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Interroger la Loi

Les Halles, Paris, Mercredi 15 septembre 2021.

Interroger la Loi

 

Les lois et les rĂšgles sont nĂ©cessaires. Les limites, aussi. Mais encore faut-il qu’elles soient ajustĂ©es.

 

RĂ©cemment, j’ai entendu quelqu’un dire qu’il aimait beaucoup les jean’s lorsqu’ils sont tout neufs et encore Ă  l’état de « carton Â». Et qu’ils se font, peu Ă  peu, au corps de celle ou de celui qui les portent.

 

Je porte trĂšs peu de jean’s. Bien que j’aie essayĂ©, ce n’est pas mon vĂȘtement de prĂ©dilection. MĂȘme si je lui reconnais des atouts et que je vois bien des personnes qu’il met particuliĂšrement Ă  leur avantage. Je manque peut-ĂȘtre de patience pour faire un jean’s Ă  mon corps. 

 

Ecologiquement, on sait aussi que la fabrication des Jean’s est loin d’ĂȘtre vertueuse. Donc, autant bien les choisir et « acquĂ©rir Â» ceux qui dureront le plus longtemps.

 

AprĂšs avoir « dit ça Â», une Loi peut, dans certaines conditions, ressembler Ă  un jean’s.

 

Il convient de savoir l’adapter au mieux Ă  une Ă©poque, aux circonstances, Ă  celles et ceux qui la portent et vivent avec. Autrement, c’est une exigence trop rigide, entravante, meurtriĂšre, fanatique, mutilante ou une protection dĂ©passĂ©e et insuffisante.

 

Les lois sont les garantes des ligaments, des muscles, des tendons, de la moelle,  des neurones, du sang, des organes, de la peau, des pensĂ©es, de l’ñme de nos cultures, de nos histoires, de notre corps social mais aussi de la vie qui nous entoure et de ses expressions sous diffĂ©rentes formes.

 

Les femmes et les hommes de Loi doivent en principe s’atteler à ce genre de travail. Au maintien ou à la restauration, au mieux, de ces garanties.

 

Pour cela, il leur faut aussi savoir interroger la Loi. Ou apprendre Ă  le faire. Pas seulement interroger les personnes.

Ensuite, Il faut  essayer d’ajuster le Texte de la Loi.  Aux circonstances. A l’époque. Aux ĂȘtres. A la vie. 

 

C’est un travail permanent, dĂ©licat, difficile, dĂ©courageant, risquĂ© et nuancĂ© au rĂ©sultat incertain. La rĂ©ussite de ce travail est impossible Ă  prĂ©voir Ă  l’avance. La rĂ©ussite se mesure avec le temps. En mois et en annĂ©es. Voire en siĂšcles.

 

 Ce jeudi 16 septembre 2021, je n’ai rien inventĂ© de cela. Et, je n’invente rien. Ni le jean’s. Ni les Lois. Et encore moins le dĂ©lire, la maladie et la mĂ©galomanie.

 

 

Cependant, dans le rĂ©el, depuis plusieurs semaines, il est impossible d’accĂ©der Ă  la mĂ©diathĂšque de ma ville (et ailleurs) sans passe sanitaire et sans un rĂ©sultat nĂ©gatif rĂ©cent Ă  un test antigĂ©nique ou PCR rĂ©cent. Par contre, aprĂšs un recours dĂ©posĂ© devant un tribunal, il est redevenu possible d’entrer dans un centre commercial sans passe sanitaire et sans rĂ©sultat nĂ©gatif rĂ©cent Ă  un test antigĂ©nique ou PCR rĂ©cent. MalgrĂ© la pandĂ©mie du Covid. L’incidence actuelle de la pandĂ©mie du Covid permettrait dĂ©sormais de pouvoir retourner dans un centre commercial uniquement en portant un masque anti-Covid. C’est l’explication officielle de ce changement.

 

Mais cette incidence actuelle de la pandĂ©mie du Covid, suffisamment Ă  la baisse pour se rendre dans un centre commercial, resterait encore trop Ă©lĂ©vĂ©e pour s’appliquer aux conditions d’accĂšs Ă  une mĂ©diathĂšque.

 

Je suis un usager de mĂ©diathĂšque depuis mon enfance. 

 

Chaque fois que je change de domicile, la mĂ©diathĂšque fait partie de ces lieux que j’ai trĂšs vite besoin de situer. Les mĂ©diathĂšques, depuis plusieurs annĂ©es, subissent de plus en plus une certaine dĂ©saffection. Cela peut ĂȘtre dĂ» Ă  l’essor d’internet. Cela peut ĂȘtre dĂ» Ă  une transmission qui ne s’est pas faite entre parents, enseignants, Ă©ducateurs et enfants.

 

Mais cela peut aussi ĂȘtre dĂ» Ă  la façon dont on interroge une loi, ici, concernant la lĂ©gitimitĂ© de certaines mesures sanitaires.

