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Lille, vendredi 19 juillet 2019.

Dans le Vieux-Lille. A quelques rues, se trouve la maison natale de Charles de Gaulle.

 

 

Hier encore, en apprenant oĂč je passais mes vacances, mon interlocuteur, alors au Cap Ferret, m’a rĂ©pondu :

 » Lille, c’est bien. Mais je prĂ©fĂšre ĂȘtre prĂšs de la mer ». Je ne peux pas lui en vouloir. Etre aux abords de la mer, dessus ou dessous, cela fait de nous des libellules du possible.

Mais Lille nous plait beaucoup. Et nous allons continuer de profiter encore – un peu- de notre bulle « lilloise » pour apposer d’autres photos qui sont bien-sĂ»r les fenĂȘtres que nous choisissons d’ouvrir.

Cet article est la suite des articles Lille-Jour 1 , PremiÚres impressions lilloises et Lille. TroisiÚme portrait.

 

Au fond, le palais des beaux-arts.

 

Un danseur répÚte ses pas.

 

 

L’Ă©cole supĂ©rieure de journalisme de Lille, trĂšs rĂ©putĂ©e.

 

AprĂšs l’enseigne MĂ©ert, cela a Ă©tĂ© un plaisir particulier de tomber par hasard sur le magasin de chaussures La Botte Chantilly et d’y entrer pour la premiĂšre fois. MĂȘme si j’en suis ressorti les mains vides.

 

Dans la rue Esquirmoise ou prĂšs de la rue Basse, j’ai aperçu un passage qui n’a l’air de rien et que je n’avais pas remarquĂ© les autres fois. En le prenant, je me suis trouvĂ© dans cet endroit. En poursuivant, j’ai fait d’autres « dĂ©couvertes ».

 

Iwy Lahcen est l’auteur de cette oeuvre.

 

 

Oeuvre d’Iwy Lahcen.

 

Je n’avais pas entendu parler de cet endroit. Mais je me suis aussitĂŽt dit que j’Ă©tais bien tombĂ©.

 

En outre, Ă  quelques jours prĂšs, nous n’aurions pas pu en profiter.

 

 

 

 

 

 

 

Franck Unimon, ce vendredi 19 juillet 2019.

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Lille. TroisiĂšme portrait

 

 

 

Lille. TroisiĂšme portrait.

Une des sorties possibles de la gare Lille-Europe en se dirigeant vers la gare Lille-Flandre, vers le centre-ville et le vieux Lille.

 

En allant vers la gare Lille-Europe.

 

C’est dans cette rue que nous avions croisĂ© les deux jeunes qui nous avaient recommandĂ© le restaurant  » Les 3 Brigands de Di Napoli », rue St-Etienne. ( Mon article Lille-Jour 1 )

 

Dans le quartier St-Maurice.

 

 

 

 

C’est le journal qui m’a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© comme Ă©tant celui de rĂ©fĂ©rence concernant Lille.

 

A la Vieille Bourse de Lille.

 

A portée de voix de la place du Général de Gaulle.

 

 

Le long du quai du Wault.

 

Le Quai du Wault avec le coup d’oeil du soleil.

 

Un documentaire vu Ă  Paris avant notre dĂ©part pour Lille. J’espĂšre le chroniquer bientĂŽt ainsi que  Le Chant de la ForĂȘt et  Parasite.

 

Un incontournable. Je n’en n’avais jamais mangĂ©.

 

AprĂšs ĂȘtre descendus au terminus de la ligne 1 du mĂ©tro ( arrĂȘt CHU-EurasantĂ©), nous avons pris un car ( frĂ©quence : environ un car par heure). Vingt minutes plus tard, ce car ( le 229) nous a dĂ©posĂ© prĂšs du parc Mosaic. ConstituĂ© d’aires ludiques pour les enfants et les familles, le parc Mosaic aspire au rassemblement des cultures, Ă  la (re)connaissance de la nature ainsi qu’aux bienfaits de l’Ă©cologie. Nous sommes alors Ă  une dizaine de kilomĂštres de Lille. Les trois photos suivantes ont Ă©tĂ© prises au parc Mosaic.

 

 

 

 

 

 

 

 

Franck Unimon, ce jeudi 18 juillet 2019.

 

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PremiĂšres impressions lilloises

 

 

 

 

 

          PremiÚres impressions lilloises

 

 

Hier en dĂ©but d’aprĂšs-midi, nous venions de descendre du TGV Ă  la gare de Lille-Europe lorsque nous sommes passĂ©s Ă  cĂŽtĂ© d’une file de gens. Ils attendaient pour partir Ă  Londres. La proximitĂ© de Lille avec Londres a aussitĂŽt Ă©tĂ© trĂšs concrĂšte. Un employĂ© de la gare, un noir en tenue de vigile portant chasuble orange, s’assurait que tout le monde Ă©tait bien dans la file. L’ambiance Ă©tait dĂ©tendue. Ces personnes dans la file d’attente, cela aurait pu ĂȘtre nous souhaitant effectuer un sĂ©jour Ă  Londres.

 

Quelques mĂštres plus loin, ce sont deux hommes de mĂ©nage « barbus » qui nous ont confirmĂ© la sortie Ă  prendre pour nous rendre dans le centre-ville. L’un des deux, montĂ© sur son vĂ©hicule de nettoyage, nous a obligeamment renseignĂ©.

 

AprĂšs avoir dĂ©jeunĂ© au restaurant Les 3 Brigands de Napoli, nous avons marchĂ© jusqu’au logement que nous avons louĂ© pour ces quelques jours Ă  Lille. Le tĂ©lĂ©phone de ma compagne indiquait :

« Trente et une minutes de marche ». Aller dans le centre-ville nous avait éloigné.

« A dix minutes de la gare Lille-Europe » affirmait sur le site la premiĂšre annonce de notre « logeur ». Mais je suis tombĂ© sur une autre annonce nous informant que nous Ă©tions Ă  « Quinze minutes de la gare Lille-Europe ». Sourire complice de ma compagne en l’apprenant :

Il est plus attractif de présenter son appartement à dix minutes.

En revenant sur nos pas, nous sommes passĂ©s par la rue Pierre Mauroy. ParticularitĂ© lilloise. DĂ©couvrir ce nom de rue m’a rappelĂ© les premiĂšres annĂ©es euphoriques du gouvernement socialiste entre 1981 et 1983. Pierre Mauroy, alors Premier Ministre de François Mitterand, Ă©tait Ă©galement maire de Lille ( il l’a Ă©tĂ© de 1973 Ă  2001).

Le TGV est « arrivĂ© » Ă  Lille en 1993. NĂ©anmoins, pendant des annĂ©es, cette ville a Ă©tĂ© uniquement un nom pour moi. Une ville connue pour sa Grande Braderie que je ne connais pas. En 1993, j’étais sans doute encore trop sĂ©duit par le sud de la France comme, plus jeune, on peut Ă©galement ĂȘtre fascinĂ© par New-York et les Etats-Unis au dĂ©triment du reste du monde. J’étais aussi davantage attirĂ© par un pays comme l’Ecosse oĂč j’avais effectuĂ© un premier sĂ©jour en 1990.

Martine Aubry, l’ancienne Ministre, m’évoquait aussi Lille. Mais si Pierre Mauroy m’avait d’abord inspirĂ© une certaine sympathie puis l’image d’un homme politique dĂ©passĂ©, Martine Aubry, elle, bien qu’étant la Ministre des « 35 heures » me laissait l’impression d’une politicienne autoritaire, de plus en plus isolĂ©e, et aigrie. Bien-sĂ»r, je crois qu’il est assez rare que la personnalitĂ© d’une figure politique d’un pays ou d’une rĂ©gion incite Ă  venir y faire du tourisme.

Lille est nĂ©anmoins devenue une personne frĂ©quentable il y’a bientĂŽt une vingtaine d’annĂ©es : Une collĂšgue-amie venait de cette ville et, tous les week-end, pratiquement, celle-ci retournait dans son bercail lillois. Les Champs ElysĂ©es et Lille semblaient alors ĂȘtre les principales attaches de sa vie. Les Champs ElysĂ©es/ Lille, Lille/ Les Champs ElysĂ©es. Aujourd’hui, et depuis des annĂ©es, je crois qu’elle s’est un peu guĂ©rie de cette folie.

