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Je me suis couché un peu tard cette nuit. Après deux heures du matin. Ce matin, dans mon lit, je me le suis très vite reproché. J’aimerais faire tellement. Reprendre la lecture de tel livre commencée il y a plus de deux mois avant que la pandémie du Covid-19 ne colonise une grande partie de nos pensées et de nos émotions. Continuer de faire le tri dans des magazines que j’ai depuis 2017 et même avant. Faire mes étirements. Aller acheter des fruits et des légumes. Passer voir mon vélo pour vérifier si la roue arrière est restée gonflée depuis la dernière fois afin de pouvoir reprendre mon vélo, rassuré, ce soir, pour me rendre à mon travail. Ce qui nécessitera plus d’une heure de vélo à l’aller.

 

Ma compagne et notre fille étaient parties lorsque je me suis levé environ trente minutes plus tard. J’ai commencé par mes étirements. A jeun. Comme ça, j’étais sûr de les faire.

 

Hier soir, je me suis couché tard parce-que je suis resté regarder des images de combats. Le combat Georges Foreman/ Muhammad Ali dont j’avais entendu parler, enfant, et sur lequel j’avais lu et aussi vu un très bon documentaire, When we were kings.

J’ai aussi lu le résumé de la biographie de l’acteur Donnie Yen que j’avais découvert dans Hero peut-être. Et que je redécouvre dans des extraits de Ip-Man. Bruce Lee, Scott Adkins, Jacky Chan, Jet Li, Van Damme, Chuck Norris, Tony Jaa, Amy Johnston, quelques combats de MMA…. J’ai regardé ou revu des extraits de leurs films. Ainsi que des démonstrations de Self-Défense.

 

J’ai aussi regardé des extraits d’interviews d’anciens membres du GIGN, mais aussi de Stéphane Bourgoin, spécialiste des tueurs en série que j’avais interviewé deux fois, qui m’avait particulièrement déniaisé concernant les tueurs en série, et qu’un article du Monde de ce 21 avril soupçonne d’être un affabulateur.

 

A ces images de combats et de mort, j’avais prĂ©fĂ©rĂ© des images d’humoristes au cours de la journĂ©e ou un ou deux jours plus tĂ´t : Mustafa El Atrassi, Bill Burr, Bun Hay Mean, Haroun, Louis C.K. Il faut bien se dĂ©tendre avant un combat ou entre deux combats. MĂŞme si l’on y participe uniquement en tant que… spectateur.

 

Je n’ai pas la carrière de combattant ou d’humoriste qu’idéalement, je souhaiterais, aurais souhaité ou ai pu souhaiter avoir. Pour arriver au niveau de ces humoristes, combattants et ex- intervenants du GIGN, et des autres que je n’ai pas cités, il faut généralement commencer tôt, souvent avant ses 10 ans, cumuler des heures et des heures et des années d’entraînement, donner de sa personne, et, à ce que je comprends, cumuler des expériences dans diverses disciplines, complémentaires ou opposées. Ce qui suppose une extrême persévérance ou une certaine détermination ( d’autres parleront d’engagement) ainsi qu’une marge d’erreurs.

 

Des erreurs, j’en ai faites et je continue d’en faire. Hier, en aidant ma fille Ă  faire ses devoirs, je lui ai affirmĂ© :

 

« Les erreurs, ça sert Ă  apprendre ! Â». Ma fille avait refait la mĂŞme erreur que quelques heures plus tĂ´t avec exactement la mĂŞme opĂ©ration et les mĂŞmes chiffres. Une erreur de retenue dans son addition. Je croyais qu’elle avait bien mĂ©morisĂ© d’autant qu’elle s’implique dans ses devoirs. Mais, non, la distraction, l’insouciance et un trop grand sentiment de facilitĂ© sans doute l’avaient bernĂ©e.

 

J’aurais peut-ĂŞtre pu ou dĂ» ajouter :

«  Les erreurs, ça sert Ă  apprendre ! A condition de savoir ou de pouvoir s’en rendre compte Â».

 

Evidemment, un enfant, un novice, un dĂ©butant ou un innocent a du mal Ă  s’apercevoir de ses erreurs. Comme pour trouver la solution. C’est donc aux personnes qui les entourent et qui en sont responsables de, autant que possible, les Ă©duquer,  les sensibiliser et de les prĂ©server de certaines dĂ©convenues.

 

Je ne suis pas toujours persuadĂ©, en tant qu’adulte et en tant que père, de toujours ĂŞtre le bon exemple pour ma fille. Tant mieux pour eux si certains parents sont convaincus, lorsqu’ils se regardent, d’ĂŞtre ou d’avoir Ă©tĂ© les meilleurs parents de l’univers. Mais, hier, alors que nous dĂ©jeunions ensemble et que ma fille me parlait, je l’écoutais tout en voguant dans ma tente psychique.

Ma fille Ă©tait et est dans l’instant prĂ©sent comme tous les enfants. Moi, j’étais dans un de ces moments oĂą ma conscience  chemine, entre le passĂ©, le prĂ©sent et le futur. On dira que j’étais dans la contemplation. Ou dans l’extrapolation : ma fille me parlait et tandis que je l’écoutais Ă  la surface, en profondeur, j’étais ailleurs. Il y a d’autres moments oĂą c’est elle qui est ailleurs alors que nous lui parlons, ma compagne et moi. Et il est plein d’autres fois oĂą celles et ceux Ă  qui l’on cherche Ă  s’adresser sont ailleurs.  Il y a aussi d’autres fois oĂą nous portons notre attention sur les autres vĂ©ritablement mais oĂą, ceux-ci, ne nous voient pas et restent ensuite persuadĂ©s d’être sans valeur. C’est l’Histoire des ĂŞtres humains. Nous avons beau avoir des agendas, beaucoup de bonnes intentions thĂ©oriques et pleins d’inventions technologiques, lorsque ce moteur que nous avons tous Ă  l’intĂ©rieur nous pousse vers cet ailleurs, il est difficile de savoir quand nous nous rencontrons vraiment.

 

Heureusement, en partageant l’intimité d’une personne ou avec la répétition des rencontres, mathématiquement, il arrive des moments où nous sommes bien disposés en même temps. Où nous sommes en phase, comme on dit. Ceci pour dire que, finalement, dans l’Histoire des relations humaines, sans doute sommes nous en permanence comme la terre, le soleil et la lune. Nous nous tournons autour. Un certain nombre de fois, tout est bien aligné. D’autres fois, comme nous vivons dans le même périmètre physique et géographique, c’est la collision, l’illusion ( nous croyons être proches les uns des autres mais, en fait, des milliers de kilomètres nous séparent) ou l’ignorance.

 

Depuis, j’ai oublié de quoi je voulais précisément parler. Etre ailleurs, ou vouloir être ailleurs, ça, j’ai commencé avant mes dix ans. Comme tout le monde, je pense. Et, de ce côté-là, j’ai continué l’entraînement comme tout le monde, aussi, je pense.

Evidemment, en regardant cette nuit ces images de combat, j’ai sans doute essayé de voir si j’y étais ou si je pouvais y être. Ce qui est impossible, ne serait-ce que physiquement. C’est bien à ça que nous servent les images. A faire l’expérience cérébrale, émotionnelle, voire physique d’un événement que l’on ne peut pas vivre directement, physiquement, dans l’instant présent. On le vivra peut-être un jour. On l’a peut-être pleinement vécu dans le passé. Mais lorsqu’on le regarde, on ne le vit pas totalement. Les images que nous regardons et qui nous captivent sont peut-être souvent des étoiles mortes que, nous, les vivants, nous regardons afin de pouvoir nous guider….

 

 

J’avais prĂ©vu de parler du don. Du don de soi. Je sais que la pandĂ©mie du Covid-19 a fait de nous, «officiellement Â», les soignants, des « hĂ©ros Â» avec d’autres professions :

 

les cytokines, les pompiers, les éboueurs, les caissiers, les enseignants ( oui, je mets les enseignants dedans car le travail à distance effectué par les enseignants, même s’il a été limité par les moyens de certains parents et par la technologie elle-même, est pour moi une très grande force d’engagement ), travailleurs sociaux, policiers etc….

 

Dans la vie courante, « normale Â» et ne serait-ce qu’avec notre administration ( je pense ici au service de la Direction de notre employeur) on verra ce  qu’il restera du crĂ©dit que l’on porte aux hĂ©ros. Mais, en attendant, j’ai bien compris qu’il ne suffit pas de donner de soi aveuglement pour recevoir une quelconque reconnaissance et compensation. Non. Cela ne suffit pas. En Ă©tant mĂŞme un peu provocateur, je crois qu’il faut donner moins pour recevoir plus. Car, lorsque l’on donne trop, sans compter, on encourage forcĂ©ment quelqu’un, Ă  un moment ou Ă  un autre, Ă  se reposer sur nous tandis que l’on s’épuise. Et, au final, on termine K.O.

C’est ce qui est arrivé à Georges Foreman à Kinshasa en 1974 face à Muhammad Ali, un de mes héros d’enfance.

De Georges Foreman, avant le match, on louait la force physique hors norme. Muhammad Ali partait perdant selon certains pronostics. En regardant et en (re)dĂ©couvrant le match, cette nuit, je me suis demandĂ© comment tous ces experts avaient pu ignorer Ă  ce point certaines Ă©vidences :

Georges Foreman Ă©tait beaucoup plus limitĂ© techniquement que Muhammad Ali. Sa gamme de coups. Ses dĂ©placements Ă©taient monolithiques. Ali esquivait beaucoup mieux, Ă©tait plus mobile. Ali Ă©tait plus rapide sur ses appuis et sur ses directs. Il a touchĂ© Foreman au visage très vite. La plupart des coups qu’il porte Ă  Foreman sont situĂ©s au visage. Signe qu’il n’avait pas peur. Signe de sa dĂ©termination. Il est allĂ© Ă  l’essentiel. LĂ  oĂą il savait pouvoir faire le plus mal Ă  Foreman. Le mettre en colère, lui faire perdre la raison. Le dĂ©saxer mentalement. Muhammad Ali avait aussi pour lui la ruse, la stratĂ©gie. 

En outre, Muhammad Ali a donnĂ© Ă  Foreman ce qu’il a voulu lui donner. Et Foreman a foncĂ© sans rĂ©flĂ©chir. Il a donnĂ© de sa personne comme il le pouvait en se faisant manipuler par Ali : Foreman a rĂ©agi comme Ali le souhaitait. Ali Ă©tait pourtant connu. Foreman avait trop d’assurance. Il a boxĂ© sans sa tĂŞte. Il s’est vidĂ© tout seul de sa puissance et de sa rĂ©sistance. Et Muhammad Ali l’a mis K.O vers la fin du 8ème round.

D’après les images, Ali s’attendait à ce que le match dure plus longtemps même si Foreman, depuis un ou deux rounds, glissait de plus en plus.

Ce match de boxe montre la différence qui existe entre un boxeur stratégique et un boxeur exécutant. Et sans doute aussi entre un boxeur qui a débuté assez tôt et incorporé une gestuelle ou une grammaire technique et un autre qui devait principalement ses victoires à sa force physique hors norme.

 

 

Nous, les spectateurs du quotidien, qui sortons peu à peu du confinement, j’espère que nous serons plus des Muhammad Ali que des Georges Foreman. Même si Muhammad Ali a aussi fait de sacrées erreurs dans sa vie (concernant Malcolm X ou Joe Frazier par exemple) et que Georges Foreman, par ailleurs, est une personne de valeur.

 

Franck Unimon, ce mardi 12 Mai 2020. 

 

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Il était difficile

 

Franck Unimon, jeudi 7 Mai 2020. 

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La Reprise

Paris, 1er Mai 2020, près du Louvre, en allant au travail.

 

 

                                                       La Reprise

Lui ressembler, c’est déjà être sa proie. Je refuse de la nommer. Mais c’est de plus en plus difficile. Dans quelques jours, ce 11 Mai, à la reprise de l’activité scolaire, après plusieurs semaines de confinement dans la peur pour cause de pandémie du covid-19, il y aura encore plus de peur et de colère. Elle sera à nouveau là pour en profiter.

 

Adroite fille de son père, elle a récupéré son parti politique d’abord avec l’aide et les encouragements de celui-ci. Puis, ils se sont fâchés. Cela fait des années qu’on dirait qu’ils font leur thérapie familiale à travers la scène politique et publique.

 

Mais elle est un modèle de rĂ©ussite familiale dans un pays, la France, qui reste une grande puissance Mondiale dont la sociĂ©tĂ© assez traditionnaliste voire conservatrice sait ĂŞtre raciste :

 

En France, en 2020,  il vaut mieux ĂŞtre un homme, plutĂ´t blanc, plutĂ´t de religion catholique, ĂŞtre mariĂ© Ă  une femme et avoir effectuĂ© de grandes Ă©tudes, dans des Ă©coles rĂ©putĂ©es, pour accĂ©der aux plus hautes fonctions et aux meilleurs salaires.

Et, elle, femme divorcée, patronne d’un parti selon elle devenue le premier parti de France, n’est pas sortie de ces grandes écoles élitistes.

Même si elle a fait des études et a plus qu’un BEP, elle incarne donc une certaine modernité par rapport à la France d’avant Mai 1968. Cependant, elle se réclame de la Grandeur d’une France d’avant qu’elle n’a pas connue mais que- comme son père- elle idéalise et aime à jeter au visage de celles et ceux qu’elle vise et entend provoquer, humilier et dominer.

 

Après bientĂ´t un demi siècle de prĂ©sence- en incluant la carrière de son père- dans la politique, les mĂ©dia, les sondages, refuser totalement de la voir ou  l’oublier reviendrait Ă  se comporter comme un climato-sceptique. 

 

C’est donc par Devoir que, pour la première fois, la nuit dernière, je me suis imposĂ© de la regarder et de l’écouter lors de son allocution du 1er Mai 2020. J’ai voulu m’abstenir de cette rĂ©action viscĂ©rale de rejet que j’ai pour elle et qu’elle a, je crois, pour les autres :

 

Celles et ceux qui pensent différemment d’elle et ne lui ressemblent pas.

 

Moi, le Français noir, d’origine antillaise, plutôt fier de me rappeler que son père n’avait pas pu débarquer en Guadeloupe lorsqu’il s’y était rendu en avion plusieurs années auparavant (on ne parlait pas beaucoup d’elle, alors) j’ai pris sur moi pour regarder sa vidéo sur Youtube, une innovation technologique étrangère, contemporaine, entrée dans les mœurs, qui n’existait pas dans cette France du passé à laquelle elle se réfère.

