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La Clinique de l’Amour-d’aprĂšs un Podcast de France Inter

 

                   La Clinique de l’Amour, d’aprĂšs un podcast  de France Inter

C’est devenu une obsession. AprĂšs quelques autres obsessions. Car je fais partie des obsessionnels anonymes. Nous sommes des millions et peut-ĂȘtre des milliards Ă  porter ce type de tablier :

 

La personne « obsessionnelle Â» Ă  laquelle je pense est souvent appelĂ©e « maniaque Â» dans le langage quotidien. Dans le langage quotidien, la personne « obsessionnelle Â» ou « maniaque Â» Ă  laquelle je fais allusion est celle ou celui dont la vie semble souvent dĂ©pendre de deux ou trois dĂ©tails qui (le) tuent presque :

 

Madame ou Monsieur a trĂšs bien prĂ©parĂ© son repas. Les invitĂ©s vont arriver. Tout est parfait.  La table est mise. Tous les couverts assortis sont disposĂ©s Ă  angle droit avec des variations chromatiques Ă©tudiĂ©es selon le thĂšme astral ou le chakra de chaque convive. Un petit cadeau personnalisĂ© attend chacun. La musique frĂŽle l’intime et le sublime au vu de la crĂ©ativitĂ© des enchaĂźnements. Mais aussi du fait de l’onctuositĂ© de la restitution sonore. Le mobilier a Ă©tĂ© cirĂ©. Le mĂ©nage a Ă©tĂ© bien fait. Les meubles sont disposĂ©s selon des prĂ©ceptes bouddhistes qui invitent Ă  la dĂ©tente et Ă  la mĂ©ditation. D’ailleurs, un bĂąton d’encens se consume Ă  la façon d’un phare qui assurerait la sĂ©rĂ©nitĂ© ainsi que l’impossibilitĂ© du naufrage formel comme spirituel. Tout va bien. Madame ou Monsieur est exactement zen. Et puis, arrive le court-circuit.

 

En passant la porte de la salle de bain pour aller ouvrir aux invitĂ©s qui viennent de sonner Ă  l’interphone, Madame ou Monsieur s’aperçoit de la prĂ©sence d’une boursouflure sur le mur adjacent. C’est trois fois rien. Un demi-centimĂštre de boursouflure que personne ne remarquera. Mais, Ă  partir de ce moment, une bombe Ă  retardement s’enclenche. Bombe que Madame ou Monsieur ne parviendra pas Ă  dĂ©samorcer. Car, Madame ou Monsieur ne pensera plus qu’à cette boursouflure. Et non plus Ă  cette invitĂ©e ou cet invitĂ© qui lui a tant plu lors d’une prĂ©cĂ©dente soirĂ©e et qu’elle ou qu’il espĂšre sĂ©duire en sortant le grand jeu.

 

 Avant que le premier invitĂ© ou la premiĂšre invitĂ©e n’arrive, Madame ou Monsieur aura peut-ĂȘtre dĂ©foncĂ© le mur Ă  la masse et recevra alors dans la poussiĂšre et les gravats
..

 

 

Je caricature bien-sĂ»r lorsque je donne cet exemple « d’obsession Â». Dans cette anecdote que je viens d’inventer ce matin, il s’agit bien-sĂ»r d’une « obsession Â» grave. D’ordre psychiatrique. Mais j’ai illustrĂ© ça de cette façon, en grossissant le trait, pour mieux me faire comprendre lorsque je parle d’obsession. Mes obsessions sont bien-sĂ»r plus lĂ©gĂšres que celle que je viens de raconter. On peut reprendre son souffle ou se mettre Ă  rire.

 

 

Les Maitres, les Experts, les amis
.et les faussaires :

 

DĂ©sormais, pratiquement chaque fois que je lis les propos d’un grand Maitre d’Arts Martiaux, d’une PersonnalitĂ© ou de tout autre individu dont l’itinĂ©raire me « plait Â», je me soumets Ă  cette question :

 

Quel genre de personne est-ce lorsque son enfant, comme tous les enfants, le prend au dĂ©pourvu et dĂ©range son superbe agencement mental et moral ? La nuit ? Le jour ? Pendant qu’il est au volant ? Alors qu’il est occupĂ© ? Tandis qu’il lui parle et essaie de le convaincre ou de lui transmettre quelque chose ?

 

 

Lorsque l’on lit les interviews ou que l’on assiste Ă  des dĂ©monstrations de Maitres, d’experts ou autres, on a souvent l’impression que tout coule de source pour eux, sur le tatamis comme dans la ratatouille du quotidien. On dirait que leurs Ă©motions sont toujours leurs alliĂ©es ou leurs domestiques. Ou, qu’au pire, elles se prennent une bonne branlĂ©e lorsqu’elles tentent de les entraĂźner dans un mauvais kata ou dans un mauvais plan. Mais je sais que c’est impossible. Je sais que c’est faux. Sauf que je n’ai pas de preuves.

 

Je pourrais me rabattre sur les amis. Mais j’ai compris que parmi mes amis, connaissances, collĂšgues et autres, passĂ©s, prĂ©sents et futurs se cachent beaucoup de faussaires :

 

Du cĂŽtĂ© des mecs ou des hommes, si l’on prĂ©fĂšre, cette faussetĂ© est un composĂ© d’ignorance, de prudence et de conformisme. Je n’ai pas oubliĂ©, et sans doute ne l’ai-je toujours pas digĂ©rĂ©e, cette sorte d’hypocrisie sociale et faciale, Ă  laquelle j’ai participĂ©, de bien des hommes qui, plus jeunes, savaient me parler de cul, de leurs coups, de nanas
.alors que, secrĂštement, ils aspiraient Ă  se marier et Ă  faire des enfants.

 

Un article lu par quelles femmes et quels hommes ? :

 

 

Bien-sĂ»r, cette caricature sociale peut faire rire. Et, elle doit faire rire. Ce qui me fait faire la grimace, c’est que cette caricature et ce conformisme social nous font souvent, hommes comme femmes, passer Ă  cĂŽtĂ© du principal concernant notre vie personnelle. Voire concernant notre vie tout court. Un exemple :

 

Cet article long (comme beaucoup de mes articles) sera, Ă  mon avis, plus lu – et apprĂ©ciĂ©- par des femmes que par des hommes. Alors que les hommes ou les mecs (hĂ©tĂ©ros comme homos) sont Ă  mon avis autant concernĂ©s que les femmes par les sujets de cet article. Puisque, tous, Ă  un moment ou Ă  un autre, nous nous postons devant le sujet de l’Amour et essayons d’y rĂ©pondre avec nos moyens.

