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Olivier de Kersauson- Le Monde comme il me parle

 

                    Olivier de Kersauson- Le Monde comme il me parle

« Le plaisir est ma seule ambition Â».

 

 

Parler d’un des derniers livres de Kersauson

 

Parler d’un des derniers livres de Kersauson, Le Monde comme il me parle,  c’est presque se dĂ©vouer Ă  sa propre perdition. C’est comme faire la description de notre dentition de lait en dĂ©cidant que cela pourrait captiver. Pour beaucoup, ça manquera de sel et d’exotisme. Je m’aperçois que son nom parlera spontanĂ©ment aux personnes d’une cinquantaine d’annĂ©es comme Ă  celles en Ăąge d’ĂȘtre en EHPAD.

 

Kersauson est sĂ»rement assez peu connu voire inconnu du grand public d’aujourd’hui. Celui que j’aimerais concerner en prioritĂ© avec cet article. Je parle du public compris grosso modo entre 10 et 35 ans. Puisque internet et les rĂ©seaux sociaux ont contribuĂ© Ă  abaisser l’ñge moyen du public lambda. Kersauson n’est ni Booba, ni Soprano, ni Kenji Girac. Il n’est mĂȘme pas le journaliste animateur Pascal Praud, tentative de croisement tĂȘte Ă  claques entre Donald Trump et Bernard Pivot, martelant sur la chaine de tĂ©lĂ© Cnews ses certitudes de privilĂ©giĂ©. Et Ă  qui il manque un nez de clown pour complĂ©ter le maquillage.

 

Le MĂ©rite

 

Or, aujourd’hui, nous sommes de plus en plus guidĂ©s par et pour la dictature de l’audience et du like. Il est plus rentable de faire de l’audience que d’essayer de se faire une conscience.  

 

Que l’on ne me parle pas du mĂ©rite, hĂ©ritage incertain qui peut permettre Ă  d’autres de profiter indĂ©finiment de notre crĂ©dulitĂ© comme de notre « gĂ©nĂ©rositĂ© Â» ! Je me rappelle toujours de cette citation que m’avait professĂ©e Spock, un de mes anciens collĂšgues :

 

« Il nous arrive non pas ce que l’on mĂ©rite mais ce qui nous ressemble Â».

Une phrase implacable que je n’ai jamais essayĂ© de dĂ©tourner ou de contredire.

 

Passer des heures sur une entreprise ou sur une action qui nous vaut peu de manifestations d’intĂ©rĂȘt ou pas d’argent revient Ă  se masturber ou Ă  Ă©chouer. 

Cela Ă©quivaut Ă  demeurer  une personne indĂ©sirable.

Si, un jour, mes articles comptent plusieurs milliers de lectrices et de lecteurs, je deviendrai une personne de « valeur Â».  Surtout si ça rapporte de l’argent. Beaucoup d’argent. Quelles que soient l’originalitĂ© ou les vertus de ce que je produis.

 

Mais j’ai beaucoup de mal Ă  croire Ă  cet avenir. Mes Ă©crits manquent par trop de poitrine, de potins, d’images ad hoc, de sex-tapes, de silicone et de oups ! Et ce n’est pas en parlant de Kersauson aujourd’hui que cela va s’amĂ©liorer. Kersauson n’a mĂȘme pas fait le nĂ©cessaire pour intĂ©grer  l’émission de tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© Les Marseillais !

 

Rien en commun

 

Mais j’ai plaisir Ă  Ă©crire cet article.

 

Kersauson et moi n’avons a priori rien Ă  voir ensemble. Il a l’ñge de mon pĂšre, est issu de la bourgeoisie catholique bretonne. Mais il n’a ni l’histoire ni le corps social (et autre) de mon pĂšre et de ma mĂšre. MĂȘme si, tous les deux, ont eu une Ă©ducation catholique tendance campagnarde et traditionnelle. Ma grand-mĂšre maternelle, originaire des Saintes, connaissait ses priĂšres en latin.  

 

Kersauson a mis le pied sur un bateau de pĂȘche Ă  l’ñge de quatre ans et s’en souvient encore. Il a appris « tĂŽt Â» Ă  nager, sans doute dans la mer, comme ses frĂšres et soeurs.

Je devais avoir entre 6 et 9 ans lorsque je suis allĂ© sur mon premier bateau. C’était dans le bac Ă  sable Ă  cĂŽtĂ© de l’immeuble HLM oĂč nous habitions en banlieue parisienne. A quelques minutes du quartier de la DĂ©fense Ă  vol d’oiseau.

 

J’ai appris Ă  nager vers mes dix ans dans une piscine. Le sel et la mer pour lui, le chlore et le bĂ©ton pour moi comme principaux dĂ©cors d’enfance.

 

Moniteur de voile Ă  13 ans, Kersauson enseignait le bateau Ă  des parisiens (sĂ»rement assez aisĂ©s) de 35 Ă  40 ans. Moi, c’est plutĂŽt vers mes 18-20 ans que j’ai commencĂ© Ă  m’occuper de personnes plus ĂągĂ©es que moi : c’était des patients  dans les hĂŽpitaux et les cliniques. Changer leurs couches, vider leur  bassin, faire leur toilette, prendre soin d’eux
.

