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New-York 2011- 2ème partie

 

New-York. Lundi 10/10/11 7h05

( cet article est la suite de New-York 2011 que j’avais publiĂ© le 12 mars 2020. Ce 24 septembre 2021, je me suis senti inspirĂ© pour poursuivre. J’ai peut-ĂŞtre estimĂ© que j’avais suffisamment pris le temps de la rĂ©flexion).

Hi Guys !

 

Hier, dimanche 9 octobre, après la tenue de ce journal, nous sommes allĂ©s prendre un petit-dĂ©jeuner près de l’hĂ´tel. Mais avant de parler d’hier :

 

Tout à l’heure, en me levant, je me suis dit que si je devais vivre ou si je venais à vivre à New-York, j’habiterais Harlem. Ou Brooklyn.

 

Harlem pour ses loyers que je devine Ă  peu près abordables : citĂ© HLM ou Ă©quivalent. Pour ses anciennes zones pavillonnaires. Pour le calme que nous y avons trouvĂ© hier ; la taille de ses habitations sensiblement moins haute que lĂ  oĂą se trouve notre hĂ´tel ; pour sa population : des Noirs (AmĂ©ricains ou Africains) des Hispanophones. Il semble qu’il y’ait une sorte d’entente tacite, au dĂ©part, entre personnes de mĂŞme couleur ici.

 

Brooklyn : parce-que peut-ĂŞtre que le cĂ´tĂ© populaire d’Harlem me rebuterait. Peut-ĂŞtre qu’Harlem n’est pas si calme que ça. Parce-que Brooklyn me semble plus proche de la vie qu’Harlem. De la vie culturelle, Ă©conomique. Mais Brooklyn est sĂ»rement très chère.

 

Si je reviens un jour Ă  New-York, j’essaierai d’habiter Ă  Brooklyn si, Ă©conomiquement, c’est plus avantageux qu’à l’Intercontinental Barclay. Mais, par ailleurs, notre hĂ´tel est vraiment bien situĂ© gĂ©ographiquement :

A quelques minutes de Grand Central. A environ 30 minutes à pied de Broadway et de Times Square….

Par contre, pour le prix des commerces, il faut ĂŞtre affutĂ©. Apercevoir une chocolaterie Godiva Ă  quelques minutes de notre hĂ´tel, dans Lexington Avenue, le soir de notre arrivĂ©e, aurait dĂ» m’en informer ; la veille de notre dĂ©part pour New-York, nous sommes allĂ©s faire du change, rue Rouget de Lisle, dans le premier arrondissement, près des Tuileries, au mĂ©tro Concorde. Soit la nĂ©gation d’un quartier populaire. C’est dans la rue du Faubourg St-HonorĂ© que nous Ă©tions tombĂ©s sur Godiva en cherchant un distributeur de billets. Godiva est une chocolaterie chic dans un quartier oĂą je me promène peu. Ce n’est pas mes origines. Les cinĂ©mas les plus proches sont sur les Champs ElysĂ©es. Ou Ă  OpĂ©ra. Ce ne sont pas les cinĂ©mas que je frĂ©quente le plus. Exceptions faites des projections de films rĂ©servĂ©es Ă  la presse cinĂ©ma dont plusieurs salles se trouvent sur les Champs ou aux abords des Champs ElysĂ©es.

 

Si je venais vivre Ă  New-York, qu’y ferais-je ? Certainement pas infirmier ou dans le milieu de la santĂ© !

Pour beaucoup, les Etats-Unis symbolisent la possibilitĂ© d’une nouvelle chance, d’une autre vie. Alors, quoi faire dans cette ville oĂą, manifestement, il convient d’être bavard, actif, toujours souriant et expressif : «  Hi guys ! Â» nous ont dĂ©jĂ  rĂ©pĂ©tĂ© plusieurs fois des employĂ©es Ă  notre entrĂ©e dans certains magasins. Le mot « Guy Â» m’intrigue. Ma compagne est une fille. Malheureusement, je n’irai pas interroger ces employĂ©es Ă  ce propos.

 

Parler ici n’est pas vraiment mon ressort. Autant lire et Ă©couter en Anglais, oui. Parler, pas vraiment. Du moins, pas pour l’instant. Je parle Anglais car Ma compagne le fait très peu. Je suis aussi son escorte linguistique. Et pour des raisons pratiques : trouver notre chemin.

Mais, autrement, je crois avoir quitté cette excitation juvénile, niaise et immature qui, il y’a vingt ans, en Ecosse, me rendait plus bavard, plus expressif et plus souriant.

Aujourd’hui, je ne parlerais pas de dĂ©prime (beaucoup, en outre, m’envieraient cette dĂ©prime) mais d’un certain scepticisme vis-Ă -vis d’un certain cirque social.  Hier, je me suis surpris Ă  regretter, un peu, la discrĂ©tion voire la retenue japonaise. OU asiatique. Mais je ne sais sans doute pas de quoi je parle et ma compagne me dirait sans doute que je suis trop exigeant avec moi-mĂŞme.

 

 

Je me sens tenu d’écrire tout de suite que cela me va d’être l’escorte linguistique de ma compagne, ici : il y’a plus dĂ©sobligeant et elle est de bonne compagnie. Pas de chichis oĂą de scènes Ă  2 balles.  De la simplicitĂ©, de la gentillesse et de l’efficacitĂ©.

 

Agacé

 

Je suis assez agacé par le fait que notre séjour consiste pour beaucoup à aller découvrir ces endroits de New-York dont nous avons beaucoup ( au point de ne plus nous en rendre compte) entendu parler ou que nous avons beaucoup vus au cinéma ou à la télé. C’est à cela que je me rends compte que New-York est bien la ville, une ville, qui fait partie de la Première Puissance mondiale. Or, lorsque je regarde bon nombre de ses habitants, je vois des êtres faits comme tout le monde avec les mêmes erreurs, travers ou tics qu’ailleurs.

 

Je suis assez agacé par ce circuit touristique mais c’est sans doute un préliminaire nécessaire. Il aide à comprendre une partie de l’histoire de cette ville, de ces gens. Et puis, cela me fait voir autre chose, ou presque, de ce que je connais et vois d’habitude.

Presque : car les mĂŞmes besoins sont ici prĂ©sents comme ailleurs.

 

Chester Himes

 

 

Hier matin, notre petit-dĂ©jeuner a Ă©tĂ© une rĂ©ussite Ă©conomique. 23 dollars et quelques    (parce-que nous avons pris pour environ 10 dollars de fruits, c’est cher : pastèque, melons, mangue).

La veille, nous avions payé un peu plus de 40 dollars.

Je n’ai pas retenu le nom de l’endroit de notre petit-déjeuner d’hier matin, très proche de notre hôtel. A l’angle en descendant. Il s’agit visiblement d’un commerce.

« We never close Â» m’avait rĂ©pondu malicieusement la dame de la caisse, d’origine chinoise. Pourtant, le soir de notre arrivĂ©e, les lumières Ă©taient plutĂ´t Ă©teintes et un homme faisait le mĂ©nage.

Derrière les fourneaux, des Mexicains ou des Sud-Américains. A la caisse, des femmes chinoises. Au milieu, des produits alimentaires. Il est possible, ici, de manger tous ses repas. Et, il semble que cela soit très fréquenté.

 

Après ça, le bus jusqu’à Harlem. Nous le prenons dans la 3ème Avenue, non loin du magasin Capacci Group où j’ai acheté mes cadenas qui, maintenant, m’obéissent. Le magasin est ouvert ce dimanche comme la plupart des commerces.

Je demande au chauffeur, un Noir d’une cinquantaine d’annĂ©es, barbe grise et sel de 2-3 jours, oĂą s’arrĂŞter pour Harlem :

« It depends on where you’re going Â» me rĂ©pond-t’il. Mince !

« Up to Central Park Â» je rĂ©ponds. Il me dit qu’il m’arrĂŞtera Ă  une station. Je le remercie.

La climatisation me heurte. Je ferme mon blouson. La 3ème Avenue défile plus de trente minutes durant. Le chauffeur annonce la plupart des arrêts par noms de rue. Il est l’autorité du bus.

Une seule femme (d’une bonne cinquantaine d’années) raconte sa vie grâce à son téléphone portable.

Nous apercevons beaucoup de commerces dont une Bakery qui donne envie avec ses pâtisseries maison. J’aperçois aussi une maison à Bagels. Je n’en n’ai toujours pas mangé. Les quartiers sont assez chics ou bobos. Puis, vient Harlem. Et, c’est moins beau. D’abord, une bonne partie des passagers avec nous au départ a disparu. La femme blanche au téléphone portable n’est plus là.

Un Noir massif d’une cinquantaine d’années, assez grand, aux pieds larges chaussant à peu près du 48, et sentant l’urine, monte avec une poussette. C’est laborieux. Derrière lui, une jeune femme noire, grosse, la vingtaine, avec un joli visage, mesurant 1m60 ou moins, porte un enfant qui doit avoir un an au maximum.

L’homme et la femme s’assoient côte à côte. Debout, à l’arrêt de bus, un homme d’environ 1m70, la cinquantaine, la peau noisette, maigre, est vêtu d’un costume beige. Ses yeux sont assez exorbités. Il porte une bosse sur la partie gauche de son front. Une bosse qui semble faire partie de son anatomie. Il regarde derrière le bus semblant en attendre un autre. C’est un personnage d’un livre de Chester Himes.

 

Le bus repart. Un peu plus tôt était montée une jeune femme noire, en tenue de travail. Une combinaison bleue (tunique et pantalon). Elle venait sûrement de l’hôpital devant lequel nous nous étions arrêtés.

 

Le couple Ă  l’enfant discutait tranquillement, se souriant. La poussette, elle, n’arrĂŞtant pas de se dĂ©placer : les freins ne marchaient pas ou ne marchaient plus. Plusieurs fois, celle-ci s’est dĂ©placĂ©e sans que l’homme s’en aperçoive. J’ai ainsi pu la remettre une ou deux fois sans qu’il le voie. La première fois, il s’était excusĂ©. Finalement, l’homme a posĂ© son gros pied pour coincer la poussette.

 

 

A un arrĂŞt est montĂ© un mastodonte noir (Ă  la Schwarzenegger  quand il Ă©tait jeune). Il tenait dans la main un sorbet qu’il lapait avec plaisir.

 

 

Nous sommes descendus peu après. Le Harlem que j’ai vu m’a évoqué la Porte de Clignancourt, ses commerces bon marché, St Ouen, avec un playground. Mais une Porte de Clignancourt en plus large bien-sûr et où l’on parle Espagnol.

En marchant vers le nord de Central Park, nous croisons quelques Africaines et Africains francophones.

 

Le nord de Central Park

 

 

Cela surprend de tomber sur le nord de Central Park en émergeant d’Harlem et de ses logements calmes mais plutôt moches. De plus, il fait beau. Comme hier.

 

 

A Central Park, l’atmosphère est très dĂ©tendue. Quelques personnes sur des bancs. Lecture, dĂ©tente, coiffure. Mais la plupart se promènent. Quelques noirs mais surtout des blancs. Ou des touristes comme nous. Enfin, c’est ce que je vois d’emblĂ©e.  Le parc est beaucoup trop grand pour que je sois catĂ©gorique.

Des gens se promènent en famille.  Quelques personnes trottinent. Comme ce noir d’environ 1m90 pour plus de cent kilos, la cinquantaine, short, casquette, baladeur fichĂ© dans la brassière de son bras gauche. Il se prend la laisse d’un petit chien tenu par un mĂ´me. Le noir saute un moment Ă  cloche-pied, le temps d’être dĂ©gagĂ©, sous les «  My God ! I’Am sorry ! Â» de la maman du petit. Puis, l’homme repart vers son footing en transpirant. Il est midi et demi passĂ©.

 

 

Nous entrons dans un jardin où les cyclistes sont invités à mettre pied à terre. Malheureusement, j’ai oublié son nom. C’est un jardin assez grand pourvu de toilettes gratuites et plutôt propres. On peut facilement tourner en rond dans ce jardin. Mais c’est calme, agréable. On y croise deux surveillantes. Deux noires. Deux étudiants, une fille, un garçon, avec leur Mac sous les colonnes. Un couple. Un endroit tranquille.

 

En sortant de ce jardin, nous nous rapprochons du rĂ©servoir Jackie Onassis (Quel hommage ! ) et de la file active des sportifs de Central Park. Enfin, sportifs….tous ne le sont pas. MĂŞme si le plus grand nombre en a la tenue et l’équipement. Et, ils sont nombreux Ă  dĂ©filer rĂ©gulièrement, principalement Ă  pied ou Ă  vĂ©lo. Beaucoup moins, j’en suis surpris, en rollers et avec des rollers « ordinaires Â» Ă  quatre roues avec frein Ă  l’arrière. A l’exception d’un rouleur, noir, en combinaison de compĂ©tition avec quatre roues d’environ 100 mm de diamètre.

Je vois beaucoup de sportifs du dimanche. Ou des sportifs qui commencent un entraînement.

Nous remontons (descendons) la file active à contre-courant. Parmi les promeneurs, quelques voix françaises.

Nous longeons principalement la piste sportive jusqu’au sud où nous sortons. Après une pause, assis sur un banc, à regarder les sportifs.

 

Nous tombons sur le défilé du char de la Colombie. Devant nous, quelques Colombiens émus agitent leur drapeau. La jeune femme qui représente la Colombie semble aussi contente et émue.

