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New-York 2011- 2ème partie

 

New-York. Lundi 10/10/11 7h05

( cet article est la suite de New-York 2011 que j’avais publié le 12 mars 2020. Ce 24 septembre 2021, je me suis senti inspiré pour poursuivre. J’ai peut-être estimé que j’avais suffisamment pris le temps de la réflexion).

Hi Guys !

 

Hier, dimanche 9 octobre, après la tenue de ce journal, nous sommes allés prendre un petit-déjeuner près de l’hôtel. Mais avant de parler d’hier :

 

Tout à l’heure, en me levant, je me suis dit que si je devais vivre ou si je venais à vivre à New-York, j’habiterais Harlem. Ou Brooklyn.

 

Harlem pour ses loyers que je devine à peu près abordables : cité HLM ou équivalent. Pour ses anciennes zones pavillonnaires. Pour le calme que nous y avons trouvé hier ; la taille de ses habitations sensiblement moins haute que là où se trouve notre hôtel ; pour sa population : des Noirs (Américains ou Africains) des Hispanophones. Il semble qu’il y’ait une sorte d’entente tacite, au départ, entre personnes de même couleur ici.

 

Brooklyn : parce-que peut-être que le côté populaire d’Harlem me rebuterait. Peut-être qu’Harlem n’est pas si calme que ça. Parce-que Brooklyn me semble plus proche de la vie qu’Harlem. De la vie culturelle, économique. Mais Brooklyn est sûrement très chère.

 

Si je reviens un jour à New-York, j’essaierai d’habiter à Brooklyn si, économiquement, c’est plus avantageux qu’à l’Intercontinental Barclay. Mais, par ailleurs, notre hôtel est vraiment bien situé géographiquement :

A quelques minutes de Grand Central. A environ 30 minutes à pied de Broadway et de Times Square….

Par contre, pour le prix des commerces, il faut être affuté. Apercevoir une chocolaterie Godiva à quelques minutes de notre hôtel, dans Lexington Avenue, le soir de notre arrivée, aurait dû m’en informer ; la veille de notre départ pour New-York, nous sommes allés faire du change, rue Rouget de Lisle, dans le premier arrondissement, près des Tuileries, au métro Concorde. Soit la négation d’un quartier populaire. C’est dans la rue du Faubourg St-Honoré que nous étions tombés sur Godiva en cherchant un distributeur de billets. Godiva est une chocolaterie chic dans un quartier où je me promène peu. Ce n’est pas mes origines. Les cinémas les plus proches sont sur les Champs Elysées. Ou à Opéra. Ce ne sont pas les cinémas que je fréquente le plus. Exceptions faites des projections de films réservées à la presse cinéma dont plusieurs salles se trouvent sur les Champs ou aux abords des Champs Elysées.

 

Si je venais vivre à New-York, qu’y ferais-je ? Certainement pas infirmier ou dans le milieu de la santé !

Pour beaucoup, les Etats-Unis symbolisent la possibilité d’une nouvelle chance, d’une autre vie. Alors, quoi faire dans cette ville où, manifestement, il convient d’être bavard, actif, toujours souriant et expressif : «  Hi guys ! » nous ont déjà répété plusieurs fois des employées à notre entrée dans certains magasins. Le mot « Guy » m’intrigue. Ma compagne est une fille. Malheureusement, je n’irai pas interroger ces employées à ce propos.

 

Parler ici n’est pas vraiment mon ressort. Autant lire et écouter en Anglais, oui. Parler, pas vraiment. Du moins, pas pour l’instant. Je parle Anglais car Ma compagne le fait très peu. Je suis aussi son escorte linguistique. Et pour des raisons pratiques : trouver notre chemin.

Mais, autrement, je crois avoir quitté cette excitation juvénile, niaise et immature qui, il y’a vingt ans, en Ecosse, me rendait plus bavard, plus expressif et plus souriant.

Aujourd’hui, je ne parlerais pas de déprime (beaucoup, en outre, m’envieraient cette déprime) mais d’un certain scepticisme vis-à-vis d’un certain cirque social.  Hier, je me suis surpris à regretter, un peu, la discrétion voire la retenue japonaise. OU asiatique. Mais je ne sais sans doute pas de quoi je parle et ma compagne me dirait sans doute que je suis trop exigeant avec moi-même.

 

 

Je me sens tenu d’écrire tout de suite que cela me va d’être l’escorte linguistique de ma compagne, ici : il y’a plus désobligeant et elle est de bonne compagnie. Pas de chichis où de scènes à 2 balles.  De la simplicité, de la gentillesse et de l’efficacité.

 

Agacé

 

Je suis assez agacé par le fait que notre séjour consiste pour beaucoup à aller découvrir ces endroits de New-York dont nous avons beaucoup ( au point de ne plus nous en rendre compte) entendu parler ou que nous avons beaucoup vus au cinéma ou à la télé. C’est à cela que je me rends compte que New-York est bien la ville, une ville, qui fait partie de la Première Puissance mondiale. Or, lorsque je regarde bon nombre de ses habitants, je vois des êtres faits comme tout le monde avec les mêmes erreurs, travers ou tics qu’ailleurs.

 

Je suis assez agacé par ce circuit touristique mais c’est sans doute un préliminaire nécessaire. Il aide à comprendre une partie de l’histoire de cette ville, de ces gens. Et puis, cela me fait voir autre chose, ou presque, de ce que je connais et vois d’habitude.

Presque : car les mêmes besoins sont ici présents comme ailleurs.

 

Chester Himes

 

 

Hier matin, notre petit-déjeuner a été une réussite économique. 23 dollars et quelques    (parce-que nous avons pris pour environ 10 dollars de fruits, c’est cher : pastèque, melons, mangue).

La veille, nous avions payé un peu plus de 40 dollars.

Je n’ai pas retenu le nom de l’endroit de notre petit-déjeuner d’hier matin, très proche de notre hôtel. A l’angle en descendant. Il s’agit visiblement d’un commerce.

« We never close » m’avait répondu malicieusement la dame de la caisse, d’origine chinoise. Pourtant, le soir de notre arrivée, les lumières étaient plutôt éteintes et un homme faisait le ménage.

Derrière les fourneaux, des Mexicains ou des Sud-Américains. A la caisse, des femmes chinoises. Au milieu, des produits alimentaires. Il est possible, ici, de manger tous ses repas. Et, il semble que cela soit très fréquenté.

 

Après ça, le bus jusqu’à Harlem. Nous le prenons dans la 3ème Avenue, non loin du magasin Capacci Group où j’ai acheté mes cadenas qui, maintenant, m’obéissent. Le magasin est ouvert ce dimanche comme la plupart des commerces.

Je demande au chauffeur, un Noir d’une cinquantaine d’années, barbe grise et sel de 2-3 jours, où s’arrêter pour Harlem :

« It depends on where you’re going » me répond-t’il. Mince !

« Up to Central Park » je réponds. Il me dit qu’il m’arrêtera à une station. Je le remercie.

La climatisation me heurte. Je ferme mon blouson. La 3ème Avenue défile plus de trente minutes durant. Le chauffeur annonce la plupart des arrêts par noms de rue. Il est l’autorité du bus.

Une seule femme (d’une bonne cinquantaine d’années) raconte sa vie grâce à son téléphone portable.

Nous apercevons beaucoup de commerces dont une Bakery qui donne envie avec ses pâtisseries maison. J’aperçois aussi une maison à Bagels. Je n’en n’ai toujours pas mangé. Les quartiers sont assez chics ou bobos. Puis, vient Harlem. Et, c’est moins beau. D’abord, une bonne partie des passagers avec nous au départ a disparu. La femme blanche au téléphone portable n’est plus là.

Un Noir massif d’une cinquantaine d’années, assez grand, aux pieds larges chaussant à peu près du 48, et sentant l’urine, monte avec une poussette. C’est laborieux. Derrière lui, une jeune femme noire, grosse, la vingtaine, avec un joli visage, mesurant 1m60 ou moins, porte un enfant qui doit avoir un an au maximum.

L’homme et la femme s’assoient côte à côte. Debout, à l’arrêt de bus, un homme d’environ 1m70, la cinquantaine, la peau noisette, maigre, est vêtu d’un costume beige. Ses yeux sont assez exorbités. Il porte une bosse sur la partie gauche de son front. Une bosse qui semble faire partie de son anatomie. Il regarde derrière le bus semblant en attendre un autre. C’est un personnage d’un livre de Chester Himes.

 

Le bus repart. Un peu plus tôt était montée une jeune femme noire, en tenue de travail. Une combinaison bleue (tunique et pantalon). Elle venait sûrement de l’hôpital devant lequel nous nous étions arrêtés.

 

Le couple à l’enfant discutait tranquillement, se souriant. La poussette, elle, n’arrêtant pas de se déplacer : les freins ne marchaient pas ou ne marchaient plus. Plusieurs fois, celle-ci s’est déplacée sans que l’homme s’en aperçoive. J’ai ainsi pu la remettre une ou deux fois sans qu’il le voie. La première fois, il s’était excusé. Finalement, l’homme a posé son gros pied pour coincer la poussette.

 

 

A un arrêt est monté un mastodonte noir (à la Schwarzenegger  quand il était jeune). Il tenait dans la main un sorbet qu’il lapait avec plaisir.

 

 

Nous sommes descendus peu après. Le Harlem que j’ai vu m’a évoqué la Porte de Clignancourt, ses commerces bon marché, St Ouen, avec un playground. Mais une Porte de Clignancourt en plus large bien-sûr et où l’on parle Espagnol.

En marchant vers le nord de Central Park, nous croisons quelques Africaines et Africains francophones.

 

Le nord de Central Park

 

 

Cela surprend de tomber sur le nord de Central Park en émergeant d’Harlem et de ses logements calmes mais plutôt moches. De plus, il fait beau. Comme hier.

 

 

A Central Park, l’atmosphère est très détendue. Quelques personnes sur des bancs. Lecture, détente, coiffure. Mais la plupart se promènent. Quelques noirs mais surtout des blancs. Ou des touristes comme nous. Enfin, c’est ce que je vois d’emblée.  Le parc est beaucoup trop grand pour que je sois catégorique.

Des gens se promènent en famille.  Quelques personnes trottinent. Comme ce noir d’environ 1m90 pour plus de cent kilos, la cinquantaine, short, casquette, baladeur fiché dans la brassière de son bras gauche. Il se prend la laisse d’un petit chien tenu par un môme. Le noir saute un moment à cloche-pied, le temps d’être dégagé, sous les «  My God ! I’Am sorry ! » de la maman du petit. Puis, l’homme repart vers son footing en transpirant. Il est midi et demi passé.

 

 

Nous entrons dans un jardin où les cyclistes sont invités à mettre pied à terre. Malheureusement, j’ai oublié son nom. C’est un jardin assez grand pourvu de toilettes gratuites et plutôt propres. On peut facilement tourner en rond dans ce jardin. Mais c’est calme, agréable. On y croise deux surveillantes. Deux noires. Deux étudiants, une fille, un garçon, avec leur Mac sous les colonnes. Un couple. Un endroit tranquille.

 

En sortant de ce jardin, nous nous rapprochons du réservoir Jackie Onassis (Quel hommage ! ) et de la file active des sportifs de Central Park. Enfin, sportifs….tous ne le sont pas. Même si le plus grand nombre en a la tenue et l’équipement. Et, ils sont nombreux à défiler régulièrement, principalement à pied ou à vélo. Beaucoup moins, j’en suis surpris, en rollers et avec des rollers « ordinaires » à quatre roues avec frein à l’arrière. A l’exception d’un rouleur, noir, en combinaison de compétition avec quatre roues d’environ 100 mm de diamètre.

Je vois beaucoup de sportifs du dimanche. Ou des sportifs qui commencent un entraînement.

