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Justice Ă  Rock en seine ce 23 aout 2025

Justice au festival Rock en Seine, ce samedi 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

Justice Ă  Rock en Seine ce 23 Aout 2025

Cet article est la suite de Jorja smith au festival rock en seine ce 23 aout 2025 et Festival Rock en Seine 23 Aout 2025 ).

Ils ont fait les shows !

Avant le concert de Justice ce samedi 23 Aout 2025 au festival Rock en Seine. Photo©Franck.Unimon

Contrairement au public prĂ©sent devant la grande scène environ trois heures avant le dĂ©but du concert, je n’avais aucune attente envers le groupe Justice. Je connais Ă  peine le prĂ©nom et le nom du duo. J’ai entendu quelqu’un crier « Gaspard, je t’aime ! Â» au dĂ©but du concert et une autre personne appeler « Xavier ! Â» Ă  la fin du concert.

Le groupe Justice après le concert ce 23 Aout 2025 au festival Rock en Seine. Photo©Franck.Unimon

Sans vérifier, je me dis que Gaspard doit avoir Augé comme nom de famille. Mais je n’en suis pas sûr. Pour Xavier, je n’ai pas de piste. Je pense à Xavier Lestrat car il a un peu un visage de vampire comme Lestat dans le film Entretien avec un vampire avec Brad Pitt et Tom Cruise.

Mon ignorance vient du fait que cette année, j’étais venu pour Jorja Smith (voir article Jorja smith au festival rock en seine ce 23 aout 2025). Et, la programmation du festival a fait que Justice passait « derrière » elle.

A la fin du concert de Justice, Rock en Seine, ce 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

De Justice, je savais qu’ils avaient fait un premier album très remarqué. Puis un second. Et un jeune fan d’une vingtaine d’années devant moi, rappelait à ses amis qu’ils avaient disparu pendant huit ans et qu’il tenait à les voir avant qu’ils se séparent comme l’ont fait les Daft Punk il y a un ou deux ans.

Le groupe Justice après le concert ce 23 Aout 2025 au festival Rock en Seine. Photo©Franck.Unimon

Pour moi, la « faiblesse Â» de Justice, c’était d’être arrivĂ©s ou de s’être fait connaĂ®tre plusieurs annĂ©es après les Daft Punk, Alex Gopher, Etienne De CrĂ©cy, Laurent Garnier…..tous ceux (et toutes celles) qui avaient fait soit partie de la French Touch dans les annĂ©es 80/90 ou qui avaient fait de la techno française autre chose que de la musique d’épilation. ChloĂ©, Rebekka Warrior, Maud Geffray,, Agoria, Manu le Malin…

 Je ne les connais pas toutes et tous mais j’ai des noms. Et Justice n’en faisait pas partie.

Sans oublier les précurseurs tels que Jean-Michel Jarre, Cerrone, Kraftwerk, hé oui, Kraftwerk. Et d’autres. Et d’autres. Je n’ai même pas cité Jeff Mills et d’autres références en Europe ou aux Etats-Unis.

Pour moi, Justice, c’étaient les petits nouveaux. Et je ne voyais rien de très nouveau chez eux. Ils s’étaient même faits connaître après Cascadeur.

Justice, ce 23 Aout 2025, lors du concert à Rock en Seine. Photo©Franck.Unimon

Vraisemblablement après la sortie il y a quelques mois de leur nouvel album dont on avait beaucoup parlĂ©, par curiositĂ©  j’avais Ă©coutĂ© un ou deux de leurs titres en empruntant un ou deux ou de leurs prĂ©cĂ©dents Cds Ă  la mĂ©diathèque. Ça m’avait donnĂ© une idĂ©e mais ça ne m’avait pas poussĂ© Ă  approfondir.

Mais puisque j’avais payĂ© ma place, que le concert de Jorja Smith s’était terminĂ© en me laissant modĂ©rĂ©ment satisfait et que j’étais près de la scène, j’allais rester pour voir Justice. Je « savais Â» que Justice allait faire une musique qui tabasse. Je n’en savais pas plus.

S’ils n’ont pas changé la donne en termes de composition musicale et de son, Justice a fait plus que nous mettre de la musique qui tabasse.

Justice lors du concert à Rock en Seine, ce 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

Il y a quelques années, on se serait demandé ce que vient faire un groupe comme Justice dans un festival de Rock. Avant de les voir et de les entendre.

On peut voir leur jeu de scène comme une anomalie de sons et de lumières contraires à l’écologie de notre monde de moins en moins préservé. Mais on peut aussi le voir comme des allégories d’Alien, d’un engin spatial extraterrestre, de l’explosion de la bombe atomique, de la pollution dans un univers d’usines et de souricières. Leurs lunettes sont justifiées devant ce déferlement de poussière et de lumières.

Leur spectacle n’a pas traîné. J’ai eu l’impression que les photographes officiels présents avaient le sentiment d’assister à un événement peu ordinaire. Et je les comprends.

Autant le son, lors du concert de Jorja Smith, a manqué quelques uns de ses rendez-vous, autant, là, il était parfaitement maitrisé avec une entrée des basses qui a donné l’impression qu’un lourd vaisseau se posait. C’était le vaisseau Justice.

Lors du concert de Justice à Rock en Seine, ce 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

Lors du concert, j’ai Ă©tĂ© intriguĂ© de voir que les deux membres de Justice puissent se parler par moments. Et leurs attitudes de statues, imperturbables, froides, inexpressives, sauf pour changer de position de temps Ă  autre, rajoutaient aux impressions visuelles.  

Justice à Rock en Seine, ce 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

Il fallait être à ce concert. Et, je suis content d’y avoir assisté.

Justice à Rock en Seine, ce 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

A la fin du concert, alors que le duo passait à tour de rôle comme des Rock stars, j’ai commencé à me dire qu’ils avaient très bien trouvé leur nom, Justice, car il passe aussi bien en Français qu’en Anglais. Et, j’ai commencé à réfléchir à la signification de leur croix, symbole de leur groupe.

Le groupe Justice, à Rock en Seine, ce 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

Ce 23 Aout 2025, (la) Justice m’a parlĂ©. 

Franck Unimon, ce lundi 25 Aout 2025.

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Jorja smith au festival rock en seine ce 23 aout 2025

Jorja Smith à Rock en Seine, ce 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

Jorja Smith au festival Rock en Seine ce 23 Aout 2025

Cette annĂ©e, je suis venu pour elle. ( cet article est la suite de Festival Rock en Seine 23 Aout 2025 ).

Il y a quelques mois, j’avais raté son concert, complet, à la salle Pleyel. L’année dernière, à Rock en Seine, j’avais raté le concert de Lana Del Rey.

J’ai donc Ă©tĂ© surpris de pouvoir acheter une place pour aller voir Jorja Smith Ă  Rock en Seine Ă  peine une semaine plus tĂ´t. Bien sĂ»r, on ne parle pas de la mĂŞme carrière ou de la mĂŞme personnalitĂ© Ă  « comparer Â» Lana Del Rey et Jorja Smith, ce que je viens de faire un peu.

Jorja Smithe à Rock en Seine, ce 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

Personne, autour de moi, n’avait vu Jorja Smith en concert ou n’a pu me dire comment elle était sur scène. J’avais vaguement perçu quelques commentaires affirmant que ses concerts étaient marquants.

Je savais qu’elle Ă©tait jeune (28 ans cette annĂ©e) et qu’elle s’était faite connaĂ®tre par son premier album Lost & Found sorti en 2018 et qui reste mon prĂ©fĂ©rĂ© en particulier pour les titres Teenage Fantasy dont la vidĂ©o en noir et blanc  ( tournĂ©e Ă  Paris) m’épate pour la dĂ©contraction attractive de Jorja Smith et Wandering Romance.