 

Son allocution durait environ 21 minutes. Je suis resté dix minutes.

 

Souriante, dans un intérieur évoquant plus le salon d’une maison de privilégiés que l’appartement exigu, dans un quartier bruyant, elle rayonne dès le début. Lovée dans ce système politique et démocratique qu’elle aime saturer et persifler, elle est tellement contente d’être là une fois de plus. De déranger. De se montrer. De s’exprimer sans la moindre interruption ou intervention extérieure.

Très Ă  l’aise, sans lire ou sans sembler lire une seule note ( au contraire du maire de ma ville mais aussi de certains dĂ©putĂ©s et d’un certain nombre de ministres) elle distribue les sarcasmes Ă  l’intention de ses rivaux politiques actuellement au Pouvoir qu’elle nomme Ă  visage dĂ©couvert.

Mais, d’abord, elle nous parle de Jeanne d’Arc et des travailleurs. Je ne connais pas personnellement Jeanne d’Arc mais elle semble très bien la connaître comme elle semble aussi savoir ce que celle-ci aurait pensé et fait dans la France d’aujourd’hui qui serait envahie. Par des étrangers. Par Youtube et les réseaux sociaux, aussi, mais, ça, ça ne la contrarie pas apparemment.

 

Je suis persuadé de faire partie des étrangers pour elle, son père et sa nièce. Mais je n’ai pas de preuves.

 

Par contre, je fais partie des travailleurs depuis des années. Et, dans ce domaine, j’ai des preuves. En France, je suis un travailleur parmi des millions d’autres. Je fais également partie des travailleurs susceptibles de travailler n’importe quel jour de l’année. Le Week-end comme un jour férié. De nuit comme de jour. Je sais que d’autres travailleurs n’aimeraient pas travailler les week-end, les jours fériés ou la nuit. Je sais aussi que d’autres travailleurs exercent dans le froid, portent des charges pénibles, nettoient, respirent et débarrassent la saleté du monde.

Je sais que des travailleurs ont voté, votent et voteront pour elle. Qu’il y en a de plus en plus parmi mes collègues. Peut-être des femmes plus que des hommes. Question d’identification.

Mais, femmes comme hommes, il y a diffĂ©rentes sortes de travailleurs. Celles et ceux qui ont un emploi lĂ©gal. Celles et ceux qui travaillent au noir. Celles et ceux qui ont une situation professionnelle prĂ©caire. Celles et ceux qui sont fonctionnaires. Celles et ceux qui sont en colère. Celles et ceux qui ont peur. Celles et ceux qui gagnent Ă  peu près correctement leur vie. Celles et ceux qui gagnent très bien leur vie. On peut  très bien gagner sa vie et ĂŞtre en colère. Je ne sais pas si elle est très en colère contre la vie, la France ou les autres, par contre, je crois qu’elle gagne beaucoup mieux sa vie qu’un travailleur comme moi. Je crois aussi que ses horaires et ses conditions de travail sont plus confortables que les miens. Pourtant, je ne me plains pas lĂ  oĂą je suis.

Ce matin, j’ai discuté avec deux de mes jeunes collègues. Elles ont la trentaine. Elles faisaient le constat qu’elles avaient désormais de plus en plus de mal à enchaîner plusieurs journées de travail de suite en commençant à 6h45. Et elles aspiraient à moins travailler le week-end que ce soit pour leur vie personnelle et familiale.

Je comprenais de quoi elles parlaient concernant la difficulté de commencer à travailler, de façon répétée, à 6h45. Cela fait plus de dix ans que je n’ai plus eu ce genre d’horaire de travail et je m’en passe très bien. Pourtant, je suis plutôt un lève-tôt.

 

Mes collègues de ce matin font partie des « HĂ©ros de la Nation Â» depuis le discours du PrĂ©sident de la RĂ©publique, Emmanuel Macron, le 16 mars, je crois.  Avant que ne dĂ©butent les mesures de confinement pour contrer la pandĂ©mie au Covid-19 que la France, dans son ensemble, a embrassĂ© sans expĂ©rience Ă©pidĂ©miologique, sans masques, sans protection, avec des hĂ´pitaux et des personnels soignants pris de court car pris de haut depuis des annĂ©es par les responsables politiques, et avec un manque de moyens de dĂ©pistage. Comme si la France, une des plus grandes puissances mondiales, première destination touristique mondiale, pays aux rĂ©fĂ©rences culturelles multiples, Ă©tait un pays sous-dĂ©veloppĂ© sauf pour dĂ©livrer des mensonges et des bobards Ă  ses citoyens.

 

Ce matin, mes collègues ne se plaignaient pas. Elles n’étaient pas en colère. Elles constataient simplement leurs limites au moins physiologiques comme je pouvais moi-mĂŞme connaĂ®tre les miennes concernant cet horaire qui consiste Ă  dĂ©buter sa journĂ©e de travail Ă  6h45. Comme d’autres millions de travailleurs peuvent finir par connaĂ®tre leurs limites vis-Ă -vis d’un horaire, d’un certain type de travail, de ses conditions d’exĂ©cution, d’un mode de vie ou d’un salaire. Parmi ces travailleurs qui constatent ces limites, beaucoup d’entre eux doivent pourtant continuer au delĂ  de leurs limites parce qu’ils n’ont pas d’autre choix ou se sentent  privĂ©s d’horizons.

 

Lorsque je la regarde et l’écoute sur Youtube (un mĂ©dium que Jeanne d’Arc aurait peut-ĂŞtre dĂ©daignĂ©e), je ne crois pas qu’elle aille au delĂ  de ses limites. Revancharde et sans limites, elle aime faire peur et menacer. DĂ©ja candidate aux Ă©lections prĂ©sidentielles en 2022, si elle est en Ă©tat, elle sera encore lĂ  en 2042. A son niveau, la politique est un jeu. Son père a bien tenu jusqu’à au moins ses 70 ans voire davantage. Il a plus de 80 ans maintenant. Elle en a une cinquantaine. Et elle n’a pas ou très peu de comptes Ă  rendre contrairement Ă  la majoritĂ© des Français.  MĂŞme Jeanne d’Arc a dĂ» rendre des comptes.

 

Elle le sait, c’est mathĂ©matique : il peut suffire d’une fois, pour, qu’aux Ă©lections prĂ©sidentielles, elle soit finalement Ă©lue. Elle n’a pas si besoin que ça de se mĂ©tamorphoser. Il lui suffit de continuer de durer. Et les autres classes politiques l’aident bien. Ce système de caste politique et sociale qu’elle mĂ©prise- ce n’est pas une pauvre- est complice et responsable de sa rĂ©ussite comme il l’a Ă©tĂ© de celle de son père :

 

Dans une vie politique et sociale ambitieuse, et aussi plus vertueuse et dĂ©mocratique, on aurait des hommes politiques qui ressembleraient moins Ă  des VRP pour les grandes entreprises et les grands groupes financiers. On est sans doute passĂ© des carriĂ©ristes de lutte aux carriĂ©ristes de luxe. Les travailleurs, une fois leur vote obtenu, ça ne rapportait plus assez. Alors, on les a dĂ©localisĂ©s des grandes Ă©quations et des grandes questions. Ils ont  Ă©tĂ© livrĂ©s Ă  eux-mĂŞmes sans masques, sans protections. Ce qui lui permet Ă  elle, Ă  la suite de son père, de marquer l’Histoire de France dans le domaine politique. Ou de pouvoir faire son possible pour en faire partie Ă  cĂ´tĂ© de celles et ceux qui sont dans l’Histoire officielle.

 

J’ai envie de croire que si elle Ă©tait Ă©lue, que très vite, elle serait perdue. Parce-que depuis des annĂ©es, elle a la place la plus facile : critiquer sans gouverner.

Si elle avait Ă©tĂ© membre d’un parti politique classique, comprendre « socialement Â» frĂ©quentable, je crois qu’elle aurait sans doute dĂ©ja Ă©tĂ© nommĂ©e Ministre plusieurs fois. Mais ça se serait mal passĂ© car elle aime le Pouvoir et, avec elle, c’est toujours de la faute de l’autre.  Elle fait partie des personnes qui ont les moyens d’imposer ça comme principe : ce n’est jamais de sa faute. Et, il lui avait fallu plusieurs semaines pour comprendre qu’elle avait ratĂ© sa prestation face Ă  Emmanuel Macron lors du dĂ©bat d’avant le second tour des Ă©lections prĂ©sidentielles de 2017.

 

Mais si elle Ă©tait Ă©lue prĂ©sidente, je crois que des femmes et des hommes politiques très «respectables Â» viendraient toquer Ă  sa porte pour obtenir un poste de Ministre et nous expliqueraient de façon didactique avec des polycopiĂ©s qu’ils font ça par Devoir, pour la France, ou qu’ils estiment qu’elle est- profondĂ©ment- attachĂ©e au rayonnement de la France.

 

Je crois aussi qu’il y a peut-ĂŞtre pire qu’elle en politique mais que nous ne le connaissons pas encore. Je ne sais pas si sa nièce est ce « pire-lĂ  Â» mais je me dis que si elle et son père peuvent, comme ils le font, prospĂ©rer sur la scène politique française depuis des annĂ©es, que le pire est possible. MĂŞme si, pour moi, elle fait plus partie du passĂ© que du futur.

 

 

La reprise scolaire et un « dĂ©confinement » graduĂ©s ont Ă©tĂ© prĂ©vus pour la semaine prochaine, Ă  partir du 11 Mai. Je ne serais pas Ă©tonnĂ© que, finalement, le gouvernement change d’avis et repousse la date. Mais, en attendant, le gouvernement a « dĂ©coupé » la France en trois couleurs, selon le niveau de la pandĂ©mie. Vert, orange, rouge. Sur la carte de France affichĂ©e dans le journal Le Parisien du samedi 2 Mai 2020, on peut voir qu’une bonne majoritĂ© des dĂ©partements de l’ouest de la France est en vert. La pandĂ©mie y est moins sĂ©vère. La Guadeloupe, la Martinique la Guyane, la RĂ©union mais aussi la Corse sont aussi en vert. Mayotte, par contre, est en rouge comme tout le Nord-Est de la France, Ă®le-de-France, incluse. 

 

 

« Après le 11 Mai, il sera possible d’effectuer des dĂ©placements dans un rayon de 100 km Ă  partir de son domicile. Au delĂ , il faudra pouvoir justifier d’un motif professionnel ou d’un « impĂ©ratif familial impĂ©rieux ». Mais l’exĂ©cutif, par la voix d’Olivier VĂ©ran, appelle Ă  limiter les dĂ©placements « entre les territoires plus ou moins Ă©loignĂ©s, mais très diffĂ©rents sur le plan de la circulation du virus » (….)

« En clair, un habitant d’un dĂ©partement rouge est priĂ© de ne pas se dĂ©placer dans un dĂ©partement vert » ( article d’AurĂ©lie Sipos et FrĂ©dĂ©ric Gouaillard, dans le journal Le Parisien du 2 Mai 2020, page 2 et 3 dans la rubrique Le Fait du Jour : Crise du Coronavirus avec le titre Du flou sur la carte). 

Le retour des enfants Ă  l’Ă©cole, mĂŞme en prenant en compte les mesures de prĂ©vention recommandĂ©es par l’Etat a mis et met beaucoup de parents en colère :

On a l’impression d’envoyer nos enfants et notre santĂ© au casse-pipe pour permettre Ă  l’Ă©conomie de reprendre. Il est imposĂ© Ă  l’Ă©chelle nationale une logique qui a fixĂ© de plus en plus, depuis des annĂ©es, les conditions de travail des soignants dans les Ă©tablissements de santĂ© :

L’Ă©conomie et la rentabilitĂ© avant la santĂ©, la relation humaine et la rĂ©flexion. 

On essaie avant tout de voir comment on peut se faire encore plus de fric en un minimum de temps. On pensera peut-être à (sa)voir plus tard les éventuels dégâts que cette logique cause et creuse.

 

Les conditions pour la reprise de l’Ă©cole la semaine prochaine ont Ă©tĂ© qualifiĂ©es  » d’usine Ă  gaz » par le maire de ma ville, Georges Mothron. J’ai regardĂ© sa vidĂ©o sur youtube après que ma compagne me l’ait envoyĂ©e. Il y avait trois cents ou quatre cents vues. Beaucoup moins de vues sans doute que pour elle.

L’intervention de Georges Mothron date du 1er Mai mais la vidĂ©o a Ă©tĂ© ajoutĂ©e le 2 Mai.  Sur la vidĂ©o, Georges Mothron avait beaucoup moins d’Ă©clat qu’elle. Elle et lui ne sont pas du mĂŞme camp politique

MalgrĂ© sa prestation dĂ©pourvue de charisme, le maire de ma ville m’a donnĂ© le sentiment d’un Ă©lu sincèrement prĂ©occupĂ© par la santĂ© de ses concitoyens. Il a prĂ©cisĂ© qu’il attendait encore d’autres informations, dont certaines des associations de parents d’Ă©lèves, pour arrĂŞter une dĂ©cision concernant la reprise de l’Ă©cole. 

 

Dans ce mĂŞme exemplaire du journal Le Parisien, page 6 ( Le Parisien de ce samedi 2 Mai 2020), l’article Acheter un masque en grande surface, mode d’emploi nous apprend que  » Dès lundi ( ce lundi 4 Mai 2020) ils seront en vente libre, mais sous certaines conditions ». 

 

 

L’article de Sylvie De Macedo et Odile Plichon nous informe que des millions de masques vont ĂŞtre en vente Ă  Carrefour, Casinon, Franprix, IntermarchĂ©, Leclerc, Lidl, Monoprix, Système U. Des millions de masques, jetables mais aussi rĂ©utilisables. « à prix coĂ»tant » annonce Carrefour soit 0,58 euro le masque chirurgical et  » Pour ceux en tissu, les premiers prix seront Ă   » moins de 1 euro ». Un prix plus abordable que celui que j’avais payĂ© fin fĂ©vrier ( 3,99 euro) pour un masque FFP2 dans une pharmacie parisienne. ( Coronavirus ).

 

 

Dans Le Parisien de ce 2 Mai, il y a mĂŞme de la Pub pour Leclerc, Carrefour et IntermarchĂ© qui nous informent qu’ils vont nous vendre des masques et du gel hydroalcoolique et que leur offre commerciale a pour but de veiller sur notre santĂ©, accomplissant un geste plein de civisme.  

