
Festival Rock en Seine 23 Aout 2025
Jambes lourdes et tĂŞte en bois
16h30, ce dimanche 24 Aout. Hier, j’étais au festival Rock en Seine au parc de Saint Cloud.

J’ai un peu la tête en bois. Depuis que je suis rentré cette nuit (j’ai dû prendre un taxi entre la Défense et la gare d’Argenteuil), j’ai beaucoup dormi ou fait un peu acte de présence auprès de ma compagne, notre fille et de notre chaton.
Aucune consommation de substance de ma part. Je crois que c’est dû à mon âge, peut-être au poids de certaines nouvelles et, aussi, à l’attente, immobile, devant la grande scène. A peu près une heure avant le concert de Jorja Smith de manière à être le mieux placé possible pour la voir et la prendre en photo.

Et autant, si ce n’est davantage ensuite, pour assister au concert du groupe Justice également sur la grande scène du festival.

A Rock en Seine, j’ai dĂ» attraper froid ou pris un coup de chaud. J’étais sans doute encore entamĂ© physiquement en arrivant malgrĂ© la sieste que j’avais faite avant de venir. J’Ă©tais mĂŞme arrivĂ© vers 18 heures alors que les premiers concerts de la journĂ©e avaient commencĂ© Ă 14h30. Mais j’avais les jambes lourdes en me dirigeant vers la sortie du festival hier soir après minuit. Et j’étais claquĂ©, assis dans le taxi (heureusement que j’en ai trouvĂ© un Ă La DĂ©fense et que j’avais de quoi le payer, 25 euros la course) en rentrant chez moi.
MĂŞme si j’ai vu près de moi des plus jeunes que moi ( dans la vingtaine ou trentaine) s’asseoir en attendant le dĂ©but des concerts, je me dis que je suis sans doute devenu trop âgĂ© pour un festival comme Rock en Seine.
Je me suis rappelé les propos d’un ami, de quatre ans mon cadet, qui m’a dit cette année ou l’année dernière :
« Je suis trop vieux pour aller dans des festivals ».
Lui et moi nous Ă©tions retrouvĂ©s au concert de PJ Harvey lorsqu’elle est passĂ©e dernièrement Ă Paris ( PJ Harvey Ă l’Olympia, octobre 2023 ). C’Ă©tait dĂ©jĂ il y a bientĂ´t deux ans.
Il y a quelques minutes, en me réveillant de ma sieste, après un déjeuner allégé, j’ai dit à ma compagne que j’allais me recoucher. Elle a exprimé un peu son étonnement. Puis, je suis reparti. J’ai pris une douche. Et, pendant la douche, mes pensées se sont mises à faire un peu de développé coucher à propos du festival.
Je n’ai pas menti à ma compagne. Ma réelle intention était de continuer de me reposer. Mais, je tente, là , une incursion dans le récit plutôt que dans le sommeil.

Aller au plus grand festival de Rock en région parisienne
J’ai lu ou entendu que le festival Rock en Seine était le plus grand festival de Rock en région parisienne.

J’ai commencé à venir au festival Rock en Seine au début des années 2000. J’avais vu les affiches annonçant la venue de PJ Harvey. Je n’y étais pas allé. C’était trop loin pour moi. J’habitais à Cergy-Le-Haut. Et, dans ma tête, j’étais seul.

Je vais Ă la plupart de mes sĂ©ances de cinĂ©ma, de « mes » concerts ou des festivals, seul. Je prĂ©fère y aller en solo plutĂ´t que de ne pas y aller. PlutĂ´t que de devoir dĂ©penser de l’énergie Ă rassembler ou essayer de convaincre une ou plusieurs personnes autour de moi. PlutĂ´t que de dĂ©pendre du planning de quelqu’un d’autre.
Et lorsque je me dĂ©cide pour une expĂ©rience sportive, c’est pareil. Il en aurait peut-ĂŞtre Ă©tĂ© diffĂ©remment si ma jeunesse avait Ă©tĂ© cette pĂ©riode de sorties Ă laquelle on l’assimile gĂ©nĂ©ralement.
Adolescent, je n’ai pas ou très peu connu l’expérience d’aller au cinéma ou à des concerts avec les copains et les copines. Je n’en n’avais ni les moyens ni l’autorisation. Je suis un citadin né dans une ville de banlieue, élevé avec une mentalité de campagnard de parents antillais issus de la campagne. A la campagne, en Guadeloupe, du temps de mes parents, les enfants et les ados n’allaient pas au cinéma. Il n’y en n’avait pas. Et c’était trop cher. Et pour les concerts, on allait sans doute plutôt aux bals, aux soirées telles que baptêmes, mariages et communions où les musiques qui passaient, c’était le Konpa, la musique antillaise de la Guadeloupe et de la Martinique d’avant le Zouk, un peu de Salsa et de Reggae. Puis le Zouk.
Ce sont des soirées que j’ai connues enfant, adolescent et jeune adulte avec mes parents en région parisienne voire un peu en Guadeloupe, où je retrouvais de temps à autres des oncles, des tantes et des cousins et dont j’ai une certaine nostalgie par moments. Je regrette de n’avoir jamais eu d’appareil photo ou de caméra dans les mains lors de cette époque où je regardais beaucoup ce qui se déroulait devant moi. J’ignorais à la fois que ce monde allait disparaître pour moi mais aussi l’importance qu’il prendrait pour moi rétrospectivement.
Je crois que beaucoup des personnes qui se rendent à un festival comme Rock en Seine appréhendent de connaître un jour ce genre de nostalgie. D’être passés à côté de leur vie et de leur époque.

