Un article simple.
On peut aussi complĂ©ter la dĂ©couverte de cet article avec Dans la galerie de Michel ainsi qu’avec GĂ©missements.
Franck Unimon, ce lundi 10 aout 2020.
Récits de voyages actuels ou passés.
Un article simple.
On peut aussi complĂ©ter la dĂ©couverte de cet article avec Dans la galerie de Michel ainsi qu’avec GĂ©missements.
Franck Unimon, ce lundi 10 aout 2020.
La Vallée des Saints ( Texte et photos, Franck Unimon).
Avant de partir en Bretagne, un ami, d’origine bretonne, m’a parlĂ© de la VallĂ©e des Saints….
Cette nuit
Cette nuit, j’ai dû prendre ma voiture pour aller au travail. Je me suis un peu trop relâché hier soir quant aux horaires et j’ai raté le train. Le suivant arrivait une heure plus tard. Impossible de l’attendre pour être à l’heure au travail.
C’était une Première pour moi que de devoir prendre ma voiture pour aller au travail sur Paris.
Ce matin, je suis un peu fatigué. Mais ça n’est pas encore mon heure d’aller me coucher.
En rentrant tout Ă l’heure, j’avais prĂ©vu de « publier » quelques photos de Tags ou de graffitis pris en photo ces dernières semaines et ces derniers mois jusqu’à ce matin en me rendant au travail ou en revenant. Et puis, finalement, pourquoi se limiter ? Cela fait des annĂ©es que je n’aime pas le mois de mars. Je le trouve trop long. Je n’aime pas cette pĂ©riode. Je vais enterrer ce mois de mars-ci en beautĂ©. Ce sera un peu mon  » We’re gonna chase those crazy baldhead out of town » ( Titre  » Crazy Baldhead » de Bob Marley). En crĂ©ole guadeloupĂ©en, on dirait :
 » Nou Kay Krazé Sa ! ».  » Fouté Sa An Bwa ! ».
Voici donc quelques photos prises entre le mois de Janvier de cette année et ce matin en allant au travail ou en en revenant ou ailleurs ( avant le 16 mars 2020) .
Ce ne sont pas des photos du pĂ©riphĂ©rique. Ce sont des photos choisies en Ă©coutant l’album Live de 1991 de Manu Dibango et le titre Crazy Baldhead de Bob Marley en studio ainsi qu’en concert.
Si certaines de ces photos reviennent plusieurs fois, c’est parce-que je n’ai pas voulu choisir entre l’une ou l’autre. On revient bien plusieurs fois aux endroits que l’on aime bien.
Merci aux artistes ! Merci aux personnes présentes.
Photos prises Ă Argenteuil, dans la rĂ©gion d’Angers et Ă Paris.
Franck Unimon, ce mardi 31 mars 2020.
Le Président américain Donald Trump envisagerait de fermer les frontières des Etats-Unis pendant une trentaine de jours en vue de tenter d’attraper le Coronavirus Covid 19 par la chatte. J’ai un petit peu modifié ce qu’une collègue m’a appris ce matin. Mais l’idée de fermeture des frontières des Etats-Unis était bien là . S’il m’a été pour l’instant impossible de vérifier le caractère officiel de cette information, un rapide passage sur le net m’a rappelé que la fermeture des frontières, pour compenser peut-être une trop grande ouverture de la braguette et de la bouche, fait partie des leitmotiv du président américain. En France, récemment, l’épidémie du coronavirus Covid 19 et toute l’attention qu’elle captive a permis de faire passer la réforme des retraites en poussant avec le 49.3.
Aux Etats-Unis, peut-être que la peur du Coronavirus Covid 19 permet à Donald Trump de pratiquer au passage une certaine forme de protectionnisme économique envers la Chine et le reste du monde. Devant ce genre de pensée et le climat actuel envers le coronavirus Covid 19, on se croirait un peu dans le film Les fils de l’homme (Children of men) d’Alfonson Cuaron, un film beaucoup trop ignoré que le réalisateur mexicain avait réalisé en 2006 plusieurs années avant Gravity ( 2013).
Oui, préciser la nationalité d’Alfonson Cuaron a son importance au même titre que celle d’Alejandro Inarritu ( également mexicain) ou encore de Robert Rodriguez ( Américain d’origine mexicaine) qui a entre-autres réalisé récemment Alita : Battle Angel ( 2019) inspiré du manga Gunnm créé par le Japonais Yukito Kishiro au début des années 1990.
Cuaron, Inarritu et Rodriguez ont au moins en commun de partager des origines mexicaines mais aussi de prescrire un cinéma qui fait beaucoup de bien à l’Art ainsi qu’à l’économie américaine. Pourtant, selon la logique d’un Donald Trump et d’autres décideurs et décideuses, ils auraient dû rester confinés dans « leur » pays ou y être renvoyés Coronavirus ou non, car le Mexique, c’est le pays de la Drogue et des cartels qui est frontalier avec les Etats-Unis. Et le Mexique est aussi l’un des pays de celles et ceux qui entrent clandestinement aux Etats-Unis afin d’essayer d’y trouver une meilleure vie. Le film Brooklyn Secret qui sort ce 18 mars au cinéma parle aussi de ça.
C’est Ă©tonnant ( effrayant) comme une Ă©pidĂ©mie peut très vite permettre l’expansion de pensĂ©es et d’idĂ©es racistes. Ce qui se passe en ce moment vis-Ă -vis du Coronavirus Covid 19 et des « Chinois » comme de celles et ceux que l’on estime susceptibles d’ĂŞtre « sales », « impurs » ou tout simplement porteurs du virus me rappelle ce qui se disait lors de l’Ă©pidĂ©mie du Sida dans les annĂ©es 80 :
Les homosexuels, les HaĂŻtiens, les prostituĂ©es et les toxicomanes Ă©taient alors perçus comme responsables ( plutĂ´t que victimes) de l’Ă©pidĂ©mie et aussi comme celles et ceux qui Ă©taient ainsi « punis » pour leurs vices ou leurs pĂ©chĂ©s. On peut croire ces idĂ©es limitĂ©es par des barrages. Mais non.
Il y a à peu près un mois maintenant, près du Val de Grâce, dans la rue, j’avais aperçu un SDF qui avait sollicité une femme d’origine asiatique afin qu’elle lui donne une pièce. Celle-ci avait refusé. L’instant d’après, le même SDF insultait la même femme, l’intimant à rentrer chez elle avec son Coronavirus !
Hier soir, une de mes collègues a vu des passagers dĂ©serter la voiture du mĂ©tro oĂą elle se trouvait. Elle est ainsi restĂ©e seule…avec des passagers d’origine asiatique. La peur et l’angoisse font surgir des Ă©tats de folie sociale qui devient une norme beaucoup plus puissante que les services de psychiatrie qui sont souvent jugĂ©s pour leurs travers plus que pour leurs habilitĂ©s. Peut-ĂŞtre parce-que la folie sociale est mobile, variable, et peut très facilement devenir indĂ©tectable après ses crimes et ses excès. Sauf si l’on dĂ©cide d’une enquĂŞte après coup et mĂŞme de cette façon il n’est pas toujours certain d’en retrouver les principaux acteurs afin de les confronter Ă leurs agissements. Alors que la psychiatrie, elle, reste localisable et identifiable de par ses murs et son statut Ă peu près immuables ainsi que par ses intervenants, ses victimes et ses tĂ©moins.
