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Sur scĂšne

Le théùtre Zingaro ce 8 avril 2025

Le théùtre Zingaro, ce 8 avri 2025l aprÚs le concert de Rocio Marquez. Photo©Franck.Unimon

Le théùtre Zingaro ce 8 avril 2025

 

Ils sont lĂ , tout en bois, immobiles. Ils flottent Ă  plusieurs mĂštres au dessus de nous, esprits ou vaisseaux prĂȘts Ă  charger pour ces voyages que nous avions imaginĂ©s. Mais nous les avons abandonnĂ©s ou oubliĂ©s. Par le corps et la peur. Par facilitĂ©, aussi.

Au Théùtre Zingaro, ce 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

 

Ils ne descendront pas. C’est Ă  nous de percevoir l’éclat qui leur reste et, pour eux et par eux, de faire le nĂ©cessaire avant de renaĂźtre en poussiĂšre.

Sous le chapiteau du théùtre Zingaro, ce 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

Je ne devrais pas avoir Ă  le dire mais le théùtre Zingaro est un endroit Ă©trange. C’est le contraire d’un supermarchĂ© du divertissement. MĂȘme s’il s’est adaptĂ© Ă  l’économie et Ă  notre environnement commerçant. Mappemonde du Temps, il nous promet ou nous propose encore notre possible affranchissement. Pourvu que l’on soit aussi proche de notre Ă©tat de conscience que l’on peut l’ĂȘtre de la sortie d’une bouche de mĂ©tro.

 Autrement, nous repartirons titubant en continuant Ă  nous Ă©clabousser de nos dĂ©faites et de nos blessures comme nous sommes venus. Mais au moins, nous aurons essayĂ©, ici aussi, de nous libĂ©rer en mettant un pas devant l’autre. Ce sera dĂ©jĂ  mieux que rien.

Pour quelques jours ou quelques heures encore, le festival Fragile se déroute au théùtre Zingaro. Plusieurs artistes y sont déjà passés.

J’ai ratĂ© Mayra Andrade ainsi que MolĂ©cule. Rodolphe Burger, Mehdi Haddab et Sofiane SaĂŻdi, que j’ai dĂ©jĂ  « vus Â», ont fait partie de la liste. Aucune de ces tĂȘtes d’affiche, Ă  ce que je sache, ne fait de publicitĂ© pour une marque de voiture Ă©lectrique ou de slip hybride.

Aucune d’entre elle n’occupe une activitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e d’influenceur ou d’influenceuse sur les rĂ©seaux sociaux. Ces musiciennes, musiciens, chanteuses et chanteurs existent et se produisent sans bling-bling, sans rattrapage visuel, et, pour l’instant, sans intelligence artificielle.

Celles et ceux qui tendent encore l’oreille ou cherchent un peu ont entendu parler d’elles ou d’eux. Pour les autres, c’est l’ignorance. Car ce n’est pas du Rap et c’est peut-ĂȘtre, tout simplement, aussi, une musique « de Â» vieux et « pour Â» les vieux.

Car je suis vieux, c’est Ă©vident. Et, comme beaucoup de vieux, je fais mon maximum pour l’ignorer et pour ne pas me faire repĂ©rer. J’ai un trĂšs bon maquillage. Cependant, comme tous les vieux, je laisse derriĂšre moi un faisceau d’indices qui me ressemblent et me signalent : « Tu vois lĂ -bas, c’est un vieux Â».

Je dois me faire une raison et continuer d’apprendre à me raccorder aux autres tant que cela est possible.

Ce n’est pas facile.

C’est beaucoup plus facile de se faire livrer Ă  domicile d’un simple clic, de suivre la file devant soi mais aussi de s’énivrer d’algorithmes sans file d’attente. Cela m’est encore arrivĂ© rĂ©cemment. J’ai Ă  nouveau pris une bonne cuite d’algorithmes jusqu’à trois heures du matin. Ensuite, je me suis vomi. Je me suis senti minable de m’ĂȘtre laissĂ© aller une nouvelle fois malgrĂ© tout ce que je savais et connaissais dĂ©jĂ  de l’expĂ©rience.

