
Marathon Circus – Mars 2020-202 ?
On n’est pas fa-ti-gué !
« On n’est pas fa-ti-gué ! ». C’est ce qu’entonnent certains marathoniens qui courent en groupe pour s’encourager lors de l’épreuve. Pour dédramatiser l’effort durable qu’ils s’imposent. Certains couples se forment en préparant puis en courant un même marathon.
La pandémie du Covid peut être comparée au marathon ou à toute autre sorte d’épreuve. Sauf que personne, au départ, n’est venu s’inscrire, et payer, pour y participer. Afin de pouvoir affirmer fièrement ensuite qu’elle ou qu’il a couru le marathon de Paris ou de Berlin ou de New-York.
On dit couramment que le « principal, c’est de participer. Pas de gagner ». Mais je crois que, pour ce marathon de la pandémie du Covid, nous sommes un certain nombre qui, si nous avions le choix, nous serions depuis très longtemps désistés ou aurions laissé notre dossard et notre paire de baskets à d’autres. Afin qu’elles ou qu’ils prennent « leur pied » sur le bitume. Certainement que nous serions prêts à donner un peu d’argent pour que certaines et certains courent à notre place. Sauf, que cette fois, nos places sont difficilement interchangeables.

Si l’on peut croiser des personnes qui portent un tee-shirt sur lequel on peut lire l’édition de telle course pédestre auxquelles elles ont participé, j’ai un peu de mal à concevoir qu’il en sera de même pour cette pandémie, ou cette « multiple » pandémie du Covid. Ou alors, peut-être dans un film.
On n’est pas va-ccin-né !
« On n’est pas vacci-né ! » pourrait être le chant de certaines personnes anti-vaccin. Ce le sera peut-être au moins par provocation. Mais ce n’est pas le mien. Même si je suis encore, pour l’instant, non vacciné.
Mes doutes face Ă ces vaccins sortis très vite sont rĂ©sistants. Ma perplexitĂ© devant certaines « stratĂ©gies » ou techniques de communication du gouvernement, aussi. Et les propos d’un certain nombre de mĂ©decins me font penser Ă cette cacophonie entendue il y a plusieurs annĂ©es au salon de la musique.
Si je suis sensible aux arguments de certains ( dont Irène Frachon, « la fille de Brest » qui encourage Ă se faire vacciner contre le Covid ), je vois dans le dĂ©roulement de la pensĂ©e d’autres mĂ©decins une logique oĂą tout est soit noir. Ou soit blanc.
Sans doute suis-je trop Ă la recherche du « Ying » et du  » Yang  » que je trouve drastiquement très absent depuis le dĂ©but de cette pandĂ©mie en mars 2020 ? Sans doute suis-je encore trop bien portant et trop « prĂ©somptueux » pour faire aujourd’hui la fine bouche devant les vaccins anti-Covid actuels ?
Mais je suis encore reconnaissant Ă ce mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste consultĂ© il y a quelques semaines. Cela devait ĂŞtre la première fois que je le rencontrais pour un tout autre motif que le / la Covid . Il venait de me prescrire un traitement mĂ©dicamenteux standard selon le protocole d’usage pour ce qui m’amenait. Lorsque je lui ai dit que je pensais, aussi, Ă complĂ©ter Ă©ventuellement son traitement en allant consulter tel praticien de telle discipline dite « parallèle ». Enthousiaste, il m’a alors aussitĂ´t rĂ©pondu :
 » Tout ce qui marche, c’est bien ! ». Et, il m’avait rĂ©pĂ©tĂ© cette phrase presque comme un mantra :
« Tout ce qui marche, c’est… bien !« .
Combien de nos chers médecins, politiques, média, concitoyens et autres qui « savent tout », qui nous informent de leurs certitudes voire de leurs jugements sur celles et ceux qui, comme moi, doutent encore de ce qui nous est proposé avec les vaccins actuels contre le Covid, sont-ils capables de concevoir ça ?
 » Tout ce qui marche, c’est bien ! ».
Eléments de perplexité
Lorsqu’il y avait pénurie de masques anti-Covid, entre mi-mars 2020 et début Mai 2020, le port du masque a même été considéré comme superflu par le gouvernement. Même si la porte-parole du gouvernement qui avait prononcé ces propos a depuis disparu de la scène (elle est loin d’être devenue SDF !), elle faisait ce pour quoi elle avait été mise à ce poste. Donc, je m’abstiendrais de la tenir seule responsable. En tant que porte-parole, elle a seulement été la partie la plus visible, donc la plus repérable et la plus facilement blâmable, de certaines décisions gouvernementales.
Lorsque les masques anti-Covid sont apparus par milliers et par millions début mai, l’obligation des masques anti-Covid est devenue super glue.