Qu’il soit réélu ou que son mandat de président s’arrête bientôt, Donald Trump passera dans l’Histoire. Et, malgré ses erreurs, ses fautes et ses coups de folie, il finira vraisemblablement sa vie en restant libre et dans le confort comme celles et ceux qui lui ressemblent. Contrairement à la majorité des femmes et des hommes de cette terre, que ceux-ci soient chinois, mexicains, clandestins ou autres.
Je n’avais pas prévu une introduction aussi longue avant de « raconter » ce séjour que ma compagne et moi avions effectué à New-York en 2011.
Je ne crois pas que ce soit toujours « mieux avant ». Par contre, je crois que ça peut faire du bien de revoir ce qui a pu être vécu et qu’on peut aussi le voir « mieux » qu’avant.
Je crois surtout que reparler de ce voyage d’après les notes que j’avais alors prises est une bonne façon de retourner dans ce pays que le président Donald Trump veut de plus en plus fermer dans un monde qui semble de plus en plus en train de se fermer :
Ce matin, en prenant cette photo à la gare de Paris St-Lazare, je voulais surtout capter cette discordance qui est déjà notre ordinaire- et notre imaginaire- où, d’un côté, une pub en hauteur représentant l’actrice Julia Roberts nous affirme en souriant que la vie est belle. Donc, que nous aussi, femmes et hommes inclus, nous devons nous élever, sourire et nous persuader que nos vies sont des triomphes parfumés. Tandis que d’un autre côté, un panneau, comme il y en a tant désormais, nous rappelle les consignes d’hygiène à suivre en raison de l’épidémie du Coronavirus Covid 19. Et comment nous devons régulièrement parfumer nos mains avec du savon ou une solution hydro-alcoolique que nous pouvons bien-sûr nous procurer ( acheter) en magasin ou dans des pharmacies.
Et, ce n’est qu’en rentrant chez moi et en dĂ©couvrant les photos sur mon Ă©cran d’ordinateur que je me suis aperçu que ce panneau nous incitait aussi Ă la prudence et nous rappelait que nous Ă©tions toujours sous le plan Vigipirate. Entre l’épidĂ©mie du Coronavirus Covid 19 et la peur du terrorisme, je me suis dit que nous Ă©tions de plus en plus cernĂ©s. Et que nous nous y sommes dĂ©jĂ accoutumĂ©s. Je me suis aussi dit que, pourtant, nous sommes sĂ»rement aujourd’hui plus libres que demain. Mais, Ă©videmment, ce qui peut faire la diffĂ©rence autant voire plus que les Ă©vĂ©nements que nous vivons, c’est souvent notre regard et notre attitude vis-Ă -vis d’eux.
Franck Unimon, ce jeudi 12 mars 2020.
Dimanche 8 octobre 2011, New-York.
Save you Money !
Nous sommes dans notre chambre d’hôtel lorsque les femmes de ménage arrivent.
Une Noire qui a Ă peu près 60 ans. Une Blanche originaire de Montenegro, qui a vĂ©cu en Italie, et qui vit maintenant Ă New-York depuis 16 ans. Elle et moi discutons alors qu’elle travaille seule dans notre chambre. Voici ce qu’elle me dit :
Le quartier où se trouve l’hôtel est un quartier de riches. Plus on descend, plus c’est riche. Elle m’enjoint à aller à Harlem afin que je vois à quoi ressemble la vie de mes semblables. Elle m’assure que je n’y aurai aucun problème.
Elle ne me parle pas du Bronx, me recommande, si je prends le train, de taire le fait que je suis Français.
Macy’s ? Trop cher. Aller plutôt dans le centre commercial près de l’ancien emplacement des tours du World Trade Center. En semaine. Central Park est accessible à pied depuis l’hôtel. « Save your money ! ».
Vers 17h30, nous sommes à la gare Grand Central. Est-ce là qu’a eu lieu une scène du film X-Men ?
La foule palpite dans la gare. Le flic que je viens d’interpeller me répond, goguenard, que le pont de Brooklyn a un début. De quel côté veux-je le traverser ?
Dans le métro vers Brooklyn, la foule est subitement dopée par la représentation numérique des Noirs. Une petite femme noire d’environ 1m50 , boulotte, à peine la trentaine, s’accroche avec un jeune blanc d’une vingtaine d’années du type étudiant. Celui-ci est avec deux copains. Le compagnon (noir) de la jeune femme, visiblement, se lève très vite et commence à apostropher «l’étudiant ». Lequel se défend en disant :
« Ce n’est pas d’elle dont je parlais…. ».
Cela nous donne un aperçu d’une certaine tension raciale ou de ce que l’hystérie peut provoquer :
Je me suis imaginé qu’avant cet incident, le couple noir s’était disputé d’où la distance entre la jeune femme noire et son compagnon. Avant « l’accrochage » avec le jeune étudiant blanc, La femme était debout, près de la porte d’entrée du métro, presqu’à gêner le passage. Tandis que L’homme (son compagnon) assis un ou deux mètres plus loin, était alors occupé à jouer sur son téléphone portable avec leur enfant assis à ses côtés.
Dimanche 9 octobre. 7h30, heure locale. HĂ´tel intercontinental, The Barclay. New-York.
Do you want cold water ?
On fait toute une histoire de New-York. Mais je ne sens nulle transformation. Je suis un touriste. Un consommateur. Une carte bancaire. Des billets en banque.
Je suis celui, hier, qui a perdu 5 dollars en achetant deux billets de métro utilisables une seule fois alors que j’aurais déjà pu acheter une Metrocard Unlimited pour une semaine pour 29 dollars. Ce qui me permettrait de prendre bus et métros de façon illimitée….
C’est ce que nous a réexpliqué hier soir une agent du métro, derrière son guichet, alors que nous revenions de Brooklyn.
La femme, noire, la quarantaine, était sympathique.
A New-York, je suis aveugle et sourd. Comme d’habitude. Mais, ici, je m’en rends davantage compte. Je passe devant des bâtiments dont j’ignore la réelle fonction :
Tribunal ? Université ? Bibliothèque ? Vu que la plupart des bâtiments sont imposants, on a l’impression que tout bâtiment est important. Et vu qu’il y’a beaucoup de voitures de police, vides ou occupées par des policiers qui attendent, on a l’impression que beaucoup d’endroits sont prestigieux.
Hier soir, près de la gare de Brooklyn Bridge City Hall, en pleine nuit, c’est avec un peu d’inquiétude que je me suis décidé à pisser dans un coin. Après le passage d’un flic noir. A quelques mètres de deux mecs qui discutaient. Ma compagne s’est éloignée. Elle avait tenté de me dissuader, préoccupée à l’idée que je me retrouve en prison.
Moi, sûr de mon fait et vidant ma vessie, je repensais à cette phrase lue dans le métro à propos de tout paquet abandonné suspect :
« If you see something say something ». Allais-je être dénoncé ? Mais je n’en pouvais plus.