Sur Wikipédia, on souligne l’obsession de Jorja Smith, adolescente, pour l’album Frank d’Amy Winehouse. Puis, on y relate d’autres influences, des duos avec divers artistes renommés (Burna Boy, Drake, Kendrick Lamar…). On y rappelle aussi la mesure sociale de ses paroles.

Jorja Smith à Rock en Seine, ce 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

Sur scène avant le concert du groupe Justice, Jorja Smith est acclamĂ©e lorsqu’elle arrive. Elle est agrĂ©able et entourĂ©e de musiciens et de choristes performants qui l’épaulent et l’aiment visiblement beaucoup. Mais, assez vite, peut-ĂŞtre aussi parce-que je ne comprends pas suffisamment ce qu’elle chante en public, je ne suis pas entraĂ®nĂ© par ce qu’elle « fait ».  Et le dĂ©cor sur scène a probablement Ă  voir avec son dernier album mais je trouve qu’il fait plutĂ´t toc.

Jorja Smith à Rock en Seine, ce 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

Souriante, Jorja Smith n’est pas l’artiste qui se la pète. Elle inspire vraiment beaucoup de sympathie. Mais en concert, ça ne mord pas. Par moments, le son est même un peu raté et, ce que je trouve très frustrant c’est que sa voix me paraît trop soumise. Trop peu mise en valeur.

A la voir et à l’écouter essayer poliment et sagement d’ambiancer le public, je me dis que c’est une trop grande scène pour elle. Ou un public trop « Rock » pour elle. Pourtant, on ne peut pas dire que le public de Rock en Seine soit impatient et malpoli.

Je me dis qu’elle serait beaucoup mieux dans une petite salle de concert ou dans un club. Parce-que sa musique, c’est celle de l’intimité. Pas celle des gesticulations, du bagout et du vacarme. Cela était sûrement mieux à la salle Pleyel.

Lorsqu’elle commence par chanter Teenage Fantasy a capella, cela aurait pu être un climax. Mais cela reste gentil et bien élevé.

Jorja Smith à Rock en Seine, ce 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

Je ne demande pas Ă  Jorja Smith de se forcer ou de se transformer. Elle est comme elle est. Mais j’ai l’impression de ne pas avoir entendu Jorja Smith. De ne pas avoir fait davantage connaissance avec sa voix ! Je m’avise qu’elle est peut-ĂŞtre un peu comme Sade dont les concerts avaient la rĂ©putation d’être moins porteurs que les albums studios mais avec des tubes moins gigantesques.

A la fin du concert, la jeune femme avec qui j’ai eu quelques Ă©changes auparavant me dit :

« Je ne suis pas déçue ». Mais je crois surtout qu’elle est contente que le concert soit terminé pour laisser la place au groupe Justice qu’elle attend.

 

Franck Unimon, lundi 25 Aout 2025.

 

 

 

 

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Festival Rock en Seine 23 Aout 2025

 

Au Festival Rock en Seine ce samedi 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

Festival Rock en Seine 23 Aout 2025

 

Jambes lourdes et tĂŞte en bois

16h30, ce dimanche 24 Aout. Hier, j’étais au festival Rock en Seine au parc de Saint Cloud.

En allant au Festival Rock en Seine, ce samedi 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

J’ai un peu la tête en bois. Depuis que je suis rentré cette nuit (j’ai dû prendre un taxi entre la Défense et la gare d’Argenteuil), j’ai beaucoup dormi ou fait un peu acte de présence auprès de ma compagne, notre fille et de notre chaton.

Aucune consommation de substance de ma part. Je crois que c’est dû à mon âge, peut-être au poids de certaines nouvelles et, aussi, à l’attente, immobile, devant la grande scène. A peu près une heure avant le concert de Jorja Smith de manière à être le mieux placé possible pour la voir et la prendre en photo.

Jorja Smith, à Rock en Seine, ce 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

Et autant, si ce n’est davantage ensuite, pour assister au concert du groupe Justice également sur la grande scène du festival.

Le groupe Justice à Rock en Seine ce samedi 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

A Rock en Seine, j’ai dĂ» attraper froid ou pris un coup de chaud.  J’étais sans doute encore entamĂ© physiquement en arrivant malgrĂ© la sieste que j’avais faite avant de venir.  J’Ă©tais mĂŞme arrivĂ© vers 18 heures alors que les premiers concerts de la journĂ©e avaient commencĂ© Ă  14h30. Mais j’avais les jambes lourdes en me dirigeant vers la sortie du festival hier soir après minuit. Et j’étais claquĂ©, assis dans le taxi (heureusement que j’en ai trouvĂ© un Ă  La DĂ©fense et que j’avais de quoi le payer, 25 euros la course) en rentrant chez moi. 

MĂŞme si j’ai vu près de moi des plus jeunes que moi ( dans la vingtaine ou trentaine) s’asseoir en attendant le dĂ©but des concerts, je me dis que je suis sans doute devenu trop âgĂ© pour un festival comme Rock en Seine.

Je me suis rappelé les propos d’un ami, de quatre ans mon cadet, qui m’a dit cette année ou l’année dernière :

« Je suis trop vieux pour aller dans des festivals ». 

Lui et moi nous Ă©tions retrouvĂ©s au concert de PJ Harvey lorsqu’elle est passĂ©e dernièrement Ă  Paris ( PJ Harvey Ă  l’Olympia, octobre 2023 ). C’Ă©tait dĂ©jĂ  il y a bientĂ´t deux ans. 

Il y a quelques minutes, en me réveillant de ma sieste, après un déjeuner allégé, j’ai dit à ma compagne que j’allais me recoucher. Elle a exprimé un peu son étonnement. Puis, je suis reparti. J’ai pris une douche. Et, pendant la douche, mes pensées se sont mises à faire un peu de développé coucher à propos du festival.

Je n’ai pas menti à ma compagne. Ma réelle intention était de continuer de me reposer. Mais, je tente, là, une incursion dans le récit plutôt que dans le sommeil.

Après avoir pris le tramway T2, vers l’entrĂ©e du festival Rock en Seine, ce samedi 23 Aout 2025 vers 18h. Photo©Franck.Unimon

Aller au plus grand festival de Rock en région parisienne

J’ai lu ou entendu que le festival Rock en Seine était le plus grand festival de Rock en région parisienne.

Ce Samedi 23 Aout 2025, en allant au festival Rock en Seine vers 18h. Photo©Franck.Unimon

J’ai commencé à venir au festival Rock en Seine au début des années 2000. J’avais vu les affiches annonçant la venue de PJ Harvey. Je n’y étais pas allé. C’était trop loin pour moi. J’habitais à Cergy-Le-Haut. Et, dans ma tête, j’étais seul.

En allant au festival Rock en Seine, ce samedi 23 Aout 2025 vers 18h. Photo©Franck.Unimon

Je vais Ă  la plupart de mes sĂ©ances de cinĂ©ma, de « mes » concerts ou des festivals, seul. Je prĂ©fère y aller en solo plutĂ´t que de ne pas y aller. PlutĂ´t que de devoir dĂ©penser de l’énergie Ă  rassembler ou essayer de convaincre une ou plusieurs personnes autour de moi. PlutĂ´t que de dĂ©pendre du planning de quelqu’un d’autre.

Et lorsque je me dĂ©cide pour une expĂ©rience sportive, c’est pareil. Il en aurait peut-ĂŞtre Ă©tĂ© diffĂ©remment si ma jeunesse avait Ă©tĂ© cette pĂ©riode de sorties Ă  laquelle on l’assimile gĂ©nĂ©ralement. 