On comprend un peu mieux une personne en voyant oĂč elle habite.

Je n’ai pas vu grand chose de Lille. Mais c’est ce que je me suis dit hier en marchant dans certaines rues de Lille Ă  notre arrivĂ©e. Ces maisons de ville et ces petits bĂątiments que nous avons aperçus m’ont rappelĂ© ce passĂ© « ouvrier » de Lille. MĂȘme si cette architecture peut dĂ©jĂ  faire penser Ă  certains quartiers anglais oĂč peut subsister, aussi, un certain passĂ© ouvrier. Non loin de lĂ  oĂč nous sommes logĂ©s se trouve la rue de la Briqueterie. Ce monde fait de briques Ă©voque celui de l’ouvrier.

Je m’étais dĂ©ja fait cette mĂȘme remarque la veille, ce dimanche 14 juillet, en plein Paris :

 

On comprend un peu mieux une personne en voyant oĂč elle habite.

 

 

 

Le métro nous met à cinq minutes du centre-ville de Lille.

 

 

 

Ce dimanche 14 juillet, Ă  Paris, pour le travail, j’étais parti faire quelques courses. Un peu de nourriture pour « amĂ©liorer l’ordinaire », des cigarettes ainsi que le journal Les Ă©chos pour un patient-client. Il faisait beau lorsque j’étais sorti du service oĂč j’effectuais un remplacement. En passant, j’ai regardĂ© certaines de ces personnes attablĂ©es, avenue des Ternes, avenue de la Grande ArmĂ©e, prĂšs du Palais des CongrĂšs et de la Porte Maillot. RĂ©sident de Nanterre durant mes dix sept premiĂšres annĂ©es, j’ai toujours vĂ©cu en banlieue parisienne. J’ai eu peur de m’installer Ă  Paris lorsque cela aurait Ă©tĂ©- plus facilement- dans mes moyens financiers vingt ans plus tĂŽt. A cette Ă©poque, pour un primo-accĂ©dant Ă  la propriĂ©tĂ© en rĂ©gion parisienne, la norme Ă©tait d’obtenir un crĂ©dit immobilier intĂ©gral ( sans apport) de 15 Ă  20 ans. Et on Ă©tait ( trĂšs) content lorsque l’on obtenait un prĂȘt immobilier Ă  un taux fixe de 3,5% ou 4% hors assurance.  Mais j’ai Ă©tĂ© trop timorĂ©. J’ai peut-ĂȘtre manquĂ© de perspectives. J’ai aussi cru que j’allais me noyer au milieu de trop de perspectives. J’étais sĂ»rement trop prisonnier du ballet de certaines idĂ©es et de certaines craintes comme de celui de certains devoirs aussi. Je suis restĂ© dans cet environnement que je connaissais depuis mon enfance : la banlieue parisienne. Il y’avait et il y’a – aussi- heureusement, des bons cĂŽtĂ©s dans ce lieu de rĂ©sidence. Mais disons que vivre en banlieue parisienne, selon l’endroit oĂč l’on habite, c’est un peu plus prendre le risque d’ĂȘtre dĂ©favorisĂ© pour accĂ©der aux soins, Ă  de bonnes Ă©tudes ou Ă  de bons moyens de transport : pendant une vingtaine d’annĂ©es, j’ai Ă©tĂ© tributaire de la ligne A du RER pour me dĂ©placer de Cergy-Pontoise Ă  Paris. Plusieurs fois, j’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© de voir passer devant moi plus de RER Ă  destination de la ville de St-Germain en Laye, une ville pourtant plus proche et sans doute moins peuplĂ©e que les villes de Cergy-PrĂ©fecture, Cergy-St-Christophe ou Cergy-Le-Haut qui me concernaient.

 

 

Le 17Ăšme arrondissement de Paris est un lieu gĂ©ographique assez proche d’Argenteuil, la ville de banlieue- considĂ©rĂ©e comme « populaire » voire assez « pauvre »- oĂč j’habite dĂ©sormais. Mais ce 14 juillet, en regardant un certain nombre de ces personnes croisĂ©es dans le 17Ăšme arrondissement, en terrasse au restaurant , au cafĂ©, ou devant ces immeubles de « prestige », dans un certain cadre de vie plutĂŽt privilĂ©giĂ©, je me suis dit qu’il leur Ă©tait sĂ»rement impossible et impensable d’imaginer ce que peut ĂȘtre la vie vue de certains endroits de banlieue pourtant proches. Je me suis aussi dit que pour certaines de ces personnes, la vie en banlieue est un lieu de perdition sociale et morale. Et, pourquoi pas, mentale !

Gilets jaunes et gilets noirs Ă©taient peut-ĂȘtre pour quelques uns assez semblables Ă  des aborigĂšnes d’Australie ou Ă  des Indiens d’AmĂ©rique consignĂ©s dans des rĂ©serves Ă©loignĂ©es pour raisons sanitaires Ă  des milliers de kilomĂštres de lĂ . Bien-sĂ»r, mon avis, ici, est lapidaire et manque de nuance : on peut ĂȘtre riche, privilĂ©giĂ© ou sembler l’ĂȘtre, ĂȘtre au courant des mouvements sociaux de son quartier, sa rĂ©gion ou de son pays et se sentir parfaitement impuissant devant eux comme devant leurs causes.

On peut aussi ĂȘtre riche, privilĂ©giĂ© ou sembler l’ĂȘtre et militer activement – bien plus activement que moi- pour que le monde change et Ă©volue.

On peut aussi ĂȘtre riche, privilĂ©giĂ© ou sembler l’ĂȘtre, et tout autant souffrir intĂ©rieurement de sĂ©vĂšres dĂ©boires personnels ou familiaux . Le Dr Tempura nous l’avait dit il y’a plusieurs annĂ©es. Et cela est avĂ©rĂ©.

Parmi ces personnes attablĂ©es tranquillement ce 14 juillet, deux ou trois hommes portaient une kippa. Je me suis demandĂ© la raison pour laquelle ils la portaient dans un espace public : Auparavant, lorsque certaines tensions communautaires Ă©taient « moins » vives, avant le 11 septembre 2001, avant les attentats de l’Hyper Cacher et « de » Charlie Hebdo, avant les meurtres de M.M
 , avant le Gang des barbares et la mort d’Ilan Halimi, je ne me serais pas posĂ© cette question. Mais, lĂ , ce 14 juillet 2019, je me suis demandĂ© si ces hommes portaient leur kippa car quelqu’un de leur famille avait servi la France durant la Guerre. Ou si c’était pour honorer l’Histoire de leur famille d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale depuis les premiers pogroms dont des juifs avaient pu ĂȘtre victimes en passant – comme s’il Ă©tait possible de passer dessus- par la shoah jusqu’à la crĂ©ation de l’Etat d’IsraĂ«l. Je me suis demandĂ©, si, pour ces hommes, porter la kippa ouvertement, revenait au mĂȘme que, pour des Noirs, lever le poing serrĂ©, recouvert d’un gant noir, du « Black Power ». Sauf que nous Ă©tions dans le 17 Ăšme arrondissement, quartier de Paris- et de France- plutĂŽt privilĂ©giĂ©, dĂ©tendu et agrĂ©able, et trĂšs diffĂ©rent d’autres quartiers de Paris et d’ailleurs oĂč dĂ©sert et misĂšre s’associent et se meurtrissent.

 

On peut s’en dire des choses, hein, en effectuant un petit sĂ©jour touristique comme moi Ă  Lille. Je vais me reprendre. Il est 9h10 ce matin. Notre rĂ©sidence est calme. MĂȘme si, tout Ă  l’heure, ma compagne m’a demandĂ© :

« Tu n’as pas entendu le bruit, cette nuit ? Quatre Boum-Boum. Comme si quelqu’un avait tirĂ© avec un fusil ? ». Non, je n’ai rien entendu cette nuit. Notre « rĂ©sidence » est calme.