Et si des hommes lisent cet article, je m’attends Ă  ce qu’ils soient en majoritĂ© ĂągĂ©s de plus de trente ans. Parce qu’en dessous de 30 ans- c’est trĂšs schĂ©matique- mĂȘme si les hommes peuvent ĂȘtre des sentimentaux ( je suis un sentimental), nous sommes nombreux, je crois, Ă  ĂȘtre obsĂ©dĂ©s par le fait d’ĂȘtre performants sexuellement. Que ce soit en termes de nombre de conquĂȘtes ou en termes d’aptitudes particuliĂšres (longueur du pĂ©nis, durĂ©e de l’érection, capacitĂ© Ă  s’accoupler dans telle position et dans tel type d’environnement etc
.), on dirait que notre valeur personnelle est indexĂ©e ( vraiment) sur notre valeur boursiĂšre. Et, ce qui est troublant, c’est que plus un homme est « connu Â» pour ĂȘtre un tombeur, plus sa cĂŽte augmente auprĂšs d’une certaine gente fĂ©minine. Gente fĂ©minine qui peut ĂȘtre tout Ă  fait Ă©duquĂ©e, cultivĂ©e et aisĂ©e socialement et matĂ©riellement. Dans le film Extension du domaine de la lutte adaptĂ© par Philippe Harel  (avec lui-mĂȘme et JosĂ© Garcia d’aprĂšs le livre de Michel Houellebecq) il est clairement dĂ©montrĂ© que l’homme sans conquĂȘte fĂ©minine, dĂ©primĂ©, laborieux et terne est souvent cĂ©libataire contrairement Ă  celui qui « besogne Â» les femmes pour ĂȘtre direct.

 

S’il existe des couples de dĂ©primĂ©s, il est aussi assez courant que l’un des deux aille chercher de la lĂ©gĂšretĂ© et du rĂ©confort ailleurs. MĂȘme si c’est pour, ensuite, revenir au domicile par sĂ©curitĂ©, par espoir ou par devoir.

 

Mieux se comprendre, mieux se choisir et mieux s’aimer :

 

Je crois nĂ©anmoins que certaines femmes n’ont pas besoin qu’on leur promette des Ă©toiles (comme m’avait dit un jour un de mes cousins Don Juan il y a plusieurs annĂ©es) pour « faire le grand soleil Â» comme dirait le romancier RenĂ© Depestre.

 

Ou pour se mettre en couple.

 

Pourtant, Ă  propos du sujet de l’Amour, je crois les femmes plus sincĂšres entre elles. Pour l’aborder. Mais je ne vais pas non plus en faire des anges de clairvoyance et de droiture. Car, comme je l’ai dit ce matin avec humour et provocation devant plusieurs de mes collĂšgues femmes :

 

« Cela peut ĂȘtre difficile d’ĂȘtre d’un homme devant une femme Â». Et je ne parlais pas de compĂ©tences sexuelles en particulier. Pour ĂȘtre un homme devant une femme, il faut dĂ©jĂ  savoir ce que cette femme attend d’un homme. Mais aussi ce qu’ĂȘtre femme signifie pour elle. Et quels sont leurs vĂ©ritables projets Ă  tous les deux dans la vie. Et si ça concorde suffisamment pour tous les deux.  

 

Ça paraĂźt simple Ă©crit comme ça. Mais si c’était si simple que cela, les gens se choisiraient mieux, se comprendraient mieux et s’aimeraient mieux.

 

Je crois que, gĂ©nĂ©ralement, on continue de croire qu’il « suffit Â» de s’aimer et de se dĂ©sirer pour qu’une histoire dure.

 

Il existe, aussi, une sorte de mĂ©fiance instinctive, donc animale, entre l’homme et la femme, mais aussi entre deux personnes, dĂšs qu’elles se rencontrent, qui fait, bien des fois, que certaines personnes qui pourraient s’allier se rejettent. Pendant que d’autres qui auraient mieux fait de s’ignorer dĂ©cident de s’amalgamer.

 

Les Hommes, tous des salauds ?! Et les Femmes, toutes des salopes ?!

 

 

Comme tout le monde, j’ai entendu certaines femmes dire des hommes qu’ils sont « tous des salauds!». Et certains hommes dire que les femmes «  sont toutes des salopes ! Â».

 

Ce qui m’étonne, de maniĂšre rĂ©pĂ©tĂ©e, mĂȘme s’il y a bien-sĂ»r des « salauds Â» parmi les hommes et des « salopes Â» parmi les femmes, c’est que ces mĂȘmes personnes (femmes et hommes), lorsqu’elles croisent des gens « bien Â», les zappent ou les ignorent. C’est une constante. Je n’écris rien d’extraordinaire, ici.

 

 

Des couples volontaires : Se dire oui
et non.

 

 

Et puis, il y a cette ambivalence ou cette particularitĂ©, propre, je crois, Ă  tous les couples :

 

Lorsque l’on dĂ©cide de se mettre ensemble, on est souvent l’un et l’autre trĂšs volontaire. Car on est au moins soutenu par l’Amour, le dĂ©sir ainsi que par le souhait de rompre notre solitude.

 

Cependant, dans chaque couple, je crois, mĂȘme si l’on se dit « oui Â» (que l’on se marie ou non), il est des domaines sensibles oĂč l’on se dit non.

 

Mais on le banalise ou on l’ignore parce-que le regard et le corps de l’autre produisent alors des atomes qui propulsent notre univers personnel dans un espace-temps qui s’ouvre seulement pour nous. Et cela nous rend extraordinairement optimistes. Ou exaltĂ©s.

 

Et, nous aussi, nous produisons des atomes auxquels l’autre est alors particuliĂšrement sensible. Cela la rend ou le rend aussi extraordinairement optimiste ou exaltĂ©( Ă©).

 

 Alors, nous dĂ©collons ensemble vers un ailleurs sans toujours bien prendre le temps de bien vĂ©rifier la validitĂ© de tout l’équipement affectif que nous emportons. Mais aussi ses rĂ©elles compatibilitĂ©s avec l’équipement affectif, moral et psychologique de l’autre. Car notre vie est ainsi faite :

 

De vĂ©rifications mais aussi d’élans et de spontanĂ©itĂ©s. Certains de nos Ă©lans et de nos spontanĂ©itĂ©s sont inspirĂ©s par des reflets de nous-mĂȘmes
.sauf qu’un reflet, c’est le contraire de l’autre. C’est notre regard sur lui.

