Caroline Vigneaux, humoriste
« Pour dĂ©fendre une cause, lâavocat met sa robe, la femme lâenlĂšve ».
En Guadeloupe, jâĂ©tais Ă peine adulte lorsque jâavais lu cette phrase chez quelquâun. Jâai oubliĂ© chez qui. Mon pĂšre nous faisait rencontrer tellement de monde. Et nous existions si peu. CâĂ©tait lui qui parlait et qui nous menait lĂ oĂč bon lui semblait. CâĂ©tait son territoire.
Jâai retenu la phrase. Notre mĂ©moire est notre territoire. Et câest Ă nous de le dĂ©fendre, avec ou sans robe.
Pour parler de lâhumoriste Caroline Vigneaux, il Ă©tait facile pour moi de me rappeler de cette phrase.
Je nâai jamais vu Caroline Vigneaux sur scĂšne. Jâai Ă peine vu un ou deux de ses sketches. Mais je sais quâelle a Ă©tĂ© avocate. En Ă©crivant cet article, je me rappelle, quâenfant, jâavais pu tenir Ă dĂ©fendre quelquâun dâautre. Et, quâest-ce quâun soignant, si ce nâest quelquâun, qui, dâune façon ou dâune autre, Ă un moment ou Ă un autre, essaie, aussi, de dĂ©fendre quelquâun dâautre quâelle-mĂȘme ou que lui mĂȘme ? Ou peut-ĂȘtre, aussi, de dĂ©fendre une mĂ©moire.
« Pour dĂ©fendre une cause, lâavocat met sa robe, la femme lâenlĂšve ». La phrase est assez misogyne. Et pas toujours vĂ©rifiable. Mais je la garde quand mĂȘme.
Alors, jâai Ă©coutĂ© ce podcast, tout Ă lâheure :
Caroline Vigneaux : dâavocate Ă la scĂšne de lâOlympia, dans lâĂ©mission Hors-piste, sur France Inter, oĂč ce 24 avril 2022, Caroline Vigneaux est interviewĂ©e par Thomas Sotto.
Les humoristes, dâune façon gĂ©nĂ©rale, me font lâeffet de personnes qui, souvent, en font -et soulĂšvent- des tonnes pour faire rire. Câest un travail ardu. Autant faire rire me plait, autant devoir constamment faire rire, devoir ĂȘtre souvent drĂŽle, est pour moi lâĂ©quivalent dâun supplice. Sans oublier le fait de passer pour le petit rigolo de service.
Provoquer le rire, dĂ©pendre du rire des autres, quel risque ! Mais quelles aventures personnelles ! Jâadmire chez les humoristes au moins cette capacitĂ© imaginative que lâon perd Ă mesure que l’on se « range » afin d’Ă©viter d’ĂȘtre jugĂ©.
Dans ce podcast, Caroline Vigneaux parle de son premier bide sur scĂšne devantâŠ.4000 personnes. Et dâune de ses premiĂšres tĂ©lĂ©s oĂč une personnalitĂ© mĂ©diatique lâa sĂ©chĂ©e en lui affirmant : « Vous ĂȘtes trop belle pour faire rire ! ». Des trois semaines, ensuite, durant lesquelles elle est restĂ©e chez elle « en position fĆtale ».
Jâaurais aimĂ© avoir lâindulgence de ce producteur qui, ensuite, lâa prise dans ses bras pour mieux lâinciter Ă remonter sur scĂšne.
Dans ce podcast, Caroline Vigneaux parle aussi de sa dĂ©cision de quitter son emploi, trĂšs bien payĂ©, dâavocate pour lâinconnu de la carriĂšre dâhumoriste. Son interview peut ĂȘtre prise comme une incitation au dĂ©veloppement personnel.
Je me suis dit que ce serait bien, en passant, dâĂ©crire un article-mĂȘme court- sur Caroline Vigneaux. En attendant dâaller la voir, elle et dâautres sur scĂšne. Un jour.
En plus, pour Ă©crire cet article, jâai Ă©coutĂ© de la trĂšs bonne musique :
Le titre Hotter Than Hot de High Tone et Zenzile feat Rod Taylor.
Franck Unimon, jeudi 28 avril 2022.