Nous n’attendons pas le passage des autres chars et ne demandons pas de quoi il s’agit. Nous traversons l’avenue dès que cela est possible avec quelques autres. Nous prenons un bus dans l’avenue Madison direction Harlem. Le seul avantage que je trouve Ă  ce que je vois de Madison Avenue est de nous indiquer un des musĂ©es oĂą nous irons peut-ĂŞtre : le musĂ©e d’art contemporain. Pour le reste, cette avenue me dĂ©plait. Sa froideur. Son luxe. Ce fric. Ces vitrines. Et puis, la climatisation du bus me rackette.

 

Harlem

 

 

De retour à Harlem pour trouver un restaurant, je nous égare. Jusqu’à ce qu’une dame noisette d’une soixantaine d’années du genre bigote nous réponde avec un accent espagnol et nous aiguille.

 

Je suis Ă©tonnĂ© par l’espace de Harlem : assez larges trottoirs. Assez larges rues.  Calmes. Peu de voitures. Il est vrai que les logements, en moyenne, y sont plus petits que lĂ  oĂą se trouve notre hĂ´tel.

Nous apercevons l’avenue Martin Luther King. Puis, nous approchons de notre but. Le Melbi’s  citĂ© dans le Lonely Planet semble ouvert. Il y’a des personnes attablĂ©es Ă  l’intĂ©rieur. Un homme noir assis devant avec une femme noire avec laquelle il discute, me prĂ©vient que ça ouvrira Ă  17h. Il est 15h ou 15h30. Je leur demande s’ils connaissent un bon endroit oĂą manger près d’ici. Nous avons le choix. Ils nous indiquent trois ou quatre endroits.

 

Nous entrons dans le Zoma (« essence of Abyssinia, Ethiopian cuisine New York Â») toujours dans le boulevard Frederik Douglass ( 8 th Avenue ).

L’intĂ©rieur est moderne et assez spacieux tout en bĂ©nĂ©ficiant d’ornementations du pays. Depuis quelques annĂ©es, j’ai un faible pour l’Ethiopie, pays d’Afrique qui n’a pas connu l’esclavage. HaĂŻlĂ© SĂ©lassiĂ©. L’Amarhique. La collection de musique Ethiopiques.  La chanteuse Tseyhatu BerĂ ki.

 

La jeune femme qui nous reçoit a le charme de lĂ -bas. Ce regard, ce visage.  Ce sourire poli, ces cheveux.

Je la crois née là-bas mais elle s’exprime avec un accent new-yorkais plutôt prononcé.

Dans le restaurant, un couple hétéro blanc, deux femmes noires. Une, plus jeune que l’autre, porte une robe rouge.

 

Nous prenons un plat conçu pour deux. 31 dollars, taxe incluse.

Je lui demande comment s’appelle cette chanteuse que nous entendons. Kuku Sebsibe. Elle n’a pas le cd me répond-t’elle en souriant mais elle peut m’écrire son nom.

Elle est jeune ? Pas vraiment. Elle doit avoir la cinquantaine.

Comment faire pour aller Ă  l’église abyssinienne ? Je n’y suis jamais allĂ©e.

Elle m’explique comment m’y rendre. Il faut prendre le métro etc….

Par contre, la salle de concerts Apollo est assez proche ! Je prends une carte du restaurant. Nous partons donc pour Apollo et je veux croire que son sourire, quand elle nous a saluĂ©, n’avait rien Ă  voir avec l’impĂ©ratif «  Hi guys ! Â» qu’on entend rĂ©gulièrement dans les magasins.

 

 

Aller Ă  la salle de concert Apollo nous permet de rester un peu plus longtemps dans Harlem.

Dans Nicholas Avenue, en pleine rue, nous avons vu un jeune homme noir d’environ un mètre quatre vingt s’amuser Ă  lancer un ballon de football amĂ©ricain que trois jeunes garçons d’une dizaine d’annĂ©es s’empressaient d’aller rĂ©cupĂ©rer. 

 

Sur le chemin d’Apollo

 

 

Sur le chemin d’Apollo, une mosquée qui semble tenue par des Africains d’Afrique noire. Une avenue ou un boulevard Malcolm X. Il me semble même avoir vu quelque part l’enseigne d’une communauté Malcolm Shabbazzou quelque chose comme ça.

 

Je constate aussi des restes d’un certain militantisme «  I’Am black and Proud ! Â» :

 

C’est une vendeuse d’un âge respectable (la quarantaine) vêtue à l’Africaine sur le modèle de la chanteuse Erykha Badu.

Des livres qui ont Ă  voir avec un certain militantisme.

Jusqu’à la vente de comics avec des super hĂ©ros noirs. Les quelques super hĂ©ros noirs de comics tels que Black Panther, ce qui, en Anglais, ici, Ă  Harlem, prend un autre sens auquel je n’avais jamais pensĂ© en lisant « La Panthère noire Â» en Français. Et, bien-sĂ»r, Luke Cage qui a inspirĂ© Ă  l’acteur Nicolas Coppola son nom d’acteur : Nicolas Cage.

 

Inutile d’entrer dans l’Apollo juste pour visiter. Surtout lorsque je vois un guide en sortir avec quelques touristes et leur sortir qu’il a Ă©tĂ© très content de les rencontrer et de serrer la main Ă  tous : des blancs, des hommes et quelques femmes.

Cela me rappelle la même mascarade touristique que dans ce documentaire où l’on voyait un jeune couple français visiter en Jamaïque le musée consacré à Bob Marley.

 

Give me a break !

 

 

Bien qu’historique, l’Apollo me fait l’effet d’un lieu ordinaire pour celles et ceux qui vivent ou travaillent ( il y’a plein de commerces) aux alentours.

Dans un magasin de chaussures, non loin de là, un jeune noir d’une quinzaine d’années essaie des bottes en caoutchouc tout en téléphonant. Il est assis sur un siège.

Un des employés, noir, la bonne quarantaine, l’aide à retirer la botte qui lui reste. Le jeune homme poursuit sa conversation téléphonique.

Il semble que l’employĂ© s’enhardisse Ă  lui demander s’il prend les bottes. Le jeune homme, tout en continuant sa conversation tĂ©lĂ©phonique, rĂ©pond, en riant un peu, Ă  l’employĂ© :

« Give me a break ! Â». L’employĂ© se redresse docilement.

Franck Unimon (Ă  suivre).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Olivier de Kersauson- Le Monde comme il me parle

 

                    Olivier de Kersauson- Le Monde comme il me parle

« Le plaisir est ma seule ambition Â».

 

 

Parler d’un des derniers livres de Kersauson

 

Parler d’un des derniers livres de Kersauson, Le Monde comme il me parle,  c’est presque se dĂ©vouer Ă  sa propre perdition. C’est comme faire la description de notre dentition de lait en dĂ©cidant que cela pourrait captiver. Pour beaucoup, ça manquera de sel et d’exotisme. Je m’aperçois que son nom parlera spontanĂ©ment aux personnes d’une cinquantaine d’annĂ©es comme Ă  celles en âge d’être en EHPAD.

 

Kersauson est sûrement assez peu connu voire inconnu du grand public d’aujourd’hui. Celui que j’aimerais concerner en priorité avec cet article. Je parle du public compris grosso modo entre 10 et 35 ans. Puisque internet et les réseaux sociaux ont contribué à abaisser l’âge moyen du public lambda. Kersauson n’est ni Booba, ni Soprano, ni Kenji Girac. Il n’est même pas le journaliste animateur Pascal Praud, tentative de croisement tête à claques entre Donald Trump et Bernard Pivot, martelant sur la chaine de télé Cnews ses certitudes de privilégié. Et à qui il manque un nez de clown pour compléter le maquillage.

 

Le Mérite

 

Or, aujourd’hui, nous sommes de plus en plus guidĂ©s par et pour la dictature de l’audience et du like. Il est plus rentable de faire de l’audience que d’essayer de se faire une conscience.  

 

Que l’on ne me parle pas du mĂ©rite, hĂ©ritage incertain qui peut permettre Ă  d’autres de profiter indĂ©finiment de notre crĂ©dulitĂ© comme de notre « gĂ©nĂ©rositĂ© Â» ! Je me rappelle toujours de cette citation que m’avait professĂ©e Spock, un de mes anciens collègues :

 

« Il nous arrive non pas ce que l’on mĂ©rite mais ce qui nous ressemble Â».

Une phrase implacable que je n’ai jamais essayé de détourner ou de contredire.

 

Passer des heures sur une entreprise ou sur une action qui nous vaut peu de manifestations d’intĂ©rĂŞt ou pas d’argent revient Ă  se masturber ou Ă  Ă©chouer. 

Cela Ă©quivaut Ă  demeurer  une personne indĂ©sirable.

Si, un jour, mes articles comptent plusieurs milliers de lectrices et de lecteurs, je deviendrai une personne de « valeur Â».  Surtout si ça rapporte de l’argent. Beaucoup d’argent. Quelles que soient l’originalitĂ© ou les vertus de ce que je produis.

 

Mais j’ai beaucoup de mal Ă  croire Ă  cet avenir. Mes Ă©crits manquent par trop de poitrine, de potins, d’images ad hoc, de sex-tapes, de silicone et de oups ! Et ce n’est pas en parlant de Kersauson aujourd’hui que cela va s’amĂ©liorer. Kersauson n’a mĂŞme pas fait le nĂ©cessaire pour intĂ©grer  l’émission de tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© Les Marseillais !

 

Rien en commun

 

Mais j’ai plaisir à écrire cet article.

 

Kersauson et moi n’avons a priori rien Ă  voir ensemble. Il a l’âge de mon père, est issu de la bourgeoisie catholique bretonne. Mais il n’a ni l’histoire ni le corps social (et autre) de mon père et de ma mère. MĂŞme si, tous les deux, ont eu une Ă©ducation catholique tendance campagnarde et traditionnelle. Ma grand-mère maternelle, originaire des Saintes, connaissait ses prières en latin.  

 

Kersauson a mis le pied sur un bateau de pĂŞche Ă  l’âge de quatre ans et s’en souvient encore. Il a appris « tĂ´t Â» Ă  nager, sans doute dans la mer, comme ses frères et soeurs.

Je devais avoir entre 6 et 9 ans lorsque je suis allé sur mon premier bateau. C’était dans le bac à sable à côté de l’immeuble HLM où nous habitions en banlieue parisienne. A quelques minutes du quartier de la Défense à vol d’oiseau.

 

J’ai appris à nager vers mes dix ans dans une piscine. Le sel et la mer pour lui, le chlore et le béton pour moi comme principaux décors d’enfance.

 

Moniteur de voile Ă  13 ans, Kersauson enseignait le bateau Ă  des parisiens (sĂ»rement assez aisĂ©s) de 35 Ă  40 ans. Moi, c’est plutĂ´t vers mes 18-20 ans que j’ai commencĂ© Ă  m’occuper de personnes plus âgĂ©es que moi : c’était des patients  dans les hĂ´pitaux et les cliniques. Changer leurs couches, vider leur  bassin, faire leur toilette, prendre soin d’eux….

 

J’ai pourtant connu la mer plus tôt que certains citadins. Vers 7 ans, lors de mon premier séjour en Guadeloupe. Mais si, très tôt, Kersauson est devenu marin, moi, je suis un ultramarin. Lui et moi, ne sommes pas nés du même côté de la mer ni pour les mêmes raisons.

La mer a sĂ»rement eu pour lui, assez tĂ´t, des attraits qui ont mis bien plus de temps  Ă  me parvenir.  Je ne vais pas en rajouter sur le sujet. J’en ai dĂ©jĂ  parlĂ© et reparlĂ©. Et lui, comme d’autres, n’y sont pour rien.

 

Kersauson est né après guerre, en 1944, a grandi dans cette ambiance (la guerre d’Indochine, la guerre d’Algérie, la guerre du Vietnam) et n’a eu de cesse de lui échapper.

Je suis né en 1968. J’ai entendu parler des guerres. J’ai vu des images. J’ai entendu parler de l’esclavage. J’ai vu des images. J’ai plus connu la crise, la peur du chômage, la peur du racisme, l’épidémie du Sida, la peur d’une guerre nucléaire, les attentats. Et, aujourd’hui, le réchauffement climatique, les attentats, les serres d’internet, l’effondrement, le Covid.

 

Kersauson, et moi, c’est un peu la matière et l’antimatière.

 

En cherchant un peu dans la vase

 

Pourtant, si je cherche un peu dans la vase, je nous trouve quand mĂŞme un petit peu de limon en commun.

L’ancien collègue Spock que j’ai connu, contrairement Ă  celui de la sĂ©rie Star Trek, est Breton.

C’est pendant qu’il fait son service militaire que Kersauson, Breton, rencontre Eric Tabarly, un autre Breton.

 

C’est pendant mon service militaire que j’entends parler pour la première fois de Kersauson. Par un étudiant en psychologie qui me parle régulièrement de Brautigan, de Desproges et de Manchette sûrement. Et qui me parle de la culture de Kersauson lorsque celui-ci passe aux Grosses Têtes de Bouvard. Une émission radiophonique dont j’ai plus entendu parler que je n’ai pris le temps de l’écouter.

 

Je crois que Kersauson a bien dĂ» priser l’univers d’au moins une de ces personnes :

Desproges, Manchette, Brautigan.

