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How to have Sex un film de Molly Manning Walker

Tara ( l’actrice Mia McKenna Bruce) et Badger ( l’acteur Shaun Thomas).

How to have Sex un film de Molly Manning Walker

Plus de deux semaines sont passĂ©es depuis que j’ai vu ce film en projection de presse.

Et je n’ai toujours rien Ă©crit dessus. Le film va bientĂŽt sortir et j’ai dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  apercevoir – sur l’affiche du film- des commentaires de la presse dithyrambiques.

Pour “bien” m’aider Ă  rĂ©diger cet article, j’ai Ă©garĂ© les quelques notes, bicoques de mes pensĂ©es, que j’avais Ă©crites peu aprĂšs avoir vu le film. Je les retrouverai peut-ĂȘtre aprĂšs, lorsque le film sera sorti. Ce 15 novembre 2023. 

Ce matin, je me mets Ă  repenser Ă  ce film alors que, pour d’autres raisons qui n’ont rien Ă  voir avec lui, je raisonne tout seul Ă  propos de ces besoins que nous avons, qui nous poussent Ă  vivre certaines relations douloureuses ou heureuses, et qui se partagent  peu avec les contingences de la morale et du Devoir.

Le titre du film est une entourloupe. Le sexe. Le sexe, ça excite.

Tara ( l’actrice Mia McKenna Bruce) et Skye ( l’actrice Lara Peake)

Ou ça effraie.

C’est un peu comme une chouette qui nous surprend la nuit ou dans un environnement inconnu et dont on a du mal Ă  identifier, avec autoritĂ©, l’identitĂ© ou les vĂ©ritables intentions Ă  notre sujet. On s’est alors beaucoup trop avancĂ©, d’un pas dĂ©cidĂ©, pour passer de l’autre cĂŽtĂ© et, maintenant, on commence un peu Ă  hĂ©siter. A se hĂ©risser. Mais on ne peut plus reculer. On a oubliĂ© ou perdu le trajet qui pourrait nous faire revenir Ă  notre point de dĂ©part. Lorsque l’on Ă©tait sain et sauf et que l’on avait envie d’aller de l’avant. On s’Ă©tait voulu dĂ©terminĂ©, on se rencontre maintenant autrement. On se rend compte que l’on n’avait pas tout Ă  fait tout prĂ©vu comme on le croyait au dĂ©part, en terrain familier.

On croit que le sujet de How to have sex, c’est le sexe. On a de quoi se frotter les mains ou se caresser les lĂšvres du vagin en dĂ©couvrant ce titre si l’on est « intĂ©ressĂ© ( e) ».

Em ( l’actrice Enva Lewis) et Tara ( l’actrice Mia McKenna Bruce) deux des amies “for Life”.

Le rĂ©sumĂ© de l’histoire nous apprend que trois copines, Em, Skye et Tara, mineures, et encore collĂ©giennes, partent en vacances dans l’équivalent d’un endroit comme Ibiza afin de perdre leur virginitĂ© et de connaĂźtre ce grand moment de la premiĂšre fois contre le corps de l’autre. Sea, Sex and sun.

Mais il faut voir ce que l’on met dans la boite Ă  lettres du sexe. Cette boite Ă  lettres se trouve dans notre tĂȘte.

Badger ( l’acteur Shaun Thomas)

Pour certaines personnes, il s’agit de tirer son coup et de s’en battre les couilles- ou les ovaires- aprùs, que l’on soit un homme ou une femme.

Je suis tombĂ© rĂ©cemment sur une vidĂ©o de la chanteuse Miley Cirus affirmant crĂąnement qu’aprĂšs avoir couchĂ© avec quelqu’un, celle-ci ou celui-ci n’existe plus. C’est Ă  peu prĂšs l’équivalent d’un cadavre qui a rempli son office – ainsi que ses orifices- de son vivant et dont il faut se dĂ©barrasser ou dont il faut s’éloigner au plus vite par la suite sans laisser de traces. 

Avec Miley Cirus, lorsque l’on a un rapport sexuel, on n’est pas lĂ  pour vivre ensemble.  Ni pour concevoir une quelconque relation. Si l’on recherchait un suivi de relation comme on le fait d’une lettre suivie par la poste, on s’est trompĂ© d’endroit et de personne.

On s’est juste mis « bien » pour coucher ensemble. On est bien d’accord ! Que les choses soient claires !

Sous cette vidĂ©o de ce qui ressemblait Ă  une interview de Miley Cirus, on pouvait lire des commentaires admiratifs et enthousiastes de personnes vantant son inconditionnelle franchise. Je n’ai aucune idĂ©e de l’ñge moyen de ces admiratrices et admirateurs mais j’ai envie de croire qu’ils Ă©taient « jeunes Â», c’est Ă  dire, pour faire trĂšs simple :

Moins de trente ans.

Tara ( l’actrice Mia McKenna Bruce)

Lorsque l’on a moins de trente ans (ou plus ) et que, finalement, on a vĂ©cu assez peu d’histoires ou de relations qui comptent, on pourrait rejoindre cet avis de Miley Cirus ou de ces « fans Â».

« Moi, c’est juste pour baiser Â». « C’était pour s’amuser. Je ne lui ai rien promis. On n’est pas marié  Â».

