
Eben en concert Ă Paris au Petit Bain ce 25 novembre 2025
Il ne faudra pas attendre.
Jimmy Cliff ce 24 novembre, Biyouna, ce 25 novembre.
Dans la tombe.
Ce Mardi 25 novembre, sur le bureau, côte à côte, l’album solo de Shurik’n Où je vis et l’album concert hommage du groupe Kassav’ à Jacob Desvarieux. Rangé à portée de destin, Lux, le dernier album de Rosalia. Finalement acheté, pas encore écouté. Beethoven a été entendu au piano un peu plus tôt dans le film Des preuves d’Amour d’Alice Douard. Et, ce soir, le groupe Eben est à la salle de concerts Le Petit Bain, à Paris 13ème.
Aucune logique dans cette succession d’informations. Puisque la musique est la brèche, l’échelle d’éther, l’escalier de reflets, ou le parcours surprenant pour sortir de terre.
Pour s’évacuer.
Issue de partout, la musique ne s’arrête jamais et nulle part.
Il ne faudra pas attendre.
Je devrais être vieux. Je devrais guetter mes traits, mes écrans, mes applications, ne plus (me) chercher, me reposer, me confier à Black Friday. Me laisser dorloter.
Mais mon adolescence et Miles Davis (« My Mind is not shut ») continuent de me pousser.

Je suis sorti puisque je n’avais pas le choix. Froid, nuit. Le train de banlieue un peu retardé pour Paris. La ligne 14. La ligne 6. Puis marcher quelques minutes. Dépasser la piscine Joséphine Baker.
Je ne connaissais pas la salle de concerts Le Petit Bain et encore moins le groupe Eben un mois plus tôt. Naïade Productions m’a mis sur le trajet de leur dernier album, DiNASKAÑ (Désentraver).
Chants polyphoniques, langue bretonne, alto cinq cordes, guitare électrique, guitare douze cordes, contrebasse, tablas, percussions.
Sterenn Diridollou, Marine Lavigne, Sterenn Le Guillou, Jonathan Dour, Antoine Lahay, Julien Stévenin, Ilyas Khan.

Leurs titres m’avaient plu. Et, j’étais certain- je le redis- qu’ils me plairaient sur scène.

Leurs thèmes aussi : l’émancipation. L’attachement à une langue, ici, la langue bretonne, plutôt que la novlangue et les anglicismes courants (même si je pratique l’Anglais et considère que s’attarder à parler une seule langue est selon moi un handicap plus qu’une vertu). Le féminisme. Le refus des loups du fascisme qui m’ont rappelé les « loups gris » des nazis durant la Seconde Guerre Mondiale.
Ma principale surprise n’a pas été d’être le seul Noir spectateur dans la salle. Ça, cela m’a plutôt amusé.
Je n’avais pas prévu la danse.

Autant de personnes qui dansent dans la salle. PlutĂ´t jeunes, mais des un peu moins jeunes aussi. Beaucoup de monde dansait. A deux. En groupe. En faisant en quelque sorte la ronde. Deux hommes ensemble.
Cela m’a rappelé un mariage en Ecosse. Un Fest-Noz en région parisienne. Mais aussi le concert de Lindigo. Celui de Lagon Nwar. Les soirées antillaises, baptêmes, mariages et autres.
J’ai repensé au titre de Kassav’, Zouk-La-Sé-Sel-Médikaman-Nou-Ni (Un titre d’une quarantaine d’années). Aux propos de Jacob Desvarieux dans une interview, alors qu’il expliquait, qu’à entendre le zouk de Kassav’, on pouvait penser que c’était une musique seulement entraînante ( surtout si notre principal repère est un des tubes coquins de Francky Vincent). Mais qu’en écoutant de plus près les paroles de Kassav’, en Créole, qu’on s’apercevait que les sujets abordés étaient loin d’être toujours ensoleillés.
On se rapproche aussi de Bob Marley qui pouvait chanter « Hit me with Music » ou qui voulait voir dans la musique un moyen de mieux endurer certaines souffrances.
J’ai aussi pensĂ© au titre A Love Song de Natacha Atlas sur un des albums de Jah Wobble, Heaven and Earth. A Susheela Raman, Kristen Nogues, Jacques Pellen, Per Jakez HĂ©lias…

Etre ensemble, reprendre des forces par le chant, la danse, le corps et la mémoire, sans pour autant avoir le projet de conquérir le monde si ce n’est celui de vivre. Je crois que le groupe Eben raconte ça.
Un petit complément de leur quête se trouvera dans l’interview. Il y en a « deux ». Celle, plus complète, uniquement audio, que je préfère. Et celle avec des images, un peu mal cadrée, mais que j’ai décidé de garder néanmoins pour sa spontanéité et les archives.
Il ne faudra pas attendre pour découvrir Eben ou aller les voir sur scène.

L’interview audio ci-dessous.
Franck Unimon, ce mercredi 26 novembre 2025.