 

Pierre Desproges et Jean-Patrick Manchette m’ont fait beaucoup de bien à une certaine période de ma vie. Humour noir et polar, je ne m’en défais pas.

 

C’est un Breton que je rencontre une seule fois (l’ami de Chrystèle, une copine bretonne de l’école d’infirmière)  qui m’expliquera calmement, alors que je suis en colère contre la France, que, bien que noir, je suis Français. J’ai alors entre 20 et 21 ans. Et je suis persuadĂ©, jusqu’à cette rencontre, qu’il faut ĂŞtre blanc pour ĂŞtre Français. Ce Breton, dont j’ai oubliĂ© le prĂ©nom, un peu plus âgĂ© que moi, conducteur de train pour la SNCF, me remettra sur les rails en me disant simplement :

« Mais…tu es Français ! Â».

C’était Ă  la fin des annĂ©es 80. On n’entendait pas du tout  parler d’un Eric Zemmour ou d’autres. Il avait beaucoup moins d’audience que depuis quelques annĂ©es. Lequel Eric Zemmour, aujourd’hui, a son trĂ´ne sur la chaine Cnews et est la pierre philosophale de la PensĂ©e selon un Pascal Praud. Eric Zemmour qui se considère frĂ©quemment comme l’une des personnes les plus lĂ©gitimes pour dire qui peut ĂŞtre Français ou non. Et Ă  quelles conditions. Un de ses vĹ“ux est peut-ĂŞtre d’être le Montesquieu de la question de l’immigration en France.

 

Dans son livre, Le Monde comme il me parle, Kersauson redit son attachement Ă  la PolynĂ©sie française. Mais je sais que, comme lui, le navigateur Moitessier y Ă©tait tout autant attachĂ©. Ainsi qu’Alain Colas. Deux personnes qu’il a connues. Je sais aussi que Tabarly, longtemps cĂ©libataire et sans autre idĂ©e fixe que la mer, s’était quand mĂŞme  achetĂ© une maison et mariĂ© avec une Martiniquaise avec laquelle il a eu une fille. MĂŞme s’il a fini sa vie en mer. Avant d’être repĂŞchĂ©.

 

Ce paragraphe vaut-il Ă  lui tout seul la rĂ©daction et la lecture de cet article ? Toujours est-il que Kersauson est un inconnu des rĂ©seaux sociaux.

 

Inconnu des rĂ©seaux sociaux :

 

 

 

Je n’ai pas vĂ©rifiĂ© mais j’ai du mal Ă  concevoir Kersauson sur Instagram, faisant des selfies ou tĂ©lĂ©chargeant des photos dĂ©nudĂ©es de lui sur OnlyFans. Et il ne fait pas non plus partie du dĂ©cor du jeu The Last of us dont le deuxième volet, sorti cet Ă©tĂ©,  une des exclusivitĂ©s pour la console de jeu playstation, est un succès avec plusieurs millions de vente.

 

Finalement, mes articles sont peut-ĂŞtre trop hardcore pour pouvoir attirer beaucoup plus de public. Ils sont peut-ĂŞtre aussi un peu trop « mystiques Â». J’ai eu cette intuition- indirecte- en demandant Ă  un jeune rĂ©cemment ce qu’il Ă©coutait comme artistes de Rap. Il m’a d’abord citĂ© un ou deux noms que je ne connaissais pas. Il m’avait prĂ©venu. Puis, il a mentionnĂ© Dinos. Je n’ai rien Ă©coutĂ© de Dinos mais j’ai entendu parler de lui. J’ai alors Ă©voquĂ© Damso dont j’ai Ă©coutĂ© et réécoutĂ© l’album LithopĂ©dion (sorti en 2018) et mis plusieurs de ses titres sur mon baladeur.  Le jeune m’a alors fait comprendre que les textes de Damso Ă©taient en quelque sorte trop hermĂ©tiques pour lui.

Mais au moins Damso a-t’il des milliers voire des millions de vues sur Youtube. Alors que Kersauson…. je n’ai pas fouillé non plus- ce n’est pas le plus grave- mais je ne vois pas Kersauson avoir des milliers de vues ou lancer sa chaine youtube. Afin de nous vendre des méduses (les sandales en plastique pour la plage) signées Balenciaga ou une crème solaire bio de la marque Leclerc.

 

J’espère au moins que « Kersau Â», mon Bernard Lavilliers des ocĂ©ans, est encore vivant. Internet, google et wikipĂ©dia m’affirment que « oui Â». Kersauson a au moins une page wikipĂ©dia. Il a peut-ĂŞtre plus que ça sur le net. En Ă©crivant cet article, je me fie beaucoup Ă  mon regard sur lui ainsi que sur le livre dont je parle. Comme d’un autre de ses livres que j’avais lu  il y a quelques annĂ©es, bien avant l’effet « Covid».

 

L’effet « Covid Â»

 

Pourvu, aussi, que Kersauson se prĂ©serve du Covid.  Il a 76 ans cette annĂ©e. Car, alors que la rentrĂ©e (entre-autre, scolaire)  a eu lieu hier et que bien des personnes rechignent Ă  continuer de porter un masque (dont le très inspirĂ© journaliste Pascal Praud sur Cnews), deux de mes collègues infirmières sont actuellement en arrĂŞt de travail pour suspicion de covid. La première collègue a une soixantaine d’annĂ©es. La seconde, une trentaine d’annĂ©es. Praud en a 54 si j’ai bien entendu. Ou 56.

Un article du journal  » Le Canard Enchainé » de ce mercredi 2 septembre 2020.

 

Depuis la pandĂ©mie du Covid-19, aussi appelĂ© de plus en plus « la Covid Â», la vente de livres a augmentĂ©. Jeff Bezos, le PDG du site Amazon, premier site de ventes en ligne, (aujourd’hui, homme le plus riche du monde avec une fortune estimĂ©e Ă  200 milliards de dollars selon le magazine Forbes US  citĂ© dans le journal Le Canard EnchaĂ®nĂ© de ce mercredi 2 septembre 2020) n’est donc pas le seul Ă  avoir bĂ©nĂ©ficiĂ© de la pandĂ©mie du Covid qui a par ailleurs mis en faillite d’autres Ă©conomies.

 

Donc, Kersauson, et son livre, Le Monde comme il me parle, auraient pu profiter de « l’effet Covid Â». Mais ce livre, celui dont j’ai prĂ©vu de vous parler, est paru en 2013.

 

Il y a sept ans.  C’est Ă  dire, il y a très très longtemps pour beaucoup Ă  l’époque.

 

Mon but, aujourd’hui, est de vous parler d’un homme de 76 ans pratiquement inconnu selon les critères de notoriĂ©tĂ© et de rĂ©ussite sociale typiques d’aujourd’hui. Un homme qui a fait publier un livre en 2013.

Nous sommes le mercredi 2 septembre 2020, jour du début du procès des attentats de Charlie Hebdo et de L’Hyper Cacher.

 

 

Mais nous sommes aussi le jour de la sortie du film Police d’Anne Fontaine avec Virginie Efira, Omar Sy et Grégory Gadebois. Un film que j’aimerais voir. Un film dont je devrais plutôt vous parler. Au même titre que le film Tenet de Christopher Nolan, sorti la semaine dernière. Un des films très attendus de l’été, destiné à relancer la fréquentation des salles de cinéma après leur fermeture due au Covid. Un film d’autant plus désiré que Christopher Nolan est un réalisateur reconnu et que l’autre grosse sortie espérée, le film Mulan , produit par Disney, ne sortira pas comme prévu dans les salles de cinéma. Le PDG de Disney préférant obliger les gens à s’abonner à Disney+ (29, 99 dollars l’abonnement aux Etats-Unis ou 25 euros environ en Europe) pour avoir le droit de voir le film. Au prix fort, une place de cinéma à Paris peut coûter entre 10 et 12 euros.

 

 

Tenet, qui dure près de 2h30,  m’a contrariĂ©. Je suis allĂ© le voir la semaine dernière. Tenet est selon moi la bande annonce des films prĂ©cĂ©dents et futurs de Christopher Nolan dont j’avais aimĂ© les films avant cela. Un film de James Bond sans James Bond. On apprend dans Tenet qu’il suffit de poser sa main sur la pĂ©dale de frein d’une voiture qui file Ă  toute allure pour qu’elle s’arrĂŞte au bout de cinq mètres. J’aurais dĂ» m’arrĂŞter de la mĂŞme façon avant de choisir d’aller le regarder. Heureusement qu’il y a Robert Pattinson dans le film ainsi que Elizabeth Debicki que j’avais beaucoup aimĂ©e dans Les Veuves rĂ©alisĂ© en 2018 par Steve McQueen.

 

Distorsions temporelles

 

Nolan affectionne les distorsions temporelles dans ses films. Je le fais aussi dans mes articles :

 

 

En 2013, lorsqu’est paru Le Monde comme il me parle de Kersauson, Omar Sy, un des acteurs du film Police, sorti aujourd’hui,  Ă©tait dĂ©jĂ  devenu un « grand acteur Â».

Grâce Ă  la grande audience qu’avait connue le film Intouchables rĂ©alisĂ© en…2011 par Olivier Nakache et Eric Toledano. Près de vingt millions d’entrĂ©es dans les salles de cinĂ©ma seulement en France. Un film qui a permis Ă  Omar Sy de jouer dans une grosse production amĂ©ricaine. Sans le succès d’Intouchables, nous n’aurions pas vu Omar Sy dans le rĂ´le de Bishop dans un film de X-Men (X-Men : Days of future past rĂ©alisĂ© en 2014 par Bryan Singer).

 

J’ai de la sympathie pour Omar Sy. Et cela, bien avant Intouchables. Mais ce n’est pas un acteur qui m’a particulièrement épaté pour son jeu pour l’instant. A la différence de Virginie Efira et de Grégory Gadebois.

Virginie Efira, d’abord animatrice de télévision pendant une dizaine d’années, est plus reconnue aujourd’hui qu’en 2013, année de sortie du livre de Kersauson.

J’aime beaucoup le jeu d’actrice de Virginie Efira et ce que je crois percevoir d’elle. Son visage et ses personnages ont une allure plutĂ´t fade au premier regard : ils sont souvent le contraire.

GrĂ©gory Gadebois, passĂ© par la comĂ©die Française, m’a « eu Â» lorsque je l’ai vu dans le Angèle et Tony rĂ©alisĂ© par Alix Delaporte en 2011. Je ne me souviens pas de lui dans Go Fast rĂ©alisĂ© en 2008 par Olivier Van Hoofstadt.

 

Je ne me défile pas en parlant de ces trois acteurs.

 

Je continue de parler du livre de Kersauson. Je parle seulement, à ma façon, un petit peu du monde dans lequel était sorti son livre, précisément.

 

Kersauson est évidemment un éminent pratiquant des distorsions temporelles. Et, grâce à lui, j’ai sans doute compris la raison pour laquelle, sur une des plages du Gosier, en Guadeloupe, j’avais pu être captivé par les vagues. En étant néanmoins incapable de l’expliquer à un copain, Eguz, qui m’avait surpris. Pour lui, mon attitude était plus suspecte que d’ignorer le corps d’une femme nue. Il y en avait peut-être une, d’ailleurs, dans les environs.

 

Page 12 de Le Monde comme il me parle :

 

« Le chant de la mer, c’est l’éternitĂ© dans l’oreille. Dans l’archipel des Tuamotu, en PolynĂ©sie, j’entends des vagues qui ont des milliers d’annĂ©es. C’est frappant. Ce sont des vagues qui brisent au milieu du plus grand ocĂ©an du monde. Il n y  a pas de marĂ©e ici, alors ces vagues tapent toujours au mĂŞme endroit Â».

 

Tabarly

 

A une époque, adolescent, Kersauson lisait un livre par jour. Il le dit dans Le Monde comme il me parle.

 

J’imagine qu’il est assez peu allĂ© au cinĂ©ma. Page 50 :

 

« (….) Quand je suis dĂ©mobilisĂ©, je reste avec lui ( Eric Tabarly). Evidemment. Je tombe sur un mec dont le seul programme est de naviguer. Il est certain que je n’allais pas laisser passer ça Â».

 

Page 51 :

 

«  Tabarly avait, pour moi, toutes les clĂ©s du monde que je voulais connaĂ®tre. C’était un immense marin et, en mer, un homme dĂ©licieux Ă  vivre Â».

 

Page 54 :

« C’est le temps en mer qui comptait. Et, avec Eric, je passais neuf mois de l’annĂ©e en mer Â».

 

A cette Ă©poque, Ă  la fin des annĂ©es 60, Kersauson avait 23 ou 24 ans. Les virĂ©es entre « potes Â» ou entre « amies Â» que l’on peut connaĂ®tre dans les soirĂ©es ou lors de certains sĂ©jours de vacances, se sont dĂ©roulĂ©es autour du monde et sur la mer pour lui. Avec Eric Tabarly, rĂ©fĂ©rence mondiale de la voile.

 

Page 51 :

 

« (…..) Il faut se rendre compte qu’à l’époque, le monde industriel français se demande comment aider Eric Tabarly- tant il est crĂ©atif, ingĂ©nieux. Il suscite la passion. C’est le bureau d’études de chez Dassault qui règle nos problèmes techniques ! Â».