Je crois aussi qu’ils ont entendu parler, d’une façon ou d’une autre, de ces grands festivals de musique qui ont fait « l’Histoire » ou qui font désormais partie de l’Histoire. Woodstock et autres. Jimi Hendrix, les Beatles, Bob Marley, Elvis Presley, Led Zeppelin, Les Stones et beaucoup beaucoup d’autres.
Je cite ici plutôt des « rockers » (même si j’inclue Bob Marley) car je crois que le Rock, en occident, à partir des années 60, est le genre musical qui a donné lieu aux prestations les plus médiatisées dont on se repasse les histoires et les images et qui ont ensuite servi de modèles à d’autres artistes quel que soit leur horizon musical.
Le Rock a été ou est cette musique iconoclaste, de contestation, de la jeunesse du monde dit libre ou qui se veut libre en Occident puis ailleurs. Même si, ensuite, la liberté ne se retrouve pas à l’équilibre.

Je ne connais pas exactement ce qui a poussé les promoteurs ou les créateurs du festival à l’appeler Rock en Seine mais je me hasarde à supposer que le terme « Rock » a été choisi pour entretenir une certaine filiation avec tous ces artistes « Rock » ou « Rock stars » dont on sait nous parler et avec lesquels on nous fait rêver. Du moins, avec lesquels on fait rêver un certain public en occident. Un occident plutôt blanc ou qui a, dans sa grande majorité, un public blanc. Car le Rock, malgré ses diverses inspirations, origines et influences s’adresse plutôt à un public blanc ou un public « de » blancs. Même si ce public ou ses artistes, par ailleurs, peuvent être tout à fait capables d’aller écouter et voir d’autres artistes d’autres genres musicaux.
Même si au festival Rock en Seine, il y a désormais des rappeurs qui passent sur scène (lorsqu’ils n’annulent pas leur présence tels Asap Rocky ou Doeechi cette année) ou Jorja Smith qui sait rapper.
Lorsque tout à l’heure, j’ai parlé de Konpa, de musique antillaise, de zouk ou de salsa, la lectrice ou le lecteur attentive/if s’est peut-être étonné( e ) de me voir parler du festival Rock en Seine où des artistes tels que Kassav’, Meiway ou autres super vedettes africaines ne sont jamais passées et ne passeront peut-être jamais. Des artistes qui correspondent beaucoup plus à mon éducation et à mon « milieu » d’origine. Et, je n’ai pas oublié l’espèce de moue que semblaient faire certains de mes anciens « collègues » journalistes du magazine XCrossroads chaque fois que je m’amusais à leur parler de Zouk ou de Dub. Comme si je leur avais demandé d’avaler une cuillère d’huile de ricin par les narines.
Un jour, après d’autres concerts ailleurs, je suis allĂ© à « mon » premier festival Rock en Seine parce-que je n’avais plus peur de me perdre en route. Parce-que je ne craignais pas de devenir fou. Je n’avais pas ou je n’avais plus l’impression de trahir mon identitĂ©, mon groupe, mon histoire ou ma famille. Et je crois que cette attitude a aussi Ă voir avec le Rock. Sauf que cette partie-lĂ de l’expĂ©rience du Rock est peut-ĂŞtre oubliĂ©e ou a Ă©tĂ© oubliĂ©e au profit du fait de s’afficher et de s’affirmer. Comme on peut le faire en Ă©tant très fier de porter certains drapeaux ou certains discours nationalistes. Et de considĂ©rer que l’on est particulièrement attachĂ© Ă un pays, Ă une musique ou Ă une personne parce-qu’on le crie partout et qu’on le (dĂ©)montre au monde entier.
Je ne suis pas là pour démontrer ou pour essayer de prouver quelque chose. Plutôt pour témoigner.
Pour essayer de témoigner.
Mais ce sont évidemment des paroles de vieux. Et le vieux va continuer de s’exprimer car il a appris à utiliser un clavier. Et, comme beaucoup de vieux, il croit que son expérience compte même si celle-ci fond comme une bougie. Car, plus que tout, le vieux croit encore à ses histoires.
A Rock en Seine, avant hier, j’avais vu les Hives, le dernier concert des Rita Mitsouko quelques semaines avant le décès de Fred Chichin, Emilie Simon, Jesus and the Mary Chains ( je crois) ou Faith No More plutôt, Massive Attack et d’autres groupes.
( voir Massive Attack Ă Rock en Seine Aout 2024)
Ma prestation préférée reste celle de Björk qui avait clôturé le festival et qui avait entre-autres chanté son Déclare Indépendance.
J’ai connu le festival lorsqu’il se déroulait sur deux jours (contre cinq cette année) si mes souvenirs sont justes. Le tarif était plus bas mais je n’en suis plus très sûr. Pour 69 ou 79 euros pour une journée contre près de 90 euros pour la journée d’hier. C’était avant le tramway T2. Pour venir en transports en commun depuis Cergy le Haut, je récupérais la ligne 10 du métro. Puis, je marchais une dizaine de minutes en prenant le pont qui passe au dessus de la Seine.
J’ai le souvenir que le festival se terminait à une heure permettant de rentrer chez soi par les transports en commun alors qu’hier soir, après le concert de Justice, il était trop tard pour que je prenne un train depuis la Défense jusqu’à St Lazare.