J’ignorais jusqu’à cette semaine que les policiers avaient été menacés de « sanction administrative » en cas de port du masque. D’où leur « refus », par rancœur, pour l’instant, de se faire vacciner contre le Covid. On peut supposer qu’après quelques pourparlers ou l’octroi d’une prime, que les policiers vont bientôt se montrer plus volontaires pour se faire vacciner contre le Covid.

Mais cette information (le risque d’une sanction administrative des policiers en cas de port du masque) nous apprend ou nous réapprend au moins deux choses.
Tout d’abord, nous sommes tellement cloisonnés dans nos univers personnels et professionnels, que cette menace de sanction administrative en cas de port du masque pour un agent de police alors que le masque est rapidement devenu obligatoire pour le citoyen lambda, a « sûrement » été ignorée ou banalisée par la majorité des Français.
Ensuite, dans un contexte de pandémie et d’importance des gestes barrières, je ne vois pas comment, à moins de dévaluer la nécessité des masques anti-Covid, un gouvernement mais aussi des scientifiques et des médecins ont pu ou pourront justifier que les policiers aient été interdits de masque anti-Covid. Alors que le reste de la population a dû se conformer à cette obligation du port du masque dès début Mai 2020….
Lorsque les vaccins anti-Covid n’étaient pas disponibles, les gestes barrières étaient les remparts systématiques contre la pandémie :
Port du masque, lavage des mains avec du savon, utilisation du gel hydro-alcoolique, distance sociale au minimum de un mètre, réduction du nombre de personnes rencontrées, aération des pièces de vie et de travail, réduction de nos déplacements (lors du premier confinement en mars 2020, pour celles et ceux dont le travail le permettait, il fallait même rester chez soi !) tousser et éternuer dans son pli du coude.
Depuis que les vaccins anti-Covid sont présents par millions de doses en France et dans d’autres pays riches, on dirait selon les situations que tous ces gestes barrières sont devenus caducs ou, pire, qu’il semblerait qu’ils étaient comme une gymnastique occupationnelle destinée à nous occuper plus qu’à véritablement nous protéger. Afin de pouvoir nous dire ou nous faire croire officiellement :
« Vous voyez, on fait quelque chose contre la pandémie. Nous maitrisons la situation, ne vous inquiétez pas ! ».
Mais depuis l’obligation des vaccins contre le Covid « officialisée » à partir de ce 12 juillet 2021 (obligation indirecte au vu de toutes les contraintes et sanctions qui vont s’imposer à celles et ceux qui ne seront pas vaccinés à partir de ce 15 septembre 2021), on peut se demander si la maitrise concernait plus nos agissements et notre façon de vivre que la pandémie elle-même.
Nous croyions agir alors dans le respect de certaines règles sanitaires. Mais, peut-être que non, finalement. Puisque, désormais, contrairement à il y a encore à peine deux mois, même avec un masque anti-Covid sur le visage, et même en respectant la distanciation sociale, je ne peux plus entrer dans une salle de cinéma. Je ne peux plus aller dans la médiathèque de ma ville.

Aujourd’hui, depuis le 9 aout 2021, les vaccins anti-Covid sont devenus les pièces maitresses, les princes absolus et exclusifs de notre kit de survie qui comporte aussi désormais le célèbre passe sanitaire numérisé. Ce qui fait moderne. A quand une page instagram, Facebook et Twitter pour le passe sanitaire ? Afin de le faire vivre au travers d’un avatar afin qu’il nous « raconte » comme il est proche de nous, les êtres humains, et qu’il est là essentiellement pour notre bien ? Ce serait sympa. Et cool.
Deux personnes, pour l’instant, vaccinĂ©es comme il se doit contre le Covid, m’ont racontĂ© que leur QR Code n’avait pas Ă©tĂ© reconnu. Cela s’est nĂ©anmoins bien terminĂ© pour eux. Mais ça fait un peu penser Ă un monde Ă la Brazil ( du nom du mĂŞme film de Terry Gilliam) en train de s’installer en France.
Attentions
Un collègue, vacciné « avec » Pfizer, nous a aussi raconté il y a maintenant une ou deux semaines qu’un de ses amis, au schéma vaccinal anti-Covid complet, avait néanmoins attrapé le variant Delta et qu’il s’était retrouvé plié dans son lit, chez lui, durant dix jours. Ce collègue a ajouté :
« Donc, faites-bien attention avec le variant Delta ! ».
Bien-sĂ»r, moi, le non-vaccinĂ©, ça m’a fait et me fait rĂ©flĂ©chir. Je me suis demandĂ© si j’Ă©tais bien inspirĂ© de rester non-vaccinĂ©. Je n’ai pas de certitudes. J’ai des doutes.
