
La Cité de la voile Eric Tabarly-Lorient visite guidée juillet 2025- deuxième partie
Une ville n’est pas un bateau. Une ville, contrairement à une vie, ne prend pas le large. ( cet article est la suite de l’article Lorient visite guidée juillet 2025-première partie ).

Sous diverses conditions, on s’amarre à une ville, à une commune ou à un village. Qu’on y fasse bonne fortune ou non, c’est plus ou moins un container dans lequel on se fait enterrer ou que l’on quitte pour un autre.

A la cité de la voile Eric Tabarly, nous avons appris qu’il se trouve 66 mers et 5 océans sur Terre. Depuis que j’ai appris ces chiffres, j’ai un peu essayé comme on peut jouer avec des dés et des idées, d’imaginer ce que pourrait être un monde « fait » par exemple de 1000 mers et 60 océans. Comment celui-ci serait habité et si nous y aurions exactement la même existence que maintenant.
Contrairement à d’autres, pour l’instant, je ne suis pas allé très loin dans mon scénario. Car il me manque quelques pièces, connaissances et expériences.
Parce que, surtout, je suis encore retenu par la croyance très courante parmi les coléoptères urbains qu’il me faudrait absolument tout connaître des éléments comme des instruments de mesure et avoir la carte de navigation- ou de gravitation- la plus complète possible pour partir.
Parce-que depuis cette visite de la Cité de la Voile Eric Tabarly au mois de juillet, je suis retourné à ma vie de coléoptère chez « moi » en ville, en région parisienne.
J’y connais bien sûr des bons moments.

( L’article relatif au concert de Justice à Rock en Seine est ici Justice à Rock en seine ce 23 aout 2025 ).
Mais je m’interroge. Comme chaque fois que l’on tente de scruter l’horizon ou des suppositions. Chaque fois que l’on parvient à assembler des forces isolantes – mais brèves- de lucidité en soi dans une existence qui paraît davantage bordée pour faire de nous des hémophiles ou des personnes qui ont à peu près peur de tout excepté de la dépression ou des addictions.

Mais pour l’instant – je suis un très bon comédien- j’en suis encore à faire diversion. En mémorisant en théorie la différence entre une mer et un océan.
A la cité de la voile Eric Tabarly, cette différence nous a été expliquée. La mer et l’océan ne sont pas – encore- des endroits auxquels on accède en prenant une autoroute à péage ou le métro en utilisant notre voiture, notre pass navigo, ou en jouant en réseau avec d’autres personnes que l’on ne voit jamais.
Pour les marins, la ville de Lorient est un bon tremplin vers ou sur la mer, ce fantôme qui n’attend rien de nous.

A la Cité de la Voile, nous avons appris qu’Eric Tabarly (1931-1998), Breton né à Nantes, fils de navigateur, marin, compétiteur, architecte, ingénieur, armateur, militaire de carrière mais aussi visionnaire qui, à chaque nouveau bateau, a révolutionné la construction navale- et qui s’était plus ou moins sédentarisé et même marié et avait enfanté tardivement- avait une affection particulière pour Lorient.

Pour son ouverture sur la mer, les vents qui y permettaient de profiter de la navigation dans de très bonnes conditions pour qui sait naviguer bien-sûr et pour qui aime être en mer.

Un pont en hauteur relie la Cité de la Voile au port de Keroman. Le jour de notre visite, ma fille et moi y sommes restés à peu près cinq heures.

Notre billet étant valable toute la journée, après une première visite, ma fille a souhaité y revenir le soir. Ce que nous avons fait environ trois quarts d’heure avant la fermeture.
Dans le port de Keroman, nous avons pu prendre le temps de distinguer plusieurs Pen Duick ( « Petite tête noire » en Breton) qui avaient appartenu à Eric Tabarly et avec lesquels il avait remporté plusieurs compétitions et battu plusieurs records de traversée. La guide de la Cité de la Voile nous avait invité à aller les voir de près. Elle nous avait raconté l’évolution de la voile depuis Eric Tabarly. Elle nous avait parlé des Imoca.
Elle nous avait parlé de la nourriture à bord.
Des maquettes grandeur nature de mats, de coque, de provisions, de matériel de sauvetage et de survie présentes dans la Cité de la Voile permettaient d’équiper un peu les pensées et l’inexpérience du terrien que je suis. Un terrien urbain qui ne connait presque plus rien à la fois de la terre sur laquelle il marche mais aussi de la mer qui l’entoure. Régulièrement accaparé ou distrait par des activités voire des urgences administratives, professionnelles, ménagères, matérielles, de loisirs ou de consommation, en tant que terrien urbain je regarde très facilement la mer et la terre comme des territoires occultes que des intermédiaires, des hommes, des femmes, des enfants, que je côtoie peu, fréquentent, exploitent, dégradent ou « possèdent ».
A la cité de la voile Eric Tabarly, on a opté pour être beaucoup moins moralisateur et sinistre que moi. On a opté pour la pédagogie. De la très bonne pédagogie.
Un certain nombre de jeux ludiques captivants pour les enfants et les adultes nous faisant vivre plus concrètement l’expérience de la navigation. Il y avait sûrement moins de monde que d’autres jours lorsque nous avons visité la Cité de la Voile, ma fille et moi. Nous avons pu nous amuser/exercer à utiliser un winch, à apprendre à faire des nœuds marins, à essayer de guider des petits bateaux en nous servant des vents d’une soufflerie.
A l’extérieur de la Cité de la Voile, nous avons pu aussi apercevoir d’autres bateaux ainsi que certains chantiers navals qui ont pu être le lieu de fabrication ou de réparation de certains bateaux qui ont participé ou participent entre-autres à la course du Vendée Globe.
Franck Unimon, mardi 2 septembre 2025.
Bonus : la version « podcast » de l’article :