Nous remontons (descendons) la file active à contre-courant. Parmi les promeneurs, quelques voix françaises.

Nous longeons principalement la piste sportive jusqu’au sud où nous sortons. Après une pause, assis sur un banc, à regarder les sportifs.

 

Nous tombons sur le défilé du char de la Colombie. Devant nous, quelques Colombiens émus agitent leur drapeau. La jeune femme qui représente la Colombie semble aussi contente et émue.

Nous n’attendons pas le passage des autres chars et ne demandons pas de quoi il s’agit. Nous traversons l’avenue dès que cela est possible avec quelques autres. Nous prenons un bus dans l’avenue Madison direction Harlem. Le seul avantage que je trouve à ce que je vois de Madison Avenue est de nous indiquer un des musées où nous irons peut-être : le musée d’art contemporain. Pour le reste, cette avenue me déplait. Sa froideur. Son luxe. Ce fric. Ces vitrines. Et puis, la climatisation du bus me rackette.

 

Harlem

 

 

De retour à Harlem pour trouver un restaurant, je nous égare. Jusqu’à ce qu’une dame noisette d’une soixantaine d’années du genre bigote nous réponde avec un accent espagnol et nous aiguille.

 

Je suis étonné par l’espace de Harlem : assez larges trottoirs. Assez larges rues.  Calmes. Peu de voitures. Il est vrai que les logements, en moyenne, y sont plus petits que là où se trouve notre hôtel.

Nous apercevons l’avenue Martin Luther King. Puis, nous approchons de notre but. Le Melbi’s  cité dans le Lonely Planet semble ouvert. Il y’a des personnes attablées à l’intérieur. Un homme noir assis devant avec une femme noire avec laquelle il discute, me prévient que ça ouvrira à 17h. Il est 15h ou 15h30. Je leur demande s’ils connaissent un bon endroit où manger près d’ici. Nous avons le choix. Ils nous indiquent trois ou quatre endroits.

 

Nous entrons dans le Zoma (« essence of Abyssinia, Ethiopian cuisine New York ») toujours dans le boulevard Frederik Douglass ( 8 th Avenue ).

L’intérieur est moderne et assez spacieux tout en bénéficiant d’ornementations du pays. Depuis quelques années, j’ai un faible pour l’Ethiopie, pays d’Afrique qui n’a pas connu l’esclavage. Haïlé Sélassié. L’Amarhique. La collection de musique Ethiopiques.  La chanteuse Tseyhatu Beràki.

 

La jeune femme qui nous reçoit a le charme de là-bas. Ce regard, ce visage.  Ce sourire poli, ces cheveux.

Je la crois née là-bas mais elle s’exprime avec un accent new-yorkais plutôt prononcé.

Dans le restaurant, un couple hétéro blanc, deux femmes noires. Une, plus jeune que l’autre, porte une robe rouge.

 

Nous prenons un plat conçu pour deux. 31 dollars, taxe incluse.

Je lui demande comment s’appelle cette chanteuse que nous entendons. Kuku Sebsibe. Elle n’a pas le cd me répond-t’elle en souriant mais elle peut m’écrire son nom.

Elle est jeune ? Pas vraiment. Elle doit avoir la cinquantaine.

Comment faire pour aller à l’église abyssinienne ? Je n’y suis jamais allée.

Elle m’explique comment m’y rendre. Il faut prendre le métro etc….

Par contre, la salle de concerts Apollo est assez proche ! Je prends une carte du restaurant. Nous partons donc pour Apollo et je veux croire que son sourire, quand elle nous a salué, n’avait rien à voir avec l’impératif «  Hi guys ! » qu’on entend régulièrement dans les magasins.

 

 

Aller à la salle de concert Apollo nous permet de rester un peu plus longtemps dans Harlem.

Dans Nicholas Avenue, en pleine rue, nous avons vu un jeune homme noir d’environ un mètre quatre vingt s’amuser à lancer un ballon de football américain que trois jeunes garçons d’une dizaine d’années s’empressaient d’aller récupérer. 

 

Sur le chemin d’Apollo

 

 

Sur le chemin d’Apollo, une mosquée qui semble tenue par des Africains d’Afrique noire. Une avenue ou un boulevard Malcolm X. Il me semble même avoir vu quelque part l’enseigne d’une communauté Malcolm Shabbazzou quelque chose comme ça.

 

Je constate aussi des restes d’un certain militantisme «  I’Am black and Proud ! » :

 

C’est une vendeuse d’un âge respectable (la quarantaine) vêtue à l’Africaine sur le modèle de la chanteuse Erykha Badu.

Des livres qui ont à voir avec un certain militantisme.

Jusqu’à la vente de comics avec des super héros noirs. Les quelques super héros noirs de comics tels que Black Panther, ce qui, en Anglais, ici, à Harlem, prend un autre sens auquel je n’avais jamais pensé en lisant « La Panthère noire » en Français. Et, bien-sûr, Luke Cage qui a inspiré à l’acteur Nicolas Coppola son nom d’acteur : Nicolas Cage.

 

Inutile d’entrer dans l’Apollo juste pour visiter. Surtout lorsque je vois un guide en sortir avec quelques touristes et leur sortir qu’il a été très content de les rencontrer et de serrer la main à tous : des blancs, des hommes et quelques femmes.

Cela me rappelle la même mascarade touristique que dans ce documentaire où l’on voyait un jeune couple français visiter en Jamaïque le musée consacré à Bob Marley.

 

Give me a break !

 

 

Bien qu’historique, l’Apollo me fait l’effet d’un lieu ordinaire pour celles et ceux qui vivent ou travaillent ( il y’a plein de commerces) aux alentours.

Dans un magasin de chaussures, non loin de là, un jeune noir d’une quinzaine d’années essaie des bottes en caoutchouc tout en téléphonant. Il est assis sur un siège.

Un des employés, noir, la bonne quarantaine, l’aide à retirer la botte qui lui reste. Le jeune homme poursuit sa conversation téléphonique.

Il semble que l’employé s’enhardisse à lui demander s’il prend les bottes. Le jeune homme, tout en continuant sa conversation téléphonique, répond, en riant un peu, à l’employé :

« Give me a break ! ». L’employé se redresse docilement.

Franck Unimon (à suivre).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Olivier de Kersauson- Le Monde comme il me parle

 

                    Olivier de Kersauson- Le Monde comme il me parle

« Le plaisir est ma seule ambition ».

 

 

Parler d’un des derniers livres de Kersauson

 

Parler d’un des derniers livres de Kersauson, Le Monde comme il me parle,  c’est presque se dévouer à sa propre perdition. C’est comme faire la description de notre dentition de lait en décidant que cela pourrait captiver. Pour beaucoup, ça manquera de sel et d’exotisme. Je m’aperçois que son nom parlera spontanément aux personnes d’une cinquantaine d’années comme à celles en âge d’être en EHPAD.

 

Kersauson est sûrement assez peu connu voire inconnu du grand public d’aujourd’hui. Celui que j’aimerais concerner en priorité avec cet article. Je parle du public compris grosso modo entre 10 et 35 ans. Puisque internet et les réseaux sociaux ont contribué à abaisser l’âge moyen du public lambda. Kersauson n’est ni Booba, ni Soprano, ni Kenji Girac. Il n’est même pas le journaliste animateur Pascal Praud, tentative de croisement tête à claques entre Donald Trump et Bernard Pivot, martelant sur la chaine de télé Cnews ses certitudes de privilégié. Et à qui il manque un nez de clown pour compléter le maquillage.

 

Le Mérite

 

Or, aujourd’hui, nous sommes de plus en plus guidés par et pour la dictature de l’audience et du like. Il est plus rentable de faire de l’audience que d’essayer de se faire une conscience.  

 

Que l’on ne me parle pas du mérite, héritage incertain qui peut permettre à d’autres de profiter indéfiniment de notre crédulité comme de notre « générosité » ! Je me rappelle toujours de cette citation que m’avait professée Spock, un de mes anciens collègues :

 

« Il nous arrive non pas ce que l’on mérite mais ce qui nous ressemble ».

Une phrase implacable que je n’ai jamais essayé de détourner ou de contredire.

 

Passer des heures sur une entreprise ou sur une action qui nous vaut peu de manifestations d’intérêt ou pas d’argent revient à se masturber ou à échouer. 

Cela équivaut à demeurer  une personne indésirable.

Si, un jour, mes articles comptent plusieurs milliers de lectrices et de lecteurs, je deviendrai une personne de « valeur ».  Surtout si ça rapporte de l’argent. Beaucoup d’argent. Quelles que soient l’originalité ou les vertus de ce que je produis.

 

Mais j’ai beaucoup de mal à croire à cet avenir. Mes écrits manquent par trop de poitrine, de potins, d’images ad hoc, de sex-tapes, de silicone et de oups ! Et ce n’est pas en parlant de Kersauson aujourd’hui que cela va s’améliorer. Kersauson n’a même pas fait le nécessaire pour intégrer  l’émission de téléréalité Les Marseillais !

 

Rien en commun

 

Mais j’ai plaisir à écrire cet article.

 

Kersauson et moi n’avons a priori rien à voir ensemble. Il a l’âge de mon père, est issu de la bourgeoisie catholique bretonne. Mais il n’a ni l’histoire ni le corps social (et autre) de mon père et de ma mère. Même si, tous les deux, ont eu une éducation catholique tendance campagnarde et traditionnelle. Ma grand-mère maternelle, originaire des Saintes, connaissait ses prières en latin.  

 

Kersauson a mis le pied sur un bateau de pêche à l’âge de quatre ans et s’en souvient encore. Il a appris « tôt » à nager, sans doute dans la mer, comme ses frères et soeurs.

Je devais avoir entre 6 et 9 ans lorsque je suis allé sur mon premier bateau. C’était dans le bac à sable à côté de l’immeuble HLM où nous habitions en banlieue parisienne. A quelques minutes du quartier de la Défense à vol d’oiseau.

 

J’ai appris à nager vers mes dix ans dans une piscine. Le sel et la mer pour lui, le chlore et le béton pour moi comme principaux décors d’enfance.

 

Moniteur de voile à 13 ans, Kersauson enseignait le bateau à des parisiens (sûrement assez aisés) de 35 à 40 ans. Moi, c’est plutôt vers mes 18-20 ans que j’ai commencé à m’occuper de personnes plus âgées que moi : c’était des patients  dans les hôpitaux et les cliniques. Changer leurs couches, vider leur  bassin, faire leur toilette, prendre soin d’eux….

 

J’ai pourtant connu la mer plus tôt que certains citadins. Vers 7 ans, lors de mon premier séjour en Guadeloupe. Mais si, très tôt, Kersauson est devenu marin, moi, je suis un ultramarin. Lui et moi, ne sommes pas nés du même côté de la mer ni pour les mêmes raisons.

La mer a sûrement eu pour lui, assez tôt, des attraits qui ont mis bien plus de temps  à me parvenir.  Je ne vais pas en rajouter sur le sujet. J’en ai déjà parlé et reparlé. Et lui, comme d’autres, n’y sont pour rien.

 

Kersauson est né après guerre, en 1944, a grandi dans cette ambiance (la guerre d’Indochine, la guerre d’Algérie, la guerre du Vietnam) et n’a eu de cesse de lui échapper.

Je suis né en 1968. J’ai entendu parler des guerres. J’ai vu des images. J’ai entendu parler de l’esclavage. J’ai vu des images. J’ai plus connu la crise, la peur du chômage, la peur du racisme, l’épidémie du Sida, la peur d’une guerre nucléaire, les attentats. Et, aujourd’hui, le réchauffement climatique, les attentats, les serres d’internet, l’effondrement, le Covid.

 

Kersauson, et moi, c’est un peu la matière et l’antimatière.

 

En cherchant un peu dans la vase

 

Pourtant, si je cherche un peu dans la vase, je nous trouve quand même un petit peu de limon en commun.