Sur les vaccins. Mais aussi sur certains comportements. Certaines personnes vaccinées se comportent comme si, après leur vaccination complète, elles étaient devenues invulnérables. Je les vois, je les revois. Pas de port du masque par exemple lorsque cela se devrait. Moi, à l’intérieur, dans les lieux publics et professionnels, je porte mon masque. Je continue de porter mon masque. Sur mon nez et ma bouche. Depuis juillet de l’année dernière (en 2020) je crois que je peux encore compter le nombre de personnes que j’ai embrassées en dehors de ma compagne et de ma fille.
Entre la maladie et la mégalomanie
Mais je me rappelle aussi encore de l’inquiétude, la première exprimée en près de trente ans d’amitié, de mon ami, vacciné contre le Covid depuis plusieurs mois, lorsqu’il m’a demandé au téléphone, il y a deux ou trois jours :
« Mais, Franck, tu vas te faire vacciner ? ». J’étais Ă cĂ´tĂ© de la gare du Nord. ( La Gare du Nord )J’ai essayĂ© de le rassurer. J’ai rĂ©pondu, je crois, en toute sincĂ©ritĂ©. Sans Ă©luder.
Je lui ai répondu que ce que je faisais principalement, c’était essayer de gagner du temps. Que, le lendemain (c’était hier), j’allais revoir un de mes médecins et lui parler, entre-autre, de ce sujet de la vaccination anti-Covid. Car, même non-vacciné, je continue de recueillir autour de moi des avis. Je ne recherche pas le débat. Je ne me moque de personne. Je ne critique pas. Que l’on soit vacciné ou non vacciné. J’ai trop conscience, je crois, du fait, que l’être humain passe sa vie à osciller entre la maladie et la mégalomanie. C’était comme ça avant la pandémie du Covid. Et ce sera encore comme ça après elle.

Bien-sûr, il y a des maladies et des mégalomanies plus graves que d’autres. Je préfère attraper un rhume que d’avoir un cancer. Je préfère la mégalomanie d’un humoriste sur scène ou dans un film à celle d’une personne armée économiquement, moralement, politiquement, administrativement et militairement et qui peut détruire sciemment et concrètement, une vie, une position, en quelques secondes. Par un ordre, une signature, un appel, un regard. Par calcul.
Une attitude irrationnelle
J’ai entendu parler de l’attitude irrationelle des personnes refusant ou hésitant à se faire vacciner contre le Covid. Comme si l’être humain était ou avait été, en tout point et en toute circonstance, un être rationnel ! Comme si l’action de faire confiance était rationnelle !
Il n’y a rien de rationnel dans le fait de désirer une personne plutôt qu’une autre et de pratiquement tout faire pour s’en rapprocher même si, finalement, cela nous dessert. Or, non seulement, cela arrive tous les jours. Mais, en plus, l’être humain est prêt à recommencer plusieurs fois les mêmes erreurs.
Il n’y a rien de rationnel dans le fait de faire confiance. On peut se détourner d’une personne intègre, attentive et fiable et préférer se jeter dans les bras de quelqu’un juste parce-que cette personne nous a fait « vibrer ».
Il n’y a rien de rationnel dans le fait d’acheter quelque chose- et cher- dont on n’a pas besoin. C’est pourtant grâce à ça que marche une bonne partie de notre économie et que s’enrichissent bien des industries et des actionnaires.
Il n’y a rien de rationnel dans le fait de voter pour tel représentant politique qui ne vaut pas mieux que tel autre qui nous « sort par les yeux ». Pourtant, nous le faisons et allons continuer de voter de la même façon en pensant bien faire. Au moins par devoir.
Les personnes qui parlent « d’irrationnel » sont elles-mêmes également irrationnelles sauf qu’elles ne s’en aperçoivent même pas. Ou s’en servent. Ce qui est pire !
Mais ce que j’écris n’a rien de scientifique. C’est peut-être une manifestation de plus de ma connerie, de mon égoïsme, de mon irresponsabilité et de ma mégalomanie. La prochaine étape, si je tarde trop, c’est, officiellement, le Covid, un service de réanimation. Et, de partir faire le plein à la station service de la mort.
La Mort
A un moment, cet été, je me suis dit qu’indirectement, au travers de ces désaccords à propos de cette obligation de la vaccination anti-Covid, il y avait un autre sujet qui était à tout prix évité et caché honteusement. Celui de l’euthanasie. Celui de pouvoir décider de la façon dont on peut et veut mourir. Et quand. Mais aussi, comment. Ce qui revient aussi à décider de la façon dont on veut vivre.