 

 

Le moment des bilans

 

 

Il est facile de comprendre que croiser un mentor comme Tabarly à 24 ans laisse une trace. Mais Kersauson était déjà un ténor lorsqu’ils se sont rencontrés. Il avait déja un aplomb là ou d’autres avaient des implants. Et, aujourd’hui, en plus, on a besoin de tout un tas d’applis, de consignes et de protections pour aller de l’avant.

J’avais lu Mémoires du large, paru en Mai 1998 (dont la rédaction est attribuée à Eric Tabarly) quelques années après sa mort. Tabarly est mort en mer en juin 1998.

 Tabarly Ă©tait aussi intraitable que Kersauson dans son rapport Ă  la vie. Kersauson Ă©crit dans Le Monde comme il me parle, page 83 :

«  Ce qui m’a toujours sidĂ©rĂ©, chez l’être humain, c’est le manque de cohĂ©rence entre ce qu’il pense et ce qu’il fait (…). J’ai toujours tentĂ© de vivre comme je le pensais. Et je m’aperçois que nous ne sommes pas si nombreux dans cette entreprise Â».

 

Tabarly avait la mĂŞme vision de la vie. Il  l’exprimait avec d’autres mots.

 

Que ce soit en lisant Kersauson ou en lisant Tabarly, je me considère comme faisant partie du lot des ruminants. Et c’est peut-être aussi pour cela que je tiens autant à cet article. Il me donne sans doute l’impression d’être un petit peu moins mouton même si mon intrépidité sera un souvenir avant même la fin de la rédaction de cet article.

 

« DiffĂ©rence entre la technologie et l’esclavage. Les esclaves ont pleinement conscience qu’ils ne sont pas libres Â» affirme Nicholas Nassim Taleb dont les propos sont citĂ©s par le Dr Judson Brewer dans son livre Le Craving ( Pourquoi on devient accro et comment se libĂ©rer), page 65.

 

Un peu plus loin, le Dr Judson Brewer rappelle ce qu’est une addiction, terme qui n’a Ă©tĂ© employĂ© par aucun des intervenants, hier, lors du « dĂ©bat Â» animĂ© par Pascal Praud sur Cnews Ă  propos de la consommation de Cannabis. Comme Ă  propos des amendes qui seront dĂ©sormais infligĂ©es automatiquement Ă  toute personne surprise en flagrant dĂ©lit de consommation de cannabis :

D’abord 135 euros d’amende. Ou 200 euros ?

En Ă©coutant Pascal Praud sur Cnews hier ( il a au moins eu la sincĂ©ritĂ© de confesser qu’il n’avait jamais fumĂ© un pĂ©tard de sa vie)  la solution Ă  la consommation de cannabis passe par des amendes dissuasives, donc par la rĂ©pression, et par l’autoritĂ© parentale.

 

Le Dr Judson Brewer rappelle ce qu’est une addiction (page 68 de son livre) :

 

«  Un usage rĂ©pĂ©tĂ© malgrĂ© les consĂ©quences nĂ©gatives Â». 

 

Donc, rĂ©primer ne suffira pas Ă  endiguer les addictions au cannabis par exemple. RĂ©primer par le porte-monnaie provoquera une augmentation des agressions sur la voie publique. Puisqu’il faudra que les personnes addict ou dĂ©pendantes se procurent l’argent pour acheter leur substance. J’ai rencontrĂ© au moins un mĂ©decin addictologue qui nous a dit en formation qu’il lui arrivait de faire des prescriptions de produits de substitution pour Ă©viter qu’une personne addict n’agresse des personnes sur la voie publique afin de leur soutirer de l’argent en vue de s’acheter sa dose. On ne parlait pas d’une addiction au cannabis. Mais, selon moi, les consĂ©quences peuvent ĂŞtre les mĂŞmes pour certains usagers de cannabis.

 

Le point commun entre une addiction (avec ou sans substance) et cette « incohĂ©rence Â» par rapport Ă  la vie que pointe un Kersauson ainsi qu’un Tabarly avant lui, c’est que nous sommes très nombreux Ă  maintenir des habitudes de vie qui ont sur nous des « consĂ©quences nĂ©gatives Â». Par manque d’imagination. Par manque de modèle. Par manque de courage ou d’estomac. Par manque d’accompagnement. Par manque d’estime de soi. Par Devoir. Oui, par Devoir. Et Par peur.

 

La Peur

On peut bien-sûr penser à la peur du changement. Comme à la peur partir à l’aventure.

 

Kersauson affirme dans son livre qu’il n’a peur de rien. C’est là où je lui trouve un côté Bernard Lavilliers des océans. Pour sa façon de rouler des mécaniques. Je ne lui conteste pas son courage en mer ou sur la terre. Je crois à son autorité, à sa détermination comme ses très hautes capacités d’intimidation et de commandement.

 

Mais avoir peur de rien, ça n’existe pas. Tout le monde a peur de quelque chose, Ă  un moment ou Ă  un autre. Certaines personnes sont fortes pour transcender leur peur. Pour  s’en servir pour accomplir des actions que peu de personnes pourraient rĂ©aliser. Mais on a tous peur de quelque chose.

 

Kersauson a peut-être oublié. Ou, sûrement qu’il a peur plus tardivement que la majorité. Mais je ne crois pas à une personne dépourvue totalement de peur. Même Tabarly, en mer, a pu avoir peur. Je l’ai lu ou entendu. Sauf que Tabarly, comme Kersauson certainement, et comme quelques autres, une minorité, font partie des personnes (femmes comme hommes, mais aussi enfants) qui ont une aptitude à se reprendre en main et à fendre leur peur.

 

Je pourrais peut-être ajouter que la personne qui parvient à se reprendre alors qu’elle a des moments de peur est plus grande, et sans doute plus forte, que celle qui ignore complètement ce qu’est la peur. Pour moi, la personne qui ignore la peur s’aperçoit beaucoup trop tard qu’elle a peur. Lorsqu’elle s’en rend compte, elle est déjà bien trop engagée dans un dénouement qui dépasse sa volonté.

 

Cette remarque mise à part, je trouve à Kersauson, comme à Tabarly et à celles et ceux qui leur ressemblent une parenté évidente avec l’esprit chevaleresque ou l’esprit du sabre propre aux Samouraï et à certains aventuriers. Cela n’a rien d’étonnant.

 

L’esprit du samouraï

 

Dans une vidéo postée sur Youtube le 13 décembre 2019, GregMMA, ancien combattant de MMA, rencontre Léo Tamaki, fondateur de l’école Kishinkai Aikido.

 

GregMMA a rencontrĂ© d’autres combattants d’autres disciplines martiales ou en rapport avec le Combat. La particularitĂ© de cette vidĂ©o (qui compte 310 070 vues alors que j’écris l’article) est l’érudition de LĂ©o Tamaki que j’avais entrevue dans une revue. Erudition Ă  laquelle GregMMA se montre heureusement rĂ©ceptif. L’un des attraits du MMA depuis quelques annĂ©es, c’est d’offrir une palette aussi complète que possible de techniques pour se dĂ©fendre comme pour survivre en cas d’agression. C’est La discipline de combat du moment. MĂŞme si le Krav Maga a aussi une bonne cote.  Mais, comme souvent, des comparaisons se font entre tel ou telle discipline martiale, de Self-DĂ©fense ou de combat en termes d’efficacitĂ© dans des conditions rĂ©elles.

 

Je ne donne aucun scoop en Ă©crivant que le MMA attire sĂ»rement plus d’adhĂ©rents aujourd’hui que l’AĂŻkido qui a souvent l’ image d’un art martial dont les postures sont difficiles Ă  assimiler, qui peut faire penser «  Ă  de la danse Â» et dont l’efficacitĂ© dans la vie rĂ©elle peut ĂŞtre mise en doute  :

 

On ne connaît pas de grand champion actuel dans les sports de combats, ou dans les arts martiaux, qui soit Aïkidoka. Steven Seagal, c’est au cinéma et ça date des années 1990-2000. Dans les combats UFC, on ne parle pas d’Aïkidoka même si les combattants UFC sont souvent polyvalents ou ont généralement cumulé différentes expériences de techniques et de distances de combat.

 

Lors de cet Ă©change avec GregMMA, LĂ©o Tamaki confirme que le niveau des pratiquants en AĂŻkido a baissĂ©. Ce qui explique aussi en partie le discrĂ©dit qui touche l’AĂŻkido. Il explique la raison de la baisse de niveau :

 

Les derniers grands Maitres d’AĂŻkido avaient connu la Guerre. Ils l’avaient soit vĂ©cue soit en Ă©taient encore imprĂ©gnĂ©s. A partir de lĂ , pour eux, pratiquer l’AĂŻkido, mĂŞme si, comme souvent, ils avaient pu pratiquer d’autres disciplines martiales auparavant, devait leur permettre d’assurer leur survie. C’était immĂ©diat et très concret. Cela est très diffĂ©rent de la dĂ©marche qui consiste Ă  aller pratiquer un sport de combat ou un art martial afin de faire « du sport Â», pour perdre du poids ou pour se remettre en forme.

 

Lorsque Kersauson explique au début de son livre qu’il a voulu à tout prix faire de sa vie ce qu’il souhaitait, c’était en réponse à la Guerre qui était pour lui une expérience très concrète. Et qui aurait pu lui prendre sa vie.

Lorsque je suis parti faire mon service militaire, qui Ă©tait encore obligatoire Ă  mon « Ă©poque Â», la guerre Ă©tait dĂ©jĂ  une probabilitĂ© Ă©loignĂ©e. Bien plus Ă©loignĂ©e que pour un Kersauson et les personnes de son âge. MĂŞme s’il a vĂ©cu dans un milieu privilĂ©giĂ©, il avait 18 ans en 1962 lorsque l’AlgĂ©rie est devenue indĂ©pendante. D’ailleurs, je crois qu’un de ses frères est parti faire la Guerre d’AlgĂ©rie.

 

On retrouve chez lui comme chez certains adeptes d’arts martiaux , de self-dĂ©fense ou de sport de combat, cet instinct de survie et de libertĂ© qui l’a poussĂ©, lui, Ă  prendre le large. Quitte Ă  perdre sa vie, autant la perdre en  choisissant de faire quelque chose que l’on aime faire. Surtout qu’autour de lui, il s’aperçoit que les aĂ®nĂ©s et les anciens qui devraient ĂŞtre Ă  mĂŞme de l’orienter ont dĂ©gustĂ© (Page 43) :

« Bon, l’ancien monde est mort. S’ouvre Ă  moi une pĂ©riode favorable (….). J’ai 20 ans, j’ai beaucoup lu et je me dis qu’il y a un loup dans la combine :

Je m’aperçois que les vieux se taisent, ne parlent pas. Et comme ils ont fait le trajet avant, ils devraient nous donner le mode d’emploi pour l’avenir, mais rien ! Ils sont vaincus. Alors, je sens qu’il ne faut surtout pas s’adapter Ă  ce qui existe mais crĂ©er ce qui vous convient Â».

 

Nous ne vivons pas dans un pays en guerre.

 

Jusqu’à maintenant, si l’on excepte le chĂ´mage,  certains attentats et les faits divers, nous avons obtenu une certaine sĂ©curitĂ©. Nous ne vivons pas dans un pays en guerre. MĂŞme si, rĂ©gulièrement, on nous parle « d’embrasement Â» des banlieues, « d’insĂ©curitĂ© Â» et «  d’ensauvagement Â» de la France. En tant que citoyens, nous n’avons pas Ă  fournir un effort de guerre en dehors du territoire ou Ă  donner notre vie dans une armĂ©e. En contrepartie, nous sommes une majoritĂ© Ă  avoir acceptĂ© et Ă  accepter  certaines conditions de vie et de travail. Plusieurs de ces conditions de vie et de travail sont discutables voire insupportables.

Face Ă  cela, certaines personnes dĂ©veloppent un instinct de survie lĂ©gal ou illĂ©gal. D’autres s’auto-dĂ©truisent ( par les addictions par exemple mais aussi par les accidents du travail, les maladies professionnelles ou les troubles psychosomatiques). D’autres prennent sur eux et se musèlent par Devoir….jusqu’à ce que cela devienne impossible de prendre sur soi. Que ce soit dans les banlieues. Dans certaines catĂ©gories socio-professionnelles. Ou au travers des gilets jaunes.  

 

Et, on en revient à la toute première phrase du livre de Kersauson.

 

Le plaisir est ma seule ambition

 

J’ai encore du mal à admettre que cette première phrase est/soit peut-être la plus importante du livre. Sans doute parce-que je reste moins libre que Kersauson, et d’autres, question plaisir.

 

Plus loin, Kersauson explicite aussi la nécessité de l’engagement et du Devoir. Car c’est aussi un homme d’engagement et de Devoir.

 

Mais mettre le plaisir au premier plan, ça délimite les Mondes, les êtres, leur fonction et leur rôle.

 

Parce- qu’il y a celles et ceux qui s’en remettent au mĂ©rite – comme certaines religions, certaines Ă©ducations et certaines institutions nous y entraĂ®nent et nous habituent- et qui sont prĂŞts Ă  accepter bien des sacrifices. Sacrifices qui peuvent se rĂ©vĂ©ler vains. Parce que l’on peut ĂŞtre persĂ©vĂ©rant (e ) et mĂ©ritant ( e) et se faire arnaquer. Moralement. Physiquement. Economiquement. Affectivement. C’est l’histoire assez rĂ©pĂ©tĂ©e, encore toute rĂ©cente, par exemple, des soignants comme on l’a vu pendant l’épidĂ©mie du Covid. Ainsi que l’histoire d’autres professions et de bien des gens qui endurent. Qui prennent sur eux. Qui croient en une Justice divine, Ă©tatique ou politique qui va les rĂ©compenser Ă  la hauteur de leurs efforts et de leurs espoirs.