 

A part, quelques fois, des personnes qui passent dans le couloir devant l’appartement, nous avons entendu notre premiĂšre voiture ce matin vers 8 heures. Chez nous, Ă  Argenteuil, lors de la victoire de l’AlgĂ©rie Ă  la Coupe d’Afrique de Football, quelques jours plus tĂŽt, nous avions eu droit Ă  des cris d’allĂ©gresse et des coups de klaxon en pleine nuit en bas de chez nous. Et mĂȘme sans match de Foot, nous avons assez rĂ©guliĂšrement l’honneur de profiter des goĂ»ts musicaux d’un automobiliste arrĂȘtĂ© au feu rouge. Ou de la joie de futurs mariĂ©s et de leurs invitĂ©s Ă©galement vĂ©hiculĂ©s. Il est nĂ©anmoins bien des endroits calmes Ă  Argenteuil.

Non, cette nuit, je n’ai rien entendu.

Par contre, ce matin, j’ai bien entendu ma fille me reprocher Ă  nouveau d’ĂȘtre devant mon ordinateur et de ne pas pouvoir venir s’asseoir sur mes genoux. Et pourquoi j’écris ?!

Je l’ai aidĂ©e Ă  s’asseoir sur mes genoux et je lui ai expliquĂ© :

« Parce qu’au fur et Ă  mesure de notre voyage, nous allons oublier des choses. C’est vrai que tu me vois souvent en train d’écrire avec mon ordinateur. Mais ça ne m’empĂȘchera pas d’ĂȘtre avec toi et avec maman ». Je me suis alors tournĂ© vers ma compagne qui m’a demandĂ©  :

« Pourquoi tu me regardes ? ». Je me suis à nouveau adressé à notre fille :

« Et toi, qu’est-ce que tu as remarquĂ© depuis que nous sommes arrivĂ©s Ă  Lille hier ? Qu’est-ce qui t’a plu ? ». Ma fille a rĂ©flĂ©chi. Elle se souvient d’avoir vu des statues

 

( je le lui ai soufflĂ©), un petit chien qui aboyait ( je n’ai pas pris de photo du petit chien) . Et, elle trouve que les maisons sont jolies.

Je me fais assez peu d’illusions : ma fille va sĂ»rement se souvenir que lors de notre sĂ©jour Ă  Lille, je passais –tout- mon temps Ă  Ă©crire sur mon ordinateur. Peu importent ces moments que je passerai avec elle et sa mĂšre loin de mon ordinateur et de mes photos et de mes mots. C’est comme ça que ça marche : entre nous et nos enfants. Entre nous et nos parents. Et entre nos enfants et nous.

 

MĂȘme s’il est sĂ»rement moins frĂ©quentĂ©- et un peu plus Ă©troit- que le mĂ©tro parisien, nous avons pris le mĂ©tro lillois Ă  une heure creuse.

 

 

 

« La Voix du Nord ». Cette « phrase » m’intriguait. Je pressentais qu’elle avait une importance particuliĂšre mais je ne trouvais pas. Ma compagne a eu la bonne intuition : La voix du Nord, c’Ă©tait sans doute celle Charles De Gaulle pendant la Seconde Guerre Mondiale. Nous sommes sur la place GĂ©nĂ©ral De Gaulle.

 

Un copain de mon club d’apnĂ©e m’avait parlĂ© de cette enseigne pour ses gaufres. L’enseigne MĂ©ert qui est un des incontournables Ă  Lille. C’est ce qu’il m’a dit il y’a environ deux semaines. J’avais oubliĂ© le nom de cette enseigne et puis nous sommes passĂ©s devant. A la bonne heure. Pas de queue. Rien qu’Ă  la façon d’y entrer, on comprend que l’on est dans un lieu « sĂ©lect » et quelque peu feutrĂ©. Bon, ils ne prennent pas les chĂšques vacances ( j’ai eu besoin de demander) mais ils acceptent les tickets restaurant. J’ai prĂ©fĂ©rĂ© m’acheter une brioche. Mais le bout de gaufre que m’a tendu par ma compagne Ă©tait bon.

 

 

 

 

 

 

Hier en arrivant Ă  Lille, nous avons optĂ© pour la simplicitĂ© en allant acheter du pain Ă  la boulangerie la plus proche de notre « logement ». En apercevant les baguettes de pain, j’ai dĂ» me rendre Ă  l’Ă©vidence : dĂšs le lendemain, nous achĂšterions du pain ailleurs. « Ailleurs », c’Ă©tait aujourd’hui et c’est dans la boulangerie d’Alex Croquet pas trĂšs loin de l’enseigne MĂ©ert. Il y’a d’autres bonnes boulangeries mais c’est la premiĂšre sur laquelle nous sommes tombĂ©s ce matin en arrivant dans le centre-ville.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A Lille, je m’attendais Ă  uniquement du bĂ©ton. Et nous arrivons lĂ  Ă  environ dix-quinze minutes Ă  pied du centre-ville.

 

 

Je me sens obligĂ© de rappeler que nous sommes venus lĂ  un jour de semaine Ă  une heure oĂč la majoritĂ© des gens est encore au travail. MĂȘme si nous avons croisĂ© quelques coureuses et coureurs ainsi que quelques promeneurs.

 

 

 

 

 

De retour dans le centre-ville, notre déjeuner fut moins vertueux que sur cette photo.

 

 

 

 

 

Une installation faite de « soleils » se tient à la vieille bourse de Lille.

 

 

Un endroit agrĂ©able et Ă©tonnant oĂč tous les jours, de 13h Ă  19h, sauf les lundis, se tiennent des puces ( affiches de films, dvds, livres, bandes dessinĂ©es, magazines, vinyles…).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Franck Unimon, ce mardi 16 juillet 2019.

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Lille-Jour 1

Lille-Jour 1

 

« Vous avez Google Maps sur votre téléphone ? ».

 

J’aimerais un jour retourner au Japon. Un collĂšgue m’a ramenĂ© ce thĂ© vert du Japon rĂ©cemment.

 

Nous sommes arrivĂ©s Ă  Lille depuis une quinzaine de minutes et prĂšs de l’OpĂ©ra de Lille, je viens d’accoster deux jeunes en pleine croissance. C’est tout un Ă©tat d’esprit que d’aborder quelqu’un dans la rue afin de lui demander un renseignement. Je le fais encore souvent. Peu importe « l’aide » que nous apportent les nouvelles technologies. Si en voiture, je me laisser volontiers tĂ©lĂ©guider par une boite vocale, piĂ©ton, je recommence Ă  m’adresser aux inconnus que je croise. C’est peut-ĂȘtre une maladie qui sera un jour diagnostiquĂ©e. Car, bien-sĂ»r, Ă  chaque fois, au prĂ©alable, je m’improvise directeur de casting et effectue une « sĂ©lection » avant d’entrer en contact avec l’atmosphĂšre de l’autre : Car Il s’agit d’essayer de deviner Ă  la fois celle ou celui, ou ceux, qui seront susceptibles de se rendre disponibles. Et « compĂ©tents ».

 

Evidemment, en pratique, le taux de rĂ©ussite du premier coup varie beaucoup. Car on « trouve » de tout. Celle ou celui qui n’est pas du coin. Celle ou celui qui est malvoyant et sourd. Celle ou celui qui vous ignore. Celle ou celui qui est du coin mais qui ne connaĂźt pas la rue ou le lieu que vous recherchez. Ce qui est, je crois, de plus en plus frĂ©quent Ă  mesure que l’on se fie aux nouvelles technologies et sans doute au fait, aussi, que l’on s’enferme vite dans les mĂȘmes itinĂ©raires. Nos dĂ©placements sont aussi nos tours d’ivoire. Et, peu Ă  peu, nous regardons peu ou de moins en moins ce qui nous entoure. Finalement. Ne serait-ce que dans un magasin et dans bon nombre d’autres espaces que nous empruntons (les gares par exemple) oĂč notre regard est souvent horizontal et paramĂ©trĂ© par notre but Ă  atteindre et notre obsession de « l’efficacitĂ© ». Tels des joueurs de foot ou de tennis obnubilĂ©s par le camp adverse et le fait de trouver les moyens les plus habiles pour y accĂ©der.