 

J’ai pourtant connu la mer plus tĂŽt que certains citadins. Vers 7 ans, lors de mon premier sĂ©jour en Guadeloupe. Mais si, trĂšs tĂŽt, Kersauson est devenu marin, moi, je suis un ultramarin. Lui et moi, ne sommes pas nĂ©s du mĂȘme cĂŽtĂ© de la mer ni pour les mĂȘmes raisons.

La mer a sĂ»rement eu pour lui, assez tĂŽt, des attraits qui ont mis bien plus de temps  Ă  me parvenir.  Je ne vais pas en rajouter sur le sujet. J’en ai dĂ©jĂ  parlĂ© et reparlĂ©. Et lui, comme d’autres, n’y sont pour rien.

 

Kersauson est nĂ© aprĂšs guerre, en 1944, a grandi dans cette ambiance (la guerre d’Indochine, la guerre d’AlgĂ©rie, la guerre du Vietnam) et n’a eu de cesse de lui Ă©chapper.

Je suis nĂ© en 1968. J’ai entendu parler des guerres. J’ai vu des images. J’ai entendu parler de l’esclavage. J’ai vu des images. J’ai plus connu la crise, la peur du chĂŽmage, la peur du racisme, l’épidĂ©mie du Sida, la peur d’une guerre nuclĂ©aire, les attentats. Et, aujourd’hui, le rĂ©chauffement climatique, les attentats, les serres d’internet, l’effondrement, le Covid.

 

Kersauson, et moi, c’est un peu la matiùre et l’antimatiùre.

 

En cherchant un peu dans la vase

 

Pourtant, si je cherche un peu dans la vase, je nous trouve quand mĂȘme un petit peu de limon en commun.

L’ancien collĂšgue Spock que j’ai connu, contrairement Ă  celui de la sĂ©rie Star Trek, est Breton.

C’est pendant qu’il fait son service militaire que Kersauson, Breton, rencontre Eric Tabarly, un autre Breton.

 

C’est pendant mon service militaire que j’entends parler pour la premiĂšre fois de Kersauson. Par un Ă©tudiant en psychologie qui me parle rĂ©guliĂšrement de Brautigan, de Desproges et de Manchette sĂ»rement. Et qui me parle de la culture de Kersauson lorsque celui-ci passe aux Grosses TĂȘtes de Bouvard. Une Ă©mission radiophonique dont j’ai plus entendu parler que je n’ai pris le temps de l’écouter.

 

Je crois que Kersauson a bien dĂ» priser l’univers d’au moins une de ces personnes :

Desproges, Manchette, Brautigan.

 

Pierre Desproges et Jean-Patrick Manchette m’ont fait beaucoup de bien Ă  une certaine pĂ©riode de ma vie. Humour noir et polar, je ne m’en dĂ©fais pas.

 

C’est un Breton que je rencontre une seule fois (l’ami de ChrystĂšle, une copine bretonne de l’école d’infirmiĂšre)  qui m’expliquera calmement, alors que je suis en colĂšre contre la France, que, bien que noir, je suis Français. J’ai alors entre 20 et 21 ans. Et je suis persuadĂ©, jusqu’à cette rencontre, qu’il faut ĂȘtre blanc pour ĂȘtre Français. Ce Breton, dont j’ai oubliĂ© le prĂ©nom, un peu plus ĂągĂ© que moi, conducteur de train pour la SNCF, me remettra sur les rails en me disant simplement :

« Mais
tu es Français ! Â».

C’était Ă  la fin des annĂ©es 80. On n’entendait pas du tout  parler d’un Eric Zemmour ou d’autres. Il avait beaucoup moins d’audience que depuis quelques annĂ©es. Lequel Eric Zemmour, aujourd’hui, a son trĂŽne sur la chaine Cnews et est la pierre philosophale de la PensĂ©e selon un Pascal Praud. Eric Zemmour qui se considĂšre frĂ©quemment comme l’une des personnes les plus lĂ©gitimes pour dire qui peut ĂȘtre Français ou non. Et Ă  quelles conditions. Un de ses vƓux est peut-ĂȘtre d’ĂȘtre le Montesquieu de la question de l’immigration en France.

 

Dans son livre, Le Monde comme il me parle, Kersauson redit son attachement Ă  la PolynĂ©sie française. Mais je sais que, comme lui, le navigateur Moitessier y Ă©tait tout autant attachĂ©. Ainsi qu’Alain Colas. Deux personnes qu’il a connues. Je sais aussi que Tabarly, longtemps cĂ©libataire et sans autre idĂ©e fixe que la mer, s’était quand mĂȘme  achetĂ© une maison et mariĂ© avec une Martiniquaise avec laquelle il a eu une fille. MĂȘme s’il a fini sa vie en mer. Avant d’ĂȘtre repĂȘchĂ©.

