rappelle cette Ă©poque oĂą, adolescent, il a dĂ©couvert un internet permettant de « converser Â» avec n’importe qui Ă  l’autre bout du monde partageant le mĂŞme centre d’intĂ©rĂŞt. Cet internet-lĂ ,  a Ă©tĂ© une Ă©cole alternative ou parallèle et l’est peut-ĂŞtre restĂ© pour certaines et certains. Sauf qu’à cette Ă©poque, internet « se mĂ©ritait Â» en quelque sorte explique Snowden :

 

Il fallait avoir de sĂ©rieuses compĂ©tences informatiques pour parvenir Ă  se connecter sur le net. C’était peut-ĂŞtre cette Ă©poque, avant l’essor de la tĂ©lĂ©phonie mobile, oĂą les tĂ©lĂ©phones fixes Ă  fil Ă  domicile Ă©taient La règle. Et oĂą, chaque fois que l’on tentait de joindre une internaute ou un internaute Ă  son domicile, cela Ă©tait impossible si celle-ci ou celui-ci Ă©tait « connectĂ©(e). Car la ligne tĂ©lĂ©phonique restait alors systĂ©matiquement occupĂ©e. Aujourd’hui, il est banal de pouvoir ĂŞtre joint sur son smartphone alors que l’on navigue sur le net.

 

Snowden relate aussi certains travers que lui-mĂŞme a pu avoir, sous couvert de pseudo, adolescent, sur certains forums, oĂą il avait pu se permettre certains propos dĂ©placĂ©s. Et, parce qu’il n’a a priori tuĂ© personne Ă  cette Ă©poque, il explique que l’anonymat des internautes peut aussi permettre de donner une chance Ă  certaines et certains de changer et de se racheter une conduite au lieu d’être fichĂ©s pour des conneries qu’ils ont pu faire « plus jeunes Â».

 

Il est probable qu’un certain nombre des internautes, qui, aujourd’hui (ou hier) enfants, prĂ©-adolescents ou adolescents ou mĂŞme adultes se permettent d’écrire et de tenir des propos qu’ils regretteront d’eux-mĂŞmes par la suite. Ne serait-ce, par exemple, que sur Youtube mĂŞme si ce n’est pas un rĂ©seau social en tant que tel. Mais oĂą le fait de visionner une simple vidĂ©o et d’en « parler Â» suffit pour- très rapidement- voir surgir ici ou lĂ  des propos « extraordinaires Â» d’agressivitĂ© et de jugements personnels et dĂ©finitifs. La façon dont ça peut très vite « dĂ©goupiller Â» entre deux internautes peut me faire rire. Mais ces dĂ©rapages frĂ©quents donnent une idĂ©e de ce que la facilitĂ© d’accès Ă  internet a amenĂ© comme « pollution Â» dans les Ă©changes entre internautes.  Comme la dĂ©mocratisation de l’escalade de l’Everest ou de l’Himalaya a pu, dans une moindre mesure, contribuer Ă  polluer une rĂ©gion du monde qui, « auparavant Â», Ă©tait pratiquement immaculĂ©e ou rĂ©servĂ©e Ă  quelques uns qui Ă©taient prĂŞts Ă  donner de leur personne pour atteindre un certain sommet.

 

C’est que depuis l’adolescence de Snowden ( E.Snowden est nĂ© en 1983), le net et le Web se sont « dĂ©mocratisĂ©s Â». DĂ©sormais, en quelques clics, n’importe qui, n’importe quand, peut activer une ou plusieurs guillotines Ă  distance. Mais aussi les programmer en s’allouant la complicitĂ© spontanĂ©e d’autres personnes trop contentes de participer et de faire appliquer leur sens de la justice. Tout en verrouillant leur cible.

 

Devant le lycée Cognac-Jay, ce dimanche 14 mars 2021.

 

 

Alisha est morte de ça, je crois : de la dĂ©mocratisation et de la sophistication des guillotines.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 15 mars 2021.

 

 

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Alisha, 14 ans, morte dans la Seine ce 8 mars 2021

 

Alisha, 14 ans, morte dans la Seine ce 8 mars 2021

Aujourd’hui, dimanche 14 mars 2021, à 14 heures, une marche partira du Lycée professionnel Cognac-Jay, où elle était scolarisée. La jeune Alisha, 14 ans, a été tuée par trois de ses camarades ce 8 mars 2021. Journée de la Femme.