 

Avant de m’adresser Ă  ces deux jeunes, j’ai dĂ©jĂ  questionnĂ© une personne et un couple. Le couple m’a rĂ©pondu ne pas ĂȘtre de la rĂ©gion. Une jeune femme au profil d’étudiante portant des lunettes et un sac de soldes a fait de son mieux pour me rĂ©pondre. Son manque d’assurance m’a Ă©tonnĂ©. M’indiquant un point gĂ©ographique au loin, elle m’a dit que j’aurais peut-ĂȘtre plus de chance en allant par lĂ . C’est en allant « par lĂ  », Ă  une centaine de mĂštres, suivi de ma compagne et de notre fille, que nous sommes arrivĂ©s sur la Grande Place dont, pour l’heure, je n’ai pas encore pris le temps de retenir le nom( la place De-Gaulle). Mais je me souviens de « la Voix du Nord ». Du restaurant Alcide, je crois. De noms de magasins dĂ©sormais rĂ©pandus partout. Et de quelques terrasses oĂč des personnes dĂ©jeunaient. Et d’autres commerces plus loin.

DĂ©jĂ , je crois, j’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© de voir aussi facilement des agences de la Banque Postale. Mais ce n’est pas de ça dont j’ai conversĂ© avec les deux jeunes.

 

Les deux jeunes devaient avoir dans la quinzaine et me dĂ©passaient de deux bonnes tĂȘtes. Longilignes, bien Ă©duquĂ©s, ils ont eu l’air de se demander ce qui leur arrivait lorsque je les ai sollicitĂ©s. Il doit ĂȘtre rare qu’un adulte leur demande ce genre d’information. Ils semblaient Ă  la fois un peu pressĂ©s mais aussi dĂ©sireux de rendre service tout en Ă©tant dĂ©sarmĂ©s. J’ai rajoutĂ© un peu de pression en prĂ©cisant : « Surtout pas un Mac Donald ! ». Devant la tĂȘte un peu surprise d’un des deux jeunes, j’ai alors ajoutĂ© : « Vous voyez, les clichĂ©s
 ».

Non, non, m’ont-ils assurĂ©, ils n’étaient pas si pressĂ©s que ça. Et puis, un des deux a pensĂ© Ă  ce restaurant-pizzeria :

Les 3 Brigands di Napoli. Mais comment me dire oĂč ça se trouvait ? Cela semblait assez loin. A une bonne dizaine de minutes. L’autre jeune m’a demandĂ© :

« Vous n’avez pas Google Maps sur votre tĂ©lĂ©phone ? ». J’ai rĂ©pondu : « Si, mais mon tĂ©lĂ©phone est Ă©teint ». Puis, celui qui avait suggĂ©rĂ© l’idĂ©e a localisĂ© le restaurant sur son tĂ©lĂ©phone portable. Le restaurant se trouvait
.Ă  une minute. Mais il ne pouvait pas bien le situer. A part le fait qu’il fallait tourner Ă  droite sur la place et qu’il se trouvait dans une « petite rue ».

 

J’ai ensuite demandĂ© Ă  deux ou trois personnes oĂč se trouvait le restaurant Les 3 Brigands di Napoli. Une dame d’une soixantaine d’annĂ©es s’est mise Ă  rire lorsqu’elle a entendu le nom du restaurant. Comme si c’était une blague et aussi parce qu’il n’y’avait aucune chance pour qu’elle connaisse ce genre d’endroit. Un jeune couple Ă©tait volontaire pour me rĂ©pondre. Mais il s’est trĂšs vite dĂ©couragĂ©. Alors, j’ai continuĂ© Ă  marcher dans la direction supposĂ©e. J’étais Ă  la fois concernĂ© par ma compagne et ma fille qui suivaient quelques mĂštres derriĂšre moi car il Ă©tait un peu plus de 13h30 et nous avions encore nos bagages. Nous marchions depuis prĂšs d’une vingtaine de minutes. D’un autre cĂŽtĂ©, et mon meilleur ami Driss pourrait en tĂ©moigner en souvenir de notre sĂ©jour en Yougoslavie en 1989, je puis par moments marcher sans que le temps pĂ©nĂštre mes pensĂ©es. Comme un fou.

Mais j’ai trouvĂ© la petite rue assez vite. En moins de cinq minutes. J’ai aperçu l’enseigne dans la rue St-Etienne, je crois. L’endroit nous a tout de suite convenus.

 

 

C’Ă©tait trĂšs bien car  je voulais Ă©viter la nasse Ă  touristes ainsi que le rĂ©servoir de Junk food.

Par ailleurs, nous sommes arrivĂ©s Ă  la bonne heure car j’ai peu de mal Ă  croire que Les 3 Brigands di Napoli marche bien question affluence.

 

 

 

Nous avons Ă©tĂ© trĂšs bien reçus dans un restaurant calme comportant quelques clients. Un musicien ( peut-ĂȘtre un saxophoniste) est venu dĂ©jeuner Ă  cĂŽtĂ© de nous quelques plus tard. Il a dĂ©posĂ© l’étui rigide de son instrument prĂšs de lui et a souri en voyant notre fille s’amuser sous la table Ă  la fin du repas.

 

Merci Ă  ces deux jeunes de nous avoir conseillĂ© cet endroit. Et merci Ă  ma compagne et Ă  ma fille de m’avoir suivi.

 

Franck Unimon, ce lundi 15 juillet 2019

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Center Park troisiĂšme et derniĂšre partie

 

 

 

 

Center Parcs 3Ăšme et derniĂšre partie

 

 

L’eau du robinet est Ă©tonnamment bonne Ă  Center parcs.

 

Hier soir, par curiosité, lors de notre promenade, je suis allé vérifier combien de personnes se trouvaient dans le centre aquatique : 900 !

Nous avons rencontrĂ© une copine de l’école de notre fille. Elle Ă©tait avec ses parents et ses deux sƓurs. J’ai reconnu le pĂšre que je salue quelques fois Ă  la sortie de l’école. Souriant et sympathique, celui-ci m’a dit : « ça change d’Argenteuil, hein ? ». J’ai acquiescĂ© poliment.

Ce matin, record absolu : un peu moins de 400 personnes Ă  notre arrivĂ©e. Comme les autres fois, nous commençons Ă  peine Ă  enlever nos chaussures Ă  l’entrĂ©e qu’une vingtaine de personnes nous rejoint.

Lors de notre premier jour, j’avais entendu un employĂ© du Center Parcs dire qu’il y’avait plein de casiers hors services. Nous en faisons l’expĂ©rience ce matin. Ma compagne a beau apposer son badge sur une dizaine de vestiaires diffĂ©rents: Cela ne marche pas.

 

Nous rĂ©ussissons Ă  trouver une employĂ©e. Elle repart avec notre badge pour le tester. A son retour quelques minutes plus tard, elle me rĂ©pond que notre badge est toujours actif. Mais elle constate –aussi- qu’elle n’arrive pas Ă  fermer un quelconque casier avec celui-ci. Elle me propose de fermer notre casier avec son badge et de revenir la voir lorsque nous partirons. Elle termine son service Ă  midi m’apprend t’elle. Il est alors onze heures. Je lui explique que nous resterons au centre aquatique bien aprĂšs midi. Elle me propose alors de solliciter ses autres collĂšgues qui prendront sa suite. L’idĂ©e de devoir solliciter ses collĂšgues et de dĂ©pendre de la confiance qu’ils voudront ou pourront bien m’accorder est pour moi Ă  Ă©viter. Je dĂ©cline cordialement et dĂ©cide de caser les affaires de ma compagne et de ma fille dans mon casier que je rĂ©ussis Ă  ouvrir et Ă  fermer de nouveau.

Ce matin, notre rĂ©gularitĂ© au centre aquatique est rĂ©compensĂ©e. Notre fille a moins peur. Et elle dĂ©couvre avec plaisir les joies des toboggans : Black Slide, Wide Slide, Jet Slide pour les enfants de son Ăąge. D’abord avec moi. Puis, seule. Ensuite, nous allons tenter l’expĂ©rience de toboggans oĂč, pour les enfants de son Ăąge, la compagnie d’un adulte lors de la descente du toboggan est obligatoire.