MalgrĂ© ce cynisme Ă©conomique ( les rayons alimentaires- et autres- des hypermarchĂ©s ont plutĂ´t fait un très bon chiffre d’affaires durant ces semaines de confinement), j’imagine facilement les files d’attente – et les bagarres- Ă  partir d’aujourd’hui dans les hypermarchĂ©s pour acheter des masques.

 

En bas de page de ce mĂŞme article, les mĂŞmes journalistes ont rĂ©digĂ© un autre article L’attaque choc de la santĂ© contre les enseignes de distribution Les professionnels s’indignent de la disponibilitĂ© soudaine de gros volumes de masques). L’article prend deux Ă  trois fois moins de place, en bas de page, que celui nous informant de la vente de masques dans les hypermarchĂ©s. Mais, au moins existe-il. 

Avant d’apprendre cette information en achetant le journal Le Parisien, j’en Ă©tais restĂ© sur l’information que le gouvernement avait passĂ© commande en avril de masques Ă  la Chine. Et que deux milliards de masques Ă©taient prĂ©vus en provenance de la Chine…fin juin. Je ne comprenais pas comment le gouvernement d’une Grande Puissance telle que la France pouvait accepter de dĂ©pendre de la Chine ou d’un autre pays pendant deux mois pour recevoir des masques en pĂ©riode de pandĂ©mie. Je n’avais pas Ă©tĂ© surpris de voir de plus en plus de personnes ces deux dernières semaines portant des masques faits main. Je crois mĂŞme que fabriquer- et vendre- des masques est dĂ©sormais un bon filon commercial puisque je m’attends dĂ©sormais Ă  d’autres pandĂ©mies de ce genre Ă  l’avenir. 

Mais je ne m’attendais pas Ă  ces millions de masques en vente libre progressivement- en nombre limitĂ© par personne– Ă  partir d’aujourd’hui dans des hypermarchĂ©s. Plus de 300 millions de masques selon l’article du Parisien.

Je dois au hasard le fait d’avoir achetĂ© et lu ce numĂ©ro du Parisien oĂą j’ai appris que des chiens pourraient ĂŞtre « utilisĂ©s » pour dĂ©tecter les personnes touchĂ©es par le Covid-19, une dĂ©marche qui m’inspire certaines rĂ©serves.

 

 

 

Mais le 2 Mai, donc,  après une nuit de travail, je suis allĂ© acheter le livre que j’avais commandĂ© une semaine plus tĂ´t dans un point presse oĂą j’ai pris mes habitudes. Je prĂ©fère lire les informations sur du papier, surtout celles concernant la pandĂ©mie du Covid-19. Je trouve que ça filtre beaucoup mieux cette angoisse permanente dans laquelle nous sommes installĂ©s depuis plusieurs semaines. Et puis, ça m’informe sur d’autres sujets tout en soutenant, un petit peu Ă©conomiquement, la presse Ă©crite qui souffre beaucoup de la fermeture des kiosques Ă  journaux et de sa moindre distribution. 

 

 

 

 

Ce samedi 2 Mai, au matin, je suis donc allĂ© rĂ©cupĂ©rer  le livre DĂ©ni, MĂ©moire sur la terreur de Jessica Stern que je ne connaissais pas il y a encore deux semaines. Jusqu’Ă  ce que dans la salle d’attente oĂą le mĂ©decin-chef  (pĂ©dopsychiatre) de mon service reçoit ses consultations, je dĂ©couvre la revue Cercle Psy de mars-avril 2020. 

En sortant du point presse, ce samedi 2 Mai, j’ai Ă©tĂ© sollicitĂ© par un homme d’une soixantaine d’annĂ©es. Au lieu de me demander de l’argent, il m’a demandĂ© si je pouvais  lui acheter Le Parisien. Avec le livre de Jessica Stern, j’avais dĂ©ja achetĂ© deux ou trois autres journaux. Mais pas Le Parisien que je lis aussi de temps en temps.  Je suis retournĂ© au Point Presse et en suis ressorti avec deux exemplaires du Parisien.

 

Même si je suis en colère, je ne voterai pas pour elle.

 

 

Franck Unimon, ce dimanche 3 Mai 2020 + ce lundi 4 Mai 2020. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Franck Unimon, 1er Mai 2020. 

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Pusher III : Journée de merde pour papa-poule

 

 

 Pusher III : L’Ange de la Mort :   JournĂ©e de merde pour papa-poule.

 

 

Certains ont la gueule de bois après une nuit presque blanche passée à la rougir avec du vin ou à essayer de la filtrer auprès d’alcools et de substances. Moi, parfois, je regarde des images. Une image entraîne l’autre. Il y a toujours une nouvelle et bonne raison pour continuer d’autant que, sur le net, le bar ne ferme jamais. Le bar de ma mémoire, aussi, ne ferme pratiquement jamais. Et, certaines fois, il est même plus ouvert que d’habitude.

 

Lorsque ces deux bars entament en mĂŞme temps leur happy hour, dĂ©bute alors une compĂ©tition entre les deux et je ne sais pas lequel va prendre l’avantage sur l’autre. 

 

 

Les salles de cinéma sont aujourd’hui fermées depuis plus d’un mois. L’industrie du cinéma va sans doute peiner à s’en remettre comme une bonne partie de l’économie. Dans le Monde, des personnes ont à nouveau perdu leur emploi ou vont le perdre. D’autres ont perdu leur vie. D’autres encore font désormais la queue à la soupe populaire pour manger. Ou cherchent où se loger.

 

Nous connaissons suffisamment l’origine officielle et directe de cette nouvelle grave crise Ă©conomique : une crise sanitaire mondiale (très) mal anticipĂ©e par une bonne partie des gouvernements encastrĂ©s depuis des annĂ©es dans un certain rĂ©gime Ă©conomique et politique.  Des gouvernements- des entrepreneurs, des financiers mais aussi des Ă©conomistes et des penseurs- lovĂ©s dans un certain rĂ©gime de pensĂ©e qu’ils entendent continuer de servir coĂ»te que coĂ»te.

 

Certains pays s’en sont mieux sortis que d’autres : TaĂŻwan, Singapour, la CorĂ©e du Sud. L’Afrique, finalement, ne s’en sortirait pas trop mal mais va souffrir de la faim. Et sans doute de guerres, aussi.

 

En Europe, l’Allemagne est Ă  nouveau citĂ©e en exemple. En Scandinavie, cela se passerait plutĂ´t « bien Â», aussi.

 

Grâce Ă  ce qui reste de son système de santĂ© et de sĂ©curitĂ© sociale qu’elle s’est pourtant attachĂ©e Ă  dĂ©manteler depuis une vingtaine d’annĂ©es, la France fait mieux que les Etats-Unis et sans doute mieux que la Russie ou l’Arabie Saoudite. Mais l’inexpĂ©rience française de ce type de situation – contrairement Ă  certains pays asiatiques qui ont dĂ©jĂ  connu des Ă©pidĂ©mies assez « voisines Â»- ajoutĂ©e Ă  des approximations politiques inspirent vraisemblablement des proches et fortes contestations sociales.

 

 

Pusher III ou L’Ange de la Mort de Nicholas Winding Refn se déroule au Danemark, à Copenhague, principalement. Normal, Nicholas Winding Refn est Danois.

 

Plusieurs années avant de se faire connaître avec son film Drive ( réalisé en 2011 avec l’acteur Ryan Gosling), Nicholas Winding Refn avait entre-autres réalisé sa trilogie Pusher dont le premier volet date de 1996. Pusher III ou L’Ange de la mort ( le dernier volet) a été réalisé en 2005.

J’ai eu le plaisir d’aller découvrir cette trilogie au cinéma à Paris vers 2006 ou 2007. Elle avait eu de bonnes critiques et un succès public plutôt confidentiel.

 

Dans mes souvenirs, Ă  Paris,  la trilogie Pusher a Ă©tĂ© projetĂ©e plusieurs semaines dans deux salles ( peut-ĂŞtre trois). Je me rappelle d’un Complexe UGC et du cinĂ©ma Le Publicis oĂą j’étais allĂ© voir chacun des films de cette trilogie, plusieurs fois. Au moins deux fois chacun, je crois. Puis, dès que je l’ai pu, j’ai achetĂ© les films en dvds.

 

 

Pour l’anecdote, une fois, plusieurs annĂ©es plus tard, je me suis retrouvĂ© assis Ă  cĂ´tĂ© de Nicholas Winding Refn. C’était après Drive, sans doute, au forum des Images, pour une Master Class dont il Ă©tait l’invitĂ©. Le temps de descendre «  sur scène Â», Nicholas Winding Refn s’était assis sur ma droite.

Et j’ai eu l’occasion d’interviewer l’acteur Mads Mikkelsen pour son rôle dans Le Guerrier silencieux, réalisé par Nicholas Winding Refn en 2009.

Mads Mikkelsen ( qui s’est fait connaĂ®tre pour son rĂ´le du Chiffre  dans le très bon Casino Royale rĂ©alisĂ© en 2006 par Martin Campbell) est prĂ©sent dans deux des films de la trilogie Pusher ( mais pas dans L’Ange de la mort) ainsi qu’au moins dans un autre des premiers films de Nicholas Winding Refn. Dans un autre article, je pourrai parler un peu mieux de cette rencontre avec l’acteur Mads Mikkelsen. Car la grande vedette de Pusher III ou L’Ange de la Mort, c’est Milo, l’acteur Zlatko Buric’ d’origine serbe.

 

Milo, l’acteur Zlatko Buric’.

 

 

Dans Pusher III, Milo, l’impitoyable mafieux du premier volet de la trilogie décide donc de devenir clean et fréquente les N.A de Copenhague. C’est la scène d’ouverture du film.

A « l’époque Â», lorsque j’avais vu le film la première fois, j’avais cru Ă  une esbroufe de la part de Milo.  Je m’étais d’abord dit que c’était une ruse pour faire bonne figure et endormir la police s’il Ă©tait sous surveillance. Et j’avais beaucoup rigolĂ© en entendant Milo prendre la parole au sein des Narcotiques Anonymes et dĂ©clarer qu’il Ă©tait « clean Â» depuis cinq jours.

 

Mais, je me trompais.

 

Lorsque dĂ©bute l’histoire, sa fille Milena ( l’actrice Marinela Dekic) – que l’on voit pour la première fois- fĂŞte son 25ème anniversaire ce jour-lĂ . Et, Milo, en « papa poule Â»  s’est engagĂ© Ă  cuisiner pour les 45 personnes prĂ©sentes Ă  cet anniversaire. Cela se complique assez vite puisque Milo Ă©volue dans un milieu oĂą l’on boit de l’embrouille au goulot. Et, aussi, parce-que l’on s’aperçoit que sa fille chĂ©rie Milena ( infirmière nouvellement diplĂ´mĂ©e : on apprĂ©ciera le clin d’œil involontaire Ă  la crise sanitaire actuelle due au Covid-19) se rĂ©vèle impeccable dans le rĂ´le de la jeune femme autoritaire, capricieuse et mĂ©prisante. Et tout se rĂ©unit pour que ce qui devait ĂŞtre une très belle journĂ©e se transforme en journĂ©e de merde pour papa poule.

 

Ce qui m’avait beaucoup plu dans cette trilogie et que Nicholas Winding Refn a perdu en tournant dĂ©sormais Ă  Hollywood, qui plus est en langue anglaise, c’était Ă©videmment cette patte danoise que je dĂ©couvrais. Cette langue, ces accents, ces ethnies, ces lieux, ces physiques ( turcs, serbes, albanais, danois…). L’humour et le rĂ©alisme des situations ( la très grande connaissance ethnologique et culturelle de Winding Refn est Ă©tonnante).  Cette aspiration Ă  s’intĂ©grer dans la sociĂ©tĂ© danoise et Ă  rĂŞver en grand souvent pathĂ©tique et comique alors mĂŞme que l’on est une ordure dans ce pays si « clean Â» et si riche que peut ĂŞtre, en apparence mais aussi pour l’exemple, le Danemark.

 

https://youtu.be/LSxSzB_btKg

 

J’ai oublié ce qui m’a donné l’idée, en ce mois d’avril 2020, de sortir la trilogie Pusher de mes étagères. Peut-être le fait de prêter un de mes deux coffrets à un collègue cinéphile qui m’a sollicité afin que je lui fasse découvrir des films. Et après Noi Albinoi ( 2002, Dagur Kari) et Sicario (2015, Denis Villeneuve) mais aussi Ultravixens ( 1979, Russ Meyer), j’ai pensé à la trilogie Pusher.

 

Sur la jaquette du coffret de la trilogie de Winding Refn, il est fait référence à Scorsese. Pourquoi pas. Sauf que Scorsese n’a pas tourné de films au Danemark. Et je ne crois pas qu’il y ait vécu non plus. Ceci pour dire que l’on peut regarder Pusher sans appréhender de voir la tête de Scorsese apparaître dans chaque plan.

 

Avant hier, j’ai aimé revoir Pusher III et je reverrai peut-être les deux autres volets.

NĂ©anmoins, une scène en particulier dans Pusher III m’a donnĂ© envie de revoir ce volet. Et j’ai revu cette scène plusieurs fois, ai repensĂ© Ă  elle ensuite avant de revoir ce troisième volet intĂ©gralement avant hier :

 

La scène dure un peu plus de cinq minutes. Elle débute aux environs de la 34 ème minute et quarante secondes et s’achève à peu près à la 39 ème minute et 59 secondes.

 

Avant que la scène ne dĂ©marre, Milo, aux Narcotiques Anonymes a confiĂ© :

 

« Ma vie est vraiment chaotique Â» ; « Des collègues Ă  moi me causent beaucoup de stress Â». Et Milo de reconnaĂ®tre qu’il s’est dĂ©jĂ  dit que s’il reprenait un peu d’hĂ©roĂŻne, que cela irait mieux.

