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Center Park troisiĂšme et derniĂšre partie

 

 

 

 

Center Parcs 3Ăšme et derniĂšre partie

 

 

L’eau du robinet est Ă©tonnamment bonne Ă  Center parcs.

 

Hier soir, par curiosité, lors de notre promenade, je suis allé vérifier combien de personnes se trouvaient dans le centre aquatique : 900 !

Nous avons rencontrĂ© une copine de l’école de notre fille. Elle Ă©tait avec ses parents et ses deux sƓurs. J’ai reconnu le pĂšre que je salue quelques fois Ă  la sortie de l’école. Souriant et sympathique, celui-ci m’a dit : « ça change d’Argenteuil, hein ? ». J’ai acquiescĂ© poliment.

Ce matin, record absolu : un peu moins de 400 personnes Ă  notre arrivĂ©e. Comme les autres fois, nous commençons Ă  peine Ă  enlever nos chaussures Ă  l’entrĂ©e qu’une vingtaine de personnes nous rejoint.

Lors de notre premier jour, j’avais entendu un employĂ© du Center Parcs dire qu’il y’avait plein de casiers hors services. Nous en faisons l’expĂ©rience ce matin. Ma compagne a beau apposer son badge sur une dizaine de vestiaires diffĂ©rents: Cela ne marche pas.

 

Nous rĂ©ussissons Ă  trouver une employĂ©e. Elle repart avec notre badge pour le tester. A son retour quelques minutes plus tard, elle me rĂ©pond que notre badge est toujours actif. Mais elle constate –aussi- qu’elle n’arrive pas Ă  fermer un quelconque casier avec celui-ci. Elle me propose de fermer notre casier avec son badge et de revenir la voir lorsque nous partirons. Elle termine son service Ă  midi m’apprend t’elle. Il est alors onze heures. Je lui explique que nous resterons au centre aquatique bien aprĂšs midi. Elle me propose alors de solliciter ses autres collĂšgues qui prendront sa suite. L’idĂ©e de devoir solliciter ses collĂšgues et de dĂ©pendre de la confiance qu’ils voudront ou pourront bien m’accorder est pour moi Ă  Ă©viter. Je dĂ©cline cordialement et dĂ©cide de caser les affaires de ma compagne et de ma fille dans mon casier que je rĂ©ussis Ă  ouvrir et Ă  fermer de nouveau.

Ce matin, notre rĂ©gularitĂ© au centre aquatique est rĂ©compensĂ©e. Notre fille a moins peur. Et elle dĂ©couvre avec plaisir les joies des toboggans : Black Slide, Wide Slide, Jet Slide pour les enfants de son Ăąge. D’abord avec moi. Puis, seule. Ensuite, nous allons tenter l’expĂ©rience de toboggans oĂč, pour les enfants de son Ăąge, la compagnie d’un adulte lors de la descente du toboggan est obligatoire.

Lorsque nous sortons vers 13h30, je revois le Mac Do postĂ© stratĂ©giquement devant le centre aquatique. Des parents y dĂ©jeunent avec leurs enfants. D’autres personnes y commandent leur repas sur une des bornes prĂ©vues Ă  cet effet. Nous n’en faisons pas partie. Il y’a d’autres restaurants dans ce Center Parcs. Mais le Mac Do est le plus proche du centre aquatique. Plus proche que la boulangerie oĂč je me dirige pour acheter nos deux baguettes quotidiennes. Le Mac Do est aussi plus proche du centre aquatique que le supermarchĂ© Proxy qui jouxte la boulangerie. Devant moi ce matin, une clientĂšle allemande. Mais il m’a semblĂ© que la clientĂšle de ce Center Parcs Ă©tait majoritairement française. Du moins celle que nous avons pu croiser et entendre parler.

Aujourd’hui, ma compagne et moi faisons rapidement notre bilan comptable. Vu que nous sommes venus avec quelques provisions, nous aurons peu dĂ©pensĂ© lors de nos quatre jours à Center Parcs : 30 euros grosso modo. Si l’on excepte les 30 euros d’essence Ă  l’aller pour faire le plein qui sera suffisant pour rentrer.