Lorsque nous sortons vers 13h30, je revois le Mac Do postĂ© stratĂ©giquement devant le centre aquatique. Des parents y dĂ©jeunent avec leurs enfants. D’autres personnes y commandent leur repas sur une des bornes prĂ©vues Ă  cet effet. Nous n’en faisons pas partie. Il y’a d’autres restaurants dans ce Center Parcs. Mais le Mac Do est le plus proche du centre aquatique. Plus proche que la boulangerie oĂč je me dirige pour acheter nos deux baguettes quotidiennes. Le Mac Do est aussi plus proche du centre aquatique que le supermarchĂ© Proxy qui jouxte la boulangerie. Devant moi ce matin, une clientĂšle allemande. Mais il m’a semblĂ© que la clientĂšle de ce Center Parcs Ă©tait majoritairement française. Du moins celle que nous avons pu croiser et entendre parler.

Aujourd’hui, ma compagne et moi faisons rapidement notre bilan comptable. Vu que nous sommes venus avec quelques provisions, nous aurons peu dĂ©pensĂ© lors de nos quatre jours à Center Parcs : 30 euros grosso modo. Si l’on excepte les 30 euros d’essence Ă  l’aller pour faire le plein qui sera suffisant pour rentrer.

Nous aurions sans doute dĂ©pensĂ© davantage s’il avait fait plus beau. En raison du ciel gris et de la pluie, nous nous sommes concentrĂ©s sur le centre aquatique -compris dans le forfait- et sur une petite promenade Ă  pied l’aprĂšs-midi avant de rentrer. Pas de passage dans l’un des magasins. Pas de commande de repas ou de restaurant. Pas de Mac Do. Et la tĂ©lĂ© est restĂ©e muette. Une radio aurait Ă©tĂ© bienvenue. Je m’en avise ce jeudi soir en mettant de la musique. Seul journal d’information : Le Canard EnchaĂźnĂ©. J’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© hier lorsque ma compagne m’a appris que Le Canard EnchaĂźnĂ© Ă©tait en vente dans le rayon presse du supermarchĂ© Proxy.

L’expĂ©rience Center Parcs se terminera demain matin. J’en retire que cela peut ĂȘtre bien de retourner Ă  l’Aquaboulevard avec ma fille. Et que cela peut ĂȘtre agrĂ©able et reposant Ă  condition d’y rester quelques jours comme nous et ensuite de repartir ailleurs.

 

Depuis, nous sommes rentrĂ©s de Center Parcs. Et en discutant avec d’autres parents de l’école oĂč se rend ma fille, j’ai dĂ©couvert que plusieurs d’entre eux s’étaient rendus ou allaient se rendre au mĂȘme Center Parcs. Ces parents faisaient l’éloge de Center Parcs :

« Il a fait beau » ; « Nous avons louĂ© des vĂ©los et nous avons pu faire des balades » ; « Nous avons fait du mini-golf » ; « Il y’a plein de choses Ă  faire ! ». Devant eux, je me suis Ă  chaque fois Ă©crasĂ© et les ai Ă©coutĂ©s poliment. PlutĂŽt qu’hypocrite, mon attitude avait Ă  voir avec une sorte de pĂ©nitence : A Center Parcs, il est indĂ©niable que la majoritĂ© des parents que nous avons croisĂ©s tenaient Ă  transmettre le meilleur Ă  leurs enfants. C’est ce que je me suis rappelĂ© en dĂ©couvrant l’enthousiasme de ces parents Ă  me parler de Center Parcs. Et je me suis aussi rappelĂ© que moi, si j’ai acceptĂ© de me rendre Ă  Center Parcs, c’est parce-que je fais dĂ©sormais partie de cette catĂ©gorie de parents.

Franck Unimon, ce lundi 25 mars 2019, « loin » de Center Parcs. Enfin, c’est ce que je crois.

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Center Park 2Ăšme partie

 

 

 

                                                    Center Park 2Úme Partie.

 

« Tu as l’air de t’ennuyer ? » me demande gentiment ma compagne alors que nous sommes dans l’eau. J’élude poliment. Hier soir, aprĂšs avoir dĂ©posĂ© notre voiture au parking Ă  l’entrĂ©e de Center Park comme le veut le rĂšglement, j’avais fait un peu de repĂ©rage. Un peu plus de quatre cents personnes se trouvaient alors au centre aquatique Aquamundo. Il Ă©tait un peu plus de 19h. Ce chiffre m’avait semblĂ© Ă©levĂ©. Comme hier, le temps sera couvert et pluvieux durant notre sĂ©jour. Et assez frais. Il faisait environ 6 degrĂ©s hier soir.

Nous sommes un peu plus de six cents ce matin dans le centre aquatique. Dans le bassin oĂč nous nous trouvons, j’ai l’impression de me trouver Ă  Calcutta, dans le Gange, parmi des milliers d’Indiens. L’environnement me fait la mĂȘme impression que l’Aquaboulevard plusieurs dĂ©cennies plus tĂŽt et je subis un vĂ©ritable ippon mental. Les endroits sont des robots qui se dĂ©placent et se mettent dans les dispositions qu’on leur demande.

En plus de cela, l’eau, plus ou moins propre, est froide. J’ai du mal Ă  me faire Ă  cet Ă©cart entre cette apparence de climat et de dĂ©cor tropical et cette sensation de douche froide. Pour arriver jusqu’au bassin, nous avons dĂ» fouler plusieurs dalles humides dont l’état me convainc qu’elles transforment les pieds en pieds Ă  verrues. Autour de moi, les gens sont contents. Tout le monde est content. J’agrĂ©mente mon retour Ă  l’Aquaboulevard, car je persiste Ă  penser que nous sommes bien Ă  l’Aquaboulevard, de regards circulaires. Ces regards circulaires me permettent d’enregistrer les donnĂ©es correspondant Ă  notre prĂ©sence ici. Le toit rappelle le dĂŽme du film Hunger Games. Dans l’eau, immergĂ©e jusqu’au nombril, une employĂ©e de Center Park, en bermuda noir et tee-shirt rouge, prend des gens en photo. Service payant. Je me demande depuis combien de temps elle patauge dans l’eau. Un MaĂźtre-nageur, blasĂ©, assis sur son siĂšge un peu surĂ©levĂ©, porte des embouts en caoutchouc dans les deux oreilles. Quelques minutes plus tĂŽt, alors qu’elle Ă©tait Ă  moins de cinquante centimĂštres de moi, ma compagne a dĂ» forcer la voix pour que je comprenne ce qu’elle me disait. Bien que nous soyons un certain nombre Ă  nous cĂŽtoyer dans l’eau, chacun est dans sa bulle avec son prochain, sa progĂ©niture ou sa famille. Dans une sorte de voisinage cordial et tout autant indiffĂ©rent.

Lorsque je me dĂ©cide Ă  dĂ©couvrir un peu plus le centre acoustique, pardon, le centre aquatique, je croise un autre maĂźtre-nageur puis un suivant. Quelle que soit l’action qu’il est alors en train d’entreprendre, dĂ©ambuler, ĂȘtre assis ou rester immobile et surveiller, chacun semble avoir, depuis trĂšs longtemps, renoncĂ© Ă  prendre la peine de saluer les usagers. Il y’a tellement de monde. Tellement de bruit. Tellement d’agitation.

A « l’écart », dans un bassin privatisĂ©, trois personnes font de l’aquagym au son d’une musique choisie. Un homme a l’air d’ĂȘtre le moniteur face Ă  deux femmes. Ils sont tous les trois sĂ©rieux, silencieux et concentrĂ©s. Cela fait marrer deux adolescents qui passent par lĂ  et regardent ça de haut. Puis, les deux adolescents s’éloignent, sĂ»rement en direction d’un toboggan ou de la riviĂšre sauvage. Les panneaux prĂ©conisent de rester assis ou de se mettre sur le dos et interdisent de porter des lunettes de natation. Mais plusieurs personnes, dont des mineurs, portent lunettes de natation et/ou se lancent allĂ©grement tĂȘte la premiĂšre en se mettant sur le ventre.