 

Il y a deux ou trois jours, j’ai envoyĂ© un second mail Ă  la mairie de ma ville. Concernant le fait qu’il faille toujours prĂ©senter un passe sanitaire ou le rĂ©sultat nĂ©gatif Ă  un test antigĂ©nique ou PCR rĂ©cent.

La mĂȘme interlocutrice que la derniĂšre fois, m’a Ă  nouveau trĂšs rapidement rĂ©pondu. Pour rĂ©sumer, sa rĂ©ponse a Ă©tĂ© la suivante :

 

« Je comprends votre mĂ©contentement. Mais c’est la loi. C’est comme ça dans toutes les mĂ©diathĂšques France actuellement.  Cordialement Â». 

 

Par cet article, je ne vise pas la polĂ©mique. Mais, certaines fois, on rend soi-mĂȘme invisible – on se censure soi-mĂȘme – certaines situations en se disant :

 

 Â«  ce n’est pas si grave Â» ou « Je n’ai pas envie de faire d’histoires Â». «  Je ne veux pas avoir de problĂšmes Â». «  Je ne veux pas dĂ©ranger Â». ” Ce n’est pas important”. 

 

Or, c’est en cumulant annĂ©e aprĂšs annĂ©e ces petits renoncements, qu’on en arrive ensuite Ă  devoir vivre ou Ă  devoir faire avec des contraintes et des manquements  plus grands pour soi. Alors que nos interlocuteurs, eux, ne subissent pas les consĂ©quences de ces contraintes et de ces manquements.

Evidemment, que je peux vivre sans entrer dans une mĂ©diathĂšque. Je n’ai pas pris cinquante kilos sous l’effet de l’angoisse, ces quatre derniĂšres semaines, parce-que, faute de passe sanitaire et de test antigĂ©nique et PCR valable, dĂ©sormais, seule la sortie de la mĂ©diathĂšque s’offre Ă  moi. 

 

Mais laisser faire, sans rien dire de ces conditions actuelles d’entrĂ©e dans la mĂ©diathĂšque,  c’est un peu comme si l’on laissait du sable s’inviter et s’installer rĂ©guliĂšrement Ă  l’entrĂ©e de notre domicile. Sans l’enlever. Et que l’on s’étonnait plusieurs annĂ©es plus tard  de devoir traverser un dĂ©sert de sable Ă  l’entrĂ©e de notre domicile. Juste pour pouvoir en sortir ou y entrer.  Tandis qu’ailleurs, pour entrer et sortir de chez soi, il suffirait toujours de simplement ouvrir et fermer une porte. Des vies peuvent ĂȘtre transformĂ©es durablement- et pĂ©niblement- avec ce genre dĂ©tail en prime abord insignifiant. 

 

C’est l’une des raisons pour laquelle, je crois, je me suis obligĂ© Ă  envoyer un premier mail Ă  la mairie de ma ville. Et pour laquelle, ce mercredi 15 septembre 2021, aprĂšs avoir dĂ©couvert la rĂ©ponse qui avait Ă©tĂ© faite Ă  mon nouveau mail, j’ai envoyĂ© cette rĂ©ponse que j’ai copiĂ©e-collĂ©e.  RĂ©ponse que l’on pourra lire ci-dessous avec ses erreurs grammaticales et syntaxiques incluses car il m’a manquĂ© du temps pour bien le relire avant de l’envoyer.

Je n’ai pas pour habitude de faire des tracts, de manifester ou de polĂ©miquer.

 

J’admets le le professionnalisme et l’implication de mon interlocutrice comme de la mairie de ma ville en termes de projets divers. Et, ce, malgrĂ© mes critiques qui sont exprimĂ©es dans mon mail. Ce que je mets plutĂŽt en doute, c’est le sĂ©rieux avec lequel a Ă©tĂ© pris en compte mes remarques. Remarques qui sont, je crois, plus que justifiĂ©es :

Depuis mon premier mail, la Loi n’a pas Ă©tĂ© interrogĂ©e comme il se doit.

La photo que je mets avec cet article n’est pas la photo que j’ai envoyĂ©e avec ce mail ci-dessous envoyĂ© ce 15 septembre 2021 avant que ne je parte travailler de nuit. Je ne suis pas sĂ»r que la photo que j’ai adressĂ©e en piĂšce jointe avec mon mail soit parvenue Ă  mon interlocutrice. 

 

« Bonjour,

Merci pour votre réponse.

Toutefois, vous avez bien conscience que c’est une ‌aberration ?