Adolescent, je n’ai pas ou très peu connu l’expérience d’aller au cinéma ou à des concerts avec les copains et les copines. Je n’en n’avais ni les moyens ni l’autorisation. Je suis un citadin né dans une ville de banlieue, élevé avec une mentalité de campagnard de parents antillais issus de la campagne. A la campagne, en Guadeloupe, du temps de mes parents, les enfants et les ados n’allaient pas au cinéma. Il n’y en n’avait pas. Et c’était trop cher. Et pour les concerts, on allait sans doute plutôt aux bals, aux soirées telles que baptêmes, mariages et communions où les musiques qui passaient, c’était le Konpa, la musique antillaise de la Guadeloupe et de la Martinique d’avant le Zouk, un peu de Salsa et de Reggae. Puis le Zouk.

 Ce sont des soirĂ©es que j’ai connues enfant, adolescent et jeune adulte avec mes parents en rĂ©gion parisienne voire un peu en Guadeloupe, oĂą je retrouvais de temps Ă  autres des oncles, des tantes et des cousins et dont j’ai une certaine nostalgie par moments. Je regrette de n’avoir jamais eu d’appareil photo ou de camĂ©ra dans les mains lors de cette Ă©poque oĂą je regardais beaucoup ce qui se dĂ©roulait devant moi. J’ignorais Ă  la fois que ce monde allait disparaĂ®tre pour moi mais aussi l’importance qu’il prendrait pour moi rĂ©trospectivement.

Je crois que beaucoup des personnes qui se rendent à un festival comme Rock en Seine appréhendent de connaître un jour ce genre de nostalgie. D’être passés à côté de leur vie et de leur époque.

En allant au festival Rock en Seine, ce samedi 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

Je crois aussi qu’ils ont entendu parler, d’une façon ou d’une autre, de ces grands festivals de musique qui ont fait « l’Histoire Â» ou qui font dĂ©sormais partie de l’Histoire. Woodstock et autres. Jimi Hendrix, les Beatles, Bob Marley, Elvis Presley, Led Zeppelin, Les Stones et beaucoup beaucoup d’autres.

Je cite ici plutĂ´t des « rockers Â» (mĂŞme si j’inclue Bob Marley) car je crois que le Rock, en occident, Ă  partir des annĂ©es 60, est le genre musical qui a donnĂ© lieu aux prestations les plus mĂ©diatisĂ©es dont on se repasse les histoires et les images et qui ont ensuite servi de modèles Ă  d’autres artistes quel que soit leur horizon musical.  

Le Rock a été ou est cette musique iconoclaste, de contestation, de la jeunesse du monde dit libre ou qui se veut libre en Occident puis ailleurs. Même si, ensuite, la liberté ne se retrouve pas à l’équilibre.

Festival Rock en Seine, ce samedi 23 Aout 2025 vers 18h. Photo©Franck.Unimon

Je ne connais pas exactement ce qui a poussĂ© les promoteurs ou les crĂ©ateurs du festival Ă  l’appeler Rock en Seine mais je me hasarde Ă  supposer que le terme « Rock Â» a Ă©tĂ© choisi pour entretenir une certaine filiation avec tous ces artistes « Rock Â» ou « Rock stars Â» dont on sait nous parler et avec lesquels on nous fait rĂŞver. Du moins, avec lesquels on fait rĂŞver un certain public en occident. Un occident plutĂ´t blanc ou qui a, dans sa grande majoritĂ©, un public blanc. Car le Rock, malgrĂ© ses diverses inspirations, origines et influences s’adresse plutĂ´t Ă  un public blanc ou un public « de Â» blancs. MĂŞme si ce public ou ses artistes, par ailleurs, peuvent ĂŞtre tout Ă  fait capables d’aller Ă©couter et voir d’autres artistes d’autres genres musicaux.

Même si au festival Rock en Seine, il y a désormais des rappeurs qui passent sur scène (lorsqu’ils n’annulent pas leur présence tels Asap Rocky ou Doeechi cette année) ou Jorja Smith qui sait rapper.

Lorsque tout Ă  l’heure, j’ai parlĂ© de Konpa, de musique antillaise, de zouk ou de salsa, la lectrice ou le lecteur attentive/if s’est peut-ĂŞtre Ă©tonnĂ©( e ) de me voir parler du festival Rock en Seine oĂą des artistes tels que Kassav’, Meiway ou autres super vedettes africaines ne sont jamais passĂ©es et ne passeront peut-ĂŞtre jamais. Des artistes qui correspondent beaucoup plus Ă  mon Ă©ducation et Ă  mon « milieu Â» d’origine. Et, je n’ai pas oubliĂ© l’espèce de moue que semblaient faire certains de mes anciens « collègues Â» journalistes du magazine XCrossroads chaque fois que je m’amusais Ă  leur parler de Zouk ou de Dub. Comme si je leur avais demandĂ© d’avaler une cuillère d’huile de ricin par les narines.

Un jour, après d’autres concerts ailleurs,  je suis allĂ© Ă  « mon » premier festival Rock en Seine parce-que je n’avais plus peur de me perdre en route. Parce-que je ne craignais pas de devenir fou. Je n’avais pas ou je n’avais plus l’impression de trahir mon identitĂ©, mon groupe, mon histoire ou ma famille. Et je crois que cette attitude a aussi Ă  voir avec le Rock. Sauf que cette partie-lĂ  de l’expĂ©rience du Rock est peut-ĂŞtre oubliĂ©e ou a Ă©tĂ© oubliĂ©e au profit du fait de s’afficher et de s’affirmer. Comme on peut le faire en Ă©tant très fier de porter certains drapeaux ou certains discours nationalistes. Et de considĂ©rer que l’on est particulièrement attachĂ© Ă  un pays, Ă  une musique ou Ă  une personne parce-qu’on le crie partout et qu’on le (dĂ©)montre au monde entier.

Je ne suis pas là pour démontrer ou pour essayer de prouver quelque chose. Plutôt pour témoigner.

Pour essayer de témoigner.

Mais ce sont Ă©videmment des paroles de vieux. Et le vieux va continuer de s’exprimer car il a appris Ă  utiliser un clavier. Et, comme beaucoup de vieux, il croit que son expĂ©rience compte mĂŞme si celle-ci fond comme une bougie. Car, plus que tout, le vieux croit encore Ă  ses histoires. 

A Rock en Seine, avant hier, j’avais vu les Hives, le dernier concert des Rita Mitsouko quelques semaines avant le décès de Fred Chichin, Emilie Simon, Jesus and the Mary Chains ( je crois) ou Faith No More plutôt, Massive Attack et d’autres groupes.

( voir Massive Attack Ă  Rock en Seine Aout 2024)

Ma prestation préférée reste celle de Björk qui avait clôturé le festival et qui avait entre-autres chanté son Déclare Indépendance.

J’ai connu le festival lorsqu’il se déroulait sur deux jours (contre cinq cette année) si mes souvenirs sont justes. Le tarif était plus bas mais je n’en suis plus très sûr. Pour 69 ou 79 euros pour une journée contre près de 90 euros pour la journée d’hier. C’était avant le tramway T2. Pour venir en transports en commun depuis Cergy le Haut, je récupérais la ligne 10 du métro. Puis, je marchais une dizaine de minutes en prenant le pont qui passe au dessus de la Seine.

 J’ai le souvenir que le festival se terminait Ă  une heure permettant de rentrer chez soi par les transports en commun alors qu’hier soir, après le concert de Justice, il Ă©tait trop tard pour que je prenne un train depuis la DĂ©fense jusqu’à St Lazare.