 

Ce que Milo cache aux Narcotiques Anonymes, c’est que, s’il est effectivement, tel un homme d’affaires sous pression, c’est parce-que, d’un cĂ´tĂ©, le jeune Muhammad, auto-proclamĂ© «  King of Copenhague Â» (d’origine turque) lui a lancĂ© «  Faudra te faire Ă  la gĂ©nĂ©ration nouvelle ! » et qu’il a dĂ» s’en remettre Ă  lui pour revendre de l’ectasy, produit qu’il ne connaĂ®t pas. Parce-que ses hommes de main et de confiance sont tous malades, intoxiquĂ©s vraisemblablement par les sarmas qu’il a lui-mĂŞme cuisinĂ©s. Et aussi parce-que les « Albanais Â», ses fournisseurs habituels d’hĂ©roĂŻne pour lesquels il a acceptĂ© de revendre l’ectasy, en profitent pour tenter de prendre l’ascendant sur lui. Au milieu de tout ça, Milo peut compter sur les exigences entĂŞtantes de sa chère fille Milena qui semble avoir dĂ©laissĂ© les  conjugaisons  de l’empathie dès ses premières couches culottes pour leur prĂ©fĂ©rer les additions de la tĂ©lĂ©pathie et du cash.  Car, comme le dit Mike, le petit ami de Milena qui «  n’a pas inventĂ© la poudre Â» ( dixit Milena Ă  Milo) :

 

« Milena a des goĂ»ts de luxe Â».

 

Et c’est lĂ  que dĂ©barque Kurt le con ( l’acteur Kurt Nielsen) Ă  la 35 ème minute. Cette scène est magistrale. Milo est alors dans un restaurant tenu par des Asiatiques. Assis le cul entre plusieurs problèmes, d’un cĂ´tĂ© Milena et son anniversaire, de l’autre Muhammad qui ne rĂ©pond pas Ă  ses appels et les « Albanais Â» qui le font chier, Milo essaie de s’appliquer Ă  ce que tout se passe bien pour l’anniversaire de Milena, qui, Ă©videmment, ne sait rien de ses emmerdes.

 

Au dĂ©part, une simple vitre sĂ©pare Kurt le con de Milo. Kurt le con, on l’a vu dans le deuxième volet de Pusher. C’est Ă  la fois un dealer mais aussi un très grand consommateur. Un personnage assez beauf, un peu bĂ©bĂŞte, plutĂ´t en bas de l’échelle sociale du trafiquant de drogue alors que Milo est bien au dessus. Mais Kurt le con a ses combines bien Ă  lui. Il sait aussi retomber sur ses pattes. Et, lĂ , il nous donne une leçon de perspicacitĂ© beauf. Le peu qu’il sait du genre humain tendance accroc, il  la met sur la table dans cette scène oĂą il se montre aussi hilarant, inoffensif qu’impitoyable. Pour moi, c’est un modèle de jeu d’acteur. Un chef-d’œuvre en moins de cinq minutes. Je vais essayer d’expliquer pourquoi.

 

D’abord cette vitre, cloison de séparation fragile entre un intérieur et l’extérieur.

 

A l’intĂ©rieur,  Milo, goĂ»te Ă  la fois un peu au calme mais est de plus en plus Ă  bout. Et lorsque c’est comme ça, le temps passe lentement. Très lentement. Trop lentement.

L’extérieur, à ce moment-là, c’est la rue, plutôt calme. Mais aussi la nuit. Il doit y avoir deux clients dans le restaurant. La plupart des honnêtes gens dorment ou sont chez eux ou chez leur amant ou chez leur maitresse. Milo, lui, attend sa commande de poissons frits. Pour l’anniversaire de sa fille. Pour remplacer les sarmas qu’il a décidé de jeter avant que des invités n’en mangent et ne tombent malades. D’un naturel très sûr de lui, du genre psychorigide, mais aussi très méfiant, il a fallu plusieurs heures à Milo pour admettre que, finalement, ses sarmas sont peut-être bien responsables de l’intoxication alimentaire qui a donné la diarrhée à ses hommes.

 

Et dans toute cette chiasse, le seul gĂ©nie qui sort de la nuit : Kurt le con qui tape soudainement Ă  la vitre. D’abord pour saluer.

 

Kurt le con fait beauf. Mais il a aussi une dĂ©gaine de clodo. Il pourrait tout aussi bien sortir de l’hĂ´pital psychiatrique dans le sens pĂ©joratif du terme. Ceci pour dire que c’est le profil du mec qui a plutĂ´t ratĂ© sa vie. Mais qui est amusant. Il pourrait briguer le poste de fou «  de la ville Â» ou du « village Â». Alors, Milo le laisse s’approcher. Ils se connaissent si bien l’un et l’autre ( leur monde est un microcosme). Ils se sont tant de fois reniflĂ©s.  Et, ils sont en bons termes mĂŞme s’ils ont pu avoir des dĂ©saccords pour des histoires de deal ( Pusher II).

C’est comme ça que Kurt le con devient Grand en s’asseyant à la même table que Milo et face à lui après que celui-ci, pour une fois, lui serre la main. Milo n’a rien à craindre de Kurt le con qu’il voit principalement comme un grand bouffon. Au pire, cela lui permettra de faire passer un peu le temps se dit sûrement Milo en le voyant s’approcher.

 

Après une blague dont Kurt le con a le secret ( je vous laisse la dĂ©couvrir) celui-ci entretient Milo Ă  propos du seul sujet qu’il connaisse, du seul sujet qui vaille pour lui :

 

La dope.

 

Et Milo, qui est en « rehab Â», dĂ©cline la proposition de Kurt le con qui sait très bien ce qu’il aime. L’hĂ©roĂŻne. Le fait de prononcer le nom de la substance magique, c’est dĂ©jĂ  prendre un peu du souffle de Milo. Et Kurt le con a l’œil. Lorsqu’il dit Ă  Milo :

 

« C’est vrai, tu es devenu un Saint, maintenant …. Â». On sent encore toute cette diffĂ©rence de classe sociale entre Milo qui serait supĂ©rieur ou regarderait les gens de haut et Kurt le con qui sait qu’il est en tout bas. Et qui remet un peu en cause cet ordre mais sans animositĂ© et, officiellement, sans rancune. Il est difficile de lire profondĂ©ment en Kurt le con.

 

Puis, vient la question de Kurt le con Ă  Milo : «  T’es clean ? Â». LĂ , ce passage devient extatique. Parce-que dans ce «  T’es clean ? Â», Kurt le con semble poser une question abstraite. Dire qu’on est clean, c’est comme parler de l’Au-delĂ . C’est une aspiration que l’on peut avoir lorsque l’on est addict mais qui reste de l’ordre de l’extraordinaire. De l’impossible. Donc, c’est comme si Milo avait affirmĂ© qu’il Ă©tait extra-terrestre. Ou qu’il Ă©tait mort et ressuscitĂ©. Que de droitier, il Ă©tait devenu gaucher en cinq leçons.

 

 Etre « clean Â», quand on Ă©coute et regarde Kurt le con, on comprend que c’est peut-ĂŞtre, Ă  ce qu’on dit, aussi bon que de prendre de la drogue, mais ça reste Ă  voir. C’est comme l’histoire du paradis. Il semblerait que ça existe.

 

Foncièrement, Kurt le con ne connaĂ®t pas grand monde qui soit vĂ©ritablement clean ou qui le soit restĂ© suffisamment longtemps pour pouvoir le vĂ©rifier. Et, Kurt le con est le genre de personne très pragmatique qui ne croit que ce qu’il voit. Et, il voit très bien que Milo «  transpire Â» mĂŞme si celui-ci vient de rĂ©pondre que «  tout va bien Â». Nous, spectateurs, nous savons pour quelles raisons, et on le comprend, Milo peut transpirer depuis le dĂ©but du film. Kurt le con, pas si con que ça donc, rien qu’en observant Milo ainsi que par intuition et par expĂ©rience, dĂ©tecte, lui, le mensonge dans les propos et dans le comportement de Milo. Et c’est un des autres nombreux gros points forts du film :

 

A l’anniversaire de sa fille, Milo donne le change et personne (à part peut-être, Mike, le copain de Milena) ne remarque qu’il joue la comédie en souriant et en rigolant.

Il suffit de moins de cinq minutes ( la rencontre dure Ă  peine une minute) Ă  Kurt le con pour « dĂ©pister Â» Milo et voir qu’il est tendu. Et en manque….

 

Qui sont nos vrais proches ? Qui nous connaĂ®t le plus intimement ? Celles et ceux avec lesquels nous choisissons d’avoir une vie sociale, lĂ©gale, rangĂ©e et normale ? Ou tous les autres ? Celles et ceux qui nous ont vus foncer Ă  travers les lois et les règles. Et qui Ă©taient parfois ou souvent nos complices, nos tĂ©moins ou nos adversaires lorsque nous Ă©tions hors-la-loi et/ou sans masque. En moins de cinq minutes, la scène avec Kurt le con claque ce genre de domino sur la table. 

 

Tout, dans cette scène, est à prendre. Depuis l’irruption de Kurt le con jusqu’à l’interruption de la scène et la sortie de Kurt le con. Et, évidemment, cette rencontre entraîne d’autres réactions de Milo jusqu’au dénouement du film.

 

Des films et des séries, nous en voyons et pouvons en voir et en regarder beaucoup même si actuellement les salles de cinéma sont confinées. Peut-être que beaucoup de salles de cinéma vont fermer à court ou à moyen terme du fait des conséquences économiques de l’épidémie. Et que le cinéma sera, alors, encore plus diffusé par VOD.

Ceci pour dire que nous avons aujourd’hui de toute façon un accès à une quantité énorme d’images. Mais certaines images et certains films restent plus que d’autres. Et on regarde beaucoup d’images de façon automatique, par convention, par gentillesse et aussi par politesse.

 

MalgrĂ© notre esprit critique, la surabondance d’images fait que l’on s’habitue Ă  prendre le temps de regarder et  Ă  en voir comme on peut s’habituer Ă  manger des lĂ©gumes et des fruits qui n’ont pas de goĂ»t parmi d’autres plats, fruits et lĂ©gumes, qui, eux, nous marqueront pour leurs attraits.   

 

Cette scène entre Milo et Kurt le con m’a rappelĂ© ce que ça peut faire de regarder un film qui a du goĂ»t. Ou ce que je peux Ă  peu près rechercher dans un film. J’ai l’impression que je l’avais oubliĂ©. Bien-sĂ»r, on ne peut pas toujours voir des chefs-d’œuvre. On n’est pas toujours suffisamment bien disposĂ© soi-mĂŞme d’ailleurs pour s’apercevoir que l’on a un chef-d’œuvre devant soi, qu’il s’agisse d’un film, d’un livre, d’un moment ou d’une rencontre. Mais qu’est-ce que ça fait du bien de le voir ! Le cinĂ©ma, aussi, peut jouer ce rĂ´le-lĂ . Nous rappeler qu’il suffit parfois d’une scène, d’un moment, de quelques secondes ou de quelques minutes, pour que nous puissions revenir Ă  ce que nous aimons, Ă  ce que nous sommes, Ă  ce que nous savons faire :

 

Le vrai message de Pusher III ou L’Ange de la mort, pour moi, n’est pas que Milo aime l’hĂ©roĂŻne et la dĂ©fonce et que c’est un psychopathe et un  mafieux. Mais qu’il refuse d’être la pute ou l’esclave de qui que ce soit et qu’il fera tout son possible, comme il  se l’est promis Ă  la mort de sa femme, pour offrir Ă  sa fille tout ce qu’elle voudra. En cela, Milo est bien d’une certaine façon l’équivalent du personnage interprĂ©tĂ© par l’acteur Michael Shannon dans Take Shelter de Jeff Nichols ( 2011). Dans L’Ange de la mort comme dans Take Shelter, le hĂ©ros principal Ă©tant le double- idĂ©alisĂ©- du rĂ©alisateur. Et c’est, Ă  chaque fois, un hĂ©ros qui se retrouve seul face Ă  certaines dĂ©cisions importantes et qui finit par trancher en prenant des risques.  

 

Franck Unimon, ce mardi 28 avril 2020.

 

 

 

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Lettre-Type

 

 

Photo prise en me rendant au travail ou en en revenant, mars-avril 2020.

                  Lettre-Type

 

En rentrant des courses tout Ă  l’heure, j’ai croisĂ© un de nos voisins avec sa compagne. Celui-ci et sa compagne m’ont tĂ©moignĂ© leur reconnaissance pour ma compagne et moi. Le voisin savait que ma compagne travaillait dans le paramĂ©dical (comment a-t’il su ?) mais pas pour moi. Je n’ai pas pensĂ© Ă  lui demander dans quel mĂ©tier il me voyait. Je rĂ©flĂ©chis encore Ă  mon orientation professionnelle. 

 

Un peu plus tĂ´t, sur un rĂ©seau social, un ami-combattant que je connais dans la vraie vie, m’avait exprimĂ© sa fiertĂ© de me connaĂ®tre en cette pĂ©riode de pandĂ©mie et de confinement qui dure maintenant depuis un peu plus de cinq semaines. A cet ami comme Ă  nos voisins, j’ai dit :

 

 Â«  Je  suis moins en première ligne que nos collègues de rĂ©animation et des urgences ( j’ai oubliĂ© de citer nos collègues des Ehpad). MĂŞme, si, oui, en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie, nous prenons des risques d’attraper le virus en prenant les transports en commun. Mais aussi dans nos services. Mais je ne me sens pas du tout un hĂ©ros Â».

 

Dans les escaliers de notre immeuble, à un bon mètre de distance de moi, sa compagne derrière lui, le voisin était plus remonté que moi. Tous deux portaient un masque. Elle, en tissu, sûrement confectionné par elle-même. Lui, un masque de chantier jetable. Et, moi, un masque chirurgical jetable avec lequel j’avais quitté mon service lors de ma dernière nuit.

 

Le voisin m’a parlĂ© de ce qui est dĂ©sormais encore plus sur la place publique maintenant que l’épidĂ©mie est devenue une Ă©mission aussi nĂ©vralgique que centrale dans nos vies. Et, cela, Ă  un niveau mondial : le manque de reconnaissance depuis « trente ans Â» pour les personnels soignants. Il espĂ©rait que ça changerait après la pĂ©riode de confinement. Et que les gens sortiraient pour manifester avec les personnels soignants. Je l’ai un peu arrĂŞtĂ© pour lui dire :

 

«  A mon avis, il y aura beaucoup de contestation sociale après le confinement. Pas uniquement les personnels soignants. Jusque lĂ , les gilets jaunes Ă©taient devenus assez isolĂ©s (Gilets jaunes, samedi 14 mars 2020) . Mais, lĂ , ils ne seront plus seuls Â».

 

 

 

La pandĂ©mie va t’elle changer le monde ? Peut-ĂŞtre pas cette fois. Mais elle y contribuera un peu plus. Ne serait-ce que d’un  point de vue personnel.