 

AprĂšs environ une heure trente dans le centre aquatique, nous partons. Les bons cĂŽtĂ©s sont que nous reviendrons. L’accĂšs au centre aquatique est compris dans le forfait. Cette rĂ©gularitĂ© permet de mieux se familiariser avec les Ă©lĂ©ments. Notre fille s’est plutĂŽt bien amusĂ©e. Je referai du toboggan et de la riviĂšre sauvage. Alors que nous sortons, je regarde le compteur afin de voir si en venant plus tard, nous aurions Ă©tĂ© plus Ă  l’aise : 602 personnes. Donc, pas de regret. Autres bons cĂŽtĂ©s : le pain vendu est bon et Ă  un tarif acceptable. 1 euro 20 la baguette. 1,95 euro, la Florentine faite avec de la farine de levain. J’apprĂ©hendais la miche de pain industrielle. Et j’étais prĂȘt Ă  sortir de l’Aquaboulevard, pardon, du Center Park, pour en acheter s’il le fallait. Enfin, lorsque j’allume mon tĂ©lĂ©phone portable pour la premiĂšre fois de la journĂ©e, il est un peu plus de 14h.

 

Franck Unimon Ă  Center Park, fin de la 2Ăšme partie.

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Center Park 1Ăšre partie

 

 

                                                    Center Park 1Úre Partie

 

Center Park est une pensĂ©e. Je me suis rĂ©veillĂ© ce matin avec cette idĂ©e dans la tĂȘte aprĂšs notre premiĂšre nuit de sĂ©jour. Il en reste trois autres Ă  venir.

En bas de « notre » cottage, ma compagne et notre fille sont dĂ©jĂ  debout. Notre fille est joyeuse. Cela s’entend. Lors de ces vacances scolaires, j’ai acceptĂ© de faire un sĂ©jour dans une pensĂ©e. Pour des raisons pratiques :

« Ce n’est pas loin en voiture. Ça change. En plus, il y’a tout sur place et il y’a plein de choses Ă  faire » ; « Et puis, pour les enfants, il y’a de l’espace. Ils sont contents ! ».

Il a Ă©tĂ© rĂ©pondu Ă  ma compagne qu’en dehors de Center Park, la premiĂšre ville accessible est assez loin et sans intĂ©rĂȘt.

Mais il y’a d’autres avantages Ă  partir en vacances Ă  Center Park : « Ce n’est pas trop cher ». MĂȘme si tout y est conçu pour que la note se rallonge. Une fondue savoyarde livrĂ©e coĂ»te prĂšs de vingt euros pour une personne sachant que seules les commandes Ă  partir de deux fondues sont acceptĂ©es. L’accĂšs Ă  la Wifi est payant.

Cependant, pour des raisons sociales et de bonne intelligence, l’absence de Wifi et les conditions du sĂ©jour- le cĂŽtĂ© isolĂ© de Central Park- sont un bienfait : Le tĂ©moignage – trĂšs enthousiaste- de ma sƓur le soir de notre arrivĂ©e coĂŻncidait avec leur retour d’un autre Center Park. Quelques heures plus tĂŽt, son enthousiasme avait failli ĂȘtre Ă©crasĂ© par l’arbre de cinq mĂštres tombĂ© sur le pare-brise de leur vĂ©hicule alors qu’ils quittaient le Center Park. Le vent soufflait encore assez fort hier (jusqu’à cent kilomĂštres heures et plus) et l’état d’alerte orange Ă©tait encore en cours lorsqu’ils avaient dĂ» partir « avant dix heures » de leur Center Park. Heureusement, personne n’a Ă©tĂ© blessĂ© dans la voiture.

Mais cela ne doit pas nous détourner des arguments en faveur de Center Park.

Et puis : « Toi qui dis que les gens sont trop connectĂ©s et passent trop de temps sur internet et sur leur tĂ©lĂ©phone portable » ; « Si tu n’es pas content, organise-nous un voyage et paie le nous
si tu as de l’argent ». « Organiser tout ça m’a demandĂ© du temps
 ».

J’en rajoute un peu.

Notre dĂ©part pour Center Park s’est passĂ© diffĂ©remment et de façon plus dĂ©tendue. Mais il est vrai qu’organiser un sĂ©jour quelque part, cela demande du travail. Depuis plusieurs semaines, je savais que nous allions quelque part. J’ai appris quelques heures avant de prendre la voiture oĂč nous allions. J’avais un petit peu supposĂ© que cela pouvait ĂȘtre Central Park. J’espĂ©rais me tromper. Je l’ai acceptĂ© car c’est une expĂ©rience Ă  vivre. Et aussi parce-que, avant les lieux, il Ă©tait pour moi plus important de partir avec ma compagne et notre fille.

Ceci Ă©tant dit, Center Park et l’Aquaboulevard, pour moi, sont le mĂȘme genre d’endroit. Et, cela, depuis des dĂ©cennies. Au moins depuis ce jour oĂč j’avais acceptĂ© d’accompagner une amie parisienne toute contente de dĂ©couvrir avec moi l’Aquaboulevard, mĂ©tro Balard. Soit pratiquement au bout opposĂ© de mon lieu de domicile. J’habitais alors Cergy-Pontoise. A peine arrivĂ©s dans l’enceinte de l’Aquaboulevard, j’avais Ă©tĂ© dĂ©concertĂ©. D’abord, il avait fallu payer l’entrĂ©e. J’en avais Ă©tĂ© informĂ©. Citadin de naissance, je suis familier avec la frĂ©quentation des piscines. Ce qui fera sourire et grimacer les puristes ou les pratiquants des riviĂšres, des lacs et des mers. Mais j’étais aussi un Antillais de France. J’étais peut-ĂȘtre un « faux » antillais (oui, car il est supposĂ© exister des « vrais » et des « faux » antillais ou des « bounty » si l’on prĂ©fĂšre : noirs dehors et blancs Ă  l’extĂ©rieur ) cependant, j’avais dĂ©jĂ  mis les pieds plusieurs mois, plusieurs fois, en Guadeloupe. Et je savais qu’en dehors de la pensĂ©e de l’Aquaboulevard qui entendait rivaliser (ou faire oublier) avec la nature tropicale originale, il y’avait beaucoup mieux. Je l’avais dĂ©jĂ  vu et vĂ©cu plusieurs fois sans payer. Et lĂ , je me retrouvais entourĂ© de plein de gens heureux Ă  qui l’Aquaboulevard donnait Ă  vivre du merveilleux. Un peu comme si on vendait trois Ă  quatre fois plus cher Ă  une clientĂšle nombreuse la mauvaise copie d’un mets original. Un peu comme si on convainquait des milliers de personnes que le Reggae de Pierpoljak ou de Yannick Noah est deux cent fois supĂ©rieur Ă  celui de Bob Marley ou de Black Uhuru de l’époque de MichaĂ«l Rose et de la paire Sly Dunbar& Robbie Shakespeare.

A l’Aquaboulevard, j’avais fait au mieux pour mettre mes rĂ©serves en veilleuse devant mon amie Gavroche. Car, lĂ  aussi, le plus important pour moi Ă©tait d’ĂȘtre avec elle. Etant donnĂ© sa grande perspicacitĂ©, il est possible qu’elle m’ait nĂ©anmoins dĂ©masquĂ©. Pourtant, je crois aussi, et c’est en principe une des grandes leçons de notre enfance, qu’il en faut peu pour se distraire. Avec cette amie et d’autres comparses, quelques annĂ©es plus tĂŽt, Ă  son initiative je pense aprĂšs avoir vu d’autres enfants le faire, nous avions bien passĂ© une aprĂšs-midi Ă  nous amuser Ă  glisser sur des planches en carton depuis le haut d’une colline d’Edimbourg, en Ecosse. Nous avions entre 19 et 23 ans. Et, aujourd’hui encore, parmi tous les loisirs et les moyens de distraction que nous utilisons, gratuits ou payants, sportifs ou non, je m’étonne par moments, qu’une fois adultes, nous ayons Ă  ce point pu avoir rejetĂ© un jeu comme celui de la balle au prisonnier. Bien entendu, je n’en parle pas Ă  mon entourage, professionnel comme personnel car il est dĂ©sormais Ă©vident pour tout le monde que nous avons d’autres envies- telles que faire les courses et les magasins- ainsi que tant d’autres prioritĂ©s.