Ici, Ma compagne et moi sommes deux touristes dans une sorte de supermarché au toc un peu clinquant où d’autres touristes débarquent et claquent du fric. Où, hier, une employée derrière son guichet m’a répondu que l’accès à internet est effectivement gratuit. En Wifi avec son ordinateur personnel. Sinon, moyennant 8 dollars et quelques débits de notre carte bancaire, j’aurai droit…à 15 minutes d’internet.
Dans la même idée, dans cet hôtel, une omelette avec trois œufs (avec libre choix des condiments ?) coûte 22 dollars.
Pour moins de 20 dollars hier soir, à Chinatown, au 67 Bayard Street, au restaurant Xi’an Famous Foods, Ma compagne et moi avons eu un plat chacun :
Concubine’s chicken noodles ( 6 dollars).
Spicy cumin Lamb noodles ( 7 dollars) + 1 chrysanthème tea ( 1,50 dollar) + 1 sour tea (1,50 dollar).
Hier soir, en sortant du métro, le pont de Brooklyn était indiqué. Mais, aussi, dans une direction opposée :
Chinatown et Little Italy.
Nous avons suivi la procession le long du pont. Nous avons croisé la foule, plus importante, qui revenait du pont. Près du pont, une voiture de police. De part et d’autre du pont, une circulation routière, fluide, et assez rapide. Et nous sur le pont. Sur le pont, donc, du monde. Le coucher de soleil était passé. Quelques coureuses et coureurs. Plusieurs personnes à vélo se signalant aux piétons, lesquels ne tenaient pas toujours compte du sens aller et retour indiqué au sol.
Deux couples en séance de photo dans leur tenue de mariage. D’autres personnes
(familles, couples) se photographiant ou se faisant photographier. Des photographes, plein de photographes, avec des compacts, des reflex ou autres. Au loin, la Tour Eiffel ?
Non, la statue de la Liberté.
Un peu de marche dans Brooklyn. Plus calme. Près de Montaigue Street. Réapparition de jeunes couples noirs. Nous restons peu de temps. Nous voulons aller à Chinatown et à Little Italy. Métro où nous croisons cette employée noire qui m’explique que ces billets que nous avons achetés 2, 50 dollars l’unité sont bons pour la poubelle : car ils sont valables une seule fois et deux heures maximum après leur achat.
Arrêt à Brooklyn Bridge City Hall de nouveau. J’ai plusieurs fois entendu parler de l’aspect délabré du métro de New-York. Mais je suis plus marqué par le fait qu’il fasse chaud dans les couloirs et sur les quais des métros de New-York. Par contre, le métro est climatisé. Trop. Mais les New-Yorkais semblent s’en accommoder.
A la gare de Brooklyn Bridge, je demande notre chemin à une jeune. 18 ans maximum. Elle est avec deux de ses copines. Elle n’est pas trop sûre d’elle. Elle me recommande néanmoins un itinéraire. Peu après, j’interpelle un flic, la trentaine : il suffit de descendre tout droit à l’entendre.
Cent mètres plus loin, je redemande à un homme d’une cinquantaine d’années apparemment avec sa femme ou sa maitresse :
Descendre jusqu’à Canal Street puis tourner à droite.
A Canal Street, j’interroge un jeune chinois qui se promène avec deux copains. Il me répond :
« This is Chinatown ».
Bien qu’il parle Américain, il a un accent cantonais. Un restaurant ? Il m’indique un point visuel. C’est de cette façon qu’après être passés devant plusieurs restaurants asiatiques, nous nous arrêtons au Xi’ an Famous Foods tenu visiblement par un jeune homme d’environ 25 ans, très commerçant et très sûr de lui. Sûrement un bon parti.
Dans le restaurant, nous sommes d’abord les seules personnes de couleur noire. Clientèle assez jeune. 30 ans de moyenne d’âge. Un grand blanc (entre 1m90 et 2mètres) semble y avoir ses habitudes. Il mange une salade, une soupe puis passe une autre commande. Je l’imagine Australien. Devant lui, une feuille. Manifestement du travail. Chercheur ?
Les plats sont très bons. Très bonnes pâtes fraîches. Mais un peu trop épicées. Voire un peu trop salées. Mais c’est bon.
En quittant le restaurant, nous avisons un marchant ambulant de fruits : bananes, mangues…celui-ci parle à peine Anglais. Son accent est sur « coussin » cantonais. Mais il sait parler argent. Il est peu aimable. Celle qui le remplace aussi. Je crois qu’il part avec sa radio, laquelle diffuse un programme en Cantonais ou en Mandarin.
Je m’y perds un peu avec ces petites pièces de monnaie : quarter dollar, dime. Impossible de savoir si je me fais voler de 5 ou 10 centimes. Mais les prix sont abordables. Moins de 2 dollars un kilo de bananes. 1 dollar 25, la mangue.
Non loin de là , toujours dans Bayard Street, nous tombons sur le Colombus Park Pavillion. Des Asiatiques semblent y pratiquer des arts martiaux. Nous nous rapprochons et nous tombons sur des femmes et des hommes asiatiques attablés dans le parc :
Ils jouent aux cartes, au GO peut-être ou au Mah Jong. Il y’ a plus d’hommes que de femmes. Les femmes d’un côté. Les hommes de l’autre.
Celles et ceux qui jouent sont parfois entourés de spectateurs. Tout se passe, quand nous passons, en silence. A priori, personne ne nous remarque. Mais c’est sans doute trompeur.
A une table de jeu, deux jeunes dénotent. Ils ont à peine 30 ans, sont plutôt grands, entre 1m80 et 1m90, sont vêtus de manière assez disco, assez branchée voire transsexuelle : Leur chemise, leurs bottes, la couleur de leurs cheveux, les pommettes hautes. L’un des deux jeunes joue, l’autre regarde. Les autres joueurs et les autres spectateurs ont une bonne soixantaine d’années, portent des vestes et pantalons gris, plutôt fripés.
Nos combattants sont finalement des amateurs. Ils sont une dizaine. 5 ou 6 filles. 4 ou 5 hommes. Un homme, apparemment SDF ou égaré, les filme avec son téléphone portable. En se marrant. Est-il ivre ? Il fait quelques commentaires. La bonne cinquantaine, en costume lui aussi, sa présence semble peu déranger nos pratiquants d’arts martiaux.
Les filles sont des débutantes. Elles ont la vingtaine. Celui qui semble faire autorité leur enseigne des gestes. Les filles ne sont pas douées.
Deux binômes de garçons s’entraînent. Un des « profs » me remarque. La séance se poursuit. Celui-ci s’occupe d’un jeune qui doit avoir environ 25 ans. Le jeune, torse nu, a un tatouage dans le dos. Bas de survêtement noir, baskets noires (des Nike apparemment) il semble très disposé à donner des crochets dans les gants de celui qui l’entraîne. Mais il est moins concentré pour retenir les enchainements demandés. Celui qui l’entraîne, assez gros, apparaît particulièrement raide des hanches.
Le prof envisage de montrer un nouvel exercice à un des garçons. Il lance un coup de pied bas, se fait un claquage ou une crampe. Il active sa jambe, essaie de s’étirer. Cela ne passe pas. Cela lui fait tellement mal qu’il doit partir s’asseoir. J’entends une des filles lui demander :
« Do you want cold water ? ».