 

En attendant, pandĂ©mie ou pas, fin de confinement ou pas, l’être humain reste identique concernant certains traits de caractères. Et, en rentrant chez moi, après avoir quittĂ© ces voisins reconnaissants, je n’ai pu m’empĂŞcher de penser Ă  ces collègues soignants en France et ailleurs qui ont Ă©tĂ© menacĂ©s, d’une façon ou d’une autre, par leurs voisins, afin qu’ils quittent leur immeuble ou partent travailler ailleurs car, en raison de leur profession, ils Ă©taient susceptibles de transmettre le virus.

 

La profession soignante, dans son ensemble, a donc une aura mouvante. Tant on projette sur elle, de nouveau, tant de peurs et tant de défaites monstrueuses.

A quand un gĂ©nocide des soignants en France et ailleurs ? Puisque, pour certains, nous sommes si monstrueux. 

Les soignants sont ces ĂŞtres impossibles Ă  dĂ©finir et dont les actes restent si difficiles Ă  verrouiller dans le chiffre. Et on dirait mĂŞme qu’ils le font exprès. Ils ne pourraient pas se contenter d’être des Saints et des Anges, une bonne fois pour toutes ?!

 

Hé non, les soignants ne peuvent pas être des Saints et des Anges. Même si, sans aucun doute, bien des soignants, à un moment ou à un autre de leur vie et de leur carrière, l’ont cru et le croient.

 

Alors, j’ai repensĂ© Ă  cette attestation dĂ©rogatoire de dĂ©placement que nous devons tous, dĂ©sormais, remplir chaque fois  que nous sortons de chez nous, en cette pĂ©riode de pandĂ©mie et de confinement, afin de nous justifier en cas de contrĂ´le policier quant au bien fondĂ© de la rupture, provisoire, de notre confinement. Pour aller au travail, comme mes collègues, j’ai une dĂ©rogation permanente valable un mois, qui doit ĂŞtre renouvelĂ©e, qui m’a Ă©tĂ© fournie par mon employeur via le service de la DRH.

Et, je me suis dit que, peut-être que je devrais dès maintenant, sur le même modèle, préparer une lettre type au cas où, ma compagne et moi, recevrions, un jour, une jolie lettre de menace d’une de nos voisines, ou d’un de nos voisins, compte-tenu de notre métier de soignant. Car si je crois en l’être humain pour de bon, je crois aussi en lui pour le pire. Cela est peut-être le résultat de ma déformation professionnelle ou personnelle. Peut-être aussi, parce-que je me connais un peu mieux moi-même.

 

Voici cette lettre-type que je m’imagine afficher bien en Ă©vidence en bas de mon immeuble si, une de mes voisines ou un de mes voisins dĂ©posait dans notre boite Ă  lettres une lettre- que j’imagine anonyme- nous gratifiant d’insultes ou de menaces en raison de notre profession :

 

 » Chère voisine ou cher voisin,

 

J’ai accusé bonne réception de ce courrier que tu as déposé dans notre boite à lettres. Au vu du caractère très contagieux du virus qui court et qui nous obsède tous depuis plusieurs semaines, j’espère que tu as pris les précautions nécessaires en te risquant jusqu’à notre boite à lettres. Je n’aimerais pas avoir à apprendre que tu as attrapé le virus en sortant de chez toi.

 

Tu as donc appris que ma compagne et moi sommes des soignants. Et, dans ton courrier, tu nous enjoins à dégager. Je résume ta pensée.

Nous sommes en effet soignants, ma compagne et moi. Officiellement, mĂŞme si cette appellation me fait un drĂ´le d’effet, nous ferions partie des « hĂ©ros de la Nation Â». Mais je comprends que, pour  toi, nous sommes plutĂ´t des zĂ©ros de la Nation. Et qu’il faudrait plutĂ´t nous rayer du voisinage.

 

Dans notre mĂ©tier, nous nous occupons de tout le monde :

 

Des personnes déprimées. Des fous. Des personnes dangereuses. Mais aussi des lâches.

 

Tu te reconnaĂ®tras peut-ĂŞtre un peu dans l’une de ces catĂ©gories de personnes. Et, si tu en trouves une autre, sache, que, dans notre mĂ©tier, nous nous occupons aussi de ces personnes. «  Tout le monde Â», c’est vraiment «  Tout le monde Â».

 

Alors, faisons simple et rapide. Nous sommes soignants, ma compagne et moi. Mais nous lisons aussi les journaux et nous connaissons aussi la Loi. La Loi est très claire concernant le courrier que tu nous as adressĂ© :

 

Ton courrier est interdit par la Loi. Donc, dès que je le pourrai, je me rendrai avec ton courrier au commissariat de notre ville qui, comme tu le sais, se trouve à peine à cinq minutes à pied de chez nous, et je verrai, là, si je fais une main courante ou si je porte plainte contre X. X, c’est toi. Moi, tu sais déja comment je m’appelle.

Je choisis de publier ce courrier en bas de notre immeuble bien en évidence afin que chacune et chacun sache à quoi s’en tenir nous concernant. Mais aussi par rapport à la Loi.

 

Et, je choisis aussi de publier ce courrier- au minimum- en bas de notre immeuble afin que le plus de personnes sachent quel genre de courrier tu t’es permis de nous adresser. Afin que, s’il nous arrive quoique ce soit dans les temps futurs, qu’il soit possible de te retrouver et de t’interroger quant à ton éventuelle responsabilité.

 

 

Franck Unimon.

Ps : de manière plus apaisante, et je l’espère, plus optimiste, il est possible de voir ou de revoir Panorama 18 mars-19 avril 2020

 

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Panorama 18 mars-19 avril 2020

Paris, 9 mars 2020.

 

Toutes les photos prises dans le diaporama qui suit ont Ă©tĂ© prises en me rendant au travail ou en en revenant. Exception faite bien-sĂ»r des coupures de presse qui, elles, ont Ă©tĂ© effectuĂ©es Ă  domicile. 

Franck Unimon

 

Musique : Dub Rastaquouere ( Serge Gainsbourg). 

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La sĂ©rie Warrior : L’Or du commun.

 

 

La sĂ©rie Warrior :   L’or du commun.

 

Lorsque tu apparais dans la lucarne en provenance de nulle part, l’endroit est myope et sourd.  Personne ne t’attend. Personne ne te connaĂ®t. Ta tĂŞte est un ballon. Et il y a plein d’autres ballons autour de toi qui viennent aussi de dĂ©barquer.

Question études, tu as peut-être été plus ou moins bon. Tu as sûrement des capacités que tu ignores dans un domaine ou un autre. Parfois, tu es même le seul à t’en rappeler.

Tu as aussi raté quelques cours. Quelques fois, plusieurs dans un même jour. Mais on ne va pas en faire une jaunisse. Tu as surtout manqué de concentration en classe et à la maison au moment de faire tes devoirs. Sauf pour te bagarrer. Pour ça, aucun problème de concentration. Tu faisais plutôt partie des premiers à te présenter. Et puis, le temps est passé.

 

Qu’il n’y’ait aucun malentendu, Ah Sahm : Tu as appris Ă  lire et Ă©crire. Tu sais compter. Tu sais faire d’autres choses. Tu pourrais en apprendre plein d’autres.

 

Mais tu n’as pas la bonne peau, le bon prĂ©nom, le bon accent, le bon sexe, le bon voisinage, la bonne famille, la bonne taille, le bon poids, la bonne blague. Le bon timing.  Et tu comprends vite – car tu es vif et intelligent-  qu’il y a plein de gens comme toi ;  que la vie est un marchĂ© sur lequel il faut savoir se dĂ©marquer et oĂą le temps (une bonne occasion) ne passe Ă  peu près qu’une seule fois.

 

Tu as ta fiertĂ© mais on te fait assez rapidement comprendre que ce que tu penses ou ressens ne fait pas partie de la discussion. On ne demande pas Ă  un article disponible Ă  la vente ce qu’il pense ou ressent. Et puis, tu es bien gentil mais on a dĂ©jĂ  quelqu’un pour penser et planifier. Quelqu’un de formĂ©, qui a fait ses preuves et qui aura toujours quelque chose de plus que toi :

 

 Le niveau d’études, le rang social, la nationalitĂ©, la peau, encore la peau, Ah Sahm. 

 

Quelqu’un dont le travail -et l’accent- est de prévoir l’arrivée de gens comme toi et de les gérer. De faire le tri.

 

Tout cela, tu l’as bien intégré. Lorsque nous commençons à faire ta connaissance, Ah Sahm, cela fait déjà sûrement un moment que tu as l’impression que tu es un raté, que tu as raté quelque chose et que tu as quelque chose à racheter. Pour cela, tu es prêt à prendre à peu près tous les risques. Naïvement, tu crois encore que tu peux sauver la mise.

 

Mais comme, de toute façon, on ne t’emploiera pas pour ton intelligence, ton humour ou ton allure, tu laisses les grandes idĂ©es aux autres pour accepter un emploi qui consiste Ă  se bagarrer. Ça te convient parce-que tu veux te battre. Tu es triste et en colère et, pour cela, ton corps est Ă  ta disposition. Tu pourrais le mutiler, le court-circuiter par la dĂ©fonce. Ce n’est pas ton genre. Ton genre, c’est d’atteindre d’autres corps dont les forces et l’allure ne te reviennent pas parce-que leurs murmures se ressemblent :

Chaque jour, n’importe lequel de ces corps que tu croises peut vouloir te voler quelque chose. Alors, tu les corriges comme de la mauvaise graisse.

 

La justice du pauvre, c’est celle du corps. C’est avec son corps que le pauvre dĂ©montre ce qu’il vaut et ce qu’il ne vaut pas. Tu es plutĂ´t pauvre, Ah Sahm.  Mais après avoir tournĂ© en rond et t’être beaucoup entraĂ®nĂ©, tu as dĂ©veloppĂ© des capacitĂ©s  pugilistiques particulières. Ton corps, dĂ©sormais, tranche avec ton passĂ© oĂą tu te faisais souvent dominer. Parce-que tu Ă©tais vulnĂ©rable. Pas assez malin. Trop impulsif. Il y avait toujours quelqu’un pour venir te cogner et te ridiculiser. Tu essayais de rĂ©sister mais tu ne faisais pas le poids.

 

 

Je l’écris pour toi car, toi, tu vis dans l’instant prĂ©sent. Tu dois ĂŞtre en train de fumer une cigarette ou de passer du temps avec tes potes. Mais, demain, maintenant, pour toi, ça ne change rien. La seule chose qui tangue pour toi, c’est qu’on t’a pris ton passĂ©. Pourtant, si tu avais Ă©tĂ© une femme, selon le pays et l’époque, tu aurais peut-ĂŞtre dĂ» te prostituer pour te dĂ©fendre. En argot, lorsque l’on dit d’une femme qu’elle « se dĂ©fend pour quelqu’un Â», ça veut dire «  qu’elle se prostitue pour quelqu’un Â». ça n’est pas un jugement. Je ne tiens pas particulièrement Ă  ce que tu viennes me casser la tronche. Mais pense-y :

 

Lorsque l’on se dĂ©fend pour quelqu’un, le tout est de savoir pour quoi et pour qui l’on se prostitue. Comment il nous protège. De qui.  Et de quoi. Regarde ta sĹ“ur, Mai Ling ! Il faut ĂŞtre un Fong Hai, descendant de Genghis Khan, pour oser insinuer qu’elle a moins d’importance qu’une pute et la dĂ©fier.

Regarde ton amie et alliée Ah Toy, qui tient un bordel. Personne n’oserait dire qu’elle est incapable de se protéger et de se défendre.

Regarde aussi Pénélope Blake, la femme du maire, celle dont tu deviens l’amant.

 

Par ailleurs, Ah Sahm,  Ă  notre Ă©poque, certaines femmes deviennent de redoutables combattantes pour Ă©viter d’avoir Ă  se prostituer afin de gagner leur vie et aussi pour faire vivre leur famille. On peut prĂ©fĂ©rer ĂŞtre sur un ring, en sueurs, prendre des coups plein la figure, et en donner, plutĂ´t que d’attendre avec un string sur le bitume ou dans une camionnette que n’importe qui, Ă  n’importe quelle heure, puisse venir se permettre de nous mettre des coups qu’il nous sera interdit de lui rendre au prĂ©texte que le client est roi et que notre fiertĂ© doit trainer sa croix.

 

On peut aussi avoir un métier tout ce qu’il y a plus de légal, rémunéré et honorable, et avoir l’impression d’avoir un statut de pute ou de faire un travail de pute. Où, là aussi, on se doit de trainer sa croix et de faire ce que l’on nous demande. De s’exécuter.

 

On n’a pas beaucoup le choix si l’on veut Ă©chapper Ă  une sanction disciplinaire, au chĂ´mage, Ă  la pauvretĂ©, rembourser une dette, essayer de nourrir sa famille. Parce que l’on sait aussi que si l’on refuse, il y en a beaucoup d’autres qui accepteront ce que l’on refuse. Et qu’au dessus de nous, existe un Pouvoir bureaucratique tout puissant qui s’y connaĂ®t en mĂ©thodes fantĂ´mes afin de nous faire payer notre comportement d’indiscipline ou de « rĂ©volte Â».

 

Pourtant, malgré certaines concessions ou compromissions, ça ne suffit pas toujours pour rester dans la partie. Pour être reconnu ou récompensé comme on l’aurait voulu.

 

 

La sĂ©rie Warrior est faite de ça. De l’or commun de ces gens qui ont quittĂ© leur pays ou leur rĂ©gion pour aller vivre aux Etats-Unis du cĂ´tĂ© de San Francisco Ă  la fin du 19ème siècle afin d’essayer d’éclaircir leur existence. On peut avoir trouvĂ© très crue et racoleuse ma façon d’entrer dans le sujet. Ou caricaturale. Et ce sera sĂ»rement vrai qu’il y a de la cruditĂ©, du racolage et de la caricature dans cet article. A-t’on dĂ©jĂ  vu par exemple de la prostitution, sous n’importe quelle forme que ce soit, sans racolage ?

 

 

On apercevra pourtant dans le dĂ©but de cet article une continuitĂ© avec ce que j’ai Ă©crit dans CitĂ©s NumĂ©riques.