Hier soir, en quittant le festival vers minuit. Je me suis retourné pour prendre la photo. On peut apercevoir la foule qui avance « derrière » moi et qui se dirige aussi vers la sortie. Photo©Franck.Unimon

Le service de presse du festival s’est targuĂ© d’avoir attirĂ© 180 000 festivaliers l’annĂ©e dernière. C’est sĂ»rement plus qu’au dĂ©but des annĂ©es 2000. Je ne suis ni comptable ni historien de ce festival et je ne scrute pas le « bizness Â» ou le modèle Ă©conomique du festival. Mais ce qui m’apparaĂ®t nĂ©anmoins, c’est qu’avec le temps, Rock en Seine est devenue une entreprise plutĂ´t rentable.

Burger King et commerces

Comme dans d’autres festivals, avant d’entrer (alors que nous avons payé notre place), pour des raisons dites de sécurité, on nous explique que l’on ne peut pas emporter avec soi certaines quantités de nourriture ou des bouteilles ou des gourdes de telle dimension. On nous limite aussi sur le type d’appareil photo que l’on peut apporter avec soi. Le mien a failli se retrouver à la consigne, ce qui aurait impliqué ensuite la contrainte de devoir faire la queue pour le récupérer. Sauf que, au vu de la technologie de plus en plus poussée des smartphones (et Rock en Seine comme les autres festivals n’interdit en rien les smartphones) en matière d’image, de son, et vue la facilité avec laquelle les images sont aujourd’hui postées sur les réseaux sociaux, il m’apparaît rétrograde et plus que borné de vouloir maintenir cette police des appareils photos.

Au festival Rock en Seine, ce samedi 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon.

A l’intĂ©rieur du festival (comme dans d’autres festivals), on nous oblige aussi Ă  passer par les portiques de son système Ă©conomique. Je sais très bien que cela fait dĂ©jĂ  plusieurs annĂ©es que c’est comme ça que ce soit Ă  Rock en Seine et dans d’autres festivals. Mais mĂŞme si cela est dĂ©jĂ  « normalisĂ© Â», acceptĂ©, digĂ©rĂ© et assimilĂ©, cela n’empĂŞche pas de parler de cette folie.

Cette « folie Â» consiste Ă  prĂ©payer nos consommations de nourriture ou de boisson car il est dĂ©sormais impossible de payer soi-mĂŞme directement.  Nous devons donc nous dĂ©placer jusqu’à des bornes qui dĂ©bitent nos cartes bancaires ou qui prennent nos espèces. Bornes devant lesquelles, nous devons nous confesser ou prĂ©voir pour combien nous allons en avoir lorsque nous aurons envie, après avoir Ă  nouveau fait la queue devant le stand de nourriture choisi, de commander Ă  manger ou Ă  boire. Et, il nous revient de prĂ©voir juste.  Hier, il m’a ennuyĂ© de devoir me dire que le festival Rock en Seine ferait mieux de s’inspirer du système de commande d’un Burger King.

Festival Rock en Seine, ce samedi 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

Hier, j’ai tenu Ă  ne rien acheter au sein du festival. Ni boisson, ni nourriture. Rien. J’avais fait en sorte de bien manger auparavant et d’emporter avec moi de quoi me nourrir et boire suffisamment et rapidement : quelques pains au lait ; un snickers ; deux pâtes de fruits. Une petite « gourde Â» que j’ai remplie Ă  un des robinets du festival.

Festival Rock en Seine, ce samedi 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

Un peu plus loin, j’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© de tomber sur ce bandeau publicitaire en faveur de Revolut. Je me suis demandĂ© ce que cela venait faire dans un festival de Rock ou de musique. Par contre, je n’avais mĂŞme pas prĂŞtĂ© attention Ă  ce « bar » Ă  champagne. J’avais vu l’Ă©quivalent lors de ma visite de la Tour Eiffel il y a un ou deux ans.

Festival Rock en Seine, samedi 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon
Festival Rock en Seine, samedi 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

 

A côté de certaines préventions sanitaires, la Pub et le commerce ont continué de s’étoffer. Tel le stand de vente des protections auditives Alpine (plus classes et plus ergonomiques) qui permet de s’en acheter si on les préfère aux bouchons standards qui sont, eux, encore distribués.

J’avais apportĂ© mes protections auditives d’une autre marque. Les festivals n’interdisent pas encore de venir avec nos propres protections auditives pour des raisons de  Â«Â sĂ©curité ».

Je suis très content de mes protections auditives. Elles m’ont Ă  nouveau donnĂ© beaucoup de confort pendant le concert de Jorja Smith et, surtout sans doute, pour celui de Justice. 

Festival Rock en Seine, Samedi 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

 

Pour rester dans les sanitaires, tout festival nous amène à ce passage obligé dans les toilettes. Or, nous sommes dans le parc de Saint Cloud. Pas en plein bois de Boulogne ni dans une déchetterie. Il convient donc de se diriger vers les lieux d’aisance.

Festival Rock en Seine, ce samedi 23 Aout vers 18h. Ceci est la file d’attente pour les toilettes fermĂ©es. Photo©Franck.Unimon

 

 J’ai pu Ă©viter  une très grande file d’attente en m’éloignant finalement d’un premier lieu. Ensuite, j’ai acceptĂ© d’ĂŞtre « encadré »  par deux autres mecs devant cette pissotière publique qui permettait de passer très vite.

En temps ordinaire, uriner debout à côté d’un autre garçon est une situation très peu quelconque. En certains endroits, c’est un moment de comparaison, d’embarras, ou de drague. C’est ce qui a poussé, je crois, certains hommes à attendre dans la file des femmes. Car je ne crois pas que c’était pour faire caca.

Une fois debout, on le sait, les hommes, quel que soit leur âge et la taille de leur sexe, peuvent avoir du mal à pisser droit et à éviter de s’en mettre plein les doigts. C’est donc un moment clé de notre existence. Celui où l’on se pisse dessus ou par terre ou sur ses pieds ou au contraire, celui, où l’on s’en sort bien. Et, il faut à chaque fois réussir.

En général, j’aime bien regarder en l’air lorsque je pisse afin qu’il n’y ait aucune équivoque avec mon voisin. Mais cette fois, j’ai préféré mettre toutes les chances de mon côté. Et tant pis si un de mes voisins a regardé la mienne. Tant pis si un autre s’est dit que j’étais venu pour pas grand-chose.

C’était bien de pouvoir ensuite se « dĂ©sinfecter Â» les mains avec du gel mĂŞme si j’aurais prĂ©fĂ©rĂ© de l’eau et du savon. Je ne suis pas restĂ© regarder bien longtemps mais j’ai eu l’impression que certains hommes expĂ©diaient cette opĂ©ration de dĂ©sinfection sur leurs mains avant de sortir

Conscience politique :

Festival Rock en Seine, ce samedi 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

Les festivals comme ceux de Woodstock ou d’autres par la suite ont eu des volontĂ©s politiques. Hier, Ă  deux reprises, environ trente minutes avant le concert de Jorja Smith puis avant celui de Justice, grâce aux grands Ă©crans accolĂ©s près de la grande scène, nous avons pris notre leçon (abrĂ©gĂ©e) de prise de conscience politique. En faveur d’un journaliste français injustement emprisonnĂ© en AlgĂ©rie « pour apologie du terrorisme Â». Le message de RSF nous enjoignait Ă  faire un « maximum de bruit Â» et Ă  signer une pĂ©tition.

Je n’avais jamais entendu parler de ce journaliste et je souhaite bien-sĂ»r que cela s’arrange pour lui et ses proches. Mais Rock en Seine, pour moi, Ă©tait Ă  nouveau Ă  cĂ´tĂ© de sa grille d’accords. Car parler de ce journaliste, sans parler de la famine Ă  Gaza et de la façon dont le gouvernement de Netanyahou continue de dĂ©truire toute possibilitĂ© d’apaisement en Palestine ?! Sans parler des PrĂ©sidents Trump et Poutine qui jouent au chat et Ă  la souris avec l’Ukraine de Zelensky ?!