 

Depuis des années, une femme meurt tous les trois jours en France sous les coups de son conjoint ou de son ex-conjoint. Ce chiffre est rappelé dans le podcast où la journaliste Léa Salamé interroge la colonelle de gendarmerie, Karine Lejeune. Un podcast réalisé pour France Inter ce 2 janvier 2021. Deux mois avant la mort d’Alisha et d’autres.

 

A 14 ans, on pourrait dire qu’Alisha n’était pas encore une femme. Mais, pour ce que j’ai lu des Ă©vĂ©nements, c’est bien au moins dans un contexte passionnel, mĂŞme si l’acte a Ă©tĂ© prĂ©mĂ©ditĂ©, qu’elle est morte. Trois personnes l’ont tuĂ©e. Une jeune de son âge qui l’a emmenĂ©e sur les lieux de l’embuscade. Et deux garçons qui « l’attendaient Â». Dont son ex-petit ami, si j’ai bien compris.

 

Cela s’est passĂ© Ă  Argenteuil, ville oĂą j’habite. Et je situe bien oĂą se trouve le lycĂ©e Cognac-Jay. Pour tout « arranger Â», un de mes proches, adulte, a connu l’auteur principal de l’homicide. Donc, tout cela me touche d’autant plus personnellement.

 

Je ne pourrai pas rejoindre la marche pour Alisha tout à l’heure. J’ai travaillé cette nuit. Je reprends le travail cette nuit. Et, à 14 heures, je me reposerai. Provisoirement. Contrairement à Alisha dont le repos est définitif.

 

Par contre, je peux écrire. Pour elle, pour les autres. Et toujours pour moi.

 

Je tiens Ă  le prĂ©ciser tout de suite :

 

Je ne suis pas fĂ©ministe. Je le prĂ©cise parce-que, aujourd’hui, Ă  moins d’être un intĂ©griste d’une certaine religion, je trouve que c’est très facile de se dire « fĂ©ministe Â». Comme c’est très facile, aussi, de se dire « pour le mariage gay Â». C’est Ă  la mode. C’est comme, pour un homme,  aujourd’hui, porter une boucle d’oreille ou avoir le crâne rasĂ©. C’est très facile, en France. En plus, ça permet de donner de soi une belle image : celle d’une personne cool, tolĂ©rante et “Ă©voluĂ©e”, bien de son temps.

C’est très important tout ça, de donner de soi, une belle image. D’ĂŞtre “branchĂ©”. d’ĂŞtre “dans le coup”. D’ĂŞtre un adepte et un pratiquant de la Nouvelle norme. Après…la Nouvelle Vague….

 

Je ne rĂ©agis donc pas en tant que « fĂ©ministe Â» dans cet article. Mais en tant que personne. Car je suis une personne. Comme Alisha en Ă©tait et en reste une.

 

Dans les quelques commentaires que j’ai pu lire et entendre Ă  la tĂ©lĂ© Ă  propos des conditions de sa mort, l’adjectif « glaçant Â» a Ă©tĂ© utilisĂ©. Oui, la description du dĂ©roulement de son homicide est glaçante. Je n’arrive pas encore Ă  bien cerner d’oĂą, exactement, Alisha, a Ă©tĂ© balancĂ©e dans le vide. Mais si j’y parviens, je me suis dit que je m’y rendrais. En attendant, ce qui est « glaçant Â», pour moi, c’est d’imaginer ce moment oĂą ses meurtriers ont dĂ©cidĂ© de la soulever du sol, après l’avoir tabassĂ©e, pour la faire passer par dessus le pont. Il en faut de la dĂ©termination pour cela. Et, qu’est-ce que cela a dĂ» ĂŞtre effroyable comme passage de la vie Ă  la mort pour Alisha.