 

Mais c’est aussi l’histoire répétée de ces spectateurs chevronnés que nous sommes tous plus ou moins de notre propre vie. Une vie que nous recherchons par écrans interposés ou à travers celle des autres. Au lieu d’agir. Il faut se rappeler que nous sommes dans une société de loisirs. Le loisir, c’est différent du plaisir.

 

Le loisir, c’est différent du plaisir

 

 

Le loisir, ça peut être la pause-pipi, la pause-cigarette ou le jour de formation qui sont accordés parce-que ça permet ensuite à l’employé de continuer d’accepter des conditions de travail inacceptables.

 

Ça peut aussi consister à laisser le conjoint ou la conjointe sortir avec ses amis ou ses amies pour pouvoir mieux continuer de lui imposer notre passivité et notre mauvaise humeur résiduelle.

 

C’est les congés payés que l’on donne pour que les citoyens se changent les idées avant la rentrée où ils vont se faire imposer, imploser et contrôler plus durement. Bien des personnes qui se prendront une amende pour consommation de cannabis seront aussi des personnes adultes et responsables au casier judiciaire vierge, insérées socialement, payant leurs impôts et effectuant leur travail correctement. Se contenter de les matraquer à coups d’amende en cas de consommation de cannabis ne va pas les inciter à arrêter d’en consommer. Ou alors, elles se reporteront peut-être sur d’autres addictions plus autorisées et plus légales (alcool et médicaments par exemple….).

 

Le plaisir, c’est l’intégralité d’un moment, d’une expérience comme d’une rencontre. Cela a à voir avec le libre-arbitre. Et non avec sa version fantasmée, rabotée, autorisée ou diluée.

 

Il faut des moments de loisirs, bien-sûr. On envoie bien nos enfants au centre de loisirs. Et on peut y connaître des plaisirs.

 

Mais dire et affirmer «  Le plaisir est ma seule ambition Â», cela signifie qu’à un moment donnĂ©, on est une personne libre. On dĂ©pend alors très peu d’un gouvernement, d’un parti politique, d’une religion, d’une Ă©ducation, d’un supĂ©rieur hiĂ©rarchique. Il n’y a, alors, pas grand monde au dessus de nous. Il s’agit alors de s’adresser Ă  nous en consĂ©quence. Faute de quoi, notre histoire se terminera. Et chacun partira de son cĂ´tĂ© dans le meilleur des cas.

 

Page 121 :

 

« Je suis indiffĂ©rent aux fĂ©licitations. C’est une force Â».

 

Page 124 :

 

« Nos contemporains n’ont plus le temps de penser (….) Ils se sont inventĂ© des vies monstrueuses dont ils sont responsables-partiellement Â». Olivier de Kersauson.

 

 

Article de Franck Unimon, mercredi 2 septembre 2020.

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Un article simple

 

                                                                 Un article simple. 

 

 

 

On peut aussi complĂ©ter la dĂ©couverte de cet article avec Dans la galerie de Michel ainsi qu’avec GĂ©missements

 

Franck Unimon, ce lundi 10 aout 2020. 

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La Vallée des Saints

 

La VallĂ©e des Saints ( Texte et photos, Franck Unimon).

 

Avant de partir en Bretagne, un ami, d’origine bretonne, m’a parlĂ© de la VallĂ©e des Saints….

 

 

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Argenteuil Corona Circus Voyage

Cette nuit : enterrement du mois de mars 2020 en beauté

 

                                                  Cette nuit

Cette nuit, j’ai dû prendre ma voiture pour aller au travail. Je me suis un peu trop relâché hier soir quant aux horaires et j’ai raté le train. Le suivant arrivait une heure plus tard. Impossible de l’attendre pour être à l’heure au travail.

 

C’était une Première pour moi que de devoir prendre ma voiture pour aller au travail sur Paris.

Ce matin, je suis un peu fatiguĂ©. Mais ça n’est pas encore mon heure d’aller me coucher. 

En rentrant tout Ă  l’heure, j’avais prĂ©vu de « publier Â» quelques photos de Tags ou de graffitis pris en photo ces dernières semaines et ces derniers mois jusqu’à ce matin en me rendant au travail ou en revenant. Et puis, finalement, pourquoi se limiter ? Cela fait des annĂ©es que je n’aime pas le mois de mars. Je le trouve trop long. Je n’aime pas cette pĂ©riode. Je vais enterrer ce mois de mars-ci en beautĂ©. Ce sera un peu mon  » We’re gonna chase those crazy baldhead out of town » ( Titre  » Crazy Baldhead » de Bob Marley). En crĂ©ole guadeloupĂ©en, on dirait :

 » Nou Kay KrazĂ© Sa ! ».  » FoutĂ© Sa An Bwa ! ». 

 

Voici donc quelques photos prises entre le mois de Janvier de cette annĂ©e et ce matin en allant au travail ou en en revenant ou ailleurs ( avant le 16 mars 2020) .

Ce ne sont pas des photos du pĂ©riphĂ©rique. Ce sont des photos choisies en Ă©coutant l’album Live de 1991 de Manu Dibango et le titre Crazy Baldhead de Bob Marley en studio ainsi qu’en concert.

Si certaines de ces photos reviennent plusieurs fois, c’est parce-que je n’ai pas voulu choisir entre l’une ou l’autre. On revient bien plusieurs fois aux endroits que l’on aime bien.

 

Merci aux artistes ! Merci aux personnes prĂ©sentes.

Photos prises Ă  Argenteuil, dans la rĂ©gion d’Angers et Ă  Paris.

Franck Unimon, ce mardi 31 mars 2020.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au conservatoire d’Argenteuil.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette galette s’appelle la  » Peggy ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le danseur Dany ( ou Dani).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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New-York 2011

 

 

Le Président américain Donald Trump envisagerait de fermer les frontières des Etats-Unis pendant une trentaine de jours en vue de tenter d’attraper le Coronavirus Covid 19 par la chatte. J’ai un petit peu modifié ce qu’une collègue m’a appris ce matin. Mais l’idée de fermeture des frontières des Etats-Unis était bien là. S’il m’a été pour l’instant impossible de vérifier le caractère officiel de cette information, un rapide passage sur le net m’a rappelé que la fermeture des frontières, pour compenser peut-être une trop grande ouverture de la braguette et de la bouche, fait partie des leitmotiv du président américain. En France, récemment, l’épidémie du coronavirus Covid 19 et toute l’attention qu’elle captive a permis de faire passer la réforme des retraites en poussant avec le 49.3.

 

Aux Etats-Unis, peut-ĂŞtre que la peur du Coronavirus Covid 19 permet Ă  Donald Trump de pratiquer au passage une certaine forme de protectionnisme Ă©conomique envers la Chine et le reste du monde. Devant ce genre de pensĂ©e et le climat actuel envers le coronavirus Covid 19,  on se croirait un peu dans le film Les fils de l’homme (Children of men) d’Alfonson Cuaron, un film beaucoup trop ignorĂ© que le rĂ©alisateur mexicain avait rĂ©alisĂ© en 2006 plusieurs annĂ©es avant Gravity ( 2013).  

 

Oui, prĂ©ciser la nationalitĂ© d’Alfonson Cuaron a son importance au mĂŞme titre que celle d’Alejandro Inarritu ( Ă©galement mexicain) ou encore de Robert Rodriguez ( AmĂ©ricain d’origine mexicaine) qui a entre-autres rĂ©alisĂ© rĂ©cemment Alita : Battle Angel ( 2019) inspirĂ© du manga Gunnm créé par le Japonais Yukito Kishiro au dĂ©but des annĂ©es 1990.

 

Cuaron, Inarritu et Rodriguez ont au moins en commun de partager des origines mexicaines mais aussi de prescrire un cinĂ©ma qui fait beaucoup de bien Ă  l’Art ainsi qu’à l’économie amĂ©ricaine. Pourtant,  selon la logique d’un Donald Trump et d’autres dĂ©cideurs et dĂ©cideuses, ils auraient dĂ» rester confinĂ©s dans « leur Â» pays ou y ĂŞtre renvoyĂ©s Coronavirus ou non, car le Mexique, c’est le pays de la Drogue et des cartels qui est frontalier avec les Etats-Unis. Et le Mexique est aussi l’un des pays de celles et ceux qui entrent clandestinement aux Etats-Unis afin d’essayer d’y trouver une meilleure vie. Le film Brooklyn Secret  qui sort ce 18 mars au cinĂ©ma parle aussi de ça.

 

C’est Ă©tonnant ( effrayant) comme une Ă©pidĂ©mie peut très vite permettre l’expansion de pensĂ©es et d’idĂ©es racistes. Ce qui se passe en ce moment vis-Ă -vis du Coronavirus Covid 19 et des « Chinois » comme de celles et ceux que l’on estime susceptibles d’ĂŞtre « sales », « impurs » ou tout simplement porteurs du virus me rappelle ce qui se disait lors de l’Ă©pidĂ©mie du Sida dans les annĂ©es 80 :

Les homosexuels, les HaĂŻtiens, les prostituĂ©es et les toxicomanes Ă©taient alors perçus comme responsables ( plutĂ´t que victimes) de l’Ă©pidĂ©mie et aussi comme celles et ceux qui Ă©taient ainsi « punis » pour leurs vices ou leurs pĂ©chĂ©s.  On peut croire ces idĂ©es limitĂ©es par des barrages. Mais non.

Il y a Ă  peu près un mois maintenant, près du Val de Grâce, dans la rue,  j’avais aperçu un SDF qui avait sollicitĂ© une femme d’origine asiatique afin qu’elle lui donne une pièce. Celle-ci avait refusĂ©. L’instant d’après, le mĂŞme SDF insultait la mĂŞme femme, l’intimant Ă  rentrer chez elle avec son Coronavirus !

Hier soir, une de mes collègues a vu des passagers dĂ©serter la voiture du mĂ©tro oĂą elle se trouvait. Elle est ainsi restĂ©e seule…avec des passagers d’origine asiatique. La peur et l’angoisse font surgir des Ă©tats de folie sociale qui devient une norme beaucoup plus puissante que les services de psychiatrie qui sont souvent jugĂ©s pour leurs travers plus que pour leurs  habilitĂ©s. Peut-ĂŞtre parce-que la folie sociale est mobile, variable, et peut très facilement devenir indĂ©tectable après ses crimes et ses excès. Sauf si l’on dĂ©cide d’une enquĂŞte  après coup et mĂŞme de cette façon il n’est pas toujours certain d’en retrouver les principaux acteurs afin de les confronter Ă  leurs agissements. Alors que la psychiatrie, elle, reste localisable et identifiable de par ses murs et son statut Ă  peu près immuables ainsi que par ses intervenants, ses victimes et ses tĂ©moins.

 

Qu’il soit réélu ou que son mandat de président s’arrête bientôt, Donald Trump passera dans l’Histoire. Et, malgré ses erreurs, ses fautes et ses coups de folie, il finira vraisemblablement sa vie en restant libre et dans le confort comme celles et ceux qui lui ressemblent. Contrairement à la majorité des femmes et des hommes de cette terre, que ceux-ci soient chinois, mexicains, clandestins ou autres.

 

Je n’avais pas prĂ©vu une introduction aussi longue avant de  « raconter Â» ce sĂ©jour que ma compagne et moi avions effectuĂ© Ă  New-York en 2011.

 

Je ne crois pas que ce soit toujours « mieux avant Â». Par contre, je crois que ça peut faire du bien de revoir ce qui a pu ĂŞtre vĂ©cu et qu’on peut aussi le voir « mieux Â» qu’avant.

 

Je crois surtout que reparler de ce voyage d’après les notes que j’avais alors prises est une bonne façon de retourner dans ce pays que le prĂ©sident Donald Trump veut de plus en plus fermer dans un monde qui semble de plus en plus en train de se fermer :

Ce matin, en prenant cette photo Ă  la gare de Paris St-Lazare, je voulais surtout capter cette discordance qui est dĂ©jĂ  notre ordinaire- et notre imaginaire- oĂą, d’un cĂ´tĂ©, une pub en hauteur reprĂ©sentant l’actrice Julia Roberts nous affirme en souriant que la vie est belle. Donc, que nous aussi, femmes et hommes inclus, nous devons nous Ă©lever, sourire et nous persuader que nos vies sont des triomphes parfumĂ©s. Tandis que d’un autre cĂ´tĂ©, un panneau, comme il y en a tant dĂ©sormais, nous rappelle les consignes d’hygiène Ă  suivre en raison de l’épidĂ©mie du Coronavirus Covid 19. Et comment nous devons rĂ©gulièrement parfumer nos mains avec du savon ou une solution hydro-alcoolique que nous pouvons bien-sĂ»r nous procurer ( acheter) en magasin ou dans des pharmacies. 