 

Ce paragraphe vaut-il Ă  lui tout seul la rĂ©daction et la lecture de cet article ? Toujours est-il que Kersauson est un inconnu des rĂ©seaux sociaux.

 

Inconnu des rĂ©seaux sociaux :

 

 

 

Je n’ai pas vĂ©rifiĂ© mais j’ai du mal Ă  concevoir Kersauson sur Instagram, faisant des selfies ou tĂ©lĂ©chargeant des photos dĂ©nudĂ©es de lui sur OnlyFans. Et il ne fait pas non plus partie du dĂ©cor du jeu The Last of us dont le deuxiĂšme volet, sorti cet Ă©tĂ©,  une des exclusivitĂ©s pour la console de jeu playstation, est un succĂšs avec plusieurs millions de vente.

 

Finalement, mes articles sont peut-ĂȘtre trop hardcore pour pouvoir attirer beaucoup plus de public. Ils sont peut-ĂȘtre aussi un peu trop « mystiques Â». J’ai eu cette intuition- indirecte- en demandant Ă  un jeune rĂ©cemment ce qu’il Ă©coutait comme artistes de Rap. Il m’a d’abord citĂ© un ou deux noms que je ne connaissais pas. Il m’avait prĂ©venu. Puis, il a mentionnĂ© Dinos. Je n’ai rien Ă©coutĂ© de Dinos mais j’ai entendu parler de lui. J’ai alors Ă©voquĂ© Damso dont j’ai Ă©coutĂ© et rĂ©Ă©coutĂ© l’album LithopĂ©dion (sorti en 2018) et mis plusieurs de ses titres sur mon baladeur.  Le jeune m’a alors fait comprendre que les textes de Damso Ă©taient en quelque sorte trop hermĂ©tiques pour lui.

Mais au moins Damso a-t’il des milliers voire des millions de vues sur Youtube. Alors que Kersauson
. je n’ai pas fouillĂ© non plus- ce n’est pas le plus grave- mais je ne vois pas Kersauson avoir des milliers de vues ou lancer sa chaine youtube. Afin de nous vendre des mĂ©duses (les sandales en plastique pour la plage) signĂ©es Balenciaga ou une crĂšme solaire bio de la marque Leclerc.

 

J’espĂšre au moins que « Kersau Â», mon Bernard Lavilliers des ocĂ©ans, est encore vivant. Internet, google et wikipĂ©dia m’affirment que « oui Â». Kersauson a au moins une page wikipĂ©dia. Il a peut-ĂȘtre plus que ça sur le net. En Ă©crivant cet article, je me fie beaucoup Ă  mon regard sur lui ainsi que sur le livre dont je parle. Comme d’un autre de ses livres que j’avais lu  il y a quelques annĂ©es, bien avant l’effet « Covid».

 

L’effet « Covid Â»

 

Pourvu, aussi, que Kersauson se prĂ©serve du Covid.  Il a 76 ans cette annĂ©e. Car, alors que la rentrĂ©e (entre-autre, scolaire)  a eu lieu hier et que bien des personnes rechignent Ă  continuer de porter un masque (dont le trĂšs inspirĂ© journaliste Pascal Praud sur Cnews), deux de mes collĂšgues infirmiĂšres sont actuellement en arrĂȘt de travail pour suspicion de covid. La premiĂšre collĂšgue a une soixantaine d’annĂ©es. La seconde, une trentaine d’annĂ©es. Praud en a 54 si j’ai bien entendu. Ou 56.

Un article du journal ” Le Canard EnchainĂ©” de ce mercredi 2 septembre 2020.

 

Depuis la pandĂ©mie du Covid-19, aussi appelĂ© de plus en plus « la Covid Â», la vente de livres a augmentĂ©. Jeff Bezos, le PDG du site Amazon, premier site de ventes en ligne, (aujourd’hui, homme le plus riche du monde avec une fortune estimĂ©e Ă  200 milliards de dollars selon le magazine Forbes US  citĂ© dans le journal Le Canard EnchaĂźnĂ© de ce mercredi 2 septembre 2020) n’est donc pas le seul Ă  avoir bĂ©nĂ©ficiĂ© de la pandĂ©mie du Covid qui a par ailleurs mis en faillite d’autres Ă©conomies.

 

Donc, Kersauson, et son livre, Le Monde comme il me parle, auraient pu profiter de « l’effet Covid Â». Mais ce livre, celui dont j’ai prĂ©vu de vous parler, est paru en 2013.

 

Il y a sept ans.  C’est Ă  dire, il y a trĂšs trĂšs longtemps pour beaucoup Ă  l’époque.

 

Mon but, aujourd’hui, est de vous parler d’un homme de 76 ans pratiquement inconnu selon les critĂšres de notoriĂ©tĂ© et de rĂ©ussite sociale typiques d’aujourd’hui. Un homme qui a fait publier un livre en 2013.

Nous sommes le mercredi 2 septembre 2020, jour du dĂ©but du procĂšs des attentats de Charlie Hebdo et de L’Hyper Cacher.