En tout et pour tout, nous avons dû rester environ dix minutes. A aucun moment, je n’ai eu l’impression que nous avons ou que nous aurions pu faire partie d’eux :
Depuis notre arrivée à New-York, j’ai déjà croisé des couples mixtes. Mais les communautés présentes à New-York semblent assez peu perméables entre elles.
Photos : Franck Unimon, ce lundi 9 mars 2020.
Ce matin, au lieu de prendre le mĂ©tro, j’ai eu envie de prendre le bus. Il faisait froid et beau. Peu de monde dans les rues. En nous approchant du Louvre, j’ai aperçu ce soleil. J’ai très vite appuyĂ© sur le bouton pour arrĂŞter le bus. Le coronavirus Covid-19, le 49.3 employĂ© la semaine dernière pour imposer la rĂ©forme des retraites, la dernière cĂ©rĂ©monie des CĂ©sars. Les inquiĂ©tudes comme les dĂ©sagrĂ©ments futurs et proches ont disparu alors que j’ai commencĂ© Ă appuyer sur le bouton de cet appareil photo.
Franck Unimon/ Balistique du quotidien, samedi 7 mars 2020.
Massage Assis
« A un moment, il faut rendre leur corps aux gens » m’avait dit ma tutrice en formation massage. C’était il y a trois ou quatre ans. Je me trouvais alors chez elle et sa compagne près de la gare de l’Est. Je venais de lui faire un massage sur table.
« Le corps, c’est l’inconscient » m’avait dit un collègue pédopsychiatre et lacanien que je n’ai jamais massé et que j’ai du mal à imaginer recevant un massage. Ce collègue brillant et attachant fait selon moi partie de toutes ces personnes atteintes profondément par ce que j’appelle la névrose de « la pensée souveraine ». Mais il est possible que je me plante complètement :
Dans certaines conditions -qu’elles choisissent- beaucoup de personnes peuvent nous étonner par leur ouverture d’esprit.
« Le massage peut permettre certaines dérives sectaires » m’avait à peu près dit une amie kiné avec laquelle nous avions, un moment, envisagé de réaliser des massages à quatre mains sur table.
« Le massage, c’est un bon moyen de drague ? » m’avait demandé lors d’un événement techno, avec un air « complice », un jeune commercial sûrement déjà particulièrement doué pour séduire.
« J’ai déjà fait (reçu) plein de massages » m’avait dit mon « cobaye » : un robuste moniteur de plongée et d’apnée, motard par ailleurs. Il se trouvait alors sur la table de massage et j’étais en train de lui masser le dos dans ce centre de plongée et d’apnée que je démarchais afin d’y proposer mes services.
Un de mes amis d’enfance avait, soudainement, entrepris de satisfaire un besoin urgent alors que je le massais sur table : consulter ses sms.
Mon petit frère (déjà adulte) était resté endormi cinq bonnes minutes sur la table après que j’aie eu fini de le masser la première fois.
Lors d’un échange de pratiques de massages, il m’est arrivé de me faire masser par un homme qui, en cours de route, avait eu envie d’un autre genre d’échanges. Nous étions chez lui et j’étais sur la table tandis que le programme radiophonique de France Culture diffusait son contenu. Cette erreur d’aiguillage, régulée à un moment donné, a aussi fait partie de ma formation. Et de celle de ma compagne. Comme elle me l’a ensuite dit lorsque je lui ai raconté :
« Tu as de la chance d’avoir une femme comme moi ».
Après le judo, après quelques expériences de comédien au théâtre et au cinéma dans des courts-métrages, après l’écriture, après la plongée, après le journalisme (bénévole) cinéma, après des années d’exercice en psychiatrie et en pédopsychiatrie, je m’étais décidé à suivre l’exemple d’autres collègues de mon service afin de me former au massage bien-être. Avant « ça », plus jeune, je voulais être kiné pour travailler dans le sport. Je voulais être journaliste. Faire de la philo et de la psycho.
Je m’étais finalement arrêté à la formation d’infirmier. C’est encore ce métier qui, aujourd’hui, économiquement, administrativement et socialement me fait « vivre » et, aussi, « m’estampille » et « m’étiquette ».
Le métier d’infirmier qui suscite tant de « correctes » et de sincères admirations est aussi un métier de femmes- et d’executant(es)- dans une société et un monde masculin où les dirigeants sont principalement certains hommes. Un certain type, un certain genre d’hommes.
Le métier d’infirmier ne m’a jamais suffi. Même si une partie de ses valeurs me suivent souvent dans ce que je fais ailleurs, mon identité est à cheval sur plusieurs cultures. Et je bascule régulièrement de l’une à autre. Aujourd’hui, je « suis » infirmier en pédopsychiatrie mais m’incarcérer dans cette gestuelle, cette pensée et ce vocabulaire, c’est me réduire en cendres. Je suis vivant et mobile. Ma poitrine se soulève, s’abaisse et je respire. Dans mes pensées, je chasse autant que possible les cendres et la déprime qui peuvent m’encombrer. Je les perçois lorsque elles commencent à devenir trop présentes, les perce. Et j’évacue.
Je n’étais pas particulièrement déprimé lorsque j’ai décidé, au début de cette semaine, de répondre à cet appel du 1er novembre.
Quelques fois, comme d’autres « anciens » stagiaires, je reçois de certains de mes anciens formateurs en massage « bien-être » des messages. Il peut s’agir, comme pour ce 1er novembre, d’être volontaire pour réviser et de permettre à la formatrice d’avoir un nombre pair de participants.
Aujourd’hui, j’ai renoncĂ© Ă me reconvertir dans le massage bien-ĂŞtre. Une de mes anciennes partenaires de jeu au théâtre ( pour la pièce La ComĂ©die des erreurs de Shakespeare que nous avions jouĂ©e avec d’autres au théâtre du Nord-Ouest) avait raison :
Faire du massage bien-être est la continuité du métier d’infirmier or ce que je voudrais développer en priorité, c’est plutôt ma personnalité culturelle et artistique. Mais le massage, comme d’autres actes (respirer, écrire, lire, pratiquer l’apnée, la photo) fait aujourd’hui partie de moi. Proche de l’Art martial et de la méditation, le massage est un arc et aussi le miroir de ce que nous sommes. Entre la flèche et nous, ce qui changera la donne, plus que d’établir des records ou de vouloir devenir le meilleur masseur « du monde », c’est et ce sera l’intention.
Récemment, à une formation sur le thème de Spiritualité et addictions, j’ai demandé à un intervenant quels étaient les gardes fous contre une emprise sectaire ou jihadiste. Il m’a répondu :
Liberté, gratuité et charité.
On peut évidemment devenir un professionnel (en massage bien-être ou dans une autre spécialité) et se faire légitimement rémunérer à hauteur de notre engagement. Et s’épanouir. Mais les rapports que l’on adopte et que l’on adoptera avec la liberté, la gratuité et la charité conditionnent et conditionneront beaucoup nos intentions ainsi que, souvent, ce que l’on vivra véritablement.