Le service de presse du festival s’est targué d’avoir attiré 180 000 festivaliers l’année dernière. C’est sûrement plus qu’au début des années 2000. Je ne suis ni comptable ni historien de ce festival et je ne scrute pas le « bizness » ou le modèle économique du festival. Mais ce qui m’apparaît néanmoins, c’est qu’avec le temps, Rock en Seine est devenue une entreprise plutôt rentable.
Burger King et commerces
Comme dans d’autres festivals, avant d’entrer (alors que nous avons payé notre place), pour des raisons dites de sécurité, on nous explique que l’on ne peut pas emporter avec soi certaines quantités de nourriture ou des bouteilles ou des gourdes de telle dimension. On nous limite aussi sur le type d’appareil photo que l’on peut apporter avec soi. Le mien a failli se retrouver à la consigne, ce qui aurait impliqué ensuite la contrainte de devoir faire la queue pour le récupérer. Sauf que, au vu de la technologie de plus en plus poussée des smartphones (et Rock en Seine comme les autres festivals n’interdit en rien les smartphones) en matière d’image, de son, et vue la facilité avec laquelle les images sont aujourd’hui postées sur les réseaux sociaux, il m’apparaît rétrograde et plus que borné de vouloir maintenir cette police des appareils photos.

A l’intérieur du festival (comme dans d’autres festivals), on nous oblige aussi à passer par les portiques de son système économique. Je sais très bien que cela fait déjà plusieurs années que c’est comme ça que ce soit à Rock en Seine et dans d’autres festivals. Mais même si cela est déjà « normalisé », accepté, digéré et assimilé, cela n’empêche pas de parler de cette folie.
Cette « folie » consiste à prépayer nos consommations de nourriture ou de boisson car il est désormais impossible de payer soi-même directement. Nous devons donc nous déplacer jusqu’à des bornes qui débitent nos cartes bancaires ou qui prennent nos espèces. Bornes devant lesquelles, nous devons nous confesser ou prévoir pour combien nous allons en avoir lorsque nous aurons envie, après avoir à nouveau fait la queue devant le stand de nourriture choisi, de commander à manger ou à boire. Et, il nous revient de prévoir juste. Hier, il m’a ennuyé de devoir me dire que le festival Rock en Seine ferait mieux de s’inspirer du système de commande d’un Burger King.

Hier, j’ai tenu à ne rien acheter au sein du festival. Ni boisson, ni nourriture. Rien. J’avais fait en sorte de bien manger auparavant et d’emporter avec moi de quoi me nourrir et boire suffisamment et rapidement : quelques pains au lait ; un snickers ; deux pâtes de fruits. Une petite « gourde » que j’ai remplie à un des robinets du festival.