 

 

Mais nous sommes aussi le jour de la sortie du film Police d’Anne Fontaine avec Virginie Efira, Omar Sy et GrĂ©gory Gadebois. Un film que j’aimerais voir. Un film dont je devrais plutĂŽt vous parler. Au mĂȘme titre que le film Tenet de Christopher Nolan, sorti la semaine derniĂšre. Un des films trĂšs attendus de l’étĂ©, destinĂ© Ă  relancer la frĂ©quentation des salles de cinĂ©ma aprĂšs leur fermeture due au Covid. Un film d’autant plus dĂ©sirĂ© que Christopher Nolan est un rĂ©alisateur reconnu et que l’autre grosse sortie espĂ©rĂ©e, le film Mulan , produit par Disney, ne sortira pas comme prĂ©vu dans les salles de cinĂ©ma. Le PDG de Disney prĂ©fĂ©rant obliger les gens Ă  s’abonner Ă  Disney+ (29, 99 dollars l’abonnement aux Etats-Unis ou 25 euros environ en Europe) pour avoir le droit de voir le film. Au prix fort, une place de cinĂ©ma Ă  Paris peut coĂ»ter entre 10 et 12 euros.

 

 

Tenet, qui dure prĂšs de 2h30,  m’a contrariĂ©. Je suis allĂ© le voir la semaine derniĂšre. Tenet est selon moi la bande annonce des films prĂ©cĂ©dents et futurs de Christopher Nolan dont j’avais aimĂ© les films avant cela. Un film de James Bond sans James Bond. On apprend dans Tenet qu’il suffit de poser sa main sur la pĂ©dale de frein d’une voiture qui file Ă  toute allure pour qu’elle s’arrĂȘte au bout de cinq mĂštres. J’aurais dĂ» m’arrĂȘter de la mĂȘme façon avant de choisir d’aller le regarder. Heureusement qu’il y a Robert Pattinson dans le film ainsi que Elizabeth Debicki que j’avais beaucoup aimĂ©e dans Les Veuves rĂ©alisĂ© en 2018 par Steve McQueen.

 

Distorsions temporelles

 

Nolan affectionne les distorsions temporelles dans ses films. Je le fais aussi dans mes articles :

 

 

En 2013, lorsqu’est paru Le Monde comme il me parle de Kersauson, Omar Sy, un des acteurs du film Police, sorti aujourd’hui,  Ă©tait dĂ©jĂ  devenu un « grand acteur Â».

GrĂące Ă  la grande audience qu’avait connue le film Intouchables rĂ©alisĂ© en
2011 par Olivier Nakache et Eric Toledano. PrĂšs de vingt millions d’entrĂ©es dans les salles de cinĂ©ma seulement en France. Un film qui a permis Ă  Omar Sy de jouer dans une grosse production amĂ©ricaine. Sans le succĂšs d’Intouchables, nous n’aurions pas vu Omar Sy dans le rĂŽle de Bishop dans un film de X-Men (X-Men : Days of future past rĂ©alisĂ© en 2014 par Bryan Singer).

 

J’ai de la sympathie pour Omar Sy. Et cela, bien avant Intouchables. Mais ce n’est pas un acteur qui m’a particuliĂšrement Ă©patĂ© pour son jeu pour l’instant. A la diffĂ©rence de Virginie Efira et de GrĂ©gory Gadebois.

Virginie Efira, d’abord animatrice de tĂ©lĂ©vision pendant une dizaine d’annĂ©es, est plus reconnue aujourd’hui qu’en 2013, annĂ©e de sortie du livre de Kersauson.

J’aime beaucoup le jeu d’actrice de Virginie Efira et ce que je crois percevoir d’elle. Son visage et ses personnages ont une allure plutĂŽt fade au premier regard : ils sont souvent le contraire.

GrĂ©gory Gadebois, passĂ© par la comĂ©die Française, m’a « eu Â» lorsque je l’ai vu dans le AngĂšle et Tony rĂ©alisĂ© par Alix Delaporte en 2011. Je ne me souviens pas de lui dans Go Fast rĂ©alisĂ© en 2008 par Olivier Van Hoofstadt.

 

Je ne me défile pas en parlant de ces trois acteurs.

 

Je continue de parler du livre de Kersauson. Je parle seulement, à ma façon, un petit peu du monde dans lequel était sorti son livre, précisément.

 

Kersauson est Ă©videmment un Ă©minent pratiquant des distorsions temporelles. Et, grĂące Ă  lui, j’ai sans doute compris la raison pour laquelle, sur une des plages du Gosier, en Guadeloupe, j’avais pu ĂȘtre captivĂ© par les vagues. En Ă©tant nĂ©anmoins incapable de l’expliquer Ă  un copain, Eguz, qui m’avait surpris. Pour lui, mon attitude Ă©tait plus suspecte que d’ignorer le corps d’une femme nue. Il y en avait peut-ĂȘtre une, d’ailleurs, dans les environs.

 

Page 12 de Le Monde comme il me parle :

 

« Le chant de la mer, c’est l’éternitĂ© dans l’oreille. Dans l’archipel des Tuamotu, en PolynĂ©sie, j’entends des vagues qui ont des milliers d’annĂ©es. C’est frappant. Ce sont des vagues qui brisent au milieu du plus grand ocĂ©an du monde. Il n y  a pas de marĂ©e ici, alors ces vagues tapent toujours au mĂȘme endroit Â».