Ce 1er novembre, jour férié, je suis peut-être venu dans cet état d’esprit :
Je n’ai pas gagné d’argent. J’ai été massé et j’ai massé. J’ai écouté, parlé et interrogé. Puis, à la fin de la journée, je suis parti faire ma nuit de travail à l’hôpital en ayant eu le sentiment d’avoir passé une très bonne journée. D’avoir été au rendez-vous avec moi-même.
Ma journée avait d’abord bien commencé- et tôt- avec ma fille. Je m’étais bien entendu avec elle afin qu’elle laisse sa mère se reposer. J’étais parti de la maison plutôt content de moi. Au lieu de m’être à nouveau fâché :
J’allais passer ce jour férié avec d’autres personnes, la plupart inconnues, mais auparavant, je lui avais transmis quelque chose de la vie et du monde dans l’entente, l’apaisement et une compréhension, je l’espère, réciproques. C’est ce qui, je crois, est à l’oeuvre dans tout « bon » massage comme dans toutes ces relations avec les autres ainsi qu’avec nous-mêmes que nous recherchons et essayons quelques fois- ou souvent- de vivre.
Franck Unimon, ce dimanche 3 novembre 2019.
Nous Ă©tions Ă Marseille la semaine dernière. Nous sommes passĂ©s quelques heures Ă Toulon et avons aussi pris un peu la lumière Ă La Ciotat. Au moment d’Ă©crire cet article, je me dis que rien ne m’oblige Ă parler de cette expĂ©rience lunaire qu’est un voyage de manière scrupuleusement chronologique. Lorsque j’ouvre mon robinet en ce moment j’entends ça :
Cette sculpture, nous l’avons dĂ©ja vue. Je suis retournĂ© la voir, cette fois, pour connaĂ®tre le nom de son auteur. Car, sans le nom de son auteur, cette oeuvre est un peu une sĂ©pulture. Pour l’artiste et pour ce qu’il a voulu dire :
Maintenant, nous « savons ».
Dans mon prĂ©cĂ©dent article sur Marseille( Marseille, octobre 2019) , j’Ă©crivais qu’il m’avait fallu du temps pour aimer cette ville. Cette fois-ci, Marseille s’est très vite dĂ©fendue Ă sa manière. De sa bouche, les premiers jours, sont d’abord sortis du froid, de la pluie ( des averses jusqu’Ă faire dĂ©border provisoirement le Vieux-Port) et des jours gris. C’Ă©tait la première fois que je voyais Marseille comme ça.
Je n’ai pas pas de photo d’inondation. Nous rentrions Ă Marseille par le train en provenance de Toulon lorsque l’averse est tombĂ©e. Elle nous a douchĂ© avec passion Ă notre sortie de la gare.
Nous sommes allĂ©s Ă Toulon parce-que s’y trouve un magasin de vĂŞtements techniques supposĂ©s rĂ©sistants et pratiques ( aussi bien faits pour le voyage que pour la ville) qui y a ouvert en 2014. Et il n y a qu’Ă Toulon, pour l’instant, que la marque dispose d’un magasin physique. Autrement, il faut commander sur internet. Or, j’ai prĂ©fĂ©rĂ© me rendre sur place afin d’essayer les vĂŞtements et de me faire mon idĂ©e concernant les articles et les tailles. Lors des quelques heures passĂ©es Ă Toulon, je me suis dit que cette ville a des atouts pour ĂŞtre plus attractive qu’elle ne l’est. Mais des -très- mauvais choix au moins architecturaux ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s pour cette ville situĂ©e en bord de mer. On rĂ©sume souvent Toulon Ă une ville raciste et d’extrĂŞme droite mais j’ai l’impression qu’elle est un peu plus nuancĂ©e que ça.
Et, Ă©videmment, ce « bateau » ( photo prĂ©cĂ©dente) est selon moi, au contraire, lui, une très belle rĂ©alisation. MĂŞme si je ne sais pas comment on vit dans ces immeubles. Concernant les vĂŞtements, pour l’instant, je suis plutĂ´t content.Ils sèchent vite en cas de lavage et sont agrĂ©ables Ă porter mĂŞme par temps plutĂ´t chaud.
Il est une autre marque ( crééé en 2008) de vĂŞtements très techniques et tout autant prĂ©sentables en ville que j’ai dĂ©couverte rĂ©cemment. Non seulement, elle est plus onĂ©reuse. Mais en plus, cette fois-ci, le seul magasin physique se trouve Ă Brooklyn. On peut commander par internet mais ça m’ennuie pour des raisons pratiques Ă©videntes ( essayage, coĂ»t…). Je regrette, en 2011, alors que nous Ă©tions Ă New-York, de ne pas avoir alors connu cette marque. Je connais bien « quelqu’un » pour qui la ville de Brooklyn a un sens et une importance très particuliers. Mais demander ce genre de service m’embarrasse un peu.
Je portais les vĂŞtements achetĂ©s Ă Toulon sur moi ( un tee-shirt et un pantalon) pour la première fois, Ă Frioul. Et, le soleil Ă©tait revenu sur Marseille et les environs. En partant de chez nos amis en fin de matinĂ©e, nous sommes arrivĂ©s sur le Vieux-Port pour embarquer environ cinq Ă dix minutes avant le dĂ©part du bateau. Parmi les personnes qui faisaient la queue pour embarquer, j’ai reconnu La VirĂ©e Ă Paname avec leurs deux enfants. La dernière fois que j’avais rencontrĂ© C et H, rĂ©alisatrice et rĂ©alisateur de La VirĂ©e Ă Paname, c’Ă©tait, je crois, au festival du court-mĂ©trage de Clermont Ferrand il y a peut-ĂŞtre quatre ou cinq ans. Comme nous, ils habitent dans l’Ă®le de France, et, comme nous, ils Ă©taient venus passer quelques jours Ă Marseille. Comme nous aussi, ils Ă©taient dans le TGV que nous avions pris depuis Gare de Lyon le lundi. L’après-midi passĂ©e avec eux fut très agrĂ©able. C’est la seconde fois qu’Ă Marseille, je rencontre quelqu’un que je connais personnellement de la rĂ©gion parisienne. La première fois, c’Ă©tait G que j’avais croisĂ© Ă la terrasse d’un restaurant sur le Vieux-Port. Il Ă©tait lĂ pour un tournage de Plus belle la vie. Et, d’ailleurs, je l’avais prĂ©sentĂ© aux amis marseillais qui nous ont hĂ©bergĂ© la semaine dernière.
En revenant Ă Marseille, j’ai aussi revu d’autres amis installĂ©s depuis plusieurs annĂ©es Ă Auriol. La dernière fois que j’Ă©tais allĂ© chez eux, je me souviens que leurs deux fils Ă©taient au plus loin Ă l’Ă©cole primaire. Aujourd’hui, l’un des deux effectue ses Ă©tudes Ă Luminy.
J’ai aussi revu une ancienne collègue rencontrĂ©e Ă Montesson il y a plus de 15 ans maintenant. Elle habite dĂ©sormais Ă Ensues la Redonne.
Il y avait un petit côté gare de western désolée en arrivant. Mais nous sommes en provence.