 

Entre les Canibouts, Nanterre, d’autres endroits en France, Ă  San Francisco, ou ailleurs sur Terre,  je n’y peux pas grand chose si l’Histoire se rĂ©pète. Je peux juste essayer de la raconter autrement comme elle nous arrive, de gĂ©nĂ©rations en gĂ©nĂ©rations,  en m’appliquant Ă  faire en sorte qu’elle soit assez attrayante et aussi contemporaine que possible afin que le lecteur comprenne bien que ce qui s’est passĂ© ailleurs et hier peut aussi se passer ici et aujourd’hui. Quelle que soit la fiction. Et c’est un peu ce qui se passe avec la sĂ©rie Warrior.

 

 

Le héros, Ah Sahm (l’acteur Andrew Koji, d’origine britannico-japonaise dans la vraie vie) débarque donc aux Etats-Unis, en provenance de Chine.

 

Si « Le Â» hĂ©ros de Warrior est d’origine chinoise, c’est parce-que la sĂ©rie est inspirĂ©e des Ă©crits de Bruce Lee. Et en partie de sa vie lorsque, dĂ©barquant aux Etats-Unis, avec des rĂŞves de grandeur, il a connu le racisme en particulier. Bruce Lee, cette vedette internationale dĂ©cĂ©dĂ©e en 1973 dont le souvenir reste impliquĂ© dans bien des Ĺ“uvres cinĂ©matographiques  a en effet connu le racisme aux Etats-Unis- y compris dans le milieu du cinĂ©ma. Ce qui a pu contrarier son trajet jusqu’à la cĂ©lĂ©britĂ©. Mais depuis sa mort, on retient son charisme, parfois ses pensĂ©es et, bien-sĂ»r, principalement certaines de ses attitudes martiales ou de ses tenues vestimentaires :

Que ce soit dans Kill Bill ou dans Once upon a time in Hollywood de Tarantino, Matrix des ex-frères Wachowski. On dira que deux de ces films datent maintenant. Mais ce serait oublier que des vedettes comme Jacky Chan et Jet Li, aussi bons soient-ils (et ils sont particulièrement bons) n’ont pu le faire oublier. Et que mĂŞme après plusieurs Expendables ( avec Jet Li entre autres mais aussi avec Chuck Norris, covedette de La Fureur du dragon avec Bruce Lee) ou des films comme The Raid I  et II rĂ©alisĂ©s par Gareth Evans, dont les combats sont particulièrement rĂ©ussis, la  marque  de Bruce Lee se maintient. On la trouve chez certains hĂ©ritiers martiaux : Van Damme et Steven Seagal Ă  une Ă©poque en occident, Jason Statham peut-ĂŞtre un peu aujourd’hui.

On avait pu l’espĂ©rer en Mark Dacascos  après Crying Freeman et Le Pacte des Loups de Christopher Gans. Mark Dacascos que l’on a eu plaisir Ă  retrouver avec deux vedettes de The Raid dans le John Wick 3 : Parabellum  avec Keanu Reeves, converti depuis au Ju-Jitsu brĂ©silien et qui « faisait Â» du Bruce Lee dans….Matrix.

 

Même le réalisateur Wong Kar-Wai fait une allusion à Bruce Lee à la fin de son film Grandmaster (2013).

 

D’ailleurs, parler de Ju-Jitsu brésilien aujourd’hui, revient à un moment ou à un autre à parler de MMA ne serait-ce que du fait, en grande partie au départ, des frères Gracie.

Le MMA a pour but d’être une sorte de « compilation Â» du meilleur de chaque discipline de combat, arts martiaux inclus.

 

HĂ© bien, on peut sans doute dire que Bruce Lee a sĂ»rement contribuĂ© d’une façon ou d’une autre Ă  l’émergence et Ă  l’évolution du MMA dans sa recherche d’efficacitĂ©. Une scène, parmi d’autres, montre très bien l’exigence constante d’efficacitĂ© de Bruce Lee dans OpĂ©ration Dragon (dernier film de son vivant) :  Alors que l’on voit des disciples de Han exĂ©cuter mĂ©caniquement des katas, Bruce Lee, les regarde de loin avec un air de dĂ©dain. Plus tĂ´t, au dĂ©but du film, on l’a vu, en cours particulier, sermonner son jeune Ă©lève qui s’est mis Ă  « penser Â» au lieu de « ressentir Â», Ă  confondre « la colère Â» avec «  une parfaite tension Ă©motionnelle Â». 

 

De la mĂŞme manière que beaucoup d’apnĂ©istes de haut niveau sont  encore capables aujourd’hui de citer le film Le Grand Bleu de Luc Besson parmi certaines de leurs rĂ©fĂ©rences cinĂ©matographiques (tout en soulignant ses dĂ©fauts concernant la pratique de l’apnĂ©e), Bruce Lee reste une des rĂ©fĂ©rences pour beaucoup d’adeptes de sports de combats et d’Arts martiaux.

 

Question MMA, j’invite à voir ou revoir le film Piégée de Steven Soderbergh avec Gina Carano, ancienne championne de MMA.

 

https://youtu.be/9flxUdOWpu4

 

Cela dit, il y a bien-sûr eu et il y a bien sûr bien d’autres Maitres des Arts martiaux que ce soit en Chine ou ailleurs. Les adeptes du Kendo citeront le Japonais Miyamoto Musashi dont la vie – très romancée- est racontée par Eiji Yoshikawa dans La Pierre et le Sabre et dans sa suite, La Parfaite Lumière.

Et je ne sais mĂŞme pas, d’ailleurs, si l’on peut dire de Bruce Lee qu’il Ă©tait un Maitre absolu :

 

Un très grand artiste martial, oui. Un Professeur pour celles et ceux Ă  qui il a enseignĂ©, oui. Dont les acteurs amĂ©ricains  Steve Mac Queen et James Coburn.  Mais un Maitre ? Je ne sais pas. En Occident, oui.  

Mais en Asie ?  MĂŞme s’il a Ă©crit. Je crois que ce doute existait dĂ©jĂ  de son vivant en Asie. C’est uniquement pour cette raison que je le retranscris ici. Car je n’ai aucune compĂ©tence ou autoritĂ© personnelle pour rĂ©pondre Ă  cette question. Je me dis seulement  qu’un Maitre est synonyme de longĂ©vitĂ© et de sagesse. Or, Bruce Lee est mort Ă  33 ans et c’était aussi une vedette de cinĂ©ma. Il aspirait Ă  cette cĂ©lĂ©britĂ©. Ce qui dĂ©note un peu pour un Maitre :

Soit on fait le show à Hollywood, soit on est un Maitre qui s’attèle à une certaine discipline qui consiste en particulier à contrôler son ego. Alors qu’on dirait que Bruce Lee a balancé entre les deux. Et c’est exactement ce qui se passe pour Ah Sahm dans Warrior.

L’acteur Andrew Koji dans le rĂ´le d’Ah Sahm.

 

Ah Sahm (l’acteur Andrew Koji) est sensiblement prĂ©tentieux dès le dĂ©but de la sĂ©rie. Etre bagarreur est une chose. Etre prĂ©tentieux en est une autre. On est avec Ah Sahm lorsqu’il refuse le mĂ©pris d’un reprĂ©sentant de l’ordre amĂ©ricain raciste Ă  son arrivĂ©e aux Etats-Unis. On est plus critique Ă  son Ă©gard lorsqu’il en rajoute dans la dĂ©monstration dans ses combats, ajoutant provocation  et suffisance.

 

Même si ce trait est un peu atténué chez Ah Sahm, Bruce Lee était originaire d’un milieu social plutôt aisé en Chine. Mais cette aisance sociale a été en partie transférée au personnage d’Ah Sahm dans le fait que contrairement à la majorité des Chinois qui débarquent en Amérique, Ah Sahm, lui, comprend et parle très bien Anglais. Ce qui lui donne un avantage supplémentaire certain, en plus de son expertise en art martial, sur ses compatriotes mais aussi sur les Américains qui regardent les Chinois de haut.

 

Et puis, le très haut niveau de pratique d’art martial d’Ah Sahm est un peu insuffisant pour expliquer le fait qu’il arrive presque en terrain conquis – mĂŞme s’il lui arrive des dĂ©boires- dès le dĂ©but de Warrior. On peut ĂŞtre quelqu’un de très sur de soi mĂŞme en pays inconnu. Mais je me dis aussi que si l’on a toujours vĂ©cu Ă  l’abri ou si l’on a toujours Ă©tĂ© protĂ©gĂ© par quelqu’un depuis son enfance, que l’on peut se sentir comme Ah Sahm dès le dĂ©but de Warrior : un peu tout puissant et très chien fou. MĂŞme s’il se fait acheter par les Hop Wei comme homme de main en raison de ses très bonnes aptitudes au combat.

 

 

Voici pour la prĂ©sentation d’Ah Sahm. Il y a heureusement d’autres personnages dans Warrior qui donnent envie dont certains que j’ai dĂ©jĂ  citĂ©s :

 

Jun Père, Mai Ling, Ah Toy, Buckley, Leary , Bill, Les Fong Hai, Pénélope Clarke…..

 

 

La série a des défauts. Je l’ai d’abord trouvée moyenne. Tant pour quelques tics- ou hommages- à la Bruce Lee. Que pour le fait que, par moments, la série Warrior donne l’impression d’essayer de faire aussi bien que Gangs of New York de Scorsese.

 

Mais, heureusement, son analyse sociale et culturelle s’élargit. On passe des Irlandais, aux Chinois en passant par le gars du Sud des Etats-Unis. La série a d’évidentes ambitions féministes.

Dans le 5ème Ă©pisode, sorte de mini-western, on a mĂŞme une histoire d’amour avec une AmĂ©rindienne ( alors que les AmĂ©rindiens restent parmi les grands disparus de l’industrie cinĂ©matographique amĂ©ricaine)  et l’on voit mĂŞme un des personnages de la sĂ©rie venir Ă  « l’aide Â» de deux hommes noirs qui se sont risquĂ©s Ă  venir prendre un verre dans un bar oĂą on ne veut pas d’eux.

 

Au passage, on reçoit quelques enseignements martiaux : On apprend par exemple que pour gagner un combat, il faut avoir une cause Ă  dĂ©fendre.

 

Et puis, on voit que l’Amérique, celle des Etats-Unis, Première Puissance Mondiale actuelle, s’est construite sur le racisme, en prenant le meilleur de chaque communauté.

 

A ce racisme intérieur, Warrior essaie aussi de s’attaquer.

 

Je n’ai vu que la première saison. La deuxième saison est apparemment en cours de réalisation.

 

Pour conclure, Warrior a Ă©tĂ© crééé et produite par Jonathan Tropper,  co-crĂ©ateur et producteur, entre-autres, de la sĂ©rie Banshee.

Justin Lin, rĂ©alisateur de Fast & Furious 6,  est un des rĂ©alisateurs de la sĂ©rie.  

 

Franck Unimon, mecredi 15 avril 2020.

 

 

 

 

 

 

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J’ai le moral. Je me sens bien. Et vous ?    

 

Depuis que j’ai regardĂ© un documentaire sur le « quartier Â» des Canibouts, Ă  Nanterre,  en 1981, grâce aux archives de L’INA, j’estime m’être plus dĂ©conditionnĂ© de l’épidĂ©mie du Coronavirus.   Initialement, après avoir lu une interview de Fary, j’avais d’abord cherchĂ© Ă  regarder des prestations de l’humoriste Gaspard Proust. Puis, j’ai regardĂ© Haroun. Thomas N’Gigol. JĂ©rĂ©my Ferrari (dont j’apprĂ©cie le gros travail de recherche et certaines rĂ©flexions mais qui ne me fait pas rire). Il y a longtemps que je me dis que ce serait bien de prendre le temps de regarder le travail fourni par des humoristes. Femmes et hommes. Je regrette de ne pas prendre ce temps. Puis ces archives de l’INA sur Les Canibouts sont restĂ©es lĂ , Ă  me faire de l’œil, sur la droite de l’écran. J’ai fini par cliquer dessus.   

 

 

 

Cinquante minutes durant, j’ai regardĂ© ce documentaire. MĂŞme s’il est triste de se dire que pratiquement tous les problèmes rencontrĂ©s dans certaines banlieues et dans certaines citĂ©s aujourd’hui sont lĂ , dans ce documentaire, qui date de 1981 :   Les jeunes originaires d’AlgĂ©rie, nĂ©s en France, qui doivent choisir entre la NationalitĂ© algĂ©rienne ou la NationalitĂ© française. Et qui, s’ils ne choisissent pas, sont considĂ©rĂ©s comme « sans papiers Â» Ă  18 ans. Et, lorsqu’ils ont des papiers français sont dĂ©favorisĂ©s lors de leur recherche d’emploi : «  Quand on est Français, on ne s’appelle pas SaĂŻd Â».  

 

La Drogue. LSD, cocaĂŻne, HĂ©roĂŻne….  

 

La mauvaise cohabitation entre les jeunes, en « meutes Â», et les adultes travailleurs, retraitĂ©s ou joueurs de boules. Une mixitĂ© sociale qui existait alors encore et qui, depuis, a Ă©clatĂ© et disparu, tels des couples et des familles qui, après plusieurs annĂ©es de tentatives de vie commune, ont dĂ©cidĂ© de divorcer et de s’affronter.  

La BMW et la Golf, dĂ©jĂ , Ă©taient les voitures de rĂ©fĂ©rence. Comme aujourd’hui, encore, pour certains, dans certaines banlieues et certaines citĂ©s.  

En regardant ce documentaire, je me suis dit que les Ă©lites de l’époque, en particulier politiques, ont soit continuĂ© leur Guerre d’AlgĂ©rie, après la Guerre d’AlgĂ©rie, sur le dos de milliers de jeunes originaires d’AlgĂ©rie. Ou Ă©tĂ© proches, finalement, de certaines idĂ©es de l’ExtrĂŞme Droite, dont on devine quelques futurs Ă©lecteurs parmi ces adultes (tous d’origine europĂ©enne et blancs pour ceux que l’on voit) habitant aux Canibouts et excĂ©dĂ©s par les frasques des jeunes des Canibouts majoritairement d’origine maghrĂ©bine pour ceux que l’on voit.  

 

Plus jeune, je connaissais Les Canibouts de « rĂ©putation Â».  J’avais 13 ans en 1981 et je vivais Ă  Nanterre oĂą je suis nĂ©.  

La rĂ©putation des Canibouts Ă©tait mauvaise.  