On se dit que l’on va passer juste quelques minutes Ă  regarder pour se distraire un peu. On se convainc que l’on a la maitrise du Temps et qu’on l’a bien mĂ©ritĂ© : Le Temps.

On a encore la capacitĂ© de regarder l’heure qu’il est. Puis, on voit que l’heure passe mais on se rassure. On n’a toujours pas compris que le Temps n’appartenait Ă  personne. Mais ce n’est pas trĂšs grave. On « a Â» du Temps. On se sent bien comme on est. Devant nous passent les images et les « contenus Â» sans dĂ©rangement dĂ©sagrĂ©able ni rupture dans une parfaite, propre – et artificielle- continuitĂ©. Ce qui est tellement diffĂ©rent de ce que l’on vit d’ordinaire ou survient toujours une moisissure et une contrariĂ©tĂ© quelconque mais toujours viscĂ©rale.

Bien-sĂ»r, si l’on faisait le ratio entre le nombre d’heures passĂ©es Ă  regarder ces images et ce que l’on en a retenu, on s’apercevrait que l’on a perdu « notre Â» Temps. Mais dans ces moments-lĂ , on est trĂšs loin d’ĂȘtre fort en calcul mental. Car on est alors beaucoup plus proche d’ĂȘtre d’un « bon Â» cul mental reliĂ© Ă  nos besoins d’état rĂ©gressif et vĂ©gĂ©tatif. Et tout cela grĂące Ă  notre petit Ă©cran que nous pouvons transporter partout oĂč nous allons et oĂč nous le dĂ©cidons.

Mais pour aller au théùtre Zingaro, cela ne marcherait pas.  Car pour s’y rendre, il faut rester sobre, ĂȘtre encore capable de regarder autre chose que son Ă©cran. Etre volontaire pour employer « son Â» temps autrement. Et se dĂ©placer.

Le théùtre Zingaro, ce 8 avril 2025 aprÚs le concert de Rocio Marquez. Photo©Franck.Unimon

Afin d’y voir Rocio Marquez ce 8 avril, je me suis dĂ©placĂ©. Environ trois quarts d’heure de trajet par les transports en commun. De banlieue Ă  banlieue en passant par Paris. Du Val d’Oise Ă  la Seine Saint Denis.

En convenant au prĂ©alable avec ma fille qu’elle resterait Ă  la maison faire ses devoirs le temps que sa mĂšre rentre du travail une Ă  deux heures plus tard. J’aurais vraiment voulu emmener ma fille mais elle avait ses « devoirs Â» pour l’école le lendemain. Pour elle, cette soirĂ©e aurait fini tardivement.

J’ai vraiment bien fait de partir plus tĂŽt. Au théùtre Zingaro, on commence Ă  l’heure. J’ai eu le temps de m’installer, de retrouver cette disposition des tables et des places faite de telle maniĂšre Ă  ce que l’on se sente Ă  l’aise ici mais, aussi, Ă  ce que l’on puisse saluer et converser avec les autres personnes venues comme nous assister au mĂȘme spectacle.

C’est seulement la deuxiĂšme fois que je viens au théùtre Zingaro malgrĂ© ce que j’en avais entendu pendant des annĂ©es. C’est sans doute mieux que rien.

L’ article sur le concert de Rocio Marquez ce 8 avril au théùtre Zingaro est pour bientĂŽt.

Rocio Marquez au théùtre Zingaro, ce 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

Franck Unimon, ce samedi 12 avril 2025.

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En Concert

Lagon Nwar au café de la danse ce 31 mars 2025

Le Groupe Lagon Nwar au Café de la danse ce lundi 31 mars 2025, Paris. Photo©Franck.Unimon

Lagon Nwar au Café de la danse ce 31 mars 2025

Un texte est une peau dont on se dĂ©barrasse. Et certaines sont plus tenaces que d’autres.

Le 31 mars 2025 aura Ă©tĂ© cette journĂ©e oĂč a eu lieu Ă  l’hĂŽpital Georges Pompidou, Ă  Paris, la quatriĂšme journĂ©e scientifique de la CUMP (cellule d’urgence mĂ©dico psychologique destinĂ©e Ă  s’occuper des victimes de situation sanitaire exceptionnelle et potentiellement psycho-traumatisante) Ă  laquelle je suis allĂ© assister. J’y ai aussi pris des photos. Un peu plus de cent cinquante professionnels de la SantĂ© ( psychologues, infirmiĂšres et infirmiers, psychiatres, autres…) Ă©taient prĂ©sents.