 

Tabarly

 

A une Ă©poque, adolescent, Kersauson lisait un livre par jour. Il le dit dans Le Monde comme il me parle.

 

J’imagine qu’il est assez peu allĂ© au cinĂ©ma. Page 50 :

 

« (
.) Quand je suis dĂ©mobilisĂ©, je reste avec lui ( Eric Tabarly). Evidemment. Je tombe sur un mec dont le seul programme est de naviguer. Il est certain que je n’allais pas laisser passer ça Â».

 

Page 51 :

 

«  Tabarly avait, pour moi, toutes les clĂ©s du monde que je voulais connaĂźtre. C’était un immense marin et, en mer, un homme dĂ©licieux Ă  vivre Â».

 

Page 54 :

« C’est le temps en mer qui comptait. Et, avec Eric, je passais neuf mois de l’annĂ©e en mer Â».

 

A cette Ă©poque, Ă  la fin des annĂ©es 60, Kersauson avait 23 ou 24 ans. Les virĂ©es entre « potes Â» ou entre « amies Â» que l’on peut connaĂźtre dans les soirĂ©es ou lors de certains sĂ©jours de vacances, se sont dĂ©roulĂ©es autour du monde et sur la mer pour lui. Avec Eric Tabarly, rĂ©fĂ©rence mondiale de la voile.

 

Page 51 :

 

« (
..) Il faut se rendre compte qu’à l’époque, le monde industriel français se demande comment aider Eric Tabarly- tant il est crĂ©atif, ingĂ©nieux. Il suscite la passion. C’est le bureau d’études de chez Dassault qui rĂšgle nos problĂšmes techniques ! Â».

 

 

Le moment des bilans

 

 

Il est facile de comprendre que croiser un mentor comme Tabarly Ă  24 ans laisse une trace. Mais Kersauson Ă©tait dĂ©jĂ  un tĂ©nor lorsqu’ils se sont rencontrĂ©s. Il avait dĂ©ja un aplomb lĂ  ou d’autres avaient des implants. Et, aujourd’hui, en plus, on a besoin de tout un tas d’applis, de consignes et de protections pour aller de l’avant.

J’avais lu MĂ©moires du large, paru en Mai 1998 (dont la rĂ©daction est attribuĂ©e Ă  Eric Tabarly) quelques annĂ©es aprĂšs sa mort. Tabarly est mort en mer en juin 1998.

 Tabarly Ă©tait aussi intraitable que Kersauson dans son rapport Ă  la vie. Kersauson Ă©crit dans Le Monde comme il me parle, page 83 :

«  Ce qui m’a toujours sidĂ©rĂ©, chez l’ĂȘtre humain, c’est le manque de cohĂ©rence entre ce qu’il pense et ce qu’il fait (
). J’ai toujours tentĂ© de vivre comme je le pensais. Et je m’aperçois que nous ne sommes pas si nombreux dans cette entreprise Â».

 

Tabarly avait la mĂȘme vision de la vie. Il  l’exprimait avec d’autres mots.

 

Que ce soit en lisant Kersauson ou en lisant Tabarly, je me considĂšre comme faisant partie du lot des ruminants. Et c’est peut-ĂȘtre aussi pour cela que je tiens autant Ă  cet article. Il me donne sans doute l’impression d’ĂȘtre un petit peu moins mouton mĂȘme si mon intrĂ©piditĂ© sera un souvenir avant mĂȘme la fin de la rĂ©daction de cet article.

 

« DiffĂ©rence entre la technologie et l’esclavage. Les esclaves ont pleinement conscience qu’ils ne sont pas libres Â» affirme Nicholas Nassim Taleb dont les propos sont citĂ©s par le Dr Judson Brewer dans son livre Le Craving ( Pourquoi on devient accro et comment se libĂ©rer), page 65.

 

Un peu plus loin, le Dr Judson Brewer rappelle ce qu’est une addiction, terme qui n’a Ă©tĂ© employĂ© par aucun des intervenants, hier, lors du « dĂ©bat Â» animĂ© par Pascal Praud sur Cnews Ă  propos de la consommation de Cannabis. Comme Ă  propos des amendes qui seront dĂ©sormais infligĂ©es automatiquement Ă  toute personne surprise en flagrant dĂ©lit de consommation de cannabis :

D’abord 135 euros d’amende. Ou 200 euros ?

En Ă©coutant Pascal Praud sur Cnews hier ( il a au moins eu la sincĂ©ritĂ© de confesser qu’il n’avait jamais fumĂ© un pĂ©tard de sa vie)  la solution Ă  la consommation de cannabis passe par des amendes dissuasives, donc par la rĂ©pression, et par l’autoritĂ© parentale.

 

Le Dr Judson Brewer rappelle ce qu’est une addiction (page 68 de son livre) :

 

«  Un usage rĂ©pĂ©tĂ© malgrĂ© les consĂ©quences nĂ©gatives Â». 