 

C’est une sorte de frisson et de colère que je ressens. Frisson et colère pour cette impuissance intraitable qu’elle a dĂ» ressentir face Ă  cette mort vers laquelle cette ultime rencontre l’a conduite. Elle qui, apparemment, avait Ă©conduit l’un des auteurs de sa mort. J’ai tendance Ă  croire que l’effet de groupe a – encore- jouĂ©. Seul, ce jeune garçon, mĂŞme en colère, n’aurait sans doute pas osĂ© aller aussi loin. Une nouvelle fois, la dĂ©termination, la supĂ©rioritĂ© numĂ©rique, en plus de la supĂ©rioritĂ© physique et de l’effet de surprise l’a emportĂ© sur la raison. On peut ĂŞtre plusieurs Ă  penser la mĂŞme chose- et Ă  la rĂ©aliser- et Ă  ĂŞtre plus que cons ! Plusieurs annĂ©es après sa mort, d’un cancer, Desproges continue d’avoir raison.

 

 

Vers la fin du podcast où Léa Salamé interroge la colonelle Karine Lejeune, fille et petite fille de gendarme, il est aussi évoqué le travail colossal réalisé par celle-ci pour combattre les violences faites aux femmes. On doit à la colonelle Karine Lejeune, ainsi qu’à une autre personne (une autre femme), le premier recensement des violences faites aux femmes en France. Recensement qui date de 2006. Résultat d’un travail conséquent obtenu en sollicitant les services de police et de gendarmerie de France.

 

A Ă©couter les deux femmes, ce chiffre d’une femme tuĂ©e tous les trois jours reste stable depuis qu’il a Ă©tĂ© trouvĂ© en 2006. Il y a 15 ans. Est-ce dĂ©sespĂ©rant ? La colonelle Lejeune explique que, malgrĂ© tout, non. Car, depuis, des campagnes de prĂ©vention rĂ©pĂ©tĂ©es rappellent et rendent public tel numĂ©ro d’urgence. Mais, aussi, que les services de police et de gendarmerie sont disponibles. Entre-temps, petit Ă  petit le personnel masculin- fĂ©minin ?- des forces de police et de gendarmerie commence Ă  ĂŞtre sensibilisĂ© au sujet. MĂŞme si c’est toute la sociĂ©tĂ© qui doit l’être est-il rappelĂ© dans le podcast.

 

En effet, le thème du podcast « Des femmes puissantes Â» reste un sujet animĂ© par une femme- la journaliste LĂ©a SalamĂ©- lĂ  oĂą il faudrait que l’on trouve plus souvent des hommes. Ceci reste une constante aussi lorsque l’on parle d’ouvrages littĂ©raires ou autres Ă©crits par des femmes oĂą il est question d’abus ou de violences faites aux femmes par des hommes. Dans le magazine TĂ©lĂ©rama, par exemple, c’est une journaliste qui a parlĂ© de l’ouvrage de Camille Kouchner qui relate un inceste dans sa famille. Inceste subi par son frère ou son cousin, donc un garçon. Sauf que c’est, elle, Camille Kouchner, une femme, qui raconte le vif de l’histoire. Comme si le sujet ne concernait ou ne pouvait concerner….que des femmes, journalistes, tĂ©moins ou victimes.

 

Cependant, un autre point continue de m’inquiĂ©ter concernant les violences d’une façon gĂ©nĂ©rale :

 

Vers la toute fin du podcast, LĂ©a SalamĂ© nous informe que depuis dix ans, les violences envers les forces de police et de gendarmerie ont augmentĂ© de « 80% Â». On remarquera au passage- mĂŞme si cela ne change rien- que les termes “forces de police et de gendarmerie” sont des termes…fĂ©minins.

LĂ©a SalamĂ© interroge la colonelle Karine Lejeune sur ce chiffre de “80%”. A-t’elle une explication Ă  ce sujet ? ( on aimerait tous que notre salaire, par exemple, ces dix dernières annĂ©es, ait connu une telle augmentation, non ?). 

 

Un peu plus tĂ´t, la colonelle avait condamnĂ© toute bavure Ă©manant d’un reprĂ©sentant de la Loi, policier ou gendarme. Et, elle avait critiquĂ© le fait que, trop souvent, le grand public amalgame le comportement de quelques policiers et de quelques gendarmes trop violents avec tout le corps de la gendarmerie et de la police. Par consĂ©quent, la Colonelle Karine Lejeune est contre ce terme de « violences Â» ou de « bavures»  policières qu’elle trouve trop rĂ©ducteur.