C’est aussi lors de cette journĂ©e que nous avons appris que la meneuse du Rassemblement National (ex Front National), Marine Le Pen, a Ă©tĂ© condamnĂ©e, elle et certains des membres de son parti politique, pour dĂ©tournements rĂ©pĂ©tĂ©s, pendant  plusieurs annĂ©es ( douze), de fonds publics Ă  hauteur de quatre millions d’euros.

Cet argent a été employé pour des emplois fictifs.

Marine Le Pen a dĂ©cidĂ© de faire appel car cette condamnation, si elle s’appliquait, la rendrait inĂ©ligible lors des prochaines Ă©lections PrĂ©sidentielles de 2027.

Elle et ses partisans « menacent » de son innocence. Ils affirment aussi que le rĂ©sultat de ce jugement est « politique » et mensonger et qu’il signifie que la dĂ©mocratie en France est en danger car  elle et ils estiment que c’est elle, la victime du « systĂšme ».

Marine Le Pen a entre autres dĂ©clarĂ© qu’elle ne se laisserait pas faire et a prĂ©cisĂ© :  » Je suis combattive ». 

Les juges qui, eux, ont dĂ©montrĂ© sa culpabilitĂ© sont dĂ©sormais -pour certains d’entre eux dont une femme- sous protection policiĂšre. Car ils sont « coupables » de l’avoir dĂ©clarĂ©e  » coupable », elle, Marine Le Pen, et plusieurs membres et proches de son parti politique. 

Cette « pression » ou cette façon qu’ont Marine Le Pen et ses partisans – sincĂšres ou intĂ©ressĂ©s- de vouloir faire plier et diriger, de façon brutale et autoritaire, le monde et les autres Ă  leur volontĂ©, en cherchant Ă  intimider ou Ă  dĂ©truire, font un peu penser au moins au style du PrĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump lorsqu’il avait perdu- et contestĂ©- le rĂ©sultat des prĂ©cĂ©dentes Ă©lections amĂ©ricaines et alors que réélu rĂ©cemment, il veut aujourd’hui rĂ©genter, distribuer et imposer des taxes au monde entier. Comme si le monde Ă©tait une piĂšce montĂ©e dont il serait le pĂątissier et le commerçant et qu’il entendrait la dĂ©couper- et la vendre- comme il l’entendrait en fonction des personnes qu’il aurait dĂ©cidĂ© d’inviter (en leur faisant payer l’accĂšs Ă  son salon ou Ă  son jardin) Ă  son anniversaire.

Mais ce 31 mars 2025, il y a aussi eu heureusement des événements plus réconfortants et plus démocratiques :

il y a aussi eu le concert du groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, du cÎté de Bastille, dans un des arrondissements trÚs prisés et festifs de Paris.

Le groupe Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025, au Café de la Danse. Photo©Franck.Unimon

Le CafĂ© de la danse est une belle salle de concert intimiste, trĂšs agrĂ©able, de cinq cents places assises, oĂč la scĂšne est proche et la musique est rĂ©elle, ouverte et sans menaces. C’est en y retournant que je me suis rappelĂ© y ĂȘtre allĂ© une premiĂšre fois une vingtaine d’annĂ©es plus tĂŽt afin d’aller y voir Susheela Raman dont on entend moins parler aujourd’hui. Et le groupe Lagon Nwar est sans doute inconnu pour beaucoup de personnes.

Le groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 

Je l’ai connu ou en ai entendu parler parce-que la chanteuse et musicienne rĂ©unionnaise Ann’ O’Aro en fait partie.

 

 

Ann’OAro du groupe Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025 au CafĂ© de la Danse. Photo©Franck.Unimon

J’ai commencĂ© Ă  Ă©couter Ann’ O’Aro Ă  partir de son premier album ( voir l’article Ann O’Aro  ). Et l’annĂ©e derniĂšre, pour la premiĂšre fois, je l’avais vue en concert. J’étais arrivĂ© en retard. Le concert m’avait beaucoup plu. Mais je n’avais pu prendre de photos dans les meilleures conditions.