Un artiste chantait « Give Peace a chance Â» mais Rock en Seine semble plutĂ´t entonner « Give Business a chance Â».

Lors de mes « premiers Â» Rock en Seine, j’ai l’impression que le festival affichait moins certaines prĂ©tentions Ă©thiques ou Ă©cologiques. Bien-sĂ»r, j’approuve la dĂ©marche qui consiste Ă  rendre bien visible dans le festival l’endroit sĂ»r oĂą pourrait se rendre une personne (une femme) aux prises avec un abuseur ou un violeur. Ainsi que ce lieu oĂą venir reposer sa tĂŞte, son corps et ses oreilles de l’amas de dĂ©cibels. Mais j’ai aussi l’impression que c’est du vernis. Et que le festival se comporte comme n’importe quelle entreprise qui aspire Ă  obtenir et conserver son label de conformitĂ© ou d’utilitĂ© publique.

Festival Rock en Seine, ce samedi 23 Aout 2025. Photo©Franck.Unimon

 

Mais je dois être devenu sacrément vieux et très très amer pour raisonner de cette manière et voir le mal un peu partout. Donc, je me sens obligé d’écrire que j’étais d’abord venu pour Jorja Smith et, qu’ensuite, je n’ai pas pu faire autrement que voir ce qui se trouvait devant moi. Ou il aurait fallu que je me rende jusqu’à la grande scène en ayant les yeux bandés.

Ai-je bien vu les concerts de Jorja Smith et de Justice ? Oui. Pourquoi ne pas m’être contentĂ© de parler de leurs concerts ? D’abord parce qu’il est habituel de diffuser des images des concerts et des concerts auxquels on se rend.

Pour partager et faire rĂŞver.

Mais les images que l’on montre et que l’on choisit ne disent pas tout du moment et de l’expérience. Ce serait comme uniquement montrer les photos de mariage d’un couple, cela ne dit pas tout de l’histoire du couple. Mais bien-sûr, on peut préférer le conte de fée à la véritable histoire, le mollard à l’eau de rose qui conditionne plutôt que le polar qui affranchit.

A Rock en Seine, comme dans d’autres festivals ou lieux de concerts, on ne fait pas qu’aller voir et Ă©couter des artistes. MĂŞme si c’est notre projet et ce qui nous pousse Ă  payer notre place et nous dĂ©placer. A Rock en Seine comme dans d’autres festivals ou lieux de concerts ou dans des salles de cinĂ©ma, nous nous faisons aussi solliciter ou influencer par certains messages publicitaires ou autres. Nous sommes des tĂ©moins de notre Ă©poque mĂŞme si nous dĂ©cidons de ne pas nous attarder sur certaines informations que nous « voyons Â» pour nous concentrer sur notre plaisir qui est d’aller Ă©couter et voir certains artistes.

Mais il serait naïf de croire que mon expérience à Rock en Seine a été exclusivement musicale. Depuis mon transport à la Défense dans le T2 où j’ai assez facilement identifié des festivalières et des festivaliers jusqu’à mon retour à la Défense dans le T2 après minuit, j’ai été partie intégrante d’un comportement économique, sociologique et idéologique particulier qui tranche avec ma vie ordinaire, elle-même réglée ou préréglée aussi selon certains principes et certaines injonctions.

On peut bien-sûr se contenter de l’expérience musicale et/ou des bons moments que l’on y passe avec d’autres. Car c’est quand même le principal. Mais je m’abstiendrai de croire ou de penser que je me trouvais hier, à Rock en Seine, dans un monde merveilleux, libre et bienveillant qu’il conviendrait de répliquer à plus grande échelle pour que je sois heureux ou plus heureux. Et que la vie, ma vie, devrait toujours être celle que j’ai aperçue ou que l’on m’a vendue à Rock en Seine durant quelques heures.

Ce serait l’horreur si ma vie se déroulait en continu comme dans le festival Rock en Seine. Mais d’autres personnes, au contraire, seraient prêtes à s’engager, à embrigader, à dénoncer voire à torturer et tuer pour que leur vie, la vie, soit toujours comme dans le festival Rock en Seine.

Festival Rock en Seine, hier soir, en partant. Photo©Franck.Unimon

L’autre raison à tout ce laïus est que c’était peut-être la dernière fois, hier, que je me rendais au festival Rock en Seine. Hier, je ne le savais pas. C’est, aujourd’hui, en voyant l’état physique dans lequel je me trouvais, et, donc, le défi un peu ou assez physique que constitue le fait d’aller dans un festival, que je me suis dit qu’il me fallait accepter que ce n’était plus pour moi. Ou alors qu’il faudrait que cela se fasse dans des conditions qui me soient plus confortables. En y allant plus reposé. En évitant d’attendre debout pendant une heure avant chaque concert pour être au plus près de la scène.

Festival Rock en Seine, hier soir, en partant. Photo©Franck.Unimon

Telle Ă©tait ma conclusion avant de faire une pause de quelques minutes. Depuis, j’ai mis l’album Standing in the Way Of Control du groupe Gossip que j’avais eu la chance de voir il y a un peu plus d’une quinzaine d’annĂ©es. J’ai aussi prĂ©parĂ© l’album Tres Hombres de ZZ Top que je n’ai jamais vu en concert. L’album Ventriloquism de Meshell Ndegeocello vue plusieurs fois en concert depuis son premier album Plantation Lullabies. La compilation L’AnnĂ©e du Zouk 2023 et l’album Jazz is A Spirit de Terri Lyne Carrington.

Je vais maintenant découvrir les photos que j’ai prises hier des concerts de Jorja Smith et Justice. Et l’article qui les concerne apparaîtra bientôt dans mon blog.

Franck Unimon, ce dimanche 24 Aout 2025.

 

 

 

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Lorient visite guidée juillet 2025-première partie

Port de Keroman-Lorient, juillet 2025. Photo©Franck.Unimon

Lorient visite guidée juillet 2025- première partie

Au mieux, la mémoire de l’être humain est une vie en soi. Au pire, la mémoire est une folie.

Car si elle peut nous être un renfort elle n’obéit pas pour autant strictement aux lois et aux frontières de la volonté humaine. Dire que la mémoire, notre mémoire d’humains, retombe toujours sur ses pattes ou qu’elle recouvre invariablement son équilibre est une interprétation ainsi qu’une aspiration humaine.

Nous portons en nous une certaine mémoire. Mais nous n’en savons pas grand-chose.

A Quéven, juillet 2025. Photo©Franck.Unimon

Je peux nĂ©anmoins encore me rappeler, pour l’instant, que ma fille et moi sommes revenus de notre semaine de vacances dans le Morbihan il y a bientĂ´t un mois. Nos premières vacances en duo depuis sa naissance il y a bientĂ´t douze ans. Depuis notre retour, je n’ai pas pu prendre le temps de commencer Ă  Ă©crire cet article dans des conditions qui me convenaient :

J’ai repris le travail. J’ai emmené ma fille à la gare Montparnasse pour qu’elle parte à sa première colonie de vacances. J’ai fait plus de cent kilomètres en voiture aller et retour pour me rendre à Rogny les Sept écluses afin d’aller chercher un chaton que j’avais seulement vu en photo afin de l’adopter. Un chaton donné par la sœur d’une collègue.

C’est la première fois que j’adopte un animal domestique. Je l’ai fait après une conversation avec ma compagne dont certains des arguments m’ont convaincu :

Nous connaissions une deuxième vague de souris depuis le mois de Mai après une première fin 2023.

Pour notre fille.

Pour le fait que la prĂ©sence d’un animal « domestique Â» dans un domicile permet certaines transitions.

 L’écriture, tout comme le songe, est une transition.

Mais il faut du temps pour Ă©crire. Il me faut aussi voir se rapprocher ce moment oĂą je « sais Â» que je pourrai donner le meilleur dont je dispose pour lancer l’écriture.