Nous aurions sans doute dĂ©pensĂ© davantage s’il avait fait plus beau. En raison du ciel gris et de la pluie, nous nous sommes concentrĂ©s sur le centre aquatique -compris dans le forfait- et sur une petite promenade Ă  pied l’aprĂšs-midi avant de rentrer. Pas de passage dans l’un des magasins. Pas de commande de repas ou de restaurant. Pas de Mac Do. Et la tĂ©lĂ© est restĂ©e muette. Une radio aurait Ă©tĂ© bienvenue. Je m’en avise ce jeudi soir en mettant de la musique. Seul journal d’information : Le Canard EnchaĂźnĂ©. J’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© hier lorsque ma compagne m’a appris que Le Canard EnchaĂźnĂ© Ă©tait en vente dans le rayon presse du supermarchĂ© Proxy.

L’expĂ©rience Center Parcs se terminera demain matin. J’en retire que cela peut ĂȘtre bien de retourner Ă  l’Aquaboulevard avec ma fille. Et que cela peut ĂȘtre agrĂ©able et reposant Ă  condition d’y rester quelques jours comme nous et ensuite de repartir ailleurs.

 

Depuis, nous sommes rentrĂ©s de Center Parcs. Et en discutant avec d’autres parents de l’école oĂč se rend ma fille, j’ai dĂ©couvert que plusieurs d’entre eux s’étaient rendus ou allaient se rendre au mĂȘme Center Parcs. Ces parents faisaient l’éloge de Center Parcs :

« Il a fait beau » ; « Nous avons louĂ© des vĂ©los et nous avons pu faire des balades » ; « Nous avons fait du mini-golf » ; « Il y’a plein de choses Ă  faire ! ». Devant eux, je me suis Ă  chaque fois Ă©crasĂ© et les ai Ă©coutĂ©s poliment. PlutĂŽt qu’hypocrite, mon attitude avait Ă  voir avec une sorte de pĂ©nitence : A Center Parcs, il est indĂ©niable que la majoritĂ© des parents que nous avons croisĂ©s tenaient Ă  transmettre le meilleur Ă  leurs enfants. C’est ce que je me suis rappelĂ© en dĂ©couvrant l’enthousiasme de ces parents Ă  me parler de Center Parcs. Et je me suis aussi rappelĂ© que moi, si j’ai acceptĂ© de me rendre Ă  Center Parcs, c’est parce-que je fais dĂ©sormais partie de cette catĂ©gorie de parents.

Franck Unimon, ce lundi 25 mars 2019, “loin” de Center Parcs. Enfin, c’est ce que je crois.

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Center Park 2Ăšme partie

 

 

 

                                                    Center Park 2Úme Partie.

 

« Tu as l’air de t’ennuyer ? » me demande gentiment ma compagne alors que nous sommes dans l’eau. J’élude poliment. Hier soir, aprĂšs avoir dĂ©posĂ© notre voiture au parking Ă  l’entrĂ©e de Center Park comme le veut le rĂšglement, j’avais fait un peu de repĂ©rage. Un peu plus de quatre cents personnes se trouvaient alors au centre aquatique Aquamundo. Il Ă©tait un peu plus de 19h. Ce chiffre m’avait semblĂ© Ă©levĂ©. Comme hier, le temps sera couvert et pluvieux durant notre sĂ©jour. Et assez frais. Il faisait environ 6 degrĂ©s hier soir.

Nous sommes un peu plus de six cents ce matin dans le centre aquatique. Dans le bassin oĂč nous nous trouvons, j’ai l’impression de me trouver Ă  Calcutta, dans le Gange, parmi des milliers d’Indiens. L’environnement me fait la mĂȘme impression que l’Aquaboulevard plusieurs dĂ©cennies plus tĂŽt et je subis un vĂ©ritable ippon mental. Les endroits sont des robots qui se dĂ©placent et se mettent dans les dispositions qu’on leur demande.

En plus de cela, l’eau, plus ou moins propre, est froide. J’ai du mal Ă  me faire Ă  cet Ă©cart entre cette apparence de climat et de dĂ©cor tropical et cette sensation de douche froide. Pour arriver jusqu’au bassin, nous avons dĂ» fouler plusieurs dalles humides dont l’état me convainc qu’elles transforment les pieds en pieds Ă  verrues. Autour de moi, les gens sont contents. Tout le monde est content. J’agrĂ©mente mon retour Ă  l’Aquaboulevard, car je persiste Ă  penser que nous sommes bien Ă  l’Aquaboulevard, de regards circulaires. Ces regards circulaires me permettent d’enregistrer les donnĂ©es correspondant Ă  notre prĂ©sence ici. Le toit rappelle le dĂŽme du film Hunger Games. Dans l’eau, immergĂ©e jusqu’au nombril, une employĂ©e de Center Park, en bermuda noir et tee-shirt rouge, prend des gens en photo. Service payant. Je me demande depuis combien de temps elle patauge dans l’eau. Un MaĂźtre-nageur, blasĂ©, assis sur son siĂšge un peu surĂ©levĂ©, porte des embouts en caoutchouc dans les deux oreilles. Quelques minutes plus tĂŽt, alors qu’elle Ă©tait Ă  moins de cinquante centimĂštres de moi, ma compagne a dĂ» forcer la voix pour que je comprenne ce qu’elle me disait. Bien que nous soyons un certain nombre Ă  nous cĂŽtoyer dans l’eau, chacun est dans sa bulle avec son prochain, sa progĂ©niture ou sa famille. Dans une sorte de voisinage cordial et tout autant indiffĂ©rent.