Et, ce n’est qu’en rentrant chez moi et en dĂ©couvrant les photos sur mon Ă©cran d’ordinateur que je me suis aperçu que ce panneau nous incitait aussi Ă  la prudence et nous rappelait que nous Ă©tions toujours sous le plan Vigipirate. Entre l’épidĂ©mie du Coronavirus Covid 19 et la peur du terrorisme, je me suis dit que nous Ă©tions de plus en plus cernĂ©s. Et que nous nous y sommes dĂ©jĂ  accoutumĂ©s. Je me suis aussi dit que, pourtant, nous sommes sĂ»rement aujourd’hui plus libres que demain. Mais, Ă©videmment, ce qui peut faire la diffĂ©rence autant voire plus que les Ă©vĂ©nements que nous vivons, c’est souvent notre regard et notre attitude vis-Ă -vis d’eux. 

Franck Unimon, ce jeudi 12 mars 2020.

 

 

 

Dimanche 8 octobre 2011, New-York.

 

 

Save you Money !

 

Nous sommes dans notre chambre d’hôtel lorsque les femmes de ménage arrivent.

Une Noire qui a Ă  peu près 60 ans. Une Blanche originaire de Montenegro, qui a vĂ©cu en Italie, et qui vit maintenant Ă  New-York depuis 16 ans. Elle et moi discutons alors qu’elle travaille seule dans notre chambre. Voici ce qu’elle me dit :

Le quartier oĂą se trouve l’hĂ´tel est un quartier de riches.  Plus on descend, plus c’est riche. Elle m’enjoint Ă  aller Ă  Harlem afin que je vois Ă  quoi ressemble la vie de mes semblables. Elle m’assure que je n’y aurai aucun problème.

Elle ne me parle pas du Bronx, me recommande, si je prends le train, de taire le fait que je suis Français.

Macy’s ? Trop cher. Aller plutĂ´t dans le centre commercial près de l’ancien emplacement des tours du World Trade Center.  En semaine. Central Park est accessible Ă  pied depuis l’hĂ´tel. « Save your money ! Â».

 

Vers 17h30, nous sommes Ă  la gare Grand Central. Est-ce lĂ  qu’a eu lieu une scène du film X-Men ?

La foule palpite dans la gare. Le flic que je viens d’interpeller me rĂ©pond, goguenard, que le pont de Brooklyn a un dĂ©but. De quel cĂ´tĂ© veux-je le traverser ?

 

Dans le mĂ©tro vers Brooklyn, la foule est subitement dopĂ©e par la reprĂ©sentation numĂ©rique des Noirs. Une petite femme noire d’environ 1m50 , boulotte, Ă  peine la trentaine, s’accroche avec un jeune blanc d’une vingtaine d’annĂ©es du type Ă©tudiant. Celui-ci est avec deux copains.  Le compagnon (noir) de la jeune femme, visiblement, se lève très vite et commence Ă  apostropher «l’étudiant Â». Lequel se dĂ©fend en disant :

« Ce n’est pas d’elle dont je parlais…. Â». 

Cela nous donne un aperçu d’une certaine tension raciale ou de ce que l’hystĂ©rie peut provoquer :

Je me suis imaginĂ© qu’avant cet incident, le couple noir s’était disputĂ© d’oĂą la distance entre la jeune femme noire et son compagnon. Avant « l’accrochage Â» avec le jeune Ă©tudiant blanc, La femme Ă©tait debout, près de la porte d’entrĂ©e du mĂ©tro, presqu’à gĂŞner le passage. Tandis que L’homme (son compagnon) assis un ou deux mètres plus loin, Ă©tait alors occupĂ© Ă  jouer sur son tĂ©lĂ©phone portable avec leur enfant assis Ă  ses cĂ´tĂ©s.

 

 

 

Dimanche 9 octobre. 7h30, heure locale. HĂ´tel intercontinental, The Barclay. New-York.

 

Do you want cold water ?

 

On fait toute une histoire de New-York. Mais je ne sens nulle transformation. Je suis un touriste. Un consommateur.  Une carte bancaire. Des billets en banque.

Je suis celui, hier, qui a perdu 5 dollars en achetant deux billets de métro utilisables une seule fois alors que j’aurais déjà pu acheter une Metrocard Unlimited pour une semaine pour 29 dollars. Ce qui me permettrait de prendre bus et métros de façon illimitée….

C’est ce que nous a réexpliqué hier soir une agent du métro, derrière son guichet, alors que nous revenions de Brooklyn.

La femme, noire, la quarantaine, était sympathique.

A New-York, je suis aveugle et sourd. Comme d’habitude. Mais, ici, je m’en rends davantage compte. Je passe devant des bâtiments dont j’ignore la rĂ©elle fonction :

Tribunal ? UniversitĂ© ? Bibliothèque ? Vu que la plupart des bâtiments sont imposants, on a l’impression que tout bâtiment est important. Et vu qu’il y’a beaucoup de voitures de police, vides ou occupĂ©es par des policiers qui attendent, on a l’impression que beaucoup d’endroits sont prestigieux.

 

Hier soir, près de la gare de Brooklyn Bridge City Hall, en pleine nuit, c’est avec un peu d’inquiétude que je me suis décidé à pisser dans un coin. Après le passage d’un flic noir. A quelques mètres de deux mecs qui discutaient. Ma compagne s’est éloignée. Elle avait tenté de me dissuader, préoccupée à l’idée que je me retrouve en prison.

Moi, sĂ»r de mon fait et vidant ma vessie, je repensais Ă  cette phrase lue dans le mĂ©tro Ă  propos de tout paquet abandonnĂ© suspect :

« If you see something say something Â». Allais-je ĂŞtre dĂ©noncĂ© ? Mais je n’en pouvais plus.

 

Ici, Ma compagne et moi sommes deux touristes dans une sorte de supermarché au toc un peu clinquant où d’autres touristes débarquent et claquent du fric. Où, hier, une employée derrière son guichet m’a répondu que l’accès à internet est effectivement gratuit. En Wifi avec son ordinateur personnel. Sinon, moyennant 8 dollars et quelques débits de notre carte bancaire, j’aurai droit…à 15 minutes d’internet.

Dans la mĂŞme idĂ©e, dans cet hĂ´tel, une omelette avec trois Ĺ“ufs (avec libre choix des condiments ?) coĂ»te 22 dollars.

Pour moins de 20 dollars hier soir, Ă  Chinatown, au 67 Bayard Street, au restaurant Xi’an Famous Foods, Ma compagne et moi avons eu un plat chacun :

 

Concubine’s chicken noodles ( 6 dollars).

Spicy cumin Lamb noodles ( 7 dollars) + 1 chrysanthème tea ( 1,50 dollar) + 1 sour tea (1,50 dollar).

 

 

Hier soir, en sortant du mĂ©tro, le pont de Brooklyn Ă©tait indiquĂ©. Mais, aussi, dans une direction opposĂ©e :

 

Chinatown et Little Italy.

 

Nous avons suivi la procession le long du pont. Nous avons croisé la foule, plus importante, qui revenait du pont. Près du pont, une voiture de police. De part et d’autre du pont, une circulation routière, fluide, et assez rapide. Et nous sur le pont. Sur le pont, donc, du monde. Le coucher de soleil était passé. Quelques coureuses et coureurs. Plusieurs personnes à vélo se signalant aux piétons, lesquels ne tenaient pas toujours compte du sens aller et retour indiqué au sol.

Deux couples en séance de photo dans leur tenue de mariage. D’autres personnes

(familles, couples) se photographiant ou se faisant photographier. Des photographes, plein de photographes, avec des compacts, des reflex ou autres. Au loin, la Tour Eiffel ?

Non, la statue de la Liberté.

 

 

Un peu de marche dans Brooklyn. Plus calme. Près de Montaigue Street. RĂ©apparition de jeunes couples noirs. Nous restons peu de temps. Nous voulons aller Ă  Chinatown et Ă  Little Italy. MĂ©tro oĂą nous croisons cette employĂ©e noire qui m’explique que ces billets que nous avons achetĂ©s 2, 50 dollars l’unitĂ© sont bons pour la poubelle : car ils sont valables une seule fois et deux heures maximum après leur achat.

 

Arrêt à Brooklyn Bridge City Hall de nouveau. J’ai plusieurs fois entendu parler de l’aspect délabré du métro de New-York. Mais je suis plus marqué par le fait qu’il fasse chaud dans les couloirs et sur les quais des métros de New-York. Par contre, le métro est climatisé. Trop. Mais les New-Yorkais semblent s’en accommoder.

 

A la gare de Brooklyn Bridge, je demande notre chemin Ă  une jeune. 18 ans maximum. Elle est avec deux de ses copines. Elle n’est pas trop sĂ»re d’elle. Elle me recommande nĂ©anmoins un itinĂ©raire. Peu après, j’interpelle un flic, la trentaine : il suffit de descendre tout droit Ă  l’entendre.

 

Cent mètres plus loin, je redemande Ă  un homme d’une cinquantaine d’annĂ©es apparemment avec sa femme ou sa maitresse :

Descendre jusqu’à Canal Street puis tourner à droite.

A Canal Street, j’interroge un jeune chinois qui se promène avec deux copains. Il me rĂ©pond :

« This is Chinatown Â».

 

 

Bien qu’il parle AmĂ©ricain, il a un accent cantonais. Un restaurant ? Il m’indique un point visuel. C’est de cette façon qu’après ĂŞtre passĂ©s devant plusieurs restaurants asiatiques, nous nous arrĂŞtons au Xi’ an Famous Foods tenu visiblement par un jeune homme d’environ 25 ans, très commerçant et très sĂ»r de lui. SĂ»rement un bon parti.

Dans le restaurant, nous sommes d’abord les seules personnes de couleur noire. Clientèle assez jeune. 30 ans de moyenne d’âge. Un grand blanc (entre 1m90 et 2mètres) semble y avoir ses habitudes. Il mange une salade, une soupe puis passe une autre commande. Je l’imagine Australien. Devant lui, une feuille. Manifestement du travail. Chercheur ?

Les plats sont très bons. Très bonnes pâtes fraîches. Mais un peu trop épicées. Voire un peu trop salées. Mais c’est bon.

En quittant le restaurant, nous avisons un marchant ambulant de fruits : bananes, mangues…celui-ci parle Ă  peine Anglais. Son accent est sur « coussin Â» cantonais. Mais il sait parler argent. Il est peu aimable. Celle qui le remplace aussi. Je crois qu’il part avec sa radio, laquelle diffuse un programme en Cantonais ou en Mandarin.

Je m’y perds un peu avec ces petites pièces de monnaie : quarter dollar, dime. Impossible de savoir si je me fais voler de 5 ou 10 centimes. Mais les prix sont abordables. Moins de 2 dollars un kilo de bananes. 1 dollar 25, la mangue.

Non loin de lĂ , toujours dans Bayard Street, nous tombons sur le Colombus Park Pavillion. Des Asiatiques semblent y pratiquer des arts martiaux. Nous nous rapprochons et nous tombons sur des femmes et des hommes asiatiques attablĂ©s dans le parc :

Ils jouent aux cartes, au GO peut-être ou au Mah Jong. Il y’ a plus d’hommes que de femmes. Les femmes d’un côté. Les hommes de l’autre.

Celles et ceux qui jouent sont parfois entourés de spectateurs. Tout se passe, quand nous passons, en silence. A priori, personne ne nous remarque. Mais c’est sans doute trompeur.

A une table de jeu, deux jeunes dĂ©notent. Ils ont Ă  peine 30 ans, sont plutĂ´t grands, entre 1m80 et 1m90, sont vĂŞtus de manière assez disco, assez branchĂ©e voire transsexuelle : Leur chemise, leurs bottes, la couleur de leurs cheveux, les pommettes hautes. L’un des deux jeunes joue, l’autre regarde. Les autres joueurs et les autres spectateurs ont une bonne soixantaine d’annĂ©es, portent des vestes et pantalons gris, plutĂ´t fripĂ©s.

 

 

Nos combattants sont finalement des amateurs. Ils sont une dizaine. 5 ou 6 filles. 4 ou 5 hommes. Un homme, apparemment SDF ou Ă©garĂ©, les filme avec son tĂ©lĂ©phone portable. En se marrant. Est-il ivre ? Il fait quelques commentaires. La bonne cinquantaine, en costume lui aussi, sa prĂ©sence semble peu dĂ©ranger nos pratiquants d’arts martiaux.

Les filles sont des débutantes. Elles ont la vingtaine. Celui qui semble faire autorité leur enseigne des gestes. Les filles ne sont pas douées.

Deux binĂ´mes de garçons s’entraĂ®nent. Un des « profs Â» me remarque. La sĂ©ance se poursuit. Celui-ci s’occupe d’un jeune qui doit avoir environ 25 ans. Le jeune, torse nu, a un tatouage dans le dos. Bas de survĂŞtement noir, baskets noires (des Nike apparemment) il semble très disposĂ© Ă  donner des crochets dans les gants de celui qui l’entraĂ®ne. Mais il est moins concentrĂ© pour retenir les enchainements demandĂ©s. Celui qui l’entraĂ®ne, assez gros, apparaĂ®t particulièrement raide des hanches.

Le prof envisage de montrer un nouvel exercice Ă  un des garçons. Il lance un coup de pied bas, se fait un claquage ou une crampe. Il active sa jambe, essaie de s’étirer. Cela ne passe pas. Cela lui fait tellement mal qu’il doit partir s’asseoir. J’entends une des filles lui demander :

 

« Do you want cold water ? Â».