SĂ©rie  » La Flamme » sur la chaine Canal + que je n’ai malheureusement pas encore pu voir.

 

 

Moi, thĂ©rapeute de couple ?!

 

 

A ce stade de cet article, on peut peut-ĂȘtre croire que je ma la pĂšte :

 

Que j’ai tout vu et tout entendu. Et que je sais tout concernant le couple. Que je maitrise mon sujet. Ce serait plutĂŽt, un peu le contraire. Je m’applique seulement Ă  ĂȘtre aussi sincĂšre que possible. Aux potins, ragots et autres articles de psychologie « de cuisine Â» oĂč l’on donne des « trucs Â»,  je prĂ©fĂšre  donner la prioritĂ© Ă  un certain vĂ©cu, Ă  certaines rĂ©flexions. Et Ă  les transmettre. Parce-que j’ai aussi eu la chance, quand mĂȘme, d’avoir des discussions ouvertes, ou d’ĂȘtre le tĂ©moin direct de certaines situations affectives sensibles.

 

NĂ©anmoins, j’ai aussi lu des articles de psychologie « facile Â». Et, j’en lirai sans doute d’autres. J’ai aussi Ă©coutĂ© des potins et des ragots mĂȘme si ce n’est pas mon point fort.

 

Car, évidemment, comme pour tout le monde, tout a commencé dans mon enfance.

 

 

 

Le modĂšle de mes parents :

Je suis largement l’aĂźnĂ© des enfants de mes parents. A voir mes relations passionnelles et rapidement explosives avec mon pĂšre, je reste devant un mystĂšre. Je me demande encore quel genre de pĂšre il Ă©tait lorsque je ne m’en souviens pas :

 

Lors de mes quatre premiĂšres annĂ©es de vie. Lorsque j’écoute ma mĂšre, que j’ai dĂ©jĂ  questionnĂ©e et re-questionnĂ©e, mon pĂšre aurait Ă©tĂ© un pĂšre tout ce qu’il y a de plus « ordinaire Â» Ă  mon Ă©gard. Mais je ne le crois pas. Je crois que ma mĂšre, pour dĂ©fendre l’image de mon pĂšre et aussi parce qu’elle s’y retrouvait en tant que femme et en tant que mĂšre, avec moi, n’attendait pas trop de « choses Â» de mon pĂšre, lorsque j’étais petit.

 

Si bien des femmes se sentent peu maternelles, il existe aussi nĂ©anmoins beaucoup de femmes, sans doute selon un certain modĂšle traditionnel, qui se sentent d’autant plus femmes qu’elles deviennent mĂšres. Et qu’elles s’occupent de la petite ou du petit. Ce modĂšle de mĂšre ou de maman n’attendra pas de l’homme ou du pĂšre qu’il se lĂšve la nuit lorsque le bĂ©bĂ© ou l’enfant se rĂ©veille. Ni que l’homme ou le pĂšre change les couches, prĂ©pare les biberons ou garde l’enfant Ă  la maison. Pour ce « genre Â» de maman, si le pĂšre ou le papa est important, en pratique, celui-ci est un personnage assez secondaire lors des premiĂšres annĂ©es de vie.  Or, les relations que l’on a dĂšs les premiĂšres annĂ©es de vie avec notre enfant mais aussi avec nos frĂšres et nos sƓurs engagent nos relations futures.

 

Lorsque je vois Ă  quel point et avec quelle rapiditĂ©, quelques Ă©changes avec mon pĂšre suffisent Ă  ce que nous soyons chien et chat, ou, plutĂŽt, deux coqs face Ă  face, j’ai beaucoup de mal Ă  croire qu’il ait pu ĂȘtre si « affectueux Â» Ă  mon Ă©gard lors de mes premiĂšres annĂ©es de vie. MĂȘme si je ne doute pas de son amour comme de son implication- musclĂ©e et obsessionnelle- ensuite dans mon Ă©ducation.

 

 

L’enfance est une carrosserie : diffĂ©rences entre la chirurgie et la psychiatrie

 

 

AĂźnĂ© de mes parents, par contre, je me rappelle bien avoir Ă©tĂ© le tĂ©moin direct et contraint de leurs diffĂ©rends. Et ce n’était pas toujours trĂšs beau. Des propos tenus en ma prĂ©sence.

Des confidences que ma mĂšre a pu me faire. Confidences qui m’ont appris le sens et l’importance de la discrĂ©tion et des mots. Ainsi que la solidaritĂ©. Sauf que j’étais trop jeune lorsque cet apprentissage a dĂ©butĂ©. J’avais moins de dix ans.

 

L’enfance, c’est une carrosserie. Pendant des annĂ©es, l’enfance permet d’absorber un certain nombre de chocs et d’accidents. Les parents parfaits n’existent pas. MĂȘme si chaque parent, je crois, essaie de rĂ©parer et de faire mieux ou un peu mieux que ses propres parents.

 

Mais la vie parfaite n’existe pas. Et nous sommes faits et constituĂ©s de maniĂšre Ă  pouvoir encaisser un certain nombre d’accrochages. Sauf que les coups que nous prenons sont invisibles et laissent des traces invisibles. C’est une des grosses diffĂ©rences entre la chirurgie et la psychiatrie et la psychologie.

 

Lorsque l’on se fracture une jambe en faisant du ski, de la danse, de la Gym ou du Foot, on a des signes physiques visibles. Cela se voit Ă  la radio. On peut rĂ©parer. Je crois de plus en plus que beaucoup de nos blessures sportives arrivent souvent , aussi, dans un certain contexte affectif et psychologique mĂȘme si la fatigue physique et le surentraĂźnement ou la mĂ©forme peuvent augmenter les risques de blessures. Mais, retenons dans notre exemple ce que je veux surtout dĂ©montrer. La chirurgie permet de rĂ©parer et de rĂ©duire des dommages physiques et physiologiques « visibles Â», dĂ©tectables. Incontestables. Le terme « incontestables Â» a une grande importance.

Le terme « DĂ©montrables Â», aussi. On se fracture une jambe, il est trĂšs facile de le dĂ©montrer. Il suffit de toucher. De regarder Ă  l’Ɠil nu. C’est souvent gonflĂ©, chaud, froid, etc
.

 

En psychiatrie et en psychologie, il y a aussi des signes cliniques variĂ©s :

 

Perte d’appĂ©tit, perte de sommeil, boulimie, anorexie, conduites Ă  risques, pensĂ©es particuliĂšres,  idĂ©es de mort, dĂ©lires etc
.