Lorsque je me dĂ©cide Ă  dĂ©couvrir un peu plus le centre acoustique, pardon, le centre aquatique, je croise un autre maĂźtre-nageur puis un suivant. Quelle que soit l’action qu’il est alors en train d’entreprendre, dĂ©ambuler, ĂȘtre assis ou rester immobile et surveiller, chacun semble avoir, depuis trĂšs longtemps, renoncĂ© Ă  prendre la peine de saluer les usagers. Il y’a tellement de monde. Tellement de bruit. Tellement d’agitation.

A « l’écart », dans un bassin privatisĂ©, trois personnes font de l’aquagym au son d’une musique choisie. Un homme a l’air d’ĂȘtre le moniteur face Ă  deux femmes. Ils sont tous les trois sĂ©rieux, silencieux et concentrĂ©s. Cela fait marrer deux adolescents qui passent par lĂ  et regardent ça de haut. Puis, les deux adolescents s’éloignent, sĂ»rement en direction d’un toboggan ou de la riviĂšre sauvage. Les panneaux prĂ©conisent de rester assis ou de se mettre sur le dos et interdisent de porter des lunettes de natation. Mais plusieurs personnes, dont des mineurs, portent lunettes de natation et/ou se lancent allĂ©grement tĂȘte la premiĂšre en se mettant sur le ventre.

 

AprĂšs environ une heure trente dans le centre aquatique, nous partons. Les bons cĂŽtĂ©s sont que nous reviendrons. L’accĂšs au centre aquatique est compris dans le forfait. Cette rĂ©gularitĂ© permet de mieux se familiariser avec les Ă©lĂ©ments. Notre fille s’est plutĂŽt bien amusĂ©e. Je referai du toboggan et de la riviĂšre sauvage. Alors que nous sortons, je regarde le compteur afin de voir si en venant plus tard, nous aurions Ă©tĂ© plus Ă  l’aise : 602 personnes. Donc, pas de regret. Autres bons cĂŽtĂ©s : le pain vendu est bon et Ă  un tarif acceptable. 1 euro 20 la baguette. 1,95 euro, la Florentine faite avec de la farine de levain. J’apprĂ©hendais la miche de pain industrielle. Et j’étais prĂȘt Ă  sortir de l’Aquaboulevard, pardon, du Center Park, pour en acheter s’il le fallait. Enfin, lorsque j’allume mon tĂ©lĂ©phone portable pour la premiĂšre fois de la journĂ©e, il est un peu plus de 14h.

 

Franck Unimon Ă  Center Park, fin de la 2Ăšme partie.

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Center Park 1Ăšre partie

 

 

                                                    Center Park 1Úre Partie

 

Center Park est une pensĂ©e. Je me suis rĂ©veillĂ© ce matin avec cette idĂ©e dans la tĂȘte aprĂšs notre premiĂšre nuit de sĂ©jour. Il en reste trois autres Ă  venir.

En bas de « notre » cottage, ma compagne et notre fille sont dĂ©jĂ  debout. Notre fille est joyeuse. Cela s’entend. Lors de ces vacances scolaires, j’ai acceptĂ© de faire un sĂ©jour dans une pensĂ©e. Pour des raisons pratiques :

« Ce n’est pas loin en voiture. Ça change. En plus, il y’a tout sur place et il y’a plein de choses Ă  faire » ; « Et puis, pour les enfants, il y’a de l’espace. Ils sont contents ! ».

Il a Ă©tĂ© rĂ©pondu Ă  ma compagne qu’en dehors de Center Park, la premiĂšre ville accessible est assez loin et sans intĂ©rĂȘt.