Toutefois, quelle surprise avec Center Park, des annĂ©es plus tard, de revenir Ă  ce qui ressemble Ă  un mĂȘme point de dĂ©part mais cette fois-ci avec femme et enfant. Et d’ĂȘtre lĂ  plus par devoir, par esprit de conciliation et de bon sens que parce-que cela correspond Ă  un de mes projets.

 

Franck Unimon Ă  Center Park. Fin de la 1Ăšre Partie.

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Feuilles séparées

Feuilles séparées

 

 

Nous sommes faits de feuilles séparées. Nos assemblées ont sur les lÚvres bien des histoires commencées qui resteront secrÚtes.

 

Ce vendredi 18 janvier 2019, nous l’avons pourtant dĂ©cidĂ©.

 

Dans ce salon d’appartement du 18Ăšme arrondissement de Paris, nous sommes venus nous enrouler dans le souffle de MickaĂ«l Attias et de Jean-Brice Godet. Ce souffle frein, ce souffle train, est un emprunt. Et nous avons ce soir-lĂ  la chance de le regarder et de l’écouter nous ferrer de face plutĂŽt que de l’avoir sur les talons. Car on ne sait jamais vĂ©ritablement de quoi est fait un souffle, d’oĂč il provient, oĂč il se branche, oĂč il va et ce qu’il nous veut. Comme nous ignorons souvent exactement de quoi nous sommes faits.

Notre vie est pleine de souffles, certains Ă©teints, d’autres incertains. Et tous se cherchent un domicile, une gare, un rĂ©chaud, une frontiĂšre, un silence, une demie heure ou une gestuelle Ă  entraĂźner. Nous sommes souvent de bons clients pour eux mĂȘme si nous avons parfois du mal Ă  savoir comment nous en sortir avec eux.

Dehors, il fait assez froid, entre sept et huit degrés. Mickaël et Jean-Brice ont des poussées de souffle et des variations sans domicile fixe.

 

 

Ce soir, en les Ă©coutant, nous essayons peut-ĂȘtre de nous rappeler oĂč se trouve notre vĂ©ritable maison. Si nous en sommes encore loin et si nos itinĂ©raires – et nos rĂȘves- sont les bons. Bien-sĂ»r, cela ne se dit pas aussi grossiĂšrement. Nous sommes aussi lĂ  pour passer un bon moment, seul ou avec d’autres, tout simplement. Pour casser la route des chemins obligĂ©s comme de nos ordures quotidiennes et mĂ©nagĂšres. Nous oublions pratiquement tout de ces mauvaises habitudes. Car cela est maintenant autorisĂ©. Tant que l’espace oĂč nous sommes acceptera le souffle de ces deux hommes. L’un, petit, vif, presque teigneux par moments tout en demeurant contemplatif. L’autre, taille de gĂ©ant, peut-ĂȘtre plus ample, peut-ĂȘtre plus conciliant en apparence mais nĂ©anmoins avide des coins. Le but de ce duo est d’éviter de se laisser sĂ©duire et composer par le confort. Alors, on prend les devant. On prend aussi son temps pour s’écouter et s’inspirer de l’autre. Pour laisser passer la note depuis le silence Ă  travers le tamis de la tĂȘte de l’auditoire, sorte de couture sonore. On trace des reflets que l’on ne dresse pas, qui tournent et tiennent par leur propre volontĂ©. On amorce puis on renonce. On met son solfĂšge dans les ronces tout en le poursuivant jusque dans la doublure des sons. On produit ses propres embruns mĂȘme si le vent autour de nous est fixe et que la planĂšte est restĂ©e la mĂȘme.

Et lorsque s’arrĂȘtent les Ă©popĂ©es au plus prĂšs des pourtours de la note, on peut quelques fois entendre ce refrain :

Nous sommes faits de feuilles sĂ©parĂ©es mais nous rejoignons les mĂȘmes notes.

 

Franck Unimon, ce jeudi 31 janvier 2019.

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Mise en bouche

J’espĂšre bientĂŽt vous faire dĂ©couvrir la chanteuse Mama Toumani Kone. En attendant, voici  un petit tour d’horizon de quelques assiettes rencontrĂ©es entre l’Ă©tĂ© et l’hiver. Prix de la dĂ©couverte :

20 euros au maximum Ă  chaque fois.

 

Il y’a d’abord eu le restaurant vĂ©gĂ©tarien et vegan Too.Ti Bon à Lannion. C’est un peu loin de Paris.

Mais on a aussi le droit de s’y rendre. Nous y sommes allĂ©s dĂ©jeuner avant de nous rendre Ă  la mer.   Je voulais un autre repas qu’une galette. ExtĂ©rieurement, l’endroit m’a fait bonne impression. Ce restaurant a Ă©tĂ© une trĂšs bonne surprise. C’Ă©tait effectivement trĂšs bon. L’absence de viande a Ă©tĂ© trĂšs vite engloutie.

 

La clientĂšle Ă©tait variĂ©e. J’ai discutĂ© avec un couple. Si je me rappelle-bien, Monsieur Ă©tait Australien et Mme venait d’un  pays comme la Hollande. Ils m’ont appris que le restaurant oĂč nous nous trouvions Ă©tait rĂ©putĂ© et recommandĂ© dans les guides.

 

 

Quelques semaines plus tard, aprĂšs ĂȘtre allĂ© voir le film The Spy Gone North,  j’avais faim. L’effet de la guerre froide entre la CorĂ©e du Nord et la CorĂ©e du Sud ou l’heure tout simplement. Pour remĂ©dier Ă  cela, je suis allĂ© dĂ©couvrir des spĂ©cialitĂ©s chinoises.

Sympathique et connectĂ©, le patron m’a accueilli avec le sourire. Mais il Ă©tait un petit peu inquiet lorsque je lui ai dit que je comptais crĂ©er un blog. Il craignait que je critique sa boutique. J’ai Ă©crit le nom du blog sur un bout de papier. Il l’a gardĂ© avec prĂ©caution. C’Ă©tait en septembre-octobre…

A cĂŽtĂ© de moi, une habituĂ©e m’a appris venir de province. J’ai bien perçu que ce restaurant avait ses initiĂ©s. La clientĂšle semble plutĂŽt ĂȘtre constituĂ©e de cadres dĂ©contractĂ©s. En tout cas lorsque j’y Ă©tais sur l’heure du dĂ©jeuner.

Ces petites boules cuites Ă  la vapeur peuvent contenir du salĂ© comme du sucrĂ©. Du fromage comme de la viande. En en prenant cinq, je me demandais si j’aurais encore faim ensuite. On m’a assurĂ© que cela parlerait Ă  ma faim. On a eu raison de me dire ça. La nourriture est bien-sĂ»r une histoire de palais et d’Ă©ducation. J’ai mangĂ© mes « boules » sans rechigner. Elles portent Ă©videmment un autre nom que j’ai la fainĂ©antise, ce soir, de retrouver. Seraient-ce des Bao ?

HĂ© oui, c’est bien ça. L’endroit peut ĂȘtre un peu petit lorsqu’il y’a du monde. Mais, par temps calme, il doit ĂȘtre bien agrĂ©able de s’y poser. Ici, nous sommes prĂšs des Halles dans le premier arrondissement de Paris.

Puis, petit dĂ©tour par le 18Ăšme arrondissement avec ce repas dĂ©crit dans l’article Etat Satisfaisant . 

La prĂ©sentation est diffĂ©rente mais le repas avait ses atouts. De tous les plats prĂ©sentĂ©s dans cet article, celui-ci Ă©tait le plus copieux ( voici lĂ  le repas servi pour une personne) et le moins onĂ©reux. Se mĂ©fier, sur la feuille d’aluminium de droite, des petits copeaux verts : plutĂŽt que des signes d’espoir, il s’agit de piment Ă  l’Ă©tat sauvage qui prend souche dans la bouche et vous la rend seulement aprĂšs qu’elle se soit livrĂ©e Ă  la confession. Depuis, j’ai cherchĂ© ce restaurant sur le net. Il y est introuvable.

