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Les Misérables

Photo issue du site allociné.

 

 

 

Je devrais être en train de dormir. J’ai assez peu dormi cette nuit comme la nuit précédente. Mais je traîne avant d’aller me coucher. J’ai l’impression que je ne dois pas laisser passer cette journée avant d’avoir écrit.

 

 J’ai vu ce matin, à la première séance, comme je me l’étais promis, le long métrage de Ladj Ly : Les Misérables. Je l’ai enfin vu. Je sais que l’ami Zez en a parlé avant moi sur UrbanTrackz et que ses articles sont bien plus attractifs que les miens. Oui, je le vois très bien au nombre de vues. On parie ? Sourire.

 

Après la séance, je me suis arrêté pour prendre en photo l’affiche du long métrage de Ladj Ly. Elle était entourée des affiches des films J’accuse, Joker, Hors Normes, Le Traitre, Le Mans 66.  Je n’y avais jamais pensé mais d’autres affiches de films  peuvent aussi parler d’un film dont elles entourent l’affiche. Même si j’ai seulement vu Joker  dans cette liste, les films J’accuse, Hors Normes et Joker par leurs titres et leurs sujets qualifient aussi très bien Les Misérables.

Au dessus du titre, l’insigne honorable Festival de Cannes Prix du Jury était là pour attester de la valeur officielle du film de Lady Ly. 

 

Par ailleurs sur l’affiche de Les Misérables, on pouvait lire les constats élogieux de différents média supposés représenter à la fois la diversité et l’unanimité :

 

«  Un film coup de poing » ; «  Un film magistral » ;  «  Un électrochoc » ;   « Sensationnel » ; «  Un film universel ».

 

Ailleurs,  en première couverture d’un hebdomadaire qui avait titré «  Eddy de Pretto, un rappeur d’un nouveau genre », j’ai aussi pu lire «  Ladj Ly dynamite le cinéma ».

 

 

Ces compliments sincères sont bien-sûr très justifiés. Maintenant que j’ai vu Les Misérables,  je ferai également partie de la ronde de celles et ceux qui en diront beaucoup de bien. De toute façon, même avant de le voir, je  faisais déjà partie de cette ronde. J’avais eu de très bons échos par des cinéphiles et des journalistes qui l’avaient vu avant sa sortie de ce mercredi en salles.

 

J’avais aussi un très bon a priori sur Ladj Ly au vu du très peu de ce que je savais de lui. Je me rappelais qu’il avait coréalisé avec Stéphane Freitas le documentaire A Voix haute : la force de la parole que j’avais vu et beaucoup aimé. J’avais ensuite appris qu’il avait réalisé Les Misérables qui allait partir au festival de Cannes.

 

L’acteur Steve Tientcheu. Photo issue du site allociné.

 

Dans Les Misérables, l’acteur  Steve Tientcheu tient le rôle du «  Maire ».  J’avais découvert l’acteur Steve Tientcheu à l’écran pour la première fois  dans le très bon documentaire La Mort de Danton (2011) d’Alice Diop. Je l’avais croisé lors du tournage de nuit du court-métrage Molii (2014) réalisé par Carine May, Mourad Boudaoud, Yassine Qnia et Hakim Zouhani. Puis, je l’avais revu dans le film Qui Vive ( 2014) de Marianne Tardieu.

 

 

A gauche, l’acteur Damien Bonnard. Au centre et derrière, l’acteur Alexis Manenti. A droite, l’acteur Djebril Zonga. Photo issue du site allociné.

 

Dans Les Misérables, l’acteur Damien Bonnard interprète le flic idéaliste qui arrive de Cherbourg mais sans le parapluie magique de Mary Poppins. J’avais véritablement remarqué cet acteur dans la comédie En Liberté (2017) de Pierre Salvadori  où il jouait aussi le rôle d’un flic mais beaucoup plus sentimental. C’est tout. J’ai découvert tous les autres. Ces réminiscences prétentieuses sont insuffisantes à faire de moi un grand connaisseur de ce que raconte Ladj Ly dans Les Misérables.

 

Si je mettais un sous-titre à son film, cela serait  Training Day version BAC …et Le Monde est drône. Pour Training Day, on regardera bien-sûr du côté du film d’Antoine Fuqua avec la paire Denzel Washington/ Ethan Hawk. En regardant Les Misérables, j’ai aussi repensé au livre de Frédéric Ploquin La Peur a changé de camp

 

Ma réserve concernant tous ces éloges officiels à propos de Les Misérables viennent du fait que je me méfie de l’effet  « selfie » et  « sapin de Noël »  qu’amène le « succès » :

 

A peu près tout le monde veut en être et salue le chef-d’œuvre. « Notre » Président de la République aurait été « touché » par le film. C’est sûrement sincère. On peut être libéral et humaniste. On peut étrangler quelqu’un et lui faire du bouche à bouche.

On peut aussi vouloir rassembler et exterminer ou discriminer. 

 

Certaines élites (pas uniquement politiques) ont besoin de voir un film- quand elles le voient- pour découvrir et s’émouvoir devant une partie de leur pays. Pour d’abord schématiser, Les Misérables, cinéma de proximité,  parle de manière documentaire au grand public de certaines banlieues et d’une certaine société française. Il sera peut-être nécessaire que l’équivalent d’un Ladj Ly, féminin ou masculin, réalise un film- en 3D- avec le même succès critique et public sur les conditions de vie et de travail à l’hôpital et à l’école publiques pour que, là, aussi,  des élites politiques, et les autres élites, se déclarent « touchées » et « émues ».

 

 Je me méfie donc du fait qu’une fois le nouvel An arrivé, on range le sapin, les guirlandes et que, à nouveau, chacun referme sa fenêtre ou l’œilleton de sa porte d’entrée ou de son téléviseur et reste finalement solidaire de ses foyers et de sa née cécité.

 

Je me méfie du fait qu’ensuite, il soit attendu de Ladj Ly – et également reproché- qu’il réalise un Les Misérables 2 puis 3, puis 4, puis 5  comme certains de ces films à « succès » : les Taxi et les Fast and Furious par exemple. Parce-que ça fait vendre du pop-corn et des limonades. Parce-que ça donne des frissons.  Nous voilà maintenant pas si loin du sujet du film Le Mans 66.  Même si je me doute que Le Mans 66 , ne serait-ce que du fait de la présence d’acteurs comme Christian Bale et Matt Damon qui savent creuser leurs sujets.  

 

Mais la très bonne nouvelle est qu’au vu du cinéma que reflète Les Misérables et le CV de Ladj Ly, je suis confiant dans sa capacité à nous surprendre. Ladj Ly continuera de tracer son sillon. C’est un saphir qui restera libre. Il ne sera pas un phénomène de cirque qui retournera dans sa cage tel le lionceau dans le film. Il retournera plutôt la cage vers nous comme il le fait très bien- en moins d’une heure cinquante !- dans Les Misérables.

 

Ceci était l’introduction de mon article. Ou peut-être déjà un peu sa conclusion.

Par compromis, je dirais donc qu’il s’agit de la première partie de ma critique du film Les Misérables de Ladj Ly.

Fin de la première partie de cet article. 

Franck Unimon, ce vendredi 22 novembre 2019.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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