Mais il y’a d’autres avantages Ă  partir en vacances Ă  Center Park : « Ce n’est pas trop cher ». MĂȘme si tout y est conçu pour que la note se rallonge. Une fondue savoyarde livrĂ©e coĂ»te prĂšs de vingt euros pour une personne sachant que seules les commandes Ă  partir de deux fondues sont acceptĂ©es. L’accĂšs Ă  la Wifi est payant.

Cependant, pour des raisons sociales et de bonne intelligence, l’absence de Wifi et les conditions du sĂ©jour- le cĂŽtĂ© isolĂ© de Central Park- sont un bienfait : Le tĂ©moignage – trĂšs enthousiaste- de ma sƓur le soir de notre arrivĂ©e coĂŻncidait avec leur retour d’un autre Center Park. Quelques heures plus tĂŽt, son enthousiasme avait failli ĂȘtre Ă©crasĂ© par l’arbre de cinq mĂštres tombĂ© sur le pare-brise de leur vĂ©hicule alors qu’ils quittaient le Center Park. Le vent soufflait encore assez fort hier (jusqu’à cent kilomĂštres heures et plus) et l’état d’alerte orange Ă©tait encore en cours lorsqu’ils avaient dĂ» partir « avant dix heures » de leur Center Park. Heureusement, personne n’a Ă©tĂ© blessĂ© dans la voiture.

Mais cela ne doit pas nous détourner des arguments en faveur de Center Park.

Et puis : « Toi qui dis que les gens sont trop connectĂ©s et passent trop de temps sur internet et sur leur tĂ©lĂ©phone portable » ; « Si tu n’es pas content, organise-nous un voyage et paie le nous
si tu as de l’argent ». « Organiser tout ça m’a demandĂ© du temps
 ».

J’en rajoute un peu.

Notre dĂ©part pour Center Park s’est passĂ© diffĂ©remment et de façon plus dĂ©tendue. Mais il est vrai qu’organiser un sĂ©jour quelque part, cela demande du travail. Depuis plusieurs semaines, je savais que nous allions quelque part. J’ai appris quelques heures avant de prendre la voiture oĂč nous allions. J’avais un petit peu supposĂ© que cela pouvait ĂȘtre Central Park. J’espĂ©rais me tromper. Je l’ai acceptĂ© car c’est une expĂ©rience Ă  vivre. Et aussi parce-que, avant les lieux, il Ă©tait pour moi plus important de partir avec ma compagne et notre fille.

Ceci Ă©tant dit, Center Park et l’Aquaboulevard, pour moi, sont le mĂȘme genre d’endroit. Et, cela, depuis des dĂ©cennies. Au moins depuis ce jour oĂč j’avais acceptĂ© d’accompagner une amie parisienne toute contente de dĂ©couvrir avec moi l’Aquaboulevard, mĂ©tro Balard. Soit pratiquement au bout opposĂ© de mon lieu de domicile. J’habitais alors Cergy-Pontoise. A peine arrivĂ©s dans l’enceinte de l’Aquaboulevard, j’avais Ă©tĂ© dĂ©concertĂ©. D’abord, il avait fallu payer l’entrĂ©e. J’en avais Ă©tĂ© informĂ©. Citadin de naissance, je suis familier avec la frĂ©quentation des piscines. Ce qui fera sourire et grimacer les puristes ou les pratiquants des riviĂšres, des lacs et des mers. Mais j’étais aussi un Antillais de France. J’étais peut-ĂȘtre un « faux » antillais (oui, car il est supposĂ© exister des « vrais » et des « faux » antillais ou des « bounty » si l’on prĂ©fĂšre : noirs dehors et blancs Ă  l’extĂ©rieur ) cependant, j’avais dĂ©jĂ  mis les pieds plusieurs mois, plusieurs fois, en Guadeloupe. Et je savais qu’en dehors de la pensĂ©e de l’Aquaboulevard qui entendait rivaliser (ou faire oublier) avec la nature tropicale originale, il y’avait beaucoup mieux. Je l’avais dĂ©jĂ  vu et vĂ©cu plusieurs fois sans payer. Et lĂ , je me retrouvais entourĂ© de plein de gens heureux Ă  qui l’Aquaboulevard donnait Ă  vivre du merveilleux. Un peu comme si on vendait trois Ă  quatre fois plus cher Ă  une clientĂšle nombreuse la mauvaise copie d’un mets original. Un peu comme si on convainquait des milliers de personnes que le Reggae de Pierpoljak ou de Yannick Noah est deux cent fois supĂ©rieur Ă  celui de Bob Marley ou de Black Uhuru de l’époque de MichaĂ«l Rose et de la paire Sly Dunbar& Robbie Shakespeare.

