Avant de rentrer
Avant de rentrer, jâai passĂ© quelques minutes dans la rue Ă remuer le ciel.
Je trouve que depuis le mois de mars, il y a, de nouveau, comme lâannĂ©e derniĂšre, une trĂšs belle luminositĂ© dehors. Et, tout Ă lâheure prĂšs du boulevard oĂč se trouve notre immeuble, en regardant vers la gare, le ciel Ă©tait beau. ChargĂ© de nuages et dâhistoires. ClairsemĂ© de liserĂ©s de lumiĂšre. Avec le soleil, qui, cachĂ© par les nuages, devenait lune.
Et les gens passaient Ă pied sans regarder pour aller Ă la gare. Les voitures tournaient. Les bus passaient. Pendant que dâautres personnes, debout, faisaient la queue devant le laboratoire dâanalyses mĂ©dicales.
Je me suis dit que câĂ©tait parce-que, nous, les ĂȘtres humains, nous sommes devenus incapables de faire attention Ă ce qui se passe dans le ciel, mais aussi de lâadmirer, que nous sommes devenus malades. Que nous avons besoin de faire des analyses. Que nous avons besoin de toutes sortes de drogues. Que nous avons besoins de consoles de jeux.
Jâai profitĂ© de ces quelques minutes, dehors, Ă prendre des photos et Ă essayer de saisir le soleil. MĂȘme si, en soi, cette partie de la ville nâest pas jolie.
Car je me suis dit que tant que jâĂ©tais capable dâĂȘtre content de moments pareils, que tout allait bien. Que je me portais encore suffisamment bien. MĂȘme si, je suis aussi rĂ©guliĂšrement et souvent toutes ces personnes qui, en bien des circonstances, partent faire des analyses mĂ©dicales. Prennent des drogues. Tournent dans leur voiture. Prennent le bus.
Sans regarder.
Franck Unimon, ce vendredi 30 avril 2021.