Au collège puis au lycĂ©e, j’ai connu quelques personnes qui en « venaient Â» ou y habitaient. Toutes ces personnes n’étaient pas des « mauvais Â» Ă©lĂ©ments. Bien des jeunes qui habitaient aux Canibouts ou près des Canibouts Ă©taient de très bons Ă©lèves et se « tenaient bien Â». Mais ceux qui «dĂ©vissaient» le plus, eux, ont suffi Ă  donner une mauvaise rĂ©putation. Et je ne les connaissais pas pas. C’Ă©taient des personnages tĂ©nĂ©breux.   

En repensant au documentaire hier soir ou ce matin, je me suis aperçu que les filles en sont absentes. On aurait dit qu’il y avait uniquement des garçons adolescents aux Canibouts. OĂą Ă©taient les filles alors que l’on parle très peu de religion dans ce documentaire ? Et alors que l’on ne parlait pas, Ă  l’époque, d’intĂ©grisme religieux qu’il soit musulman ou catholique. On ne parlait pas non plus de barbu ou de femme voilĂ©e. Aucun des jeunes arabes que l’on voit  l’écran, en 1981,  dans ce documentaire, ne porte la barbe.  

 

Dans ce documentaire, je me rappelle aussi de cette mère, une des seules personnes de sexe fĂ©minin que l’on voit parmi les personnes originaires du Maghreb, qui s’exprime :   C’est la mère d’un des jeunes, SaĂŻd, je crois.

Cette mère nous apprend qu’elle travaille de 6h du matin jusqu’à 21h. 15 heures de travail quotidien.  

ça me rappelle un peu le sketch de Pierre Desproges, Rachid, je crois, oĂą il dit Ă  peu près :  

«  C’est drĂ´le, comme, pour des fainĂ©ants, les Arabes sont des gens qui se couchent tard et se lèvent tĂ´t Â».

HĂ© bien, la mère de SaĂŻd est l’illustration concrète de cela. Peu de personnes accepteraient de trimer comme elle le fait.  Pour un travail qui consiste Ă  faire des mĂ©nages.    

 

Dans le documentaire, cette mère finit par expliciter qu’elle n’a pas le courage d’aller voir deux de ses fils incarcĂ©rĂ©s Ă  Fleury-MĂ©rogis. Vaillante et lasse, elle explique qu’elle « comprend Â» que ses deux fils aient fait des bĂŞtises qui les ont envoyĂ©s en prison car ils n’ont pas de travail. Ils n’arrivent pas Ă  en trouver. Elle le dit sans colère et sans mĂŞme souligner le fait que leurs origines maghrĂ©bines ont plombĂ© leurs recherches d’emploi. On en a une dĂ©monstration lorsque SaĂŻd, filmĂ©, se dĂ©place Ă  l’ANPE ( l’ancien nom de Pole Emploi) de Nanterre-UniversitĂ© ( Au dessus de la gare de Nanterre-UniversitĂ©, anciennement appelĂ©e Nanterre-La-Folie et pas très loin de la Fac de Nanterre).  

Un peu plus tĂ´t, il est mentionnĂ© que la citĂ© des Canibouts est accolĂ©e Ă  la Maison de Nanterre (L’hĂ´pital de Nanterre) qui est « aussi un lieu d’exclus Â». Et que, peut-ĂŞtre que cette proximitĂ© avec la Maison de Nanterre, a-t’elle entraĂ®nĂ© cette citĂ© dans l’exclusion.   J’ai trouvĂ© ce rapprochement un peu facile : car de la Maison de Nanterre comme des Canibouts, il est aussi sorti du bon. Et non loin des Canibouts, aux Pâquerettes par exemple, il y avait aussi des «problèmes Â». Mais il est vrai que Les Canibouts ont sans doute concentrĂ© les problèmes.

Il n’y a pas si longtemps, j’avais cru comprendre que les Canibouts, Ă  Nanterre, avait la rĂ©putation d’être une plaque tournante de la drogue. Mais c’est sĂ»rement aussi le cas dans certains coins d’Argenteuil oĂą je vis. Et c’est sĂ»rement aussi le cas dans d’autres endroits Ă  Nanterre. Dans d’autres villes en France. En banlieue parisienne ou en province.  

 

Quoiqu’il en soit, en 1981, j’avais 13 ans. J’étais donc un peu plus jeune de 4 ou 5 ans que ces jeunes que l’on voit dans ce documentaire.  

1981, c’est l’annĂ©e de l’élection historique de François Mitterrand. Il m’a fallu des annĂ©es après sa mort (rĂ©cemment) pour comprendre et apprendre que Mitterrand a souvent Ă©tĂ© un homme politique plus prĂ©occupĂ© par sa carrière politique et le Pouvoir que par la sociĂ©tĂ© française. C’est aussi, rĂ©cemment, que j’ai dĂ©couvert son rĂ´le peu honorable d’homme d’Etat français pendant la Guerre d’AlgĂ©rie. Et je me demande ce que son Ă©lection avait pu faire Ă  certaines AlgĂ©riennes et Ă  certains AlgĂ©riens qui avaient connu la Guerre d’AlgĂ©rie (1954-1962).  

Je me rappelle encore des cris de joie de mes parents dans notre appartement de HLM, dans le salon, lors de l’élection de Mitterrand en 1981. Plusieurs des jeunes que nous voyons dans ce documentaire, pour ceux qui sont d’origine algĂ©rienne, sont sans doute des enfants de celles et ceux qui avaient connu la Guerre d’AlgĂ©rie.  

 

A cĂ´tĂ© de ça, (1981, c’est aussi l’annĂ©e de la mort de Bob Marley) en regardant ce documentaire, je me suis aussi dit que je m’en Ă©tais vĂ©ritablement plutĂ´t « bien Â» sorti compte-tenu de la citĂ© oĂą j’avais grandi Ă  Nanterre.    

 

D’une part parce qu’à l’époque, ça ne s’était pas autant dĂ©gradĂ© comme par la suite. MĂŞme si j’ai connu- de près ou de loin- quelques personnes  qui ont « mal tournĂ© Â» Ă  partir de l’adolescence, dans ma citĂ©, ça allait « mieux Â» que dans d’autres citĂ©s et dans d’autres villes de banlieue hier et aujourd’hui.  

 

Je pense Ă  la Seine Saint Denis dont sont originaires Kool Shen et Joey Starr du groupe de Rap NTM dont j’ai le mĂŞme âge Ă  un ou deux ans près. La Seine Saint Denis reste, je crois, le dĂ©partement le plus pauvre de France. Alors que le 92, oĂą j’ai grandi (dans une tour HLM de 18 Ă©tages) est encore Ă  ce jour, le plus riche de France. Mais comme on le voit dans ce documentaire sur les Canibouts, on peut vivre dans le 92 et ĂŞtre mal parti dans l’existence. On peut aussi venir du 92 ou y habiter (je n’ai pas vĂ©rifiĂ©) et ĂŞtre l’un des Rappeurs les plus populaires depuis des annĂ©es : Booba.

De toute façon, question musique, on peut venir de partout. Si ce que l’on fait plait, celles et ceux qui Ă©coutent ne nous demanderont pas nos papiers.  

 

D’autre part, je m’en suis sans doute bien sorti parce-que mes parents ont su me donner des limites. Parce-que j’ai Ă©tĂ© en mesure de les accepter.  Parce qu’ils ont Ă©tĂ© suffisamment solides mentalement dans la vie et qu’ils ont toujours eu un emploi qui leur a permis d’assurer les frais de la vie quotidienne. Mon père n’est pas alcoolique. Ma mère n’était pas dĂ©pressive. Mes parents ont continuĂ© de faire « couple Â» comme on dit, pour le pire et le meilleur. On peut s’en sortir sans ça mais c’est plus difficile.

 

J’ai aussi reçu de l’amour d’une façon ou d’une autre quand j’ai grandi. On peut aussi vivre sans amour, Romain Gary l’explique très bien, mais c’est aussi plus difficile.  

 

Je m’en suis Ă©galement Ă  peu près sorti parce que mes parents ont pu nous emmener ailleurs (colonies de vacances pour moi – c’était moins cher Ă  l’époque- moments de retrouvailles avec d’autres membres de la famille,  fĂŞtes foraines,  fĂŞtes antillaises, sĂ©jours en Guadeloupe par le biais des congĂ©s bonifiĂ©s).   

Et aussi parce-que mon père m’a permis, avec des mĂ©thodes pĂ©dagogiques personnalisĂ©es datant de la bible,  Ă  la lumière flottante de la bougie et Ă  coups de ceinture pĂ©nĂ©trante, de raccrocher le wagon de la scolaritĂ© que j’avais commencĂ© Ă  laisser filer :

Je me sentais peu concernĂ© par l’école en prime abord au CP, prĂ©fĂ©rant rĂŞver. Jouer. Et regarder la tĂ©lĂ©. Quelles drĂ´les d’idĂ©es !

Grâce Ă  mon père, je suis devenu performant Ă  l’école. Et, lorsque j’écris un nouvel article, afin de m’encourager, je dĂ©pose toujours une petite ceinture Ă  cĂ´tĂ© de moi. Et, j’allume une bougie. Quelques fois, quand ça ne marche pas comme je veux, je frappe l’écran de l’ordinateur Ă  coups de ceinture. Après ça, je me sens mieux. Je vois mieux oĂą j’en suis et je peux reprendre mon article.

Vous n’avez aucune idĂ©e du nombre de coups de ceinture que mon Ă©cran d’ordinateur a pu recevoir juste pour cet article.   

Puis, j’ai dĂ©couvert le plaisir de la lecture et l’existence de la bibliothèque municipale, endroit magique, par le biais d’un de nos instituteurs de l’école primaire (publique).  

 

Dans ce documentaire sur les Canibouts, j’ai aimĂ© entendre – sans doute pour la première fois- Yves Saudmont, l’ancien maire communiste de Nanterre, qui avait longtemps eu pour moi l’image du maire inamovible jusqu’à ce que sa supplĂ©ante, Jacqueline Fraysse-Casalis, ne prenne sa succession. Jusqu’aux annĂ©es 2000 et la la tuerie qui avait eu lieu lors d’un conseil municipal prĂ©sidĂ© par Jacqueline Fraysse-Casalis.

J’avais entendu parler de la tuerie par les mĂ©dia ainsi que par un collègue qui avait aussi grandi Ă  Nanterre.   

La mairie de Nanterre, oĂą a eu lieu la tuerie, est proche de la bibliothèque de Nanterre. Un parvis les sĂ©pare. Mes parents s’y sont mariĂ©s en 1985. En 1985, après avoir Ă©tĂ© au collège Evariste Galois, après avoir Ă©tĂ© Ă  l’Ă©cole primaire Robespierre, j’Ă©tais au LycĂ©e Joliot-Curie.

Une rue sépare le Lycée Joliot-Curie de la mairie comme de la bibliothèque. Environ cinq cents mètres.

La bibliothèque est en hauteur. A mon Ă©poque, la bibliothèque « surmontait » un supermarchĂ© Casino. Casino oĂą j’ai rarement fait des achats ( biscuits ou autres friandises) : les prix de ce Casino m’ont toujours marquĂ© par leur « hauteur ». Plus Ă©levĂ©s que le supermarchĂ© Sodim, puis le FĂ©lix Potin, de ma citĂ©. Plus Ă©levĂ©s que le Suma près du collège Evariste Galois. Ce qui ne m’a pas empĂŞchĂ© de voler dans leurs rayons. Et de finir par me faire attraper- pour un vol de crĂŞpes bretonnes ( 5,25 francs les 10)-  par le « vigile » de Suma. Un homme d’origine asiatique.

 

Lorsque j’arrivais Ă  la bibliothèque, toujours Ă  pied, j’Ă©tais auparavant passĂ© « devant » le théâtre des Amandiers. Théâtre oĂą je suis, Ă  ce jour, allĂ© une seule fois dans ma vie. C’Ă©tait avec notre prof de Français de 3ème, Mme Askolovitch/ Epstein, afin d’aller y voir Combats de Nègres et de chiens. Pièce de théâtre qui m’avait moins plu- que j’avais moins bien comprise- que le film E.T de Spielberg que nous Ă©tions aussi allĂ©s voir avec elle au cinĂ©ma de la DĂ©fense de l’Ă©poque. 

Après ĂŞtre passĂ© « devant » le théâtre des Amandiers, je passais devant la piscine de Nanterre oĂą j’Ă©tais allĂ© Ă  la piscine avec l’Ă©cole et oĂą mon père m’a appris Ă  nager la brasse Ă  sa façon avant de m’inscrire Ă  des cours de natation auxquels je n’ai pas toujours Ă©tĂ© assidu.

Puis, suivait le stade de Foot avec sa piste d’athlĂ©tisme que j’ai connue en cendrĂ©e, avant celle en tartan du stade Jean Guimier construite plusieurs annĂ©es plus tard, en bordure du parc de Nanterre.

Mes années Carl Lewis. Mes années Miles Davis, Jazz, Dub et Reggae.

Mes annĂ©es « Conscience Noire » avec des modèles noirs principaux amĂ©ricains mĂŞme si je connais AimĂ© CĂ©saire et la NĂ©gritude de nom. Le Zouk de Kassav’, et, avant lui, d’autres tubes de groupes antillais- dont des groupes haĂŻtiens, me parle aussi. J’ai aimĂ© The Message de Grand Master Flash quelques annĂ©es plus tĂ´t. Mais j’ai aussi aimĂ© Gaby, oh, Gaby de Bashung. Comme j’ai aimĂ© Ă©couter Love on the beat  de Gainsbourg, Everything wants to rule the world  de Tears For Fear, le Tainted Love de Soft Cell ou des tubes de Depeche Mode.

Par contre, je n’aime pas le Hard Rock. Je n’Ă©coute pas la musique classique. Et je rejette la variĂ©tĂ© française que je vois comme de la crĂ©celle. Je suis admiratif devant le Break Dance et tout ce qui concerne la danse Hip-Hop. Bien-sĂ»r, James Brown et d’autres artistes noirs amĂ©ricains tirant dans le Funk et la Soul font partie de mes modèles. Dont MichaĂ«l Jackson. 

Mais je ne comprends rien Ă  cet engouement ainsi qu’Ă  tout ce tapage autour du groupe U2 avec l’album War

 

A l’extĂ©rieur de ce cirque aussi mental que musical, il est un autre endroit Ă  cette Ă©poque oĂą je fais beaucoup de cercles :

Je connais le parc de Nanterre beaucoup plus pour y avoir fait des footing et des entraĂ®nements d’athlĂ©tisme que pour m’y ĂŞtre promenĂ©. Avec mon club d’athlĂ©tisme, l’Entente Sportive de Nanterre, ou ESN, qui reste un des meilleurs exutoires de mon adolescence.