 

Donc, rĂ©primer ne suffira pas Ă  endiguer les addictions au cannabis par exemple. RĂ©primer par le porte-monnaie provoquera une augmentation des agressions sur la voie publique. Puisqu’il faudra que les personnes addict ou dĂ©pendantes se procurent l’argent pour acheter leur substance. J’ai rencontrĂ© au moins un mĂ©decin addictologue qui nous a dit en formation qu’il lui arrivait de faire des prescriptions de produits de substitution pour Ă©viter qu’une personne addict n’agresse des personnes sur la voie publique afin de leur soutirer de l’argent en vue de s’acheter sa dose. On ne parlait pas d’une addiction au cannabis. Mais, selon moi, les consĂ©quences peuvent ĂȘtre les mĂȘmes pour certains usagers de cannabis.

 

Le point commun entre une addiction (avec ou sans substance) et cette « incohĂ©rence Â» par rapport Ă  la vie que pointe un Kersauson ainsi qu’un Tabarly avant lui, c’est que nous sommes trĂšs nombreux Ă  maintenir des habitudes de vie qui ont sur nous des « consĂ©quences nĂ©gatives Â». Par manque d’imagination. Par manque de modĂšle. Par manque de courage ou d’estomac. Par manque d’accompagnement. Par manque d’estime de soi. Par Devoir. Oui, par Devoir. Et Par peur.

 

La Peur

On peut bien-sĂ»r penser Ă  la peur du changement. Comme Ă  la peur partir Ă  l’aventure.

 

Kersauson affirme dans son livre qu’il n’a peur de rien. C’est lĂ  oĂč je lui trouve un cĂŽtĂ© Bernard Lavilliers des ocĂ©ans. Pour sa façon de rouler des mĂ©caniques. Je ne lui conteste pas son courage en mer ou sur la terre. Je crois Ă  son autoritĂ©, Ă  sa dĂ©termination comme ses trĂšs hautes capacitĂ©s d’intimidation et de commandement.

 

Mais avoir peur de rien, ça n’existe pas. Tout le monde a peur de quelque chose, Ă  un moment ou Ă  un autre. Certaines personnes sont fortes pour transcender leur peur. Pour  s’en servir pour accomplir des actions que peu de personnes pourraient rĂ©aliser. Mais on a tous peur de quelque chose.

 

Kersauson a peut-ĂȘtre oubliĂ©. Ou, sĂ»rement qu’il a peur plus tardivement que la majoritĂ©. Mais je ne crois pas Ă  une personne dĂ©pourvue totalement de peur. MĂȘme Tabarly, en mer, a pu avoir peur. Je l’ai lu ou entendu. Sauf que Tabarly, comme Kersauson certainement, et comme quelques autres, une minoritĂ©, font partie des personnes (femmes comme hommes, mais aussi enfants) qui ont une aptitude Ă  se reprendre en main et Ă  fendre leur peur.

 

Je pourrais peut-ĂȘtre ajouter que la personne qui parvient Ă  se reprendre alors qu’elle a des moments de peur est plus grande, et sans doute plus forte, que celle qui ignore complĂštement ce qu’est la peur. Pour moi, la personne qui ignore la peur s’aperçoit beaucoup trop tard qu’elle a peur. Lorsqu’elle s’en rend compte, elle est dĂ©jĂ  bien trop engagĂ©e dans un dĂ©nouement qui dĂ©passe sa volontĂ©.

 

Cette remarque mise Ă  part, je trouve Ă  Kersauson, comme Ă  Tabarly et Ă  celles et ceux qui leur ressemblent une parentĂ© Ă©vidente avec l’esprit chevaleresque ou l’esprit du sabre propre aux SamouraĂŻ et Ă  certains aventuriers. Cela n’a rien d’étonnant.

 

L’esprit du samouraï

 

Dans une vidĂ©o postĂ©e sur Youtube le 13 dĂ©cembre 2019, GregMMA, ancien combattant de MMA, rencontre LĂ©o Tamaki, fondateur de l’école Kishinkai Aikido.

 

GregMMA a rencontrĂ© d’autres combattants d’autres disciplines martiales ou en rapport avec le Combat. La particularitĂ© de cette vidĂ©o (qui compte 310 070 vues alors que j’écris l’article) est l’érudition de LĂ©o Tamaki que j’avais entrevue dans une revue. Erudition Ă  laquelle GregMMA se montre heureusement rĂ©ceptif. L’un des attraits du MMA depuis quelques annĂ©es, c’est d’offrir une palette aussi complĂšte que possible de techniques pour se dĂ©fendre comme pour survivre en cas d’agression. C’est La discipline de combat du moment. MĂȘme si le Krav Maga a aussi une bonne cote.  Mais, comme souvent, des comparaisons se font entre tel ou telle discipline martiale, de Self-DĂ©fense ou de combat en termes d’efficacitĂ© dans des conditions rĂ©elles.