Je suis allĂ© au concert de Lagon Nwar sans avoir Ă©coutĂ© leur album. Les critiques Ă  son sujet Ă©taient bonnes mais de toute façon, j’étais confiant. Et curieux.

Le groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Le groupe Lagon Nwar est le rassemblement de plusieurs artistes dĂ©jĂ  rodĂ©s par d’autres projets. La jeune spectatrice d’Ă  peine vingt ans apparemment venue seule de province, groupie du saxophoniste, qui Ă©tait assise Ă  ma droite, m’a ainsi appris que celui-ci jouait avec Clara YsĂ© que je connais pour l’instant uniquement de nom.

Elle m’a d’ailleurs fortement recommandĂ© d’aller voir Clara YsĂ© Ă  l’Olympia en m’informant qu’il ne restait plus beaucoup de places pour son concert.

Le saxophoniste de Lagon Nwar s’appelle Quentin Biardeau et durant la prestation, il s’est aussi occupĂ© des synthĂ©tiseurs. Il est aussi celui qui, dĂšs le dĂ©but, nous a amusĂ© avec son humour :

« On va vous jouer tous les morceaux de l’album et ensuite vous allez l’acheter Â».

Le groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

A la batterie, au chant et au KoundĂ©, il y avait Marcel BalbonĂ© du Burkina Faso dont l’allure avec ses lunettes noires au dĂ©but du concert faisait penser Ă  une sorte de Stevie Wonder.

 

Le groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Puis, il y avait Valentin Ceccaldi comme bassiste. Aucun(e) guitariste n’était prĂ©vu et ce « fantĂŽme » ne nous a pas manquĂ© durant le concert puisque dĂšs le dĂ©but, le groupe Lagon Nwar nous a possĂ©dĂ©. Si les critiques de leur album, que j’ai donc achetĂ© aprĂšs leur concert et me suis fait dĂ©dicacĂ© par Ann’ O’Aro, sont trĂšs bonnes, leur concert a Ă©tĂ©, selon moi, bien meilleur.

 

Le groupe Lagon Nwar au Café de la danse, lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Car ces musiciens font partie de ces artistes qui déploient leurs sortilÚges sur scÚne.

Le groupe Okali qui avait assuré leur premiÚre partie était trÚs bon.

Le groupe Okali au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Okali, fait de la chanteuse GaĂ«lle Minali d’origine camerounaise et de Florent Sorin pour les instruments, nous ayant donnĂ© une performance simple et toute autant mĂ©morable.

Gaëlle Minali du groupe Okali, Café de la Danse, lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 Si la voix et la prĂ©sence de GaĂ«lle Minali ont pu toucher aussi par sa puissance et son Ă©lĂ©gance, l’accompagnement musical de Florent Sorin a aussi su faire mouche. Alors qu’il est trĂšs difficile d’assurer une premiĂšre partie et que, pour ma part, je ne m’attendais pas Ă  ĂȘtre aussi agrĂ©ablement surpris par Okali. Et, comme je l’ai ensuite dit Ă  Florent Sorin passĂ© prĂšs de nous, j’aurais facilement « pris » pour quinze Ă  trente minutes de musique supplĂ©mentaire du groupe Okali. Lequel est ensuite restĂ© pour assister comme nous au concert de Lagon Nwar.

Concernant Ann’O’Aro dont la prĂ©sence s’impose mĂȘme lorsqu’elle sort du « chant », je me suis demandĂ© comment une telle captation sonore pouvait par moments sortir d’un si petit corps.

Le groupe Lagon Nwar, lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

25 euros la place pour voir Okali puis Lagon Nwar en me trouvant au premier rang, place non numérotée, à moins de dix mÚtres de la scÚne, en plein Paris ce 31 mars.

J’aime me rappeler ce genre de chiffres et d’heur-eux-montant. Cela a pour moi une fonction et une affection incantatoire. Et me rappelle qu’il n’est pas nĂ©cessaire d’aller se tire-bouchonner pendant des heures Ă  l’entrĂ©e d’une grande salle de concert. Tout cela afin de venir scruter et ausculter sur grand Ă©cran, au milieu des aĂ©ropages multipliĂ©s d’autres buffles comme moi, une artiste ou un artiste dont la place de concert aura coĂ»tĂ© le triple ou le quadruple ou davantage. MĂȘme si l’on sera content, malgrĂ© tout, d’ĂȘtre allĂ© « voir » cet/cette artiste ( voir l’article  Rosalia au festival LOLLAPALOOZA 2023).