Sauf qu’entre le moment oĂč un Ă©vĂ©nement traumatique a lieu et « dĂ©clenche Â» l’état psychiatrique ou psychologique- physique et social- visible et dĂ©tectable, il peut se passer plusieurs annĂ©es. En pĂ©dopsychiatrie, on a des mĂŽmes de dix, onze ans voire moins. Ça fait trĂšs « petit Â» pour ĂȘtre hospitalisĂ© dans des services de pĂ©dopsychiatrie ou pour consulter dans un centre mĂ©dico-psychologique ou dans un CMPP. Ou pour rencontrer un psychologue. Mais ça fait combien d’annĂ©es que la « carrosserie Â» de ces mĂŽmes se mange des chocs et des accrochages ? Depuis leur naissance ? Avant leur naissance ?

 

Dans un garage, on peut vous dire : ça fera tant et tel nombre d’heures pour rĂ©parer la carrosserie. La voiture est un objet inerte. L’ĂȘtre humain est le contraire d’un objet. Et l’ĂȘtre humain est tout sauf inerte. L’ĂȘtre humain, c’est de la matiĂšre vivante. RĂ©ceptive Ă  ce qui l’environne, qu’elle s’en rende compte ou non. Partout, tout le temps. Lorsqu’elle dort. Lorsqu’elle Ă©coute de la musique. Lorsqu’elle passe devant une rĂ©clame publicitaire. Lorsqu’on la touche. Ça n’a rien Ă  voir avec une carrosserie de voiture ou avec une fracture que l’on va rĂ©duire au bout de quelques semaines ou quelques mois.

 

Le couple, continuitĂ© de  notre enfance :

Le couple, c’est la continuitĂ© de notre enfance. MĂȘme adultes, nous restons des enfants.

Beaucoup de personnes croient qu’une fois adultes, elles se sont complĂštement sĂ©parĂ©es de leur enfance. Elles ont Ă©voluĂ©, oui. Si on leur propose une tĂ©tine ou un biberon pour bĂ©bĂ©, c’est Ă©vident, qu’elles n’en voudront pas. Mais les tĂ©tines et les biberons ont aussi Ă©voluĂ©. Eux aussi sont devenus grands. Mais avant de devenir adultes, on passe par l’adolescence. Une pĂ©riode assez critique. On critique le monde, les autres, soi. On fait les comptes de ce que l’on a compris et assimilĂ© de la vie, les bons aspects comme les mauvais.

 

Il existe un Ăąge thĂ©orique pour l’adolescence, grossiĂšrement entre 12 et 20 ans, selon les personnes, les sexes et les cultures. Mais c’est trĂšs thĂ©orique. Cela varie selon les expĂ©riences de vie, les tempĂ©raments et les personnes.

L’adolescence est la pĂ©riode des virages sensibles. On n’est plus un enfant physiquement, mentalement, intellectuellement au sens oĂč les adultes n’ont plus le mĂȘme pouvoir d’autoritĂ© ou de dissuasion sur nous. Ils n’ont plus le monopole de l’expĂ©rience et du Savoir aussi, et c’est encore plus vrai avec l’informatique et les nouvelles technologies qui ringardisent de plus en plus rapidement les plus « vieux Â».

 

MĂȘme si, en tant qu’ados,  on craint certains  » vieux ». MĂȘme si on en admire d’autres. MĂȘme si on recherche d’autres. Ouvertement ou secrĂštement.

 

Le couple, qui, en principe, est l’un des « trophĂ©es Â» ou l’apanage de l’adulte, permet Ă  l’adolescente et Ă  l’adolescent de passer Ă  l’action. De mettre en pratique sa vision du monde. Ses convictions. L’adolescente ou l’adolescent se croit souvent plus libre que l’adulte qui peut ĂȘtre criblĂ© de dĂ©fauts. Du cĂŽtĂ© des adultes, on peut aussi trĂšs mal vivre ou trĂšs mal supporter ces « jeunes Â» qui nous dĂ©rangent, qui nous cherchent ou nous provoquent. Mais il y a de l’adolescent en chaque adulte et de l’adulte en chaque adolescent. Et, bien-sĂ»r, il y a de l’enfance dans les deux. Sauf que cette enfance n’est pas vĂ©cue, protĂ©gĂ©e ou sacrifiĂ©e de la mĂȘme maniĂšre selon les circonstances et les choix des uns et des autres. Il est ados qui font des  choix de vie dont bien des adultes seront incapables. Il est aussi des ados qui font des choix de vie qui feront d’eux des adultes suppliciĂ©s et dĂ©primĂ©s alors qu’ils avaient pour eux certains atouts. D’autres, ados ou adultes, deviendront des criminels, des SDF
je ne vais pas rĂ©inventer la vie. Elle est devant nous, tous les jours.

Un Adolescent :

 

 

Adolescent, je voulais devenir pĂšre Ă  vingt ans. Comme ma « mĂšre Â». Tout est parti de la naissance de ma sƓur, neuf ans aprĂšs moi. Puis de celle de notre frĂšre, cinq ans plus tard.

 

Au dĂ©part, j’avais trĂšs mal supportĂ© la prĂ©sence de ma petite sƓur ainsi que ses diverses sollicitations. Puis, je m’étais « acclimatĂ© Â». De toute façon, je n’avais pas le choix :

 

Lorsque ma mĂšre partait Ă  l’hĂŽpital pendant douze heures dans le service de rĂ©animation oĂč elle Ă©tait aide-soignante, et que c’était le week-end, notre pĂšre considĂ©rait qu’il avait mieux Ă  faire. Et, il me laissait m’occuper de ma sƓur et de mon frĂšre Ă  la « place Â» de maman.

 

J’y ai pris goĂ»t. MĂȘme si, certaines fois, j’aurais bien aimĂ© pouvoir sortir pour m’amuser avec les copains ou pour aller Ă  mon club d’athlĂ©tisme. Un de mes cousins m’avait surnommĂ©, en se marrant : «  La nounou ! Â».

 

La Nounou

 

 

A vingt ans, Ă©tudiant infirmier, comme ma mĂšre aurait souhaitĂ© le devenir, j’ai croisĂ© une femme dans un mes stages Ă  l’hĂŽpital. Elle Ă©tait aide-soignante, Ă©tait plus ĂągĂ©e que moi de six ans et avait un enfant. Simplement, sincĂšrement, elle m’a fait comprendre qu’elle aimerait bien avoir une histoire avec moi. Elle Ă©tait plutĂŽt jolie. Elle m’était sympathique et rassurante. J’avais Ă©tĂ© touchĂ© par sa dĂ©claration. Elle m’avait expliquĂ© que le pĂšre de son enfant, dont elle Ă©tait sĂ©parĂ©e, Ă©tait quelqu’un de gentil mais de pas trĂšs adulte.

