
Les Aigles des remparts (octobre 2023)
Pendant des années, j’avais entendu parler de la cité médiévale de Provins. Sans y aller. Jusqu’à me convaincre que les festivités qui s’y déroulaient devaient être toc. Et puis, il y avait beaucoup de monde sur place selon certaines rumeurs.

La véritable raison de mes réticences, c’était le côté assez peu pratique du trajet en provenance d’Argenteuil et, auparavant, de Cergy Pontoise. Prendre sa voiture. Trouver où se garer. Le chemin du retour. Les inévitables embouteillages. Tout ça pour de l’artifice.

Mais en octobre 2023, je fus moins sensible à la doctrine de mes obstacles. Et si, après une discussion avec ma compagne, je renonçais finalement à y emmener notre fille (le lendemain matin, il y’aurait l’école, elle avait plutôt besoin de se reposer, il fallait compter un peu plus d’une heure de route en voiture) je m’y rendis avec une copine et ses deux enfants. Celle avec laquelle un peu moins de deux ans plus tard, j’irais voir La Chair est triste hélas ! de Ovidie mise en scène par elle-même au théâtre de l’Atelier. ( voir Ovidie au théâtre : la chair est triste hélas ).


Cette copine habitait désormais assez près de Provins. Nous nous étions rencontrés dans un stage pour comédiens plus de dix années auparavant. Depuis, elle était aussi devenue metteure en scène de spectacles pour enfants.

Je n’ai pas d’explication quant à ce qui m’a poussé à partir assister à ce « spectacle » à Provins. Mais en revoyant ces photos aujourd’hui, plus de deux ans plus tard, je m’avise qu’à l’ère moderne de la pesée publique de nos visages comme de nos pensées, des réseaux sociaux et de la perte permanente de nos informations personnelles, que l’on peut développer un attrait pour toute société un peu animale, dont la liberté, les codes, les secrets et la magie semblent avoir échappé au garrot des pharmacies, des administrations ou des supermarchés des distractions qui ne cessent de se démultiplier.

C’est bien sûr un point de vue très idéalisé. Car si les véritables remparts existent, les vies sans impasses et sans détournements sont rares.


Mais en regardant ces photos, je ne vois ni impasse et ni détournement. Je vois ce qui peut nous rapprocher des aigles à force de tenir à nos codes, à nos secrets, à la magie ainsi qu’à une certaine liberté.

Franck Unimon, ce lundi 15 décembre 2025.