L’ancien collègue Spock que j’ai connu, contrairement à celui de la série Star Trek, est Breton.

C’est pendant qu’il fait son service militaire que Kersauson, Breton, rencontre Eric Tabarly, un autre Breton.

 

C’est pendant mon service militaire que j’entends parler pour la première fois de Kersauson. Par un étudiant en psychologie qui me parle régulièrement de Brautigan, de Desproges et de Manchette sûrement. Et qui me parle de la culture de Kersauson lorsque celui-ci passe aux Grosses Têtes de Bouvard. Une émission radiophonique dont j’ai plus entendu parler que je n’ai pris le temps de l’écouter.

 

Je crois que Kersauson a bien dû priser l’univers d’au moins une de ces personnes :

Desproges, Manchette, Brautigan.

 

Pierre Desproges et Jean-Patrick Manchette m’ont fait beaucoup de bien à une certaine période de ma vie. Humour noir et polar, je ne m’en défais pas.

 

C’est un Breton que je rencontre une seule fois (l’ami de Chrystèle, une copine bretonne de l’école d’infirmière)  qui m’expliquera calmement, alors que je suis en colère contre la France, que, bien que noir, je suis Français. J’ai alors entre 20 et 21 ans. Et je suis persuadé, jusqu’à cette rencontre, qu’il faut être blanc pour être Français. Ce Breton, dont j’ai oublié le prénom, un peu plus âgé que moi, conducteur de train pour la SNCF, me remettra sur les rails en me disant simplement :

« Mais…tu es Français ! ».

C’était à la fin des années 80. On n’entendait pas du tout  parler d’un Eric Zemmour ou d’autres. Il avait beaucoup moins d’audience que depuis quelques années. Lequel Eric Zemmour, aujourd’hui, a son trône sur la chaine Cnews et est la pierre philosophale de la Pensée selon un Pascal Praud. Eric Zemmour qui se considère fréquemment comme l’une des personnes les plus légitimes pour dire qui peut être Français ou non. Et à quelles conditions. Un de ses vœux est peut-être d’être le Montesquieu de la question de l’immigration en France.

 

Dans son livre, Le Monde comme il me parle, Kersauson redit son attachement à la Polynésie française. Mais je sais que, comme lui, le navigateur Moitessier y était tout autant attaché. Ainsi qu’Alain Colas. Deux personnes qu’il a connues. Je sais aussi que Tabarly, longtemps célibataire et sans autre idée fixe que la mer, s’était quand même  acheté une maison et marié avec une Martiniquaise avec laquelle il a eu une fille. Même s’il a fini sa vie en mer. Avant d’être repêché.

 

Ce paragraphe vaut-il à lui tout seul la rédaction et la lecture de cet article ? Toujours est-il que Kersauson est un inconnu des réseaux sociaux.

 

Inconnu des réseaux sociaux :

 

 

 

Je n’ai pas vérifié mais j’ai du mal à concevoir Kersauson sur Instagram, faisant des selfies ou téléchargeant des photos dénudées de lui sur OnlyFans. Et il ne fait pas non plus partie du décor du jeu The Last of us dont le deuxième volet, sorti cet été,  une des exclusivités pour la console de jeu playstation, est un succès avec plusieurs millions de vente.

 

Finalement, mes articles sont peut-être trop hardcore pour pouvoir attirer beaucoup plus de public. Ils sont peut-être aussi un peu trop « mystiques ». J’ai eu cette intuition- indirecte- en demandant à un jeune récemment ce qu’il écoutait comme artistes de Rap. Il m’a d’abord cité un ou deux noms que je ne connaissais pas. Il m’avait prévenu. Puis, il a mentionné Dinos. Je n’ai rien écouté de Dinos mais j’ai entendu parler de lui. J’ai alors évoqué Damso dont j’ai écouté et réécouté l’album Lithopédion (sorti en 2018) et mis plusieurs de ses titres sur mon baladeur.  Le jeune m’a alors fait comprendre que les textes de Damso étaient en quelque sorte trop hermétiques pour lui.

Mais au moins Damso a-t’il des milliers voire des millions de vues sur Youtube. Alors que Kersauson…. je n’ai pas fouillé non plus- ce n’est pas le plus grave- mais je ne vois pas Kersauson avoir des milliers de vues ou lancer sa chaine youtube. Afin de nous vendre des méduses (les sandales en plastique pour la plage) signées Balenciaga ou une crème solaire bio de la marque Leclerc.

 

J’espère au moins que « Kersau », mon Bernard Lavilliers des océans, est encore vivant. Internet, google et wikipédia m’affirment que « oui ». Kersauson a au moins une page wikipédia. Il a peut-être plus que ça sur le net. En écrivant cet article, je me fie beaucoup à mon regard sur lui ainsi que sur le livre dont je parle. Comme d’un autre de ses livres que j’avais lu  il y a quelques années, bien avant l’effet « Covid».

 

L’effet « Covid »

 

Pourvu, aussi, que Kersauson se préserve du Covid.  Il a 76 ans cette année. Car, alors que la rentrée (entre-autre, scolaire)  a eu lieu hier et que bien des personnes rechignent à continuer de porter un masque (dont le très inspiré journaliste Pascal Praud sur Cnews), deux de mes collègues infirmières sont actuellement en arrêt de travail pour suspicion de covid. La première collègue a une soixantaine d’années. La seconde, une trentaine d’années. Praud en a 54 si j’ai bien entendu. Ou 56.

Un article du journal  » Le Canard Enchainé » de ce mercredi 2 septembre 2020.

 

Depuis la pandémie du Covid-19, aussi appelé de plus en plus « la Covid », la vente de livres a augmenté. Jeff Bezos, le PDG du site Amazon, premier site de ventes en ligne, (aujourd’hui, homme le plus riche du monde avec une fortune estimée à 200 milliards de dollars selon le magazine Forbes US  cité dans le journal Le Canard Enchaîné de ce mercredi 2 septembre 2020) n’est donc pas le seul à avoir bénéficié de la pandémie du Covid qui a par ailleurs mis en faillite d’autres économies.

 

Donc, Kersauson, et son livre, Le Monde comme il me parle, auraient pu profiter de « l’effet Covid ». Mais ce livre, celui dont j’ai prévu de vous parler, est paru en 2013.

 

Il y a sept ans.  C’est à dire, il y a très très longtemps pour beaucoup à l’époque.

 

Mon but, aujourd’hui, est de vous parler d’un homme de 76 ans pratiquement inconnu selon les critères de notoriété et de réussite sociale typiques d’aujourd’hui. Un homme qui a fait publier un livre en 2013.

Nous sommes le mercredi 2 septembre 2020, jour du début du procès des attentats de Charlie Hebdo et de L’Hyper Cacher.

 

 

Mais nous sommes aussi le jour de la sortie du film Police d’Anne Fontaine avec Virginie Efira, Omar Sy et Grégory Gadebois. Un film que j’aimerais voir. Un film dont je devrais plutôt vous parler. Au même titre que le film Tenet de Christopher Nolan, sorti la semaine dernière. Un des films très attendus de l’été, destiné à relancer la fréquentation des salles de cinéma après leur fermeture due au Covid. Un film d’autant plus désiré que Christopher Nolan est un réalisateur reconnu et que l’autre grosse sortie espérée, le film Mulan , produit par Disney, ne sortira pas comme prévu dans les salles de cinéma. Le PDG de Disney préférant obliger les gens à s’abonner à Disney+ (29, 99 dollars l’abonnement aux Etats-Unis ou 25 euros environ en Europe) pour avoir le droit de voir le film. Au prix fort, une place de cinéma à Paris peut coûter entre 10 et 12 euros.

 

 

Tenet, qui dure près de 2h30,  m’a contrarié. Je suis allé le voir la semaine dernière. Tenet est selon moi la bande annonce des films précédents et futurs de Christopher Nolan dont j’avais aimé les films avant cela. Un film de James Bond sans James Bond. On apprend dans Tenet qu’il suffit de poser sa main sur la pédale de frein d’une voiture qui file à toute allure pour qu’elle s’arrête au bout de cinq mètres. J’aurais dû m’arrêter de la même façon avant de choisir d’aller le regarder. Heureusement qu’il y a Robert Pattinson dans le film ainsi que Elizabeth Debicki que j’avais beaucoup aimée dans Les Veuves réalisé en 2018 par Steve McQueen.

 

Distorsions temporelles

 

Nolan affectionne les distorsions temporelles dans ses films. Je le fais aussi dans mes articles :

 

 

En 2013, lorsqu’est paru Le Monde comme il me parle de Kersauson, Omar Sy, un des acteurs du film Police, sorti aujourd’hui,  était déjà devenu un « grand acteur ».

Grâce à la grande audience qu’avait connue le film Intouchables réalisé en…2011 par Olivier Nakache et Eric Toledano. Près de vingt millions d’entrées dans les salles de cinéma seulement en France. Un film qui a permis à Omar Sy de jouer dans une grosse production américaine. Sans le succès d’Intouchables, nous n’aurions pas vu Omar Sy dans le rôle de Bishop dans un film de X-Men (X-Men : Days of future past réalisé en 2014 par Bryan Singer).

 

J’ai de la sympathie pour Omar Sy. Et cela, bien avant Intouchables. Mais ce n’est pas un acteur qui m’a particulièrement épaté pour son jeu pour l’instant. A la différence de Virginie Efira et de Grégory Gadebois.

Virginie Efira, d’abord animatrice de télévision pendant une dizaine d’années, est plus reconnue aujourd’hui qu’en 2013, année de sortie du livre de Kersauson.

J’aime beaucoup le jeu d’actrice de Virginie Efira et ce que je crois percevoir d’elle. Son visage et ses personnages ont une allure plutôt fade au premier regard : ils sont souvent le contraire.

Grégory Gadebois, passé par la comédie Française, m’a « eu » lorsque je l’ai vu dans le Angèle et Tony réalisé par Alix Delaporte en 2011. Je ne me souviens pas de lui dans Go Fast réalisé en 2008 par Olivier Van Hoofstadt.

 

Je ne me défile pas en parlant de ces trois acteurs.

 

Je continue de parler du livre de Kersauson. Je parle seulement, à ma façon, un petit peu du monde dans lequel était sorti son livre, précisément.

 

Kersauson est évidemment un éminent pratiquant des distorsions temporelles. Et, grâce à lui, j’ai sans doute compris la raison pour laquelle, sur une des plages du Gosier, en Guadeloupe, j’avais pu être captivé par les vagues. En étant néanmoins incapable de l’expliquer à un copain, Eguz, qui m’avait surpris. Pour lui, mon attitude était plus suspecte que d’ignorer le corps d’une femme nue. Il y en avait peut-être une, d’ailleurs, dans les environs.

 

Page 12 de Le Monde comme il me parle :

 

« Le chant de la mer, c’est l’éternité dans l’oreille. Dans l’archipel des Tuamotu, en Polynésie, j’entends des vagues qui ont des milliers d’années. C’est frappant. Ce sont des vagues qui brisent au milieu du plus grand océan du monde. Il n y  a pas de marée ici, alors ces vagues tapent toujours au même endroit ».

 

Tabarly

 

A une époque, adolescent, Kersauson lisait un livre par jour. Il le dit dans Le Monde comme il me parle.

 

J’imagine qu’il est assez peu allé au cinéma. Page 50 :

 

« (….) Quand je suis démobilisé, je reste avec lui ( Eric Tabarly). Evidemment. Je tombe sur un mec dont le seul programme est de naviguer. Il est certain que je n’allais pas laisser passer ça ».

 

Page 51 :

 

«  Tabarly avait, pour moi, toutes les clés du monde que je voulais connaître. C’était un immense marin et, en mer, un homme délicieux à vivre ».