Nous sommes rĂ©guliĂšrement « convaincus Â» que le sexe est devenu une livraison banale sans engagement particulier de notre part :

Entre les pubs dĂ©nudĂ©es ; les soirĂ©es plus ou moins festives; les occasions et les propositions diverses; les lieux et les sites dits de rencontres; les femmes et les hommes qui voient le sexe comme Miley Cirus ; les images Ă©laborĂ©es d’influenceuses ou de stars fĂ©minines (BeyoncĂ©, Rihanna etc
) acharnĂ©es Ă  se montrer suggestives et parfaitement Ă  l’aise pour nous expliquer que tout cela est transgressif et vise surtout Ă  secouer ou dĂ©molir la pudibonderie hypocrite, veule et patriarcale prĂ©Ă©tablie dont le seul projet- ou objet- est de domestiquer mais aussi d’éradiquer la femme ;

Beaucoup est fait, dit, rĂ©pĂ©tĂ© et montrĂ© pour nous convaincre que la sexualitĂ©, finalement, mĂȘme pas mal. C’est mĂȘme un outil ou un engin de dĂ©livrance et d’affirmation de soi en tant que personne libre, consciente et responsable.

Je fais de mon corps ce que je veux…”

Skye ( l’actrice Lara Peake), Em ( l’actrice Enva Lewis) et Tara ( l’actrice Mia McKenna Bruce).

 

Tel est Ă  peu prĂšs l’état d’esprit de Em, Skye et Tara, les trois « meilleures amies pour la vie Â» lorsqu’elles dĂ©cident de partir ensemble dans ce lieu de rĂ©-jouissances oĂč, Ă  la façon d’un club MĂ©d, bien des animations sont organisĂ©es (par des adultes souvent plus ĂągĂ©s que les jeunes venant s’y dĂ©fouler) afin de boire beaucoup d’alcool mais aussi de permettre des interpĂ©nĂ©trations charnelles faciles et rĂ©Ă©ditĂ©es sans, a priori, aucune consĂ©quence.

Sur le papier, un tel programme, cela peut ĂȘtre le pied Ă  condition d’accepter de se bourrer la gueule et de trouver ça festif. Personnellement, dans ce genre d’ambiance, j’aurais dĂ©rangĂ© et emmerdĂ© bien des gens car prendre une cuite, partir vomir ensuite et avoir plaisir Ă  le raconter ne m’a jamais fait bander. Probablement, je le sais maintenant, parce-que je suis un type coincĂ© et sans avenir.

Mais lĂ  oĂč se rendent nos trois hĂ©roĂŻnes, Em, Skye et Tara, fort heureusement, tout le monde ou Ă  peu prĂšs est beaucoup plus drĂŽle, sait prendre la vie du bon cĂŽtĂ© et se montre consentant et participatif puisque l’on y vient tous pour ça. Cela change tellement des mimiques et des corps embarrassĂ©s et des mĂ©thodes de dragues Ă  deux balles, lorsque, dans la rue, sur la plage, en pleine forĂȘt, sur l’autoroute ou dans le mĂ©tro, on croise un inconnu ou une inconnue qui nous plait sans trop savoir  comment l’aborder ou en prenant le risque-en public- de se faire jeter ou traiter de pauvre type, de pervers ou de harceleur.

En pratique, malgrĂ© leurs bonnes dispositions, nos trois jeunes collĂ©giennes vont dĂ©couvrir qu’elles manquent peut-ĂȘtre encore un peu de rĂ©alisme. Et que l’on peut ĂȘtre une fille intelligente et rusĂ©e, et, par ailleurs, se jouer des tours Ă  soi-mĂȘme. Ou se faire rouler dans la farine.

Le rĂ©alisme, How to have sex en est pourvu. On pourra donc, lors de certaines scĂšnes quasi-documentaires, se sentir quelque peu mal Ă  l’aise sans ĂȘtre dans une position de voyeur. Comme devant des images du film Kids ( 1995) de Larry Clark auquel ce film m’a au moins fait penser. On pourra aussi se rappeler le personnage interprĂ©tĂ© par l’actrice Thora Birch dans le  American Beauty de Sam Mendes ( 1999) ou de certaines des paroles plus rĂ©centes du titre Teenage Fantasy de la chanteuse Jorja Smith. Une chanson qui aurait pu faire partie de la bande son du film.

How to have Sex, avec mĂ©thode, nous dĂ©voile comment se forme le canevas qui va permettre la « chute » : on y trouve des personnes vulnĂ©rables qui se croient suffisamment prĂȘtes, ouvertes, adultes et fortes pour l’aventure dans laquelle elles se sont lancĂ©es; une figure maternelle et protectrice qui ne peut pas ĂȘtre omniprĂ©sente et deviner la prĂ©sence et l’imminence du danger; le sentimental crĂ©dule, timide, bienveillant et gentil dominĂ© par « l’ami » tapi en embuscade, infiltrĂ©, qui, lui, agit Ă  la moindre opportunitĂ© et sans le moindre scrupule.

Tout n’est pas pourri dans cet univers oĂč des jeunes viennent un peu de tous les pays pour « s’amuser Â». Mais il suffit qu’une personne malintentionnĂ©e s’invite et se cache parmi eux pour que les premiĂšres victimes apparaissent.

Initiatique, How to have sex l’est autant pour les trois protagonistes qu’il pourra l’ĂȘtre pour certaines spectatrices et spectateurs qui pourront aller voir ce film Ă  partir de ce 15 novembre 2023.  

 

Franck Unimon, ce samedi 4 novembre 2023.

 

 

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