 

On peut la soupçonner un petit peu de dĂ©magogie ou de langue de bois dans un pays, oĂą, lors de la remise de son CĂ©sar de meilleur Espoir masculin il y a quelques jours, Jean-Pascal Zadi, rĂ©alisateur et acteur dans son dernier film Tout simplement Noir) cite les affaires Adama TraorĂ© et Michel Zecler dans son discours de remerciement. Pourtant, je crois encore, aussi, comme la Colonelle, que tout n’est pas noir dans la police comme dans la gendarmerie de France.

 

Ce qui m’a plus dĂ©rangĂ©, par contre, c’est cette rĂ©ponse de la colonelle Karine Lejeune, Ă  propos de son explication de cette augmentation des faits de violence ( « 80% Â») des citoyens envers les forces de police et de gendarmerie ces dix dernières annĂ©es.

 

Aujourd’hui, la Colonelle Karine Lejeune incarne une certaine modernitĂ© dans la sociĂ©tĂ© française. C’est une femme hautement gradĂ©e au sein de la gendarmerie nationale, majoritairement composĂ©e d’hommes. Et, elle raconte une anecdote avantageuse pour elle Ă  propos d’un de ses anciens supĂ©rieurs, le “gĂ©nĂ©ral incongru”, concernant certains propos sexistes au cours de sa carrière.

 

  La Colonelle est aussi une femme « moderne Â»  dans sa propre vie personnelle : mariĂ©e et plusieurs fois mère de famille, c’est son mari qui a pris un congĂ© parental  et mis en suspens sa carrière professionnelle. Mais elle peut aussi ĂŞtre un peu coquette lorsqu’elle est en service, loin de cette image de la gendarme « hommasse Â» a priori.

 

 Pourtant, cette femme « moderne Â» a alors deux rĂ©ponses Ă  mon sens totalement archaĂŻques ou stĂ©rĂ©otypĂ©es. Bien-sĂ»r, personne n’est parfait, mĂŞme moderne, mais quand mĂŞme, ça dĂ©note :

 

D’abord, comme d’autres avant elle, Madame la Colonelle déplore le fait qu’aujourd’hui, l’uniforme de la police et de la gendarmerie ne fait plus peur. Je tiens à préciser que je respecte l’uniforme de la police et de la gendarmerie ainsi que les personnes qui le portent.

 

Mais, ce que je trouve plus grave, dans les propos de Mme la Colonelle, c’est qu’elle ne s’explique pas ou ne comprend pas cette montée des faits de violence envers les représentants des forces de l’ordre en France ces dix dernières années.

 

Les causes de ces faits de violence sont bien-sĂ»r multiples. Et je ne vais pas me prĂ©tendre spĂ©cialiste du sujet. Par contre, en tĂ©moignant de son ignorance Ă  ce point, Mme la Colonelle rappelle tristement  ce fait :

 

MĂŞme en devenant pionnière dans un domaine, Ă  mesure, en France, que l’on incorpore  une certaine Ă©lite, on s’éloigne de plus en plus d’un nombre grandissant de citoyens qui ,lui,  cumule les Ă©checs et les exclusions de toutes sortes tandis qu’une minoritĂ©- qui vit dans un Ă©cosystème apparemment protĂ©gĂ© dont la journaliste LĂ©a SalamĂ© fait aussi partie- s’accapare la  majoritĂ© des rĂ©ussites, des privilèges comme des prestiges.

Cette minoritĂ© vit dans un vase clos. Et, plus les annĂ©es passent, plus les ambitions de cette minoritĂ© tendent Ă  rendre ce vase clos de plus en plus Ă©tanche. MĂŞme si certains ou plusieurs membres de cette minoritĂ© peuvent ensuite publiquement, gratuitement – ou sincèrement- trouver “glaçant” le rĂ©cit du dĂ©cès de la jeune Alisha. 

 

Cette cécité ou ce manque de conscience de Mme la Colonelle m’inquiète particulièrement du fait de son grade et de ses capacités en principe supérieures d’analyse, de jugement mais aussi de décision. Or, si elle n’est qu’un des rouages décisionnels et exécutifs en France, elle en est néanmoins l’un des plus puissants.