Le trajet depuis Marseille St Charles pour Ensues La Redonne m’a fait passer par l’Estaque. Je n’Ă©tais jamais passĂ© par l’Estaque. La vue depuis le train a Ă©tĂ© très agrĂ©able. Nous Ă©tions plusieurs passagers, Ă activer pathĂ©tiquement nos appareils photos pour prendre des clichĂ©s de la vue Ă travers la vitre. Mais il me reste un petit fond de dignitĂ© et je garderai ces photos pour moi.
Après avoir discutĂ© de Marseille, de Lyon et d’autres sujets avec elle et son mari, C m’a emmenĂ© Ă Carry le Rouet qu’elle m’a fait dĂ©couvrir ( merci encore!).
Il nous restait encore quelques jours et PĂ©pita, mon amie qui a quittĂ© Paris il y a une vingtaine d’annĂ©es pour revenir vivre Ă Marseille, Ă©tait dĂ©sormais de repos Ă la fin de la semaine. Alors que j’Ă©tais parti pour Ensues la Redonne, PĂ©pita a emmenĂ© ma compagne et notre fille en vadrouille. Je les ai retrouvĂ©es en fin d’après-midi. Ce qui m’a permis de prendre le bus et de revoir la corniche que j’avais dĂ©couverte pour la première fois avec S. il y a plus de vingt ans.
PĂ©pita m’a donnĂ© rendez-vous près de la statue de David. Cela me parlait. Il y a plusieurs annĂ©es, j’avais passĂ© quelques nuits dans l’auberge de jeunesse qui se trouve un peu plus loin vers les calanques. A cette Ă©poque, PĂ©pita vivait encore Ă Paris.
En attendant de retrouver PĂ©pita, ma compagne et notre fille, j’ai regardĂ© « David ». Il m’a fait penser Ă quelqu’un qui s’Ă©tait statufiĂ© Ă force d’ĂŞtre laissĂ© en plan et d’attendre que quelqu’un accepte de l’emmener quelque part. Ne te laisse pas faire, David ! La première station de bus n’est pas loin.
Après nous être retrouvés, nous sommes allés nous asseoir au bord de la mer.
David Ă©tait encore au mĂŞme endroit la dernière fois que je l’ai regardĂ©. Mais il a peut-ĂŞtre le pouvoir de revĂŞtir plusieurs formes.
David, le bĂ©nĂ©vole, ramassait maintenant les dĂ©tritus laissĂ©s sur la plage. Une femme est venue l’aider. Notre fille aussi. Je l’ai laissĂ©e faire un petit peu puis je l’ai appelĂ©e et lui ai expliquĂ© que c’Ă©tait bien. Mais qu’il fallait qu’elle arrĂŞte car elle ramassait tout avec ses mains alors que David, lui, portait des gants et avait une pince. Je me suis abstenu de dire Ă notre fille que j’estimais, aussi, que c’Ă©tait aux adultes qu’il revenait d’abord de prendre ce genre d’initiative et de responsabilitĂ© avant de s’en dĂ©charger sur des enfants. Ensuite, j’ai expliquĂ© Ă David la raison pour laquelle j’avais appelĂ© notre fille. Ce qu’il a très bien compris.
En rentrant peut-ĂŞtre, ou en repartant le lendemain, nous sommes passĂ©s devant l’hĂ´pital de la Timone. L’hĂ´pital n’est pas un lieu de vacances et nous sommes simplement passĂ©s devant. Mais ça faisait des annĂ©es que j’entendais parler de cet hĂ´pital et, lĂ , il Ă©tait près de nous.
Nous aurions pu nous rendre Ă Cassis. Mais je n’avais pas envie de m’y rendre mĂŞme si PĂ©pita nous a dit que c’Ă©tait très joli. Et, aussi très touristique. Or, nous Ă©tions un samedi.
Je préférais aller à La Ciotat.
Chaque fois que j’Ă©tais venu Ă Marseille, je n’avais jamais eu l’envie d’y aller. Mais cette fois, j’avais particulièrement envie. Peut-ĂŞtre parce-que je l’avais aperçue lors de notre trajet en train pour Toulon. Egalement pour le son du nom de cette ville. L’idĂ©e que la ville ait perdu de son faste Ă©conomique m’attirait d’autant plus. Ainsi que le fait que le compagnon de PĂ©pita, Marseillais, et PĂ©pita nous disent soit mĂ©connaĂ®tre cette ville ou y ĂŞtre allĂ©e il y a plusieurs annĂ©es.
En arrivant Ă la Ciotat, PĂ©pita m’a rappelĂ© qu’elle Ă©tait aussi la ville des Frères Lumière, ceux qui avaient inventĂ© le cinĂ©ma. ça m’a d’autant plus donnĂ© envie d’ĂŞtre lĂ et d’aller voir ce qui restait de cette Histoire.
Le cinĂ©ma Lumière, la photo des frères Lumières, le dĂ©corum, pour nous, c’Ă©tait bon ! C’Ă©tait lĂ que ça s’Ă©tait passĂ©. Voir le dernier Terminator Ă l’affiche du cinĂ©ma des Frères Lumière Ă©tait un dĂ©tail très amusant.
Heureusement, PĂ©pita a eu le rĂ©flexe d’entrer dans le cinĂ©ma et de demander aux employĂ©s prĂ©sents s’il Ă©tait possible de le visiter. Ils ( une femme et un homme) nous ont rapidement dĂ©trompĂ© : auparavant, cent ans plus tĂ´t, cet endroit Ă©tait une halle. Le vĂ©ritable cinĂ©ma oĂą les frères Lumière avaient marquĂ© l’Histoire du cinĂ©ma se trouvait ailleurs dans la ville.
PĂ©pita s’est rendue Ă l’office du tourisme pour s’informer. Puis, en passant, nous avons achetĂ© du vrai savon de Marseille de la marque SĂ©rail. Ensuite, nous sommes repartis chercher le « vrai » cinĂ©ma des frères Lumière.
Ma compagne venait de me dire :  » ça fait drĂ´le de voir encore les traces de vie dans ces appartements » et de s’Ă©loigner. Je commençais Ă prendre des photos de cet endroit lorsqu’une femme s’est arrĂŞtĂ©e sur un petit vĂ©lo, type vĂ©lo pliable. Elle m’a demandĂ© avec sympathie si j’Ă©tais de la Ciotat. Je lui ai rĂ©pondu non mais qu’est-ce que j’en savais, finalement, au vu de mon intĂ©rĂŞt soudain pour La Ciotat. En sortant un petit appareil photo, la dame, d’une soixantaine d’annĂ©es, m’a expliquĂ© que c’Ă©tait une partie de l’Histoire de la ville qui partait. Et tout ça, pour construire  » un hĂ´tel 36 Ă©toiles ! ». Elle m’a racontĂ© qu’enfant, il y a 40 ans ( ou plus), elle s’Ă©tait rendue dans ce théâtre. Et, aussi qu’il y a encore peu, cette caserne de pompiers Ă©tait active. Elle envisageait d’envoyer ensuite ses photos Ă des amis et de leur dire :
« VoilĂ , ce que c’est devenu ! ».