 

 

Son offre Ă©tait tentante. Jeune adulte assez rĂ©cemment dĂ©niaisĂ© sexuellement et bien Ă©videmment tournĂ© vers les prodigieux gisements de l’orgasme, j’ai probablement entrevu le trĂšs grand potentiel sexuel d’une union avec elle. Mais je savais aussi ce que celle-ci impliquait :

Avec elle, je n’avais aucun doute quant au fait que je serais rapidement devenu pĂšre. Et, elle,  Ă  nouveau, une mĂšre.

 

Enfant, puis ado, j’avais pu voir et revoir ce schĂ©ma trĂšs courant parmi bien des couples de ma famille antillaise, Ă  commencer par mes propres parents :

 

Des jeunes adultes, qui, trĂšs vite, dĂšs qu’ils commencent Ă  travailler, font des enfants. Des femmes qui, jeunes, Ă©taient belles et sveltes, et qui, en devenant mĂšres, s’alourdissaient de kilos en kilos avec les annĂ©es. Des hommes qui, gĂ©nĂ©ralement, Ă©taient plutĂŽt machos et se prĂ©occupaient assez peu de psychologie. Contrairement Ă  moi, on l’aura compris.

 

 

Je tiens Ă  prĂ©ciser que lorsque cette femme, plus mĂ»re que moi, m’avait abordĂ©, je n’avais pas d’intention particuliĂšre Ă  son sujet. Si je regardais les femmes au point d’ĂȘtre amoureux de certaines, j’étais beaucoup dans l’idĂ©alisation de la femme. J’avais aussi un sacrĂ© handicap, voire plusieurs, pour rencontrer des femmes et avoir des relations intimes avec elles.

 

 

Mes handicaps au sortir de l’adolescence :

 

Au dessus de ma tĂȘte et dans ma tĂȘte, Ă©tait plantĂ©e l’interdiction paternelle de la Femme blanche. Dans un pays oĂč les gens sont majoritairement blancs, ça compliquait un peu la donne.

 

Ma mĂšre, aide-soignante dans un service de rĂ©animation, m’avait plantĂ© dans la tĂȘte l’interdiction de la mobylette et de la moto. Interdiction dont je ne me suis toujours pas relevĂ© mĂȘme si j’ai pu ĂȘtre passager plutĂŽt facilement et avec plaisir derriĂšre des conducteurs de deux roues. Mais, mon pĂšre, lui, c’était l’interdiction de la Femme blanche.

 

Si j’avais Ă©tĂ© un « queutard Â», j’aurai pu contourner l’interdit. Parce-que Monsieur Papa, lui-mĂȘme, a bien aimĂ© « rencontrer » quelques femmes blanches. Mais, peut-ĂȘtre du fait de ma solidaritĂ© enfantine avec ma mĂšre, je ne suis pas un queutard. Or, un queutard s’intĂ©resse avant tout Ă  son propre plaisir. Et, n’importe qui, n’importe quand, voire, dans n’importe quelles circonstances peut-ĂȘtre, lui « va Â».

 

J’avais peur de mettre une femme enceinte. MĂȘme si la contraception (pilule et prĂ©servatif) existait bien-sĂ»r et Ă©tait dĂ©jĂ  normalisĂ©e. Sauf que j’avais sans doute une mentalitĂ© de campagnard traditionnel Ă  l’image de mes propres parents. Et, je savais dĂ©jĂ  assez concrĂštement qu’avoir un enfant ou faire un enfant Ă©tait une responsabilitĂ©. On comprend assez facilement vu ce que j’ai pu raconter de mon adolescence. Si plusieurs de mes amis (femmes et hommes) ont dĂ©couvert vers 25 ou 26 ans, ou plus tard, ont dĂ©couvert, en devant mĂšres ou pĂšres, ce que ça faisait de s’occuper d’un bĂ©bĂ©, moi, je l’avais dĂ©couvert environ dix ans plus tĂŽt. Et quelque peu par la contrainte. J’en ai eu des bĂ©nĂ©fices. Si, aujourd’hui, j’ai plutĂŽt de bonnes relations avec ma sƓur et mon frĂšre, aujourd’hui adultes et mĂšres et pĂšres de famille, cela vient sans aucun doute de mes « aptitudes Â» Ă©galement maternelles lorsque je me suis occupĂ© d’eux. NĂ©anmoins, une partie de mon adolescence a Ă©tĂ© un peu malmenĂ©e, en particulier lorsque notre pĂšre m’imposait de tenir  son rĂŽle lorsque notre mĂšre Ă©tait au travail et qu’il partait vadrouiller pour son bon plaisir pendant l’intĂ©gralitĂ© du week-end. Soit un homme et un adulte trĂšs exigeant mais pas trĂšs juste avec moi. Ce qui explique ma colĂšre assez facilement « Ă©rectile Â» envers lui encore aujourd’hui.

 

« Enfin Â», et c’est Ă  peu prĂšs tout,  j’avais aussi peur du Sida. Car la fin des annĂ©es 80, c’était l’épidĂ©mie du Sida. EpidĂ©mie qui existe toujours mais face Ă  laquelle, aujourd’hui, nous disposons de plus d’armes. Aujourd’hui, ce serait plutĂŽt la pandĂ©mie du Coronavirus et celle du terrorisme jihadiste vis-Ă -vis desquels nous manquons d’armes. Ainsi que face au rĂ©chauffement climatique et Ă  la montĂ©e des extrĂ©mismes du maniĂšre gĂ©nĂ©rale, politiques comme religieux. Cela fait aujourd’hui partie de notre routine de la peur.

 

 

Une femme et un homme : routine ou normalitĂ© sociale et conjugale

 

AprĂšs avoir croisĂ© cette femme plus ĂągĂ©e que moi, j’ai bien-sĂ»r appris que la « routine Â» ou normalitĂ© conjugale et sociale qu’elle m’avait proposĂ©e  se retrouve dans bien d’autres cultures.

 

Mais cette femme Ă©tait d’origine antillaise comme moi. Sans doute que cela m’a d’autant plus alertĂ© et poussĂ© Ă  dĂ©serter. J’avais donc dĂ©clinĂ© poliment ses propositions malgrĂ© l’insistance, aussi, de sa jeune sƓur, laquelle me plaisait encore plus mais avait dĂ©jĂ  un compagnon.

