
Marc Crofts Klezmer Ensemble au MAJH ( Musée d’art et d’histoire du Judaïsme) 15 Mai 2025
Je ne connaissais pas le MAJH pourtant situé dans le quartier du Marais à Paris. Ce 15 Mai 2025, une statue vous interpelle dans la cour, l’épée brisée.

C’est la loyauté du Capitaine Dreyfus ( 1859-1935) dont la mémoire est ici statufiée.
En venant ici ce jeudi 15 Mai, je « sais » ce qui se passe depuis le 7 octobre 2023 en Israël et en Palestine. En Palestine et en Israël.
Il m’arrive aussi de penser à la série Hatufim de Gideon Raff diffusée entre 2010 et 2012..
Je ne suis pas juif et je ne vois pas pour quelle raison j’aurais dû l’être spécifiquement ce soir-là.
Le Klezmer ne fait pas plus partie de mes terres. Même s’il me reste peut-être encore un peu du film Gadjo Dilo réalisé en 1997 par Tony Gatlif. Ou du titre Pagamenska du groupe Oi Va Voi écouté il y a plus d’une quinzaine d’années.
Ce 15 Mai 2025, à peu près libre de toutes mes guerres intérieures et postérieures, je viens écouter de la musique et voir des artistes dont je n’avais jamais entendu parler deux mois plus tôt.
C’est le label Zamora Productions qui m’a mis sur la piste du Marc Crofts Klezmer Ensemble en m’envoyant leur album Urban Myths. Un album dont j’ai croisé un peu les timbres avant de venir les écouter sur scène.
Le label Zamora Productions est également engagé derrière les artistes Lagon Nwar, Okali mais aussi sur le dernier album de Rocio Marquez. Des artistes dont j’ai parlé dans d’autres articles. ( Voir Lagon Nwar au café de la danse ce 31 mars 2025, et Rocio Marquez au Théâtre Zingaro ) .
A une époque ou des vedettes musicales comme Billie Eilish, Charli XcX, Rosalia, Theodora, Ronisia ou Little Simz suscitent ferveur populaire au sein des jeunesses ( de 14 à 25 ans) en ayant très peu de musiciens sur scène et toujours des paroles dans leurs compositions, je fais peut-être partie d’un public qui surfe sur un passé de plus en plus éloigné et qui peut encore, les problèmes de mémoire aidant, feindre de l’ignorer.
Mais l’amateur de musique que je suis se rappelle que celles et ceux qui savent jouer écoutent et apprécient souvent des artistes a priori plutôt séparés de leur univers. Miles Davis avait écouté aussi bien du Chopin que le Zouk de Kassav’. Bob Marley avait écouté James Brown. Nina Simone aurait voulu être une pianiste classique. Johnny Halliday et Jacques Brel étaient très proches. Gainsbourg était connu pour son bagage musical.
Pour ma part, je n’ai pas peur d’écouter des titres sans paroles comme des artistes que je connais à peine.
Les musiciens du Marc Crofts Klezmer Ensemble sont bien plus jeunes que moi qui suis né en 1968. Pourtant, Seraphim Von Werra, l’un des musiciens du Marc Crofts Klezmer Ensemble, a un air de Jacques Brel. Mais il ne chantera pas. C’est Marc Crofts qui s’en chargera sur deux ou trois titres en interprétant non du Jacques Brel mais de la musique Klezmer. C’est aussi lui qui présentera les titres avec humour et érudition, rappelant en cela que la musique est un moteur culturel et de transmission. On en apprendra ainsi un peu sur les titres sans doute bien plus âgés que je ne le suis mais aussi sur les membres de l’ensemble qui, en dehors de ces mythes urbains, ont intégré des projets musicaux bien différents de celui de ce soir-là.
Sans doute le lieu, sans doute l’acoustique, sans doute l’intimisme de la salle, sans doute les thèmes et l’époque évoqués ou invoqués ont-ils contribué à faire de ce concert une page d’évasion et de répit. Mais il y a aussi ce plaisir et cette écoute qu’ont eus les musiciens entre eux et qu’il était impossible d’égarer. On ne peut que leur souhaiter de continuer de jouer le plus longtemps possible avec une telle belle volonté.
Mon diaporama de ce concert avec un des titres (Rozmarin Nign) du Marc Crofts Klezmer Ensemble sera ma conclusion.
Article et photos©Franck.Unimon.
Balistique du quotidien, ce jeudi 26 juin 2025.