A l’Aquaboulevard, j’avais fait au mieux pour mettre mes rĂ©serves en veilleuse devant mon amie Gavroche. Car, lĂ  aussi, le plus important pour moi Ă©tait d’ĂȘtre avec elle. Etant donnĂ© sa grande perspicacitĂ©, il est possible qu’elle m’ait nĂ©anmoins dĂ©masquĂ©. Pourtant, je crois aussi, et c’est en principe une des grandes leçons de notre enfance, qu’il en faut peu pour se distraire. Avec cette amie et d’autres comparses, quelques annĂ©es plus tĂŽt, Ă  son initiative je pense aprĂšs avoir vu d’autres enfants le faire, nous avions bien passĂ© une aprĂšs-midi Ă  nous amuser Ă  glisser sur des planches en carton depuis le haut d’une colline d’Edimbourg, en Ecosse. Nous avions entre 19 et 23 ans. Et, aujourd’hui encore, parmi tous les loisirs et les moyens de distraction que nous utilisons, gratuits ou payants, sportifs ou non, je m’étonne par moments, qu’une fois adultes, nous ayons Ă  ce point pu avoir rejetĂ© un jeu comme celui de la balle au prisonnier. Bien entendu, je n’en parle pas Ă  mon entourage, professionnel comme personnel car il est dĂ©sormais Ă©vident pour tout le monde que nous avons d’autres envies- telles que faire les courses et les magasins- ainsi que tant d’autres prioritĂ©s.

Toutefois, quelle surprise avec Center Park, des annĂ©es plus tard, de revenir Ă  ce qui ressemble Ă  un mĂȘme point de dĂ©part mais cette fois-ci avec femme et enfant. Et d’ĂȘtre lĂ  plus par devoir, par esprit de conciliation et de bon sens que parce-que cela correspond Ă  un de mes projets.

 

Franck Unimon Ă  Center Park. Fin de la 1Ăšre Partie.

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Feuilles séparées

Feuilles séparées

 

 

Nous sommes faits de feuilles séparées. Nos assemblées ont sur les lÚvres bien des histoires commencées qui resteront secrÚtes.

 

Ce vendredi 18 janvier 2019, nous l’avons pourtant dĂ©cidĂ©.

 

Dans ce salon d’appartement du 18Ăšme arrondissement de Paris, nous sommes venus nous enrouler dans le souffle de MickaĂ«l Attias et de Jean-Brice Godet. Ce souffle frein, ce souffle train, est un emprunt. Et nous avons ce soir-lĂ  la chance de le regarder et de l’écouter nous ferrer de face plutĂŽt que de l’avoir sur les talons. Car on ne sait jamais vĂ©ritablement de quoi est fait un souffle, d’oĂč il provient, oĂč il se branche, oĂč il va et ce qu’il nous veut. Comme nous ignorons souvent exactement de quoi nous sommes faits.

Notre vie est pleine de souffles, certains Ă©teints, d’autres incertains. Et tous se cherchent un domicile, une gare, un rĂ©chaud, une frontiĂšre, un silence, une demie heure ou une gestuelle Ă  entraĂźner. Nous sommes souvent de bons clients pour eux mĂȘme si nous avons parfois du mal Ă  savoir comment nous en sortir avec eux.

Dehors, il fait assez froid, entre sept et huit degrés. Mickaël et Jean-Brice ont des poussées de souffle et des variations sans domicile fixe.

 

 