 

J’avais dĂ©clinĂ© sa proposition car, depuis mon adolescence, je savais que je ne voulais pas faire partie de ces hommes qui font des mĂŽmes sans penser Ă  l’avenir. Et, je savais aussi, sans doute, que je refusais une relation de mensonge :

 

J’aurais pu faire mine d’accepter le projet conjugal de cette femme, coucher avec elle pendant un certain temps, me faire dorloter par elle. Puis m’enfuir. C’est un classique. S’il est assez classique que des hommes quittent une femme aprĂšs lui avoir fait un ou plusieurs enfants, il est aussi certaines femmes dont la prioritĂ© est d’ « avoir Â» un ou plusieurs enfants. Comme si l’enfant prĂ©sent permettait de remplacer un ou plusieurs membres qui manquent Ă  la mĂšre.

 

La psychiatrie adulte Ă  vingt cinq ans :

AprĂšs mon diplĂŽme d’infirmier, ma mĂšre a essayĂ© un temps de me dissuader d’aller travailler en psychiatrie. Elle avait peur que je devienne fou. Cette fois-ci, sa peur de la psychiatrie m’a moins parlĂ© que sa peur de la moto.

 

 

A vingt cinq ans,  aprĂšs mon service militaire que j’avais rĂ©ussi effectuer en tant qu’infirmier dans un service de psychiatrie adulte, j’ai commencĂ© Ă  travailler dans un service de psychiatrie adulte.

 

Depuis l’obtention de mon diplĂŽme d’Etat d’infirmier, quatre ans plus tĂŽt, je m’étais  aperçu que cela ne me correspondait pas d’aligner des tĂąches Ă  la chaĂźne dans un hĂŽpital dans un service de soins gĂ©nĂ©raux. Comme si je travaillais sur une chaĂźne de montage dans une usine. C’était au dĂ©but des annĂ©es 1990.

 

Si l’on Ă©tait en pleine Ă©pidĂ©mie du Sida, on ne parlait pas, alors, de la pandĂ©mie du Covid qui a atterri dans notre systĂšme solaire et mental en mars 2020. Mais on parlait dĂ©jĂ  de pĂ©nurie infirmiĂšre. Avant de devenir infirmier titulaire Ă  vingt cinq ans dans ce service de psychiatrie adulte, j’avais aussi Ă©tĂ© vacataire et infirmier intĂ©rimaire dans des cliniques mais aussi dans des hĂŽpitaux publics en Ăźle de France. De jour comme de nuit.

 

 

Dans mon « nouveau Â» service, en psychiatrie adulte, j’ai Ă©tĂ© le plus jeune infirmier pendant deux ou trois ans. Plusieurs de mes collĂšgues Ă©taient mariĂ©s avec enfants ou vivaient en couple. J’étais tout le contraire mais j’avais des principes et des certitudes concernant l’amour et le couple.

 

J’avais donc Ă©tĂ© trĂšs choquĂ© en apprenant que tel collĂšgue, mariĂ©, avait trompĂ© sa femme avec telle autre collĂšgue, mariĂ©e Ă©galement mais aussi mĂšre de famille. J’avais Ă©tĂ© si choquĂ© moralement  que j’avais envisagĂ© de quitter le service devant cette dĂ©bauche morale, pour moi,  Ă©vidente.

 

Puis, j’étais restĂ©. Je me sentais trĂšs bien professionnellement et humainement dans ce service. Je m’y sentais si bien que j’ai d’ailleurs fini par m’y sentir comme chez moi. Au point de devenir incapable de le quitter mĂȘme si je sentais que c’était pourtant ce qu’il fallait faire.  Cela  a eu plus tard des incidences personnelles et professionnelles qui m’ont obligĂ© et poussĂ© plus tard- enfin- Ă  partir. Et Ă  comprendre que l’affectif, mĂȘme s’il est important avec nos collĂšgues, doit rester secondaire sur notre lieu de travail.

 

Mais, dans ce service, en apprenant Ă  connaĂźtre ces collĂšgues, je compris un peu plus que la vie adulte et la vie de couple avaient leurs impasses.

 

Couper le cordon avec nos parents :

 

 

Le modĂšle du couple de mes parents et de membres de ma famille m’avait bien-sĂ»r dĂ©jĂ  donnĂ© des indices. Mais on ne fait pas toujours le rapprochement entre le modĂšle de nos parents et de notre famille et celui que l’on va suivre pour notre propre vie affective. Assez souvent, on suit Ă  peu prĂšs le mĂȘme modĂšle que nos parents. MĂȘme si, en apparence, on a l’impression d’ĂȘtre diffĂ©rent. D’avoir coupĂ© le cordon avec nos parents. Et cela se comprend facilement : 

MĂȘme si nous pouvons nous montrer aussi critiques que des ados envers nos parents, ceux-ci n’ont pas tout ratĂ© dans leur vie. Il est mĂȘme des aspects de leur vie que nous serions incapables de supporter ou de rĂ©aliser. Je me suis dĂ©ja demandĂ© par exemple, si, Ă  la place de mes parents, j’aurais eu la capacitĂ©, comme eux, de quitter mon pays natal pour la France.  A la fin des annĂ©es 60, mon pĂšre et ma mĂšre ont quittĂ© la Guadeloupe. Ils ont ainsi rompu avec une certaine tradition ainsi qu’une partie du cordon qui les reliait Ă  leurs aĂźnĂ©s depuis plusieurs gĂ©nĂ©rations depuis l’arrivĂ©e de leurs ancĂȘtres, du fait de l’esclavage, en Guadeloupe. Esclavage qui a Ă©tĂ© aboli en Guadeloupe en 1848. Je le rappelle. Car il est encore des personnes instruites et de bonne foi en France qui ignorent que la prĂ©sence de la majoritĂ© des Antillais par exemple en Guadeloupe ou en Martinique rĂ©sulte de la traite nĂ©griĂšre occidentale qui a durĂ© environ deux cents ans. 

En 1966 et 1967,  mon pĂšre avait 22 ans et ma mĂšre, 19 ans.  MĂȘme s’ils sont arrivĂ©s en « MĂ©tropole » avec la nationalitĂ© française, il existait alors un tel dĂ©calage culturel- qui subsiste- entre la Guadeloupe et la France, ainsi qu’un certain handicap de couleur de peau, que, pour moi, leur venue « en » France a bien des points communs avec celle de beaucoup d’immigrĂ©s. C’est comme cela que je m’explique ma comprĂ©hension assez « intuitive » de certaines difficultĂ©s d’intĂ©grations de jeunes français d’origine arabe ou maghrĂ©bine par exemple. Et, je ne vois aucun hasard dans le fait que mon meilleur ami soit d’origine algĂ©rienne. MĂȘme si j’ai appris depuis que dans certains quartiers, il arrive qu’Arabes et noirs ( africains ou antillais) soient les pires ennemis les uns pour les autres. 