 

Page 54 :

« C’est le temps en mer qui comptait. Et, avec Eric, je passais neuf mois de l’année en mer ».

 

A cette époque, à la fin des années 60, Kersauson avait 23 ou 24 ans. Les virées entre « potes » ou entre « amies » que l’on peut connaître dans les soirées ou lors de certains séjours de vacances, se sont déroulées autour du monde et sur la mer pour lui. Avec Eric Tabarly, référence mondiale de la voile.

 

Page 51 :

 

« (…..) Il faut se rendre compte qu’à l’époque, le monde industriel français se demande comment aider Eric Tabarly- tant il est créatif, ingénieux. Il suscite la passion. C’est le bureau d’études de chez Dassault qui règle nos problèmes techniques ! ».

 

 

Le moment des bilans

 

 

Il est facile de comprendre que croiser un mentor comme Tabarly à 24 ans laisse une trace. Mais Kersauson était déjà un ténor lorsqu’ils se sont rencontrés. Il avait déja un aplomb là ou d’autres avaient des implants. Et, aujourd’hui, en plus, on a besoin de tout un tas d’applis, de consignes et de protections pour aller de l’avant.

J’avais lu Mémoires du large, paru en Mai 1998 (dont la rédaction est attribuée à Eric Tabarly) quelques années après sa mort. Tabarly est mort en mer en juin 1998.

 Tabarly était aussi intraitable que Kersauson dans son rapport à la vie. Kersauson écrit dans Le Monde comme il me parle, page 83 :

«  Ce qui m’a toujours sidéré, chez l’être humain, c’est le manque de cohérence entre ce qu’il pense et ce qu’il fait (…). J’ai toujours tenté de vivre comme je le pensais. Et je m’aperçois que nous ne sommes pas si nombreux dans cette entreprise ».

 

Tabarly avait la même vision de la vie. Il  l’exprimait avec d’autres mots.

 

Que ce soit en lisant Kersauson ou en lisant Tabarly, je me considère comme faisant partie du lot des ruminants. Et c’est peut-être aussi pour cela que je tiens autant à cet article. Il me donne sans doute l’impression d’être un petit peu moins mouton même si mon intrépidité sera un souvenir avant même la fin de la rédaction de cet article.

 

« Différence entre la technologie et l’esclavage. Les esclaves ont pleinement conscience qu’ils ne sont pas libres » affirme Nicholas Nassim Taleb dont les propos sont cités par le Dr Judson Brewer dans son livre Le Craving ( Pourquoi on devient accro et comment se libérer), page 65.

 

Un peu plus loin, le Dr Judson Brewer rappelle ce qu’est une addiction, terme qui n’a été employé par aucun des intervenants, hier, lors du « débat » animé par Pascal Praud sur Cnews à propos de la consommation de Cannabis. Comme à propos des amendes qui seront désormais infligées automatiquement à toute personne surprise en flagrant délit de consommation de cannabis :

D’abord 135 euros d’amende. Ou 200 euros ?

En écoutant Pascal Praud sur Cnews hier ( il a au moins eu la sincérité de confesser qu’il n’avait jamais fumé un pétard de sa vie)  la solution à la consommation de cannabis passe par des amendes dissuasives, donc par la répression, et par l’autorité parentale.

 

Le Dr Judson Brewer rappelle ce qu’est une addiction (page 68 de son livre) :

 

«  Un usage répété malgré les conséquences négatives ». 

 

Donc, réprimer ne suffira pas à endiguer les addictions au cannabis par exemple. Réprimer par le porte-monnaie provoquera une augmentation des agressions sur la voie publique. Puisqu’il faudra que les personnes addict ou dépendantes se procurent l’argent pour acheter leur substance. J’ai rencontré au moins un médecin addictologue qui nous a dit en formation qu’il lui arrivait de faire des prescriptions de produits de substitution pour éviter qu’une personne addict n’agresse des personnes sur la voie publique afin de leur soutirer de l’argent en vue de s’acheter sa dose. On ne parlait pas d’une addiction au cannabis. Mais, selon moi, les conséquences peuvent être les mêmes pour certains usagers de cannabis.

 

Le point commun entre une addiction (avec ou sans substance) et cette « incohérence » par rapport à la vie que pointe un Kersauson ainsi qu’un Tabarly avant lui, c’est que nous sommes très nombreux à maintenir des habitudes de vie qui ont sur nous des « conséquences négatives ». Par manque d’imagination. Par manque de modèle. Par manque de courage ou d’estomac. Par manque d’accompagnement. Par manque d’estime de soi. Par Devoir. Oui, par Devoir. Et Par peur.

 

La Peur

On peut bien-sûr penser à la peur du changement. Comme à la peur partir à l’aventure.

 

Kersauson affirme dans son livre qu’il n’a peur de rien. C’est là où je lui trouve un côté Bernard Lavilliers des océans. Pour sa façon de rouler des mécaniques. Je ne lui conteste pas son courage en mer ou sur la terre. Je crois à son autorité, à sa détermination comme ses très hautes capacités d’intimidation et de commandement.

 

Mais avoir peur de rien, ça n’existe pas. Tout le monde a peur de quelque chose, à un moment ou à un autre. Certaines personnes sont fortes pour transcender leur peur. Pour  s’en servir pour accomplir des actions que peu de personnes pourraient réaliser. Mais on a tous peur de quelque chose.

 

Kersauson a peut-être oublié. Ou, sûrement qu’il a peur plus tardivement que la majorité. Mais je ne crois pas à une personne dépourvue totalement de peur. Même Tabarly, en mer, a pu avoir peur. Je l’ai lu ou entendu. Sauf que Tabarly, comme Kersauson certainement, et comme quelques autres, une minorité, font partie des personnes (femmes comme hommes, mais aussi enfants) qui ont une aptitude à se reprendre en main et à fendre leur peur.

 

Je pourrais peut-être ajouter que la personne qui parvient à se reprendre alors qu’elle a des moments de peur est plus grande, et sans doute plus forte, que celle qui ignore complètement ce qu’est la peur. Pour moi, la personne qui ignore la peur s’aperçoit beaucoup trop tard qu’elle a peur. Lorsqu’elle s’en rend compte, elle est déjà bien trop engagée dans un dénouement qui dépasse sa volonté.

 

Cette remarque mise à part, je trouve à Kersauson, comme à Tabarly et à celles et ceux qui leur ressemblent une parenté évidente avec l’esprit chevaleresque ou l’esprit du sabre propre aux Samouraï et à certains aventuriers. Cela n’a rien d’étonnant.

 

L’esprit du samouraï

 

Dans une vidéo postée sur Youtube le 13 décembre 2019, GregMMA, ancien combattant de MMA, rencontre Léo Tamaki, fondateur de l’école Kishinkai Aikido.

 

GregMMA a rencontré d’autres combattants d’autres disciplines martiales ou en rapport avec le Combat. La particularité de cette vidéo (qui compte 310 070 vues alors que j’écris l’article) est l’érudition de Léo Tamaki que j’avais entrevue dans une revue. Erudition à laquelle GregMMA se montre heureusement réceptif. L’un des attraits du MMA depuis quelques années, c’est d’offrir une palette aussi complète que possible de techniques pour se défendre comme pour survivre en cas d’agression. C’est La discipline de combat du moment. Même si le Krav Maga a aussi une bonne cote.  Mais, comme souvent, des comparaisons se font entre tel ou telle discipline martiale, de Self-Défense ou de combat en termes d’efficacité dans des conditions réelles.

 

Je ne donne aucun scoop en écrivant que le MMA attire sûrement plus d’adhérents aujourd’hui que l’Aïkido qui a souvent l’ image d’un art martial dont les postures sont difficiles à assimiler, qui peut faire penser «  à de la danse » et dont l’efficacité dans la vie réelle peut être mise en doute  :

 

On ne connaît pas de grand champion actuel dans les sports de combats, ou dans les arts martiaux, qui soit Aïkidoka. Steven Seagal, c’est au cinéma et ça date des années 1990-2000. Dans les combats UFC, on ne parle pas d’Aïkidoka même si les combattants UFC sont souvent polyvalents ou ont généralement cumulé différentes expériences de techniques et de distances de combat.

 

Lors de cet échange avec GregMMA, Léo Tamaki confirme que le niveau des pratiquants en Aïkido a baissé. Ce qui explique aussi en partie le discrédit qui touche l’Aïkido. Il explique la raison de la baisse de niveau :

 

Les derniers grands Maitres d’Aïkido avaient connu la Guerre. Ils l’avaient soit vécue soit en étaient encore imprégnés. A partir de là, pour eux, pratiquer l’Aïkido, même si, comme souvent, ils avaient pu pratiquer d’autres disciplines martiales auparavant, devait leur permettre d’assurer leur survie. C’était immédiat et très concret. Cela est très différent de la démarche qui consiste à aller pratiquer un sport de combat ou un art martial afin de faire « du sport », pour perdre du poids ou pour se remettre en forme.

 

Lorsque Kersauson explique au début de son livre qu’il a voulu à tout prix faire de sa vie ce qu’il souhaitait, c’était en réponse à la Guerre qui était pour lui une expérience très concrète. Et qui aurait pu lui prendre sa vie.

Lorsque je suis parti faire mon service militaire, qui était encore obligatoire à mon « époque », la guerre était déjà une probabilité éloignée. Bien plus éloignée que pour un Kersauson et les personnes de son âge. Même s’il a vécu dans un milieu privilégié, il avait 18 ans en 1962 lorsque l’Algérie est devenue indépendante. D’ailleurs, je crois qu’un de ses frères est parti faire la Guerre d’Algérie.

 

On retrouve chez lui comme chez certains adeptes d’arts martiaux , de self-défense ou de sport de combat, cet instinct de survie et de liberté qui l’a poussé, lui, à prendre le large. Quitte à perdre sa vie, autant la perdre en  choisissant de faire quelque chose que l’on aime faire. Surtout qu’autour de lui, il s’aperçoit que les aînés et les anciens qui devraient être à même de l’orienter ont dégusté (Page 43) :

« Bon, l’ancien monde est mort. S’ouvre à moi une période favorable (….). J’ai 20 ans, j’ai beaucoup lu et je me dis qu’il y a un loup dans la combine :

Je m’aperçois que les vieux se taisent, ne parlent pas. Et comme ils ont fait le trajet avant, ils devraient nous donner le mode d’emploi pour l’avenir, mais rien ! Ils sont vaincus. Alors, je sens qu’il ne faut surtout pas s’adapter à ce qui existe mais créer ce qui vous convient ».

 

Nous ne vivons pas dans un pays en guerre.

 

Jusqu’à maintenant, si l’on excepte le chômage,  certains attentats et les faits divers, nous avons obtenu une certaine sécurité. Nous ne vivons pas dans un pays en guerre. Même si, régulièrement, on nous parle « d’embrasement » des banlieues, « d’insécurité » et «  d’ensauvagement » de la France. En tant que citoyens, nous n’avons pas à fournir un effort de guerre en dehors du territoire ou à donner notre vie dans une armée. En contrepartie, nous sommes une majorité à avoir accepté et à accepter  certaines conditions de vie et de travail. Plusieurs de ces conditions de vie et de travail sont discutables voire insupportables.

Face à cela, certaines personnes développent un instinct de survie légal ou illégal. D’autres s’auto-détruisent ( par les addictions par exemple mais aussi par les accidents du travail, les maladies professionnelles ou les troubles psychosomatiques). D’autres prennent sur eux et se musèlent par Devoir….jusqu’à ce que cela devienne impossible de prendre sur soi. Que ce soit dans les banlieues. Dans certaines catégories socio-professionnelles. Ou au travers des gilets jaunes.  

 

Et, on en revient à la toute première phrase du livre de Kersauson.