 

 

On pensera peut-être que tout cela n’a rien à voir avec la mort de la jeune Alisha. Que je mélange des sujets et des genres très différents. Ou que je fais passer la mort de celle-ci au second plan.

 

Je ne crois pas.

 

Je suis très touchĂ© par la mort de la jeune Alisha. Mon article n’est pas rĂ©digĂ© ici pour faire « genre Â», pour faire « joli Â» ou pour faire « style Â». Par ailleurs, malgrĂ© le temps que j’ai passĂ© Ă  le rĂ©diger, comme pour la plupart de mes articles, je sais qu’il sera, pour l’instant du moins, assez peu lu. Car, je fais aussi partie de la majoritĂ© des anonymes obĂ©issants et dĂ©pourvus de charisme. Et, je fais assez peu d’efforts en matière de communication pour avoir plus de “retentissement” mĂ©diatique.

 

J’approuve cette « fĂ©minisation Â» de la gendarmerie et d’autres corps de mĂ©tiers.

 

Par contre, je ne crois pas que la féminisation, à des postes clés de la société, ou dans le monde, va suffire à elle-même pour tout résoudre- mécaniquement- en termes de violences et d’espérance.

 

Je tiens Ă  rappeler ceci :

 

La norme, chez l’être humain, que l’on soit un homme ou une femme, c’est l’extrême.

 

Et, il faut beaucoup de travail, beaucoup de patience et de diplomatie, beaucoup d’optimisme,  beaucoup de conscience sur soi et aussi Ă  propos de son environnement et des autres, pour ne pas se laisser guider ou fasciner par notre goĂ»t immĂ©diat et spontanĂ© ou par notre appĂ©tence pour l’extrĂŞme.

 

La jeune Alisha est morte Ă  cause de cette norme.

 

 

 

Franck Unimon, ce dimanche 14 mars 2021.

 

 

 

 

 

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Le défaut à la bouche

 

                                                 Le dĂ©faut Ă  la bouche

 

Nous mourrons demain, c’est certain. Et, comme rien ne se meurt dans le bon pain, aujourd’hui, je suis parti assez loin piocher dans deux nouvelles boulangeries.

 

C’est mon beau-frère qui, un jour, a mis le doigt sur ma folie prĂ©levĂ©e dans le pain. 

 

Pour du bon pain, moi qui en ai pourtant mangĂ© de l’industriel pendant des annĂ©es, je ferais des kilomètres. C’est comme avec le thĂ© que j’avais pu boire longtemps au moyen de  sachets achetĂ©s en supermarchĂ©, aromatisĂ©s et très sucrĂ©s. Comme ces musiques aussi piquantes que ces moustiques que j’avais pu Ă©couter en boucle. Ou tels ces films mal doublĂ©s en version française et ces Ă©missions de mauvaise qualitĂ© qui avaient pu me fixer pendant des heures, m’insufflant leur testostĂ©rone histrionique, me laissant bouche bĂ©e,  la pensĂ©e dessĂ©chĂ©e et avec pour seule activitĂ© potentielle celle du chromosome prĂ©parant son naufrage.

 

Enfermé, mon monde s’ouvre par paliers.

 

Je trouve dans le pain, qu’il soit au levain ou non, une nouvelle forme de vie qui m’éloigne du gravier. Tout peut être prétexte pour en découvrir un nouveau et me faire l’atelier de sa découverte. Ce matin, après deux nuits de travail, c’était pour donner suite à un rendez-vous qu’on m’avait fixé à Nation.

 

Après ça, je suis parti Ă  la recherche des deux inconnues. L’une, rue de la Chine, l’autre, avenue Gambetta. Le dĂ©faut Ă  la bouche, viens,  que je te touche.

 

 

 

Il Ă©tait plus de midi lorsque je me suis rapprochĂ© de la première, la boulangerie Pan Vivo. Trois auxiliaires fliquettes m’avaient devancĂ©. Il ne restait plus beaucoup de pain. Une belle rangĂ©e, sur l’étage supĂ©rieur d’un chariot, Ă©tait devancĂ©e du panneau «  rĂ©servĂ© Â». J’ai appris qu’il se prĂ©parait la fournĂ©e du lendemain.