 

 

Et puis, il y a une frontiĂšre que l’on ne franchit pas vis Ă  vis de ses parents lorsque l’on est mature :

 

Leur sexualitĂ© nous est interdite. Ce n’est pas Auchan ou une salle de cinĂ©ma. Nous n’avons pas de droit de regard dessus. Alors que l’on peut plus facilement s’autoriser Ă  franchir cette frontiĂšre en « regardant Â» ou en imaginant la sexualitĂ© de tels collĂšgues ensemble. J’ai dĂ©jĂ  entendu parler de ragots Ă  propos des coucheries ou de la relation sentimentale entre deux collĂšgues. Je n’ai jamais entendu parler de ragots Ă  propos de la sexualitĂ© de mes parents lorsqu’ils s’accouplaient :

 

 Il doit ĂȘtre trĂšs rare que des enfants, entre eux, se racontent les derniers potins concernant les derniers vibratos Ă©jaculatoires et clitoridiens de leurs parents.

 

 

En quittant ce premier service de psychiatrie, quelques annĂ©es plus tard,  pour un autre service, mon regard sur le couple, l’amour et certaines normes conjugales avait changĂ©. J’avais par exemple compris, je crois, que dĂ©sirer et aimer quelqu’un ne suffit pas pour ĂȘtre heureux ensemble. MĂȘme si ce dĂ©sir et cet amour sont partagĂ©s. Et qu’ils comptent bien-sĂ»r dans la construction d’un couple ou d’une relation. Du moins, Ă  mon avis.

 

Un quasi-expert dans les relations sentimentales Ă  la mords-moi-le-nƓud :

 

 

Pour  apprendre ça, j’avais payĂ© de ma personne :

 

J’étais devenu un quasi-expert dans les relations sentimentales Ă  la « mords-moi-le-nƓud Â».

 

Si j’ai connu des histoires d’amour avant de travailler dans ce service puis ensuite, j’ai aussi vĂ©cu l’échec final : ce que l’on appelle la rupture sentimentale. J’ai connu la rupture sentimentale, les ruptures sentimentales. Mais je n’avais toujours pas coupĂ© le cordon avec mes parents. Donc, j’étais dans ce que l’on appelle
la rĂ©pĂ©tition.

 

 J’ai Ă©tĂ© quittĂ©. J’ai aussi quittĂ©. Peu importe la sincĂ©ritĂ© de dĂ©part de l’un ou de l’autre.

 

A celles et ceux qui ont pu me dire, Ă  un moment donnĂ© que je manquais de chance, j’ai fini par rĂ©pondre :

 

« Non ! Je ne suis pas douĂ© pour le bonheur Â».

 

 

A une collĂšgue, en couple, qui avait pu me dire que cela l’angoissait d’ĂȘtre seule, j’avais rĂ©pondu :

 

« Moi, c’est d’ĂȘtre en couple qui m’angoisse Â».

 

 

Et, c’est vrai que, cĂ©libataire, j’ai connu un certain nombre de moments oĂč j’étais vraiment trĂšs content d’ĂȘtre tout seul chez moi.

Mais il y a eu aussi d’autres moments moins drĂŽles. OĂč je devais partir Ă  la chasse d’affection. Au point qu’un certain nombre de fois, j’ai pu ĂȘtre trop prĂ©sent auprĂšs de certaines personnes. Aux mauvais moments. De la mauvaise façon. Avec les « mauvaises Â» personnes : celles qui Ă©taient indisponibles.

 

Une certaine addiction :

 

A la RĂ©pĂ©tition d’histoires sentimentales Ă  la mords-moi le nƓud, s’est ajoutĂ©e sa cousine ou sa jumelle : Une certaine Addiction aux histoires Ă  la mords-moi-le-nƓud.

 

 

Aujourd’hui, je peux parler « d’addiction Â» parce-que depuis que je m’intĂ©resse d’un peu plus prĂšs au sujet des addictions depuis environ quatre ans, j’ai compris que l’on peut ĂȘtre aussi « addict Â» Ă  un certain type de comportements qui nous sont nĂ©fastes. Parce-que ces comportements nous dirigent et nous transportent vers des situations que l’on connaĂźt bien. MĂȘme si ces situations nous dĂ©posent toujours, Ă  un moment ou Ă  un autre, sur un matelas hĂ©rissĂ© de tessons ou de clous dans lequel on s’enroule, seul.

 

 

Entre l’obsession et l’addiction, il y a aussi des points communs. Nous sommes nombreux Ă  avoir des obsessions. Nous sommes aussi nombreux Ă  avoir certaines addictions. Mais nous nous en sortons diffĂ©remment selon les lieux, selon notre entourage et aussi selon notre capacitĂ© Ă  le voir ou Ă  le nier.

 

 

Je me maintenais dans des histoires Ă  la mords-moi-le-nƓud parce-que l’inconnu me faisait peur. L’inconnu d’ĂȘtre dans une histoire sentimentale stable et simple. La peur de me conformer Ă  une histoire conjugale « normale Â» et routiniĂšre comme mes parents oĂč le Devoir et le sacrifice semblent l’emporter, l’ont emportĂ©, avant tout.

 

Avant que les gens ne prennent de l’ñge, de l’arthrose, ne s’avachissent sous les kilos, le poids de leurs artĂšres et de leurs colĂšres contre l’autre, ils ont Ă©tĂ© beaux. Ils ont Ă©tĂ© souriants en rencontrant l’autre. Et, ils ont cru Ă  leur histoire mĂȘme si celle-ci a peu durĂ© et que l’artifice a trĂšs vite disparu. Dans le monde animal, il n’y a aucun drame car c’est comme ça que cela doit se passer. Il n’y a pas de rancune particuliĂšre, je crois. Mais dans le monde des ĂȘtres humains, cela se passe diffĂ©remment. Il y a de la mĂ©moire, des rancunes, des espoirs et  des comptes Ă  rendre Ă  l’autre :

 

 A soi-mĂȘme, Ă  notre entourage ainsi qu’à nos aĂźnĂ©s mais aussi Ă  notre descendance.

 

Ça fait beaucoup. Et cette histoire se perpĂ©tue.