 

Le plaisir est ma seule ambition

 

J’ai encore du mal à admettre que cette première phrase est/soit peut-être la plus importante du livre. Sans doute parce-que je reste moins libre que Kersauson, et d’autres, question plaisir.

 

Plus loin, Kersauson explicite aussi la nécessité de l’engagement et du Devoir. Car c’est aussi un homme d’engagement et de Devoir.

 

Mais mettre le plaisir au premier plan, ça délimite les Mondes, les êtres, leur fonction et leur rôle.

 

Parce- qu’il y a celles et ceux qui s’en remettent au mérite – comme certaines religions, certaines éducations et certaines institutions nous y entraînent et nous habituent- et qui sont prêts à accepter bien des sacrifices. Sacrifices qui peuvent se révéler vains. Parce que l’on peut être persévérant (e ) et méritant ( e) et se faire arnaquer. Moralement. Physiquement. Economiquement. Affectivement. C’est l’histoire assez répétée, encore toute récente, par exemple, des soignants comme on l’a vu pendant l’épidémie du Covid. Ainsi que l’histoire d’autres professions et de bien des gens qui endurent. Qui prennent sur eux. Qui croient en une Justice divine, étatique ou politique qui va les récompenser à la hauteur de leurs efforts et de leurs espoirs.

 

Mais c’est aussi l’histoire répétée de ces spectateurs chevronnés que nous sommes tous plus ou moins de notre propre vie. Une vie que nous recherchons par écrans interposés ou à travers celle des autres. Au lieu d’agir. Il faut se rappeler que nous sommes dans une société de loisirs. Le loisir, c’est différent du plaisir.

 

Le loisir, c’est différent du plaisir

 

 

Le loisir, ça peut être la pause-pipi, la pause-cigarette ou le jour de formation qui sont accordés parce-que ça permet ensuite à l’employé de continuer d’accepter des conditions de travail inacceptables.

 

Ça peut aussi consister à laisser le conjoint ou la conjointe sortir avec ses amis ou ses amies pour pouvoir mieux continuer de lui imposer notre passivité et notre mauvaise humeur résiduelle.

 

C’est les congés payés que l’on donne pour que les citoyens se changent les idées avant la rentrée où ils vont se faire imposer, imploser et contrôler plus durement. Bien des personnes qui se prendront une amende pour consommation de cannabis seront aussi des personnes adultes et responsables au casier judiciaire vierge, insérées socialement, payant leurs impôts et effectuant leur travail correctement. Se contenter de les matraquer à coups d’amende en cas de consommation de cannabis ne va pas les inciter à arrêter d’en consommer. Ou alors, elles se reporteront peut-être sur d’autres addictions plus autorisées et plus légales (alcool et médicaments par exemple….).

 

Le plaisir, c’est l’intégralité d’un moment, d’une expérience comme d’une rencontre. Cela a à voir avec le libre-arbitre. Et non avec sa version fantasmée, rabotée, autorisée ou diluée.

 

Il faut des moments de loisirs, bien-sûr. On envoie bien nos enfants au centre de loisirs. Et on peut y connaître des plaisirs.

 

Mais dire et affirmer «  Le plaisir est ma seule ambition », cela signifie qu’à un moment donné, on est une personne libre. On dépend alors très peu d’un gouvernement, d’un parti politique, d’une religion, d’une éducation, d’un supérieur hiérarchique. Il n’y a, alors, pas grand monde au dessus de nous. Il s’agit alors de s’adresser à nous en conséquence. Faute de quoi, notre histoire se terminera. Et chacun partira de son côté dans le meilleur des cas.

 

Page 121 :

 

« Je suis indifférent aux félicitations. C’est une force ».

 

Page 124 :

 

« Nos contemporains n’ont plus le temps de penser (….) Ils se sont inventé des vies monstrueuses dont ils sont responsables-partiellement ». Olivier de Kersauson.

 

 

Article de Franck Unimon, mercredi 2 septembre 2020.

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Micro Actif Voyage

Un article simple

 

                                                                 Un article simple. 

 

 

 

On peut aussi compléter la découverte de cet article avec Dans la galerie de Michel ainsi qu’avec Gémissements

 

Franck Unimon, ce lundi 10 aout 2020. 

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Corona Circus Voyage

La Vallée des Saints

 

La Vallée des Saints ( Texte et photos, Franck Unimon).

 

Avant de partir en Bretagne, un ami, d’origine bretonne, m’a parlé de la Vallée des Saints….

 

 

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Argenteuil Corona Circus Voyage

Cette nuit : enterrement du mois de mars 2020 en beauté

 

                                                  Cette nuit

Cette nuit, j’ai dû prendre ma voiture pour aller au travail. Je me suis un peu trop relâché hier soir quant aux horaires et j’ai raté le train. Le suivant arrivait une heure plus tard. Impossible de l’attendre pour être à l’heure au travail.

 

C’était une Première pour moi que de devoir prendre ma voiture pour aller au travail sur Paris.

Ce matin, je suis un peu fatigué. Mais ça n’est pas encore mon heure d’aller me coucher. 

En rentrant tout à l’heure, j’avais prévu de « publier » quelques photos de Tags ou de graffitis pris en photo ces dernières semaines et ces derniers mois jusqu’à ce matin en me rendant au travail ou en revenant. Et puis, finalement, pourquoi se limiter ? Cela fait des années que je n’aime pas le mois de mars. Je le trouve trop long. Je n’aime pas cette période. Je vais enterrer ce mois de mars-ci en beauté. Ce sera un peu mon  » We’re gonna chase those crazy baldhead out of town » ( Titre  » Crazy Baldhead » de Bob Marley). En créole guadeloupéen, on dirait :

 » Nou Kay Krazé Sa ! ».  » Fouté Sa An Bwa ! ». 

 

Voici donc quelques photos prises entre le mois de Janvier de cette année et ce matin en allant au travail ou en en revenant ou ailleurs ( avant le 16 mars 2020) .

Ce ne sont pas des photos du périphérique. Ce sont des photos choisies en écoutant l’album Live de 1991 de Manu Dibango et le titre Crazy Baldhead de Bob Marley en studio ainsi qu’en concert.

Si certaines de ces photos reviennent plusieurs fois, c’est parce-que je n’ai pas voulu choisir entre l’une ou l’autre. On revient bien plusieurs fois aux endroits que l’on aime bien.

 

Merci aux artistes ! Merci aux personnes présentes.

Photos prises à Argenteuil, dans la région d’Angers et à Paris.

Franck Unimon, ce mardi 31 mars 2020.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au conservatoire d’Argenteuil.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette galette s’appelle la  » Peggy ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le danseur Dany ( ou Dani).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Voyage

New-York 2011

 

 

Le Président américain Donald Trump envisagerait de fermer les frontières des Etats-Unis pendant une trentaine de jours en vue de tenter d’attraper le Coronavirus Covid 19 par la chatte. J’ai un petit peu modifié ce qu’une collègue m’a appris ce matin. Mais l’idée de fermeture des frontières des Etats-Unis était bien là. S’il m’a été pour l’instant impossible de vérifier le caractère officiel de cette information, un rapide passage sur le net m’a rappelé que la fermeture des frontières, pour compenser peut-être une trop grande ouverture de la braguette et de la bouche, fait partie des leitmotiv du président américain. En France, récemment, l’épidémie du coronavirus Covid 19 et toute l’attention qu’elle captive a permis de faire passer la réforme des retraites en poussant avec le 49.3.

 

Aux Etats-Unis, peut-être que la peur du Coronavirus Covid 19 permet à Donald Trump de pratiquer au passage une certaine forme de protectionnisme économique envers la Chine et le reste du monde. Devant ce genre de pensée et le climat actuel envers le coronavirus Covid 19,  on se croirait un peu dans le film Les fils de l’homme (Children of men) d’Alfonson Cuaron, un film beaucoup trop ignoré que le réalisateur mexicain avait réalisé en 2006 plusieurs années avant Gravity ( 2013).  

 

Oui, préciser la nationalité d’Alfonson Cuaron a son importance au même titre que celle d’Alejandro Inarritu ( également mexicain) ou encore de Robert Rodriguez ( Américain d’origine mexicaine) qui a entre-autres réalisé récemment Alita : Battle Angel ( 2019) inspiré du manga Gunnm créé par le Japonais Yukito Kishiro au début des années 1990.

 

Cuaron, Inarritu et Rodriguez ont au moins en commun de partager des origines mexicaines mais aussi de prescrire un cinéma qui fait beaucoup de bien à l’Art ainsi qu’à l’économie américaine. Pourtant,  selon la logique d’un Donald Trump et d’autres décideurs et décideuses, ils auraient dû rester confinés dans « leur » pays ou y être renvoyés Coronavirus ou non, car le Mexique, c’est le pays de la Drogue et des cartels qui est frontalier avec les Etats-Unis. Et le Mexique est aussi l’un des pays de celles et ceux qui entrent clandestinement aux Etats-Unis afin d’essayer d’y trouver une meilleure vie. Le film Brooklyn Secret  qui sort ce 18 mars au cinéma parle aussi de ça.

 

C’est étonnant ( effrayant) comme une épidémie peut très vite permettre l’expansion de pensées et d’idées racistes. Ce qui se passe en ce moment vis-à-vis du Coronavirus Covid 19 et des « Chinois » comme de celles et ceux que l’on estime susceptibles d’être « sales », « impurs » ou tout simplement porteurs du virus me rappelle ce qui se disait lors de l’épidémie du Sida dans les années 80 :

Les homosexuels, les Haïtiens, les prostituées et les toxicomanes étaient alors perçus comme responsables ( plutôt que victimes) de l’épidémie et aussi comme celles et ceux qui étaient ainsi « punis » pour leurs vices ou leurs péchés.  On peut croire ces idées limitées par des barrages. Mais non.

Il y a à peu près un mois maintenant, près du Val de Grâce, dans la rue,  j’avais aperçu un SDF qui avait sollicité une femme d’origine asiatique afin qu’elle lui donne une pièce. Celle-ci avait refusé. L’instant d’après, le même SDF insultait la même femme, l’intimant à rentrer chez elle avec son Coronavirus !

Hier soir, une de mes collègues a vu des passagers déserter la voiture du métro où elle se trouvait. Elle est ainsi restée seule…avec des passagers d’origine asiatique. La peur et l’angoisse font surgir des états de folie sociale qui devient une norme beaucoup plus puissante que les services de psychiatrie qui sont souvent jugés pour leurs travers plus que pour leurs  habilités. Peut-être parce-que la folie sociale est mobile, variable, et peut très facilement devenir indétectable après ses crimes et ses excès. Sauf si l’on décide d’une enquête  après coup et même de cette façon il n’est pas toujours certain d’en retrouver les principaux acteurs afin de les confronter à leurs agissements. Alors que la psychiatrie, elle, reste localisable et identifiable de par ses murs et son statut à peu près immuables ainsi que par ses intervenants, ses victimes et ses témoins.

 

Qu’il soit réélu ou que son mandat de président s’arrête bientôt, Donald Trump passera dans l’Histoire. Et, malgré ses erreurs, ses fautes et ses coups de folie, il finira vraisemblablement sa vie en restant libre et dans le confort comme celles et ceux qui lui ressemblent. Contrairement à la majorité des femmes et des hommes de cette terre, que ceux-ci soient chinois, mexicains, clandestins ou autres.

 

Je n’avais pas prévu une introduction aussi longue avant de  « raconter » ce séjour que ma compagne et moi avions effectué à New-York en 2011.

 

Je ne crois pas que ce soit toujours « mieux avant ». Par contre, je crois que ça peut faire du bien de revoir ce qui a pu être vécu et qu’on peut aussi le voir « mieux » qu’avant.