Il y a des articles que j’ai perdus et d’autres qui sont en sursis. Il y en a d’autres aussi que j’ai ratés mais qui m’ont peut-être permis d’en réussir d’autres. Il m’est difficile de savoir à quelle catégorie appartiendra celui-ci en dépit de ma bonne volonté de départ.

J’ai véritablement entendu parler de la Bretagne pour la première fois pendant mes études d’infirmier à Nanterre à la fin des années 80. Dans ma promotion et dans mon école d’infirmières de la Maison de Nanterre (l’ancien nom de l’hôpital de Nanterre qui, aujourd’hui, s’appelle, je crois l’hôpital Max Fourastier) il se trouvait quelques Bretonnes.

J’étais issu d’un baccalaurĂ©at B option sciences Ă©conomiques et du lycĂ©e. Comme aurait pu le prĂ©tendre l’humoriste Fabrice EbouĂ©, qui Ă©tait alors très loin d’ĂŞtre connu voire Ă  l’Ă©cole primaire, je n’avais alors « rien vĂ©cu ».

J’étais un petit noir à lunettes né en France, dans une ville communiste de banlieue parisienne, à Nanterre, ancien sprinter de niveau régional qui avait pourtant voulu devenir le nouveau Carl Lewis.

Mes parents, deux Antillais de naissance, avaient quittĂ© Ă  la fin des annĂ©es 60 leur Guadeloupe natale, et plutĂ´t rurale, ainsi que leur commune, Petit-Bourg.  Afin d’essayer d’amĂ©liorer leur condition sociale et personnelle.

Et, Ă  l’école d’infirmières, ces Bretonnes que je rencontrais, parmi d’autres, avaient, elles, quittĂ© leur Bretagne natale pour venir effectuer leurs Ă©tudes en rĂ©gion parisienne. Leur souhait Ă©tant, pour plusieurs d’entre elles, de repartir vivre dans leur rĂ©gion d’origine dès qu’elles le pourraient. Pour se marier, acheter une maison, faire des enfants. Des projets dont j’Ă©tais incapable de m’emparer et par lesquels je me sentais assez peu concernĂ©. 

Après l’obtention de leur diplôme d’infirmière, certaines sont retournées en Bretagne. D’autres, moins. Moi, je suis resté vivre en banlieue parisienne. Malgré le fait que, pendant un temps, mon père m’ait répété que la France était le pays « des Blancs » et que je n’avais rien à faire en France. Si je l’avais écouté ou suivi à la lettre, après mon diplôme, je serais parti vivre en Guadeloupe et ce serait un article différent que j’écrirais aujourd’hui puisque j’écrivais déjà et qu’après avoir voulu être le nouveau Carl Lewis, à défaut de pouvoir devenir le nouveau Miles Davis, j’espérais vraisemblablement être le nouveau Aimé Césaire, le nouveau Richard Wright ou un de ces intellectuels ou penseurs qui « comptent ».

En attendant, j’ai ensuite rĂ©entendu parler de la Bretagne par…la Grande-Bretagne. L’ Ecosse a fait partie de mes premiers voyages en dehors de la Guadeloupe. Avec la Yougoslavie en 1989. Puis, il y a une vingtaine d’annĂ©es, j’ai Ă©tĂ© amoureux d’une Bretonne, Highlander, originaire du Finistère. Car il faut bien une histoire d’Amour, de dĂ©samour, de violence ou d’injustice quelque part pour fixer notre mĂ©moire ou l’inspirer. Celles et ceux qui ont aspirĂ© ou qui aspirent Ă  devenir de grands artistes ou de grands penseurs qui changent le Monde et la CrĂ©ation le savent.  

Au dĂ©but de ma rencontre avec Highlander (j’avais une trentaine d’annĂ©es), je m’étais dit : « ça y’est, j’ai rencontrĂ© la femme de ma vie ». Highlander avait trois chats lorsque je l’ai connue. 

Ajoutons à cela qu’à la même époque, j’avais aussi rencontré Georgette France, notre cadre infirmière, qui avait invité plusieurs d’entre nous à venir passer un week-end chez elle en Ile-et-Vilaine après son départ à la retraite.

Bien que Georgette France n’ait pas de chats, j’ai continuĂ© par la suite Ă  venir passer des week-end chez elle et son mari. Mais peut-ĂŞtre  Ă©tais-je devenu, sans m’en apercevoir, un de ces nombreux chats qui reviennent dans ces maisons oĂą ils mangent très bien et oĂą ils se sentent en sĂ©curitĂ© avant de s’en aller jusqu’Ă  la fois suivante. 

Entre l’Ile-et-Vilaine et le Finistère, il est difficile de se croire en Poitou-Charente ou dans les Bouches du Rhône. Nous sommes bien en Bretagne.

La Guadeloupe, les Antilles, font rĂŞver beaucoup de personnes :

Les touristes, celles et ceux qui s’y sentent délestés de toutes leurs contraintes et histoires personnelles, sociales et familiales ; toutes et celles et tous ceux qui, lorsqu’ils y passent des vacances en famille s’y sentent libres ou chez eux.

Malheureusement, je n’ai jamais été libre ou suffisamment chez moi durant mes vacances estivales de deux mois lors de mon enfance et mon adolescence en Guadeloupe. J’y ai même été plus enfermé que dans la cité HLM où nous habitions encore à Nanterre, allée Fernand Léger, en face de l’école Robespierre.

Toute forme d’oubli ou d’abandon m’était difficilement possible en Guadeloupe. Je me retrouvais régulièrement sur le tarmac du temps qui ne passe pas ou alors très très lentement.

Et de la mémoire qui vous happe.

La mĂ©moire de la peur. De la mĂ©fiance. De la rĂ©putation. Une mĂ©moire pas très cool. Pas très sereine. Pas beaucoup portĂ©e sur le soleil ou l’optimisme. Pas très Francky Vincent. PlutĂ´t Ă©trangère Ă  la mĂ©ditation comme Ă  la contemplation. 

Il existait toujours une bonne raison Ă  cela. Une crainte ou une inquiĂ©tude. Un Ă©vĂ©nement passĂ©. Un devoir. Une exigence.  Une croyance. Ou une absence de moyens.

En rĂ©gion parisienne, cette mĂ©moire pouvait se diluer dans l’Hexagone au grĂ© des horizons et des personnes diffĂ©rentes que j’y rencontrais. Mais au pays, cette mĂ©moire pouvait vous reprendre Ă  n’importe quel moment tel le dealer qui, d’une main, vous sourit et vous dĂ©livre la substance agrĂ©able et qui, de l’autre, vous sĂ©questre soudainement, vous avertit d’un danger possible ou imminent ou vous saisit votre âme ou votre paie.

Sauf que le dealer Ă©tait un membre de la famille, un « proche », un ami, qui connaissait mieux que vous le pays et le territoire lorsqu’il n’Ă©tait pas plus âgĂ©, donc plus expĂ©rimentĂ© que vous. Il avait donc toujours et systĂ©matiquement plus de Savoir que vous d’une façon ou d’une autre. Et ce qu’il vous administrait, c’Ă©tait toujours une vĂ©ritĂ© que cela vous plaise ou non. Il fallait donc l’Ă©couter.

Il y avait aussi des moments agrĂ©ables ou très agrĂ©ables mais c’Ă©tait alĂ©atoire. Je n’avais pas la main dessus. Je vivais ou restais lĂ -bas,  deux mois durant, dĂ©possĂ©dĂ© de la possibilitĂ© d’entreprendre une action quelconque pouvant m’assurer de faire d’un moment de plaisir, une certitude. 