Certaines fois, la surpopulation prĂ©sente Ă  certains concerts et festivals peut nous exposer au triple pontage. Surtout si l’on rajoute que ces festivitĂ©s peuvent nous priver d’apporter un peu d’eau pour de prĂ©tendues raisons de sĂ©curitĂ© mais aussi exiger une assez bonne condition physique voire peut-ĂȘtre un peu de matĂ©riel d’alpinisme ou de randonnĂ©e- mais toujours un moyen de paiement infaillible- car elles peuvent aller se nicher Ă  des endroits modĂ©rĂ©ment pratiques d’accĂšs oĂč la pluie et la boue parfois nous apportent en plus leur souffle et leurs secondes peaux.

Rien de cela ce 31 mars dans la salle de concert couverte du CafĂ© de la Danse. Une ambiance dĂ©tendue. Un public qui aurait pu ĂȘtre familial (j’ai aperçu un petit au dĂ©but du concert qui n’avait pas plus de dix ans) et Ann’ O’Aro, comme lors du prĂ©cĂ©dent concert l’annĂ©e derniĂšre, a invitĂ© Ă  la danse. Que ce soit lorsque Ann’ O’Aro ou Marcel BalbonĂ© qui chantent – ensemble ou sĂ©parĂ©ment-dans leur langue natale ou en Français, le public a suivi.

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Il y a mĂȘme eu un spectateur, qui, le temps d’un morceau, s’est fait le premier danseur de tous, parmi nous qui Ă©tions assis, au point que l’on a pu croire que cela avait Ă©tĂ© prĂ©vu par le groupe.

 

 

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 

 

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

D’autres spectateurs sont arrivĂ©s plus tard pour danser. Certains avec Ann’ O’Aro, artĂšre et vigile mobile du groupe.

Cette fois, j’ai rĂ©ussi Ă  desserrer le frein Ă  main car j’ai plus de mal qu’avant Ă  me laisser faire. Je suis parvenu Ă  dĂ©poser mon appareil photo et Ă  quitter mon siĂšge. Je m’en serais voulu d’avoir manquĂ© une fois de plus cette occasion. De seulement continuer d’endurer et d’entretenir cette expĂ©rience quotidienne et exclusive du spectateur.

Un concert oĂč les artistes sont proches, jouent (trĂšs) bien, mieux que sur leur album, et oĂč de l’imprĂ©vu, en plus, reste possible, est un trĂšs bon concert. Un concert que l’on pourrait regretter d’avoir ratĂ©.

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Mais bientĂŽt, je vous parlerai un peu du concert de Rocio MarquĂšz- autre voix tenace et persistante- que je suis depuis allĂ© voir et Ă©couter, enfin, au théùtre Zingaro, alors que je l’avais ratĂ©e l’annĂ©e derniĂšre lorsqu’elle Ă©tait passĂ©e en concert ailleurs avec Bronquio.

 

Franck Unimon, ce jeudi 10 avril 2025.

 

 

 

 

 

 

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Pour les Poissons Rouges

Jorja smith en concert cet été et les détournements de fonds publics de Marine Le Pen

 Jorja Smith en concert cet Ă©tĂ© et les dĂ©tournements de fonds publics de Marine Le Pen

Tout Ă  l’heure, Ă  la Fnac, j’ai eu de la chance. Il y avait peu de monde Ă  faire la queue Ă  la billetterie. Il Ă©tait environ 15h. Un jeudi.

Mais il n’y avait plus de place pour Jorja Smith avec la billetterie de la Fnac. EpuisĂ©. Sold out.

Dans le train pour Argenteuil, sur mon tĂ©lĂ©phone portable, j’ai quand mĂȘme regardĂ© sur la billetterie du festival. Apparemment, il Ă©tait encore possible d’acheter des places.