 

Je crois surtout que reparler de ce voyage d’après les notes que j’avais alors prises est une bonne façon de retourner dans ce pays que le président Donald Trump veut de plus en plus fermer dans un monde qui semble de plus en plus en train de se fermer :

Ce matin, en prenant cette photo à la gare de Paris St-Lazare, je voulais surtout capter cette discordance qui est déjà notre ordinaire- et notre imaginaire- où, d’un côté, une pub en hauteur représentant l’actrice Julia Roberts nous affirme en souriant que la vie est belle. Donc, que nous aussi, femmes et hommes inclus, nous devons nous élever, sourire et nous persuader que nos vies sont des triomphes parfumés. Tandis que d’un autre côté, un panneau, comme il y en a tant désormais, nous rappelle les consignes d’hygiène à suivre en raison de l’épidémie du Coronavirus Covid 19. Et comment nous devons régulièrement parfumer nos mains avec du savon ou une solution hydro-alcoolique que nous pouvons bien-sûr nous procurer ( acheter) en magasin ou dans des pharmacies. 

Et, ce n’est qu’en rentrant chez moi et en découvrant les photos sur mon écran d’ordinateur que je me suis aperçu que ce panneau nous incitait aussi à la prudence et nous rappelait que nous étions toujours sous le plan Vigipirate. Entre l’épidémie du Coronavirus Covid 19 et la peur du terrorisme, je me suis dit que nous étions de plus en plus cernés. Et que nous nous y sommes déjà accoutumés. Je me suis aussi dit que, pourtant, nous sommes sûrement aujourd’hui plus libres que demain. Mais, évidemment, ce qui peut faire la différence autant voire plus que les événements que nous vivons, c’est souvent notre regard et notre attitude vis-à-vis d’eux. 

Franck Unimon, ce jeudi 12 mars 2020.

 

 

 

Dimanche 8 octobre 2011, New-York.

 

 

Save you Money !

 

Nous sommes dans notre chambre d’hôtel lorsque les femmes de ménage arrivent.

Une Noire qui a à peu près 60 ans. Une Blanche originaire de Montenegro, qui a vécu en Italie, et qui vit maintenant à New-York depuis 16 ans. Elle et moi discutons alors qu’elle travaille seule dans notre chambre. Voici ce qu’elle me dit :

Le quartier où se trouve l’hôtel est un quartier de riches.  Plus on descend, plus c’est riche. Elle m’enjoint à aller à Harlem afin que je vois à quoi ressemble la vie de mes semblables. Elle m’assure que je n’y aurai aucun problème.

Elle ne me parle pas du Bronx, me recommande, si je prends le train, de taire le fait que je suis Français.

Macy’s ? Trop cher. Aller plutôt dans le centre commercial près de l’ancien emplacement des tours du World Trade Center.  En semaine. Central Park est accessible à pied depuis l’hôtel. « Save your money ! ».

 

Vers 17h30, nous sommes à la gare Grand Central. Est-ce là qu’a eu lieu une scène du film X-Men ?

La foule palpite dans la gare. Le flic que je viens d’interpeller me répond, goguenard, que le pont de Brooklyn a un début. De quel côté veux-je le traverser ?

 

Dans le métro vers Brooklyn, la foule est subitement dopée par la représentation numérique des Noirs. Une petite femme noire d’environ 1m50 , boulotte, à peine la trentaine, s’accroche avec un jeune blanc d’une vingtaine d’années du type étudiant. Celui-ci est avec deux copains.  Le compagnon (noir) de la jeune femme, visiblement, se lève très vite et commence à apostropher «l’étudiant ». Lequel se défend en disant :

« Ce n’est pas d’elle dont je parlais…. ». 

Cela nous donne un aperçu d’une certaine tension raciale ou de ce que l’hystérie peut provoquer :

Je me suis imaginé qu’avant cet incident, le couple noir s’était disputé d’où la distance entre la jeune femme noire et son compagnon. Avant « l’accrochage » avec le jeune étudiant blanc, La femme était debout, près de la porte d’entrée du métro, presqu’à gêner le passage. Tandis que L’homme (son compagnon) assis un ou deux mètres plus loin, était alors occupé à jouer sur son téléphone portable avec leur enfant assis à ses côtés.

 

 

 

Dimanche 9 octobre. 7h30, heure locale. Hôtel intercontinental, The Barclay. New-York.

 

Do you want cold water ?

 

On fait toute une histoire de New-York. Mais je ne sens nulle transformation. Je suis un touriste. Un consommateur.  Une carte bancaire. Des billets en banque.

Je suis celui, hier, qui a perdu 5 dollars en achetant deux billets de métro utilisables une seule fois alors que j’aurais déjà pu acheter une Metrocard Unlimited pour une semaine pour 29 dollars. Ce qui me permettrait de prendre bus et métros de façon illimitée….

C’est ce que nous a réexpliqué hier soir une agent du métro, derrière son guichet, alors que nous revenions de Brooklyn.

La femme, noire, la quarantaine, était sympathique.

A New-York, je suis aveugle et sourd. Comme d’habitude. Mais, ici, je m’en rends davantage compte. Je passe devant des bâtiments dont j’ignore la réelle fonction :

Tribunal ? Université ? Bibliothèque ? Vu que la plupart des bâtiments sont imposants, on a l’impression que tout bâtiment est important. Et vu qu’il y’a beaucoup de voitures de police, vides ou occupées par des policiers qui attendent, on a l’impression que beaucoup d’endroits sont prestigieux.

 

Hier soir, près de la gare de Brooklyn Bridge City Hall, en pleine nuit, c’est avec un peu d’inquiétude que je me suis décidé à pisser dans un coin. Après le passage d’un flic noir. A quelques mètres de deux mecs qui discutaient. Ma compagne s’est éloignée. Elle avait tenté de me dissuader, préoccupée à l’idée que je me retrouve en prison.

Moi, sûr de mon fait et vidant ma vessie, je repensais à cette phrase lue dans le métro à propos de tout paquet abandonné suspect :

« If you see something say something ». Allais-je être dénoncé ? Mais je n’en pouvais plus.

 

Ici, Ma compagne et moi sommes deux touristes dans une sorte de supermarché au toc un peu clinquant où d’autres touristes débarquent et claquent du fric. Où, hier, une employée derrière son guichet m’a répondu que l’accès à internet est effectivement gratuit. En Wifi avec son ordinateur personnel. Sinon, moyennant 8 dollars et quelques débits de notre carte bancaire, j’aurai droit…à 15 minutes d’internet.

Dans la même idée, dans cet hôtel, une omelette avec trois œufs (avec libre choix des condiments ?) coûte 22 dollars.

Pour moins de 20 dollars hier soir, à Chinatown, au 67 Bayard Street, au restaurant Xi’an Famous Foods, Ma compagne et moi avons eu un plat chacun :

 

Concubine’s chicken noodles ( 6 dollars).

Spicy cumin Lamb noodles ( 7 dollars) + 1 chrysanthème tea ( 1,50 dollar) + 1 sour tea (1,50 dollar).

 

 

Hier soir, en sortant du métro, le pont de Brooklyn était indiqué. Mais, aussi, dans une direction opposée :

 

Chinatown et Little Italy.

 

Nous avons suivi la procession le long du pont. Nous avons croisé la foule, plus importante, qui revenait du pont. Près du pont, une voiture de police. De part et d’autre du pont, une circulation routière, fluide, et assez rapide. Et nous sur le pont. Sur le pont, donc, du monde. Le coucher de soleil était passé. Quelques coureuses et coureurs. Plusieurs personnes à vélo se signalant aux piétons, lesquels ne tenaient pas toujours compte du sens aller et retour indiqué au sol.

Deux couples en séance de photo dans leur tenue de mariage. D’autres personnes

(familles, couples) se photographiant ou se faisant photographier. Des photographes, plein de photographes, avec des compacts, des reflex ou autres. Au loin, la Tour Eiffel ?

Non, la statue de la Liberté.

 

 

Un peu de marche dans Brooklyn. Plus calme. Près de Montaigue Street. Réapparition de jeunes couples noirs. Nous restons peu de temps. Nous voulons aller à Chinatown et à Little Italy. Métro où nous croisons cette employée noire qui m’explique que ces billets que nous avons achetés 2, 50 dollars l’unité sont bons pour la poubelle : car ils sont valables une seule fois et deux heures maximum après leur achat.

 

Arrêt à Brooklyn Bridge City Hall de nouveau. J’ai plusieurs fois entendu parler de l’aspect délabré du métro de New-York. Mais je suis plus marqué par le fait qu’il fasse chaud dans les couloirs et sur les quais des métros de New-York. Par contre, le métro est climatisé. Trop. Mais les New-Yorkais semblent s’en accommoder.

 

A la gare de Brooklyn Bridge, je demande notre chemin à une jeune. 18 ans maximum. Elle est avec deux de ses copines. Elle n’est pas trop sûre d’elle. Elle me recommande néanmoins un itinéraire. Peu après, j’interpelle un flic, la trentaine : il suffit de descendre tout droit à l’entendre.

 

Cent mètres plus loin, je redemande à un homme d’une cinquantaine d’années apparemment avec sa femme ou sa maitresse :

Descendre jusqu’à Canal Street puis tourner à droite.

A Canal Street, j’interroge un jeune chinois qui se promène avec deux copains. Il me répond :

« This is Chinatown ».

 

 

Bien qu’il parle Américain, il a un accent cantonais. Un restaurant ? Il m’indique un point visuel. C’est de cette façon qu’après être passés devant plusieurs restaurants asiatiques, nous nous arrêtons au Xi’ an Famous Foods tenu visiblement par un jeune homme d’environ 25 ans, très commerçant et très sûr de lui. Sûrement un bon parti.

Dans le restaurant, nous sommes d’abord les seules personnes de couleur noire. Clientèle assez jeune. 30 ans de moyenne d’âge. Un grand blanc (entre 1m90 et 2mètres) semble y avoir ses habitudes. Il mange une salade, une soupe puis passe une autre commande. Je l’imagine Australien. Devant lui, une feuille. Manifestement du travail. Chercheur ?

Les plats sont très bons. Très bonnes pâtes fraîches. Mais un peu trop épicées. Voire un peu trop salées. Mais c’est bon.

En quittant le restaurant, nous avisons un marchant ambulant de fruits : bananes, mangues…celui-ci parle à peine Anglais. Son accent est sur « coussin » cantonais. Mais il sait parler argent. Il est peu aimable. Celle qui le remplace aussi. Je crois qu’il part avec sa radio, laquelle diffuse un programme en Cantonais ou en Mandarin.

Je m’y perds un peu avec ces petites pièces de monnaie : quarter dollar, dime. Impossible de savoir si je me fais voler de 5 ou 10 centimes. Mais les prix sont abordables. Moins de 2 dollars un kilo de bananes. 1 dollar 25, la mangue.

Non loin de là, toujours dans Bayard Street, nous tombons sur le Colombus Park Pavillion. Des Asiatiques semblent y pratiquer des arts martiaux. Nous nous rapprochons et nous tombons sur des femmes et des hommes asiatiques attablés dans le parc :

Ils jouent aux cartes, au GO peut-être ou au Mah Jong. Il y’ a plus d’hommes que de femmes. Les femmes d’un côté. Les hommes de l’autre.

Celles et ceux qui jouent sont parfois entourés de spectateurs. Tout se passe, quand nous passons, en silence. A priori, personne ne nous remarque. Mais c’est sans doute trompeur.

A une table de jeu, deux jeunes dénotent. Ils ont à peine 30 ans, sont plutôt grands, entre 1m80 et 1m90, sont vêtus de manière assez disco, assez branchée voire transsexuelle : Leur chemise, leurs bottes, la couleur de leurs cheveux, les pommettes hautes. L’un des deux jeunes joue, l’autre regarde. Les autres joueurs et les autres spectateurs ont une bonne soixantaine d’années, portent des vestes et pantalons gris, plutôt fripés.