 

Je ne donne aucun scoop en Ă©crivant que le MMA attire sĂ»rement plus d’adhĂ©rents aujourd’hui que l’AĂŻkido qui a souvent l’ image d’un art martial dont les postures sont difficiles Ă  assimiler, qui peut faire penser «  Ă  de la danse Â» et dont l’efficacitĂ© dans la vie rĂ©elle peut ĂȘtre mise en doute  :

 

On ne connaĂźt pas de grand champion actuel dans les sports de combats, ou dans les arts martiaux, qui soit AĂŻkidoka. Steven Seagal, c’est au cinĂ©ma et ça date des annĂ©es 1990-2000. Dans les combats UFC, on ne parle pas d’AĂŻkidoka mĂȘme si les combattants UFC sont souvent polyvalents ou ont gĂ©nĂ©ralement cumulĂ© diffĂ©rentes expĂ©riences de techniques et de distances de combat.

 

Lors de cet Ă©change avec GregMMA, LĂ©o Tamaki confirme que le niveau des pratiquants en AĂŻkido a baissĂ©. Ce qui explique aussi en partie le discrĂ©dit qui touche l’AĂŻkido. Il explique la raison de la baisse de niveau :

 

Les derniers grands Maitres d’AĂŻkido avaient connu la Guerre. Ils l’avaient soit vĂ©cue soit en Ă©taient encore imprĂ©gnĂ©s. A partir de lĂ , pour eux, pratiquer l’AĂŻkido, mĂȘme si, comme souvent, ils avaient pu pratiquer d’autres disciplines martiales auparavant, devait leur permettre d’assurer leur survie. C’était immĂ©diat et trĂšs concret. Cela est trĂšs diffĂ©rent de la dĂ©marche qui consiste Ă  aller pratiquer un sport de combat ou un art martial afin de faire « du sport Â», pour perdre du poids ou pour se remettre en forme.

 

Lorsque Kersauson explique au dĂ©but de son livre qu’il a voulu Ă  tout prix faire de sa vie ce qu’il souhaitait, c’était en rĂ©ponse Ă  la Guerre qui Ă©tait pour lui une expĂ©rience trĂšs concrĂšte. Et qui aurait pu lui prendre sa vie.

Lorsque je suis parti faire mon service militaire, qui Ă©tait encore obligatoire Ă  mon « Ă©poque Â», la guerre Ă©tait dĂ©jĂ  une probabilitĂ© Ă©loignĂ©e. Bien plus Ă©loignĂ©e que pour un Kersauson et les personnes de son Ăąge. MĂȘme s’il a vĂ©cu dans un milieu privilĂ©giĂ©, il avait 18 ans en 1962 lorsque l’AlgĂ©rie est devenue indĂ©pendante. D’ailleurs, je crois qu’un de ses frĂšres est parti faire la Guerre d’AlgĂ©rie.

 

On retrouve chez lui comme chez certains adeptes d’arts martiaux , de self-dĂ©fense ou de sport de combat, cet instinct de survie et de libertĂ© qui l’a poussĂ©, lui, Ă  prendre le large. Quitte Ă  perdre sa vie, autant la perdre en  choisissant de faire quelque chose que l’on aime faire. Surtout qu’autour de lui, il s’aperçoit que les aĂźnĂ©s et les anciens qui devraient ĂȘtre Ă  mĂȘme de l’orienter ont dĂ©gustĂ© (Page 43) :

« Bon, l’ancien monde est mort. S’ouvre Ă  moi une pĂ©riode favorable (
.). J’ai 20 ans, j’ai beaucoup lu et je me dis qu’il y a un loup dans la combine :

Je m’aperçois que les vieux se taisent, ne parlent pas. Et comme ils ont fait le trajet avant, ils devraient nous donner le mode d’emploi pour l’avenir, mais rien ! Ils sont vaincus. Alors, je sens qu’il ne faut surtout pas s’adapter Ă  ce qui existe mais crĂ©er ce qui vous convient Â».

 

Nous ne vivons pas dans un pays en guerre.

 

Jusqu’à maintenant, si l’on excepte le chĂŽmage,  certains attentats et les faits divers, nous avons obtenu une certaine sĂ©curitĂ©. Nous ne vivons pas dans un pays en guerre. MĂȘme si, rĂ©guliĂšrement, on nous parle « d’embrasement Â» des banlieues, « d’insĂ©curitĂ© Â» et «  d’ensauvagement Â» de la France. En tant que citoyens, nous n’avons pas Ă  fournir un effort de guerre en dehors du territoire ou Ă  donner notre vie dans une armĂ©e. En contrepartie, nous sommes une majoritĂ© Ă  avoir acceptĂ© et Ă  accepter  certaines conditions de vie et de travail. Plusieurs de ces conditions de vie et de travail sont discutables voire insupportables.

Face Ă  cela, certaines personnes dĂ©veloppent un instinct de survie lĂ©gal ou illĂ©gal. D’autres s’auto-dĂ©truisent ( par les addictions par exemple mais aussi par les accidents du travail, les maladies professionnelles ou les troubles psychosomatiques). D’autres prennent sur eux et se musĂšlent par Devoir
.jusqu’à ce que cela devienne impossible de prendre sur soi. Que ce soit dans les banlieues. Dans certaines catĂ©gories socio-professionnelles. Ou au travers des gilets jaunes.  