Un peu plus loin, j’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© de tomber sur ce bandeau publicitaire en faveur de Revolut. Je me suis demandĂ© ce que cela venait faire dans un festival de Rock ou de musique. Par contre, je n’avais mĂŞme pas prĂŞtĂ© attention Ă ce « bar » Ă champagne. J’avais vu l’Ă©quivalent lors de ma visite de la Tour Eiffel il y a un ou deux ans.


A côté de certaines préventions sanitaires, la Pub et le commerce ont continué de s’étoffer. Tel le stand de vente des protections auditives Alpine (plus classes et plus ergonomiques) qui permet de s’en acheter si on les préfère aux bouchons standards qui sont, eux, encore distribués.
J’avais apportĂ© mes protections auditives d’une autre marque. Les festivals n’interdisent pas encore de venir avec nos propres protections auditives pour des raisons de « sĂ©curité ».
Je suis très content de mes protections auditives. Elles m’ont Ă nouveau donnĂ© beaucoup de confort pendant le concert de Jorja Smith et, surtout sans doute, pour celui de Justice.

Pour rester dans les sanitaires, tout festival nous amène à ce passage obligé dans les toilettes. Or, nous sommes dans le parc de Saint Cloud. Pas en plein bois de Boulogne ni dans une déchetterie. Il convient donc de se diriger vers les lieux d’aisance.

J’ai pu Ă©viter une très grande file d’attente en m’éloignant finalement d’un premier lieu. Ensuite, j’ai acceptĂ© d’ĂŞtre « encadré » par deux autres mecs devant cette pissotière publique qui permettait de passer très vite.
En temps ordinaire, uriner debout à côté d’un autre garçon est une situation très peu quelconque. En certains endroits, c’est un moment de comparaison, d’embarras, ou de drague. C’est ce qui a poussé, je crois, certains hommes à attendre dans la file des femmes. Car je ne crois pas que c’était pour faire caca.
Une fois debout, on le sait, les hommes, quel que soit leur âge et la taille de leur sexe, peuvent avoir du mal à pisser droit et à éviter de s’en mettre plein les doigts. C’est donc un moment clé de notre existence. Celui où l’on se pisse dessus ou par terre ou sur ses pieds ou au contraire, celui, où l’on s’en sort bien. Et, il faut à chaque fois réussir.
En général, j’aime bien regarder en l’air lorsque je pisse afin qu’il n’y ait aucune équivoque avec mon voisin. Mais cette fois, j’ai préféré mettre toutes les chances de mon côté. Et tant pis si un de mes voisins a regardé la mienne. Tant pis si un autre s’est dit que j’étais venu pour pas grand-chose.
C’était bien de pouvoir ensuite se « désinfecter » les mains avec du gel même si j’aurais préféré de l’eau et du savon. Je ne suis pas resté regarder bien longtemps mais j’ai eu l’impression que certains hommes expédiaient cette opération de désinfection sur leurs mains avant de sortir
Conscience politique :

Les festivals comme ceux de Woodstock ou d’autres par la suite ont eu des volontés politiques. Hier, à deux reprises, environ trente minutes avant le concert de Jorja Smith puis avant celui de Justice, grâce aux grands écrans accolés près de la grande scène, nous avons pris notre leçon (abrégée) de prise de conscience politique. En faveur d’un journaliste français injustement emprisonné en Algérie « pour apologie du terrorisme ». Le message de RSF nous enjoignait à faire un « maximum de bruit » et à signer une pétition.
Je n’avais jamais entendu parler de ce journaliste et je souhaite bien-sûr que cela s’arrange pour lui et ses proches. Mais Rock en Seine, pour moi, était à nouveau à côté de sa grille d’accords. Car parler de ce journaliste, sans parler de la famine à Gaza et de la façon dont le gouvernement de Netanyahou continue de détruire toute possibilité d’apaisement en Palestine ?! Sans parler des Présidents Trump et Poutine qui jouent au chat et à la souris avec l’Ukraine de Zelensky ?!
Un artiste chantait « Give Peace a chance » mais Rock en Seine semble plutôt entonner « Give Business a chance ».
Lors de mes « premiers » Rock en Seine, j’ai l’impression que le festival affichait moins certaines prétentions éthiques ou écologiques. Bien-sûr, j’approuve la démarche qui consiste à rendre bien visible dans le festival l’endroit sûr où pourrait se rendre une personne (une femme) aux prises avec un abuseur ou un violeur. Ainsi que ce lieu où venir reposer sa tête, son corps et ses oreilles de l’amas de décibels. Mais j’ai aussi l’impression que c’est du vernis. Et que le festival se comporte comme n’importe quelle entreprise qui aspire à obtenir et conserver son label de conformité ou d’utilité publique.