Ce soir, en les Ă©coutant, nous essayons peut-ĂȘtre de nous rappeler oĂč se trouve notre vĂ©ritable maison. Si nous en sommes encore loin et si nos itinĂ©raires – et nos rĂȘves- sont les bons. Bien-sĂ»r, cela ne se dit pas aussi grossiĂšrement. Nous sommes aussi lĂ  pour passer un bon moment, seul ou avec d’autres, tout simplement. Pour casser la route des chemins obligĂ©s comme de nos ordures quotidiennes et mĂ©nagĂšres. Nous oublions pratiquement tout de ces mauvaises habitudes. Car cela est maintenant autorisĂ©. Tant que l’espace oĂč nous sommes acceptera le souffle de ces deux hommes. L’un, petit, vif, presque teigneux par moments tout en demeurant contemplatif. L’autre, taille de gĂ©ant, peut-ĂȘtre plus ample, peut-ĂȘtre plus conciliant en apparence mais nĂ©anmoins avide des coins. Le but de ce duo est d’éviter de se laisser sĂ©duire et composer par le confort. Alors, on prend les devant. On prend aussi son temps pour s’écouter et s’inspirer de l’autre. Pour laisser passer la note depuis le silence Ă  travers le tamis de la tĂȘte de l’auditoire, sorte de couture sonore. On trace des reflets que l’on ne dresse pas, qui tournent et tiennent par leur propre volontĂ©. On amorce puis on renonce. On met son solfĂšge dans les ronces tout en le poursuivant jusque dans la doublure des sons. On produit ses propres embruns mĂȘme si le vent autour de nous est fixe et que la planĂšte est restĂ©e la mĂȘme.

Et lorsque s’arrĂȘtent les Ă©popĂ©es au plus prĂšs des pourtours de la note, on peut quelques fois entendre ce refrain :

Nous sommes faits de feuilles sĂ©parĂ©es mais nous rejoignons les mĂȘmes notes.

 

Franck Unimon, ce jeudi 31 janvier 2019.

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Mise en bouche

J’espĂšre bientĂŽt vous faire dĂ©couvrir la chanteuse Mama Toumani Kone. En attendant, voici  un petit tour d’horizon de quelques assiettes rencontrĂ©es entre l’Ă©tĂ© et l’hiver. Prix de la dĂ©couverte :

20 euros au maximum Ă  chaque fois.

 

Il y’a d’abord eu le restaurant vĂ©gĂ©tarien et vegan Too.Ti Bon à Lannion. C’est un peu loin de Paris.

Mais on a aussi le droit de s’y rendre. Nous y sommes allĂ©s dĂ©jeuner avant de nous rendre Ă  la mer.   Je voulais un autre repas qu’une galette. ExtĂ©rieurement, l’endroit m’a fait bonne impression. Ce restaurant a Ă©tĂ© une trĂšs bonne surprise. C’Ă©tait effectivement trĂšs bon. L’absence de viande a Ă©tĂ© trĂšs vite engloutie.

 

La clientĂšle Ă©tait variĂ©e. J’ai discutĂ© avec un couple. Si je me rappelle-bien, Monsieur Ă©tait Australien et Mme venait d’un  pays comme la Hollande. Ils m’ont appris que le restaurant oĂč nous nous trouvions Ă©tait rĂ©putĂ© et recommandĂ© dans les guides.

 

 

Quelques semaines plus tard, aprĂšs ĂȘtre allĂ© voir le film The Spy Gone North,  j’avais faim. L’effet de la guerre froide entre la CorĂ©e du Nord et la CorĂ©e du Sud ou l’heure tout simplement. Pour remĂ©dier Ă  cela, je suis allĂ© dĂ©couvrir des spĂ©cialitĂ©s chinoises.

Sympathique et connectĂ©, le patron m’a accueilli avec le sourire. Mais il Ă©tait un petit peu inquiet lorsque je lui ai dit que je comptais crĂ©er un blog. Il craignait que je critique sa boutique. J’ai Ă©crit le nom du blog sur un bout de papier. Il l’a gardĂ© avec prĂ©caution. C’Ă©tait en septembre-octobre…

A cĂŽtĂ© de moi, une habituĂ©e m’a appris venir de province. J’ai bien perçu que ce restaurant avait ses initiĂ©s. La clientĂšle semble plutĂŽt ĂȘtre constituĂ©e de cadres dĂ©contractĂ©s. En tout cas lorsque j’y Ă©tais sur l’heure du dĂ©jeuner.

Ces petites boules cuites Ă  la vapeur peuvent contenir du salĂ© comme du sucrĂ©. Du fromage comme de la viande. En en prenant cinq, je me demandais si j’aurais encore faim ensuite. On m’a assurĂ© que cela parlerait Ă  ma faim. On a eu raison de me dire ça. La nourriture est bien-sĂ»r une histoire de palais et d’Ă©ducation. J’ai mangĂ© mes “boules” sans rechigner. Elles portent Ă©videmment un autre nom que j’ai la fainĂ©antise, ce soir, de retrouver. Seraient-ce des Bao ?