 

Une des fliquettes a sursautĂ©. Elle ne s’attendait pas Ă  me trouver derrière elle. Elle ne m’avait pas entendu venir. Cela faisait une bonne minute que j’étais lĂ . Qu’est-ce que cela aurait Ă©tĂ© si nous nous Ă©tions trouvĂ©s, seuls, elle et moi, dans une  partielle obscuritĂ© ?

 

Pour continuer de dédramatiser, je lui ai demandé quelle était la station de métro la plus proche. En regardant sur son smartphone, elle et ses collègues m’ont répondu qu’elles n’étaient pas du coin. Qu’elles étaient du 12 ème arrondissement. Elle est partie comme ça, captivée par son smartphone. Je croyais qu’elle se renseignait pour mon métro. Elle m’a quitté comme une miche.

 

Elle devait lire un sms ou avait peut-être reçu un Like sur un site de rencontres.

Régime pain sec.

 

Pour me consoler, j’ai pris une bonne livrée de pain de la veille vendue avec une réduction de 30 pour cent. Il y en avait pour deux kilos d’armature.

 

 

Le jeune vendeur à l’accent italien m’a dit que, de toute façon, enroulé dans des sacs en coton, il pouvait se garder cinq jours.

 

A l’autre boulangerie, La Gambette Ă  pain, il y avait plus de choix. Mais il y avait aussi la queue. J’ai attendu mon tour dehors avant de pouvoir entrer. Il faisait froid aujourd’hui.

 

 

Une fois à l’intérieur, j’ai fait un festival. Je n’étais pas du coin. Je venais pour la première fois. Je venais de loin. Je n’allais pas me contenter d’une demie baguette de pain ou d’un croissant au beurre et repartir.

 

J’ai dû faire comprendre à l’employée que, non, je n’avais pas fini. J’avais encore d’autres articles à prendre.

 

 

Au final, je suis reparti avec deux sacs de pain et de viennoiserie.

 

 

 

 

 

Etoiles et toiles.

 

En descendant les marches. Tout en bas, le sandwich Kebab, dernier exemplaire, qui a Ă©tĂ© mon copieux dĂ©jeuner. Après ça, on reste sage et boire un verre d’eau suffit.

 

 

Puis, je me suis rabattu sur la station de métro Gambetta. Je me suis même permis de faire un passage dans un magasin de dvds et de blu-ray où j’étais passé il y a quelques années.

 

 

Mais je n’y ai pas trouvé le film que je cherchais. Le blu-ray du film MUD de Jeff Nichols.

 

Cette photo est ratée. On ne voit rien.

 

J’étais bien chargé dans le métro, avec mes deux sacs de pain, ma boite de pâtisseries. Mais j’étais assis. Le trajet a été assez rapide.

 

 

A la station Quatre-Septembre, Ă  trois ou quatre stations de la gare St Lazare,  extinction des feux et petite voix :

 

« En raison de la prĂ©sence d’une personne sur la voie ferrĂ©e, le trafic est momentanĂ©ment interrompu sur la ligne 3 du mĂ©tro….. Â». Je me suis Ă  nouveau fait confirmer que depuis bientĂ´t deux mois, les incidents de toutes sortes se cumulent dans les transports en commun. J’ai vraiment bien fait d’opter pour un vĂ©lo pliant quand je me rends au travail. Mais j’en parlerai mieux dans ma rubrique VĂ©lo Taffe.

 

Dans le mĂ©tro, station Quatre-Septembre, s’ensuivent quelques minutes d’attente et de rĂ©flexion et la fin du suspense :

 

« Le trafic reprendra Ă  15h15 Â». Il Ă©tait 14h50. Je n’avais pas dĂ©jeunĂ© ni fait ma sieste.

 

Sortir de la station, marcher jusqu’à une station de bus. Le prendre jusqu’à la gare St Lazare. Rien ne m’a détourné de l’arôme du bon pain. Car c’est une valeur refuge.

 

Nous sommes arrivés sains et saufs à domicile.

 

 

Franck Unimon, ce vendredi 5 mars 2021.