Je suis pour la vie. Donc, si je suis convaincu qu’un vaccin peut me faire vivre ou m’aider à vivre ou à vivre mieux, évidemment, je le prendrai. Aussi, je comprends le choix volontaire de celles et ceux qui ont décidé de se faire vacciner contre le Covid.
Mais si j’ai des doutes à propos de ces vaccins ? Qu’est-ce que je fais ? Je fais néanmoins comme les autres ? Parce-que les autres, le plus grand nombre, l’a fait ? Et si le plus grand nombre s’est trompé ou se trompe parce qu’il a peur ou a eu peur de mourir ?

J’ai pourtant mes peurs. Ainsi que, sans doute, des peurs communes avec bien des personnes aujourd’hui vaccinées contre le Covid. Et, je ne me réjouis pas de voir passer des affiches de films ou de spectacles auxquels je ne peux pas me rendre car non-vacciné. Je ne me réjouis pas de ne pas pouvoir participer à certains événements sociaux.
On peut être très intelligent et avoir suffisamment peur de la mort au point de faire des erreurs d’appréciation et de jugement. C’est ce que je pense des journalistes de Charlie Hebdo et du Canard Enchaîné qui se moquent des anti-vaccins et les résument assez à des crétins et à des complotistes. Je crois aussi que leur peur de la mort est telle qu’ils la tournent en dérision par leurs caricatures et leur humour noir qui déplait à d’autres.
Si les terroristes qui ont si mal pris les caricatures de Charlie Hebdo avaient compris ça, que derrière bien des caricatures et de l’humour, il y a souvent de la peur. La peur de la mort, de la tristesse aussi et du désespoir- quasi prémonitoire- devant bien des agissements funestes de l’être humain. Si les terroristes avaient compris ça, il n’y aurait pas eu d’attentats dans les locaux de Charlie Hebdo. Qu’il n’y ait pas de malentendu :
Je suis triste de ces attentats intégristes dans les locaux de Charlie Hebdo et ailleurs. Au Bataclan, à l’Hyper-Cacher, à Nice….
Je fais cette allusion aux journaux Charlie Hebdo et au Canard Enchainé parce-que je suis un de leurs lecteurs réguliers depuis quelques années. Et que je « connais » leur avis sur les non-vaccinés contre le Covid.
Et, concernant les intégristes islamistes qui ont fait ces attentats en France et ailleurs, je m’illusionnerais sans doute si je les résumais à des personnes chez qui l’autodérision est absente, interdite ou impossible. Je ne sais pas comment est « fait » un terroriste. Surtout qu’il existe plusieurs sortes « raisons » ou motivations pour devenir terroriste. Peut-être sont elles assez proches, finalement, ces raisons et ces motivations, de celles qui peuvent pousser à devenir espion ou agent secret. Sauf que les critères de sélection des candidats sont différents ainsi que leur environnement, leurs buts et leurs missions.
Néanmoins, pour le peu que j’ai compris, une personne terroriste est aussi une personne qui rêve d’aventures meurtrières peu importe la raison, l’idéologie ou la cause. Que la « cause » soit officiellement une caricature ou le besoin de prendre une certaine revanche sur la vie par tous les moyens. Y compris par les armes, le meurtre, le viol, la torture….
Mais je me suis éloigné de mon marathon personnel.
Ce que j’espère
Ce que j’espère : c’est, à la fois, que la pandémie du Covid se désagrège le plus rapidement possible. Car, depuis dix huit mois, on s’est aperçu que les données de cette pandémie peuvent très vite changer en quelques semaines. D’ici un mois, voire avant, on aura une autre situation que la nôtre actuellement. Dans le pire ou dans le mieux.
Ce que j’espère, c’est de pouvoir tenir jusqu’à l’arrivée d’un vaccin anti-Covid dont les caractéristiques et les conditions de fabrication me convaincront suffisamment.
Mais, bien-sûr, d’ici une semaine ou deux, ou plus, je n’aurai peut-être plus la possibilité ou le choix d’étudier mes options comme je le fais maintenant.
Les bonnes nouvelles
Les bonnes nouvelles, c’est que la vie continue. Et qu’après ces divers confinements depuis dix huit mois, j’ai revu ces derniers jours des amis ( vaccinées et vacciné contre le Covid) avec lesquels j’ai pu prendre mon temps. Parce-que, dans un marathon, pour tenir, il faut bien-sûr avoir un cœur entraîné qui s’accorde avec le reste de notre corps en bonne santé. Mais il faut aussi que ce qui est dans la tête suive. Si le cuivre de nos pensées nous transmet uniquement des visions de vertiges et de ruines toute la course durant, notre marathon sera un confinement parmi tant d’autres.
On n’est-pas-fa-ti-guĂ© !
Franck Unimon, ce vendredi 3 septembre 2021.