En tout et pour tout, nous avons dĂ» rester environ dix minutes. A aucun moment, je n’ai eu l’impression que nous avons ou que nous aurions pu faire partie d’eux :

Depuis notre arrivée à New-York, j’ai déjà croisé des couples mixtes. Mais les communautés présentes à New-York semblent assez peu perméables entre elles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Entre le Pont-Neuf et le Louvre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photos : Franck Unimon, ce lundi 9 mars 2020.  

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Aux alentours du Louvre

 

 

 

Ce matin, au lieu de prendre le mĂ©tro, j’ai eu envie de prendre le bus. Il faisait froid et beau. Peu de monde dans les rues. En nous approchant du Louvre, j’ai aperçu ce soleil. J’ai très vite appuyĂ© sur le bouton pour arrĂŞter le bus. Le coronavirus Covid-19, le 49.3 employĂ© la semaine dernière pour imposer la rĂ©forme des retraites, la dernière cĂ©rĂ©monie des CĂ©sars. Les inquiĂ©tudes comme les dĂ©sagrĂ©ments  futurs et proches ont disparu alors que j’ai commencĂ© Ă  appuyer sur le bouton de cet appareil photo. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Franck Unimon/ Balistique du quotidien, samedi 7 mars 2020. 

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Massage assis

 

 

                                                              Massage Assis

« A un moment, il faut rendre leur corps aux gens Â» m’avait dit ma tutrice en formation massage. C’était il y a trois ou quatre ans. Je me trouvais alors chez elle et sa compagne près de la gare de l’Est. Je venais de lui faire un massage sur table.

 

«  Le corps, c’est l’inconscient Â» m’avait dit un collègue pĂ©dopsychiatre et lacanien que je n’ai jamais massĂ© et que j’ai du mal Ă  imaginer recevant un massage. Ce collègue brillant et attachant fait selon moi partie de toutes ces personnes atteintes profondĂ©ment par ce que j’appelle la nĂ©vrose de «  la pensĂ©e souveraine Â».  Mais il est possible que je me plante complètement :

Dans certaines conditions -qu’elles choisissent- beaucoup de personnes peuvent  nous Ă©tonner par leur ouverture d’esprit.

 

«  Le massage peut permettre certaines dĂ©rives sectaires Â» m’avait Ă  peu près dit une amie kinĂ© avec laquelle nous avions, un moment, envisagĂ© de rĂ©aliser des massages Ă  quatre mains sur table.

 

«  Le massage, c’est un bon moyen de drague ? Â» m’avait demandĂ© lors d’un Ă©vĂ©nement techno, avec un air « complice Â», un jeune commercial sĂ»rement dĂ©jĂ  particulièrement douĂ© pour sĂ©duire.

 

«  J’ai dĂ©jĂ  fait (reçu) plein de massages Â» m’avait dit mon « cobaye Â» : un robuste moniteur de plongĂ©e et d’apnĂ©e, motard par ailleurs. Il se trouvait alors sur la table de massage et j’étais en train de lui masser le dos dans ce centre de plongĂ©e et d’apnĂ©e que je dĂ©marchais afin d’y proposer mes services.

 

Un de mes amis d’enfance avait, soudainement, entrepris de satisfaire un besoin urgent alors que je le massais sur table : consulter ses sms.

 

Mon petit frère (déjà adulte) était resté endormi cinq bonnes minutes sur la table après que j’aie eu fini de le masser la première fois.

 

Lors d’un Ă©change de pratiques de massages, il m’est arrivĂ© de me faire masser par un homme qui, en cours de route, avait eu envie d’un autre genre d’échanges. Nous Ă©tions chez lui et j’étais sur la table tandis que le programme radiophonique de France Culture diffusait son contenu. Cette erreur d’aiguillage, rĂ©gulĂ©e Ă  un moment donnĂ©, a aussi fait partie de ma formation. Et de celle de ma compagne. Comme elle me l’a ensuite dit lorsque je lui ai racontĂ© :

« Tu as de la chance d’avoir une femme comme moi Â».

 

Après le judo, après quelques expĂ©riences de comĂ©dien au théâtre et au cinĂ©ma dans des courts-mĂ©trages, après l’écriture, après la plongĂ©e, après le journalisme (bĂ©nĂ©vole) cinĂ©ma, après des annĂ©es d’exercice en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie, je m’étais dĂ©cidĂ© Ă  suivre l’exemple d’autres collègues de mon service afin de me former au massage bien-ĂŞtre. Avant « Ă§a Â», plus jeune, je voulais ĂŞtre kinĂ© pour travailler dans le sport. Je voulais ĂŞtre journaliste. Faire de la philo et de la psycho.

Je m’étais finalement arrĂŞtĂ© Ă  la formation d’infirmier. C’est encore ce mĂ©tier qui, aujourd’hui, Ă©conomiquement, administrativement et socialement me fait « vivre Â» et, aussi, « m’estampille Â» et « m’étiquette Â».

 

Le mĂ©tier d’infirmier qui suscite tant de « correctes Â» et de sincères admirations est aussi un mĂ©tier de femmes- et d’executant(es)- dans une sociĂ©tĂ© et un monde masculin oĂą les dirigeants sont principalement certains hommes. Un certain type, un certain genre d’hommes.

 

Le mĂ©tier d’infirmier ne m’a jamais suffi. MĂŞme si une partie de ses valeurs me suivent souvent dans ce que je fais ailleurs, mon identitĂ© est Ă  cheval sur plusieurs cultures. Et je bascule rĂ©gulièrement de l’une Ă  autre. Aujourd’hui, je « suis Â» infirmier en pĂ©dopsychiatrie mais m’incarcĂ©rer dans cette gestuelle, cette pensĂ©e et ce vocabulaire, c’est me rĂ©duire en cendres. Je suis vivant et mobile. Ma poitrine se soulève, s’abaisse et je respire. Dans mes pensĂ©es, je chasse autant que possible les cendres et la dĂ©prime qui peuvent m’encombrer. Je les perçois lorsque elles commencent Ă  devenir trop prĂ©sentes, les perce. Et j’évacue.

 

 

Je n’étais pas particulièrement déprimé lorsque j’ai décidé, au début de cette semaine, de répondre à cet appel du 1er novembre.

 

 

Quelques fois, comme d’autres « anciens Â» stagiaires, je reçois de certains de mes anciens formateurs en massage « bien-ĂŞtre Â» des messages. Il peut s’agir, comme pour ce 1er novembre, d’être volontaire pour rĂ©viser et de permettre Ă  la formatrice d’avoir un nombre pair de participants.

 

Aujourd’hui, j’ai renoncĂ© Ă  me reconvertir dans le massage bien-ĂŞtre. Une de mes anciennes partenaires de jeu au théâtre ( pour la pièce La ComĂ©die des erreurs de Shakespeare que nous avions jouĂ©e avec d’autres au théâtre du Nord-Ouest)  avait raison :

Faire du massage bien-ĂŞtre est la continuitĂ© du mĂ©tier d’infirmier or ce que je voudrais dĂ©velopper en prioritĂ©, c’est plutĂ´t ma personnalitĂ© culturelle et artistique. Mais le massage, comme d’autres actes (respirer, Ă©crire, lire, pratiquer l’apnĂ©e, la photo) fait aujourd’hui partie de moi. Proche de l’Art martial et de la mĂ©ditation, le massage est un arc et aussi le miroir de ce que nous sommes. Entre la flèche et nous, ce qui changera la donne, plus que d’établir des records ou de vouloir devenir le meilleur masseur « du monde Â», c’est et ce sera l’intention.

 

RĂ©cemment, Ă  une formation sur le thème de SpiritualitĂ© et addictions, j’ai demandĂ© Ă  un intervenant quels Ă©taient les gardes fous contre une emprise sectaire ou jihadiste. Il m’a rĂ©pondu :

 

Liberté, gratuité et charité.

 

On peut évidemment devenir un professionnel (en massage bien-être ou dans une autre spécialité) et se faire légitimement rémunérer à hauteur de notre engagement. Et s’épanouir. Mais les rapports que l’on adopte et que l’on adoptera avec la liberté, la gratuité et la charité conditionnent et conditionneront beaucoup nos intentions ainsi que, souvent, ce que l’on vivra véritablement.

 

Ce 1er novembre, jour fĂ©riĂ©, je suis peut-ĂŞtre venu dans cet Ă©tat d’esprit :

 

Je n’ai pas gagné d’argent. J’ai été massé et j’ai massé. J’ai écouté, parlé et interrogé. Puis, à la fin de la journée, je suis parti faire ma nuit de travail à l’hôpital en ayant eu le sentiment d’avoir passé une très bonne journée. D’avoir été au rendez-vous avec moi-même.

 

 Ma journĂ©e avait d’abord bien commencĂ©- et tĂ´t- avec ma fille. Je m’étais bien entendu avec elle afin qu’elle laisse sa mère se reposer. J’étais parti de la maison plutĂ´t content de moi. Au lieu de m’être Ă  nouveau fâchĂ© :

 

J’allais passer ce jour fĂ©riĂ© avec d’autres personnes, la plupart inconnues, mais auparavant, je lui avais transmis quelque chose de la vie et du monde dans l’entente, l’apaisement et une comprĂ©hension, je l’espère, rĂ©ciproques. C’est ce qui, je crois, est Ă  l’oeuvre dans tout « bon Â» massage comme dans toutes ces relations avec les autres ainsi qu’avec nous-mĂŞmes que nous recherchons et essayons quelques fois- ou souvent- de vivre.

 

 

Franck Unimon, ce dimanche 3 novembre 2019.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Marseille-Toulon-La Ciotat, octobre 2019

 

 

Marseille.

 

 

Nous Ă©tions Ă  Marseille la semaine dernière. Nous sommes passĂ©s quelques heures Ă  Toulon et avons aussi pris un peu la lumière Ă  La Ciotat. Au moment d’Ă©crire cet article, je me dis que rien ne m’oblige Ă  parler de cette expĂ©rience lunaire qu’est un voyage de manière scrupuleusement chronologique. Lorsque j’ouvre mon robinet en ce moment j’entends ça :

 

 

 

Cette sculpture, nous l’avons dĂ©ja vue. Je suis retournĂ© la voir, cette fois, pour connaĂ®tre le nom de son auteur. Car, sans le nom de son auteur, cette oeuvre est un peu une sĂ©pulture. Pour l’artiste et pour ce qu’il a voulu dire :

 

 

Maintenant, nous « savons ». 

 

 

 

Dans mon prĂ©cĂ©dent article sur Marseille(  Marseille, octobre 2019)  , j’Ă©crivais qu’il m’avait fallu du temps pour aimer cette ville. Cette fois-ci, Marseille s’est très vite dĂ©fendue Ă  sa manière. De sa bouche, les premiers jours, sont d’abord sortis du froid, de la pluie ( des averses jusqu’Ă  faire dĂ©border provisoirement le Vieux-Port) et des jours gris. C’Ă©tait la première fois que je voyais Marseille comme ça. 

 

Je n’ai pas pas de photo d’inondation. Nous rentrions Ă  Marseille par le train  en provenance de Toulon lorsque l’averse est tombĂ©e. Elle nous a douchĂ© avec passion Ă  notre sortie de la gare. 

 

Dans Toulon.

 

Nous sommes allĂ©s Ă  Toulon parce-que s’y trouve un magasin de vĂŞtements techniques supposĂ©s rĂ©sistants et pratiques ( aussi bien faits pour le voyage que pour la ville) qui y a ouvert en 2014. Et il n y a qu’Ă  Toulon, pour l’instant, que la marque dispose d’un magasin physique. Autrement, il faut commander sur internet. Or, j’ai prĂ©fĂ©rĂ© me rendre sur place afin d’essayer les vĂŞtements et de me faire mon idĂ©e concernant les articles et les tailles. Lors des quelques heures passĂ©es Ă  Toulon, je me suis dit que cette ville a des atouts pour ĂŞtre plus attractive qu’elle ne l’est. Mais des -très- mauvais choix au moins architecturaux ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s pour cette ville situĂ©e en bord de mer. On rĂ©sume souvent Toulon Ă  une ville raciste et d’extrĂŞme droite mais j’ai l’impression qu’elle est un peu plus nuancĂ©e que ça. 

 

Dans la rue D’Alger, Ă  Toulon.

 

 

Et,  Ă©videmment, ce « bateau » ( photo prĂ©cĂ©dente) est selon moi, au contraire, lui, une très belle rĂ©alisation. MĂŞme si je ne sais pas comment on vit dans ces immeubles. Concernant les vĂŞtements, pour l’instant, je suis plutĂ´t content.Ils sèchent vite en cas de lavage et sont agrĂ©ables Ă  porter mĂŞme par temps plutĂ´t chaud.

Il est une autre marque ( crééé en 2008) de vĂŞtements très techniques et tout autant prĂ©sentables en ville que j’ai dĂ©couverte rĂ©cemment. Non seulement, elle est plus onĂ©reuse. Mais en plus, cette fois-ci, le seul magasin physique se trouve Ă  Brooklyn. On peut commander par internet mais ça m’ennuie pour des raisons pratiques Ă©videntes ( essayage, coĂ»t…). Je regrette, en 2011, alors que nous Ă©tions Ă  New-York, de ne pas avoir alors connu cette marque. Je connais bien « quelqu’un » pour qui la ville de Brooklyn a un sens et une importance très particuliers. Mais demander ce genre de service m’embarrasse un peu. 

