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Barnay-Bambuck, athlètes engagés-un documentaire d’Aurélie Bambuck

Ghislaine Barnay.

         Barnay-Bambuck, athlètes engagés / un documentaire d’Aurélie Bambuck

 

 

C’était il y a un demi-siècle. Mais cela aurait pu être une demi-seconde.

 

Quand il s’agit de jeter nos forces dans une action, une demi seconde, en trop ou en moins, ça peut être pareil qu’un demi siècle.  

 

Le temps, la pesanteur, que l’on soit danseur ou d’ailleurs, nous leur devons toujours des comptes.

 

La France, ex grande puissance coloniale, ne compte plus les victoires et les chronos qu’elle doit sur une piste d’athlétisme aux descendants de ses esclaves et de ses indigènes. Ghislaine Barnay et Roger Bambuck ont fait partie de ceux-là en saut en hauteur et en sprint.

 

 

 

Bambuck participait aux Jeux olympiques de Tokyo en 1964 et à ceux de Mexico en 1968. Barnay, à ceux de Mexico et de Munich en 1972. On ne parle pas d’Usain Bolt, là. Pas même de Carl Lewis pour celles et ceux qui s’en rappellent. Mais gagner des championnats de France et d’Europe, sauter jusqu’à 1m80 en ventral, courir le 100 mètres en 10 secondes 11 ne se fait pas en  vapotant. Pour cela, il faut détaler. Pousser. Ouvrir en grand les fenêtres de son souffle.

 

Pour cela, il a aussi fallu quitter sa Martinique et sa Guadeloupe natale.

 

 

 

Des jeux de Tokyo, de Mexico et de Munich, j’ai le souvenir de l’Américain Bob Hayes sur 100 mètres. De Bambuck qui finit cinquième sur 100 mètres derrière Jim Hines, le vainqueur. Du poing noir ganté et levé de Tommie Smith, de Lee Evans et John Carlos. Des terroristes palestiniens.

 

Parce-que j’ai lu. Barnay et Bambuck l’ont vécu.

 

Je ne connaissais pas Ghislaine Barnay.

 

Elle et Bambuck, d’abord athlètes individuels, puis couple,  ont concouru sur les pistes dans un monde en pleine décolonisation mais aussi en pleine mutation civique et politique.

 

Il y a l’engagement médiatique façon « poing levé » ou arme à la main. Et l’autre, qui consiste à rester présent là où l’on ne nous attend pas. C’est cet engagement-là, le second, que choisira le couple Barnay-Bambuck et que raconte leur fille, Aurélie, réalisatrice du documentaire.

 

Pour Barnay, ce sera, après sa retraite sportive, son travail d’éducatrice sportive. Pour Bambuck, après plusieurs tâtonnements, cela passera par un engagement en politique dans les années 80.

 

D’après le portrait qui est fait du couple, l’opportunisme ne fait pas partie de sa culture. Ni l’adoration du prestige passé.

 

Cela fait drôle de voir la famille Bambuck assister à la finale du cent mètres masculin aux jeux de Séoul en 1988. Lorsque Ben Johnson, l’astéroïde propulsé sous stéroïdes, sort d’abord le majestueux Carl Lewis de l’écrin de la première place. Je me rappelle de cette finale pour l’avoir regardée à la télé. C’était aussi l’année de « Flo-Jo Griffith », toujours détentrice du record du monde féminin sur 100 mètres, décédée avant que n’ait pu être prouvé son plus que probable dopage. 

 

Le dopage ne se trouve pas non plus sur la planète Barnay-Bambuck. Discrétion, conscience morale et professionnelle ressortent comme les pointes- homologuées- avec lesquelles le couple s’est déplacé sur le tartan de la vie. On ne peut pas dire qu’ils aient toujours été suivis.

 

Avec ce documentaire, Aurélie Bambuck effectue un double tour d’histoire : Celui d’une partie de l’histoire de l’athlétisme français. Celui de l’histoire de ses parents. On peut les voir à l’image s’exprimant de nos jours. Ou entendre Laura Flessel, ancienne championne d’escrime mais aussi ancienne Ministre, expliquer que les Barnay-Bambuck ont pu l’inspirer.

 

 

Peu d’athlètes, même champions et recordmen du monde, bénéficieront d’un tel traitement un demi-siècle après la fin de leur carrière sportive.

 

Ps : Pour toute demande concernant un dvd ou un éventuel support visuel se rapportant au documentaire, contacter camille@enfantsauvage.eu

 

Franck Unimon, ce samedi 27 mars 2021.

 

 

 

 

 

 

4 réponses sur « Barnay-Bambuck, athlètes engagés-un documentaire d’Aurélie Bambuck »

Merci beaucoup pour ce beau retour sur mon documentaire, un plaisir à lire, bravo pour votre plume.

Bonjour, je fais partie de la famille Bambuck au Canada, comment pouvons-nous visionner ou acheter ce documentaire ?

Merci !

Bonsoir Jonathan,

Je vous réponds avec un peu de retard : c’est peut-être l’effet du décalage horaire : ). Après avoir lu votre mail, j’ai envoyé un mail à l’une des productrices du documentaire : Camille Monin. Elle n’a pas encore pu me répondre. Mais, sitôt que j’ai une réponse plus précise, je vous la donne. A bientôt !

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