J’ai voulu me mettre dans les meilleures conditions pour aller voir ce concert. J’ai commencĂ© Ă  regarder la place la plus chĂšre qui nous permet de « chiller Â», d’avoir un espace rĂ©servĂ©, aĂ©rĂ©, et d’ĂȘtre bien placĂ© sur « le cĂŽtĂ© droit de la scĂšne Â» sans avoir besoin de venir trĂšs longtemps Ă  l’avance. 149 euros la place. Ou, plutĂŽt, 149 euros pour le billet de ce samedi 23 aout dans ces conditions.

J’ai hĂ©sitĂ©.

Ce qui m’a fait hĂ©siter, c’est la ribambelle de questionnaires qu’il faut dĂ©sormais remplir chaque fois que l’on veut acheter certains billets pour des spectacles sur internet. Notre nom, notre adresse, notre date de naissance, notre genre sexuel, notre position prĂ©fĂ©rĂ©e, la taille de nos pieds, la date de nos derniĂšres rĂšgles, notre couleur dĂ©testĂ©e, si l’on veut une assurance annulation/remboursement (15 euros, ici).

Au moment de payer, il y avait toujours quelque chose qui coinçait. Ça devait se sentir que je ne me livrais pas sincùrement.

Puis, j’ai rĂ©ussi Ă  passer Ă  l’étape suivante. LĂ  oĂč l’on commençait Ă  me demander les coordonnĂ©es de ma carte bancaire. A ce moment-lĂ , j’étais dans le train. Je me suis dit que je n’allais pas faire ça dans le train. Si j’avais pu payer par paypal, j’aurais peut-ĂȘtre pris la place. 149 euros.

Lorsque je suis arrivĂ© Ă  Argenteuil, quelques minutes plus tard, je me suis dit que l’annĂ©e derniĂšre, j’avais trĂšs bien pu tolĂ©rer de « rater » le concert de Lana Del Rey Ă  l’ouverture du festival Rock en Seine. Je pouvais trĂšs bien recommencer pour Jorja Smith cette annĂ©e. 149 euros.

Pour l’instant, je les ai, ces 149 euros. Sauf que je suis dĂ©jĂ  juste dans mes comptes ce mois-ci. Et nous sommes le 3. Je suis encore crĂ©diteur. Mais il va me falloir faire attention. Ma superbe voiture Ă©lectronique actuellement clouĂ©e sur place – des paramĂštres Ă©lectroniques de sĂ©curitĂ© plus sophistiquĂ©s que moi et que je ne sais pas dĂ©sactiver estiment que je n’ai pas le droit de m’en servir et elle reste stationnĂ©e dans le noir sur la place de parking que je loue–  me coĂ»te 272 euros de crĂ©dit tous les mois. Et, en plus, je paie une assurance spĂ©ciale  de 55 euros mensuels dessus.

Je me suis dit que je pouvais utiliser ces 149 euros mieux. Et autrement.

Si j’avais le fric, si je n’avais pas besoin de faire des acrobaties comptables pour donner ces 149 euros, j’aurais pris ce billet pour voir Jorja Smith entre-autres dans les meilleures conditions possibles. Mais je me suis dit qu’il fallait soit ĂȘtre aisĂ© financiĂšrement, soit renoncer Ă  ses vacances, ĂȘtre nourri, logĂ©, donc vivre encore chez ses parents ou ĂȘtre dĂ©sespĂ©rĂ© pour accepter de donner 149 euros «pour » Jorja Smith.

Mais mes parents sont repartis vivre en Guadeloupe pour leur retraite il y a plusieurs annĂ©es. Et je suis mariĂ© et pĂšre de famille. Il est donc nĂ©cessaire que je m’assume financiĂšrement ne serait-ce que pour donner- un peu- le change. 

Et j’ose encore croire que ma vie vaudra encore quelque chose mĂȘme si je ne « vois » pas Jorja Smith sur scĂšne ce 23 aout 2025. D’ailleurs, c’est elle qui fera tout son possible pour venir me voir. Elle se dĂ©placera sans aucun doute jusqu’Ă  mon domicile aprĂšs sa prestation. Elle prendra un train de la ligne J depuis la gare St Lazare. Elle se sera renseignĂ©e auparavant ou je la guiderai par sms. Et si elle a un empĂȘchement, elle se sentira tenue de me passer un coup de fil. Impossible pour elle de repartir comme ça. Trop douloureux. Car je suis irrĂ©sistible.