HĂ© oui, c’est bien ça. L’endroit peut ĂȘtre un peu petit lorsqu’il y’a du monde. Mais, par temps calme, il doit ĂȘtre bien agrĂ©able de s’y poser. Ici, nous sommes prĂšs des Halles dans le premier arrondissement de Paris.

Puis, petit dĂ©tour par le 18Ăšme arrondissement avec ce repas dĂ©crit dans l’article Etat Satisfaisant . 

La prĂ©sentation est diffĂ©rente mais le repas avait ses atouts. De tous les plats prĂ©sentĂ©s dans cet article, celui-ci Ă©tait le plus copieux ( voici lĂ  le repas servi pour une personne) et le moins onĂ©reux. Se mĂ©fier, sur la feuille d’aluminium de droite, des petits copeaux verts : plutĂŽt que des signes d’espoir, il s’agit de piment Ă  l’Ă©tat sauvage qui prend souche dans la bouche et vous la rend seulement aprĂšs qu’elle se soit livrĂ©e Ă  la confession. Depuis, j’ai cherchĂ© ce restaurant sur le net. Il y est introuvable.

Bon ! Il est temps de conclure. Ce matin, je suis allĂ© Ă  la projection de presse de Don’t Forget Me de Ram Nehari. Je l’avais ratĂ© la derniĂšre fois. J’en parle dans l’article Don’t Forget Me . Je parlerai bientĂŽt du film.

AprĂšs l’avoir vu, je suis passĂ© par l’Italie . Depuis la rue, en apercevant le restaurant J Ghiotti, dans le 17Ăšme,  on devine que l’on est ici dans de la cuisine authentique. Et non dans une quelconque chaine Ă  pizzas. D’ailleurs, pas de pizza sur la carte, c’est un signe, non ?

L’accueil est d’abord serrĂ©, le sourire, avalĂ©. Mais le service est prĂ©cis.

J’avais oubliĂ© ce que c’Ă©tait que de se rendre seul au restaurant. C’est aussi agrĂ©able. On regarde les gens. On Ă©coute ce qui se raconte Ă  cĂŽtĂ© de soi. On contemple ce qui nous environne. Les menus sont en Italien. Je crois avoir commandĂ© un Rigatoni Alla Personna . Pas de viande.

Et c’est trĂšs bien. En cinq minutes, mon assiette est vide. Quelques minutes plus tard, Attenzione ! Le Tiramisu du chef. Son goĂ»t surprend un peu au dĂ©but. Car je suis trĂšs traditionnel avec le Tiramisu.  Mais ça se dĂ©guste. Comme le sourire de la serveuse qui est apparu.

 

Franck, ce jeudi 17 janvier 2019.

 

 

 

 

 

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Etat Satisfaisant

Etat Satisfaisant

 

 

Ils sont seulement deux dans la rue Ă  fumer du tabac. Je m’adresse au premier, mince, la trentaine. Je ne suis pas du coin. « Vous voulez quoi ? ». Je veux manger. Il rĂ©flĂ©chit. Un troisiĂšme homme, peut-ĂȘtre plus ĂągĂ©, plus imposant physiquement, sort pour lui parler. Mon interlocuteur sort un ou plusieurs billets. L’homme repart en se contentant de ce qu’il vient de recevoir. Puis, mon interlocuteur me fait une suggestion. J’acquiesce. J’entre pratiquement Ă  sa suite. Dedans, tout est plein de monde attablĂ©, son verre et son repas devant lui. Femmes, hommes. Tout le monde est assis. Aucun enfant. L’intĂ©rieur est un peu cheap. Personne ne danse. Personne ne sourit. Personne ne rit. C’est la fĂȘte. C’est le 25 dĂ©cembre. C’est NoĂ«l.

Je porte un sac assez volumineux. On me bouscule sans mĂ©nagement en passant. L’allĂ©e est Ă©troite. Pas un pardon. C’est de ma faute. Je ne suis pas chez moi et mon sac gĂȘne. Je ne fais pas d’histoires.