La dame Ă©tait engageante et j’aurais pu rester discuter un peu plus avec elle. J’ai nĂ©anmoins pris congĂ©. Notre fille est venue me chercher en courant. Ma propension Ă prendre des photos faisait que j’Ă©tais rĂ©gulièrement distancĂ© et elle s’inquiĂ©tait que je me perde.
Voici le vĂ©ritable endroit oĂą les frères Lumière ont fait parler d’eux. L’endroit est assez dĂ©cevant extĂ©rieurement et nous nous sommes demandĂ©s si l’on nous cachait quelque chose. Mais un des employĂ©s nous a confirmĂ© que c’Ă©tait bien-lĂ . Chaque mercredi et chaque samedi, Ă 15h, ( il Ă©tait alors plutĂ´t 17h), a lieu une visite guidĂ©e et les piliers d’origine ont Ă©tĂ© conservĂ©s. L’employĂ© a ajoutĂ© que l’on « sent » , Ă l’intĂ©rieur du cinĂ©ma, que le lieu a une histoire. Nous aurions pu entrer en allant Ă la sĂ©ance de 20h mais il nous fallait rentrer.
A dĂ©faut de sĂ©ance cinĂ©ma et de visite, nous avons un peu profitĂ© de la terrasse extĂ©rieure qui donne vue sur la mer, de l’autre cĂ´tĂ© de la rue. J’ai aussi regardĂ© la programmation que l’employĂ© m’a confirmĂ© ĂŞtre du cinĂ©ma d’auteur en version originale.
Oui, ça donnait envie de revenir à La Ciotat. Pépita, elle-même, a été agréablement surprise par cette visite de la ville.
Avant de rentrer, nous sommes allĂ©s nous tremper les pieds dans l’eau. A l’entrĂ©e d’un club de plongĂ©e, dans le centre-ville, j’avais lu que la tempĂ©rature Ă©tait Ă vingt degrĂ©s. Nous avons fait l’erreur Ă©tonnante en venant Ă Marseille de laisser nos maillots de bain chez nous. Mais en dĂ©finitive, ce sĂ©jour nous a bien plu alors nous reviendrons. D’autant que ma compagne a prĂ©fĂ©rĂ© Marseille Ă Lille ( Lille J + 4). Notre fille, elle, a aimĂ© les deux villes.
Franck Unimon.
Marseille, octobre 2019
J’avais une vingtaine d’années lorsque j’ai découvert Marseille. C’était après un séjour à Edimbourg.
Je me persuadais d’ĂŞtre plus original et plus libre que la moyenne en suivant pourtant, Ă quelques dĂ©tails près, le mĂŞme parcours que tout le monde. J’avais peur de l’engagement, du sida et du chĂ´mage.
Pour moi, Marseille était une ville idéale car elle était à première vue compatible avec mes clichés : Le sud, l’accent, la sensualité, le soleil, la mer. Avant elle, des années auparavant, j’avais rêvé de New-York et ça m’était passé. Il y avait aussi eu Grenoble. Ça m’était aussi passé. Comme pays, mon séjour un peu plus tard au Japon allait être un acmé et aussi une rupture avec une partie de mon passé.
A l’arrivée, mon histoire avec Marseille ne se fit pas. Aujourd’hui, si je suivais mon envie de vivre dans une ville de province en France, ce serait plutôt en Bretagne ou dans les Hauts de France.
Néanmoins, et cela m’avait pris du temps, mais j’avais fini par aimer Marseille malgré tout. Marseille exige certainement du temps pour être aimée.
C’est une amie revenue vivre à Marseille il y a bientôt une vingtaine d’années qui m’a rappelé il y a quelques mois que je pouvais revenir, cette fois avec femme et enfant. Son invitation tenait toujours et je l’avais oubliée.
J’ai donc retrouvé la gare de Marseille St-Charles. Je n’avais pas d’attentes particulières hormis le fait de revoir le Vieux-port, Notre Dame de la Garde ainsi que cette amie, son compagnon, et une ancienne collègue venue s’installer dans la région avec son mari et leurs enfants.
Franck Unimon, mercredi 23 octobre 2019.
Lille J + 4
Notre séjour à Lille s’est terminé dimanche. Lille était nouvelle pour nous, en couple avec enfant. Nous n’attendions rien de particulier de Lille. Nous avions eu de différents bons échos depuis des années. Mais elle était restée cette ville secondaire dans nos pensées : Trop proche. A une heure de Paris en TGV. Trop au Nord. Et aussi trop loin de la mer et de la montagne. Même si « Lille, c’est pratique pour aller ensuite à Amsterdam, en Belgique ou à Londres ». Et puis, « La Grande braderie de Lille… ».
Six nuits sur place ont été insuffisantes pour échapper à cet effet secondaire de Lille : Cette ville nous a beaucoup plu. Devant Bordeaux et Rennes. C’en est même suspect. Très suspect. Qu’est-ce qu’on nous a caché ?
Cette ville nous a sûrement caché quelque chose.
Essayons donc d’être méthodiques : durant cette petite semaine à Lille où nous avons effectué tous nos déplacements en transports en commun ou en marchant, il a fait beau la plupart du temps. Nous sommes bien-sûr allés dans les « vannes » à touristes. Dans les « bons » coins. En semaine à partir du lundi et aux heures creuses. Et de jour. Nous n’avions pas de raison particulière d’aller effectuer des selfies nocturnes en famille dans certaines sphères sensibles a priori situées-concentrées au « sud » de Lille.
Néanmoins, mes perceptions sur cette ville ont assez peu varié depuis notre retour. On sent à Lille un héritage historique particulier. Je le dis parce-que je l’ai lu :
Cette ville a morflé à chaque fois durant les deux Guerres Mondiales du 20 ème siècle. Son patrimoine picard et flamand ainsi que les diverses immigrations ont aidé à sa reconstruction et à son impulsion actuelle. La naissance sur son sol de Charles de Gaulle a fait de cette ville une terre Gaulliste. Et il m’a fallu ce séjour pour mieux comprendre à travers une ou deux plaques de commémoration comme, pour Pierre Mauroy, Maire de Lille en 1981, cela avait dû être une très forte victoire politique, personnelle et symbolique d’être le premier Premier Ministre du président socialiste François Mitterrand, un demi-siècle après Léon Blum.
Même si, ensuite, Pierre Mauroy avait dû laisser sa place de Premier Ministre et que peu à peu, le parti socialiste de François Mitterrand s’était révélé moins « beau » que ce qu’il avait promis d’être.
En se déplaçant dans le centre de Lille et ses quartiers les plus emblématiques, on perçoit la volonté- socialiste ?- depuis des années, de faire de cette ville un essaim d’horizons. Par ses deux gares à TGV, bien-sûr, Lille-Europe et Lille-Flandre (une station de métro ou dix minutes de marche à pied les séparent). Par son métro qui, s’il est moins dense que le métro parisien, est bien pratique couplé à ses autres moyens de transports en commun. Et par ses infrastructures, étudiantes, commerçantes…
Le sens de l’accueil lillois s’est confirmé à plusieurs reprises. Mais il faut aussi savoir se rappeler lorsqu’on s’attèle à critiquer le mépris parisien que Lille et sa région sont nettement moins peuplées que Paris et ses villes de banlieue. Par ailleurs, ce samedi vers 18h, j’ai brièvement fait l’expérience de remonter la rue Esquermoise à une heure de grande affluence. J’y ai été bousculé- à l’épaule- sans ménagement et sans un regard par une femme d’un certain âge qui m’a semblé faire partie de ce grand troupeau qui allait se vider vers le « Vieux-Lille ».