 

Le groupe Okali au Café de la danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Et puis, un peu de « logique » : ce lundi 31 mars, il y a trois jours, pour voir deux trĂšs bons concerts au CafĂ© de la Danse, prĂšs de Bastille, d’abord  celui du groupe Okali puis du groupe Lagon Nwar avec  entre-autres la chanteuse, musicienne et poĂ©tesse Ann’ O’Aro, il m’a suffi de payer 25 euros. J’étais dans une trĂšs bonne salle de concert, intimiste, assis au premier rang Ă  moins de dix mĂštres de la scĂšne. Et, j’ai pu prendre toutes les photos que je voulais sans ĂȘtre bousculĂ©. 500 personnes maximum, assises et bien disciplinĂ©es au CafĂ© de la danse, contre les milliers de spectatrices et spectateurs debout au festival Rock en Seine en Aout dans quelques mois.

Trois membres du groupe Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025 au café de la danse. Photo©Franck.Unimon

 

Et, ce 8 avril, dans quelques jours, cette fois ce sera sous le chapiteau du Théùtre Zingaro, que j’irai enfin voir la chanteuse Rocio Marquez en concert. Je l’avais ratĂ©e l’annĂ©e derniĂšre en concert lorsqu’elle Ă©tait passĂ©e avec Bronquio.

Je « sais » que le concert de Rocio Marquez sera exceptionnel. Pour ce concert, j’ai pris le tarif le plus cher, me mettant au plus prĂšs de la « scĂšne, avec personne devant moi. Une place assise et numĂ©rotĂ©e. Pour cela, j’ai payé 39 euros.

Rien qu’avec ces deux concerts, je n’atteins toujours pas la barre des 149 euros minimum que me coĂ»terait celui de Jorja Smith et des autres artistes prĂ©sents ce jour-lĂ  Ă  Rock en Seine. Et je sais que j’ai des courses alimentaires Ă  faire, peut-ĂȘtre demain, sur le marchĂ© d’Argenteuil.

MalgrĂ© mes plus de trente annĂ©es- la retraite se rapproche- d’expĂ©rience en tant qu’infirmier psychiatrique qui me valent un salaire supĂ©rieur Ă  celui de mes collĂšgues plus jeunes  (infirmiers mais aussi psychologues) et malgrĂ© le fait que mon pouvoir d’achat reste « dopĂ© » par le fait que ma compagne et moi mettons en commun nos salaires pour nos dĂ©penses, je n’ai pas le droit Ă  l’erreur en matiĂšre de gestion. Mais, comme beaucoup de personnes, j’en fais un certain nombre. Jusqu’à ce que cela ne soit plus possible.

Marine Le Pen, elle, mais aussi un certain nombre de ses électrices et électeurs- dont désormais un certain nombre de soignants- voient ça autrement. Pour eux, les détournements de fonds publics répétés pendant plusieurs années par Marine Le Pen et plusieurs de ses relations et proches de son parti sont inventés par « le systÚme » ou sont des informations dérisoires. Des manoeuvres destinées à éviter les « vrais » sujets.

Plus de 4 millions d’euros de fonds publics ont Ă©tĂ© dĂ©tournĂ©s. C’est une des conclusions apportĂ©es par le tribunal correctionnel rĂ©cemment.

Mais selon Marine Le Pen et ses « partisans », cela serait des mensonges ou une Kabbale contre elle car elle est si proche du but : devenir PrĂ©sidente de la RĂ©publique. 

Pour elle et son camp, « le systĂšme a sorti ( ou employĂ©) la bombe nuclĂ©aire » contre eux. 

Pourtant, je pense que jusqu’Ă  maintenant, Marine Le Pen avait beaucoup flirtĂ© avec la justice et s’en Ă©tait toujours trĂšs bien tirĂ©e jusque lĂ . Elle a dĂ» se croire dĂ©finitivement immunisĂ©e contre ses lois.