 

 

Nos combattants sont finalement des amateurs. Ils sont une dizaine. 5 ou 6 filles. 4 ou 5 hommes. Un homme, apparemment SDF ou égaré, les filme avec son téléphone portable. En se marrant. Est-il ivre ? Il fait quelques commentaires. La bonne cinquantaine, en costume lui aussi, sa présence semble peu déranger nos pratiquants d’arts martiaux.

Les filles sont des débutantes. Elles ont la vingtaine. Celui qui semble faire autorité leur enseigne des gestes. Les filles ne sont pas douées.

Deux binômes de garçons s’entraînent. Un des « profs » me remarque. La séance se poursuit. Celui-ci s’occupe d’un jeune qui doit avoir environ 25 ans. Le jeune, torse nu, a un tatouage dans le dos. Bas de survêtement noir, baskets noires (des Nike apparemment) il semble très disposé à donner des crochets dans les gants de celui qui l’entraîne. Mais il est moins concentré pour retenir les enchainements demandés. Celui qui l’entraîne, assez gros, apparaît particulièrement raide des hanches.

Le prof envisage de montrer un nouvel exercice à un des garçons. Il lance un coup de pied bas, se fait un claquage ou une crampe. Il active sa jambe, essaie de s’étirer. Cela ne passe pas. Cela lui fait tellement mal qu’il doit partir s’asseoir. J’entends une des filles lui demander :

 

« Do you want cold water ? ».

En tout et pour tout, nous avons dû rester environ dix minutes. A aucun moment, je n’ai eu l’impression que nous avons ou que nous aurions pu faire partie d’eux :

Depuis notre arrivée à New-York, j’ai déjà croisé des couples mixtes. Mais les communautés présentes à New-York semblent assez peu perméables entre elles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Entre le Pont-Neuf et le Louvre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photos : Franck Unimon, ce lundi 9 mars 2020.  

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Aux alentours du Louvre

 

 

 

Ce matin, au lieu de prendre le métro, j’ai eu envie de prendre le bus. Il faisait froid et beau. Peu de monde dans les rues. En nous approchant du Louvre, j’ai aperçu ce soleil. J’ai très vite appuyé sur le bouton pour arrêter le bus. Le coronavirus Covid-19, le 49.3 employé la semaine dernière pour imposer la réforme des retraites, la dernière cérémonie des Césars. Les inquiétudes comme les désagréments  futurs et proches ont disparu alors que j’ai commencé à appuyer sur le bouton de cet appareil photo. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Franck Unimon/ Balistique du quotidien, samedi 7 mars 2020. 

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Massage assis

 

 

                                                              Massage Assis

« A un moment, il faut rendre leur corps aux gens » m’avait dit ma tutrice en formation massage. C’était il y a trois ou quatre ans. Je me trouvais alors chez elle et sa compagne près de la gare de l’Est. Je venais de lui faire un massage sur table.

 

«  Le corps, c’est l’inconscient » m’avait dit un collègue pédopsychiatre et lacanien que je n’ai jamais massé et que j’ai du mal à imaginer recevant un massage. Ce collègue brillant et attachant fait selon moi partie de toutes ces personnes atteintes profondément par ce que j’appelle la névrose de «  la pensée souveraine ».  Mais il est possible que je me plante complètement :

Dans certaines conditions -qu’elles choisissent- beaucoup de personnes peuvent  nous étonner par leur ouverture d’esprit.

 

«  Le massage peut permettre certaines dérives sectaires » m’avait à peu près dit une amie kiné avec laquelle nous avions, un moment, envisagé de réaliser des massages à quatre mains sur table.

 

«  Le massage, c’est un bon moyen de drague ? » m’avait demandé lors d’un événement techno, avec un air « complice », un jeune commercial sûrement déjà particulièrement doué pour séduire.

 

«  J’ai déjà fait (reçu) plein de massages » m’avait dit mon « cobaye » : un robuste moniteur de plongée et d’apnée, motard par ailleurs. Il se trouvait alors sur la table de massage et j’étais en train de lui masser le dos dans ce centre de plongée et d’apnée que je démarchais afin d’y proposer mes services.

 

Un de mes amis d’enfance avait, soudainement, entrepris de satisfaire un besoin urgent alors que je le massais sur table : consulter ses sms.

 

Mon petit frère (déjà adulte) était resté endormi cinq bonnes minutes sur la table après que j’aie eu fini de le masser la première fois.

 

Lors d’un échange de pratiques de massages, il m’est arrivé de me faire masser par un homme qui, en cours de route, avait eu envie d’un autre genre d’échanges. Nous étions chez lui et j’étais sur la table tandis que le programme radiophonique de France Culture diffusait son contenu. Cette erreur d’aiguillage, régulée à un moment donné, a aussi fait partie de ma formation. Et de celle de ma compagne. Comme elle me l’a ensuite dit lorsque je lui ai raconté :

« Tu as de la chance d’avoir une femme comme moi ».

 

Après le judo, après quelques expériences de comédien au théâtre et au cinéma dans des courts-métrages, après l’écriture, après la plongée, après le journalisme (bénévole) cinéma, après des années d’exercice en psychiatrie et en pédopsychiatrie, je m’étais décidé à suivre l’exemple d’autres collègues de mon service afin de me former au massage bien-être. Avant « ça », plus jeune, je voulais être kiné pour travailler dans le sport. Je voulais être journaliste. Faire de la philo et de la psycho.

Je m’étais finalement arrêté à la formation d’infirmier. C’est encore ce métier qui, aujourd’hui, économiquement, administrativement et socialement me fait « vivre » et, aussi, « m’estampille » et « m’étiquette ».

 

Le métier d’infirmier qui suscite tant de « correctes » et de sincères admirations est aussi un métier de femmes- et d’executant(es)- dans une société et un monde masculin où les dirigeants sont principalement certains hommes. Un certain type, un certain genre d’hommes.

 

Le métier d’infirmier ne m’a jamais suffi. Même si une partie de ses valeurs me suivent souvent dans ce que je fais ailleurs, mon identité est à cheval sur plusieurs cultures. Et je bascule régulièrement de l’une à autre. Aujourd’hui, je « suis » infirmier en pédopsychiatrie mais m’incarcérer dans cette gestuelle, cette pensée et ce vocabulaire, c’est me réduire en cendres. Je suis vivant et mobile. Ma poitrine se soulève, s’abaisse et je respire. Dans mes pensées, je chasse autant que possible les cendres et la déprime qui peuvent m’encombrer. Je les perçois lorsque elles commencent à devenir trop présentes, les perce. Et j’évacue.

 

 

Je n’étais pas particulièrement déprimé lorsque j’ai décidé, au début de cette semaine, de répondre à cet appel du 1er novembre.

 

 

Quelques fois, comme d’autres « anciens » stagiaires, je reçois de certains de mes anciens formateurs en massage « bien-être » des messages. Il peut s’agir, comme pour ce 1er novembre, d’être volontaire pour réviser et de permettre à la formatrice d’avoir un nombre pair de participants.

 

Aujourd’hui, j’ai renoncé à me reconvertir dans le massage bien-être. Une de mes anciennes partenaires de jeu au théâtre ( pour la pièce La Comédie des erreurs de Shakespeare que nous avions jouée avec d’autres au théâtre du Nord-Ouest)  avait raison :

Faire du massage bien-être est la continuité du métier d’infirmier or ce que je voudrais développer en priorité, c’est plutôt ma personnalité culturelle et artistique. Mais le massage, comme d’autres actes (respirer, écrire, lire, pratiquer l’apnée, la photo) fait aujourd’hui partie de moi. Proche de l’Art martial et de la méditation, le massage est un arc et aussi le miroir de ce que nous sommes. Entre la flèche et nous, ce qui changera la donne, plus que d’établir des records ou de vouloir devenir le meilleur masseur « du monde », c’est et ce sera l’intention.

 

Récemment, à une formation sur le thème de Spiritualité et addictions, j’ai demandé à un intervenant quels étaient les gardes fous contre une emprise sectaire ou jihadiste. Il m’a répondu :

 

Liberté, gratuité et charité.

 

On peut évidemment devenir un professionnel (en massage bien-être ou dans une autre spécialité) et se faire légitimement rémunérer à hauteur de notre engagement. Et s’épanouir. Mais les rapports que l’on adopte et que l’on adoptera avec la liberté, la gratuité et la charité conditionnent et conditionneront beaucoup nos intentions ainsi que, souvent, ce que l’on vivra véritablement.

 

Ce 1er novembre, jour férié, je suis peut-être venu dans cet état d’esprit :

 

Je n’ai pas gagné d’argent. J’ai été massé et j’ai massé. J’ai écouté, parlé et interrogé. Puis, à la fin de la journée, je suis parti faire ma nuit de travail à l’hôpital en ayant eu le sentiment d’avoir passé une très bonne journée. D’avoir été au rendez-vous avec moi-même.

 

 Ma journée avait d’abord bien commencé- et tôt- avec ma fille. Je m’étais bien entendu avec elle afin qu’elle laisse sa mère se reposer. J’étais parti de la maison plutôt content de moi. Au lieu de m’être à nouveau fâché :

 

J’allais passer ce jour férié avec d’autres personnes, la plupart inconnues, mais auparavant, je lui avais transmis quelque chose de la vie et du monde dans l’entente, l’apaisement et une compréhension, je l’espère, réciproques. C’est ce qui, je crois, est à l’oeuvre dans tout « bon » massage comme dans toutes ces relations avec les autres ainsi qu’avec nous-mêmes que nous recherchons et essayons quelques fois- ou souvent- de vivre.

 

 

Franck Unimon, ce dimanche 3 novembre 2019.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Marseille-Toulon-La Ciotat, octobre 2019

 

 

Marseille.

 

 

Nous étions à Marseille la semaine dernière. Nous sommes passés quelques heures à Toulon et avons aussi pris un peu la lumière à La Ciotat. Au moment d’écrire cet article, je me dis que rien ne m’oblige à parler de cette expérience lunaire qu’est un voyage de manière scrupuleusement chronologique. Lorsque j’ouvre mon robinet en ce moment j’entends ça :

 

 

 

Cette sculpture, nous l’avons déja vue. Je suis retourné la voir, cette fois, pour connaître le nom de son auteur. Car, sans le nom de son auteur, cette oeuvre est un peu une sépulture. Pour l’artiste et pour ce qu’il a voulu dire :

 

 

Maintenant, nous « savons ». 

 

 

 

Dans mon précédent article sur Marseille(  Marseille, octobre 2019)  , j’écrivais qu’il m’avait fallu du temps pour aimer cette ville. Cette fois-ci, Marseille s’est très vite défendue à sa manière. De sa bouche, les premiers jours, sont d’abord sortis du froid, de la pluie ( des averses jusqu’à faire déborder provisoirement le Vieux-Port) et des jours gris. C’était la première fois que je voyais Marseille comme ça. 

 

Je n’ai pas pas de photo d’inondation. Nous rentrions à Marseille par le train  en provenance de Toulon lorsque l’averse est tombée. Elle nous a douché avec passion à notre sortie de la gare. 

 

Dans Toulon.

 

Nous sommes allés à Toulon parce-que s’y trouve un magasin de vêtements techniques supposés résistants et pratiques ( aussi bien faits pour le voyage que pour la ville) qui y a ouvert en 2014. Et il n y a qu’à Toulon, pour l’instant, que la marque dispose d’un magasin physique. Autrement, il faut commander sur internet. Or, j’ai préféré me rendre sur place afin d’essayer les vêtements et de me faire mon idée concernant les articles et les tailles. Lors des quelques heures passées à Toulon, je me suis dit que cette ville a des atouts pour être plus attractive qu’elle ne l’est. Mais des -très- mauvais choix au moins architecturaux ont été réalisés pour cette ville située en bord de mer. On résume souvent Toulon à une ville raciste et d’extrême droite mais j’ai l’impression qu’elle est un peu plus nuancée que ça. 