Quelques mĂštres devant moi, j’aperçois mon interlocuteur faire la bise Ă  quelqu’un puis disparaitre. Je ne le reverrai plus. Sur deux Ă©crans passent la mĂȘme vidĂ©o. Difficile de savoir si le clip est passĂ© et date d’une vingtaine d’annĂ©es ou si la qualitĂ© de la VHS a Ă©tĂ© abandonnĂ©e dans quelque terrain vague. AprĂšs un chanteur qui se dĂ©hanche de façon rĂ©tro, des hommes en treillis et torse nu dansent sur scĂšne du coupĂ©-dĂ©calé   avec une gestuelle et une fiertĂ© martiales. Certains se jettent par terre et se remettent sur pied sans le moindre tourment et prĂȘts Ă  recommencer. Je suis le seul ĂȘtre captivĂ©. Je suis Ă©poustouflĂ© devant cette dĂ©couverte pourtant datĂ©e. Bien entendu, je savais ce qu’était le coupĂ©-dĂ©calĂ©. Mais j’y vois dĂ©sormais une vitalitĂ© cachĂ©e aux yeux du plus grand nombre dans cette ville et nĂ©anmoins banale dans ce restaurant. Dans ce restaurant, nous sommes en CĂŽte d’Ivoire ou quelque part en Afrique noire. De l’autre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre, en traversant la rue, un restaurant bĂ©ninois dĂ©sert avec seulement trois clients. Lorsque je tourne un peu la tĂȘte dans la salle, une femme, parmi les clients, me regarde. Je crois avoir Ă©tĂ© reconnu Ă  ma façon de me tenir. Je ne suis pas d’ici. En Guadeloupe, rien qu’à notre façon de marcher, il est possible de savoir si l’on est du pays ou si l’on « vient de France ». Alors, ici, parmi tous ces locaux, je ne me fais aucune illusion.

La serveuse me demande ce que je veux emporter. Elle me rĂ©pond que la machine Ă  carte ne marche pas. Elle me la dĂ©signe dans un coin prĂšs de la caisse. Comme si le simple fait pour moi de la voir valait confirmation de ses dires. Je la crois. Je la remercie et m’en vais en lui disant que je vais revenir. Une fois dehors, je change d’avis. Je n’ai pas envie d’aller chercher de l’argent dans un distributeur.

 

Quand je reviens sans mon sac quelques minutes plus tard, un homme blanc passe devant le restaurant sans s’arrĂȘter. Il sait oĂč aller alors qu’il s’éloigne aussi facilement qu’une raie Manta. Assez grand, blouson noir, pantalon noir, il est alors pour moi le reflet d’un monde qui passe devant un autre monde sans le percevoir ou s’en Ă©mouvoir. Comme lui, je fais de mĂȘme tous les jours et, ce, plusieurs fois par jour. Depuis des annĂ©es. Cela fait plus de neuf ans que je passe prĂšs de ce restaurant dans le 18Ăšme arrondissement de Paris. Et c’est la premiĂšre fois que j’y entre.

Je pense Ă  Basquiat et Ă  ses voyages en Afrique. Mais impossible d’en discuter avec la serveuse quand elle m’apporte mon repas enveloppĂ© dans plusieurs feuilles d’aluminium disposĂ©es dans un sac en plastique. Quatre exactement. Une pour les « condiments », une pour le piment, une pour l’Attieke, et une pour le poisson. Entretemps, j’ai lu l’avis des instances sanitaires qui ont inspectĂ© le restaurant :

« Etat satisfaisant ».

 

Au moment de partir, je guette un sourire de celui qui semble ĂȘtre le patron et qui tient la caisse. Il a alors dans les mains quelques billets. Mais celui-ci n’a de sourire que pour son argent – ce soir, les affaires sont sans doute trĂšs bonnes- et s’il me regarde, c’est plutĂŽt avec Ă©tonnement voire un peu de mĂ©fiance : je pourrais peut-ĂȘtre convoiter sa richesse du soir. Je renonce trĂšs vite aux politesses d’usage lorsque, ravi, le client servi s’en va.

Dans mon service, une fois les quatre feuilles d’aluminium dĂ©pliĂ©es sur la table, je dĂ©couvre un repas pour deux personnes. Mais ma collĂšgue et amie a dĂ©jĂ  mangĂ©. NĂ©anmoins, elle est tentĂ©e par les « condiments ». Elle dĂ©chante en les goĂ»tant. Ceux-ci sont constituĂ©s d’un piment cru, vert, serpent au venin assez puissant qui me surprend aussi en dĂ©pit de mon Ă©ducation culinaire. A cĂŽtĂ©, le piment officiel fourni avec le repas fait figure de sauce tomate. Mais le repas est bon. Le voyage en Afrique a lieu pour 15 euros.

 

J’ai ensuite un petit peu d’apprĂ©hension compte tenu de ce que je ressens dans mon estomac. Mais le lendemain et les jours suivants, je suis encore vivant.

Franck Unimon, ce dimanche 30 décembre 2018.