Mais je dois être devenu sacrément vieux et très très amer pour raisonner de cette manière et voir le mal un peu partout. Donc, je me sens obligé d’écrire que j’étais d’abord venu pour Jorja Smith et, qu’ensuite, je n’ai pas pu faire autrement que voir ce qui se trouvait devant moi. Ou il aurait fallu que je me rende jusqu’à la grande scène en ayant les yeux bandés.
Ai-je bien vu les concerts de Jorja Smith et de Justice ? Oui. Pourquoi ne pas m’être contenté de parler de leurs concerts ? D’abord parce qu’il est habituel de diffuser des images des concerts et des concerts auxquels on se rend.
Pour partager et faire rĂŞver.
Mais les images que l’on montre et que l’on choisit ne disent pas tout du moment et de l’expérience. Ce serait comme uniquement montrer les photos de mariage d’un couple, cela ne dit pas tout de l’histoire du couple. Mais bien-sûr, on peut préférer le conte de fée à la véritable histoire, le mollard à l’eau de rose qui conditionne plutôt que le polar qui affranchit.
A Rock en Seine, comme dans d’autres festivals ou lieux de concerts, on ne fait pas qu’aller voir et écouter des artistes. Même si c’est notre projet et ce qui nous pousse à payer notre place et nous déplacer. A Rock en Seine comme dans d’autres festivals ou lieux de concerts ou dans des salles de cinéma, nous nous faisons aussi solliciter ou influencer par certains messages publicitaires ou autres. Nous sommes des témoins de notre époque même si nous décidons de ne pas nous attarder sur certaines informations que nous « voyons » pour nous concentrer sur notre plaisir qui est d’aller écouter et voir certains artistes.
Mais il serait naïf de croire que mon expérience à Rock en Seine a été exclusivement musicale. Depuis mon transport à la Défense dans le T2 où j’ai assez facilement identifié des festivalières et des festivaliers jusqu’à mon retour à la Défense dans le T2 après minuit, j’ai été partie intégrante d’un comportement économique, sociologique et idéologique particulier qui tranche avec ma vie ordinaire, elle-même réglée ou préréglée aussi selon certains principes et certaines injonctions.
On peut bien-sûr se contenter de l’expérience musicale et/ou des bons moments que l’on y passe avec d’autres. Car c’est quand même le principal. Mais je m’abstiendrai de croire ou de penser que je me trouvais hier, à Rock en Seine, dans un monde merveilleux, libre et bienveillant qu’il conviendrait de répliquer à plus grande échelle pour que je sois heureux ou plus heureux. Et que la vie, ma vie, devrait toujours être celle que j’ai aperçue ou que l’on m’a vendue à Rock en Seine durant quelques heures.
Ce serait l’horreur si ma vie se déroulait en continu comme dans le festival Rock en Seine. Mais d’autres personnes, au contraire, seraient prêtes à s’engager, à embrigader, à dénoncer voire à torturer et tuer pour que leur vie, la vie, soit toujours comme dans le festival Rock en Seine.

L’autre raison à tout ce laïus est que c’était peut-être la dernière fois, hier, que je me rendais au festival Rock en Seine. Hier, je ne le savais pas. C’est, aujourd’hui, en voyant l’état physique dans lequel je me trouvais, et, donc, le défi un peu ou assez physique que constitue le fait d’aller dans un festival, que je me suis dit qu’il me fallait accepter que ce n’était plus pour moi. Ou alors qu’il faudrait que cela se fasse dans des conditions qui me soient plus confortables. En y allant plus reposé. En évitant d’attendre debout pendant une heure avant chaque concert pour être au plus près de la scène.

Telle Ă©tait ma conclusion avant de faire une pause de quelques minutes. Depuis, j’ai mis l’album Standing in the Way Of Control du groupe Gossip que j’avais eu la chance de voir il y a un peu plus d’une quinzaine d’annĂ©es. J’ai aussi prĂ©parĂ© l’album Tres Hombres de ZZ Top que je n’ai jamais vu en concert. L’album Ventriloquism de Meshell Ndegeocello vue plusieurs fois en concert depuis son premier album Plantation Lullabies. La compilation L’AnnĂ©e du Zouk 2023 et l’album Jazz is A Spirit de Terri Lyne Carrington.
Je vais maintenant découvrir les photos que j’ai prises hier des concerts de Jorja Smith et Justice. Et l’article qui les concerne apparaîtra bientôt dans mon blog.
Franck Unimon, ce dimanche 24 Aout 2025.