 

Le mensonge et les normes sociales :

 

 

Je suis devenu pĂšre et me suis mariĂ© tard. J’avais quarante cinq ans. Je connaissais dĂ©jĂ  la sĂ©curitĂ© sociale et Ă©conomique. En me mariant avec ma compagne mais aussi en devenant pĂšre, j’ai dĂ©couvert la sĂ©curitĂ© affective :

 

Cette prĂ©sence quotidienne et aimante qui vous attend et vous reçoit quelle que soit la journĂ©e que vous avez passĂ©e. Quels que soient vos travers et vos humeurs. Tout ce que vous avez Ă  faire pour cela, c’est rentrer chez vous, passer un coup de tĂ©lĂ©phone ou envoyer un sms et quelqu’un, votre compagnon ou votre compagne, voire votre enfant, gĂ©nĂ©ralement, vous rĂ©pond plutĂŽt favorablement. Vous ĂȘtes souvent le bienvenu ou la bienvenue. Vous bĂ©nĂ©ficiez assez souvent d’une attention particuliĂšre.

 

 

En dĂ©couvrant cette expĂ©rience, j’ai aussi eu la confirmation que certains de mes proches et de mes connaissances qui m’affirmaient avoir moins de temps pour me voir ou me rappeler, m’avaient menti. Le mensonge fait aussi partie des normes sociales. Le mensonge envers les autres. Mais aussi vis Ă  vis de soi-mĂȘme :

 

Si l’on a moins de temps lorsque l’on se met en couple et que l’on dĂ©cide ensuite de « faire Â» un enfant, on peut, si on le veut vĂ©ritablement, joindre untel ou untel. Ou prendre le temps de le rencontrer. Cela nĂ©cessite plus de prĂ©paration pour une durĂ©e plus courte. Mais c’est possible.

 

Cet article est imparfait et biaisé bien-sûr mais je le crois sincÚre. Je le vois comme le contraire de certains mensonges sociaux.

 

 

Mais il y a d’autres mensonges qui subsistent. Lorsque l’on se met en couple, que l’on se marie ou non, on se dit oui. Sauf que, mĂȘme en se disant ouvertement oui, il y a d’autres points sur lesquels on se dit non. Mais comme on est plein d’amour et de dĂ©sir l’un pour l’autre, on n’y fait pas attention. On banalise ces quelques points qui peuvent ou vont devenir beaucoup plus sensibles Ă  mesure que l’on va se rapprocher l’un de l’autre dans le quotidien mais aussi dans la vie intime.

 

 

La Clinique de l’Amour : une Ă©mission de France Inter

 

 

Cette trĂšs longue introduction pour expliquer ce qui a pu me donner envie de dĂ©couvrir et d’écouter cette Ă©mission de France Inter appelĂ©e La Clinique de l’Amour. Une Ă©mission qui raconte en plusieurs Ă©pisodes (cinq ou six) d’une vingtaine de minutes l’évolution de plusieurs couples qui font une thĂ©rapie.

 

L’émission m’a « plu Â». MĂȘme si je lui reprocherais le fait que, par moments, pour moi, les thĂ©rapeutes sont trop intervenus. Cela peut faire sourire aprĂšs tout ce que j’ai Ă©crit avant de vous parler, finalement, de ce podcast de France Inter qui date de fĂ©vrier 2020.

 

Le thĂ©rapeute masculin par exemple. Il est certaines fois oĂč, Ă  mon avis, les deux thĂ©rapeutes auraient dĂ» davantage « protĂ©ger Â» la parole de celle ou de celui qui s’exprime  et le laisser parler. Au lieu de le laisser ou de la laisser se faire « pilonner Â» verbalement par l’autre.

 

Je crois que ça aurait Ă©tĂ© « bien Â» d’expliciter :

 

De dire par exemple Ă  telle personne qu’elle semble trĂšs déçue ; qu’elle avait apparemment une trĂšs haute vision ou une vision diffĂ©rente de ce que son mari ou sa compagne allait ĂȘtre dans la vie de couple ou de famille.

 

 

Un des couples a trois enfants. Je crois que cela aurait Ă©tĂ© bien de demander pourquoi trois enfants ? Pourquoi pas deux ? Pourquoi pas un seul ?

Vu que j’ai compris que bien des couples font des enfants en pensant que faire des enfants rapproche et va aider le couple Ă  se « soigner Â».

 

Alors que je crois que cela peut ĂȘtre le contraire : lorsque l’on fait un enfant, nos tripes prennent facilement ou peuvent facilement prendre le dessus sur tout ce que l’on essaie d’ĂȘtre ou de faire de maniĂšre rationnelle. Et l’on peut alors s’apercevoir Ă  quel point on est trĂšs diffĂ©rent de sa « moitiĂ© Â» voire opposĂ© Ă  elle. MĂȘme si on peut aussi devenir complĂ©mentaire.

 

 

J’ai aussi Ă©tĂ©  Ă  nouveau assez agacĂ© par certaines phrases typiques du vocabulaire professionnel de mes « collĂšgues Â»:

 

Ma remarque est sĂ»rement trĂšs dĂ©placĂ©e. Car le principal est bien-sĂ»r que ces thĂ©rapeutes aient fourni leur prĂ©sence, leur constance et leur empathie Ă  ces couples. Mais je vois Ă  nouveau dans ces tics de vocabulaire et de langage de mes « collĂšgues Â» thĂ©rapeutes un certain manque de spontanĂ©itĂ© : un trop haut degrĂ© d’intellectualisation ; une certaine carence affective. Comme s’ils s’en tenaient Ă  un texte ou Ă  un protocole appris par cƓur qui les empĂȘche d’improviser. Comme s’ils s’exprimaient de maniĂšre scolaire.

 

 

Hormis ces quelques remarques, j’ai bien aimĂ© cette Ă©mission.

 

 

J’aimerais pouvoir ensuite traduire cet article en Anglais voire peut-ĂȘtre en Espagnol quand je le pourrai.

 

Apparemment, pour l’instant, je n’arrive pas Ă  intĂ©grer le lien vers ce podcast dans cet article. Mais on le trouve facilement. DĂšs que je le pourrai, je l’intĂ©grerai Ă  l’article.

https://podcasts.apple.com/fr/podcast/1-partir-ou-rester/id1498194259?i=1000465403252

 

 

Je le prĂ©cise assez peu dans mes articles mais la plupart des photos prises dans la rue ou dans le mĂ©tro sont de moi.  

Franck Unimon, ce jeudi 29 octobre 2020. Puis, ce lundi 2 novembre 2020 oĂč j’ai ajoutĂ© un certain nombre de propos et de pages depuis l’article initial.