 

 

 

 

Sur l’Ă®le de Frioul.

 

Je portais les vĂŞtements achetĂ©s Ă  Toulon sur moi ( un tee-shirt et un pantalon) pour la première fois, Ă  Frioul. Et, le soleil Ă©tait revenu sur Marseille et les environs. En partant de chez nos amis en fin de matinĂ©e, nous sommes arrivĂ©s sur le Vieux-Port pour embarquer environ cinq Ă  dix minutes avant le dĂ©part du bateau. Parmi les personnes qui faisaient la queue pour embarquer, j’ai reconnu La VirĂ©e Ă  Paname avec leurs deux enfants. La dernière fois que j’avais rencontrĂ© C et H, rĂ©alisatrice et rĂ©alisateur de La VirĂ©e Ă  Paname, c’Ă©tait, je crois, au festival du court-mĂ©trage de Clermont Ferrand il y a peut-ĂŞtre quatre ou cinq ans. Comme nous, ils habitent dans l’Ă®le de France, et, comme nous, ils Ă©taient venus passer quelques jours Ă  Marseille. Comme nous aussi, ils Ă©taient dans le TGV que nous avions pris depuis Gare de Lyon le lundi. L’après-midi passĂ©e avec eux fut très agrĂ©able. C’est la seconde fois qu’Ă  Marseille, je rencontre quelqu’un que je connais personnellement de la rĂ©gion parisienne. La première fois, c’Ă©tait G que j’avais croisĂ© Ă  la terrasse d’un restaurant sur le Vieux-Port. Il Ă©tait lĂ  pour un tournage de Plus belle la vie. Et, d’ailleurs, je l’avais prĂ©sentĂ© aux amis marseillais qui nous ont hĂ©bergĂ© la semaine dernière. 

 

Sur l’Ă®le de Frioul.

 

Entre Marseille et les îles Frioul.

 

De retour Ă  Marseille. Sur notre gauche, le Mucem.

 

 

Marseille, vers les docks.

 

 

 

En revenant Ă  Marseille, j’ai aussi revu d’autres amis installĂ©s depuis plusieurs annĂ©es Ă  Auriol. La dernière fois que j’Ă©tais allĂ© chez eux, je me souviens que leurs deux fils Ă©taient au plus loin Ă  l’Ă©cole primaire. Aujourd’hui, l’un des deux effectue ses Ă©tudes Ă  Luminy.

J’ai aussi revu une ancienne collègue rencontrĂ©e Ă  Montesson il y a plus de 15 ans maintenant. Elle habite dĂ©sormais Ă  Ensues la Redonne.

 

Gare d’Ensues La Redonne.

Il y avait un petit côté gare de western désolée en arrivant. Mais nous sommes en provence.

 

Le trajet depuis Marseille St Charles pour Ensues La Redonne m’a fait passer par l’Estaque. Je n’Ă©tais jamais passĂ© par l’Estaque. La vue depuis le train a Ă©tĂ© très agrĂ©able. Nous Ă©tions plusieurs passagers, Ă  activer pathĂ©tiquement nos appareils photos pour prendre des clichĂ©s de la vue Ă  travers la vitre. Mais il me reste un petit fond de dignitĂ© et je garderai ces photos pour moi. 

Après avoir discutĂ© de Marseille, de Lyon et d’autres sujets avec elle et son mari, C m’a emmenĂ© Ă  Carry le Rouet qu’elle m’a fait dĂ©couvrir ( merci encore!). 

 

A Carry Le Rouet avec C.

 

 

 

 

 

 

 

Carry Le Rouet.

 

Il nous restait encore quelques jours et PĂ©pita, mon amie qui a quittĂ© Paris il y a une vingtaine d’annĂ©es pour revenir vivre Ă  Marseille, Ă©tait dĂ©sormais de repos Ă  la fin de la semaine. Alors que j’Ă©tais parti pour Ensues la Redonne, PĂ©pita a emmenĂ© ma compagne et notre fille en vadrouille. Je les ai retrouvĂ©es en fin d’après-midi. Ce qui m’a permis de prendre le bus et de revoir la corniche que j’avais dĂ©couverte pour la première fois avec S. il y a plus de vingt ans.

Le long de la corniche. Au bout Ă  gauche, le cercle des nageurs de Marseille par oĂą est passĂ©e et oĂą se trouve une partie de l’Ă©lite de la natation française ( Alain Bernard, Camille Lacourt….). Il est possible d’y avoir accès en tant que pratiquant « lambda », moyennant si j’ai bien retenu, deux cooptations, 1700 euros d’adhĂ©sion la première annĂ©e + 1700 euros.

 

PĂ©pita m’a donnĂ© rendez-vous près de la statue de David. Cela me parlait. Il y a plusieurs annĂ©es, j’avais passĂ© quelques nuits dans l’auberge de jeunesse qui se trouve un peu plus loin vers les calanques. A cette Ă©poque, PĂ©pita vivait encore Ă  Paris.

 

En attendant de retrouver PĂ©pita, ma compagne et notre fille, j’ai regardĂ© « David ». Il m’a fait penser Ă  quelqu’un qui s’Ă©tait statufiĂ© Ă  force d’ĂŞtre laissĂ© en plan et d’attendre que quelqu’un accepte de l’emmener quelque part. Ne te laisse pas faire, David ! La première station de bus n’est pas loin. 

Après nous être retrouvés, nous sommes allés nous asseoir au bord de la mer.

 

 

David Ă©tait encore au mĂŞme endroit la dernière fois que je l’ai regardĂ©. Mais il a peut-ĂŞtre le pouvoir de revĂŞtir plusieurs formes.

 

Marseille.

 

David, le bĂ©nĂ©vole, ramassait maintenant les dĂ©tritus laissĂ©s sur la plage. Une femme est venue l’aider. Notre fille aussi. Je l’ai laissĂ©e faire un petit peu puis je l’ai appelĂ©e et lui ai expliquĂ© que c’Ă©tait bien. Mais qu’il fallait qu’elle arrĂŞte car elle ramassait tout avec ses mains alors que David, lui, portait des gants et avait une pince. Je me suis abstenu de dire Ă  notre fille que j’estimais, aussi, que c’Ă©tait aux adultes qu’il revenait d’abord de prendre ce genre d’initiative et de responsabilitĂ© avant de s’en dĂ©charger sur des enfants. Ensuite, j’ai expliquĂ© Ă  David la raison pour laquelle j’avais appelĂ© notre fille. Ce qu’il a très bien compris. 

Marseille, hĂ´pital de la Timone.

 

En rentrant peut-ĂŞtre, ou en repartant le lendemain, nous sommes passĂ©s devant l’hĂ´pital de la Timone. L’hĂ´pital n’est pas un lieu de vacances et nous sommes simplement passĂ©s devant. Mais ça faisait des annĂ©es que j’entendais parler de cet hĂ´pital et, lĂ , il Ă©tait près de nous.

 

Au « dessus » de Cassis.

 

 

Nous aurions pu nous rendre Ă  Cassis. Mais je n’avais pas envie de m’y rendre mĂŞme si PĂ©pita nous a dit que c’Ă©tait très joli. Et, aussi très touristique. Or, nous Ă©tions un samedi.

Au « dessus » du vide. A notre arrivĂ©e, deux alpinistes venaient de terminer leur ascension. Ils m’ont rĂ©pondu que cela s’Ă©tait très bien passĂ© et qu’il faisait « limite » trop chaud.

 

 

Couple assis au dessus de Cassis.

 

 

Je préférais aller à La Ciotat.

La Ciotat.

 

 

Chaque fois que j’Ă©tais venu Ă  Marseille, je n’avais jamais eu l’envie d’y aller. Mais cette fois, j’avais particulièrement envie. Peut-ĂŞtre parce-que je l’avais aperçue lors de notre trajet en train pour Toulon. Egalement pour le son du nom de cette ville. L’idĂ©e que la ville ait perdu de son faste Ă©conomique m’attirait d’autant plus. Ainsi que le fait que le compagnon de PĂ©pita, Marseillais, et PĂ©pita nous disent soit mĂ©connaĂ®tre cette ville ou y ĂŞtre allĂ©e il y a plusieurs annĂ©es. 

 

 

En arrivant Ă  la Ciotat, PĂ©pita m’a rappelĂ© qu’elle Ă©tait aussi la ville des Frères Lumière, ceux qui avaient inventĂ© le cinĂ©ma. ça m’a d’autant plus donnĂ© envie d’ĂŞtre lĂ  et d’aller voir ce qui restait de cette Histoire.

 

 

 

 

Le cinĂ©ma Lumière, la photo des frères Lumières, le dĂ©corum, pour nous, c’Ă©tait bon ! C’Ă©tait lĂ  que ça s’Ă©tait passĂ©. Voir le dernier Terminator Ă  l’affiche du cinĂ©ma des Frères Lumière Ă©tait un dĂ©tail très amusant.

 

Heureusement, PĂ©pita a eu le rĂ©flexe d’entrer dans le cinĂ©ma et de demander aux employĂ©s prĂ©sents s’il Ă©tait possible de le visiter. Ils ( une femme et un homme) nous ont rapidement dĂ©trompĂ© : auparavant, cent ans plus tĂ´t, cet endroit Ă©tait une halle. Le vĂ©ritable cinĂ©ma oĂą les frères Lumière avaient marquĂ© l’Histoire du cinĂ©ma se trouvait ailleurs dans la ville.

 

La Ciotat.

 

PĂ©pita s’est rendue Ă  l’office du tourisme pour s’informer. Puis, en passant, nous avons achetĂ© du vrai savon de Marseille de la marque SĂ©rail. Ensuite, nous sommes repartis chercher le « vrai » cinĂ©ma des frères Lumière.

 

La Ciotat.

 

 

Ma compagne venait de me dire :  » ça fait drĂ´le de voir encore les traces de vie dans ces appartements » et de s’Ă©loigner. Je commençais Ă  prendre des photos de cet endroit lorsqu’une femme s’est arrĂŞtĂ©e sur un petit vĂ©lo, type vĂ©lo pliable. Elle m’a demandĂ© avec sympathie si j’Ă©tais de la Ciotat. Je lui ai rĂ©pondu non mais qu’est-ce que j’en savais, finalement, au vu de mon intĂ©rĂŞt soudain pour La Ciotat. En sortant un petit appareil photo, la dame, d’une soixantaine d’annĂ©es, m’a expliquĂ© que c’Ă©tait une partie de l’Histoire de la ville qui partait. Et tout ça, pour construire  » un hĂ´tel 36 Ă©toiles ! ». Elle m’a racontĂ© qu’enfant, il y a 40 ans ( ou plus), elle s’Ă©tait rendue dans ce théâtre. Et, aussi qu’il y a encore peu, cette caserne de pompiers Ă©tait active. Elle envisageait d’envoyer ensuite ses photos Ă  des amis et de leur dire :

« VoilĂ , ce que c’est devenu ! ». 

La dame Ă©tait engageante et j’aurais pu rester discuter un peu plus avec elle. J’ai nĂ©anmoins pris congĂ©. Notre fille est venue me chercher en courant. Ma propension Ă  prendre des photos faisait que j’Ă©tais rĂ©gulièrement distancĂ© et elle s’inquiĂ©tait que je me perde. 

 

C’est lĂ  oĂą ça s’est passĂ© avec les frères Lumière.

 

Voici le vĂ©ritable endroit oĂą les frères Lumière ont fait parler d’eux. L’endroit est assez dĂ©cevant extĂ©rieurement et nous nous sommes demandĂ©s si l’on nous cachait quelque chose. Mais un des employĂ©s nous a confirmĂ© que c’Ă©tait bien-lĂ . Chaque mercredi et chaque samedi, Ă  15h, ( il Ă©tait alors plutĂ´t 17h), a lieu une visite guidĂ©e et les piliers d’origine ont Ă©tĂ© conservĂ©s. L’employĂ© a ajoutĂ© que l’on « sent » , Ă  l’intĂ©rieur du cinĂ©ma, que le lieu a une histoire. Nous aurions pu entrer en allant Ă  la sĂ©ance de 20h mais il nous fallait rentrer.

A dĂ©faut de sĂ©ance cinĂ©ma et de visite, nous avons un peu profitĂ© de la terrasse extĂ©rieure qui donne vue sur la mer, de l’autre cĂ´tĂ© de la rue. J’ai aussi regardĂ© la programmation que l’employĂ© m’a confirmĂ© ĂŞtre du cinĂ©ma d’auteur en version originale.

 

La Ciotat.

Oui, ça donnait envie de revenir à La Ciotat. Pépita, elle-même, a été agréablement surprise par cette visite de la ville.

 

Avant de rentrer, nous sommes allĂ©s nous tremper les pieds dans l’eau. A l’entrĂ©e d’un club de plongĂ©e, dans le centre-ville, j’avais lu que la tempĂ©rature Ă©tait Ă  vingt degrĂ©s. Nous avons fait l’erreur Ă©tonnante en venant Ă  Marseille de laisser nos maillots de bain chez nous. Mais en dĂ©finitive, ce sĂ©jour nous a bien plu alors nous reviendrons. D’autant que ma compagne a prĂ©fĂ©rĂ© Marseille Ă  Lille ( Lille J + 4). Notre fille, elle, a aimĂ© les deux villes. 

 

 

Franck Unimon.