La prĂ©sence d’une mĂ©diathèque ou d’une activitĂ© culturelle voire sportive rĂ©gulière avec des jeunes de mon âge ou voire des Ă©ducateurs officiels ou non aurait pu sauver mes expĂ©riences d’enfant et d’ado mĂ©tropolitain ou nĂ©gropolitain en vacances en  Guadeloupe. 

Pour moi, il n’y en n’a pas vraiment eu. Ou par intermittences. Car cela demande de la patience ne serait-ce qu’Ă©ducative mais aussi d’avoir certaines ambitions ou certaines visions pour lesquelles nous n’Ă©tions ni entraĂ®nĂ©s ni prĂ©parĂ©s.  Or la patience ne fait pas partie de la palette des vertus les plus recherchĂ©es ou les plus pratiquĂ©es parmi les adultes. Et la Man Tine ambitieuse et clairvoyante de Rue Cases Nègres ne figure pas dans le casting des personnalitĂ©s qui m’ont marquĂ© en Guadeloupe ou en France.  

J’ai donc dĂ» composer avec ce qui m’a Ă©tĂ© transmis et aujourd’hui, je continue de composer. Afin de tenter de produire et non seulement reproduire, ce qui me fait prendre quelques risques :

M’Ă©loigner de la NormalitĂ©, m’exposer, crĂ©er, affirmer et faire reconnaĂ®tre ma normalitĂ©, me tromper, douter, devoir penser par moi-mĂŞme et prendre certaines initiatives. 

En principe, on pourrait retrouver cela dans une histoire d’Amour. 

Je n’ai jamais connu la moindre histoire d’Amour en Guadeloupe. Soit presque l’exact opposĂ© de ce que j’ai pu connaĂ®tre en Bretagne Ă  l’âge adulte ou ailleurs plus jeune en France.  

RĂ©cemment, Nonrien une amie (qui se trouve avoir des origines bretonnes) m’a demandĂ© la raison de ma « passion Â» pour la Bretagne. C’est peut-ĂŞtre la meilleure rĂ©ponse que je puisse (lui) apporter aujourd’hui. Et c’est peut-ĂŞtre aussi ce qui m’a donnĂ© envie, pour mes premières vacances avec ma fille, de nous rendre en Bretagne cet Ă©tĂ©.

Bien-sûr, en Bretagne, il y a la mer ou celle-ci n’est pas très loin. Cela a son importance.

Lorient, Port de Keroman, Juillet 2025, depuis la Cité de la Voile. Photo©Franck.Unimon

Pour venir en France, mes parents ont bien dĂ» passer par la mer.  Pour dĂ©barquer en Guadeloupe, on sait aussi que nos ancĂŞtres africains ont dĂ» passer sous la contrainte par la mer. 

C’est en Guadeloupe, Ă  Ste Rose, lĂ  oĂą mes parents sont retournĂ©s vivre après avoir fait construire leur maison pour leur retraite que, au dĂ©but des annĂ©es 2000,  j’ai passĂ© mes deux premiers niveaux de plongĂ©e bouteille au club Alavama créé et tenu par Stephan, originaire de Corse. Alavama  semble avoir fermĂ© depuis. Mais c’est dans ce club de plongĂ©e que j’ai vraisemblablement poussĂ© un peu plus loin mon processus de libĂ©ration et d’ouverture personnelle. Un processus d’abord et gĂ©nĂ©ralement assez solitaire.

Ma décision de pratiquer l’apnée quelques années plus tard fait sûrement partie du processus.

Les deux responsables de la section apnée du club de Colombes dont je fais partie depuis quelques années sont… bretons. De ce fait, chaque année, nous faisons un stage d’apnée et de chasse sous-marine…en Bretagne. Cette année, c’était à Loctudy.

Même si je suis d’origine antillaise et que j’aime évidemment me baigner dans la mer chaude, je n’ai pas d’appréhension particulière dans le fait d’entrer dans une mer plus froide. Il m’est arrivé et il peut m’arriver d’avoir envie de faire l’expérience d’une plongée sous glace avec bouteille ou en apnée.

Et puis, à l’image de mes séjours en Yougoslavie et en Ecosse, je préfère autant que possible éviter certaines destinations surchargées ou convenues.

Habituellement, en été, la majorité des vacanciers est obsédée par les plages du sud de la France. En hiver, l’obsession se dirige tel un revolver vers les sports d’hiver.

Je ne supporte pas les embouteillages. Je trouve que lorsque nous sommes insérés dans nos véhicules comme des saucisses sur des milliers de kilomètres sur la route, que nous sommes à l’apogée de l’absurdité de notre officielle modernité.

Je ne supporte pas de me retrouver allongĂ© sur une serviette dans le sable parmi une foule de vacanciers au bord d’une plage. Et si j’ai pu aller deux ou trois fois « faire Â» du ski, ce qui m’a plu, je ne cours pas après cette frĂ©nĂ©sie des sports d’hiver.

Lorsque je parle de mes moments dĂ©sagrĂ©ables et dĂ©cisifs en Guadeloupe, je n’omets pas les expĂ©riences privilĂ©giĂ©es que j’y ai aussi faites :

Quand on a pu connaĂ®tre dès l’enfance les plages de la Guadeloupe oĂą l’on a pu se baigner sans encombrement, ensuite, on ne peut pas s’émerveiller devant « l’évĂ©nement Â» de l’ouverture de l’Aquaboulevard dans Paris ; contrairement Ă  Gavroche, l’amie parisienne qui m’y avait alors entraĂ®nĂ© il y a plusieurs annĂ©es. Pas plus que je ne peux accepter de faire près de 800 kilomètres afin de me retrouver dans le sud de la France sur une plage bondĂ©e dans une ville bâclĂ©e par des commerces touristiques grossiers.

D’ailleurs, l’une des seules fois oĂą je suis allĂ© passer quelques jours sur une plage en Ă©tĂ© dans le sud de la France, c’était aussi avec cette mĂŞme amie parisienne, celui qui allait devenir son mari et mon meilleur ami.

MalgrĂ© mon amertume et l’ambivalence de mes sentiments envers mon histoire avec la Guadeloupe, moi, le Moon France ou le Bounty, je lui suis non seulement attachĂ©- ou enchainĂ©- et je l’ai suffisamment « vue Â», « vĂ©cue Â» et approchĂ©e pour connaĂ®tre un certain nombre de ses atouts.

« Le Breton Â», la femme comme l’homme, est pareil. « Le Â» Breton est semblable Ă  beaucoup de personnes qui sont attachĂ©es Ă  leur rĂ©gion. Â« Le Â» Breton est gĂ©nĂ©ralement fier de sa ville ou de sa rĂ©gion.

A Lorient, juillet 2025. Photo©Franck.Unimon

Pourtant, les deux ou trois fois oĂą j’ai prononcĂ© le nom de la ville de Lorient devant un Breton ou une Bretonne, j’ai Ă  chaque fois Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© de devenir le tĂ©moin de ce silence un peu particulier suivi de l’impossibilitĂ© pour elle ou lui de me parler de cette ville. Car il ou elle ne la connaissait pas ou n’y Ă©tait jamais allĂ©(e). Le contraste entre la façon dont le nom de cette ville stimulait mon imaginaire, Lorient, et cette absence d’enthousiasme ou ce simili mouvement de recul poli que je saisissais chez mon interlocutrice ou mon interlocuteur m’a toujours interpellĂ©. Pour moi, Lorient, c’était au minimum la mer, la Bretagne et, chaque annĂ©e, en Ă©tĂ©, le festival interceltique de Lorient, donc de la musique, donc, de la vie. Mais en face de moi, on s’effaçait devant tout « Ă§a Â».