 

Et, on en revient Ă  la toute premiĂšre phrase du livre de Kersauson.

 

Le plaisir est ma seule ambition

 

J’ai encore du mal Ă  admettre que cette premiĂšre phrase est/soit peut-ĂȘtre la plus importante du livre. Sans doute parce-que je reste moins libre que Kersauson, et d’autres, question plaisir.

 

Plus loin, Kersauson explicite aussi la nĂ©cessitĂ© de l’engagement et du Devoir. Car c’est aussi un homme d’engagement et de Devoir.

 

Mais mettre le plaisir au premier plan, ça dĂ©limite les Mondes, les ĂȘtres, leur fonction et leur rĂŽle.

 

Parce- qu’il y a celles et ceux qui s’en remettent au mĂ©rite – comme certaines religions, certaines Ă©ducations et certaines institutions nous y entraĂźnent et nous habituent- et qui sont prĂȘts Ă  accepter bien des sacrifices. Sacrifices qui peuvent se rĂ©vĂ©ler vains. Parce que l’on peut ĂȘtre persĂ©vĂ©rant (e ) et mĂ©ritant ( e) et se faire arnaquer. Moralement. Physiquement. Economiquement. Affectivement. C’est l’histoire assez rĂ©pĂ©tĂ©e, encore toute rĂ©cente, par exemple, des soignants comme on l’a vu pendant l’épidĂ©mie du Covid. Ainsi que l’histoire d’autres professions et de bien des gens qui endurent. Qui prennent sur eux. Qui croient en une Justice divine, Ă©tatique ou politique qui va les rĂ©compenser Ă  la hauteur de leurs efforts et de leurs espoirs.

 

Mais c’est aussi l’histoire rĂ©pĂ©tĂ©e de ces spectateurs chevronnĂ©s que nous sommes tous plus ou moins de notre propre vie. Une vie que nous recherchons par Ă©crans interposĂ©s ou Ă  travers celle des autres. Au lieu d’agir. Il faut se rappeler que nous sommes dans une sociĂ©tĂ© de loisirs. Le loisir, c’est diffĂ©rent du plaisir.

 

Le loisir, c’est diffĂ©rent du plaisir

 

 

Le loisir, ça peut ĂȘtre la pause-pipi, la pause-cigarette ou le jour de formation qui sont accordĂ©s parce-que ça permet ensuite Ă  l’employĂ© de continuer d’accepter des conditions de travail inacceptables.

 

Ça peut aussi consister Ă  laisser le conjoint ou la conjointe sortir avec ses amis ou ses amies pour pouvoir mieux continuer de lui imposer notre passivitĂ© et notre mauvaise humeur rĂ©siduelle.

 

C’est les congĂ©s payĂ©s que l’on donne pour que les citoyens se changent les idĂ©es avant la rentrĂ©e oĂč ils vont se faire imposer, imploser et contrĂŽler plus durement. Bien des personnes qui se prendront une amende pour consommation de cannabis seront aussi des personnes adultes et responsables au casier judiciaire vierge, insĂ©rĂ©es socialement, payant leurs impĂŽts et effectuant leur travail correctement. Se contenter de les matraquer Ă  coups d’amende en cas de consommation de cannabis ne va pas les inciter Ă  arrĂȘter d’en consommer. Ou alors, elles se reporteront peut-ĂȘtre sur d’autres addictions plus autorisĂ©es et plus lĂ©gales (alcool et mĂ©dicaments par exemple
.).

 

Le plaisir, c’est l’intĂ©gralitĂ© d’un moment, d’une expĂ©rience comme d’une rencontre. Cela a Ă  voir avec le libre-arbitre. Et non avec sa version fantasmĂ©e, rabotĂ©e, autorisĂ©e ou diluĂ©e.

 

Il faut des moments de loisirs, bien-sûr. On envoie bien nos enfants au centre de loisirs. Et on peut y connaßtre des plaisirs.

 

Mais dire et affirmer «  Le plaisir est ma seule ambition Â», cela signifie qu’à un moment donnĂ©, on est une personne libre. On dĂ©pend alors trĂšs peu d’un gouvernement, d’un parti politique, d’une religion, d’une Ă©ducation, d’un supĂ©rieur hiĂ©rarchique. Il n’y a, alors, pas grand monde au dessus de nous. Il s’agit alors de s’adresser Ă  nous en consĂ©quence. Faute de quoi, notre histoire se terminera. Et chacun partira de son cĂŽtĂ© dans le meilleur des cas.

 

Page 121 :

 

« Je suis indiffĂ©rent aux fĂ©licitations. C’est une force Â».

 

Page 124 :

 

« Nos contemporains n’ont plus le temps de penser (
.) Ils se sont inventĂ© des vies monstrueuses dont ils sont responsables-partiellement Â». Olivier de Kersauson.

 

 

Article de Franck Unimon, mercredi 2 septembre 2020.

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