A défaut de pouvoir nous rendre sur le marché de Wazemmes (un des plus grands de France) quelques heures plus tôt, nous nous étions rabattus sur ses Halles le samedi midi au même endroit.
Les Halles de Wazemmes est/sont un lieu très agréable, entouré de bâtiments qui, déjà , montraient une ville de Lille moins épanouie même si ce quartier, en raison de sa mobilisation artistique et culturelle, ferait partie des quartiers qui « montent » à Lille.
En sortant du métro, des affiches annonçaient la manifestation du 20 juillet – à Paris- en mémoire d’Adama Traoré.
Cependant, dans ce quartier de Wazemmes, il y’avait de la vie et une ambiance paisible.
Ensuite, notre passage à Roubaix avait été assez déprimant. Une ou deux semaines avant nos vacances à Lille, j’avais croisé deux jeunes de Roubaix près de la rue Montorgueil, à Paris. Lorsque je leur avais demandé ce qu’il y’avait à voir ou à faire à Roubaix, les deux jeunes, d’une vingtaine d’années, m’avaient répondu stoïquement :
« Il n’y’a rien à Roubaix… ».
J’avais alors tenté : « Et la piscine de Roubaix ? ». Assurément, ils savaient de quoi je parlais mais ça les concernait très peu. Le musée de la Piscine de Roubaix a une très bonne côte y compris à Paris.
Je voulais absolument y aller pour l’exposition consacrée à l’Algérie. J’avais simplement oublié que cette exposition s’était terminée le 2 juin de cette année. Nous y sommes néanmoins allés car c’était un endroit « où aller » lorsque l’on est à Lille. Et les photos aperçues de la piscine de Roubaix m’avaient donné envie. Ainsi que l’exposition de l’artiste ISE.
ça m’a fait tout drôle, en sortant du métro, non loin de la gare de Roubaix, de voir ces rues désertes et ces commerces fermés un samedi, vers quatorze heures. J’ai pensé à ce que j’avais pu entendre dire de Detroit ( aux Etats-Unis), ville coulée économiquement et socialement par la crise et la fermeture des usines automobiles. Même si certains projets en particulier écologiques s’y développeraient. En nous rapprochant de la piscine de Roubaix, un peu plus bas, une statue commémorait celles et ceux de Roubaix qui s’étaient, de par le passé, sacrifiés.
Je me suis dit que cela devait être ça : à un moment de son histoire, Roubaix, qui est à 16 stations de métro de Lille soit à une vingtaine de minutes, et sa population avaient été sacrifiés et beaucoup de monde, ici, avait décidément beaucoup de mal à s’en remettre.
Le musée de La piscine de Roubaix a été une espèce d’oasis. Nous y avons aussi sans doute croisé autant de personnes que dans les rues de Roubaix.
En sortant de la piscine de Roubaix, nous nous dirigions vers un « commerce » où l’on pouvait être susceptible d’acheter du linge de maison de bonne qualité. Après avoir dépassé un terrain de basket où quelques jeunes jouaient. Le terrain de basket était derrière le musée de la piscine.
Je m’étais demandé si ces jeunes qui jouaient au basket en plein soleil étaient allés une seule fois se mettre à l’ombre au musée de la Piscine. Par expérience, je sais que l’on peut multiplier pendant des années nos regards sur un lieu « prestigieux » et vecteur d’avenir et s’en soustraire car on le trouve trop abstrait. Même s’il est ouvert au plus grand nombre et à l’addition des chances.
Nous nous étions éloignés d’une bonne centaine de mètres de ce terrain de basket quand j’ai entendu plusieurs coups de klaxon suivis de : « Hé, Négro ! ». Un angle de mur et plusieurs mètres me séparaient de celui qui appelait. Estimant que cette personne devait sûrement s’adresser à quelqu’un d’autre, après une ou deux secondes, sans même me retourner, j’ai donc repris ma marche. Ça ne pouvait pas être moi. Et puis, j’ai entendu deux hommes qui se parlaient, contents de se revoir.
Il nous a fallu plus de temps pour aller jusqu’au magasin de linge de maison que pour en repartir.
Une ouvrière très aimable m’a ouvert la porte puis est retournée à son atelier. Je la voyais comme elle me voyait à travers deux fenêtres ouvertes. J’ai regardé les serviettes. Et d’une, toutes ces serviettes étaient laides avec cette inscription « La piscine ». Et de deux, cela me mettait très mal à l’aise de déranger cette ouvrière qui, si elle bénéficiait sans doute de meilleures conditions de travail qu’ailleurs, me donnait l’impression de remplir ainsi deux fonctions. Nous sommes très vite repartis. Bien-sûr, Roubaix n’est pas Lille. Et le Maroilles n’est pas le camembert. Et, Bien-sûr, à Roubaix comme à Lille, il y’a des personnes pleines d’énergie et qui s’en sortent. A notre arrivée à Roubaix, il s’était mis à pleuvoir et il faisait assez gris. Lorsque nous sommes sortis de la piscine de Roubaix, il avait arrêté de pleuvoir. Et il y’avait un très beau ciel bleu. A la gare, un homme nous a dit qu’il n’y’avait pas de train aujourd’hui. Alors, nous sommes repartis comme nous étions arrivés. Par le métro.
Je suis descendu à la station Rihour où j’ai vécu un peu le centre de Lille un samedi en fin d’après-midi, à une heure d’affluence. Avant notre départ le lendemain, je voulais faire quelques derniers achats de pâtisseries. J’ai eu de la chance : j’ai obtenu la dernière brioche sucrée et le dernier pot de glace à la vanille de 500 ml chez Méert où des gens faisaient désormais la queue tandis que dans la rue des passants lorgnaient sur la vitrine.
Juste derrière moi, une femme arrivait trop tard pour acheter sa brioche sucrée. L’employé a fait un peu d’humour : « Faites monter les enchères… ».
Devant moi, un couple de jeunes (re)faisait l’expérience de se sentir des personnalités importantes en commandant des pâtisseries pour eux et leurs amis. Chez le pâtissier Alex Croquet, j’ai eu la chance d’acheter la dernière ensaimada.
Puis, je me suis fait un peu secouer par une femme-bovidé en retournant au métro. J’ai néanmoins réussi à retourner à notre appartement sans me faire encorner.
A Lille et dans ses environs, nous n’avons pas pu prendre le temps d’aller découvrir la gare St Sauveur, le marché de Wazemmes, les Prés de Hem, le Musée de l’Air ainsi que sa vie nocturne. Sa célèbre grande braderie a lieu « le premier week-end du mois de septembre ». La ville de Lille possède sans aucun doute encore bien d’autres attraits.
Cet article clôture mes portraits de Lille démarrés dans mes articles précédents Lille-Jour 1, Premières impressions lilloises, Lille. Troisième portrait et Lille, vendredi 19 juillet 2019.
Franck Unimon, ce jeudi 25 juillet 2019.