Je pense aussi que Marine Le Pen aime le fric. Et qu’elle en a dĂ©jĂ  pas mal. Or, les Ă©lectrices et les Ă©lecteurs qui votent pour elle ont tendance Ă  le minimiser.  Entre- autres parce qu’ils sont en colĂšre et ont reportĂ© sur elle beaucoup de leurs espoirs.

Je pense que bien des Ă©lectrices et des Ă©lecteurs en manque de pouvoir d’achat et de reconnaissance sociale ou autre croient que Marine Le Pen est comme eux et vit comme eux. Ou pour eux.

Non, elle n’est pas comme eux. Tout Ă  l’heure, j’ai repensĂ© Ă  ces images que j’avais pu voir de Marine Le Pen il y a quelques annĂ©es alors qu’elle passait ses vacances en ThaĂŻlande. J’avais trouvĂ© paradoxal que cette personne et cette figure politique frontale qui ne voit que par la France pour les Français parte passer des vacances en ThaĂŻlande, dans un pays Ă©tranger et d’étrangers. Au lieu de les passer en France. 

Aujourd’hui, j’aurais tendance Ă  croire qu’elle y Ă©tait sĂ»rement en vacances comme le colon peut ĂȘtre en vacances dans un pays Ă©tranger. En infantilisant les autochtones, en les rĂ©sumant Ă  leurs apparences, en feignant de les trouver sympathiques dĂšs l’instant oĂč ils restent Ă  leur place contrairement Ă  ce qui se passe dans le film Parasites. 

 Je crois qu’elle Ă©tait venue chercher en ThaĂŻlande du tourisme rĂ©crĂ©atif  et superficiel  ambiance club med et lambada. MĂȘme si la lambada est sĂ»rement peu prisĂ©e en ThaĂŻlande.

J’ai beaucoup de mal Ă  l’imaginer allant vĂ©ritablement Ă  la rencontre des autres. Je la vois plutĂŽt comme la vacanciĂšre  restant dans sa bulle de champagne avec des gens comme elle et pensant comme elle, se faisant bronzer dans un transat ou participant Ă  des safaris et Ă  des sauteries pour touristes prĂ©servĂ©s.

 Je ne la vois pas partant faire du trek Ă  pied, faisant du stop, lavant ses chaussettes et ses culottes Ă  la main ou allant se recueillir dans un quelconque monastĂšre qu’elle aurait atteint Ă  la sueur de son front aprĂšs avoir gravi 10 000 marches  afin d’y pratiquer l’introspection. A moins d’y avoir Ă©tĂ© menĂ©e et Ă©ventĂ©e par des porteurs- Ă©trangers- tout le trajet durant.

Enfin, je doute que ses vacances en ThaĂŻlande aient Ă©tĂ© les mĂȘmes que celles que puissent s’offrir un bon nombre de ses Ă©lectrices et ses Ă©lecteurs.

Je ne peux imaginer Marine Le Pen que dans des hĂŽtels de luxe ou du personnel se plie au doigt et Ă  l’Ɠil  devant toutes ses volontĂ©s pendant qu’elle maintient ses doigts de pied en Ă©ventail et qu’une ou deux manucures Ă©trangĂšres s’en occupent avec application.

Cependant, je ne crois pas particuliĂšrement que les jeunes et moins jeunes qui iront piĂ©tiner Ă  Rock en Seine cette annĂ©e votent plus que d’autres pour Marine Le Pen ou Eric Zemmour ou Marion MarĂ©chal ou Bruno Retailleau ou Eric Ciotti. Par contre, je crois qu’à ma place ( elle et moi avons un ou deux ans d’écart), Marine Le Pen aurait payĂ© cette place de 149 euros pour aller voir Jorja Smith ou se la serait faite offrir. D’ailleurs, le festival se dĂ©roule dans la ville de St Cloud. Ce n’est pas trĂšs loin de sa maison et de sa cellule familiale. Elle s’y rendra peut-ĂȘtre tandis que moi, soit je resterai Ă  Argenteuil ce jour-lĂ , soit je serai au travail finalement afin de pouvoir continuer de payer mes charges et mes crĂ©dits. Et je ne crois pas un moment, et ne le souhaite pas, qu’elle viendra me voir ou me passera le moindre coup de fil. 

Franck Unimon, ce jeudi 3 avril 2025.