Que, d’un cĂŽtĂ©, on puisse accĂ©der plus facilement Ă  un centre commercial ou mĂȘme Ă  une enseigne Ă©galement commerciale telle que la Fnac ( des Halles par exemple, oĂč je suis passĂ© tout Ă  l’heure) frĂ©quentĂ© par beaucoup plus de monde ( adultes et enfants inclus) qu’Ă  la mĂ©diathĂšque d’Argenteuil, par exemple. Alors que le port du masque reste obligatoire tant dans les mĂ©diathĂšques que dans ces enseignes commerciales.

La loi, ce n’est Ă©videmment pas vous qui la faites. Ce qui m’Ă©tonne, c’est qu’au vu de ces constatations et de l’Ă©volution des conditions d’accĂšs aux centres commerciales que la mairie d’Argenteuil ne fasse a priori rien pour interroger la loi. Pour faire remonter le fait qu’il y a quand mĂȘme des contradictions trĂšs dĂ©rangeantes.

Parce-que, en quoi une mĂ©diathĂšque expose-t’elle plus Ă  un risque de contamination du virus du Covid qu’un centre commercial ?

Les seules conclusions Ă  ma portĂ©e sont, surtout, qu’un centre commercial reprĂ©sente un poids Ă©conomique et rapporte des bĂ©nĂ©fices. Une mĂ©diathĂšque, non.
Et, aussi, que les centres commerciaux dans le Val D’Oise sont redevenus “accessibles” sans passe sanitaire et sans avoir Ă  fournir un rĂ©sultat nĂ©gatif rĂ©cent Ă  un test PCR et antigĂ©nique suite Ă  un recours devant un tribunal. Vous comprenez ce que signifie ? Qu’il faudrait donc peut-ĂȘtre devoir en passer par un tribunal pour rectifier ce qui devrait dĂ©ja l’ĂȘtre. Je ne crois pas vous apprendre grand chose.

Et, je trouve donc que la mairie d’Argenteuil dĂ©fend lĂ  d’une drĂŽle de maniĂšre sa politique culturelle. En tant que citoyen, je ne devrais mĂȘme pas avoir Ă  relancer la mairie Ă  ce sujet. Il y a un prĂ©judice Ă©vident d’accĂšs Ă  la culture en imposant de telles conditions pour entrer dans une mĂ©diathĂšque Ă  Argenteuil. Et, cela ne devrait pas ĂȘtre. Et, me rappeler que c’est pareil dans d’autres mĂ©diathĂšques et dans d’autres villes n’est certainement pas un argument. Avant que le centre commercial CĂŽtĂ© Seine redevienne aussi “accessible”, il Ă©tait dĂ©ja et toujours possible ailleurs d’entrer dans une Fnac par exemple. Si les personnes qui ont effectuĂ© le recours devant le tribunal s’Ă©tait tenues Ă  l’argument selon lequel ” ailleurs, aussi, les centres commerciaux ne sont accessibles qu’en prĂ©sentant un passe sanitaire et un rĂ©sultat nĂ©gatif Ă  un test PCR et antigĂ©nique nĂ©gatif”, aujourd’hui, le mĂȘme centre commercial CĂŽtĂ© Seine d’Argenteuil nĂ©cessiterait toujours  qu’on prĂ©sente Ă  l’entrĂ©e un passe sanitaire et le reste. LĂ , aussi, je ne crois pas vous apprendre grand chose. Ou, en tout cas, je ne devrais pas vous apprendre quoique ce soit, que ce soit Ă  vous ou Ă  n’importe quel reprĂ©sentant de la mairie d’Argenteuil.

Il y a bientĂŽt un mois maintenant, j’ai vu un jeune d’une vingtaine d’annĂ©es ĂȘtre “recalĂ©” Ă  l’entrĂ©e de la mĂ©diathĂšque parce-que le rĂ©sultat de son test PCR avait expirĂ© depuis moins de deux heures. LĂ , aussi, on n’a fait qu’appliquer la loi. Le jeune est reparti tranquillement. Comme moi et d’autres, nous nous plions aux directives de la loi concernant les conditions d’accĂšs Ă  la mĂ©diathĂšque. Mais c’est vraiment parce-que nous sommes trĂšs polis, trĂšs patients et trĂšs conciliants. En attendant, je me rĂ©pĂšte, en tant que citoyen qui paie ses impĂŽts et qui voit ce qui se passe ailleurs avec les conditions d’accĂšs dans un centre commercial, je considĂšre qu’il y a un prĂ©judice. 

Je n’ai pas du tout l’intention de faire un recours devant un tribunal. Par contre, je rappelle, je crois, des Ă©vidences, que je ne devrais mĂȘme pas avoir Ă  rappeler.

Merci de vraiment bien vouloir prendre en compte le contenu de mon mail. Et, si vous m’adressez de nouveau une rĂ©ponse (vous ou quelqu’un d’autre) de ne pas vous contenter de vous “cacher” derriĂšre une loi qui prĂ©sente des contradictions et des aberrations plus qu’Ă©videntes.

Cordialement

Franck Unimon Â»

 

 

 

 

 

 

 

 

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