Pendant des annĂ©es, au dĂ©but du vingtième siècle, la Bretagne a Ă©tĂ©, je crois, la rĂ©gion la plus pauvre de France. Encore rĂ©cemment, en juillet avant notre sĂ©jour, Batman, un ami (Breton),  m’avait  appris que le terme « plouc Â» Ă©tait autrefois utilisĂ© pour dĂ©signer les paysans Bretons. C’est dire Ă  quel point les Bretons, et la Bretagne, dans l’imaginaire collectif français, reviennent de très très loin.

Nos collègues, voisins ou amis bretons nous parlent rarement de cette époque mais il est probable qu’il leur en reste quelque chose. Et que cela peut expliquer cette fierté bretonne dont je parlais quelques lignes plus tôt. Car la Bretagne a de sacrés atouts tant touristiques, que culturels…ou immobiliers.

Même si l’on rappelle les dégâts des élevages porcins, des nitrates et des algues toxiques et mortelles sur certaines plages. Même si l’on parle de Bolloré. Ou de la dynastie Le Pen. Et, récemment, je n’ai pas entendu parler de Lorient lorsque des mauvaises nouvelles émanent de la Bretagne.

D’un point de vue culturel, pour évoquer la Bretagne, spontanément, je pense d’abord à Per Jakez Hélias. Je n’ai toujours pas lu son ouvrage Le Cheval d’orgueil paru en 1975 ( j’avais 7ans et cela correspond à l’année de mon premier voyage en Guadeloupe avec mes parents) mais j’ai écouté- et aimé- certains de ses contes.

Je pense aussi Ă  la compositrice, harpiste et chanteuse Kristen Nogues voire Ă  son compagnon Jacques Pellen, guitariste et compositeur. MĂŞme s’ils sont aujourd’hui dĂ©cĂ©dĂ©s, je ne crois pas discrĂ©diter la culture bretonne en les citant.  

Je pourrais peut-ĂŞtre aussi mentionner le livre MĂ©moires du large « de Â» Eric Tabarly ou un  ouvrage de Olivier de Kersauson que j’ai lus. Mais mĂŞme si Tabarly et Kersauson sont Bretons, en tant que marins et compĂ©titeurs, ils font aussi partie de ces personnes que je qualifierais de « sportifs Â» de l’extrĂŞme mais, surtout, de femmes et hommes libres ou rĂ©sistants Ă  l’image, pour moi, de personnalitĂ©s telles que Ellen Mac Arthur, Florence Arthaud, Elizabeth Revol, HĂ©lie de St Marc, Maitre Jean-Pierre Vignau, Madeleine Riffaud, Daniel Cordier. Et, comme eux ou avant eux :

Angela Davis, Nelson Mandela, Martin Luther King, Malcom X, Miles Davis, James Baldwin, Richard Wright, Chester Himes, AimĂ© CĂ©saire, Frantz Fanon, les Black Panthers, Bob Marley, Muhamad Ali ( mĂŞme si, aujourd’hui, j’ai plus de mal avec certains de ses travers envers Malcolm X ou Joe Frazier ) James Brown, Kassav’… ainsi, sans doute, que  tous les artistes et Ă©crivains qui, contrairement Ă  moi, ont explicitement prĂ©servĂ© le CrĂ©ole ou s’expriment Ă  travers lui  que ce soit par Ă©crit, oralement, Ă  travers la musique, le cinĂ©ma, un autre art ou une pratique que je n’ai pas mentionnĂ©, que je suis incapable de formuler ou Ă  laquelle je n’arrive pas Ă  penser.

Je peux néanmoins citer au moins les musiciens et compositeurs réunionnais Ann O’aro, René Lacaille, Maya Kamaty ou les films Kouté Vwa du Guyanais Maxime Jean-Baptiste (sorti dans quelques salles récemment) Zion du Guadeloupéen Nelson Foix ou Sac la mort d’Emmanuel Parraud. Sans oublier évidemment des références littéraires comme Raphaël Confiant, Patrick Chamoiseau ou Maryse Condé, René Depestre, Frankétienne et d’autres qui ont plutôt tendance à être aimantés par l’envers du décor, par le dessous des serviettes de plage, des crèmes solaires et des cartes sociales ou raciales.

Un film comme L’épreuve de feu d’AurĂ©lien Peyre dĂ©couvert au cinĂ©ma ce 15 Aout avant d’aller voir KoutĂ© Vwa (mais aussi Bahd de Guillaume de Fontenay !) peut aussi me faire le mĂŞme effet mĂŞme si je peux prendre grand plaisir Ă  aller voir un film axĂ© sur le spectacle ou l’humour.

Cependant, avec la ville de Lorient, sans le savoir, je retournais avec ma fille vers une partie de l’Histoire qui nous Ă©loigne de la vision de carte postale de la Bretagne. Je m’éloignais des villes et des lumières attractives telle la ville Pont-Aven pourtant proche et dont « tout le monde Â» m’avait dit beaucoup de bien. Car c’était une ville Ă  voir etc….

Je reste marquĂ© par ces paroles du rappeur Mc Solaar Ă  l’époque oĂą il Ă©tait, pour moi, une forme d’absolu, alors que je reste un amateur vraiment limitĂ© en Rap :

« Il Ă©tait vraisemblable que tous les faux semblants de la farce humanitaire aboutiraient au nĂ©ant. C’est une boule Ă  facettes comme dans les discothèques. Ça reflète Ă  la lumière et sans elle…pfou…du vent. J’aime les images fortes car je suis comme toi. Le poids des mots et le choc des photos… Â». ( extrait de son duo avec le rappeur Guru pour le titre Le bien, le mal).

Finalement, c’est peut-être en raison de mon rayonnement profondément dépressif que ma fille et moi ne sommes pas allés à Pont-Aven durant notre semaine dans le Morbihan.

J’ai hésité. C’est un choix que j’ai fait sans en discuter avec ma fille.

En l’entraĂ®nant peut-ĂŞtre davantage dans les sillons de ma dĂ©pression. Car Lorient, mĂŞme si elle connait un certain renouveau depuis plusieurs annĂ©es, a hĂ©ritĂ© d’une histoire triste du fait de la Seconde Guerre Mondiale.

Lorient, près du Bunker K3. Juillet 2025. Photo©Franck.Unimon

Je sais qu’en faisant ce « choix Â» d’éviter Pont-Aven que je prenais le risque de passer pour un gogo. Mais je sais aussi que l’on voyage et que l’on vit diffĂ©remment selon que l’on se trouve avec son enfant mineur ou selon le fait que l’on circule seul ou avec d’autres adultes.

Selon ce que l’on peut partager et/ou transmettre.

Visiter une ville avec une enfant de bientĂ´t douze ans, cela peut lui plaire. Mais cela peut aussi l’ennuyer si ce que l’on trouve sur place, c’est de belles vitrines de magasins et des jolies maisons. A l’inverse, « L’ Histoire » de Lorient, elle, grâce Ă  l’apport des visites guidĂ©es Ă  la CitĂ© de la voile, lors de la visite du Bunker K3 et du sous-marin Flore, peut parler Ă  une enfant ainsi qu’aux adultes qui l’accompagnent.  Cela peut permettre aussi certaines conversations. Et j’ai tenu, avant tout, Ă  ce que ma fille passe de bonnes vacances. Qu’elle ne doive pas se contenter de me suivre partout oĂą je l’emmenais.

Aujourd’hui, je peux dire que nos vacances lui ont plu. Mais c’est seulement maintenant que je peux l’affirmer. Car, Ă  l’origine, je n’avais rien prĂ©vu. 

Lorsque nous sommes arrivés à Quéven en juillet, ma fille et moi, là où j’avais réservé une maisonnette pour une semaine, je n’avais pas de programme établi. Mais Peut—être que ma mémoire, elle, avait déjà certains projets pour nous.

Franck Unimon, ce dimanche 17 aout 2025.