 

Dans la rue D’Alger, à Toulon.

 

 

Et,  évidemment, ce « bateau » ( photo précédente) est selon moi, au contraire, lui, une très belle réalisation. Même si je ne sais pas comment on vit dans ces immeubles. Concernant les vêtements, pour l’instant, je suis plutôt content.Ils sèchent vite en cas de lavage et sont agréables à porter même par temps plutôt chaud.

Il est une autre marque ( crééé en 2008) de vêtements très techniques et tout autant présentables en ville que j’ai découverte récemment. Non seulement, elle est plus onéreuse. Mais en plus, cette fois-ci, le seul magasin physique se trouve à Brooklyn. On peut commander par internet mais ça m’ennuie pour des raisons pratiques évidentes ( essayage, coût…). Je regrette, en 2011, alors que nous étions à New-York, de ne pas avoir alors connu cette marque. Je connais bien « quelqu’un » pour qui la ville de Brooklyn a un sens et une importance très particuliers. Mais demander ce genre de service m’embarrasse un peu. 

 

 

 

 

Sur l’île de Frioul.

 

Je portais les vêtements achetés à Toulon sur moi ( un tee-shirt et un pantalon) pour la première fois, à Frioul. Et, le soleil était revenu sur Marseille et les environs. En partant de chez nos amis en fin de matinée, nous sommes arrivés sur le Vieux-Port pour embarquer environ cinq à dix minutes avant le départ du bateau. Parmi les personnes qui faisaient la queue pour embarquer, j’ai reconnu La Virée à Paname avec leurs deux enfants. La dernière fois que j’avais rencontré C et H, réalisatrice et réalisateur de La Virée à Paname, c’était, je crois, au festival du court-métrage de Clermont Ferrand il y a peut-être quatre ou cinq ans. Comme nous, ils habitent dans l’île de France, et, comme nous, ils étaient venus passer quelques jours à Marseille. Comme nous aussi, ils étaient dans le TGV que nous avions pris depuis Gare de Lyon le lundi. L’après-midi passée avec eux fut très agréable. C’est la seconde fois qu’à Marseille, je rencontre quelqu’un que je connais personnellement de la région parisienne. La première fois, c’était G que j’avais croisé à la terrasse d’un restaurant sur le Vieux-Port. Il était là pour un tournage de Plus belle la vie. Et, d’ailleurs, je l’avais présenté aux amis marseillais qui nous ont hébergé la semaine dernière. 

 

Sur l’île de Frioul.

 

Entre Marseille et les îles Frioul.

 

De retour à Marseille. Sur notre gauche, le Mucem.

 

 

Marseille, vers les docks.

 

 

 

En revenant à Marseille, j’ai aussi revu d’autres amis installés depuis plusieurs années à Auriol. La dernière fois que j’étais allé chez eux, je me souviens que leurs deux fils étaient au plus loin à l’école primaire. Aujourd’hui, l’un des deux effectue ses études à Luminy.

J’ai aussi revu une ancienne collègue rencontrée à Montesson il y a plus de 15 ans maintenant. Elle habite désormais à Ensues la Redonne.

 

Gare d’Ensues La Redonne.

Il y avait un petit côté gare de western désolée en arrivant. Mais nous sommes en provence.

 

Le trajet depuis Marseille St Charles pour Ensues La Redonne m’a fait passer par l’Estaque. Je n’étais jamais passé par l’Estaque. La vue depuis le train a été très agréable. Nous étions plusieurs passagers, à activer pathétiquement nos appareils photos pour prendre des clichés de la vue à travers la vitre. Mais il me reste un petit fond de dignité et je garderai ces photos pour moi. 

Après avoir discuté de Marseille, de Lyon et d’autres sujets avec elle et son mari, C m’a emmené à Carry le Rouet qu’elle m’a fait découvrir ( merci encore!). 

 

A Carry Le Rouet avec C.

 

 

 

 

 

 

 

Carry Le Rouet.

 

Il nous restait encore quelques jours et Pépita, mon amie qui a quitté Paris il y a une vingtaine d’années pour revenir vivre à Marseille, était désormais de repos à la fin de la semaine. Alors que j’étais parti pour Ensues la Redonne, Pépita a emmené ma compagne et notre fille en vadrouille. Je les ai retrouvées en fin d’après-midi. Ce qui m’a permis de prendre le bus et de revoir la corniche que j’avais découverte pour la première fois avec S. il y a plus de vingt ans.

Le long de la corniche. Au bout à gauche, le cercle des nageurs de Marseille par où est passée et où se trouve une partie de l’élite de la natation française ( Alain Bernard, Camille Lacourt….). Il est possible d’y avoir accès en tant que pratiquant « lambda », moyennant si j’ai bien retenu, deux cooptations, 1700 euros d’adhésion la première année + 1700 euros.

 

Pépita m’a donné rendez-vous près de la statue de David. Cela me parlait. Il y a plusieurs années, j’avais passé quelques nuits dans l’auberge de jeunesse qui se trouve un peu plus loin vers les calanques. A cette époque, Pépita vivait encore à Paris.

 

En attendant de retrouver Pépita, ma compagne et notre fille, j’ai regardé « David ». Il m’a fait penser à quelqu’un qui s’était statufié à force d’être laissé en plan et d’attendre que quelqu’un accepte de l’emmener quelque part. Ne te laisse pas faire, David ! La première station de bus n’est pas loin. 

Après nous être retrouvés, nous sommes allés nous asseoir au bord de la mer.

 

 

David était encore au même endroit la dernière fois que je l’ai regardé. Mais il a peut-être le pouvoir de revêtir plusieurs formes.

 

Marseille.

 

David, le bénévole, ramassait maintenant les détritus laissés sur la plage. Une femme est venue l’aider. Notre fille aussi. Je l’ai laissée faire un petit peu puis je l’ai appelée et lui ai expliqué que c’était bien. Mais qu’il fallait qu’elle arrête car elle ramassait tout avec ses mains alors que David, lui, portait des gants et avait une pince. Je me suis abstenu de dire à notre fille que j’estimais, aussi, que c’était aux adultes qu’il revenait d’abord de prendre ce genre d’initiative et de responsabilité avant de s’en décharger sur des enfants. Ensuite, j’ai expliqué à David la raison pour laquelle j’avais appelé notre fille. Ce qu’il a très bien compris. 

Marseille, hôpital de la Timone.

 

En rentrant peut-être, ou en repartant le lendemain, nous sommes passés devant l’hôpital de la Timone. L’hôpital n’est pas un lieu de vacances et nous sommes simplement passés devant. Mais ça faisait des années que j’entendais parler de cet hôpital et, là, il était près de nous.

 

Au « dessus » de Cassis.

 

 

Nous aurions pu nous rendre à Cassis. Mais je n’avais pas envie de m’y rendre même si Pépita nous a dit que c’était très joli. Et, aussi très touristique. Or, nous étions un samedi.

Au « dessus » du vide. A notre arrivée, deux alpinistes venaient de terminer leur ascension. Ils m’ont répondu que cela s’était très bien passé et qu’il faisait « limite » trop chaud.

 

 

Couple assis au dessus de Cassis.

 

 

Je préférais aller à La Ciotat.

La Ciotat.

 

 

Chaque fois que j’étais venu à Marseille, je n’avais jamais eu l’envie d’y aller. Mais cette fois, j’avais particulièrement envie. Peut-être parce-que je l’avais aperçue lors de notre trajet en train pour Toulon. Egalement pour le son du nom de cette ville. L’idée que la ville ait perdu de son faste économique m’attirait d’autant plus. Ainsi que le fait que le compagnon de Pépita, Marseillais, et Pépita nous disent soit méconnaître cette ville ou y être allée il y a plusieurs années. 

 

 

En arrivant à la Ciotat, Pépita m’a rappelé qu’elle était aussi la ville des Frères Lumière, ceux qui avaient inventé le cinéma. ça m’a d’autant plus donné envie d’être là et d’aller voir ce qui restait de cette Histoire.

 

 

 

 

Le cinéma Lumière, la photo des frères Lumières, le décorum, pour nous, c’était bon ! C’était là que ça s’était passé. Voir le dernier Terminator à l’affiche du cinéma des Frères Lumière était un détail très amusant.

 

Heureusement, Pépita a eu le réflexe d’entrer dans le cinéma et de demander aux employés présents s’il était possible de le visiter. Ils ( une femme et un homme) nous ont rapidement détrompé : auparavant, cent ans plus tôt, cet endroit était une halle. Le véritable cinéma où les frères Lumière avaient marqué l’Histoire du cinéma se trouvait ailleurs dans la ville.

 

La Ciotat.

 

Pépita s’est rendue à l’office du tourisme pour s’informer. Puis, en passant, nous avons acheté du vrai savon de Marseille de la marque Sérail. Ensuite, nous sommes repartis chercher le « vrai » cinéma des frères Lumière.

 

La Ciotat.

 

 

Ma compagne venait de me dire :  » ça fait drôle de voir encore les traces de vie dans ces appartements » et de s’éloigner. Je commençais à prendre des photos de cet endroit lorsqu’une femme s’est arrêtée sur un petit vélo, type vélo pliable. Elle m’a demandé avec sympathie si j’étais de la Ciotat. Je lui ai répondu non mais qu’est-ce que j’en savais, finalement, au vu de mon intérêt soudain pour La Ciotat. En sortant un petit appareil photo, la dame, d’une soixantaine d’années, m’a expliqué que c’était une partie de l’Histoire de la ville qui partait. Et tout ça, pour construire  » un hôtel 36 étoiles ! ». Elle m’a raconté qu’enfant, il y a 40 ans ( ou plus), elle s’était rendue dans ce théâtre. Et, aussi qu’il y a encore peu, cette caserne de pompiers était active. Elle envisageait d’envoyer ensuite ses photos à des amis et de leur dire :

« Voilà, ce que c’est devenu ! ». 

La dame était engageante et j’aurais pu rester discuter un peu plus avec elle. J’ai néanmoins pris congé. Notre fille est venue me chercher en courant. Ma propension à prendre des photos faisait que j’étais régulièrement distancé et elle s’inquiétait que je me perde. 

 

C’est là où ça s’est passé avec les frères Lumière.

 

Voici le véritable endroit où les frères Lumière ont fait parler d’eux. L’endroit est assez décevant extérieurement et nous nous sommes demandés si l’on nous cachait quelque chose. Mais un des employés nous a confirmé que c’était bien-là. Chaque mercredi et chaque samedi, à 15h, ( il était alors plutôt 17h), a lieu une visite guidée et les piliers d’origine ont été conservés. L’employé a ajouté que l’on « sent » , à l’intérieur du cinéma, que le lieu a une histoire. Nous aurions pu entrer en allant à la séance de 20h mais il nous fallait rentrer.

A défaut de séance cinéma et de visite, nous avons un peu profité de la terrasse extérieure qui donne vue sur la mer, de l’autre côté de la rue. J’ai aussi regardé la programmation que l’employé m’a confirmé être du cinéma d’auteur en version originale.

 

La Ciotat.

Oui, ça donnait envie de revenir à La Ciotat. Pépita, elle-même, a été agréablement surprise par cette visite de la ville.

 

Avant de rentrer, nous sommes allés nous tremper les pieds dans l’eau. A l’entrée d’un club de plongée, dans le centre-ville, j’avais lu que la température était à vingt degrés. Nous avons fait l’erreur étonnante en venant à Marseille de laisser nos maillots de bain chez nous. Mais en définitive, ce séjour nous a bien plu alors nous reviendrons. D’autant que ma compagne a préféré Marseille à Lille ( Lille J + 4). Notre fille, elle, a aimé les deux villes. 

 

 

Franck Unimon.