Bon ! Il est temps de conclure. Ce matin, je suis allĂ© Ă  la projection de presse de Don’t Forget Me de Ram Nehari. Je l’avais ratĂ© la derniĂšre fois. J’en parle dans l’article Don’t Forget Me . Je parlerai bientĂŽt du film.

AprĂšs l’avoir vu, je suis passĂ© par l’Italie . Depuis la rue, en apercevant le restaurant J Ghiotti, dans le 17Ăšme,  on devine que l’on est ici dans de la cuisine authentique. Et non dans une quelconque chaine Ă  pizzas. D’ailleurs, pas de pizza sur la carte, c’est un signe, non ?

L’accueil est d’abord serrĂ©, le sourire, avalĂ©. Mais le service est prĂ©cis.

J’avais oubliĂ© ce que c’Ă©tait que de se rendre seul au restaurant. C’est aussi agrĂ©able. On regarde les gens. On Ă©coute ce qui se raconte Ă  cĂŽtĂ© de soi. On contemple ce qui nous environne. Les menus sont en Italien. Je crois avoir commandĂ© un Rigatoni Alla Personna . Pas de viande.

Et c’est trĂšs bien. En cinq minutes, mon assiette est vide. Quelques minutes plus tard, Attenzione ! Le Tiramisu du chef. Son goĂ»t surprend un peu au dĂ©but. Car je suis trĂšs traditionnel avec le Tiramisu.  Mais ça se dĂ©guste. Comme le sourire de la serveuse qui est apparu.

 

Franck, ce jeudi 17 janvier 2019.

 

 

 

 

 

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Etat Satisfaisant

Etat Satisfaisant

 

 

Ils sont seulement deux dans la rue Ă  fumer du tabac. Je m’adresse au premier, mince, la trentaine. Je ne suis pas du coin. « Vous voulez quoi ? ». Je veux manger. Il rĂ©flĂ©chit. Un troisiĂšme homme, peut-ĂȘtre plus ĂągĂ©, plus imposant physiquement, sort pour lui parler. Mon interlocuteur sort un ou plusieurs billets. L’homme repart en se contentant de ce qu’il vient de recevoir. Puis, mon interlocuteur me fait une suggestion. J’acquiesce. J’entre pratiquement Ă  sa suite. Dedans, tout est plein de monde attablĂ©, son verre et son repas devant lui. Femmes, hommes. Tout le monde est assis. Aucun enfant. L’intĂ©rieur est un peu cheap. Personne ne danse. Personne ne sourit. Personne ne rit. C’est la fĂȘte. C’est le 25 dĂ©cembre. C’est NoĂ«l.

Je porte un sac assez volumineux. On me bouscule sans mĂ©nagement en passant. L’allĂ©e est Ă©troite. Pas un pardon. C’est de ma faute. Je ne suis pas chez moi et mon sac gĂȘne. Je ne fais pas d’histoires.

Quelques mĂštres devant moi, j’aperçois mon interlocuteur faire la bise Ă  quelqu’un puis disparaitre. Je ne le reverrai plus. Sur deux Ă©crans passent la mĂȘme vidĂ©o. Difficile de savoir si le clip est passĂ© et date d’une vingtaine d’annĂ©es ou si la qualitĂ© de la VHS a Ă©tĂ© abandonnĂ©e dans quelque terrain vague. AprĂšs un chanteur qui se dĂ©hanche de façon rĂ©tro, des hommes en treillis et torse nu dansent sur scĂšne du coupĂ©-dĂ©calé   avec une gestuelle et une fiertĂ© martiales. Certains se jettent par terre et se remettent sur pied sans le moindre tourment et prĂȘts Ă  recommencer. Je suis le seul ĂȘtre captivĂ©. Je suis Ă©poustouflĂ© devant cette dĂ©couverte pourtant datĂ©e. Bien entendu, je savais ce qu’était le coupĂ©-dĂ©calĂ©. Mais j’y vois dĂ©sormais une vitalitĂ© cachĂ©e aux yeux du plus grand nombre dans cette ville et nĂ©anmoins banale dans ce restaurant. Dans ce restaurant, nous sommes en CĂŽte d’Ivoire ou quelque part en Afrique noire. De l’autre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre, en traversant la rue, un restaurant bĂ©ninois dĂ©sert avec seulement trois clients. Lorsque je tourne un peu la tĂȘte dans la salle, une femme, parmi les clients, me regarde. Je crois avoir Ă©tĂ© reconnu Ă  ma façon de me tenir. Je ne suis pas d’ici. En Guadeloupe, rien qu’à notre façon de marcher, il est possible de savoir si l’on est du pays ou si l’on « vient de France ». Alors, ici, parmi tous ces locaux, je ne me fais aucune illusion.

La serveuse me demande ce que je veux emporter. Elle me rĂ©pond que la machine Ă  carte ne marche pas. Elle me la dĂ©signe dans un coin prĂšs de la caisse. Comme si le simple fait pour moi de la voir valait confirmation de ses dires. Je la crois. Je la remercie et m’en vais en lui disant que je vais revenir. Une fois dehors, je change d’avis. Je n’ai pas envie d’aller chercher de l’argent dans un distributeur.

 

Quand je reviens sans mon sac quelques minutes plus tard, un homme blanc passe devant le restaurant sans s’arrĂȘter. Il sait oĂč aller alors qu’il s’éloigne aussi facilement qu’une raie Manta. Assez grand, blouson noir, pantalon noir, il est alors pour moi le reflet d’un monde qui passe devant un autre monde sans le percevoir ou s’en Ă©mouvoir. Comme lui, je fais de mĂȘme tous les jours et, ce, plusieurs fois par jour. Depuis des annĂ©es. Cela fait plus de neuf ans que je passe prĂšs de ce restaurant dans le 18Ăšme arrondissement de Paris. Et c’est la premiĂšre fois que j’y entre.

Je pense Ă  Basquiat et Ă  ses voyages en Afrique. Mais impossible d’en discuter avec la serveuse quand elle m’apporte mon repas enveloppĂ© dans plusieurs feuilles d’aluminium disposĂ©es dans un sac en plastique. Quatre exactement. Une pour les « condiments », une pour le piment, une pour l’Attieke, et une pour le poisson. Entretemps, j’ai lu l’avis des instances sanitaires qui ont inspectĂ© le restaurant :

« Etat satisfaisant ».

 

Au moment de partir, je guette un sourire de celui qui semble ĂȘtre le patron et qui tient la caisse. Il a alors dans les mains quelques billets. Mais celui-ci n’a de sourire que pour son argent – ce soir, les affaires sont sans doute trĂšs bonnes- et s’il me regarde, c’est plutĂŽt avec Ă©tonnement voire un peu de mĂ©fiance : je pourrais peut-ĂȘtre convoiter sa richesse du soir. Je renonce trĂšs vite aux politesses d’usage lorsque, ravi, le client servi s’en va.

Dans mon service, une fois les quatre feuilles d’aluminium dĂ©pliĂ©es sur la table, je dĂ©couvre un repas pour deux personnes. Mais ma collĂšgue et amie a dĂ©jĂ  mangĂ©. NĂ©anmoins, elle est tentĂ©e par les « condiments ». Elle dĂ©chante en les goĂ»tant. Ceux-ci sont constituĂ©s d’un piment cru, vert, serpent au venin assez puissant qui me surprend aussi en dĂ©pit de mon Ă©ducation culinaire. A cĂŽtĂ©, le piment officiel fourni avec le repas fait figure de sauce tomate. Mais le repas est bon. Le voyage en Afrique a lieu pour 15 euros.

 

J’ai ensuite un petit peu d’apprĂ©hension compte tenu de ce que je ressens dans mon estomac. Mais le lendemain et les jours suivants, je suis encore vivant.

Franck Unimon, ce dimanche 30 décembre 2018.