Le théâtre des Amandiers a le parc de Nanterre derrière lui. Le théâtre des Amandiers est Ă  quelques centaines de mètres de l’arrĂŞt de bus 304 qui permettait (qui permet?) en prenant la direction de Colombes, d’aller Ă  la PrĂ©fecture, accessible Ă  pied, Ă  la gare de Nanterre-UniversitĂ©, mais aussi de se rendre Ă  la Maison de Nanterre ( l’hĂ´pital de Nanterre) proche des Canibouts.

Si l’on prenait ( si l’on prend ?) le bus 304 dans la direction de la place de la Boule, on arrive rapidement devant le LycĂ©e Joliot-Curie, la bibliothèque et la mairie de Nanterre. 

 Lorsque je me rapprochais, enfant, puis collĂ©gien et lycĂ©en, de l’entrĂ©e de la bibliothèque de Nanterre, on pouvait voir la mairie de Nanterre en contrebas, sur la droite.

 

  Je connaissais « le tueur » de la mairie de Nanterre.  Je l’avais connu au lycĂ©e Joliot-Curie de Nanterre. Je me souviens bien de lui ( Au LycĂ©e). J’avais alors Ă  peu près l’âge qu’ont ces jeunes des Canibouts dans le documentaire. L’une des seules personnes rencontrĂ©es dans ma jeunesse Ă  Nanterre qui a pu faire parler de lui, mĂ©diatiquement, est un tueur. Une personne qui, après son acte, s’est suicidĂ©e en se jetant par la fenĂŞtre du commissariat.   

 

Dans le documentaire sur les Canibouts, en 1981, en Ă©coutant Yves Saudmont  j’ai pu m’apercevoir- et m’étonner- de son Ă©rudition et de sa grande aisance pour s’exprimer. Aisance supĂ©rieure pour ce que j’en ai vue Ă  celle du Maire actuel d’Argenteuil, Georges Mothron.  

Mais, pour rĂ©sumer, il suffit de regarder ce documentaire pour Ă  la fois penser au film Le ThĂ© au harem d’Archimède de Mehdi Charef. Pour penser Ă  certaines Ă©meutes dans « les Â» banlieues. Pour comprendre que l’avènement du Rap comme prise de parole d’une certaines jeunesse et d’une certaine catĂ©gorie de la population française (au dĂ©part plutĂ´t dĂ©favorisĂ©e socialement, Ă©conomiquement voire racialement) allait couler de source. Mais aussi que le FN, devenu RN, allait connaĂ®tre une ascension constante. Ainsi que l’intĂ©grisme religieux. Mais aussi le terrorisme. Comme certaines mouvances fascistes et nĂ©o-fascistes. Et certains groupes d’autodĂ©fense. Et, Ă©videmment, tant de mouvements de contestation sociale.  

 

Voir dans ce documentaire que le quartier de la DĂ©fense Ă©tait devenu une sorte de « paradis Â» pour les jeunes des Canibouts (mais aussi pour bien d’autres jeunes, dont j’ai fait partie) avec la crĂ©ation du centre commercial Les Quatre Temps est tout un symbole :  

Le quartier de la DĂ©fense est un quartier d’affaires.  

 

Pendant que nous Ă©tions des milliers de jeunes Ă  venir baver sur des vitrines et sur une richesse matĂ©rielle qui nous semblait le but principal Ă  atteindre dans une vie au point d’être toujours volontaires pour dĂ©penser un argent qui nous manquait tout le temps, quitte Ă  chouraver dans les rayons, apprenant en cela notre future activitĂ© d’addicts et de consommateurs, d’autres, que nous ne voyions pratiquement jamais ou alors sur un Ă©cran ou dans un journal, faisaient de vĂ©ritables affaires et voyaient beaucoup plus loin que nous dans l’espace et dans le temps.  A dĂ©faut de croire en nos capacitĂ©s d’aller sur la lune un jour, nous voulions bien nous contenter de nous rendre dans un centre commercial. Ça compensait.  

 

La Défense, aperçue, au fond, avec la Grande Arche, depuis le parc de Nanterre.

Quarante ans plus tard, en 2020,  notre monde a Ă©voluĂ© : En plus des boutiques physiques,  Internet et nos vies numĂ©riques se sont dĂ©veloppĂ©es entre-temps et nous nous y sommes acculturĂ©s. Nous sommes contents de pouvoir baver en illimitĂ©, si nous le voulons, Ă  n’importe quelle heure, sur quelque chose Ă  mater, Ă  chouraver, Ă  consommer ou Ă  acheter. On peut mĂŞme l’écrire, le filmer ou le photographier et le mettre en ligne. Aux lignes de coke que l’on sniffe s’ajoutent dĂ©sormais nos vies que nous mettons nous-mĂŞmes en ligne et que d’autres peuvent sniffer, identifier ou dĂ©tester.   

 

Aujourd’hui, nos citĂ©s sont aussi devenues numĂ©riques. Et nous avons parfois beaucoup de mal Ă  en sortir. Peut-ĂŞtre rĂ©apprenons-nous en permanence Ă  vider notre mĂ©moire et Ă  devenir amnĂ©siques. Le pied !    

Franck Unimon, vendredi 10 avril 2020. ( Photos prises en Mars 2019).  

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Addictions en temps de pandémie

Confinés 1.

 

 

Addictions en temps de pandémie.

 

Sans doute faut-il être un petit peu formé aux thérapies familiales, avoir vu certains films tels Canine (réalisé en 2009 par Yorgos Lanthimos), lu certains ouvrages et articles sur le sujet.

 

Ou plus simplement :

 

Sans doute faut-il avoir Ă©tĂ© tĂ©moin- ou acteur- de certains Ă©vĂ©nements pour savoir qu’il existe rĂ©gulièrement une rupture entre la plus ou moins belle image qu’incarne une famille,  un couple ou un groupe et ce qui se passe Ă  l’intĂ©rieur de cette famille, de ce couple ou de ce groupe derrière le grillage des agrĂ©ables assurances et des sourires.

 

On peut multiplier les exemples de films sur ce sujet. On peut mĂŞme citer OpĂ©ration Dragon de Robert Clouse avec Bruce Lee. Mais aussi The Naked Kiss de Samuel Fuller, Get Out de Jordan Peele, L’Impasse de Brian de Palma,  John Wick ou Le Chant du Loup  d’Antonin Baudry ou Alien…. Tous ces films et bien d’autres parlent du confinement imposĂ© au hĂ©ros sous forme d’un destin le plus souvent imposĂ© ou, quelques fois, choisi (Bruce Lee dans OpĂ©ration Dragon par exemple, les hĂ©ros du film Le Chant du Loup) que le hĂ©ros essaie de surmonter et qui le rĂ©vèle Ă  lui-mĂŞme dans ses Ă©checs et fracas (le plus frĂ©quemment) comme dans ses succès (plutĂ´t rares) souvent obtenus au forceps.

 

On ne compte plus les hĂ©roĂŻnes et les hĂ©ros administrĂ©s par l’alcool ou une autre substance psychoactive que ce soit au cinĂ©ma ou dans les polars et romans et qui, pourtant, font sortir les «pourris Â» du circuit. On s’identifie Ă  quelques unes et Ă  quelques uns de ces hĂ©roĂŻnes et de ces hĂ©ros ainsi qu’à leurs adversaires qui sont souvent leur propre reflet. Ne serait-ce qu’en acceptant rĂ©gulièrement d’aller se confiner dans une salle de cinĂ©ma (oui, ce temps reviendra) pour aller voir et vivre avec une certaine ambivalence toutes ces histoires sur grand Ă©cran. Et/ou en se livrant soi-mĂŞme rĂ©gulièrement ou de temps en temps Ă  certaines de ces conduites addictives :

 

« Or, qu’il s’agisse de consommation de produits psychoactifs, de jeux vidĂ©o ou de dĂ©pendance au travail, l’addiction n’a pas attendu le SARS CoV-2 pour affecter les salariĂ©s. L’étude Impact des pratiques addictives au travail, menĂ©e en septembre 2019 par GAE Conseil, indiquait que 44% des salariĂ©s jugent les pratiques addictives frĂ©quentes dans leur milieu professionnel.

« Les expĂ©riences de la NASA ont dĂ©montrĂ© que le stress provoquĂ© par le confinement pouvait conduire les personnes les mieux prĂ©parĂ©es Ă  prendre de mauvaises dĂ©cisions, rappelle Eric Goata, administrateur de la FĂ©dĂ©ration des intervenants en risques psychosociaux (Firps) Â».  C’est extrait de la chronique d’Anne Rodier dans le journal Le Monde du jeudi 26 mars 2020, partie Management, page 19. Titre de la chronique :

Le manageur face à la pandémie de Covid-19.

La chronique d’Anne Rodier se termine en rĂ©pondant Ă  la question suivante :

 Mais comment un manageur peut-il reconnaĂ®tre les salariĂ©s Ă  risque Ă  distance ?

Eric Goata rĂ©pond : « En repĂ©rant les alertes, une agitation verbale, un silence inhabituel, un comportement automatique de gestes routiniers sans utilitĂ© pour l’organisation sont autant de signaux faibles Ă  prendre en considĂ©ration Â».

 

Dans le film Planète Hurlante ( réalisé en 1995 par Christian Duguay) vu en dvd il y a plusieurs années, je me rappelle encore de cette scène où, sur une planète éloignée de la Terre, revenant d’une mission, un homme interpelle son collègue resté à la base.

Mais si le collègue lui rĂ©pond d’abord « normalement Â», ensuite, il ne cesse de rĂ©pĂ©ter la mĂŞme phrase.  Jusqu’à ce que la porte de la base ne s’ouvre et qu’un cortège de robots hurleurs (plus effrayants que les robots chasseurs de Karaba la sorcière dans Kirikou) ne vienne Ă  sa rencontre.

 

Bien-sĂ»r, une personne « Ă  risque Â» du fait du tĂ©lĂ©travail et qui se rapprocherait du burn-out en pĂ©riode de confinement est Ă  diffĂ©rencier d’un des robots hurleurs de Planète Hurlante oĂą l’on devient assez rapidement l’un des meilleurs « amis Â» de la paranoĂŻa. Car nous sommes dans l’univers de Philippe K.Dick. Mais aussi dans le nĂ´tre :

 En cette pĂ©riode d’épidĂ©mie, une accalmie mentale peut ĂŞtre recherchĂ©e sous la forme d’un calumet un peu spĂ©cial. Ce peut ĂŞtre la nourriture. Cela peut ĂŞtre le sexe. Cela peut ĂŞtre des images. Mais cela peut aussi ĂŞtre ces substances psychoactives qui peuvent dĂ©boucher sur des addictions ou les entretenir.

 

« + 15% de ventes sur le rayon cave d’Auchan Â» ; «  On est passĂ©s de six rĂ©unions en visioconfĂ©rence par semaine Ă  une trentaine, qui s’étalent de 8 heures du matin Ă  23 heures du soir, nous confirme Laurent, membre des Alcooliques anonymes Â» ( Page 13, dans la rubrique SociĂ©tĂ©/ Crise du Coronavirus du journal Le Parisien du jeudi 26 mars 2020. Titre de l’article : L’alcool, pour oublier).

Toujours dans cet article de Le Parisien, ce passage :

 

« En rĂ©alitĂ©, c’est la peur, l’anxiĂ©tĂ©, le fait de ne pas voir de fin Ă  ce confinement qui augmente le stress et peut donc crĂ©er un besoin d’alcool et une surconsommation. Dans ce contexte, les personnes seules sont encore plus Ă  risques, analyse la psychologue spĂ©cialisĂ©e. D’ailleurs, pour les personnes addictives, il y a un fort risque de majoration de la consommation Â».

Confinés 2.

 

Plus loin, page 15, toujours dans le mĂŞme numĂ©ro de Le Parisien, ces propos du GĂ©nĂ©ral Jean-Philippe Lecouffe, gendarme, dans cet article intitulĂ© :

« La gendarmerie est en alerte sur les trafics de chloroquine Â» .

 

Celui-ci alerte Ă  propos de la cybercriminalitĂ© :

 

« Oui, il faut appeler les internautes Ă  ĂŞtre encore plus prudents que d’habitude. (….)

Beaucoup de personnes travaillent sur des ordinateurs, parfois personnels, en tĂ©lĂ©travail, sans disposer des moyens de protection d’un service informatique d’entreprise. Nous observons des attaques par rançongiciels ou des hameçonnages avec vol de donnĂ©es. Par exemple, des envois d’e-mails livrant un point de situation dĂ©taillĂ© sur le Covid-19, ou Ă©voquant la chloroquine, avec une pièce jointe. Dès que celle-ci est ouverte, l’internaute se retrouve avec non pas le coronavirus….mais un logiciel espion. Nous surveillons aussi tout ce qui est manipulation de l’information sur les rĂ©seaux pour dĂ©tecter les « fake new Â» sur le Covid-19 Â».

 

Concernant les trafics de drogue, voici la rĂ©ponse, toujours, du gĂ©nĂ©ral Jean-Philippe Lecouffe, toujours dans Le Parisien de ce jeudi 26 mars 2020, page 15 :

 

« Ce qu’on pressent, compte-tenu du confinement, c’est qu’une partie de la vente de la drogue se reporte sur le Darknet. Les consommateurs ne vont plus se dĂ©placer, ils vont essayer de passer par des systèmes de livraison avec des dealers qui bĂ©nĂ©ficient d’autorisation de circulation. Il y aura une probable « ubĂ©risation Â» du business Â».

 

A propos des violences conjugales, le mĂŞme Jean-Philippe Lecouffe rĂ©pond :

 

« Les violences faites aux femmes restent une prioritĂ©. Je veux ĂŞtre clair : mĂŞme en pĂ©riode de confinement, nos unitĂ©s continuent Ă  intervenir quand elles reçoivent des appels d’urgence. (….) Je rappelle que la gendarmerie possède une brigade numĂ©rique que l’on peut contacter 24 heures sur 24 sur Internet Â».

 

Rencontrer ce patient dont je parle dans mon article Faire des images m’a sĂ»rement inspirĂ© ce sujet et rappelĂ© le sĂ©minaire sur les addictions oĂą j’étais allĂ© en janvier et dont je compte rendre compte ensuite.

 

Franck Unimon, mercredi 8 avril 2020.